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Veritas Facit Legem

 
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 Veritas Facit Legem

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Stephen Fray


Stephen Fray
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MessageSujet: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeMar 22 Mai - 23:27


« A little sincerity is a dangerous thing, and a great deal of it is absolutely fatal. »


Oscar Wilde.



Ne me demandez pas comment c'est arrivé. Nous-mêmes, nous ne le sûmes jamais – enfin, JE ne l'ai jamais su, et je ne vois pas pourquoi il en irait différemment pour Scott. De toute évidence, ce n'était pas prévu – planifié – je le jure sur mon nécessaire à potions ! C'est juste arrivé… comme ça, j'imagine. Le hasard de la vie…

… Bref. Essayons de prendre les choses dans l'ordre chronologique pour une fois si vous voulez bien, et commençons par le commencement.

Et les choses commencent probablement (cela arrive plus fréquemment qu'on pourrait le croire) par un cours de potions, ce fameux cours de potions du début d'année. Je sais, je sais : ça date – mais quelle partie de « ordre chronologique » vous pose problème ? Merci. Où en étais-je ? Oui, le cours de potions. Ah ! Je me souviens encore de la robe que portait Nakamura ce jour là, comme si c'était hier (elle seule avait le pouvoir de révéler avec une telle justesse la nature diabolique du rose fuchsia). J'étais donc, une fois n'est pas coutume, assis au premier rang, buvant avidement les paroles de mon professeur préféré (…), et écoutant religieusement son discours sur une série de potions qui, miracle, avaient un minimum d'intérêt. Elle passa rapidement sur l'Amortentia, ce dont je lui fus reconnaissant, car le parfum sucré de pomme qui s'en dégageait m'empêchait de me concentrer. Tout le fun venait ensuite : Polynectar ! Felix Felicis ! Sans oublier le Veritaserum ! Tous reposant gentiment dans de petits chaudrons, pour l'exemple. Mais ça ne me suffisait pas. Je ne voulais pas de ces potions, je voulais qu'elles soient MES potions, concoctées par mes seuls soins.

Le Polynectar, ce fut facile. Quelques ingrédients sortaient de l'ordinaire, mais que serait la vie sans un challenge de temps en temps – par ailleurs je commençais à avoir un carnet d'adresses bien remplies (et celui de ma sœur, ne m'en parlez pas, elle aurait pu s'en servir comme compagnon de jeu pour faire de la balançoire, si seulement elle n'avait pas été plutôt du genre à éviscérer des rats dans son temps libre). Il s'agissait d'une préparation complexe, demandant patience et minutie, c'est-à-dire mes deuxième et troisième prénoms (en hommage à mes grands-mères, paix à leurs âmes). Suivant ? Le Felix Felicis était tentant mais demandait des mois de consécration et je ne me sentais pas assez concentré ces derniers temps pour me lancer dans cette vaste tâche. Je repoussai donc son étude à un très vague et flou « plus tard », et entreprit à la place de me lancer dans la préparation de Veritaserum.

Oui. C'est là que ça se gâte.

La fin de l'année approchait désormais et j'avais eu d'autres choses en tête (… ou ailleurs), mais je n'avais pas renoncé pour autant ! Un soir, enfin, la potion fut prête. Bien bien bien. J'étais certes ravi, mais surtout un peu embêté. Le breuvage était censé pouvoir forcer un individu à ne dire que la vérité vraie, comme l'indiquait ce nom latin si savant et recherché. Je voulais en tester les effets, vérifier son efficacité. Mais, comme le Polynectar, ce n'était pas une potion que je pourrais essayer sur Le Chat – et, contrairement au Polynectar, je ne pourrai pas davantage l'essayer moi-même. Voler un cheveu à Wayland c'était une chose ; droguer quelqu'un et le forcer à révéler ses secrets en était une autre.

(… Quoi ?? Oh, ne soyez pas ridicules, comme si je ne l'avais pas déjà vue nue. Les gens de nos jours sont si pervers, c'est insensé.)

Le problème subsista et perdura ainsi pendant plus jours. Les jours s'étirèrent pour former des semaines. J'avais conservé plusieurs fioles du Veritaserum, rangées parmi mes autres potions et soigneusement étiquetées (du moins le pensais-je), avec l'intention de les tester dès qu'une solution miracle aurait germé dans mon brillant esprit. Pour l'instant, rien ne venait, mais ce n'était qu'une question de temps ! Je le savais ! Je le
sentais !

Parfois je devrais vraiment écouter Taylord et « la boucler ».

Oh, regardez : nous avons atteint le moment de l'histoire où l'interminable prologue/introduction/note de l'auteur s'achève et où vous êtes plongés au cœur de l'action ! Bien que je reconnais volontiers qu'il n'y avait pas beaucoup d'action ce jour là dans notre dortoir de Serdaigle. C'était juste avant le dîner, d'où l'absence de pèlerins – à l'exception de Scott et moi, occupés à faire plus ou moins nos devoirs (lui plus, moi moins). Oh, et Le Chat était là aussi ! (En y réfléchissant, je suis sûr que Le Chat y était pour quelque chose. Il n'avait pas eu l'air d'apprécier que je teste son instinct animal en me faisant passer pour Wayland devant lui…) Enfin, rien de très excitant à première vue dans cette petite scène de la vie quotidienne. Il y avait du thé sur la table de nuit de Scott (très vieille école, mais vous savez comment il est), et je suppose que tout a dû venir de là, mais nous l'avions fini avant de nous rendre compte de ce qui se passait, si bien que nous n'avons jamais pu le confirmer.

J'étais allongé sur mon lit, pensif, bercé par le son de la plume de Scott qui grattait sur le parchemin. C'était un son agréable parce que Scott avait une façon d'écrire très différente de la mienne ou de celle de Taylord, moins nerveuse, plus régulière. Il était aussi du genre silencieux, et c'était parfois pénible, mais ça pouvait aussi être très relaxant, comme maintenant. Cela me permettait de penser en paix, de penser à des choses auxquelles j'évitais de penser en présence de Taylord, parce que parfois j'avais l'impression qu'elle lisait littéralement dans mon esprit.

M'arrachant aux images abstraites de cascades d'or et d'éclairs bleus vifs qui commençaient à embrumer mon cerveau, je me redressai sur mes coudes avec un soupir et, depuis le lit, appelait Scott qui travaillait sur le sien.

– C'est l'heure de descendre dîner, fis-je, comme il ne bougeait pas.

Je me levai d'un bond et commençai à remettre de l'ordre dans mon lit (j'aimais que mon espace de régénération mentale et physique soit ordonné, même si c'était un ordre qui ne répondait qu'à moi).

– Passe-moi mes chaussures s'il te plaît, elles sont à côté de toi, indiquai-je distraitement.
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Scott McBeth


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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeJeu 24 Mai - 20:59

Stephen était brillant. Stephen était assez exceptionnel, et moi-même qui le connaissais depuis longtemps maintenant, il se passait rarement une semaine sans qu'il m'étonne encore une fois, par une déduction ou une remarque. Il était plus qu'intelligent, de ce genre d'intelligence qui voit au-delà des choses, qui voit tout. Cette même intelligence que je m'efforçais d'avoir, et même si je savais que j'étais dans la catégorie des personnes qui y parvenaient plus que la normale, je ne pouvais pas prétendre à l'être autant que Stephen. Mon ami avait un petit quelque chose qui fascinait, et les gens étaient sous son emprise lorsqu'il lui arrivait - et il lui arrivait très, très souvent - de faire un petit discours sur une chose précise, une théorie, un fait, ou simplement une observation, devant un oratoire lambda qu'il n'avait nul besoin de forcer à écouter. Il maniait les mots comme une arme de précision, et il faisait mouche, tout le temps. J'imaginais le cerveau humain comme un enchevêtrement complexe de rouages et de machines impliquées les unes dans les autres, un casse-tête à différencier, et presque toutes co-dépendantes les unes des autres. Celui de Stephen devait être un monstre de complexité, d'une puissance bien supérieure aux autres. Alors, oui, il me fascinait. Il m'impressionnait par bien des égards. J'aimais parler avec lui car il me comprenait, je n'avais pas besoin de ravaler mes questions et mes théories que nos camarades de classe n'auraient même pas imaginé. Mais, au bout du compte, c'était toujours lui qui me dépassait, par sa verve et ses affirmations sans égales. Et puis il avait cet humour pince sans rire qui fonctionnait bien en société, même si je savais qu'il agaçait beaucoup les gens de par sa suffisance. Sauf qu'il n'était pas méchant, au fond, et moi je le savais bien. Nous nous ressemblions sur beaucoup de points mais nous différencions sur bien d'autres, et c'était cela je crois qui faisait que nous étions si bons amis. Je pouvais me targuer d'être plus discret et surtout, plus humain, mais c'était des choses que je gardais pour moi, et d'ailleurs, de manière générale, Stephen parlait pour deux alors je pouvais garder un certain nombre de choses pour moi. Mais cela ne me dérangeait pas ou ne me frustrait pas : je n'aimais pas spécialement parler ou m'épandre sur tout et n'importe quoi; il était le poids qui maintenait ma balance à l'équilibre et tout allait très bien comme ça.

Le problème, c'est que Stephen avait commencé à m'agacer. Et j'en savais pertinemment la cause : mon histoire avec Taylord. Inutile d'y revenir en détails, mais j'avais sans doute mal agi de mon côté en le délaissant, et il avait mal agi et aussi, et tout s'était engrené et nous avions été en froid, moi parce que je lui en voulais d'avoir choisi le camp de Taylord alors que j'avais espéré qu'il se rangerait à mes côtés, comme un frère, et lui parce que j'avais été plus intime avec Taylord qu'il ne l'était, ou bien que je lui avais volé. Qu'importe; la page s'était tournée. Nous nous étions pardonné... Enfin, je crois.

Il y avait toujours ces petits moments où ses gestes m'horripilaient, quand par exemple il se lançait dans un grand monologue destiné uniquement à éclairer ses propres pensées et que moi je m'évertuais à écrire un devoir très compliqué, qui par-dessus cela n'avait rien à voir avec ce dont il parlait. Mais l'habitude, et parce que je savais qu'on ne le changerait pas, m'empêchait de lui en faire la remarque. Et puis, je me concentrais un peu plus, et tant pis. Il était comme ça : explosif, magnétique, toujours en ébullition, parce que son intellect fonctionnait de la vitesse des choses. Moi c'était l'inverse, le calme et la sérénité m'inspirait d'avantage. A mi-chemin, il y avait notre amitié, paradoxale mais pourtant dans la logique de l'univers - le noir et le blanc, le yin et le yang, l'eau et le feu.

