Enfin arrivé! [Terminé]

Poudlard. Aujourd'hui encore mes mains en tremblaient d'excitation quand je serrais la lettre d'admission entre mes doigts. Je ne m'étais pas lassé de la lire et la relire pendant tout l'été! Je n'avais eu que deux mois à patienter, mais se furent les plus longs de toute ma vie! L'achat des fournitures n'avait en rien suffi à me distraire, c'était plutôt ma mère qui était excitée à cette idée...
Bref, j'étais finalement arrivé jusqu'à l'école qui serait la mienne pour les sept années à venir. Il y avait tant de chose à voir que j'étais presque déçu que Hagrid nous ait balloté aussi rapidement vers la grande salle. Mais tant pis, j'aurais tout le temps de visiter plus tard.

Par bonheur, le choixpeau m'envoya à Gryffondor! C'était précisément ce que j'avais espéré, ce qui ne fit que renforcer mon euphorie. La convivialité durant le diner fut surprenante, mais au moment de regagner les dortoirs, je me laissais submerger par l'impressionnant flux d'élèves qui se levaient en même temps. Je tentais tant bien que mal de gagner le hall mais les étudiants des quatre maisons s'étaient tous mélangés!
Je les laissais me distancer en cherchant d'un oeil avide un petit écusson aux couleurs de ma maison...

Nombre de messages : 347 Date d'inscription : 23/06/2011

"Gryffondor"

Helena était toute fière. Bien que ce titre ne lui parlait pas beaucoup encore, elle fut très contente de rejoindre l'immense table des rouge et or qui l'accueillirent sous un tonnerre d'applaudissements. Cette cérémonie était le début d'une nouvelle vie, du moins c'était une page qui se tournait. Adieu douce enfance loin de la magie ! Sept belles années d'apprentissage l'attendaient maintenant. Elle savait que cela serait tout nouveau et donc certainement difficile. Cependant, comme tous elle se laissait emporter par l'euphorie et elle oubliait tous ses soucis.

Le repas se fit dans les rires et la bonne humeur. Les plats apparaissaient au fur et à mesure de la soirée et la Gryffondor eu même l'occasion d'échanger quelques mots avec des gens de sa maison. Ils avaient l'air sympa et Helena eu cette impression de se sentir vraiment à sa place. Elle aurait aimé que la soirée se prolonge toute la nuit, mais bientôt l'heure de regagner les dortoir arriva.

Ce fut un véritable tohu-bohu. Tout le monde se leva d'un coup et se précipita en même temps vers la sortie. Bien que le préfet demandait aux premières années de le suivre, c'était assez difficile. En tout cas, Helena n'était pas très grande comme la plupart des nouveaux qui n'avaient que onze ans. Les élèves des quatre maisons se dispersèrent et la panique gagna assez vite la jeune fille. Ce fut à ce moment-là qu'elle aperçut un garçon dans la foule qui lui aussi semblait perdu.

- T'aurais pas vu les autres ? Lui demanda-t-elle.

Bousculé de toute part par la foule qui se pressait pour passer les grandes portes de la salle à manger, je remarquai à peine la jeune fille blonde qui arrivait à ma hauteur pour me demander si je savais où se trouvaient les autres élèves de gryffondor. J’ouvris la bouche pour répondre mais j’hésitais quelque peu; j’aurais voulu avoir quelque chose de mieux à dire que:

-Euh... Non, pas du tout.

Nous nous laissâmes porter par l’afflux de monde jusqu'au hall où l’air devint tout de même un peu plus respirable. D’autres premières années semblaient aussi perdus que nous, mais dans l’ensemble, les groupes étaient déjà formés et je m’aperçus que les Serpentards se dirigeaient en masse vers les cachots. Je secouai la tête avec vigueur: s’il y avait bien un endroit où je n’imaginais pas la salle commune de gryffondor, c’était bien dans ce sous sol froid et humide!

-On devrait monter... Fis-je remarquer à mon interlocutrice.

A ces mots, je désignais d’un signe de tête le troupeau d’élève qui commençait à s’amasser dans les escaliers.

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Helena reconnu le garçon qu'elle venait d'interroger. Elle l'avait aperçut dans le Poudlard express plus tôt dans la journée, alors qu'elle cherchait une place dans un des wagons. Finalement la jeune adolescente s'était réfugiée dans l'un des derniers et avait passé la plupart de son temps à feuilleter des livres sur sa nouvelle école. C'était un moyen de décompresser pour la jeune fille que de se renseigner sur quelque chose qu'elle ne connaissais pas. Il y avait de quoi stresser quand on était nouvelle. Elle cherchait tout simplement à se débarrasser de cette petite boule au fond de la gorge qui empêche de bine s'exprimer ou encore de ce nœud dans le ventre qui vous coupe l'appétit.

-Euh... Non, pas du tout. Lâcha-t-il.

La rouge et or devait s'en douter. Il ne serait pas là sinon, perdu au beau milieu d'élèves qui ne portaient pas le même insigne qu'eux. Cependant peu à peu la salle se vidait et les deux premiers années pouvaient avancer sans risquer de se faire marcher sur les pieds toutes les deux secondes. Helena repéra alors les Serpentard qui se dirigeaient vers les sous-sols tandis qu'eux restaient naïvement immobiles.

-On devrait monter...

La jeune blonde acquiesça suite à cette suggestion et se dirigea vers les escaliers. Elle jeta un coup d'œil au plafond et fut stupéfaite. Il y en avait des étages ! Comment allaient-ils retrouver le leur ? Ils en auraient pour des heures et des heures à arpenter tous les couloirs, surtout qu'elle avait lu dans un de ses livres que l'entrée de leur salle commune n'était pas ordinaire. C'était un tableau. Ce fut à ce moment-là qu'une idée lui traversa l'esprit.

- Si on trouve des Serdaigle, je crois que notre dortoir est au même étage qu'eux.

Cela multipliait leurs chances de trouver leur salle commune mais encore fallait-il les trouver. Il fallait se dépêcher car tout le monde se hâtait de regagner son dortoir. Plus ils attendaient, moins ils avaient de chance de rejoindre les leur rapidement. De plus après cette longue journée riche en émotions, l'excitation retombait et laissait place à la fatigue. Elle bailla.
Plusieurs fois elle tenta d'aborder quelqu'un pour lui demandait où ils devaient aller, mais personne ne semblait l'écouter.

- Il ne vaut mieux pas qu'on se sépare en tout cas. Je m'appelle Helena Dashwood et toi ?

