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Hoping everything's not lost. (Chuck)

 
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 Hoping everything's not lost. (Chuck)

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Emmy Yeats


Emmy Yeats
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Localisation : Oxford ou Londres.
Date d'inscription : 12/06/2014

Feuille de personnage
Particularités: Terriblement maladroite, et championne de concours de shots !
Ami(e)s: LET'S PARTY !
Âme soeur: "Get out of my head, out my head / Yeah, we're high and low / You're dark at your worst / You're loved and you're cursed."

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MessageSujet: Hoping everything's not lost. (Chuck)   Hoping everything's not lost. (Chuck) Icon_minitimeDim 25 Déc - 22:54

♪ ♫ ♪

« When I'm counting up my demons
Saw there was one for every day
With the good ones on my shoulder
I drove the other ones away

If you ever feel neglected
If you think all is lost
I'll be counting up my demons yeah
Hoping everything's not lost

When you thought that it was over
You could feel it all around
Everybody's out to get you
Don't you let it drag you down

'Cause if you ever feel neglected
If you think that all is lost
I'll be counting up my demons yeah
Hoping everything's not lost »


On poussa tous un « nooooon ! » de désespoir, et l’un des garçons du gradin de devant jeta son bonnet sur le sol en poussant un juron. L’équipe adverse venait d’attraper le vif d’or, alors que celle que nous supportions avait une considérable avance dans les points. Les gradins d’en face applaudirent bruyamment, envoyant dans l’air des serpentins et des confettis, et je maugréai, la tête enfouie dans ma pinte de bierraubeurre que je devais terminer.

C’était Chuck qui nous avait parlé de ce match, l’équipe junior Londres contre celle de Birmingham, il avait eu des places par à un ancien collègue de travail qui ne pouvait pas y assister. Chuck avait proposé à Jack, Gwen et moi de venir, et tous excités, nous avions accepté. Evidement, j’avais fermé les yeux sur l’étrange côté double date, et j’avais fait comme si c’était un après-midi comme un autre. J’avais enfilé une chemise dont le col dépassait de mon vieux pull rouge, la couleur de l’équipe de Londres, mon short en cuir noir taille haute, et mes collants en laine sur lesquels étaient brodés des flocons. Noël était peut-être passé, mais n’importe qui qui me connaissait savait que je ne ratais aucune occasion pour célébrer l’hiver avec des habits un peu kitch. Arrivée dans les gradins, je m’étais installée entre Gwen et Chuck, qui s’assit à côté de Jack qui se lançait déjà dans une grande discussion sur les deux équipes qui allaient s’affronter. Gwen, ses longs cheveux blonds fourrés sous un bonnet à pompon, m’avait regardé avec un petit air suspicieux et entendu en même temps, air que je lui connaissais très bien et qui me faisait un peu rire, malgré le malaise. Je savais très bien ce qu’elle me demandait. « Comment est-ce que ça va avec Chuck ? »

Quoi lui répondre, ça, c’était autre chose…

Depuis que Chuck était de retour dans ma vie, j’avais la constante impression que deux mondes que j’avais créés pour être séparé rentraient en continuelle collision. Pourtant, puisque Chuck était à Londres, j’aurais simplement pu le compartimenter dans ma vie là-bas, sans le laisser s’approcher de celle que je menais à Oxford. Mais le seul fait de recevoir un message de lui, alors que j’étais en train de siroter ma tisane avant de me coucher, c’était comme faire pénétrer un étrange chaos dans mon quotidien bien rangé d’Oxford. En un sens, ce n’était pas Londres que j’avais fui en déménageant, c’était Chuck lui-même, parce qu’il s’était associé à tout mon quotidien de là-bas jusqu’à en devenir un trop grand pan de ma vie. Maintenant… Il revenait, il s’infiltrait à nouveau partout. Pourtant, je savais garder mes distances, ou du moins, j’essayais. J’étais toujours avec Matteo, très souvent, je travaillais, beaucoup, et surtout je passais énormément de temps seule, à aller au théâtre, à la natation, à lire, et à réfléchir sur tout ce qui se passait. Mais j’avais de plus en plus le sentiment que les barrières que j’installais autour de moi et des choses devenaient poreuses, et j’avais du mal à retenir le déversement incessant d’un côté et de l’autre. Surtout si Chuck était dans les parages…

Et il était là, son bonnet, les petites boucles qui en sortaient. Il rigolait, ses petites fossettes se creusant de chaque côté de ses joues. Il s’était mis à discuter avec deux des garçons du banc d’en dessous, leur expliquant la figure compliquée que venait de faire l’un des batteurs, mais il me jetait des coups d’œil de temps en temps. Dès le début du match, on avait sympathisé avec un groupe de jeunes, la bonne ambiance se propageant, et on parlait tous joyeusement. Comme d’habitude, lorsque je rencontrais de nouvelles personnes, je restais un tout petit peu en retrait, surtout lorsque j’étais à côté de Gwen dont la personnalité pétillante et exubérante captait l’attention. Mais j’avais un peu rigolé avec une petite rousse qui avait des jolies dents du bonheur, et évidemment, naturellement, on s’était mis à parler avec Chuck, à plaisanter… Nos petites blagues, nos manières, nos gestes et nos sourires. C’était nos codes, qu’on avait construit puis brisés, et qui se réinstallaient malgré nous. Différents, bien sûr. Plus timides, plus maladroits. Mais là tout de même… Et toujours compliqué à freiner.

Je me rappelais particulièrement de ce soir-là, de ce repas avec Matteo où j’avais invité Chuck. Pour qu’ils se rencontrent. Pour prouver à Matteo qu’il n’avait pas à s’inquiéter du retour de mon ex-copain dans ma vie, pour prouver à Chuck que j’étais vraiment en couple et pour me prouver à moi-même que… Je ne savais pas tout à fait quoi. Mais quelque chose. Matteo avait été d’une bienveillance exemplaire, comme d’habitude, il avait vraiment été gentil avec Chuck, s’intéressant à sa vie, à ce qu’il faisait. C’était la plus belle chose chez lui, cette confiance qu’il m’accordait, les yeux fermés alors que sous son nez j’invitais quelqu’un dont j’avais toujours refusé de lui parler, parce que c’était trop frais, trop difficile… Maintenant, on s’asseyait à la même table et on rigolait tous ensemble. Alors que j’étais assise-là, à freiner tout ce qui me venait étrangement naturellement, les gestes et les regards qui n’appartenaient qu’à Chuck et moi. Ces mêmes choses que Matteo et moi avions… Un peu, mais pas vraiment. C’était étrange. Ces deux mondes qui rentraient en collision, et dont les débris commençaient à m’inquiéter.