Sauf que ces petits moments s'accumulaient de plus en plus, et que depuis que nous étions redevenus amis comme avant, très souvent ensemble, ces petits poches s'emmagasinaient et s'emmagasinaient et lui comme nous nous gardions bien d'en crever l'abcès. Lui parce qu'il ne s'en rendait pas compte - si Sherlock Holmes ignorait totalement tout de l'astronomie, des planètes et du système solaire, Stephen lui ignorait beaucoup de choses dans tout ce qui touchait de près ou de loin aux relations humaines ou sociales. Ce qui n'était pas mon cas. Moi, je voulais juste éviter la catastrophe, le froisser, tout briser, parce que sur un coup de tête nous pouvions nous dire les pires horreurs du monde. Je n'étais pas aveugle : plus nous attendions, pire serait la suite. Mais sans doute plaçai-je un certain espoir en nous, parce que j'avais pour Stephen une réelle amitié, une amitié fraternelle, moi qui avait tant de frères et sœurs et qui sans doute n'étais pas aussi proche de certains d'entre eux que je l'étais de Stephen.

Nous étions, en cette fin d'après-midi là, comme souvent hors de l'agitation de la salle commune, seuls dans le dortoir, à finir nos devoirs... Enfin. Moi, je peaufinais mon étude sur la Potion de Régénération Sanguine et j'avais un peu de mal à tout ce qui touchait ses effets secondaires, car ils ne coïncidaient pas tous selon les ouvrages auxquels je me référais. J'étais donc tout à mon travail, après avoir fait monté un plateau de thé - et souris au regard amusé de Stephen qui riait toujours de ma manière ponctuelle et quotidienne d'en boire, mais j'aimais réellement cela - et m'être installé sur mon lit. Je l'oubliai pendant tout ce temps, le remerciant silencieusement de ne pas parler seul comme il le faisait souvent.

– C'est l'heure de descendre dîner, dit-il après s'être redressé sur son lit, voisin au mien.

J'émis un un son entre mes lèvres pour toute réponse, les sourcils froncés, concentré à l'ouvrage, sans lever les yeux. Je voulais au moins terminer d'écrire ce paragraphe, sans quoi j'allais perdre le bout du fil de mes pensées, ce qui serait plutôt fâcheux car ce n'était pas un bout que l'on retrouvait si facilement quand mes pensées prenaient la forme de centaines de pelotes de laine emmêlées les unes aux autres.


- Deux minutes, répondis-je du bout des lèvres, et je savais qu'il comprendrait que j'avais juste besoin d'un peu de temps. Et puis, rien ne pressait.


– Passe-moi mes chaussures s'il te plaît, elles sont à côté de toi.

Il avait bondi, déjà, n'écoutant que lui, comme à l'habitude, et me demandai en plus d'agir pour lui, comme à l'habitude. Je ne retins pas un soupir d'agacement - bien plus prononcé que je l'aurais voulu - et posai ma plume, répondant à son ordre. J'allais lui donner ses chaussures et lui demander de me laisser encore quelques minutes, passant outre le fait qu'il ne faisait pas toujours attention à ce que je faisais moi, et qu'il pouvait rester encore quelques minutes à rêvasser si ça lui chantait alors que moi j'avais un devoir à finir. Au lieu de ça, je m'entendis dire :

- Stephen, elles sont aussi près de toi que de moi, tu peux les prendre toi-même. Et puis, pourquoi agis-tu toujours comme ça avec moi? Parfois, on dirait que je suis seulement ton ombre, à tes yeux. Tu t'en rends compte?

Par Merlin!... Les mots avaient jailli de ma bouche comme si quelqu'un en tirait la corde, alors que pour rien au monde je n'avais voulu les prononcer! Et pourtant dans ma gorge c'était comme si quelqu'un les dictait, et qui plus est, ils étaient justes... J'avais parlé sans hausser le ton, sans colère, sans méchanceté; mes pensées avaient juste, un instant, pris le pas sur ma raison. Il n'y avait qu'une seule explication possible : Stephen. Stephen et sa manie de tester tout ce qu'il inventait sur les autres, sur ses proches évidemment parce que c'était plus simple, et sans leur dire car ils n'auraient certainement pas dit oui, bien entendu.


- Qu'est-ce que tu as encore fait? demandai-je d'un air las.

Stephen était brillant. Mais le côtoyer tous les jours n'était pas aussi reposant qu'une promenade du dimanche.
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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeJeu 31 Mai - 1:27

J'avais depuis toujours beaucoup d'estime pour Scott. Je me sentais en marge de la plupart des garçons de mon âge car, sans vouloir les offenser, ce sont des idiots. Scott, d'un autre côté, était différent par sa sensibilité et l'amitié sincère qu'il manifestait – son intelligence n'avait rien d'extraordinaire mais elle n'entravait pas ses relations avec les autres, ou bien seulement dans une moindre mesure. Je pouvais le dire, Scott était un ami. Mais ces derniers temps, rien n'était simple, et les choses étaient… tendues, entre nous. Je lui cachais trop de choses, sans doute, pour ne pas tenter le destin. D'abord Wayland, et maintenant Taylord… Oui, j'étais au courant. Non, elle ne m'avait rien dit. Seulement, je la connaissais bien… Et franchement, il n'était pas besoin d'être aussi fin observateur que moi pour comprendre la situation.

Je sais ce que vous allez dire. Et alors ? Pourquoi n'étais-je pas encore aller régler son compte à Carlton devant toute l'école réunie pour lui apprendre à briser le cœur de ma meilleure amie ? Alors mettons les choses au clair : nous – n'étions – PAS les personnages d'une série romantique bas-budget pour pré-adolescentes mal dans leur peau. Ce qui se passait entre Carton et Taylord, c'était leurs problèmes, j'avais enfin fini par comprendre ça. Et, bien que je souhaitasse sans hésiter au premier d'aller se faire mettre par le calamar géant, ce qui m'importait avant tout était le bien-être de la seconde. Taylord était détruite, et croyait sans doute ne pas pouvoir se relever après un coup pareil ; mon travail était désormais d'y croire pour elle.

Enfin, ce n'était pas comme si je ne l'avais pas vu venir. Ma colère, je l'avais déjà laissée tomber sur Carlton, ce fameux jour à la Tête du Sanglier. J'avais vu clair dans son jeu, lui avais montré sa vraie nature. Je l'avais avertis, avec l'espoir que peut-être cet avertissement (que Taylord refusait d'entendre) l'écarterait à temps du chemin qui le mènerait, inéluctablement, à sa perte. Plus exactement, à la perte de Taylord elle-même. Elle n'était pas la seule à souffrir dans cette histoire. Oh, Carlton était doué pour faire croire à qui voulait l'entendre combien il était insensible. C'était même ainsi qu'il se trahissait. Une personne insensible, réellement insensible, sait qu'il ne s'agit pas d'une force mais d'une faiblesse. Croyez-moi.

Maintenant, il avait manqué de courage, et tout ce que je ressentais à son égard était une profonde déception. A quoi sert un Gryffondor s'il n'est pas capable de faire ce qu'il est censé faire de mieux ?

Mais oublions tout cela. Ces histoires me fatiguaient, pour ne rien vous cacher. Je ne voulais plus y penser.

Malheureusement, j'étais sur le point d'apprendre qu'on ne peut fuir à jamais ses problèmes et que, tôt ou tard, ils finissent par nous rattraper d'une manière ou d'une autre.

A ma demande, Scott se redressa enfin, et si tout dans son expression indiquait qu'il allait se pencher et m'envoyer les chaussures qui traînaient entre son lit et le mien, il n'en fit pourtant rien. Au lieu de ça, il se mit à déclamer, les mots s'enchaînant à la suite des autres comme rarement ils le faisaient dans sa bouche :

– Stephen, elles sont aussi près de toi que de moi, tu peux les prendre toi-même. Et puis, pourquoi agis-tu toujours comme ça avec moi ? Parfois on dirait que je suis seulement ton ombre, à tes yeux. Tu t'en rends compte ?

Nous échangeâmes un regard tout aussi stupéfait. A l'évidence, il n'avait jamais voulu prononcer ces mots. Ce qui voulait dire que quelque chose l'y forçait – ce qui voulait dire…
… bouse.

– Oui, répondis-je malgré moi (oh bon sang, j'étais touché moi aussi !! le thé, ça devait être le thé), mais je ne peux pas m'en empêcher.

Oups, voilà qui n'allait pas arranger nos rapports.

– Qu'est-ce que tu as encore fait ? soupira Scott.

En d'autres circonstances, son air blasé eut été comique.

– Veritaserum, avouai-je (j'était bien obligé). Il devait être dans le thé. Mais ce n'est pas moi qui l'y ai mis ! Crois-moi, je ne te mentirais pas, ajoutai-je, osant un petit sourire timide.

Qu'il ne me rendit pas.
D'accord… première tentative pour me faire pardonner : échec. Bien. Essayons encore…

– Ce n'est pas si grave. Les effets durent une heure, tout ce que nous avons à faire c'est nous séparer avant que je me mette à dire que je trouve ton pantalon laid.

Je me répète : oups.

– Ce n'était pas une figure de style, ajoutai-je, ayant voulu dire l'exact inverse pour me rattraper. Je le trouve vraiment hideux… Bon sang !

Je retombai sur le lit, une main posée sur ma bouche pour m'empêcher de déblatérer encore tout et n'importe quoi. J'avais déjà tendance à parler à tort et à travers dans ma vie de tous les jours, alors sous Veritaserum ?? Je réalisais à quel point la situation était périlleuse, spécialement en la présence d'un ami comme Scott. Qui pouvait dire comment il réagirait en apprenant tout ce que je savais (et je ne savais heureusement pas tout) de la situation entre Carlton et son grand amour perdu ? Je me haïrais de trahir la confiance de Taylord à ce stade, surtout après ce qui s'était passé au cours de notre retenue (merlin, « retenue », c'était bien le cas de le dire !). Et si je venais à lui parler de Wayland ?

Orgueilleux que j'étais, il ne me vint pas une seconde à l'idée que Scott lui-même détenait peut-être des secrets inconfortables – et que j'aurais pu lui tirer les vers du nez. Lui en revanche, allait faire preuve d'une ruse qui, dans un premier temps, me dépasserait… Mais pour l'instant je pensais encore pouvoir empêcher le mal de se produire.

– Je vais m'enfermer dans la salle de bain, annonçai-je en me levant une seconde fois, en attendant que les effets se dissipent.
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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeVen 1 Juin - 16:09

Que pensait Stephen de moi?

Cette question, je ne me la posais jamais. Parce que j'en connaissais la réponse, et j'avais bien trop peur de me l'avouer clairement.

