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C'était définitivement une mauvaise idée (pv)

 
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 C'était définitivement une mauvaise idée (pv)

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Ana Falkowsky


Ana Falkowsky
Élève de 6ème année



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MessageSujet: C'était définitivement une mauvaise idée (pv)   C'était définitivement une mauvaise idée (pv) Icon_minitimeJeu 22 Nov - 22:20

Comme seule et unique consolation, je pouvais dire sans mentir qu’à la seconde même où cette idée avait été évoquée, j’avais tout de suite flairé le plan foireux. Cependant, je n’ai pas beaucoup de mérite non plus, car tout le monde serait parvenu à la même conclusion en entendant dans la même phrase les mots « récupérer dans le bureau de Meryl Kelsey » et « elle ne sera pas trop d’accord ». Et si encore vous aviez le moindre espoir naïf que ce plan ne soit pas un désastre total, alors imaginez ces mots prononcés par Caleb Matthews. Là, sans être le moins pessimiste du monde, c’était indéniable : c’était la pire idée qu’il soit.

C’est là que toute personne normalement constituée aurait gentiment décliné l’invitation au suicide que proposait ce cher garçon avant de tourner les talons, mais c’était sans compter qu’il me tenait par quelque chose que je désirais ardemment. Alors j’avais dit oui, tentant de ne pas trop imaginer le sort que nous réserverait Kelsey si on se faisait prendre –ce qui arriverait sans aucun doute. C’est drôle comme j’étais vachement bien parvenue à ne pas trop y penser depuis que j’avais accepté, et c’est encore plus drôle de voir que maintenant que le moment était venu, je ne pouvais plus m’enlever ces idées de la tête !

J’étais là, à attendre stratégiquement devant la porte du bureau en question, mis pas trop près non plus pour ne pas éveiller les soupçons. Mais Caleb semblait ne pas avoir pris en compte que, comme ça, toute seule, plantée là à ne rien faire, j’étais cent fois plus louche que franchement devant la porte à regarder aux alentours. A vrai dire, j’étais à peu près certaine que vu de l’extérieur, j’avais l’air de préparer un mauvais coup –ce n’était pas tout à fait tort. Et si certains ne le pensaient pas, mon blason suffirait à les convaincre. Bref, ça partait déjà mal.

En plus, dans ce genre de situation où on a l’impression que le poids du monde repose sur vos épaules, on développe une espèce de paranoïa ; alors déjà que j’en avais une dose assez importante au naturel –à fortiori lorsqu’il s’agissait de Caleb- là, c’était un cauchemar. A cette heure ci, il n’y avait pas grand monde dans le couloir, ce qui n’arrangeait rien ; alors à chaque fois qu’un élève passait, qu’il soit petit, grand, gros, maigre, poilu ou imberbe, j’avais l’impression de sentir mon cœur s’arrêter en croyant reconnaître Meryl Kelsey. Et encore, je n’avais vu que des garçons pour le moment. Je n’osais pas imaginer lorsqu’une fille se pointera.

Et donc, comme je n’avais rien d’autre à faire que d’attendre que Monsieur ait récupéré son foutu machin –je ne voulais même pas savoir quoi- je laissais libre cours à mes pensées, qui, malheureusement, avaient une fâcheuse tendance à dériver vers le sort que nous réserverait la directrice des Gryffondors si elle nous prenait la main dans le sac. Les deux suppositions qui arrivaient en tête des autres, niveau probabilité, étaient l’écartelage sur place où nous brûler vifs. Bon.

Inspirer, expirer, et essayer de penser à autre chose. Comme à…
Mon dieu. Mon dieu. Mon dieu. Je me sentis me figer lorsque j’aperçus une silhouette se détacher du couloir, une silhouette élancée et mince, avec de longs cheveux lisses et une démarche majestueuse. Aucun doute. Meryl Kelsey arrivait. Un des rares avantages de ce plan –à vrai dire, probablement le seul- était que, grâce au ciel, le bureau du professeur de métamorphose était situé à un endroit du couloir qui nous permettait de voir qui arrivait une bonne trentaine de secondes avant qu’il ne nous voit à son tour. Autrement dit ? J’avais un peu moins de vingt huit secondes maintenant pour faire sortir Caleb et dégager d’ici.

Ce cas de figure ayant été bien évidemment prévu, Caleb m’avait donné un code très strict pour prévenir ce genre de mesures : chaque situation portait un nom de fruit. Je m’étais abstenue de tout commentaire lorsqu’il m’avait décrit en quoi consisterait ma mission, mais n’avait pas pu me retenir de lever les yeux au ciel sur ce point là du plan. Il ne pouvait pas choisir quelque chose de simple et de conventionnel, non, il avait fallu qu’il prenne ce qu’il y avait de plus ridicule ! Parce que je veux bien comprendre que discrétion oblige, il fallait utiliser un code secret, mais hurler des noms de fruit était sans doute le meilleur moyen de paraître louche. Enfin, j’imagine que Caleb s’en moquait pas mal, que j’ai l’air stupide, ça devait même bien le faire rire. Ainsi, depuis près d’un quart d’heure, j’étais dans l’obligation de répéter toutes les deux minutes à haute et intelligible voix le mot « Banane », afin d’assurer à Caleb que la voie était toujours libre, au cas-où un élève ait la bonne idée de se pointer chez Kelsey.

Là où ça se compliquait, c’était le code qui signifiait que l’intéressée arrivait ; ça aussi je me l’étais bien répété pourtant mais ça n’était pas rentré. Il me semblait que c’était Litchi, mais si je me trompais et que ça voulait dire « un élève arrive » et que Caleb lui éclatait un vase sur la tête pour l'assommer alors qu'en fait il s'agissait de Kelsey… bref, ça n’allait pas. Il fallait que je me creuse la tête, et vite. Je la voyais approcher et ce n’était plus que quelques secondes avant que je n’entre dans son champ de vision. Bon, j’allais essayer, et qui sait, ma bonne étoile allait peut-être… me prouver qu’elle existe ?


-Concombre ! dis-je clairement en essayant de ne pas paniquer. Non ! Litchi ! Non, non ça c’est… peu importe, Pruneau ! Non… eh puis merde !

Et sans réfléchir, je fonçais dans le bureau. Je n’y étais jamais entrée, ni dans celui là ni dans un aucun autre, alors je restais un instant surprise. Je ne sais pas à quoi je m’étais attendue puisqu’il était tout à fait conventionnel, mais pas comme je me l’étais imaginée, étrangement. Caleb était en train de faire je ne sais quoi sur son bureau, mais peu importait car l’heure n’était pas à la récupération d’objet mais bien à la survie !

-Concombre, non, pruneau, dis-je à Caleb à toute vitesse, avant de me rappeler que plus personne pouvait nous entendre alors plus besoin de code ici. Kelsey arrive !

Je bondis sur lui et, l’attrapant par le bras, je le tirais vers une potentielle cachette.

C’est là que ça se compliquait. Dans les films que me faisaient voir mes frères, dans ce genre de situation, il y avait toujours LA cachette parfaite où se mettre, qui semblait comme prête d’avance ; c’était peut-être à cause de ce genre de films que j’étais parti avec un apriori sur ce à quoi pouvait ressembler ce bureau. Parce qu’à la vérité, des cachettes, je n’en voyais pas des tonnes. Et la pression n’aidant pas, j’avais du mal à réfléchir, mon cœur me donnant l’impression de faire autant de bruit que l’horloge de l’école. Très bien, il fallait que je me calme.

J’entendis des pas juste devant la porte, et dans une nouvelle accélération cardiaque, j’entrainais Caleb derrière l'étagère face au bureau. Par chance, elle était relativement grande et large, et nous plutôt chétifs, alors elle nous cachait sans problème. De plus, Meryl Kelsey devait être une lectrice assidue puisque chaque rangée était bondée de bouquins, nous laissant à peine entrevoir ce qu'il se passait de l'autre côté, et ne nous rendant en aucun cas visibles. Bon. C'était déjà ça.


-Qu'est-ce qu'on fait maintenant? chuchotais-je, et j'étais sûre qu'on pouvait entendre la terreur dans ma voix.

Les pas se rapprochaient, et bientôt, ils furent juste devant la porte. Je l'entendis à peine s'ouvrir tant mon cœur battait fort.


