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Carry me through |[ Pv Haru' ]|

 
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 Carry me through |[ Pv Haru' ]|

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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
Élève de 6ème année



Féminin
Nombre de messages : 1026
Localisation : Probablement en train de dessiner quelque part dans le parc, ou sur le pont
Date d'inscription : 20/10/2009
Célébrité : Kathryn Prescott

Feuille de personnage
Particularités: Mes cheveux rouges, c'est ce que les gens remarquent en premier. Pour le reste... Cela ne regarde que moi.
Ami(e)s: Haruhi, Ophelia, Rose
Âme soeur: Into the stormy sea, will you remember me ?

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MessageSujet: Carry me through |[ Pv Haru' ]|   Carry me through |[ Pv Haru' ]| Icon_minitimeVen 5 Aoû - 14:21

Envolées mes dernières poussières d'insouciance, si tant est que j'en aie encore. Tout s'était passé si vite, si vite, que j'avais le tournis en y repensant et que je me sentais brûlante, comme prise d'une fièvre incurable. Mes tempes bourdonnaient, m'oppressaient le crâne, et adossée au mur glacé, j'étais incapable de faire un mouvement. Quel être vivant méritait de vivre ça, cette horreur que nous avions tous subie, ce soir, à l'heure du repas?

Il me paraissait si loin le moment où je dînais tranquillement avec Haruhi, où nous avalions notre part de tarte sans plus de soucis que nos cours du lendemain, sans plus de chagrin que l'habituelle mélancolie qui nous serrait le cœur, bref sans plus d'inquiétudes ressenties qu'à l'habitude. Le plafond magique, qui m'avait toujours terrorisée, était sombre et on voyait bien qu'il bruinait dehors. En y jetant un œil je m'étais glacée : les gouttes tombaient de là-haut mais on ne les sentait pas, et les nuages voilaient la lune, que pourtant nous n'étions pas sensés voir. C'était anormal, je détestais cela, c'était contre nature, et j'avais vite replongé le nez dans mon assiette. Et puis patatras, ce n'était pas un coup de tonnerre, mais la grande porte en bois qui s'était ouverte avec fracas, et ceux dont le nom étaient sur toutes les lèvres dernièrement étaient apparus, avaient pris chair pour la première fois devant mes yeux ébahis, moi qui n'avais encore jamais vu de Mangemort autrement que sur les affiches des avis de recherche ou dans les discours les plus effrayés des gens que je côtoyais. Ils étaient plusieurs, un homme à la peau mat en tête, et d'emblée, sur leurs visages, je lus un sentiment d'inhumanité qui me terrifia. Mais déjà c'était le chaos, et je poussai un cri perçant car un flot d'élèves m'avait séparée de mon amie et que je me sentis tomber du banc. J'avais envie de me boucher les oreilles : tout le monde criait, tout le monde se piétinait, et par-delà la cacophonie des hurlements d'effroi, j'entendais nettement les sortilèges siffler un peu partout. Je vis du coin de l’œil des professeurs se faire immobiliser, puis les Mangemorts se disperser dans la foule. Nous étions pris au piège dans notre propre maison, des oiseaux enfermés dans leur cage avec un chat affamé.

J'avançai à quatre pattes sous la table des Gryffondor, cherchant un endroit où je pourrais me relever et retourner avec les autres, mais les bancs et les élèves qui se cachaient me bouchaient le passage. Je sentais que je pleurais de peur, de stress, mais je m'en fichais. Tout le monde avait sorti sa baguette - pourquoi, ces Mangemorts n'étaient-ils pas bien plus puissants que nous? Mais en vérité tout ça m'indifférait, pourquoi ils étaient là, quel sort il fallait faire pour les combattre : je n'en étais pas capable et ce n'était pas mon combat. Tout ce qui m'importait pour l'instant, c'était de retrouver Haruhi et de ne plus lâcher sa main, et d'attendre que l'orage passe. L'avenir je m'en fichais; ce que j'avais vécu me paraissait tellement dérisoire finalement alors quoi, la souffrance, la joie, la peine, la mort, finalement, ce n'était que les parties successives de la vie et tout le monde y passerait tôt ou tard. Je voulais juste être avec Haruhi, la protéger, frissonner avec elle. Je me sentais plus forte avec elle.

Je manquais de m'étouffer en m'extirpant de sous le banc. Des élèves pleuraient, des élèves criaient, des élèves cherchaient à se battre. Tout le monde se bousculait et je tentai de me frayer un chemin parmi la foule, je me pris plusieurs coups de coude et coups de pied mais je continuai à avancer, les yeux braqués sur les visages que je croisais. Où était Haruhi?!

Tout d'un coup un bras m'attrapa en pleine course et me stoppa net; mon cœur manqua de s'arrêter et j'étouffai un cri, tournant violemment la tête vers la personne qui m'avait agrippée et qui m'avait presque soulevée de terre. C'était un garçon de Poufsouffle, de 6ème ou 7ème année, qui essaya de me rassurer, "n'aie pas peur, on va vous protéger". Il m'emmena plus en recul dans la salle, près d'un groupe d'élèves, tous assez jeunes, et je compris que les grands s'étaient mis en œuvre de protéger les petits. Comprenant qu'on m'obligerait à rester là bien sagement jusqu'à ce que tout se termine, je me mis me débattre comme une folle, moi toute menue entre ses bras trop forts pour moi.


- Je dois retrouver quelqu'un, je dois retrouver quelqu'un !!

Ses "calme-toi" n'avaient aucun effet, et ses promesses de la retrouver pour moi non plus. Comment allait-il la reconnaître dans la foule, et puis, surtout, je savais qu'il voulait protéger tout le monde, et qu'il perdrait son temps à sauver les autres avant de la trouver elle. Elle. C'était tout ce qui m'importait. Alors, je profitai du moment où il s'adressa à autre garçon pour le pincer très fort au bras; il sursauta, me lâcha, et je m'étalai par terre en me rattrapant sur les mains. J'eus une grimace de douleur : mon poignet droit avait tout pris et j'avais l'impression qu'on me l'avait tordu. Mais je ne m'arrêtai pas plus longtemps et me jetai de nouveau à corps perdu dans la foule.

J'étais rassurée que ma mère ne soit pas mêlée à tout cela, que Pré-au-Lard soit loin et qu'elle ne soit pas menacée elle aussi. C'aurait été insupportable pour mes pauvres nerfs de m'inquiéter pour elle aussi... Et elle, comment allait-elle réagir quand elle apprendrait tout ça? Même si je ne connaissais pas l'issue de cette bataille, allait-elle s'inquiéter pour moi? Je ne doutais pas de son amour, ou du moins, j'essayai, mais pouvait-il être si fort malgré les années, malgré le fait que nous ne nous connaissions pas? Je n'étais pas certaine de m'inquiéter autant pour ma mère que pour ma meilleure amie dans une telle circonstance... J'aimais ma mère, mais je l'avais déjà perdue, la retrouver était une vie nouvelle, mais pour combien de temps, qui savait, qui pouvait savoir?

Cette fois je mis beaucoup plus de hargne dans mes recherches, jouant de mes petits poings, poussant les autres sans ménagement. Et j'appelai Haruhi à grands cris, mais ma voix, si faible, j'en étais bien consciente, se perdait dans le brouhaha, dans la lutte. C'est alors, seulement, que je vis quelque chose qui me gela jusqu'à la dernière de mes entrailles. Un peu plus loin, il y avait par terre deux corps, ceux de Megane Parry et Lilian Easter, et Lilian saignait, Megane criait, et un homme debout devant elles disait des choses que je n'entendais pas mais leur jetait des sorts, autrement dit il les torturait... Je dus me plaquer les mains sur les oreilles tant les cris de Megane m'étaient intolérables; j'avais envie de vomir et les larmes roulèrent de plus belle sur mes joues. Pourquoi, pourquoi? Oh, je voulais que tout se termine, je voulais me réveiller et que tout ne soit qu'un mauvais rêve... Mon coeur s'était emballé devant ce spectacle : et Haruhi? Et si on lui faisait la même chose?! Alors je me mis à courir, me cognant dans tout le monde, serrant les dents quand mon poignet douloureux prenait un autre choc, glissant sur les dalles, comme une folle que rien ne pouvait arrêter. Et je la vis.

Même vision d'horreur, deux corps, un homme qui levait sa baguette, et des cris.


- Non... Je laissais échapper un cri plaintif, déchirant, face à cette image insoutenable. Ma meilleure amie était là, juste là, et se faisait torturer à son tour... Je mis plusieurs secondes à me rendre compte que c'était Taylord à ses côtés. La vie était bien ironique; mes deux seules vraies amies ensemble dans la douleur et j'assistais, impuissante, à leur déchéance. Ma vue était brouillée par les larmes. Que pouvais-je faire? Je m'étais élancée mais déjà des bras inconnus me retenaient et m'ordonnaient de ne pas bouger car on ne pouvait rien faire, car j'allais mourir si je faisais l'idiote.

- LAISSEZ-MOI, LAISSEZ-MOI!
Je m'en foutais de tout ça, je n'avais pas de baguette, et alors? Je préférais mourir que de voir ma meilleure amie souffrir et mourir, e voulais mourir à sa place, et si elle mourait je voulais mourir avec elle, rien d'autre. Mais je n'arrivais pas à me libérer et sous mes yeux horrifiés Haruhi se faisait torturer...

