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A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé

 
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 A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé

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Hannah Blueberry


Hannah Blueberry
Élève de 6ème année



Féminin
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Date d'inscription : 23/04/2011

Feuille de personnage
Particularités: Poursuiveuse des Loups des Cîmes & créatrice de fiente mutante (j'excelle en la matière et j'ai des témoins)
Ami(e)s: Aure, Eilyne, Aaron, et patati et patata... et mon Cahyl.
Âme soeur: Toutes les Patacitrouilles de l'univers !

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MessageSujet: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeMar 11 Sep - 22:56

    « Cahyyyyl !

    … Non.

    Salut, Cahyl !

    Voilà, c'est mieux. J'espère que tu vas bien recevoir cette lettre, c'est un peu étrange de t'en envoyer alors qu'en fait, on doit pas être si loin que ça, mais je te trouve nulle part, et quand je te vois, soit t'es accompagné (elle a l'air gentille, ton amie indienne), soit je peux pas te parler (t'as un de ces rythmes de marche, en plus, wow!). C'est nul, mais je sais que c'est pas de ta faute, alors, t'inquiètes pas, c'est pas grave, et je t'en veux pas du tout. Déjà, j'espère que tu as passé un bon été et une bonne rentrée ! Tu te souviens quand je t'avais parlé de t'emmener dans les cuisines, la dernière fois qu'on s'est vus, avant les vacances ? C'est pourquoi je t'envoie une petite lettre, parce que je voulais te reparler de ça, si tu es toujours partant.

    Alors... t'es toujours partant ? Si oui, je te propose que tu me rejoignes samedi prochain à 16h, devant la grande nature morte qui est dans les sous-sols. Je viendrais t'y chercher, même si il suffit de chatouiller la poire pour y rentrer, mais c'est plus poli, c'est moi qui t'ait invité, donc, tu auras à juste m'attendre... si tu es toujours d'accord. Si tu ne l'es pas, je mangerais tous les gâteaux sans toi, ahah ! Non, je blague, hein ! Enfin, non, en fait, je les mangerais vraiment, parce qu'il faut pas gaspiller, mais juste, ce serait beaucoup plus chouette que tu sois là. Mas si tu peux pas ou veux pas venir, je te garderais quelques gâteaux de côté, et la prochaine fois qu'on se verra, je te les donnerais. Tu verras, ce que cuisinent les elfes, c'est de la bombe atomique !

    Voilà. Ça me fait vraiment bizarre de t'écrire, tu sais ! J'espère que c'est pas trop nul, comme lettre... En plus, je comptais t'écrire juste un petit mot, et je suis en train de rédiger un roman à mourir d'ennui, alors que ça aurait pu tenir en deux phrases. Je suis sûre que t'es déjà en train de dormir dessus, en fait. Les seules lettres que j'écris, d'habitude, c'est à ma famille, et j'ai tendance à dire plein de choses, mais là, c'est à toi, et... Enfin, voilà. Mais on s'en bats les cacahuètes, après tout, du moment que tu la reçois, c'est l'important ! Tu peux me répondre, si tu veux, et si tu ne veux pas, ne t'embêtes pas à le faire.
    Je ne veux pas t'embêter.

    Salutations.

    Amitiés.

    Bises. Bisous ? Non, ça fait trop. Gros bisous bien baveux ? Ahah ! Non, je plaisante, évidemment. ...Bon, c'est pas très drôle, c'est vrai.

    ...Ça y est, cette lettre a atteint un niveau de nullité extrême. N'hésite pas à la brûler après l'avoir lue, si tu la lis jusqu'au bout. J'aimerais bien qu'elle s'auto-détruise toute seule après lecture, mais je sais même pas si c'est possible de faire ça. Ou alors, t'as qu'à la garder, et un jour où t'es très énervé, tu la déchires en petits bouts pour soulager ta colère ! Au moins, elle sera utile à quelque chose, parce que, là... Enfin, tu feras comme tu le sens. Maintenant qu'elle est entre tes mains, c'est la tienne.

    Hannah Blueberry.
    Poufsouffle.
    4ème année.
    (t'as vu ça, on est en quatrième année, déjà !)
     »



    J'avais envoyé cette lettre il y a déjà quatre jours, mais son souvenir me hantait encore, parce qu'une question me tournait dans la tête comme une chaussette dans une machine à laver : l'avait-il reçu ? Lundi, je m'étais levée aux aurores pour me rendre à la Volière (je me demande si je me suis un jour réveillée si tôt, d'ailleurs, depuis que je suis à Poudlard), cheminant à travers le château jusqu'au repère des hiboux, un peu hésitante quant à la démarche à suivre. Comment faire pour qu'elle lui parvienne ? Je ne connaissais aucun intermédiaire humain qui aurait pu s'acquitter de cette tâche un peu ingrate, et nous vivions dans le même lieu. J'avais entendu parler de ce papier à lettre hyper génial (on peut apparemment le trouver à Pré-au-Lard, si vous êtes intéressés) : on écrit dessus, on le plie, en forme d'avion je crois, parce qu'ils se sont inspirés de la technologie moldue pour apporter une touche d'originalité à la chose (moi je sais que c'est un avion parce que je connais, mais j'ai des amies qui ne savaient pas que ça s'appelait comme ça), on écrit le nom de la personne à qui on veut l'envoyer, et hop la papier vole directement jusqu'à elle ! Ça a été conçu spécialement pour que les personnes qui se trouvent dans un même bâtiment puissent communiquer plus facilement. Ne possédant pas ce super papier magique, j'avais fait selon ma première idée : me rendre tôt un matin à la Volière, avant le petit-déjeuner, prendre un hibou, lui dire d'apporter la lettre à Cahyl, et, ainsi, à la distribution du courrier, quelques dizaines de minutes après, le fameux hibou lui donnerait la lettre, mêlés aux autres volatiles venus de tout le pays et même, de tout l'univers. J'avais essayé de repérer mon messager et son destinataire, sans succès. Trop de gens et de trop de chouettes.

    La semaine s'était écoulée, comme toutes les autres, toujours dans la joie et dans la bonne humeur, mais je sentais un petit quelque chose en arrière-plan dans mes pensées, un quelque chose d'incertain et d'inquiétant et en même temps excitant, un quelque chose qui était lié à la proposition que j'avais faite à Cahyl. Ce n'est pourtant pas dans mes habitudes d'être... angoissée, ou stressée, quand tout se déroule normalement, donc, en gros, quand un Saule Cogneur ne risque pas de m'arracher une jambe ou que je ne chute pas dans un escalier, entraînant la personne à côté de moi dans une chute douloureuse, mais là, ce matin, je sentais mon estomac un peu plus serré que d'ordinaire.

    Nous étions samedi. Je m'étais une nouvelle fois réveillée tôt, incapable de jouer à la marmotte sous les couvertures si moelleuses de mon lit à baldaquin, et était sortie du dortoir pour me préparer sans un bruit.
    ...Enfin, ça, c'était la théorie. Je m'étais en réalité pris les pieds dans une paire de chaussures qu'une camarade avait oublié de ranger, et n'ayant trouvé pour éviter une chute imminente que l'appui de la table de chevet d'une camarade, je... enfin, je vous passe les détails, vous savez à quoi ça ressemble, une grosse boulette maladroite qui se prend une gamelle ! J'avais passé la matinée à tenter de faire mes devoirs, puis, en début d'après-midi, incapable de tenir plus longtemps, je m'étais précipitée comme une furie jusqu'aux cuisines, joyeusement accueillie par les elfes. Je me demande si il y a des êtres sur terre plus adorables que les elfes. Leur seul défaut, c'est qu'ils se font des reproches à la moindre chose, alors qu'ils sont si généreux et gentils, et ça me fait mal à moi de les voir se faire du mal. Je m'étais renseignée sur les Elfes, quand je les avais vu la première fois, et j'avais par là même découvert qu'il existait des associations de défense à leur égard. Depuis, je songeais sérieusement à m'y impliquer quand je serais plus grande, parce que ça me paraissait être une cause très importante tant je m'étais attachée à eux. Et, comme à chaque chose à laquelle je m'attache, je ressens d'irrémédiables envies de défense et de protection à leur encontre. Surtout qu'ils sont si petits, si frêles, si fragiles...

    Peu de choses me rendaient plus heureuse que la pâtisserie. Accompagnée des elfes, c'était un plaisir incommensurable. Je n'avais rien fait de particulier si ce n'était leur montrer mon affection, mais j'avais l'impression qu'ils ressentaient à quel point j'étais... amoureuse, de la cuisine, et ils m'avaient facilement acceptée parmi eux. En tout cas, si je les dérangeais, ils ne le montraient pas.

    Dès l'instant où ils m'apportèrent mon petit tablier habituel, un rose pâle, avec un petit napperon en dentelle blanche sur le devant (une des elfes que j'appréciais particulièrement me l'avait trouvé je ne sais comment, après que je lui ai confié que j'étais attristée de ne pas avoir de tablier), je me mis immédiatement dans le bain et leur communiquais tout ce que j'avais envie de faire, en les rassurant sur le fait qu'ils allaient évidemment m'aider, car rien ne semblait leur causer plus de peine que d'être inutiles ; puis je nouais mes cheveux en rapide queue de cheval d'où s'échappait toujours des mèches folles près des tempes et des oreilles.

    Les elfes me rappelaient un peu... moi, parfois. Peut-être que j'avais été un elfe, dans une vie antérieure.

    Je n'avais emmené que mes amies les plus proches dans les cuisines, pour leur faire goûter les délices des elfes, mais ne leur avais jamais avoué que j'avais aidé dans leur confection, parce que ça me paraissait être mon mon jardin secret. La pâtisserie était devenue ma passion, transmise avec affection par mon adorée grand-mère, et j'aimais tant ça que j'étais incapable de l'exprimer de manière raisonnable et censée. Je disposais à présent de quelques heures devant moi pour réaliser tous les gâteaux que j'avais à l'esprit, et je voulais que tout soit parfait au moment où Cahyl arriverait, si il devait arriver. Des moelleux fondants au chocolat, au cœur de framboise. Des scones, sur lesquels étaler de la confiture de fraise et de la crème fouettée, une fois ouverts en deux. Des cupcakes à la vanille avec un glaçage fait de ganache montée au au chocolat. Des tartelettes à la douce crème au citron, peut-être avec un coulis de fruits rouges et des copeaux de chocolat. Je réalisais que je n'étais pas certaine de ce qu'il allait apprécier, peut-être même qu'il allait tout détester, et d'ailleurs, il n'allait sans doute même pas venir... mais dès lors que mes mains s'unirent à la tablette de chocolat que je brisais entre mes doigts, mes angoisses s'envolèrent.


Dernière édition par Hannah Blueberry le Dim 11 Nov - 2:15, édité 1 fois
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Cahyl Steadworthy


Cahyl Steadworthy
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Particularités: Je ne peux te le dire.
Ami(e)s: Padma et ...Hannah!
Âme soeur: Ais-je seulement le droit d'espérer? Ces sensations qui fleurissent en moi semblent m'indiquer que oui, j'en ai le droit.

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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeJeu 13 Sep - 18:54

Cette nuit avait été comme les autres. Douloureuse. Je m’étais réveillé plusieurs fois, vivant les scènes que mon cerveau avait préféré oublier. Il y a une semaine à peine, j’avais passé La nuit, une nuit horrible, comme toutes les autres. Je m’étais peut-être battu un peu plus longtemps contre la Chose, mais comme toujours, terriblement éprise de liberté, elle était sortie, et avait déchiré mon âme en deux. Je ne me souvenais jamais de ces nuits, seulement de quelques sensations, des odeurs, des bribes de bruits et c’était tout. J’avais beau explorer ma mémoire de fond en comble, essayant de trouver des indices, des scènes, rien. C’était à chaque fois le même scénario. La Chose semblait me cacher ce que je faisais, comme si c’était son jardin secret. Et pourtant, cela me concernant également ! Après tout, elle s’invitait bien dans ma vie quand bon lui semblait, alors pourquoi ne pouvais-je pas faire de même ? Toutefois, il était inutile de se plaindre, je préférais largement ne rien savoir quant aux affaires de la Chose, et à ce qu’elle faisait, dans un sens, cela me protégeait l’esprit de toutes les atrocités qu’elle pouvait faire. Et pourtant, c’était une torture mentale. Avais-je tué quelqu’un ? Avais-je blessé quelqu’un ? Je ne le savais point. Et j’avais peur de cela. Parfois, lorsque j’avais repris des forces, le lendemain des prises de contrôle de la bête, je retournais dans les bois, et essayais, grâce à mon odorat, et aux sensations que je ressentais, de retrouver les endroits où Elle était allée. De voir ses traces, de La suivre, et de voir si sur le chemin, il n’y avait pas de cadavre. Pour l’instant, je n’avais rien trouvé dans ce goût-là. Des cadavres d’animaux, tout au plus, particulièrement bien déchiquetés, mais aucun humain. Mais j’avais terriblement peur, car j’entendais énormément d’élève se lancer des défis, en particulier celui d’aller dans la forêt interdite la nuit. On m’avait déjà proposé, et pour une fois, ils avaient vu Cahyl en colère. Je les avais grondés, leur interdisant formellement d’aller dans cet immense bois. Si c’était interdit, c’était pour une bonne raison. Et l’une des bonnes raisons, c’était moi. Ils m’avaient regardé étrangement, puis avaient ris et disant que j’étais une poule mouillée et que je n’avais simplement pas le courage d’y aller seul. S’ils savaient. S’ils savaient… Si je m’étais énervé, c’était avant tout pour les décourager d’y aller, car si, il leur prenait l’envie d’y faire une balade pendant Les Nuits… je ne préférais pas imaginer cela.

Depuis que j’étais ici, je n’avais jamais trouvé de meilleur endroit pour passer ces affreuses heures. Les cachots, ce n’était pas un bon endroit, les serpentards étaient trop proches, et auraient pu entendre les hurlements de la Chose. Dans les hauteurs, c’était pareil, et puis, je n’aimais pas l’idée que la bête soit lâchée out en haut du château, car si elle parvenait à descendre, non, cela me bloquait. La forêt. Voilà ce qui m’avait semblé le meilleur endroit dès le début. Elle était profonde, grande, et surtout, la Chose y avait du gibier pour chasser. De plus, elle jouissait d’une terrible réputation auprès des élèves qui hésitaient à franchir ses limites, et mieux que tout, elle était interdite. J’avais bien vite franchis les limites qui avaient été imposées, et la règle intimant de ne pas aller dans les bois fut vite oubliée par mon esprit. Je savais que c’était pour le bien du château, et j’espérais seulement qu’ils n’avaient pas mis de gardien, ou de capteurs qui auraient pu les prévenir de mes passages. Si c’était le cas, ils auraient tôt fait de comprendre ce qui se passait dans ces sombres bois. Je n’y allais que pour les Nuits. Oui, vraiment, c’était le meilleur endroit où aller. Au moins, la Chose ne hurlait pas toute la nuit, et n’essayait pas constamment de se libérer de ses chaînes. Non, lorsqu’elle était dans la forêt interdite, elle pouvait vagabonder à sa guise. Et je crois bien qu’elle préférait cela. Elle était en effet bien plus rapide à prendre la place de mon corps, depuis que j’étais à Poudlard. Mais, quand je retournais à l’orphelinat, elle semblait moins pressée, car elle était enfermée et elle n’aimait visiblement pas cela. De plus en plus, je comprenais ce qu’elle ressentait. Et cela aussi, ça me faisait trembler. Bien que ce soit plutôt intéressant, j’arrivais mieux à la cerner, et donc parfois mieux à la contrer. Evidemment, ce n’était qu’une utopie, de pouvoir la bloquer totalement, mais je pensais souvent que si je continuais mes efforts, cela serait possible un jour.

La rentrée avait eu lieu il y a plusieurs semaines. Durant cet été, j’avais travaillé, mettant sur mon compte un bon petit paquet d’argent, qui pourrait me servir pour mes études, ou simplement pour vivre lorsque j’aurais l’âge de quitter l’orphelinat en toute légalité. C’était à chaque fois étrange, de revenir dans cette école avec une année en plus. Les gens grandissaient, et de plus en plus, les garçons parlaient de filles, et les filles parlaient de garçon. Ce n’était pas nouveau, mais ça prenait bien plus d’ampleur que les années précédentes. Mes compagnons de dortoir ne m’incluaient jamais dans leur conversation, mais cela m’importait guère, la seule chose qui m’agaçait, c’était lorsqu’ils se réunissaient le soir, et parlaient sans cesse de fille. Celle-ci est mignonne, celle-ci beaucoup plus sexy, elle, magnifiquement belle. Ils croyaient que je n’entendais pas leurs chuchotements, et pourtant, chaque soir, mes oreilles bourdonnaient tant il me semblait qu’ils parlaient fort. Mon ouïe surdéveloppée m’embêtait grandement dans les moments comme ceux-là. J’affichais souvent un air désabusé lors des conversations pareilles, surtout lorsqu’un attroupement se formait dans la salle commune et qu’un garçon et une fille s’embrassaient. Pour moi, c’était assez pathétique. Qu’en était-il d’après ? Ils faisaient leurs petites histoires, mais après, ils s’oublieraient pour toujours, et cela me semblait absurde. J’avais une autre vision de l’amour. Cependant, je ne préférais pas y réfléchir, car j’étais de toute façon condamné à rester seul toute ma vie. Oui, cette euphorie m’attirait, oui, ces discussions m’attiraient. Mais, je m’éloignais, me disant que tout cela passerait, et que ce ne serait bientôt quelque chose que j’oublierai. Je voyais dans le futur, je me voyais quitter l’orphelinat, prendre un petit studio, et étudier, que ce soit dans le monde sorcier ou moldu. Ces petites histoires d’adolescent emplis d’hormones me dépassaient. Bien sûr, je ne pouvais m’empêcher de penser parfois à telle ou telle fille que je croisais, malgré moi, mais je censurais le plus possible ces pensées qui me détruisaient plus encore. De toute façon, la Chose se faisait souvent ressentir dans ces cas-là, et je me concentrais sur la douleur plus que tout. Même si ce n’était pas très souvent que je laissais mon esprit vagabonder, depuis l’année dernière, je le faisais plus régulièrement. Je crois que c’était à cause de notre balade au lac, avec Hannah. Depuis cette période, il m’arrivait fréquemment que mes pensées se dirigent vers elle. Et le plus souvent, c’était un sentiment de regret qui me noyait le cœur. Parce que je lui avais menti, et parce qu’à nouveau, alors qu’elle avait fait preuve de sympathie et de compassion, je m’étais enfuis comme un sauvage.

En parlant d’Hannah. J’avais reçu une lettre d’elle, samedi dernier. Le matin suivant La Nuit. Je m’étais présenté au déjeuné, le cœur au bord des lèvres, des cernes monumentales sous les yeux, tremblants comme jamais, tenant à moitié debout. Je ne tenais pas à éveiller les soupçons, alors je n’étais pas resté dormir tranquillement au dortoir car ce n’était pas mon habitude. Et puis, je camouflais mes tremblements et mon lamentable état physique sous plusieurs couches de vêtement. Bien heureusement lorsque les regards s’étaient fait un peu plus insistants, la horde de hibou habituelle c’était déversée dans a grande salle, noyant tous ces yeux dans un fatras de plume exceptionnel. D’habitude, je n’aimais pas du tout ce dérangement, et puis, les oiseaux mettaient des saletés partout dans les plats, je trouvais ça assez peu ragoûtant. Mais pour une fois, j’étais content qu’ils arrivent. Mais plus que tout, je fus extrêmement surpris lorsque je vis l’un des volatile se diriger vers moi, l’œil déjà méfiant. Il sentait la Chose. Il consentit néanmoins à se poser le plus près possible de moi, sans pour autant me toucher, et je pus ainsi détacher avec précaution le papier de bonne taille qui était accroché à sa patte. Lorsque j’eus finis, et que je lui donnais un bout de bacon grillé, il s’en alla sans demander son reste, presque aussi frissonnant que moi. Je fus tout de même admiratif, car malgré la peur ancestrale que je lui avais inspiré, il avait pris son travail très à cœur et avait mis de côté l’instinct naturel de fuite qui devait lui être venu à l’esprit. Je n’avais pas compris d’où cette lettre venait. Pour moi, cela avait été une erreur, elle n’avait pas pu être pour moi. Peut-être que absorbé par le rejet de son instinct, l’oiseau s’était trompé de destinataire. Et pourtant, lorsque j’ouvris l’enveloppe, sceptique, presque apeuré, je ne pus que m’incliner devant le travail de celui-ci. Cette lettre était d’Hannah
.

Citation :
« Cahyyyyl !

… Non.

Salut, Cahyl !