La jeune adolescente allait finir par attraper un torticolis à force de rester à fixer le plafond. Soudain, elle repéra un groupe de Serdaigle. Vite, elle compta les étages. Cela devait être le huitième. Elle se précipita sur les premières marches des escaliers...

- Si on trouve des Serdaigles, je crois que notre dortoir est au même étage qu'eux, me dit la jeune fille à mes côtés.

J'acquiesçai, l'air pensif, pour me donner de la constance, mais en vérité, je n'étais pas du tout au courant de ce fait. Je m'étais bien documenté sur l'école, évidemment! Mais j'avoue que le plan du château n'avait pas été ma priorité, celui du terrain de Quidditch requérant déjà toute mon attention!

-Il ne vaut mieux pas qu'on se sépare en tout cas. Je m'appelle Helena Dashwood et toi?
-Alex Turner! répondis-je, sourire au lèvre.

Je lui emboitai le pas pendant que nous commencions notre longue ascension. Etrangement, un nombre incalculable de Poufsouffles avait disparu! Du haut des escaliers en colimaçon, je jetai un coup d'oeil au hall et devinai que les derniers élèves à l'insigne jaune et noir gagnaient les cachots... Je ne pus m'empêcher de trouver cela bizarre car Serpentard et Poufsouffle n'étaient certainement pas les maisons que j'aurais choisi de réunir...

-On y est presque! soupirai-je, soulagé.

J'avais l'impression d'avoir gravi le Mont blanc. J'allais presser le pas quand soudain, je me stoppai net, les doigts crochetés sur la rampe. La marche que j'allais atteindre venait de s'écarter brutalement, laissant le vide s'ouvrir devant moi. Je regardai Helena, paniqué à l'idée que ce précipice nous empêche de rattraper le reste du groupe.

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En réalité ce qu'Helena avait craint le plus ce n'était pas de ne pas s'entendre avec les autres élèves ou ne pas connaître le règlement de l'école, mais de se perdre de Poudlard. C'était terrifiant de se perdre dans un endroit inconnu. La première chose qui l'avait préoccupée quand sa mère lui avait annoncé qu'elle ferait ses études dans un immense château, c'était d'en apprendre le plan par cœur. La signification des maisons, tout ça, c'était pas primordial. Elle apprendrait toutes ces autres choses au fur et à mesure. Elle avait sept ans pour ça.

La jeune adolescente avait supplié sa mère de lui décrire tous les recoins du château. S'emparant d'une feuille et d'un stylo elle avait essayer d'esquisser un plan le plus précis possible avec les descriptions vagues que lui faisaient sa mère. Bien que peu détaillé, la Gryffondor savait qu'il lui servirait les premiers jours voire les premières semaines de classe. Ce qu'elle ignorait c'est qu'il lui serait utile dès le soir de la cérémonie d'accueil. A peine arrivée déjà perdue. Eh ben ça promet les amis.

-Alex Turner! S'exclama-t-il tout sourire.

Ce gars-là avait l'air sympathique. Espérons que tous les autres le soit aussi. Helena savait que cela ne serait pas possible, surtout qu'étant forte tête, il lui arrivait souvent de se disputer avec quelqu'un pour des broutilles. Enfin bon, qui sait ce que l'avenir réserve !

Alex la suivit et ils commencèrent à gravir les marches. Puis ils quittèrent les escaliers en colimaçons pour des droits. La rouge et or sentait qu'avec la fatigue, elle peinait de plus en plus à monter. Elle était pourtant habituer à fournir des efforts physiques étant plutôt sportive de nature, mais tous les évènements de la journée l'avait épuisée.

-On y est presque!

Effectivement, les deux nouveaux se rapprochaient. C'était sans compter les escaliers, qui, d'un seul coup se séparèrent. Elle lança un regard horrifié à son camarade qui le lui rendit immédiatement.

** C'est quoi ce délire ! **

Un détail sans doute que sa maman avait préféré gardé pour elle. Des escaliers qui bougent tout seul, normal quoi. La jeune blonde tomba suite à cette secousse inattendue mais elle se releva assez vite en s'accrochant à la rampe. De nouveau elle lança un regard inquiet à Alex qui ne semblait guère plus ravi qu'elle de cette petite surprise. Lui non plus ne devait pas connaître

Ses yeux rencontrèrent alors le vide. Outch, ils étaient bien haut ! Et ils allaient lui faire croire que jamais personne n'était tombé ? Elle sentit quelque chose se nouer dans son estomac. Helena n'avait pas le vertige mais à cette vue elle ne se sentit pas particulièrement bien.

Enfin l'escalier s'arrêta. La rouge et or ne bougea pas, se cramponnant toujours à la rambarde. Elle avait un peu peur qu'il reparte à l'improviste.

C'était sans doute une façon ironique de dire "Bienvenue dans le monde des sorciers Helena !"

Helena et moi restâmes complètement figés pendant notre "voyage", à nous fixer dans le blanc des yeux tout en se demandant si nous pourrions, un jour, nous habituer à ce château vivant. Finalement, nous cessâmes de bouger, les marches s'emboîtant à merveille avec un nouvel escalier. Ma nouvelle connaissance ne semblait pas enchantée à l'idée de se lancer dans une nouvelle ascension, et à vrai dire, moi non plus je n'étais pas super emballé. D'un autre côté, nous avions tous les deux pu observer les élèves de Gryffondor et de Serdaigle rejoindre les différentes tours! Nous n'étions plus très loin et nous savions l'un comme l'autre que nous ne pouvions pas rester plantés là ad vitam aeternam...

-Allez, m'exclamai-je, aussi entrainant que possible.

Je recommençai à avancer, moins confiant qu'au début, mais sans lambiner tout de même. Je savais bien qu'il était dans mon intérêt et dans celui d'Helena d'atteindre notre but au plus vite!
Par bonheur, nous finîmes par atteindre les tours. Je fis un mince sourire à la jeune fille; Poudlard nous avait peut-être pris en pitié finalement... Cependant, les ennuis étaient loin d'être finis puisque les couloirs étaient absolument déserts.
J'avais entendu dire que l'entrée de la salle commune était un tableau, mais comme par hasard, des tableaux, il y en avait à foison par ici!

-Helena...? lançai-je, embarrassé.

Je lui lançai un regard désespéré. J'espérais qu'elle, au moins, saurait à qui s'adresser. Je détestais être nouveau.

