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~ Sois sage. [PV H.]

 
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 ~ Sois sage. [PV H.]

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
Nombre de messages : 2205
Localisation : Cachée.
Date d'inscription : 03/09/2011

Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: ~ Sois sage. [PV H.]   ~ Sois sage. [PV H.] Icon_minitimeMar 27 Nov - 23:45

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal.


Assise sur cette chaise trop rigide, je laissai mon regard glisser sur les pages de mon livre sans jamais les pénétrer réellement. Les lettres étaient pourtant là. Droites et rigides. Bien imprimés et ordonnées. Mais mon cerveau refusait de s’y accrocher. Je ne voyais que des ombres, de petites formes noires qui couraient malicieusement sur les pages trop blanches. Je clignai des yeux une première fois, cherchant à faire la mise au point. Toujours flou. Je fermai mes yeux, les gardant cette fois-ci immobiles, mes pupilles protégeaient derrière mes paupières fines et tremblantes. Respirant doucement, je rassemblais mon esprit et tentais de le remettre en place. Mais tout semblait tourner, sans étonnement cependant. J’en connaissais la cause. Je l’avais voulu. Pourquoi essayer de continuer à lire dans cet état, hein ? Affrontant de nouveau la lumière, je posai sur la table mon ouvrage sur les gnomes que je poussai d’un revers de main. Je m’en occuperai plus tard. Ma paume droite vint se nicher sous mon menton et j’y callai tout le poids de mon visage, plus lourd que d’habitude. Chacun de ses balancements me faisait sursauter mais j’étais également dans une torpeur qui engourdissait mes mouvements… C’était étrange. Je promenais mon regard sur les fenêtres de la pièce qui laissaient filtrer la lumière grisâtre et douce digne des mois de fin d’année. Devant moi se trouvait également une immense vitre qui donnait sur le parc. Je voyais aussi les nuages brumeux qui cachaient le soleil hivernal, et ils se mêlaient aux feuilles orangés qui tenaient encore accrochées aux arbres malgré le rude automne – et il y en avait bien peu.

Un coup d’œil m’indiqua qu’il était presque dix-sept heures. La bibliothèque était silencieuse en ce samedi après-midi, car la plupart des élèves étaient partis à Pré-au-Lard cet après-midi. C’était toujours une attraction ce village au début de l’été, ou à l’arrivé de l’hiver. Parce que la bierraubeurre réchauffait, qu’il y avait pleins de petits lutins et de boutiques avec des robes géniales pour le bal. Je m’y voyais encore l’année dernière. Riant, la main dans celle d’Hadrian, à courir après les flocons qui tourbillonnaient. Ce genre de moment qui revenait un peu trop dans mon esprit à mon goût… Mais j’avais quelques solutions. La première que j’avais trouvée cependant, n’avait pas vraiment fonctionné. Je faisais évidemment référence à l’épisode Carlton qui avait eu lieu il y a une semaine de cela et que j’aurais préféré, n’arrive jamais. Je n’avais pas envie de repenser à ça de toute manière. Ensuite, je passais le plus claire de mon temps avec Lizlor parce que c’était la seule personne que j’avais envie de voir pour le moment. J’évitais la plupart des autres élèves qui de toute manière, commençaient à prendre des pincettes avec moi. Ah oui, car bien sûr le Daily Poudlard avait bien fait son travail. Ou pas justement.

Oui désormais j’étais la fille qui s’était faite trompée par son mec. Enfin, c’était un peu plus compliqué d’après l’article. Il y a deux semaines, on annonçait qu’Hadrian et moi étions en train de faire une pause dans notre relation –alors que nous n’étions plus ensembles. Et maintenant, Monsieur avait été aperçu en train de « m’oublier » durant une fête où je n’étais pas. « Ruby Standiford cautionnerait-elle donc la fin de cette relation ? » Euh, oui bien sûr, j’étais carrément fan. Bref, je n’avais pas envie de revenir sur ça. J’avais lu le numéro « Spécial couple » de ce matin et ça m’avait suffi pour fondre en larmes dans les bras de Lizlor –encore une fois. Plus les jours passaient, plus je me sentais faiblir et plus je me raccrochais à ma meilleure amie. Il faut dire qu’elle me maintenant hors de la tempête sans même le réaliser : son aide était précieuse. Je ne pouvais pas dire insuffisante, mais il était vrai qu’elle ne résolvait pas tout car la Gryffondor ne pouvait pas revenir sur mes erreurs. Mes celles-ci, j’en étais purement responsable. Liz en allégeait le poids sans même le réaliser. Ça me rendait plus légère. Et aussi m’enfiler une bouteille entière ou presque de vin à midi durant notre pique-nique. C’était ça, ma dernière solution en date et je la trouvais plutôt efficace au final. Je ne buvais pas trop quand même, hein ! … Un peu plus que la normale certes. Et ça allait crescendo.

Oh, je m’en fichais après tout !

Je finis par quitter la bibliothèque d’un pas lent et lourd, en rythme avec mon cerveau qui avait du mal à se connecter plus l’alcool redescendait. J’avais un peu accumulé les doses, les montées et les descentes, si bien que je n’avais pas passé ou presque, un seul moment cette semaine dans un état normal. J’avais soit une gueule de bois horrible, soit j’étais ivre. Là présentement ? J’avais plutôt la première option. Je décidais donc de rentrer dans mon dortoir, priant de tout mon être pour qu’aucune de mes camarades ne s’y trouve. J’eus en effet le plaisir de le trouver vide. J’imaginais facilement Prudence à Pré-au-Lard en train d’essayer des robes, et j’eus un petit pincement au cœur malgré moi. J’aurais voulu être avec elle et à la fois, je n’avais pas envie de la voir… D’entendre ses questions, lire l’inquiétude sur ses traits… Non, je n’avais pas envie de la décevoir. Elle était plus jeune, plus innocente, naïve ! Je lui faisais confiance mais je ne voulais pas l’embêter. En fait, je ne sais plus trop ce que je voulais, à part arrêter de penser. Je m’écroulai donc sur mon lit et, quelques secondes plus tard, je me sentis happée par un sommeil sans rêve.

Lorsque je me réveillai, le dortoir était plongé dans une obscurité opaque et silencieuse qui m’indiquait qu’il était très largement onze heures passé, voir minuit. Je n’avais aucune idée du temps, je ne sentais que la douleur qui tapait dans mon cerveau avec une force désagréable. Etirant mes membres engourdis, je me relevai discrètement sur le lit et scrutai les silhouettes de mes camarades enfouies sous les couvertures, dormant comme les princesses qu’elles étaient. Les voir si paisibles me fit un pincement au cœur, de nouveau, et je les enviais d’être si tranquilles dans leurs rêves. J’avais envie de voir Lizlor… Mais elle devait être avec Stephen comme tous les samedis soirs ou presque. D’accord. Have fun.



Quoi ?!

Bon d’accord, vous avez entendu l’ironie. Pourtant, je… J’aimais un peu Stephen. Il était dans ma maison, il était Mister, je lui avais déjà adressé la parole, il était intelligent mignon et… Et mais non, désolé, non ! Ce mec commençait sévèrement à me souler. Déjà, il ne m’aimait pas. Je le voyais bien. Pourquoi, je l’ignorais, mais je le sentais clairement. Ensuite, il était ami avec Chuck et ça me rendait encore plus méfiante parce que c’était le genre de relations étranges et qui plus est, légèrement inavouée. Excusez-moi mais j’aurais bien voulu comprendre pour Monsieur Fray ne parlait plus à Scott McBeth mais devenait pote avec Carlton. Parce que Scott, je ne le connaissais pas trop mais il était plutôt du genre sain et équilibré. Ce qui me menait à la conclusion que je m’étais déjà faite au sujet du « mec » de ma meilleure amie : il aimait les relations malsaines. J’avais bien aimé qu’il libère Lizlor de son mal-être, qu’il ranime la flamme éteinte. Qu’il couche avec même, je m’en foutais. Non, ce qui commençait légèrement à m’énerver, c’était son côté : on est juste là pour le charnel, la tendresse tu peux te la mettre où je pense. Bref, cerise sur le gâteau Lizlor commençait à elle sentir plus (parce que si elle ne s’était contenté que de coucher avec, je n’en aurais eu rien à faire) mais là, la situation devenait un peu plus délicate et pensante.

En fait, un de mes fantasmes ultimes était de foutre une gifle à Stephen –comme Lizlor l’avait fait pour Chuck. Et de lui dire que « Allô on se réveille la fille la plus géniale de la terre t’aime alors tu pourrais peut-être fermer ta braguette et ouvrir tes yeux s’il te plait ! »

Bon, calmons-nous. Rendormons-nous… Ou pas. Je venais de dormir pendant plusieurs longues heures, et j’étais désormais parfaitement réveillée. Sauf que je n’aimais pas ça du tout. J’entendais tous les démons nocturnes qui revenaient s’immiscer dans mon cerveau et je n’arrivais pas à les faire taire. J’avais peur de leurs voix. Sans réfléchir, je bondis hors du lit, pris ma baguette et enfilai rapidement un pull –je m’étais endormie toute habillée, gardant même mes chaussures. J’étais poussée par quelque chose qui émanait sans que je puisse vraiment le saisir, mais je savais juste où je devais aller et pourquoi. Faire taire les démons. Comment ? Lizlor n’était pas là. Et il n’y avait personne d’autres. Je ne voulais personne d’autres. Je voulais juste arrêter de penser et je savais qu’il n’y avait qu’une solution pour couper mon cerveau. Cette solution se trouvait aux cuisines, dans le placard en bas du plan de travail à droite de la cheminée. Un coup de baguette et la serrure sautait. Ensuite, c’était… Je devais atteindre ce placard. Je traversai le château en courant presque, m’assurant que les couloirs étaient vides –le couvre feu était dépassé depuis longtemps.

