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Charlie Palmer


Charlie Palmer
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MessageSujet: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeMar 10 Avr - 13:43

La barre métallique était froide contre ma peau dénudée qui brûlait des regards qu’on lui apposait, et je la glissai entre mes jambes, laissant mon corps s’emporter dans le mouvement, mes tresses autour de moi, dans un tourbillon dont l’argent devenait rougeâtre sous la lumière tamisée. L’ambiance ici était étrange, aussi séduisante que malsaine, ce qui me correspondait parfaitement. Ash, assis sur un fauteuil un peu plus loin, m’observait, tandis que lascivement, je me penchai vers un autre homme dont les billets froissés entre ses doigts m’intéressaient grandement. Le jeu, je le connaissais bien, et depuis que je travaillais ici deux soirs par semaine, j’en étais devenue la reine. Ma séparation avec Sam, ma dispute avec Ash, tout cela m’avait rappelé que je ne voulais plus dépendre financièrement de quelqu’un, et j’avais trouvé de quoi me faire un petit extra très facilement. Maintenant, la seule chose qui m’emprisonnait à Ash était notre lien indestructible, cette passion qui nous destinait l’un à l’autre, pour toujours. Je ne voulais plus de lien matériel, j’avais l’impression de salir celui que nous partagions, beaucoup plus noble.

Il venait souvent me voir, parfois il s’asseyait au premier rang, et parfois il restait dans l’ombre, tel un prédateur. Tous les scénarios m’obsédaient. J’aimais tout l’univers que nous avions construit ensemble, les jeux, les regards, les non-dits et les mots suaves, chaque seconde passée dans son orbite me grisait un peu plus. Tous les mouvements contre la barre, tous les habits lentement ôtés, qu’Ash soit là ou non, tout était pour lui, tout était toujours pour lui. Je ne respirais plus sans songer qu’il était la raison pour laquelle mes poumons fonctionnaient.

Alors que je dansais lentement contre cet homme dont je pouvais sentir le désir, puissant et dur contre ma jambe, je jetai un regard discret à Ash, qui n’avait rien perdu du petit manège. Je savais que cela le rendait fou, et parfois de mauvaise humeur, mais que j’attisais à chaque fois son désir, qui nourrissait le mien en retour. Les gens l’ignoraient peut-être, mais ici aussi, nous régnions en Roi et Reine, cachés ou non. Tout cela n’était qu’un jeu pour nous, qui n’était qu’à nous, et que personne ne pouvait comprendre. Souvent, après mon service, alors que nous prenions un rail ou une pilule dans la cours arrière, nous nous mettions à rire de combien tous les autres ne pouvaient nous comprendre, et combien jamais ils ne vivraient ce que nous ressentions. Grisés, nous nous mettions en route vers d’autres soirées, où Ash nous faisait rentrer d’un claquement de doigts, et nous nous embrassions dans des recoins sombres, obsédés l’un par l’autre.

Ash était arrivé tard de son travail, et je n’avais pas eu le temps de lui parler, le toucher, et je le devinais au comble de la frustration, si bien que je ne fus pas étonnée de le voir me suivre tandis que je m’éloignais vers un long couloir, mon soutien-gorge transparent rempli de quelques billets. Je prétendis ne pas le remarquer, pour vivre le plaisir de le sentir derrière moi, me saisir brusquement, et me plaquer contre le mur. J’exultais.

Je l’embrassai fiévreusement, le laissant prendre le contrôle, ses lèvres s’aventurant entre mes jambes, là où le maigre tissu en dentelle m’exposait trop pour que j’y survive, la tension monta jusqu’à que je me sente au bord de l’implosion… Et Ash s’arrêta, un petit sourire sur ses lèvres humides. Je poussai un grognement. Je le savais à quoi il jouait, il le faisait parfois, comme s’il voulait me montrer ce qu’il ressentait lui quand je dansais contre un autre homme. Je l’embrassai tout de même, sentant mon goût sur le bout de sa langue, mais terriblement frustrée.

