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~ Picking up the pieces. [PV T.]

 
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 ~ Picking up the pieces. [PV T.]

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



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Localisation : Cachée.
Date d'inscription : 03/09/2011

Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: ~ Picking up the pieces. [PV T.]   ~ Picking up the pieces. [PV T.] Icon_minitimeDim 16 Déc - 22:58

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"Picking up the pieces
Of the wreck you went and left
And I'm dealing with dilemmas
In my now so stressful life

And I'm drinking stronger spirits
I made my home here on the floor
And I'm losing all ambition and goals."



Je n’avais pas envie d’aller au bal et n’en avais nullement l’attention. Il ne s’agissait même pas forcément d’avoir un cavalier, ça je m’en fichais vraiment, les années précédents j’en avais rarement eu. J’y allais plutôt avec Prudence ou d’autres amies, je passais une bonne soirée autour du buffet et sur la piste de danse, dans de jolies robes qui étaient bien évidemment la meilleure partie du bal. Chaque année, c’était le grand jeu de toutes les filles du château. C’était à qui aurait la plus jolie, la plus originale, et je ne vous parlais même pas du désastre que c’était lorsque deux filles se retrouvaient avec la même. Généralement, il y avait des morts. Beaucoup de personnes prenaient trop au sérieux ce bal à mes yeux, je préférais me contenter de passer une bonne soirée sans chercher à être la plus jolie et la plus remarquée –je détestais ça de toute manière. Mais cette année non, je n’avais aucune raison d’y aller. Un bal, c’était festif et moi, je n’avais rien à célébrer. Je n’avais pas envie de m’afficher devant tout le monde, je n’avais rien à offrir à personne et personne qui ne voulait quoi que ce soit. Je n’avais pas de cavaliers, je n’en voulais pas. Au début, certains avaient tentés leurs chances car après tout, j’étais célibataire désormais. Mais mes réponses avaient été plutôt… Tranchantes. Après plusieurs refus, le mot s’était répandu que je ne voulais de personne et tout le monde était passé à autre chose. Il y avait trop de jolies filles qui n’attendaient que ça pour que l’on se concentre sur moi et puis, je commençais à perdre de ma superbe à force de pleurer ou de me réveiller avec la gueule de bois. Si les cernes étaient sexys, j’aurais probablement eu une tonne de mec à mes pieds, haha ! Et le pire, c’était que je trouvais moyen d’en rire.

Lizlor avait déjà quelqu’un et je refusais d’être la troisième roue du carrosse, elle méritait une soirée de rêve. Prudence aussi et puis de toute manière, cela faisait plusieurs semaines que nous nous étions éloignées. Ou que je l’avais éloigné de moi, plus précisément. Il en était de même avec la plupart de mes amies. Je ne prétendais pas aller bien mais je ne détaillais pas les raisons de pourquoi j’allais mal. Mon histoire avec Chuck était restée secrète aux yeux de tous. Hadrian ? Tout le monde connaissait le gros de l’histoire et les mensonges que tissait le Daily Poudlard. Il y avait de toute manière, et j’en étais consciente, un mal plus ancien et plus ancré qui avait toujours été présent et je laissais simplement parler désormais. J’arrêtais de me cacher, sans vouloir non plus que l’on ne me voit alors je me contentais de rester dans un coin, loin de tout le monde, cachée sous ma couette, derrière mon livre ou à la Tête de Sanglier. Qu’importe, tant que c’était loin de cette réalité que je détestais. Je ne pouvais pas m’échapper éternellement, pas physiquement, mais j’avais heureusement trouvé le moyen de le faire mentalement –l’alcool. J’avais donc une maigre consolation, mais je ne voulais que personne ne remarque mes stratégies d’évasion alors pas question que je m’affiche au bal. J’avais simplement prévu de descendre prendre une bouteille de champagne avant de m’enfuir dans mon dortoir qui serait, je le savais, vide. Prudence était avec Brook, et Ophelia ne perdait jamais une occasion de faire les princesses.