Voilà, c'est mieux. J'espère que tu vas bien recevoir cette lettre, c'est un peu étrange de t'en envoyer alors qu'en fait, on doit pas être si loin que ça, mais je te trouve nulle part, et quand je te vois, soit t'es accompagné (elle a l'air gentille, ton amie indienne), soit je peux pas te parler (t'as un de ces rythmes de marche, en plus, wow!). C'est nul, mais je sais que c'est pas de ta faute, alors, t'inquiètes pas, c'est pas grave, et je t'en veux pas du tout. Déjà, j'espère que tu as passé un bon été et une bonne rentrée ! Tu te souviens quand je t'avais parlé de t'emmener dans les cuisines, la dernière fois qu'on s'est vus, avant les vacances ? C'est pourquoi je t'envoie une petite lettre, parce que je voulais te reparler de ça, si tu es toujours partant.

Alors... t'es toujours partant ? Si oui, je te propose que tu me rejoignes samedi prochain à 16h, devant la grande nature morte qui est dans les sous-sols. Je viendrais t'y chercher, même si il suffit de chatouiller la poire pour y rentrer, mais c'est plus poli, c'est moi qui t'ait invité, donc, tu auras à juste m'attendre... si tu es toujours d'accord. Si tu ne l'es pas, je mangerais tous les gâteaux sans toi, ahah ! Non, je blague, hein ! Enfin, non, en fait, je les mangerais vraiment, parce qu'il faut pas gaspiller, mais juste, ce serait beaucoup plus chouette que tu sois là. Mas si tu peux pas ou veux pas venir, je te garderais quelques gâteaux de côté, et la prochaine fois qu'on se verra, je te les donnerais. Tu verras, ce que cuisinent les elfes, c'est de la bombe atomique !

Voilà. Ça me fait vraiment bizarre de t'écrire, tu sais ! J'espère que c'est pas trop nul, comme lettre... En plus, je comptais t'écrire juste un petit mot, et je suis en train de rédiger un roman à mourir d'ennui, alors que ça aurait pu tenir en deux phrases. Je suis sûre que t'es déjà en train de dormir dessus, en fait. Les seules lettres que j'écris, d'habitude, c'est à ma famille, et j'ai tendance à dire plein de choses, mais là, c'est à toi, et... Enfin, voilà. Mais on s'en bats les cacahuètes, après tout, du moment que tu la reçois, c'est l'important ! Tu peux me répondre, si tu veux, et si tu ne veux pas, ne t'embêtes pas à le faire.
Je ne veux pas t'embêter.

Salutations.

Amitiés.

Bises. Bisous ? Non, ça fait trop. Gros bisous bien baveux ? Ahah ! Non, je plaisante, évidemment. ...Bon, c'est pas très drôle, c'est vrai.

...Ça y est, cette lettre a atteint un niveau de nullité extrême. N'hésite pas à la brûler après l'avoir lue, si tu la lis jusqu'au bout. J'aimerais bien qu'elle s'auto-détruise toute seule après lecture, mais je sais même pas si c'est possible de faire ça. Ou alors, t'as qu'à la garder, et un jour où t'es très énervé, tu la déchires en petits bouts pour soulager ta colère ! Au moins, elle sera utile à quelque chose, parce que, là... Enfin, tu feras comme tu le sens. Maintenant qu'elle est entre tes mains, c'est la tienne.

Hannah Blueberry.
Poufsouffle.
4ème année.
(t'as vu ça, on est en quatrième année, déjà !) »

Dire que cela ne m’avait pas fait plaisir serait faux. Mais, j’avais peur, encore. Etait-ce vraiment une bonne idée ? Dans un premier temps, je décidai de ne pas y aller, même si cela me dérangeait énormément. Elle avait mis tant de cœur et de joie dans cette lettre que je me sentais presque obligé d’aller la voir. Surtout qu’elle m’avait promis de m’y emmener, comme dédommagement pour m’avoir « cassé » le dos lors de notre balade, quand j’avais dû la porter pour éviter qu’elle ne coule sous la fatigue. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que cela ne m’avait absolument rien fait. Et je n’aimais pas lui mentir ainsi. Je savais que c’était une mauvaise idée d’aller la voir. J’en mourrais d’envie, évidemment, elle était la seule personne, avec Padma et Camille, qui me parlait normalement, et mieux encore, qui m’invitait à passer du temps avec elle. Mais, je ne voulais pas que dans le pire des cas, elle s’attache à moi, et que, pire encore, je m’attache à elle. Pourquoi ? Simplement, à cause de la Chose. Ce n’était pas possible, il n’y avait pas de place pour l’amitié, ou presque pas. Avec Padma, je savais que c’était possible, Camille, j’essayais de ne pas trop lui parler, pour son bien, mais Padma ne pouvait s’en empêcher, alors je restai avec les deux, espérant seulement que cela ne ferait pas comme avec la petite fille de l’orphelinat. Mais avec Hannah, c’était pire, de toute mon âme, je ne voulais pas que la Chose aille vers elle. C’était exclu. Je devais la protéger de cela, plus que tout. Dans la lettre, je remarquais qu’Hannah avait plusieurs fois essayé de m’approcher. Mais, visiblement, elle n’avait pas eu envie de me déranger lorsque j’étais avec Padma. Je souris légèrement face à la remarque qu’elle fit sur elle. Oui, Padma était gentille, et parfois un peu trop. Ou alors, était-ce parce que je m’étais tant coupé du monde et que je n’avais vu que la mauvaise face des gens à l’orphelinat, que je n’étais plus habitué à tant de gentillesse. C’était parfois frustrant de ne plus savoir comment parler de soi, de ses sentiments. Je me devais de réapprendre, et il y a des jours, notamment la semaine après La nuit, où je n’avais plus de patience. Parfois, je plaignais sincèrement cette petite fille qui devait parfois subir mes sauts d’humeurs. Mais, nous étions pareils, et elle aussi, parfois, était plus grognonne lorsque les nuits arrivaient. Dans ces cas-là, nous nous éloignions le plus possible des foules, car c’est aussi durant ces périodes que nous étions les plus dangereux sous forme humaine.

Aujourd’hui, nous étions samedi, le samedi où je devais aller la voir. Et depuis le début de la semaine, mon avis avait changé bien souvent. Soit, je cédais à mes désirs et je pensais à y aller, soit je me fustigeais et refusais mentalement. C’était sans fin. Il était déjà 14 heures, et je n’avais toujours pris aucune décision. Légèrement agacé, je frappais du poing mon oreiller de plume. Comme nous étions samedi et que nous n’avions pas cours, j’avais pris le temps de m’habiller un peu plus normalement et décontracté. Un Tee-shirt gris, simple et un jean. Par bonheur, depuis La nuit, la Chose s’était calmée, mieux, elle semblait dormir tout au fond de moi. C’était souvent le même schéma. Durant les jours suivant La nuit, elle se calmait, rassasiée, puis, deux, trois semaines avant que la Nuit revienne, elle se réveillait et faisait des siennes dans ma vie. Autant dire que les semaines où elles se reposaient étaient les plus heureuses de ma vie. Je n’avais pas mal, je n’avais que peu d’instinct primaux, en somme je pouvais presque vivre une vie normale. Il n’y avait que la fatigue qui me rongeait. Car durant ces nuits, il me revenait pas bribe ce qu’avais vu la bête durant ses heures de liberté. A nouveau, mes yeux se posèrent sur la lettre, posée soigneusement sur ma table de nuit. Aujourd’hui, je me sentais bien, presque de bonne humeur et la Chose ne s’était pas manifestée depuis un petit moment. Mais surtout, j’avais envie d’aller voir Hannah. Sa lettre m’avait touchée, amusée, et j’avais également envie de voir à quoi les cuisines ressemblaient. Je respirai profondément. Il y avait tout de même un risque, le risque que nous nous attachions à l’autre. Ce qui n’était pas permit. Mais… Oui. J’irais. Pour une fois, l’envie primerait sur le raisonnable. J’espérais seulement de pas le regretter !

Lorsque les quatre heures approchèrent, je pris ma baguette, la mit dans ma poche arrière de jean, puis me dirigeai vers l’endroit qu’elle m’avait indiqué. C’était un couloir comme les autres, remplis de tableaux mouvants. Une particularité de Poudlard qui m’avait plu. Lorsque vous marchiez, vous ne vous sentiez pas seul, et parfois, il vous arrivait que les personnages vous disent quelques mots d’encouragements pour les cours ou pour la suite de la journée. L’un des tableaux, mettant en scène un très vieil homme, m’étais particulièrement familier. Je passais très souvent devant lui, non, en fait, c’était lui qui se déplaçait, car il avait plusieurs cadres dans le château. J’avais appris ça lors d’une de mes discussions avec lui. Je le savais très cultivé, et parfois, j’avais eu peur qu’il me surprenne, lors des Nuits, à essayer de sortir, et qu’il comprenne. Jusqu’à maintenant, il n’avait pas eu l’air de me voir. Même si il était sympathique, j’avais peur qu’il ait une sorte d’allégeance à la directrice et qu’il lui raconte tout ce qu’il savait sur les élèves. Et donc, par suite, que je sois viré et renié de toute part. Peut-être un jour viendrait-il où je parviendrais à faire confiance à quelqu’un d’autre que Padma, et que je pourrais lui dire ce que j’étais. Mais, ce jour n’était pas près d’arriver, je le savais fort bien. J’avais encore trop peur. Et puis, j’avais eu l’habitude de cacher, et de ne rien dire, alors pourquoi changerais-je une telle chose ?

J’arrivais devant l’immense tableau qui barrait l’entrée en cuisine. Il était dit que c’était interdit, caché, et pourtant, il me semblait déjà que beaucoup d’élèves y avaient fait un tour. La peinture représentait une immense coupe ou bol de fruit. Et l’un d’entre eux, était tout comme la clef de cette porte : la poire. Que m’avait dit Hannah ? Ah oui, il fallait chatouiller la poire. Je levai le bras, et passais mes doigts sur la zone sensible du tableau. Lorsque je l’eus gratouillée quelques secondes, elle se mit à rire. Etonné, je reculai d’un demi-pas, puis souris à mon tour. Puis, la peinture coulissa, et j’entrais lentement dans le couloir d’où s’élevait déjà un mélange d’odeurs délicieuses. Je ne reconnus pas tout car mes compétences culinaires n’étaient pas très élevées, mais quelques parfums me furent familiers. Doucement, je descendis dans cet endroit sombre et longiligne, et après quelques secondes de marche rapide, je débouchai dans une pièce immense, mais basse –je devais légèrement pencher la tête car j’avais énormément grandis durant les vacances-. J’aperçus Hannah, derrière les fourneaux, un tablier rose à dentelle autour du cou, les mains à la pâte. Je fus tout de suite happé par l’ambiance chaleureuse qui régnait, là. La jeune fille semblait concentrée sur sa tâche, et ne m’avait pas encore remarquée. Je me rapprochais, et vis, à côté d’elle, quelques petites créatures que j’avais déjà aperçue dans les livres : des elfes de maisons. Ceux qui s’occupaient de toutes les tâches ménagères dans ce château. De braves travailleurs, d’après moi. Légèrement gêné d’être, là, tout de même, je mis mes mains dans les poches de mon jean, et comme si cela pouvait me faire disparaître, rentrai légèrement la tête dans les épaules
.

-Salut ! C’est sympa ici !


Dernière édition par Cahyl Steadworthy le Mer 26 Sep - 13:11, édité 1 fois
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Hannah Blueberry


Hannah Blueberry
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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeVen 21 Sep - 22:41


    Quand je cuisinais, le monde disparaissait. Il n'y avait plus que mes mains qui parcouraient la table de la cuisine, cherchant les ingrédients avant de les faire se réunir intimement dans les saladiers, plongeant parfois dans les préparations pour en ressortir l'index recouvert de pâte à gâteau pas encore cuite que je portais ensuite avidement à ma bouche. J'adorais la pâte crue. D'ailleurs, je faisais souvent exprès de réduire le temps de cuisson des gâteaux pour que le centre soit à peine cuit, encore humide et un peu pâteux, et ça me faisait étrangement fondre de plaisir tandis que je récoltais des « Mais, Nana, c'est pas assez cuit, ce truc ! » de mon père, qui, lui, aimait que les gâteaux soit d'une texture uniforme, bien moelleux et pas trop secs. Bref, Papa, en papa un peu maniaque et étroit d'esprit qu'il était, il aimait pas les petits imprévus de la vie, les petits trucs pas très nets, la moindre petite chose qui différait du reste... et la différence de cuisson dans une même part de gâteau, ça en faisait partie. Le pire, c'était bien les cookies. Oui, parce que, un cookie, qu'on soit un peu clair : c'est croustillant à l'extérieur, et, sur les bords, moelleux et presque fondant à l'intérieur, surtout au centre. Rien à voir avec les biscuits secs et ultra-croustillants qu'on trouve de temps en temps dans les commerces, ça, c'est une erreur de la nature, une aberration de la vie. Je sais même pas comment c'est possible que ça existe. Et devinez un peu ce que mon père préfère ? Les cookies bien croquants, bien secs, bien anti-cookies, quoi. Et, le summum : trempés dans du lait. Si il y a un bien un truc qui me dresse les poils, c'est le fait de tremper un gâteau dans du liquide. Je vous parle même pas de la fois où, Matthew, pour me provoquer, a trempé les brookies que j'avais confectionné avec amour dans du soda pas bon. Et l'autre fois où j'avais réalisé des scones pour le petit déjeuner avec Mamie Moira, quand il avait choisi de recouvrir les siens non pas de fraises et de crème fouettée comme c'est la tradition, mais avec du pâté de canard. Ce matin-là, je lui ai volé dans les plumes, et il était encore assez petit pour que je puisse lui arracher des poignées de cheveux de la tête. Quelques mois plus tard, Monsieur avait fait sa poussée d'hormones ou de croissance ou de truc-bidule d'adolescent, et voilà que sa tête dépassait la mienne de dix centimètres, ce qui me désavantageait injustement quant il s'agissait de lui passer des savons. Ca paraît un peu excessif, mais, je vous le promets, les brookies, c'est carrément sacré. C'est américain, mais je suis sûre que ça provient pas des Etats-Unis, non, ça vient plutôt du paradis : un brownie bien chocolaté un peu fondant recouvert de pâte à cookie croustillante aux pépites de chocolat. Si c'est pas à ça que ressemble le paradis, je refuse d'y aller.

    Cuisiner à Poudlard me rappelait les ateliers pâtisseries que j'avais eu avec Mamie Moira pendant tout l'été. Si j'étais retournée chez Papa et Maman à Londres dès la fin de la troisième année, j'avais rapidement obtenu de mes parents de me rendre chez Mamie Moira, à Glasgow, en compagnie d'Andrew. Coleen était venue un peu plus tard pour une petite poignée de jours qui lui avait paru une agonie, car Mademoiselle suffoquait dès qu'elle n'était plus à proximité de ses copines ultra chics et des boutiques de vêtements de fripes et de tissus tous plus moches les uns que les autres , sans oublier les chaussures de toutes les formes et toutes les tailles mais elles sont de toutes manières toutes immondes, et puis les sacs, évidemment, et des accessoires de gnognotte, sans oublier, le pire du pire, à mes yeux : le vernis à ongle. Si ça, c'était pas le truc le plus pouf et inutile du monde... Les ongles, c'est comme les cils et les sourcils : c'est une protection naturelle du corps. Passer ses journées à s'enlever des poils de sourcils avec une petite pince de torture et se badigeonner le bout des doigts de couleurs étranges avec un petit pinceau tout riquiqui, et surtout, sans dépasser, parce que, attention, c'est un art ! … Enfin, au départ, quand je pense à tout ça, je suis un peu irritée, un peu blasée, et puis, ensuite, je me dis que peut-être que les gens pensent pareil quand ils me voient cuisiner, que, par exemple, c'est inutile de passer une heure à décorer un petit gâteau qui sera dévoré en deux secondes, et que j'ai l'air d'une sacrée psychopathe quand je commence à évoquer la pâtisserie et la cuisine... Alors, une fois raisonnée, je me rends compte que je suis un peu injuste et surtout un peu intolérante, et je me remets les pendules à l'heure. Chacun ses petits plaisirs. Et, d'ailleurs, les plus petits sont souvent les meilleurs. Les miens, c'est de voir au bout du temps de cuisson nécessaire que le morceau de pâte raplapla que j'avais déposé sur la grille du four s'est épanoui en une jolie brioche pour le petit-déjeuner. J'avais tout appris de Mamie Moira, mes parents préférant manger au restaurant plutôt que de mettre la main à la pâte. J'aimais bien aussi, les restaurants, mais ça n'équivalait jamais le plaisir que j'avais à manger, et surtout, à faire goûter aux autres, ce que je confectionnais avec passion. Tous les étés, chez Mamie, on se levait en début de matinée, et on s'attelait à la confection d'un petit-déjeuner digne de ce nom. J'avais crains que notre rituel ne disparaisse cet été, car j'avais bien vu que quelque chose n'allait pas comme d'habitude. Je savais pourtant bien qu'elle n'était plus toute jeune, ma mamie, que son corps la faisait de plus en plus souffrir, mais je n'aurais pas cru voir son sourire pétillant et énergique se faner si vite. Elle qui était d'habitude plus souriante et heureuse que la plupart des adolescentes que l'on croise dans la rue, elle m'avait semblée être son propre fantôme. Et puis, vers le milieu des vacances, elle avait fait un petit voyage à Sainte-Mangouste dont elle était ressortie en pleine forme. Elle avait même pu m'accompagner sur le quai de la voie 9 ¾ pour la rentrée, chose qu'elle n'avait pas pu faire l'an dernier. J'étais entrée heureuse et soulagée dans le Poudlard Express, re-dynamisée par sa présence sur le quai de la gare. Bon, jusqu'à ce que je m’aplatisse comme une galette en plein milieu du couloir du train, mais ça, c'est une autre histoire.

    Si je n'avais pas été en manque de cuisine pendant mes grandes vacances, d'autres absences avaient creusé un plus gros trou dans ma poitrine, en même temps que d'être de retour chez moi ajoutait son lot de désagréments. L'été, c'était revenir à Londres, revoir l'air autoritaire de papa, celui fatigué de Maman, supporter de nouveau les numéros de dindon qui parade de Coleen, ne plus pouvoir m'évader dans les grands espaces verts du château... Heureusement, Londres était fournie en parcs, et c'était peut-être la seule raison pour laquelle je n'avais pas tenté de me noyer dans la cuvette des toilettes en arrivant dans la capitale. Et puis, il y avait Matthew, que j'avais enfin pour moi, parce qu'à Poudlard, monsieur était toujours entouré de ses amis tous plus cools les uns que les autres, mais, aussi, malheureusement, de ses petites « poulettes », comme je les appelais pour l'embêter. N'empêche, il venait de faire sa rentrée en septième année, et, l'an prochain... C'était fini. Plus de Matthew. J'avais peur qu'il m'échappe comme Coleen, dont je me souvenais avoir été proche un jour, et qui nous avait filé entre les doigts avec ses airs hautains et ses désirs d'émancipation. Je sentais encore l'affection de Matthew et notre complicité me semblait intacte, mais son absence future me remplissait le cœur de tristesse. Et une autre absence s'y était jointe, pendant ces deux mois d'été, une petite mare d'amertume qui s'était logée en moi et qui...

    - Salut ! C’est sympa ici !