Pourtant elle planait toujours, surtout dans les moments un peu tendus qu'il nous arrivait de connaître. Ce n'était pas parce que je ravalais ma rancœur et mon agacement quand il se montrait insupportable - quand il était lui-même - que je n'étais pas capable de me dire que Stephen Fray n'était pas ce Dieu qu'il voulait paraître. Il était humain, et c'était d'ailleurs cela qui, à mes yeux, faisait sa force. Parce qu'il croyait peut-être qu'il était une machine réglée à la perfection, que les émotions auraient empêché d'être au maximum de ses performances, il trompait tout le monde, et lui-même peut-être dans le lot, sauf moi. Je le connaissais assez pour connaître ses petites failles, si infimes soient elles, car il les gardait bien cachées. D'un autre côté, c'était rassurant : un ami comme ça ne peut que vous tirer vers le haut, parce qu'il était toujours brillant, toujours perspicace, il avait toujours raison, il détenait toujours les clés de tout. J'aimais, évidemment, cette sûreté qu'il m'apportait. Et si moi-même je n'étais pas le dernier des imbéciles et que j'étais plus intelligent que la moyenne, Stephen avait quand même cette emprise sur moi, parce qu'il y avait toujours ce petit moment où je le sentais... supérieur. Pas écrasant mais... meneur. Comme un idéal qui me poussait à m'affranchir, à dépasser mes limites. Stephen me tirait vers le haut. Stephen comptait pour moi bien plus que je ne comptais pour lui, je crois. Parce que si nous étions très souvent fourrés ensemble, je savais que j'étais le second dont a toujours besoin pour briller, celui qui aquiesçait ses monologues, qui lui apportait juste les informations qui llui manquaient parfois et qui était quand même brillant lui aussi pour impressionner d'avantage la galerie. Mais j'aurais menti si j'avais affirmé que ce rôle ne m'allait pas. Je n'étais pas spécialement adepte de la scène et de la popularité, et vivre dans l'ombre de quelqu'un pour qui j'avais une réelle affection n'était pas contre mes valeurs. Il me permettait d'exister de mon côté, et j'étais bien tranquille de la sorte.

Mais au fond, est-ce que moi je n'accordais pas bien plus d'importance à Stephen que l'inverse? Ces moments où il était le pire de lui-même le prouvaient, tout comme la façon dont parfois il se comportait comme si je n'étais qu'un vulgaire page qui lui rendait volontiers quelques loyaux services. Loyal et dévoué, oui, je l'étais. Asservi, certainement pas. Ou du moins... de moins en moins.

C'était quand il avait "choisi" Taylord plutôt que moi que j'avais compris cet écart, ce très léger fossé qui était juste là pour me dire : vous n'êtes pas sur un pied d'égalité. J'avais ressenti la trahison, pour la deuxième fois dans cette histoire. Taylord avait choisi Chuck Carlton plutôt que moi. Stephen avait choisi Taylord plutôt que moi, au lieu de me soutenir contre Carlton. Et cela, je ne l'avais pas exprimé clairement, mais cela nous avait séparés et encore aujourd'hui j'avais du mal à l'oublier. Stephen me devait bien ça, je ne pouvais m'empêcher de me le répéter en boucle : il me devait
au moins ça.

Partagé entre la surprise et la lassitude, quand je croisai son regard pourtant il me paru clairement qu'il était aussi étonné que moi, et que cet étrange échange que nous venions d'avoir, s'il n'avait rien de naturel, n'était apparemment pas de sa faute. Il ne me fallu pas longtemps pour comprendre. Les rouages de mon cerveau fonctionnaient ainsi, quelques mots et quelques impressions suffisaient - aveux forcés, sensation de ne pas pouvoir résister, fluidité et obligation dans les paroles : Veritaserum. Les effets étaient exactement semblables à ceux décrits sur le papier. Je vis la théière dans mon angle de vision : il fallait un liquide et nous avions bu la même chose. Nous étions dans le même bateau.
Stephen comprit de la même façon.


– Veritaserum. Il devait être dans le thé. Mais ce n'est pas moi qui l'y ai mis ! Crois-moi, je ne te mentirais pas, mais son sourire sonnait faux - paradoxalement - parce que Stephen cachait toutes les vérités du monde dans ses grands et beaux discours. Il cachait tout ce qui le concernait lui, intimement, à grands renforts de "moi-je".

Allait-il être sous l'emprise de la potion lui aussi? Il y avait tout à parier, car à moins que quelqu'un aie mis des gouttes dans ma tasse, c'était la théière la fautive. Si j'étais le seul, Stephen était définitivement coupable. Dans le cas contraire, le mystère restait entier (et il est ailleurs inutile de vous creuser la cervelle plus longtemps car nous-même nous ne le résoudrions jamais). En tout cas, les effets duraient une heure. Une heure donc à démêler le vrai du faux... Et si c'était le moment où jamais...


– Ce n'est pas si grave. Les effets durent une heure, tout ce que nous avons à faire c'est nous séparer avant que je me mette à dire que je trouve ton pantalon laid.

... Je baissai la tête vers le dit pantalon, ce même pantalon que je mettais assez souvent et dont jamais personne ne m'avait parlé plus que de coutume lorsqu'il s'agit d'un pantalon. Et puis qu'avait-il de laid, ce pantalon? Les rayures perturbaient donc l'esprit si bien quadrillé de Stephen?

Je crois que ce ne fut pas la véracité ou pas de ses propos qui m'agaça, mais le fait même que ce soit la seul chose qu'il eut à me dire. Que la seule chose qui se rattachait à la vérité à mon sujet fut
mon pantalon.

- Je n'ai rien à craindre de la vérité, répondis-je, guindé, blessé de l'attitude de mon ami que, de moins en moins, j'arrivais à supporter sereinement.


– Ce n'était pas une figure de style. Je le trouve vraiment hideux… Bon sang !

Je ne cillai pas, toujours assis sur mon lit. Il en fit de même, la main théâtralement plaquée sur sa bouche. Je le dévisageai sans mot dire, et je m'en serais presque haï, mais j'en viens à ressentir de la colère contre ces traits que je connaissais bien, contre ces cheveux savamment ébouriffés, et ces yeux vifs comme l'éclair.

– Je vais m'enfermer dans la salle de bain - il se leva - en attendant que les effets se dissipent.

Cette sinuosité ne m'allait pas. D'un geste léger, j'attrapai ma baguette, la pointait dans mon dos sans me retourner, et ne desserrai pas les lèvres mais mon sort alla se ficher en plein dans la dite porte de la salle de bain, qui se claqua toute seule et se verrouilla. Puis, je laissai retomber ma baguette sur mon dessus de lit, et seulement, je tournai la tête vers Stephen qui avait fait quelques pas en avant. Oh, à n'en pas douter, un sort de sa part annulerait le mien car je n'avais rien utilisé d'élaboré. Je voulais juste produire mon petit effet, pas le défier. Car il pouvait se targuer de maîtriser la magie, il ne maîtriser pas pour autant l'humanité des choses et ce sort de verrouillage n'impliquait rien d'autre que le fait que je m'exprimais et que je lui disais : je ne suis pas d'accord.

- Pourquoi tu fuis, Stephen? Je suis ton ami, enfin, je le crois. Tu as donc tant de secrets que ça à me cacher?

Cette sensation de toute-puissance me fit un bien fou, car elle était rare face à lui, et si mon but n'était pas de posséder les gens de cette façon car ce n'était pas normal, c'était comme un pied de nez après tout ce qu'il m'avait subir. Qu'il me pardonne, je n'allais pas laisser passer cette occasion.

- D'ailleurs, qu'est-ce que tu trafiques ces derniers temps, pourquoi te vois-je de moins en moins? Où et avec qui te caches-tu? Pourquoi?

C'était d'une simplicité presque éblouissante. Calmement, je me tournai complètement vers lui, m'installant un peu plus au bout du lit. Quoi qu'il fasse, les mots allaient de toute façon surgir de sa bouche et je me rendis compte que pour la première fois j'allais apprendre quelque chose de réellement propre à Stephen. Je ressentis moins de satisfaction que je ne l'aurais voulu car une pointe de regret s'y ajouta : mon ami en savait définitivement bien plus sur moi que je n'avais jamais pu en apprendre sur lui.
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Stephen Fray


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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeSam 2 Juin - 19:20


Clic-clac ! Le petit bruit sec que fit le verrou de la porte en s'actionnant, barrant ma retraite vers la salle de bains, fit courir un frisson le long de mon échine. Je me figeai, ramenant vers moi mon bras qui s'était tendu vers la poignée.
(trop tard)
Il ne s'était pas écoulé une minute depuis l'étrange discours de Scott sur mes chaussures ; j'avais espéré être plus rapide (et en toute légitimité, j'aurais dû l'être). Sauf que je n'avais pas n'importe qui en face de moi, mais Scott McBeth. En un instant, nos esprits avaient tout calculé – ce qui se passait, ce que cela signifiait, comment en tirer partie. Et si j'avais négligé ce dernier aspect, il semblait avoir, à l'inverse, frappé Scott comme la foudre. Mon regard se posa sur sa forme, sereine et immobile, toujours tranquillement installée sur le lit. Il leva la tête à son tour pour me dévisager, et il n'y avait rien du gentil Scott que je connaissais dans ces yeux là. Aucune faiblesse, aucune hésitation, et je sentis comme par contraste les muscles de mon visage se crisper ; j'avais peur soudain – je la ressentais, au sens physique du terme, plus que je ne l'avais jamais ressentie jusqu'à présent. C'était comme si, à la place de mon ami, j'avais en face de moi Candy, avec ses yeux vides et son abominable silence. Je savais ce qu'ils voulaient dire.
Pas de pitié.

– Scott… soufflai-je, mais mon avertissement muta en une prière qui ne l'adoucit pas, bien au contraire.
– Pourquoi tu fuis, Stephen ? demanda-t-il simplement, sans excès de voix. Je suis ton ami, enfin, je le crois.
– Si tu es vraiment mon ami, déverrouille cette porte.
– Tu as donc tant de secrets que ça à me cacher ?

A l'instant même où il eut fini sa phrase, une autre voix sembla s'élever dans la mienne. Répétant encore et encore et encore l'interrogation posée quelques secondes plus tôt. Elle tournait dans ma tête et, instinctivement je pressai une main sur mon front pour tenter de la chasser ; mais il semblait que rien ne pouvait la faire disparaître. C'était comme si j'étais au milieu d'un terrain de Quidditch et que tous les supporters me criaient la même chose en même temps. Il n'y avait pas d'échappatoire. J'avais déjà testé des potions sur moi-même (contrairement à ce qu'on pourrait penser je ne me servais pas systématiquement du Chat comme cobaye) mais j'avais encore je n'avais été confronté à une magie aussi puissante. Je réalisai pourquoi le Veritaserum était classé parmi les potions les plus dangereuses – l'effet était le même que si l'on m'avait jeté le sortilège impardonnable de l'imperium. C'était mal, Scott devait le savoir si j'étais moi-même capable de m'en rendre compte. Cependant il ne flanchait pas.

– Je… J'ai… Oui, balbutiai-je, incapable de me retenir. Ça suffit maintenant, arrête ça !
– D'ailleurs, qu'est-ce que tu trafiques ces derniers temps ?


Non.