Comme le match se terminait, et de manière plutôt frustrante, la bande qu’on avait rencontrée nous proposa d’aller tous boire un verre dans le pub d’à côté. Il y eut un moment de flottement, où je laissai les dialogues se faire. Je sentais que Chuck cherchait mon regard, et je n’étais pas sûre, mais je sentais qu’il essayait de m’inclure. Finalement, on décida qu’on préférait suivre notre plan initial, celui d’aller à la patinoire d’hiver sorcière qui avait été installé au début du mois de décembre et qui devait bientôt fermer, maintenant que les fêtes étaient passées. On sortit donc pour transplaner, après avoir lancé encore quelques sortilèges bruyants pour soutenir l’équipe malgré la défaite. Ils s’accrochèrent tous à moi – j’étais la plus à l’aise lorsqu’il s’agissait de transplaner – et je nous fis atterrir dans une petite ruelle près de notre destination. Une fois arrivés, je lançai malgré moi un regard à Chuck. Il m’avait sous-entendu que transplaner était devenu plus compliqué mais aussi plus fatiguant depuis sa cure de désintoxication. Je n’osais pas lui demander ouvertement si ça allait, car je savais qu’il était pudique sur sa santé un peu fragile, et je n’avais pas envie de le pointer du doigt devant Gwen et Jack. Mais je crois qu’il comprit ma question silencieuse ; il me lança un petit sourire et on se mit en chemin en bavardant tous les quatre joyeusement.

On arriva tranquillement à la patinoire. Elle était grande, avec la neige magique qui tombait perpétuellement, et des bougies qui flottaient un peu partout autour pour éclairer le lieu d’une façon un peu féérique. Un gigantesque gramophone sorcier jouait des chansons bien clichées de Noël, mêlées à quelques tubes plus dansants. Les patins magiques s’ajustèrent parfaitement à nos pieds, et Gwen et Jack s’élancèrent timidement sur la glace, Gwen commençant déjà à pousser des cris. Je regardai Chuck d’un air amusé, et remarquai qu’il semblait un peu pensif. Pendant un instant, je manquai de lui demander tout simplement : ça te fait penser à Coop, pas vrai ?

Mais mes lèvres restèrent scellées. C’était trop tôt, non ?


- Le premier qui tombe a un gage ? Dis-je alors avec un sourire.

On glissa sur la glace, doucement, rejoignant Jack qui tenait Gwen qui se tenait à moitié à la barrière. J’attrapai ses mains, patinant tout doucement en arrière, l’entraînant avec moi pour qu’elle ait un équilibre et prenne ses marques. Jetant un regard derrière elle, je vis que Chuck s’était mis à discuter avec Jack tranquillement, qu’il riait et qu’il avait l’air heureux – je sentis mon cœur tout doucement se gonfler et il me sembla que mes jambes glissaient encore plus légèrement sur mes patins.


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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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MessageSujet: Re: Hoping everything's not lost. (Chuck)   Hoping everything's not lost. (Chuck) Icon_minitimeLun 2 Jan - 17:15

Mon premier Noël sans Coop était passé et quelque part je m'étais dit que si je pouvais y survivre, alors, oui, je pouvais survivre à tout ; c'était bien tout le problème de continuer à vivre sans lui. C'était de me dire que plus rien ne pouvait me tuer et m'effacer de la carte et que je devais continuer tant bien que mal, malgré tout ce qui donnait envie de mourir. J'avais demandé aux Tennant de m'héberger les quelques jours avant Noël ; même si j'avais mon minuscule nouvel appartement je ne voulais pas y être tout seul à ce moment-là, et comme le magasin était fermé entre Noël et le jour de l'an, je pouvais profiter tranquillement de la semaine sans avoir à travailler. Et puis c'était aussi l'occasion de retrouver un peu Tess, parce que ça avait été quand même pas mal chaotique avec elle, surtout depuis sa fugue et tout le bordel que ça avait entraîné. On en parlait pas trop - j'avais l'impression que le retour, en voiture, avait un peu suffi à tout dire, le jour qui tombait, la route, la musique, elle et moi dans la caisse pourrie et tout ce qu'on traînait comme casseroles tous les deux, sans Coop sur le siège arrière, nous deux maintenant et juste nous deux - mais on s'amusait bien quand même, on était allés au skatepark, on s'était baladés, elle m'avait raconté des trucs, et je m'étais dit que cette foi set pour de bon elle n'était plus un bébé et j'avais senti un truc bizarre se passer à l'intérieur de moi ; je ne m'étais pas senti triste au contraire je m'étais senti soulagé, parce que ma cousine devenait une adulte et ça voulait dire que je pouvais compter sur elle, d'égale à égale... Une chose dont j'avais plutôt besoin ces derniers temps. Je n'avais aucune idée de si mes parents, par contre, avaient essayé quoi que ce soit pour nous contacter, mais en tout cas j'avais dit à Angie que si ils se manifestaient je ne voulais pas les voir et pas leur parler, et encore moins réveillonner avec eux. Elle ne m'avait rien dit là-dessus depuis, mais j'étais certain à 99% que de toute façon ils ne l'avaient même pas contactée. Noël était passé ; Angie et Hamish avaient tout donné pour qu'on s'amuse et qu'on passe une bonne soirée, on avait joué à plein de jeux et tout, et quand je m'étais couché j'avais su directement que j'avais trop fait semblant pour trouver le sommeil. Tess avait quasiment ronflé instantanément (c'était ça de boire du champagne en douce) alors j'étais sorti sans bruit de sa chambre et j'étais allé m'installer sur le balcon.

Leur immeuble, un vrai HLM comme on les fabrique, moche et bourré à craquer situé en bordure d'un quartier un peu pourri, avait pourtant le mérite d'être acceuillant et douillet - j'avais toujours adoré cet endroit. Mrs Beattie, les grosses reloues Turnock et Traynor, la famille Amabile, leur joyeux bordel et leurs maximes à la con (Tess les citait tout le temps), le perroquet - tout ça, j'avais l'impression que ça faisait partie de notre famille aussi, à nous tous. Avec Coop, dès qu'il s'agissait de venir chez les Tennant, avec ou sans les parents, c'était la fête. D'ailleurs, on était toujours beaucoup plus allés chez eux que l'inverse - pas étonnant, vu la connerie crasse et l'avarice de mes parents. Nos deux familles étaient pauvres mais c'était toujours les Tennant qui nous invitaient, parce qu'ils étaient sympas, eux. La honte. Enfin bref : mes parents, aujourd'hui, je m'en foutais comme de ma première chaussette. J'étais tellement passé à autre chose que quand je pensais à eux je ressentais du mépris, rien de plus. Ils n'existaient plus. Quand je pense que ma connasse de mère avait essayé de m'amadouer après la mort de Coop en me racontant cette obscure histoire de bébé mort, mais qu'est-ce que ça pouvait me foutre, sérieux ? Elle voulait que je la plaigne ? Que je lui trouve des excuses pour ne pas s'être occupée de nous ? Pour avoir une vie de merde et un mari alcoolique ? La belle affaire. Si j'avais eu une grande soeur à la naissance, ça me faisait une belle jambe, tiens. Je ne l'avais même pas connue. Et je devais payer pour sa mort ? Et Coop aussi ? Mon oeil.

Je m'étais enroulé dans un plaid pour ne pas avoir froid et, depuis le balcon, j'avais juste regardé la ville sous mes yeux, Glasgow dans la nuit, éclairé un peu partout, le ciel dégagé plein d'étoiles, les phares des voitures qui bougeaient de temps en temps, les quelques bruits un peu loin, la nuit, les immeubles. J'adorais les villes dans la nuit. Avec Coop, à Bristol, on montait toujours en haut du vieil immeuble désaffecté sur le terrain vague derrière chez nous et on y passait des heures, le soir. On avait l'impression qu'on était des aliens qui contemplaient un monde inconnu, et on inventait des histoires, on jouait, ou bien juste on s'asseyait.