    Je relevais brusquement la tête, le cœur battant et les yeux écarquillés par la stupeur de cette intervention inattendue. Les battements cardiaques redoublèrent quand je reconnu ce visage qui m'était familier, ce teint un peu pâle, presque maladif, ces cernes un peu violettes sous les yeux (j'avais oublié à quel point elles étaient immenses... ou peut-être qu'elles s'étaient intensifiées pendant l'été ?), ses traits doux et fins, ses cheveux bruns touffus et un peu désordonnés, et surtout, ses yeux sombres qui me paraissaient si intenses, alors que ses paupières semblaient pourtant peser si lourd au dessus d'eux. Sa présence emplit immédiatement chaque centimètre de la pièce, et cette impression n'était pas seulement due au fait qu'il m'apparaissait beaucoup plus grand que dans mes souvenirs. Si certains détails m'alarmaient un peu, son attitude un peu nonchalante engendrée par la constante gêne qu'il semblait éprouver restait la même, et j'affirmais alors dans ma tête, pendant que de multiples papillons multicolores s'envolaient partout en moi : j'avais retrouvé Cahyl. J'avais l'intention de lui sourire et de lui répondre et surtout de m'empêcher de me précipiter sur lui pour le saluer chaleureusement, après deux mois d'absence, mais, dans l'immédiat, deux pensées me vinrent à l'esprit : 1) je n'avais pas fini de cuisiner tout ce que j'avais prévu 2) la crème que j'étais en train de faire bouillir dans la casserole, alors que j'étais dans mes pensées, juste avant l'arrivée de Cahyl, était désormais en train de s'échapper de la casserole à gros bouillons. Ce fût au bruit que j'en fus alertée, car mes yeux étaient encore stupidement attachés à Cahyl, parce que j'étais infiniment heureuse de le revoir, et qu'en même temps, c'était un peu nul qu'il soit arrivé alors que je n'avais pas fini de cuisiner, et surtout, tout était encore présenté sur les grilles de refroidissement au lieu de jolis plats qui auraient mis en valeur les pâtisseries. Tout cela accumulé m'arracha des mots que j'aurais voulu retenir, tandis que je reportais mon attention vers la crème qui débordait de la casserole :

    - Oh non, non, non, non, zut de crotte de biiiique, m'exclamai-je en retirant précipitamment la casserole de la plaque et la déposant sur le plan de travail. Je renversais au passage un sachet de farine posé juste à côté, déversant une traînée de poudre blanche et vaporeuse sur toute la largeur du plan de travail qui me faisait face. Rooh mais je suis bonne à aller moisir dans le lac aujourd'hui, ajoutai-je pour moi-même en contournant le plan de travail afin de ramasser la farine comme je le pouvais avec mes deux mains. Réalisant que Cahyl se trouvait désormais juste derrière moi, je me retournais vivement, un peu déstabilisée par cette proximité soudaine. Ne pas l'avoir vu pendant si longtemps m'avait fait oublier certains détails de son visage que je redécouvrais chaque fois que mon regard se déposait sur lui, et j'en éprouvais une émotion éphémère de stupeur qui me donnait sans doute l'air aussi stupide qu'un Veracrasse attardé. J'essayais de tout dissimuler en lui adressant un grand sourire un peu gêné.

    - Je suis nulle, je n'ai cuisiné que les moelleux au chocolat et au cœur de framboise, les cupcakes à la vanille et au glaçage chocolat, et les tartelettes au citron meringuées... Je voulais aussi faire les scones, c'est une recette de ma grand-mère et ce sont les meilleurs du monde ! En plus, c'était à moi de venir te chercher, je crains vraiment du boudin, ajoutai-je en baissant légèrement la tête, un peu énervée par moi-même. Mais je suis contente que tu sois venue, dis-je cette fois en attrapant son regard et en lui souriant franchement. Allez viens, je te montre !

    Je m'emparai doucement de son poignet pour lui faire traverser la cuisine jusque de l'autre côté du plan de travail sur lequel je m'étais établi, essayant d'ignorer le fait que ce genre de gestes que je réalisais tous les jours avec mes amis me semblait toujours déplacé avec Cahyl. Les elfes, qui s'étaient fait discrets pendant que je m'adressais à lui, s'était sagement attroupés à côté de nous. En retournant à mes fourneaux, je constatais que la farine avait disparue de la table et que la crème qui avait surgit de la casserole s'était elle aussi évaporée.

    - Merci, leur soufflais-je pour les remercier de leur aide, bien que le fait qu'ils nettoient mes bêtises (j'avais la fâcheuse manie d'en mettre un peu partie quand je cuisinais) me gênait un peu, car c'était à moi de les réparer. Je lâchais le bras de Cahyl pour poser devant lui les plats de gâteaux qui étaient prêts, mais pas aussi joliment présentés que je l'aurais voulu.

    - Alors, dans les caissettes en papier bleu nuit, il y a les cupcakes au chocolat, et ce que tu vois dépasser en forme de spirale c'est une ganache à la vanille ! J'ai choisi ces caissettes là car c'est une couleur qui te correspondait, je trouve, et ça va joliment avec le jaune pâle du glaçage ! Ça, ce sont les tartelettes au citron meringuées, je voulais mettre une petite décoration de fruits rouges sur le dessus, mais j'ai pas eu le temps, c'est nul, et làààà, les fondants chocolat-framboises, je te conseille de les goûter à la petite cuillère car la texture est bien fondante, et OH NON je t'ai mis de la farine partout sur le bras, quelle gourde ! finissai-je dans une exclamation alors que mon regard avait dérivé hasardeusement sur lui. Évidemment, puisque, juste avant de le saluer, j'étais en train de ramasser bêtement la farine à l'aide mes mains, alors que... alors que, oui, ça me vient seulement à l'esprit, j'aurais pu régler l'affaire en un coup de baguette magique. Attends, je vais t'arranger ça, dis-je en frottant son avant-bras à l'aide de mes mains, mais la farine ne faisait que s'étaler un peu plus, en plus du fait que la poussière blanche s'accrochait à son tee-shirt gris. Au moins, c'était clair : je méritais la médaille de la boulette de la semaine.

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Cahyl Steadworthy


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Âme soeur: Ais-je seulement le droit d'espérer? Ces sensations qui fleurissent en moi semblent m'indiquer que oui, j'en ai le droit.

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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeMar 2 Oct - 20:50

Surprise... <3


Une légère appréhension nouait douloureusement mon ventre. Pire encore, j’étais à la limite de me retourner et de partir loin d’ici, loin de cette pièce que j’avais déjà imaginé un bon nombre de fois, pour retourner dans mon dortoir, et oublier qui j’étais, simplement. Pourtant, quelque chose m’attirait inexorablement vers cette tapisserie. Au fond de moi, j’avais pris la décision claire et nette d’y aller. A présent, c’était trop tard, je m’étais engagé. Le fait que je vienne jusqu’ici était la preuve même que je ne pouvais plus reculer. J’avais peur de revoir Hannah. Deux mois auparavant, je l’avais lâchement abandonnée au bord du lac, après l’avoir aidée à le traverser. Et maintenant, elle m’invitait, avec une visible joie et bonne humeur à la rejoindre aux cuisines. Cela me dépassait. Je ne la comprenais pas. Si j’avais été à sa place, je crois que jamais je n’aurais autant insisté auprès d’une personne qui me repoussait sans cesse. Toutefois, cela ne semblait pas la toucher outre mesure, puisqu’elle continuait à vouloir me voir, me parler, passer du temps avec moi… quelque chose que je n’avais jamais eue jusqu’à présent. J’hésitai un moment avant de tendre mon bras vers le fruit faisant office de poignée. Extérieurement, je devais paraître aussi froid et distant que d’habitude, et pourtant, je bouillais. Tout était mélangé en moi. Heureusement, la chose était tapie, tout au fond, et ne faisait pas mine de venir voir ce qui me rendait si émotif. En vérité, j’avais peur de voir Hannah. Peur, je ne savais pas exactement pourquoi, parce qu’elle ne m’avait jamais fait le moindre faux bon, ou le moindre mal, c’était plutôt moi qui était sujet à le faire d’entre nous deux. Mais, je sentais que quelque chose en moi était tendu, redoutait alors que tout semblait si normal, si facile. Ce devait être mon inconscient qui se manifestait sans que je sache se qu’il souhaitait me dire. A dire vrai, je ne comprenais pas ce quel message il voulait me faire passer, et légèrement agacé par ces incompréhensions qui tournoyaient constamment en moi, j’avais haussé les épaules, soufflé doucement l’air que mes poumons contenait, et tendis le bras vers la poire, le cœur battant un peu plus fort qu’ordinairement. Du bout de mes doigts, je l’effleurai, et quelques secondes plus tard résonnait, dans le long couloir sombre, un éclat de rire vif qui me surprit. Je souris doucement, étonné par ce que les sorciers inventaient.

Longtemps, j’avais critiqué leurs méthodes, préférant largement le savoir et les inventions moldues. Mais je devais bien leur concéder quelques petites choses qu’ils réussissaient avec brio. Cependant, certains s’attribuaient à mon goût bien trop de mérite pour ces actions. Après tout, la magie n’était qu’un instrument, quelque chose qui se liait inexplicablement à un être humain, et qui partageait sa vie. Mais ce n’était, d’après moi, que du hasard. Etait-ce les gènes qui décidaient de telles choses, ou bien simplement la magie, une entité entière qui n’en faisait qu’à sa tête. Je penchais souvent pour la deuxième solution. Mais, bien des gens ne comprenaient pas, qu’ils n’étaient que des personnes choisies, qui avait un don, et que ce don pouvait servir à l’humanité plutôt que de détruire tout ceux qu’ils croyaient « impurs » alors que tous, nous étions égaux. Après, tout dépendait de la façon dont nous nous servions de la magie. Certains étaient doués en sortilège, en mémorisation ou simplement avait un bon feeling, et ils étaient doués, d’autres avaient besoin de plus travailler. C’était un outil, dont on devait tous apprendre à se servir. Et cela m’énervait grandement, quand je lisais les journaux à Poudlard, de voir que certains se valorisaient plus que d’autres alors qu’ils n’en avaient aucun droit. Mais, bien souvent j’abandonnais ces pensées, vaincu d’avance par la bêtise humaine et par sa soif de domination. C’était triste, et pourtant, nous faisions tous partie de ce monde injuste. Et, sans le vouloir, j’étais pourtant à part. J’avais déjà tant à souffrir avec la Chose, que je ne comprenais plus vraiment la souffrance du monde. Non, c’était le contraire, je ne comprenais trop bien ce qu’ils ressentaient, tous ces gens qui souffraient, que ce soit de persécution, de la famine, et de toutes ces choses qui me rendaient à la fois complètement furieux, mais aussi terriblement triste. J’étais égoïste, ça je le savais parfaitement. Je ne pensais pas assez à toutes ces personnes, qu’on oubliait si facilement, dans notre bulle de confort. Cela, c’était avant. Avant que je souffre à mon tour. Et là, j’avais vite compris, et ma compassion pour tous ces gens s’était accrue. D’un jour à l’autre, j’avais basculé dans leur monde. Oui, j’avais encore le confort, mais ma souffrance était trop forte pour que je puisse en profiter, et surtout, j’étais exclu de tout. Tout ce qui se déroulait sous mes yeux, toutes ces choses, ces belles choses de la vie, j’en étais privé par mon état, par ma malédiction. Je m’étais longtemps perdu, et, depuis que j’étais rentré à Poudlard, j’avais recommencé à réfléchir quant à ma vie, et tout ce qui pouvait en découler. Plus que tout, j’avais rencontré des personnes qui m’avaient fait changer de point de vue. Padma, tout premièrement, par sa joie de vivre, même si elle souffrait autant que moi, et puis…

Hannah.

Elle était apparue devant moi au moment où la Chose ressortait, furieuse, toute griffe dehors, et elle en avait fait les frais. Deux fois, ou plus… Elle avait supporté mes brusques excès de folie, mes hargnes soudaines, mes paroles blessantes, tout ce qu’une personne normale n’aurait supporté d’endurer. Mais, elle était encore là. Je me disais parfois qu’elle devait vraiment être inconsciente et que son sixième sens ne devait pas être le moins du monde développé. Parfois, certaines personnes, quand la Chose remuait en moi, reculaient inconsciemment, comme si cela les dérangeait, ou les effrayait. J’avais également vu des gens m’éviter consciencieusement dans la rue, un drôle d’air sur le visage. Je soupçonnais ces personnes-là de sentir, sans le comprendre, qu’il y avait un danger chez moi. Mais, ce ne semblait pas être le cas d’Hannah, qui au lieu de m’éviter comme la peste, s’approchait sans cesse de moi. J’avais peur pour elle, peur qu’un jour je lui fasse mal. Et pourtant, cela me faisait plaisir, tout au fond de moi, j’aimais ces moments que je passais avec elle, en toute innocence. Mes pensées dérivèrent lentement vers la fois où nous avions traversé le lac. Avec un petit sourire, je me rappelai des sensations que j’avais ressenties. Le froid mordant dans l’eau, agréable, à cet instant, et la présence de la jeune fille à mes côtés, qui parlait sans arrêt, mais qui me parlait, à moi. Elle me prêtait attention, ce que peu de personnes avaient fait avant elle, et c’était cela qui me rendait… étrange. Je ne pouvais définir ce qui se passait en moi, et ce que je ressentais. Peu, et beaucoup à la fois. Quelque chose que je ne connaissais pas. Et de nouveau, ces mystères m’agaçaient. Chassant toutes ces pensées qui me retardaient, je regardai le tableau s’ouvrir doucement et présenter à mes yeux un long couloir, sombre et bas. Je m’attendis, en descendant les quelques petites marches qui y menaient, à ce que ce soit humide et qu’une mauvaise odeur se répande dans mes narines. Mais ce ne fut pas le cas. La température était la même, et le parfum qui se dégageait du fin fond du couloir me titillait agréablement l’odorat.

Lorsque j’arrivais dans la pièce d’où s’élevait de si délicieuse odeur, mes pupilles se rétrécirent sous la lumière magique qui s’y déversait, et je ne mis que quelques secondes pour trouver Hannah dans ce dédale de fourneaux et de plan de travail. Assez surprit par les dimensions astronomiques de la pièce, mais surtout par le plafond, plutôt bas, je regardai autour de moi avec attention. Je me tenais légèrement courbé, la tête en avant, car je ne pouvais me tenir droit. Je touchai du bout d’un doigt les cuisinières qui m’arrivaient à mi-cuisse, supposant qu’elles devaient probablement être adaptée à la taille des elfes de maison, qui était bien plus petits que nous autre. Mon regard se fixa à nouveau sur la jeune fille, qui ne m’avait pas vue, et qui continuait de travailler, les manches relevées, un tablier rose à dentelle noué autour du cou. Un léger sourire fleurit sur mes lèvres tandis que je l’observais quelques secondes, songeant que ce tablier, bien que me plaisant que très peu, reflétait parfaitement le caractère édulcoré de sa porteuse. Autour d’elle, se pressait parfois des petits créatures aux longues oreilles et aux yeux démesurés que je devinais être les elfes de maisons. Jamais, auparavant, je n’en avais aperçu. C’était eux, qui d’après certains livres, s’occupaient des repas, de mettre des bouillotes aux pieds de nos lits l’hiver, qui entretenaient les feux et surtout, qui rangeaient et nettoyaient tout le château, et pourtant, personne ne pouvait prétendre les avoir vu. Ils étaient aussi efficaces que discret, et cela m’étonnaient énormément qu’ils n’aient pas plus de considération. Tout travail méritait pourtant salaire, d’après moi. Doucement, contournant les plans de travail, légèrement gêné par ces odeurs particulièrement plaisante et forte, mais aussi, parce qu’elle avait l’air très impliquée dans ses pâtisseries, et durant un instant j’avais pensé à sa tête, si je lui avais fait faux bond. Mon cœur s’était légèrement serré, et culpabilisant, je m’étais avancé un peu plus vers elle, et du bout des lèvres, avait engagé la conversation. Elle releva brusquement la tête, les yeux légèrement écarquillés, et malgré moi, je ne pus m’empêcher de rire doucement : visiblement, elle ne s’attendait pas à ce que je sois là. Mais, elle ne dit rien, comme je m’y attendais. A la place, elle m’observa à son tour, ses yeux passant sur mon visage, et je me sentis plus mal à l’aise encore. Pourtant, j’essayai de ne laisser rien paraître, d’une part parce que je n’avais pas envie qu’elle voit ma gêne, mais aussi parce que je me protégeais, et la protégeait également. Cependant, cela me fit étrange, je sentais que quelque chose se passait. Je ne savais pas quoi, mais cela m’effrayait, alors, je détournai les yeux, faisant mine de regarder autour de nous. Puis, ce fut un bruit qui occupé mes sens, et quelques secondes plus tard, Hannah se mettait enfin à parler
:

- Oh non, non, non, non, zut de crotte de biiiique ! Dit-elle en se dirigeant vers l’une des plaques de cuisson, et en retirant une casserole d’où débordait un liquide blanc. En la posant ensuite sur la table, elle renversa un paquet de farine. Et je ne pus m’empêcher de rire à nouveau devant sa maladresse et ses doux jurons combinés. Elle le contourna alors pour ramasser ce qui était tombé, et je la suivis pour faire de même. Je m’apprêtai à me mettre à ses côtés quand elle se retourna brusquement vers moi, et ce n’est qu’à ce moment-là que je m’aperçus que nous étions… relativement proches l’un de l’autre. Mon visage se fermant légèrement sous cette constatation qui me plut autant qu’elle me déplut, je reculai de quelques pas tandis qu’Hannah m’adressait un sourire légèrement gêné.

- Je suis nulle, je n'ai cuisiné que les moelleux au chocolat et au cœur de framboise, les cupcakes à la vanille et au glaçage chocolat, et les tartelettes au citron meringuées... Je voulais aussi faire les scones, c'est une recette de ma grand-mère et ce sont les meilleurs du monde ! En plus, c'était à moi de venir te chercher, je crains vraiment du boudin. Elle baissa la tête, l’air honteux. Mais, c’était moi, qui était le plus honteux des deux, pensant à tout le mal qu’elle s’était fait pour me faire des gâteaux, alors que de mon côté, j’hésitais grandement à venir.

-C’est largement suffisant, je ne mangerais pas tout. Souris-je doucement. Ne t’inquiète pas !

J’avais bien mangé ce midi-là, et il était vrai que je mangeai souvent rien du tout au goûté. Depuis que la Chose était en moi, je privilégiai les viandes, et les plats consistants. Oui, un gâteau, c’était quelque chose de consistait, mais bien qu’avant j’aimais énormément le sucré, cela avait peu à peu changé. Et puis, à l’orphelinat, c’était trop peu souvent qu’ils nous faisaient de telles choses, je n’y avais pas été habitué, alors tous ces choix de pâtisserie pour moi, c’était bien trop.

-Mais je suis contente que tu sois venu ! Dit-elle alors, retrouvant le sourire.Allez viens, je te montre ! Continua-t-elle, et là surprise, elle m’attrapa délicatement le poignet. Les premières secondes, je crus réellement que la Chose allait sortir et se dévoiler au grand jour. Mais, non, rien. Il devait être trop tôt, elle avait eu satisfaction il y a quelques jours, et à présent, elle était calme. Un grand soulagement s’empara de moi, tandis que je me laissais conduire par la jeune fille, mon ventre se nouant légèrement. Elle me fit retraverser la cuisine, jusqu’à l’autre côté de la table, vers les fourneaux où je l’avais vue lorsque j’étais entré dans la grande pièce. Puis, elle me lâcha et je restai ainsi, debout au milieu de plein de petits êtres aux grands yeux qui nous regardaient sagement. Je décelai une certaine vénération dans leurs yeux lorsque ceux-ci suivirent Hannah du regard. Je souris très légèrement, constatant que même parmi les elfes, elle arrivait à se faire aimer de la plupart des personnes qui l’entouraient. Mais je comprenais pourquoi. Elle avait cette sorte de charme innocent, cet amour des autres et cette bonté qui faisait que malgré elle, elle attirait les regards, la sympathie. C’était presque impératif, tous ceux qui la croisaient ou qui lui parlaient, étaient obligés de lui sourire, de lui parler en retour, de la regarder… C’était à la fois véritablement frustrant, mais aussi plaisant. Car c’était une de ces personnes qu’on oubliait rarement grâce à la gentillesse dont elle faisait preuve. Occupé à penser de cette façon, je ne vis même pas que la farine avait disparu de la table et que la casserole s’était volatilisée. A vrai dire, tout comme les elfes, mes yeux étaient aimantés sur le petit bout de femme qui se tenait devant moi, souriante, de bonne humeur. Elle m’intriguait. Qu’est-ce qu’était son secret ? Je n’eus le temps d’y réfléchir plus longtemps car elle déposa devant moi quelques plats où trônaient des gâteaux à l’air si apetissant que même Voldemort aurait bavé devant. De plus, mes sens surdéveloppés me jouaient des tours, et j’eus beaucoup de mal à ne pas en attraper un directement.

-Alors, dans les caissettes en papier bleu nuit, il y a les cupcakes au chocolat, et ce que tu vois dépasser en forme de spirale c'est une ganache à la vanille ! J'ai choisi ces caissettes là car c'est une couleur qui te correspondait, je trouve, et ça va joliment avec le jaune pâle du glaçage ! Ça, ce sont les tartelettes au citron meringuées, je voulais mettre une petite décoration de fruits rouges sur le dessus, mais j'ai pas eu le temps, c'est nul, et làààà, les fondants chocolat-framboises, je te conseille de les goûter à la petite cuillère car la texture est bien fondante, et OH NON je t'ai mis de la farine partout sur le bras, quelle gourde !

J’étais en train d’observer avec minutie tous les détails à quoi elle faisait référence quand elle me fit remarquer d’une façon assez désespérée, que j’avais de la farine sur le bras. Baissant brusquement sur la tête, j’aperçu en effet que ma vieille veste de cuir élimée était couverte d’une fine couche de poudre blanche. J’haussai un sourcil, ne sachant exactement comment réagir. Je n’avais pas le moins du monde envie de me mettre en colère, et puis à quoi cela aurait servis ? Je pris le partit de lui dire de ne pas s’inquiéter, et de l’enlever pour la nettoyer plus tard. Mais je n’eus pas le temps d’esquisser un geste ou ne serait-ce qu’un seul mot, car elle me prit de court :

-Attends, je vais t'arranger ça.