Dernière édition par Ana Falkowsky le Lun 10 Déc - 20:15, édité 1 fois
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Caleb Matthews


Caleb Matthews
Élève de 4ème année



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MessageSujet: Re: C'était définitivement une mauvaise idée (pv)   C'était définitivement une mauvaise idée (pv) Icon_minitimeSam 24 Nov - 17:35

On avait répété un demi-milliard de fois, c’était pas compliqué quand même ! Le code était indéchiffrable parce que très simple. Personne n’aurait pu deviner que :

Banane = La voie est libre, rien à l’horizon et en voiture Simone, roulez jeunesse ! (la voie est libre suffira) ;
Pruneau = Kelsey est en train de rappliquer et rapproches ses fesses à coups de grandes enjambées ! (le plus important, l’essentiel à ne pas oublier) ;
Concombre : un autre prof de l’équipe enseignante se pointe (plus facile parce qu’une bonne excuse en raison de notre présence (de ma présence) dans le bureau de la prof de Métamorphose et c’est régler, un caramel mou en plus monsieur peut être ?) ;
Litchi : On dégage et fissa. (Clair net et précis. Du vite fait bien fait).

Mais on va dire que… agent double, c’était mais alors pas du tout la vocation de ma coéquipière, mais on faisait comme on pouvait avec ce qu’on avait ! Je lui avais fait apprendre les mots par cœur et puis y’avait rien de bien folichon à retenir banane ou singe ou… en fait j’avais décidé au dernier moment de ne pas compliqué la tâche en ajoutant des animaux associés aux fruits et légumes, le but, c’était d’être rapide et efficace. J’avais juste ce, cette chose fictive à récupérer et on se cassait ni vu ni connu, je lui payais sa bièreaubeurre la prochaine fois qu’on traînait sur le Chemin de Traverse ensemble et c’était réglé !

- Banane, pruneau, concombre, litchi, lui dis-je une dernière fois à toutes blindes sans prendre le temps de respirer, avant de frapper à la porte du bureau pour être certain qu’il n’y avait personne à l’intérieur. Normalement, à cette heure là, Kelsey avait cours avec une autre classe, mais il valait mieux prendre ses précautions…

Je pénétrais dans la pièce ; génial, il y avait déjà un gobelet en terre cuite sur la table, assez travaillé, celui dans lequel elle devait boire régulièrement, je l’avais remarqué la premier coup qu’elle m’avait convoqué dans son bureau. J’avais plus qu’à mettre le Pousse-Rikiki dedans, mélanger avec un peu d’eau… Banane entendis-je de l’extérieur, signe que tout allait bien du côté d’Ana, parfait…

Qu’est-ce que c’était, ça ?

Mon regard fut attiré par quelque chose de beaucoup plus intéressant tout à coup, parce qu’il y avait une grande boîte sur un meuble où étaient entreposés tout un tas d’objets qui avait dû être confisqué, mais il en avait un de beaucoup plus imposant par sa longueur et sa taille : c’était un capteur de Dissimulation. Trop bien ! Oh, il n’allait pas manquer à cette chère Meryl, hein ? Ou peut être qu’elle le conservait précieusement pour elle, mais en tout cas, foi de Caleb que je n’allais pas repartir sans le capteur, parce que c’était un engin bien trop pratique parce que c’était un détecteur de mensonges pour repartir sans ! Je savais sur qui j’allais le tester en premier en plus, parce qu’elle se trouvait juste derrière cette porte et qu’elle n’arrêtait pas de répéter banane! depuis tout à l’heure…

Ah oui ! Le Pousse-Rikiki !

Je retournais m’affairer à la table, en lisant les instructions sur la feuille qui était fournie avec, parce que j’en avais déjà utilisé sur mes sœurs, mais le procédé à suivre restait bien précis…

-Cokjsdvncomefoijzebre !

- Quoi ?? Demandai-je en criant, parce que je savais qu’elle avait changé de mot, mais je n’arrivais pas à entendre le mot, le produit faisait des bulles dans l’eau que j’avais mis dans le verre et ça faisait un sacré bruit, j’avais oublié, ça !

-Nooizehn ! poezfLitpoefjzpechdsiuhi !

Mais de quoi elle parlait ??

- Parle plus fort ! hurlai-je pour parler au-dessus du pshhhhhhhht et des volutes de fumées qui s’échappaient du récipient. C’était le temps que ça se mélange, ensuite, on y verrait que du feu. On dirait une grand-mère qui n’a pas parlé durant les vingt dernières années ! Elle risquait de ne pas trop apprécier la comparaison en revanche…

Je l’entendis grogner plus loin, et j’allais lui demander de répéter une fois encore parce qu’elle n’articulait vraiment pas, mais l’instant d’après, elle avait quitté son poste de gai pour me rejoindre. Mais qu’est-ce qu’elle faisait ??

- Hé mais elle va pas se surveiller toute seule la porte ! Allez, ouste !
Je fis des gestes de la main pour la chasser, mais apparemment, elle en avait décidé autrement.

-Concombre, non, pruneau. Kelsey arrive !

……………………..Ah. Ça, c’était un autre problème.

A laquelle Ana avait vraisemblablement trouvé la solution je me sentie happé par une force invisible, et moins d’une minute après, on était planqué, tant de bien que de mal derrière l’une des étagères, et c’était bien que Kelsey ait investi dans ce genre de tapisserie, parce que sans le savoir elle venait elle-même de nous sauver… de ses propres griffes.

-Qu'est-ce qu'on fait maintenant?

J’allais la rassurer en lui disant qu’il ne fallait pas qu’elle s’en fasse, que c’était les risque mais que la moitié du temps je m’en sortais toujours (c’est-à-dire que l’autre moitié du temps… enfin.) Quand je me rappelai comment dire… d’un… détail… qui… pouvait… avoir… son importance.

- Le Pousse-Rikiki !

Zut, je m’étais exclamé trop fort, il n’y avait plus qu’à espérer que Kelsey ait cru entendre des voix. Je poussai Ana qui se trouvait au meilleur endroit pour lancer un sort en lui écrasant à moitié le pied au passage ; les miens étaient plus imposants que les siens, forcément, qu’est-ce que j’y pouvais !

- Accio ! Murmurai-je à voix presque haute parce qu’on avait pas encore appris les sortilèges informulés. Les dernières traces de mon méfait, c’est-à-dire l’emballage atterrit bientôt dans mes mains. Je croisai le regard d’Ana et avant qu’elle n’ai eu le temps de protester, répliquai : Et ben quoi, j’allais pas partir sans lui laisser un autre cadeau en échange ! Justifiai-je. C’est vrai quoi !

Je ne pus en rajouter plus cependant. La porte s’ouvrit et claqua derrière l’arrivante. Il y avait une toute petite fente entre deux livres pour qu’on puisse voir ce qui se passait. Kelsey venait de s’asseoir derrière son bureau ce qui ne voulait sous entendre qu’une chose : qu’elle comptait rester dans la pièce durant un certain temps.

Merde.

- Il faudrait trouver un moyen de l’attirer dehors, le temps qu’on sorte, mais aucun son n’était sorti de ma gorge parce que je m’étais contenter d’articuler grossièrement avec ma bouche.

Si elle ne savait pas lire sur les lèvres, c’était le moment ou jamais d’apprendre !
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Ana Falkowsky


Ana Falkowsky
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MessageSujet: Re: C'était définitivement une mauvaise idée (pv)   C'était définitivement une mauvaise idée (pv) Icon_minitimeLun 10 Déc - 22:51

Depuis quand étais-je devenue faible au point de ne pas arriver à refuser de m'embarquer dans les sales plans que l'on me proposait ? Il était probablement un peu tard maintenant pour penser à ça, mais à la réflexion, j’avais vraiment faibli ces derniers temps. Me laisser embarquer dans une aventure Calebienne ! Mais j’avais perdu la tête ?! Je ne sais même pas pourquoi j’avais accepté sans broncher ses phrases pour me rassurer quant aux risques de son plan, peut-être tout que j’avais eu envie de croire que pour une fois, les choses seraient simples ; il m’avait filé le devoir, je lui avais rendu service en échange, et on ne s’était fait prendre dans aucun des deux cas ! ...Mais évidemment, ce genre de choses ne m’arrive pas.