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Béni soit celui qui a inventé les rampes. Quelle superbe invention ! C'est fou comment s'y cramponner peut-être rassurant... par contre celui qui a construit cet escalier peut aller se faire voir, sans vouloir être grossière. Si Helena tenait le taré d'architecte-sorcier-cinglé qui l'avait conçu elle l'étriperait. La jeune fille aurait pourtant aimé cette attraction, si elle en avait fait la connaissance un autre soir. Elle sentait encore les chatouilles dans son ventre qui l'avait assaillit lorsque les marches qu'elle gravissait s'étaient séparées des autres. Non, elle n'allait pas lâcher cette rampe...

** Quelle chochotte je fais, si papa me voyait. **

A cette pensée, elle se releva d'un coup. Elle, une chochotte ? Jamais de la vie ! Elle avait fait pire après tout. Ce n'était pas ces escaliers âgés de plusieurs siècles qui allaient la faire pâlir.

-Allez, s'exclama joyeusement son camarade.

La Gryffondor s'empressa de rejoindre Alex qui l'avait devancé de quelques pas. Après quelques minutes de marche supplémentaires, ils atteignirent les tours. Enfin ! Leur salle commune ne devait plus être très loin. La jeune blonde cherchait du regard un tableau qui aurait pu correspondre à la description que sa mère lui avait faîte "Une grosse dame". Le problème c'est qu'il avait un paquet de peintures accrochés sur les murs.

-Helena...?

Son camarade avait perdu tout son semblant de gaité. Il lui lança un regard désemparé. Quelque chose lui disait qu'ils n'allaient pas se coucher tout de suite. Peut-être que par chance le préfet allait se rendre compte qu'il manquait deux élèves à l'appel et qu'il allait venir les chercher. La honte. Même pas capable de suivre un groupe d'élèves. En fait, c'était sûrement mieux que personne ne se rende compte de rien, qu'Alex et Helena trouvent tranquillement leur salle commune tout seul.

- Il faut chercher un tableau où avec une grosse dame. Il doit être assez grand s'il cache l'entrée.

La jeune adolescente avança encore de quelques pas ,et là, bingo ! Il était là. Helena trépignait d'impatience. Cette découverte lui redonna de l'énergie et un beau sourire vint illuminer son visage. Ils étaient enfin arrivés. Enfin... la rouge et or criait victoire un peu trop vite.

- Le mot de passe, demanda la grosse dame d'un ton sec.

Apparemment elle n'avait pas apprécié les cris de joie de la première année. Helena pensa même qu'elle l'avait réveillée. En même temps, un tableau qui dort. La jeune fille en avait décidément beaucoup trop vu pour ce soir.

La Gryffondor se retourna vers Alex. Ils n'avaient plus qu'à camper là pour le reste de la nuit.

Helena semblait très bien renseignée sur notre école. Par deux fois elle venait de me montrer qu'elle savait de quoi il en retournait! Bref, il valait mieux être perdu à deux qu'être perdu tout seul.
Nous arrivâmes au fameux tableau qui, je devais bien l'avouer, était une cruelle déception. Une "grosse dame" pour défendre les idéaux de Gryffondor?! Qu'est-ce que c'était que cette arnaque?! Moi qui m'étais attendu à un vaillant chevalier en armure, un célèbre sorcier et même, pourquoi pas, Godric Gryffondor en personne!
Mais non, une grosse dame. Ah, les choix de l'administration resteraient pour moi de sombres mystères...

-Le mot de passe? nous demanda t-elle, impatiente.

Je levai un sourcil, sceptique. J'avais envie de m'exclamer: "Hey! Vous voyez pas nos écussons ou quoi? Vous croyez qu'on s'est amusés à les piquer à d'autres élèves?!!!"
Au lieu de ça, j'optai pour une méthode pleine de tact, aux probabilités de réussite bien plus élevées. Je jetai un bref coup d'oeil à Helena; visiblement, elle ne connaissait pas plus le mot de passe que je ne connaissais le diamètre du Saule Cogneur. Pris d'une soudaine inspiration, je me raclai la gorge et déclarai solennellement:

-Qui...gnon.

Quignon, oui, c'était précisément tout ce qui m'était venu à l'esprit. La Grosse Dame me dévisagea, pas dupe pour un sous. Je soupirai; mes talents d'acteur avaient encore grand besoin d'amélioration... .

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Ah mais non, non et non !

Alors, que je résume tout d'abord le malheureux périple de ces deux jeunes gens. Pour commencer ils avaient du braver des centaines de marches, des marches d'escaliers qui bougent en plus! Oui mesdames et messieurs, des escaliers qui bougent sans qu'on ne leur ai rien demandé. Et puis ils avaient dû encore gravir des marches. Et encore, et encore des marches...

C'était vraiment très cruel.

Imaginez, à minuit passé, deux jeunes ado' de onze ans, qui avaient sans doute vécu la soirée la plus intense de leur vie, devaient faire quoi maintenant en plus ? Donner un mot de passe ?! Oui. En plus à une vieille et grosse et moche et méchante dame, qui de plus est, vient d'un tableau. Bien. Ils n'avaient plus qu'à se préparer à coucher dans le couloir. Aucune chance de deviner le mot de passe. Il devait bien exister des milliers et des milliers de mots dans le répertoire anglophone ! Si le mot recherché appartenait à leur langue natale bien entendu, ce que Helena n'était pas non plus en mesure de certifier.

-Qui...gnon.

C'était bien tenté mais non. "Quignon" ne semblait pas être le mot attendu. La dame fit la moue et sembla se rendormir. Helena quant à elle était sur le point d'exploser. C'était un peu la cerise sur le gâteau comme qui dirait.

La jeune fille commença à faire des allers et retours devant le tableau. Elle lançait des regards plein d'espoir à son camarade, mais apparemment quignon semblait être la dernière étincelle qui avait fusé dans son esprit. Alors la Gryffondor recommença à s'imaginer les différents scénarios qui pourraient les sortir d'affaire. Un seul revenait sans cesse, celui qu'un préfet ou qu'un professeur passe par-là et les emmènent dans leur dortoir. Cependant, cette solution ne lui plaisait guère. Helena aimait se débrouiller seule, avec les moyens à sa disposition.

Soudain, elle s'arrêta, fixant le garçon blond et eut une idée. Bon, les probabilités que cela marche était assez réduite, mais on ne sait jamais. Après tout, c'était mieux que de balancer des mots comme ça à tord et à travers.

La Gryffondor l'attrapa par le bras pour l'emmener un peu plus loin, elle s'approcha delui et lui glissa à l'oreille :

- Essaye de la « draguer » un peu.