Mais mon désir n’était pas la seule raison pour laquelle j’avais envie de rentrer. Un peu plus tôt dans la soirée, l’une des filles m’avait filé un petit paquet de pilules, d’un air entendu – ici, c’était monnaie courante, et beaucoup de choses tournaient, parfois ouvertement. C’était apparemment une drogue rare, qui libérait complètement de tout, désinhibait les sens et provoquait une euphorie libératrice.


« Cherry m’a filé un nouveau truc… » Dis-je à Ash, alors que j’étais encore collée contre lui, mes mains dans sa nuque que je piquai de quelques baisers. « Visiblement, c’est tellement euphorisant et désinhibant qu’on le compare à un mélange de Veritaserum et de Felix Felicis... » Je regardai les yeux glacés d’Ash, les sondant. « Je termine dans une heure, et je veux rentrer avec toi pour essayer. »

Mes lèvres effleurèrent les siennes une dernière fois, et je m’échappai de son emprise avec un petit rire mutin, pour retourner sur la scène et recommencer mon petit spectacle. L’heure passa étrangement lentement – peut-être était-ce l’attente de nos baisers avec Ash, la perspective de notre soirée, ou la cocaïne qui quittait finalement mon système. Une fois mon service terminée, il était environ 4 heures du matin, et l’air était frais, m’obligeant à fermer mon lourd manteau en fourrure bleu nuit, cachant la petite robe émeraude moulante et très décolletée que j’avais mise pour séduire Ash. Nous nous retrouvâmes dans la cours arrière pour transplaner jusqu’à chez moi, nos mains liées, mon cœur tambourinant.

Une fois chez lui, j’ôtai mon manteau et mes hauts talons, allumai une cigarette, et me tournai vers Ash, agitant le petit sachet plastique qui contenait une demi-douzaine de pilules. Me mouvant au son d’une musique imaginaire, je m’approchai de lui, mon regard vrillant le sien.


« On en prend une chacun et on se dit quelque chose que l’on n’a jamais raconté à personne. Deal ? »

Mes yeux étaient toujours plongés dans les siens, l’interrogeant silencieusement, curieuse de voir jusqu’où il était prêt à aller avec moi, lui qui était si secret. Le sachet s’agitait entre mes doigts, mais je savais déjà que je n’avalerais pas vraiment de pilule – je voulais me souvenir de tout, tout ce qu’Ash pourrait me dire, être moi-même quand j’y répondrais, je voulais que nous nous dévoilions nous, seuls, sans artifices ni pilules.
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Ash Freeman


Ash Freeman
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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeDim 22 Avr - 22:28

J’avais découvert un monde qui m’était jusqu’alors inconnu – si j’évoluais la nuit, la mienne était plus festive, plus sauvage, moins confinée. Celle-ci se cachait sous les rideaux de velours, au son d’une musique lascive, à l’abri des regards indiscrets. Celle-ci était aussi exclusivement masculine, il était rare de compter parmi les clients et les habitués des femmes, hormis celles qui s’aventuraient parfois, souvent forcées par l’homme qui les avait conduit jusqu’ici… Mais pourtant, je m’y étais plu tout de suite. La pénombre, les alcôves, la discrétion de routine, tout cela m’allait comme un gant. Le loup que j’étais s’était découvert une nouvelle tanière, d’où je pouvais à loisir observer ma louve.