_________________________________________________________________________________________

Fini, terminé, dans Poudlard régnait un silence de mort, nous avions capitulé, les méchants étaient au pouvoir. Et après? J'étais toute perdue, petit électron libre égaré dans l'explosion, et je marchais sans savoir quoi faire, où aller, les bras ballants, mes mains impuissantes bêtement pendantes. J'étais inutile, complètement inutile. Et j'attendais comme une âme en peine devant l'infirmerie, comme tant d'autres, les joues marquées de traînées de sel, que les portes veulent bien s'ouvrir et qu'on veule bien nous laisser entrer. Pomfresh nous avait d'abord refusé, bien plus tôt dans la soirée, et nous avait congédié dans nos dortoirs, mais d'autres comme moi étaient restés là, parce que les gens à l'intérieur étaient bien trop important pour qu'on dorme sur nos deux oreilles en attendant tranquillement les lueurs de l'aube. Je serrais contre moi mon poignet qui devait être cassé, mais je n'y pensais même pas. Mes yeux fixes ne voyaient que des images atroces, et mon cœur ne battait que pour voir Haruhi, pour voir comment elle allait. J'avais eu si peur qu'elle meure et le souffle qui me tenait en vie était le sien, mais je voulais serrer ses mains dans les miennes et ne plus penser à rien.

Finalement, ayant grâce de nous, l'infirmière décida de nous laisser entrer, à l'unique condition qu'on les fatigue pas, qu'on ne les fasse pas parler, et qu'on lui obéisse au doigt et à l’œil. J'étais la première devant la porte, et le chemin depuis la porte jusqu'au lit de mon amie, derrière un rideau, dans le blanc éblouissant de l'infirmerie, me parut une éternité dans un désert blanc et silencieux. Je passai le rideau. Haruhi était couchée sur le lit, les paupières closes, la peau lacérée, le teint blafard, comme dans mes pires cauchemars, comme dans tout ce que je m'étais imaginé de pire mais que je pensais impossible. Une vague de sanglots me souleva toute entière et j'eus un haut-le-cœur, et puis je me jetai sur le lit, m'asseyant sur la chaise mais me penchant tout contre elle, éclatant en pleurs. Je n'arrivais plus à respirer, je ne voyais plus rien, mais j'étais tout contre elle, j'avais posé ma main délicatement sur son bras. Je n'osais pas la toucher de peur de lui faire mal. Et je restai là à pleurer de longues minutes, partagée entre la délivrance de la voir sauve, le chagrin atroce de voir ces séquelles, la terreur immense de son état, de l'après, de comment elle en ressortirait, blessée psychologiquement tout autant que physiquement. Qu'avait-elle pensé? Qu'allait-elle penser? Je n'en savais rien, mais une chose était certaine, je serais là à chaque instant comme elle l'avait été pour moi, et ni rien ni personne ne pourrait m'empêcher de l'aider à se remettre sur pieds. Je ne savais pas si elle dormait, si elle me sentait contre elle, mais la sentir contre moi m'empêchait de devenir irrémédiablement folle de désespoir.

Après quelques minutes, quelques temps, une éternité, je ne sais pas, l'infirmière passa à son chevet, vérifia son pouls, mit un onguent d'un bleu étonnant sur ses plaies, et remua sa baguette au-dessus de la tête de ma meilleure amie en marmonnant. Je ne pouvais pas parler, ma gorge était nouée, mais je m'étais redressée, ne lâchant pas Mme Pomfresh du regard. Et mon regard l'implorait de me dire qu'Haruhi allait s'en sortir. Ma main recouvrait celle de ma meilleure amie comme pour la protéger. Mais elle ne me dit rien de plus que :


- Il faut lui mettre de l'onguent tous les quart d'heure. Tu peux le faire?

C'est seulement alors que je me rendis compte qu'elle était harassée de fatigue et qu'elle avait l'air débordée, ce qui était logique. Je lui pris le pot des mains, enfilai des gants et acquiesçai sans pouvoir parler, puis elle me laissa. J'entrepris alors de finir ce qu'elle avait commencé, et mis de l'onguent sur les plaies de mon amie, à une main, puisque mon autre poignet était trop douloureux. Leur rouge mordant me faisait l'effet d'un lame qui s'enfonçait dans mon cœur et je pleurais un peu plus à chaque nouvelle coupure que je découvrais, sur ses bras, son cou, mais au moins, je me sentais un peu utile, et je fis méthodiquement et avec tout l'amour que je ressentais le tour de ses balafres. Soudain je la sentis bouger, légèrement, et ses paupières papillonnèrent. Elle devant sentir ses blessures, sûrement. Je lui caressai la joue, doucement, et ma main tremblait :

- Chhhut, ça va aller, je suis là, ça va aller...

Ma voix se voulait rassurante mais mes yeux étaient toujours voilés de larmes et mon cœur trop gros. Mais j'avais envie qu'elle se sente soutenue, qu'elle se sente protégée, comme je l'aurais souhaité si j'avais été à sa place. Combien j'aurais tout donné pour être à sa place, d'ailleurs... Alors, par je ne sais quel courage, je puisai en moi la force de chanter; et comme j'avais toujours imaginé qu'une mère faisait pour réconforter ses petits, comme Kelsy me le faisait quand j'étais triste dans ses bras, je me mis à chantonner tout bas mais assez pour que Haruhi soit bercée par ma voix :

When you're weary
Feeling small
When tears are in your eyes
I will dry them all

I'm on your side
when times get rough
And friends just can't be found
Like a bridge over troubled water
I will lay me down

When you're down and out
When you're on the street
When evening falls so hard
I will comfort you

I'll take your part
when darkness comes
And friends just can't be found
Like a bridge over troubled water
I will lay me down...

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Haruhi Michiko


Haruhi Michiko
Elève de 7ème année & Préfète



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Date d'inscription : 07/06/2009

Feuille de personnage
Particularités: Il me manque une case. Mais bon vu que quasiment tout Poudlard a le même problème, je m'inquiète pas!
Ami(e)s: Scarlett, Taylord, Lilian (sniff) principalement. Trio de Gryffondor 8D
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MessageSujet: Re: Carry me through |[ Pv Haru' ]|   Carry me through |[ Pv Haru' ]| Icon_minitimeSam 6 Aoû - 18:07

Mais où était-il ce tunnel de lumière blanche retentissante ? Où m’attendait l’ange qui me guiderait ? Même les paupières closes, je voyais toujours des visages sanguinaires qui s’avançaient vers moi, même presque endormie, j’entendais encore le vacarme et les cris perçants, même naviguant entre la vie et la mort que j’allais bientôt rejoindre, je sentais que j’avais perdu toute ma dignité et mon innocence…Je voyais encore leurs sourires carnassiers, je voyais encore mon propre sang tâcher ma peau à jamais. Je voulais juste quitter ce monde pour ne plus souffrir, ne plus lutter, ne plus être liée à ce corps meurtri qui était le mien. Je voulais m’en aller parce que je savais que toutes les parcelles de bonheur en moi s’étaient évaporées, je voulais m’effondrer parce que je savais que tout était noir, macabre autour de moi. Mes propres ongles s’enfonçaient dans ma chair avec violence, ça faisait terriblement mal, mais le gouffre ne pouvait pas être plus profond. Je sentis soudain une force me décoller du sol sans douceur, j’avais envie de hurler parce que je ne voulais pas qu’on me touche, je ne voulais pas qu’on m’aide, je voulais juste être libre…Mon esprit m’envoya plein de signaux à la suite, la lumière, la noirceur se mélangeait dans mon cerveau, et je n’avais plus aucun contrôle. Je sentais une entité contre moi, qui m’enfermait dans une prison, mais je restais impuissante. La bouche close, je sentais le goût infâme et métallique du sang, et je sentis un voile noir se déposer sur moi, avec brutalité. Tout disparut autour de moi, j’étais seule, seule pour toujours, et j’allais disparaître moi aussi, et je savais d’avance que j’allais errer pour toujours et que jamais je ne trouverais le repos.
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Un cocon de douceur m’enveloppait, pourtant je m’entendais remuer, hurler, verser de grosses larmes qui trempaient mon corps gelé. Ce que je pensais être mon corps tremblait, parcourus de spasmes puis se calmait, je m’enfonçais dans la léthargie et la torpeur, puis le cycle infernal recommençait sans cesse. La lumière me brûlait les yeux, elle était agressive, elle chauffait au fer rouge mes plaies, elle me piquait, et ne me laissait aucun répit. Si j’étais indigne de vivre, pourquoi je n’étais pas morte ? Pourquoi je n’avais pas disparu pour que le monde soit plus pur ? Non, la mort était un châtiment bien trop doux, il fallait que je souffre, que je perde tout mon honneur, il fallait que je meure comme ils le voulaient ; faible, mon corps abîmé, pour que je ne mérite même plus d’être traitée comme un être humain…Je ne savais plus. Je ne savais plus si je voulais vivre ou mourir, j’étais perdue, je voulais juste qu’on me tienne la main et qu’on m’aide à faire mon choix. Je voulais sentir un souffle ami près de moi, pour que je ne sois plus seule. J’avais peur, peur de la nuit, de l’obscurité, peur des chimères qui allaient venir me hanter, peur de la torture qui me guettait dès que j’allais sortir de ce brouillard, si encore j’en sortais…

Sans que je puisse esquisser un mouvement pour me défendre, je sentais des mains s’imprimer sur ma peau, encore j’allais souffrir, encore l’horreur, encore le carnage, encore le massacre allaient venir s’infiltrer en moi. Des mains rêches, désagréables au contact, des mains qui me voulaient du mal. J’étais impure, j’étais impure, je le savais déjà, mais c’en était trop, je les entendais déjà rire de ma déchéance, rire de moi qui mordait la poussière, crachant mon propre sang. Les mains s’appuyaient sur moi, m’empêchaient de respirer, une substance étrange pénétrait en mes blessures, était-ce encore pour provoquer la souffrance chez moi ? Soudain, les mains me délaissèrent, me laissant une fois de plus à mon supplice. Un bruit régulier se fit entendre. J’entendais des sons qui ressemblaient à des sanglots. Un sanglot désespéré, teinté de détresse et de rage. Je n’étais donc pas seule ? D’autres âmes partageaient la même torture ? Cette pensée ne me réchauffa même pas le cœur, car de cœur, je n’en avais plus, il avait été arraché hors de moi, j’étais vide, vide comme jamais je ne l’avais jamais été, et en même temps, emplie de sentiments, de douleurs qui allait faire exploser mon cerveau et mes organes à l’intérieur de moi.