Le verrou sauta dans les cuisines silencieuses. Les bouteilles étaient là, bien rangées. Whisky pur feu. Juste une, personne ne voyait jamais rien. Juste une…

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Hazel Woodley


Hazel Woodley
Professeur de Sortilèges & directrice de Serpentard



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MessageSujet: Re: ~ Sois sage. [PV H.]   ~ Sois sage. [PV H.] Icon_minitimeJeu 29 Nov - 15:12

Citation :
En fait, un de mes fantasmes ultimes était de foutre une gifle à Stephen
HINHINHINHINHIN *Lizlor toute émue du côté protecteur de Rubyyyyyyyy* ~ Sois sage. [PV H.] 386655


Revenir à Poudlard après un été si chargé et si... fertile avait quelque chose de complètement réducteur. D'ailleurs, Hazel avait hésité. Elle avait hésité car son but premier n'était pas ses espèces de nabots au cerveau sous-développé qui tentaient d'apprendre, malgré leurs hormones en ébullition, leurs utopies à deux mornilles et leurs espoirs que le monde adulte viendrait exploser en plein vol, et leur épanouissement au sein de la sphère sorcière. Elle n'avait jamais eu un soupçon d'intérêt pour ses élèves ou l'enseignement, elle n'avait jamais eu un soupçon d'intérêt pour quoi que ce soit qui ne la concernait pas personnellement de toute façon, et marchait sur le reste avec rage, piétinant tout de la pointe de ses talons aiguilles. C'était un peu l'impression qu'on avait en la voyant : un espèce de tornade glaçante et maléfique qui fonçait droit vers son but secret, et il fallait être fou pour oser se mettre en travers de son chemin.

Pendant ces deux mois de coupure qui avaient passé à la vitesse de la lumière, elle avait énormément voyagé, poursuivant la trave de manuscrits anciens qu'elle ne parvenait pas à se mettre sous la main. La plupart d'entre eux avaient un lien avec la Magie Noire, ceci expliquait cela, et se trouvaient bien cachés dans des collections privées, dans des manoirs d'augustes familles au Sang-Pur aux quatre coins du globe. Ainsi elle avait traversé l'Europe, en passant par la France qui recelait de nombreux grimoires particulièrement intéressant - dont elle avait fait des copies - puis par l'Allemagne et l'Autriche où elle avait quelques pieds à terre et connaissaient bien des libraires particulièrement calés dans la branche de la Magie qui l'intéressait, celle de de la manipulation du Temps. Elle s'était rendue jusqu'au plus profond de la Russie où on lui avait conseillé des noms et des adresses et elle y avait plus ou moins bien accueillie, certaines adresse étant plutôt une impasse qu'autre chose, mais elle avait notamment rencontré une sorcière âgée qui n'avait plus toute sa tête et une fortune colossale ainsi que la plus impressionnante des bibliothèques consacrées à la Magie Noire que Hazel n'avait jamais vue. Grâce à ses talents en sortilèges informulés elle en avait subtilisé une partie mais elle savait que la famille surveillait trop la vieille tante et ne s'était pas trop attardée. Elle avait fini par un tour en Afrique du Nord, au Maroc plus précisément, où elle avait rencontré, dans un village sorcier caché au fin fond de l'Atlas, un sorcier-médicomage spécialiste dans les Charmes liés au temps avec qui elle avait eu de fructueux échanges. Elle avait été ensuite contrainte de rentrer en Écosse car les vacances touchaient à leur fin. Contrairement aux autres professeurs, elle n'était pas revenue en avance pour préparer ses cours ni quoi que ce soir : elle n'accordait aucune espèce d'importance à cela, et elle faisait le strict minimum. A la démence s'ajoute très souvent une sorte d'intelligence supérieur et si elle avait bien des défauts on ne pouvait pas lui enlever cela. Qui plus est, Hazel ne se voilait pas - complètement - la face : à Poudlard il y avait Aidan O'Connelly, ce même Aidan qui lui collait à la peau depuis toujours, et si leur relation n'avait rien de sain elle existant cependant, bien qu'elle soit indéfinissable, et le directeur des Poufsouffle n'était pas non plus innocent dans le fait qu'elle ait décidé de revenir. Elle avait encore trop de rancœur, de haine et de passion pour daigner lui tourner les talons.

Ainsi, nouvelle année, nouvelle ère, nouveaux travaux. Grâce à son voyage elle avait amassé non pas tout ce qu'elle désirait mais de la matière tout de même, et c'était amplement suffisant pour approfondir ses travaux pendant de longs mois. Elle s'y était lancée tête baissée, passant des soirées et des nuits entières derrière son bureau à gratter et lire des parchemins sans qu'ils aient le moindre rapport avec les cours qu'elle était supposée donner.

Ce soir-là, après avoir dîné sans décrocher un mot aux autres professeurs parce qu'elle était perdue dans le tourbillon incessant de ses pensées qui ne cessaient de mettre une théorie en rapport avec une autre et de former de vastes équations qu'elle s'acharnait à résoudre, elle était allée vider son trop plein de frustration d'être bloqué dans un coin de ses recherches chez Aidan, sans lui demander son avis. Leurs entretiens étaient la plupart du temps improvisés et aussi brutaux que fiévreux, mais ni l'un ni l'autre ne s'en plaignaient. N'était-ce pas ainsi qu'ils avaient toujours fonctionné? Presque. Vers minuit, elle l'avait quitté après une conversation de qui avait la langue mieux pendue que l'autre dont ils avaient le secret, et elle était repartie en direction des cachots, car elle voulait faire un tour près de sa salle commune pour vérifier que les mioches ne prenaient pas trop leurs aises. Heureusement pour eux, personne ne rôdaient dans les couloirs. Elle repartit en sens inverse. Elle était vêtue de son habituelle cape noire et soyeuse jetée sur ses épaules ; dessous, elle portait une robe grenat, serrée, s'arrêtant au-dessus du genou et décolletée pour mettre en avant ses atours tandis qu'elle était chaussée, comme à son habitude, d'escarpins noirs. Elle pensait déjà à ce qu'elle allait lire en retournant dans ses appartements quand...

Un bruit l'attira en direction des cuisines : comme une porte qui claque légèrement, comme le tableau magique qui se referme. Tiens! Cela faisait quelques jours qu'elle ne s'était pas passée les nerfs sur un élève, et elle fut ravie de l'occasion. Elle marcha rapidement vers les cuisines, le bruit de ses talons se répercutant sous les voûtes de pierres. Elle chatouilla la poire et rentra, sa baguette à la main, à la suite de l'élève qui l'avait précédée.

Comme un cadeau tombé du ciel, une Serdaigle, Ruby Standiford, qu'elle avait déjà collé une fois d'ailleurs, se tenait là, baissée vers le placard à Pur-Feu, une bouteille à la main. Trop d'évidences, qui rendaient presque le jeu trop facile.

- Tiens donc! cingla sa voix hautaine, moqueuse et froide comme la glace. Une préfète qui vole une bouteille dans les cuisines après que le couvre-feu soit tombé... Oh, mais vous me rendez vraiment la tâche trop facile...

Elle hocha la tête de droite à gauche en faisant un petit « tss-tss-tss » entre ses dents, feignant la déception. Mais ses yeux d'un noir profond brillaient avec une telle force qu'ils semblaient animés d'un feu bien caché. Hazel eut un geste sec du poignet et d'un sortilège informulé elle fit s'envoler la bouteille des mains de la Serdaigle, et la fit s'éclater lourdement à ses pieds - sur ses pieds pour être exacte - ce qui l'éclaboussa copieusement, d'alcool et de bris de verre.

- Oups! ricana-t-elle. Suis-je maladroite!

Elle fit quelques pas en avant pour se retrouver face à Standiford et la jauger de toute sa taille. Puis elle claqua des doigts vers les elfes de maison, sans leur accorder un regard, pour qu'ils nettoient tout cela. Elle attendit qu'ils finissent en dardant son regard cruel sur la jeune fille sans ciller, puis reprit d'une voix faussement mielleuse qui faisait froid dans le dos :

- Voyons... Si j'en crois ce torchon qu'est le Daily Poudlard, vous appartenez donc à cette espèce faible des fillettes de votre âge qui se noient dans l'alcool après une rupture amoureuse? Elle eut un rire moqueur. Vous êtes d'un banal effarant. Désespérant, même. Alors... Quelque chose à dire pour votre défense?...

Ses lèvres s'étirèrent d'un mince sourire satisfait. Il était bien clair qu'elle ne lui laisserait aucune chance, mais elle avait envie de jouer un peu avec sa souris avant de lui planter ses griffes dans la chair une bonne fois pour toutes.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: ~ Sois sage. [PV H.]   ~ Sois sage. [PV H.] Icon_minitimeSam 1 Déc - 12:15

Le château était d’un silence troublant qui m’oppressait et contrastait étrangement avec ce qui régnait en moi : les espèces de battement de mon cœur que je ne pouvais contrôler prenaient toute la place dans mon cerveau et résonnaient désagréablement. Cependant, l’atmosphère calme des couloirs me prouvait que j’étais seule et je préférais cette option-là car je n’avais pas la moindre envie de croiser un professeur et encore moins des élèves. Oui je crois que j’aurais préféré me prendre une colle plutôt que devoir me justifier face à un de mes camarades. Les questions en ce moment semblaient être contenues mais, avide, tout le monde y trouvait des réponses dans les rumeurs ou le Daily Poudlard. C’était fatiguant de toujours se sentir épiée de ses regards à la fois doux et désolé, mais remplie d’une curiosité malsaine qui voulait simplement s’abreuvoir de n’importe quel détail, tant qu’il était intéressant et alimentait les ragots. Ce n’était pas toujours méchant et j’avais été à cette place parfois, je n’allais pas mentir. Moi aussi j’étais curieuse parce que j’adorais comprendre ce qui m’entourait. Les autres, je n’avais pas l’impression que c’était dans cette optique mais plutôt dans celle d’avoir un sujet de conversation, de pouvoir rire ou plaindre quelqu’un. Qu’est-ce qu’on disait sur moi maintenant ?