Quand je réalisai que ce tableau ne bougerait pas pour mes beaux yeux, qu'il y avait sûrement un trilliard de mots qui pourraient correspondre au principe du mot de passe et que j'allais certainement finir par dormir dans le couloir, ma réaction fut, à peu de chose prêt, celle de désespérer et de m'adosser à un mur pour relativiser la situation.
Helena, par contre, semblait dans tous ses états. Non seulement ma malheureuse tentative pour rentrer dans le dortoir avait l'air de l'avoir agacé, mais en plus, elle faisait les cents pas et paraissait prête à s'arracher les cheveux. Elle me lançait des regards pleins d'espoir mais, comme je ne pouvais rien faire pour l'aider, elle recommençait à tergiverser et à se creuser la tête pour nous trouver un plan du feu de Dieu.
C'est alors que la jeune fille m'attrapa par le bras pour m'entraîner un peu plus loin.

-Essaye de la "draguer" un peu... me glissa t-elle discrètement.

Dans le genre plan du feu de Dieu...

-Qui ça, moi? rétorquai-je d'une voix anormalement aiguë tout en écarquillant les yeux.

Je cherchais à savoir si Helena était sérieuse mais rien sur son visage ne me laissait croire qu'elle allait s'exclamer: "poisson d'avril"!
Mais tout de même, quoi! Baser toutes nos chances de salut sur mon... Charme?! Je me raclai la gorge, totalement sceptique. J'allais dire quelque chose, j'avais même déjà la bouche ouverte mais... Je la refermai aussitôt. Helena me fixait avec attention. Je me voyais vraiment mal lui dire que je ne voulais même pas essayer et de ce fait, je soupirai, résigné devant ma nature bien trop coopérative.

Docile, je retournai près du tableau, plein d'assurance, ou du moins, je l'espérais! Je tentai de faire les yeux doux à la grosse femme, mais il me sembla paraître plus miope qu'autre chose. Mon sourire forcé laissait apparaitre mes molaires du bas, comme si je souffrais atrocement. Pour finir, je passai négligemment la main dans mes cheveux, ce qui eut le même effet que si je m'étais coiffé avec un hérisson.

-Mademoiselle, commençais-je d'une voix rauque qui n'allait pas du tout avec mon physique, je vous trouve vraiment très... charmante, aujourd'hui!

Je guettai la réaction de la "grosse dame". À peine sortie de son sommeil, elle me regardait avec effroi, comme si j'avais essayé de l'agresser. Piteux, et totalement renseigné sur mes talents de séducteur, je m'empressai de retourner auprès d'Helena. Je savais d'avance que l'idée ne marcherait pas de toute façon; je n'étais absolument pas doué pour acheter les gens.

-Je ne crois pas que ça ait marché... dis-je, tout en me félicitant pour ce splendide euphémisme.

En effet, il n'était pas donné à tout le monde d'avoir la carrure de Travolta.

-Pourquoi tu n'essaierais pas, toi, de la "draguer"? lançai-je au hasard avant de recevoir le moindre reproche.

Je me réjouissais intérieurement de cette idée, car après tout, qui pouvait présumer des orientations sexuelles d'un tableau? Je fixai mon interlocutrice, avide de savoir si elle pousserait le même ridicule cri d'indignation que moi!

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Alex ne s'attendait certainement pas à ce que la Gryffondor, qui, jusque-là avait été plutôt brillante pendant leur parcours, lui expose un plan aussi foireux. Il fit une drôle de tête. Un peu comme s'il
pensait avoir mal entendu ou que Helena avait fait une petite plaisanterie avant de lui présenter par la suite une stratégie plus ingénieuse. Sauf que à part ça ou fracasser le tableau à coup de hache, elle ne voyait pas d'autres possibilités. La jeune fille était pourtant persuadée que cela pouvait fonctionner, à condition qu'il le fasse bien. Cette femme, bien qu'ancrée dans un tableau, n'était pas un automate. Elle devait bien succomber à quelques paroles bien tournées et ainsi les laisser entrer.

-Qui ça, moi? Demanda-t-il d'une drôle de voix.

Cela n'avait pas l'air de vraiment l'enchanter... allez quoi ! Montre nous que t'es un homme ! Tu peux le faire Alex !

Bien entendu, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire. Çe n'était pas compliqué pour autant. Après tout, il avait tous les atouts pour charmer les dames. Il n'allait quand même pas lui dire qu'il n'avait jamais fait les beaux yeux à sa grand-mère pour qu'elle lui achète une glace ou lui passe un peu d'argent ? Parce que c'était ça que Helena entendait par « draguer ». Elle aurait peut-être dû faire le petit geste avec les doigts pour lui expliquer ce sous-entendu mais la jeune fille l'avait jugé inutile. Il devait avoir compris ce qu'elle entendait par-là.

-Mademoiselle, je vous trouve vraiment très... charmante, aujourd'hui!

Réflexion faite, Alex n'a jamais enjôler sa grand-mère. Dommage.

La jeune adolescente plaqua sa main contre sa bouche pour se retenir de rire. Elle n'avait pas envie que son camarade croit qu'elle se moquait de lui, surtout qu'elle lui était reconnaissante d'avoir essayé alors qu'il aurait pu catégoriquement refuser son « plan ». Cependant c'était plus fort qu'elle. Il y avait quelque chose de comique dans cette situation. Surtout que le garçon avait opté pour un timbre voilé -sans doute pour masquer sa voix d'enfant- mais qui finalement, résonnait de façon peu naturel. C'était drôle.

La Gryffondor se mordit la lèvre inférieure, hoqueta un dernier gloussement avant que le jeune homme ne revienne vers elle et baissa la tête pour qu'il ne remarque pas son état.

-Je ne crois pas que ça ait marché...

Helena avait envie de pleurer de rire. La jeune fille posa ses yeux, remplis des larmes qu'elle essayait de contenir, sur lui. Elle essayait d'articuler un mot sans déclencher une crise de fou rire. Vous savez, parfois, comme ça, on se met à rigoler pendant dix bonnes minutes sans véritable raison. Quand on est tellement fatiguée qu'on ne se contrôle plus et que la moindre chose peut vous faire exploser.

-Pourquoi tu n'essaierais pas, toi, de la "draguer"?