A vrai dire, il n’y avait qu’avec lui que ce genre de choses m’arrivait ; c’est pas qu’il portait la poisse mais chacune de nos rencontres était synonyme pour moi d’humiliation, et aujourd’hui, je signais probablement mon arrêt de mort ! Je soupirais de résignation, parce que comme j’avais dit, c’était trop tard maintenant pour avoir des remords. Même si je n’avais pas cru une seule seconde que tout puisse se passer sans accroc –eh oh, on parlait quand même de moi là et de ma chance là-, j’avais quand même consenti à suivre Caleb, alors j’étais à présent aussi responsable que lui des évènements à venir. Dit comme ça, ça sonnait plutôt funeste. Ça allait probablement l’être.

N’empêche, il y avait quand même un mystère qui persistait dans mon esprit : comment Caleb faisait-il pour inventer des trucs comme le code fruits ? Je veux dire, comment des idées aussi tordues et ridicules peuvent-elles vous venir à l’esprit comme si c’était une chose tout à fait naturelle ? Eh bien, pour lui ça semblait l’être. Quelque part, je l’admirais pour ça : il pouvait ainsi dire, et sûrement penser des tonnes de débilités à longueur de journée, sans même s’en agacer. Mieux, ça devait lui paraître tout à fait justifié. Simple d’esprit ? En quelque sorte, mais Caleb n’était pas débile.
Particulier, on va dire.

J’imaginais sa tête derrière la porte à chaque fois que je criais « Banane ! », et elle n’était pas bien dure à deviner ; il devait bien se marrer, m’imaginant sans doute lui aussi, et appréciait la « finesse » de son coup qui me rendait si ridicule. Vraiment, il avait bien tapé. Enfin, c’est ce que je croyais jusqu’au moment où j’aperçus le professeur redoutais et donnait l’alerte ; à cela Caleb aurait répondre quelque chose comme « Crotte ! J’arrive ! » et une seconde plus tard, on était sorti. Au lieu de quoi, une suite de marmonnements qui n’avaient de cris que l’intonation me parvinrent, sans que je puisse bien en déchiffrer le sens. Oh, génial. Décidément, Caleb avait bien préparé son plan. On ne se comprenait même pas à travers la porte !

Prise par je ne sais quel élan de folie, parce qu’une fois rentrée, je savais que je n’en sortirai qu’après Meryl Kelsey, ou je n’en ressortirai pas, le tout étant que je franchis à mon tour la porte interdite, entre deux cris incompréhensibles du Poufsouffle. Ce dernier eut l’air de tomber des nues en me voyant, et décida visiblement de me prouver qu’il était bien simple d’esprit car il ne devina pas la raison de ma présence ici avant que je ne la lui explique –en me ridiculisant au passage une nouvelle fois grâce à son code fruité. Je n’étais plus à ça près… Comme il n’était visiblement pas très rapide à assimiler les mots « Kelsey » et « arrive », je dus prendre une nouvelle fois les choses en main et l’entraînais derrière l’étagère. Bien, bien, bien, maintenant, Caleb semblait avoir retrouvé ses esprits, et même un peu de lucidité…


- Le Pousse-Rikiki !

Eh bien non. Je ne sais pas quelle folie m’a faite espérer qu’il avait trouvé un plan génial pour nous faire sortir d’ici avant même que Kelsey ne rentre, car en réalité, la seule chose qui avait traversé son esprit en ce moment là était ses petites magouilles. En plus ce crétin s’était exclamé tout haut ; il était vraiment nécessaire de lui rappeler que nous étions en planque jusqu’à nouvel ordre, et ce pour une raison de vie ou de mort –sans exagérer- et que donc, par conséquent, il fallait être discret ? J’imagine que ça aurait été trop lui demander.

Il me passa devant, ou plutôt, devrais-je dire, dessus, car mes orteils n’étaient pas exactement le sol mais il ne fit pas la différence, et, sans faire plus de manières, pointa sa baguette vers le bureau. Je m’étais retenue de hurler sous la douleur, parce que je tenais à ma vie, moi, mais je ne me privais pas de lui envoyer une petite tape sèche sur la tête.


- Accio ! dit-il, récupérant son machin –je n’identifiais pas la chose, mais avec le nom qu’il avait sorti, il y avait fort à parier que c’était quelque chose de très… Calebien. Il parla plus vite que moi. Et ben quoi, j’allais pas partir sans lui laisser un autre cadeau en échange !

Je hochais la tête, l’air de comprendre et d’adhérer tout à fait à ce qu’il disait, ce qui était bien évidemment ironique –mais la probabilité qu’il comprenne était faible. Je baissais les yeux vers le « cadeau » en question et tentais de déchiffrer les indications sur l’emballage, dans la main de Caleb. Je pus lire :

« POUSSE-RIKIKI - le constipateur magique qui vous prend aux tripes !

Cause des constipations aux victimes imprudentes. »

Je me retins tout juste de soupirer mais levais les yeux au ciel. Caleb et ses idées brillantes… Tient, j’étais prête à parier maintenant qu’il n’y avait jamais eu d’objet à récupérer ici, il avait probablement inventé toute cette histoire juste pour trouver une monnaie d’échange mais n’avait pas résisté à l’envie de laisser un souvenir à Kelsey avant de partir. Et comme il était très probable qu’il se trimballe tous les jours avec ce machin –on se sait jamais, me dirait-il-, il avait sauté sur l’occasion. C’était tiré par les cheveux, certes, mais rien d’impossibles quand on connait l’énergumène à qui j’avais à faire !

Mon cœur s’arrêta à nouveau de battre lorsque le professeur pénétra finalement dans la pièce et… s’assit le plus tranquillement à son bureau, prenant un livre qu’elle commença à feuilleter d’un air distrait. Génial. En cet instant, l’envie d’assassiner Caleb était plus forte que jamais, et, confortée dans l’idée que cette perspective était de loin la meilleure en cet instant, je me tournais vers lui, bien décidée à lui arracher le cœur, même de mes dents s’il le fallait.

…Mais Caleb était, comme à son habitude, à des lustres de mes pensées, et il me fit un énième marmonnement du bout des lèvres que même une fourmi posé sur son nez n’aurait pas entendu. A vrai dire, j’étais même pratiquement certaine qu’il n’avait rien dit du tout, il avait juste remué les lèvres pour que je me casse la tête à chercher et que je finisse par m’énerver. Peine perdue ! Je ne me faisais plus avoir. Mais en attendant, on était bloqués ici, et pour un bon moment si j’en croyais l’expression par franchement pressée de Meryl Kelsey. J’abandonnais définitivement la potentielle existence de ma bonne étoile.

C’est alors que quelqu’un frappa à la porte, et la femme lui indiqua d’entrer. J’aperçus entre deux livres une tignasse brune et ébouriffée, pas très haute. Un élève. Super, nous allions passer un moment probablement très long à écouter les jérémiades d’un élève –sûrement un Gryffondor en plus, s’il venait ici-, et qui semblait d’ailleurs ne pas vouloir être rapide puisqu’il avait prit place face à la directrice des rouges et or. Je lançais à Caleb un regard exaspéré –pitié, il ne pouvait pas avoir l’une de ses brillantes idées, là, maintenant ?! Non ? Cela n’arrivait que quand c’était inutile ?!

Je remarquais que pour une raison x ou y, Kelsey poussa son verre vers l’élève, l’invitant à boire un peu de thé, à se calmer et à tout lui raconter depuis le début. Allons bon, nous voilà partis pour entendre l’histoire au complet. Déjà que ça devait être ennuyant –soyons réalistes : peine de cœur ? Dispute avec le meilleur ami ? Mauvaise note ? – en plus, ça allait être long. Eh bien quitte à y passer la nuit, autant se mettre à l’aise. Silencieusement, je basculais sur le côté, mettant mon poids sur l’étagère quand mon regard se porta sur… les mains de Caleb. Non, pas ses mains à proprement parler, mais le Pousse Rikiki : il était vide ! Il l’avait mis ! L’abruti !