Puis, elle s’approcha de moi et frotta mon avant-bras avec ses mains. Sauf que cela n’eut pas l’effet escompté car au lieu d’enlever la poudre volatile, cela ne fit que l’étaler d’avantage sur mon blouson qui, si elle continuait, ne serait plus sombre mais blanc comme la neige ! La poussière blanchâtre tâcha également mon tee-shirt. Et elle eut un air si désespéré et dépité que je n’eus pas le cœur de l’embêter sur cela, ou plus encore, de la gronder gentiment. De toute façon, je n’aurais jamais osé, tout cela était partit d’un bon sentiment, et elle me faisait sourire, plus que m’exaspéré. Puis, voyant ses mains sur mon bras, avec de la farine sur les doigts, et sur moi, une légère idée s’éveilla en moi, surement nourrie par certaines scènes que j’avais parfois entraperçue à la télé, ou alors que l’on m’avait racontée. Je sortis doucement ma baguette, faisant attention à ce qu’elle ne voit rien, et espérait que les denrées n’étaient pas conservées dans un endroit qui se trouvait dans son champ de vision. Cela faisait quelques temps que je m’entrainais sérieusement aux sortilèges informulés, et j’espérais que cela allait marcher, même si mes dernières tentatives avaient été plus que concluante. Je lançai un accio silencieux, rangeai rapidement ma baguette, et attrapai à l’aveuglette –m’aidant de mon ouïe et de mon sixième sens- le paquet de farine qui avait volé à travers la pièce jusqu’à dans ma main. Une certaine fierté m’empli, tandis que je serrais entre mes doigts le sachet contenant la poudre blanche. Je fis alors une légère petite comédie à Hannah.

-Oh, non, ma veste ! Dis-je d’un air attristé, puis je relevai les yeux et les plongeai dans les siens , si bien qu’elle dû voir la lueur amusée qui y surgit lorsque je tendis mon bras au-dessus d'elle, et qu’avec lenteur, je fis dégringoler le contenu du paquet sur sa tête.

Je reculai de quelques pas lorsqu’il fut entièrement vidé, et éclatai de rire devant l'expression qu’elle avait, couverte ainsi de la poudre blanche, avec son petit tablier rose bonbon. Mieux encore, je ris plus que je ne l’avais jamais fait, le sachet toujours dans ma main droite.
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Hannah Blueberry


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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeVen 26 Oct - 22:52



    Avais-je cru qu'il ne viendrait pas ? Je crois que oui, au fond de moi. Mais j'avais un talent qui déchirait du tonnerre : j'avais un petit tiroir dans mon cerveau, vers la droite, je pense, qui pouvait contenir tout ce que je voulais me dissimuler à moi-même. C'était un peu stupide, comme concept, mais j'avais pris conscience de ce système d'auto-défense récemment, pendant l'été qui venait de s'écouler et de se faner pour laisser sa place à l'automne, annonciateur de la fin de l'année et donc, donc, donc... je vous le donne en mille : de Noël !! Enfin, je m'égare. Je crois que si j'avais si bien vécu mes grandes vacances, c'est parce que j'avais réussi à ne pas me pré-occuper de mes pré-occupations, et il fallait bien avouer que Cahyl en faisait parti. De toutes les histoires et les créatures merveilleuses qui peuplaient mon imagination, une petite tête brune aux lourdes cernes bleues et au teint blanchâtre émergeait de temps en temps, mais pas de la même manière dont je songeais à Eilyne, ou à Aaron, ou à tous mes autres amis. Il n'apparaissait pas parmi les souvenirs heureux, mais dans une sorte d'étrange dimension mystérieuse qui me triturait sérieusement les méninges. Et c'était un peu bizarre. Et comme je n'aimais pas trop beaucoup ça, j'avais décidé de l'écarter de mes principales pensées pour uniquement me concentrer sur mon retour en Écosse, sur la présence de Matthew et de Mamie Moira presque quotidiennement à mes côtés, et à la délicieuse odeurs des pâtisseries naissantes dans le grand four de la cuisine rustique de mon adorée grand-mère. Et puisque j'avais décidé d'être heureuse et de ne plus penser aux choses qui m'assombrissaient l'esprit, ainsi l'avais-je été pendant mes semaines passées en Écosse.

    Et puis, il était là, maintenant, devant moi, presque inchangé. Ses cheveux avaient peut-être poussées, et j'avais gardé une image beaucoup plus fade et morne de lui, comme si la petite case qu'il occupait dans mes pensées avait été lavée dans de l'eau de javel pendant l'été. Pourtant, je crois bien pouvoir dire que nous avions passé du bon temps lors de notre baignade un peu incongrue (si c'est pas la classe, ce mot) dans le lac, avant les vacances, et qu'il m'avait presque paru... pas fâché. Pas énervé. A peu prèèès serein. Et puis, son naturel, que je commençais un peu à cerner, était revenu au galop, et la petite bulle que nous nous étions créés avaient brusquement éclatés, tout comme mes espoirs de construire une amitié stable avec lui. Car je crois bien que c'était ce que je désirais : jamais personne ne m'avait autant échappé, refusé mon aide, toutes les mains que je lui avais tendu, tout les sourires que je lui avais adressé, et tout mes regards enjoués qui avaient vainement essayés de trouver les siens. Ces petites frustrations et incompréhensions qui s'accumulaient de plus en plus depuis l'an dernier faisaient de plus en plus monter la mayonnaise : je voulais qu'il m'accepte et qu'il devienne un ami. Je le voulais, nom d'un Gallion en chocolat ! (du chocolat noir à 70% de cacao, s'il vous plaît, c'est le meilleur, autant en tablette que pour faire un gâteau. Et alors, le premier qui me parle des sachets de préparation toutes prêtes pour pâtisseries, je le zigouille. Ces vieux sachets en plastique remplis de bouse de troll, c'est genre, la plus grande aberration de la planète. Un gâteau, ça se fait avec des ingrédients frais, et surtout : avec a-mour ! ...fin de la parenthèse.) D'ordinaire, je n'étais pas bien coriace. Si je sentais que quelqu'un ne m'appréciait pas beaucoup, rien ne servait d'insister, car je savais (Mamie me l'avait appris) qu'il était impossible de plaire à tout le monde. Mais avec Cahyl... je me rendais progressivement compte que j'étais un peu lourde avec lui, genre grosse génoise au beurre étouffe-chrétienne qui met deux jours à être digérée, mais j'étais convaincue, mais alors, convaincue de chez convaincue, que le problème n'était pas qu'il ne m'appréciait pas. ...J'ai un peu honte de dire ça, parce que c'est quand même vachement prétentieux, mais je vous jure, avant de me prendre pour une petite pourrie-gâtée gonflée d'orgueil (enfin, rien ne vous empêche, hein, mais laissez-moi dire que ce serait un peu précipité comme opinion), croyez-moi, il y a un truc étrange, une intuition (j'ignore si c'est la fameuse « intuition féminine » dont toute fille aime se vanter), mais je sentais que ce n'était pas ce problème qui clochait. Cahyl n'était pas le genre de personne qui se forçait à faire les choses pour se faire accepter les autres. Il était un peu différent, et ne semblait pas s'en formaliser. Il vivait aussi bien son côté un peu marginal, comme un Boursouf albinos (si, je vous promets que ça existe, j'ai connu une fille qui faisait un élevage de Boursoufs, et il y en avait un toujours tout seul, tout blanc et avec des yeux rouges, et personne ne voulait lui faire de câlins car il était considéré comme « répugnant », une « erreur de la nature », et ça m'a tant fendu le cœur que je n'en avais pas dormi pendant deux nuits). Donc, en résumé, si Cahyl n'appréciait pas ma compagnie, il aurait pu m'envoyer bouler ou même m'envoler dans les airs, avec la force qu'il avait, et pourtant, il m'avait proposé de nager avec lui, et avait accepté mon invitation dans les cuisines. Il y avait eu de si grands progrès que désormais, je refusais catégoriquement de baisser les bras. Maintenant, c'était trop tard. Le processus était enclenché, il allait devoir me supporter jusqu'à... jusqu'à... pour l'instant, jusqu'à l'infini du temps et de l'espace, car je comptais bien ne pas le lâcher.

    Alors, oui, la petite pensée dérangeante qui était « Il ne viendra pas, il avait accepté par politesse la dernière fois » avait bien germée dans mon esprit, mais je l'avais bien vite oubliée pour me donner toute entière à la cuisine. Sauf que, voilà : j'avais virevolté de saladiers en casseroles, d'un plan de travail à un autre, pendant plusieurs heures, et pourtant, j'avais loupé le coche. Je n'avais pas terminé à l'heure que je m'étais fixée. Je ne m'énervais jamais, mais, par contre, l'auto-déception m'était un sentiment fréquent. Avec mes pâtisseries à moitié terminées, la crème liquide débordante dans la casserole... J'étais bonne à me faire enfermer dans l'enclos à Scroutt à Pétards. Oh oui, au moins tout ça. Je détestais faillir aux tâches que je m'imposais, encore plus que cela entraînait la déception d'autrui.

    Et puis, voilà, là, il me regarde, il rigole, et je ne sais pas si c'est la rareté de l’événement qui provoque ça mais je sens mes mains devenir un peu moites, et laissez-moi vous dire que des mains moites, pour cuisiner et nettoyer, c'est vraiment l'anti-top de l'anti-top. Et il peut pas se taire un peu, ce maudit cœur qui bat en même temps que résonne son rire et qui du coup met le bazar partout dans ma tête ? La peur de décevoir mon hôte mute en tout autre chose quand il tente de me rassurer.

    - C’est largement suffisant, je ne mangerais pas tout. Ne t’inquiète pas !

    ...Pardon ? Pardon ? Non, non, Hannah, keep calm. Calme, on a dit. Je me sentais soudainement légèrement irritée, alors que j'étais pourtant tolérante envers l'espèce des Petits-Estomacs, d'habitude. J'avais bien conscience que tout le monde n'avait pas un gouffre à la place de l'estomac dans le ventre, aussi, les gens qui préféraient manger des petites quantités étaient tout à faits compréhensibles. Par contre, les gens, « olalaaa du sucre, non mais attends moi je mange une pomme par jour », ceux-là, je vous les fouetterais bien avec ma spatule en silicone rose fushia, oh oui ! Alors, non, je n'avais aucune envie de fouetter Cahyl, et, en même temps, je crois bien que je m'étais attendue à ce qu'il ne se jette pas comme un sauvage sur mes gâteaux... Quoique, croyez-le ou non, mais un cousin éloigné de ma famille, un peu rondelet, il faut l'avouer, mutait en ogre sauvage dès qu'il posait les yeux sur une pâtisserie. Petite, quand il était là, je me réveillais chez Mamie Moira la peur au ventre, parce que je savais que dès que les scones étaient déposés sur la table du petit-déjeuner, c'était la Guerre du Siècle. Il les voulait tous, tout le temps. TOUS, oui oui, et il aurait pu m'arracher la main pour parvenir à son but (il m'avait mordu le poignet un jour, je vous jure). Je trouvais ça limite irrespectueux, en fait, mais les refus m'apparaissaient comme tout aussi critiquables. ...Mais pourquoi je m'attarde sur des détails pareils, en fait ? Ma soudaine fébrilité m'indique je suis soudainement sujette au stress, chose rare qui ramollit considérablement la solidité de mes nerfs et de mon sang-froid. En fait, j'ai tout simplement l'impression de recevoir le Premier Ministre, ce qui est complètement mais alors complètement débile, mais l'enjeu est tel que mon cœur est incapable de se calmer et je me sens de plus en plus sur-excitée et incapable de me contrôler.

    - Oh, pas de soucis, dis-je en lui rendant son sourire dont l'apparition me faisait toujours un petit quelque chose tant il était rare, mais la prochaine fois, tu es obligé de jeûner toute la journée pour préparer ton estomac, ajoutai-je dans un léger rire, avant d'immédiatement prendre conscience que, pour la douceur, on repassera... comme d'habitude, j'avais cette impression que la moindre parole un peu osée, même la plus simple et habituelle soit-elle, allait le faire s'évaporer, et qu'il allait me glisser entre les doigts.

    Alors, quand je m'aperçus que j'avais tartiné sa jolie veste de farine, je pensais avoir tout perdu. Tous mes efforts et mes tentatives réduits à néant. Évidemment, plus j'essayais de retirer la farine de son bras, plus j'étalais la poudre blanche son vêtement, mes mains étant encore elles-même couvertes de farine. Je passais des coups rapides de paumes sur son bras, de plus en plus frénétiquement, puis abandonnais, un peu honteuse. Donc, à l'évidence, ce n'était pas demain la veille que j'allais sortir un livre sur comment bien accueillir ses convives. Et pourtant, c'était un domaine dans lequel j'adorais me perfectionner. Mais pourquoi, nom d'un Nargole à poids, devais-je toujours tout gâcher quand Cahyl était là ? Je voulais faire au mieux, et tout se passait toujours au plus mal. Ce nouveau sentiment d'échec me fit baisser les yeux et regarder le sol qui brillait de nouveau. Les Elfes l'avaient déjà rendu comme neuf, comme si je n'étais jamais passée par là.

    Ce fût les mots de Cahyl qui me firent redresser la tête, quelques secondes après mes vaines tentatives pour réparer mes erreurs.

    - Oh, non, ma veste !

    Je m'infligeais un nombre innombrable de claque mentale quand mon regard croisa le sien. Et là, quelque chose changea.

    Ses yeux étaient allumés d'une petite lumière inconnue, une lumière inhabituelle qui brillait dans l'obscurité profonde de son regard, d'habitude si éteint (et que j'avais si envie de réussir à éclairer). Attirée par cet éclat inattendu, je me concentrais de mon mieux pour y pénétrer. La porte me semblait enfin ouverte...

    Ma première pensée fût qu'il neigeait beaucoup, dans l'esprit de Cahyl. Mais il y avait un détail surprenant et délicieux : son rire résonnait dans chaque recoin. J'étais dans un petit paradis hivernal, mais la neige était quand même étrange : fine et poudreuse, elle était si dense qu'elle me gâchait la vue, et elle me pesait drôlement lourd sur la tête ; je ne pu m'empêcher de toussoter légèrement quand mes voies respiratoires se retrouvèrent obstruées par sa densité.

    Quand je vis Cahyl reculer de quelques pas en riant aux éclats et qu'un emballage vide de farine tomba près de mes pieds, le charme se brisa.

    Il avait renversé un paquet entier de farine sur le sommet de mon crâne.
    Et il riait, il riait tant que je crains un instant que sa mâchoire ne se décroche, car il m'avait paru toujours si fragile, que la moindre contrariété ou que la moindre émotion un peu forte pouvait briser – et le faire disparaître.

    Pendant plusieurs secondes, je n'étais incapable de rien d'autre que de rester immobile, la tête rentrée dans les épaules et le corps entier contracté par la surprise, l'air ébahi, les yeux et la bouche grande ouverte. J'avais mutée en carpe. Carpe diem, dit-on ; eh bien là, je le vivais à fond, le dicton !

    - Ca...hyl..., soufflais-je, encore sous le choc, sans aucune autre émotion sinon de l'étonnement.

    Il avait réussi l'incroyable : mon esprit s'était tu. Ma famille aurait bien été heureuse d'apprendre cette combine, tant elle avait désirée de fois me retirer des piles du dos pour que je puisse muter en gentille petite fille sage qui dessine calmement sur le canapé, et sans dépasser des traits, s'il vous plaît !

    En s'enflammant, Cahyl m'avait éteinte.

    La pause fût de courte durée, car l'éclat de son rire qui résonnait encore dans mon esprit ralluma les cendres engendrées par cet événement inattendu. Quand elles furent tout à fait rougeoyantes et que je fus de nouveau opérationnelle, ayant repris possession de mon moi naturel, je secouais violemment la tête pour me débarrasser de la farine qui devait dominer sur le sommet de mes cheveux blonds (ou désormais blancs, sans doute), me précipitais sur le plan de travail où gisait quelques tas de farine éparpillée, les attrapais à pleine main, et les lançais en direction de Cahyl. Non seulement il était facile de les esquiver, mais ma force de moineau couplée à la légèreté des particules de farine réduisaient mes efforts d'offensive à néant : la farine retomba lentement sur le sol, ravivant mon esprit taquin qui réclamait vengeance.

    - Zut de zut, murmurai-je en me mordant la lèvre inférieure, en me retenant à grand peine de rire.

    Craignant une offensive, je couru me cacher à quatre-pattes derrière le plan de travail, à la recherche d'un stratagème plus efficace. Quand je vis le bol de ganache au chocolat posé juste au dessus de moi,
    celui qui m'avait servi pour réaliser le topping des cupcakes, au bord du plan de travail, je n'hésitais pas et me relevais pour m'en emparer. Cahyl avait réveillé la véritable joueuse que j'étais et que j'avais toujours essayé de camoufler en sa présence, de peur qu'il ne s'enfuit – il avait maintenant enclenché une tornade impossible à arrêter.

    J'eus un sourire de satisfaction quand mes mains furent plongées dans le bol de ganache au chocolat : la texture était délicieuse à toucher, et nulle doute à déguster, mais là, tout de suite, maintenant, elle allait être destinée à autre chose...

    Impossible pour Cahyl de faire plus de deux pas tant je me précipitais vers lui avec la rapidité d'un balai de compétition (annonce : je défie n'importe quel Nimbus 2000 à la course !). Si il avait déjà compris ce que je m'apprêtais à faire et qu'il tenta de m'esquiver, il était trop tard : ma main, dans une frappe légère qui ressemblait plus à une caresse, marqua le trajet qu'elle fit sur sa joue droite dans une longue tracée chocolatée.

    Quand je levais cette fois-ci ma main gauche pour atteindre son autre joue, il tenta de se défendre en levant précipitamment ses bras devant son visage ; les paumes de mes mains se resserrèrent autour de ses avant-bras qui furent immédiatement marqués par les restes de ganache au chocolat qui y demeuraient.

    Et, sans que j'eus le temps de songer que désormais, j'avais toutes les raisons du monde de me dire que Cahyl était à croquer, ce fût ses mains qui prirent mes poignets en otage, avec une vivacité et une brutalité surprenantes.

    Mon coeur s'affola quand je réalisais que j'étais prisonnière de lui.
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Cahyl Steadworthy


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Âme soeur: Ais-je seulement le droit d'espérer? Ces sensations qui fleurissent en moi semblent m'indiquer que oui, j'en ai le droit.

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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeSam 27 Oct - 22:03

Je me sentis brutalement heureux. Et c’était si étrange, et cela m’arrivais si rarement, que je faillis refouler ce sentiment tout au fond de moi, pour ne pas le ressentir. Sauf que, je savais que c’était quelque chose qui faisait du bien, je l’avais assez entendu autour de moi, alors, je le laissai me gagner entièrement, chaque petit recoin de mon âme, chaque pensée furent contaminées par ces sensations inhabituelles. Mon amusement fut au comble lorsque je détaillais chaque trait de la jeune blonde, alors que je lui versais avec un grand sourire, le paquet de farine entier sur la tête. Quand je l’eus entièrement vidé et que ses cheveux, son nez, ses cils, tout, fut entièrement recouvert d’une fine poudre blanche, je reculai d’un petit pas, et commençai à rire. Un rire, un rire dont je me souviendrais toute ma vie, car il fut l’un des premiers fou rire que j’eus. C’était étrange, ça secouais le corps entier, l’esprit entier, mais cela faisait un tel bien que je ne pus m’arrêter. Je reculai encore, en proie à ces spasmes joyeux de l’âme, et gardai les prunelles fixées sur Hannah, qui ne réagissait pas. J’aurais voulu aller vers elle, peut-être m’excuser, mais je ne pouvais pas. J’étais pris d’une telle crise de rire, que je ne pouvais plus rien faire, rien dire. Je n’avais jamais vécu cela, mais j’avais l’impression qu’aujourd’hui, sortait tous les rires et le peu de joie qui étaient restés trop longtemps en moi, que j’avais refoulé tant de fois. Tout sortait en une seule fois, tout ce qui était resté bloqué en moi, jaillissais aujourd’hui, en une fontaine discontinues d’éclats de bonheurs. Tout sortait, et cela faisait un tel bien ! Je me rendis à peine compte que ma main avait lâché le paquet vide, et que Hannah, avait toussoté après avoir pris toute cette poudre sur le visage, probablement parce que quelque particules s’étaient infiltrées dans ses poumons. Je lui jetai un nouveau coup d’œil, tandis qu’elle restait figée dans la même position, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés, la tête rentrée dans les épaules, visiblement très choquée par mon comportement, soudain très joueur.