La Gryffondor était toute prête à accepter. Après tout, c'était son idée, celle qu'elle avait conçu dans son esprit et donc, c'était elle qui pouvait mieux la concevoir et la réaliser comme elle l'entendait. Oui, elle l'aurait volontiers fait mais elle avait tellement envie de rire qu'elle avait peur que le moindre mouvement exécuté par ses lèvres soit fatal. De nouveau, elle plaqua sa contre sa bouche. Elle fit face au mur qui était juste à côté des deux jeunes gens. Elle inspira un grand coup, haussant les épaules jusqu'aux oreilles et les relâchant d'un coup. Pensant contrôler ses émotions, elle se retourna vers Alex.

- Oui bien s...

Et là ce fut plus fort qu'elle, elle explosa de rire. Elle riait tellement qu'elle du s'appuyer contre le mur pour ne pas s'écrouler directement par terre mais elle finit tout de même par se retrouver assise sur le sol, se tenant le ventre, à se tortiller dans tous les sens. Son rire résonnait dans tout le couloir et faisait un bruit assourdissant.

Il fallait bien l'avouer, cette soirée était un coup dur pour moi! Non seulement je venais de comprendre que je n'étais absolument pas doué pour tout ce qui concernait l'art de séduire, mais en plus, je découvrais que je n'avais strictement aucune psychologie féminine.

En effet, je m'étais senti carrément fautif quand, quelques secondes plus tôt, j'avais renvoyé son défi à Helena. La pauvre, ne semblait pas tout à fait dans son assiette; elle avait la tête baissée et se mordait nerveusement la lèvre. Quand elle leva les yeux vers moi, je fus si surpris d'y découvrir un amoncellement de larmes qui ne demandait qu'à dévaler ses joues que je faillis me confondre en excuses sur-le-champ! J'interprétai la mimique bizarre sur son visage comme le signe d'une intense déception. Sans doute devait-elle penser que, par ma faute, nous n'atteindrions jamais la salle commune? Un profond sentiment de culpabilité s'empara de moi, sentiment qui, bien sûr, se volatilisa dès qu'elle explosa de rire, littéralement incapable de terminer la fin de sa phrase.

Je passai par différentes émotions tandis que la jeune femme, à bout de souffle tant elle riait, se laissait glisser contre le mur en se tenant les côtes. Non seulement ma performance de dragueur s'était soldée par un cuisant échec mais, qui plus est, j'avais été totalement ridicule. Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer, complètement dépité par cette expérience.

-C'était si mauvais que ça...?

De la réponse dépendait mon intégrité car je ne savais que trop bien comment finissaient les garçons comme moi; trop gentil et trop naïf, toujours prêt à aider et à prêter une oreille attentive. Oui, j'étais le profil type de l'éternel meilleur ami, pas du romantique fiancé.
Je soupirai et me laissai glisser à côté d'Helena pour m'asseoir. Parallèlement, je tentais d'aplatir mes cheveux sur mon crâne pour ne plus ressembler à un porc-épique. (Et d'abord, qu'est-ce que c'était que ce nom d'animal: porc-épique? Pourquoi pas cochon-homérique tant qu'on y était?!
Bref.)

Je restai là, plongé dans mes pensées à regarder le tableau de la grosse dame somnoler. À côté de moi, Helena avait cessé de rigoler mais elle était encore toute rouge après cet hilarant spectacle. Je ne lui en voulais pas, au fond. Je préférai la franchise et puis, qui sait? Mon talent de séducteur me viendrait peut-être naturellement avec les années, en même temps que musculature, pilosité et voix suave?
Mouais, ça restait encore à voir...

-Tu sais, quelqu'un va bien finir par sortir... lançai-je.

À dire vrai, je ne voulais pas qu'Helena prenne son défi trop au sérieux. Après tout, si elle se levait et réussissait à convaincre la Grosse Dame de nous laisser entre juste en papillonnant des cils et en faisant des mouvements de lèvres, j'étais certain que cette fois-ci, ma fierté ne s'en remettrait jamais!

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Ça faisait vraiment du bien de se laisser aller. Elle, qui stressait depuis des jours à cause de cette rentrée, c'était au moment où elle aurait du se sentir le plus mal qu'elle se lâchait un bon coup. Après ses derniers mots, Helena ne fut pas en mesure de dire quoi que se soit pendant quelques minutes. C'était à peine si la Gryffondor avait le temps de respirer. La jeune fille sentait que le rouge lui montait aux joues mais elle continuait à s'esclaffer, n'ayant pour réponse que son propre écho qui remontait jusqu'à ses oreilles. Ses larmes coulaient à une vitesse folle...

Enfin elle finit par se calmer. Helena émit encore quelques gloussements et essuya ses yeux bleus tout embués. La première année inspira et expira un grand coup. Ses épaules se décontractèrent et tout fut silence jusqu'à ce qu'Alex prenne la parole.

-C'était si mauvais que ça...?

Et voilà! Il allait la prendre pour une... enfin pour une... Helena ne savait même pas ce que le garçon pouvait penser d'elle après ça. Mince, elle n'avait pas envie de faire mauvaise impression. Surtout qu'elle n'avait pas du tout voulu se moquer de lui. Enfin, c'est sûr qu'il l'avait fait rire, mais loin de là son rire était de mauvaise intention. Le problème c'est que les émotions de la Gryffondor prenait souvent le dessus sur elle. Elle avait du mal les contrôler. C'était quelque chose qu'elle devait s'empresser de corriger. Un jour, cela pourrait mal tourner pour elle. Encore là, Alex ne semblait pas être particulièrement vexé par sa conduite. C'était du moins ce que se disait la jeune blonde pour éviter de trop culpabiliser. En plus, il était sympa ce gars.

Si son interlocuteur ne semblait pas trop dérangé par le comportement de sa camarade, cela ne semblait pas être la même chose pour ses cheveux. Il n'arrêtait pas de les toucher dans elle ne savait quel but. Ça, c'était une manie qu'elle avait du mal à supporter chez les garçons. Enfin, surtout quand ça devenait un tic. Comme un de ses amis moldus qui n'arrêtait pas de toucher à sa mèche. Elle trouvait ça insupportable même s'il arrivait à la jeune blonde de faire la même chose. Disons qu'elle trouvait que pour une fille c'était différent. Pour un jeune homme c'était un geste qui enlevait un peu disons de... virilité.

- C'était très bien mais je suis désolée pour... ça. Dit-elle en faisant allusion à sa réaction incontrôlable.