Moi qui avais été si… parfaite. Sans histoire, sans problème, toujours souriante et confiante. Agréable et jamais agressive, la petite préfète blonde que tout le monde aimait bien parce qu’elle n’emmerdait personne, même pas lorsqu’elle chopait quelqu’un qui faisait le mur durant l’une de ses rondes. Voilà qui j’avais été, qui j’étais censée être. Enfin… Est-ce que c’était vraiment moi ? La réponse était évidente, non bien sûr que non ce n’était pas moi. Ce n’était qu’une pâle copie plus plate et plus brillante, plus souriante et douce. Mais à force de porter ce masque, j’avais l’impression d’avoir usé, enterré ce qu’il y avait en dessus. Je n’étais plus sûre d’être vraiment quelqu’un sans ce masque. Est-ce que je l’avais enlevé, depuis Hadrian ? La première semaine qui avait suivi notre rupture, pas question. J’avais prétendu bien le vivre, avoir pris du recul et puis j’avais accepté qu’on se sépare et je l’avais presque voulu –n’est-ce pas ? Même devant Lizlor j’avais réussi à garder la face parce que je me persuadais que si je la gardais assez longtemps, elle finirait par devenir vraie. Erreur, bien entendu. Depuis le week-end dernier par contre, c’était différent. Depuis… Chuck, l’autre fille, mes pleurs dans les bras de Lizlor, le réveil chez sa mère… Depuis tous ces moments-là, j’avais abandonné. J’avais d’immenses cernes, les cheveux mal coiffés, je ne faisais plus d’effort en cours et je préférai m’isoler –avec Lizlor. Je ne repoussai pas vraiment les gens mais lorsqu’ils venaient, je refusais de répondre aux questions et à l’aide qu’on me tendait. Je trouvais plutôt des excuses et mon mal-être ayant une source concrète et publique à tous, personne n’insistait. Pourtant, peu savait toute l’histoire…

J’arrivais sans encombre aux cuisines, mon cœur battant toujours douloureusement dans tout mon corps. Je n’étais vraiment sûre de ce que je faisais mais j’en avais simplement envie et j’étais fatiguée de lutter contre ça. Boire au moins, ce n’était pas dangereux. Pas comme sauter sur le premier venu pour coucher avec. Boire, ça ne me faisait que du bien, pas vrai ?... Et puis, certes je buvais plus que la normal en ce moment, ce n’était qu’une phase. Ça me faisait me sentir mieux et quand tout ça se serait tassé, je n’aurais qu’à arrêter. Ce n’était pas comme si je pouvais devenir accro à la bierraubeurre quoi ! L’alcool ne pouvait pas me faire plus de mal que de bien et pour le moment je n’avais que les effets positifs : la tête qui tournait euphoriquement, les souvenirs et les poids qui s’envolaient, simplement le sourire et les yeux qui pétillaient. C’était ça que je voulais et qu’il me fallait alors pourquoi chercher plus loin quand la réponse se trouvait face à moi, dans un placard ?! Moi j’avais choisi et le reste m’était égal. Tout ce que je voulais, c’était que personne ne me trouve ici. Parce qu’on n’aurait pas compris que je savais ce que je faisais. Tout le monde se serait inquiété. « Oh, mais tu bois trop ! » Non, je bois juste assez pour que ça aille. Désolé si cela signifie beaucoup.


- Tiens donc!

Je sursautai et sentis instantanément un énorme poids dans ma poitrine. Putain non, sérieux, non… Pas ça, pas elle, c’était une blague… J’avais bu et j’avais des hallucinations, non, non, non…

- Une préfète qui vole une bouteille dans les cuisines après que le couvre-feu soit tombé... Oh, mais vous me rendez vraiment la tâche trop facile...

Non, je ne rêvais pas. Hazel Woodley dans toute sa splendeur venait de me choper avec une bouteille de whisky pur feu que je volais, le couvre-feu largement passé et… Oh putain, là j’étais vraiment dans la merde. Bon, j’allais me faire coller voilà, rien de plus. Mais au fond, j’entendais une petite voix me murmurer que je n’étais pas prête de m’en sortir aussi facilement. La directrice des Serpentard m’avait déjà collé une fois, avec Joy. Elle n’avait pas été horrible, outre quelques tirages de cheveux et autres petites attentions dont elle avait le secret. Avec un peu de chance, si je m’écrasais, elle se contenterait de me ramener dans mon dortoir rapidement avec quelques remarques glaciales sur les Serdaigles et à quel point j’étais une mauvaise préfète –mais ça, le sachant déjà, ça ne m’aurait pas vraiment atteint.

Je m’étais à peine tournée vers elle que je sentis la bouteille m’échapper des mains et une seconde plus tard, un bruit violent retentit et j’étouffais un cri de surprise et de douleur. Woodley avait fait tomber la bouteille exactement sur mes pieds et outre le whisky qui me couvrait désormais le bas du jean, le verre explosé c’était répandu partout et certains bout n’avaient pas manqué d’écorcher mes chevilles. C’était officiel, les hostilités étaient ouvertes et je devais me tenir prête à subir tout ce dont était capable cette femme –et je n’en connaissais probablement pas la moitié.


- Oups! Suis-je maladroite!

Je ne répondis rien et ne lançais aucun regard. Je ne pouvais pas lutter face à elle, pas à armes égales. Réagir n’aurait servi à rien, je le savais très bien. Je la laissai donc s’approcher de moi, me dominant de toute sa taille et sa fierté. Je fis tous les efforts du monde pour tenir son regard qui me sondait et pour ne pas me concentrer sur son sourire horrible et mesquin dont elle avait le secret. Elle claqua des doigts et des elfes de maisons arrivèrent de nulle part pour ramasser et nettoyer les dégâts causés par la bouteille. J’avais quelques gouttes d’alcool qui roulaient le long de mon jean et venaient s’écraser dans les petites plaies qu’avait fait le verre. Ça piquait horriblement et je me mordais l’intérieur de la joue pour ne pas gémir ni froncer les sourcils. Rester impassible, attendre le jugement et surtout, que tout ça se finisse vite.

- Voyons... Si j'en crois ce torchon qu'est le Daily Poudlard, vous appartenez donc à cette espèce faible des fillettes de votre âge qui se noient dans l'alcool après une rupture amoureuse? Vous êtes d'un banal effarant. Désespérant, même. Alors... Quelque chose à dire pour votre défense?...

… Ce n’était pas juste, pas juste du tout. Elle n’avait pas le droit de se servir de ma vie privée –qui aurait dû le rester. Mon corps s’était figé et redressé comme une marionnette dont on venait de tirer les fils. Je sentis mon cœur commencer à s’emballer et je ne voulais surtout pas faire de connerie, je contentais de serrer les poings sans regarder les bouteilles à côté, dans le placard. L’odeur de whisky s’était répandu dans la pièce, émanant de moi-même (ou plutôt mon jean) et ça me donnait envie boire, une envie étrange qui m’appelait terriblement, parce que je sentais que la situation n’allait pas tarder à se compliquer et je n’avais pas assez bu pour l’affronter. J’avais très envie d’assommer Woodley avec l’une des bouteilles également, mais je ne pouvais rien faire si ce n’était respirer et surtout, ne pas paniquer. Ne pas rentrer dans son jeu. Elle ne riposterait pas si je ne la provoquais pas… N’est-ce pas ?

- Vous ne savez rien du tout… Murmurai-je d’une voix qui se voulait ferme.

Et de tout mon être, je suppliais toute la terre entière d’avoir raison. Je suppliais que Woodley ne sache rien, et qu’elle n’ait accès à aucun de mes dossiers. Que seules Sara Wayland et Katie Jones soient au courant de tout mon passé, parce que l’une était directrice de Poudlard et l’autre de ma maison. Le reste était enfoui à clef dans le bureau de Sara et personne d’autres ne savaient rien sur
tout ça.

Et surtout pas Hazel Woodley.

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Hazel Woodley


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MessageSujet: Re: ~ Sois sage. [PV H.]   ~ Sois sage. [PV H.] Icon_minitimeDim 2 Déc - 14:14

Ils avaient tous la même réaction. Tous. Sans faillir. Étape 1 : stupeur, étape 2 : la peur qui les envahissait et leur dictait, par instinct, la meilleure attitude à adopter, étape 3 : résignation, silence. Hazel se disait parfois qu'elle avait trop bien fait les choses, qu'elle avait trop imprégné sa marque dans chacune des personnes de ce château, qui la craignaient comme la peste et préféraient tenter de se transformer en statue plutôt que de risquer un mauvais geste devant elle. Le but était bien entendu qu'elle n'ait qu'à lever le petit doigt pour qu'ils lui obéissent et la craignent et c'était chose faite, mais elle se disait tout de même que cela manquait un peu de piquant, parfois. Rares étaient les audacieux - la dernière en date, Taylord Reegan, qui avait jugé bon de se rebeller alors qu'elle était en totale position de faiblesse - et Hazel était partagée entre la pleine satisfaction de les voir tomber comme des mouches sur son passage et l'envie de se battre et de les battre, des les écraser comme des vulgaires punaises, car ils n'étaient rien de plus finalement. La Serdaigle ne faillit pas à la règle. Droite comme un i sous le flot de ses cheveux blonds qui lui donnaient une candeur à vomir, elle n'osait plus rien, bouger, regarder, respirer, et ne fit presque aucun geste quand la bouteille lui explosa sur les pieds. Hazel la dardait de son regard de glace et se demandait ce qu'il faudrait faire pour la sortir de cette torpeur. Quelques sortilèges un peu désagréables? Quelques provocations? Les provocations marchaient bien mieux sur les Gryffondor, ces imbéciles au sang chaud qui préféraient se laisser dicter par l'adrénaline plutôt qu'autre chose. Cette gamine était à Serdaigle, et Préfète de surcroit, et il y avait fort à parier que la tactique à adopter n'était pas celle qu'Hazel réservait aux Gryffondor.