Je serrai les dents et plaquai à nouveau mes mains sur ma bouche pour m'empêcher de parler, essayant d'écarter la réponse à cette question qui infectait déjà mes pensées en temps normal mais qui, sur le moment, semblait être la seule chose à laquelle j'étais capable de réfléchir. Les derniers moments passés avec Wayland se succédaient dans ma tête, tout me revenait en boucle, les sensations, les couleurs, nos paroles échangées, murmurées, les insultes et les rires, dans la lumière bleue du matin ou dans celle pourpre du soir – tout cela m'appartenait (nous appartenait, compris-je soudain, à elle et à moi). La colère que je ressentis à l'égard de Scott me permit de tenir bon et je me concentrai sur son expression impassible. Je le détestais, je haïssais cet acharnement à vouloir toujours se mêler de ce qui ne le regardait pas.

– Pourquoi te vois-je de moins en moins ?

D'abord Taylord, maintenant moi ! Combien de fois avais-je du supporter sa jalousie maladive, pas seulement envers Carlton, même du temps où il ne lui avait pas ravi Taylord, mais envers moi ! Car j'avais toujours eu cette relation privilégiée avec elle, j'étais son ami, je savais comment lui parler, et lui s'y prenait toujours si mal, avec son optimisme débordant et nauséeux,
(continue Stephen, ne t'arrête pas)
rien d'étonnant qu'elle l'aie laissé tomber pour Chuck, il était si ordinaire, si ennuyeux, si…

– Où et avec qui te caches-tu ?

J'avais à peine conscience d'avoir fermé les yeux et de m'être tourné vers le mur, comme pour me protéger de sa présence. Vite, vite, songeai-je, réfléchis ! Ou étaient mes réflexes quand j'en avais besoin ? La partie la plus logique et insensible de mon cerveau se réveilla. Ta baguette, récupère ta baguette ! Non, il lui suffit d'un sort d'attraction pour l'atteindre avant moi. Sors par la porte du dortoir, tu pourras te réfugier ailleurs ! Il la fermera aussi. Pose lui des questions toi-même ! Il sera forcé d'y répondre et cessera de te harceler.
J'ouvris la bouche pour dire quelque chose, n'importe quoi qui aurait pu le déconcentrer et me faire gagner du temps – mais mes lèvres ne semblaient capables de prononcer qu'un seul mot, ce mot que j'avais tant de fois failli laisser échapper et qui semblait cette fois déterminer à sortir.

– Pourquoi ? martela Scott une dernière fois.
– WAYLAND ! lâchai-je enfin malgré moi, vaincu par la magie de la potion.
La fille de la directrice, j'ai eu des rapports sexuels avec elle, à multiples reprises, je ne sais même pas combien de fois au juste, n'importe où et n'importe quand et n'importe comment, on ne fait que ça et c'est fantastique, voilà, satisfait ???

Je ne pouvais pas croire ce qui sortait de ma bouche et pourtant je ne pouvais pas m'arrêter, et l'expression choquée de Scott me confirmait que tout cela était bien réel et que j'avais bel et bien fini par craquer. Mais la pression sur mon cerveau avait disparu, et si j'avais été hébété quelques secondes, à présent je n'étais plus habité que par un seul sentiment : l'incroyable fureur que je ressentais à l'égard de Scott. Jamais, même face à Wayland, même envers Carlton, n'avais-je ressenti cela – c'était une colère indicible. Il m'avait forcé à me révéler et je me sentais souillé, violé dans mon intimité à un degré de violence bien plus élevé que je n'aurais jamais pu l'imaginer. Pire encore, il avait trahi ma confiance, moi qui avait toujours perçu Scott comme la personne sur laquelle je pourrais toujours compter, qui serait toujours là pour me soutenir, contrairement à Taylord qui avait malheureusement souvent la tête ailleurs. Et voilà que, à la première occasion venue, il tirait avantage de la situation, et pour quoi au juste, quel intérêt avait-il à connaître une partie de ma vie que je tenais à conserver secrète ? Pour se sentir supérieur ?

– Eh bien, sifflai-je, comme il s'entêtait dans son silence, le petit McBeth a reçu un sacré choc, on dirait ! Peut-être parce qu'il a du mal à encaisser le fait que tous ses amis aient une vie sociale, même Stephen, ce grand ignare en relations ? Oh, mais j'oubliais : ce n'est pas de ta faute, c'est juste que tu ne t'es toujours pas remis de Taylord. Ah ça, décidément, tu l'aimes, Tay-Tay !

Je marquai une pause, toisant mon ami – le serait-il encore après cela ? J'en doutais.

– Et pourtant, tu avais l'air plutôt bien remis, le jour où tu es rentré dans le dortoir à l'aube, une semaine seulement après que vous ayez rompu, avec l'odeur de Haley Collins partout sur tes vêtements, complétai-je, mauvais. Dis-moi, est-ce qu'elle est aussi ingénue que Carlton le répète ? Je pensais que tu aurais au moins la décence de l'emmener au Bal, du coup, mais il faut croire qu'elle n'était pas assez bonne pour le public, pas vrai ? Lilian Easter, la coqueluche de l'école, l'ex de Carlton qui plus est, c'était nettement plus attrayant, ironisai-je. Alors, qui est l'élue de ton cœur, Scott ?

S'il fallait jouer la carte de l'honnêteté, autant aller jusqu'au bout.
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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeJeu 7 Juin - 22:06

- Scott... Si tu es vraiment mon ami, déverrouille cette porte.

Quelle ironie qu'il prononce lui-même ce terme, alors que des deux, j'étais et de loin celui qui se rapprochait le plus du réel sens d'"ami". Avait-il déjà écouté mes peines, mes doutes? Avait-il partagé ma joie quand j'étais sorti avec Taylord? Non, Stephen avait tant d'autres occupations que de s'occuper des amourettes des jeunes de son âge, qu'il en allait jusqu'à en oublier parfois d'aller se nourrir pour faire aboutir ses si brillantes petites expériences. Je l'avais toujours admiré pour ses talents, son acharnement, son intelligence. Pourquoi ne me le rendait-il pas? Pourquoi ne m'admirait-il pas en retour? Pourquoi ne respectait-il pas mes différences? Pourquoi ne pouvait-il pas juste, de temps en temps, comprendre que j'avais besoin de lui alors que notre relation n'était qu'à sens unique? Me rendre compte qu'il y avait un réel problème dans cette amitié mal équilibrée me blessait au plus profond de moi. Malgré, tout je tenais trop à Stephen pour être capable de l'envoyer définitivement promener, et ma propre lâcheté me ferrait dans ce piège dont je consolidais moi-même les murs.

Pourtant je respectais tellement sa différence, toutes ses manies qui faisaient croire qu'il était bourré de défauts, alors que moi je savais très bien qu'il avait une façon autre de voir les choses. Au fond, il n'était pas méchant. Il avait tracé son propre chemin, là où moi je le cherchais encore. Qui pouvait lui reprocher? Il était peut-être le moins adolescent d'entre nous, d'un certain côté. Mais là, dans notre dortoir que nous partagions depuis six ans, je compris que l'immaturité d'une certaine partie de lui l'empêchait d'avancer, et je crois qu'il ne s'en rendait même pas compte.

Il se passa quelques secondes alors que je le dévisageai, tranquillement installé sur mon lit en tailleur et que lui me dévisageai, debout, prêt à marcher, prêt à rebrousser chemin. Il n'aimait pas parce que la situation lui échappait. Et pour la première fois, c'était moi qui en récupérai les rênes. Je n'étais pas certain d'où cela allait nous mener, mais lorsqu'on mène une calèche, on ne peut pas faire marche-arrière. C'était trop tard. Je ne retins pas mes questions et le pressai, encore et encore - il résistait - mais moi aussi tout coulait tellement de mes lèvres, je voulais savoir, je voulais savoir, et tout était tellement simple, il suffisait de demander!...


– WAYLAND ! La fille de la directrice, j'ai eu des rapports sexuels avec elle, à multiples reprises, je ne sais même pas combien de fois au juste, n'importe où et n'importe quand et n'importe comment, on ne fait que ça et c'est fantastique, voilà, satisfait ???

J'aurais voulu lui faire croire que je m'y attendais, je ne pus cacher mon étonnement, et je me sentis un peu mal quand il sembla exploser. Il était en colère. Contre moi. Cela ne nous était jamais arrivé. Même avec l'histoire de Taylord... C'était froid, c'était poli, mais cette expression sur ses traits qui montrait clairement qu'il était fâché, qu'il m'en voulait?...

Wayland - évidemment. Wayland qu'il ne cessait de critiquer, qu'il ne voyait pas dans les couloirs, et elle qui devait en faire de même. Je ne lui en parlais pas parce qu'il ne voulait pas et qu'il détournait le sujet habilement à chaque fois, mais il se passait quelque chose sous cette détestation mutuelle. Quoi? Je n'en savais trop rien, et puis, elle, je ne la connaissais pas. D'ailleurs, qui la connaissait? Elle était... bizarre.

Mais, dans tout ça, le problème résultait dans le seul et unique fait qu'il ne m'avait rien dit. Jamais. Alors, il couchait avec elle. Et souvent. Voilà pourquoi je ne le trouvais jamais, ces derniers temps. Il aurait au moins pu me le dire. On partage cela avec ses amis, non?...

... Stephen avait-il des amis?


– Eh bien, le petit McBeth a reçu un sacré choc, on dirait ! Peut-être parce qu'il a du mal à encaisser le fait que tous ses amis aient une vie sociale, même Stephen, ce grand ignare en relations ? Oh, mais j'oubliais : ce n'est pas de ta faute, c'est juste que tu ne t'es toujours pas remis de Taylord. Ah ça, décidément, tu l'aimes, Tay-Tay !

Il était le mien, en tout cas. Parce que je lui avais confié des choses. Et qu'il les utilisait contre moi, très ingénument d'ailleurs. Il savait où et comment faire mal. "Le petit McBeth". Taylord.

- Et tu n'as même pas eu l'élégance de me le dire, pour Lizlor Wayland? Et puis, toi, tu en as des amis, Stephen?...

Tout allait trop vite dans ma tête et dans ma bouche, et les mots s'enchaînaient sans vraiment de logique, et si j'essayais de me retenir, la magie de la potion que nous avions absorbées me poussait en avant, rendait plus légers mes paroles et ma langue qui se déliait avec une aisance sans pareille. Je jaugeai Stephen à mon tour, pris à mon propre piège. Evidemment. Il pouvait en faire de même, fouiller dans mon esprit, gratter les petits secrets. Car j'en avais - je ne pouvais pas être de mauvaise foi. Sauf que moi, ceux que j'avais, c'était parce que je ne pouvais pas lui dire, parce que je ne voulais pas le blesser ou paraître pour un idiot jaloux. Lui, ses secrets il les gardait pour lui, juste parce que jamais cela ne lui serait venu de partager quelque chose avec quelqu'un. Même avec son ami. Même avec moi.

– Et pourtant, tu avais l'air plutôt bien remis, le jour où tu es rentré dans le dortoir à l'aube, une semaine seulement après que vous ayez rompu, avec l'odeur de Haley Collins partout sur tes vêtements. Dis-moi, est-ce qu'elle est aussi ingénue que Carlton le répète ?