L'oxygène pénétrant de nouveau sereinement dans ses poumons, elle retrouvait tranquillement ses esprits. Le retour à la réalité fut moins doux. Ah oui, c'est vrai, ils étaient toujours coincés dehors comme deux abrutis. N'empêche qu'ils n'étaient pas très doués pour en arriver là dès le premier jour. Qu'est-ce que ça allait bien pouvoir donner pendant le reste de l'année. Oulala, Helena ne préférait même pas imaginer les misères qu'elle pourrait encore avoir à surmonter les semaines suivantes. Son imagination risquait de lui plomber complètement son moral...

-Tu sais, quelqu'un va bien finir par sortir...

C'est ce qu'on appelle la parole du dernier espoir. La Gryffondor sentait pourtant que ni lui ni elle n'avait envie que ce soit quelqu'un d'autre qui les sortent de là. Quoi que dans quelques minutes, lorsque la fatigue commencerait à alourdir leurs paupières, cela pourrait bien être leur dernier souhait...

- Mais qu'est-ce qu'on va prendre si on croise quelqu'un...

** Oh tu vas prendre-euh, oh tu vas prendre-euh ** Chantonna Helena dans sa tête.

- En tout cas, ravie d'avoir fait ta connaissance... Dom Juan.

Elle lui adressa un sourire. Bon certes, ce n'était pas dans les meilleurs conditions. Au moins, la jeune fille pourrait se dire qu'elle avait rencontré quelqu'un avant même de pénétrer dans sa salle commune.

- Hum dis, commença-t-elle en se raclant la gorge, faudra parler de cette mésaventure à personne, hein ?

Pour rien au monde elle n'avait envie d'en prendre pour son grade. Surtout pour une situation aussi pathétique que celle-là.

Heureusement que j'étais d'un naturel calme et serein, car l'agitation nerveuse d'Helena était carrément communicative! Même son éclat de rire était révélateur de la pression qu'elle avait ressenti durant notre trajet depuis le hall. Quant à moi, j'avais le sentiment qu'avec mon air dépité et maussade, nous nous équilibrions.
Je hochais la tête pensivement tandis que la gryffondor tentait de me certifier que j'avais été "très bien". Je savais bien qu'elle voulait simplement se faire pardonner mais peu importe; je n'étais pas de ces gens qui se prennent trop au sérieux et qui se vexent à la moindre occasion. Aussi, je préférai laisser couler et oublier ce désastre au plus vite.

-Mais qu'est-ce qu'on va prendre si on croise quelqu'un...

La phrase ambiguë d'Helena me fit froncer les sourcils, m'amenant, par la même occasion, à m'interroger sur les différents sens du terme "prendre"... Le plus simple était "saisir", mais je ne pensais pas que mon interlocutrice veuille vraiment dépouiller le premier venu. Ensuite, il y avait la signification à connotation sexuelle mais là encore, je ne croyais pas que c'était là que la jeune fille voulait en venir, ou du moins, je l'espérais. Enfin, il y avait le sens qui pouvait signifier "se faire jeter".
Dans tous les cas, ce n'était pas ce que j'avais voulu dire. Je priais seulement pour qu'avec nos deux paires d'yeux de biches, nos cheveux blonds et notre petit air perdu si caractéristique des premières années, l'élève qui sortirait de la salle commune pour on ne savait quelle raison voudrait bien nous donner le mot de passe...

Argh, ce mot de passe... Il me donnait envie de m'écrire "JE SUIS UN VRAI GRYFFONDOR!" sur le front à l'encre indélébile.

-En tout cas, ravie d'avoir fait ta connaissance... Dom Juan.

La voix d'Helena me tira de mes pensées et je lui rendis prestement son sourire.

-C'est réciproque... Done Elvire!

C'était le premier personnage qui m'était venu à l'esprit, et j'espérais que ma nouvelle amie n'allait pas se méprendre sur mes intentions: je ne voulais absolument pas l'enlever et lui promettre de l'épouser pour ensuite l'abandonner! Pour ma défense, Helena n'avait certainement aucune envie d'entrer dans un couvent et, qui plus est, le personnage de Sganarelle aurait été bien plus dévalorisant.

-Hum dis, faudra parler de cette mésaventure à personne, hein?
-Pour sûr, répondis-je en riant. Y'a aucun risque!

L'embarras d'Helena m'amusait un peu, je devais bien l'avouer, surtout que j'étais certain d'avoir plus à rougir qu'elle de cette désastreuse soirée! J'allais le lui dire, quand un grincement sinistre attira mon attention.
Je tournai la tête pour découvrir le tableau de la grosse dame, mais qui, cette fois, nous faisait face. Je ne rêvais pas, le tableau était bel et bien grand ouvert. Je ne pouvais pas voir qui se trouvait derrière, mais je n'eus pas le temps de me pencher plus sur le problème puisque la peinture était en train de se refermer toute seule!

Ni une, ni deux, sans prendre le temps de me relever, je m'élançai à quatre pattes vers la porte d'entrée et plongeais en avant pour rattraper un coin du cadre avant qu'il ne refasse corps avec le mur. Derrière le tableau, d'après ce que je pouvais voir depuis ma position allongée, se trouvait un corps à moitié allongé qui hoquetait. Il était près d'une heure du matin et je devinais que la fête de bienvenue avait dû être vraiment géniale! Mais le type complètement éméché derrière l'entrée ne devait même pas s'être rendu compte qu'il avait poussé la porte.

-Euh... Helena? couinai-je pour appeler à l'aide.

Je n'osais même pas me redresser, de peur de lâcher prise. Je restai donc là, à faire la planche sur le sol, avec pour seule consolation l'idée que j'avais déjà épuisé toute ma crédibilité auprès de la Gryffondor ce soir... .

Nombre de messages : 347 Date d'inscription : 23/06/2011

Helena cherchait désespérément une issue. Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, elle ne voyait pas comment ils pouvaient réussir à rentrer sans l'aide de quelqu'un. Alors la jeune fille choisit de relativiser pour ne pas fondre en larmes. Oui, parce qu'en général, après un tel fou rire, elle se mettait à pleurer. Pas qu'elle était vraiment triste, mais c'était le signe qu'elle ne contrôlait plus du tout ses émotions. La jeune blonde pensait que cela pourrait-être bien pire mais elle préféra garder cette réflexion pour elle. La Gryffondor savait que c'était lorsqu'on disait ce genre de chose que la situation devenait encore plus catastrophique qu'elle ne l'était déjà.

-C'est réciproque... Done Elvire!