J'étais resté de la même manière une bonne partie de la nuit sur le balcon, et quand j'avais eu terminé mes cigarettes et que le jour avait commencé à se lever, j'étais retourné dans la chambre de Tess et je m'étais couché pour quelques heures. Je m'étais endormi épuisé, et le lendemain, tout avait recommencé. J'étais même aller dîner le soir chez Ruby, et j'avais fait exprès de faire des efforts, parce que je ne voulais pas être triste et je ne voulais rendre personne triste. Il n'y avait rien d'autres à faire de toute façon, être triste, ça aurait servi à quoi ? Il n'était plus là. Pour de bon.

Pour le nouvel an, on s'était tous retrouvés chez Jack pour faire la fête, en assez petit comité ce qui m'arrangeait, et la soirée avait été trop cool même si ça me faisait bizarre maintenant d'être celui qui buvait le moins et était le moins bourré, mais c'était à la fois carrément drôle : je me souvenais de tout et surtout j'assistais à tout, ce qui relevait du fou rire quand pour la cinquième fois Gwen s'était cassé la gueule sur le canapé en hurlant "attention au tapiiiiis", ce genre de trucs. Et puis, on ne va pas se mentir, j'avais été plutôt content de passer la soirée avec Emmy, et surtout avec Emmy sans Matteo puisqu'il était rentré chez lui pour les fêtes... Je l'avais un peu plus rencontré, elle m'avait invité à dîner chez elle, et il était plutôt cool, mais je le trouvais un peu mou et lisse pour Emmy et surtout il y avait toujours une partie de moi qui avait envie de le tuer à mains nues, mais bon... C'était un autre problème. J'avais dansé et rigolé avec elle sans penser à tout ça, et voilà.

De toute façon, j'étais toujours raide amoureux d'elle, alors là aussi, je pouvais bien faire semblant, au fond... C'était toujours là, bien là, et même de plus en plus là.

Il fallait dire qu'on passait beaucoup de temps ensemble, oui, peut-être, mais on en avait envie tous les deux et elle avait accepté et décidé de recommencer à me voir, alors, qu'est-ce que je pouvais bien faire d'autre ? J'étais content de la voir, j'étais bien avec elle. C'était bien là tout le problème : les moments où je me sentais le mieux, c'était quand j'étais avec elle.

Quand on avait décidé de quitter le terrain de Quidditch, à la fin du match, pour aller à la patinoire, j'avais senti que ça me branchait pas trop, mais j'avais vite décidé que ça ne devait pas être comme ça. La patinoire, ça me faisait penser à Coop et ça me rendait triste, mais je voulais pas que tout ce qui ramenait à lui soit jarté de ma vie, donc je devais bien apprendre à faire avec. Pourtant... Non seulement j'avais à moitié la gerbe du transplanage, mais l'ambiance, les bougies comme à Pré-au-Lard, la fausse neige, le froid, le bruit des patins sur la glace, les gens qui riaient, qui se tenaient la main, ceux qui essayaient de faire des figures, les...


- Le premier qui tombe a un gage ?

Je tournai la tête vers Emmy, qui venait d'interrompre mes pensées. Pourquoi j'avais l'impression qu'elle était en train de lire dans ma tête ?

- Ha ha, prépare toi, tu vas souffrir, dis-je en acquiesçant.

Machinalement, je m'étais avancé vers elle pour patiner à ses côtés mais elle était partie rejoindre Gwen et Jack s'accrocha à moi (ils patinaient un peu comme des bouses), s'en suivit alors un tour de piste accompagné d'un fou rire monumental parce que Jack faisait genre qu'il savait patiner sans problèmes alors qu'il manquait de tomber à chaque mouvement mais il se rattrapait à chaque fois en faisant le clown et plus on rigolait plus il en rajoutait et même moi je dus m'arrêter pour me tenir à la barrière tellement je riais dans mon écharpe et je m'aveuglais moi-même avec la vapeur qui me sortait de la bouche du nez. Il faisait tellement chaud, tout d'un coup ! Il y eut un sifflement, ensuite, pour indiquer que la piste était maintenant réservée pour ceux qui voulaient aller plus vite, ce qui était évidemment notre signal à Emmy et moi !

... Mais j'avais l'impression que depuis le nouvel an, ou avant peut-être, elle évitait les moments seul à seul avec moi, ou bien je me faisais des films ?! En tout cas elle était encore en train de rigoler avec Gwen, alors j'arrivais vers elle et l'attrapais par le bras au passage :


- T'as trop peur d'aller vite et de tomber et d'avoir un gage ? me moquai-je en la regardant du coin de l'oeil.

Comme d'habitude, elle était habillée comme une bombasse, et heureusement qu'elle avait un manteau parce que ce jean taille haute lui faisait un cul d'enfer et m'hypnotisait complètement.

Je ne lâchai pas son bras et me mis en piste, laissant les deux autres se reposer pour le moment. Comme il y avait un sorcier qui était en train de figure au milieu de la piste, en utilisant des sortilèges visiblement parce que de temps à autre il volait à moitié, on eut l'attention un peu déviée de notre route et on trébucha en même temps sur un morceau irrégulier de la glace, ce qui nous fit tanguer en même temps mais on se rattrapa en hurlant de rire, et je pris sa main au passage, pour nous assurer de l'équilibre. (... Oui, bon.)


- Dis, Ems, ça va entre nous, hein ? J'ai l'impression que parfois c'est un peu chelou ? Enfin, je sais pas, ajoutai-je en haussant les épaules et en patinant un peu plus vite.

Quelque part, je préférais en avoir le coeur net, même si ses réponses me faisaient toujours un peu peur.

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Emmy Yeats


Emmy Yeats
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MessageSujet: Re: Hoping everything's not lost. (Chuck)   Hoping everything's not lost. (Chuck) Icon_minitimeMer 4 Jan - 17:28

♪ ♫ ♪

« am i in your thoughts, love
am i in your dreams
it seems
you never let me stay

i could say i’m happy
i could lie and say you’re never in my dreams
it seems
you never let me stay

i don’t wanna waste another moment missing you
i know it’s not close,
but i’m gonna drive 4 days 6 highways to you

maybe i could pick you up and take you

home

am i in your thoughts, love
am i in your dreams
i need
to let you get away

maybe i was foolish
thinking i could be okay with just a dream
i need
to let you get away

please don’t go and waste another moment missing me
i know it’s not close,
but baby can you drive 4 days 6 highways to me

maybe you could pick me up and take me

home

maybe you could take me home, yeah come take me home
drive out to the west coast, pick me up and we’ll go
keeping all the promises we made years ago
maybe you could pick me up and take me

home

i hope that you know i never wanted this to end, no
i hope that you know that this is never gonna end, no
i know that i’m never gonna feel this way for someone else
i know that you’re never gonna feel this way about me »