… ou le génie ? Le malheureux –eh oui, en tant que nouvelle victime de Caleb Matthews, je pouvais le plaindre- apporta donc le verre en terre cuite à ses lèvres sans se faire prier, ce qui se comprenait sans mal, Meryl Kelsey était plutôt pas mal comme prof et poser ses lèvres là où elle l’avait fait un peu plus tôt devait être excitant pour ce genre de petites natures. Mais je me moquais bien que ce garçon fantasme sur la prof de métamorphose, en cet instant, je ne pensais qu’à une chose : est-ce que cela allait faire effet ? Et si oui, immédiatement ? Finalement, même sans le savoir, sans même le vouloir, Caleb était un génie.

L’effet arriva plus vite que je ne le pensais. Le garçon reposa le verre sur la table, et bien qu’il fût de dos, je vis à l’expression de Meryl Kelsey que quelque chose n’allait pas. Il commençait à franchement se dandiner sur sa chaise, et finalement, il se leva d’un bond, ouvrit la porte dans la volée et parti en courant. Le professeur ne semblait pas trop savoir que faire, ni ce qu’il se passait. Elle prit à tout hasard le gobelet et le porta à ses narines. Je priais mentalement pour que le produit de Caleb soit inodore, parce que sinon je le décapitais dans la minute. Perdu : je vis le visage de la jolie brune s’éclairer, puis elle hocha la tête comme si elle n’y croyait pas, avant de s’éclipser à son tour à la suite de son élève.

Je me tournais de nouveau vers Caleb, toujours abasourdie par ce qu’il venait de se passer. Avait-il au moins réalisé ?!


-C’est malin ! Elle sait que quelqu’un s’est introduit dans son bureau maintenant ! chuchotais-je quand je fus sûre que les pas s’étaient éloignés.

De plus, c’était de Meryl Kelsey dont nous parlions ; et malheureusement pour nous elle n’était ni stupide, ni indulgente. Il y avait donc une probabilité non négligeable qu’elle tende une embuscade à ses potentiels visiteurs –nous, en l’occurrence- et attende devant la porte qu’ils sortent en croyant la voie libre. Vous allez dire que c’était encore la paranoïa, mais le jour om vous serez coincés dans le bureau de la terrifiante professeur de métamorphose, avec pour seul acolyte et cerveau de l’opération Caleb Matthews, vous comprendrez.


-Tu…tu penses qu’elle nous attend devant la porte ? murmurais-je remplie d’effroi à l’idée que l’on se fasse prendre la main dans le sac comme ça, et surtout au sort qu’elle nous réserverait. Qu’est ce qu’on peut faire ?! Caleb, je te préviens, si elle vient à nous trouver, je dis que tu m’as prise en otage et forcée à venir avec toi ! le menaçais-je le plus sérieusement du monde.

Et qu’il n’en doute pas ! Quelqu’un d’effrayé est capable de tout.
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Caleb Matthews


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MessageSujet: Re: C'était définitivement une mauvaise idée (pv)   C'était définitivement une mauvaise idée (pv) Icon_minitimeVen 14 Déc - 21:47

D’accord, on avait connu situation moins délicate. Mais… il y avait pire ! Il y a toujours pire. En tout cas, moi, j’avais connu pire. Donc je ne m’inquiétais pas trop, on était juste coincés derrière une étagère et Kelsey semblait des plus disposées à végétaliser dans son bureau tout l’après midi, mais tout allait bien. No stress. Ce n’était pas critique du tout. On allait s’en sortir. Cependant, je faisais exprès de prendre un visage contrarié dès fois qu’Ana tourne la tête dans ma direction, parce que ma naïveté avait quand même ses limites ; si je lui faisais un grand sourire en lui disant qu’elle était bête de s’en faire pour si peu, elle allait m’enfoncer un coin du livre dans l’œil pour me le crever, j’en étais sûr. Mais tout comme moi, elle observait entre deux fentes, les yeux rivés sur notre professeur comme si j’étais le cadet de ses soucis. Pour l’instant.

En tout cas, puisqu’on était ici nous aussi pour un petit moment, autant se mettre à l’aise : je posai mon dos contre le mur, et avec le peu de place qu’il restait pour mes jambes appuyai les talons contre le bas de l’étagère ; pas de panic je n’étais pas assez lourd pour la renverser et le tout le plus discrètement possible, s’il vous plait ! Parce que oui, même si ce n’était pas l’idée, tout ceci prenait une tournure qui pimentait un peu l’action, et cette adrénaline, je l’adorais, et c’était drôle de regarder Ana en proie avec sa conscience, se disant probablement qu’il fallait absolument qu’elle fasse quelque chose sinon ça allait mal se finir mais que si elle faisait trop de bruit, elle allait se faire repérer, et couac ! Grillée ! Franchement, il n’y avait pas d’inquiétude à avoir, parce que la seule chose de vraiment grave qu’on risquait, c’était d’avoir des crampes à force de rester dans les mêmes positions, mais tant qu’on ne se faisait pas repérer, tout allait bien. Il fallait juste que Kelsey ait la gorge sèche, éprouve le besoin inexplicable de boire le verre d’eau qu’elle laissait toujours sur la table en cas de besoin, et quelques secondes plus tard on en parlait, elle sortait en trombe de la pièce, et à nous la liberté ! Pour une Serpentard, Ana n’était pas très fine sur ce coup, en ayant pas pensé à cette possibilité. Qu’est-ce qu’elle croyait, j’avais pensé à tout !

Ok, ok, ok, elle ne pouvait pas le savoir puisqu’elle n’était pas véritablement au courant de mes intentions ; disons plutôt que je les avais plus ou moins déguisées, mais j’avais été obligé et par sa faute parce que, et maintenant je n’avais plus de doute, si je lui avais dit mes intentions dès le départ, je peux assurer qu’elle ne serait pas en ce moment même en train de passer un agréable moment avec moi et notre professeur de métamorphose préféré en prime. Dans deux minutes, on allait bien rire de tout ça !

… peut être pas et peut être même qu’en fait les secondes allaient se transformer en minutes. En effet, quelqu’un venait de frapper à la porte pour venir s’ajouter à la grande fête qui se tenait en ce haut lieu : plus on est de fous, plus on rit ! Mais trêve de plaisanteries, c’est vrai que ça n’arrangeait pas trop nos affaires, mais je prenais ça comme unique petit obstacle au plan. D’accord. Le deuxième. Bah oui, qu’est-ce qu’on y peut parfois les choses ne se passent pas comme prévu ! Je haussai les épaules devant la mine désespérée de la verte et argent, pour bien lui montrer que j’étais aussi impuissant qu’elle et que me mettre à chanter tout à coup un air des Bizzarr’ Sisters ne nous aiderait en rien et que ça risquait même de courir à notre perte ! Ces Serpentard, je vous jure, ils ne l’étaient pas pour rien, aucune patience.

NON ! Génial ! J’avais tendu l’oreille parce que l’élève qui s’adressait à Kelsey s’était soudainement arrêté de parler, c’était un vrai moulin à paroles et je n’écoutais rien de ce qui disait. J’avançai la tête le plus possible entre deux livres pour voir ce qu’il allait se passer : c’était le meilleur moment de la blague et même si je ne pouvais pas voir sa gueule, celle qui tirait la prof était comme son reflet. Je me retins à grand peine de pousser un cri de victoire, peut être ce que je n’aurais pas fait si Ana n’avait pas été à mes côtés, ce qui me faisait quand même avoir un peu plus de retenue. Tout ne s’était pas tout à fait déroulé comme prévu là encore puisque ce n’était pas là la principale cible, mais ça allait servir notre cause quand même ; l’instant d’après il y eut un raclement bruyant de la chaise pendant que ma victime s’enfuyait, et heureusement que Kelsey ne savait pas que j’étais à quelques mètres d’elle, parce que même moi qui n’avait pas conscience du danger, surtout quand il s’agissait de ma sœur, je n’aurais pas donné cher de ma peau à l’éclair de lucidité qu’elle eut lorsqu’elle comprit à son tour, après vérification, que le breuvage n’était pas celui qu’elle croyait, qu’elle l’avait échappé de peu puisqu’elle était la personne visée et que si elle retrouvait le petit plaisantin qui avait fait ça, elle en ferait une descente de lit pour sa chambre personnelle et pouark, je ne voulais pas que son renard polaire là (non mais on va pas me dire qu’il était pas mieux au Pôle Nord, la bestiole) essuie ses fesses sur moi !

