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Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.

 
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 Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.

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Lizlor Wayland


Lizlor Wayland
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MessageSujet: Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.    Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.  Icon_minitimeDim 22 Jan - 19:19


« I have no heart, I'm cold inside
I have no real intent

Save me, save me, oh save me
Don't let me face my life alone
Save me, save me
Oh, I'm naked and I'm far from home »



Le cercle s'était rétréci à présent et m'avait saisie au collet; ce cercle que tant de fois j'avais rêvé de franchir pour le gagner en son centre. Aujourd'hui il m'étouffait, je sentais son emprise sur ma gorge, et j'avais beau saisir le lien de cuir qui m'enserrait le cou, mes efforts étaient vains. Je suffoquais, je me débattais, mais le râle au fond de ma gorge se faisait de plus en faible tandis que mes doigts, sciés par le mince fil qui en voulait à ma vie, devenaient gourds et de moins en moins sensible. Il me semblait qu'une douce torpeur m'envahissait et que des points blancs dansaient devant mes yeux - état-ce cela la fin? Je m'étais toujours demandé ce qui se passerait, à la fin. Parfois, lorsque j'étais allongée dans l'herbe du parc, les yeux perdus dans le ciel et que je contemplais les nuages qui filaient vers les hauts sommets des montagnes, je n'arrivais pas à penser à autre chose. Qu'est-ce que ça faisait quand on était mort? Qu'est-ce qu'il se passait, ensuite? Est-ce que ça faisait mal? Est-ce qu'on disparaissait complètement, ou bien notre âme s'envolait, comme les nuages, et flottait un peu partout, ou bien complètement ailleurs? Toutes ces interrogations me donnaient le vertige, bien souvent, et je rejoignais toujours le château l'âme bien plus égarée dans la tourmente de mes émotions qu'auparavant.

J'avais profité de cette belle journée d'hiver pour passer des heures et des heures dehors, loin de la vie du château. Ce mois de janvier me paraissait morne, les élèves se perdaient dans leurs devoirs, et moi je bouillais de l’intérieur, perdue pour la première fois dans l'objectif de ma mission. Suivre Fray comme s'il était ma seconde peau ne rentrait plus dans mes cordes, car depuis cet étrange manège avec lui et cette idiote d'Haley Collins, sa vue me répugnait, sa présence m’insupportait. C'était viscéral. Liz feulait et voulait griffer quand il apparaissait dans mon champ de vision et pourtant je ne pouvais m'empêcher de le suivre des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse, sourde aux rugissements qui résonnaient en moi. J'en avais toujours la chair de poule; il déclenchait en moi une réaction épidermique qui confinait à la nausée mais qui m'obnubilait. Quant à
Haley, j'avais choisi de pourrir tout simplement sa vie, parce qu'elle avait le profil de la victime idéale et qu'elle déchaînait en moi toute ma rage, toutes mes envies de blesser, de casser, de me venger. C'était elle, ma cible numéro 1, à présent. Elle que je dardais de mon regard hostile dès que je le pouvais, c'était à elle que je chipais des affaires, c'était elle que je suivais dans les couloirs quand elle était seule en prenant bien soin de me cacher pour qu'elle aie peur, c'était à elle que je faisais tous les mauvais coups possibles. Et cela me délectait.

Renouant avec mes anciennes habitudes, j'étais retournée dans mon arbre, j'avais fait le ménage entre les grosses branches noueuses, retapissé de feuilles mon petit perchoir, escaladé un peu partout. Je reprenais possession de mon territoire, et cela me donnait l'impression d'être reine d'un petit monde, d'être pleine de pouvoir. Plus que tout, j'étais seule et loin de tous, et rien ne pouvait m'apporter plus de sérénité. Il n'y avait que le bruit du vent dans les arbres et le froissement des feuilles quand quelques animaux s'approchait; j'étais dans mon élément.

J'avais passé l'après-midi à observer les environs, les oiseaux, la forêt, et j'avais même aperçu un groupe de centaures passer au loin alors que je suçotais des baies que j'avais cueillies, bien tranquille installée à califourchon sur une large branche. C'était une pause dans les turbulences de mon existence, et j'avais même réussi à oublier Fray, Collins, ma mère, et tous mes ennuis, même si le vide que me causait l'absence de mon frère ne pouvait pas être comblé, malgré tous mes efforts. J'étais sale, pleine de terre, de résine. Mon jean tout déchiré laissait entrevoir ma peau salie, mes cheveux détachés étaient plein de brindilles et de feuilles et je devais ressembler à une indienne peinturlurée, mais je ne pouvais me sentir mieux. Cette écorce, cette arbre, cette nature, c'était le seul échappatoire aux affres de mes tourments. C'était le passerelle en lévitation au-dessus ce cercle qui, si longtemps j'avais cru qu'il m'offrirait la liberté, me tenait maintenant prisonnière, délibérément captive de mes démons.

Le soir tombait et je commençais à frissonner, alors que le froid ne m'avait pas atteinte une seule fois. J'avais bu une dernière gorgée dans le creux de deux branches : l'eau fraîchement tombée d'hier soir avait le goût de la résine, des feuilles, du ciel. Elle me paraissait magique, énergisante, guérissante aussi. A regrets, j'entrepris de descendre de là-haut, abandonnant cette endroit qui était comme une maison pour moi, avant de reprendre doucement le chemin du château. La bâtisse, minérale, éclairée par les carrés de lumière des fenêtres, me paraissait bien trop imposante et me donnait envie de m'enfuir à toutes jambes. Alors que j'allais mettre les pieds au sol, je sentis ma chaussure s'agripper dans une branche que je n'avais pas remarquée, je trébuchais, ratais mon saut, glissais, et tombais sans pouvoir me retenir. Je n'eus pas peur car ce n'était pas haut et que la mousse allait ralentir ma chute, mais alors que je roulais au sol je sentis comme une griffe glacée rentrée dans mon mollet droit et l'ouvrir de haut-en bas; puis je perdis conscience.