Gwen avait toujours été beaucoup plus adroite que moi, consciente de son corps et de l’espace qu’il occupait et surtout de comment elle pouvait l’utiliser à son avantage. On aurait pu conclure qu’elle était donc beaucoup plus douée pour patiner que moi qui tenait à peine sur mes deux pieds, mais j’avais finalement beaucoup plus d’expériences qu’elle, et le skate m’avait aussi appris à tenir en équilibre précaire sans avoir peur. Puis… Evidemment, tout chez Gwen était un spectacle – touchant, certes – et je voyais bien que dans ses petits cris et sa façon de minauder en trébuchant que sa maladresse sur des patins n’était pas tout à fait involontaire. Je savais que c’était un aspect de sa personnalité que beaucoup trouvait agaçant mais je ne savais pas comment expliquer, mais j’y voyais toujours quelque chose de plus. Derrière toutes ses façons de paraître et de jouer, Gwen restait mon amie la plus loyale, et celle qui avait toujours essayé de voir un peu plus loin que ce que je voulais bien montrer à Poudlard. Pourtant, elle aurait pu ne pas s’en embêter, après tout nous étions une grosse bande, elle et moi n’étions même pas dans la maison, elle avait déjà des amies très proches. Mais aujourd’hui c’était nous le duo, et si sa personnalité exubérante pouvait être écrasante, je crois que Gwen n’avait jamais fait exprès et aurait très peiné de savoir que je me sentais souvent dans son ombre. En la regardant, rieuse sur ses patins, je me demandais si ce soir-là où elle m’avait présenté Chuck, si elle avait jeté son dévolu sur lui et non pas sur Jack… Je savais bien qu’elle était trop dramatique pour lui, trop fantasque peut-être, mais à la fois elle avait tant qu’il aurait pu lui plaire – la couleur de cheveux en moins. Elle était passionnée, Gryffondor comme lui, tout aussi tête brûlée et séduisante… Elle ressemblait aux anciennes copines de Chuck, à Lilian, à Ilaya, à toutes ces filles que je n’étais pas. La lettre de Chuck me revint en mémoire ; j’étais spéciale, il l’avait dit lui-même, pas vrai. Parfois, je n’étais plus si sûre, et je me sentais comme une imposture.

- T'as trop peur d'aller vite et de tomber et d'avoir un gage ?

Je sursautai, parce qu’il m’avait prise par surprise mais surtout que j’avais du mal à m’habituer à avoir à nouveau des contacts physiques avec lui. J’essayais de les éviter le plus possible, parce qu’il me donnait l’impression d’avoir avalé des fils électriques. Une sonnerie avait retenti, et je la connaissais bien, mais je craignais la suite – Gwen et Jack allait quitter la patinoire et j’allais me retrouver en tête à tête avec Chuck. J’adorais ces moments autant qu’ils me terrifiaient, sans pouvoir vraiment me l’expliquer. De quoi avais-je peur, au fond ? Tout était clair ! Nous étions amis, nous étions simplement amis. Comme une petite piqûre de rappel, le visage de Matteo apparut dans mes pensées. J’attendis patiemment de sentir la chaleur qu’il aurait dû provoquer, ces fameux fils électriques, mais ma poitrine resta résolument tiède. A la place, c’était mon cerveau qui semblait sourire. C’était comme si j’étais coupée en deux, que j’avais laissé Emily et son cerveau à Oxford, et Emmy et son cœur à Londres. Peu importe où j’allais, il me manquait toujours quelque chose.

- On verra qui fera le malin une fois que t’auras mangé la glace, répliquai-je.

Je le laissai m’entraîner à sa suite. La glace crissait sous nos patins, et l’air frais griffait doucement mon visage. J’avais chaud, à force de m’agiter, ou peut-être parce que Chuck était tout près, mes joues devaient avoir rougi malgré moi. Le décor était si féérique que pendant un instant, j’avais juste envie de patiner en silence et de ne rien penser, rien ressentir – d’être simplement là. Les lumières dansaient doucement, un peu floutées par mes yeux que l’air rendait un peu humide. Tout le monde semblait heureux, ici, comme un petit coin hors du temps. Je me mis à penser à Violet et Max, et à songer que j’avais envie qu’ils soient là aussi, qu’on patine ensemble comme on le faisait toujours. Mais alors que je les imaginais là, je réalisai qu’ils n’étaient pas seuls, que je voyais aussi une silhouette que je connaissais moins mais que je reconnaissais. J’avais envie que Coop soit là aussi, qu’il regarde Chuck comme il en avait le secret avec son petit sourire énigmatique, et qu’ils patinent tous les deux en riant. Chuck n’avait plus mal.

Je le regardai – il n’avait pas l’air mal, comme ça. Au contraire, il riait et ses yeux pétillaient, il prenait de la vitesse, complètement à l’aise sur les patins. Je sentis que quelque chose décompressait un peu en moi. J’en oubliais même de me concentrer, et comme on regardait en même temps quelqu’un sur le centre de la glace, j’en oubliais mes propres pieds et manquai de tomber en même que Chuck perdit l’équilibre.

L’instant d’après, on avait repris notre équilibre, et je ne savais pas trop comment mais ma main avait atterri dans celle de Chuck. Heureusement que nous portions des gants, pensai-je, car j’aurais bien été incapable de supporter la peau douce de ses paumes contre la mienne.


- Dis, Ems, ça va entre nous, hein ? J'ai l'impression que parfois c'est un peu chelou ? Enfin, je sais pas.

Tout à coup terriblement coupable, je gardais ma main dans celle de Chuck, n’osant plus m’extraire de cette étrange situation dans laquelle je m’étais mise. Oh, oh ça allait vraiment commencer à devenir compliqué, surtout s’il m’appelait Ems – les fils électriques dans ma poitrine lancèrent une décharge désagréable et incontrôlable. On prenait de la vitesse, mais je commençais à avoir du mal à me concentrer sur tout ce qui se passait, sur mes jambes et les mouvements réguliers, la vitesse croissante, la présence de Chuck, ses questions, le trou dans ma poitrine. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais je me sentais toute honteuse. Peut-être parce que l’honnêteté de Chuck était désarmante ? Qu’il se confrontait aux choses d’une façon dont j’étais bien incapable à présent ? Dire que je lui avais toujours reproché ça, ce manque de communication, et tout à coup le plus simplement du monde, il me posait des questions et rentrait dans le vif du sujet, me griffant un peu plus profondément que le vent que la vitesse créait contre mes joues.

- Les questions pièges, c’est une tactique pour me déconcentrer et me faire tomber, c’est ça ?! Dis-je avec un sourire taquin.

Mais réellement, je ne faisais que gagner du temps. On aborda un virage, et je dérapai légèrement, sentant un équilibre précaire quelques secondes, mais je me rattrapai et me réajustai sur le rythme de Chuck. On dépassa Gwen et Jack qui rigolaient ensemble et nous regardaient – je croisai le regard de Gwen et je sentis que le rouge me montait à nouveau aux joues.


- Ben, c’est un peu chelou, non ? Je veux dire, on peut pas faire comme si de rien était et que c’était pas bizarre qu’on patine main dans la main, non ? Avouai-je sans regarder Chuck et sa main qui serrait toujours la mienne. Mais ça va. Cette fois-ci, je regardai Chuck. Pour de vrai, ça va.

Je lui fis un sourire. Je commençai vraiment à avoir chaud.

On arriva à nouveau à la hauteur de Gwen, et je ralentis un instant pour ôter mon manteau et me penchai par-dessus la balustrade pour le filer à Gwen qui roucoulait. Ils avaient été se chercher un chocolat chaud, visiblement. Revenant à la hauteur de Chuck – je comptais bien profiter jusqu’au bout de ce quart d’heure à pleine vitesse – j’hésitai un instant et repris à moitié à contrecœur sa main. Les fils électriques crépitèrent à nouveau. On reprit doucement de la vitesse, je sentais que malgré moi je la temporisais un peu car je n’étais pas assez concentrée pour me faire complètement confiance sur des patins.


