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~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]

 
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 ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
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Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
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MessageSujet: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeSam 4 Mai - 22:49



"Can't help myself but count the flaws
Claw my way out through these walls
One temporary escape
Feel it start to permeate

We lie beneath the stars at night
Our hands gripping each other tight
You keep my secrets hope to die
Promises, swear them to the sky."


-S’il te plait, tu m’avais promis ! Appuyée contre son dos, mon menton callé sur son épaule et mes bras autour de sa taille, je me hissais sur la pointe des pieds pour piquer un baiser sur sa joue. Malgré son visage baissé vers le chaudron, je vis clairement un petit sourire se dessiner malgré ses sourcils légèrement froncés –comme à chaque fois qu’il se concentrait sur quelque chose. Minutieusement, il attrapait à l’aide d’une petite pince des ailes de papillons dans une boite, avant de les poser sur la balance, une à une, cherchant à atteindre le 8 grammes nécessaire. Mais je n’étais pas prête à lui rendre la tâche si aisée, car, malicieusement, je laissais mes lèvres traîner dans la courbe de cou avec un petit rire amusé. Que m’avait-il promis ? De m’amener sur le toit de son appartement dont on pouvait, d’après ce qu’il m’avait raconté, voir le ciel étoilé. Je te déconcentre ? Demandai-je d’une voix faussement innocente, finissant finalement par détacher mes lèvres de sa peau tiède –je ne tenais tout de même pas à ce qu’il rate sa potion. Pendant un moment donc, je restais calme, observant ses mains qui coupait, pesait, mélangeait. Chaque geste était précis, net, et pourtant empli d’une infinie douceur. En cet instant, être une aile de papillon ne m’aurait absolument pas dérangé. Voilà, il n’y a plus qu’à attendre maintenant, on peut y aller ? Soufflai-je d’une petite voix presque suppliante.

Peut-être n’étais-je pas aussi douée qu’Ewan pour les potions, mais j’avais tout de même étudié mes leçons et avec beaucoup d’assiduité, surtout lorsque cela touchait à ma matière préférée. Je connaissais tout autant que lui la recette de l’amortensia, et je savais qu’une fois les ailes de papillons ajoutées, il fallait attendre une bonne demi-heure en laissant la potion reposer à feu doux, en évitant absolument de la toucher ou de faire bouger le chaudron. Cela nous laissait largement de temps d’aller regarder les étoiles, d’autant que je ne voulais pas rater une pareille occasion : non seulement Ewan ne travaillait pas ce samedi, ce qui nous donnait l’entière soirée rien que tous les deux, mais aussi la météo avait été plus que favorable ces derniers jours. Les nuages chassés, le ciel allait être plus dégagé, et je savais pertinemment que la météo d’avril ne serait pas toujours aussi clémente. Je voulais profiter des moindres rayons du soleil, de toutes les manières possibles. J’avais déjà troqué mes collants épais pour des bas d’un noir transparent fluide, et ma robe en laine pour une en coton, dont les volants d’un joli violet foncé contrastait avec la couleur argenté vive de la fermeture éclair qui, située sur le devant, longeait toute le tissu depuis mon cou jusqu’au milieu de mes cuisses où s’arrêtait la robe. J’avais pris cette habitude de toujours essayer d’être jolie lorsque j’allais voir Ewan, pour des raisons qui parfois m’échappaient, bien que l’une semblait évidente : je voulais simplement qu’il me trouve belle. Je n’étais pas sûre qu’il me remarque tous les détails cependant, mes ongles vernis et limés, mes cheveux méticuleusement noués en une longue natte qui jouait à serpenter dans mon dos, ou encore le léger trait d’eye-liner sur mes paupières. Mais je me sentais bien, mieux, lorsque mon apparence était soignée.

La nuit était tombée depuis un petit moment déjà, mais je savais que l’air serait moins glacial que lorsqu’Ewan et moi sortions du bar, sur les coups de deux heures du matin. J’avais pris l’habitude, depuis que nous sortions ensemble, de venir les samedis soirs pour passer la soirée avec lui tandis qu’il travaillait –parfois, nous étions coupés dans nos discussions par des clients, mais ça m’était égal. Je m’étais d’ailleurs fais une joie d’annoncer au patron et aux clients, à ma manière, que je sortais avec le barman de leur bar. Le premier soir où je l’avais rejoint, j’avais passé un peu plus de temps encore, si cela était possible, à choisir ma tenue. Je ne tenais habituellement pas à me faire remarquer, mais cette fois si était différente. Chaussée sur mes bottines à talons et avec un haut près du corps découpé dans un joli tissu aérien, j’avais traversé le bar lentement, consciente de tous les regards sur moi –je gardais mon assurance malgré tout. Une fois devant le comptoir, je l’avais lentement contourné pour rejoindre Ewan qui me regardait étrangement, et devant toute une salle visiblement médusée, je l’avais embrassé fougueusement, pressant nos corps et nos lèvres avec une malice qui me surprit moi-même. Puis, avec un petit sourire timide, je m’étais assise de l’autre côté du comptoir, j’avais demandé un chocolat chaud, et fait comme si de rien, tentant de ne pas rire des yeux écarquillés du jeune homme qui visiblement, ne s’attendait pas à une telle démonstration de ma part. Mais c’était ma petite vengeance pour avoir supporté d’être regardée comme une vulgaire proie appétissante tout ce temps. Maintenant, le message était clair : je n’étais plus disponible –de toute manière, je ne l’avais jamais été pour eux.

Avant de sortir de l’appartement, j’attrapais le gilet en laine gris que j’avais laissé sur le canapé et l’enfilais. Le parfum d’Ewan m’enveloppa soudain, et pour cause, c’était un pull que je lui avais emprunté la dernière fois, alors que j’avais été trop optimiste sur les températures –surtout que je m’étais attardée chez lui, encore une fois, et que la fraicheur de la nuit tardive m’avait surprise. Mais je ne me plaignais pas, car outre la douceur et l’épaisseur de tissu, j’aimais simplement enfouir mon visage contre celui-ci pour respirer la vanille et l’odeur plus basse, plus prenante, qui s’en dégageaient. J’avais peur que le parfum disparaisse et le soir, je voulais m’interdire de dormir avec le gilet, me contentant de l’accrocher au bord de mon lit. Mais lorsque les insomnies me prenaient, c’était plus fort que moi, je me relevais pour l’attraper et l’attirais tout contre moi. L’odeur de mes boucles blondes se mêlaient avec celle de la laine, dans une parfaite harmonie qui me calmait presque instantanément. Je ne trouvais pas forcément le sommeil aussi rapidement que m’envahissait la sérénité, mais l’attente était moins longue, moins solitaire. J’avais l’impression qu’Ewan était juste là, et que mon visage était plongé dans sa nuque que j’aimais tant embrasser.

Impatiente, je suivis Ewan sur le palier jusqu’à une échelle qu’il me désigna. En fer, elle montait sur quelques marches pour atteindre une fenêtre close et poussiéreuse depuis laquelle se dessinait le ciel sombre entre les traces de doigts qui avaient écarté la saleté.


-Je sais que ce n’est pas dans tes habitudes de garçon bien élevé, mais tu vas devoir passer en premier… Dis-je avec un petit sourire, en désignant ma robe. Malgré mon impatience, je n’oubliais pas les détails pratiques de ma tenue et compte tenu de la hauteur de l’échelle, il valait mieux qu’il n’y ait personne en dessous lorsque j’allais la monter.

Je laissais donc Ewan passer devant moi, et je sentis l’excitation monter lorsque je grimpais à mon tour, tandis qu’il avait ouvert la vitre pour s’installer sur le toit. J’avais toujours adoré regarder les étoiles, depuis que j’étais petite, et l’idée de partager cet instant avec quelqu’un d’autre, quelqu’un de spécial, c’était comme s’enfermer dans une petite bulle toute douce, une partie de mon univers. Et lorsque je sentis une légère brise chatouiller mon visage, je le levais vers le ciel, restant alors silencieuse pendant plusieurs secondes. La vue était incroyable, la nuit se découpait comme une immense toile tendue au-dessus de nous où l’on avait déposé de la poussière doré qui brillait avec intensité. Je finis par me hisser complétement et rejoindre Ewan qui était assis et me regardait un petit sourire –j’étais partagée entre la contemplation des étoiles dans le ciel et celle de ses yeux.


-C’est génial… Soufflai-je avec un sourire. Merci.

Et, comme pour le remercier encore un peu, je passai ma main sur son visage avant de l’attraper délicatement pour l’approcher du mien et, sous l’immensité du ciel, je déposais un long baiser sur ses lèvres, sentant mon cœur s’affoler. Je m’écartais finalement, frissonnante, et pour masquer mon trouble, je levais les yeux une nouvelle fois avec un sourire. Puis doucement, je sortis de la poche du gilet mon paquet de cigarettes et le tendis à Ewan avant d’en prendre une, et de sortir le briquet. Je n’encourageais pas spécialement les gens à fumer, mais nous avions pris cette habitude lui et moi, lorsque je me penchais à la fenêtre de son appartement avec une cigarette, il me rejoignait toujours et nous fumions ensemble. A chaque fois, j’étais fascinée de voir à quel point il était séduisant lorsqu’il laissait la cigarette négligemment sur le côté de ses lèvres, et par la manière dont la fumée s’échappait lentement en halo blanchâtre qui s’envolait dans l’épaisseur de la nuit.

-Tu as fini par t’y faire, au briquet… Dis-je doucement avec un petit ton amusé, tandis qu’Ewan enclenchait le briquet, objet qui l’avait longtemps intrigué, dont la flamme consuma le début de la cigarette.

Je me penchais tandis que, mettant sa main pour couper le vent, il tournait à nouveau la roulette pour que j’allume ma cigarette. Je lui fis un sourire de remerciement, avant de ranger le briquet dans le paquet, et le paquet dans ma poche. J’aspirais une longue bouffée avant de me laisser basculer, m’allongeant contre les briques, les yeux perdus dans l’immensité du ciel. Ewan était à mes côtés et pendant un petit moment, ni moi ni lui ne parlâmes, sûrement parce qu’il y avait quelque chose de précieux dans le silence et dans cet instant que nous partagions, et la simple beauté extraordinaire des milliers de petites étoiles qui s’étendaient devant nous.

-Quand j’étais petite, finis-je par murmurer doucement, de peur de briser le silence trop violemment, ma mère et moi on avait un jeu… Je sentis ma voix se perdre malgré moi. Le souvenir m’était remonté sans que je réfléchisse, j’étais si sereine que je n’avais pas songé aux douleurs qui m’apportaient ce genre de discussion –et pourtant, ce jeu dont je voulais parler, il n’avait rien de douloureux. Je sentis alors une douce chaleur se propager dans ma poitrine lorsque, silencieusement, Ewan glissa sa main libre dans la mienne, comme s’il avait compris ma gêne. Instinctivement, j’emmêlais nos doigts, les liant un peu plus fortement, et je me sentis sourire simplement, soudain soulagée. Il fallait assembler les étoiles pour faire des formes, comme pour créer nos propres constellations… Je me souviens que je voyais toujours des dragons, des oursons ou des princesses. J’ai un petit rire en me souvenant de ces moments où j’assemblais dans tous les sens les étoiles, voyant simplement ce que je voulais voir. Ma mère répondait toujours qu’elle les voyait aussi, mais je ne montrais qu’un tas de points, d’étoiles, ça aurait pu représenter n’importe quoi…

Une nouvelle fois, je me sentis rire, amusée et à la fois gênée de parler de ce genre de sujet. Je n’étais pas très à l’aise avec l’idée d’aborder ma mère, mais j’étais sereine ici, et les choses me paraissaient moins lourdes, moins douloureuses. Je me surpris à sourire en repensant à ces soirées d’été dans le jardin, où nous nous allongions dans l’herbe et ma mère passait ses bras autour de mes épaules tandis que je me collais un peu plus contre elle en riant, avant de lui pointer mes petits doigts fins vers le ciel pour y tracer ce que je voulais. Il fallait toujours attendre qu’il soit tard, pour que la nuit soit assez opaque, et chaque soir je suppliais ma mère de rester debout encore un peu pour attendre de pouvoir voir les étoiles, mais elle avait toujours la même réaction, elle me répondait « samedi soir ma chérie, regarde comme tu es fatiguée », je protestais un peu avant de m’endormir une seconde plus tard, abandonnant le combat stérile. Le rituel était petit à petit réservé au samedi, et j’attendais ce soir avec impatience durant toute la semaine – des années plus tard, j’attendrais encore le samedi soir, mais pour différentes raisons.

-Je me souviens que j’étais triste pour les étoiles… On m’avait expliqué qu’elles sont si loin de nous que le temps que leurs lumières arrivent, les étoiles peuvent avoir disparu depuis des milliers, voire des millions d’années. Je trouvais ça fascinant, d’encore briller après avoir disparu, mais je me rappelle que je me demandais si elles se sentaient seules, là-haut… Je me coupais soudain, légèrement mal à l’aise. Une nouvelle fois, j’avais laissé mes souvenirs parler sans crainte, mais je réalisais que ce n’était que des bribes d’enfances naïves et inintéressantes. Enfin, ce ne sont que des astres, pas vrai ? Conclus-je maladroitement.

Je n’étais pas habituée à livrer ces petits bouts d’enfance qu’habituellement, je gardais enfouis à l’intérieur, oubliant presque leur présence. J’avais l’impression que parfois pourtant, ils avaient ce soudain besoin de remonter à la surface, d’une manière ou d’une autre, comme si après l’incident je ne les avais pas tués, mais simplement cachés comme s’ils étaient trop fragiles pour le reste. J’avais été poussé dans ce monde où mes fantaisies n’avaient plus lieu d’être, je n’avais pas eu le temps de grandir et petit à petit, de cesser de croire aux histoires enfantines, comme le père Noël ou le prince charmant. Tout m’était tombé dessus, brusquement, et je réalisais des années plus tard qu’il subsistait une part infime de mon enfance, enfouie, qui creusait son chemin jusqu’à mes pensées et lorsque je ne faisais pas attention, elles franchissaient mes lèvres. Je savais que ce que je disais n’avait pas de sens – comment les étoiles pourraient-elles être tristes ? – mais moins que des réflexions, c’était plus des petits souvenirs qui parsemaient mes paroles. Malgré moi, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que ceux qui y avaient accès, majoritairement Lizlor et Ewan, en pensaient. Je n’avais aucune crainte pour Liz, mais je ne cessais de me demander si lui me trouvait naïve… Après tout, nous avions de nombreuses années d’écarts finalement…

Mais je ne les sentais, personnellement. J’avais toujours peur d’être celle qui avait trop confiance, celle qui idéalisait. Pourtant, j’étais la première à faire attention, à tenter de rester objective. Pouvais-je l’être lorsque cela concernait Ewan ? Lorsque j’essayais d’y penser, j’avais le cerveau pollué par mes sensations, par ses regards et je me sentais soudain étrangement euphorique. Il m’enveloppait d’un tel halo de lumière qu’il m’était impossible de me sentir jugée, mais les doutes et les peurs étaient toujours là, grinçant et rampant dans ma poitrine pour s’y infiltrer doucement et se faire une place. Mais je les chassais toujours, ou peut-être s’envolaient-ils seuls, lorsque j’étais avec Ewan parce j’étais simplement bien et que le reste m’était égal.

-Regarde par exemple, dis-je tandis que ma main qui venait de jeter la cigarette se levait vers le ciel, pointant une constellation, tu vois les trois étoiles à côté de la Grande Ourse ? Je les désignais une à une avec un petit sourire. Si tu les rejoins, avec celles qui sont en bas, on dirait un papillon… Je me tournais vers Ewan pour chercher une approbation, sauf qu’il ne regardait pas le ciel… Mais moi. Eh ! J’éclatais de rire et, lâchant sa main, j’appuyais mon corps contre le sien, posant mes deux paumes sur son torse tandis que son bras entourait ma taille. Mon visage au-dessus du sien, quelques mèches de cheveux échappés de ma natte frôlaient ses joues, et la légère brise qui soufflait en libérait le parfum –soudain, nous étions comme dans un cocon. Voyons, Monsieur Campbell, auriez-vous oublié où se trouve les étoiles ? Me moquai-je de lui avec un petit sourire.

Du bout des doigts, j’effleurai ses joues, dessinant sa mâchoire et n’y tenant plus, je me penchais vers lui pour enfermer ses lèvres dans les miennes, tout doucement. Il y avait un parallèle étrange entre l’infini de l’univers qui s’étalait au-dessus de nous, et la sensation que me provoquaient nos étreintes, ce vide dans ma poitrine qui aspirait tout et me donnait l’impression d’à la fois disparaitre et renaître, et c’était comme si tout résonnait dans un merveilleux écho en rythme avec les battements de mon cœur.

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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeMar 7 Mai - 15:47

Toujours aussi chargées, les semaines passaient les unes après les autres avec une vitesse folle. Depuis combien de temps étais-je arrivé à Pré-au-Lard ? Depuis plus de six mois : il me semblait que c'était hier que je prenais un verre avec Phil et qu'il me racontait son établissement à Poudlard, son nouveau travail, que je retrouvais l'air vicié de la Tête de Sanglier et que, grâce aux contacts de Phil, je décrochais un petit boulot supplémentaire dans la vielle taverne. A bien y repenser, oui, cela ne faisait pas si longtemps, mais d'un autre côté il s'était passé tant et tant de choses depuis qu'il me semblait que ces moments se situaient à une éternité de moi. Tout d'abord chez l'Apothicaire il y avait eu une évolution, en parallèle de cela j'avais monté mon petit business qui était de plus en plus florissant, quelques accrochages mis à part et puis... Et puis il y avait eu cette rencontre en plusieurs actes, dont le premier me laissait toujours un peu amer et honteux, surtout depuis que j'avais appris la triste vérité. Parfois, je me disais que Ruby était quand même bien conciliante d'avoir tiré un trait sur cet épisode bien peu glorieux. Avec le recul je ne savais pas ce qui m'était passé par la tête - mis à part l'attraction physique indéniable - car cela ne me ressemblait pas de forcer ainsi la main lors d'une telle rencontre ; mais quelque part, ce que nous vivions maintenant créditait, et c'était ce que je me disais pour me rassurer, mon baiser pris de force un peu trop tôt. En tout cas, même depuis ce début d'histoire, depuis notre rencontre et nos premières soirées à la Tête de Sanglier, il me semblait s'être écoulés des siècles qui avaient passé à la vitesse de la lumière - assez pour me laisser énormément de souvenirs, mais trop peu de temps aussi pour que je n'en ai pas le tournis. Aujourd'hui en tout cas, le chemin que nous avions parcouru me semblait long, mais je ne regrettais rien. Il n'y avait rien de plus que je désirais que d'être avec elle et de la tenir dans mes bras ; maintenant que j'avais accepté cela, tout était plus facile.

Malgré mes journées bien pleines - et de plus en plus - il n'y avait pas un instant qui passait sans qu'elle ne soit pas là, quelque part, avec moi. Mes rêves étaient majoritairement plus doux, comme si on les avait saupoudrés de quelques flocons pour les rendre plus cotonneux, et si mes cauchemars récurrents ne disparaissaient pas pour autant, ils étaient plus pâles, moins violents, et souvent dans mes rêves il me suffisait de penser au parfum délicat du cou et des cheveux de Ruby pour que le mauvais rêve ne dure pas plus longtemps. C'était, à vrai dire, d'une beauté et d'une simplicité déroutantes, bien plus aisé que je ne l'aurais pensé. En dehors de mon travail, officiel comme officieux, mes journées se rythmaient avec ses lettres venues de Poudlard, toutes toujours bien pliées et joliment calligraphiées, même lorsqu'elle écrivait un peu dans l'urgence. Quand parfois j'en recevais, en même temps, de mon oncle et ma tante, je m'amusais de voir l'écriture un peu brouillonne de mon oncle qui n'avait jamais été très soigneux, surtout parce qu'il accomplissait toujours plusieurs tâches en même temps. Ma semaine atteignait son point culminant quand elle venait dîner à la maison, pas tout le temps très tard car elle devait tout de même faire attention à ne pas se faire prendre, mais c'était le week-end que nous passions le plus de temps ensemble... Et de plus j'allais à reculons à la Tête de Sanglier, car non seulement cela mangeait tout mon temps, mais en plus, je détestais devoir imposer cela à Ruby. Elle résistait pour l'instant à merveille à la tentation et d'ailleurs elle m'impressionnait beaucoup, mais j'avais l'impression, en manipulant de l'alcool sous son nez et pendant toute la soirée, d'être le monstre qui la tentait. Je faisais de mon mieux pour ne pas servir de verre juste sous son nez, mais dans ce bar pas vraiment très bien entretenu et très propre, il régnait dans l'air une odeur poisseuse d'alcool frelaté, ce qui me crispait dès que Ruby arrivait. Bien que... Tout d'abord, j'avais craint de la revoir au milieu de tous ces sorciers vulgaires et peu délicats, et maintenant que... nous étions ensemble, je me rendais compte que je supportais encore moins, si c'était possible, les regards appuyés et lourds de sens des hommes trop âgés et bien peu avenants, comme Ed et sa bande de trafiquants de whisky, sur Ruby et sa belle silhouette de jeune fille qui n'avait rien à envier à personne. Fort heureusement, elle m'avait largement devancé en débarquant lors d'une des premières soirées dans des habits si près du corps que mon cerveau avait crié à l’indécence, avant de venir se charger personnellement de mettre au courant l'ensemble du bar, en me donnant un baiser digne de ce nom. Pendant les minutes qui avaient suivies, je ne pouvais pas le nier, j'avais eu un sourire un peu vague, tout en m'efforçant de ne pas perdre de ma contenance, mais en toute honnêteté, plus rien ne comptait trop d'autre que son goût encore présent sur mes lèvres et les regards que nous nous lancions. Malheureusement, ça n'avait pas suffit et il n'était pas rare que des sorciers se rincent l’œil quand elle était là, mais me chargeais personnellement de leur faire détourner le regard, et je devais être plutôt convaincant, car ils ne s'attardaient jamais bien longtemps. Probablement qu'ils étaient tout de même suffisamment assez intelligents pour comprendre que froisser le barman qui leur distribuait leur tafia n'était pas la meilleure idée qui soit. Tant mieux.