Je n'avais aucune idée du temps qui s'était écoulé quand la douleur m'arracha de mon évanouissement. Il ne faisait pas entièrement nuit. La tête dans les feuilles, je me redressais, ne pouvant retenir un cri de douleur. Elle était lancinante, brûlante comme du souffre dans tout mon corps et tambourinait dans mon cœur, dans mes veines, dans mes tempes, mon cerveau. Je ramenais ma jambe vers moi : le spectacle me terrifia. Ma peau était ouverte, béante. Une branche cassée avait entaillée, dans ma chute, mon mollet de sous le genou à la cheville et on voyait nettement la chair baignée de sang, et je crus même apercevoir quelque chose de blanc. Je tournais de l’œil à nouveau, avant de me mordre les joues à en saigner. La tête me tournait - mais il fallait que je me sorte d'ici. J'enlevais avec des gestes lent mon sweat, un vieux sweat gris de mon école primaire. A l'aide de ma baguette j'en déchirais des bandes de tissu que j'entrepris d'enrouler autour de mon mollet tout mince; je les serrais en mordant dans le reste du tissu pour ne pas hurler. Les larmes coulaient toutes seules sur mes joues.

Je marchai vers le château dans une sorte de torpeur, abrutie de douleur, ignorant comment j'arrivais à bouger ainsi.

Un escalier, deux escaliers. Il n'y avait personne, personne à part cette douleur atroce qui me vrillait jusqu'aux os et qui me laissait abattue, incapable.
Maman, maman, appelai-je silencieusement, avant de continuer à tituber tant bien que mal.

Et puis soudain je sentis ma jambe céder; la douleur était trop forte. Je glissai par terre, sur le dallage froid. Presque inconsciente, j'eus tout de même la présence d'esprit de remarquer que j'étais en plein milieu d'un palier. Je me glissai d'avantage vers le mur, dans l'ombre, dans un recoin entre deux statues, m'adossai au mur, la main serrée autour de mon mollet dont les bandages étaient baignés de sang. Ce même sang qui dansait devant mes yeux noyés de larmes...
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Alex Turner


Alex Turner
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MessageSujet: Re: Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.    Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.  Icon_minitimeJeu 2 Fév - 22:57

Je jetai nerveusement un coup d'oeil à ma montre; vingt-et-une heures. En ce mois de février, les jours étaient courts et il faisait nuit depuis longtemps déjà. Le froid mordant me giflait le visage à chaque fois que s'élevait une bourrasque un peu forte, faisant tanguer mes coéquipiers.
L'équipe des Golden Flyers, mon équipe, s'entrainait depuis quatre heures de l'après-midi. Cependant, comme après ce soir nous n'aurions plus le terrain pendant plusieurs jours et que les premiers match approchaient, Makie, habituellement si gentille, était devenue tyrannique et s'acharnait tant et plus à nous donner des ordres.


Mais avec cinq heures d'affilées d'entrainement, sa voix criarde commençait sérieusement à me taper sur les nerfs.

Nous étions au milieu du mois. Comme pour me narguer, la lune dessinait un "D" scintillant dans le ciel, signe qu'elle était croissante. Ce n'était pas la période la plus mauvaise pour moi, mes modifications métaboliques se résumant à de fréquentes insomnies, ce qui me rendait particulièrement fatigué et irritable, l'un entrainant l'autre. Mais avec les circonstances actuelles, tout prenait des proportions monstrueuses.

J'avais tout essayé pour combler le vide que m'avait laissé ma meilleure amie en sortant de ma vie. Entre autre, j'avais eu des périodes pantoufflardes qui consistaient à trainer toute la journée dans mon dortoir, et des phases d'hyperactivité, dont le but était de m'occuper un maximum l'esprit pour éviter de penser à quel point je me sentais seul. La deuxième solution était celle qui m'avait le mieux réussi et je devais bien avouer que mes entraînements de Quidditch étaient une véritable aubaine de ce point de vu!
Cela dit...


-ALEX!!! REMUE-TOI UN PEU!!! Hurla Makie dans la direction de Keith.

Ne sachant pas si je devais rire ou pleurer face à ce spectacle pittoresque, je me contentai de me pincer l'arête du nez en secouant la tête. Il faisait nuit, NUIT! Noir comme dans un four! Malgré les éclairages artificiels, pour peu qu'on vole un peu haut, on se distinguait à peine les uns les autres et c'était encore pire pour les balles! Alors, à moins que le vif d'or ne me rentre dedans, je n'étais certainement pas prêt de l'attraper...
Du coup, tout le monde tournait en rond rien que pour faire plaisir à notre capitaine, je m'ennuyais ferme et de ce fait, je pensais à Aure. Ainsi, cela m'agaçait et le petit cercle vicieux que constituait actuellement mon existence recommençait à tourner.
Trop cool ma vie.

Ce petit manège dura jusqu'à vingt-deux heures trente et plus le temps passait, plus les cris de Makie redoublaient d'intensité puisque, évidemment, peu à peu, nous devenions tous complètement inefficaces. Il fallait prendre une décision et je décidai de le faire, pour le bien de l'équipe.
Lentement, je sortis ma baguette et murmurai:


-Accio vif d'or! avant de m'exclamer quelques secondes plus tard... MAKIE, JE L'AI!!!

Inutile de vous décrire le soupir de soulagement général que cette grande nouvelle provoqua! La réaction de l'équipe n'aurait pas été différente si j'avais annoncé haut et fort comment enrayer le réchauffement climatique...
Nous regagnâmes doucement la terre ferme ainsi que les vestiaires en marchant tous comme des canards parce que nous étions complètement courbaturés. J'écoutai d'une oreille distraite Makie nous expliquer à quel point il était important de persévérer et gnagnagna... mais j'étais de bien trop mauvaise humeur pour envisager de regagner le château en même temps que le reste de l'équipe! J'avais envie d'être un peu seul et je ne voulais pas m'énerver pour une broutille parce que cet entraînement m'avait mis les nerfs à fleur de peau.