Elle se barra elle aussi, à la poursuite de l’autre en espérant lui soutirer des informations, qu’est-ce que j’en sais. Elle n’avait pas aussitôt fermé la porte derrière elle que je poussai un profond et bruyant soupir, ce n’était pas mon genre de rester sans bouger aussi longtemps, et en profitai pour m’extirper de là tout en écrasant de nouveau les pieds d’Ana au passage ; elle faisait exprès de prendre toute la place !

-C’est malin ! Elle sait que quelqu’un s’est introduit dans son bureau maintenant !

Qu’est-ce qu’elle nous faisait là ? Pourquoi est-ce qu’elle chuchotait encore, on avait plus besoin de chuchoter maintenant ! Je m’étirai sans vraiment plus que ça en considération sa remarque.

- Elle l’aurait su de toute manière en le buvant elle-même, ça change rien
, bâillement ; ça fatigue tout ça, ça fatigue ! Je haussai un sourcil plus haut que l’autre dans une mimique « mais t’es bête ou quoi ! ».

Y’avait rien à bouffer là dedans ? Parce que c’était que je commençais à avoir faim avec toutes ces aventures………. Ah mais le capteur de Dissimulation était toujours là, je l’avais presque oublié, il fallait que je l’emporte avec moi ! De toute façon Ana l’avait dit, Kelsey savait que quelqu’un était venu dans son bureau maintenant, alors j’allais faire les choses bien, correctement, et jusqu’au bout, et lui chiper son capteur sous son nez, ça allait la faire enrager bien plus encore quand elle allait s’en rendre compte ahahah !!!

-Tu…tu penses qu’elle nous attend devant la porte ? Qu’est ce qu’on peut faire ?! Caleb, je te préviens, si elle vient à nous trouver, je dis que tu m’as prise en otage et forcée à venir avec toi !

Pouf ! Je venais de me laisser tomber dans le fauteuil professoral pour bien savourer ma victoire, en demi teinte oui, mais c’était une victoire quand même, pendant qu’elle essayait de me transmettre sa paranoïa et… non qui a cru un seul instant que ça allait marcher ?? Le danger était passé, la directrice des Gryffondor était maligne mais pas tordu à ce point ! Si elle commençait à faire son Aria, ça n’allait pas le faire !

- Elle marchera pas ton excuse, lui dis-je le plus tranquillement du monde. Depuis quand les Poufsouffle font des prises d’otages ? Et dit à haute voix ça paraissait un milliard trois cent mille et des millions plus débile, en vrai, j’étais un Mangemort en devenir, vous saviez pas ? Quand je disais qu’elle était trop marrante Ana ! T’es pas tombée dans la bonne maison sur ce coup… ! rigolai-je parce que si elle lui disait ça, Kelsey allait tout de suite flairer quelque chose de louche et penser que j’étais la pauvre victime qui avait été entraînée malgré moi dans cette histoire sordide.


……
………………
…………………………… Sans doute pas, c’était pour rire ! Personne n’avait d’humour dans cette salle…

Ce qu’on disait sur les maisons, je m’en fichais aussi, je l’aimais bien Ana, même avec sa tête de serpent !

- Y’a deux solutions : soit on sort maintenant et Kelsey nous croque tout crus dès qu’on ouvre la porte, soit on attend comme des cons qu’elle vienne nous chercher
, je faisais exprès en plus de parler d’une voix assez forte pour lui prouver qu’il n’y avait rien à craindre, que la voie était libre.

Sur ces bonnes paroles, je me levai du fauteuil comme une balle, pour aller en face, récupérer le capteur. Il était assez imposant comme objet, donc là ouais c’est vrai qu’il ne fallait pas trop qu’on me voit traîner avec ça dans les couloirs donc si on pouvait faire vite…

- Bon si tu comptes prendre le thé avec elle
, moi j’y vais, déclarai-je très sereinement vers la porte, peut être qu’il reste un peu de Pousse-Rikiki dans le verre, tu peux toujours vérifier ! ricanai-je malicieusement.

Mission accomplie !
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Ana Falkowsky


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MessageSujet: Re: C'était définitivement une mauvaise idée (pv)   C'était définitivement une mauvaise idée (pv) Icon_minitimeVen 18 Jan - 23:10

Quand je disais que j’avais des tendances à la paranoïa, ce n’était pas une façon de parler. Et c’était dans les moments comme celui là que ça se voyait tout particulièrement : au moindre bruit j’avais l’impression de voir ma vie défiler devant mes yeux, et de nombreux scénarios sinistres se bousculaient dans mon esprit, se modifiant dès qu’il se passait quelque chose. Un coup je nous voyais rôtir, Caleb et moi en guise de shamallows, sous le regard appréciateur de Meryl Kelsey. Un autre nous étions renvoyés de Poudlard, et j’étais condamnée à me faire faire l’école par mes parents ; de ces deux perspectives, honnêtement, je ne sais pas laquelle m’horrifiait le plus. Etre le prochain repas de mon professeur de métamorphose, ou être contrainte de passer tout mon temps avec mes parents ? C’était comme choisir être la peste et le choléra.

Alors pourquoi Caleb, lui, avait l’air aussi détendu que si nous nous apprêtions à passer à table ?!! Je le regardais en coin, encore cachée derrière l’étagère, alors que lui semblait déjà décidé à s’en aller, et quittait notre cachette en prenant bien soin au passage de m’écraser les pieds une nouvelle fois. Ai-je déjà dit qu’il était insupportable ? Dans le doute, je préfère le répéter : Caleb était décidément, totalement et complètement insupportable. Je crois que j’en arrivais au comble de l’agacement lorsque je le vis bailler négligemment ; se souvenait-il d’où on était, et dans quelle position ?? Avait-il une vague idée de ce qui nous attendait si jamais on se faisait prendre ??? Probablement pas.


- Elle l’aurait su de toute manière en le buvant elle-même, ça change rien, me répondit-il comme si j’étais débile.

-Si tu n’avais rien mis dans son verre, tout simplement, on en serait pas là, grinçais-je pour couper court à la discussion.

Inspirer, expirer… Ne pas lui balancer chaque livre que contenait la bibliothèque –et Dieu sait qu’il y en avait- dans la tête en espérant faire le plus dé dégâts possibles pour ne plus jamais voir son sourire agaçant. Imaginer mentalement tout ce que je pourrais faire subir à Caleb –dans l’optique qu’on sorte vivants de cette histoire- parvint à me détendre un peu. Je jetais de nouveau un œil vers lui, et au vu de son expression, il devait être à mille lieux d’imaginer ce que je préparais de lui faire. Mais à bien y regarder, son visage semblait s’être illuminé à la vu de quelque chose. Je cherchais en vain ce qui avait pu provoquer cet engouement, ne voyant dans ce bureau qu’un tas de vieux objets relativement inutiles, du moins pour l’usage que pouvait en avoir Caleb.


- Elle marchera pas ton excuse. Je relevais la tête, interdite. Qu’est ce qu’il en savait ?! Depuis quand les Poufsouffle font des prises d’otages ? T’es pas tombée dans la bonne maison sur ce coup… !

…………………. Effectivement, vu comme ça, ça ne paraissait plus si crédible que ça. Surtout lui, qui avait plus l’air attardé que méchant. Mais l’habit de fait pas le moine, n’est ce pas ?!... Arf. Venant de moi en plus, ce n’était absolument pas crédible. Et Kelsey n’tait pas assez stupide pour croire à l’histoire à coucher dehors d’une Serpentard qui impliquerait qu’un gentil Poufsouffle soit en fait un gros méchant. Maudits stéréotypes sur les maisons ! Mais bon, si besoin était, je saurais être plus inventive que ça, et je l’espère, plus crédible aussi. Caleb ferait bien de ne pas trop faire le malin, parce que dans le pire des cas, je pourrais toujours le prendre moi-même réellement en otage, tient !

- Y’a deux solutions : soit on sort maintenant et Kelsey nous croque tout crus dès qu’on ouvre la porte, soit on attend comme des cons qu’elle vienne nous chercher.