Il n’y avait aucun doute : Lolita était la sensualité incarnée, j’y goûtais un peu plus chaque soir que je venais ici, quand je ne travaillais pas et qu’elle venait danser pour gagner de l’argent. Il n’était pas un problème de mon côté mais elle avait tenu à le faire et au fond j’avais compris, même si quelque chose en moi se crispait à l’idée qu’elle ne veuille pas dépendre de moi totalement. Elle bougeait sur la musique et ondulait sur la barre, perchée sur ses hauts talons, comme elle pouvait le faire sur moi, et il ne suffisait que de quelques minutes pour que je sois excité, souffrant ensuite de mon désir de plus en plus fort, jusqu’à m’en faire mal. Heureusement il nous était très facilement possible d’y remédier, et je devais être le premier homme à coucher autant avec une strip-teaseuse sans pour autant dépenser un centime. Souvent j’étais brutal, rendu soit terriblement excité par le spectacle soit terriblement jaloux – mais nous nous retrouvions toujours en osmose parfaite, presque plus qu’avant. Nous formions un tout qui ne pouvait plus disparaître. Voir les hommes lui tourner autour, la payer pour qu’elle se déshabille, toucher sa peau, se frotter contre elle et ne pas pouvoir l’avoir au final était une nouveauté qui déclenchait une foule d’émotions contradictoires en moi : la jalousie grondait mais l’excitation était croissante, cela m’amusait terriblement, j’avais presque envie d’aller jusqu’au bout, de la voir se faire prendre avant de la récupérer pour jouir avec elle, attiser absolument tous les désirs mais garder la fin pour nous, rien que pour nous. Il n’y avait plus que nous.

Et puis les drogues que nous prenions m’entraînaient de plus en plus vers elle, ma Reine, la seule avec qui tout ce que je ressentais était juste et vrai, la seule qui ne me faisait pas me sentir différent en tous points du monde dans lequel j’évoluais. Je pouvais à peine me souvenir de quand datait ma première cigarette, ma première bière, j’avais toujours eu un comportement addictif et je le savais, mais c’était autre chose. Ce n’était pas une aliénation, quand je fumais ou prenais des pilules elles m’ouvraient des portes, je partais quelques temps ailleurs, je revenais, les deux réalités existaient toujours, l’une n’empêchait pas l’autre. La seule chose qui avait changé, c’était que Lolita faisait partie de mon voyage à présent.


« Cherry m’a filé un nouveau truc… Visiblement, c’est tellement euphorisant et désinhibant qu’on le compare à un mélange de Veritaserum et de Felix Felicis... Je termine dans une heure, et je veux rentrer avec toi pour essayer. »

Évidemment, j’avais accepté. Ce n’était pas quelque chose qui se refusait et ma curiosité avait été piquée : pendant que Lolita dansait et finissait sa soirée et que je la suivais à coup de verres de whisky, il me vint alors l’idée que je voulais savoir ce qu’elle avait à me dire sans risquer d’oublier.

« On en prend une chacun et on se dit quelque chose que l’on n’a jamais raconté à personne. Deal ? »

Elle ne me vit pas sourire en coin, alors que je laissais ma veste sur le dossier d’une chaise et ôtais mon pull. Il faisait bon chez moi, le soleil avait chauffé l’endroit toute la journée, par la grande baie vitrée. Je m’installai sur le grand canapé et terminai de rouler un joint, que je léchais du bout de ma langue, avant de l’allumer. Lolita bougeait devant moi comme une fée, j’étais un peu ivre mais pas assez pour la quitter des yeux une seule seconde.

« Deal. Donne. »


J’attrapai le sachet et en extirpai une pilule que je portai à ma bouche sans l’y faire tomber, la calant au creux de ma main à la place. Il ne me fallut plus que quelques secondes pour la faire glisser dans le sachet qui contenait ma weed, que je rangeais après avoir fini de rouler. Entre temps je fis voler jusqu’à nous des verres d’alcool et continuai de fumer, tout en passant le joint de temps en temps à Lolita, qui s’était lovée tout contre moi. Mes tempes bourdonnaient à cause de l’alcool et tout ce que je fumais, mais pas du reste. Je caressai le dos de ma Reine en attendant tranquillement les « effets » et en sirotant mon whisky. En face de nous, la ville endormie s’étendait comme à l’habitude, complètement étrangère au monde qui était le nôtre.