Je prétextai n'importe quoi pour m'attarder dans les vestiaires et vu l'heure qu'il était, je savais que personne ne m'attendrait. Tant mieux!
Je pris une douche brûlante, laissant l'eau chaude délasser mes muscles noueux. J'avais mal partout et je n'osais même pas penser à ce que ce serait demain matin.
Je sortis, me séchai à la va-vite avant d'enfiler des vêtements propres et de quitter les vestiaires qui étaient plutôt sordides la nuit. Puis je pris la direction du château, le tout sans cesser de penser à Aure. Je la revoyais encore m'acclamer depuis les gradins, même quand je jouais particulièrement mal... Le silence des entraînements, depuis, me pesait terriblement.

La différence de température entre le parc et le hall me fit un choc et je me dépêchai de refermer la porte derrière moi. Mes cheveux étaient encore mouillés et j'avais eu l'impression de me transformer en iceberg sur le chemin du retour.
J'entrepris de gagner le septième étage le plus rapidement possible, bien que je sache pertinemment que je ne trouverais pas le sommeil, mais à peine arrivé au bas des escaliers, un détail sur le sol attira mon attention. Un détail non-négligeable puisqu'il s'agissait de trois petites gouttes de sang.

Il y avait des choses qu'il ne valait mieux pas avouer mais ce soir, l'honnêteté était de rigueur. J'étais un loup-garou, ce qui signifiait que maintes fois je m'étais réveillé avec le visage et le corps tachés d'un sang d'origine inconnue. Cela impliquait que je savais parfaitement différencier l'hémoglobine de la sauce tomate, or le liquide qui se trouvait par terre n'avait rien d'un assaisonnement quelconque! Et pire encore; il n'avait rien de sang séché.
Je gravis quelques marches, perplexe, pour y découvrir d'autres traces. Alors, je montai franchement les escaliers quatre à quatre sur deux étages, ignorant totalement mes muscles douloureux. Au final, je me retrouvai sur une plateforme, une tâche de sang plus grande que les autres à mes pieds et... personne.

Je me détendis imperceptiblement. C'était stupide de m'inquiéter comme ça, mais d'un autre côté, d'où que provienne ce sang, il coulait bien de quelque part ou de quelque chose et ce quelque chose ne pouvait pas s'être volatilisé d'un coup!
Je regardai plus attentivement autour de moi. Il n'y avait rien sur ce palier à part un renfoncement contenant deux statues dans la pénombre. Je plissai les yeux sans savoir trop ce que je cherchais, mais étouffai un cri quand enfin je discernai... Une jambe. Parfaitement, une jambe qui dépassait de derrière l'un des deux blocs de marbre.

Ni une, ni deux, je m'y précipitai pour découvrir une jeune fille, inconsciente, pelotonnée à même le sol. Le coeur battant, je m'agenouillai pour être à sa hauteur et l'interpellai, fort, pour voir si elle se réveillerait d'elle même... Mais ce ne fut pas le cas. Alors, je saisis ses épaules pour la redresser, écartant promptement ses cheveux de son visage, et son teint livide me donna la chair de poule. Cependant, je constatai avec soulagement que sa poitrine se soulevait au rythme lent et irrégulier de sa respiration.
Je constatai alors que son mollet était enroulé dans un bout de tissu. Quelle que soit sa blessure, je préférais ne pas toucher au linge humide; il valait mieux compresser la plaie, de toute façon. Je relevai rapidement la tête. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine, et plutôt fort. J'étais en train de paniquer, vraiment. La seule fois où je m'étais trouvé face à une blessée, je n'avais pas su quoi faire et si Traice s'en était tirée avec quelques bleus un peu partout, je me doutais bien que pour l'élève à mes côtés, les choses étaient beaucoup plus sérieuses.

Il fallait appeler de l'aide, mais comme par hasard, à une heure aussi tardive les couloirs étaient déserts... Je n'avais donc plus le choix.
Doucement, et avec moult précautions, je passai mon bras sous les genoux de la jeune fille. Je la sentis tressaillir, sans doute parce que je venais de raviver sa douleur mais je ne voyais pas comment faire autrement. Mon autre bras glissa sous ses épaules et je me remis debout, la soulevant avec moi.

La tête de l'adolescente bascula en arrière à l'instar de ses longs cheveux blonds et emmêlés, et son bras gauche retomba mollement dans le vide. Tous les muscles de son corps étaient relâchés et pourtant, je la trouvais légère. Trop maigre, aussi. Je la serrai contre moi en essayant de me raisonner du mieux que je le pouvais. On ne mourrait pas d'une simple coupure, on ne mourrait pas d'une simple coupure, on ne mourrait pas d'une simple coupure.
Deux étages nous séparaient encore de l'infirmerie et j'entamai l'ascension la plus rapide possible. Au bout de quelques pas, pourtant, je sentis la jeune fille fremir et la vis entrouvrir à peine les paupières. Alors, je déclarai vivement:


-Ne t'inquiète pas, je t'emmène à l'infirmerie.

J'avais gardé un ton extrêmement calme sans savoir si c'était elle ou moi que je tentais de rassurer.

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Lizlor Wayland


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MessageSujet: Re: Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.    Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.  Icon_minitimeVen 10 Fév - 12:02

Ce n'était pas un véritable sommeil mais une torpeur lourde et cottoneuse, dans laquelle je me sentais sombrer, chuter, sans pouvoir lutter. La terre s'était renversée et je tombais, dans un ciel plein de brouillard et de nuages, et si la douleur lancinante de mon mollet ne faiblissait pas, je sentais peu à peu toutes mes autres sensations s'évanouir en même temps que ma vue baissait, que des taches noires dansaient devant mes yeux. Battre des paupières n'y changeait rien : cela me demandait un effort considérable et me poussait au bord de la nausée, et je sentais ma bouche sèche et entrouverte happer difficilement de l'air, seule tâche vers laquelle je pouvais focaliser le peu d'énergie que j'avais.