- C’est juste que parfois j’ai du mal à concilier tout ça et tout ce qui s’est passé ces derniers mois… Enfin ça me fait un peu étrange, tu vois. Pas toi ? Demandai-je, un peu hésitante. En plus, je... J’ai mis du temps à passer à autre chose, donc je me suis un peu construit des barrières, je suppose. Pour me protéger. Enfin je crois, expliquai-je un peu péniblement. Parfois je me rappelle comment c’était avant, et je prends un peu peur.

Est-ce qu’il comprenait ce que je voulais dire ? Est-ce que ça l’énervait que je mette ça sur le tapis ? Après tout, c’était lui qui m’avait posé la question, il voulait que je sois honnête, non ?

- Tu ne te souviens pas de notre dernière dispute ? Dans ta lettre tu dis que tu ne te souviens pas de tout ça, et que tu ne pensais pas ce que tu disais, mais… On dit ce qu’on pense sous le coup de la colère, non ? Tout ce qu’il m’avait dit me tournait encore dans la tête. C’était ironique, en un sens, que ses accusations m’aient poussé à me mettre avec Matteo, parce que je voulais me prouver qu’il avait tort. Tu m’as dit que j’étais incapable de me taper des mecs parce que j’étais pas sûre de moi et que j’étais coincée, que j’avais une vie de merde rangée et que… Que je ne pouvais pas comprendre. Que j’étais bonne qu’à faire la morale mais que je ne pouvais pas te comprendre. Je regardai nos pieds qui patinaient toujours régulièrement, de plus en plus rapidement. Ma main s’était mise à agripper celle de Chuck un peu plus fort, peut-être parce que j’avais peur. Je me demande tout le temps si tu le pensais vraiment. Et ça m’empêche de te parler comme je voudrais parfois, parce que je me dis que ça ne sert à rien si tu penses que je ne peux pas comprendre ?...

Surtout quand à l’inverse, j’avais toujours senti que Chuck pouvait me comprendre, même sans que j’ai besoin de parler…
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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: Hoping everything's not lost. (Chuck)   Hoping everything's not lost. (Chuck) Icon_minitimeSam 14 Jan - 19:15

https://www.youtube.com/watch?v=hi4pzKvuEQM

You gotta know, I'm feeling love
Made of gold, I never loved her
Another one, another you
It's gotta be love, I said it




C’était comme avant, quelque part. On était tous les deux à patiner et à faire nos trucs dans notre coin et Gwen et Jack roucoulaient un peu plus loin – plus ça allait plus ils devenaient niais, et pourtant plus ils se détendaient et se rapprochaient. Tant mieux pour eux ; on aurait pas parié avec Emmy mais ils tenaient bon, et j’avais l’impression qu’ils s’étaient rendus compte qu’ils n’auraient jamais pu trouver meilleure association. J’étais content en y pensant, mais ça me faisait bizarre aussi : ils avaient fait partie de ma vie et je les avais vus se mettre ensemble et puis plus rien, je ne pouvais pas reprendre là où je les avais laissés, ils avaient continué comme moi ce qui était normal, mais moi je n’avais pas continué, et ça faisait une sensation très bizarre. J’aurais rêvé de pouvoir tout effacer et recommencer, me retrouver encore à Poudlard, vivre une suite normale, et pas une succession de merdes. En fait, ce qui me manquait c’était de ne pas me sentir chez moi quelque part. Avant, ça avait été plus simple : Bristol n’était pas vraiment chez moi mais Coop était là et ça nous suffisait, et puis ensuite il y avait eu Poudlard et là je m’étais vraiment senti là où je devais être. La salle de Gryffondor me manquait, souvent je revoyais le décor et je ressentais l’ambiance, le rouge et l’or, les gros fauteuils, le feu dans la cheminée, le bordel un peu partout. Ça avait été chez moi trop longtemps pour que je puisse l’oublier. Et puis après, c’était simple ; Bristol avait été hors de question et Coop et moi on se suffisait à nous-mêmes…

Maintenant, c’était carrément différent.

- Les questions pièges, c’est une tactique pour me déconcentrer et me faire tomber, c’est ça ?!

Je me marrai à mon tour – son sourire me donnait toujours envie de sourire alors son rire c’était encore pire, c'était un des trucs qui m'avaient le plus manqué d'ailleurs, même si c'était difficile de dire ça parce qu'au fond j'avais juste l'impression d'avoir dormi et cauchemardé pendant ces quelques mois, et maintenant que je me réveillais j'avais du mal à me réadapter plus qu'autre chose, et je ne savais pas trop ce dont j'avais besoin et ce qui m'avait manqué exactement. Mais ce qui était sûr, c'était que même dans mes cauchemars Emmy n'était plus là, et ça, je savais pertinemment que ça m'avait manqué.

- Ben, c’est un peu chelou, non ? Je veux dire, on peut pas faire comme si de rien était et que c’était pas bizarre qu’on patine main dans la main, non ? Mais ça va. Pour de vrai, ça va.

Bizarrement, ça ne me convenait pas vraiment, comme réponse. Mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi : c'était de ma faute, après tout. Si je n'avais plus ce que je voulais, c'était parce que j'avais moi-même de fermer toutes les portes autour de moi, les unes après les autres. Je voulais être seul : je l'avais été. Je l'étais.

On accéléra un peu l'allure, se déséquilibrant en même temps mais on se rattrapa en s'agrippant l'un à l'autre.

J'aurais préféré quoi, une scène ? Peut-être. Qu'elle me dise que non, pas du tout, que ça n'allait pas, évidemment que ça n'allait, je la regardais comme si je voulais la bouffer toute entière, je m'accrochais à elle comme une huître à son rocher, je ne ratais jamais aucune occasion d'être avec elle, j'y allais cash, je la relançais, je ne mentais pas, je lui avais dit, elle savait. Je l'avais écrit dans la lettre. Une partie de moi voulait qu'elle s'énerve et que je m'énerve aussi, parce qu'il y avait ce con de Matteo entre nous qui était peut-être bien sympa mais qui me faisait bien chier, parce qu'il ne servait à rien, parce qu'il n'avait rien à faire ici. Je ne comprenais pas exactement son délire - oui on pouvait être potes avec ses ex mais quand même, Emmy était quand même bien proche de moi, ça ne lui faisait rien ? Si il avait été là, est-ce qu'on se serait tenus la main ? C'était chelou, au fond, je le savais, et elle le savait très bien. Mais pourtant, elle ne faisait rien, elle ne disait rien de plus - c'était ça qui me pétait le coeur en mille, c'est que ça avait beau être ambigu ça ne changeait rien et ça n'embêtait personne, alors que ça aurait du, et j'avais envie de crever l'abcès et d'avoir au moins la chance de me battre pour elle alors que là, je ne pouvais rien faire, rien à part rester comme ça, tout près d'elle, sans pouvoir la toucher. Ça me rendait dingue. Ruby m'avait expliqué qu'elle avait sûrement besoin de temps pour retrouver sa confiance en moi, et blablabla. Peut-être. Mais elle soufflait le chaud et le froid, elle ne s'en rendait pas compte, et moi je devenais fou.