... A ces mots, au prénom d'Haley, à la façon dont Stephen parlait d'elle et puis à ce nom, Carlton, cette trahison finale, je me levai, enjambant l'arrière de mon lit pour me retrouver debout face à Stephen. Je fronçai les sourcils, ne sachant que faire. Mais je me sentais amer. Agacé.

- Je pensais que tu aurais au moins la décence de l'emmener au Bal, du coup, mais il faut croire qu'elle n'était pas assez bonne pour le public, pas vrai ? Lilian Easter, la coqueluche de l'école, l'ex de Carlton qui plus est, c'était nettement plus attrayant. Alors, qui est l'élue de ton cœur, Scott ?

Je pinçai les lèvres, je baissai les yeux. Il fallait absolument que je lutte contre cette magie, et ce n'était pas en m'excitant que j'allais trouver le calme et la force nécessaire pour le faire. Je voulais répondes à ses accusations ignobles et blessantes - pour moi aussi pour Haley, pour Lilian - sans déverser toutes mes pensées en vrac et sans l'accuser de plein fouet, je n'avais qu'à respirer calmement, retenir ma langue et...

- Ah, tu aimerais bien le savoir hein? Mais tu ne le sais pas. Etrange, non? Pourtant, je t'ai confié beaucoup de choses, je t'ai fait part de mes petits secrets. Et pas celui là? Et tu sais pourquoi, Stephen? Parce que tu ne m'écoutes pas. Parce que tu ne fais pas attention. Tu ne fais attention à rien sauf à toi. Tu n'as pas pensé à moi un seul instant en prenant le parti de Taylord. Son parti à lui. Vous vous faites des petites soirées tous les trois, Carlton, elle et toi, maintenant? Bien sûr que je l'aime encore, puisque tu me le demandes, mais tu ne crois pas que tu aurais pu t'en inquiéter plus tôt?

... respirer, se retenir!

- De toute façon le malheur des autres, ça t'es bien égal. Figure toi que moi, ça me préoccupe. Laisse Haley tranquille. Et si je l'ai embrassée, c'est mon affaire.

... Oh, non...

- Tu ne comprends rien à rien, repris-je, énervé de moi, de lui, de cette potion plus forte que nous, Lilian est mon amie et on partage la même histoire. Nos ex sont ensemble, tu es au courant? Ah, mais non, j'oubliais! Tu es bien trop occupé à coucher avec la fille de la directrice!

Je portai la main à ma bouche pour me faire taire, jetant un regard désespéré à Stephen, comme si je lui demandais de l'aide.

- Je pensais être ton ami. Tu as tout cassé, parce que tu te fiches de tout. Elle le sait, Lizlor, que tu n'en as rien à faire d'elle? Je devrais peut-être lui dire, tu ne crois pas? Les gens qui s'attachent à toi ont des idées bien étranges. Parce que ce n'est jamais réciproque. N'est-ce pas?

Cette vérité là... Je ne voulais pas l'entendre.
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Stephen Fray


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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeSam 9 Juin - 0:46

Et voilà que ça recommençait. Certes, je pouvais mettre mon état sur le compte du Veritaserum, pour cette fois. Mais cela ne changeait rien au sentiment de sourde panique que je sentais se former en moi. Carlton, Wayland, Taylord, et maintenant Scott. J'étais bon attaquant, ça oui. Je variais les armes et les manipulais avec aisance. Contre Scott, nul besoin d'utiliser ses poings : la violence d'une vérité crachée au visage le marquerait bien plus profondément dans sa chair que n'importe quel coup si brutal fût-il. Il avait toujours eu – et je le savais, car il ne s'en cachait pas, sans pour autant la revendiquer – cette sensibilité de l'homme honnête, que j'admirais beaucoup mais que je ne lui avais jamais envié. Sans doute était-ce pour cela qu'il se montrait si raisonnable, et en même temps, si naïf – outre son histoire avec Taylord, il m'avait accordé sa confiance en me faisant part de certains secrets de son passé, sûr que jamais je ne m'en servirais contre lui. Il avait eu tort.

Quelle déception ce devait être pour lui de s'en rendre compte seulement maintenant ! L'amertume était clairement lisible sur son visage tandis qu'il se levait pour me faire face. Même ainsi, furieux, accusé à tort, il restait digne : je l'avais blessé, et il n'était pas question de me le cacher. Quelque part, cela me remua et j'eus envie de baisser le regard pour ne pas affronter le sien, plein d'incompréhension.

– Ah, tu aimerais bien le savoir hein ? Mais tu ne le sais pas. Etrange, non ? Pourtant, je t'ai confié beaucoup de choses, je t'ai fait part de mes petits secrets. Et pas celui-là ? Et tu sais pourquoi, Stephen ? Parce que tu ne m'écoutes pas. Parce que tu ne fais pas attention. Tu ne fais attention à rien sauf à toi.

Sa voix, qui était restée calme, presque douce jusque là, se mit à trembler légèrement.

– Tu n'as pas pensé à moi un seul instant en prenant le parti de Taylord. Son parti à lui, ajouta-t-il, et jamais je n'avais vu autant de dégoût dans ses yeux qu'à cette seconde où il cracha la syllabe honnie. Vous vous faites des petites soirées tous les trois, Carlton, elle et toi, maintenant ?
– C'est ridicule ! m'insurgeai-je – mais il ne m'écoutait pas.
– Bien sûr que je l'aime encore, puisque tu me le demandes, mais tu ne crois pas que tu aurais pu t'en inquiéter plus tôt ?
– Elle n'était pas heureuse, Scott, tu sais qu'elle n'était pas heureuse et il n'y avait rien que tu puisses faire pour changer ça.
– De toute façon le malheur des autres, ça t'es bien égal, reprit-il avec aigreur. Figure-toi que moi, ça me préoccupe. Laisse Haley tranquille. Et si je l'ai embrassée, c'est mon affaire.

Un silence de plomb suivit ces paroles. Pour la première fois depuis le début de cette conversation, je baissai brièvement les yeux sur le sol, hochant la tête. Ainsi donc, c'était vrai. Pas que je ne m'en fus pas douté. Renouant le contact visuel j'adressai à Scott un petit sourire ironique.

– Au moins c'est clair. J'imagine que la suite a dû la décevoir…
– Tu ne comprends rien à rien,
s'énerva Scott. Lilian est mon amie et on partage la même histoire. Nos ex sont ensemble, tu es au courant ? Ah, mais non, j'oubliais ! Tu es bien trop occupé à coucher avec la fille de la directrice !
– Ne la mêle pas à ça !
grondai-je, ma colère reprenant instantanément le dessus.

Son regard désolé n'éveilla aucune compassion en moi ; pas lorsqu'il se servait de Wayland, de cette information qu'il m'avait extorqué, contre mon gré, pour m'attaquer.

– Je pensais être ton ami. Tu as tout cassé, parce que tu te fiches de tout. Elle le sait, Lizlor, que tu n'en as rien à faire d'elle ? Je devrais peut-être lui dire, tu ne crois pas ?

Tais-toi. Tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais–

– Les gens qui s'attachent à toi ont des idées bien étranges. Parce que ce n'est jamais réciproque. N'est-ce pas ?
– C'est faux ! éclatai-je.

Ma voix résonna dans le dortoir. Il n'y avait pas un bruit autour de nous, rien provenant du couloir. Tout le monde devait être descendu manger depuis longtemps. Tant mieux. Ainsi personne ne risquait d'entendre notre conversation, attiré par tout le remue-ménage que provoquait nos dispute.

J'éprouvai soudain le besoin de m'asseoir, la tête me tournant – une vraie migraine cette fois, pas comme ces maux de tête qui survenaient de temps à autre depuis mon enfance et correspondaient généralement à mes phases d'ennui et au manque d'activité cérébrale. Ceux-là, je n'avais plus eu à m'en plaindre, plus depuis… le pont. Je m'adossai au mur derrière moi, fermant les yeux pour essayer d'y voir plus clair. Il y avait trop de choses qui se bousculaient dans ma tête à l'instant. Trop de désordre, et les mots s'enchevêtraient et essayaient de franchir mes lèvres tous à la fois.

– Ne mêle pas Lizlor à tout ça, répétai-je. Elle n'a rien à voir avec vos… psychodrames ! C'est pour ça que je n'ai rien dit. Avec elle, tout est si… (j'hésitais sur le mot)… facile. Mais Taylord, et toi, et Carlton, vous tous, vous vous êtes embourbés dans vos histoires et vous m'avez entraîné avec vous. Vous rendez tout ça si compliqué et quoique je fasse je blesse quelqu'un et je ne peux pas… Je ne peux pas penser – je ne peux pas respirer !

Oui, parce que c'est ce que qu'était pour moi la réflexion. Aussi essentielle que l'air qui circule dans les poumons. Si mon cerveau ne fonctionnait pas, je mourais. J'en étais sûr.


– Si je me moquais de tout ça, comme tu l'imagines, tu crois que j'aurais besoin d'elle elle ! parmi tous les élèves de cette école ! – pour conserver un minimum de santé mentale ?

C'était précisément la partie que j'aurais aimé ne pas laisser échapper. Vite, il fallait que j'oriente le flot intarissable de mes paroles vers un autre sujet.

– Je n'ai pris aucun parti. Tout le monde insultait Taylord et la traitait comme une coureuse, je voulais seulement la protéger, je ne voulais pas qu'elle soit seule, insistai-je. Tu crois que j'aurais accepté de boire un verre avec Carlton si ça n'avait pas été pour elle ?

Comme dans un rêve, je vis son visage se décomposer à cette révélation. Jamais, même au sommet de ma colère, je ne lui aurais avoué cet épisode si le Veritaserum ne m'y avait forcé.

– Je n'ai fait que respecter son choix. Ça ne signifie pas que je fasse confiance à Carlton. Je m'inquiète toujours pour elle. Surtout en ce moment. Je sais qu'il s'est passé quelque chose, je le sens, conclus-je à voix basse. Mais elle avait besoin de moi. Toi tu avais tes amis, ta famille. Elle n'avait personne – personne d'autre que lui. On sait très bien comment cette histoire va se finir, même si elle ne veut rien entendre. Tu aurais préféré que je la laisse seule avec lui ? Alors oui, j'ai essayé de le convaincre de la prendre au sérieux. Et j'espère qu'il m'écoutera, même s'il y a peu de chances pour que ça arrive, pour le bien de Taylord. Vas-y, fais-moi un procès !
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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeMer 13 Juin - 19:36

Le sol glissant avait basculé, et nous étions condamnés à y chuter, à un moment où à un autre. Malgré tout, je ne pouvais pas m'empêcher de rester lucide. Il régnait un réel désordre dans mes pensées et dans la façon dont les mots s'organisaient pour me sortir de la bouche, mais au fond, plus la tension montait, plus je sentais les choses clairement et simplement. Il fallait que nous en passions par là, c'était triste à dire, mais inévitable. J'aurais pu laisser couler tout cela, Stephen, ses fantaisies, son manque d'attention, ses défauts comme ses surprenantes qualités. Je l'avais toujours apprécié pour cela, de toute façon. C'était mon choix, ma faute, après tout, n'est-ce pas? Tout en revenait toujours au même point et j'en eus un pincement au coeur. Pourtant, j'essayais de faire les choses bien, j'essayais d'être là pour ceux qui comptaient mais... Taylord, Stephen, ce n'était pas qu'ils ne s'en étaient pas rendus compte, c'était juste qu'ils... avaient trouvé mieux. Parce que, oui, moi j'étais gentil, j'étais serviable, j'étais honnête, irréprochable - c'était toujours ce que l'on disait de moi. Oh, Scott, quel charmant garçon! Il est adorable! Qu'il est gentil, qu'il est attentionné! On peut lui faire confiance! Oui, peut-être. Mais il y avait mieux. Je n'étais pas quelqu'un d'exceptionnel, et si je n'y avais jamais prétendu, me rendre compte que mes amis se détournaient de moi parce que les gens exceptionnels attiraient plus, ce que je comprenais, eh bien... Au fond, cela faisait mal.