Je sentis qu'on me touchait, qu'on me soulevait, qu'on me manipulait, comme une pauvre poupée de son inerte. Ou était la réalité, où commençait ce délire qui me gagnait peu à peu? Mes pensées n'étaient plus là, elles avaient elles aussi sombré loin de Poudlard, elles avaient en quelques secondes franchi la moitié du globe et se retrouvait sur la côte ouest des Etats-Unis, chez nous, en Oregon. A travers le voile de ma fièvre et de mes hallucinations, je voyais une immense plage de sable blanc et l'océan, pur et turquoise, éblouissant; j'entendais le rythme lent du ressac et les cris un peu plus loin des baigneurs, des jeunes qui jouaient au volley sur la plage. C'était le paradis, le bonheur à l'état pur, aussi simple qu'on le fabriquait... A l'époque. Mes pieds foulaient le sable fin et chaud et les rayons du soleil dardaient ma peau caramélisée, mes cheveux plein de sel resplendissaient sous la lumière de l'été et ils paraissaient plus cuivrés que jamais. Je ne savais jamais où donner de la tête, ces après-midi là : il y avait tant à faire! Un fort à construire contre la marée, des algues à rapporter en paquet pour consolider l'édifice, les rochers à escalader, la course à faire contre Conrad dans les vagues, les batailles d'algues - le temps défilait à une vitesse inouïe dès lors que nous passions des moments pareils. Je sentis tout d'un coup que Conrad me poussait pour me mettre dans le sable et j'éclatai de rire alors que nous commencions à nous chamailler, mais sa taille et son âge supérieurs me laissaient souvent perdante, malgré mon agilité et ma rapidité. Très vite il me fit basculer, passa son bras sous mes jambes et l'autre derrière mes épaules pour me soulever et marcher vers la mer, alors que je me débattais comme un beau diable parce qu'il allait me jeter dans l'eau bleue et tiède de Nesika Beach...

Comme une alarme stridente, malgré la perfection de ma vision de rêve, je sentis une aiguille glacée s'enfoncer plus profondément dans ma chair, à l'endroit même où mon mollet était ouvert.

Ce n'était pas vrai, tout ça, Conrad était loin de moi, et loin de moi aussi le soleil de l'Oregon, seule passait au-dessus de ma tête la grisaille terne de cet hiver écossais. C'est fini, c'est fini tout ça, résonnait une petite voix dans ma tête. Ce ne sera plus jamais l'été, celui que nous attendions avec tant d'impatience, avec toutes ses après-midi à la plage et ses couchers de soleil dans l'horizon flamboyant.

Je battis faiblement des paupières, dans les bras de quelqu'un qui n'allait sûrement pas me jeter dans l'eau salée de l'océan mais qui m'avait sans doute ramassée là où j'avais perdu connaissance. Mes yeux ne voyaient que du brouillard parsemé de taches de lumière. Je relevais péniblement mon bras et me mis à frapper chaquer parcelle de la peau de l'individu de mes petits poings, griffant ses vêtements, tambourinant mon mécontentement contre son torse, la seule partie qui m'était accessible. Harassée de fatigue après cet effort, au bord de l'évanouissement à nouveau, je dus m'arrêter quelques instants pour reprendre mon souffle et calmer les battements irraisonnés de mon coeur; je me rendis compte alors que mes gestes s'étaient seulement résumés à agripper mollement ses habits et à tirer un peu, alors qu'un faible râle de protestation s'échappait de ma bouche. Je compris que même ma volonté était sur le carreau et que je ne pouvais rien faire d'autre que de subir ma douleur en silence; et pourtant j'avais tant envie d'oublier tout ça et de replonger à nouveau dans les méandres délicieux de mes souvenirs... Oh! Si je pouvais simplement m'évanouir à nouveau et ne jamais me réveiller... Qu'elle était douce cette torpeur, loin de tous et de tout, près de ce que je chérissais le plus...

-Ne t'inquiète pas, je t'emmène à l'infirmerie.

Nouvelle décharge dans mon corps inerte et douloureux. Non!!! Tout mon être se révulsa à cette idée. L'infirmerie! L'infirmerie où l'infirmière, à la vue de ma mauvaise blessure, alertera ma mère; ma mère qui accourra complètement paniquée et qui, une fois que je serais remise d'applomb, loin de me réconforter de cette douleur terrassante, me sermonnera avec son regard sévère. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi, Lizlor. C'est de ta faute, Lizlor. Toi et tes bêtises, Lizlor! J'en ai assez, c'est dangereux, Lizlor! Mon prénom avait une saveur détestable entre ses lèvres et j'étais bien contente de l'avoir laissé derrière moi, car il me rappelait à chaque fois son intonation teintée de déception quand elle le prononçait.

- Hmmmmmmm... De nouveau je laissai échapper un gémissement de protestation, les sourcils froncés, fâchée contre moi-même de ne pas trouver la force pour m'exprimer. Hmmmm, non... Non!!! parvins-je à articuler faiblement, avec difficulté.

Mes paupières me firent l'honneur de rester entrouvertes assez longtemps pour que je croise le regard de celui qui me portait dans ses bras - curieusement, j'avais la tête bien trop ailleurs pour percuter qu'il me serrait contre lui, ce garçon que je ne connaissais pas, moi qui haïssais tant les contacts physiques. J'accrochai son regard quelques instants et lui offris le mien, faible et apeuré : son visage... Son visage m'était familier, Alex Turner, nouvelle égérie des Gryffondor. Je ne connaissais pas grand monde car à vrai dire je m'y intéressais peu, mais lui, je m'en souvenais.