Sauf que mes plans furent chambouler lorsque Madame Wayland –Sara, Liz voulait que je l’appelle comme ça- m’appelle dans son bureau un après-midi. Juste moi, pas Lizlor. J’avais cru que je l’avoue, qu’elle voulait me parler de cette soirée avec Hazel Woodley où elle m’avait trouvé en piteuse état entre les mains de l’autre affreuse. J’avais encore quelques cicatrices sur le corps, des bleus majoritairement mais heureusement, je pouvais tous les cacher et ils étaient presque tous partis. Sauf cette maudite cicatrice à la tempe, et une énorme ecchymose sur la cuisse droite qui mettait un sacré moment à disparaitre. Mais, pour revenir à Sara, elle ne m’avait pas appelé pour ça non. Nous n’étions à environ une semaine du bal, et elle m’avait tendu un étrange paquet cadeau. Noël en avance m’avait-elle dit, avec un mince sourire. J’avais donc déchiré le papier tout doucement, pour en extraire… Une robe. Une robe magnifique, d’un vieux blanc avec de la dentelle, et des motifs en dentelle noir, un joli col en rond et des volants. Une robe qui, je le sentais, avait été gardé dans un placard, avait connu ses heures de gloire, elle n’était pas neuve mais dans un état parfait –elle était parfaite. J’avais cligné des yeux plusieurs fois, sans dire un mot devant cette merveille. Sara m’avait expliqué que cette splendide robe lui avait appartenu, et que c’était la mère de Katie Jones, donc de sa meilleure amie, qui lui avait offert lorsqu’elle avait 15 ans. C’était plus qu’une robe. C’était un symbole.

Je crois que ce fût la première fois en dix ans que je serrais dans mes bras une adulte, sentant des larmes de joie disparaitre sous mes paupières closes. Cette femme était merveilleuse et je ne comprenais toujours pas pourquoi elle faisait tout ça pour moi. Mais elle le faisait –et c’était incroyable.

J’avais donc consenti à aller au bal, même si je n’avais aucun cavalier, ça m’était égal. Je voulais simplement porter cette merveille, comme un trophée ou un trésor. Sara l’avait porté, elle allait me donner la force si caractéristique des Wayland. Je ne l’avais montré qu’à Lizlor, la gardant précieusement dans mon armoire, ne la sortant pas jusqu’au bal. J’avais peur de l’abimer, que quelqu’un me la vole, des craintes stupides mais je considérais ce cadeau comme l’un des plus magnifiques que l’on m’ait fait. Il avait une telle signification ! Dans mes familles d’accueils, c’était un vulgaire pull. Pas une robe qui avait eu une histoire. J’imaginais Sara vivre avec elle des aventures folles, et maintenant elle me l’a légué pour qu’elle continue à vivre. Je ne l’avais essayé d’une fois et maintenant, j’attendais avec impatience le jour où le taffetas épouserait de nouveau ma peau. Je ne savais pas trop avec qui je passerais la soirée mais ça m’était égal, dans cette robe, rien ne pouvait m’arriver. Lorsque le fameux soir vint, je frissonnais en l’enfilant tout en souriant en chaussant mes talons achetés spécialement pour aller avec. Je laissais mes cheveux libres, volant en de jolies boucles ordonnées, et ajoutai mon masque –ah oui, cette année c’était un bal masqué ! Prudence me regarda avec un grand sourire et je lui rendis pour une fois sincèrement. J’étais bien dans cette robe. Cette soirée allait bien se passer…