Elle finit par lever les yeux, des pauvres yeux fades, enfantins et bien trop troubles pour s'affirmer courageux, et Hazel sentit ses lèvres s'étirer en un mince sourire une nouvelle fois.

- Vous ne savez rien du tout…

Bingo. Pas de provocation, pas - encore - de sortilèges, elle avait une meilleure idée, idée que venait de lui apporter cette Ruby Standiford sur un plateau d'argent. Pour la mettre à exécution elle n'avait que deux trois petits tours à accomplir et, tout d'abord, Hazel donna un coup sec du poignet, toujours sans desserrer les lèvres, pour désarmer Standiford et la baguette lui arriva dans la main, après quoi elle la jeta derrière elle sans se soucier un instant où roulait le petit bout de bois. Loin, qu'importe, il ne servirait pas. Puis elle remua une nouvelle fois sa baguette dans les airs, et rien ne se passa. Du moins, rien ne sembla se passer. Pendant ce cours laps de temps où son sort parut flotter, invisible, dans l'air, elle murmura, les yeux pétillants du mauvais coup qu'elle était en train de monter :

- C'est ce que nous allons voir, mon enfant, et sa voix était aussi sucrée qu'un glaçage sur un énorme gâteau appétissant mais... empoisonné.

Quelques minutes après, un dossier arriva en sifflant dans les airs et vint se poser délicatement dans sa main aux ongles laqués d'un rouge foncé.

Il fallait savoir qu'il existait de tel tel dossier sur chacun des élèves de Poudlard, avec ses coordonnées, des renseignements sur lui, sa famille, sa vie, qu'on demandait à la famille de remplir lors de la première année. Au cours des années d'études on le remplissait des résultats scolaires, des éventuels changements dans sa vie, des faits marquants, de ses problèmes à l'école, de ses agissements notoires, positifs ou pas. Somme toute, ce que l'on faisait dans chacune des écoles de ce monde, ni plus ni moins, mais comme Poudlard n’accueillait pas non plus énormément d'élèves, le suivi était plus personnalisé, ces dossiers étaient absolument privés et ne résidaient que dans un seul endroit : le bureau de Sara Wayland. Elle seule y avait accès pour régler d'éventuels problèmes, et les profs pouvaient parfois lui demander de voir un dossier quand ils avaient des problèmes avec un élève, mais cela était plutôt rare. Qui plus est, bien évidemment, jamais Sara Wayland n'aurait accordé une telle chose à Hazel, trop connue pour tirer profit des faiblesses des autres. Voilà en quoi elle avait été la plus intelligente, encore une fois : elle avait réussi un jour où Wayland était en déplacement de s’immiscer dans son bureau et avait fait des copies de tous les dossiers, qu'elle avait ensuite bien cachés dans son bureau. Ces copies étaient magiques, évidemment : lorsque ensuite, Wayland ajoutait une feuille ou une annotation à un dossier, celles-ci s'ajoutaient également dans les copies d'Hazel.

Ainsi, elle tenait dans sa main sa propre copie du dossier où s'étala en fines lettres calligraphiées Ruby Standiford sur la couverture.

- Alors, alors, commenta-t-elle en commençant la lecture distraite, passant les feuilles les unes après les autres - les bulletins plutôt bons, les feuilles de première année,... - Je me demande ce que vous cachez là-dedans, c'est un peu trop épais pour ne rien contenir d'intéressant. Ah!... Tout d'un coup toutes les feuilles au sujet de sa situation familiale attirèrent son regard. Vos parents sont morts! Toutes mes condoléances, dit-elle avec la voix qui en indiquait tout le contraire : elle s'en fichait royalement. De famille d'accueil en famille d'accueil... Hmm, on dirait que personne n'a jamais vraiment voulu de vous, n'est-ce pas? Hazel releva son regard un instant vers la Serdaigle. A en juger le Daily Poudlard, ça continue, j'ai l'impression, et elle étouffa un petit rire.

Tout d'un coup un nom retint particulièrement son attention : un papier était signé... Sara Wayland, un papier moldu, qui n'avait rien à voir avec Poudlard, mais qui autorisait la Serdaigle à quitter une quelconque institution. Hazel s'en saisit, le regard brûlant, et eut un grand sourire moqueur.

- Parce qu'en plus d'être un cas social, vous êtes pistonnée? De mieux en mieux!... C'est utile de se lier d'amitié avec la fille de la directrice, n'est-ce pas? Vous êtes plus intelligente que vous ne le paraissez. Lizlor Wayland n'a quand même pas l'air très équilibrée pourtant, quel ennui... Oh! Remarquez, vous n'avez pas l'air plus intéressante...

Elle étouffa un bâillement et jeta le dossier sur la table à côté : elle avait tout épluché.

- Vous permettez? demanda-t-elle alors, d'une voix beaucoup plus cassante et, sans appel. La question était purement rhétorique. Cette fois elle saisit sa baguette avec beaucoup plus d'attention et tout son être se fit plus concentré tandis qu'elle prononçait, pour la première fois, un sortilège à haute voix : Legilimens.

Aussitôt, une formidable sensation de pouvoir s'insuffla dans ses veines et sembla se glisser hors de son corps, attirée par celui de la Serdaigle : elle voyait presque des courants lumineux se concentrer de la pointe de sa baguette jusque vers le cerveau de sa cible. C'était comme si elle parcourait un long couloir entrecoupé de portes qu'elle ouvrait les unes après les autres, les premières en les poussant simplement de la paume, les suivantes en appuyant un peu plus, encore un peu plus, au fur et à mesure qu'elle avançait. C'était que la jeune fille essayait de résister, mais elle n'avait pas le pouvoir de lui résister, et Hazel finit par arriver au bout du couloir, enfonçant la dernière porte sans ménagement. Là, dans le méli-mélo obscur et enchevêtré des souvenirs et des pensées elle essaya de visualiser ce qui pourrait l'intéresser - elle chassa les "bons souvenirs", les faisant défiler rapidement, ces images de plage, d'été, de couchers de soleil. Pire encore les images de la salle commune des Serdaigle, et les baisers avec le frère Easter qu'elle reconnut sans mal. Elle vit aussi des choses qu'elle n'avait pas forcément envie de voir, la gamine Wayland qui pleurait et toute cette culpabilité nauséabonde qui suintait des pensées de la Serdaigle, puis une partie de jambes en l'air qu'elle passa bien vite car elle n'était décemment pas intéressée par le bouillonnement hormonal de ces pauvres adolescents pré-pubères. Non, elle voulait l'enfance, le passé, où était-ce... Elle finit par mettre la main dessus et assista, médusée, elle devait bien le reconnaître, à un souvenir que Standiford cachait bien à ses propres souvenirs. Après s'être assuré qu'elle avait vu le nécessaire, Hazel s'extirpa du cerveau de la jeune fille, et retrouva son propre corps, au milieu des cuisines.

La Serdaigle avait glissé au sol, sous le coup des pouvoirs d'Hazel, et de ce qu'elle venait de lui faire subir. Tout sourire, celle-ci se rapprocha et la toucha du bout de sa chaussure pour qu'elle se redresse et reprenne sa position.

- Eh bien, finit-elle par dire d'une voix amusée, je comprends pourquoi personne ne veut de vous. Tuer son propre père après l'avoir poussé à faire la pire chose au monde! Vous n'avez pas une très bonne étoile, ma pauvre enfant, conclut-elle en se regardant distraitement le bout des ongles.

Il n'y avait plus qu'à attendre la réaction de sa victime pour pousser le jeu un peu plus loin...
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MessageSujet: Re: ~ Sois sage. [PV H.]   ~ Sois sage. [PV H.] Icon_minitimeDim 2 Déc - 20:08






Alors, comment ça se passait maintenant ? Jusqu’où Hazel était-elle prête à aller pour assouvir son besoin de pouvoir et la jouissance que lui donnait la position de tortionnaire ? Je n’en avais aucune idée. Beaucoup de gens autour de moi avait déjà eu faire à elle et c’était toujours la même histoire : elle les attrapait durant une soirée clandestine, elle les engueulait, envoyait valser quelques coups et sorts avant de coller toute la troupe dans un rire glaciale. Souvent également, elle pointait leurs faiblesses du doigt, mais ces gens-là en avaient-ils réellement ? Je veux dire… Comparé à mon cas. Si Woodley prenait du plaisir à moquer une fille qui s’était faite plaquée par son mec, comment réagirait-elle face à un cas aussi croustillant que le mien ? Je n’osais pas y penser. Elle pouvait tout savoir et tout utiliser, me détruire d’une simple phrase et d’un rire. Elle n’avait pas besoin de me toucher, il suffisait qu’elle touche où c’était sensible : les souvenirs. Je m’obstinais à croire qu’elle n’avait pas les clefs nécessaires pour cette entreprise, mais je savais aussi que rien ne l’arrêtait quand elle était lancée. Ma seule solution était peut-être d’être assez passive pour qu’elle se lasse ? Ou chercherait-elle alors à me provoquer de nouveau ? Je n’en avais aucune idée, aucune idée et la peur commençait déjà à doucement me ronger. Je n’avais qu’une hantise, c’était qu’elle fasse appel à mon passé. Mais elle n’y avait pas accès… Pas vrai ?