J'avais envie de lui dire froidement de me lâcher et de me laisser là, que j'étais une grande fille et qu'il pouvait tout aussi bien s'occuper de ses affaires. Oui, c'est ce que Liz aurait dit. Mais il m'apparraissait que je n'avais pas les capacités de m'opposer à sa volonté et à sa force, en tous points supérieures aux miennes, car j'étais certaine que je n'aurais même pas le force de me tenir debout, et que la douleur de ma jambe tambourinait dans tout mon corps et me laissait les yeux humides et les joues barbouillées de traînées salées.

Je fis ma prise plus forte, agrippant son sweat du mieux que je le pouvais, pour qu'il m'écoute, puisant au fond de moi toute l'énergie possible et tentant de faire abstraction quelques secondes de la douleur qui me rongeait :


- Pas à l'infirmerie!... Ma mère... La directrice... L'infirmière... Elle lui dira... Une punition... S'il te plaît!

Tout mon corps se détendit après cette effort quasi-surhumain et je sentis mes paupières battre faiblement et ma vue devenir floue, mais je fixais malgré tout le visage du Gryffondor, implorant sa compréhension et sa compassion.

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Alex Turner


Alex Turner
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MessageSujet: Re: Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.    Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.  Icon_minitimeMer 29 Fév - 18:06

Après avoir tenté de rassurer la jeune fille, je repris mon ascension vers l'infirmerie. L'angoisse me nouait les entrailles. Bizarrement, moi qui avais toujours été très doué pour mettre ma propre vie en danger, lorsqu'il s'agissait de celle des autres, je n'en menais pas large! Mais il fallait absolument que je me concentre... Encore quelques dizaines de marches et la porte de l'infirmerie se dessinerait devant moi. J'essayais de faire abstraction de l'inquiétante pâleur de l'élève que je tenais dans mes bras, ainsi que de sa respiration désordonnée. J'allais presser le pas lorsque je sentis une faible pression s'excercer à hauteur de mon sternum.

J'arrêtai de marcher alors que nous nous trouvions sur le dernier pallier avant d'arriver au troisième étage. Lentement, je baissai les yeux vers la jeune fille que je portais. Elle avait trouvé la force de ramener son bras qui pendait dans le vide jusqu'à mon torse, et à présent, ses petits doigts se crochetaient faiblement dans le tissu de mon sweat.
Il faisait sombre à cette heure-ci dans les couloirs et j'avais du mal à distinguer le visage de cette élève. Aussi, si je n'avais pas pas cru comprendre qu'elle voulait attirer mon attention, je n'aurais sans doute même pas vu ses lèvres bouger. Doucement, et avec mille précautions, je me penchai vers son visage pour entendre le gémissement qui s'échappait de ses lèvres...


- Hmmmmmmm... Hmmmm, non... Non!!!

Je fronçai les sourcils, perplexe. Je ne voyais pas où elle voulait en venir mais une chose était sûre, elle essayait de se débattre et de m'échapper. Bien que cette action se limite à de très faibles mouvements de protestation, je me sentis obligé de serrer davantage la jeune fille contre moi. Il n'aurait plus manqué qu'elle ne m'échappe et ne roule dans les escaliers...!
Je tendis à nouveau l'oreille, attentif à ce qu'elle avait à me dire et espérant que de nouvelles paroles clarifieraient un peu la situation... Malheureusement, ce ne fut pas le cas.


- Pas à l'infirmerie!... Ma mère... La directrice... L'infirmière... Elle lui dira... Une punition... S'il te plaît!

J'avais beau faire un effort, je ne compris rien à ce charabia. Se pouvait-il... Qu'elle soit la fille de l'infirmière? Ou que sa mère... Soit la meilleure amie de la directrice? Je ne voyais même pas pourquoi je cherchais à trouver une interprétation logique à ces paroles! Cette fille était à moitié évanouie, je ne savais même pas si elle était consciente de ce qu'elle disait!

-C'est absurde, répliquai-je, on perd du temps!

Je décidai de ne pas l'écouter et de continuer à gravir ces foutues marches qui nous séparaient encore de l'infirmerie. Tout en marchant, je me convainquis que je prenais la bonne décision, que bien que cette élève redoute visiblement une punition, ce n'était rien comparé à l'idée de perdre l'usage d'une jambe trop longtemps ischémiée ou... de pires diagnostics auxquels je ne voulais même pas songer!
Au bout de quelques secondes, j'arrivai enfin devant la porte de l'infirmerie. Et là, malgré l'intense petit speech de motivation que je venais de me réciter... J'hésitai. Je baissais à nouveau les yeux vers la jeune fille dans mes bras; elle semblait dormir paisiblement et sa main était retombée faiblement sur son ventre... Plus rien, à présent, ne m'empêchait de l'abandonner aux bons soins de l'infirmière et pourtant... Pourtant j'avais croisé son regard, apeuré, terrifié même... Et je sentis une vague de compassion m'envahir.

Dans un soupir, je tournai les talons. J'étais en colère contre cette fille qui était venue se mettre sur ma route et qui n'allait sûrement m'attirer que des ennuis, mais j'étais aussi en colère contre moi-même. Je m'en voulais pour cette faiblesse que j'avais de ne jamais pouvoir dire "non", de toujours avoir envie de faire au mieux... Et si les blessures de cette élève s'aggravaient parce que j'avais hésité à l'amener à l'infirmerie, je ne savais pas si je pourrais me le pardonner.