Je voulais tout faire pour, mais à peine rentrer dans la salle, je me sentis happée et étouffée par la foule. Il y avait un monde fou, je ne reconnaissais pas grande monde sous les masques. Cette foule anonyme semblait pourtant me fixer moi et je ne savais pas si c’était de la paranoïa ou si on me reconnaissait et qu’on se demandait ce que je venais faire ici… Je m’exilais rapidement près du buffet, m’approchant des bouteilles de champagne qui servaient toutes seules des verres –ah, le bonheur de la magie ! Une coupe plus tard, je me sentais déjà mieux. De ma main libre, je passai mes doigts sur la dentelle de la robe, pensant à Sara, à Lizlor, à Conrad –à ma deuxième famille ? Je trouvais même le courage de discuter avec quelques filles de mon niveau, des Poufsouffles avec qui j’avais beaucoup trainé en première année avant de connaître Prudence, puis Lizlor. Mais j’avais toujours cette étrange pression qui pulsait dans mon corps, dans mes veines. De la peur peut-être ? Je bus une nouvelle coupe, et j’allais m’en resservir une lorsqu’une fille manqua de me bousculer en essayant de se faufiler dans la foule. Malgré son masque, il ne me fallut pas plus d’une seconde pour reconnaitre sa jolie peau cuivré et ses yeux pétillants. Tirya. A qui je n’avais pas parlé depuis que j’avais plaqué Hadrian, parce qu’elle était sa meilleure amie et que…


- Salut. Murmurai-je timidement.

Je tournai légèrement la tête dans la direction où elle semblait aller, et il ne me fallut pas longtemps non plus pour les voir –et surtout, le voir. La bande habituelle des Gryffondors, avec Traice et tout le tralala. Et bien sûr, Hadrian. Magnifique, une autre fille pendue à ses bras –je la connaissais, non ?... Je me retournai vers Tirya en lui faisant une maigre sourire.


- Passe une bonne soirée. Lui dis-je d’une petite voix, la libérant de toute échange gênant et me retournant vers le buffet et cette magnifique coupe de champagne qui se remplissait toute seule.
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Tirya Ocounil


Tirya Ocounil
Elève de 5ème année & Préfète



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MessageSujet: Re: ~ Picking up the pieces. [PV T.]   ~ Picking up the pieces. [PV T.] Icon_minitimeMer 2 Jan - 22:44

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Le bruit sourd de mes pas retentissait dans tout le couloir, alors que je quittais les cuisines. Non mais pour qui il se prenait ce Keith Taylor?!
Comment osait-il me traiter comme ça? Après tout, je faisais simplement le boulot ingrat de préfète en lui demandant, le plus poliment possible, de ne pas traîner dans les cuisines pour foutre son satané Whisky PureFeu dans le punch sans alcool. Non pas que le geste en lui même me dérange, au contraire je n'étais pas contre un peu d'animation en ce soir de bal, mais je ne voulais absolument pas que ça me retombe sur la tête comme d'habitude.
Non parce que, non content d'avoir échoué dans sa quête, cet imbécile de Serdaigle avait foutu le bordel partout dans les cuisines et avait fini sa course à mes pieds dans un fracas de casseroles et de spatules. Et bien sûr, lorsque j'avais osé lui demander de ranger tout le désordre qu'il avait lui même causé, il s'était contenté de rire un bon coup, de me balancer deux ou trois piques sur le boulot ingrat de préfète qui ne m'allait de toute façon pas du tout, et de se barrer en courant.

Sérieusement, je crois que si je n'avais pas eu des talons de dix bons centimètres, je lui aurais couru après, l'aurais rattrapé, et fais bouffer une bonne partie de la tâpisserie des murs du couloirs jusqu'à ce qu'il s'excuse. Au lieu de ça, je m'étais contentée de hurler comme une furie après lui, chose qui eut l'air de l'amuser encore plus. Puis, responsabilité oblige, j'avais du me taper tout le rangement que ce petit crétin avait refusé de faire.
Alors c'est ça le boulot de préfète?! avais-je grommelé alors que je replaçais les casseroles dans les étagères. Heureusement que les préfets s'étaient pointés une bonne heure avant tout le reste du château...