Cet idiot parlait vraiment très fort, exprès ou pas –avec lui tout était possible- et je me retins de lui intimer le silence avec un bon vrai « Chhhhhhhhhut ! » mais me dis que ça ne ferait que lui donner envie de faire encore plus de bruit. Je commençais à le connaître, ce cher Caleb ! Je ne me faisais plus prendre à ses vieilles blagues maintenant. Presque plus. Mais j’avoue que je ne m’attendais pas trop pourtant à ce qu’il embarque carrément le capteur de dissimulation de Kelsey. Il se leva le plus tranquillement du monde et alla tout simplement le prendre, comme on cueillerait une fleur. Je le regardais un instant, ébahie, avant de fondre sur lui. Mais il était fou ou quoi !

-Repose ça tout de suite crétin ! m’exclamais-je à demi-voix. Emporter ça c’est comme écrire « coupables » sur notre front !

Non mais il fallait voir l’objet quand même ; de un on aurait pas l’air fin à se trimballer avec ça dans le château –enfin surtout lui, mais comme je l’accompagnais, ça déteignait sur moi…- et ensuite, ce n’était pas exactement le genre de choses que tout le monde a chez lui, pour ne pas dire personne ! Des trucs comme ça, il devait y avoir une ou deux personnes qui en avaient dans le château, grand maximum, alors si on le voyait avec et que oh, incroyable, quelqu’un a été dans le bureau de Kelsey cette aprem, et c’est une des rares à en posséder un eh ben… il faudrait vraiment être attardé pour ne pas arriver à additionner 1+1 et remonter jusqu’à lui –nous !

Je me mis donc à tirer sur le Capteur de Dissimulation, mais Caleb semblait bien décidé à l’emporter avec lui, son engin –mais quelle utilité d’abord ???!!!- mais je ne lâcherais pas, parce que déjà que j’étais embarquée dans ses sales plans malgré moi, il n’allait pas en plus chercher à nous attirer encore plus d’ennuis ! Il y a un moment où il faut arrêter un peu ! Et puis encore, si c’était l’objet de sa vie, le truc dont il a toujours rêvé, la chose qui hante ses nuits… MAIS UN CAPTEUR DE DISSIMULATION, SERIEUSEMENT ? Je voulais bien croire que Caleb ait des fantasmes bizarres –il devait sans doute rêver de farces terribles à faire, ou d’objets tous plus douteux les uns que les autres- et je n’avais rien contre ça, mais dans la limite où ça n’impliquait pas de nous faire prendre dans nos activités…. parascolaires.

- Bon si tu comptes prendre le thé avec elle, peut être qu’il reste un peu de Pousse-Rikiki dans le verre, tu peux toujours vérifier !

Je lui lançais un regard noir, et marmonnait quelque chose comme « je vais te le faire bouffer, moi, ton Pousse-Rikiki… » mais décidais de ne pas rentrer dans son jeu. Pas maintenant, alors que nous étions dans une étape décisive de notre vie –absolument. Il ne fallait rien à faire à la légère. J’attrapais son bras pour la seconde fois et le retins. Sortir ou rester ? Prendre le risque qu’elle nous attende dehors et que l’on se fasse cueillir, ou attendre qu’elle vienne nous chercher là ? J’avoue qu’aucune de ces deux idées ne me rassurait, et j’aurais volontiers choisi de sauter par la fenêtre… si celle-ci n’avait pas des barreaux. Bon, bon, bon…

Là, maintenant, je mourais d’envie d’envoyer Caleb en éclaireur ; il n’aurait même pas besoin d’utiliser son code à deux balles ; si jamais j’entendais des cris de douleur, c’était qu’il s’était fait prendre. Mais j’avais quand même accepté de le suivre là dedans, j’avais une dette envers lui, alors si il fallait se faire prendre eh bien… on le serait tous les deux. Ça ressemblait vaguement à du courage, ou de la loyauté ce genre de discours, et ça me faisait un peu peur venant de moi ; mais franchement, je ne sais pas si, en dépit de mes menaces de tout à l’heure, j’aurais pu continuer à me regarder dans un miroir si Caleb s’était fait prendre et pas moi. Ouh làlà, c’est que ça commençait vraiment à ressembler à un discours amical, alors je préfère m’arrêter là et me rassurer en me disant que je le fais pour moi-même ; un premier pas vers la socialisation.


-A trois on sort, et on court, ok ?
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Caleb Matthews


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MessageSujet: Re: C'était définitivement une mauvaise idée (pv)   C'était définitivement une mauvaise idée (pv) Icon_minitimeDim 27 Jan - 14:46

Malgré quelques petits aléas parce que c’était les risques du métier – toute célébrité avait un prix ! – cette sortie était un franc succès. Pourquoi est-ce que Ana ne voulait pas partager cet avis ? Parce que les Serpentard étaient des rabat-joie, ils s’étaient un peu trompé d’animal pour leur emblème : prenons le cafard par exemple, il aurait parfaitement pu faire l’affaire ! Ana avait pourtant des réactions différentes des autres élèves de sa maison (c’était sur eux que j’élaborais le plus mes petites inventions parce que c’était leurs réflexes qui étaient les plus excessives, comme ça ensuite je pouvais évaluer à peu près qu’elle allait être celle des autres et faire mon petit dosage… qui avait dit que je n’étais pas bon dans les potions hein ??) parce que même si elle exprimait clairement qu’elle aurait préféré boire du mucus de Veracrasse plutôt que d’être en ma chaaaaaarmante compagnie (non j’avais beau faire celui qui ne voyait rien, j’étais très observateur et c’était en cela que résidait ma plus grande réussite – tromper l’adversaire ; même si Ana était plus ma partenaire que mon adversaire, mais ça marche aussi pour les partenaires en fait ça marche pour à peu près tout le monde, BREF) et bien même si elle aurait préféré boire du mucus de Veracrasse plutôt que d’être en ma si chaaaaaaaaaaaaaarmante (abus démesuré de voyelles ici) compagnie, elle était venue quand même (sous le chantage, mais ça gâchait un peu l’histoire, alors n’en parlons pas) donc c’était bien qu’elle n’en était pas si mécontente que ça, mais qu’elle montrait le contraire pour ne pas faillir au personnage de glace qu’elle s’était créée dans un délire pur de schizophrénie… qu’est-ce que je disais qu’on était fait pour s’entendre !!!

Donc partant de ce principe, elle ne pouvait pas outrepasser sa première règle, et même si ça voix n’était qu’un chuchotement, le ton excédé qu’elle employait était aussi reconnaissable qu’un Dragée Surprise de Bertie Crochu au goût de rat crevé (on arrête pas le progrès).

-Repose ça tout de suite crétin ! Emporter ça c’est comme écrire « coupables » sur notre front !

Comme elle était mignonne, elle faisait dans les mots tendres à présent ! Avec Ana, je commençais à lire entre les lignes et j’avais tout à fait à l’esprit que pour elle « crétin » avait une consonance affective, alors je voulais bien la pardonner, même si une fois de plus, il fallait tout de même noter qu’elle avait une trop grosse tendance à tout faire tourner vers le drame.

- Ça ne t’irait pas du tout au teint voyons !
La narguai-je sans l’écouter pour autant.

Ça ne servait à rien de plaider en ma faveur, de lui expliquer calmement que nous n’avions qu’à emprunter un chemin différent de celui de Kelsey et qu’elle n’en saurait jamais rien ! Oui d’accord elle allait découvrir qu’il manquait l’un des objets les plus importants de son bureau, mais le Capteur était avant tout pour ma collection personnelle, je n’allais pas m’amuser à parader avec partout dans le château ! Le tout était de rester le plus discret possible sur la route du retour et de ne croiser aucun professeur, et… je fus stoppé net dans mon élan par Ana, comme si on ne l’avait pas déjà assez compris ne partageait pas le même point de vue. S’en suivit une espèce de lutte pendant laquelle ni l’un ni l’autre ne voulut lâcher l’affaire. Je n’allais pas partir sans emporter de trophée avec moi, preuve de ma victoire !