Des mains revinrent sur moi, mais celles-ci étaient douces, et elles me donnaient envie de m’enfoncer dans le cocon sans penser à rien…Pour oublier tous les cadavres, tous les visages apeurés, pour oublier les regards emplis d’horreurs. Surtout pour oublier l’angoisse intense, pour oublier que nous allions mourir sans nous dire au revoir. Au moins, j’allais rejoindre celle qui tenait le plus pour moi, et nous serions unies, c’est ce que je voulais, être toujours avec elle, et ni la vie si elle ne me suivait pas. Mes paupières s’ouvrirent avec une lenteur atroce, et dans le flou, je distinguais quelque chose. Mais tout était embrumé, je n’y voyais pas clair.


- Chhhut, ça va aller, je suis là, ça va aller...

La voix semblait familière mais je savais que je me trompais forcément. Je voguais, j’étais seule, personne ne venait à mon secours, sur ma route, je ne cessais de croiser des entités qui me voulaient du mal. Le ton était doux, compatissant, presque trop. Il était rassurant…Mais la voix mentait, ça ne s’arrangeait pas, c’était même pire à chaque nouvelle seconde. Quand la voix comprendrait-elle que tout ce que j’aimais avait disparu ? Je voulais juste Scarlett, ma Scarlett, la seule capable de me faire tenir, de me donner la force de me battre. J’étais sûre que son cadavre était parmi les autres, j’étais sûre qu’ils n’avaient rien fait pour la sauver…Je voyais encore son visage horrifié, je la voyais encore disparaître parmi les autres, je me voyais tendre la main vers le vide sans avoir la moindre chance de la rattraper.

-Tu mens ! Laisse-moi, laisse moi partir, arrête de te moquer de moi !

Avec violence, je sentis mes poings s’abattre contre l’autre personne. J’étais enfermée, je voulais sortir, je voulais rendre mon dernier soupir à côté d’elle. Pourquoi me retenait-on ici ? Les mains qui me semblaient amicales étaient maintenant ennemies, elle me retenait prisonnière de cette geôle de glace et de feu ardent en même temps. Mais la main était toujours là, elle parcourait ma joue, soudain, j’arrêtais de me débattre, et laissais la main me toucher, diffuser son satin sur mes plaies brûlantes. Une mélodie suave se fit soudain entendre, sans que je puisse l’expliquer, le flou se dissipa peu à peu et le visage s’approchait de moi de façon de plus en plus distincte. Le sang se mit à bouillonner dans mes veines, je voulais savoir, je voulais savoir à qui appartenait cette main que je sentais m’apaiser, à qui appartenait cette voix d’ange qui me donnait envie de dormir et de ne jamais me réveiller. J’aurais pensé que c’était mon ange qui me venait enfin en aide si je ne reconnaissais pas le parfum qui flottait autour de nous. Peu, peu le visage se dessinait, d’abord les yeux, emplis de larme, rougis, de peur, ensuite la peau, de porcelaine, les traits, fins et parfaits. Je la voyais enfin. Scarlett…Scarlett qui allait me rejoindre et faire de mon enfer un paradis blanc. Avec le peu de forces qui me restait, j’attrapais la main, la serrais contre moi, pour l’entraîner dans ma chute. J’allais faire le chemin avec elle, main dans la main. Nous étions enfin ensemble. Mes lèvres s’étirent en un mince sourire.

-Viens me rejoindre…

Avec horreur, je sentis ma main lâcher la sienne, je me sentais emportée dans un cyclone, très loin d’elle, très loin du cocon ; je voyais une succession de moments de ma vie, des souvenirs en rafale. Je hurlais, nous avions été déjà séparées, je ne pouvais pas la laisser une fois de plus, je ne pouvais pas l’abandonner ! J’étais secouée dans tous les sens, malmenée, j’avais l’impression de souffrir encore davantage, comme si des couteaux s’enfonçaient dans ma peau, la mélodie n’était plus là. Et puis je revins au calme, au cocon, en espérant que je n’allais pas de nouveau le quitter. Le souffle de Scarlett me paraissait beaucoup plus lointain, était-elle encore là ? Où étais-je véritablement ? Est-ce que je vivais ? Avec lassitude, mes yeux se refermèrent, mes respirations plus calmes. Je ne voulais plus penser. Je voulais juste qu’on me guide. Qu’on mette fin à mes doutes. Mon cœur que je croyais détruit se mit à nouveau à battre, mais pour combien de temps encore?
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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
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MessageSujet: Re: Carry me through |[ Pv Haru' ]|   Carry me through |[ Pv Haru' ]| Icon_minitimeSam 13 Aoû - 14:37

Ma voix tremblait un peu, au départ, mais prenait de plus en plus d'assurance au fur et à mesure de ma chanson. Je ne chantais pas fort bien sûr, de peur de déranger les autres, mais je chantais pour Haruhi, et juste pour elle. L'onguent que j'étalais sur ses plaies et cette mélodie que je fredonnais étaient à mes yeux la seule utilité que j'avais pour mon amie, plongée dans un sommeil artificiel, et j'y mettais tout mon cœur. Je ne pouvais empêcher les larmes couler le long de mes joues mais un sourire s'installait petit à petit sur ma bouche, entraîné par les paroles que je prononçais :

... I'll take your part
When darkness comes
And pain is all around
Like a bridge over troubled water...


Elle ne pouvait pas mourir. J'essayais de rationaliser la situation : Madame Pomfresh m'aurait-elle laissée seule au chevet d'une mourante? Non. Haruhi avait beaucoup souffert mais ses jours n'étaient pas menacés. C'était logique. Oui mais... Et si l'infirmière n'avait justement aucune idée du sort de mon amie et la laissait là juste parce qu'il fallait attendre, seulement attendre, pour voir si son état s'améliorait? Cette attente me tuerait. Un sanglot me coupa la respiration. J'en avais terminé avec l'onguent et je posai le pot sur la table de chevet, restant debout, tout près d'elle, ne pouvant me résoudre à m'écarter de mon amie alors qu'elle avait tant besoin de soutien.

J'avais tant perdu. Depuis toujours. Je le compris alors que je serrais dans mes mains tremblantes les doigts inertes de ma meilleure amie. J'avais été abandonnée à la naissance, tirant une croix sur mes parents. Je ne me plaignais pas plus que cela car j'en étais bien consciente, j'avais été élevée dans un foyer qui m'avait beaucoup apporté, j'avais été très bien entourée, et je pense que c'est grâce à cela que je n'avais pas trop souffert de ma condition d'orpheline. Et puis, à mes onze ans, Poudlard m'avait pris ma vie, en m'obligeant à m'immerger dans le monde de la magie, dont je n'avais jamais voulu. Cette fois on me prenait ma vie, à défaut de me prendre mes parents. Le plus dur, je crois, avait été de tirer un trait sur tous mes amis de foyer. Pourquoi? Parce que je ne pouvais pas partager cela avec eux. Soit ils allaient me prendre pour une folle, soit, pire encore, ils allaient avoir peur de moi... Je préférais encore les perdre en leur faisant croire que j'avais fait ma vie dans ma nouvelle école plutôt que les voir me craindre ou me haïr. Et puis, à Poudlard, j'avais connu l'amour, cet amour auquel je ne croyais pas, que j'aimais lire dans mes romans, mais que je voyais de loin, que j'imaginais utopique et impossible. Et voilà qu'il me tombait dessus, et qu'il me guidait vers une fille, qui plus est. L'étrangeté passée, j'avais vécu avec Kelsy les moments les plus intenses et les plus palpitants de mon existence. J'étais réellement tombée amoureuse d'elle, je l'aimais au sens profond du terme, alors que j'étais si jeune, mais c'était là, au fond de moi, dans ma chair. Et puis, encore une fois, le vent avait tourné. Kelsy avait préféré Cherry. C'était comme ça. On m'avait arraché une nouvelle fois ce qui guidait ma vie, et j'avais perdu Kelsy, je m'étais perdue moi, par la même occasion. Aujourd'hui encore je sentais le grand vide qu'elle avait laissé... Mais je ne pouvais plus me plaindre. Je taisais ma souffrance et je me rattachais à mes souvenirs. Ils étaient doux, et me berçaient le soir quand je ne trouvais pas le sommeil... J'aimais croire qu'ils étaient réels, que le lendemain, j'allais retrouver Kelsy à mon réveil. Bien sûr le choc avec la réalité était brutal, mais vivre à moitié dans un songe m'était moins difficile de me dire que c'était fini, fini, que plus jamais Kelsy ferait partie de ma vie.

Et aujourd'hui, celle qui avais toujours été là, celle sur qui j'avais pu compter dans les pires moments, celle à qui je devais tant - la vie, une mère retrouvée - , c'était elle qu'on voulait me prendre?!

J'en avais la chair de poule. C'était ma plus grande peur. A force de tout perdre, la perte me paraissait la pire chose de la Terre. Je m'affaiblissais d'avantage à chaque fois. Je ne pouvais pas perdre Haruhi!


-Tu mens ! Laisse-moi, laisse moi partir, arrête de te moquer de moi !

Je sursautai, le cœur étouffé d'angoisse. Elle battait des paupières, bougeait dans son sommeil, semblait en proie à ses démons, mais elle cauchemardait, je savais qu'elle n'était pas éveillée. Ses mains me frappaient faiblement, me poussaient, comme si j'avais été un monstre, à l'égal de celui qui l'avait torturée. Hantée par ses visions, elle ne me voyait pas. Je continuais à lui parler, à lui murmurer des paroles réconfortantes, et je tentais de lui saisir les mains et de les maintenir pour qu'elle cesse de s'agiter. Je ne connaissais rien à la médecine, mais il me semblait qu'il valait toujours mieux éviter qu'un malade ne s'agite trop, ne serait-ce que pour économiser ses forces. Elle se calma un petit peur, alors que mon cœur s'emballait un peu plus. Pourquoi Madame Pomfresh ne venait donc pas?!

-Viens me rejoindre…

- Je suis là, avec toi, toujours...
répondis-je faiblement.