Quand je m'étais rendu compte que ce week-end était un week-end de congé, qu'on nous imposait de temps en temps, ce fut un soulagement. Pas parce que j'allais pouvoir dormir - j'avais abandonné pour de bon tout mon sommeil en retard quelque part derrière moi, je n'avais pas le temps - mais parce que j'allais pouvoir passer une soirée entière et pas coincés à la Tête de Sanglier avec Ruby. La veille, j'avais vu Phil et comme à notre habitude nous n'étions pas rentrés très tôt, mais tant pis pour la fatigue, la simple perspective de cette soirée avec Ruby suffisait à me donner toute l'énergie nécessaire. En revanche, je l'avais prévenue, comme j'avais des rendez-vous l'après-midi, il allait juste falloir que je finisse une potion que j'avais commencé le matin, et j'en étais désolé car je ne voulais pas paraître malpoli, mais d'un autre côté je savais que ce n'était pas le genre de choses qui la froissaient. Et puis, faire des potions ensemble était devenu un petit rituel qui m'enchantait, je pense, autant qu'elle - il n'y avait rien qui ne me faisait plus plaisir de savoir que nous partagions tant de choses, et j'espérais qu'elle comprenait combien j'en étais heureux.


- S’il te plait, tu m’avais promis ! Mais aussi comme à son habitude, elle aimait à me déconcentrer et j'aimais à me laisser déconcentrer, car les baisers qu'elle piquait dans mon cou et sur mes joues, ses bras enroulés autour de moi, tout cela provoquait un délicieux bouleversement à l'intérieur de moi. Tâchant de mesurer la bonne dose d'aile de papillons, je ne retins pas un sourire, en m'appuyant un peu plus contre elle tout en faisant semblant que je ne me laissais pas aussi facilement déconcentrer. Je te déconcentre ? Je fis mine que non, mais mon cœur battait avec plus de force, tandis que chaque contact entre ses lèvres et ma peau me perturbait d'avantage. Néanmoins, je m'efforçai de finir ma potion, mélangeant méticuleusement le contenu qui se mit à briller, comme il le fallait. Je jetai un coup d’œil à l'horloge : il fallait que cela repose. Voilà, il n’y a plus qu’à attendre maintenant, on peut y aller ?

Abandonnant mes ustensiles, je lançai un regard amusé à Ruby. J'étais simplement content de la voir si souriante et si enjouée, et parfois, j'aimais à croire que j'étais responsable et cause de son bonheur, et si c'était un peu égoïste, c'était également un intense sentiment de satisfaction.

- On y va, on y va ! ris-je devant son impatience. Par contre, pas de bruit sur le palier. Sinon, la voisine va débarquer, et tu peux dire adieu à notre soirée sur le toit, conclus-je, amusé.

Je lui avais fait part des frasques de ma voisine, cette vieille dame trop seule qui m'avait agacé au départ, mais que j'avais appris à apprécier, et chez qui j'allais dîner de temps en temps. Le fait était qu'elle n'avait personne pour lui rendre visite si ce n'est moi et qu'elle en profitait parfois un peu trop, et il n'était pas rare qu'elle nous entende monter l'escalier, sorte sur son palier au même moment pour discuter avec nous et nous tenir la jambe - Ruby en avait déjà fait l'expérience. Ce n'était rien de méchant, elle était drôle et sympathique, et quelque part c'était un peu triste, mais il y avait des moments, comme là, où je n'avais vraiment pas envie d'écouter poliment ses histoires. C'était en tout cas grâce à elle que j'avais découvert l'existence de cet endroit au-dessus de mon appartement, car j'avais dû aller récupérer son chat qui, grimpant le long d'une gouttière, était allé se percher sur le toit et ne pouvait plus en descendre. Du coup, elle m'avait montré la vieille échelle en fer un peu rouillé qui montait vers le toit, et la fenêtre qui s'ouvrait - en montant, javais constaté que, si d'un côté le toit recouvert d'ardoises comme la plupart des toits de Pré-au-Lard était trop pentu pour qu'on puisse marcher dessus, il y avait une petite terrasse en briques, prévue pour je ne sais quelle occasion, d'où on voyait tous les toits du village, les champs autour et, majestueux, le château de Poudlard un peu plus loin. J'y étais remonté peu, une fois avec Joseph et Jess, de temps à autre, mais j'aimais cet endroit, surtout quand le ciel était clair et que les étoiles brillaient avec force. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais le fait d'être sur un toit me donnait l'impression d'être plus près des étoiles - de tendre le bras et de presque les toucher.

Sans doute que j'y montais peu aussi car les souvenirs de Jamie et moi, en cachette sur le toit de notre maison, lorsque nous escaladions le conduit extérieur de la cheminée, n'étaient pas bien loin. Les nuits d'été, nous nous installions sur le parapet. Nous nous moquions d'Oxford, de la ville endormie, de notre quartier résidentiel - la nuit était à nous, dans ces moments-là, et cela revenait, pour nos jeunes années, à nous dire que le monde était à nous. Je n'arrivais pas à savoir si ces souvenirs me rendaient triste, ou juste un peu mélancolique.

Sur le palier, je me tournai vers Ruby qui avait enfilé mon gilet, posant mon doigt sur mes lèvres en souriant autant qu'elle. Merlin... Cette robe m'avait, me semblait-il, réellement retourné le cerveau lorsqu'elle était apparue dans l'embrasure de ma porte. Le pire était la petite fermeture éclair, brillante même dans l'obscurité, qui ne cessait d'attirer mon regard et d'attiser mes envies. Je ne me rappelais pas un jour où je ne m'étais pas dit en voyant Ruby "elle est magnifique" et j'avais peur, parfois, de la regarder avec un peu trop d'insistance pour que ce soit poli. Enfin, ce soir-là elle ne m'aidait pas non plus : ses jolis cheveux tressés dégageaient sa nuque, ses épaule, sa gorge, et le tissu fin de sa robe me laissait agréablement imaginer ce qu'il y avait en dessous. Ce n'était pas vraiment évident, mais bon. Tant pis.


- Je sais que ce n’est pas dans tes habitudes de garçon bien élevé, mais tu vas devoir passer en premier…

Elle prononça ses mots au moment même où je me faisais cette réflexion - je remerciais la pénombre du palier de masquer mon sourire alors que je pensais à ce à quoi elle voulait en venir, et passai le premier, vérifiant la solidité de l'échelle, et ouvrant la fenêtre en grand avant de me hisser sur le toit. L'air était frais mais pas froid. Je balayai la vue du regard. C'était splendide, et quelque chose dans la lumière pure et blanche qui descendait des étoiles était aussi enchanteur que mélancolique.

- C’est génial… Merci, murmura Ruby après que je lui ai tendu la main pour qu'elle monte sans difficultés.

L'un en face de l'autre, nous nous dévisagions avec cette intensité qui nous était familière, et encore une fois, je constatai que dans la douceur de ses yeux il brillait, toujours, les mêmes petites étoiles que dans le ciel. Tout naturellement, mon bras vint entourer ses épaules tandis qu'elle se penchait vers moi et m'offrait ses lèvres. Ce fut plus doux au départ et de plus en plus intense, mais ni l'un ni l'autre ne voulions rompre ce baiser qui était tout particulier, qui était à l'abri sous ce ciel étoilé, et j'avais tellement envie que nous ne vivions que des moments comme ceux-là, loin de tout le reste du monde, et loin de nos mauvais souvenirs, elle comme moi. Sans doute que l'atmosphère s'y prêtait, mais de la voir émerveillée comme une enfant pressait tristement mon cœur. Je retrouvai dans son sourire et dans ses yeux brillants levés vers le ciel tout ce qu'elle avait perdu, tout ce qui brillait en elle mais qu'on avait éteint, et j'étais si profondément désolé de ne pas avoir le pouvoir de sauver cette enfance qui n'était plus en elle, que j'avais envie de la serrer contre moi, très fort, pour purger toute sa peine et que la chaleur de nos câlins l'enveloppe entièrement.

J'allumai nos cigarettes, acceptant volontiers celle qu'elle me tendait, puis le briquet. Je préférais les herbes que fumaient mon oncle, mais j'aimais partager cela aussi avec Ruby. La flamme éclaira quelques secondes nos deux visages, et les flammes qui dansèrent sur sa peau claire firent écho à mes pensées - elles étaient faites d'ombre et de lumière, comme tout ce qui résonnait en elle. Je me sentais impuissant de ne pas pouvoir amener de la lumière, claire et éblouissante, pour chasser tous les recoins sombres.


- Tu as fini par t’y faire, au briquet…

- Oui ; finalement, on ne connaît pas assez les astuces des Moldus. Je suis sûr qu'ils ont beaucoup à nous apprendre aussi,
concédai-je en lui rendant son briquet. J'aimais bien cette petite différence entre nous, car nous nous apprenions souvent quelques petits détails que l'un ou l'autre ignorait.

Nous étions allongés, épaule contre épaule et je n'avais qu'à tourner la tête pour voir son visage, tout proche du mien. Son odeur parvenait jusqu'à moi par effluves, selon les petits courants d'air. Je voyais difficilement comment j'aurais pu être plus heureux en cet instant : les yeux perdus dans le ciel dans lequel les étoiles étincelaient, je voyais un espace infini, je ressentais un espoir qui ne rencontrerait jamais de barrières, et si je savais qu'il n'en serait pas toujours ainsi et que ce moment était particulier, je m'y laisser bercer sans aucune résistance. Plus souvent que Ruby qui elle admirait le ciel avec cette candeur désarmante, où il brillait pourtant une solennité et un sérieux si profondément ancrés en elle que c'en était intimidant, je lui jetai des coups d’œil, admirant le dessin de son profil, ses lèvres entrouvertes d'où s'échappait une petite colonne de fumée de temps à autre - je trouvais cela tellement sensuel que j'aurais pu la regarder des heures, ne pensant qu'à une seule chose, être cette fumée bien chanceuse nonchalamment expirée entre ses deux jolies lèvres entrouvertes.


- Quand j’étais petite, ma mère et moi on avait un jeu…

Sa voix venait de perturber doucement le silence de la nuit et je détournais la tête, m'arrachant avec effort de mes fantasmes inavoués, regardant à mon tour les étoiles. Sous cette simple phrase siégeaient tant de souvenirs et de ressenti que je glissai ma main dans la sienne, intercalant mes doigts, pour lui montrer mon soutien, pour la sentir encore plus près de moi, et tout simplement, aussi, parce que j'en avais envie.

- Il fallait assembler les étoiles pour faire des formes, comme pour créer nos propres constellations… Je me souviens que je voyais toujours des dragons, des oursons ou des princesses. Ma mère répondait toujours qu’elle les voyait aussi, mais je ne montrais qu’un tas de points, d’étoiles, ça aurait pu représenter n’importe quoi…

Je répondis à son rire, même si quelque chose dans cette anecdote était bien plus triste qu'il n'y paraissait. J'aimais quand elle me parlait de ce genre de choses, je me plaisais à l'imaginer enfant, à me dire qu'un jour, oui, elle avait été une petite fille insouciante, avant que le drame arrive. Cela ne suffisait pas, mais c'était une consolation tout de même... Concernant sa mère, j'avais beaucoup de mal à comprendre pourquoi elle avait fait cela à son propre enfant qui n'était qu'une victime des horreurs des adultes, mais hélas, quand à moindre échelle je me référais à ma mère qui n'était même pas capable de gérer le fait qu'un de ses fils ait survécu, c'était avec une sorte de fatalité que je me disais que... C'était comme cela, et nous n'y pouvions rien.

Pour ma part, les dessins dans les étoiles m'étaient bien familiers aussi, et c'était d'ailleurs une blague récurrente avec Jamie et nos amis d'Oxford, car lors des derniers étés, alors que nous devenions des adolescents et goûtions aux penchants habituels de cet âge-là, nous buvions en cachette de l'alcool volé à l'épicier de la rue, dans le grand champ qui surplombait notre quartier. Nous étions jeunes et puisque ce n'était nos premiers vrais essais avec l'alcool, nous étions loin d'être ivres morts, mais c'était les premières sensations d'ivresses et probablement les plus agréables et les plus douces à la fois. Nous avions pour habitude de regarder les étoiles, ensuite, allongés dans l'herbe, décuvant ce que nous avions bu, et Jamie et moi avions une énergie débordante à ce sujet-là - j'ignorais pourquoi, mais nous voyions toutes sortes d'oiseaux dessinés avec les petits points lumineux. A chaque fois, il nous fallait de longues minutes avant de réaliser que l'oiseau duquel nous parlions n'était absolument pas le même pour nous deux, absolument pas au même endroit, et nous riions toujours à n'en plus pouvoir, ce n'était rien mais c'était un souvenir rien qu'à nous, qui nous faisait sourire à chaque fois que nous parlions d'observer les étoiles.


- J'y ai toujours vu des oiseaux, des aigles, des colombes, confessai-je le sourire aux lèvres. Je savais que je n'étais pas capable de dire avec qui je regardais les étoiles : parfois, l'absence de Jamie était trop présente, trop oppressante, elle m'étouffait et je ne pouvais juste pas la laisser s'exprimer, par crainte de ne pas retrouver mon souffle. Regarde : avec les trois étoiles là, c'est les pattes... Là les ailes déployées... Et là, le bec de l'aigle, expliquai-je en montrant du doigt les étoiles qu'il fallait mettre en relation. Et toi, où vois-tu des dragons? demandai-je, à la fois curieux et amusé.

- Je me souviens que j’étais triste pour les étoiles… On m’avait expliqué qu’elles sont si loin de nous que le temps que leurs lumières arrivent, les étoiles peuvent avoir disparu depuis des milliers, voire des millions d’années. Je trouvais ça fascinant, d’encore briller après avoir disparu, mais je me rappelle que je me demandais si elles se sentaient seules, là-haut… Enfin, ce ne sont que des astres, pas vrai ?

Moi aussi, j'étais triste pour les étoiles, mais pour une plus particulièrement parce qu'elle brillait avec plus de force que les autres et que cette énergie qu'elle avait, elle ne la devait qu'à elle-même, parce qu'elle se battait pour être comme les autres, et quelque part, je trouvais qu'on ne lui reconnaissait pas assez de mérite - mais je serrai les lèvres, laissant mon regard errer au dessus de nous.

- Je ne sais pas... Je me suis toujours demandé comment elles, elles nous voyaient, dis-je tout haut sans vraiment me rendre compte que je laissais mes pensées s'exprimer. Est-ce qu'elles nous regardaient, tous les deux sur notre toit, est-ce qu'elles remarquaient le lien qui nous unissait et qui nous faisait briller nous aussi ?

Pour tout réponse je me tournai de nouveau vers le profil de Ruby, et m'y laissai entraîner. Ma main n'aurait pas été emprisonnée dans la sienne que j'aurais laissé courir le bout de mes doigts sur la courbe de son profil - le front, le nez, le creux avant les lèvres, les deux petites montagnes des lèvres, le menton, le cou... Il m'était de plus en plus difficile d'ignorer mes pensées à ce besoin physique que j'avais d'être près d'elle et contre elle, à tout ce que j'avais envie de découvrir, à ce que j'imaginais. Je n'y cédai pas et ne changeai rien à mon attitude, mais c'était de plus en plus oppressant en moi, agréablement oppressant cependant, et je me demandais si elle ressentait la même chose, même si jamais je n'aurais osé lui demandé. A ce sujet, j'avais tellement peur de mal faire, tellement peur de la mettre à l'aise ou de faire des gestes mal interprétés ou qui lui rappelleraient des mauvais souvenirs, qu'il était bien plus sage de ne pas les exprimer. Mais quand je l'observai ainsi... Qu'elle était belle ! Toute la douceur qui émanait de ses traits m'hypnotisait. Je m'étais rapproché, tout près, sans trop m'en rendre compte, pour respirer son parfum enivrant.

- ...de la Grande Ourse ? Si tu les rejoins, avec celles qui sont en bas, on dirait un papillon… Eh ! Voyons, Monsieur Campbell, auriez-vous oublié où se trouve les étoiles ?

... Je me mordis les lèvres, pris sur le fait. Je n'avais même pas entendu ce qu'elle me disait, et quand elle se redressa et se pressa contre moi, j’arborai un petit air coupable, sans ne cesser de sourire toutefois.

- Pas du tout, elles sont juste là, niai-je en emprisonnant de ma main qui n'était pas autour de sa taille, sa joue, puis en glissant ma main dans ses cheveux.

Sa natte avait glissé le long de son épaule et chatouillait la mienne, et quand elle m'embrassa, je sentis mon cœur démarrer au quart de tour. Tout d'un coup, cette proximité m'était presque insupportable - ses longues jambes contre les miennes, sa poitrine pressée contre moi, son souffle qui coupait le mien, la douceur tellement sensuelle de ses lèvres, et les étoiles au-dessus de nous, complices de nos émotions. J'essayai de ne pas trop perdre pied, mais j'avais en même temps très envie de me laisser faire, et ma main autour de sa taille s'attarda un peu, la caressa, et s'énerva un peu contre le tissu de la robe qui la séparait de la peau, en dessous. Mon autre main glissa dans sa nuque et quand elle s'écarta, je l'attirai vers moi une nouvelle fois, réclamant encore un baiser, puis un autre ; comme un besoin pressant, je ne pouvais plus trop m'arrêter. J'essayai de rester le plus doux possible mais quelque chose au fond de moi s'agitait et me brûlait...

La sonnerie, lointaine, étouffée mais distincte dans le silence bienfaisant de la nuit, m'obligea à me reprendre, à nous interrompre. Je regardai Ruby non sans regrets, mais elle comme moi nous savions que je devais redescendre si je ne voulais pas rater ma potion, et étant donné le prix qu'allait me donner mon client pour cette dose d'Amortensia améliorée, je ne pouvais certainement pas cracher dessus. Je me levai en attrapant sa main et en l'aidant à se relever - une fois debout, j'attirai sa taille tout contre moi et embrassai une fois son cou, sa bouche, sa tempe, son front, avant de regarder une dernière fois le ciel, puis de nous diriger vers la fenêtre. Je l'aidai à descendre la première puis la suivis, refermant le carreau derrière moi. Je fis bien, car le chat de la voisine était devant ma porte, guettant probablement le moment où il pourrait s'échapper sur le toit, et nous dûmes attendre qu'il veuille bien se pousser de mon paillasson pour rentrer dans l'appartement.

D'un coup de baguette magique, je rallumai les quelques bougies qui éclairaient le salon et me dirigeai vers le chaudron.


- Je n'en ai pas pour longtemps, m'excusai-je, mais il fallait vraiment que je termine cette entreprise.

Me penchant au-dessus, je constatai que c'était une réussite : la couleur nacrée, dorée, était parfaite, les volutes de fumée qui montaient en rond, caractéristique de ce philtre d'amour, indiquaient que tout était parfait. Je tournai une dernière fois dans le sens des aiguilles d'une montre, puis éteignis les flamme sous le chaudron. L'odeur était de plus en plus forte dans mes narines, et je la connaissais bien... Elle sentait l'herbe fraîche et le feu de bois, et... Mais c'était différent. Je m'arrêtai une seconde - sans parvenir toutefois à être vraiment surpris. Bien sûr. De nouvelles odeurs s'ajoutaient à mon parfum d'Amortensia, mais pas si nouvelles que cela... Une odeur florale, fraîche, du muguet, une pointe plus prononcée et plus piquante - la menthe poivrée, que j'avais tout de suite remarqué et tout de suite apprécié en sentant le parfum de Ruby. Et puis au fond, une odeur plus capiteuse, plus enivrante... Une odeur unique, dont la fragrance était irrésistiblement féminine, sensuelle. Ruby était là, pas uniquement chez moi mais présente partout, dans l'air - son parfum s'échappait des volutes de mon Amortensia et embaumait tout mon appartement.

Je relevai la tête en souriant. Au fond, ce n'était pas une nouveauté... Mais cette preuve tangible me bouleversa tout de même un peu. J'étais amoureux d'elle, je le savais, c'était une simple confirmation, mais tout de même... Je ne pouvais pas retenir les battements un peu plus rapides de mon cœur. Je n'avais, je crois, jamais ressenti cela pour quelqu'un, avec autant de force, d’aplomb, de certitude. Quelque part, c'était un peu effrayant.

Je ne sais exactement ce que j'imaginais dire en relevant les yeux et en cherchant Ruby du regard... Mais ce que je vis me fit tout de suite changer d'attitude. Ruby, qui s'était installée sur le canapé en m'attendant, paraissait plus... prostrée qu'autre chose. Quand je compris que le regard qu'elle lançait vers un des placards s'arrêtait en réalité sur la bouteille de Pur-Feu que Matthew m'avait envoyée et que j'avais oublié de ranger - car j'avais soigneusement mis à l'écart les quelques bouteilles d'alcool que je possédais - je manquai de m'assommer la tête contre le mur, tellement je ressentir une colère aiguë contre moi-même. J'avais oublié cette stupide bouteille, en hauteur donc un peu hors de portée du regard. Ni une ni deux, je laissai tomber mon flacon en verre sur la table, il roula avant de s'immobiliser, je levai ma baguette et fis disparaître la bouteille de Pur-Feu. L'instant d'après, j'étais assis à côté de Ruby, j'avais attrapé ses mains entre les miennes car elles étaient crispées, recroquevillées, et je cherchai son regard, pour lui assurer que tout allait bien.