- Je ne sais pas si tu as remarqué, lui fis donc remarquer juste au cas où, les dents un peu serrées parce que j’essayais de lui faire lâcher prise, parce qu’elle était tenace, mais ce qu’il y a de bien avec un Capteur de Dissimulation c’est qu’on peut aussi s’en servir contre les gens-qui-essayent-de-vous-empêcher-de-les-ramener-dans-votre-salle-commune, pour les assommer ! C’est pas toi qui voulait pas que Kelsey puisse remonter vers toi ? Si elle te retrouve inconsciente ici ça va être un petit problème…

Pour ne pas changer, c’était du bluff, car oui j’étais capable de l’assommer, mais non, je n’allais pas l’abandonner à son triste sort s’il fallait utiliser les grands moyens. On était entré à deux ici, on sortait à deux, ce n’était pas dans ma politique de laisser derrière moi un soldat !

- Sois pas jalouse je te le prêterai de temps en temps ! Mais pour ça, il faudra être sage…

Bien qu’à mon avis très convaincants, mes arguments ne suffirent pas à faire changer d’avis Ana, et même si je n’avais pas envie d’abandonner le premier, j’allais bien être obligé, parce que je ne perdais pas de vue que Kelsey sitôt l’affaire réglé viendrait vérifier de fond en comble l’état de son bureau et que ça n’allait pas être bon pour nos affaires. Je lâchai alors le Capteur d’un coup en fronçant les sourcils et en boudant un peu – comme elle tirait fort de son côté, j’espérais au moins qu’elle trébuche ou un truc comme ça à cause de la force que je n’imposais plus en m’opposant à elle.

-A trois on sort, et on court, ok ?

Non mais c’était qu’elle essayait de prendre les directives, de MON expédition, elle ne se sentait plus après cette première aventure avec moi réussi ! Je haussai les épaules pour bien lui montrer qu’elle m’avait un peu énervé, mais j’étais content de voir qu’elle se laissait finalement prendre au jeu malgré ses réticences. Alors ? Qui c’est qui avait raison depuis le début ??

J’ouvris la porte à la volée et sans prendre le temps de regardé à gauche m’enfonçai dans le couloir de droite et tournait aux abords d’un coin deux ou trois fois avant de tourner légèrement la tête vers l’arrière afin de vérifier qu’Ana était toujours là, mais elle avait l’air de courir moins vite et de s’essouffler. A part deux trois élèves qui s’écartaient vivement de notre passage, il n’y avait pas grand monde, mais je ralenti quand même l’allure pour la laisser me rattraper et lui saisir le poignet, ravi de ma petite feinte, pour repartir de plus belle, tandis que visiblement, elle cherchait à reprendre son souffle.

- Vite, je crois que Woodley est à nos trousses !
!!

Mensonge, mais c’était la petite dose d’adrénaline nécessaire pour la faire avancer plus vite, surtout en évoquant sa terrible directrice de maison, qui n’avait rien à voir avec le mien ! Notre petite course dura jusqu’à l’entrée des cachots, en reprenant en compte qu’entre temps, un escalier avait dévié notre trajectoire, rendant le retour à nos salles communes respectives un peu plus long que prévu. Je lâchai enfin Ana, parce que moi aussi, courir comme ça, ça m’avait coupé la respiration, mais j’avais quand même un grand sourire même à moitié penché vers l’avant et soufflant comme un bœuf.

- Et ben t’as les joues toutes rouges, tu devrais essayer plus souvent, ça te va pas si mal !
Mon exclamation à double sens signifiait que si c’était notre première expédition ensemble, je ne comptais pas à ce que ce soit la dernière, mais c’était aussi un compliment que je faisais A UNE FILLE, alors elle avait intérêt à plutôt bien le prendre !!!

D’un signe de la main je lui proposai de nous enfoncer dans la fraîcheur des cachots.

- Bon et bien, chose promise, chose due, tu peux déjà réfléchir à la boisson que tu vas prendre quand je t’emmènerai sur le Chemin de Traverse ! Je lui fis un clin d’œil, qu’est-ce que tu crois, je suis un homme de parole ! Je fis encore quelques pas, avant de lui demander : Avoue que tu t’es bien amusée aujourd’hui ! C’est quand même mieux que de rester dans ton coin à faire la plante carnivore ! Petit clin d’œil là aussi à notre toute première rencontre dans les serres.

Je m’étais arrêté, le temps de me tourner vers elle et de lui dire avec un grand sourire :

- Ça veut dire qu’on est potes maintenant, trop tard, tu peux pas dire non, parce qu’avec ce qu’il s’est passé dans le bureau, on a scellé notre amitié !

Parce que je savais bien qu’elle allait tenter de se dérober, elle n’était pas fourbe pour rien… Plus moyen de filer maintenant !!!
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Ana Falkowsky


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MessageSujet: Re: C'était définitivement une mauvaise idée (pv)   C'était définitivement une mauvaise idée (pv) Icon_minitimeJeu 28 Fév - 17:36

Je n’aurais pas su dire si j’appréciais ou non Caleb. Enfin, si, en cet instant je le haïssais et avait enfin de l’assommer avec son fichu Capteur de Dissimulation, mais au vu de la situation, je n’étais pas très objective. De manière générale, même si il avait tendance à ne comprendre que ce qui l’arrangeait, me forcer un peu la main et de manière générale, se montrer plutôt lourd, il n’était pas si détestable. D’accord, il pouvait même, de temps en temps, durant l’espace de quelques précieux instants où je ne le reconnaissais pas, se montrer un petit peu sympa. Mais très vite, le Caleb Matthews en lui reprenait vite le dessus sur l’éventuelle face cachée et appréciable ( ?) et il redevenait cet insupportable personne qui m’avait poussé à bout dès notre première rencontre, au bout de quelques minutes seulement et quelques vannes. Car oui, c’était là une des spécialités de Caleb ; me pousser à bout. Je ne sais pas quel était son secret, le truc ou n’importe quoi, mais il y arrivait à chaque fois. Si bien qu’il m’arrivait souvent de regretter que le liquide que contenait la plante que je lui avais balancé dessus n’ai pas prit feu en le touchant et l’ai brûlé vif. J’ai imaginé cette scène dans les moments, où, comme celui là, il m’exaspérait. C’est-dire un certain nombre de fois, et j’ai eu l’occasion de peaufiner le scénario et chaque détail afin de le rendre réalisable, des fois qu’il me pousse à commettre l’irréparable.

Mais je crois qu’au fond, je l’aimais bien.


- Ça ne t’irait pas du tout au teint voyons !


Ais-je dit que j’aimais bien Caleb ? Eh bien, je le retire. Tout de suite. Et j’imagine mentalement sa mort imminente, lente et douloureuse. A coup de plantes dégueulasse et de Capteur de Dissimulation… Capteur qu’il semblait d’ailleurs bien décidé à emporter, en dépit du bon sens et de tout ce que je pouvais lui dire. Quel tableau ridicule on faisait tout les deux, à tirer sur le grand objet comme des demeurés, sans vouloir lâcher prise ni l’un ni l’autre, parce qu’on était tout les deux persuadés d’avoir raison, et aussi un peu par fierté. Mais surtout parce que j’avais raison ! Un objet utile, je dis pas, mais là ! Même si il était évident que le Poufsouffle et moi avons une conception différente de l’utilité, ça, ça ne sert à rien ! Il le faisait rien que pour m’embêter, n’est-ce pas ??!

- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ce qu’il y a de bien avec un Capteur de Dissimulation c’est qu’on peut aussi s’en servir contre les gens-qui-essayent-de-vous-empêcher-de-les-ramener-dans-votre-salle-commune, pour les assommer ! C’est pas toi qui voulait pas que Kelsey puisse remonter vers toi ? Si elle te retrouve inconsciente ici ça va être un petit problème…

J’écarquillais les yeux, outrée qu’il me menace de la sorte, l’air parfaitement sérieux alors que c’était lui qui m’avait embarqué là dedans !! La surprise faillit me faire lâcher prise, mais heureusement, je tins bon et repris mon combat pour lui faire lâcher l’objet. Pas question de la lui laisser, cette opportunité de m’assommer !!