J'acquiesçais et je souris, parce que je n'étais pas capable de déterrer l'anguille sous la roche moi-même, parce que j'avais bien trop peur qu'elle m'envoie chier.


- C’est juste que parfois j’ai du mal à concilier tout ça et tout ce qui s’est passé ces derniers mois… Enfin ça me fait un peu étrange, tu vois. Pas toi ? En plus, je... J’ai mis du temps à passer à autre chose, donc je me suis un peu construit des barrières, je suppose. Pour me protéger. Enfin je crois. Parfois je me rappelle comment c’était avant, et je prends un peu peur.

Hmmm...

Elle avait lâché ma main pour enlever son manteau et je m'agrippai à la barrière, me sentant un peu bizarre tout d'un coup. Jack me dit un truc et je me mis à rire avec lui pour faire croire que j'avais compris mais en fait j'avais rien capté, parce que tout d'un coup Emmy était en short taille haute et en pull de Noël et sa taille et son cul m'hypnotisaient et il fallait vraiment que je regarde ailleurs, vraiment vraiment -

Elle avait construit des barrières ? Avec qui ? Avec moi ? Tout le monde ? J'avais l'impression de ne pas bien comprendre où elle venait en venir, et maintenant qu'elle avait enlevé son manteau, ça allait être encore plus dur de réfléchir, non, il fallait que je pense à autre chose, vite -

Elle reprit ma main, et je sentis que je me réchauffai complètement de l'intérieur. On repartit sur la glace, toujours un peu hésitants au début, mais quand on avait repris le rythme, c'était bon.


- Tu ne te souviens pas de notre dernière dispute ? Dans ta lettre tu dis que tu ne te souviens pas de tout ça, et que tu ne pensais pas ce que tu disais, mais… On dit ce qu’on pense sous le coup de la colère, non ?

... Ah. Bon. On abordait donc carrément les sujets qui fâchaient. Je lui jetai un regard en coin, en peu emmerdé : je ne me souvenais de rien de tout ça, d'aucun détail, je savais que j'avais été horrible et que je l'avais cherchée, mais j'aurais été incapable de retracer les conversations.


- Tu m’as dit que j’étais incapable de me taper des mecs parce que j’étais pas sûre de moi et que j’étais coincée, que j’avais une vie de merde rangée et que… Que je ne pouvais pas comprendre. Que j’étais bonne qu’à faire la morale mais que je ne pouvais pas te comprendre. Je me demande tout le temps si tu le pensais vraiment. Et ça m’empêche de te parler comme je voudrais parfois, parce que je me dis que ça ne sert à rien si tu penses que je ne peux pas comprendre ?...

Putain ! J'y étais carrément allé fort, donc. Je me mordis les lèvres sous mon écharpe, j'avais un goût amer dans la bouche, et un peu envie de m'exploser la tête sur la glace histoire que les autres me passent dessus avec leurs patins. J'étais un gros bouffon, ou quoi ? J'avais vraiment fait de la merde jusqu'au bout ; j'avais été tellement mal et malheureux que j'avais voulu qu'elle le soit aussi, belle mentalité, cool...

- Ouhlà... Je me demandais si on aurait pas du carrément arrêter de patiner et s'expliquer, mais c'était plus facile comme ça en un sens, et Emmy avait l'air bien partie. Elle serrait ma main plus fort, ou c'était une impression ? Ce qui me faisait le plus bizarre c'était que moi, ce dont je me souvenais le plus, c'était la fois où je l'avais rejoint chez elle, c'était comment on s'était sautés dessus et ce qui s'était passé, et on ne l'avait jamais vraiment évoqué, mais bon. Pas trop le moment, apparemment. Mais je me souvenais très bien que je voulais que ça arrive plus souvent, qu'elle soit mon plan cul en gros, et je regrettais carrément maintenant qu'elle pense que je la considéras comme ça, alors qu'au fond ce n'était pas exactement la vérité. Bon, je m'en souviens pas trop... Désolé... Enfin, désolé surtout d'avoir dit ça, haha, j'étais vraiment un connard. Tu avais raison de me faire la morale, mais bon, on ne va pas revenir là-dessus. Bien sûr que j'étais en colère mais j'étais surtout complètement défoncé, Emmy (je la regardai, je n'étais pas trop fier) et ça, ça fait dire n'importe quoi. Je voulais te faire du mal et je savais quoi dire pour te faire mal, c'est tout... Je le pense pas du tout, ta vie n'est pas nulle et t'es pas coincée du tout, tu crois vraiment que je serais-étais-serais euuuh (merde) amoureux de toi si c'était le cas ?

Bah, elle le savait, hein, zut à la fin.

- Et je crois que même si tu es pas dans ma tête tu peux comprendre, et que tu le fais même très bien, conclus-je, en haussant les épaules. Je n'osais pas trop la regarder, mais j'avais l'excuse des gens et de la piste, c'était bien pratique.

La piste, justement : devant moi il y avait un boulet, un mec qui voulait se la raconter mais qui patinait mal et qui n'arrêtait pas de manquer de se casser la gueule, et comme il était juste devant nous c'était un peu chiant parce qu'on devait faire attention - il choisit cet instant pour se vautrer comme une merde, on dut faire un écart qui nous déséquilibra évidemment et nous fit ricaner (de stress) pendant presque un tour de piste, pendant lequel on essaya de retrouver notre équilibre et notre rythme de croisière. Mais je n'avais pas fini, et si j'attendais encore trop, je n'allais jamais le dire, alors je repris, toujours en ne la regardant pas trop :


- Et aussi je voulais te dire que j'étais désolé pour, euh, comment dire, ben pour t'avoir fait croire que t'étais un plan cul alors que c'était pas du tout le cas - enfin je sais que ça paraissait comme ça mais je voulais juste un moyen de rester proche de toi, tu vois ? Mais en tout cas t'es pas du tout juste un plan cul, t'es carrément pluuuuUUUUUisudfiqkjsqkl

Oui, j'avais hurlé, et elle aussi : alors qu'on était lancés à pleine vitesse, Emmy avait dérapé sur je ne sais pas trop quoi et elle avait commencé à pencher dangereusement et j'avais essayé de la retenir mais impossible, le virage lui avait été fatal, et la seconde d'après elle avait fait une galipette sur la glace poudreuse et moi j'avais lâché sa main pour survivre et manqué de me tôler aussi mais je m'étais raccroché à la barrière in extremis, en partant dans un fou rire du diable devant la tête pleine de neige d'Emmy et la situation - je ne pouvais quand même pas ne pas la trouver drôle, et vu sa tête, Emmy avait l'air de penser la même chose.
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MessageSujet: Re: Hoping everything's not lost. (Chuck)   Hoping everything's not lost. (Chuck) Icon_minitimeDim 15 Jan - 22:47