« Je me demande ce que tu vas dire. Je me demande ce que tu n'as jamais rien dit à personne... » Je me penchai et l’embrassai. « Peut-être qu’on aura tout oublié demain. » Oublier des choses que l’on ne pouvait pas oublier, il y avait quelque chose d’assez ironique là-dedans. « Tu sais mon oncle, le frère de ma mère ? Celui qui est Cracmol. Joshua. » J’eus un sourire nerveux. La signification de son prénom ne me laissait jamais de marbre ; cette fois c’était l’ironie incarnée. Je fumai encore sans rien dire, continuant de boire mon whisky, les yeux dans le vague. J’étais censé être euphorique mais une sombre mélancolie m’avait évidemment envahi à la mention de Josh. Et si je n’en parlais pas, jamais, ce n’était pas que je gardais ce secret en moi comme un niffleur garde son argent, mais parce que tout simplement, en parler ne changeait rien. C’était ainsi. Il n’y avait rien à dire. « Quand j’étais enfant il me demandait de lui faire des choses. Ça a duré longtemps, personne n’a rien vu, et puis de toute façon je l’aimais bien d’un côté, il était très présent et très gentil avec moi. Mais un jour j’en ai eu marre, j’avais 15 ans, j’ai dit stop. »

Je soufflai la fumée vers le plafond, ressentant peu de choses à part ce voile soudain un peu plus lourd, mais ni tristesse ni bonheur particuliers. Je savais que personne ne pourrait jamais comprendre le lien qui nous avaient uni, avec Josh, même Lolita qui pourtant était une partie de moi. Il me semblait que toute cette histoire appartenait à quelqu’un d’autre, aujourd’hui, et que plus rien n’existait du petit garçon entre les mains de cet adulte dont le désir et l’amour avaient été malheureusement trop divergents.
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Charlie Palmer


Charlie Palmer
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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeLun 30 Avr - 15:33

Ash attrapa l'une des petites pilules, un sourire énigmatique sur ses lèvres asymétriques, et j'y répondis avec mon regard pétillant, faisant rouler ma dose entre mes doigts, continuant mon petit manège de danse lente et silencieuse. Discrètement, d'un geste aérien, je logeai la pilule dans la petite poche de ma robe, satisfaite de mon petit manège. Peut-être qu'Ash m'aurait à nouveau traité de menteuse, mais je m'y serais opposée avec fougue. Ce n'était pas un mensonge que de vouloir me souvenir, et qu'il se confie, peut-être une ruse tout au plus ; je m'assis à ses côtés et cherchai sa présence, mes mouvements pressants et fragiles, comme si je voulais malgré tout me faire pardonner. Son parfum m'entourait, et dans ses gestes amoureux, les caresses dans mon dos, nos jambes qui se touchaient, je retrouvais la douceur d'une plénitude jusque là inconnue. Le joint brûlait légèrement mes lèvres entrouvertes qui souriaient, et l'espace d'un instant, je n'étais plus inquiète de rien, pas même des mots qui allaient bientôt m'échapper et me révéler. Je soupirais, profitant du silence une dernière fois. Il y avait toujours un avant et un après, lorsqu'il s'agissait de confessions. Dans mon expérience, l'après était toujours amer, empli de regrets et de frustration, mais je voulais croire qu'avec Ash, tout serait différent - puisqu'il était moi et j'étais lui, nous nous comprendrions, n'est-ce pas ?

« Je me demande ce que tu vas dire. Je me demande ce que tu n'as jamais rien dit à personne... Peut-être qu’on aura tout oublié demain. »

Le baiser d'Ash apaisa mes craintes, tandis que ma main courait le long de sa cuisse, puis de son ventre, son épaule, son bras, tissant une toile silencieusement qui l'aurait accroché à moi. Il faisait bon, mais l'air était épais, plein de fumée et de secrets. J'étais sûre que ce mystère que j'avais deviné dans les cartes, ce jour où je les avais lues à Ash, allait être éclairci, et mon troisième oeil trépignait des signes qu'il avait connecté sans pouvoir être certain.