Cela ne m’arrivait que très rarement. Si ce n’est quasiment jamais. La dernière fois que j’avais joué à quelque chose ? Je ne m’en rappelais même pas. C’était peut-être avant que la Chose n’entre en moi, lorsque j’étais encore un minimum innocent, et que la douleur ne faisait pas entièrement partie de ma vie. Peut-être que j’avais joué avec d’autres garçons de mon dortoir, dans le grande cours de l’orphelinat, au loup ? Je ne savais même plus quels noms attribuer à ces jeux d’enfant qui avaient si peu fait partis de ma vie. La tristesse de ma vie me frappa alors brutalement. Autrefois, j’avais surement joué, ri un petit peu, et encore, l’orphelinat n’était pas le meilleur endroit pour vivre des choses joyeuses. Certains enfants pleuraient très souvent, d’autre se refermaient sur eux-mêmes, incapable de s’ouvrir, et très peu prenaient la vie du bon côté. Beaucoup partaient du mauvais pied, et volaient, trichaient, mentaient, sortait, fuguaient. J’avais évité tout cela, essayant de faire ma vie de mon côté, sans me préoccuper des conseils des uns et des autres. J’avais été fort tenté par toutes les manigances mauvaises des autres, à un certain âge, et puis, j’avais fait mes choix seuls, les meilleurs, selon moi, même si ce n’était pas toujours l’avis de tout le monde. J’avais décidé de me prendre en main, et de me baser sur ce qui me semblait être bon. J’avais longtemps observé les attitudes des autres, essayant de sentir si c’était de bonnes attitudes, ou de mauvaises. Peu à peu, en voyant également les expressions déçue ou attristée de la directrice et de ses aides, j’avais compris qu’est-ce qu’il fallait faire. Et puis, la Chose était arrivée. Et au chemin que j’avais emprunté c’était rajouté quelque chose. Je ne voulais plus de contact, et ma froideur face aux autres s’en était accrue considérablement. Je m’étais éloigné de tous, tous ces gens qui me côtoyaient, et qui étaient en danger de mort par ma faute. J’avais continué mon chemin, mais différemment. Car la différence entre le avant, et le après cette balade en forêt, dont je me rappellerais toute ma vie, était visible, palpable, gigantesque. Je n’avais jamais plus été le même. En même temps, il y avait de quoi.

Un nouvel éclat de rire me fit revenir sur terre, et mes yeux se fixèrent à nouveau sur le visage d’Hannah, bien plus pâle que d’habitude. Je ris encore, voyant des petites couches de farine sur ses cils, et devant son air encore béat. Visiblement, elle ne s’y était vraiment pas attendu. A vrai dire, je ne pensais pas non plus, un jour, faire preuve de tant de légèreté et avoir un comportement si puérile. Toutefois, je ne le regrettais pas. Rien que pour les traits d’Hannah, et pour le réconfort et le plaisir que tout cela m’apportait. Mon âme se réchauffait doucement, sous cette belle flammèche de joie qui s’était brutalement allumée. Illuminant mon âme meurtrie, semblant recoudre les innombrables plaies qui s’y étaient faites, durant toutes ces années. Ma peur de la Chose s’en était presque envolée, et en vérité, je ne pensais plus à elle. Profitant de l’instant présent, et de ce rire bienfaisant qui s’échappait de mon corps
.

- Ca...hyl... Souffla alors Hannah, réagissant enfin.

Je ne pus m’empêcher de rire encore, comme un véritable enfant. Sauf qu’Hannah ne semblait pas vouloir en finir ainsi. Elle se dirigea brusquement vers le plan de travail, attrapa des poignées de farine, et les lança alors sur moi. Sauf que la propriété volatile de la poudre, et son éloignement la fit choir, quelque centimètre devant mes pieds. Je la regardai tomber, un grand sourire sur les lèvres, une étincelle joueuse dansant dans mes yeux. J’avais cru, quelques secondes, qu’elle en resterait là, mais c’était sans compter sur son instinct joueur, à elle aussi, probablement bien plus entretenu et développé que le mien. Et puis c’était, également, sans compter sur sa volonté à me faire payer cet affront, auquel elle ne s’était attendue. Soudainement, elle courut un peu plus loin, et se cacha derrière le plan de travail ; si bien que je ne la vis plus pendant quelques secondes. Mu par un instinct, je retirai ma veille veste en cuir, me retrouvant en Tee-shirt. Elle en avait déjà assez pâtit pour aujourd’hui, il faudrait d’ailleurs que je songe à aller la laver dans les lavabos des toilettes. Ou alors simplement, que je prononce un petit sortilège, afin qu’elle redevienne comme neuve. Je souris doucement. J’avais été trop longtemps habitué aux manières moldues, et j’avais, à présent, beaucoup de mal à m’habituer à la facilité de la magie. J’aimais faire les choses par moi-même, j’en retirais souvent une plus grande satisfaction que lorsque j’utilisais un simple mot, et ma baguette. C’était certes utile pour bien des choses, mais, je préférais, lorsque c’était possible, le faire par mes propres forces. Peut-être était-ce un moyen de prouver que j’étais encore valable et que je ne m’enfonçai pas dans la flemmardise.

Je ne vis même pas Hannah arriver dans ma direction, perdu comme je l’étais dans mes pensées. Mes instincts ne me furent également d’aucune utilité. Elle se jeta sur moi, et en une seconde plus tard, ma joue était entièrement recouverte d’une matière visqueuse, froide, et qui sentait terriblement bon. Je ne sais pas exactement ce qui se passa dans mes pensées à ce moment-là, je ne pourrais, encore maintenant, pas le définir. Mais, je sentis distinctement qu’elle réitérerait très bientôt une offensive. Elle leva effectivement la main, quelques courts instants plus tard, et dans un geste de défense courant, je levais à mon tour mon avant-bras afin de parer cette attaque chocolatée qui m’était destinée. Ses mains agrippèrent alors mon avant-bras, et de longs sillons bruns y furent tracés. Grandement amusé par tout cela, je me retins de rire. J’étais bien plus grand et bien plus fort qu’elle, cependant, elle ne se laissait pas démonter, et avec une farouche volonté qui me surprenait, elle venait m’attaquer de front, osant me mettre du chocolat partout sur mes membres découverts. Je fus toutefois assez content d’avoir eu l’idée d’enlever ma veste précédemment, elle avait déjà été assez salie ! Bien décidé qu’elle arrête ce carnage, et qu’elle ne me mette plus rien sur le visage, d’un mouvement souple et rapide, je lui attrapai les poignets, bloquant son geste, et d’un mouvement que je n’avais pas réellement prévu, l’attirais un peu plus vers moi. Un sourire sur les lèvres, je la regardais, un certain éclat de victoire au fond des prunelles. Tout à l’amusement que j’avais eu, je ne me rendis pas compte qu’elle s’était arrêtée de bouger.

Alors, je le sentis. Cette chose étrange qui me dérangea brusquement. Il y avait quelque chose. Je regardai autour de nous, cherchant à voir si quelqu’un nous regardait, et si c’était cela qui me gênait. Mais, il n’y avait personne. Mon sourire s’évanouit doucement, et je fronçai les sourcils, ne comprenant pas ce qui se déroulait en moi, et autour de moi. Et c’est à ce moment, qu’en quête de réponse, je baissai les yeux sur le visage d’Hannah. C’est alors que je me rendis compte combien elle était proche de moi. Mon cœur s’arrêta quelques secondes de battre, et mes prunelles cherchèrent instinctivement les siennes. Dans ma tête, c’était le vide complet. Je n’existais plus, la Chose n’existait plus. Je n’étais plus. J’en eus le souffle coupé. Il n’y avait plus rien, autour de moi, autour de nous. Je ne cillai cependant à aucun moment, incapable de détacher mes yeux du son visage, et surtout, de ses prunelles bleutées. Moi qui avais toujours su repousser mes sentiments, et faire preuve d’une grande froideur quand cela était nécessaire, je n’étais, à cet instant présent, plus capable de rien. Seuls les instincts primaux de mon corps marchaient, et encore, je n’étais plus tout à fait sûr de respirer. Si bien, que je pris une courte inspiration, pour essayer de faire redémarrer mon esprit, mais ce fut une terrible erreur, car le subtil parfum de la jeune fille me parvint aux narines, et me fit perdre un peu plus la notion de la réalité. Mais que m’arrivait-il ? Que se passait-il ? Je ne comprenais pas ! Pourquoi mon cœur battait ainsi ? Pourquoi aimais-je ainsi la soudaine proximité qu’il y avait entre nous ? Pourquoi n’arrivais-je pas à reprendre mes esprits ?

Mais, toutes ces questions se perdaient dans le maelström qu’était devenu mon être.

Et puis, quelques pensées arrivèrent à se frayer un chemin à travers le vide intersidéral qui s’était créé en moi. La Chose. Et lorsque je repris brutalement conscience de la réalité, ce fut deux sentiments qui se partagèrent mon cœur. A la fois, le soulagement, car cette situation n’avait pas lieu d’être, et puis, presque aussitôt, un léger sentiment de regret, car… cela avait été plaisant, même si je n’arrivais, pour le moment, à me l’avouer. Je me rendis alors compte que mes mains couvertes de multiples cicatrices enserraient encore ses fins poignets. Je les lâchai alors plus ou moins brusquement, et reculai de quelques pas, baissant les yeux. Le charme fut rompu, et j’eus l’impression que tout me revint dessus d’un seul coup. Tous les bruits de la cuisine, toutes mes pensées, et même la présence de la Chose. Déstabilisé, je n’osais plus relever mon regard, incapable de croiser le sien. Je ne savais ce qui m’avait pris, et je ne comprenais plus. Je ne comprenais plus mon corps, qui avait réagis d’une façon que je trouvais excessive, et je ne comprenais plus les pensées qui traversaient mon être de toute part. J’avais l’impression de trembler intérieurement, et n’aimait pas du tout cette soudaine faiblesse qui me prenait l’âme. Mais à la fois… c’était bon, agréable, quelque chose d’insaisissable et d’indéfinissable, pas en tout cas, avec des mots. Car les mots, n’étaient pas assez forts pour décrire les évènements qu’un être humain vivait. La douleur, n’était pas définissable, tout comme ce que je venais de… de ressentir.

Conscient du silence qui s’était installé, depuis que nous nous étions rapprochés, et de la gêne, qui tournait autour de nous, ayant fait de nos deux être ses proies, je cherchais désespérément un sujet, ou une échappatoire à tout cela. Mais, c’est bien connu, c’est lorsque nous nous cherchons justement un sujet sur lequel lancer la conversation, que nous n’en trouvons pas. Visiblement, mon esprit n’était pas apte à faire une telle chose, alors, je cherchai des yeux, autour de moi, ce qui pourrait occuper nos prochaines actions et nos prochaines pensées. Mon regard tomba alors sur la farine, encore à terre, et le bol de chocolat, qui avait, dans la bataille, également atterris sur le sol. J’essayais de reprendre le contrôle de moi-même, et relevai les yeux jusqu’à rencontrer les yeux de Hannah, et, avec un petit sourire dont je ne sus si il était gêné ou empreint d’un autre sentiment, je lui montrai d’un infime geste, les dégâts que nous avions causés à la grande cuisine habitée par les elfes. Justement, ceux-ci se tenaient un peu plus loin, probablement intrigué par notre comportement, ou alors gênés, comme je l’avais été par la brusque tension qui s’était diffusée dans la pièce. Je pris une longue respiration, remettant les choses au clair dans mon esprit, essayant vainement de ne pas repenser à ce qui s’était passé quelques minutes auparavant, et regardai à nouveau Hannah
.

-Ça te dit que nous nettoyions ? Je n’ai pas très envie que les elfes le fassent à notre place alors… alors que c’est nous qui avons mis tout ça par terre.

Après quoi, je passai à côté d’elle, sortis ma baguette, et sans même penser que j’aurais pu nettoyer tout cela grâce à son aide, fit simplement léviter jusqu’à moi, un seau, deux serpillères, et deux éponges. Puis, m’approchais du plan de travail, muni de l’une des pattes pour le nettoyer consciencieusement. Je ne sais si les elfes furent scandalisés ou non par ce que j’entreprenais de faire. Mais à vrai dire, je n’en avais cure. C’était moi qui avais commencé avec mes bêtises, et je voulais réparer cela par moi-même. Bien sûr, cela avait été agréable, mais la conséquence avait été de salir le lieu de vie de ces petits êtres, et finalement, je m’en voulais. J’avais vite appris, à l’orphelinat, à l’école de la vie, que nous payions pour nos erreurs, et pour nos écarts. Ce n’était pas une bien grande punition, je la faisais même de bon cœur, mais je ne voulais pas que d’autre nettoient à ma place ce que j’avais causé. Simplement.

Je ne jetai aucun coup d’œil à Hannah, étrangement terrifié à l’idée de voir ce qui brillerait dans ses yeux.

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Hannah Blueberry


Hannah Blueberry
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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeDim 4 Nov - 17:45


    Sincèrement, si on m'avait demandé quel événement était plus probable d'arriver entre une attaque de Veracrasses mutants dotés d'ailes en plumes roses, et Cahyl Steadworthy (oui, j'avais fini par connaître son nom, et essayez un peu d'en trouver un plus classe et harmonieux que celui-ci, pour voir, parce que je suis presque convaincue que c'est impossible) en train de rire à gorge déployée, une lueur de malice dans le regard après m'avoir renversé un paquet de farine sur la tête, ce qu'on pourrait aussi communément appeler « faire une bêtise »... J'aurais parié sur les Veracrasses mutants. Jusqu'à maintenant, le garçon un peu étrange qui était devant moi m'avait toujours paru si sérieux et impénétrable, comme, sans méchanceté aucune, une nonne dans son couvent, je... Oh, non, c'est un peu trop rude, comme comparaison. Cahyl était bien plus intéressant qu'une fille pure et innocente enfermée dans un vieux bâtiment à vous donner la chair de poule. Déjà, Cahyl n'était pas une fille, et peut-être que... est-ce que s'il l'avait été, les choses auraient été différentes ? Est-ce que tout aurait été plus simple, est-ce que le fait que je sois une fille et lui un garçon aggrave mon cas et me rend plus insupportable à ses yeux ? Ça m'énervait un peu, les tensions qui pouvaient exister entre les garçons et les filles, c'est-à-dire entre quelqu'un qui a un zizi et quelqu'un qui n'en a pas. Et j'avais l'impression que ce truc provoquait fréquemment des petits malaises, comme si il y avait des limites invisibles mais qu'on ignorait où elles étaient exactement. C'était un peu embêtant. Je n'avais encore jamais été vraiment confrontée à ce problème. En fait, c'était Cahyl qui m'avait ouvert les yeux sur tout ça, parce qu'avant, je ne me posais pas beaucoup de questions à ce sujet. Mais j'avais tourné des dizaines d'hypothèses dans ma tête, dans tous les sens, et je m'étais soudainement rendue compte que j'étais une fille et qu'il était un garçon et que cette distance de zut de crotte de bique qui existait entre nous en était peut-être la conséquence. Mais c'était peut-être faux, et si c'était peut-être vrai, peut-être qu'il y avait autre chose... Cahyl ne ressemblait à rien à une nonne dans son couvent parce qu'il me semblait tout sauf... innocent. Il y avait quelque chose, et il me semblait que puisque rien ne semblait bien entre nous, c'était forcément du mal. Une nonne, c'est le bien, ça rentre dans un cadre, on y touche pas, et voilà. Cahyl, il était indiscernable, intouchable, et il ne rentrait dans aucune catégorie.

    J'ignore pourquoi je me suis mise à comparer Cahyl à une nonne, mais ce que je sais, c'est que je refusais de croire à toutes ces théories du mal et de la distance et du problème jusqu'à ce que je me force petit à petit à accepter le fait que certaines personnes pouvaient refuser une main tendue, un sourire sincère, de l'aide, une présence... une amitié. Ce que je m'étais toujours efforcée de donner à tout le monde. Je m'étais arrachée les entrailles pour offrir ça à Cahyl comme à tous puisque cela m'était si naturel, si normal, et il me les avait fait ravaler par les narines. ...Pardon, c'est pas très classe, comme image, mais sur le coup, ces refus m'avaient semblé si violents que je m'étais réellement énervée contre moi-même et aussi un peu contre le monde, jusqu'à ce que je sorte papoter un peu avec les citrouilles, et toute cette fureur inhabituelle était passée. Maintenant, je m'efforçais d'accepter ce que j'avais jusqu'alors voulu refouler. J'avais fait une proposition à Cahyl dont j'espérais qu'il allait accepter mais que je pressentais qu'il allait refuser tout en ne pouvant pas m'empêcher d'espérer qu'il l'accepte, j'avais été à deux doigts de baisser les bras, et puis, il avait surgit. C'est fou comme il pouvait être tout à la fois la lune et le soleil. Il parvenait à assombrir mes pensées et à les illuminer tout à la fois, en l'espace de quelques instants, et même parfois simultanément. D'habitude, soit les gens sont lunaires, soit ils sont solaires. Je savais que moi, par exemple, j'étais solaire, et que ma soeur Coleen était lunaire. Cahyl était... Voilà, encore une fois, il ne rentrait dans aucune catégorie. Il flottait dans l'atmosphère, comme un petit électron libre que je n'arrivais pas à atteindre, alors même que j'avais réuni tout les trampolines du monde, que je les avais empilé les uns sur les autres, et que j'avais sauté dessus comme une demeurée. (...D'accord, elle est un peu étrange, cette métaphore.)

    Alors, non seulement il avait surgit, mais c'était son côté solaire qui était apparu, et ça m'avait littéralement clouée sur place. Enfin, jusqu'à ce que je le tartine de chocolat, ce qui était plutôt marrant. Parce que, non seulement c'était de nature comique (enfin, moi ça m'amusait), mais le fait que j'inflige cette douce vengeance à Cahyl... C'était juste l’événement le plus joyeux et incongru du siècle ! (décidément, j'adore ce mot). J'avais beaucoup de mal à me retenir de rire tant c'était improbable et tant j'y prenais de plaisir, parce qu'aussi bête ce geste soit-il, il me procurait de la joie, de manière d'ailleurs un peu démesurée, mais l'attente qui l'avait précédée était si grande, aussi grande que la longueur des cheveux d'Hazel Woodley (et ils sont bouclés en plus, alors imaginez lissés, cette chevelure de dingue qu'elle doit avoir ! Enfin, ceux de Sara Wayland seront toujours mes préférés), que ça me paraissait quand même compréhensible. Et c'était la première fois que je touchais son visage, et si c'était carrément étrange, je devais quand même me l'avouer : ça me procurait une étrange sensation de victoire. J'avais vraiment eu envie de crier « STRIIIKE » ou « JACKPOOOT » au moment où ma main effleura sa joue douce et tiède... mais ça, ça aurait été vraiment incongru et déplacé. Et puis, il n'avait pas besoin de savoir que depuis l'épisode du potager aux citrouilles, je menais une lutte intérieure envers moi-même pour qu'il accepte la main que je lui tendais. Et c'était peu dire puisque là, je lui avais littéralement tendue dans la figure.. Je lui aurais bien décoré l'autre partie du visage, surtout qu'il avait esquissé une légère grimace au contact du chocolat froid et épais sur son visage, et... ben oui, c'était marrant ! Sauf que (et je m'y étais un peu attendue), il ne tarda pas à m'immobiliser.

    Et là, soudainement, les choses devinrent un peu moins rigolotes. Vous vous souvenez de la tension dont j'avais parlé tout à l'heure ? Voilà, tout à coup, elle était là, sans la permission de personne, comme ça, bam. C'était peut-être pas tout à fait le même genre, mais... il y avait quelque chose de bien palpable, aussi palpable que la peau rugueuse du Calmar Géant qui vient nous chatouiller les pieds quand on nage dans le lac, tandis que mes poignets étaient enserrés dans ses mains. C'était marrant, d'ailleurs, car elles étaient toutes fines, plutôt un peu longues, et très belles, même si abîmées, mais elles possédaient une force bien dissimulée. Il me tenait, me tenais vraiment, je le sentais. Et pendant un court instant, je me sentis comme un peu... effrayée. La pression qu'il exerçait sur mes poignets et l'intensité étrange née de la rencontre de nos regards me fit littéralement oublier de respirer. Lui aussi semblait pressentir que quelque chose se passait, alors même qu'aucun événement particulier n'advenait si ce n'était que nous étions désormais deux imbéciles immobiles au milieu d'une cuisine, scrutés par des dizaines de paires d'yeux globuleux appartenant aux Elfes. Alors que les secondes s’égrainaient, intenses, le sourire qui s'était enraciné sur mes lèvres fanait doucement comme une fleur malade. Quelque chose n'allait pas.