Elle avait les yeux ouverts mais ne semblait rien voir; un instant seulement je crus croiser son regard, avant qu'elle prononce ses mots et que ses muscles se relâchent. Elle me serra contre elle un instant et je lui rendis son étreinte mais mes grands yeux affolés ne cessaient de scruter son visage; je voyais bien qu'Haruhi était en proie à ses cauchemars, et déjà le rouge lui montait au joue. Il ne fallait pas qu'elle ait de fièvre! Et puis ses yeux se fermèrent et je la sentis ailleurs.


- Madame Pomfresh! Madame Pomfresh! couinai-je tant bien que mal, la gorge serrée par la terreur de perdre Haruhi.

Heureusement l'infirmière arriva vite. Je lui expliquai qu'Haruhi s'était réveillée mais qu'elle délirait, et que tout d'un coup elle avait replongé dans un sommeil qui ne me paraissait pas sain. Pomfresh ausculta mon amie, encore une fois, marmonna, jeta un coup d’œil au dehors, sur un autre malade, sans doute. Une nouvelle fois, elle agita sa baguette au-dessus de mon amie, puis me demanda de l'aide : elle allait redresser Haruhi et je devais lui faire boire quelques gouttes d'une potion.


- Il faut l'empêcher de tomber dans le coma, mais il faut aussi éviter qu'elle s'agite trop. Cette potion devrait la détendre. Il faut que tu continues à lui parler et à lui faire sentir ta présence, d'accord?

J'aquiesçai vigoureusement, attrapant la tasse d'une main tremblante. Au fond du verre blanc et épais, il y avait un fond d'une liquide vert, au parfum de plantes et, étrangement, de caramel. Autant je ne portais aucune confiance en tout ce qui était magique, autant en cet instant, je faisais une confiance aveugle à l'infirmière et à ses talents de guérisseuse. Pomfresh souleva mon amie en l'attrapant sous les aisselles, d'un geste habitué, et la maintint assise le temps que je lui fasse boire la potion. Je portai la tasse à ses lèvres le plus délicatement possible, tout en murmurant calmement :

- Haruhi, c'est moi, il faut que tu boives ça, d'accord? C'est pour te soigner...

Je penchai la tasse et versai le contenu entre ses lèvres entrouvertes. Ce geste me paraissait une première victoire, comme si j'allais mener une bataille ardue, au chevet de ma meilleure amie.
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Haruhi Michiko


Haruhi Michiko
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MessageSujet: Re: Carry me through |[ Pv Haru' ]|   Carry me through |[ Pv Haru' ]| Icon_minitimeLun 15 Aoû - 20:49

Ce qui était le pire, dans ce sommeil tourmenté, c’est que je ne pouvais m’accrocher à rien…Moi qui avais lutté pour que jamais je ne devienne victime de la solitude ; moi qui avait organisé ma vie de façon à que je me sente entourée ; c’était si ironique que je me retrouve aussi perdue, voguant dans un labyrinthe tortueux et terrifiant dont je ne trouverais jamais la sortie. Pourtant, je savais qu’elle était près de moi, je sentais le contact de ses mains entrelacées avec les miennes, mais rien n’était identique. Avant, nos mains liées me procuraient cette sensation de protection et d’union, c’était tout le contraire, elle s’éloignait progressivement, elle ne fuyait pas, non, c’était juste la suite logique des choses, nos adieux étaient obligatoires et nos routes devaient se séparer, sans que nous puissions faire quoi que soit contre ce terrible destin. Elle, qui était mon roc, elle, sur qui je m’appuyais habituellement pour ne pas sombrer, oui, c’était pour elle et personne d’autre que chaque jour, je faisais de moi un être meilleur, eh bien, elle aussi, disparaissait. Je voulais qu’elle me guide, qu’elle me dise que tout allait bien se passer et que nous allions nous retrouver bientôt. Mais elle ne pouvait ; elle ne pouvait pas mentir.

- Je suis là, avec toi, toujours...

Elle se trompait…Le brouillard s’était peu à peu dissipé, et j’avais au moins compris une des clés du dénouement de l’histoire. Scarlett ne me suivrait pas ; elle resterait chez les vivants, c’était moi, et moi seule qui rejoindrais les ombres. Mais n’était-ce pas encore pire ? Elle ne pouvait pas être exclue de mon existence et moi de la sienne, malgré les souffrances, sans l’autre, l’une ne vivait qu’à moitié, sans l’une, l’autre se sentait comme amputée d’une partie d’elle-même. J’avais été bien naïve de croire que j’étais destinée à vivre toujours avec sa main bienveillante sur mon épaule, la vie était cruelle, et il fallait bien que l’une tire sa révérence…Ces êtres dénués de toute compassion m’avaient choisie, et je préférais me dire que c’était la fatalité plutôt que si j’avais subi cette torture et cette humiliation, c’est qu’il y avait une raison : mon existence était une erreur qu’il fallait réparer. Elle ne pouvait pas me suivre ; elle avait tant à vivre, enfin une famille, elle était un petit joyau qui brillait, alors que je savais que mon éclat ne reviendrait jamais. C’était une vérité horrible à avouer, mais le mensonge, jamais plus.

-C’est faux, je suis seule ! hurlais-je. Elle se perdait dans des illusions, dans des rêves que j’avais moi aussi espérer se réaliser. Je sentais encore sa minuscule main dans la mienne, ne voulant la lâcher pour rien au monde, même si désormais, je ne ressentais que de l’anxiété et aucun réconfort. Scarlett était étrangement calme, douce dans chaque geste qu’elle esquissait, sans jamais me brusquer. Mais le cocon ne tarda pas à exploser, je l’entendis hurler, appeler à l’aide, dès lors les bourdonnements et les cris se multipliaient dans mon cerveau, je ne pouvais pas, je ne pouvais supporter ce bruit incessant, et puis je m’envolais, loin, très loin d’elle. Je reconnaissais immédiatement le décor. Familier. C’était la Grande Salle, le plafond était joli, lumineux, il y avait une ambiance chaude et familiale comme à Noël, c’était tellement bon de goûter à nouveau à cette quiétude disparue, il y avait des enfants un peu partout qui discutaient, mais cela produisait un joli son à l’oreille. Il y avait des rires, francs et enfantins qui retentissaient. De l’insouciance, de la jeunesse. Entre les tables, il y avait une fille qui se faufilait, indifférente à la bonne humeur ambiante, le visage complètement blafard, glacé par la peur. « Ils arrivent » murmura-t-elle, les mots déformés par des tremblements nerveux. Soudain le plafond devint orageux, la vaisselle se cassa par terre, tous se piétinèrent, des volutes vertes virevoltaient au-dessus de ma tête comme des bombes, et puis je crachais mon sang, des griffures partout sans les avant-bras, le visage tuméfié. Taylord ne respirait plus à côté de moi, ses yeux étaient clos, et tout son visage portait les marques de la souffrance qu’elle avait endurée. Nottingham, ce lâche, avait sûrement déjà fui, laissant son corps abîmé à la vue de tous. Jamais elle ne reverrait la lumière du jour. Poudlard, en ruines, l’entourait dans un décor macabre. Tout devint noir et à nouveau, j’étais dans les bras de Scarlett. Les larmes coulèrent abondamment, mon cœur détraquait complètement, bouleversé, retourné dans tous les sens. Je crois que Taylord est morte, soufflais-je, la voix entrecoupée de sanglots. Elle à qui j’avais tenu la main alors que nos corps n’avaient jamais autant souffert, elle qui m’avait accompagnée dans cette lente descente aux enfers. J’avais vu dans ses yeux qu’elle ne pouvait plus lutter, mais j’avais voulu encore y croire. Mes espoirs vis-à-vis de sa survie étaient réduits au néant. Puis on me relevait, on me guidait, comme un patin auquel on aurait coupé les fils, je sentis quelque chose de glacé cogner mes lèvres sans ménagement.

- Haruhi, c'est moi, il faut que tu boives ça, d'accord? C'est pour te soigner...

J’avais une telle confiance envers mon amie que j’acceptais sans rechigner. Je sentis le liquide se déverser dans ma gorge, c’était désagréable au départ, puis le goût sucré se répandait peu à peu dans ma bouche, remplaçant un peu celui du sang. Mais pour me soigner de quoi ? Sans que je lui en donne l’ordre, mes paupières s’ouvrirent peu à peu. Cette fois, ce n’était pas seulement Scarlett que je voyais, mais une fenêtre qui diffusait une lumière agréable, une blancheur étincelante. Mes yeux étaient encore humides à cause des larmes, mais enfin, j’arrivais à voir distinctement les yeux de Scarlett. Derrière leur tristesse, il y avait une minuscule étincelle d’espoir. Si elle menait la danse, si je l’écoutais, était-ce possible que je m’en sorte ? Jamais rien ne serait plus pareil, mais je voulais retrouver ma conscience, mes capacités, le contrôle de mon esprit. Même si je faisais des efforts surhumains, jamais je n’y arriverais seule. Mais j’avais déjà si peu de force, et je n’avais pas envie de lutter. Mais apercevoir cet infime éclat dans ses yeux me donnerait du courage, tout du moins, je l’espérais de tout mon cœur…

Le monde de l’autre côté de la fenêtre me terrifiait trop, avec ces êtres bestiaux, assoiffés de sang, sauvages, ses lacs noirs sans fond, ces routes pleines de ronces et de chardons qui me déchireraient la chair. A coup sûr, je me perdrais dans ce néant, cet océan de noirceur, et ne pourrais jamais en ressortir. Là-bas ne m’attendait aucune sérénité et paix, juste de l’affliction et de l’effroi. Ce n’était pas comme si c’était un cauchemar, c’était réel, tout proche, et ça ne rendait que cette perspective plus effrayante. Je n’avais jamais frôlé la mort d’aussi prêt, un simple basculement, une simple erreur et j’y serais. Je n’étais pas certaine que la main de Scarlett allait parvenir à me retenir avec elle, mais je voulais tenter. Je n’étais pas prête, pas prête à vivre sans elle, si tenté qu’un jour, j’en serais capable. Soudain, l’étreinte de sa main dans la mienne se fut plus pressante, et je ressentis une chaleur nouvelle.