Résultat, me voilà à présent en train de passer mes nerfs sur le sol du hall d'entrée en direction de la salle de bal, priant pour ne pas avoir l'air d'une folle furieuse avec cheveux en bataille et sueur dessous les bras. Je n'avais pas de cavalier certes, mais si je pouvais éviter de faire fuir les personnes autour de moi pendant que je me déhancherai sauvagement sur la piste de danse, ça m'arrangerait bien. Arrivée à l'entrée de la salle après avoir joué des coudes pour me frayer un chemin parmi des élèves déchaînés , je remontai le corset brodé de ma robe de façon fort élégante, et me dissimulai derrière mon masque. Il n'y avait plus qu'à prier pour que la soirée se passe sans encombre.
Quant à ce Keith, s'il avait le malheur de croiser ma route à côté du banquet, je jure que je lui arracherais ses jolis petits yeux bleus. Ou tout du moins je demanderais à Hadrian de le faire...
Tiens, tiens en parlant du loup, je l'aperçus au milieu de la salle, sirotant un cocktail - sans alcool espérons - la Gryffondor de cinquième année qui l'avait invité au bal collée tout contre lui, en train de glousser comme la débile qu'elle était sans doute. Bon dis comme ça, c'était pas forcément gentil, mais il faut avouer qu'il les cumulait depuis que Ruby et lui avaient rompu.
Bien que nous étions de bons amis, Hadrian ne s'était pas trop étendu sur le sujet lorsqu'il m'en avait touché mot, et s'était simplement contenté d'un "on-a-tout-les-deux-déconné-et-c'est-plus-trop-possible-elle-et-moi" accompagné d'un regard me suppliant de ne pas lui en demander plus.
Ce à quoi je m'étais tenu. Je n'avais pas non plus cherché à enquêter du côté de l'autre intéressée. Je n'avais pas cherché à lui reparler tout court, à vrai dire. Non pas que je me range du côté d'Hadrian, c'était leur histoire et ça ne me regardait pas, mais j'avais peur de ce qu'elle allait me demander si jamais nous étions amenées à discuter. J'avais peur qu'elle me pose des questions sur lui et sur la manière dont il vivait leur séparation, et j'avais surtout peur de ma réponse. J'avais toujours eu beaucoup de mal à mentir, et il aurait été difficile de lui cacher la liste grandissante du nombre de filles qu'il se tapait depuis.
Je me sentis brusquement coupable, honteuse de l'avoir complètement zappée depuis trois mois. Soupirant, je me dirigeai vers Hadrian et sa potiche, et constatai avec plaisir que Traice et d'autres Gryffondor les avaient rejoint. Tant mieux, j'aurais pas à tenir la chandelle Dieu merci.
Je saluai rapidement tout le monde - encore plus rapidement la sang-sue aggripée au bras du Gryffondor comme si elle n'était pas capable de marcher sans son épaule soliiiiiiiide et rassurante - et proposai à Traice d'aller entammer le festin qui s'offrait à nous à quelques mètres de là.
Je me retins de saliver comme une enfant devant les mets présents au banquet: poulet grillé, saumon, foie-gras, dinde, cailles et j'en passe... Inutile de préciser également la liste de cocktails qui se dressait au bar. Calmant le gargouilli de mon estomac, j'optai pour un simple jus de fruits en guise d'introduction.