    A la seconde où je pensais ces mots, il défit doucement l'emprise de ses mains sur mes poignets qu'il effleura ensuite délicatement, avant de m'adresser un sourire éclatant et de me faire un gros calinou de copain-copine.

    Non, en réalité... il me lâcha brusquement (comme si j'avais soudainement muté en bouse de troll), avant de reculer (comme si je sentais le pipi de chat), et de baisser les yeux sur le sol (comme si il cherchait à évaluer les dégâts matériels que nous avions causé et que c'était une chose intéressante et urgente à accomplir).

    Bien. Top. Super ambiance. Il restait là, sans parler, sans faire un geste, apparemment interloqué et gêné de cette proximité soudaine qui, de mon côté, avait fleuri l'espace d'un instant les espoirs d'un rapprochement définitif. Genre, c'est bon, nous sommes amis ! D'accord, l'amitié, ça se créé pas d'un claquement de doigt, mais vous voyez ce que je veux dire. On se rapproche en allant de l'avant, vers une relation amicale stable et pleine de joie et youpiyadada ! Avec Cahyl, quand on faisait un pas dans ce sens, on en faisait ensuite aussi dix vers l'arrière. Tout avait l'air de se dérouler selon le même schéma : petit rapprochement, gros écartement. Et là, ces phénomènes bizzaroïdes commençaient réellement à m'écarteler le cerveau, et je retins les gros bouillons d'incompréhension qui sévissaient dans ma tête pleine de contradictions en me disant que... Cahyl était Cahyl. J'avais voulu commencer à jouer, j'en savais les règles, il était hors de question que je m'en plaigne. C'était à moi de l'accepter comme il était. ...Enfin, théoriquement, parce que j'avais actuellement envie de le secouer comme un prunier pour avoir, encore, une nouvelle fois, « cassé l'ambiance », après m'être remise de mes propres émotions. L'attente suivie de la surprise suivie de l’ébullition de joie suivie d'un gros moment de tension... ces remous commençaient à me tordre un peu les veines cardiaques. Mes envies de calins copain-copine succédées de mes envies de meurtres furent mutuellement annulées lors qu'il releva les yeux vers moi en m'adressant un léger sourire, sans doute d'excuse pour la gêne occasionnée. Il était de nouveau rentré dans sa coquille, et je sentais qu'il était inutile d'essayer de l'en faire sortir de nouveau. J'avais compris que lui seul décidait de quand il s'y recroquevillait ou quand il en sortait le bout du nez. Et pour ajouter à ces frustrations, quand il ouvrit enfin la bouche pour parler, ce fût...

    - Ça te dit que nous nettoyions ? Je n’ai pas très envie que les elfes le fassent à notre place alors… alors que c’est nous qui avons mis tout ça par terre.

    ...pour parler de rangement.

    « Vous souhaitez casser la plus fun et la plus géniale des ambiances pour des raisons mystérieuses et floues? Faîtes appel à Cahyl Steadworthy, individu lui-même mystérieux et flou ! Cassage d'ambiance garanti à vous en faire oublier les bons moments précédemment passés. Service gratuit, disponible selon l'humeur de l'intéressé. »

    Sans attendre ma réponse, il se dirigea vers le plan de travail, m'ignorant quand il passa à mes côtés, fit venir jusqu'à lui seau et serpillières, et commença à récurer les traces de farine et de chocolat.

    ...Sérieusement ? J'avais toujours su que Cahyl était particulier, ce qui le rendait d'autant plus extra-ordinaire, mais qu'il avait des crises de propreté et un côté maniaque si développé... Outch. J'avais sans doute été la petite fille la plus bordélique du monde, mes parents m'ayant rageusement ordonné de nombreuses fois de ranger ma chambre, jusqu'à ce qu'un jour, ils vident le contenu intégral de tout mes placards, armoires, et étagères sur le sol de ma chambre déjà bien recouvert de mes affaires à l'origine. Après des heures à pleurer et trois jours pour tout ranger, j'avoue avoir été un peu vacciné par le bazar. Et, même si je n'avais rien contre le fait de ranger et que c'était tout à fait louable de vouloir alléger les Elfes de leurs besognes, j'étais surprise et un peu rebutée par le fait d'avoir fait surgir cette envie de rangement si brusquement, alors que nous nous amusions réellement. A moins qu'il ne se soit forcé et qu'il était en fait totalement blasé par ces gamineries ?

    Je l'observais frotter religieusement le plan de travail quelques instants avant de m'emparer d'un balai et d'en frotter distraitement le sol.

    - Tu as raison
    , me contentai-je de dire un peu platement avant de commencer ma tâche, me gardant bien de le regarder. Les Elfes vinrent nous rejoindre immédiatement et, en quelques instants, tout fût comme neuf grâce à leur efficacité. Ce n'était en effet pas les méthodes ancestrales de Cahyl qui aurait pu nous faire gagner du temps, mais impossible d'ignorer qu'il était très appliqué et efficace. Je sentis que je m'adoucissais naturellement. J'étais de toute manière incapable de lui en vouloir pour la moindre chose plus de deux minutes, et je savais que ce n'était pas la bonne attitude à adopter avec lui. Il ne risquait que de se renfrogner un peu plus si il sentait qu'il avait un effet négatif sur moi, et c'est cette peur de perdre tout ce qui avait été méticuleusement construit qui m'encouragea à m'approcher de nouveau de lui après avoir rangé mon balai. Je lui souris. Un grand sourire, empli d'une joie sincère. (car malgré tout, il était resté. Il était encore là. C'était presque trop beau pour être vrai.)

    - Et voilà Monsieur Propre, c'est terminé ! m'exclamai-je en espérant qu'il comprenne la référence moldue que je lui adressais, non sans une certaine fierté, car je savais qu'il n'avait pas été élevé dans un milieu sorcier. C'est que ça donne faim tout ce touin-touin ! Tu veux goûter à quelque chose ?, lui demandai-je gentiment en lui montrant les gâteaux que j'avais précédemment réalisés et qui attendaient toujours sagement sur des petits plateaux non loin de nous. Je les rapprochais pour les disposer en face de nous, et des Elfes firent miraculeusement apparaître deux tabourets alors que je m'étais à peine mise à la recherche de sièges pour nous poser enfin calmement. Je remerciais le petit magicien à grandes oreilles et à grands yeux avant de prendre place sur un des tabourets et tendait ma main vers un fondant au chocolat... avant de prendre conscience que c'était malpoli de se servir en première... et de re-prendre conscience que mon estomac réclamait de la nourriture à grands cris, et que les gâteaux étant tout aussi accessibles à Cahyl qu'à moi, et qu'il pouvait donc se servir à son aise si il avait envie. Je redoublais d'efforts pour ne pas brusquer Cahyl et tenter de le garder sous mon aile, mais retarder le moment de manger des gâteaux, ça... Faut pas non plus pousser Dumby dans les orties ! Je mordis à grande bouchée dans le petit gâteau chocolaté, me délectant de ses saveurs et de ma petite réussite (ouf !), en espérant que Cahyl apprécie également, puis planta mes yeux dans les siens.

    - Au fait, tu as passé de bonnes vacances ? Et ta rentrée, ça a été ? D'ailleurs, c'est notre dernière année de tranquillité avant les examens de l'an prochain, en cinquième année... Je vais devoir réduire mes passages en cuisine pour travailler le plus possible, car je sens qu'on va en baver, dis-je un peu tristement. Je m'arrêtais là, forçant mon débit de conversation à s'arrêter, car je savais que ses limites étaient infinies et je craignais trop de perdre l'attention de Cahyl, à supposer qu'il m'en porte réellement. ...Mais j'ajoutais, après une petite pause, poussée par un élan provocateur du à ma frustration de tout à l'heure : ...enfin, si tu aimes ces gâteaux là, je trouverais bien le moyen de nous en refaire, le travail c'est pas le tout ! m'exclamai-je, enjouée à cette idée mais aussi à la curiosité de voir sa réaction. Tu as une passion d'ailleurs ? A part les baignades dans l'eau froide du lac, dis-je avec un sourire amusé à l'évocation de cet épisode.

    Cette fois-ci, je m'arrêtais réellement. J'avais déjà un peu trop bavardé, et mon esprit qui s'était enflammé de joie s’éteignait progressivement au fur et à mesure que je constatais que l'éclat qui était né dans les yeux de Cahyl lors de notre petite bataille avait disparue. Mon coeur se serra à la pensée que cette lumière ne revienne plus jamais.
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Cahyl Steadworthy


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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeLun 5 Nov - 16:46

Je sais bien que tout nous sépare
Je sais qu'il faudrait s'enfuir
Mais je n'irai plus nulle part
Sans vouloir lui revenir
Sans vouloir nous retenir

Mais d'où vient le feu qui s'empare
De mon âme, ma moitié ivre
Soudain pour un simple regard
Je veux vivre au bord du vide

Pour tomber dans ses yeux, tomber
M’abandonner au désir qui s’embrase.
Danser dans ses yeux, danser
Je veux tanguer aux accents de l’extase.

- 1789 Les Amants de la Bastille - Tomber dans ses yeux.





Ces choses… qui tourbillonnaient en moi… qu’était-ce ? Qu’avais-je ? Un simple regard, un peu trop long, peut-être, m’avait plongé dans un brouillard mêlé d’éclats que je ne reconnaissais pas. Quelque chose en moi s’embrasait, et pour une fois, ce n’était pas la Chose. Elle, restait profondément lovée en moi, ne semblant pas dérangée par toutes ces émotions qui se bousculaient en moi. Et pourtant, il y aurait de quoi. Moi-même, je ne m’y retrouvais point. Tout se mélangeait, tout pétillait, tout n’était que couleurs vives et… joie ? Qu’était-ce que ce feu qui consumait mes entrailles, et qu’était-ce que ces choses qui fourmillaient en moi. Je perdais toute notion du temps, mes yeux seulement plongés dans les siens. Et comme ils étaient beaux, ses yeux. Grands, bleus, je m’y enfonçai profondément, oubliant le monde autour de nous. Je me laissai bercer, car il était réellement agréable de rester dans cet état que je ne connaissais pas. J’étais bien, et j’oubliai qui j’étais, mes peurs, les horreurs de ma vie, mes solitudes, mes longues nuits d’agonies, tout était balayé, et il s’installait en moi un délicieux sentiment qui m’était inconnu, et qui me perturbait. Je… ressentais des choses qui n’étaient pas habituelles. Et j’avais peur. Peur de voir ces sentiments étranges fuir loin de moi, mais aussi peur qu’ils ne m’envahissent trop, et que plus jamais je vois puisse voir la réalité en face. J’avais peur de rester perdu dans cette sensation de bien-être que je ressentais, et d’être toujours dans ce brouillard qui embrumait mes sens. Pourtant, au fond de moi, je sentais que ce qui se passait, n’était pas bon. Pourquoi aurait-ce pu être bon ? C’était certes, très agréable ! Mais je ne savais pas ce que c’était, et je ne savais pas ce que je faisais ? Pourquoi avais-je de telles choses en moi ? Pourquoi tenais-je encore Hannah par les poignets, et surtout, pourquoi commençai-je à aimer sa présence, et à aimer le contact qui s’était formé entre nos deux corps ? C’était incompréhensible, et surtout inhumain !

Pourquoi ? Parce que je ne POUVAIS pas. Je ne DEVAIS pas. Que me prenait-il ? La Chose était loin, je ne la sentais plus, certes, mais ce n’était pas une raison pour baisser ma garde, et pour que des milliers de sensations incongrues me viennent dans l’âme ! Et pourtant… c’était si étrangement délicieux ! Mieux encore que toutes les belles choses que j’avais pu voir, sentir, toucher, apprécier dans ma vie. C’était différent, mais tellement étrange. Mon âme ne semblait pas compatible avec de telles choses, comme si elle cherchait un moyen de s’en approcher, sans trouver d’accroche, sans trouver comme toutes ces émotions pouvaient fusionner avec elle. Peut-être simplement parce qu’elle ne le pouvait pas. J’étais resté trop longtemps sans chaleur humaine, sans contact. Mais… et Padma ? Je m’habituai pourtant à sa présence à mes côtés, à passer chacune de mes journées en sa compagnie. J’apprenais tellement, avec elle, sur le contact. Des choses que je n’aurais jamais crues ! D’autres que j’avais déjà comprises et vues, mais que j’avais impitoyablement refoulée. Car je ne pouvais pas avoir de contact avec les êtres humains normaux. Cela m’était INTERDIT. C’était eux, que je ne pouvais toucher, que je ne pouvais approcher. Car j’étais dangereux. Je pouvais me débrouiller, seul, avec cette Chose infâme qui vivait en moi, mais eux, tous ceux qui m’entouraient, était constamment en danger. Et si, dans un brusque accès de rage, de colère, je les envoyais valser trop brutalement contre un mur ? Et si, la Chose devenait trop forte, en moi, et qu’elle m’occupait l’esprit quelques instants, quelques instants qui seraient fatales à ces pauvres gens. Ils ne savaient pas, oh, ils ne savaient pas à quel point j’étais dangereux. Pour tous ! Je l’avais déjà tellement expérimenté. Ces enfants, de l’orphelinat, avaient eu de la chance, jamais la Chose n’avait pu s’échapper des profonds cachots. Mais, il s’en était fallu, de peu. Comme je me dégoûtais, comme j’étais terrorisé à l’idée de faire du mal à quelqu’un. Heureusement, Padma catalysais tous ces noirs sentiments. J’avais l’impression qu’elle était un baume sur mon cœur. Sa compréhension et sa bonne humeur ma rassuraient. Je pouvais enfin me laisser aller avec quelqu’un, et comme cela faisait du bien. Cependant, le danger n’en était pas écarté. Nous étions presque plus dangereux qu’autrefois, et c’était l’une des malédictions de La malédiction. Plus nous nous rapprochions et restions ensemble, plus les deux Choses seraient forte. Mais, maintenant que nous nous étions trouvés, nous ne pouvions plus nous éloigner. Je m’étais accroché à elle, elle était une bouée de sauvetage dans ce monde horrible où je vivais.

Je revins doucement sur terre, toujours bercé par la tension qui régnait dans la pièce. J’étais proche d’Hannah, et cela me plaisait tout en me terrorisant plus que tout. Je la tenais. Il me serait plus que facile de briser d’un coup sec ses poignets si fragiles, il me serait si facile de faire ce que je voulais d’elle. J’étais si dangereux. Je ne pouvais me permettre de l’approcher de trop prêt, cela lui serait fatal. Et pourtant, aujourd’hui, j’avais décidé de mon plein gré de venir, de mettre de côté la Chose, de mettre de côté cette peur. Et j’étais venu. Voir dans ses yeux, cette joie de me voir avait emplis mon âme d’une douceur que j’avais jusqu’alors peu éprouvé. Et pour la première fois depuis longtemps, j’avais décidé d’être complètement inconscient, de vivre au bord du vide, de danser au bord du vide et de tanguer aux accents de l’extase. Je jouais avec le feu, mais je préférais ne pas y penser. Je voulais penser à moi, pour une fois. Et cela faisait un tel bien ! J’étais venu, comme tout humain normal serait venu, je lui avais fait une farce, comme toute personne normale l’aurait fait, et j’avais ris. Et puis, les choses avaient tournées étrangement, mais je ne regrettais absolument rien. Toutefois, nous nous trouvions dans une position inconfortable. Je ne savais absolument pas ce qu’elle ressentait à cet instant, mais ce qui tourbillonnait en moi me gênait trop pour que je continue cet échange. J’étais réellement déstabilisé. Je lui lâchai brusquement les poignets, et reculai, complètement désorienté. J’oubliai encore consciencieusement la Chose, et toutes les choses que je m’étais interdites. Ne voulant me concentrer que sur le moment présent. Et, ce moment me donner des frissons : je ne comprenais pas. Alors, pour trouver quelque chose à faire, pour me sortir de cette gêne qui m’engluait, je fis la première chose qui me vint à l’esprit quand mes prunelles rencontrèrent les saletés que nous avions occasionnées.

A présent, je frottai avec énergie, grâce à une éponge, le plan de travail ou de la farine et du chocolat se combattaient allègrement. Je frottai pour remettre toutes mes idées en place, peut-être aussi pour oublier tout ce que je venais de vivre, car cela me perturbait trop. Mon cerveau semblait encore emporté dans le flot d’émotion qui m’avait atteint quelques minutes plus tôt. Je ne savais pas si Padma pourrait m’aider à démêler tout cela, ou si elle serait aussi perdue face à ce qui s’était passé. Etait-ce à cause de la Chose ? Je ne comprenais pas, je ne savais pas, et cela cognait douloureusement dans ma tête. Qui pourrait m’expliquer ? Peut-être que les livres… non, les livres n’expliquaient pas les sentiments, il fallait les vivre. J’entendis distinctement Hannah respirer plusieurs fois, visiblement indécise sur le comportement à avoir. Mon changement brusque devait l’avoir perturbée, elle aussi. Peut-être qu’elle se sentait aussi perdue que moi ? Mais, je n’en étais sûr, et à cause de cela, je ne voulais pas en parler. A vrai dire, cela irait peut-être mieux avec le temps ? Je devais probablement oublier ce qui venait de se passer. Ce n’était rien, de toute façon, pourquoi en faire tout un plat ? Le bruit d’un balai qui frotte le sol brisa mes pensées, et j’eus un léger sourire. Elle me suivait, même si les frottements n’étaient pas très énergiques
.

- Tu as raison. Dit-elle alors.

Mon sourire s’élargit un peu plus. Elle ne devait pas être fan des travaux ménagers, vu la voix, moins… joyeuse qu’elle avait empruntée. Néanmoins, cela me faisait plaisir qu’elle participe à la tâche. Moi, j’en avais l’habitude, à l’orphelinat, nous devions participer à son bon fonctionnement, et donc, faire souvent le ménage. Nous tournions, chaque groupe avait sa corvée. Nous étions mélangés, les grands et les petits, et nous avions plusieurs endroits à faire. Parfois, c’était la cantine, parfois, les étages, parfois la grande salle de réunions, et moins souvent, nous devions aider à la cuisine. Les plus grands, aussi, quand Noël approchait, devaient aider à emballer les cadeaux que nous recevions des associations caritatives. J’eus un nouveau petit sourire. Cette période, bien que triste pour la plupart d’entre nous, était aussi une très belle période. Voir les petits ouvrir de grands yeux devant le faux sapin ancestral décoré dans la cantine, et devant les petits cadeaux, souvent miteux, qui les attendait. Mais, c’était des cadeaux, et nous, les orphelins, en avions tellement peu souvent, que c’était inestimable. C’était pour cela, que le mouchoir d’Hannah m’avait ému à ce point. On ne m’avait que très peu offert, dans ma jeunesse, et jusqu’à aujourd’hui. Hannah. Je l’entendais frotter avec peu d’entrain sur le sol. Et lorsque j’eus finis le plan de travail, je la rejoins, aidé des petits elfes, qui étaient, il faut dire, beaucoup plus efficaces que nous. Plusieurs fois, je jetai de rapides coups d’œil pour voir ses expressions. Elle semblait un peu, fâchée. Cependant, au fur et à mesure que le temps passait et que nous nettoyions, elle parut s’adoucir, et bientôt, son visage se fendit d’un grand sourire. Un sourire habituel, et que je commençai à reconnaître.


- Et voilà Monsieur Propre, c'est terminé ! Dit-elle, apparemment fière. Je la regardai, amusé, et lui rit légèrement. Ce n’étais pas mon hobby, de nettoyer, mais, vu la façon dont avait tourné les choses, j’avais préféré le faire. J’avais à présent les idées plus claires. Mais, la peur était revenue, et je me fermais peu à peu, ayant peur de trop en dire et qu’elle devine. C'est que ça donne faim tout ce touin-touin ! Tu veux goûter à quelque chose ? Demanda-t-elle ensuite avec une gentillesse qui me toucha.

- Avec beaucoup de plaisir, lui répondis-je un petit sourire sur les lèvres.