D’un mouvement de poignet, elle récupéra ma baguette qui fila jusque dans sa main. Non, je refusais qu’elle la touche, pas question… Mais j’étais si impuissante. Avec presque un certain soulagement, je la vis la jeter au loin et je m’accrochais à cette maigre consolation : elle n’avait pas souillé ma baguette, ma seule force. Mais je n’aimais pas ce sourire qu’elle avait, signe qu’elle mijotait quelque chose et à mon avis quand Woodley avait un truc derrière la tête… Je ne préférais pas imaginer. Je me figeai sur place lorsqu’elle agita sa baguette, m’attendant à ressentir une quelconque douleur ou quelque chose dans le genre mais… Rien. Il y eut quelques secondes de silence où nous nous regardâmes mutuellement, son regard plein de haine et le mien de peur.


- C'est ce que nous allons voir, mon enfant.

Je tressaillis lorsque finalement j’entendis un sifflement et que je compris qu’elle avait lancé un Accio informulé et qu’elle avait évidemment souhaité avoir dans ses mains… Mon dossier. Mon cœur s’accéléra et je me sentais comme prisonnière parce que je savais très bien quelle était la suite possible à tout cela. Mais non, elle n’avait pas le droit !... Et puis comment y avait-elle accès ? Wayland –enfin, Sara, il fallait que je me fasse à l’idée de l’appeler ainsi – était assez futée pour savoir qu’on ne laissait pas ce genre d’informations dans les mains d’une femme comme Woodley. Comment les avait-elle alors ? Est-ce qu’elle avait déjà lu le mien ? Que contenait-il ? Et si… S’il y avait… Non, non, non ! Pas ça.

- Alors, alors… Je me demande ce que vous cachez là-dedans, c'est un peu trop épais pour ne rien contenir d'intéressant. Bas les pattes, hurlait tout mon corps, mais je restais là face à elle sans dire un mot. Dans sa main se trouvait toute ma vie en condensée, elle pouvait avoir accès à tout ce qu’elle désirait –ou presque, espérais-je. Si seulement il n’avait pu contenir rien d’intéressant… Si seulement j’avais pu être normale… Parfaite… Ah!... Vos parents sont morts! Toutes mes condoléances. Ne parlez pas d’eux, je vous l’interdit, taisez-vous… Encore une fois, tant de choses que je voulais rugir mais que je contenais, me contentant de sentir petit à petit ses remarques s’insinuer en moi. De famille d'accueil en famille d'accueil... Hmm, on dirait que personne n'a jamais vraiment voulu de vous, n'est-ce pas? A en juger le Daily Poudlard, ça continue, j'ai l'impression.

Je n’arrivais pas y croire… J’avais l’impression qu’elle avait allumé un feu mais pas celui qui vous révolte non, celui qui vous consume brutalement et vous laisse inerte. Personne n’a jamais vraiment voulu de moi. Je… Je ne savais même pas quoi penser, j’avais envie d’hurler qu’elle avait tort, qu’elle se taise mais à la fois, je savais tout au fond de moi qu’elle avait raison, strictement raison. Je n’avais pas de chez moi, même plus maintenant que j’avais tenté de changer : chez Haruhi, j’avais été accueilli par la jeune fille aussi froidement que si j’étais la peste. On ne voulait pas de moi. On ne voulait jamais de moi, pourquoi est-ce qu’on l’aurait voulu ? J’étais… Je ne servais pas à grand-chose, je ne passais que mon temps à ranger les objets et à désordonner les relations. Et Hadrian… J’avais raison depuis le début d’avoir peur d’être remplacée, parce que j’étais remplaçable. La vérité était partout dans ce dossier et Woodley ne se contentait de dire ce que je savais déjà, ce que je tentais d’oublier mais qui restait collé à ma peau. Je voulais tant penser qu’elle avait tort, tant réagir, mais je n’avais aucun mot pour protester parce qu’au fond… Pouvais-je vraiment le faire ?

Je refusais de pleurer, m’accrochant au visage de Lizlor. Elle m’avait dit qu’elle ne partirait pas elle, et elle resterait je le savais. On resterait ensemble, je ferais n’importe quoi pour qu’on reste ensemble oui, n’importe quoi. Elle, personne n’allait me la prendre, elle, je n’allais jamais lui faire de mal. Jamais.


- Parce qu'en plus d'être un cas social, vous êtes pistonnée? De mieux en mieux!... C'est utile de se lier d'amitié avec la fille de la directrice, n'est-ce pas? Vous êtes plus intelligente que vous ne le paraissez. Lizlor Wayland n'a quand même pas l'air très équilibrée pourtant, quel ennui... Oh! Remarquez, vous n'avez pas l'air plus intéressante...

Cela m’était (presque) égal qu’elle parle ainsi de moi, mais lorsque le prénom de Lizlor franchit ses lèvres, je sentis le feu qui me brûlait se retourner contre sa créatrice. Je sentis mon corps réagir à ce prénom et à cette association calomnieuse, il se redressa légèrement et mes sourcils se froncèrent. Non seulement elle m’accusait de profiter de Liz, mais elle faisait un commentaire sur elle ? Pas question. Pas question.

- Ne parlez pas de Lizlor. Répliquai-je d’une voix basse et grondante, comme un feulement –comme ceux de Liz.

Si je n’avais pas les armes pour me battre contre moi-même, je ne laisserais pas Woodley toucher à Lizlor. C’était la dernière et unique chose qui me restait vraiment, la seule chose que je chérissais plus que ma propre personne. Et c’était donc l’unique cause qui m’aurait fait tenir face à cette femme et à son venin.


- Vous permettez? Je… Quoi? Legilimens.

Non !...

Mais je n’eus pas le temps de protester, encore moins de lutter. Je compris vite ce que Woodley cherchait à faire, mais c’était impossible de contrôler. Je la sentais dans mon cerveau, je voyais les souvenirs au fur et à mesure qu’ils défilaient sous les yeux du voyeur. J’entendais presque ses talons qui claquaient dans mon cerveau ; elle était là, vraiment là. Je savais très bien ce qu’elle voulait voir, elle ne voulait pas les souvenirs heureux… Elle ne voulait pas Hadrian et son sourire –qui me tordirent le cœur – elle ne voulait pas non plus la plage avec Lizlor, ou mes soirées dans la salle commune avec Prudence. Elle passa bien vite Chuck également, mais s’attarda légèrement sur Lizlor qui pleurait avec moi et je ressentis toute la culpabilité et les regrets remontaient instantanément au fur et mesure qu’elle assistait à cette scène, qu’elle ne tarda pas à passer aussi parce qu’elle voulait plus… Non, je refusais, elle n’avait pas le droit de voir ça… Non, pas avant, pas les souvenirs, pas l’enfance, pas les familles d’accueils, pas… Non…
PAS L’INCIDENT !

Si Woodley n’était qu’en pure spectatrice de mes souvenirs, moi, j’en étais l’actrice. Et ce souvenir-là, je ne le revoyais jamais non, seulement en rêve –lorsque je n’étais pas vraiment consciente. Il était caché tout au fond de ma mémoire, dans des endroits où je ne m’aventurais jamais. C’était secret défense… Jusqu’à qu’elle y vienne. Et maintenant, c’était comme si je revivais tout, consciente. Comme si ça se reproduisait une deuxième fois. Ma conscience d’adolescente coincée dans un corps de gamine de six ans, j’assistai une nouvelle fois à cet instant-là, cet instant où tout avait basculé.

Ma robe rose à volants. Mon rire alors que je jouais dans la grange. Le crissement des feuilles, mon sursaut et son regard sur moi. Son regard qui me fit comprendre que quelque chose n’allait pas, que ce n’était pas normal. Ses pas qui résonnèrent au fur et à mesure qu’il s’approchait de moi. La sensation au creux de mon estomac lorsqu’il m’assit sur la table pour me « parler » et qu’il me prit dans ses bras. L’incompréhension quand ses lèvres commencèrent à toucher ma peau, la peur lorsque ses mains s’y joignirent. Mes cris qui ne pouvaient sortir de ma gorge alors que la douleur et la panique me prirent. Mes yeux qui se fermèrent, baignés de larmes, et mes sanglots qui le juraient de s’arrêter alors qu’il n’écoutait pas. Le sifflement d’un objet qui traversa les airs. Un cri, et le bruit d’une masse qui tombe sur le sol. La douleur qui s’était arrêté brusquement –celle physique. Mes paupières qui s’ouvrirent hésitantes. Le corps par terre, le sang, la faucille, l’incompréhension, la peur, les pleurs…

Tout, une deuxième fois.

Un brusque sursaut agita mon corps et je compris que Woodley avait coupé son exploration. J’étais désormais sur le sol, agitée de tremblements et de sueurs froides. Mon souffle était court, j’avais le menton qui tremblait et je sentais le goût des larmes dans ma gorge que je tentais de retenir. Du bout des pieds, elle me tapota comme on le fait pour un animal mort ou agonisant, pour vérifier son état. Elle voulait que je me relève. Où trouvai-je la force pour le faire ?... Pour de nouveau faire face à elle qui savait désormais tout ?...