Aide-moi à vivre, demandais-je, plus implorante que jamais. Sans son épaule, sa main, je m’écroulais, et même si j’arrivais à sortir de cette brume qui m’entourait, plus rien ne serait plus pareil, et elle devrait, encore, m’aider à vivre, à ne pas m’effondrer. Un temps, j’avais été celle qui la portait, qui l’obligeait à ne pas perdre pied, mais les rôles s’inversaient désormais. Je n’avais plus foi en grand-chose, on m’avait enlevé les souvenirs heureux pour les remplacer par des images abominables, la plupart des gens que j’aimais et estimaient devaient probablement avoir rendu leur dernier souffle. Elle devait sécher mes larmes, permettre d’oublier un instant cette parenthèse apocalyptique. Elle devait être mon héroïne, mon appui. Ce fut sans doute la chose la plus difficile que je pouvais lui demander, mais j’avais le droit de croire à l’impossible, je n’avais plus rien à perdre. Mes yeux se fermèrent à nouveau, éreintés par l’effort auquel je les avais obligés à effectuer, mais si Scarlett osait les ouvrir, une toute petite lueur d’espoir y étincèlerait peut-être.

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MessageSujet: Re: Carry me through |[ Pv Haru' ]|   Carry me through |[ Pv Haru' ]| Icon_minitimeVen 19 Aoû - 16:54

Pfou la chanson Carry me through |[ Pv Haru' ]| 386655

La vie était bien mauvaise avec nous tous. A bien y réfléchir, je ne trouvais pas une seule personne, pas une seule histoire, pour qui l'existence avait été merveilleuse. Bien sûr, il y avait ceux qui le faisaient croire, il y avait ceux aussi tellement abjects et détestables qu'on n'avait pas envie de plaindre ou d'excuser. Mais qui au fond de soi n'avait pas cette sensation intense et cachée à la fois, ce mal être insupportable? Moi, il me rongeait trop pour que j'imagine qu'il n'en soit pas de même chez les autres. Le mal de vivre, il pouvait s'exprimer de bien des manières, il pouvait nous étouffer, nous empêcher d'être, nous rendre méchants, tristes, mais je n'arrivais pas à croire qu'il n'était pas en chacun de nous. Plus le temps passait et plus j'avais la certitude que nous étions condamnés à subir la vie plutôt qu'à la vivre. Quel sympathique paradoxe... Des exemples j'en avais à la pelle, tous, sans exceptions, tous ceux que je connaissais assez pour savoir les détails de leur histoire, tous étaient eux aussi victime des mauvais coups du sort. Haruhi, Taylord, ma mère, et bien d'autres encore... Il me paraissait évident qu'il en soit ainsi pour tout le monde. Même ceux que je détestais, même tous ces sorciers aussi éloignés de moi que l’Antarctique. Qui pouvait savoir quelles ombres habitait leur cœur, quelles déchirures s'étaient marquées dans leur chair à jamais? Ces Serpentard dont tout le monde parlait, ceux-là même qui donneraient sûrement le même genre de montres qui nous avaient attaqués hier soir; ces gens-là je les défiais de m'affirmer qu'ils étaient heureux, au sens pur et simple du terme. Je n'y croyais pas. J'avais compris que le bonheur était fugace, et surtout pas éternel; et que si merveilleux qu'il soit il nous laissait plus désemparés encore après ces courts moments de béatitude.

C'était même certains que des gens qui prenaient plaisir à torturer des gens ne pouvaient pas être décemment heureux. J'avais toujours pensé depuis le début que les sorciers étaient fous. Maintenant, j'avais l'intime conviction que non seulement la Magie pouvait rendre fou, mais qu'il ne l'étaient pas tous, et que surtout, elle ne rendait pas plus heureux. Je doutais que les Serpentard qui prenaient plaisir à embêter les gens comme moi soient heureux. Quel plaisir pouvaient-ils bien y trouver?

Je croyais aux moments heureux, éphémères, mais pas à la vie heureuse. Je ne croyais pas au bonheur comme entité. Je n'y croyais plus, à vrai dire. Mais y avais-je déjà cru un jour?

Chaque coup du sort me perturbait un peu plus, m'écrasait un peu plus. Je me sentais plus fragile de jour en jour. Je comprenais, avec le recul, qu'une enfance, si heureuse fut elle, sans l'ombre de mes parents, avait fendillé la coque de mon existence. J'étais vulnérable. Que faisais-je chez les courageux? Je n'avais, il me semble, aucun courage, j'encaissais en silence, et c'était tout. Ce monde sorcier étranger, et puis l'amour que Kelsy m'avait arraché avait achevé de fendre ma coquille. Trop tard, le vent s'y était infiltré, et m'avait desséchée de l'intérieur. Pourtant j'avais de quoi colmater la brèche, il y avait ces gens qui étaient là pour moi, il y avait ma meilleure amie, ma mère récemment retrouvée. Elles étaient des petits fragments de cotons qui tentaient tant bien que mal de combler le vide qui s'ouvrait en moi. Mais elles n'étaient pas assez forte. Combien de coups, encore, avant que je tombe, avant que je ne sois plus assez forte pour résister aux blessures du temps?

Ce jour-là ne serait pas aujourd'hui car je m'étais donnée l'immense mission de tout faire pour Haruhi. Celle qui m'avait tout donné, je me devais de faire de même, et d'ailleurs je ne me voyais pas faire autrement. Ce que je ressentais pour elle était indicibles, aussi puissant que naturel, comme si il avait écrit quelque part que nous serions fêtes pour se soutenir l'une l'autre. Ce terme de meilleure amie représentait tant qu'il m'était aussi fort, mais bien plus simple, que celui d'amoureuse. Je n'aimais pas Haruhi comme j'avais aimé Kelsy mais je l'aimais autant et aussi démesurément. Et j'avais confiance en elle. Jamais elle ne me laisserait. Tout comme jamais je n'envisageais de l'abandonner - elle était comme mon double de chair et d'os, celui qu'on aime à s'imaginer quand on est enfant. Elle était à la fois mon passé, mon présent et mon avenir; avec elle, j'avais moins peur.


- C’est faux, je suis seule ! Ses yeux papillonnaient, elle s'agitait, elle nous voyait sans voir, je ne savais pas trop. Mais l'appel au secours que lançait sa voix fragile me déchirait le coeur. Je crois que Taylord est morte.

- Non, Taylord n'est pas morte. Elle est à l'infirmerie, dans un lit pas loin du tien. Elle va s'en sortir.
A vrai dire je n'en savais rien, mais Taylord était bel et bien là à se faire soigner, et je préférais mentir que de supporter le désespoir de mon amie. Ma voix était assurée et rassurante. Calme-toi, chuchotais-je, effrayée.

Puis je la forçai à avaler le breuvage, sous l'oeil attentif de Madame Pomfresh. A peine eut-elle tout avalé qu'un râle venant d'un peu plus loin attira l'attention de l'infirmière. Elle hésita quelques secondes mais resta au chevet de mon amie, guettant un signe nouveau.

- Aide-moi à vivre.

Je serrais sa main un peu plus tandis que les larmes me bouchaient la vue et venaient en cascade dévaler sur mes joues. Que pouvais-je faire, que pouvais-je faire? J'étais paniquée; à part lui faire sentir ma présence je ne pouvais pas prendre le mal qui la rongeait, et pourtant, je ne voulais que ça. De ma main libre je lui caressais les joues, le front, les cheveux. Elle avait chaud et sa peau était blême, mais ses paupières se fermèrent de nouveau et je la sentis s’apaiser sous mes gestes maternels.

- C'était une puissante décoction de plante, elle devrait beaucoup moins s'agiter maintenant. Si quelque chose ne va pas, appelle-moi.


Elle partit, et si tout mon être avait envie de la supplier de rester au chevet de mon amie et de tout faire pour la tirer d'affaire, je savais qu'elle avait tant d'autres personnes à veiller, peut-être dans des états tout aussi grave, et je ne pouvais pas lui en vouloir. Le rideau blanc se referma, et je me retrouvais seule avec Haruhi. Effectivement, ses traits s'étaient un peu détendus, et si elle n'avait pas toute ces ecchymoses, on aurait pu croire qu'elle dormait paisiblement.

- Je ne veux pas que tu partes, commençai-je, crevant le silence feutré qui nous entourait. Derrière les rideaux j'entendais des bruits sourds, des paroles, mais à faible volume, car chacun veillait sur la douleur des malades. Je ne savais pas pourquoi je me mettais à parler ainsi, moi qui étais si incapable d'exprimer mes émotions d'habitude, mais cela sortait tout seul, répondant à l'appel de mon amie. Je ne veux pas que tu partes parce que je ne pourrais pas tenir sans toi. Et puis, tu manqueras à tout le monde, tu le sais ça? Tout le monde t'aime, ici, dis-je avec un sourire malgré le flot de mes larmes. Ceux qui t'ont fait ça ne sont que des idiots, qui croient qu'on leur est inférieur, tu ne vas pas leur donner raison, hein? Je sais que tu es forte. C'est maintenant qu'il faut que tu te battes... Et je suis là pour t'aider. Tu le sais que j'ai besoin de toi et que je ne veux pas que tu partes, Haruhi, tu le sais? Je t'aime tellement, conclus-je dans un souffle, à court de respiration. Et mes yeux scrutèrent son visage, ses yeux un peu bridés, sa peau claire, sa bouche close.