Cette réponse plu à Helena. Cela montrait que le garçon savait prendre les choses avec humour, et c'était un tempérament qu'elle appréciait. De toute façon, vu le caractère de la jeune blonde, les gens qui prenaient tout au premier degré ne risquaient pas de demeurer bien longtemps en sa compagnie. Ils se vexeraient à la première réflexion sans chercher à comprendre où elle voulait en venir.

Alex lui promit ensuite de ne rien dire de cette petite soirée. En y réfléchissant, la jeune adolescente se disait qu'elle ne devait pas se faire trop de soucis. Lui aussi semblait vouloir garder ces dernières heures secrètes. Après tout, c'était un Gryffondor. Il devait avoir cette petite fierté qui brillait naturellement dans l'âme des gens de leur maison.

Soudain, un grincement de porte se fit entendre. Enfin une porte, c'était plutôt une façon de parler car c'était en réalité le tableau qui s'ouvrait. Helena ne s'y attendait pas du tout. Elle était tellement surprise que sa première réaction fut d'ouvrir de grands yeux étonnés. Heureusement pour elle, Alex fut plus rapide. Il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour se jeter sur le portrait de la grosse dame.

** Mais qu'est-ce qu'il fait ? ** Se demanda la jeune fille, dont les gênes de blonde semblait lui monter au cerveau.

- Euh... Helena ?

C'est à ce moment-là que la Gryffondor comprit ce qu'Alex cherchait à faire et à son tour elle se précipita vers le tableau pour l'aider à le repousser. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour rentrer chez soi ! Elle enjamba le garçon qui était étalé sur le sol, posa son pied droit sur le mur et poussa de toutes ses forces avec ses bras la peinture. C'est dans ce genre de situation qu'on regrette de ne pas avoir fait un peu de musculation. Helena avait déjà mal aux biceps et la sueur abondait sur son visage. Ils réussirent à l'écarter de quelques centimètres mais pas besoin d'être un expert pour deviner que deux gosses de onze ans n'allaient pas tenir très longtemps. En revanche, vu leur gabarit, il y avait à présent assez de distance entre la porte et le coin du mur pour qu'ils passent.

- Vas-y ! Dépêche-toi ! Rentre ! Cria-t-elle sans desserrer les dents.

La jeune adolescente pensait que s'il se dégageait assez vite, elle aurait tout juste le temps de pénétrer à l'intérieur. Avec un peu de chance, Helena ne se coincerait même pas les doigts. Youpi !

Allongé sur le sol comme une crêpe, je n'avais pas la possibilité d'exercer une forte pression sur la porte. Aussi, petit à petit, je me sentais glisser sur le sol, repoussé par l'imposant tableau qui tentait de se refermer. Bien sûr, ce n'était pas comme si cette Grosse Dame allait se montrer emphatique et faire preuve de sympathie en nous laissant simplement passer!
Devant mes yeux écarquillés, je voyais mes doigts se rapprocher dangereusement de l'embrasure de la porte, si bien que ce n'était qu'une question de secondes avant que je ne me retrouve avec trois ou quatre phalanges sectionnées. Je commençais à paniquer en me demandant ce que faisait Helena (après, bien sûr, l'avoir imaginé en train de prendre quelques photos de moi dans cette position ridicule afin d'achever pour moi tout espoir de préserver mon honneur) quand, brusquement, je vis les mains de la jeune fille s'abattre au-dessus de ma tête et repousser le tableau. Evidemment, celui-ci fut rejeté vers l'arrière et mes mains n'ayant plus aucune prise, je m'étalai à plat ventre sur le sol.

- Vas-y! Dépêche-toi! Rentre! S'exclama la jeune fille.

Je grommelai quelques jurons qui furent étouffés à cause de ma proximité avec le sol et failli m'étrangler avec un mouton de poussière.

Toussotant et crachotant, je me relevai et passai devant Helena qui commençait à virer au cramoisi. Je me faufilai entre le mur et la porte et crochetai mes doigts sur le tableau pour que la Gryffondor puisse rentrer à son tour, ce qu'elle fit presque immédiatement. Alors, je lâchai le tableau et le laissai se refermer en poussant un long, très long soupir de soulagement.

-Pfiou...

Je m'adossai au mur, encore haletant. Nous allions pouvoir dormir dans des lits, et non à même le sol du couloir! Je me tournai vers Helena pour que nous puissions partager ce sentiment de victoire, mais dus me mordre la langue en découvrant la jeune fille, les pommettes encore rougies par l'effort, les cheveux en bataille et le col de sa chemise tout retourné. Quant à moi, je n'étais pas mieux, puisque ma robe de sorcier était passée du noir au gris après cet héroïque plongeon dans la poussière!

Mais enfin, peu importe! Nous étions à l'intérieur de notre salle commune! Youhou! Et d'ailleurs, je m'empressai de regarder autour de moi pour découvrir la décoration.
C'était superbe, on ne pouvait pas le nier! Encore mieux que toutes les représentations que j'avais pu m'en faire! Tout était rouge et or. Les fauteuils, les murs, les tapis, les draperies, et je devinai que les dortoirs n'étaient pas moins patriotiques! Être immergé dans cette ambiance aurait dû me combler, m'emplir de fierté à l'idée d'avoir été accepté dans l'illustre maison de Godric Gryffondor! Seulement voilà, quelque chose clochait.

Il y avait bien encore une trentaine de personnes dans la salle commune. On voyait bien qu'il y avait eu une fête; des bouteilles vides s'accumulaient sur les tables, la pièce donnait une impression de désordre et il y avait même quelques confettis sur le sol. Pourtant, tout était incroyablement silencieux.
L'absence de bruits ne me gênait pas, bien au contraire. Mais ce calme inapproprié me filait la chair de poule pour la simple et bonne raison que tout le monde avait les yeux fixés sur nous. Et comme par hasard, c'est toujours dans les moments où l'on souhaiterait devenir translucide que l'on sent brusquement sa peau s'empourprer...!

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Helena entendait la femme du tableau grommeler. Elle ne semblait pas ravie que les premières années cherchent à rentrer de cette manière. En même temps, elle n'avait qu'à être plus compatissante! C'était peut-être un tableau, mais n'empêche que la blonde n'aimait pas ses manières. Si l'élève ivre n'était pas venu par-là, Alex et elle seraient encore en train de coucher dehors, et peut-être y seraient-ils restés pour le reste de la nuit. Brrr, rien qu'à cette pensée, la jeune fille en frissonnait. Enfin bon, ce n'était pas encore gagné. Pour l'instant, ils n'étaient pas encore rentrés. En plus, la Gryffondor avait de plus en plus mal aux bras. Heureusement que son camarade se glissa rapidement derrière le tableau, suite à sa demande. Une fois assurée qu'il était bien dans la salle commune, elle lâcha prise et entra à son tour.