- Je suis désolé, m'excusai-je platement. Ça va aller ? Je pressai ses mains plus forts. Collant mon visage contre le sien, j'inspirai cette odeur qui faisait battre mon cœur. Tout va bien, continuai-je, pour elle comme pour moi. Sans réfléchir, j'attrapai ses lèvres entre les miennes et les embrassais, cherchant la force nécessaire pour l'aider à combattre ce qui tentait de lui faire du mal et de me l'arracher.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeJeu 9 Mai - 21:25

J’avais fini par accepter et m’y habituer : lorsque j’étais avec Ewan, le temps se figeait. J’avais l’impression d’être loin du reste, dans une bulle où rien ne pouvait nous atteindre. J’en oubliais la peur et la gêne, je n’étais plus aspirée par la crainte qui m’éloignait habituellement des autres, j’avais l’étrange sentiment d’appartenir à l’instant présent et d’en profiter pleinement. Pourtant, d’une certaine manière, chaque moment passé avec lui passait trop vite à mon goût, et je ne voyais jamais les minutes défiler. Je n’avais pas le temps de contrôler, de réguler, tout filait déjà entre mes mains qui s’abritaient dans sa nuque pour en dessiner la courbe. Mon cœur battait toujours d’un rythme délicieux qui résonnait en un écho qui me berçait, et parfois le soir quand je fermais les yeux dans mon lit froid et vide, j’étais persuadée de l’entendre qui s’agitait encore jusque dans mes oreilles. Tout avait pris un angle différent, et je n’étais pas sûre que les choses reprendraient leur place normale un jour –d’ailleurs je n’étais plus sûre qu’il y ait eu quelque chose de normal et d’équilibré avant Ewan. J’avais l’impression qu’en seulement un mois de relation, j’étais allée plus loin que je ne l’avais fait en presque huit mois avec Hadrian, et ça m’enchantait autant que ça m’effrayait car je ne pouvais m’empêcher, en plongeant mes yeux dans ceux d’Ewan alors que nous venions de monter sur le toit, de me demander s’il ressentait la même chose.

- Oui ; finalement, on ne connaît pas assez les astuces des Moldus. Je suis sûr qu'ils ont beaucoup à nous apprendre aussi.

J’hochais la tête en souriant. J’avais toujours eu un rire, amer certes, lorsque j’entendais certains sorciers parler des moldus. Sûrement ne réalisaient-ils pas, parce qu’ils n’avaient jamais voulu prendre le temps, que l’ingéniosité dont faisaient preuve ceux qui n’avaient pas de pouvoir magique était brillante. Expliquez le principe d’une potion à un moldu, et il vous regardera comme si vous étiez fou. Mais parlez donc d’un médicament à un sorcier, et voyez sa réaction. Il suffisait d’ailleurs de regarder certains de mes camarades lorsqu’ils sortaient du cours d’Etude des Moldus… Je me rappelais encore de cette fille de Poufsouffle avec qui je traînais beaucoup avant de rencontrer Lizlor, qui m’avait demandé ce qu’était que le métro car elle vivait à la campagne et n’avait jamais compris, lorsqu’elle allait à Londres, ce que c’était. Elle était restée incrédule devant ma description de ce serpent métallique qui courait sous la ville. Peut-être n’avions-nous de portoloins, mais nous avions des métros, des voitures et des avions, et j’avais toujours eu l’impression que les moldus comblaient l’absence de magie de nombreuses façons très astucieuses que j’étais heureuse de comprendre –et encore plus de les partager avec Ewan qui semblait très curieux.

Je nouais mes doigts entre les siens en fixant les étoiles, laissant la fumée s’envoler lentement entre mes lèvres, au fur et à mesure que remontaient les souvenirs de mon enfance. Je me sentais si petite devant l’immensité de l’univers que mes histoires étaient indolores, parce que ce n’étaient que de minuscules poussières dans l’ensemble du système solaire… D’une certaine manière, j’avais toujours cette pression dans la poitrine lorsque je songeais à quel point nous étions infimes et fragiles au milieu des autres étoiles. Qu’étions-nous face à elles qui brillaient durant des milliers années alors que nous n’avions nous, que quelques années pour essayer d’émettre un peu de lumière ?


- J'y ai toujours vu des oiseaux, des aigles, des colombes. Un peu surprise, je tournais mon visage vers le sien. Il fixait le ciel, avec un petit sourire absent et si je ne posais pas la question, j’eus d’instinct le sentiment qu’il y avait d’autres souvenirs accrochés à ce qu’il me disait. Parce que lorsqu’il avait regardé les étoiles plus jeune, j’étais persuadée que Jamie n’avait pas été bien loin mais je ne dis rien, me contentant de passer mon pouce sur le dos de sa main. Regarde : avec les trois étoiles là, c'est les pattes... Là les ailes déployées... Et là, le bec de l'aigle.

Je regardais en me concentrant ce qu’il me montrait, fronçant tout de même les sourcils. Hum, c’est vrai qu’on aurait pu voir des ailes, mais je ne voyais en riant un bec… Ah, si peut-être que si je me tournais comme ça…

- Non… Laissai-je échapper avec un rire. Je crois que je vois plutôt un avion. C’est comme un gros oiseau en fer, c’est moldu, ça permet de voler et de parcourir de longue distance, je suis sûre que tu as du déjà en voir. Expliquais-je, avant de passer mes doigts dans le ciel pour montrer des étoiles. Avec celles-ci, on dirait le nez de l’avion. Dis-je avec un petit sourire. Je l’ai pris une fois quand j’étais petite. Je croyais que les nuages étaient comme de la barbapapa, je ne comprenais pas comment l’avion pouvait passer à travers.

J’eus un petit rire une nouvelle fois en m’en rappelant. Nous étions allés à Paris, et on m’avait expliqué que mon arrière-grand-mère maternelle était française, et que j’avais des origines françaises. Je ne comprenais pas non plus pourquoi alors, je ne parlais pas français si c’était dans mon sang –je me souvenais encore du rire de ma mère quand je lui avais fait part de mes interrogations.

- Et toi, où vois-tu des dragons?
- Je n’en vois plus…
Dis-je en riant. Au fond cependant, j’avais une sensation plus amère, car je me souvenais qu’après l’incident, je ne voyais plus que des points dans le ciel et mon imagination semblait avoir été effacée brusquement par les horreurs qui désormais s’accrochaient à moi et balayaient l’enfance. Mais c’est parce qu’à Noël, mon pè… On, je m’étais rattrapée à temps, mon cœur se contractant, m’avait offert un livre de contes. Les moldus ne croient pas à la magie, mais il y a pleins d’histoires pour enfants avec des sorcières et des dragons. J’adorais les dragons, je voulais qu’on m’en achète un pour mon anniversaire… Je ne pus m’empêcher de rire. Tu imagines ma surprise quand j’ai découvert que ça existait vraiment. J’aimerais beaucoup en voir un, d’ailleurs. Confiai-je avec un petit sourire.

J’étais sûre que c’était encore mieux que dans mes rêveries de petites filles, et j’avais lu beaucoup de livres dessus en arrivant à Poudlard, m’émerveillant des illustrations. Mais nous ne pouvions pas en étudier ici, c’était bien trop dangereux et je me contentais de licornes en attendant.


- Je ne sais pas... Je me suis toujours demandé comment elles, elles nous voyaient.
- Je suis sûre qu’elles voient deux étoiles sur un toit.
Soufflai-je, d’un ton plus sérieux que je ne l’aurais cru.

Peut-être que c’était ainsi que je me sentais avec lui finalement ? Comme un astre qui brillait un peu, j’avais l’impression que je n’étais pas aussi minuscule et insignifiante que j’aurais pu le croire… Et peut-être que lui aussi, il se sentait ainsi ? Alors qu’il eut un air faussement désolé lorsque je m’appuyais contre lui en lui reprochant d’oublier où se trouvait les étoiles, sa réponse me fit d’autant plus sourire.


- Pas du tout, elles sont juste là.

J’eus un petit rire, mais bientôt il s’envola dans notre baiser qui s’intensifia et j’eus un petit sourire. Il était beau, sous mes doigts, songeai-je en m’écartant un moment avant qu’il n’attire à nouveau mes lèvres contre les siennes. Mon cœur crépitait, parce qu’il avait sa main dans la chute de mes reins et qu’il jouait contre le tissu délicatement, avec une certaine nervosité lorsqu’il le saisissait, et tout mon corps frissonnait de ce simple toucher. Ce n’était pas facile de tempérer mes émotions dans ce genre de situations, comme si je voulais plus tout en le craignant, mais j’étais incapable de correctement me raisonner lorsqu’il continuait de m’embrasser si doucement, et j’avais le cœur qui tambourinait un peu plus en goûtant le parfum de ses lèvres. Je ne voulais jamais que cette sensation s’arrête, elle était indescriptible mais me prenait toute entière, depuis le contact de ses lèvres jusqu’aux battements de mon cœur, et c’était comme une petite symphonie à laquelle j’avais pris goût rapidement. Mais elle devait toujours s’arrêter, à un moment, et lorsque la sonnerie de l’horloge nous indiqua que la potion était prête, j’eus un petit sourire embêté avant de m’écarter. En nous levant, je le laissais déposer quelques baisers sur mon visage et dans mon cou –j’adorais lorsqu’il faisait cela, parce que j’avais l’impression qu’il m’observait et m’explorait du bout des lèvres – avant de descendre la première. Devant la porte, il y avait le chat de la voisine, et j’agitais mes doigts devant ses pupilles brillantes avec un rire. Se dressant sur ses pattes, il chercha à les attraper, et les suivis lorsque je déplaçais ma main pour qu’il libère le paillasson.

- Je n'en ai pas pour longtemps. S’excusa Ewan lorsque nous entrâmes à nouveau chez lui.
- Ne t’inquiète pas. Soufflai-je. Avant qu’il ne s’approche du chaudron, je n’avais pu me retenir de passer devant et d’y jeter un coup d’œil. La potion est réussie, de toute manière. Dis-je simplement avec un petit sourire.

C’était simple… Toute la pièce était plongée dans un doux parfum qui s’échappait en volute de fumée claire, et je reconnaissais les moindres notes qui le constituaient. L’odeur des livres neufs, qui me rappelaient inlassablement cette fois où ma mère m’avait amené dans une librairie lorsque j’apprenais à peine à lire, et que j’avais plongé mon nez dans les pages. Depuis cette odeur ne m’avait jamais vraiment quitté, et ce sentiment étrange lorsque je passais mes doigts sur une couverture brillante et douce. Les livres étaient comme une porte que j’avais laissé trop longtemps fermé après l’incident et petit à petit, ce qui se trouvait derrière m’avait attiré –des explications, des connaissances mais aussi parfois des histoires qui m’entraînaient loin du quotidien. C’était un sentiment de puissance que m’avait donné la lecture, et cette odeur qui se répandait dans l’appartement en était bien la preuve. Puis, s’y ajoutant, du jasmin, celui qui poussait dans notre jardin quand j’étais petite et qui m’avait toujours fasciné, parce que je trouvais la fleur incroyablement belle, et que j’adorais plonger mon petit nez dans les pétales en riant. C’était d’ailleurs étrange que des détails de mon enfance se retrouvent dans cette potion, comme si les mauvaises choses qui étaient arrivées ensuite ne pouvaient pas totalement effacer ce qu’il y avait avant, malgré tout… Mais ce n’était pas tout. Un nouvel effluve me parvint, et je distinguais très clairement du citron, le sable chauffé par le soleil et la cannelle –mon cœur se serra. Je connaissais cette odeur par cœur, et j’entendis presque le rire de Lizlor. Je lui avais dit la dernière fois que nous avions manipulé cette potion en classe, que j’avais senti son odeur, et elle avait aussi senti la mienne, cette constatation nous avait fait rire et je me souvenais encore de notre étreinte après avoir réalisé cela. Mais je me rappelais aussi de la troisième vague de parfum qui s’était élevé la dernière fois, celle des habits neufs et du shampoing à la clémentine… Evidemment, mais je fus un peu déstabilisée, l’odeur ne s’échappait plus de la fumée, remplacée à présent par une autre qui embaumait toute l’atmosphère. Elle était d’ailleurs bien plus présente que les autres, et j’eus un sourire que j’effaçais en me mordant la lèvre. Ce n’était même pas étonnant, simplement troublant, que même une potion réussisse à me percer à jour ainsi.

Mais dans cette odeur, il y avait quelque chose de plus difficilement supportable, parce que si je l’avais déjà remarqué, la potion ne faisait que l’amplifier et elle revenait par vague plus importante, envahissant et engourdissant mes sens. C’était celle du whisky, plus basse et plus profonde, enivrante surtout… Je crispais un peu mes mains sur ma robe, respirant un coup. J’avais appris à m’habituer à ce genre de moment, les samedis soirs en étaient souvent jonchés car au bar la tentation et l’envie n’étaient jamais loin –mais je refusais de l’admettre, surtout devant Ewan. Je préférais sourire, le regarder, l’embrasser doucement par-dessus le comptoir pour penser à autre chose et il fallait attendre quelques minutes pour que le manque retombe, même si d’une certaine manière, il était toujours là, rampant et attendant l’occasion de me saisir la gorge. Je restais immobile à regarder Ewan pencher au-dessus de la potion, souriant de son sérieux et cherchant à ignorer mon cœur qui battait un peu plus vite lorsqu’au milieu du jasmin et de la cannelle, l’odeur prenante de l’alcool venait faire surface. Tandis qu’une vague revint plus fortement, parce qu’il venait de mélanger la potion, je sentis mon cœur se contracter et une bouffée de chaleur me prendre –reculant, je me laissais glisser sur le canapé en poussant un soupir pour reprendre mes esprits. Mais j’étais bien loin d’être calmée, car alors que mon regard se promenait dans l’appartement pour s’occuper, il fallut qu’il s’arrête sur un infime détail…

En haut d’un placard se trouvait une bouteille de whisky. J’étais sûre qu’Ewan n’avait pas fait exprès, car j’avais remarqué très vite qu’il n’y avait aucune bouteille dans la cuisine, et je devinais qu’il avait dû les ranger –j’en étais reconnaissante. Mais mes yeux s’accrochèrent au liquide ambré que je distinguais, et je me souvenais du goût délicieux qu’avait la boisson qu’il m’avait proposé le soir de mon anniversaire… C’était sûrement le meilleur whisky que j’avais bu, ou peut-être que les circonstances avaient embelli mes souvenirs, mais j’aurais adoré le regoûter et… Je secouais la tête, m’y refusant. Il fallait que je me reprenne, pensai-je, et pourtant je n’arrivais pas à détacher mon regard. Comme par réflexe, je me recroquevillais un peu sur le canapé, rentrant mes épaules et crispant mes mains sur mes genoux. Il fallait que je détourne les yeux, il le fallait, mais tout mon corps rugissait une chanson différente et…

Un bruit de verre me fit sursauter et lorsque mes yeux se tournèrent vers Ewan, je le vis lever sa baguette en direction du placard –je fermais les yeux, me maudissant. Il m’avait vu, constatai-je douloureusement, et lorsqu’il s’assit à côté de moi j’essayais à grande peine de cacher mon désarroi.


- Je suis désolé. Ça va aller ? Serrant ses mains dans les miennes, j’hochais la tête positivement avec un petit sourire, incapable de parler cependant. Oui, ça allait me passer, il ne fallait pas que l’on s’inquiète, pensai-je. Mais malgré moi, j’avais le cœur qui se compressait un peu trop, et douloureusement, honteux de ma faiblesse ainsi affichée. Tout va bien.

Je sentis une chaleur douce et reposante m’envahir dès qu’il m’embrassa et lentement, je répondis à son baiser en souriant légèrement, comme soulagée. Ma tête semblait se calmer petit à petit et, lorsque je détachais nos lèvres, je m’appuyais tout contre lui sans rien dire. Malgré tout, il me fallait un petit moment pour que cela passe, et je regardais alors nos mains dont les doigts s’entremêlaient et jouaient entre eux pour m’occuper. Lentement, je sentis la bouteille disparaître de mon esprit et la sérénité qui m’avait si précieuse lorsque j’étais avec Ewan revint en même temps que mon sourire. Me détachant de lui, je lui fis face, gardant toujours ses mains emprisonnées dans les miennes, et j’eus un petit sourire.

- Parfois, il faut juste que ça passe. Dis-je simplement, cherchant à le rassurer. Détachant finalement nos mains, je passais le revers de la mienne sur sa joue. Et puis, il suffit que je pense à autre chose. A t’embrasser, par exemple…

J’eus un petit rire et, comme pour illustrer ce que je venais de dire, je me penchais vers lui pour saisir ses lèvres. Ma main qui était sur sa joue vint se nicher dans sa nuque que j’agrippais un peu plus fort, sentant mes doigts attirés dans ses cheveux avec lesquels je jouais. Comme toujours, je sentais à nouveau quelque chose qui s’affolait en moi et qui devenait plus fort, plus pressant. J’avais un drôle de tournis qui n’était plus celui de l’alcool, mais bien celui que me procurait ses lèvres et plus je les cherchais, plus ça s’intensifiait sans que je le réalise totalement. Mon autre main s’était aussi nichée dans son cou, comme pour m’accrocher et pour attirer son visage encore plus près du mien. C’était de plus en plus fort, comme si ça m’emportait sur son passage, cette vague qui montait et qui grondait et que j’étais incapable de retenir. J’avais les yeux clos, et ce n’était plus moi qui agissais mais mes lèvres qui se pressaient contre les siennes et, parce que nous étions un peu côte à côte et que ce n’était pas très pratique, je m’appuyais un peu plus contre lui, mais ça ne suffisait pas et dans un élan un peu confus, entre deux respirations un peu saccadées, je sentis mon corps tout contre le sien lorsque j’installais mes jambes de part et autre des siennes, assise sur ses genoux. Si nos baisers étaient toujours doux, il y avait encore plus de sensualité si c’était possible, et mes bras s’enroulèrent autour de sa nuque pour qu’il soit encore plus près de moi. Ma tête tambourinait, parce que je savais que ça commençait à m’échapper…

Ce n’était plus une affaire de lèvres, mais aussi de toucher, parce qu’Ewan avait ses mains dans ma nuque et mon dos, et bientôt je sentis qu’il avait détaché ma natte, mes cheveux s’éparpillant un peu partout, et lorsqu’il passait ses doigts dedans, tout mon corps frémissait d’un délicieux frisson. Je sentais mon souffle qui se perdait un peu dans le sien, comme si nous avions du mal à respirer correctement et surtout à trouver de l’air nécessaire à force de nous embrasser aussi intensément. J’eus un moment de répit cependant, m’écartant un peu pour lui lancer un regard. Ses yeux brillaient d’une telle force que j’en fus presque éblouie, et je me mordis la lèvre inférieure. J’avais l’impression qu’il attendait quelque chose, un geste, un signe, comme pour aller plus loin… Et j’en avais envie, bien sûr mais… Je n’en avais jamais eu plus envie qu’en cet instant d’ailleurs, je ne savais même pas qu’il était possible de ressentir autant de désir pour quelqu’un. Pour la première fois, j’avais assez confiance en quelqu’un pour ne pas être paniquée, mais je sentais toujours qu’au fond c’était en moi que je n’avais pas confiance. Mais je voulais tant qu’Ewan soit comblé, qu’il soit fier de m’avoir comme petite-amie, et j’aurais tout fait pour remplir mon rôle à merveille… J’allais tout faire.

Lentement, je recommençais à l’embrasser, mais cette fois mes mains se frayèrent jusqu’au col de sa chemise et tout doucement, je défis les premiers boutons, glissant mes doigts sous le tissu pour y chercher sa peau qui palpitait, plus brûlante que d’habitude. J’étais lancée, et un à un, d’un geste un peu affolé et pressé, faisant sensiblement monter la tension qui me semblait déjà si intense que j’allais exploser, j’ouvris les boutons jusqu’à enfin pouvoir ôter la chemise que je fis glisser rapidement le long de ses épaules puis de ses bras, mes ongles effleurant sa peau tout du long. Nos baisers semblaient bien plus vifs tout à coup, et j’eus l’impression qu’il eut un sursaut lorsque je posais mes paumes sur son torse, et encore un lorsque mes lèvres commencèrent à s’attarder dans le creux de son cou. Je ne savais même plus si je respirais ou si ce n’était qu’un peu d’air qui entrait, fugace, entre mes lèvres avant de disparaître dans un nouveau baiser. Je finis cependant par séparer nos lèvres brûlantes et, baissant les yeux, alors qu’une de mes mains s’était à nouveau perdue dans sa nuque, je posais l’autre sur la fermeture éclair de ma robe, mon souffle s’accélérant un peu plus. J’allais la faire glisser lorsqu’Ewan eut un mouvement et sa main se posa sur la mienne, attrapant à son tour la fermeture. Lorsqu’elles entamèrent une descente le long de mes courbes, je retins ma respiration, le cœur tambourinant.

Je ne pouvais plus faire demi-tour. Et pourquoi le voudrais-je, tentais-je de me raisonner. Parce que l’odeur de son cou que je venais d’embrasser, cette pointe de réglisse et ce fond plus boisé qui me rappelait le whisky, rehaussé d’une vanille délicate, je ne la retrouvais pas que dans sa peau suave. Elle était partout, tout autour de moi, s’échappant de l’amortensia qui reposait tranquillement dans le chaudron. Bien sûr que j’étais amoureuse de lui. Pourquoi faire demi-tour, alors ?