Face à Stephen, il ne me restait plus grand chose à faire que de garder cette attitude d'exaspération maladroite. Je devinais malgré le contrôle qu'il gardait sur lui-même, comme d'habitude, comme toujours, comme chaque instant, qu'il était énervé; que ses paroles ne lui allaient pas, que le Veritaserum était plus fort que lui - et il détestait ça -, qu'il ne voulait pas perdre le contrôle et qu'il échouait, qu'il ne supportait pas que je m'élève et que je puisse dire de telles choses. C'était une étincelle qui naissait au milieu d'un champ de blé; le vent portait pour la souffler et qu'elle enflamme tout... Et que le brasier dévore tout. Je ne voulais pas tout cela. Stephen restait Stephen, et je ne me voyais pas à Poudlard sans lui, je ne me voyais pas traîner en salle commune sans lui, suivre les cours sans lui, je ne me voyais même pas ne plus subir ses monologues suffisants et toutes ses petites manies qui faisaient ce qu'il était. Y avait-il du mal à cela? Il était mon ami. Mais j'étais trop loin et je n'étais plus seul sur cette pante glissante; petit à petit, nous dérapions ensemble.

La chute nous laisserait-elle indemnes?

Il parlait et essayait de couper mes mots, mais c'était bien téméraire. Quand bien même j'aurais voulu les étouffer, la potion parlait pour moi, et ma langue se déliait avec une aisance que je ne lui connaissais pas, tandis que mes mots s'échauffaient et frappaient plus fort, de phrase en phrase.


– Elle n'était pas heureuse, Scott, tu sais qu'elle n'était pas heureuse et il n'y avait rien que tu puisses faire pour changer ça.

Je le vrillai du regard pendant quelques instants - tu pensais donc vraiment cela? Je ne suis pas capable de la rendre heureuse? Je suis donc si... Inutile? - mais hélas il avait raison, parce que Taylord serait restée avec moi le cas contraire. Encore une fois, je mesurais dans ses paroles, dans son mépris et ses moqueries qui se basaient hélas sur cette vérité qu'un breuvage magique nous extorquait, que je n'étais pas "assez" pour qu'on m'accorde trop d'importance. J'avais toujours eu du mal à trouver ma place, discret depuis toujours. Je n'avais jamais trop osé faire un pas vers les filles, et Taylord avait été ma première expérience, parce qu'elle était différente, pour moi... Comme pour d'autres. Il n'y avait qu'avec Stephen que je me sentais à ma place, pas sur devant de la scène, mais cette place de second m'allait bien, car elle me permettait de vivre tranquillement comme je l'entendais. Finalement, le premier n'a peut-être pas toujours besoin d'un second, me dis-je amèrement, ou bien seulement pour briller, et ensuite, eh bien... Il le jette?

- Je sais, lâchai-je froidement. Cette remarque m'avait fait me redresser, sèchement. Comme la vérité faisait mal.

Ma contre-attaque involontaire fit mouche également : au nom d'Haley, la température changea sensiblement. A l'évocation de Taylord l'air avait bouilli et s'était échauffé et nous nous regardions avec cet air de lutteurs qui ne nous ressemblait pas; à l'évocation d'Haley les particules d'air se figèrent et j'aurais pu entendre comme un bruit de glace qui prend et craquèle. Je baissai le regard, anéanti de cet aveu, pour elle comme pour moi - et pour elle surtout, car je savais bien qu'elle n'aurait jamais voulu que Stephen en personne soit au courant et... Merlin, j'avais vraiment le don pour tout faire de travers. Que disait-on du chemin vers l'Enfer? Justement. Et moi qui essayais de me nourrir de bonnes intentions et de bonnes actions.


– Au moins c'est clair. J'imagine que la suite a dû la décevoir…

Sans m'en rendre compte je fis un pas vers l'arrière, accusant le coup; je sentis le bout de mon lit derrière mes jambes et je m'arrêtai, figé. C'était comme quand j'étais petit et que les jumelles me faisaient des sales coups et après m'avoir raconté la pire histoire d'horreur me laissait enfermer dans le grenier de Tante Susan; ce sentiment d'atroce abandon et de pur méchanceté, et d'impuissance, de peur, de solitude. Je battis des paupières. Ma bouche était sèche et mes yeux trop humides. Jamais au grand jamais je ne voulais verser une seule larme dans un moment pareille et je mis tous mes efforts à faire disparaître ce trop plein d'émotion, mais je savais que l'humidité de mes yeux avait été visible, pendant quelques courts instants.

Du fond de moi jaillit une révolution sourde, cette injustice était celle de trop et puisque j'étais peiné au plus profond de moi j'avais bien trop besoin de laisser s’évacuer tout cela. D'une voix soudain teintée d'agressivité, je renchéris :


- Oh, vraiment? Alors, c'est ça? Tu traînes avec un nul pour paraître encore plus brillant? C'est vraiment ça que tu penses de moi, Stephen? Je pointai le problème du doigt, faisant exprès. Le Veritaserum lui ferait cracher la vérité, et je le savais. Cette fois, j'étais prêt. Vas-y, dis-le moi, est-ce que tu m'as déjà un seul instant considéré comme ton ami? J'aurais voulu m'arrêter là mais la magie n'était pas coopérante, comme nous nous en étions rendus compte : Parce que toi, tu l'as toujours été, et le meilleur, en plus.

Comme armes, je n'avais que le nom de Lizlor Wayland et quelques petits détails que je pouvais lui lancer en plein visage, mais plus j'avançais plus je regrettais cette bataille que j'avais lancée. Si il avait plus de choses à m'avouer, je n'allais pas sortir vainqueur, car ses secrets, il s'en servait comme des lames. Oh, oui, on pouvait faire confiance à son cerveau si futé, si bien rôdé. Même sous Veritaserum, ses vérités avait la puissance d'un souaffle lancé à pleine vitesse. L'impact, quant à lui...

L'impact nous atteignait plus (moi) ou moins (lui) tous les deux, et quand je le vis s'adosser au mur et baisser très légèrement la tête en fermant les paupières, je sus qu'il avait probablement mal à la tête. Cela arrivait parfois, et il avait à chaque fois la même expression, la lassitude mêlée à l'agacement, et il penchait toujours la tête d'un côté, pendant de vagues secondes, comme s'il cherchait le petit clic qui remettrait les rouages en marche. Cette migraine était le signe qu'il souffrait lui aussi, mais je n'arrivais pas à m'en réjouir.


– Ne mêle pas Lizlor à tout ça. Elle n'a rien à voir avec vos… psychodrames ! C'est pour ça que je n'ai rien dit. Avec elle, tout est si… facile. Mais Taylord, et toi, et Carlton...

- Je ne suis pas comme lui ! J'étais scandalisé. Il continuait à m'enfoncer, sans vergogne.

- Vous tous, vous vous êtes embourbés dans vos histoires et vous m'avez entraîné avec vous.

- Je n'y crois pas - tu me ranges dans le même panier?! C'était une insulte et il le savait.

- Vous rendez tout ça si compliqué et quoique je fasse je blesse quelqu'un et je ne peux pas… Je ne peux pas penser – je ne peux pas respirer !

Son égoïsme me fit soupirer, mais je ne pus détacher mon regard de lui. Où était le vrai dans tout cela? Je veux dire - il était partout, techniquement parlant. Mais à quel point cela le concernait-il? Est-ce que ce "tout qui était si compliqué", comme il disait, l'atteignait plus qu'il ne voulait le dire et l'empêchait de "respirer" parce qu'il s'en préoccupait, ou bien simplement, ces pauvres petites histoires interféraient bien trop avec ses savantes pensées?

– Si je me moquais de tout ça, comme tu l'imagines, tu crois que j'aurais besoin d'elle – elle ! parmi tous les élèves de cette école ! – pour conserver un minimum de santé mentale ?

Perplexe, je tentai de démêler tout cela. Comment ça... Que faisait Lizlor là-dedans? Quoi, parce qu'il avait du choisir entre Taylord et moi, parce que j'étaus fâché contre lui, que Taylord était malheureuse, c'était vers Lizlor qu'il se tournait? Pour respirer?

- Je ne comprends pas où tu veux en venir, lâchai-je, pantois, et un peu abasourdi de ce qu'il tentait de me dire. Et puis, ce n'était pas vraiment ça que je voulais entendre.


– Je n'ai pris aucun parti. Tout le monde insultait Taylord et la traitait comme une coureuse, je voulais seulement la protéger, je ne voulais pas qu'elle soit seule.

- Tu as eu raison, et je te remercie de ça. Mais - tu as pris son parti car tu n'as jamais fait la même chose, de mon côté.

- Tu crois que j'aurais accepté de boire un verre avec Carlton si ça n'avait pas été pour elle ?

...

Je me laissai tomber assis sur le bout de mon lit, croisant les bras devant moi en signe de protestation.


- Pardon? articulai-je très nettement. Cette fois il n'y avait plus aucune humidité dans mes yeux mais une sécheresse froide et dure : la douloureuse lame de la trahison venait de me transpercer le corps.


– Je n'ai fait que respecter son choix. Ça ne signifie pas que je fasse confiance à Carlton. Je m'inquiète toujours pour elle. Surtout en ce moment. Je sais qu'il s'est passé quelque chose, je le sens. Je levai un sourcil, partagé entre une multitudes d'émotions. Mais elle avait besoin de moi. Toi tu avais tes amis, ta famille. Elle n'avait personne – personne d'autre que lui. Je me mordis la lèvre, ne pouvant retenir un soupir de colère. On sait très bien comment cette histoire va se finir, même si elle ne veut rien entendre. Tu aurais préféré que je la laisse seule avec lui ? Je le regardai à nouveau droit dans les yeux. Alors oui, j'ai essayé de le convaincre de la prendre au sérieux. Et j'espère qu'il m'écoutera, même s'il y a peu de chances pour que ça arrive, pour le bien de Taylord. Vas-y, fais-moi un procès !