Elle approcha alors les petits plateaux contenant les gâteaux qu’elle avait réalisés. Et l’envie irrépréhensible d’en goûter un me reprit de nouveau. Mon odorat plus développé que la normale capta encore les délicieuses fragrances sucrées des petites pâtisseries qui m’appelaient désespérément. Alors que je croyais n’avoir plus faim, mon ventre me détrompa en gargouillant légèrement. Je ris doucement, essayant de dissimuler ma gêne. Je ne savais même pas pourquoi j’agissais ainsi. Soudain, des tabourets surgirent à nos côtés, et Hannah s’y assit sans hésiter, tout en remerciant gentiment les petits elfes, qui devaient être les auteurs de ces soudaines apparitions. Je m’y assis également, et sans que je ne m’en rende compte, j’attendis qu’Hannah se serve la première. Elle tendit la main la première vers l’un des petits gâteaux qui devait probablement être au chocolat. Elle m’avait fait la présentation quelques temps auparavant, mais après les évènements passés, je ne me souvenais plus précisément de quoi étaient constitués les pâtisseries. Elle sembla hésiter, lorsqu’elle vit que je n’en prenais pas. Je vis distinctement le combat se faire dans ses yeux. La politesse ? Ou céder à son envie ? Elle parut se résoudre rapidement, et attrapa le gâteau brun aux douces courbes chocolatées. Je ne pus m’empêcher de rire, et attrapai à mon tour la pâtisserie aux fragrances prometteuses. Je mordis en même temps qu’elle, et mes papilles frémirent de plaisir sous le goût du fondant. Oui, c’était cela, un fondant. Le chocolat, coulant, du milieu, se répandit dans ma bouche, et je ne put qu’aimer tout de suite ces douces pâtisseries. J’en apprenais ainsi sur leur réalisatrice, qui m’intriguait un peu plus à chaque seconde. Lorsque nous eûmes finis notre délicieux quatre heure, elle planta ses prunelles bleutées dans les miennes, visiblement contente d’elle. La joie que je voyais dans ses yeux me donna envie de sourire, ce que je fis.


- Au fait, tu as passé de bonnes vacances ? Et ta rentrée, ça a été ? D'ailleurs, c'est notre dernière année de tranquillité avant les examens de l'an prochain, en cinquième année...

-Eh bien, j’ai travaillé pendant les vacances, mais c’était plutôt sympa, et puis, la rentrée, comme toutes les autres années, j’ai retrouvé le plus confortable de tous les lits. Dis-je avec un sourire. Ceux de l’orphelinat ne sont pas très confortables. Ajoutais-je avec une petite touche d’amusement. Notre dernière année de tranquillité, en effet, j’imagine qu’il faudrait travailler un peu plus dur l’année prochaine…

Dernière année de tranquillité. En effet, ça l’était. Quoi que, je ne connaissais pas de tranquillité. Avec la Chose, je n’en avais jamais eu. Travailler, finalement, ne me dérangeais pas le moins du monde. Cela permettait de me vider l’esprit, d’oublier, justement, cette infâme créature qui vivait en moi. Et puis les notes, je ne m’en souciais pas vraiment. Je ne savais pas le moins du monde ce que je voulais faire plus tard. Je savais que les Choses étaient très mal vues, et que je ne pourrais pas avoir le métier que je souhaiterais à cause de cela. Alors, j’avais peur, de mon avenir, et du même coup, les notes ne m’intéressaient guère. Et puis, ce n’était pas le travail qui allait me faire baver, comme elle disait, mais la Chose. La Chose me ferait, de toute façon, baver toute ma vie, alors le travail, les devoirs, les examens, c’était si dérisoire, à côté. Et pourtant, il faudrait passer par là. Il fallait tout de même que j’essaie d’avoir des notes potables, et même bonne, si cela était possible. Je savais que je pourrais y arriver, je travaillais plus que durant mes premières années.

- Je vais devoir réduire mes passages en cuisine pour travailler le plus possible, car je sens qu'on va en baver. Puis, après une courte pause, elle ajouta : ...enfin, si tu aimes ces gâteaux-là, je trouverais bien le moyen de nous en refaire, le travail c'est pas le tout !

Je souris légèrement, serait-elle en train de faire appel à mes soi-disant qualité de Serdaigle ? Le petit problème, c’est que je n’étais pas si travailleur que cela.

-Tes gâteaux sont très réussis, j’ai beaucoup aimé, ne t’inquiète pas ! Si tu trouves le temps, je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire ! Et puis, comme tu dis, le travail n’est pas tout, il y a plein d’autres choses intéressantes, dans la vie… Dis-je, avec un sourire amusé.

C’était étrange de me découvrir si loquace. De plus, je lui avais fait, par cette phrase, plus ou moins comprendre que je voudrais encore passer du temps avec elle. C’était vrai, mais aussi terriblement faux. Je voulais, de presque tout mon être, passer du temps, des après-midi, pourquoi pas, des journées avec elle, tout semblait plus facile. Et pourtant, je ne pouvais pas. Car la Chose frapperait à chaque minute, la mettant en danger. Mais, cet après-midi-là, je n’avais pas le moins du monde envie de penser à la Chose. J’avais seulement envie de profiter du temps que je passais en sa compagnie, je voulais profiter de ma soudaine liberté. Profiter de pouvoir discuter avec elle, manger avec elle, partager des choses avec elle. Et cela devait fortement se ressentir dans ma façon de parler. J’avais l’impression d’être plus enjoué, plus optimiste. Mais tout cela, c’était parce que j’évitais consciencieusement de penser à la Chose et à toutes les souffrances que j’endurais constamment. Je voulais être bien, rien qu’une après-midi. J’avais trop souffert, et je n’avais jamais eu de moment de répit. Alors, dans quelques petites secondes de faiblesse, j’avais cédé. Et j’étais ici, probablement plus heureux que jamais. Je la regardais, parler joyeusement, essayant de me faire la conversation. D’habitude, je n’étais pas très doué pour ces choses-là, et pour cause, j’avais toujours évité cela. Mais aujourd’hui, je me sentais bien, et j’avais envie d’en savoir plus sur elle. Pourquoi ? Je préférai également enfouir cette question dérangeante tout au fond de moi, et simplement profiter du moment.

-Tu as une passion d'ailleurs ? A part les baignades dans l'eau froide du lac ? M’interrogea-t-elle.

Tout d’abord, je ris, appréciant la petite remarque nous ramenant quelques mois en arrière, ou je l’avais plus ou moins obligée à se baigner avec moi. Puis, mon sourire se fana lorsque je me souvins que je l’avais quittée, très brusquement. La Chose était revenue, à ce moment-là, et pour la protéger, j’avais dû partir. Même si cela me blessait plus que ce que je ne laissais voir. C’était une telle torture d’avoir cette bête en moi. Qu’avais-je fait pour mériter cela ? Non, il ne fallait pas que je pense à tout cela. Cet après-midi ne devait pas être coupée par ces pensées ignobles. Je chassai tout cela de ma tête, et plongeai mes yeux dans ceux d’Hannah, avec un grand plaisir. Je voulais continuer cette discussion, et même, qu’elle ne s’arrête point. J’avais évidemment peur d’en dire trop, ou pas assez. D’ailleurs, je commençai à être effrayé par la tournure que prenait la conversation, quelle était ma passion ? A dire vrai, je n’en avais jamais vraiment eu, j’aimais lire quelques livres, par-ci, par-là, mais c’était tout. La Chose prenait tout mon temps, et toute mon énergie. Et puis, finalement, je n’avais plus autant de temps libre que cela. Lorsque j’étais à l’orphelinat, je me faisais souvent embaucher et travaillais pour gagner de l’argent. Puis quand je revenais à Poudlard, je passais la plus grande partie de mon temps avec Padma, et quand ce n’était pas le cas, je faisais mes devoirs
.

-Hum, en fait, je n’ai pas vraiment de passion. J’aime lire, de temps en temps je joue un peu de piano, mais, rien de plus. Dis-je, presque gêné. J’avais l’impression d’être complètement à côté de la plaque, et de ne pas avoir de vie normale. Ce qui, finalement, était la vérité. Et toi, qui t’as donné goût à la cuisine ? Dis-je alors, espérant que cela lui changerais les idées, je n’avais pas envie qu’elle me regarde avec de grands yeux choqués, ou qu’elle m’interroge plus encore sur ma vie, je risquerai de m’embrouiller et de lui dévoiler certaines choses.
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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeJeu 8 Nov - 21:41

    Lunatique : soudain, tout fût clair dans mon esprit. J'adorais faire la rencontre de mots nouveaux, et plus ils sont longs et bizarres, plus je les aime. Lunatique, c'était encore pas trop sophistiqué, ni soutenu, ça passait bien dans le langage courant, et si j'en savais à peu près le sens, je n'avais encore jamais eu un exemple aussi vivant à portée de main. Cahyl n'était pas étrange ou malade, en fin de compte, enfin, il me semble... Ses humeurs variaient comme un ciel de montagne. La météo Cahylienne pouvait passer de « ciel dégagé et ensoleillé » à « grosse tempête de la mort qui tue avec la totale de pluie, de grêle, et de neige qui te décoiffe bien comme il faut », sans oublier quelques moments d'éclaircies plutôt agréables. Le plus stupéfiant, c'était la vitesse avec laquelle il passait de l'un à l'autre. Comme lors de notre baignade dans le lac. Comme maintenant. Depuis que je le connaissais (un an, déjà ?), j'avais toujours cherché à comprendre Cahyl. A le connaître, bien sûr, mais aussi à essayer de découvrir pourquoi les meilleures choses possibles devenaient systématiquement orageuses sans prévenir, comme un couperet qui s'abat. TCHACK ! Tu pensais passer du bon temps ? Dommage, c'est terminé. Boum. Essaye encore. Lunatique : c'était peut-être la solution à tout ces problèmes. Peut-être que c'était quand même une maladie ? Que ça pouvait se soigner ? Je ne voulais évidemment que sa santé, mais si ses changements brutaux provenait de quelque chose qui n'était pas définitif, et qu'il y avait quelque chose à faire, alors, je préférais cette solution. C'était mieux de me dire que, qu'importe mes efforts de scrogneugneu, les choses resteraient toujours ainsi. Éclaircies. Soleil. Pluie. Tornade. Si c'était le cas... je n'avais plus qu'à prévoir l'artillerie lourde : gros k-way et parapluie, et un bon poteau auquel m'accrocher. Même si ça me chamboulait la tête dans tous les sens, hors de question que je change de continent. J'y avais planté mon drapeau.

    En vérité... je crois bien que plus Cahyl m'échappait, plus j'avais envie de le cerner. J'en savais un peu plus à chaque moment passé en sa compagnie, mais le millefeuille qu'il était mettait une éternité à s'effeuiller. Parfois, je tombais sur une sympathique petite couche de crème pâtissière. C'était ces moments là qui me donnaient la rage de vaincre. ...Hum, c'est un peu beaucoup dramatique, tout ça, mais sincèrement, j'ai rarement autant été dans cette optique de... conquête, parce que jamais encore je n'avais autant désiré l'amitié de quelqu'un.

    Et donc, quand on se bat, il y a forcément quelques petits sacrifices à faire, comme accepter de se faire envoyer bouler – mais je commençais à avoir l'habitude, bientôt, ce ne sera plus qu'une petite routine –, du bon boulage dans les règles de l'art, physique et moral et... de nettoyer. Ce n'était pas tant le fait de réparer nos dégâts qui me triturait un peu la glande joviale, mais encore une fois, ce passage brutal de la mer calme et huileuse au tsunami dévastateur qui envoie tout valser sur son passage. Pourquoi l'escargot qu'il était devait irrémédiablement rentrer dans sa coquille dans les moments les plus incongrus ? (je vais lancer un compteur du mot « incongru », je commence à battre des records). Vous savez ce que j'en fais, moi, des escargots ? Je les cuits avec du beurre et du persil, et hop, dans l'estomac !

    Enfin, je dis ça... J'avais beau être irritée de certains détails, en face de Cahyl, j'étais aussi rude et dangereuses qu'un mollusque dans la Mer du Nord (à supposer qu'il y ait des mollusques dans la mer du nord). Parce que j'étais convaincue que son comportement lunaire ne dépendait pas de lui, ou qu'il ne voulait pas faire le mal, ou parce que je refusais de croire aux hypothèses inverses, je ne sais pas, mais en tout cas, il m'était difficile de lui faire des reproches. Pour ça, il faudrait que la tempête soit vraiment, vraiment énorme, ou qu'il soit vraiment, vraiment blessant, ou qu'il me mette une bonne pêche dans la poire. Autant de possibilités justement impossibles.

    J'envisageais par contre une possibilité possible : qu'il refuse de manger mes petits gâteaux. Parce qu'il désirait s'en aller dès maintenant. Parce qu'il n'avait pas faim. Parce qu'il n'aimait pas ça. J'eus presque envie de retenir mon souffle en attendant l'annonce du verdict.

    - Avec beaucoup de plaisir.

    Plus, bonus : petit sourire sur les lèvres.
    Est-ce que j'ai eu le malheur de dire un jour que Cahyl était parfois irritant ? Oubliez.
    Franchement, au moment où sa main se posa sur un de mes fondants au chocolat et que ses lèvres mordirent dedans, je vous jure que des nuées de papillons géants roses virevoltèrent dans ma poitrine. Sans compter l'adorable gargouillement de son ventre qui lui déclencha un adorable rire qui m'auto-déclencha un sourire. Trop d'adorabilité dans le coin, je vais sérieusement en décéder. Enfin, non, avant, il me fallait absolument juger de la potabilité (oui, bon, c'est pour les éléments liquides, mais voilà voilà), de mes fondants. Parfaite balance de l'acidité de la framboise avec la profondeur du chocolat noir, texture fondante au centre, moelleuse à l'extérieur, le centre pas trop coulant : mission accomplie ! Cahyl ne dit pas un mot, et une sorte de pudeur m'avait empêché de le regarder tandis qu'il mangeait son gâteau, alors que d'habitude, j'aimais bien observer l'expression de mes cobayes lors de la dégustation pour juger de l'effet produit, mais, au moins, il ne l'avait pas recraché. …C'était déjà un bon début ! Je profitais de ce moment de calme après la tempête pour engager la conversation, mes connaissances Cahyliennes étant toujours inassouvies.

    - Eh bien, j’ai travaillé pendant les vacances, mais c’était plutôt sympa, et puis, la rentrée, comme toutes les autres années, j’ai retrouvé le plus confortable de tous les lits, dit-il en souriant. Ceux de l’orphelinat ne sont pas très confortables. Notre dernière année de tranquillité, en effet, j’imagine qu’il faudrait travailler un peu plus dur l’année prochaine…

    Et là, dilemme : autant je me délectais de chaque syllabe qu'il prononçait, parce qu'il était si rare d'avoir une conversation normale dans des conditions normales, et que j'avais tant espéré que des moments comme celui-ci arrivent ; autant le fait qu'il évoque l'orphelinat me fit l'effet d'une douche froide. (Mais une douche italienne, ce sont les plus jolies). J'étais déjà au courant qu'il avait été élevé et vivait là-bas, mais, même si je savais le fait, je ne parvenais pas à m'y faire. Rien ne me semblait plus horrible que de ne pas avoir de famille et de vivre dans un lieu étranger, qui n'est même pas à soi, entouré d'enfants plus ou moins gentils... J'admirais la force de Cahyl. J'ignorais quelles raisons exactement l'avaient amené à l'orphelinat, mais j'espérais du fond du coeur qu'elles soient les moins mauvaises possibles, et que la disparition de ses parents ne lui soit pas encore autant douloureuse, même si c'était sans doute un mal indélébile. Je me sentis comme traversée par un souffle de givre à la pensée de continuer à vivre sans ma mère, ou mon père, et mon Matthew, et, oh, quand même Coleen, mais surtout mamie Moira. Ma confidente, mon modèle, mon pilier. De n'avoir personne.

    J'eus soudainement une irrépressible envie de faire un gros câlin à Cahyl, que je fus quand même obligée de réprimer, car il était bien la dernière personne avec qui je me permettrais ce genre de familiarité. En fait... c'était bien la seule avec qui j'étais si pudique, parce qu'il y avait comme... je ne sais pas... de la distance naturelle qui venait de lui, ou de moi, ou de nous deux, ou de crotte de bique, et ça m'embêtait beaucoup, car c'était bien la première fois que ce genre d'interaction bizzaroïde m'arrivait. Il n'y avait jamais eu de barrière entre les autres et moi. Peut-être que c'était pour cette raison que celle qui existait avec Cahyl était si opaque et semblait si fichtrement indestructible. Pourtant, j'avais juste envie de lui dire : VIENS.HABITER.CHEZ.MOI.MAINTENANT, parce que ça m'était presque douloureux de penser au fait que l'été prochain, il allait retourner dans cet endroit si... inconfortable. Je me serais privée de chocolat à vie pour qu'il puisse avoir une maison à lui, avec une famille qui le retrouveraient chaque été. …Enfin, jusqu'à au moins pendant les cinquante prochaines années. Pour compenser toute cette frustration accumulée au fur et à mesure, je m'étais vengée sur les mots. J'avais peur qu'il se rétracte aussi tôt, qu'il fuit – encore – et...

    - Tes gâteaux sont très réussis, j’ai beaucoup aimé, ne t’inquiète pas ! Si tu trouves le temps, je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire ! Et puis, comme tu dis, le travail n’est pas tout, il y a plein d’autres choses intéressantes, dans la vie…

    ...et là, tout d'un coup, il y avait des arc-en-ciels partout dans ma tête, et peut-être même dans mon corps, et des feux d'artifice surtout, ZIIIHOUUUM BOUM !, avec des fleurs géantes multicolores qui clignotaient, et je crois bien ne pas avoir exactement entendu la fin de ce qu'il disait tant j'étais bloquée sur « je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire ».

    Je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire je veux bien que tu me montre ce que tu sais faire.

    Incapable de réfréner mes émotions, mon visage s'était illuminé comme un tournesol et je m'étais redressée sur mon tabouret, trépignant d'en sauter pour aller faire la roue dans toute la pièce.

    - Et comment que je trouverais le temps de te montrer ! Il faut absolument qu'on organise ça, par lettre ce sera sans doute le plus simple, et tellement merci pour le compliment, si tu savais comme ça me fait plaisir !, m'exclamai-je en souriant tellement que j'en eus des crampes aux joues. N'hésite pas à en reprendre si tu veux, c'est fait pour, et tu pourras même en emmener une partie si tu veux mais je comprendrais que tu ne veuilles pas car ce que font les Elfes est dix fois, non, cent fois meilleur, même si ce que cuisine ma grand-mère n'est... enfin bref, finissais-je, obligée de m'arrêter, à bout de souffle et ayant pris que conscience que Cahyl était sans aucun doute en train de se noyer sous mon flot de paroles. Peut-être qu'il s'y était habitué et qu'il avait prévu de prendre sa bouée pour survivre à la noyade, mais, dans tous les cas, il ne se renfrogna pas. Même, il souriait. Un peu. Et avec lui, un peu, c'est comme beaucoup, aussi beaucoup que le nombre de shortbreads que Mamie Moira cuisinait les dimanche matins. Je vous jure qu'il y en a à chaque fois pour une armée d'ogres ! Une fois, il y en avait tant qu'il avait été impossible de les finir au bout de plusieurs jours, et, du coup, ils avaient fini à la poubelle. Ne vous moquez pas, mais j'ai pleuré. J'avais été prête à me faire exploser l'estomac plutôt que de jeter les merveilles de mamie Moira - mais j'étais encore petite, hein, pas plus que haute que les Elfes de Maison qui s'affairent autour de nous à préparer le dîner de ce soir.

    J'eus l'impression que la roue tournait enfin, et définitivement, quand il rit de ma référence à notre baignade glacée, mais qui m'avait été si revigorante. Si nous nous étions quittés plutôt froidement, cette fois-là, le début de cet après-midi avait été presque féérique : le lac, les arbres, et juste nous deux, en train de discuter. J'aurais aimé que la suite - ses traits violemment contractés sous l'effort de je-ne-savais-quoi, son plongeon soudain dans les eaux froides, la distance qui s'était ensuite instaurée, alors même qu'il m'avait porté sur son dos pour retourner jusqu'à la rive du lac d'où nous étions partis - n'arrive pas. Et là, même, en cet instant, il riait, il souriait, mais son regard ne s'était toujours pas rallumé. J'avais pensé que, peut-être, en lui faisant évoquer ses passions, ses yeux bruns allaient être ré-animés par une étincelle...

    - Hum, en fait, je n’ai pas vraiment de passion. J’aime lire, de temps en temps je joue un peu de piano, mais, rien de plus, m'avoua t-il, soudain plus prudent avec ses mots - oh, c'était toujours comme si chaque son pesait dix tonnes dans sa bouche et qu'il les pesait soigneusement et délicatement, de sa voix profonde mais pourtant pas si grave ; mais là, je le sentais plus... hésitant. Je lui adressai un sourire encourageant en regrettant de l'avoir mis mal à l'aise, c'est-à-dire l'exact opposé de mes premières intentions. Si seulement il pouvait y avoir un mode d'emploi... Ah, non, je ne compare pas Cahyl à un objet - ça va pas la tête -, mais je regrettais de ne pas avoir d'indications, d'indices, ou même de simples capacités naturelles pour le comprendre. C'était un véritable jeu de hasard : parfois je tombais bien, et parfois, mal. En fait, il y avait peut-être une constante : qu'il n'y en avait jamais. Sans même me laisser le temps de rebondir sur le fait qu'il jouait du piano, ce dont je m'extasiais déjà intérieurement, il m'interrogea :

    - Et toi, qui t’as donné goût à la cuisine ?