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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeLun 13 Mai - 1:03

Pourquoi l'avais-je sentie ? Cette sensation étrange, qui sert l'estomac, comme quand on se sent coupable. Malgré les étoiles qui brillaient au-dessus de nous, malgré la quasi fascination qu'avaient le profil, les lèvres qui bougeaient, et la silhouette de Ruby sur toute ma personne, quand elle avait prononcé si innocemment le mot avion, je m'étais senti... Glacé, un instant. Car je connaissais les avions, ces gros oiseaux en fer inventés par les Moldus, que je trouvais d'ailleurs fascinant car ils n'avaient pas la magie mais débordaient d’ingéniosité pour la remplacer. C'était dans un de ces avions que s'était envolé mon père pour l'Australie, non seulement parce que son client était coutumier des habitudes moldues, mais en plus pour un aussi long voyage vers une terre inconnue, le système des cheminées et des portoloins s'avérait plutôt complexe. Aussi quand Ruby parla d'avion, ce souvenir émergea à ma mémoire - entraînant fatalement une succession de pensées dont je ne voulais pas entendre parler, pas ici, pas maintenant. L'Australie, qui depuis tout ce temps avait pour moi valeur de terre un peu féérique, trop lointaine pour être réelle, devenait tout d'un coup une forme noire tapie dans l'ombre que je redoutais de croiser sur mon chemin. Heureusement, le temps n'était pas venu. Ici et maintenant, j'étais bien, en compagnie de celle qui hantait agréablement mes rêves et mes pensées, sous des étoiles qui semblaient ne briller que pour nous. Quand elle parla des dragons j'eus un sourire - elle n'ignorait pas que j'avais une fascination pour les dragons - et cela m'amusait toujours autant de l'entendre me raconter les anecdotes de son enfance et plus particulièrement celles qui touchaient à la la découverte du monde magique, car cela me paraissait toujours étonnant. Comment pouvait-on ignorer l'existence des dragons ? Des licornes ? Comment se déplacer aisément, dans la vie de tous les jours, sans transplaner ? Comment se soignaient-ils ? C'était sans doute idiot comme questions, et heureusement Poudlard nous formait un peu à ce sujet. Mais j'aimais bien quand Ruby m'en parlait, ses anecdotes étaient plus vivantes, plus vraies. C'était comme si elles me rappelaient combien elle était vivante à mes côtés, qu'elle n'était pas un songe, et que j'étais bien chanceux de l'avoir rien que pour moi...

- Ne t’inquiète pas. La potion est réussie, de toute manière.

Si je notai son petit sourire énigmatique, je ne m'appesantis pas sur la question, trop pressé de terminer mon Amortensia, de la mettre en fiole et de laisser cela derrière nous, pour profiter de mon temps avec elle. Il était précieux, et trop rare, hélas. J'essayais mine de rien de sortir plus tôt de chez l'Apothicaire, parfois, car puisque je m'étais lancé à corps perdu dans le travail, j'avais fait de nombreuses heures supplémentaires et m'étais investi plus qu'à l'ordinaire, pour ne penser à rien d'autre - aujourd'hui, la donne était un peu différente. Je ne perdais pas de vue mon objectif, mais il me semblait que mon patron me devait quand même quelques fleurs sur ce coup-là. Et pour la peine, je m'octroyai des horaires plus souples, mais hélas, c'était la mauvaise période à la boutique, et j'avais peu de possibilités de manœuvre. Le plus pénible était la Tête de Sanglier, parce que si j'arrondissais joliment mes fins de mois (l'avantage quand le patron trafique plus ou moins, c'est qu'il doit baser la confiance de ses employés sur une somme bien ronde et suffisante), l'ambiance, les clients, la fréquentation commençait à m'agacer. Il n'y avait que parce que la majorité de mes clients à moi prenaient contact dans le vieux bistrot que je gardais la tête froide et que je continuais dans ma lancée... Sans compter qu'il m'était particulièrement douloureux de devoir rester relativement stoïque face aux regards vicelards des vieux sorciers quand Ruby venait me tenir compagnie, mais heureusement, elle savait aussi les rappeler à l'ordre à sa manière, ce qui n'était pas pour me déplaire.

Son air profondément désolé coupa court à toutes mes élucubrations sur le délicieux parfum de l'Amortensia, et quand j'eus finis de l'embrasser, alors qu'elle m'avait répondu avec une tendresse particulière, différente des autres fois, je la regardai dans les yeux : ils brillaient comme une flamme qui vacille, mais qui essaye de résister, contre ce courant d'air glacé qui veut s'insinuer par les interstices. Je me rendis compte alors combien je détestais la voir ainsi : triste et un peu abattue, comme le montraient ses lèvres dont les coins s'affaissaient légèrement, les ombres dans le bleu clair et étoilé de ses yeux. Mais je me raccrochai, et elle aussi j'imagine, à cette bravoure qu'elle portait en elle malgré tout, don elle ignorait la puissance, mais qui était belle et bien là. Je passai ma main sur sa joue puis ses cheveux, et la laissai s'installer dans mes bras. Elle s'était glissée contre moi, je l'entourai d'un bras qui se voulait protecteur, laissant mon regard et mes pensées se perdre dans le spectacle de nos mains mêlées l'une à l'autre, de nos doigts qui jouaient doucement et se caressaient. Mon cœur battait calmement, comme si il avait compris le sérieux de la situation. Ce que je m'en voulais, pour cette stupide bouteille ! Elle avait disparue, heureusement, mais c'était tellement... Les bases, j'étais idiot de ne pas avoir mieux regardé, de ne pas m'être rappelé son existence quand j'avais mis les autres à l'abri. La culpabilité revint par petites vagues, tandis que je serrai doucement les doigts de Ruby. L'odeur de l'Amortensia était encore plus forte dans mes narines, parce qu'elle émanait de ses cheveux et de sa peau - je déposai un baiser sur son front. Quoi qu'il arrive, j'étais prêt à faire face à ce dont elle avait besoin, ce qu'elle devait combattre.


- Parfois, il faut juste que ça passe. Et puis, il suffit que je pense à autre chose. A t’embrasser, par exemple…

Et puis, elle m'embrassa.

Elle m'embrassa : à vrai dire il n'y avait que cela, ou rien d'assez fort et beau à la fois pour exprimer ce qu'éveillaient au fond de moi les baisers de Ruby. C'était à la fois un relâchement intense - mon cœur -, comme une libération, mais aussi une sorte de crispation de tout mon corps, parce que brusquement sa température montait en flèche au contact de sa peau, sous ses caresses encore un peu retenue - mais pas tout le temps. Parfois, la proximité avec son corps était telle qu'elle me faisait bien trop tourner la tête pour que je ne perde pas le contrôle de moi-même ; mais en même temps, je me l'interdisais. J'étais toujours sur le qui-vive. Mes gestes, mes envies, devaient rester contrôlés : j'avais peur, tellement peur, de faire quelque chose qui ne lui plairait pas parce que trop osé, ou bien quelque chose qui lui semblerait déplacé, tellement peur de la mettre mal à l'aise face à cela, que je millimétrés chacun de mes gestes, retenais chacune de mes avances que je savais déplacée.

Seulement... Seulement son odeur était partout, et ne me laissait aucun répit. Mes sens en étaient la cible et je ne pouvais plus rien faire, même avec toute la volonté du monde... La main de Ruby dans mon cou ne m'aidait pas : je sentais ma peau frémir à chaque endroit qu'elle touchait, je sentais mon cœur s'accélérer comme si il avait cherché à battre un quelconque record. Mes mains s'étaient d'instinct agrippées à elle, une à sa taille l'autre à son cou, et je sentais, oh, je le sentais parfaitement, dans la force de mes doigts crispés, que ce qui m'animait était mille fois supérieur à tout ce que je pouvais supposer ou réfréner, et déjà mon souffle m'échappait complètement, mes lèvres réclamaient les siennes et je devais faire bien des efforts pour garder un minimum mes idées aux claires. Pour preuve de mon état, ce fut ma main qui indiqua à Ruby, d'une pression sur sa cuisse dans le contact m'électrifia, de s'installer sur mes genoux. Il me sembla que je touchais à quelque chose qui s'approchait de la fin quand ma main ramena doucement sa taille contre moi et que son corps effleura le mien, alors qu'elle était dans une position qui empêchait mon cerveau de fonctionner correctement. Les temps me bourdonnaient, et je reprenais juste mon souffle quelques secondes quand nos lèvres se séparaient, avant de l'embrasser à nouveau, doucement, parce qu'il n'y avait que comme ça que je pouvais retenir (un peu) la tornade brûlante qui m'agitait. C'était cela : une sorte de brûlure dans tout le corps, mais tellement puissante et agréable que je la voulais encore et encore, et qu'elle me faisait mal si je n'avais pas Ruby contre moi, ses mains dans mes cheveux, ses lèvres sur ma peau, ses regards bien trop brillants pour que l'on ne comprenne pas ce qui était en train de se passer... Mes doigts jouèrent à défaire sa natte, et bientôt ses cheveux, libres, tombèrent en cascade sur ses épaules, dans un mouvement si sensuel qu'une nouvelle vague tenta de me submerger à nouveau. J'enfouis ma tête dans son cou, que j'embrassai, serrant sa taille un peu plus fort - il y avait un fait étrange dans mon geste : à la fois je voulais la serrer tout contre moi, j'en avais besoin, mais à la fois je savais que cette position allait me rendre fou et je ne voulais pas céder, alors mes mains se serraient plus fort, l'agrippaient d'avantage, exprimaient comme elles le pouvaient cette pression. Pourtant... C'était si doux ce que je voulais exprimer, et je laissai mes lèvres effleurer la peau de son cou et de ses lèvres, la sentant frissonner. Tout cela, c'était parce que j'étais bien avec elle, parce qu'elle me plaisait, parce je voulais qu'elle soit heureuse, tout simplement. Parce que je l'aimais, en somme, mais cela me paraissait bien trop délicat à exprimer. ... Et je n'en avais pas forcément l'habitude. Nous nous regardâmes ensuite, car je m'étais redressé, et son regard, derrière ses cheveux dorés un peu épars, était si intense et énigmatique qu'il déclencha un frisson dans ma colonne vertébrale.

Je voulus dire quelque chose - le premier mot qui voulut franchir mes lèvres fut son prénom, parce que tout d'un coup je me demandais à quoi elle pensait, je me demandais si... si elle était certaine, mais son geste m'arrêta.

Obéissant à ses mains qui me firent trembler comme un peu plus tôt, je la laissai défaire les boutons de ma chemise. Cette fois mon souffle était plus fort, aussi haché mais un peu plus bruyant, je ne pouvais pas le contrôler, et je me sentis un peu plus appuyé contre le dossier comme si j'y cherchais un soutien. Quand la chemise glissa de mes bras et que les doigts, les ongles de Ruby, chatouillèrent ma peau, je compris qu'il ne pouvait pas y avoir de retour en arrière. Comme si je souffrais de privation, je l'embrassai de nouveau, fourrageant dans ses cheveux, tandis que nos baiser ses faisaient plus fiévreux. Là encore, le métal de sa fermeture éclair jouait avec la lumière tamisée, m'attirait l’œil. Mais je... Elle eut le même petit regard que quand elle s'était mordu les lèvres et que j'avais eu envie de les croquer moi aussi. Sa main attrapa la fermeture, la mienne la suivit. Je crois que, de plus en plus le désir m'envahissait, me noyait presque, si bien que je baissai à moitié les yeux lorsque nous fîmes glisser la fermeture vers le bas, et que le petit bruit de la robe qui se détache coupa ma respiration.

Le cœur battant, je levai alors les yeux. Il n'y avait rien chez Ruby qui était disgracieux, loin de là, sa silhouette à la fois élégante et sportive avait quelque chose de très féminin sans être trop précieux, et son visage n'avaient rien à envier à personne, mais... Je ne pouvais pas nier que les jolies courbes de sa poitrine avaient leur petit effet très particulier sur moi et ce depuis le début ; je me rappelais encore la façon dont je m'étais forcé à détourner le regard quand elle s'était appuyée, la première fois, au comptoir. Et en cet instant... En cet instant sa robe ouverte me laissait voir à loisir son ventre, sa peau nue, et le sous-vêtement couleur bordeaux qui cachait ses formes - en partie. Doucement, je m'approchai - j'avais attendu son accord et il m'avait été donné, mais je n'étais pas non plus aussi libéré que j'aurais voulu l'être. Toucher sa peau, poser mes lèvres dessus, et à cet endroit, cela ma paraissait presque... Une offense. Pourquoi ? Parce que je voyais tant en elle cette candeur éblouissante, ces fantômes de l'enfance, et je ne voulais rien faire pour les faire fuir. Mais nos souffles, nos gestes, notre position et sa main dans mon cou m'ôtèrent toute faculté de retenue supplémentaire. Je posai mes lèvres une fois, deux fois, trois fois, sur sa peau chaude et à l'endroit, presque, où battait son cœur, sa peau palpitait d'avantage malgré le renflement de sa poitrine. Là encore l'odeur était plus forte, plus sensuelle, et je dus m'arracher à cette peau que je voulais croquer pour aller l'embrasser, laissant mes doigts découvrir eux aussi ce qu'elle venait de me dévoiler. Après quelques baisers, j'embrassai son cou et descendis jusque dans son décolleté, et tout mon être se crispa d'avantage quand ses mains agrippèrent mes cheveux et que ma seule réponse était d'embrasser ses formes avec plus de vigueur, de sentir mon souffle s'accélérer mais en même temps grandir l'impossibilité de m'arrêter, de me réfréner... L'une de mes mains quitta sa taille et remonta le long de son dos, doucement, pour chercher l'attache que je voulais ôter. Je ne voulais rien de plus.

Ce n'est que quand je la sentis se redresser très légèrement, se crisper à peine, mais pas de la bonne manière, que tout d'un coup les battements de mon cœur furent désordonnés non pas de désir mais d'angoisse, et je levai mon regard, tentai de reprendre mon souffle en me rendant compte que nous respirions tous les deux vite et relativement fort. Quittant son dos et l'attache comme si ils m'avaient brûlé, je me redressai un peu, ôtant ma main pour lui remettre les cheveux derrière les épaules, car ils tombaient entre nous et me masquaient la vue.


- Tu... Je dus respirer, sous-estimant ma capacité à retrouver mon calme. Devais-je m'excuser ? Mais je n'étais pas désolé, je voulais continuer et elle m'en avait donné l'autorisation, mais si elle regrettait ?! Je me sentis coupable, encore une fois. Ça va trop vite ? demandai-je à voix basse et un peu rauque. Je comprends, je comprends, la rassurai-je, car je ne voulais pas, tout sauf ça, qu'elle se braque et par ma faute, qu'elle croit que je ne voulais que coucher avec elle - je le voulais, mais il n'y avait pas que ça, loin de là.

Je lui lançai un sourire et déposai un baiser sur ses lèvres, dont la douceur et la tendresse me faisaient frissonner à chaque fois. Plus calmement, je glissai mes mains sur ses bras, puis caressai son cou, mais de manière moins enflammée que tout à l'heure, juste pour la rassurer, pour le plaisir de toucher sa peau sans aller trop loin - même si mon regard s'accrochait un peu durablement à ce que la robe ne cachait plus... Je finis par poser mes mains sur sa taille et à m'écarter un peu, quand -

Mon regard s'accrocha à ces ombres étranges qui lui faisaient des traces sur les hanches. Tout se passa en une seconde - la pénombre ne m'avait pas fait remarquer cela plus tôt, ou sans doute avais-je l'esprit ailleurs, un peu plus haut ; je m'arrêtai nettement et je sus que Ruby avait compris, car tout d'un coup elle essaya de me relever la tête et ses mains s'étaient plaquées sur sa peau, en bas de son ventre. Sa peau marquée de petites entailles dans sa chair, de taille et de distances égales, roses et un peu brillantes. Le choc ne me permit pas de comprendre sur le champ, et quand je plantai mon regard incrédule dans le sien, il me fallut quelques bonnes secondes pour assimiler, comprendre, réagir, et ce fut comme si tout d'un coup on m'avait plongé dans un bain glacé.


- Mais... Ruby, qu'est-ce que c'est ?... La vraie question était pourquoi, mais j'étais trop estomaqué. Une infinie tristesse affleura dans mon cœur, qui se serra douloureusement. Elle s'infligeait ça, elle se faisait ça, elle... Je cherchai sa main et la serrai. Pourquoi tu fais ça ? murmurai-je. Il ne faut pas, je...

... Je ne veux pas, mais qui étais-je pour lui imposer ma volonté ? Je portai sa main à mes lèvres et l'embrassai doucement. A chaque fois, la sensation était identique. Il y avait quelque chose de terriblement déchirant, et je le ressentais en moi, comme un écho, à voir ces ombres planer au-dessus d'elle et l'empêcher de briller comme elle le méritait.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeMer 15 Mai - 22:34



"Get a little closer let it fold
Cut open my sternum and pull
My little ribs around you."


Il y avait quelque chose que, petit à petit, j’avais remarqué et qui pourtant me confortait toujours dans mon choix d’être dans les bras d’Ewan, une simple constatation qui prenait son sens un peu plus à chaque fois que je le voyais. Il savait ce dont j’avais besoin. Lorsque j’étais légèrement sur la réserve, comme lorsque la bouteille était rentrée dans mon esprit pourtant paisible depuis le début de la soirée, et que je ne pouvais m’empêcher de sentir mon cœur se gonfler d’une tristesse amère, Ewan avait toujours une attitude toute douce. C’était comme s’il m’entourait d’un halo tiède et confortable dans lequel je m’enfonçais, et je m’affaissais entre ses doigts et ses lèvres, me laissant docilement envahir par toute la tendresse qui amenait de lui. Dans ce genre d’instant, j’étais la petite chose fragile qui gisait sous mes mensonges, celle que je ne laissais jamais apparaître et qui malgré moi se faufilait et se faisait une place, entière et pure, sous les yeux d’Ewan. Parfois, je me demandais s’il comprenait à quel point il était inhabituel pour moi de me laisser aller ainsi, et plusieurs fois, j’avais manqué de lui demander comment il faisait pour que je me sente tant en sécurité, et quel était son secret pour comprendre que c’était l’instant parfait pour qu’il m’embrasse le front, ou que ses doigts jouent sur la peau de mon épaule. Mais peut-être que ça ne s’expliquait pas, finalement, et qu’il y avait un délicieux mystère dans l’alchimie paisible que me provoquait ces doux contacts et ses attitudes protectrices, qui rendait la chose encore plus belle. Mais s’il comprenait que j’avais besoin de cette douceur parfois, il savait aussi exactement quand j’étais encline à laisser nos baisers se prolonger, et mes mains chercher plus fiévreuse sa peau sous son tee-shirt, tout en me retenant d’une certaine manière parce que j’étais toujours arrêtée par une crainte que je n’osais pas nommer. Il était la parfaite mesure entre un ami et un amant, je n’aurais pas pu mieux le décrire, et cet équilibre stable suffisait à me rassurer dans chaque situation.

Ce fût peut-être parce que j’avais cette entière confiance en lui que j’osais rapprocher ainsi nos corps, et l’embrasser avec plus de fougue entre deux respirations haletantes qui trahissaient le bouleversement dont nous étions pris. Cela aurait mentir que de dire que je n’y avais pas pensé avant, car de nombreuses fois j’avais senti que nous étions comme sur un fil d’équilibriste et qu’il nous suffisait d’un baiser de plus, d’une caresse, pour que nous tombions dans le vaste gouffre du désir qui nous animait. Je doutais oui, mais pas de lui. Je savais pertinemment que dans ce domaine, c’était moi et mes réactions qui étions à craindre. Peut-être était-ce parce qu’il avait plus d’expérience que je n’avais pas la même boule au ventre que lorsqu’Hadrian et moi perdions légèrement le contrôle ? C’était forcément un facteur, mais il y avait plus. Etait-ce parce que j’avais franchis le pas avec Chuck ? Non, je ne pouvais pas prendre en compte cette soirée-là, parce qu’elle était imprégnée de regret… Ce n’était que des détails qui peut-être m’aidaient, mais il y avait plus, je le savais parce que je le sentais. Je savais qu’Ewan aurait les gestes parfaits, la tendresse et à la fois la passion, encore une fois dans cette délicieuse mesure qui écrasait mes doutes –pour un instant tout du moins.

Mon cerveau eût cependant une légère secousse lorsque nos mains jointes descendirent lentement la fermeture éclair. Pendant quelques secondes, je fus incapable de bouger ou de respirer. Je me sentais soudain toute découverte et vulnérable, m’exposant ainsi à son regard, et je ne pus m’empêcher de me demander… Et si soudain, ce n’était pas assez bien, si ça…

Mais Ewan leva les yeux vers moi et ce que me renvoya son regard me chamboula, ni plus ni moins. C’était tellement intense, tellement doux, ses pupilles bleutés exprimaient une soudaine quasi-fascination qui ricochait sur ses lèvres qui souriaient presque, et tout son visage semblait grave, comme si quelque chose de trop grand l’avait envahi à l’intérieur –et peut-être que lui aussi, il sentait le désir qui montait et qui ne pouvait pas se refréner ? Ma main dans son cou hésita un instant, avant d’harmoniser son mouvement avec celui d’Ewan et tout doucement, je sentis ses lèvres qui s’approchaient de ma peau découverte à moitié par la dentelle de mon soutien-gorge, et avant que je ne puisse me reculer, je sentis un immense brasier m’avaler tout entière lorsqu’il déposa un baiser dans cet endroit si intime. La peau se tendit lorsqu’il l’effleura une nouvelle fois, tout doucement, et il me sembla que je ne pus reprendre ma respiration que lorsqu’il s’écarta. Mais le répit fût de bien courte durée, car bientôt ce fût mes lèvres qu’il attrapa à nouveau, et ses doigts qui exploraient le reste toujours aussi doucement –mon corps entier vibrait, tout se déconnectait et se reconnectait à chaque toucher, j’étais incapable de contrôler quoi que ce soit. Mon autre main, dans le haut de son dos, enfonçait mes doigts dans sa peau et appuyait un peu plus fort comme pour être sûr que c’était là, que c’était tangible, car c’était trop… Irréel, puissant. Lorsqu’il s’écarta doucement pour descendre dans mon cou, je sentis mes sourcils se froncer très légèrement et mon corps se cambrer sous l’impulsion. Mes doigts se crispèrent dans le haut de sa nuque et ses cheveux lorsque ses baisers se posèrent à nouveau sur ma poitrine et je ne pus retenir un soupir qui s’expira d’entre mes lèvres tremblantes. Ma respiration ne m’obéissait plus et plus je m’accrochais à Ewan, plus je sentais qu’il me répondait et je réalisais à peine que ce n’était plus de simples soupirs que je laissais s’échapper, mais de véritables gémissements de plaisir qui montaient crescendo et se perdaient dans le manque d’air dont j’étais victime et qui faisait tourner ma tête.