Je lui lançai un regard glaçant et étendis mes jambes, cherchant une quelconque occupation, car je sentais mon cerveau sur le point de fondre.

- Tu as donc bu un verre avec Carlton, repris-je calmement d'une voix mesurée et creuse qui ne me ressemblait pas. Oh, j'imagine que vous vous êtes bien amusés, n'est-ce pas? Qu'il t'a emmené dans des endroits dont lui seul à le secret et que peut-être que tu ne te rappelles même pas de la fin de la soirée, car il n'est pas connu pour son penchant pour la sobriété, je me trompe? Raconte-moi donc, comment était cette petite soirée? J'avalai ma salive. Il se passa quelques secondes. Et Taylord, elle a apprécié le geste, j'imagine? C'est bien : Carlton, Taylord, Lizlor, voilà qui change de tes fréquentations habituelles. Fais-moi une faveur, tu veux? Si jamais vous re faites une soirée tous ensemble : ne m'invite pas. Je ne voudrais pas déranger.

Cette fois, plus je parlais plus les mots semblaient se ralentir dans ma bouche, comme si le flot venait à se tarir. Était-ce le début de la fin des effets ou, simplement, que j'avais expié chaque partie de vérité en moi? Cette mise à nu avait été conséquente, à n'en pas douter. Je me sentis épuisé, brusquement las et sans forces. Mais trop anéanti pour rendre les armes.

- Comment ça, il s'est passé quelque chose entre eux? Qu'est-ce que tu sens? le pressai-je, cherchant son regard des yeux - et pendant quelques instants j'étais redevenu comme avant, celui qui cherchait en Stephen des paroles rassurantes parce qu'avec sa clairvoyance il avait le don de cerner les problèmes et d'en trouver la solution avant même que j'ai pu m'inquiéter.
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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeLun 2 Juil - 13:29

Le moins qu'on puisse dire, c'est que mes premières années à Poudlard avaient été solitaires. Pas parce que les gens ne me parlaient pas ou l'inverse, mais parce qu'avant Taylord, je n'avais jamais ressenti l'envie d'être proche de quelqu'un, de connaître une personne qui ne serait pas moi-même. A ce moment là seulement j'avais commencé à m'intéresser aux autres élèves qui évoluaient autour de moi, comme si elle avait allumé une sorte de lumière en moi, guidant mes pas sur les chemins tortueux de la vie sociale. Quelques mois plus tard elle avait commencé à sortir avec Scott. C'était déjà un des garçons avec qui je communiquais le plus au sein du dortoir, et vu qu'il parlait très peu, c'était déjà un progrès non négligeable. Au fil du temps, nous étions devenus amis ; mais aurais-je été aussi proche de lui, s'il n'y avait eu Taylord pour nous réunir ? Pouvais-je prétendre en toute honnêteté ne pas la placer au-dessus de lui, comme de tous les autres ?

Mon cerveau disait : non, bien sûr. Pourquoi serait-ce le cas ? Scott n'avait rien de plus que les autres. Oh, oui, d'accord, il était intelligent, certes. Mais l'intelligence, c'était tout relatif, n'est-ce pas ? Dans le cas présent elle le rendait raisonnable à outrance. J'étais sensible au panache, aux actions d'éclat, et aux intellectuels je préférais les petits malins avec un brin de fantaisie et beaucoup de culot. Scott lui n'avait rien de tout ça. Jamais il ne ferait quoique ce soit sur un coup de tête, non, il agissait toujours de façon calme, posée, réfléchie. Pas un mot de travers, pas un geste de trop, quitte à se fondre dans le décor plutôt que de froisser l'opinion publique. Vu son esprit critique, son bon caractère, et l'aisance manifeste de sa famille, cette attitude lui réussirait : il deviendrait guérisseur, ou professeur ; mais pas explorateur ou chasseur de dragons. Jamais il ne découvrirait le moyen d'aller en balai sur la lune. Le genre d'exploit émérite que mon esprit mourrait d'envie de réaliser. Je voulais accomplir des prouesses, je voulais vaincre l'impossible ! Y parviendrais-je en m'entourant de gens terre à terre comme Scott McBeth ? Non.

C'était ce que disait mon cerveau mais une partie en moi… Je ne dirais pas le cœur car c'est une expression scientifiquement incongrue et passablement ridicule, mais… Une partie de moi qui n'étais pas exactement attachée au reste de ma matière grise, se rebellait et objectait timidement que, oui, j'avais besoin de l'amitié de Scott autant que de celle de Taylord. Voire plus. Car Taylord était exceptionnelle mais parfois elle se montrait aveugle, laissait ses sentiments prendre le dessus sur sa raison et commettait des erreurs de jugements. Scott, lui, était au contraire très attentif à ce qui se passait autour de lui et si quelque chose ou quelqu'un n'allait pas, il le repérait très vite. C'était une sorte d'instinct qu'il possédait – on pouvait qualifier cela d'empathie. Il était en quelque sorte mon double sensible, en ce sens où il décryptait les émotions des uns et des autres aussi facilement que j'étais capable de deviner d'où ils venaient et à quoi ils pensaient en posant simplement le regard sur eux.

(… Oui enfin,
presque aussi facilement.)

Ce que je veux dire c'est que… ce n'était pas difficile pour moi de m'attacher à des Taylord Reegan. C'était même normal. Les Scott McBeth ? Eux, ils ne m'intéressaient pas – spécialement les hommes, car je me sentais toujours plus à l'aise entouré d'énergie féminine. Aucun n'avait réussi à retenir mon attention. Aucun… à part Scott lui-même.
Voilà en quoi il était exceptionnel.

– Oh vraiment ? Alors, c'est ça ? Tu traînes avec un nul pour paraître encore plus brillant ? C'est vraiment ça que tu penses de moi Stephen ? Vas-y, dis-le moi, est-ce que tu m'as déjà un seul instant considéré comme ton ami ?

Ces mots me faisaient mal, mais plus douloureuse encore était la colère sourde qu'ils m'inspiraient – j'en voulais à Scott de me mettre dans cet état. C'était nouveau, d'habitude j'étais le premier à m'accuser de blesser les êtres qui m'étaient chers, mais jusque là Scott m'avait toujours montré un soutien sans faille. Je me rendais compte que j'avais compté sur lui tout ce temps, j'en étais venu à m'y raccroché, et cela je ne le supportais pas. Je ne voulais avoir à compter sur personne d'autre que moi-même. Ça avait toujours été le cas, chez moi, je ne voyais pas pourquoi adulte je ne serais pas capable de me débrouiller seul si j'en avais été capable étant enfant.

– Parce que toi, tu l'as toujours été, et le meilleur, en plus.

Cette déclaration, je ne sus trop comment la prendre. J'aurais presque souhaité que le Veritaserum m'oblige à répondre quelque chose, n'importe quoi, que cela ait pour conséquence de briser notre amitié à jamais ou de la rendre au contraire plus solide. Qu'au moins, on en finisse. Mais mes lèvres restèrent celées. Sans doute étais-je incapable de dire la vérité car je ne la connaissais pas moi-même.

Je me rabattis donc bêtement sur Wayland, et ne pus m'empêcher d'évoquer Carlton. Il prit très mal le fait que je les compare tous les deux, protestant vivement et intervenant entre mes phrases qui s'emmêlaient les unes dans les autres, portant la confusion à son point culminant. Fort heureusement il ne sembla pas relever l'information que j'avais laissé échapper en révélant la vraie raison de mes rapports avec Wayland, mais je ne savais pas si je devais m'en réjouir, car ce qui avait retenu son attention le plongea dans un état de rage glacée que je ne lui connaissais pas. Jamais, pour ainsi dire, je ne l'avais vu ainsi : son visage se ferma à la nouvelle de ma rencontre à Pré-Au-Lard avec son ennemi juré, et je pus lire clairement dans ses yeux ce que cette sortie représentait pour lui. La plus odieuse des trahisons.

– Tu as donc bu un verre avec Carlton.

Son ton était effroyablement calme et distant. Pendant une seconde, j'eus une impression étrange : celle de me trouver à la place de Scott, tandis qu'il me parlait avec ma propre voix, froide, calculée, vide d'émotion. C'était donc ça que l'on ressentait ?

– Oh, j'imagine que vous vous êtes bien amusés, n'est-ce pas ? Qu'il t'a emmené dans des endroits dont lui seul a le secret, et que peut-être tu ne te rappelles même pas de la fin de la soirée, car il n'est pas connu pour son penchant pour la sobriété, je me trompe ?

Je voulais lui dire que c'était injuste, que je n'avais jamais eu l'intention de parler avec Cartlon ce soir-là, que c'était d'ailleurs lui qui était venu s'asseoir à ma table et que j'avais même voulu lui flanquer une correction. Mais à nouveau, les mots restèrent coincés dans ma gorge. A quoi bon tenter de me justifier ? Cela ne l'énerverait que davantage.

– On a pris un verre,
protestai-je à la place. Ce n'est pas un crime, que je sache !

L'envie ridicule d'ajouter qu'il n'était pas ma mère et que je sortais avec qui je voulais me frappa mais je la retins à temps.

– Raconte-moi donc comment était cette petite soirée ? insista-t-il.

Cette fois la pause qu'il marqua était une invitation à fournir des explications. Mon cerveau encore sous l'emprise faiblissante du Veritaserum n'y fut pas insensible.

– J'avais… j'avais pris quelque chose, balbutiai-je, luttant pour contrôler les mots qui s'échappaient. Il aurait pu me laisser là, il aurait pu s'en aller sans rien faire mais il a aidé… Oh, j'aurais voulu qu'il me laisse ! Je donnai un coup de tête à l'armoire derrière moi, le souvenir de cette soirée me faisait presque rougir de honte. C'était si humiliant !
– Et Taylord, elle a apprécié le geste, j'imagine ?
grinça Scott. C'est bien : Carlton, Taylord, Lizlor, voilà qui change de tes fréquentations habituelles.
– Qu'est-ce que tu racontes ? rétorquai-je, furieux d'entendre le nom de Taylord au milieu de ces deux-là, comme s'il y avait un quelconque élément de comparaison. Taylord est la meilleure amie que j'aie.

Une fois de plus, mes mots parurent le blesser, mais cette fois-ci il le cacha mieux. Il avait finalement, comme nous tous, adopté le sarcasme comme nouvelle défense.

– Fais-moi une faveur, tu veux ? Si jamais vous refaites une soirée tous ensemble : ne m'invite pas. Je ne voudrais pas déranger.
– Scott…
commençai-je.

Mais il ne m'écoutait plus vraiment, ou du moins il n'écouterait plus mes justifications maladroites. Les mots ont un pouvoir corrosif et creusent des plaies béantes dans l'âme, mais seules les actions sont en mesure de les panser. Et je ne savais pas ce que je pourrais bien faire pour réparer notre amitié.