« Tu sais mon oncle, le frère de ma mère ? Celui qui est Cracmol. Joshua. Quand j’étais enfant il me demandait de lui faire des choses. Ça a duré longtemps, personne n’a rien vu, et puis de toute façon je l’aimais bien d’un côté, il était très présent et très gentil avec moi. Mais un jour j’en ai eu marre, j’avais 15 ans, j’ai dit stop. »

Sa voix n'avait pas tremblé, pourtant, dans son écho, ce fût mon coeur qui fût pris de quelques contractions. Ma main qui, un instant auparavant, s'amusait à explorer le corps froid d'Ash, s'immobilisa sur sa poitrine, couvrant de ma paume son coeur, comme pour le protéger. Le silence s'étira dans les volutes de fumée qui s'écrasaient en nuage transparent contre le plafond. Dans les demi-mots d'Ash, je perçus que son oncle n'était pas juste quelqu'un qui avait abusé de l'enfant qu'il était, leur lien était beaucoup plus étrange, et par la même occasion, délicat. Comme Ash me tendait le joint, j'attrapai sa main et la portai à mes lèvres, embrassant ses doigts, sa paume, dont les lignes me racontaient déjà ses souffrances.

« L'affection se traduit parfois de façon particulière... C'est toujours plus compliqué et flou quand l'abus vient de quelqu'un à qui l'on tient. »

Ma main qui avait caressé la sienne vint se nicher dans sa nuque, attirant son visage vers le mien, mon corps se rapprochant du sien, dans des mouvements fébriles. J'embrassai ses paupières avec un petit sourire triste.

« Tu as dû te sentir tellement seul, à devoir garder tout ça pour toi, tout ce temps, que personne ne remarque rien... Et la seule personne qui s'intéressait vraiment à toi était celle qui te faisait du mal... »

J'avais veillé à ce que ma voix ne porte aucune pitié. C'était tellement difficile, les mots pouvaient faire rapidement tellement de mal, je n'avais même plus envie de les utiliser... Je voulais qu'il ressente au plus profond de lui tout ce que je voulais lui répondre. Notre relation physique était trop particulière pour que j'arrive à décrire la façon dont je le touchais, en cet instant, ma main tantôt sur ses lèvres ou son coeur, mon regard le couvant, je m'appuyai sur lui puis l'attirai contre moi pour qu'il se laisser aller, tout ce que les mots ne disaient pas, mes gestes le chantaient.

« Oh, mon Ash... » Murmurai-je d'une voix transie d'amour, avant de l'embrasser tendrement.

Il avait le goût des étoiles les plus lointaines, mais les plus brillantes.


« Qu'est-ce qui t'a fait dire stop ?... » Mon instinct m'avait déjà répondu, comme si tous les signes et les ondes se rejoignaient, mais même si j'avais confiance en mon troisième oeil, ce n'était pas à lui de donner la vérité que Ash gardait en lui depuis des années. « Comment tu fais aujourd'hui, quand tu le vois ? A quoi ressemble votre relation ? »

Je terminai mon verre, le cerveau cotonneux de tout ce que j'avais pris ce soir, mais étrangement alerte de tout ce qu'il se passait. Ce soir était important, je le sentais. Je mêlai mes doigts avec ceux de mon Roi.

« De toute façon, maintenant, personne ne te fera de mal. » J'embrassai son coeur plusieurs fois, dans un geste protecteur et féroce. « A part moi... » Ajoutai-je avec un petit sourire d'excuse.
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Ash Freeman


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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeMar 22 Mai - 22:53

Je n'en avais jamais parlé, mes réactions n'étaient donc pas vraiment comparables à d'autres fois, mais pourtant comme à chaque fois j'étais traversé d'une salve de sensations et d'émotions, toutes plus violentes et opposées les unes que les autres. Lorsque je pensais à Josh, lorsque je pensais vraiment à lui et ce qui s'était passé, je pouvais passer en une fraction de seconde du tout au tout : du dégoût à la nausée, de l'indifférence à la colère, du malaise au désir profond, comme si un serpent en moi, lové en boule, se dépliait subitement, prête à bondir, à mordre. La présence de Lolita n'aidait évidemment en rien le tumulte qui m'envahissait. Pourtant, à peine eus-je prononcé mon aveu que sa main sur ma peau me parut insupportable — comme si elle griffait ma peau gelée. Mes muscles s'étaient contractés.