Mais au milieu de cette vague qui me happait, il y avait quelque chose d’autre, une ombre qui surgissait et venait assombrir le reste. C’était l’angoisse qui, grandissante, se mêlait au plaisir et le ternissait, s’amusant à torturer mon cerveau qui pourtant ne me semblait plus capable de rien. Une petite voix, infime mais trop audible, me murmurait que je n’allais pas y arriver. Que je ne pouvais pas contrôler, et si je ne le pouvais alors j’avais toutes les chances d’échouer, d’être mauvaise. Comment pourrai-je un instant imaginer pouvoir contenter Ewan, me répétait la voix que je faisais taire en serrant plus force mes doigts dans sa nuque. J’en ai envie, martelai-je à mon cerveau. J’avais l’impression qu’à l’intérieur se déroulait une bataille entre mon corps qui se cambrait sous les lèvres d’Ewan, et mon cerveau qui refusait de se taire – laisse toi aller, répétai-je, laisse toi aller – et mon cœur harmonisait le tout tant bien que mal. Il chantait un discours différent, mais qui ne m’apportait aucune réponse concrète. J’aimais Ewan, et les réactions incontrôlables que me provoquaient ses baisers en étaient bien la preuve, mais si je l’aimais, pouvais-je prendre le risque de le décevoir ?... Je serrais avec plus de force mes doigts, comme pour l’ordonner de continuer – ordonner ? Est-ce que je me forçais ? Non, non, je le voulais vraiment, je le voulais…

Mais je ne pus le retenir. Lorsque la main d’Ewan dans mon dos remonta jusqu’à l’attache de mon soutien-gorge, j’eus un frisson de panique qui crispa mon corps une seconde trop, assez pour que cela se remarque –ou peut-être était-ce Ewan qui était sur ses gardes, conscient de la situation délicate ? Lorsqu’il s’écarta et qui leva ses yeux vers moi, je tentais de masquer ma peur, mais je sentais mes traits trop tirés, mon regard trop désolé. La vague de désir avait été happée par une autre, bien plus mauvaise. Dans ces eaux nageaient trop de choses qui me tiraient vers le fond… L’incident, non pas que cela me le rappelle, mais je savais qu’à cause de cela, ça ne pourrait jamais être facile, je ne pourrais jamais faire plaisir à Ewan aussi simplement que n’importe quelle fille aurait pu le faire et j’étais impuissante face à ça. Mais il y avait aussi une étrange culpabilité, parce que je n’avais jamais parlé de ce qui c’était passé avec Chuck, et peut-être aussi toutes ces fois où j’avais fait demi-tour dans les bras d’Hadrian me revenaient en tête, et que je ne voulais pas avoir peur avec Ewan –mais c’était trop tard.


- Tu... Ça va trop vite ? Je baissais les yeux, gênée, et hochai timidement la tête. J’étais incapable de mentir, car maintenant s’ajoutait à l’angoisse la honte de n’avoir pas réussi à faire ce dont j’avais envie –je le voulais, me répétai-je, mais cela n’était peut-être pas suffisant. Je comprends, je comprends.

Reprenant doucement ma respiration, je le laissais m’embrasser tendrement et mes mains se relâchèrent tandis que je glissais mes doigts sur ses clavicules. Malgré moi, j’y traçais des lignes droites sur sa peau que je caressais, comme si j’éprouvais le besoin de me calmer en effectuant un geste un peu mécanique. Lorsque nous nous écartâmes, je fus toujours incapable de le regarder dans les yeux, fébrile dans ses bras, j’avais du mal à me remettre de toutes ses sensations. Mais il comprenait, ne l’avait-il pas dit ? Je voulais vraiment y croire, mais c’était mon propre échec. Peu importe l’issu de nos baisers, j’avais l’impression que ça ne serait jamais assez bien…

- Ce n’est pas ta faute, c’est moi qui…

Oh non.

Ma phrase mourut sur mes lèvres dès que je sentis ses mains accrocher ma taille et que nous eûmes le même sursaut, lui de surprise, moi de panique.

Non, non, non, martela mon cerveau, mais non, comment avais-je pu être aussi stupide ? Non, non ce n’était pas possible ! Dans un geste brusque, je plaquai mes mains sur mes hanches, enfonçant mes doigts dans le bas de mon ventre avec violence. Je n’arrivais pas à y croire. J’avais oublié ce détail, non, ce n’était pas un détail, comment avais-je pu ne pas y penser ?! Comment avais-je pu encore une fois tout gâcher ainsi ?! En cet instant, il me semblait que jamais je ne m’étais jamais autant détesté. Il était impossible qu’Ewan ne les ait pas senties, ni vues… Les cicatrices. Et jamais je ne pourrais trouver d’excuse, je le savais. Elles étaient trop ordonnées, trop précises, trop fraîches pour que je trouve une quelconque excuse – un chat, je me suis faite mal, des cicatrices de mon enfance... Je m’étais tant engourdie dans ses caresses que je les avais littéralement oubliées, comme si j’avais pu croire un instant que j’étais comme n’importe qui… Et lorsque je levais mes yeux vers ceux d’Ewan dont le visage était marqué par la surprise, je fus incapable de me composer une expression qui puisse sauver le tout. J’étais découverte, je le savais, et il n’y avait pas de chance de faire demi-tour. Silencieusement, je priais de toute mon être : s’il te plait Ewan, fait comme si de rien n’était, fait comme si de rien n’était, fait comme…


- Mais... Ruby, qu'est-ce que c'est ?... Je ne détachais pas mes yeux des siens, le suppliant de tout mon être de ne rien dire, de ne pas poser de question, mon regard s’accrochant désespérément au sien. J’avais un infime espoir qui palpitait, l’espoir qu’il n’ajoute rien de plus, ou que je me réveille de ce cauchemar. Doucement, il prit ma main, et je me crispais un peu plus lorsqu’il la serra –je voulais disparaitre. Pourquoi tu fais ça ? Je baissais le visage, fermant les yeux, silencieuse. Je voulais que mes quelques mèches blondes m’engloutissent, je ne voulais jamais ouvrir à nouveau les yeux. Il ne faut pas, je...

Il s’acheva pas sa phrase et doucement, porta ma main à ses lèvres pour y déposer un baiser. J’avais ouvert les yeux, mais mon regard toujours baissé contemplait les dégâts que le rasoir avait laissés. Mais… Mais ce n’était pas dégâts, c’était presque… Beau. Il y avait une harmonie dérangeante dans les traces alignées, et si je n’avais pas eu aussi honte en cet instant, j’aurais presque été satisfaite de moi. C’était peut-être ce qui me dérangeait le plus, parce qu’à la fois je me haïssais de le faire et je savais au fond, tout au fond, que c’était malsain. Mais quand il n’y avait que moi, le silence, la lame… Tout s’effaçait. Pourquoi je faisais ça ? Je ne savais pas, je devinais, je ne cherchais pas à comprendre. Je trouvais un réconfort dans cette douleur qui se contrôlait, qui était tangible et à la fois, j’avais l’impression de me punir, de le mériter… Comme s’il fallait que mon corps porte les marques visibles pour illustrer les invisibles. Ça avait du sens, au milieu du reste, ça en avait et quand j’avais envie de boire, je passais le besoin autrement, je troquais un problème contre un autre dans un cercle sans fin qui, je le savais, me dévorait. Mais je ne pouvais pas m’en empêcher, quand j’entendais les murmures et les regards qu’on me lançait ou même ceux que je m’envoyais moi-même lorsque je me jugeais… J’avais besoin d’abandonner le reste, et ma conscience s’apaisait étrangement lorsque le sang perlait. Je regardais les marques avec le sentiment de contrôle que j’aimais tant, comme si j’étais fière ne serait-ce qu’une demi-seconde. Et puis, tout me revenait et je lâchais le rasoir, je pleurais et je m’en voulais tant… J’avais beau appliquer des crèmes, des onguents, les cicatrices restaient tapies sur ma peau comme pour me rappeler que j’étais toujours aussi faible, malsaine, et qu’il n’y avait aucune issue.

Ne pouvant empêcher mon cerveau de réagir ainsi en regardant les cicatrices, j’eus un mouvement brusque et dégageai ma main de la sienne pour la plaquer sur mon ventre, et je me recroquevillais un peu plus, enfermant mon visage derrière mes cheveux. Je sentais que malgré moi, je tremblais et je fermais un peu plus fort mes paupières, continuant de scander dans mon cerveau agité : il n’a rien vu, il n’a rien vu, il n’a rien vu. Mais c’était trop tard, comment avais-je pu prendre ce risque ? Comment avais-je pu les oublier ? Soudain, tout s’échouait contre moi et me ravalait dans le courant et au prix d’un effort incroyable, je sentis une voix minuscule s’élever –la mienne, basse et honteuse.


- C’est… C’est rien, voulus-je dire, mais je savais qu’Ewan n’accepterait pas cette réponse. Parce que… Tentai-je, mais aucune réponse ne voulut sortir non plus. J’étais simplement… Paralysée. Tétanisée, par la peur et la honte. J’ai juste… Je veux juste… Le goût amer des larmes me prit à la gorge, et je ravalais difficilement un sanglot qui m’empêchait de parler. Mes doigts qui couvraient les marques s’enfoncèrent dans mon ventre, les ongles me griffant presque douloureusement. J’avais envie de m’arracher la peau, de disparaitre. Les médecins disaient que… Mais soudain la réalité me revint à la figure, alors que je tentais de m’expliquer. Ça ne servait à rien. A quoi bon ? Qu’est-ce que ça aurait changé ? Le mal était fait, et Ewan ne pourrait pas comprendre, ne voudrait pas. Qui voudrait d’une fille comme ça ? De quelqu’un qui se fait du mal ? Personne. Bien sûr, c’était logique. Mes explications n’étaient qu’aucune utilité, tout comme ma présence ici. Encore une fois, j’avais brisé ce que je tenais entre mes doigts, et j’étais l’unique à blâmer, je me devais d’assumer. Je me devais de faire ce qu’Ewan attendait probablement – que je parte. Oh, c’est pas important !

Brusquement, je me levais juste après avoir ouvert les yeux. Le mouvement fut si rapide que, sous le coup des émotions peut-être, je me sentis trébucher et je fis quelques pas en arrière, me cognant la cheville à la table basse. La douleur m’arracha une larme, et bientôt toutes celles que je retenais remontèrent tandis que je tournais le dos à Ewan, me cachant lamentablement.

- Je suis désolée, c’est moi, je suis désolée, je suis désolée, répétais-je, la voix noyée dans les larmes que je tentais de tempérer en me mordant la lèvre inférieure, tandis que mes mains cherchèrent la fermeture éclair de la robe –mais je tremblais, et ma vue était toute brouillée. Je, je vais y aller, ça sert à rien, je sers à rien, c’est tellement bête ! Expiai-je dans un sanglot. Je sais que personne ne veut d’un jouet cassé, c’est pas grave, je…

Mais ma phrase se perdit d’un sanglot qui me prit lorsqu’une nouvelle fois, la fermeture glissa de mes mains tremblantes. Je voulais simplement partir, disparaitre, que tout disparaisse. Pourquoi je faisais ça ? Mais… Mais Ewan regarde, comme je le mérite, moi qui brise toujours tout.
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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeVen 17 Mai - 15:35




« Comme une pierre que l'on jette
Dans l'eau vive d'un ruisseau
Et qui laisse derrière elle
Des milliers de ronds dans l'eau
Au vent des quatre saisons
Tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon cœur »


C'était sans doute tout ce que nous avions retenu et que nous ne disions pas qui donnait à ce moment toute son intensité. Pour ma part, plus je posais mes lèvres sur sa peau tiède, plus j'allais loin dans ces caresses jusqu'alors interdites, plus je sentais combien je perdais pied, mais combien aussi je le voulais, et ce depuis tout ce temps... Mais, stoïque envers et contre tout, comme si rien ne pouvait l'ébranler, ma conscience s'accrochait à ce que tout mon corps avait déjà abandonné. Où puisait-elle cette force ? Moi-même je n'en avais aucune idée - quand bien même la blessure de la perte de mon frère me tétanisait depuis ce soir-là au bord de la rivière et que je ne pouvais pas imaginer une suite à l'histoire, quelque chose restait debout, en moi, comme un phare dans la tourmente. C'était une force comme une souffrance : quelque part, j'aurais voulu couler moi aussi, et tout aurait été plus simple. Mais la vie ne me laissait pas le choix, non seulement parce que j'étais le seul à pouvoir garder Jamie vivant à travers moi, mais parce que ces quelques instants, fugaces, suffisaient à me faire espérer. Ces instants que je partageais chez mon oncle et ma tante, ces travaux que je m'infligeais et qui avaient un but - et entre tous, ceux que je vivais avec Ruby et qui en un éclair transformaient tous mes mauvais souvenirs en une brume un peu opaque, mais brillante comme celle de l'aube des belles journées d'été. Alors, dans ces moments-là, l'espoir surpassait tout, et ma conscience se dressait de toute sa hauteur, indifférente aux murmures de mes idées noires. C'était idiot, mais j'entrevoyais la possibilité d'une vie après une mort qui m'avait laissé irrémédiablement cassé ; et rien ne comptait plus que les sourires de Ruby et ses yeux étoilés. Un être de chair et d'os pour en compenser la perte d'un autre : je ne voulais remplacer personne mais il y avait là quelque chose de singulièrement beau, et je savais que la vie était faite ainsi, du moment qu'on ne l'abandonnait pas. De la même manière, je n'étais pas près d'abandonner Ruby, et si elle semblait parfois peu confiante dans la possibilité de se lever de son passé... Elle avait été pour moi cette main qui hisse hors de l'eau. Pourquoi ne pouvait-il pas en être de même en retour ? Encore une fois, c'était sans doute présomptueux de ma part, mais je voulais tout faire pour lui montrer qu'elle était plus, bien plus. Elle n'était pas cette enfant prisonnière de toute sa culpabilité, elle était renée de ses cendres et s'était éparpillée un peu partout dans le ciel. Pour moi, il brillait d'avantage, depuis qu'elle y avait sa place.

C'était cette même conscience qui restait éveillée, tant bien que mal, alors que tout d'un coup tout était devenu brûlant autour de moi, en moi, partout. La peau de Ruby sous mes doigts et mes lèvres était la plus douce et la plus désirable qu'il m'ait été donné de toucher, et ses soupirs de plus en plus forts oppressaient tous mes sens. Je crus même que n'allais pas réussir à me retenir, alors que je savais pourtant que je devais y aller en douceur, quand ils devinrent plus prononcés et que mes mains s’agrippèrent un peu plus à elle. Mes lèvres entrouvertes osaient à peine attaquer d'avantage la peau nue de son décolleté, mais soudain c'était une question de vie ou de mort, et mes caresses se faisaient plus pressantes... Trop. Je le savais, pourtant : un instant j'avais perdu le phare des yeux, et je m'étais perdu. D'instinct ma main se décolla de son dos, tandis qu'il ne se courbait plus gracieusement mais se cambrait contre moi, m'indiquant de cesser. Mortifié, j'obéis, abandonnant là mes envies et me sentant terriblement fautif. Mais lorsqu'elle avait fait glisser ma chemise... Qu'aurais-je pu comprendre ! Je devinais qu'il y avait plus, et comme en réalité... J'ignorais ce qu'elle s'autorisait, ses expériences que nous n'avions pas expressément évoquées, mais quelque chose n'allait pas et cela ne pouvait être que ma hâte, attisée dès le premier soir, je ne le niais pas.

Le souffle court, je m'efforçai de ne pas montrer mes émotions d'avantage. Elle 'avait pas besoin en plus de tout de gérer ma frustration - bien que je me faisais peu d'espoir : elle avait forcément compris ce qu'elle éveillait en moi. Je réprimai un frisson, comme si l'air était soudain devenu plus froid. Ruby gardait les yeux baissés, avec cet air un peu misérable des enfants pris sur le fait et cela m'emplissait d'une infinie tristesse : je voulais lui murmurer que c'était tout le contraire et presser ma tête doucement contre son cœur.


- Ce n’est pas ta faute, c’est moi qui…

Faute, quelle faute, qui avait parlé de faute ?! Je n'eus pas le temps de m'insurger. Déjà quelque chose s'effondrait au fond des yeux de Ruby et je devinais sa panique alors qu'elle essayait de détourner mon attention - sans succès. J'avais l'impression qu'on s'amusait à jouer sans ménagement avec les fils ténus qui nous maintenaient, et que ces beaux moments avaient besoin d'un équilibre, d'une balance. D'un équivalent, à l'inverse. J'essayais de ne pas la brusquer, parce que tout d'un coup elle était redevenue cette jeune fille insaisissable des premières fois. J'étais figé : figé dans notre attitude qui n'avait plus lieu d'être, devant la désolation de Ruby, devant ces traces horribles qui zébraient sa peau. C'était tellement au-dessus de tout ce que je pouvais tenter, me semblait-il, c’était tellement profond en elle, tout ce qu'elle avait subi, qu'y pouvais-je ? Qui plus est, la stupeur m'ôtait toute rationalité, et je ne comprenais pas... Elle lâcha ma main et sa voix m'apparut bien faible après les soupires que nous avions échangés, brûlants et intenses.

- C’est… C’est rien. Parce que… J’ai juste… Je veux juste… Les médecins disaient que… Oh, c’est pas important !

Pas important... Lâchée ainsi, cette phrase me parut glacée et je sentis qu'elle m'atteignait bien plus que Ruby pouvait l'imaginer. Mais, bien sûr que c'était important. Le moindre détail avait son importance, dès qu'il s'agissait de tels sujets. Comment pouvait-elle s'imaginer cela de moi... Alors qu'en si peu de temps elle était devenue si importante, contre tout, malgré tout. Ces détails "pas importants" étaient justement ce qui m'avait fait défaut : tous ces signaux de détresse lancés les uns après les autres à mes parents qui n'avaient pas daigner les relever. Aujourd'hui encore, je lisais entre les lignes des lettres de ma mère, dans ses phrases sans saveur et ses questions banales sur ma vie à Pré-au-Lard, ce qu'elle m'envoyait clairement comme message. Que je ne devais rien dire, rien faire. Alors que cela me tuait à petit feu. Pas important ! Ces traces sur la peau claire de Ruby m'apparaissaient comme les signes monstrueux de ce qu'on lui avait infligé et qui ne se voyait pas - ce n'était pas elle en réalité qui les faisait, mais son passé qui quémandait un exutoire. Je sentis mon cœur se serrer, au sens propre, comme si j'avais la nausée. J'étais dégoûté, tremblant d'impuissance comme quand elle m'avait tout dit sur son enfance, et tellement, tellement en colère contre ses parents qui avaient ôté à l'enfant qu'elle était toute l'innocence qu'elle ne retrouverait jamais plus. Je ne trouvais d'explications que là-dedans, mais après tout, peut-être y avait-il d'autres choses qui m'échappaient ?... Soudain, les tempes me bourdonnèrent. Ruby s'était levée, avait bondi plutôt, et tanguai sur ses jambes, fuyant mon regard et heurtant au passage un meuble, un fauteuil, je n'en savais rien. Mon regard fixé dans le vide ne voyait plus grand chose, empreint de la vision de son visage tétanisé et de ses yeux brillants de larmes prêtes à couler. Je ne pouvais peut-être pas lui offrir assez... Et qui étais-je pour prétendre partager quelque chose avec elle alors que je ne lui disais même pas tout ! Les balafres bien ordonnées sur sa peau, ordonnées comme le geste qu'elle avait eu en caressant ma peau tout à l'heure, étaient hors de portée. Elle était hors de portée, et cela m'apparut clairement alors qu'elle s'affairait à refermer sa robe, le dos tourné. Ses épaules s'étaient inclinées et, hélas, je connaissais ce mouvement...

- Je suis désolée, c’est moi, je suis désolée, je suis désolée. Je, je vais y aller, ça sert à rien, je sers à rien, c’est tellement bête ! Son sanglot résonna en moi quand le son triste du glas. Je sais que personne ne veut d’un jouet cassé, c’est pas grave, je…

Il me fallut un certain temps avant de réellement comprendre ce qu'elle était en train de me dire. De dos, sa silhouette me ramenait à celle, dans mes souvenirs, que j'avais vue s'enfuir dans la nuit d'hiver, loin de la Tête de Sanglier. Elle m'échappait, elle fuyait et se fuyait de la même manière, et cela écrasait mon espoir, mon courage. Je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'elle avait raison. C'était peine perdue... Fuir son passé... L'ombre de Jamie était là, pour toujours. Les eaux déchaînées de la rivière accompagneraient jusqu'à la fin les battements de mon cœur. ou peut-être était-ce le fait qu'il disparaisse vraiment, de cette terre comme de ma mémoire, qui m'effrayait encore plus...

Mais ce que je ressentais pour Ruby était réel. Le reste ne servait qu'à obscurcir chaque recoin de mon cerveau. Ma famille était dispersée, ma mère ne changerait pas, pour quelle raison ?!, et mon père avait fait son choix : son travail. Mais elle, Ruby, était là, fragile peut-être, cabossée sans doute, mais vivante dans tout ce que cela comportait de beau et d'horrible. Et je lui devais bien cela, d'être là... Elle était là pour moi, et faisait partie de ces rares personnes avec Phil, mon oncle et ma tante, à ne pas vouloir laisser dans l'ombre des aspects de ma personnalité. Elle acceptait ma vérité comme j'acceptais la sienne. Il était temps que je la lui livre entièrement. Sans un mot, j'attrapai ma chemise tombée sur le canapé, et l'enfilai - son contact un peu frais me fit frissonner. Puis, je me levai.