Tout s'était passé si vite qu'Helena en était encore toute secouée. En quelques instant, elle s'était mise dans un piteux état. Elle dégagea quelques mèches qui collaient sur son front, et secoua sa robe de sorcier pour se donner un semblant d'air. Par Merlin! Qu'est-ce qu'elle avait chaud. La jeune blonde se sentait aussi complètement vidée, comme si ses muscles n'étaient plus en mesure de faire quoi que ce soit. Enfin, elle avait surtout mal aux bras. C'était que, c'était plus difficile qu'on pouvait le croire que de pousser un énorme tableau!

Une fois son souffle repris, la blonde se tourna vers Alex, qui lui aussi tentait de se remettre de son effort. Y avait pas à dire, ils auraient amplement mérité de rejoindre leur lit ce soir! Helena s'imaginait déjà en train de se glisser sous des couvertures bien chaudes et s'étaler de tout son long sur un matelas moelleux. La sorcière n'était même pas sûre d'avoir le courage de se changer, elle s'imaginait déjà en train de s'écrouler comme une masse, et de s'endormir aussitôt.

La Gryffondor regarda autour d'elle et découvrit qu'ils n'étaient pas seuls. Sur les fauteuils d'un beau drapé d'un beau tissu rouge, roupillaient quelques élèves. Les bras et les jambes ballantes, on devinait qu'eux aussi n'avaient pas pris le temps de choisir une position très agréable pour s'endormir. Ils avaient essayé de repousser le tableau eux aussi, peut-être? Apparemment, c'était plutôt la fête qui leur était monté à la tête. La salle commune était dans un bazar monstrueux. Ils risquaient de se faire démonter par leur directrice de maison le lendemain matin, à moins que Mrs Kelsey ait organisé tout ça... mouais.

Helena s'avança au milieu de la pièce, consciente que des regards curieux se posaient sur sa tenu négligée, mais comme tous les nouveaux, elle tenait à découvrir un peu plus cette pièce. Malgré les dizaines de verres sales qui s'empilaient un peu partout, la blonde découvrit avec satisfaction que cet endroit était chaleureux et donnait envie d'y passer un peu de temps. Elle était décorée des couleurs des Gryffondors, rouge et or et plusieurs sièges étaient mis à leur disposition. Un canapé qui semblait fort confortable était face à une grande cheminée, dont le feu crépitait timidement sous des buches. Les murs, eux aussi, étaient recouverts de tapisseries aux fonds rouge où différents petits animaux dorés étaient représentés dessus. Différents meubles, remplis de livres ou garnis d'autres babioles, cachaient les murs demeurés nus. Quelques portraits d'anciens étaient également accroché, complétant la décoration.

La Gryffondor se tourna vers un de ses camarades et lui demanda où se trouvait les dortoirs. Celui-ci lui indiqua des escaliers au fond de la salle, et lui précisa lesquels étaient ceux des filles et lesquels ceux des garçons. La jeune adolescente se retourna ensuite vers Alex.

- Bon bah voilà, je te souhaite une bonne nuit. Je crois qu'on l'a bien mérité tous les deux... Et oublie pas, motus et bouche cousue! Dit-elle en faisant mine de sceller ses lèvres avec son pouce et son index.

Puis elle lui sourit une dernière fois avant de se diriger vers les dortoirs.

Toutes ces paires d'yeux fixées sur moi avaient réussi à me paralyser sur place. Aussi, je n'osais pas esquisser le moindre geste. J'avais toujours détesté être le centre d'attention et intérieurement, j'essayais de me convaincre que je n'étais pas déjà fiché pour les sept ans à venir. Mais, en y regardant de plus près, je n'étais pas vraiment sûr que les élèves nous prêtent une quelconque attention. En effet, la plupart étaient endormis, les autres étaient à moitié ivre et pour ceux qui restaient, je n'arrivais pas à déterminer s'ils nous reluquaient avec ébahissement où s'ils se contentaient de dormir les yeux ouverts...

À mes côté, Helena semblait moins impressionnée et alla même jusqu'à faire quelques pas au centre de la pièce, sûrement tout aussi émerveillée que je l'étais. Elle finit par demander à l'un des élèves - l'un des rares qui avait l'air d'être encore en possession de toutes ses facultés mentales - où se trouvaient les dortoirs et je captais l'information en même temps qu'elle.

Cette fois, notre petite excursion touchait réellement à sa fin. Cette réalité avait beau me causer un petit pincement au coeur, j'étais trop fatigué pour vraiment regretter d'avoir atteint la salle commune. Je ne savais pas quand, ni dans quelles circonstances je reverrai la jeune fille, mais je me disais qu'étant dans la même maison, nos chemins ne pouvaient qu'être amenés à se croiser de nouveau, n'est-ce pas?

Comme je m'en doutais, Helena finit par revenir dans ma direction pour me saluer une dernière fois.

-Bon bah voilà, je te souhaite une bonne nuit. Je crois qu'on l'a bien mérité tous les deux...
-Ouais, bonne nuit à toi aussi, répondis-je, les paupières déjà lourdes.

Je lui fis un mince sourire avant qu'elle n'ajoute:

-Et oublie pas, motus et bouche cousue!

Elle fit mine de sceller ses lèvres avec son pouce et son index et je l'imitai aussitôt, confirmant ainsi notre accord tacite. Puis elle me sourit une dernière fois avant de tourner les talons pour regagner son dortoir. J'attendis que ses longs cheveux blonds aient disparu de mon champ de vision avant de me diriger à mon tour vers ma chambre.

Au fond de moi, une petite voix me soufflait qu'avant de sombrer dans les bras de Morphée, recueillir des informations pratiques du genre "quel est le mot de passe?" serait sans doute une bonne idée, mais j'étais bien trop fatigué pour tenter quoi que ce soit. Il serait bien temps de se préoccuper de ce genre de détail demain. Après tout, Helena n'était sans doute pas la seule élève de Gryffondor à être aussi sympa et il serait toujours temps pour moi de faire d'autres rencontres!
Néanmoins, avoir fait la connaissance d'une élève si agréable dès les premières minutes était déjà très encourageant. Et, au fond de moi, je sentais bien que les sept années à venir n'allaient pas être de tout repos, ce qui n'était pas pour me déplaire...!

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