Je descendis un étage, puis deux, puis trois. Je sentais la manche de mon bras droit, celui qui était au contact de son genou, qui commençait à s'humidifier et je n'aimais pas du tout ça.
Prestement, je descendis jusque dans les cachots. La jeune fille, bien que particulièrement légère, commençait à être de plus en plus difficile à transporter; en effet, j'avais les muscles raides et les jambes lourdes à cause de ces entrainements de quidditch trop longs.
Aux sous-sols, il faisait noir comme dans un four et je ne voyais absolument pas où je mettais les pieds. J'avais peur de glisser sur ces marches humides, aussi, je me débrouillai comme je le pus pour sortir ma baguette et éclairer un peu tout ça. Le visage blafard de l'élève que je tenais fut la première chose que je vis et je sentis mon coeur se serrer un peu plus.
Prestement, je gagnai la porte de la réserve de Nakamura.


-Alohomora!

Les tremblements dans ma voix me surprirent mais je les ignorai royalement. J'ouvris la porte en la poussant avec mon dos et la refermai derrière moi. Le plus délicatement possible, je m'agenouillai sur le sol froid et déposai la jeune fille dans l'angle de la pièce, espérant qu'elle se maintiendrait toute seule dans une position semi-assise. La décoller de moi me permis de réaliser à quel point il faisait froid dans ces cachots! Pendant cette folle cavalcade, nous avions dû nous tenir chaud mutuellement, mais pour le coup, la blessée devant moi était en tee-shirt, son propre pull étant enroulé autour de sa jambe blessée et je me doutais que ces pierres glacées dans son dos n'allaient pas arranger les choses. Je retirai donc rapidement mon sweat et la recouvris avec comme je le pus, puis j'entrepris de commencer mes recherches.

Mes mains tremblaient tellement que j'avais du mal à passer ma baguette devant les étiquettes des étagères pour réussir à les lire. Mon coeur battait d'une manière désordonnée et très désagréable quand je pensais à l'état de l'élève derrière moi et comme par hasard, je ne trouvais absolument pas ce que je cherchais! Polynectar, filtre d'amour, aiguise-méninges et des tas d'ingrédients bizarres conservés dans des bocaux! En bref, rien qui pourrait m'être utile!
J'avalai ma salive avec difficulté; je dus passer encore plusieurs minutes à éplucher les étiquetages, et quand enfin je trouvai ce que je voulais, je priai de toutes mes forces pour que le bout de papier collé sur ce flacon soit bien le bon...

Je m'agenouillai de nouveau près de la jeune fille toujours inconsciente. J'essayai de lui parler sans savoir exactement ce que j'attendais en retour, mais une fois de plus, il semblait que je tente plutôt de me rassurer moi-même.


-Ce truc va t'aider...

Je me trouvai tellement peu convainquant, cependant, que je joignis le geste à la parole. Lui inclinant légèrement la tête, je versai de faibles quantités de potion transparente dans sa bouche, petit à petit, et réussis à finir le flacon. Mais je n'étais pas rassuré pour autant et je me tenais prêt à courir jusqu'à l'infirmerie si les choses tournaient au vinaigre! En attendant, je m'assis simplement contre une étagère en face d'elle afin qu'elle ne sorte pas un instant de mon champ de vision... .
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Lizlor Wayland


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MessageSujet: Re: Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.    Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.  Icon_minitimeMer 14 Mar - 18:29

-C'est absurde, on perd du temps!

Et pourtant je m'agrippais au pauvre bouts de tissu qu'il m'offrait, suppliant je-ne-sais-qui de toutes mes forces pour qu'il m'écoute et me comprenne. Je me sentais déjà assez misérable pour savoir que, dans quelques heures, les foudres de ma mère allaient en plus de tout s'acharner sur moi, alors que j'avais si mal qu'on aurait pu tout aussi bien me couper la jambe et que je me sentais seule, désespérément seule, séparée de mon alter ego qui étaient à des milliers de kilomètres de moi, de l'autre côté de l'Atlantique.

Le temps? Le temps n'avait plus de consistance et il me paraissait tellement inégal. Il s'étirait, s'allongeait dans les pires moments, se rétrécissait dans les meilleurs. Depuis tout le temps. Mon enfance en Oregon m'avait filé sous le nez à la vitesse de la lumière et ne me laissait dans la bouche que le goût amer des souvenirs heureux mais passés. Le déménagement en Angleterre avait duré des siècles - je me revoyais errer comme une âme en peine dans cette maison qui n'était pas la nôtre, traînant mes heures esseulées dans ma chambre vide et froide, attendant la rentrée à Poudlard avec une boule dans la gorge, nouée de chagrin. Et puis ces trois années. Ces trois années qui, quand je regardais en arrière, avaient compté au moins triple. Ces disputes sans arrêt avec Fray, ces longs moments à éviter ma mère dans les couloirs, ces cours un peu ennuyeux surtout quand je pensais à Conrad dans son école américaine, au soleil, si loin de moi. Ce temps maussade d'Ecosse. Les nuages semblaient freiner le temps et alourdir mes peines. Aujourd'hui cela faisait une éternité que je souffrais le martyr, et ma jambe me lançait sans arrêt, une année passait à chaque pulsation douloureuse, et à vrai dire je ne savais depuis combien de temps Alex Turner me portait dans ses bras - deux minutes, dix, vingt, une heure?! Je me sentais portée sur un chemin chaotique, inapte à quoi que ce soit, terrassée de douleur et de lassitude. Je n'arrivais même plus à sortir mes griffes, à râler ou à me révolter : rien. Cette branche avait eu raison de Liz et de moi avec. Alors, le temps à perdre ou à gagner? Cela m'importait peu.

Je sentis la même torpeur que précédemment m'envahir et, comme bercée par les flots, fermai les yeux. Pourtant je ne voulais pas, non : je ne pouvais pas être soignée à l'infirmerie, je préférais qu'on ne me soigne pas tout court, tant pis. Comme la fois où, en colère parce que j'avais été privée de dessert, j'avais désobéi et j'étais allé jusqu'à la rivière moi-même, alors que Papa et Maman répétaient que c'était dangereux. Ivre de cette adrénaline que procure la violation de l'interdit, j'avais escaladé le grillage, mais il était bien trop haut pour ma petite taille et j'avais glissé, me plantant dans la cuisse l'une des pointes rouillées qui en dépassait. En plus d'une douleur aiguë, j'avais récolté une honte tenace d'avoir désobéi et raté mon coup, et de m'être, comme on m'en avait si bien gardée, blessée parce que c'était dangereux. J'avais caché ma blessure comme une ingrate, la désinfectant au mieux, et elle avait mis de longs jours à cicatriser. J'en avais d'ailleurs encore aujourd'hui la cicatrice. Et la honte, aussi. La honte de vouloir défier et d'échouer lamentablement.