La distance qui nous séparait m'était infranchissable. Il y avait autant de chances qu'elle s'effondre quand je la touche que ce geste soit bénéfique, et voilà que j'avais peur de cela, de sa réaction, de l'empirer, de l'effrayer. Je ne savais pas comment réagir : c'était la première fois que je voyais de telles preuves d'auto-mutilation. Quand en plus, elles s'exprimaient chez celle qui faisait battre mon cœur... Un sanglot étouffé retentit plus fort, et enfin mon regard se raccrocha à quelque chose de tangible : Ruby qui n'arrivait pas à remonter la fermeture. Doucement, je m'approchai de son dos, passai mes mains de chaque côté d'elle et lui pris calmement les deux attaches des mains. Je les enclenchai et remontai le petit morceau de métal : à l'inverse de tout à l'heure, sa robe s'enroula autour d'elle, tendant le tissu qui galba à nouveau sa silhouette tandis que je prenais bien garde à ne pas accrocher sa peau. Arrivé en haut, j'eus un dernier regard vers son décolleté qui fut de nouveau prisonnier, et je lâchai la fermeture. Avec précaution, je passai doucement mes mains depuis ses épaules vers ses mains, que je pris dans les miennes, avant de croiser nos bras sur son ventre et de laisser ma tête s'incliner dans son cou, dont je respirais l'odeur. Comme toujours, c'était un abri, un refuge dans la tempête, doux et tellement... Aérien, lisse et brillant. Près d'elle, le monde n'avait plus toute sa lourdeur et sa noirceur. Combien de temps restais-je ainsi ? Aucune idée, mais j'attendis d'avoir l'énergie nécessaire pour continuer, puisant ma force dans la tiédeur de son cou. Sous mes lèvres, que je promenais ensuite délicatement sur sa peau, je sentais sa veine palpiter. Je fermai un instant les yeux avant de me redresser légèrement, de façon à ce que nos regards se croisent si elle tournait un peu la tête.


- C'était trop rapide, ce n'est de la faute de personne, c'est comme ça, coupai-je court avec un sourire rassurant qui n'attendait pas de contestation. Mais... Je préfèrerais que tu restes, tu veux bien ? ajoutai-je plus doucement, lui laissant ce choix même s'il n'était pas question que je la laisse s'en aller.

Je n'avais pas terminé.


- Ruby... Murmurer son prénom me faisait toujours le même effet, à la fois doux et un peu excitant. Tu n'es pas un jouet, tu es quelqu'un dont on n'a pas pris assez soin. Mais moi, je veux prendre soin de toi. Je marquai une pause, hésitant un peu, choisissant mes mots avec précaution. Qu'est-ce qu'ont dit les médecins ? demandai-je, parce que je n'avais pas assez de pièces pour comprendre. Mais ça, je serrai un peu sa main sur son ventre, c'est te faire du mal, tu comprends ? Pourquoi... Pourquoi ça te fait du bien ?

Comme ses sanglots s'étaient un peu calmés mais que des larmes roulaient encore sur ses joues, j'embrassais sa joue et laissai mon visage contre le sien, collant nos fronts. Je sentais les mots pressés de sortir de ma bouche :

- C'est important, tu sais. C'est important parce que je t'aime et que plus jamais je ne veux que tu penses ça : tu n'es pas un jouet cassé. Tu crois qu'un jouet cassé aurait pu me sauver comme tu l'as fait ?

Je faisais allusion à la rivière, mais n'était-ce pas bien plus que j'englobais dans cette question ? Comme c'était étrange : je n'étais pas anxieux ou fébrile de lui avoir dit mes sentiments, mais simplement soulagé, libéré. Ils avaient éclos dans l'air, comme une évidence. Je réprimai un sourire et lâchais son regard pour embrasser son cou, lui murmurant une nouvelle fois au creux de l'oreille ces quelques mots dont le pouvoir m'envahissait tout entier : je t'aime.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeLun 20 Mai - 23:46

Spoiler:



"A sign
In your eyes
A familiar light
Says it's alright

You said you don't have to speak
I can hear you
I can feel all the things you've ever felt before

I said it's been a long time
Since someone looked at me that way
It's like you knew me
And all the things I couldn't say

Together
To be

Together
And be."

Je n’avais aucune raison d’être ici à présent, je le savais bien. Une nouvelle fois, il semblait que j’avais balayé moi-même ce qui me rendait heureuse, moi qui aurais simplement pu cacher habilement les marques derrière des habits le temps qu’elles cicatrisent. Je m’étais laissé porter par le courant qui nous avait tout deux happés lorsque nos baisers s’étaient intensifiés et moi qui contrôlais toujours tout, j’en étais venu à oublier ma plus grande faiblesse. Oui, c’était surement la plus importante car la plus visible. A la fois, les voir me procurait cette sensation de contrôle, je comprenais d’où venait la faille et la douleur, contrairement à tout ce qui pouvait me traversait et que je ne pouvais saisir. Mais d’un autre côté, il suffisait d’ouvrir ma robe pour découvrir tous les démons logés sur ma peau, comme s’ils avaient été trop à l’étroit à l’intérieur, et je ne pouvais plus cacher ma vulnérabilité. Et qui souhaitait afficher ainsi ses peines ? J’étais la première à tout enfouir, et je n’avais pas songé qu’en matérialisant la douleur, elle devenait visiblement pour les autres – pour celui que j’aimais. Ce n’était pas seulement la tristesse qui crispait mes gestes et me faisait trembler, c’étaient la profonde honte et culpabilité qui m’envahissaient parce que je savais qu’à présent Ewan ne me regarderait ni me considérerait pareil, et j’étais la seule à blâmer. Je voulais simplement réussir à fermer cette fichue robe que je n’aurais jamais dû ouvrir, et partir, partir de cette atmosphère que mes sanglots rendaient étouffante.

Je pleurais tant que je ne l’avais pas entendu se lever, si bien que lorsqu’il glissa ses mains autour de moi, je ne pus retenir un sursaut de surprise et de peur – non, il ne fallait pas qu’il touche, qu’il regarde, c’était immonde ! Je voulus d’abord chasser ses mains, avant de réaliser qu’il attrapait la fermeture éclair qui m’échappait pour la remonter lentement. Je ne pouvais retenir mes sanglots, qui ne se calmèrent même pas lorsqu’il prit enferma mes doigts entre les siens, nouant ses bras autour de ma taille avant d’enfouir son visage dans mon cou. J’essayais de reprendre une respiration plus nette, de comprendre ce qui se passait, mais j’étais tétanisée par toutes les émotions contradictoires qui me traversaient. Je voulais partir, parce que j’avais trop honte et peur de rester et à la fois, je ne voulais surtout pas qu’il me lâche, réalisai-je alors que mes doigts serraient un peu plus fort les siens. Comme si lui aussi, il avait besoin de reprendre ses esprits, il ne bougea pas pendant un long moment où je restais le visage baissé, les yeux fermés d’où s’échappaient des larmes incessantes.


- C'était trop rapide, ce n'est de la faute de personne, c'est comme ça. Peut-être n’était-ce la faute de personne si nous nous étions emballés, mais j’étais de toute évidence celle qui avait gâché la suite. Comment pouvait-il continuer à être si doux, si tendre après ce qu’il avait vu… Mais... Je préfèrerais que tu restes, tu veux bien ?

Je ne répondis rien, mais je sentis mes mains serrer les siennes avec plus de fermeté, et j’enroulais nos bras mêlés un peu plus contre ma taille ; bien sûr que je voulais rester, bien sûr… Silencieusement cependant, je priais pour y rester sans ajouter un mot. J’espérais qu’il ne pose aucune question, qu’il comprenne que je ne pouvais lui donner de réponses de toute manière. Pouvais… Ou voulais ?

- Ruby... Tu n'es pas un jouet, tu es quelqu'un dont on n'a pas pris assez soin. Mais moi, je veux prendre soin de toi. Tout doucement, je détachai une de mes mains pour essuyer les larmes qui commençaient à se calmer, avant de la loger à nouveau dans celle d’Ewan, comme si j’avais eu peur pendant quelques secondes de perdre mon cocon. Je voulais lui répondre qu’il le faisait déjà, et que c’était moi qui ne savais pas m’occuper de moi-même, mais j’étais encore trop retournée pour parler, et je préférais de toute manière sa voix douce à la mienne, étranglée par les sanglots. Qu'est-ce qu'ont dit les médecins ? Non, je ne voulais pas… Je ne pouvais pas répondre. Je voulais qu’il soit bien avec moi, et une fille comme moi n’était pas ce que quelqu’un de stable cherchait, je le savais. Mais ça, c'est te faire du mal, tu comprends ? Pourquoi... Pourquoi ça te fait du bien ?

Je ne répondis pas non plus, laissant Ewan embrasser ma joue avec un sourire triste. Bien sûr que c’était me faire du mal, je le savais. Mais j’aimais trop Ewan pour lui raconter ça, et puis de toute manière, pourquoi faire ? Voulait-il vraiment savoir ? Personne ne voulait savoir ce genre de choses. Si j’avais espéré secrètement que pendant ces quelques semaines de relation, il s’était senti aussi bien avec moi que je l’étais avec, je venais de tout balayer lorsqu’il avait vu les cicatrices.

- C'est important, tu sais. C'est important parce que je t'aime, je tournais mon visage vers le sien, les yeux s’écarquillant sous la surprise tandis qu’Ewan me regardait paisiblement comme s’il me parlait du temps qu’il faisait, comme s’il venait de me dire quelque chose de parfaitement normal auquel j’aurais été préparé et non deux mots qui déclenchèrent un ouragan dans tout mon corps et qui m’assommèrent, comme si soudain le monde entier s’était échoué contre moi, et que plus jamais je ne veux que tu penses ça : tu n'es pas un jouet cassé. Tu crois qu'un jouet cassé aurait pu me sauver comme tu l'as fait ?

Je n’étais pas sûre d’avoir bien entendu la suite de la phrase. A vrai dire, je n’étais plus sûre de rien, j’avais l’impression que tout tournait autour et en moi. J’essayais d’imprimer ce qu’il venait de dire, de comprendre, de saisir, peut-être avais-je tout simplement rêvé ? Ce n’était pas possible, me répétai-je, et à la fois je l’avais entendu et je savais très bien qu’Ewan ne disait jamais rien à la légère, encore moins lorsque cela impliquait ses sentiments sur lesquels il était toujours très discret. Je retournais dans mon cerveau ces deux mots, cherchant à leur donner du sens, mais ça m’échappait complétement, parce que ce n’était pas… Possible. Ewan ne pouvait pas… M’aimer. Je restais immobile, incapable de faire quoi que ce soit, le laissant m’embrasser le cou tout doucement tandis que mon visage trahissait probablement mon incompréhension. C’est alors que, comme s’il était totalement inconscient de ce qu’il était en train de déclencher, Ewan se pencha vers mon oreille pour y murmurer les deux petits mots d’un souffle tendre.

« Je t’aime. »

Peut-être fallait-il qu’il le répète une deuxième fois pour que je comprenne enfin et soudain, je sentais la vie qui s’était échappée quelques secondes de moi reprendre possession de mon être, et je ne laissais pas le temps à Ewan de faire quoi que ce soit : brusquement, je me retournais et attrapai ses lèvres comme si les battements de mon cœur en dépendait. Jamais je n’avais embrassé quelqu’un de la sorte, et je compris bientôt que c’était le genre de baiser qui ne se reproduirait jamais, comme s’il portait quelque chose d’unique qui marque durablement l’intérieur et laisse une marque indélébile. Mes mains entourèrent son visage, mes doigts hésitant entre ses joues et sa nuque, et lorsqu’ils choisissaient d’effleurer celle-ci, c’était pour approcher ses lèvres un peu plus près des miennes. Il y avait quelque chose dans cette étreinte qui était aussi semblable à un ouragan qu’à la caresse la plus tendre qui soit, et bientôt mes bras s’enroulèrent autour de sa nuque et je sentis que le sol se dérober sous mes pieds, comme si j’allais manquer de perdre connaissance. Il n’y avait plus rien d’autre que cet instant qui durerait toujours, et je sentis l’intensité et la tendresse de ce baiser m’envahir avec une telle force que des larmes de joie me piquèrent les paupières. Dès que l’air me manquait, je me répétais les deux mots, et soudain c’était comme si respirer m’était bien égal, et je réunissais à nouveau nos lèvres comme si désormais j’avais compris qu’il me serait impossible de vivre normalement si elles étaient éloignées.

Finalement, je m’ordonnais de nous écarter, et timidement, j’essuyais d’un revers de main les quelques larmes qui avaient roulé sur mes joues. Doucement, je posais mes paumes sur le torse encore tiède d’Ewan, et je levais les yeux vers lui. Pendant un moment, je fus incapable de parler et je me contentais de, tant bien que mal, tout transmettre dans nos regards qui ne se lâchaient pas. Pour la première fois, j’eus l’impression de parfaitement cerner ce que me renvoyaient ses iris bleutés, et ce que j’y lus gonfla mon cœur. Mais les mots se bousculaient encore contre mes lèvres, confus, et j’appuyais mon visage contre son torse en entourant sa taille de mes bras, mes mains s’accrochant au tissu de sa chemise. Je m’y repris à plusieurs fois pour reprendre mes esprits et une respiration normale et finalement, je m’écartais, veillant cependant à rester bien lovée dans son étreinte.


- Je… Je ne comprends pas pourquoi tu penses ça, dis-je soudain, un timide sourire niché sur mes visages, mais ça me rend… Je suis heureuse. Lâchai-je de but en blanc, mon regard plongé dans le sien. Et j’aimerais que tu puisses sentir le parfum de mon amortensia, parce que c’est toi partout et que tu puisses… Les choses se compliquaient, et lentement, je dégageai une de mes mains de son dos pour prendre la sienne, et je les posai jointe sur mon cœur. Comprendre tout ce qui se passe là-dedans, parce que… C’est tellement fort que c’est un peu effrayant. Confiai-je en baissant les yeux, presque intimidée de me dévoiler ainsi. J’aurais voulu répondre que je l’aimais aussi, mais les mots se mélangeaient et se perdaient dans ma gorge. Moi aussi je… Je… Tellement…

Je fermais les yeux un instant, sentant mes lèvres s’étirer en un sourire. J’eus l’étrange sensation, aussi douce qu’amère, que c’était trop fort pour moi et je ne terminais pas ma phrase, préférant me loger silencieusement dans ses bras, mon visage dans le creux de son cou. Je restais immobile pendant un long moment, tentant d’imprimer chaque sensation pour ne jamais oublier ce sentiment qui m’envahissait. Puis, lentement, je m’écartais et, prenant sa main, je nous menais vers le canapé. Il sembla comprendre ce que je voulais, car il s’installa en s’appuyant sur un cousin contre l’accoudoir, pas tout à fait assis ni vraiment allongé, et je me lovais tout contre lui, le visage sur son torse. Mes cheveux s’étendaient sur sa peau nue, comme une couverture, et je promenais mes doigts entre les fils dorés et sa peau, la caressant tout doucement. Je savais ce que désormais je devais faire… Mais ce n’était pas un devoir, finalement. J’avais envie de le dire à Ewan, j’avais besoin qu’il m’écoute et qu’il me serre tout de même dans ses bras.

- Ils disaient que j’avais peur d’être imparfaite, de ne pas être assez bien, et que quand j’étais sous pression, je l’extériorisais comme je le pouvais… Murmurai-je, honteuse. C’était plus qu’une peur d’après eux, c’était une véritable phobie. Un jour, un médecin a dit que c’était une maladie, mais je… Je ne voulais pas, parce que c’était irréversible. Je fermais les yeux, crispant un peu mes doigts sur sa peau. Je me souvenais très bien de ce moment où le médecin l’avait expliqué à Madame Martin. J’avais sept ans. Ajoutai-je dans un souffle. Je revoyais mon visage pâle et creusé que j’examinais dans le miroir, avant de regarder mon corps pour y chercher des marques de ce qui me rongeait, sans succès. Une fois, je l’avais demandé à une infirmière, la seule que j’aimais bien à l’hôpital où j’allais voir un psychologue : Pourquoi est-ce que ça ne se voit pas ? Tu sais j’ai.. J’ai eu beaucoup de phases. A chaque fois, je me punissais d’une manière ou d’une autre. A un moment, je ne mangeais plus, à un autre, je me faisais du mal. Je trouvais toujours un moyen. Les médecins ont fini par me donner des médicaments pour que je sois plus heureuse… Je marquais une pause, sentant le goût amer des larmes se faufiler dans ma gorge, mais je luttais pour finir d’expliquer. Je voulais qu’Ewan sache. Qu’il comprenne. C’était encore pire, parce que pendant quelques heures, j’étais comme amorphe et quand ça redescendait, la réalité revenait plus douloureusement. J’avais peur de ne plus pouvoir être heureuse par moi-même, j’avais besoin… J’ai besoin de contrôler ce que je ressens, y compris la douleur. Soudain, la peur crispa mon corps, et je n’osais pas continuer. Je m’approchais de plus en plus du problème, du présent et pour l’une des premières fois de ma vie, il me sembla plus difficile de parler d’aujourd’hui que de mon enfance. Je la choisis, elle est visible, elle est tangible. Je la mér…

Mais soudain, je m’arrêtai, gênée. Je savais qu’Ewan n’accepterait jamais cette vérité là –je mérite cette douleur. Je me recroquevillais un peu plus contre lui, les yeux toujours clos, ma respiration tremblant un peu plus.

- J’aimerais qu’elles disparaissent et que tu ne les ai jamais vu, je suis désolée… Murmurai-je une nouvelle fois. Je n’ai jamais raconté ça à personne. Ajoutai-je soudain, timidement. Je ne veux pas être… Malade. Dans tous les sens du terme. Doucement, je relevais le visage pour plonger mes yeux dans ceux d’Ewan. Tu crois que je suis malade ? Demandai-je malgré moi. Au fond, si j’essayais de paraître détachée, je sentais ma voix qui tremblait et mon regard qui cillait. Je voulais qu’il soit honnête et à la fois, je connaissais déjà la vérité. Bien sûr que je l’étais… Je voulais simplement qu’il me dise que malgré tout, il resterait.
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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeVen 31 Mai - 1:11

Je ne l'avais pas dit pour qu'elle me le dise en retour. C'était une certitude qui flottait en moi : une certitude douce et pleine de ce soulagement qu'avaient provoqué les mots en s'échappant de mes lèvres. Je n'attendais rien, je n'attendais pas à ce que cette déclaration peut-être un peu hâtive, mais qu'importe, ait le retour souvent attendu. Non pas que je ne voulais pas l'entendre ou n'en avais pas besoin, car ce n'était pas le cas, mais... Mais simplement, de la voir si démunie face à tout ce qu'elle devait combattre, elle et elle seule, m'était à la fois si douloureux et me renvoyait en même temps ma propre image que je ne pouvais pas résister à l'envie de l'aider dans cette tâche, à l'envie qui n'avait pas faiblit depuis que je l'avais ressentie : la protéger. Et puisque je n'avais pas tant de moyens que ça, le premier qui avait jailli était ces trois petits mots, mes sentiments livrés dans toute leur simplicité. Contrairement à l'habitude, je n'avais pas réfléchi, je n'avais pas pesé mes mots, car ceux-là tout particulièrement avaient besoin de spontanéité. Alors, oui, c'était un soulagement, un soulagement bien inattendu car nouveau, mais je ne pouvais pas parler par expérience. Jamais ils ne m'avaient été si évidents, ces mots-là, peut-être tout simplement parce que je les pensais pour la première fois, et ce que je ressentais pour Ruby n'avait aucun précédent. Mais c'était trop tôt, et c'était sans doute une erreur, une grosse erreur - tant pis. Je ne voulais pas y penser, et surtout, pas empêcher ce qui grandissait en moi. Je n'étais pas certain qu'il soit donné aussi souvent que cela, dans la vie, de rencontrer une personne qui faisait vibrer autant de choses en moi que le faisait Ruby. Elle était, finalement, tout ce que j'attendais sans le savoir, tout ce dont j'avais besoin, tout ce que j'aurais pu espérer si je m'étais pris à rêver... Comment résister ? Depuis le début, cela m'avait été impossible. Maintenant il était trop tard, bien trop tard...

Pour preuve de cette sérénité qui me réchauffait tout entier, et semblait vouloir me donner la force tranquille pour apaiser Ruby qui elle n'était pas sereine, la façon dont nous nous serrions l'un contre l'autre me suffisait à ne rien regretter. C'était comme si elle avait été faite juste pour moi, comme si je n'avais qu'à écarter les bras pour qu'elle soit là, contre moi, et que sa tiédeur se propage jusque dans ma chair... C'était une sensation à la fois si puissante et si unique qu'elle en était effrayante, mais pour rien au monde je l'aurais laissée s'échapper. Je ne desserrais pas mes bras, je ne bougeais pas, espérant, en la berçant doucement, que ses sanglots s'apaisent et que ses larmes arrêtent de couler. Pourtant je savais pertinemment qu'elles pouvaient être bénéfiques - combien de fois avais-je espéré que mes parents les acceptent, les miennes comme les leurs ? - mais j'avais trop vu pleurer Ruby pour ne pas espérer les sécher. Je voulais faire pour elle ce qu'elle avait fait pour moi, être le déclic, l'élément qui en entraîne un autre, parce que oui, bien sûr, elle m'avait lavé autant que l'orage terrifiant de cette nuit-là, refoulant mes chagrins un peu plus loin, les écartant de moi pour la première fois pour me permettre de respirer. Ils étaient toujours là, mais j'avais vu, j'avais su comment faire, j'avais surtout compris qu'il me fallait les laisser... couler, plutôt que de m'y noyer. Elle avait agrippé, elle aussi, ce secours que je lui offrais, et après s'être posées sur mes bras et mes mains je sentis une de ses mains dans sa nuque, et j'inclinai un peu plus ma tête vers elle pour lui murmurer ces petits mots que j'avais sur le coeur. Je ne pouvais pas oublier ce que nous venions de partager, ces caresses bien plus enflammées qu'à l'habitude, et les secrets qu'avaient dévoilés sa robe et son odeur m'enivrait encore un peu, mais ce brusque retour à la réalité et les terribles marques sur sa peau m'ôtaient toute capacité de penser à autre chose. Une seule question tournait en boucle dans mon esprit : Pourquoi ? Pourquoi ? Avec toute ma volonté, je voulais accepter les raisons de ces mutilations, je voulais blâmer tout ce qu'elle avait subi et qui la poussait à se faire du mal parce qu'elle en avait trop. Mais quelque chose bloquait - sans doute parce que ces gestes m'étaient étrangers - et quelque chose, surtout, me révoltait. Je ne voulais pas cela ; je ne le supportais pas, la seule vue de sa peau mutilée me donnait froid dans le dos, et rien n'aurait pu me faire sentir plus impuissant que cette constatation-là. C'était son fardeau, comme nous avions tous les nôtres, et je n'avais malheureusement pas les moyens de le déchiffrer et de l'alléger.