C'est alors que je croisai son regard, l'air un peu perdu:
Salut, dit-elle de façon presque inaudible.
- Heu... salut Ruby, répondis-je terriblement génée.
Voilà... voilà ma punition pour l'avoir ignoré, pour ne pas avoir cherché à prendre de ses nouvelles. D'un simple regard, elle me fit sentir aussi minable que lorsque j'avais donné un coup de pied au chat de ma petite cousine cet été. Mais contrairement à elle, cette sale bête m'avait griffé. J'allais ajouter un "comment vas-tu?", mais Traice me tira par le bras, et m'invita à rejoindre les autres.
Passe une bonne soirée. dit-elle en finissant d'un trait sa coupe de champagne.
Ok, c'était le moment où jamais de se repentir. Je ne pouvais pas me barrer et faire comme si je ne l'avais jamais vu aussi radieuse. Parce que oui bien sûr elle était très jolie dans sa robe blanche brodée de noir, mais son regard était si triste, qu'il me donnait moi-même envie de pleurer... ou de taper quelqu'un, en l'occurence Hadrian qui se comportait comme un vrai connard à l'instant même. N'avait-il pas remarqué la détresse dans laquelle se trouvait Rubyà à peine dix mètres de lui?!
Je souris à Traice et lui fis signe d'y aller sans moi. J'attrapai d'une main une coupe de champagne, et une bouteille cachée derrière le comptoir, et de l'autre, je saisis le bras de Ruby pour l'entraîner hors de ce brouhaha. Il fallait que je me fasse pardonner, il fallait que je sache si elle m'en voulait, il fallait que je sache si elle allait bien...
Une fois sorties de la salle, je l'invitai à s'assoir dans un coin du hall un peu plus tranquille. La musique battait déjà son plein. Ca ferait une certaine ambiance malgré tout.
Je remplis nos deux verres du champagne que j'avais dérobé, et commençai à en siroter un peu, attendant qu'elle parle, m'accable de tous les reproches que je méritais, voire même qu'elle me tape... Mais rien ne vînt.
Alors, les yeux fixés sur mon verre déjà vide, je commençai mon mea culpa, l'air coupable:
- Ruby, je... Je suis vraiment désolée pour Hadrian et toi. Et je suis désolée de ne pas avoir pris de tes nouvelles depuis le temps... Mais c'est que je... Est-ce que... est-ce que ça va?
Après réflexion, je préfèrerais qu'elle évite de me taper. En attendant sa réponse, je nous reservis un verre; la bouteille était pleine, et ce serait bête de la gaspiller.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: ~ Picking up the pieces. [PV T.]   ~ Picking up the pieces. [PV T.] Icon_minitimeDim 6 Jan - 19:11

La foule était compacte, colorée et masquée, comme si ce soir c'était la joie qui prônait à travers les apparences. Sous son masque, on pouvait dissimuler ce que l'on voulait, on pouvait devenir un autre et se mélanger à d'autres anonymes qui n'étaient pas toujours simple à reconnaître. C'était vraiment ironique pour moi qui avait finalement abandonné mon apparente attitude de jolie petite préfète blonde pour finalement admettre à moi-même et aux yeux de tous que j'étais aussi vulnérable que n'importe qui -et plus encore. Et ce soir, dans cette foule où tout le monde pouvait se cacher, j'avais l'impression d'être à nue. Parce que j'étais seule, que je tremblais un peu trop sur mes talons et que mes boucles blondes étaient trop reconnaissables pour prétendre être une autre. Alors que tout le monde rayonnait, s'amusait, c'était comme si j'étais en décalage, pas à ma place. Où était.... Attendez. Qui voulais-je voir, hein? Ana, qui me regardait toujours de ce même regard affreux? Rita qui filait la belle vie, emplie d'une nouvelle force qui la rendait intouchable? Annalisa, ma propre soeur qui je fuyais de plus en plus pour ne pas l'inquiéter alors qu'elle se rétablissait à peine? Traice et Tirya, qui traînaient avec Hadrian la plupart du temps?.... Il n'y avait personne pour moi ici. Cette constatation m'ébranla à peine, car cela faisait depuis un bon moment que j'avais compris que je fuyais les gens qui en retour, semblaient pris au dépourvu face à mes attitudes. Il est vrai que j'agissais étrangement, passant souvent du rire aux larmes à cause de l'alcool que je buvais presque constamment désormais, toujours à l'ombre d'un coin sombre pour que personne ne se doute rien. En fait, je ne cachais plus ma tristesse mais ne faisais rien pour avoir de l'aide de quiconque, comme si j'étais un cas désespéré et que je l'affichais clairement. Je n'étais pas encore prête à laisser les gens me venir en aide, creuser mes problèmes que j'avais commence à déterrer non sans peine, parce que c'était pas facile de l'admettre mais ils étaient là, ancrés, et les nier n'avait pas aider la situation. Finalement, il n'y avait qu'une personne avec qui je voulais être ce soir, et elle était aux bras d'un autre -Lizlor.