- Eh bien… Son ton amusé me retourna les entrailles. Je comprends pourquoi personne ne veut de vous. Tuer son propre père après l'avoir poussé à faire la pire chose au monde! Vous n'avez pas une très bonne étoile, ma pauvre enfant.
- Je ne l’ai pas poussé !
Gémis-je d’une voix brisée, complétement affolée de la tournure que prenait les événements. Comment… Comment pouvait-elle dire ça… Je… Ce n’était pas moi !

Je sentis mes jambes se fléchirent sous mon poids désormais trop lourd, je glissai presque sur le sol mais me retins de justesse au plan de travail à côté de moi. Les larmes avaient envahis mes yeux et je tentais de lutter pour qu’elles restent terrer au fond de ma gorge…


- Vous… Vous n’avez pas le droit… Tentai-je vainement de répliquer, tandis que les larmes commençaient à déferler en cascade sur mes joues. Vous… Vous ne savez rien, ne parlez pas de ça ! Je… Je… Ce n’est pas ma faute ! Articulai-je avec le peu de force qui me restait.

Et alors que je tentais de protester, je sentais déjà toute la culpabilité resurgir en moi et m’envahir, et mon tout mon être me dénoncer comme coupable.

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MessageSujet: Re: ~ Sois sage. [PV H.]   ~ Sois sage. [PV H.] Icon_minitimeMar 4 Déc - 15:32

- Ne parlez pas de Lizlor.

L'espèce humaine se distinguait en deux groupes : l'un, très vaste, et l'autre bien plus restreint. Le premier contenait le commun des mortels, les faibles, les lâches, les idiots, les misérables, qui répondaient à un grand nombre de lois simplistes et presque stupides, et qui permettaient de les mener par le bout du nez. Ils avaient tous les mêmes points faibles, les même attentes, les mêmes peurs, les mêmes réactions, les mêmes réflexes de défense. Chacun recelait en lui quelques souvenirs, quelques secrets plus ou moins douloureux. Chacun aimait quelqu'un ou plusieurs personnes de façon irraisonnée, chacun était rattaché à quelqu'un d'autre : il n'y avait dès lors qu'à mettre le doigts dessus, sur ce misérable souvenir ou cette misérable personne, pour que le monde de sa victime s'effondre en un tournemain. Hazel avait l'habitude, à présent, après ces années à enseigner ; tout comme elle en avait l'habitude depuis qu'elle avait grandi et compris comment fonctionnait la société, comment fonctionnait les cerveaux des autres, et comment on pouvait les manipuler et les plier à sa volonté. Car il y avait ce deuxième groupe, dont elle faisait partie, qui contenait très peu de personnes de ce monde, mais ces quelques personnes l'avait dans la main et le gouvernait à loisir. Ces gens-là étaient les forts, les supérieurs, les intelligents : ceux qui avaient compris que attaches, souvenirs, rendaient vulnérables, et qui avaient tout pulvériser pour devenir des rocs insubmersibles, au cœur de pierre sans doute, mais à choisir, ne valait-il mieux pas le pouvoir à toute autre chose? Briller, gouverner, maîtriser? Qu'était-le reste? Les sentiments n'étaient que le large panel des faiblesses humaines, et il y avait bien longtemps qu'Hazel y avait renoncé. Maintenant, quand elle voyait de telle démonstration de faiblesse, elle en riait à gorge déployée et prenait en pitié ces pauvres gens, objets de leurs cœurs et de leurs émotions, ridicules au possible.

Quand la Serdaigle desserra enfin les dents pour ne dire que quelques mots, ces quelques mots exprimèrent encore une fois toute la pauvreté de son âme, et ils firent sourire Hazel tandis qu'elle la regardait d'un air plein de pitié.


- On aime beaucoup sa petite Gryffondor, hmm? se moqua-t-elle. Elle continua de la regarder de bas en haut, se préparant à l'attaque : elle n'avait plus qu'à effectuer quelques petits tours de passe pour être en pleine possession de tout ce qu'elle désirait, de tout ce dont elle avait besoin pour écraser comme un éléphant marche sur une pauvre souris, la pauvre petite Standiford. Mais je crois que ce n'est pas à vous de me dire ce que je dois dire ou faire...

Et son esprit s'élança vers celui de la Serdaigle, qui n'opposa presque pas de résistance, sûrement sous le coup de la surprise. Il n'y avait rien qu'elle ne savait pas, ou du moins, dans ce qui l'intéressait, il n'y avait rien qu'elle n'avait pas déroulé sous ses yeux comme une pellicule que l'on passe devant une ampoule. Après quoi, la jeune fille s'était littéralement effondrée, le souffle court, les cheveux en pagaille et un air de violente détresse déformait son joli petit visage, ce qui n'augmentaient d'autant l'intense satisfaction cruelle qu'éprouvait Hazel Woodley, et ses envies de pousser le jeu de destruction un peu plus loin.

Elle tenta de se relever, faible et lâche devant ses émotions, complètement sous le poids de ce qui l'anéantissait, et Haael avait envie de lui crier qu'elle était une funeste idiote et que si elle avait eu une étincelle d'intelligence - et pourtant, ce n'était pas le propre des Serdaigle?! - elle aurait compris la démarche à suivre, elle aurait compris ces chaînes qui la cisaillaient et dans lesquelles elle se vautrait avec un consentement effarant. Qu'importe. La partie était lancée.

- Je ne l’ai pas poussé !

Elle vacilla, à peine debout, et s'accrocha au plan de travail à côté d'elles, pauvre lombric sans force et sans volonté. Ses larmes donnaient à Hazel autant envie de rire que de vomir.

- Ah, vraiment? Pourquoi toute cette culpabilité écœurante qui suinte dans chacun de vos souvenirs?
sourit Hazel d'un air doucereux, toujours aussi occupée à l'examen de ses ongles parfaitement vernis.


- Vous… Vous n’avez pas le droit… Vous… Vous ne savez rien, ne parlez pas de ça ! Je… Je… Ce n’est pas ma faute !

Elle luttait, la pauvre, pour ravaler ses larmes et sauver sa dignité et Hazel devait bien le reconnaître elle avait mis plus de temps que certain à baisser les bras en signe de défaite, mais quand elle se mit à pleurer sans contenir les larmes sur ses joues, Hazel sut qu'elle avait gagné, définitivement. Par chance, elle était de bonne humeur. Elle décida de ne pas jouer avec les nerfs de la Serdaigle jusqu'à ce qu'elle oublie jusqu'au plus lointain de ses souvenirs - d'autant plus qu'hélas, à Poudlard, Hazel avait toujours cette petite voix en tête qui lui rappelait qu'elle jouait son poste si elle allait trop loin. Elle décida de juste s'amuser un peu avant de coller la jeune fille en retenue et de la laisser à son triste sort, bien qu'apparemment il n'y ait besoin de pas grand chose puisqu'elle se noyait elle-même dans ses propres angoisses.

D'un geste vif et d'une force surprenante, Hazel poussa le bras de la Serdaigle qui se reposait sur le meuble pour qu'elle perde l'équilibre et retombe à terre. C'était, quoi qu'il arrive, la parole d'une élève contre celle de son professeur, aussi mauvaise réputation qu'ait le professeur... Il n'y aurait pas de preuves. Les elfes de maison? Il craignait bien trop Hazel pour témoigner contre elle.

Se délectant de pouvoir se défouler tout aussi bien physiquement que moralement, elle envoya un coup de pied à la jeune fille à terre avant de se dire que c'était plus amusant d'y aller un peu plus fort : à l'aide de sa baguette elle malmena, le sourire aux lèvres, le corps de son élève en la faisant se cogner aléatoirement contre le meuble ou les murs, sans qu'elle puisse se relever ou se libérer de l'emprise du sortilège. Ce n'était pas des assez gros chocs pour l'assomer ou lui casser un bras mais assez gros pour lui faire mal ; après une petite séance qui donna sûrement l'impression à sa victime d'être passée dans le tambour d'une machine à laver, elle s'approcha d'elle à nouveau et, sans ménagements, lui leva la tête vers elle en lui tirant les cheveux violemment.

- Ne soyez pas plus stupide que vous l'êtes. Pourquoi avoir envie d'être si parfaite, si ce n'est pas pour racheter vos erreurs? Pourquoi est-ce ce que vous crevez de culpabilité dans chacun de vos souvenirs? Vous faites du mal à tout le monde, susurra-t-elle un peu plus bas. Bien sûr que tout est de votre faute.

Elle laissa violemment retomber la tête de Ruby sur le carrelage, avant de se préparer à une nouvelle attaque.
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MessageSujet: Re: ~ Sois sage. [PV H.]   ~ Sois sage. [PV H.] Icon_minitimeMer 12 Déc - 0:24

Bien que son emploi du temps très chargé ne lui en laissât guère le temps, Sara aimait bien circuler de temps en temps dans les couloirs de l'école. Cette ronde, aux vertus presque thérapeutiques, lui rappelait sa (plus folle qu'elle ne voudrait l'admettre) jeunesse. On oublie trop souvent que les professeurs ou la plupart d'entre eux étaient élèves à Poudlard avant d'y enseigner, et Sara ne dérogeait pas à la règle. Il lui semblait en réalité que son destin était plus que jamais intimement liée à ces lieux, qu'elle avait parcouru à des époques si différentes de sa vie, et même sous différents noms et titres. La petite fille qu'elle avait été y avait vécu ses premières aventures, ses premières amours. Puis il y avait eu Melody, et elle était revenue changée à Poudlard, en jeune éducatrice peu sûre d'elle mais déterminée à apporter sa pierre à cette entreprise déjà vieille d'un millénaire qui consistait à pousser des enfants vers la réussite. Elle n'avait pas choisi d'être professeur, c'était la vie qui avait choisi pour elle ; aujourd'hui, elle était convaincue qu'il s'agissait bien du plus beau métier du monde. Il lui avait permis, non seulement d'être utile aux autres, mais de répandre une culture qu'elle chérissait, réconciliant ainsi ce vieux conflit interne qui avait conduit le Choixpeau à hésiter entre Poufsouffle et Serdaigle lorsque l'on l'avait déposé sur son innocente tête blonde, il y avait tant d'années de cela. Devenir directrice après cette expérience avait été une suite logique, et voilà pourquoi elle n'avait pas hésité à prendre ce poste à haute responsabilité quand on le lui avait proposé. Poudlard était sa maison, désormais.