Je ne retins pas un léger sourire en parlant, et encore plus quand elle tourna son visage vers le mien pour que nos yeux s'accrochent. Et c'était toujours la même chose : son regard brillait toujours autant, à tel point que mon coeur se contractait à chaque fois que je le croisais. Quelle intensité se terrait là, derrière le bleu parsemé de petites étoiles de ses pupilles !... C'était comme si j'avais un accès direct à son âme, quand elle me regardait ainsi, et de tout mon coeur j'espérais qu'elle lisait en moi de la même manière. Il n'y avait plus grand chose, dorénavant, qui s'immisçait entre nous, même si cela s'était passé malgré moi, malgré nous quelque part. Le fait était que je voulais cela : je ne voulais rien entre nous.

Sans doute était-ce pour cela que je répétais plusieurs fois ces deux petits mots, parce qu'ils débordaient en moi et que je voulais qu'ils sortent et la réchauffent comme ils me réchauffaient moi. J'ignorais, à vrai dire, ce qu'ils déclenchaient en elle, mais soudain elle se retourna et je la sentis pressée contre moi tandis qu'une de mes mains allaient tout naturellement se glisser sur sa chute de reins et que l'autre répondait à la pression qu'elle mettait d'un coup dans cette étreinte, dans ce baiser qu'elle me vola avec une tendresse toute particulière. Je sentis à l'intérieur de moi se déclencher un tel flot d'émotions que mon autre main alla agripper ses cheveux et pendant combien de secondes, combien de minutes ?, ma seule préoccupation fut de survivre à ce baiser qui me semblait aller jusqu'au plus profond de moi. C'était une réponse, me semblait-il... Une réponse qui se passait deux mots ? Toujours était-il que la tension grandissait et que je ne voulais plus me défaire, jamais, de ce baiser, qu'il était parfait en tous points - les lèvres de Ruby étaient à la fois douces et tellement pressantes, nos souffles ne tenaient plus, mais se répondaient avec un équilibre dont sans doute seuls nos corps liés l'un à l'autre avaient le secret. Et dans mes bras, si fragile qu'elle semblait, si fragile que j'étais moi aussi, je nous sentais tellement vivants, tellement dressés contre les vagues qui se fracassaient contre nous que rien, absolument rien, et je le savais, ne pouvait s'y opposer.

Quand elle s'écarta - c'était comme si on m'ôtait toute cette puissance, et l'espace d'un instant je me sentis désespérément vide, si elle n'avait pas été contre moi j'aurais très certainement vacillé - nos regards ne se quittèrent plus et tandis qu'elle essuyait les larmes qui perlaient à ses yeux j'eus un geste un peu fiévreux en repoussant les quelques mèches blondes qui étaient tombées devant ses yeux, et en caressant sa joue puis sa bouche et son menton, du bout des doigts. Je peinais à retrouver mon souffle, mais ni elle ni moi, je crois, ne s'en formalisions.


- Je… Je ne comprends pas pourquoi tu penses ça, mais ça me rend… Je suis heureuse. J'eus un vague sourire - pourquoi ? Ne venait-elle pas de le sentir ?... Et j’aimerais que tu puisses sentir le parfum de mon amortensia, parce que c’est toi partout et que tu puisses… Sa main vint poser la mienne sur son coeur, à l'endroit même où j'avais posé mes lèvres un peu plus tôt, sur le renflement de sa gorge. Comprendre tout ce qui se passe là-dedans, parce que… C’est tellement fort que c’est un peu effrayant. Moi aussi je… Je… Tellement…

Mon sourire s'agrandit quand elle évoqua l'Amortensia, mais il ne m'en fallait pas plus, et ses mots un peu hésitants m'emplissaient de douceur à leur tour. Je voulus dire quelque chose, mais il n'y avait rien à ajouter, je voulais lui dire qu'elle n'avait pas besoin de le dire, pas encore, mais elle se laissa elle-même ce choix, et je finis par baisser le regard vers nos deux mains l'une sur l'autre, avant de pencher mon visage et d'embrasser son coeur, à la limite de la robe et de sa peau, goûtant encore une fois la saveur particulière de cet endroit-là.

Elle finit par se dégager de mes bras et nous entraîna vers la canapé ; nous nous y installâmes à nouveau dans une position moins délicate, mais elle était de tout de même contre ma peau nue et ses cheveux me chatouillaient un peu partout, tandis que ses mains couraient doucement, effleurant mon épiderme. Mon bras était enroulé autour de ses épaules et j'avais attrapé une de ses mains pour y mélanger nos doigts, et il me semblait que j'aurais pu sombrer dans un sommeil parfait et délicieux sans qu'on ait besoin de m'y pousser... Mais je savais ce qui nous attendait. Je savais que les questions irrésolues n'allaient pas tarder à refaire surface, tout comme je savais qu'il fallait qu'elles le fassent. Mon oncle Matthew m'avait toujours enseigné l'importance capitale de mettre à plat les choses lorsqu'il en était temps, sans repousser au lendemain, et s'il m'avait toujours semblé que ce n'était pas applicable forcément dans tous les cas, l'expérience m'avait bien vite appris qu'il avait raison. Ce qui n'était pas dit flottait toujours quelque part, à la limite de notre conscience, et aimait à y resurgir lorsqu'on s'y attendait le moins... Je savais pertinemment que là n'était pas la solution.

- Ils disaient que j’avais peur d’être imparfaite, de ne pas être assez bien, et que quand j’étais sous pression, je l’extériorisais comme je le pouvais… C’était plus qu’une peur d’après eux, c’était une véritable phobie. Un jour, un médecin a dit que c’était une maladie, mais je… Je ne voulais pas, parce que c’était irréversible. J’avais sept ans. Tu sais j’ai.. J’ai eu beaucoup de phases. A chaque fois, je me punissais d’une manière ou d’une autre. A un moment, je ne mangeais plus, à un autre, je me faisais du mal. Je trouvais toujours un moyen. Les médecins ont fini par me donner des médicaments pour que je sois plus heureuse…

Comme la première fois, mon pouce effectuait des petits mouvements circulaires sur sa main... L'enfance de Ruby m'apparaissait peu à peu, par bribes, et à chaque nouvelle information, c'est à peu près la même chose : un intense douleur et une amertume prononcée, parce qu'elle avait tant ballottée et si peu prise en compte pour ce qu'elle était plutôt que pour ce qu'on lui étiquetait sur le front que je ne pouvais que voir là un immense gâchis... Irréversible. Des médicaments... Cela m'attrista, mais je tentais de ne rien montrer.

- C’était encore pire, parce que pendant quelques heures, j’étais comme amorphe et quand ça redescendait, la réalité revenait plus douloureusement. J’avais peur de ne plus pouvoir être heureuse par moi-même, j’avais besoin… J’ai besoin de contrôler ce que je ressens, y compris la douleur. Je la choisis, elle est visible, elle est tangible. Je la mér…

... Non. Mon pouce se figea et mon corps se crispa - cela ne put lui échapper. Il n'y avait rien, rien dans toute cette histoire qui était de sa faute, et rien qu'elle ne devait mériter ; je savais que la culpabilité était un problème, surtout depuis... Cette histoire avec son père, mais je ne pouvais pas supporter l'entendre le dire, comme si les mots étaient encore plus cruels que la vérité.

- Non, lâchai-je simplement dans un souffle en serrant un peu plus sa main.

- J’aimerais qu’elles disparaissent et que tu ne les ai jamais vu, je suis désolée… Je n’ai jamais raconté ça à personne. Je ne veux pas être… Malade. Tu crois que je suis malade ?


De la même manière que je ne pouvais pas me blâmer de l'incapacité de mes parents à affronter la triste réalité, elle ne pouvait pas, tout simplement pas, s'infliger tout cela. Je sentis le silence nous envahir tandis qu'elle avait relevé la tête vers moi, et au fond de moi siégait une sensation étrangement douloureuse quand il s'avérait que je n'avais qu'à dire non avec insistance pour balayer ses doutes... Mais elle ne doutait pas. Ce n'était pas une question, plutôt un appel à l'aide, ou un aveu, qu'en savais-je. Les marques sur ses hanches prouvaient qu'elle avait la réponse. Et cela me rendait triste... Elle avait en elle quelque chose qui rayonnait, et qui n'avait rien à voir avec tout cela, une pureté que peu de gens possédaient et qui avait résisté à toutes les attaques. Pourquoi ne pouvait-elle pas s'en rendre compte ? Sans ajouter un mot, j'étirai le bras pour attraper ma baguette, et faire voler jusqu'à nous une couverture, que j'installais sur nous, enveloppant Ruby avec précaution, avant de la caler un peu plus contre moi, et de l'entourer de mes bras.

Je pris une inspiration, avant d'embrasser son front et de jouer machinalement avec ses cheveux. J'entrevoyais sans doute un peu mieux pourquoi... Pourquoi elle s'infligeait cela, cette histoire de contrôle - j'entrevoyais cela dans sa logique, sans réussir à l'appliquer à la mienne, mais c'était déjà un pas en avant.


- Je ne le crois pas, non. Je pense qu'on a plutôt essayé de te faire croire que tu l'étais, ce qui n'est pas pareil... Des médicaments, tout de même, elle était si jeune... Je m'étendis un peu plus sur le canapé, avant de réussir à lui poser la question qui me travaillait : Mais si tu le fais encore, c'est que tu es sous pression, alors ? Est-ce que pourtant depuis que tu es à Poudlard, depuis... Enfin, est-ce que tu ressens les mêmes choses que quand tu étais petite ? Qu'est-ce qui te met sous pression ?...

Quand je repensais à sa réaction de tout à l'heure, je ne pouvais pas m'en empêcher... Il y avait eu un changement dans son attitude, comme un geste de défense, je l'analysai ainsi, avec le recul. Alors je ne pouvais pas retenir cette pensée : est-ce le fait que nous nous soyons rapprochés l'angoissait ? Je comprenais que cela n'avait rien de simple et que quelque part c'était effrayant, mais c'était bien trop... merveilleux pour que la peur prenne le dessus. Sauf que si c'était le cas pour elle... Je ne pouvais pas la laisser continuer.

- Je ne voudrais pas que tu sois sous pression avec moi, confiai-je alors un peu tristement. Car c'était bien là tout le problème, n'est-ce pas?... J'avais provoqué quelque chose qui l'avait mise mal à l'aise et... Je rajoutai avec encore plus d'incertitude : Comment ça s'est passé avec Hadrian, est-ce que tu... Est-ce que vous... ?

Tout d'un coup, je ne pus pas en dire plus. C'était à la fois un peu délicat, et à la fois, à mon tour je me sentais trop coupable - car ce que j'avais dit un peu plus tôt était bien dans le but contraire : qu'elle soit portée en avant et pas tirée vers le bas, et si tel était le cas... Je me sentais plus impuissant encore. Je la serrai un peu plus contre moi. Il faisait noir, plus noir que tout à l'heure, et même si la nuit était relativement claire et tombait dans la pièce par la petite fenêtre de mon salon, je me sentais vulnérable tout d'un coup, et la seule chose dont j'avais besoin était cette sensation de tout à l'heure, cette sensation que j'avais eu lorsque Ruby m'avait embrassé et que j'avais été persuadé que rien, plus rien, ne pouvait arriver.
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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeLun 3 Juin - 19:27

J’aurais voulu qu’Ewan puisse entendre les battements de mon cœur, la manière dont mon sang pulsait dans mes veines lorsqu’il m’embrassait, la délicieuse chaleur qui me prenait et les frissons qui s’y mêlaient, comme si tout mon corps était en alerte. Mais j’avais l’impression que c’était plus, tellement plus. J’aurais voulu qu’il voit mon étrange sourire lorsqu’il était dos à moi et que j’admirais son profil, concentré sur la potion, et que je ne devinais que quelques expressions de son visage à moitié caché, mais que j’avais toujours ses mains dans mon champ de vision –et qu’est-ce que j’aimais ses mains ! La manière dont elle touchait toujours les ingrédients avec une telle douceur, une précision et à la fois une fermeté, comme s’il savait exactement ce qu’il faisait. J’aimais la manière dont ses mains me touchaient, comme si j’étais précieuse, fragile, et désirable malgré tout. J’aurais voulu, tant voulu, qu’Ewan sente le creux dans ma poitrine lorsqu’il me souriait, qu’il sente cette admiration qui grandissait quand je le voyais parler avec d’autres gens, comme à cette soirée chez Joseph. Il avait cette douceur, toujours, cette politesse qui ne le quittait pas, il ne se mettait jamais en avant et pourtant, comment nier son assurance calme qui appelait directement à la confiance, ce charisme discret que j’observais du coin de l’œil, avec toujours cet étrange sentiment amoureux et à la fois peut-être de crainte parce que je savais que les filles autour de moi le remarquaient aussi. Et je ne voulais pas, autant que je refusais la jalousie, autant j’avais simplement… Si peur qu’Ewan les voit plus que moi, et il aurait peut-être eu raison au fond, mais je voulais simplement qu’il m’aime. Est-ce que c’était égoïste ? Je ne voulais pas qu’il se coupe du monde, loin de là, mais je voulais son amour rien que pour moi, parce que le mien n’était rien que pour lui… C’était logique, n’est-ce pas ?

Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander… Depuis quand ? Depuis quand m’aimait-il ? Depuis quand l’aimais-je ? Je n’étais pas sûre de savoir, car dès le début j’avais tenté de tout refouler pour ne surtout laisser aucune émotion me gagner, parce que je craignais… Je craignais ce dont j’avais envie, probablement ? L’évidence m’était apparue le soir de la rivière, mais elle ne venait pas de nulle part. Elle s’était construite de détails qui s’étaient amassés petit à petit et que j’avais refusés, enfouis à l’intérieur en les niant. C’était le frisson qui m’avait parcouru lorsque le soir de mon anniversaire, il avait déposé un baiser sur ma joue avec un petit sourire malicieux. C’était l’écharpe qu’il m’avait prêté et que je portais toujours, dormant même avec en plongeant mon visage dans le tissu dont l’odeur de vanille et de réglisse me réconfortait. C’était la manière dont je rougissais quand avant de partir du bar, je déposais un baiser sur sa joue parce que j’étais un peu ivre. C’était l’infinie tristesse qui s’était abattu sur moi lorsque nous nous étions disputés, et que j’avais eu cette horrible impression que l’on m’arrachait quelque chose que j’avais gardé précieusement en moi, comme un petit secret. C’était la première fois qu’il m’avait pris dans ses bras et que malgré tout le désespoir qui m’étranglait, j’avais senti à l’intérieur un tel sentiment, si fort et inexplicable, comme une brûlure qui n’avait jamais vraiment cicatrisé et dont encore aujourd’hui je me souvenais. C’était lorsque j’avais dormi contre lui et que j’avais entendu son cœur battre doucement, et que le mien s’était arrangé sur ce rythme, cette mélodie. Par-dessus tout, c’est lorsqu’il m’avait dit avoir envoyé la lettre à Lizlor et que j’avais su, sans pouvoir le nier, qu’à ce moment-là j’avais envie de l’embrasser. Je ne me souvenais même pas ce qui m’avait arrêté, la peur probablement, car le sentiment avait été tellement fort qu’un seul mouvement de sa part m’aurait jeté dans ses bras.

Alors pourquoi, maintenant que j’étais sûre de mes sentiments, j’étais incapable de les formuler à haute voix ? Je m’en voulais, surtout que je ne doutais pas de ce que me disait Ewan. Je ne comprenais pas, certes, mais il me l’avait dit contre toute attente, sans que je lui aie demandé quoi que ce soit. Mentir n’aurait été d’aucune utilité. Peut-être qu’au fond… J’avais une nouvelle fois peur, peur de ce qui me dépassait. Je n’étais pas sûre d’être prête à être si vulnérable en lui avouant ce que je sentais et pourtant, je voulais lui faire comprendre – d’une certaine manière, il n’y avait pas de logique dans mon raisonnement. Les mots étaient tellement faibles parfois, et je voulais lui prouver, et… Et pour le moment, tout ce que je faisais aurait pu laisser à penser le contraire – mes cicatrices, l’alcool, la manière dont je l’avais repoussé. Comment pouvais-je encore lui plaire malgré ça ? C’était peut-être aussi parce que je ne comprenais pas que je n’arrivais à lui répondre. J’avais l’impression qu’il faisait erreur sur la personne et pourtant, je voulais qu’il ait raison, je le souhaitais tant… Parce que lorsqu’il déposa un baiser sur mon cœur, je sentis celui-ci se contracter avec force avant d’envoyer une vague de chaleur dans tout mon corps, une vague que j’aurais pu appeler bonheur, si j’avais su ce que c’était réellement. Mais peut-être que finalement, je le savais ? Est-ce que c’était ça, le bonheur ? Aimer et être aimer ? Aussi réducteur que cela semblait, en cet instant, ça me paraissait être une définition parfaite.

Une fois sur le canapé, je sentis mes muscles se détendre un peu et je me collai contre Ewan, me repliant un peu, comme un animal craintif. J’avais beau me répéter que tout allait, parce qu’il m’entourait de son bras et que sa main tenait la mienne, j’avais peur de la suite, de ce que j’allais lui dire. Parce que je voulais lui donner la vérité mais à la fois, je ne savais jamais comment les gens réagissaient avec ce genre de chose. Lui avait toujours gardé précieusement la mienne, comme s’il avait de suite compris qu’à la fois, j’avais besoin qu’il sache et n’agisse pas comme si de rien n’était, mais à la fois, ce n’était pas la peine de me regarder avec pitié et peine. Je ne savais pas comment il faisait, j’avais depuis longtemps cessé de chercher à comprendre, mais je ne pouvais pas m’empêcher de m’en étonner à chaque fois. Et là, dans la manière dont il me serrait contre lui, j’avais envie de lui dire… De lui dire que je l’aimais, le remercier, essayer qu’il comprenne tout ce qui se passait en moi – mais c’était vain, les mots se bousculaient et je me contentais de presser ma main un peu plus dans la sienne en fermant les yeux. Au fur et à mesure, les mots sortaient avec plus d’aisance, peut-être trop car Ewan ne sembla pas les accepter tous.


- Non.

Son pouce qui caressait le dos de ma main s’était crispé, et il la serrait avec plus de fermeté. Il n’avait lâché que cette unique syllabe et pourtant, j’avais senti à quel point il refusait ce que je venais de dire. Je ne pouvais pas lui en vouloir, au contraire, je comprenais… Je n’aurais jamais supporté, moi, qu’il se fasse du mal ou qu’on lui en fasse. Je me sentais mal de lui donner ce sentiment d’impuissant, parce que ces blessures, c’était moi qui me les infligeais, et comment pouvait-il alors les combattre sans me combattre moi ? Je me serrai un peu plus contre lui, relevant le visage pour lui faire face. Dans la lumière de la nuit, son regard fixait le mien, et il brillait un peu tristement, si bien que je ne pus empêcher mes sourcils de se froncer et pendant un instant, je manquais de lui dire quelque chose – mais je ne trouvais rien. Ne t’inquiète pas Ewan, ça va aller ? Ce n’était ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux. Je me sentis moi aussi tout à coup sans force, et je le laissai m’entourer de la couverture tandis qu’il embrassa mon front avant que je ne pose ma joue sur son torse, le visage un peu tourné vers le sien. Je posai mes deux paumes à plat sur sa poitrine. Sous l’une, je sentais son cœur qui battait et sans le réaliser, mes doigts s’enfoncèrent un peu plus, comme s’ils cherchaient à le toucher.

- Je ne le crois pas, non. Je pense qu'on a plutôt essayé de te faire croire que tu l'étais, ce qui n'est pas pareil... Je fronçai les sourcils – je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. Mais si tu le fais encore, c'est que tu es sous pression, alors ? Est-ce que pourtant depuis que tu es à Poudlard, depuis... Enfin, est-ce que tu ressens les mêmes choses que quand tu étais petite ? Qu'est-ce qui te met sous pression ?...

Je me mordis la lèvre inférieure, fermant soudain les yeux. Je n’aimais pas ces questions, et ce n’était pas contre Ewan mais… Mais je ne voulais pas lui dire tout ça, je ne voulais l’inquiéter, je ne voulais pas le lasser. Mais je comprenais qu’il veuille des réponses. Je ne répondis pas de suite cependant, cherchant précautionneusement mes mots. Bien sûr que j’étais encore sous pression, mais c’était différent… Est-ce que c’était pire ? Je n’étais pas sûre. D’une certaine manière, la découverte de la magie avait ôté un poids en moi, mais je l’avais troqué pour un autre, celui du regard des autres qui inlassablement s’ajoutait à ma culpabilité…

- Je crois que tu ne comprends pas, parce que tu ne m’as jamais vu à Poudlard… Ce n’était pas un reproche, loin de là. Mais là-bas j’ai voulu… Je veux… Je n’arrivais pas à choisir entre le passé et le présent, et je marquai un pause, gênée. Quand je suis arrivée, j’ai vu Poudlard comme une seconde chance. Et je n’ai jamais eu ce besoin avec toi, mais là-bas, j’avais envie d’être enfin normale. Et je ne savais pas comment faire, alors j’ai tout fait pour ne pas attirer les questions, alors forcément quand avec Hadrian, tout ça… Je sais ce qu’ils ont tous pensé. Comment est-ce que notre parfaite petite Standiford peut tomber aussi bas, elle qui semblait intouchable et lisse, sans aucuns soucis… Je marquai un pause, le menton tremblant un peu. Je sais qu’on s’en fiche du regard des autres, mais je ne peux pas m’en détacher, je ne veux pas qu’on m’aime, je veux juste qu’on me laisse tranquille. Tentai-je d’expliquer maladroitement. Je ne voulais pas qu’Ewan pense que je rêvais d’être adulée de tous, je ne le méritais pas de toute manière. Quand j’étais petite, j’étouffais de l’intérieur, et maintenant c’est l’extérieur qui m’étouffe. Conclu-je dans un murmure.