- Sois pas jalouse je te le prêterai de temps en temps ! Mais pour ça, il faudra être sage…

Je lui lançais un regard noir pour toute réponse et continuais de tirer sur le Capteur de toutes mes forces, comme si ma vie en dépendait. Ce n’était maintenant plus tellement une affaire de discrétion mais un besoin de l’emporter qui me motivait, et j’étais à présent bien décidée à me battre jusqu’à ce que mort s’ensuive s’il le fallait. Mais Caleb ne devait pas être dans la même optique et lâcha avec raison l’objet de la dispute, ce qui me fit presque perdre mon équilibre –presque, merci à la table derrière moi, qui me fit peut-être un bleu dans le dos, mais je me redressais comme si de rien était, prenant l’air de celle qui avait raison depuis le début. Plutôt fière de moi quand même, je reposais donc le Capteur de Dissimulation là où Caleb l’avait trouvé, et sitôt cela fait, retrouvais mon anxiété de départ. Parce que j’avais gagné une bataille, pas la guerre ! Et celle qui s’annonçait à présent était de taille : rester vivants ! Je lui donnais donc des directives parce qu’à présent, il fallait bien se lancer, et advienne que pourra. Le Poufsouffle se contenta de hausser les épaules, l’air plutôt mécontent. Je levais les yeux au ciel ; voilà qu’il boudait maintenant ?! Mais nous n’avions pas le temps pour ça ici, et tout simplet qu’il est, il le comprit aussi car il se retourna, s’approcha de la porte, l’ouvrit et… fichu le camp à toute vitesse. Mais… je faillis lui crier de m’attendre, et dans un élan de bon sens, me retins, avant de me lancer à sa suite. C’est qu’il courrait vite, l’énergumène ! Ça témoignait d’années d’entraînement ça, j’en mettais ma main à couper ! En plus il zigzaguait à travers les couloirs, évitant habilement les élèves –qui en fait se poussaient sur notre passage tellement on devait avoir l’air de fous furieux- et tandis que lui semblait au meilleur de sa forme, eh bien… moi je commençais à m’essouffler !!

Heureusement il se rendit compte que j’avais du mal à le suivre, et ralentit un peu… avant de me prendre par le poignet et de repartir de plus belle. Les choses allaient trop vite pour que je me formalise de ce contact un peu trop familier à mon goût –il faut être proche pour faire ça !- mais Caleb ne m’aidait pas du tout en faisant ça, il me forçait juste à courir à son rythme… c’était tout lui ça. Je commençais à ralentir, tentant de l’obliger à faire pareil.


- Vite, je crois que Woodley est à nos trousses !!!


…Voilà qui suffit à me mettre un coup d’accélérateur, et l’instant d’après, c’était presque moi qui traînais Caleb derrière moi. Rien que la vision du professeur de Sortilège, ses longs cheveux bouclés voltigeant autour d’elle, sa silhouette fine et immense à notre poursuite, son air cruel et le sort –bien pire que celui de Kelsey à n’en pas douter !- qu’elle nous réserverait si elle nous attrapait… Je me retournais furtivement, le cœur battant à tout rompre, pour constater la distance qui nous séparait de ma directrice de maison… et ne vit que quelques élèves qui nous regardaient interloqués. Je me retournais vers Caleb, avec l’intention de lui en coller une, mais l’idée que Kelsey, qui elle savait réellement que quelqu’un avait été dans son bureau, nous rattrape, m’en dissuada. Pour le moment.

Après ce qui me parut être des kilomètres de course effrénée, mon compagnon ralentit finalement l’allure. Nous étions devant les cachots, et à vrai dire, les murs froids et impénétrables, si familiers, me donnèrent une impression de sécurité, à mi-chemin entre nos deux salles communes, loin de la tour des Gryffondors. On prit quelques minutes pour reprendre notre souffle, la respiration courte, les cheveux en pétard.


- Et ben t’as les joues toutes rouges, tu devrais essayer plus souvent, ça te va pas si mal !

Je lui lançais un nouveau regard noir.

-Si tu crois que ça va me convaincre de me laisser embarquer à nouveau dans un de tes sales plans !

Comment ça, c’était une réponse méfiante, voire parano ? Règle n°1 : ne jamais faire confiance à Caleb ! A fortiori lorsqu’il te fait un compliment ! De toute façon, ça m’étonnerait que celui-là soit sincère. Il me montra de la main les cachots, nous incitant à nous y enfoncer, et je le suivis.

- Bon et bien, chose promise, chose due, tu peux déjà réfléchir à la boisson que tu vas prendre quand je t’emmènerai sur le Chemin de Traverse !

…C’est qu’avec tout ça, j’en avais presque oublié ma « récompense » ! Caleb lui semblait ne jamais avoir oublié, et loin de me faire penser qu’il attendait avec impatience que l’on se retrouve pour boire un verre à Londres, cela me laissa à penser qu’il préparait un nouveau plan foireux. Qu’est ce qui pouvait provoquer tant de gentillesse sinon ??!!

-Génial, marmonnais-je pour toute réponse.

Je préférais ne pas lui faire part de mes suppositions concernant ses intentions, des fois que ça ne soit pas le cas et que ça lui donne des idées !! Enfin… une petite mise en garde n’a jamais fait de mal à personne…


-Et pas de sale plan, cette fois, lui répondis-je avec sérieux en fronçant les sourcils.

Nous continuâmes à marcher encore un peu, nous enfonçant dans les cachots, chaque pas me donnant l’impression de m’éloigner de Meryl Kelsey et du danger qu’elle représentait. Le silence m’amena à me représenter mentalement tout ce qu’il s’était passé aujourd’hui, et au final, qu’au moins cette journée sortait de l’ordinaire et de mon quotidien ennuyeux. Oui, ça avait presque était… bien.


- Avoue que tu t’es bien amusée aujourd’hui ! C’est quand même mieux que de rester dans ton coin à faire la plante carnivore !

…Mais comment faisait Caleb pour me faire regretter mes pensées chaque fois qu’elles s’orientaient vers lui et quelque chose de positif ???!!! Et c’était quoi cette petite insinuation avec la plante carnivore là !! Tout de suite je redevins méfiante –dire que j’avais faillit me relâcher ! Je plissais vers lui des yeux suspicieux et méfiants. Qu’attendait-il de moi ?? Que j’avoue ?!

-Ça aurait quand même été mieux si on avait pas été obligé de courir comme des idiots à travers tout le château, soulignais-je quand même, histoire d'être insupportable jusqu’au bout. Mais… c’était marrant.

J’avais l’impression de trahir tout ce qui me constituait en l’admettant et de lui donner ainsi la victoire absolue mais j’avais envie de me convaincre que Caleb ne tirerait peut-être pas profit de ma petite confession. Comment le pourrait-il !... Non, ne jamais sous estimer sa capacité à me rendre folle.

- Ça veut dire qu’on est potes maintenant, trop tard, tu peux pas dire non, parce qu’avec ce qu’il s’est passé dans le bureau, on a scellé notre amitié !

Je restais interloquée en entendant ça. Qu’est ce que c’était que cette histoire ? Potes… ? Notre amitié ? Mais il avait rêvé ! En quoi ça faisait de nous des amis, d’avoir failli se faire prendre dans le délit le plus nul du monde ???!! Et « ce qu’il s’est passé dans le bureau » ? A part mon cœur qui est tombé dans mes chaussettes quand Kelsey est entrée et notre petite dispute pour le Capteur ?? Il racontait vraiment n’importe quoi !!! C’est pas avec ce genre de conneries que l’on devient amis, même si… même si je n’avais aucune idée de comment on devient ami avec quelqu’un, c’est certain que ça n’était pas comme ça ! Et puis de toute façon, moi, pote avec Caleb Matthews ? Non ! Jamais !
Il disait ça pour me faire baisser ma garde et m’attaquer par surprise, ce grand sourire qu’il avait depuis tout à l’heure parlait pour lui !!! Et bien NON, je ne me laisserais pas prendre au piège !

Mais si je refusais aussi sec et avec véhémence, on risquait bien d’entamer une nouvelle dispute, pour savoir si oui ou non on avait « scellé notre amitié dans le bureau »… Alors mieux valait la jouer fine.

-Ah, euh… d’accord. Enfin, cool. Bon, ma salle commune est par là alors… Que font les amis pour se dire au revoir ? Serrage de main ? Simple signe ? Bise ? …Câlin ? D’accord, pour notre premier au revoir « d’amis », un simple salut oral suffira ! A demain ?

Voilà quel était mon plan : faire semblant pour mieux le tromper lorsqu'il s'y attendrait le moins !
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