Elle songeait à tout cela en marchant à travers l'école, longeant les salles de classe, écoutant la rumeur des conversations – élèves suivant ce qu'on leur disait avec plus ou moins d'attention, fantômes, tableaux, toute cette vie invisible mais bienveillante qui grouillait dans l'enceinte du château. Par les hautes fenêtres ciselées défilait ce paysage brut et majestueux qu'elle aimait tant, au rythme régulier de ses pas contre le sol de pierre, que tant de pieds avaient foulé avant elle. Entre ces murs ancestraux dont exsudait le souvenir, empreints d'un mélange délicat de beauté et de chagrin – de vieillesse tout court, quel autre mot ? Au milieu de tout cela, elle se sentait à sa place. Et le poids qui pesait sur son cœur lui semblait soudain un peu moins lourd à porter.

Dire que les choses allaient bien aurait été mentir. Cela, Sara le savait. Mais les choses allaient… mieux ? Oui, elle le croyait. Elle voulait y croire, du moins. Les débuts avaient été… La vie sans lui… Mais elle ne devait pas y penser. Elle l'avait beaucoup fait, les premiers temps. Elle avait tant pleuré – à vrai dire, elle avait eu l'impression de ne faire que ça. Au fond, elle se disait qu'elle avait bien fait de vendre la maison dans l'Oregon avant que cette tragédie ne survienne ; elle aurait été alors forcée de le faire, dans la douleur. Car même dans la maison bleue, chaque détail lui rappelait cruellement ce qui lui manquait, et Merlin savait pourtant qu'Aaron ne se déplaçait plus assez souvent pour toucher à grand-chose autour de lui. A la fin, les guérisseurs lui interdisaient systématiquement toute activité magique, si bien qu'il n'effectuait plus aucune tâche ménagère (et il s'en était voulu pour cela). Sara savait bien ce que l'on ressentait à être privé de magie, quoique son cas fut différent – à l'époque, elle avait elle-même brisé sa baguette pour s'empêcher de l'utiliser, décidée à faire une croix sur son passé de sorcière. Elle ne pouvait qu'imaginer cette sensation décuplée, lorsque la privation venait non pas de soi, comme une punition, mais de la vie. Quel sens donnait-on à cela ? Quelle justice y trouvait-on ? Aucune.

Mais la vie n'était pas juste. On l'admettait, à force.

Ceci étant, la présence d'Aaron était partout – tout particulièrement dans leur chambre, où il avait passé les trois quarts de ses dernières années. Elle n'avait plus dormi dans le lit conjugal depuis qu'ils l'avaient quitté en catastrophe le jour… Enfin. Elle s'était réfugiée dès qu'elle l'avait pu dans son bureau, à Poudlard, dans son travail. La seule chose qu'elle aurait été heureuse de retrouver, c'était son odeur, mais lorsqu'elle était rentrée le premier soir et avait enfoui son visage dans son oreiller, elle n'avait senti que celles des potions traitantes qu'il prenait et de la maladie. Elle avait pleuré, comme dans les bras de Lizlor.

Elle avait eu très peur pour Lizlor. Mais sa fille l'avait surprise, faisant preuve d'une maturité qu'elle n'avait pas soupçonnée jusqu'alors. A partir de cet instant, tout avait changé entre elles. C'était comme si Aaron, en les quittant leur avait fait un ultime cadeau : celui de pouvoir peu à peu trouver le chemin de la réconciliation. Ces choses ne se faisaient pas en un jour, et il y avait bien des raisons pour sa fille de lui en vouloir encore, elle le savait. Mais elles faisaient des efforts, de gros efforts, toutes les deux, et plus le temps passait, moins cela y ressemblait. Cet été, elle avait même accepté que Lizlor accompagne Conrad dans une de ces fêtes, et pas seulement parce qu'elle comptait sur son frère pour la surveiller. Le temps de la surprotection maladive était révolu : elle avait compris que cette technique ne fonctionnerait jamais avec sa fille. Conrad était un jeune homme désormais, et Lizlor ne tarderait pas à devenir une jeune femme fière et indépendante comme Sara avait toujours su qu'elle le deviendrait. Bien que la pensée d'être séparée de ses enfants l'effrayât terriblement, elle mettait ses peurs de côté.

Et puis, elle voyait les côtés positifs que cela avait sur Lizlor. Pour la première fois depuis son entrée à Poudlard, sa fille avait commencé à avoir des amis – une en particulier, une élève de Serdaigle nommée Ruby Standiford, au passé trouble et pour laquelle Sara s'était prise d'une tendresse dont elle ne se serait plus cru capable. Comme toujours chez elle, aider les gens était un acte salvateur dans lequel elle se jetait corps et âme, et elle n'avait pas hésité à user de son pouvoir de directrice pour faire bouger les choses concernant le dossier Standiford. Mais cela lui avait paru trop peu, car l'histoire de Ruby, si tragique, lui faisait véritablement froid dans le dos et elle avait accepté sans hésitation lorsque Lizlor avait proposé de l'inviter pendant les vacances d'été. Les deux filles s'entendaient à merveille. Chose curieuse de sa part, elle ne s'était pas demandé une seule seconde s'il était bien raisonnable que Lizlor, encore fragilisée par le deuil, fréquente quelqu'un comme Ruby. Elle s'était seulement dit que si quelqu'un pouvait aider la Serdaigle, c'était bien sa courageuse fille. Sara avait observé les résultats de Lizlor en soins aux créatures magiques. Guérir, soigner, prendre soin des gens : elle avait cela dans le sang.

Sara s'engageait à présent vers les sous-sols. L'idée lui était venue de faire un tour par la salle commune des Poufsouffle, Maison qu'elle avait eu un temps à sa charge et pour laquelle elle conservait une profonde affection. Ce serait ainsi l'occasion pour elle de discuter avec le Moine Gras, avec lequel elle n'avait pas discuté depuis bien longtemps. Le fantôme était le plus aimable de Poudlard et savait toujours tout ce qui se passait dans l'école. Sara était souvent peinée de constater qu'elle ignorait tout de ses élèves, ne les connaissant que sous forme de fiches de renseignements empilées dans les tiroirs de son bureau. Elle pourrait rattraper son retard en la matière, songeait-elle, presque enthousiasmée par l'idée. Mais alors qu'elle passait devant la tapisserie qui, elle le savait (qui l'ignorait, franchement ?), conduisait en fait aux cuisines de l'école, elle fut interpellée par des voix qui n'étaient clairement pas celles d'Êtres de Maison à l'ouvrage pour le dîner de ce soir. Portée par son intuition, elle décida d'aller voir ce qui se tramait.

Quelle ne fut sa surprise, non, le choc, quand elle découvrit cette scène inimaginable : Ruby Standiford, l'amie de sa fille, blessée et apparemment bouleversée, face à… Hazel Woodley, le professeur sûrement le plus détesté de toute l'histoire de Poudlard. (Et Sara avait eu Severus Rogue comme professeur. PUIS comme collègue.) Elle arriva juste à temps pour la surprendre penchée au-dessus de l'élève, le visage encore déformée par une expression de plaisir qu'elle tenta de dissimuler au plus vite.

A la vue de Ruby et son visage contusionné, se rappelant toutes les souffrances que cette malheureuse avait enduré, Sara sentit tout son instinct maternel la porter et son sang ne fit qu'un tour.

– Que se passe-t-il, ici ? tonna-t-elle, elle qui élevait si rarement le ton, préférant la froideur aux grands éclats.

Sans quitter Woodley du regard, elle se dirigea à grands pas vers Ruby et la remit sur ses jambes avec douceur mais fermeté, car elle était entièrement habitée par la colère.

– Miss Standiford, veuillez vous rendre à l'infirmerie où Madame Pomfresh vous soignera comme il convient. Timly (un Elfe de Maison apparut aussitôt, accourant auprès du trio en prenant bien soin de ne pas croiser le regard meutrier de Woodley)
ici présent va vous accompagner.

Sara se serait bien occupée de la jeune fille elle-même, mais il y avait plus urgent.

– Hazel, vous êtes allée trop loin cette fois. Nous allons traiter de cette histoire dans mon bureau.

Bien que correct, son ton indiquait clairement qu'il n'était pas question de discuter.