Mais quel pouvoir avaient mes pauvres mots face à ce qu'on lui avait infligé?
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Haruhi Michiko


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MessageSujet: Re: Carry me through |[ Pv Haru' ]|   Carry me through |[ Pv Haru' ]| Icon_minitimeMar 23 Aoû - 16:29

Je n'ai qu'une chose à dire: ♥ ♥

S’acharner, se courber, toujours lutter plus et au final, rien… Je stagnais toujours dans cet état qui me paraissait insurmontable, je souffrais toujours autant, et quand je pensais faire un pas, je sentais toujours le gouffre me rattraper. Je me revoyais, encore, dans la Grande Salle, ramper à terre, à bout de forces, la baguette à la main, les mains en sang, tâchant de parer les attaques… J’avais combattu pendant de longues heures pour éviter ça, mais la torture mentale et physique avait eu raison de moi. Au final, mon combat contre la mort- pas la mienne, je l’avais vue comme une fatalité, un tour du destin qui était immense et qu’aucun être humain ne pouvait affronter- de Taylord n’avait servi à rien… Mes douces paroles, ma main sur la sienne comme si ça pouvait la convaincre de rester en vie, tout ça s’était envolé. Toujours dans cette même brume, à la fois froide et brûlante, je sentis les larmes couler en rafales sur mes joues, je voulais arrêter parce qu’elles me brûlaient les iris comme de l’acide, mais je n’avais plus aucun contrôle, depuis longtemps…Etait-ce trop demander de pouvoir lui dire adieu ? On m’avait arraché Taylord, on avait brûlé ses ailes qui étaient devenues calcinées et jamais je ne la reverrais ; la vérité était hideuse. Ce n’était pas juste, mais j’avais tiré comme leçon depuis bien longtemps que la vie n’était pas juste, elle jouait avec les êtres, sans s’encombrer de la logique, elle abattait sur eux tous les fléaux possibles…Mon cœur ne serait jamais reposé, il serait toujours morcelé, parce qu’on avait ôté en même temps qu’on avait tué ceux que j’aimais, les parcelles de bonheur qui leurs étaient reliés.

- Non, Taylord n'est pas morte. Elle est à l'infirmerie, dans un lit pas loin du tien. Elle va s'en sortir.

Y croire ? Dans ce sommeil artificiel, je ne comprenais rien, je n’arrivais pas à distinguer le vrai du faux, même le bien du mal. Je ne mentais pas…Je l’avais vue, sur le Sol de la grande salle, son propre sang tâchant ses vêtements déchirés. Tout bascula, devint noir, Je ne pouvais pas résister, alors une fois de plus, je me faisais emporter très loin de Scarlett, mon regard perdant le sien, j’avais terriblement peur, parce qu’elle ne veillait plus sur moi, elle n’était plus mon ange gardien, et seule, j’étais beaucoup trop faible. Un flash blanc remplaça le noir, et je vis à nouveau Taylord, mais cette fois-ci, ses yeux étaient ouverts, et il me semblait qu’elle souriait. Toujours en flottant comme une plume dans l’air, mon visage se rapprochait du sien, et je voyais qu’elle respirait, douloureusement, mais elle respirait. Un sourire s’imprima sur mes lèvres, et je rejoins Scarlett dans un voyage aérien. Je repris la main de Scarlett entre la mienne, m’enfonçant cette fois dans un sommeil beaucoup plus serein, tandis que je sentais les doigts de Scarlett se promener sur ma peau. C’était véritablement mon ange gardien…

Nous étions bien des pions sur l’échiquier de la vie ; à croire que notre relation se fondait en partie sur la souffrance, l’une devait toujours empêcher l’autre de s’effondrer. Chacune de nous était destinée à un moment à perdre pied, forcément. Scarlett était mon pilier. Les yeux clos, Scarlett se dévoilait peu à peu, elle avait les gestes d’une mère avec son enfant, même sans rien voir, je voyais les larmes perler sur ses joues parce qu’elle avait peur, une peur terrible qui lui rongeait le cœur et lui obstruait l’estomac, la peur de ne pas être à m’honneur et ses efforts inutiles. Je connaissais ses tourments car j’avais vécu les mêmes, et notre état avait été tristement similaire ; trop trouble et noir.

-Elle n’a pas le droit de mourir de toute façon, fis-je, comme rempart contre l’horrible petite voix qui me disait que les chances étaient infimes, comme rempart contre mon esprit qui m’envoyait en cascade des images de Taylord vomissant son propre sang, de Taylord qui renonçait au combat. Mais hélas, il n’était pas question de droit, tout pouvait basculer, et Taylord pouvait rendre son souffle, à jamais. Taylord était plus forte que moi, pourtant, et j’aurais tant voulu que Nottingham l’épargne, j’aurais tant voulu être l’héroïne qui la sauverait de la torture qu’on lui imposait, mais c’était toujours la même chose, mes forces m’avaient lâchée et mes tentatives étaient réduites à néant avant d’avoir essayé.

- Je ne veux pas que tu partes, Je ne veux pas que tu partes parce que je ne pourrais pas tenir sans toi. Et puis, tu manqueras à tout le monde, tu le sais ça? Tout le monde t'aime, ici.

Et je compris. Le sommeil dans lequel je me glissais progressivement était définitif, si je le laissais prendre possession de moi, jamais je ne me réveillerais. Ce constat fatidique m’horrifia soudain, parce que tout était incertain autour de moi, je ne savais pas comment faire, mon esprit ne m’écoutait pas, suivant son propre instinct et la lumière blanche m’aveuglait complètement, la seule chose qui me rattachait à Scarlett, c’était sa voix mélodieuse qui tentait d’être assurée, et je ne pouvais confiance qu’à elle, me raccrochant à ses paroles avec une intensité démesurée. Elle devait m’aider ! Sans elle, je partais, sans elle, mes blessures auraient raison de moi. Je ne voulais pas l’abandonner maintenant, jamais. J’avais envie de lui dire qu’elle était plus forte que moi, et que c’était moi qui avais désespérément d’elle, mon amour pour elle n’avait pas de limites, et que je lui confiais ma vie, car seule elle savait comment faire pour m’arracher à la mort qui s’approchait dangereusement de moi…Si je manquais aux autres, ça n’avait aucune importance, seule elle comptait, et si je m’en allais, j’emporterais pour toujours le souvenir de son visage ravagé par l’anxiété et les larmes…J’étais complètement perdue, le monde autour de moi me paraissait féroce et truffé d’obstacles, en moi tout était confus et bouillonnant et pourtant mon corps restait calme, comme anesthésié.

-Ceux qui t'ont fait ça ne sont que des idiots, qui croient qu'on leur est inférieur, tu ne vas pas leur donner raison, hein? Je sais que tu es forte. C'est maintenant qu'il faut que tu te battes... Et je suis là pour t'aider. Tu le sais que j'ai besoin de toi et que je ne veux pas que tu partes, Haruhi, tu le sais? Je t'aime tellement.

Me battre ? C’était tout ce que je désirais, tout ce je souhaitais, je voulais puiser la force en moi de me relever, même les mains pleines de sang, pour ne plus goûter à cette fatigue et ce chagrin atroce. Ses paroles étaient pleines de désespoir, elle espérait si intensément que je survive. Je l’aimais tellement aussi…je l’aimais comme une sœur, encore plus, car c’était une sœur de cœur, je l’avais choisie, je l’aimais au point que mon cœur éclatait en mille morceaux quand elle pleurait, qu’il étincelait comme jamais lorsque elle souriait sincèrement. Je l’aimais et je ne voulais que le meilleur pour elle, je l’aimais et mes trahisons et mensonges à son égard me culpabilisaient encore. Elle avait tant souffert, tant perdu, tant versé de larmes, et elle le vivrait encore si je ne vivais pas…Elle qui avait tant lutté pour recoller les morceaux de son cœur, partir signifiait le prendre entre mes doigts, le briser, laissant les débris par terre, sans que rien ne puisse les réunir à nouveau. Je ne voulais pas lui faire du mal, je ne voulais pas jeter tout ce que nous avions construit. Les larmes continuaient à couler, traîtresses, je voulais tant lui dire que j’étais désolée. Désolée d’être la cause de ses tourments, de ses insomnies et de ses sanglots interminables.

Brusquement, ce fut comme si une lame me tranchait la poitrine, m’empêchant de respirer, j’avais l’impression de saigner abondamment et pourtant Scarlett ne bougeait pas. Mon corps hurlait la souffrance, mais aucun son ne sortait de ma bouche. Je revivais l’Endoloris, et mon corps, à bout de forces, se laisser écraser par la douleur, se laissait broyer, complètement. Puis soudain, tout éclata, dans un fracas monstre intérieur. Il n’y avait plus que le silence, presque morbide. Mes yeux s’ouvrirent à nouveau, avec difficulté, je sentais tous mes membres me faire mal, mes organes qui semblaient se déchirer à l’intérieur de moi, et enfin la douleur se tut.

Ce fut comme un voile, qui soudain se levait, et je posais à nouveau les yeux sur le monde. Le brouillard n’existait plus, je voyais Scarlett distinctement, l’infirmerie, les rideaux blancs, les murs comme pour la première fois. Tout semblait étinceler de tous les côtés, et peu importe si mes yeux me brûlaient, je ne voulais surtout pas les fermer, plus jamais…Les larmes qui trempaient mes joues devenaient incontrôlables, je me relevais légèrement et me jetais dans les bras de Scarlett comme si c’était la dernière fois que je la voyais. Elle était mon antidote ; elle m’avait tant manqué, et j’avais eu si peur de la perdre…J’enserrais sa taille de mes bras fragiles, nos larmes se mélangeant dans un silence parfait, je ne parlais pas, j’avais juste envie de rester dans ses bras pour toujours. Je lui serais éternellement reconnaissante. Je refusais de regarder les lits à côté, par peur de sentir mon estomac se tordre en voyant ceux que j’aimais blessés et anéantis.