Je parlais comme si de rien était, mais en réalité, je n’en menais pas large, bien au contraire, j’étais terrifiée. Pourtant, tout autour de nous était si doux, si joli, le crissement des patins sur la glace toute blanche qui créait un cocon autour de nous, les petites lumières qui clignotaient et semblaient pleuvoir sur nous. L’esprit de Noël continuait encore un peu ici, cet esprit que j’aimais tant. En regardant Chuck, je me sentis triste de savoir que pour lui cette fête de famille n’aurait plus jamais le même sens. Rien n’aurait plus jamais le même sens. Je me demandais comment il faisait tous les jours pour tenir avec ce poids dans la poitrine, mais s’il ne le voyait pas, je savais qu’il avait le courage de le porter. Sa force était si grande, il ne savait même pas le saisir, et peut-être était-ce pour cela que j’avais une telle tendresse pour lui, pour son petit côté cassé qui l’empêchait vraiment de saisir tout cela. J’étais un peu stupide, en même temps, de me laisser attendrir, j’avais bien vu que cela m’avait fait laisser passer beaucoup trop de choses. Mais c’était plus fort que moi. C’était ma faute, j’avais fait rentrer Chuck sous ma peau trop vite, je n’avais mis aucune barrière et tout à coup, pour la première de ma vie, j’avais l’impression que quelqu’un lisait en moi sans jamais que cela me terrifie. J’aurais dû attendre, user de ma patience. Mais j’avais foncé en plein dedans. Je jetai un coup d’œil à Chuck qui avait enfoui un peu plus son visage dans son écharpe. Savait-il seulement tout ça ? Pourrais-je un jour lui dire ?

Alors qu’il arrivait à être si honnête à présent, j’avais l’impression que c’était moi qui avait verrouillé mon cœur. Je me sentais minable, j’avais envie de disparaître sous la glace que nos patins striaient à chaque mouvement régulier. Mais j’avais avalé du plomb et il prenait place dans ma gorge, bloquant les mots que je ne savais même plus formuler. Je ne voulais plus penser à tout ça. J’étais trop terrifiée.


- Ouhlà... Bon, je m'en souviens pas trop... Désolé... Enfin, désolé surtout d'avoir dit ça, haha, j'étais vraiment un connard. Tu avais raison de me faire la morale, mais bon, on ne va pas revenir là-dessus. Bien sûr que j'étais en colère mais j'étais surtout complètement défoncé, Emmy et ça, ça fait dire n'importe quoi. Je voulais qu’il arrête de m’appeler par mon prénom, mais ma langue de plomb se roulait sur elle-même et je la mordais. Je voulais te faire du mal et je savais quoi dire pour te faire mal, c'est tout... Je le pense pas du tout, ta vie n'est pas nulle et t'es pas coincée du tout, tu crois vraiment que je serais-étais-serais euuuh amoureux de toi si c'était le cas ?

Oh… Oh…

Sur le papier, je savais, pas vrai ? Mais l’entendre de sa bouche, au milieu de cette gêne étrange, et en même temps le plus simplement du monde. J’avais l’impression que mon cœur pesait une tonne et que j’allais le vomir, brûlant et acide contre mes lèvres. Toutes ces fois où nous étions ensemble et que j’avais espéré qu’il me le dise, qu’il m’avoue ce que je savais sans être toujours sûre, et maintenant que nous n’étions plus en couple, il me l’affirmait comme ça, comme si de rien était… Il me voyait loin de lui, dans les bras d’un autre, et pourtant cela ne semblait rien changer. Il aurait pu mentir, ça lui aurait été sûrement plus facile que de vivre mon rejet constant. Pourtant, il continuait et il s’affirmait, avec maladresse mais sans peur. Les fils électriques s’étaient enroulés autour de mon cœur et ils le compressaient, encore et encore, j’avais mal mais c’était doux en même temps, je ne savais pas trop… C’était comme si les mots étaient liquides et s’infiltraient dans mon sang, jusque dans les veines du bout de mes doigts qui serraient encore la main de Chuck.


- Et je crois que même si tu es pas dans ma tête tu peux comprendre, et que tu le fais même très bien.

C’était si simple et si terrible en même temps, c’était tout à la fois, tout ce que j’avais peur et que je désirais pourtant entendre au plus profond de moi.

- Toi aussi, tu le fais très bien, dis-je dans un souffle, si bas que je n’étais pas sûre d’avoir vraiment parlé.

Je me demandais ce qu’il comprenait de tout ça, alors que moi-même je n’étais pas sûre de tout ce que je voulais et de tout ce que je signifiais. On évita le boulet qui venait de tomber après se l’être raconté devant nous sur la glace, on ria comme des débiles stressés, et on refit un tour, reprenant notre rythme. C’était si étrange, d’être concentrée sur la glace alors que nous étions en train d’avoir une discussion si sérieuse. J’avais les jambes lourdes et cotonneuses en même temps, et tout qui bouillonnait sous ma peau.


- Et aussi je voulais te dire que j'étais désolé pour, euh, comment dire, ben pour t'avoir fait croire que t'étais un plan cul alors que c'était pas du tout le cas - enfin je sais que ça paraissait comme ça mais je voulais juste un moyen de rester proche de toi, tu vois ? Mais en tout cas t'es pas du tout juste un plan cul, t'es carrément pluuuuUUUUUisudfiqkjsqkl

La glace dure tapa contre mon épaule, je roulai légèrement, en criant de surprise.

Ça avait le coup de grâce. Trop concentrée sur ce Chuck disait, trop touchée par tout cela, j’avais dérapé, oubliant un instant de faire marcher mes jambes, et j’étais tombée lamentablement, perdant au passage notre pari. Je me sentais bête, mais la tension éclatait en même temps, et je me mis à rire parce que c’était le seul remède que je connaissais. Chuck riait aussi, ses joues rosies par le froid et la situation gênante mais drôle. Il était mignon comme ça, avec ses fossettes que j’aimais tant.


- Emmmmmmyyyyyyy ?! Le quart d’heure grande vitesse s’était achevé, et Gwen patinait, incertaine sur la glace, vers moi. Ça va, tu t’es pas fait mal, grosse patate ?!

Je me relevai, bougeant un peu mon épaule endolorie, et jetai un regard à Chuck qui riait encore.

- Non, c’est bon ! C’est pas ma faute, c’est Chuck qui faisait exprès de me déconcentrer, plaisantai-je, pour me rattraper comme je pouvais. Chuck me lança un petit regard, et je sentis que j’accrochai le sien trop longtemps en réponse. Bon, on s’y remet ? T’as encore du boulot ma vieille ! Dis-je à l’attention de Gwen.

On se mit à patiner, restant tous les quatre, ce qui m’arrangeait bien car je n’avais pas envie d’être en tête à tête avec Chuck, et encore moins avec Gwen qui avait sûrement une marée de question sur de quoi j’avais parlé avec lui. Je me demandai bien ce qu’elle pensait de toute la situation, mais j’essayais de ne pas trop y penser, car je ne voulais pas retomber.

Au bout d’un moment, on finit par sortir de la piste, les jambes un peu lourdes, mais on rigolait tous bien et l’atmosphère était à nouveau un peu plus légère, même si je restais un peu songeuse.


- Tu viens, on ramène les patins ? Lançai-je à l’attention de Chuck, en prenant en faisant voler les patins de Gwen et Chuck vers moi.

C’était une excuse pour être seule avec lui, mais alors qu’on marchait jusqu’au comptoir, je sentais que mes entrailles se verrouillaient et que je commençai à paniquer. Ma gorge était sèche, et je n’étais plus sûre de ce que je voulais vraiment dire. On rendit les patins, et pendant quelques secondes, je crus que j’allais vraiment ne pas réussir à parler – Chuck devait l’avoir senti, car il commençait à retourner vers Gwen et Jack sans rien ajouter.