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MessageSujet: Re: ~ Sois sage. [PV H.]   ~ Sois sage. [PV H.] Icon_minitimeJeu 13 Déc - 23:57

Parfois, je me demandais ce qui avait poussé Hazel Woodley à devenir qui elle était aujourd’hui. Est-ce qu’on pouvait naître cruel ? Je n’en savais rien. Est-ce qu’on pouvait le devenir ? Oh oui, et elle en était l’exemple parfait. Comment était-elle, jeune ? Quand elle était élève ? Et comment avait-on pu accepter qu’elle enseigne ici ? J’étais persuadée que son venin se faisait de plus en plus douloureux au fil des années. Parce qu’elle avait dû commencer par les simples retenues, mais que désormais il fallait plus pour l’exciter. Elle n’avait donc rien dans sa vie pour lui procurer un quelconque plaisir ? Faire mal à quelqu’un, c’était jouissif ça ? Je ne comprenais pas. Je ne me croyais pas naïve pour autant non, mais ce n’était simplement pas une manière de penser qui me paraissait… Normale. Je n’étais pas sûre d’être totalement saine d’esprit non plus, certes. Mais ma folie, si c’était ainsi qu’il fallait la nommer, n’avait rien de cette démence diabolique qui me semblait prendre forme dans les traits de ma professeure de potions, dont le sourire s’agrandissait au fur et à mesure que le mien se décontenançait. Elle prenait un plaisir fourbe et incroyable à me voir souffrir et je savais qu’elle n’était pas prête de s’arrêter. Et que pouvais-je faire ? Rien, si ce n’était attendre l’apothéose : jusqu’où allait-elle aller ?

- On aime beaucoup sa petite Gryffondor, hmm?

Si elle continuait de rire ouvertement sur le sujet, j’allais finir par faire une connerie. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait, dire ce qu’elle voulait mais elle laissait en dehors de tout ça Lizlor. Quoi, elle était jalouse parce que c’était la fille de la directrice (la fille la plus géniale de la terre aussi mais comme si Woodley pouvait comprendre ce sentiment… !) alors qu’elle n’était qu’une vieille femme qui n’était pas capable de s’entourer d’enfants, de maris, de gens qui l’aiment ? Elle aimait sûrement ça après tout, alors je la laissais dans son délire. Mais c’était moi qu’elle venait de trouver à voler du whisky, pas ma meilleure amie. Par conséquence, elle n’avait rien à faire dans la conversation. J’étais une amie loyale, mais je n’avais jamais été une tête brûlée et Lizlor était probablement la seule personne qui m’aurait fait franchir le cap, me lever et protester. Même de manière générale, je n’ouvrais pas trop ma gueule pour ne pas faire d’histoires. Sauf si quelqu’un s’avisait de parler de la Gryffondor. Mais personne ne l’avait encore fait en ma présence et je n’avais entendu aucun bruit de couloir sur elle et heureusement : j’aurais pu retourner tous le château pour retrouver le con qui aurait parlé d’elle et celui-là, sa mère l’aurait même pas reconnu en le retrouvant pendant les vacances. Vous voyez l’idée.

- Mais je crois que ce n'est pas à vous de me dire ce que je dois dire ou faire...

Et elle franchit le pas : Woodley pénétra mon esprit. Avec probablement un plaisir incroyable, je la sentis se glisser entre chaque seconde de chaque moment, du plus beau au plus terrible, des larmes aux rires et des cris aux soupirs. Je sentis toute mon âme s’ébranler au souvenir de ce jour-là, un immense vide se fit dans ma poitrine et il aspira tout dans son passage. Mes dernières forces, toute protestation, je n’étais plus qu’une enveloppe et lorsque la directrice de vert et argent quitta mon corps, je perdis l’équilibre et m’appuyai contre le plan de travail. Mes cheveux me tombaient devant le visage et je distinguais à peine celui de Woodley. Je savais simplement qu’elle souriait fière de sa trouvaille, de ma faiblesse, de mes pleurs. Elle avait gagné et n’avait aucun scrupule à ce sujet. Elle l’avait joué à la déloyale mais après tout, qui pouvait bien faire quoi que ce soit ? Elle avait les armes et moi, aucune défense. Ni physique, ni mentale. J’entendais encore dans mon cerveau le bruit de son rire qui avait traversé mes souvenirs et celui de ses talons qui claquaient que j’aurais juré entendre.

- Ah, vraiment? Pourquoi toute cette culpabilité écœurante qui suinte dans chacun de vos souvenirs?

Je n’arrivais pas à croire ce que j’entendais. C’était comme si tous mes démons les plus profonds s’étaient réunis en un seul et même corps pour prendre vie face à moi. Elle… Non… Je n’étais pas coupable, pas coupable de ça ! Je n’étais qu’une gamine bordel, comment pouvait-elle dire ça ?! J’étais coupable d’avoir ôter la vie de quelqu’un et… Et aussi un peu de deux, de ma mère qui n’avait jamais supporté tout ça, mais je n’avais jamais… Séduis… Comment…

Ma tête tournait tellement fort, j’avais l’impression d’avoir trop bu et d’avoir reçu une enclume dans la figure. Mais j’étais sobre, totalement sobre, je sentais chacune des douleurs poindre et s’enfoncer en moi. J’entendais accourir les remords, les regrets, les souvenirs, tout mon corps se pliait sous le poids de cette immense masse que représentait cet incident : la peur, la culpabilité, la douleur, l’incompréhension. Tout remontait, tout revenait et c’était Woodley qui l’avait déclenché et qui désormais se régalait de me voir complétement soumise à ce passé qu’elle se faisait une joie d’exploiter. De la pitié ? De la compréhension ? De la compassion ? Comme si elle en était capable. Elle ne sentait rien, ne comprenait rien. Tout ce qu’elle aimait, c’était ce pouvoir qui émanait d’elle et de sa baguette.

Mais aussi de son propre corps. Avant même que je ne le réalise, elle poussa mon bras sur lequel je tentais vainement de m’appuyer et je tombai lamentablement à terre dans un petit cri de surprise mêlé à de la douleur.

Il s’en suivit un deuxième, beaucoup plus vif. Elle venait de m’envoyer un coup de pied dans les cottes, m’arrachant des sanglots terribles, parce qu’ils étaient en vain. Pourquoi me débattre ? Pourquoi crier ? Hurler ? Qui allait venir ? Qui allait m’entendre ? Qui allait me défendre ?

La douleur était telle, aléatoire et furieuse, que je perdis vite la notion d’où elle me frappait. Elle avait repris sa baguette et à présent, elle baladait mon corps lamentable sur le sol, me cognant tel un pantin contre les placards et les murs. J’avais tellement mal et j’étais lié par ce sortilège qui m’empêchait tout mouvement. Je ne pouvais que souffrir et pleurer, et je n’arrêtais pas de me dire qu’au fond ça ne servait à rien, que peut-être je le méritais, et je ne savais pas… Je ne savais plus…

Je voulais que ça s’arrête…
J’ai mal.


- Ne soyez pas plus stupide que vous l'êtes. Pourquoi avoir envie d'être si parfaite, si ce n'est pas pour racheter vos erreurs? Pourquoi est-ce ce que vous crevez de culpabilité dans chacun de vos souvenirs? Vous faites du mal à tout le monde. Bien sûr que tout est de votre faute.

Elle laissa retomber mon visage qu’elle avait relevé par mes cheveux et je me tapais violemment contre le carrelage. Mais je ne lâchai aucun cri. Sa dernière phrase avait fini d’achever tout ce qui restait en moi. C’était ma faute. Tout était de ma faute. Je n’en pouvais plus de tout ce poids qui m’écrasait, de cette douleur infâme qui me rongeait, de sa voix et ses accusations qui me paraissaient terriblement vraies, je voulais… Que ça s’arrête, je voulais que l’incident n’ait jamais eu lieu, que je n’ai jamais existé, n’importe quoi pourvu que Woodley se taise, que mon esprit se taise, que la douleur se taise.


-Que se passe-t-il, ici ?

Je connaissais cette voix.

J’eus un sanglot terrible, suppliant, parce que peut-être que j’étais dans un délire dû au choc que je venais de prendre. Est-ce que ? Pitié… Dites-moi que c’était elle, je ne voulais qu’elle de toute manière, c’était la seule qui pouvait…

Et ses bras m’attrapèrent et me relevèrent.

Encore une fois.


- Miss Standiford, veuillez vous rendre à l'infirmerie où Madame Pomfresh vous soignera comme il convient. Timly ici présent va vous accompagner.

Je m’étais laissé presque tomber dans ses bras, et je tenais son avant-bras de ma main faiblarde sans arriver à la regarder. Tout me paraissait tellement vague, irréel. C’était Sara Wayland, je le savais, mais je n’arrivais pas y croire. Elle était toujours là pour moi, tout comme l’était sa fille et je me sentais tellement faible et inutile, tel un poids, oui je m’accrochai littéralement à elle… A elles.

- Elle a tout vu. Arrivai-je à murmurer tout simplement, usant de mes dernières forces pour faire une phrase logique et me remettre debout. J’avais envie de m’allonger, de me laisser crever dans un coin des cuisines, de disparaitre, mais je sentais son regard sur moi et je n’avais pas envie de faire ça. Je n’avais pas envie de décevoir celle qui venait de me sortir des griffes de Woodley. Je sentais d’ailleurs le regard de cette dernière sur nous et le silence était étouffant, j’étouffai… S’il vous plaît… Murmurai-je une dernière fois, tellement bas que seul Wayland pouvait l’entendre. Ne le dites pas à Liz. Pitié. Réussis-je à articuler, paniquée à l’idée que l’inquiétude que je pourrais causer.

Je ne sais pas où je trouvais encore assez de courage et de raison de marcher jusqu’à l’infirmerie. Mais j’y parvins. En quittant les cuisines, je n’avais entendu qu’une dernière phrase de Sara, sur un bureau ou quelque chose comme ça, mais je n’avais pas réussi à comprendre. Car tout mon cerveau bourdonnait des mots de Woodley qui, malsains, s’étaient attachés à chaque parcelle pour me dévorer petit à petit et me vider de toutes mes larmes.


« Tout est de votre faute. »


THE END

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