Mais j'étais heureuse pour elle, réellement. Ce soir, c'était sa chance avec Stephen, c'était son rêve qui se réalisait et si elle était heureuse, je l'étais aussi d'une certaine manière. Il ne me fallut pas longtemps pour la deviner dans la foule, car sa robe rouge criait au milieu des froufrous roses et blanc. Il faut dire aussi qu'elle était majestueuse et qu'on ne pouvait pas la rater. Perchée sur des talons qu'elle maîtrisait à merveille, et qui la grandissaient et l'affinaient, elle évoluait gracieusement dans sa robe de soie rouge et noir qui épousait chacune de ses courbes et de ses angles. Ses cheveux se noyaient dans le tissu avec élégance, et son masque qui rappelait un chat reflétait à merveille son allure féline. A son bras, je reconnus facilement Stephen, vêtu de rouge aussi, qui semblait avoir du mal à garder son calme tandis que ses mains se nichaient dans le dos de Lizlor: elle devait lui faire un sacré effet. Malgré moi, j'eus un petit sourire de triomphe, car la maîtrise de soi-même était connue chez Fray, et qu'il n'y avait bien que Liz pour changer ça chez lui. A la manière dont elle lui faisait perdre ses moyens, je voulais bien croire qu'il y avait autre chose qu'une simple histoire de coucherie, je priais tellement fort pour qu'il le réalise... Ce soir risquait d'être le bon, c'était tout ce que j'espérais. Et, depuis mon poste d'observation, je me délectais du sourire de ma meilleure amie, tandis que mon visage affichait lui une moue perdue. Ce soir, elle et moi étions comme le Ying et le Yang: j'étais dans l'ombre et elle la lumière. Mais son bonheur m'éclairait un peu et j'espérais que ma peine ne l'assombrissait pas elle, qui vivait sa soirée de rêve.

Je fus cependant tirée de mon observation par Tirya qui me fit soudainement face. C'était comme dans la mauvais film, on se regardait avec un air gêné parce qu'on savait toutes les deux ce qu'il en était de notre relation et de mon état... Ma salutation fut plus pitoyable que je ne l'aurais voulu. J'étais non seulement pas en grande forme, mais l'apparition de la jeune fille me rappelait beaucoup de chose et je sentais le creux dans mon estomac se former à nouveau, sonnant l'alerte générale: confrontation, souvenirs, problèmes.


- Euh... Salut Ruby.

Son murmure avait été aussi honteux que le mien. J'eus un pâle sourire, tentant de montrer à la jeune fille que je ne lui tenais pas rigueur des événements récents. Ce n'était pas la peine de faire semblant, le malaise était trop présent pour qu'on joue aux meilleures copines de toute manière. Un regard vers sa direction, et j'eus un nouveau sourire triste -accompagné d'une boule au ventre. Évidemment, j'avais vu Hadrian et lui aussi, maintenant c'était le fameux jeu de "on sait qu'on s'est vus et on fait genre que non" qui impliquait regard en coin, malaise général et faux sourire à l'attention des gens autour de nous. Ce genre de moment était fréquent car nous nous croisions plus souvent que je ne l'aurais voulu et à chaque fois c'était la même chose. Je pense qu'honnêtement, la dernier fois qu'on s'était parlé... C'était quand il avait fait tomber sa plume que j'avais ramassé pour lui rendre sans réaliser que c'était la sienne. S'en était suivi un "Merci" et un "De rien.", et c'était fini. Il me semblait qu'Hadrian n'aurait eu aucun mal à me reparler, après tout nous étions amis, mais qu'il voyait bien ma peine et qu'il voulait pas se mêler de tout ça. Parce qu'il avait peur? La flemme? Je le connaissais trop bien pour savoir qu'il était passé à autre chose et qu'il tentait de respecter ma douleur. Il pensait sûrement qu'en se tenant à distance, il m'aidait à passer à autre chose. Il avait probablement raison... Mais en attendant, il me manquait, tout autant en tant qu'amant qu'ami.