Parce qu’au fond, je me sentais beaucoup mieux avec moi-même, même si le chemin était encore long. Sûrement parce que Lizlor la première m’avait insufflé un peu de force et d’espoir, mais j’avais vu une alternative à la haine pure que j’entretenais envers moi. Parce que si elle m’aimait autant, et si je l’aimais autant, je pouvais être heureuse malgré tout… Je ne savais même pas l’expliquer, mais avec du recul, lorsque je voyais la manière dont j’avais évolué, je sentais un changement sensible. Il suffisait de regarder la manière dont la culpabilité semblait s’atténuer, et l’angle différent que prenaient les choses. J’entrevoyais enfin la possibilité de réellement me relever, d’être en paix avec le passé, et peu importe le temps et la douleur que ça me prendrait, j’en avais vraiment envie.


- Je ne voudrais pas que tu sois sous pression avec moi. Je relevai la tête un peu vivement, mon cœur se crispant : non, ce n’était pas ça, non ! Comment ça s'est passé avec Hadrian, est-ce que tu... Est-ce que vous... ?

Je fronçais les sourcils, sans comprendre ce qu’il voulait dire avant que la réalité me frappe, et mes yeux s’écarquillèrent sous la surprise.

- Non ! M’exclamai-je malgré moi, avant de reprendre plus calmement – je ne voulais pas qu’il pense que l’idée me dégoûtait, ce n’était pas ce que je voulais dire. Non, enfin, je veux dire… Non. Je n’avais pas envie, je n’avais pas assez confiance en lui je crois. Mais maintenant, avec toi c’est… Je sentis mon corps se tendre, incertain de la suite de la conversation. J’ai confiance en toi, c’est en moi que je n’ai pas confiance, tu comprends ?... Je mordis la lèvre, un air clairement désolé tirant mes traits. Ce n’est pas toi qui me met sous pression, ne pense surtout pas ça. C’est les autres, je ne veux pas qu’ils… Qu’ils se demandent ce que tu fiches avec une fille comme moi alors que… Je sentis que je m’embrouillais, et je poussai un soupir fatigué. Ce n’est pas toi, d’accord ?

Tout doucement, je levai le visage vers lui et, les paupières closes, je cherchai ses lèvres du bout des miennes. Elles étaient toujours aussi douces, et je les saisis lentement, mon corps s’inclinant un peu plus sur le sien. Est-ce que quand je l’embrassais, il comprenait qu’il me donnait l’envie de me battre ?... Je n’étais pas sûre car lorsque je m’écartai, je sentis son regard un peu triste, et mon index caressa sa mâchoire délicatement, sans que mes yeux quittent les siens. Il y avait quelque chose d’autre, je le savais, que j’avais besoin d’expier. Je m’écartai un peu, gênée, et je baissai les yeux. Mes doigts s’étaient remis à tracer des lignes droites sur sa peau, et je fixai le mouvement, n’osant pas affronter son regard.

- Il y a quelque chose que j’aimerais te dire… J’avais l’impression de l’enfoncer un peu plus à chaque fois, et ma propre attitude me désolait. Je voulais tellement qu’il soit heureux d’être avec moi… Tu sais le garçon que j’aide pour les potions ? Ma voix tremblait un peu. J’espérais qu’Ewan se souvienne de Chuck, parce que nous riions souvent des bêtises qu’il me disait en matière d’ingrédients et de recettes. J’ai… Et si je lui mentais ? Pourquoi empirer l’image qu’il avait de moi ? Mes doigts sur sa peau eurent des gestes un peu plus rapides, vifs, comme si je coupais quelque chose. Une semaine après ma séparation avec Hadrian, j’ai voulu lui parler et je l’ai trouvé à une fête avec une autre fille. J’ai été dans la salle sur demande pour… Boire, je crois que c’était le début d’ailleurs… Notai-je platement, un peu mal à l’aise. Et Chuck a débarqué et… Je m’arrêtai un instant, posant soudain mon front contre le torse d’Ewan, cachant mon visage derrière les fils de mes cheveux. J’ai couché avec lui. Je sentis un immense creux aspirer ma poitrine, et relevai un peu la tête, recommençant à tracer des lignes sur sa peau. Il avait la réputation d’être un coureur de jupons, avant de se mettre avec Taylord, mais ça n’excuse rien, c’est moi qui n’aurait pas dû… Je savais que Taylord l’aimait, je savais que je faisais une bêtise, et je m’en veux tellement… J’étais ivre, j’étais triste et au fond, je savais qu’Hadrian détestait Chuck alors peut-être que je voulais me venger, et c’est encore plus stupide, je n’ai pas d’excuses, je suis désolée de… D’avoir fait ça… De…

Soudain je me tus, car une larme avait perlé et s’était écrasé sur la peau nue d’Ewan. Je ne voulais surtout pas pleurer, mais à la fois, je m’en voulais tant, parce que j’avais enchaîné les erreurs et maintenant il était censé récupérer les morceaux et… Et comment pouvait-il vouloir s’occuper de moi, après tout ça ?

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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.]   ~ Look at the stars, Look how they shine for you. [PV E.] Icon_minitimeMar 11 Juin - 1:22

L'anxiété prenait peu à peu le pas sur ce calme que je sentais vibrer en moi quand Ruby était tout contre moi. Une anxiété bien irrationnelle car il ne pouvait rien lui arriver - quelque part Poudlard était si imposant et important dans notre vie de sorcier que j'avais comme l'impression que rien ne pouvait arriver à Poudlard, concernant Phil d'ailleurs, si je m'inquiétais pour lui quand il continuait son trafic alors qu'il risquait une place à Azkaban, il y avait quelque chose dans le fait qu'il ait une place à Poudlard qui était fortement rassurant, comme si l'emprise de Sara Wayland ou du château lui-même suffisait à protéger qui que ce soit. De ce fait, c'était un soulagement de savoir Ruby à Poudlard le reste du temps où elle n'était pas avec moi. Dans ma vie, Poudlard avait été une parenthèse, une merveilleuse parenthèse d'ailleurs, siège de mes souvenirs d'adolescent, des premières fêtes, des premières bêtises, des premiers émois, et surtout de notre émancipation avec Jamie, loin du cadre si solennel d'Oxford et de la rigidité de nos parents. Dans celle de Ruby, j'imaginais que la découverte de la magie l'avait sauvée, presque innocentée, et elle me parlait assez souvent de sa vie d'écolière pour savoir qu'en plus de Lizlor et des Wayland en général qui étaient devenus sa deuxième famille, elle avait nombre de bons amis découverts justement entre les murs du château. Oui, Poudlard était un monde, un bien joli petit monde, pas spécialement parfait, mais tellement chaleureux et rassurant, tellement exaltant... Il me manquait, beaucoup, et puisque je l'avais abandonné dans le tumulte de mes souvenirs, trop douloureux pour être portés hauts, il me manquait encore plus, il était teinté de cette nostalgie qui entourent les souvenirs de ce qui a été et plus jamais ne sera. Alors, je n'avais pas peur : si fragile que soit l'éclat de Ruby, j'avais une confiance aveugle en ce château si profondément rassurant, presque paternel. Je me sentais comme épaulé, en apercevant sa haute stature qui dominai Pré-au-Lard. Était-ce complètement stupide, infondé ? Peut-être. Mais je m'en fichais. J'avais compris depuis bien longtemps la valeur de la symbolique, que Matthew et Bonnie m'avaient enseignée à leur insu. Ce dévouement sans bornes qu'ils avaient eu pour Jamie et moi, et ce depuis le début, en s'occupant de nous comme de leurs propres enfants sans une seconde évoquer cela pour s'immiscer entre eux et nos parents... Ils étaient tous les deux si avenants, si apaisants, si ancrés dans la réalité, que non seulement ils étaient ceux qui pour j'avais le plus d'affection et d'attachement, mais ils étaient aussi comme un modèle inatteignable, la projection de quelque chose de parfait, que je ne serais jamais, mais qui devait me tirer vers le haut. Ce n'était pas que j'avais une mauvaise opinion de moi, mais je n'avais juste pas le même but, les mêmes moyens - mon oncle et ma tante évoluaient dans la vie avec une aisance qui défiait quiconque, moi je me battais contre les vagues et le ressac, j'étouffais et je perdais prise quand je ne serrais pas assez les mains sur ma prise, comment aurais-je pu espérer un jour être comme eux ? C'était ainsi. Je ne voulais pas être défaitiste, mais je ne pouvais pas nier l'évidence : quelque chose en moi était mort depuis plus de six années, et n'avait jamais reparu. A ce sujet, croire en l'impossible n'aurait été qu'accroître un faux-espoir qui me faisait bien trop de mal. Je n'étais plus le même, c'était la seule et unique conclusion.

Alors, tandis que nos caresses se faisaient douces et que je sentais une certaine torpeur m'envahir, bien que je ne voulais absolument pas céder au sommeil dans ces circonstances, je me demandais si Ruby aussi considérait Poudlard comme je le considérais, si pour elle aussi c'était le siège de cette transition à l'âge adulte... Mais combien j'espérais que, pour elle, il ne marquerait pas la fin de quelque chose ! Je savais qu'elle pouvait y trouver la force qui lui manquait, peut-être, bien que je la voyais en elle. C'était quelque chose qui m'avait frappé dès le début, chez elle : plus que sa fragilité, plus que son aisance naturelle, plus que sa grâce... C'était en elle, partout, à l'intérieur et cela resplendissait autour d'elle sans qu'elle s'en aperçoive. Une force vibrante et claire comme la lumière des étoiles, pure et dénuée de toutes traces, comme si tout le mal qu'on lui avait fait lui avait percé la peau et avait laissé cette aura s'échapper, la baigner toute entière. J'étais chanceux, bien chanceux... Je n'étais sûr de rien quant à l'avenir, mais j'étais certain d'une chose : elle n'était pas simplement un petit animal fragile que j'avais envie de protéger, elle était celle qui m'avait sorti de l'eau, celle qui me faisait redécouvrir ce dont je m'étais trop détourné. Elle était celle qui faisait battre mon coeur, tout simplement, et je n'aurais pas pu prendre plus pleinement conscience ce qu'était aimer quelqu'un qu'en la serrant ainsi contre mon coeur, discutant comme cela nous était souvent arrivés à présent, de sujets particulièrement douloureux et intimes, mais sans une seconde pour autant porter un quelconque jugement.

Mais hélas : c'était notre histoire qui nous construisait, et nos histoires étaient toutes différentes. Et si Poudlard n'avait pas ce rôle-là, malheureusement, pour Ruby ?


- Je crois que tu ne comprends pas, parce que tu ne m’as jamais vu à Poudlard… J’acquiesçai doucement. Mais là-bas j’ai voulu… Je veux… Quand je suis arrivée, j’ai vu Poudlard comme une seconde chance. Et je n’ai jamais eu ce besoin avec toi, mais là-bas, j’avais envie d’être enfin normale. Et je ne savais pas comment faire, alors j’ai tout fait pour ne pas attirer les questions, alors forcément quand avec Hadrian, tout ça… Je sais ce qu’ils ont tous pensé. Comment est-ce que notre parfaite petite Standiford peut tomber aussi bas, elle qui semblait intouchable et lisse, sans aucuns soucis… Je sais qu’on s’en fiche du regard des autres, mais je ne peux pas m’en détacher, je ne veux pas qu’on m’aime, je veux juste qu’on me laisse tranquille. Quand j’étais petite, j’étouffais de l’intérieur, et maintenant c’est l’extérieur qui m’étouffe.

Effectivement, j'ignorais beaucoup de choses de sa vie de là-bas. J'eus une moue un peu triste, tandis que ma main vint caresser ses mains, paumes contre ma peau. Parfaite, voilà un mot qu'elle n'aimait pas et je le savais ; quelque part je la comprenais, cette notion était trop plate et lisse pour être réellement ce qu'elle signifiait. Je pensais tout de suite à ma mère et sa perfection, la perfection de sa famille, de sa maison bien rangée, de sa maison... Oh, oui, j'avais assez goûté de la perfection pour savoir qu'elle cachait des choses bien détestables. Ma main revint sur les cheveux soyeux de Ruby, dont la blondeur argentée captait encore un peu la lumière de la lune qui tombait de la fenêtre de mon salon. Mais pourtant, ces sentiments qu'elle faisait naître chez moi, cette façon qu'elle avait d'être... d'exister, tout simplement, n'était-ce pas ce à quoi aurait du ressembler la perfection ? J'eus un sourire un peu retenu, et son regard hésitant me fit un petit pincement au coeur. Je ne voulais pas qu'elle étouffe... Je voulais la voir heureuse, la voir rire comme quand elle avait ri la première fois, à la Tête de Sanglier. Son rire et son sourire, à l'éclat si magique et si puissant, ne me quittaient plus jamais, depuis. Mais je comprenais. Les eaux déchaînées étaient aussi bien en moi qu'autour de moi, et je ne savais pas si je suffoquais parce que je m'y noyais, ou parce qu'elles se noyaient en moi.

Je déposai alors un baiser sur ses lèvres, juste pour sentir le regain de forces que cela me procurait. Je voulais simplement... Qu'elle n'étouffe pas, avec moi, et tout d'un coup j'eus peur que notre position soit trop dérangeante pour elle, comme tout à l'heure, et que cela l'étouffe - je tentai de m'écarter un peu mais elle était trop contre moi et ses mains trop sur moi pour que je puisse faire un quelconque mouvement sans avoir l'air de me dégager d'elle.


- Non ! Non, enfin, je veux dire… Non. Je n’avais pas envie, je n’avais pas assez confiance en lui je crois. Mais maintenant, avec toi c’est… J’ai confiance en toi, c’est en moi que je n’ai pas confiance, tu comprends ? Ce n’est pas toi qui me met sous pression, ne pense surtout pas ça. C’est les autres, je ne veux pas qu’ils… Qu’ils se demandent ce que tu fiches avec une fille comme moi alors que… Ce n’est pas toi, d’accord ?

Un peu confus, je la laissai m'embrasser doucement, avec cette même façon qu'elle avait à chaque fois, à la fois timide mais tellement tendre et passionnée que mon coeur se mettait à battre bien trop fort pour ma pauvre âme, et que Ruby m'enivrait une nouvelle fois de son odeur, de sa chaleur. Elle était si délicate que cette tendresse m'allait jusqu'au coeur, et j'avais simplement envie de rester tout contre elle, là où rien ne pouvait arriver.

- Mais... commençai-je, à tâtons. Les autres ? Une fille comme elle ? Merlin, elle avait le chic pour ne pas voir ses qualités, c'était indéniable. Pour le reste... A la fois ma place de petit ami était plutôt ravi de cet aveu - bien que je ne puisse encore me vanter de rien - à la fois... J'étais encore moins rassuré. N'avait-elle jamais... ? Je ne pouvais m'empêcher de penser à tout ce qui était associé à cela pour elle, et encore une fois, j'avais si peur de la mettre mal à l'aise, que je redoutais ce moment autant que je le voulais. J'ai confiance en toi, moi, dis-je avec un petit sourire, et les gens qui me voient avec une fille comme toi, je pense qu'ils se disent que j'ai bien de la chance.

Comme elle se remettait contre moi et que ses doigts fins dessinaient à nouveau sur mon torse nu, je compris que ce n'était pas fini, et attendis patiemment qu'elle me dise où elle voulait en venir.


- Il y a quelque chose que j’aimerais te dire… Tu sais le garçon que j’aide pour les potions ? Je fis oui de la tête - Un Gryffondor pas très doué en Potions, d'après ce que Ruby m'en avait dit. J’ai… Une semaine après ma séparation avec Hadrian, j’ai voulu lui parler et je l’ai trouvé à une fête avec une autre fille. J’ai été dans la salle sur demande pour… Boire, je crois que c’était le début d’ailleurs… Et Chuck a débarqué et… J’ai couché avec lui. ... Je me retins à temps de ne pas paraître trop surpris. Il avait la réputation d’être un coureur de jupons, avant de se mettre avec Taylord, mais ça n’excuse rien, c’est moi qui n’aurait pas dû… Je savais que Taylord l’aimait, je savais que je faisais une bêtise, et je m’en veux tellement… J’étais ivre, j’étais triste et au fond, je savais qu’Hadrian détestait Chuck alors peut-être que je voulais me venger, et c’est encore plus stupide, je n’ai pas d’excuses, je suis désolée de… D’avoir fait ça… De…

Un petit sanglot monta dans sa gorge - je le sentis, car elle avait enfoui son visage tout contre moi et comme à chaque fois, la tristesse de Ruby me fit l'effet d'une décharge. Je la relevai un peu, la serrai plus contre moi, posai mon menton sur sa tête, en restant silencieux quelques instants, puis embrassai ses cheveux.

Peu m'importait, de toute façon, les garçons qu'elle avait connus - qui étais-je pour critiquer cela ? Ce n'était pas parce que nous vivions quelque chose ensemble à présent que je devais trouver à redire sur ses histoires d'avant. La seule chose, peut-être, était que cette histoire de coucher juste pour un soir, et ivre qui plus est, ne lui ressemblait pas, mais étant donné les circonstances et ce qu'elle avait traversé... Quelque part, je comprenais comment en arriver là.


- Mais ne t'excuse pas, tu ne me dois rien, voyons, la rassurai-je tendrement. Et ne regrette pas, c'est fait, tant pis, et puis d'après ce que j'ai compris, vous êtes restés amis ! ... Je voulais dire par là qu'il n'y avait pas de quoi s'affoler mais en même temps je me sentais un peu mauvais envers ce garçon, dont la maladresse et l'ignorance ne me faisaient plus trop rire, tout d'un coup. Je n'avais rien à dire pourtant, et je le savais, mais... C'était sans doute une pointe de jalousie à son égard, car il avait eu ce dont je rêvais.

J'avais encore tant à lui demander - avait-elle... apprécié ? Pourquoi avoir envie avec lui et pas avec Hadrian ? ... Mais je n'osais pas, cette pudeur que ma mère avait de maladive, elle nous en avait imprégnés, et je ne pouvais pas agir autrement, parfois, qu'en étant ce jeune homme de bonne famille qui ne parlait pas forcément de ce genre de choses.

Sans rien ajouter, alors, je me mis à caresser ses cheveux à nouveau en espérant que cela la bercerait, tout en laissant mon esprit vagabonder. Je ne pouvais pas oublier le début de la soirée - les étoiles, nos baisers, le bruit de la fermeture éclair, les mains de Ruby agrippées à mes cheveux, ses soupirs, sa peau tendue sous mes lèvres - puis la bascule, le changements, malgré l'air ambiant chargé du parfum de l'Amortensia. J'aurais aimé que cette soirée soit parfaite, car je voulais faire au mieux à chaque fois, pour elle ; mais en la regardant tout contre moi en cet instant... Malgré tout, malgré ses pleurs et nos discussions, la serrer contre moi, n'était-ce pas simplement ce que je désirais ?
Je t'aime, ces mots-là justifiaient tout le reste. J'eus un petit sourire en baissant les yeux vers elle - mais je me rendis compte alors qu'elle avait les paupières closes, et semblait s'assoupir.

Quel idiot ! Je ne pouvais tout de même pas la laisser dormir ici, même si le canapé était confortable, nous n'avions pas beaucoup de place. Prudemment, je me redressais en la repoussant un peu, puis je me relevai - elle bougea et battit des paupières.


- Ne bouge pas, lui murmurai-je en souriant, tandis qu'en la redressant, le foulard qu'elle portait glissa de ses épaules. Ca, je le garde en otage, plaisantai-je (à moitié) en attrapant le petit morceau de soie bleue, que je gardai précieusement dans ma main.

Puis, glissant une main sous ses genoux et l'autre autour de sa taille, je la soulevai sans trop de mal - elle était plutôt grande, mais sa silhouette sportive était fine et je l'emmenai jusqu'à la chambre comme un trésor trop précieux pour que je ne lui accorde pas la plus grande attention. Venait ensuite la partie la plus délicate, et après l'avoir déposée sur le lit, j'eus une seconde d'hésitation - elle état habillée mais... Pouvais-je à nouveau toucher à cette fermeture ? Je me forçai à me dire que oui, et comme Ruby s'était redressée avec des gestes un peu endormis, je lui ôtai vite sa robe sans m'y attarder, en regardant son visage, puis lui passai un de mes t-shirt, la laissant s'occuper du reste. ... Quand elle glissa ses bras dessous pour, et je le vis nettement même dans la pénombre, enlever son soutien-gorge, je détournai une nouvelle fois le regard et ôtai ma chemise et mon pantalon pour la rejoindre dans le lit, priant pour que ses gestes naturellement sensuels ne le soient pas encore plus alors qu'elle était cet état un peu endormi où elle n'avait pas forcément la pleine conscience des choses.

Hélas... Ce ne fut pas le cas : elle se coula contre moi tout doucement et je sentis mon cœur s'affoler tandis que mes mains entourèrent sa taille, et quand elle déposa un baiser sur mes lèvres, je lui rendis sûrement un peu trop fiévreusement, avant de la laisser glisser sa tête sur mon torse pour s'y caler - ses lèvres qui se déposèrent sur ma peau nue une nouvelle fois me firent frissonner - comme elle aimait le faire. Puis elle ne bougea plus, et il me sembla que mon cœur battait fort, si fort que le bruit était assourdissant, mais pourtant la respiration de Ruby devenait de plus en plus profonde, de plus en plus tranquille... Il me fallut un certain temps pour reprendre une respiration normale, et quand j'humectai mes lèvres entrouvertes du bout de ma langue, j'y trouvai le parfum de Ruby. Ce fut comme si tous mes tourments s'en trouvèrent renvoyés un peu plus loin, et malgré tout ce qui me trottait dans la tête, et m'empêchait de voir, sûrement, je sombrai dans un sommeil tranquille, moi aussi, la paume étalée dans le dos de Ruby.





FIN

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