    - Ma grand-mère, Moira ! commençai-je sans retenir un sourire de s'étaler sur mes lèvres à son évocation. Elle habite en Écosse, à Glasgow, et c'est la meilleure cuisinière du pays ! C'est un peu mon modèle aussi, parce que ça doit être la personne la plus généreuse que je connaisse ! Elle me demande tout le temps si je n'ai pas des amis à ramener à la maison pour qu'elle puisse cuisiner pour eux, et je suis sûre qu'elle adorerait t'avoir à la maison comme invité, lâchais-je imprudemment avec une joie non-dissimulée. Le fait que je n'ai cessé de penser à l'idée que Cahyl puisse venir chez moi ces dernières minuter, goûter aux mets de ma grand-mère, dans sa chaleureuse petite maison, venait de déteindre sur la conversation, ce qui était complètement irraisonnable, puisque cette idée était complètement irréalisable. Je changeais immédiatement de direction. D'ailleurs, ça me rappelle que je dois absolument lui envoyer une lettre ! (notamment pour lui parler de Cahyl, car elle savait peut-être quelque chose sur le lunatisme, mais ça, je le gardais bien pour moi). Mais c'est pas très important, ce qui est carrément génial, c'est que tu joues du piano ! dis-je en trépignant presque sur mon tabouret, lequel avait beaucoup de mal à me tenir en place tant je gigotais - mais parce que Cahyl restait sagement assis sur le sien sans ciller, je me devais d'être à la hauteur et de demeurer sur le mien comme une personne mature en train de discuter. Tu sais qu'il y a une salle de musique à Poudlard ? J'ai découvert ça récemment, peut-être que tu pourrais en jouer ! dis-je avec toujours autant d'entrain, et encore plus excitée à l'idée de le voir jouer du piano. Mais je ne lui avais pas clairement fait la proposition, et il ne me la ferait sans doute pas non plus. Mais au moins, mes informations Cahyliennes étaient de plus en plus fournies, et ça, c'était déjà un petit pas pour l'homme, et un grand pas pour moi !

    Soudainement, après cinq, dix, quinze, vingt minutes, je ne savais plus trop exactement, quelque chose tilta dans mon esprit. Je me retournais avec empressement vers la grande pendule qui ornait le mur, derrière nous, et mon coeur fit un bond dans ma poitrine quand je constatais qu'il était bientôt dix-huit heures. Mon regard se porta de nouveau sur Cahyl, toujours aussi calme et posé. Lunaire.

    - Miiiince je suis désolée, je vais devoir te laisser, j'ai promis à Aure, une amie à Poufsouffle, que l'on devait se retrouver à dix-huit heures et manger ensemble ensuite ! Je passais sous silence le fait que j'avais précisément donné ce rendez-vous à Aure au cas où Cahyl ne serait pas venu, ce qui me permettait à la fois de ne pas m’apitoyer sur mon sort, et ensuite d'écouler les gâteaux en trop, car si j'avais un estomac ogresque, tout manger relevait quand même du méga-challenge. Je suis vraiment désolée de te laisser comme ça, alors, tu prends tout les gâteaux que tu veux avant de partir, il y a des petites boites par là-b - oh, merci ! dis-je à un elfe qui, entendant ma requête, m'apporta une pile de petite boite en plastique illico presto. J'en pris une pour Aure dans laquelle je mis un petit gâteau de chaque - elle était aussi très gourmande, c'était pas une de mes meilleures copines pour rien ! Alors, voilà, je te remercie d'être venu, ça m'a fait très plaisir, et je suis contente de ne pas t'avoir empoisonné, dis-je en lui souriant franchement, amusée, et... à bientôt ?

    Je laissais ma question un peu en suspens, parce que je crois bien que je n'avais pas envie d'en savoir la réponse, encore. Je venais de passer un trop bon moment pour accepter de laisser la petite bulle de joie éclater. Je lui souriais une dernière fois avant de m'emparer de mes affaires pour sortir, un peu plus longtemps que les fois précédentes, en essayant de pénétrer au plus profond de ses yeux, afin de retenir ce visage aux traits ni tirés, ni tendus, ni contractés, ni renfrognés. Et ainsi, pour la première fois, j'en savourais chaque détail - comme la meilleure des parts de gâteau au chocolat.
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Cahyl Steadworthy


Cahyl Steadworthy
Élève de 6ème année



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MessageSujet: Re: A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé   A slice of cake but a piece of me [PV C.] - Terminé Icon_minitimeVen 9 Nov - 19:53

Je souriais. Ce qui n’était pas arrivé depuis bien longtemps, il me semblait. A vrai dire, je n’avais pas eu beaucoup d’occasion de sourire, dans ma triste vie, et lorsque les occasions s’étaient présentées, je les avais rejetées, souvent avec tristesse, d’autre avec froideur, ou encore parfois, avec colère. Mes deux premières années à Poudlard avaient été semblables à toutes celles que j’avais passées à l’orphelinat. Je n’avais pas vu le grand changement, si ce n’est que j’avais eu des réponses plus claires. Cependant, les gens étaient les mêmes, et cela n’avait pas été difficile de se faire rejeter. Après tout, qui cherchait plus loin que ce qu’il voyait ? Il y en avait très peu. Cela m’avait convenu, car ainsi, ils étaient protégés. Plus ils se tenaient éloignés de moi, plus cela augmentait leur chance de survie. C’est ainsi que je n’avais eu aucune sérieuse occasion de rire ou de sourire. J’étais seul, pourquoi l’aurais-je fais ? Durant cette période, les seules choses qui m’avaient arrachés des sourires, étaient les petit tours de magie que j’avais appris, parfois les hiboux qui n’en faisaient qu’à leur tête, et parfois, certains de mes livres. Mais c’était tout. J’avais trouvé le comportement des autres biens futiles et enfantins. Mais cela, c’était parce que j’avais grandis trop vite, et je le savais que trop bien. La Chose m’avait obligée à mûrir trop vite. La douleur avait été ma principale instructrice pendant de longues années. Et elle m’avait formée telle que j’étais à présent. Froid, mélancolique, lunatique mais surtout, effrayé. Je m’étais formé une épaisse carapace pour supporter cela, mais surtout, pour m’éloigner de tous les êtres qui me côtoyaient. Ils devaient partir loin de moi, c’était la seule solution que j’avais trouvée pour que ne les blesse pas.

Et puis, j’étais entré en troisième année. En perspective, elle avait semblé être la même que les précédentes, mais il y avait eu un petit changement. Un petit changement qui s’appelait Hannah. La première fois que je l’avais rencontrée, ça avait été fugace, rapide, la Chose s’était emparée de mes pensées avec une force sidérante, et je n’avais pu faire autrement que battre en retraite. Mais il y avait un détail qui me marquerait ma vie entière. Elle avait fait preuve d’un courage, et surtout, d’une bonté qui m’avait grandement surpris. Et elle s’était approchée de moi, l’air sincèrement inquiète, puis m’avait offert un petit mouchoir emplis de plusieurs petits objets nécessaires à ma « guérison ». Bien que cela ne serve à grand-chose, ça m’avait énormément touché. Et, ce petit baluchon, je l’avais gardé précieusement, tout d’abord dans le tiroir de ma table de nuit, à Poudlard, puis dans celui de ma chambre, à l’orphelinat. Ma troisième année avait aussi été marquée par un autre évènement qui m’avait conduit dans ces cuisines, aujourd’hui. J’avais à nouveau rencontré Hannah. Ce jour-là, la Chose faisait encore des siennes, et à bout de nerfs, j’avais plongé dans les eaux glaciales et imprévisibles du lac. C’est là qu’Hannah était apparue. Sans sourciller, elle s’était lancée dans l’eau, me suivant. Son courage m’avait alors étonné. Et ce fut-là, le premier après-midi de ma courte vie où je me remis à sourire, après plusieurs années d’abstinence. Certes, il avait terminé un peu brusquement, mais j’en gardais tout de même un souvenir très agréable, bien que j’avais craint, à plusieurs moments, qu’elle ne découvre mon plus noir secret.

Les vacances étaient ensuite passées, et la quatrième année s’était imposée à moi. Ce fut cette année que la plupart de mes peines s’envolèrent et que mon espérance fut récompensée, car je rencontrai Padma, dans la bibliothèque. Comment vous décrire le soulagement que j’éprouvai, alors ? J’étais perdu dans les ténèbres, dans la douleur, seul, terriblement seul. Avec personne à qui parler, personne pour partager toute la rage et la souffrance que je contenais. La Chose me torturait, me tuait à petit feu. Et là, par le plus grand des hasards, j’avais trouvé une personne qui vivait la même chose que moi. C’était une telle chance, que parfois, je me demandais si c’était réel. Mais oui, Padma était là, et depuis ce jour, je passai la globalité de mes temps libres avec elle. Quel soulagement. Mon âme, mon cœur, s’en était trouvé chamboulés. Ce fut à partir de ce moment que je recommençai à sourire plus souvent. Et puis, il y avait cet après-midi. Hannah m’avait gentiment invité à partager un goûter avec elle. Après avoir réfléchis pendant une semaine entière, pesé le pour et le contre, j’avais royalement craqué. Ma raison, ma conscience, toute deux s’était profondément tue, et mon envie avait pris le dessus. J’avais descendus les escaliers, légèrement fébriles, comme si j’enfreignais les plus grandes lois de tous les temps. Et j’avais atterris ici, dans les cuisines, en compagnie de dizaine de petits elfes aux grands yeux, et surtout de la jeune fille, qui s’était accroché à moi. Cela devait être la seule à s’être autant accroché à moi. Tous, ils s’étaient détournés rapidement, fuyant mes regards lourds et largement cernés.

Sauf Elle. Je n’aurais jamais cru qu’elle puisse me suivre, s’accrocher à moi de cette façon. En vérité, je n’en revenais toujours pas. Pourtant, je n’avais pas été réellement sympathique avec elle. Notre première rencontre avait été brutale, je lui avais méchamment parlé, sous le coup de la panique et de la peur. Mais, déjà, là, elle était revenue, me donnant son mouchoir. Plus tard, également, au bord du lac, elle aurait pu choisir de s’enfuir devant ma mauvaise humeur évidente, mais non, elle avait sauté pour me rejoindre. Et puis, une fois encore, alors que je ne lui avais donné aucune nouvelle, elle avait été celle qui m’avait envoyée une lettre, pire encore, qui m’avait préparé à manger. Je ne comprenais pas pourquoi elle voulait autant venir à moi, mais cet acharnement me touchait. Oui, cela me touchait énormément. Plus que tout autre chose. Il y avait tout, en moi, qui l’avais rejeté, mais elle revenait à chaque fois à l’assaut, désarmante de bonté et de gentillesse. Je ne comprenais pas, mais j’aimais cela. Ce courage, cet entêtement, m’avais permis de passer une après-midi très agréable. Et pour la première fois depuis longtemps, j’avais ris, souris, et lui avait même fait une petite farce. Les règles que je m’étais fixées avaient volées en éclat devant ses yeux. J’étais imprudent, immature, je ne pensais pas aux conséquences, et j’aimais ça. J’aimais voir son visage s’éclairer lorsque mes lèvres s’étiraient en un petit sourire, j’aimais voir ses yeux pétiller quand je lui faisais des compliments sur sa cuisine. J’aimais la voir ainsi
.

- Et comment que je trouverais le temps de te montrer ! Il faut absolument qu'on organise ça, par lettre ce sera sans doute le plus simple, et tellement merci pour le compliment, si tu savais comme ça me fait plaisir !

Elle se trémoussait, un énorme sourire sur les lèvres. Visiblement, cela lui avait fait grandement plaisir. Je ne pus m’empêcher de sourire doucement à mon tour. Elle était un tel concentré de joie, d’énergie, qu’il m’était impossible, en sa présence, de ne pas réagir en conséquence. Hannah était ici, elle souriait, riait, je me sentais obligé de faire de même. J’étais certes, beaucoup moins démonstratif, mais c’était tout de même beaucoup, pour moi.

-N'hésite pas à en reprendre si tu veux, c'est fait pour, et tu pourras même en emmener une partie si tu veux mais je comprendrais que tu ne veuilles pas car ce que font les Elfes est dix fois, non, cent fois meilleur, même si ce que cuisine ma grand-mère n'est... enfin bref. S’interrompit-elle, visiblement à bout de souffle.

Je souris doucement devant son entrain. Elle était bavarde, c’était indéniable. Mais finalement, ça me convenait plutôt bien. Elle comblait les silences frustrants que je laissais derrière mes rares mots. J’avais parfois l’impression que nous étions des contraires parfaits. Elle, joyeuse, pleine de vie, attractive, pleine de bonté, bavarde, et moi, froid, lunatique, avare de paroles, repoussant les gens. Qu’avions-nous en commun ? Rien, peut-être seulement la magie, Poudlard ? Oui, ça devait être ça. Elle était la lumière, j’étais l’ombre, les ténèbres. J’aurais cru que ces deux opposés, jamais, ne pourraient s’entendre. Mais je m’étais trompé sur toute la ligne. Elle s’était accrochée à moi, la noirceur. Et peu à peu, sous sa lumière brillante, je semblais revivre, souriant plus souvent. Une part de moi redevenait lumière. Je me demandais parfois : si je n’avais pas eu la Chose, comment serais-je aujourd’hui ? Aurais-je été comme elle, pétillant, vivant ? Mais c’était des questions que je préférais ne pas me poser. C’était des questions qui remuaient profondément le couteau dans la plaie et qui me faisaient terriblement mal : je n’avais plus le choix, la Chose était en moi, et rien ne pourrait jamais changer cela. J’étais donc, devenu ombre, nuit, et d’avoir Hannah à mes côtés, finalement, me faisait beaucoup de bien. Nous étions des contraires parfait, et pourtant, un lien semblait se créer doucement entre nous deux. J’avais peur, peur de ce lien, et en même temps, c’était une sensation totalement grisante. J’en voulais plus, je voulais la connaître. C’est ainsi que je la questionnais sur un sujet qui semblait véritablement lui tenir à cœur : la cuisine. Sa réaction fut à peu près celle à laquelle je m’étais attendu, elle frémissait de joie, visiblement ivre de bonheur de parler de quelque chose qui la touchait
.

- Ma grand-mère, Moira ! Elle habite en Écosse, à Glasgow, et c'est la meilleure cuisinière du pays ! C'est un peu mon modèle aussi, parce que ça doit être la personne la plus généreuse que je connaisse ! Elle me demande tout le temps si je n'ai pas des amis à ramener à la maison pour qu'elle puisse cuisiner pour eux, et je suis sûre qu'elle adorerait t'avoir à la maison comme invité ! D'ailleurs, ça me rappelle que je dois absolument lui envoyer une lettre ! Mais c'est pas très important, ce qui est carrément génial, c'est que tu joues du piano ! Tu sais qu'il y a une salle de musique à Poudlard ? J'ai découvert ça récemment, peut-être que tu pourrais en jouer !

Je souris, à nouveau. Ainsi donc, il y avait un nom derrière la passion pour la cuisine. Sa grand-mère. Je ne comprenais pas bien ce mot, ni la véritable signification, mais lorsque j’entendais Hannah parler d’elle, je compris combien elle tenait à elle. Cependant, quand elle commença à dériver sur la possibilité que je vienne chez elle pour goûter à ses plats, je me raidis légèrement. Le fait que je sois venu en cuisine était déjà un grand effort de sociabilité, pour moi, et surtout, c’était très dangereux. Mais Hannah… ne savait pas, et ne devait pas savoir. Et je savais qu’il était tout à fait impossible qu’un jour, je me retrouve chez elle. J’espérais seulement qu’elle oublierait bien vite cette idée, et peut-être même, qu’elle me remplace par quelqu’un d’autre, car je ne pouvais pas remplir toutes ses attentes. A vrai dire, je ne pouvais même en remplir aucune. Que faisais-je ici ? Mais, mon esprit fut vite détourné de cette question par la deuxième point qu’elle attaqua dans sa tirade : le piano. Il avait été l’un de mes fidèles amis, à l’orphelinat, lorsque je me sentais mal et seul. A Poudlard, c’était devenu plus rare que j’en joue. Peut-être parce que j’avais bien moins le temps, et que je n’avais pas trouvé d’endroit où jouer. C’est donc avec un grand intérêt que je l’écoutais lorsqu’elle évoqua cette salle de musique. Rien que de parler de piano, mes doigts me démangeaient. Cela faisait longtemps que je n’avais pas joué, et je devais avouer que j’avais très envie de taquiner quelques touches.

Par la suite, nous continuâmes de parler, de tout et de rien. De pas grand-chose. Mais cela était énorme pour moi. Depuis quand n’avais-je pas eu de telle conversation ? J’en avais avec Padma, parfois, lorsque nous arrivions à parler d’autre chose que de la Chose, mais c’était tout. Cela faisait un tel bien, d’écouter quelqu’un me parler sans peur dans les yeux, sans haine, juste de la joie. Et comme cela faisait du bien de pouvoir répondre, avec plus ou moins de sincérité. Je ne sais combien de temps notre petite discussion dura. Je sais juste que c’est Hannah qui en meubla la plupart, et que je me contentais de dire quelques phrases par-ci, par-là. Mais cela me convenait tout à fait. C’était dans ma nature, et c’était dans la sienne. Sur ce point-là, il me semblait parfois que nous nous complétions. C’était assez étrange à dire, mais c’était le mot. Qui l’aurait cru ? Certainement pas moi. Sa compagnie était agréable, et mieux, me faisait oublier tous les problèmes et la douleur qu’était ma vie. Mais, soudainement, cette bulle de confort et de sympathie éclata, quand elle se retourna brusquement vers l’horloge murale, tout au fond de la cuisine. Nous approchions des six heures. Puis, tout aussi brusquement, elle se retourna vers moi, l’air légèrement paniqué
.


- Miiiince je suis désolée, je vais devoir te laisser, j'ai promis à Aure, une amie à Poufsouffle, que l'on devait se retrouver à dix-huit heures et manger ensemble ensuite ! Je suis vraiment désolée de te laisser comme ça, alors, tu prends tous les gâteaux que tu veux avant de partir, il y a des petites boites par là-b - oh, merci !
Dit-elle alors à un petit elfe, qui passant probablement par-là, lui tendit des petites boites en plastique. Je l’observais quelques secondes, et me promis de faire des recherches sur ces petites créatures, car c’était certainement les plus baves et les plus serviable que j’ai jamais rencontrée. Mieux encore, ils ne semblaient pas être effrayés par la Chose. Mais ça, c’était surement parce qu’elle était endormie au plus profond de moi et qu’elle ne montrait pas le bout de son nez. Alors, voilà, je te remercie d'être venu, ça m'a fait très plaisir, et je suis contente de ne pas t'avoir empoisonné, et... à bientôt ?

Je souris légèrement, avant d’ajouter, un peu plus faiblement :

-A bientôt.

Elle ramassa alors ses affaires, et plongea son beau regard bleuté dans le miens. Je ne sus exactement ce qui me prit, mais je sentis quelques frissons se perdre çà et là, dans mon corps. Puis, joyeuse, comme toujours, elle partit. Pétrifié, je restais sur place quelques minutes, tentant de remettre en ordre mes pensées. Puis, un peu perdu, j’attrapai quelques délicieux gâteaux et les mis dans l’une des petites boites en plastique. Après quoi, je sortis des cuisines. Je remontai lentement tous les étages me menant à ma salle commune, où j’allais probablement trouver Padma. Cependant, je m’arrêtai en chemin, et toute l’horreur de la situation me revint, comme une claque magistrale, en pleine figure. Vacillant, je me rattrapai à la rambarde de l’escalier. Cela avait été un moment inoubliable, et mon cœur était remplis d’une chaleur que je ne connaissais pas, mais que j’aimais déjà beaucoup. Cependant, je n’aurais jamais dû faire tout ce que j’avais fait. Pourquoi, pourquoi y étais-je allé alors que la Chose… Non, pour la centième fois de la journée, je m’interdis de penser à tout cela. Je ne regrettais pas vraiment ces moments passés avec Hannah, et je n’avais pas la moindre envie de sortir de la bulle d’insouciance qui s’était créée autour de moi. J’étais bien. Etrangement bien. Et je voulais garder cette sensation le plus longtemps possible. Resserrant ma prise sur la rambarde, je me remis à marcher normalement, chassant toutes mauvaises pensées, et effaçant pour un temps le sentiment de culpabilité poignant qui enserrait mon cœur. La Chose dormait. Il n'y avait eu aucun incident. Et... je comptais réellement la revoir. Il n’y avait rien de dramatique… n’est-ce pas?



~Terminé
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