Tirya sembla lire la peine qui s'était installé dans mon regard car elle fit signe à sa camarade de partir sans elle. Je reconnus soudainement Traice et son air mutin, qui fila à travers la foule. M'avait-elle reconnu? M'évitait-elle? Je ne voulais pas savoir. Je n'eus pas le temps de protester, la Gryffondor me prit le bras et m'entraîna à travers la foule vers la sortie, attrapant au passage à boire -je lui étais reconnaissante. L'air frais du hall me donna l'impression de respirer à nouveau et j'étais heureuse d'être partie de cette masse finalement. Je n'aurais jamais du venir, me semblait-il. Je continuais de me dire que ma robe valait le coup d'être montrée, mais je ne me sentais trop... Ridicule dedans, comme si je ne méritais pas de la porter, parce qu'elle était majestueuse et que moi j'étais... Voilà quoi. Je me laissais tombée sur le sol, à côté de la Gryffondor, sans dire un mot. Elle nous servit du champagne, et nous restâmes quelques minutes dans un silence déplaisant. Il n'y avait que la musique de la salle qui continuait à se faire entendre, accompagnée de rire aussi -et moi j'avais toujours la gorge nouée.

- Ruby, je... Je suis vraiment désolée pour Hadrian et toi. Et je suis désolée de ne pas avoir pris de tes nouvelles depuis le temps... Mais c'est que je... Est-ce que... est-ce que ça va?



Je ne répondis pas tout de suite. Je buvais mon champagne en silence, cherchant les mots qui restaient confus et ne venaient pas. Ses excuses me touchèrent mais elles étaient infondées: je l'aurais repoussé de toute manière. Elle était la meilleure amie d'Hadrian avant de faire ma connaissance alors forcément... Maintenant, c'était comme s'il fallait choisir son camps. Tout les Gryffondor avec qui je m'entendais bien -allez savoir pourquoi mais j'avais des affinités avec cette maison- n'étaient désormais plus vraiment en contact avec moi. Je les fuyais, ils me fuyaient... On prétendait que rien ne s'était passé, qu'on se connaissait à peine. Comme si Hadrian et moi ça avait été... Rien du tout. Tirya n'échappait pas à la règle. Je la comprenais, tous ses amis étaient dans cette bande. Et il y avait cette gêne qui était normale parce qu'elle devait craindre mes questions: comment pouvait-elle me réconforter? En me disant la vérité dont je me doutais déjà? Je ne manquais pas à Hadrian. Fin de l'histoire.

- Tu as vu que Scott sort avec Haley? C'est dommage, il était parfait pour toi d'après nos recherches... Lâchai-je avec un petit sourire.

Je faisais évidemment référence à la fête champêtre l'année dernière, cette soirée où nous nous étions vraiment rapprochées. On avait parlé de lui trouver un garçon, et Scott convenait parfaitement à la description, ivre j'avais fini par hurler son prénom dans tout le parc -heureusement qu'il n'était pas là ou ne m'avait pas entendu. Cependant, parler de cette soirée ne fut peut-être pas la meilleure idée, car à cette époque là... Je me revis dire joyeusement à Tirya qu'Hadrian n'était qu'à moi, qu'il était parfait et... Ça me paraissait si lointain et si proche, j'avais chéri ce que je possédais avant que ça ne me file entre les doigts, bien trop rapidement... Ce moment de bonheur intense avait disparu et j'avais l'impression que c'était pour toujours. Ça me manquait tellement désormais, je me sentis happée sous une tristesse qui me prit de court et je sentis l'alcool devenir triste. J'avais mal au coeur, et je sentis mes dents s'entrechoquer sur le verre de ma coupe que je continuais à boire. Sans même l'avoir réaliser, j'étais en train de pleurer tout doucement, quelques larmes roulant sur mes joues et mon menton tremblant. D'un revers de main, je les chassais avec un sourire triste. Fixant toujours mon verre, j'articulai faiblement.


- Je... Tu sais... Quand on aime quelqu'un, son bonheur passe avant... Il est heureux, je le vois bien. Alors... J'haussai les épaules, un peu dépitée. Finalement, je me tournai vers Tirya qui me regardait. Son visage était brouillée par les larmes qui s'écrasaient au coin de mes paupières. Je lui fis un mince sourire, le plus brave que je pouvais lui offrir.

Même si au fond, je n'avais jamais été aussi terrifiée de tout.
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