-Je t’aime aussi… pardonne-moi, pardonne-moi de ne pas avoir été à la hauteur, je ne te mérite pas, sanglotais-je. Comment avais-je pu lui mentir ? Piétiner son petit cœur sans ménagement ? Je ne veux pas vivre sans toi, je ne peux pas, tu me guides, tu me donnes le courage de vivre…Je me sens si vide quand tu n’es pas là ! Dis-moi que nous allons être heureuses et que tout est fini, chuchotais-je en reniflant. Qu’était-il advenu de Poudlard ? J’étais sur un fil instable, dans un équilibre précaire. Je ne lâchais pas sa main et ne desserrais pas mon étreinte, j’étais si faible et je savais qu’elle devrait me pousser à reprendre foi et goût dans la vie… Je caressais les cheveux de ma meilleure amie avec une infinie douceur, tentant de calmer ses sanglots et les battements de son cœur en même temps que les miens, car désormais, c’était la seule chose que je pouvais faire pour elle, je ne pouvais plus la protéger…Je ne pouvais plus être une héroïne, et cette pensée m’arracha un nouveau sanglot, rempli d’amertume.
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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
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MessageSujet: Re: Carry me through |[ Pv Haru' ]|   Carry me through |[ Pv Haru' ]| Icon_minitimeJeu 1 Sep - 17:03

Et même ♥ ♥ ♥ ♥


Sois toujours comme la mer qui, se brisant contre les rochers, trouve toujours la force de recommencer.
Jim Morrison - Vague à l'âme



On dit que les héros sont très rares, mais qu'ils existent. Je n'y croyais pas. Tellement pas... Tout le monde est capable d'actes héroïques, tout comme d'actes barbares. Quelle est la différence? Ils sont extrêmes, les uns comme les autres. C'est juste leur nature qui les séparent. Mais j'avais l'impression qu'une infime nuance, seulement, pouvait les différencier. Que c'était un hasard, qu'il se passait une petite étincelle dans la tête de quelqu'un pour qu'il tue quelqu'un ou se transforme en super-héros. Je croyais à la notion de hasard plus qu'à beaucoup de choses plus existentielles. Parfois, ils se passaient des choses inexplicables. Mais personne ne naissait héros et ne vivait comme tel, c'était certain. L'avantage, et pour une fois la vie était juste, c'est que nous avions tous la capacité en nous d'agir en héros, un instant, un moment de notre vie. J'étais admirative de ma mère pour ça : si elle avait dit vrai (ce que je remettais en doute dans les périodes les plus instables de ma vie, comme aujourd'hui), elle avait agi héroïquement, après avoir agi de la façon la plus détestable. Elle avait réussi à renier toute son existence, et surtout, à accepter le fait d'être reniée, ce qui était autrement plus difficile. Aujourd'hui, je voyais Haruhi comme une héroïne : elle avait souffert mais elle avait tenu bon, et elle avait essayé de protéger Taylord. En vain peut-être, mais c'est la volonté qui compte. Je ne voulais plus qu'une chose à présent : qu'elle tienne bon, jusqu'au bout...

C'était encore trop tôt pour le savoir, mais je me demandais ce que j'aurais fait à sa place. J'avais tellement eu peur pour elle pendant le dîner, que je n'avais même pas pensé que je pouvais être en danger. Tout me paraissait un peu comme dans un rêve, comme si tout s'était passé en une fraction de seconde, selon une chronologie vague. C'était ensuite que le temps s'était ralenti, que j'avais senti les secondes s'égrener douloureusement en trépignant devant l'infirmerie, et encore plus au chevet de ma meilleure amie alors qu'elle peinait à reprendre conscience. Les scientifiques disaient que l'univers est curviligne. J'étais très éloignée de la réalité scientifique, étant de fibre essentiellement artistique ou littéraire. Mais j'avais lu ça dans un livre, et ils expliquaient que c'était grâce à la courbe de l'univers qu'on pouvait voyager dans le temps. En somme, le temps était malléable, et je le ressentais pleinement alors que l'attaque des Mangemort s'était passée en une fraction de seconde et que cela faisait des siècles, me semblait-il, que j'attendais qu'Haruhi sorte de sa torpeur...

Je pansais ses blessures avec attention, je mettais de l'onguent comme l'infirmière me l'avait demandé. J'étais toute affaire autour d'elle, lui parlant, lui faisant sentir ma présence. Un calme apparent m'avait envahie, et je devais ressembler à une jeune fille consciencieuse qui applique les soins à un blessé de la manière la plus douce et professionnelle qui soit. Pourtant, en moi, c'était le chaos.

Le vague à l'âme je l'avais toujours eu, de manière ou plus moins forte. Il allait, il revenait, il me submergeait, ou bien flottait en moi, comme ça, sans faire de mal, mais juste pour faire acte de présence. Parfois j'avais l'impression qu'il allait m'anéantir, comme les vagues me dévastaient et venaient en nombres, mais il arrivait toujours un moment où la tempête se calmait et me laissait reprendre mon souffle jusqu'à la prochaine attaque. Aujourd'hui, l'ouragan était passé, et avait une nouvelle fois tout emporté. Je me sentais plus vide que jamais, plus inutile que jamais, plus désemparée, plus désespérée, aussi. Je ne voulais qu'une chose : sa survie, prendre sa douleur, qu'elle se réveille et qu'elle oublie tout.

Je ne connaissais pas grand chose en sortilèges, ou en magie tout court, d'ailleurs. Mais je savais - j'avais été tellement mal à l'aise en l'apprenant, tellement effrayée - qu'il existait un sortilège,
Oubliettes, qui permettait d'effacer la mémoire de quelqu'un. Sa mémoire. Ses souvenirs, tout ce qu'il avait vécu et qu'il avait amassé dans sa tête. Tout ce qui n'appartenait qu'à lui, le bon comme le mauvais, des images, des odeurs, des bruits, des émotions, des chagrins, des angoisses... Un simple coup de baguette et tout partait en fumée. Ce jour-là sur ma chaise en bois, dans la salle de cours, j'avais senti une sueur froide passer sur tout mon corps. Les élèves avaient posé des questions d'ordres purement pratiques ou théoriques sur le fonctionnement du sort et moi je m'étais dit "Quoi, la magie a ce pouvoir?!...". Je trouvais cela atroce et terrifiant. Pire qu'un coup de fusil.

Il y avait la baguette d'Haruhi posée sur la table de nuit - la mienne je ne l'avais pas avec moi, je l'avais très peu d'ailleurs, seulement pour les cours. Quand mon regard s'y posa, mon cœur s'accéléra. "Et si?..." la question avait du mal à se formuler dans mon esprit, mais pendant quelque secondes, je faillis m'y résoudre. Je n'avais qu'à prononcer le sortilège et elle oublierait tout. Elle m'oublierait moi avec, mais à elle, cela ne ferait aucun mal, puisqu'elle ne se rappellerait jamais m'avoir connue. Elle ne se souviendrait plus de cette affreuse soirée, de toute cette souffrance, et de tous les malheurs qu'elle avait enduré. Je ne voulais que son bonheur; le reste, je m'en fichais.

Mais le courage me manqua, comme à l'habitude. Je détournai les yeux, honteuse, pleurant de plus belle, de ma bêtise, de mon manque de courage, de tout. De toute façon, ce n'était même pas sûr que je puisse lancer un tel sort. Je ne croyais pas en mes capacités magiques.

Au même moment Haruhi se réveilla une nouvelle fois, en pleurant avec force cette fois, et se releva. Affolée je me penchais plus près d'elle, que se passait-il?! Elle se jeta dans mes bras alors que je m'assis sur le bord du lit, le coeur battant d'inquiétude, les joues ruisselantes de larmes, mais plus aucun sanglot ne m'agitait. J'étais trop préoccupée par le réveil soudain et apparemment douloureux de ma meilleure amie. Je l'enserrai de mes bras et la berçai légèrement.


-Je t’aime aussi… pardonne-moi, pardonne-moi de ne pas avoir été à la hauteur, je ne te mérite pas

Mon discours, qui avait puisé dans mes dernières forces, avait fait son petit effet et je fermai les yeux de soulagement. Elle semblait reprendre ses esprits, ce qui ne pouvait présager que du bon... Non? J'avais envie de parler mais je n'y arrivais pas. Il m'était difficile de l'entendre parler ainsi alors qu'elle était une héroïne à mes yeux, et qu'en plus, la seule chose que j'avais trouvé de mon côté pour la remercier, c'était peut-être de lui effacer sa mémoire... Quelle genre de meilleure amie étais-je? Cette constatation me donna un coup de poignard supplémentaire dans le cœur et je pinçais les lèvres trop fort pour de ne pas sangloter, la tête enfouie dans ses cheveux, comme elle dans les miens.

- Je ne veux pas vivre sans toi, je ne peux pas, tu me guides, tu me donnes le courage de vivre… Je me sens si vide quand tu n’es pas là ! Dis-moi que nous allons être heureuses et que tout est fini

Et dire que ce courage, j'avais un instant pensé lui reprendre...

Comment pouvais-je lui dire de telles choses, alors que moi-même je n'y croyais pas? Le destin avait frappé encore une fois, impitoyable. Heureuses? Le bonheur n'existait pas, ou très peu...


- Bien sûr,
murmurai-je après avoir avalé ma salive. Ma voix était calme, basse, douce. Je savais que sur mon visage, rien de ce que je pensais ne pouvait se lire. Mes traits étaient détendus, et mon ton rassurant. Je serai toujours là, ne t'inquiète pas. On va se relever de ça... On en a vu d'autres, pas vrai? J'eus un petit sourire.

Madame Pomfresh, sûrement alertée par nos voix, arriva près de nous, me permettant par la même occasion de me construire un visage encore plus sûr et rassurant. Je voulais absolument qu'Haruhi ait une confiance absolue, pour qu'elle s'en sorte. Même si je ne croyais pas en l'avenir, une chose était certaine : j'allais rester à ses côtés, et pour toujours.

Elle l'ausculta et expliqua que sa situation s'améliorait - mais qu'elle avait évidemment besoin de repos. Elle eut un regard un peu sévère sur nos visages plein de larmes, mais ne rajouta rien et nous laissa de nouveau. J'obligeai Haruhi à s'allonger, à se reposer. Je tassai bien son oreiller et lui remontai le drap avant de le lisser de chaque côté du lit pour qu'elle ait bien chaud.