– Comment ça, il s'est passé quelque chose entre eux ? Qu'est-ce que tu sens ? s'enquit-il soudain, et la lueur soudaine dans ses yeux me fit chaud au cœur car pendant une seconde il était là, Scott, mon ami, celui qui comptait toujours sur moi pour l'éclairer mais dont la présence m'était tout aussi indispensable sans que jamais je ne l'admette.

Mais il parut s'en rendre compte et son regard redevint instantanément froid et détaché, comme si j'étais un bulletin d'informations quelconque, une machine à transmettre des données et rien d'autre. Déglutissant avec peine, je tentais de me concentrer sur la question. Taylord et Carlton… oui, il se passait quelque chose, de toute évidence. Taylord avait beau le cacher, j'avais bien vu qu'elle allait mal. Je la connaissais suffisamment pour percevoir ces changements chez elle avant quiconque.

– Je ne sais pas, finis-je par répondre. Taylord est un peu étrange en ce moment… Ce n'est peut-être rien.

Ce n'était pas la vérité, bien sûr – en fait j'étais
convaincu qu'il se passait quelque chose de bien plus grave que ce que je laissais entendre, mais je ne voulais pas lui donner la satisfaction de pouvoir m'utiliser comme bon lui semblait après cette attaque. Avait-il des remords de l'avoir lancée ? Regrettait-il d'avoir entendu toute la vérité, rien que la vérité ? J'avais fait, je crois, tout mon possible pour que ce soit le cas, en me servant des réponses forcées qui sortaient de ma bouche comme d'armes bien affutées. Ç'aurait dû être une victoire. Pourtant je n'arrivais pas à l'envisager ainsi. J'avais peut-être réussi à le blesser, mais j'avais probablement perdu un ami… Si c'était une victoire, elle avait sans aucun doute le goût amer de la défaite.

Quoiqu'il en soit, je me rendis compte que la pression qui m'obligeait à raconter tous mes sales petits secrets s'était envolée, et en déduisis que la potion devait avoir cessé d'agir pour de bon cette fois.

– Les effets se dissipent, murmurai-je au bout de quelques minutes. On devrait pouvoir descendre en toute sécurité maintenant…

Je n'osais plus le regarder en face.
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MessageSujet: Re: Veritas Facit Legem   Veritas Facit Legem Icon_minitimeMar 21 Aoû - 16:12

La trahison avait un goût bien amer. D'autant plus qu'il la maniait comme une épée pointée droit vers moi et m'en frappait à multiples reprises, s'assurant à chaque fois que le coup ne soit pas mortel pour me blesser encore et encore. Oh, il y réussissait bien. Je me sentais de plus en plus faible, et c'était comme si mon sang qui coulait par toutes mes plaies allait finir par se tarir. J'arrivais au bout et même mes lèvres étaient sèches d'avoir trop parlé - tous ces signes de la fin, quelle qu'elle soit. Je le haïssais d'être à la fois si lâche et si méchant, et comme le Veritaserum commençait à s'estomper, je le sentais moi aussi, les paroles de Stephen devenaient plus mesurées et il arrivait à se taire là où j'aurais aimé qu'il parle. Oh, il était doué. Comme toujours. Et moi je subissais, et j'avais beau me dresser de toute ma taille face à lui et de botter en douche, il n'avait qu'un mot à dire et j'abdiquais, parce que je n'étais pas lui, parce que j'étais trop attaché à lui, et donc plus sensible. Les gens que l'on aime sont nos points faibles, c'est bien connu; le problème c'est que normalement cette vérité est réciproque, mais avec Stephen, non. Et je n'avais pas le pouvoir de le changer.

Et je me haïssais encore plus en cet instant, parce que je n'arrivais pas à lui en vouloir complètement. Parce qu'une partie de moi restait... moi, et qu'elle me disait : c'est ton ami, ton frère, et ça l'a toujours été. Il est comme il est, mais il tient à toi d'une manière ou d'une autre, non? Sinon, cette conversation n'aurait pas lieu. On ne cache pas tant de choses et on ne cherche pas à faire du mal à quelqu'un comme cela parce qu'on est en colère si on ne lui accorde pas une certaine attention, si il ne compte pas pour nous. Il n'est pas attaché à toi de la même manière que toi à lui, mais chacun est unique, et c'est justement parce qu'il n'a pas cette force qu'il a besoin de toi... Oui, je me haïssais de savoir pertinemment que j'aurais toujours lui cette affection identique, intacte, même si nos rapports allaient être froids très certainement, il était mon ami et ce depuis toujours et je n'étais pas capable de me détacher des gens quand j'avais tissé de tels liens avec eux.


– On a pris un verre. Ce n'est pas un crime, que je sache !

Et une trahison de plus s'ajouta à la liste, longue et douloureuse; je levai simplement un sourcil, blasé de ce qu'il avait osé de dire. Oh, prendre un verre avec l'ennemi de son meilleur ami, qui vient de lui faire la pire chose au monde, ajouté à cela qu'on est sensé aussi détester cet ennemi... Est-ce que cela pouvait être qualifié de crime? Juridiquement, heureusement non, mais dans le contexte de notre "amitié", je crois pouvoir avancer avec certitude que cela relevait du crime de lèse-majesté - et le regard de Stephen ne me trompa pas, parce qu'il savait que j'avais raison. C'était un crime.

Je l'incitai à en dire d'avantage, absolument dénué de scrupules d'utiliser le Veritaserum - en vérité je voulais en profiter jusqu'au bout, avant que l'effet soit trop estompé.


– J'avais… j'avais pris quelque chose. Il aurait pu me laisser là, il aurait pu s'en aller sans rien faire mais il a aidé… Oh, j'aurais voulu qu'il me laisse ! Il redressa soudain sa tête contre l'armoire derrière lui et ce geste violent me fit sursauter. C'était si humiliant !

Je mis quelque secondes à emmagasiner toutes les informations qu'il venait de me livrer - elles arrivaient en trop plein depuis de trop longues minutes - il avait pris quelque chose, il lui était arrivé quelque chose, Carlton l'avait... aidé?

Je n'eus pour première réponse qu'un regard franc et braqué sur lui, plein d'une déception et d'une désapprobation que je cachais pas, le même qu'avait mon père quand on faisait quelque chose de mal et qu'il ne voulait pas nous punir parce qu'il était au-dessus de ça, et surtout parce qu'il savait que cet unique regard valait toutes les punitions du monde et nous peinerait bien plus que n'importe quelle privation.

Le pire, c'est qu'au fond de moi mon estomac s'était serré à l'évocation de ce "quelque chose" que Stephen avait pris, et de l'état dans lequel il avait dû se trouver ensuite... Et que je ressentis la peur que j'aurais eu si je m'étais trouvé là, la peur pour lui, qu'il lui arrive quelque chose. Je ne pus que répondre, la mâchoire serrée, entre mes dents :


- Eh bien, qui l'eut crû? Carlton est un homme d'honneur!...

Mon ironie n'avait rien de voilée et cela confirma ma pensée, le Veritaserum n'était presque plus là. Encore quelques minutes et nous en serions délivrés, et j'avais comme le vertige, parce que je commençais à me rendre compte ce que nous venions de traverser... Nous avions voyagé longtemps dans la brume et voilà que nous avions l'espace d'un instant traversé une vallée claire, sans trace d'un brouillard quelconque, joliment illuminée de soleil; j'aurais du savoir qu'elle paraissait trop belle pour être vraie. Les rayons de la vérité m'avait brûlé la peau au lieu de la réchauffer. Maintenant, le brouillard revenait à peu et cette lumière ne nous éclairerait plus... Nous n'avions pas avancé.


– ... Qu'est-ce que tu racontes ? Taylord est la meilleure amie que j'aie.

Encore une fois, mon premier réflexe fut de me dire : il a dit "la". Il y a un espoir qu'il y ait un "le", sur un même plan d'égalité.
Je me forçai à en avoir un deuxième et ravalai ma peine et mon espoir stupide avec grande peine.


- Oui, il est donc normal que tu te rapproches de Carlton, alors. Les amis de tes amis... Tu sais ce qu'il en est.

Je réussis même à avoir un petit rire moqueur qui ne me ressemblait pas - mais la situation devenait tellement pathétique et difficile à supporter qu'elle en devenait comique.

Toutefois, le sujet de Taylord me fit nettement moins rire et un instant j'oubliais presque tout le reste :


- Taylord est un peu étrange en ce moment… Ce n'est peut-être rien.

Par Merlin! Mon cœur se mit à battre plus fort. Évidemment. Évidemment! Je l'avais toujours su, que cela finirait ainsi. Carlton n'était pas de ce genre de personne à qui on pouvait se fier, et encore moins sur ce plan là, son succès était trop grand pour qu'il se tienne à ce qu'il avait, il en voulait toujours plus, il était un cliché ambulant et... Oh, Taylord le savait, pourtant! Pourquoi avait-elle fait ça? Courir à sa propre perte... Je lui en voulais presque.

- C'est vrai?! repris-je sans m'en rendre compte vraiment, car ma question était plutôt rhétorique. Mais mon trouble n'avait rien de surjoué. Oh, si jamais il lui fait du mal... sifflai-je entre mes dents, m'arrêtant nettement. Ce n'était pas le moment.

Une chape de glace était tombé sur notre dortoir et il se passa plusieurs secondes où nous restâmes silencieux tous les deux, lui toujours debout adossé à l'armoire, moi toujours assis sur le bout de mon lit, mais j'avais l'impression que tout ce qui était en contact avec moi me brûlait, me faisait payer mes fautes et notre manque de lucidité.

Et maintenant?..
.


– Les effets se dissipent. On devrait pouvoir descendre en toute sécurité maintenant…

Et maintenant j'ignorais ce que je devais penser, ma tête était un vaste tourbillon où rien n'avait de forme, de sens, de but, j'étais épuisé de toute la colère et de la tristesse que j'avais ressentie, j'avais juste envie de remuer ma baguette magique et d'effacer ce mauvais moment. J'obéis machinalement à sa proposition, vestige de mes habitudes qui m'aurait fait rire jaune si j'en avais eu l'énergie, et me levai, lentement. Je ne l'avais pas regardé dans les yeux depuis que nous nous étions tus. Je fis quelques pas, évitant son regard, mais quand je passais devant lui mon regard fut instantanément attiré vers lui et je croisai une fraction de seconde ses yeux bien plus sombres, me semblait-il, qu'à l'ordinaire. Pendant cette fraction de seconde une décharge fut provoquée dans mon cerveau et j'entrouvris la bouche - s'excuser, revenir sur ce qui s'était passé, lui demander de faire des efforts, avouer que rien n'avait changé et que je voulais rester son ami? J'aurais aimé que le geste vienne de lui et qu'il me prenne dans ses bras comme mon grand frère quand il savait qu'il avait été vraiment méchant avec nous.

Je refermai la bouche et passai sans m'arrêter, baissant les yeux de nouveau.


- Oui. Descendons.

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