Le reste fut flou, je sentais mes jambes ballotter, le sang épais couler le long de mon mollet, comme si chaque petit gouttelette était aussi lourde qu'un seau d'eau, je sentais ma chair à vif mordue par l'air frais, ma peau tressaillir, la douleur battre plus fort et plus vite à chaque soubresaut, sans faillir. Et je lâchai prise. Les derniers fils auxquels je me retenais ne cédèrent pas, non : je les lâchai, abandonnant, sentant toutes mes forces me quitter, et sombrai. C'en était trop pour cette fois et peut-être que j'avais au fond de moi assez de courage pour garder la tête haute mais cela faisait trop, depuis trop longtemps. Ce n'était pas une simple blessure, c'était la plaie béante au fond de moi qui se déchirait un peu plus et qui déversait les flots de mon sang. Tant pis. Liz s'était comme évaporée. Où juste absentée? La petite fille dans la brume avait depuis longtemps disparu. Il ne restait plus que... moi, cette enveloppe creuse, ce vide dans fond. Voilà.

Il me déposa sur le sol dur et froid, le mur l'était aussi et je gémis, mal à l'aise contre les arrêtes glacées des pierres, mal à l'aise à cause de ma jambe qui avait infimement bougé : des larmes de douleur coulèrent à nouveau sur mes joues. J'étais gelé, et j'avais mal partout; je tentai de me redresser pour ne plus toucher la pierre si froide mais n autre mouvement de ma jambe m'arracha un gémissement : je n'avais pas la force. Dans une position inconfortable, je me recroquevillai alors, les yeux fermés, tremblante, résignée. Il y avait un tissu sur moi - sûrement un geste d'Alex Turner - mais il faisait bien trop froid en moi pour qu'il me réchauffe d'une quelconque manière. J'étais immobile mais pourtant mon corps entier frémissait et s'agitait de soubresauts violents et incontrôlés, dans un dernier espoir pour me réchauffer.

J'émergeai de ma torpeur lorsque je sentis une présence tout près de moi et que d'instinct, je me mis sur mes gardes.


-Ce truc va t'aider...

Pourtant, docilement, parce que sa voix était trop douce et ses yeux trop inquiets pour que je m'insurge d'avantage, j'acceptai le breuvage. J'avalai difficilement, la gorge nouée, mais lorsque la potion coula en moi, je sentis une extraordinaire sensation de chaleur, magique, de celle que l'on ressent lorsqu'on s'installe au coin du feu avec un bon chocolat chaud et une couverture. C'était plus que du chaud, c'était un bien-être étrange également, qui ne m'appartenait pas, mais auquel je ne pouvais momentanément pas résister. Je bougeai très doucement ma jambe et ne ressentit rien de particulier, si ce n'est que l'endroit de ma blessure était brûlant, comme si mon sang bouillait trop fort. Je me penchai un peu : la blessure était toujours là, pas bien jolie, mais semblait s'atténuer petit à petit, sans pour autant disparaître. Je défis mon pull souillé de sang et hésitai à l'abandonner là, tout en contemplant ma jambe qui avait visiblement encore besoin d'un bandage.

Alors seulement, je m’aperçus que je n'étais pas seule et que mon sauveur, pour lequel je n'avais étrangement aucune animosité - sa main sur ma nuque ne m'avait même pas révulsée, alors que je détestais les contacts physiques - se tenait là, accroupi, grelottant comme moi au fond de ce cachot humide. Je reconnus, pour avoir plusieurs fois fouillé le château de fond en comble, la réserve de Nakamura, strictement interdite aux élèves, évidemment. Mais Gryffondor n'était pas connu pour respecter les règles, pensai-je en souriant légèrement.

J'avais un goût bizarre de détergent au fond de la bouche, et l'ouvris deux ou trois fois avant de pouvoir émettre un son :


- Ca ira, je pense... Euh.... Merci?

Merci surtout de ne pas m'avoir traînée à l'infirmerie, car cela m'évitait bien des tracas. M'appuyant au mur, je tentai de me redresser comme un poulain qui se dresse pour la première fois, bancale et malhabile. Je me sentais un peu bête, mais j'étais trop concentrée pour m'y arrêter. Je crois que cette potion m'avait un peu shootée, mais je me sentais vide de tout. Ma jambe tremblait, mais en mettant tout le poids sur l'autre, c'était à peu près supportable.

- Bon. Tu m'aiderais à rentrer dans la salle commune? continuai-je, du bout des lèvres, étrangement distante avec celui qui m'avait aidée mais aussi étrangement sereine, comme si j'avais confiance en lui - un concept dont j'ignorais généralement franchement le sens. Je tendis la main vers lui et fis un pas, raide comme un piquet, pour qu'il s'approche et m'offre son appui. Alex Turner. C'était drôle, je n'avais jamais fait attention qu'il avait l'air gentil : qu'il avait ce même air singulièrement semblable à celui de Conrad.
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MessageSujet: Re: Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.    Les oiseaux se cachent pour mourir - PV A.  Icon_minitimeLun 23 Avr - 15:57

Assis contre le sol froid des cachots, je serrais mes mains l'une contre l'autre en les coinçant entre mes jambes pour les empêcher de trembler. Je n'avais pas froid, bien au contraire! Malgré l'atmosphère humide et lugubre des sous-sol, les poussées d'adrénaline qui me traversaient me donnaient plus des bouffées de chaleur qu'autre chose! J'étais seulement inquiet, terriblement inquiet pour cette jeune fille que j'avais trouvé, blessée et épuisée, au détour d'un couloir.