- Maintenant, la première des choses à faire c'est que tu reprennes des forces, dis-je d'un ton à la fois maternel et autoritaire. Il y avait plusieurs couvertures pliées au pied du lit, j'en attrapais une et m'installai sur le fauteuil que j'avais collé au lit, m'enroulant dans la couverture. Je laissai juste ma main en dehors, qui tenait celle d'Haruhi. Je ne partirai pas d'ici sans toi, lui affirmai-je, une manière de la rassurer et aussi de lui faire comprendre qu'elle devait tout faire pour se remettre sur pieds. Car véritablement je n'allais pas partir sans elle - si elle ne s'en remettait pas, je ne vois pas pourquoi j'aurais continué à vivre comme si de rien n'était. La mort ne me faisait pas peur - elle m'attirait et me faisait peur à la fois, comme quand j'avais grimpé sur le mur, en haut de la tour d'astronomie. Mais alors que je la couvais de regards à la fois inquiets et protecteur, je me fis l'étrange réflexion que cette attitude que j'avais était anormale, que je prenais sur moi comme jamais encore je ne l'avais fait, et que j'étais capable de cacher ce que je pensais à Haruhi alors qu'elle savait lire en moi, quoi qu'il arrive. Peut-être était-ce ça qu'on appelle grandir - j'avais la soudaine impression que j'avais monté une marche, une étape supplémentaire. Mais au bout, qu'est-ce qui m'attendait?
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Haruhi Michiko


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MessageSujet: Re: Carry me through |[ Pv Haru' ]|   Carry me through |[ Pv Haru' ]| Icon_minitimeSam 3 Sep - 12:37

♥ RP terminé ♥ Ma choute ♥

Nos vies sont forcément faites de bouleversements, de passages à vide, de changements, de saut dans le précipice, et les êtres humains avançaient, reculaient, couraient, régressaient sans cesse. J’étais à l’aube d’une nouvelle existence que je n’avais pas désirée, une période qui se voulait noire et sans sourires. Je me sentais toute fragile, comme une poupée faite de chiffons, et tout paraissait si facile à briser…Comme je comprenais Scarlett désormais. Pire que ça, Poudlard me paraissait complètement étranger, je me sentais comme étouffée, les murs ne semblaient plus me protéger et tout me paraissait hostile. Je n’étais pas dupe, maintenant que j’avais retrouvé la faculté de voir complètement, je lisais les visages plein d’inquiétude, dans certains, c’était même la crainte. A peine ma question eut-elle dépassée la barrière de mes lèvres que je jugeais la réponse inutile. Quelle naïveté et prétention de croire que nous pouvions être heureuses…En compagnie de Scarlett, j’avais souvent pensé qu’elle était trop pessimiste, comme si elle ne pouvait plus rien attendre de la vie…Elle avait raison du début à la fin. C’était bien connu, toutes les histoires ne se finissaient pas en happy end, c’était plutôt un mensonge, car, au fond, tous les gens qui m’entouraient, qui faisaient de moi une meilleure personne, on ne les avait pas épargné.

Si la vie récompensait ceux qui le méritaient, comment se faisait-il que Taylord, une des personnes les plus douces et compréhensives que je connaissais, Lilian, un modèle de courage et de détermination, ou Megane, éprise depuis toujours de justice et d’entraide envers ses pairs soient mis ainsi au supplice ? Comment se faisait-il que ma meilleure amie, qui avait tant enduré de souffrances, soit encore victime de la cruauté de l’existence ? La vie n’en avait strictement rien à faire de nos efforts, et se faisait une joie de briser les illusions dans sa poigne de fer. C’était une impression inconfortable, je me sentais complètement vide, mais j’avais en même temps envie d’exploser, de hurler ma colère comme je ne l’avais jamais fait. J’en avais contre le principe de la vie en général, de toujours se courber, se relever pour mieux tomber, mais ma haine était sans limites, effrayante envers les Mangemorts. Si ce n’était que moi…Nous, les otages avions les preuves les plus tangibles, mais il y avait aussi tous ceux qui avaient assisté, impuissants, pendant que les autres s’amusaient de notre douleur…Il y avait ceux qui avaient vu toutes leurs croyances tomber à plat, ceux qui étaient encore des enfants et qui n’oublieraient jamais ce soir d’horreur, les professeurs, qui auraient du nous protéger et qui ne pouvaient esquisser une tentative de défense…Au fond, ma question n’avait aucun sens, je savais très bien que les Mangemorts ne capitulaient pas comme ça, et qu’au contraire, tout ne faisait que commencer.

Mais j’avais besoin de confort, de stabilité, qu’on me rassure, et ça, il n’y avait que ma meilleure amie qui me l’apportait. Le corps de mon amie était tout proche du mien, et ce n’était que là que je me sentais bien…La façon maternelle dont elle s’occupait de moi, je ne lui connaissais pas, mais j’en avais désespérément besoin, car de « mère », ma génitrice n’en avait que le titre, et elle me semblait froide, rigide, et incapable de panser mes blessures comme Scarlett le faisait. Et dire qu’elle m’avait reproché d’être devenue une autre personne, d’avoir changé au fur et à mesure que je la fréquentais…Mais qui était-elle pour juger, pour la juger ? Ma meilleure amie était mon pilier, et la soupçonner d’avoir mauvaise influence sur moi me donnait mal au cœur. Immédiatement, je renforçais mon étreinte, comme si c’était possible, qu’en serrant plus fort, mon cœur ait moins mal…


- Bien sûr, je serai toujours là, ne t'inquiète pas. On va se relever de ça... On en a vu d'autres, pas vrai?

J’avais presque envie de la croire, mais il y a toujours cette voix, cette même petite voix qui me disait que tout n’était qu’illusion…Pour sûr, la vie ne nous avait pas fait de cadeaux, mais cette fois, c’était beaucoup plus grave, beaucoup plus réel, se relever me paraissait être une tâche extrêmement difficile ; et se relever pour s’écrouler ensuite, où était l’intérêt ? Un sourire fleurit sur son visage, et même si je savais que c’était plus une façade qu’autre chose, je lui rendis son sourire, la remerciant implicitement de tout ce qu’elle faisait pour moi. Dans la vie, rien n’est vraiment acquis, mais je croyais véritablement en Scarlett lorsqu’elle me promettait d’être toujours présente. Certaines personnes s’en fichaient des promesses, mais Scarlett les tenait, parce que c’était quelqu’un de profondément loyal. De toute façon, le contraire était inenvisageable.

-On est ensemble, c’est déjà une chance, fis-je, sans attendre de réponse. Pendant l’attaque, je n’avais pas tout vu, tout était brouillé, et j’avais distingué à peine les visages mais j’étais certaine que certains y avaient laissé la vie. Au moins, elle était là, vivante, avec des séquelles physiques et psychologiques, mais j’avais encore la chance de tenir sa main. Comme je ne pouvais plus la protéger, je voulais au moins lui montrer que je tenais pour elle, et ne surtout pas laisser transparaître mes véritables idées, même si les énoncer me brûlait la langue.

Peu de temps après, l’infirmière nous rejoint, son visage n’était pas souriant, mais je savais qu’elle avait fait tout son possible pour m’éviter des souffrances superflues, et son travail était harassant, vu toutes les victimes que les Mangemorts avaient faites. Ainsi, même si elle était un peu brusque en m’examinant, je ne bronchais pas, ne grimaçais pas quand elle appuyait sur ma peau, c’était ma seule manière de la remercier. Pendant qu’elle m’auscultait, le rideau s’ouvrit, et je jetais des regards brefs un peu partout. Plusieurs personnes faisaient exactement comme Scarlett, caressaient les cheveux des patients, leur soufflaient des paroles réconfortants et versaient des larmes. Mon champ de vision était assez limité, sans doute parc que l’infirmière voulait éviter de voir l’état déplorable dans lequel était mes camarades, mais tout près, je reconnus le visage de Taylord, blafard, meurtri. Non loin d’elle, il y avait Lilian, au premier abord, avec ses cheveux entourant en cascade son visage parfait, je pouvais croire qu’elle dormait, mais je la voyais livide, des balafres barrant sa peau sans ménagement. Comme moi. Resserrant la main de Scarlett, je lui glissais, tandis que le rideau se refermait, m’empêchant de découvrir de nouvelles blessures, de nouveaux sanglots, ces quelques mots :


-J’espère qu’elles vont s’en sortir, l’infirmière nous laissa ayant fini son diagnostic. Je me glissais à nouveau dans le lit d’infirmerie, tandis que ma meilleure amie installait un fauteuil tout près du mien, comme pour veiller sur moi.

- Maintenant, la première des choses à faire c'est que tu reprennes des forces, je ne partirai pas d'ici sans toi.

J’acquiesçais immédiatement, plongeant mes yeux dans les siens, espérant y trouver du réconfort. Sa main reposait toujours sur la mienne, protectrice. Peu à peu, je sentais mes paupières devenir closes, et mon corps plonger dans un début de sommeil. J’ignorais si j’arriverais à dormir, car je savais que toute la nuit, je ressasserais l’attaque, la mort tout proche, les larmes, mes hurlements, ou si mes forces seraient trop minces pour que je résiste à l’appel du sommeil.

-Il faut que tu dormes aussi, tu as été si courageuse, tu dois exténuée. Bonne nuit, j’avais essayé de sembler détendue, mais j’avais peur. Plus que jamais, j’étais impuissante, plus que jamais, Scarlett devrait sans cesse être à mes côtés pour m’empêcher de me laisser aller, plus que jamais, demain était incertain et Poudlard changé. Je vivais dans le doute, dans la crainte que ceux que j’aimais expirent pour la dernière fois. L’ombre bienveillante de ma meilleure amie planait au-dessus de moi, mais Poudlard n’était plus mon foyer. Tout mon corps était léger et bientôt, l’infirmerie disparut. Dormir oui, mais une question. Qu’allait-il advenir de nous tous quand je me réveillerais ?
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