- C’est ma faute aussi, lâchai-je finalement. On s’arrêta, et Chuck se tourna vers moi. J’avais le cœur qui battait fort. Tu n’arrêtes pas de t’excuser, mais tu sais, c’est ma faute aussi, je t’envoyais tellement de signaux contraires, je ne savais pas ce que je voulais, et… Je suis désolée, je crois que je le fais encore et ça doit être chiant pour toi. Je… Je ne sais juste pas trop ce que je fais et ce que je veux, désolée, répétai-je un peu bêtement. Mais je voulais juste dire que, hm, je ne t’en veux pas. Enfin, je ne t’en veux plus. Tout ce qui s’est passé, tout ça, tout ce que tu as fait… Je ne te l’ai jamais dit, mais, euh, je t’ai pardonné, conclus-je d’une petite voix, en me tordant les mains nerveusement, espérant que j’avais réussi à dire tout ce que je voulais.
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MessageSujet: Re: Hoping everything's not lost. (Chuck)   Hoping everything's not lost. (Chuck) Icon_minitimeLun 23 Jan - 17:45

Emmy restait Emmy : il faut bien qu’elle se viande, toujours, à un moment ou à un autre. J’avais essayé de la rattraper mais, peine perdue, elle s’était étalée de tout son long sur la glace, et déjà Jack et Gwen arrivaient vers nous, un tout petit peu inquiets, mais surtout en train de se marrer.

- Non, c’est bon ! C’est pas ma faute, c’est Chuck qui faisait exprès de me déconcentrer. Bon, on s’y remet ? T’as encore du boulot ma vieille !

On se regarda et très vite on était déjà repartis, tous les quatre ; c’était fini. Je me mis à faire un semblant de course avec Jack (il voulait essayer le pauvre, il était plutôt motivé, mais tellement trop instable que dès que j’augmentais un peu l’allure il perdait dangereusement le contrôle de sa trajectoire) et on finit par partir dans nos blagues préférées qui ne faisaient rire que nous parce qu’elles duraient mille ans, si bien que les filles s’éloignèrent volontairement pour patiner toutes les deux. Je jetai un regard en arrière à Emmy et en me retournant, je vis que Jack m’avait regardé et avait probablement intercepté la chose, mais il ne dit rien, et on continua comme si de rien n’était. Je me doutais qu’il s’imaginait une bonne partie de la réalité mais il ne m’avait pas posé concrètement la question, et je ne lui en avais pas parlé non plus. C’était plus simple comme ça. À vrai dire, je n’avais pas besoin de me compliquer encore plus la donne, surtout que même si je faisais confiance à Jack je savais qu’il pouvait répéter des trucs à Gwen qui en parlerait à Emmy – c’était un jeu trop dangereux. Je ralentis un peu l’allure pour rester aux côtés de Jack et de toute façon je me sentais que je commençais à me sentir un peu fatigué (ma santé n’était clairement plus ce qu’elle était et ça me faisait vraiment chier de le constater, chaque jour) si bien que je sentis que mon moral en prenait un coup par la même occasion et que ma motivation s’abaissait d’un coup. J’avais envie d’arrêter de patiner et de me poser et d’aller soit dans un café un peu trop rempli et bruyant pour que les conversations se mélangent et que je n’ai pas trop à participer, soit qu’on se sépare et qu’on rentre chez nous. J’avais l’impression, avec tout ce qu’on venait de se dire avec Emmy, que ça allait être un peu chelou maintenant, et je n’avais pas envie d’affronter ça.

Je me laissais porter et on finit par décider de partir, j’enlevai mes patins et accompagnai Emmy – sa demande m’avait surpris mais j’avais fait oui de la tête, un peu dérangé tout d’un coup. Elle avait décidé de mettre les points sur les i ? Elle avait compris ? Une part de moi se sentait résignée, mais une autre rugissait au fond, comme si elle se transformait en bête féroce. Je ne voulais pas me résigner, pas pour Emmy. On rendit les patins, j’attendis deux secondes – il ne se passa rien. Un regard vers Emmy suffit pour que je constate qu’elle avait son visage de quand elle était un peu perdue, et je ne voulais pas lui en infliger plus, tout comme je ne voulais pas m’en infliger plus non plus.


- C’est ma faute aussi,
dit-elle tout d’un coup, alors que j’étais déjà retourné pour partir.  Je me tournai à nouveau. Hein ? Tu n’arrêtes pas de t’excuser, mais tu sais, c’est ma faute aussi, je t’envoyais tellement de signaux contraires, je ne savais pas ce que je voulais, et… Je suis désolée, je crois que je le fais encore et ça doit être chiant pour toi. Je… Je ne sais juste pas trop ce que je fais et ce que je veux, désolée. Mais je voulais juste dire que, hm, je ne t’en veux pas. Enfin, je ne t’en veux plus. Tout ce qui s’est passé, tout ça, tout ce que tu as fait… Je ne te l’ai jamais dit, mais, euh, je t’ai pardonné.

… Ah.

J’avais l’impression que quelque chose s’était cassé au-dessus de moi et qu’un truc tiède me coulait dessus, depuis le sommet de la tête jusqu’aux pieds. Pardonné ? C’était drôle – est-ce que moi je m’étais pardonné ? Je ne le savais même pas, mais Emmy l’avait fait avant moi en tout cas, et ce n’était peut-être pas grand chose mais sur le moment je compris que ça avait en fait toute son importance.

Le problème, c’est que là, maintenant, j’avais juste envie de l’embrasser, on était face à face et je ne pouvais penser à rien d’autre et je ne lâchai pas son regard et je ne comprenais pas, vraiment pas, et heureusement qu’elle venait de reconnaître qu’elle était perdue parce que oui elle envoyait des signaux contraires, oui j’avais du mal à les percevoir, oui je voulais ce qu’elle ne pouvait pas me donner pour l’instant, oui j’étais toujours aussi dingue d’elle et oui je ne comprenais pas comment j’allais pouvoir résister indéfiniment. C’était une erreur, au fond, de vouloir être son ami et juste son ami, non ? Mais je ne pouvais pas l’embrasser, pas là, pas comme ça, il y avait plein de monde et Gwen et Jack étaient un peu plus loin et de toute façon… De toute façon c’était complètement con, pas comme ça, pas dans  cette situation. Mais elle était juste devant moi et comme les gens se pressaient autour de nous pour rendre les patins derrière le comptoir, on était un peu collés l’un contre l’autre, et mes doigts touchaient les siens.

Sans plus réfléchir, je me penchai et embrassai sa joue, je sentais que je souriais – elle sentait bon dans le creux de son cou, son parfum, la crème, le froid.


- Merci, ça me fait plaisir, dis-je après une seconde de silence chelou. Si on était amis, on pouvait bien s’embrasser, non ?... On devait se décaler et je bougeais à contrecœur, quittant la proximité de ses doigts, de son corps. On se mit en chemin pour rejoindre les autres. Et t’inquiète, je comprends… J’ai le temps, de toute façon. J’attendrais.

Je la regardai une seconde, juste une seconde (les autres étaient là) – elle avait compris, non ? Je n’étais peut-être pas au top de ma forme et plus trop le même que j’avais été, mais pour autant je n’avais pas baissé complètement les bras et Emmy me donnait envie de me battre à nouveau.



FIN
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