Que faire dans ce genre de situation? Je n'avais pas eu d'autres choix que de l'aider avec le sentiment, la pression de savoir que si je n'étais pas tombé sur elle par hasard personne ne l'aurais vu avant le lendemain matin et qu'à partir de cette minute, elle était sous ma responsabilité, qu'il n'y avait que moi pour l'aider... Et au fond de moi, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que je n'étais pas fait pour aider les gens.
Tout de suite, j'avais paniqué, exactement comme quand Traice s'était blessée sous mes yeux. Et puis, en ne la conduisant pas directement à l'infirmerie j'avais mis la jeune fille en danger, tout comme je l'avais fait avec Aure et Nienna! Et dorénavant, j'attendais patiemment que quelque chose se passe, l'estomac noué et la gorge sèche... Une fois de plus, je perdais le contrôle.


C'était vraiment l'histoire de ma vie et cela avait commencé bien avant que je devienne un loup-garou, même si c'était la cerise sur le gâteau.

Le gémissement de la gryffondor me tira de mes pensées et me fit presque sursauter tant le silence, ici, était assourdissant. La jeune fille reprenait peu à peu conscience et, au prix d'un gros effort, dénouait swaet qu'elle avait enroulé autour de son tibia. J'aurais aimé l'aider car je voyais bien à quel point ses forces lui manquaient! Mais j'avais bien trop peur de lui faire mal... Je n'avais qu'une vague idée de ce qu'elle venait de traverser mais les nombreuses larmes qui avaient sillonnées son visage et les plaintes qui lui avaient échappé durant notre trajet et qui m'avaient glacé le sang suffisait à me donner un aperçu.

Lorsque le bout de tissu ensanglanté tomba sur le sol, découvrant sa blessure mal cicatrisée, je sentis un frisson me parcourir l'échine. Il faudrait sans doute encore un peu de temps pour que la potion fasse correctement effet et rende cette plaie pratiquement invisible.
Sans plus de cérémonie, la jeune fille tenta de se redresser en s'appuyant maladroitement contre le mur. Pour ma part, je bondis sur mes jambes au cas où elle aurait besoin d'aide, mais je n'osais toujours pas la toucher, comme si elle avait été faite en sucre. Une peur absurde que je ne m'expliquais pas.
J'étais pendue aux lèvres de la gryffondor quand elle me répondit d'une voix étonnement claire et distincte:


- Ca ira, je pense... Euh.... Merci?

Je la regardai un instant, un peu surpris par ce que je voyais. Non seulement elle était debout mais en plus, elle ne semblait plus avoir mal. Décidément, j'avais sous-estimé les capacités de Nakamura!!!
Sans réfléchir, je bafouillai un peu par réflexe:


-De rien...

C'était la première fois que je la voyais vraiment. Malgré l'obscurité, je distinguais bien ses longs cheveux châtains, épais et emmêlés, qui tombaient dans son dos, son regard clair et déterminé, sa peau si pâle... J'étais si absorbé dans ma contemplation que j'eus l'impression de retomber sur terre quand elle s'adressa de nouveau à moi:

- Bon. Tu m'aiderais à rentrer dans la salle commune?

Alors seulement je réalisais que sa jambe blessée était raide comme un piquet et qu'elle ne pouvait pas s'appuyer dessus. Je me disais bien, aussi, que cette potion était un peu trop miraculeuse...

-Évidemment!

J'attrapai la main qu'elle me tendait, mais le contact glacé de ses doigts contre ma peau me fit frissonner de nouveau. Moi-même je n'avais pas très chaud mais elle, en plus d'être trop légèrement vêtue, avait perdue beaucoup de sang, ce qui ne l'aidait en rien à se réchauffer.

-Tiens, mets mon sweat.

Joignant le geste à la parole, je ramassai le vêtement qui avait glissé au sol et le lui tendis. Ce n'étais pas une proposition, c'était bel et bien une injonction, et d'ailleurs, j'attendis qu'elle l'enfile avant de faire le moindre pas. Une fois que ce fut fait, je la laissai prendre appui sur mon bas et nous nous dirigeâmes, clopin clopant, vers de la sortie.

Il fallait dire ce qui était, les cachots étaient un endroit glauque et très nocifs pour nous autres Gryffondors. Aussi, notre arrivée dans le hall fut presque salvatrice. La lumière, bien que tamisée, rendait l'atmosphère moins pesante. La température n'était pas plus élevée mais le fait de ne plus se trouver dans les courants d'air avait quelque chose de très positif.


-Tu te sens de continuer? demandai-je, anxieux.

L'ascension de ces quelques marches avait déjà été périlleuse et je me sentais mal de lui imposer encore sept étage à monter.


-On devrait peut-être s'arrêter à l'infirmerie, tu as perdu beaucoup de sang...

J'avais décidé de tenter le tout pour le tout, même si en réalité, je me doutais bien que, si elle avait résisté alors qu'elle était à moitié sonnée par une douleur atroce, ce n'était pas maintenant qu'elle avait retrouvé ses esprits que la jeune fille accepterait de voir Mme Pomfresh!
Un entêtement que j'avais du mal à comprendre, mais je n'étais pas du genre à essayer de soutirer absolument leurs secrets aux gens, question d'expérience personnelle...


-Je m'appelle Alex Turner, au fait.

Durant tout le temps où j'avais parlé, je n'avais pas quitté des yeux la jeune fille qui s'agrippait à mon bras. Ses traits m'étaient familiers et je l'avais souvent vu dans la salle commune, seule, me semblait-il. Je n'étais pas assez physionomiste pour mettre un nom sur ce visage, mais peu importait puisque de toute façon, dans un instant je serais fixé.
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