« L'affection se traduit parfois de façon particulière... C'est toujours plus compliqué et flou quand l'abus vient de quelqu'un à qui l'on tient. »

Et puis, tout de suite, tout bascula, et mon coeur battit de nouveau rien que pour elle, happé par la sensualité de sa bouche, de ses gestes, de ses regards pénétrants. Je la laissai m'embrasser et me caresser, vibrant un peu plus à chaque seconde des contacts avec sa peau. Elle rendait la mienne électrique. Je passai la main sur ses jambes, ses fesses, l'attirant contre moi, cherchant son regard. Il suffisait de si peu pour que tout mon corps se souvienne de son empreinte, et la veuille encore et encore... Et puis, elle me comprenait. J'étais stupide d'en avoir douté un seul instant : elle avait compris. Même si le mot abus me dérangea sur le moment, parce que je n'aimais pas cette idée qui existait pour autant, le reste suffisait.

« Tu as dû te sentir tellement seul, à devoir garder tout ça pour toi, tout ce temps, que personne ne remarque rien... Et la seule personne qui s'intéressait vraiment à toi était celle qui te faisait du mal... »

« Ça dépendait. Parfois j'étais certain d'avoir de la chance, de n'être justement pas seul avec lui, d'avoir de la chance. Parfois je ne savais pas et je doutais. Mais il m'aimait, et je le savais. Et ça a été important pour moi. »


Lolita était toute autour de moi, sur moi, partout. Je fermai les yeux et me laissai bercer. J'avais ma Reine à présent : tout était différent. Je sentais son affection et sa dévotion, et elles me flattaient encore plus.

« Oh, mon Ash... Qu'est-ce qui t'a fait dire stop ?... Comment tu fais aujourd'hui, quand tu le vois ? A quoi ressemble votre relation ? »

Elle but, je fis comme elle, nous agissions si souvent en mimétisme. Je rallumai le joint que nous n'avions pas terminé, fumai en silence, puis soufflai de la fumée entre ses lèvres. Nous avions dépassé le stade du début, nous planions, c'était bien, surtout qu'il me fallait faire semblant.

« De toute façon, maintenant, personne ne te fera de mal. A part moi... »

Je serrai sa main sur mon coeur, si fort, à lui en écraser les doigts. Elle et moi ? On pouvait bien se faire tout le mal que l'on voulait, oui, il y avait tellement d'amour en même temps, tellement de force, nous étions un univers à part entière, avec tout ce qu'il impliquait.

« Je grandissais, il n'aimait pas. Je lui échappais. J'ai eu ma première copine, quand il l'a su il a fait mine d'être heureux mais il était jaloux, ça ne lui plaisait pas. Je passais moins de temps avec lui, forcément, et puis je lui résistais un peu. En réalité il s'est senti trahi, abandonné. Il se met rarement en colère mais quand il l'est c'est violent, et je l'ai poussé à bout. Je lui faisais petit à petit comprendre que je ne voulais pas le voir. De mon côté je le trouvais de plus en plus chiant, même si il me manquait. Une fois on s'est vus, il s'est mis en colère, moi aussi, je lui ai résisté, ça l'a mis hors de lui. Il m'a enculé de force, j'ai eu mal, je suis devenu hystérique, je lui ai hurlé dessus comme jamais je ne l'avais fait, je l'ai traité de monstre, je l'ai menacé de tout dire. Il a fait une dépression après ça. Il me suppliait et pour la première fois de ma vie j'avais du dégoût pour lui, de la haine. Même si parfois il me manquait. Même ses gestes me manquaient. Il savait s'y prendre, il m'a appris tellement de choses. Même intellectuellement, il avait beau être Cracmol, c'est lui qui m'a le plus instruit. Aujourd'hui c'est... Étrange. Je le vois moins, mais on est restés proches. Lui, il a presque les larmes aux yeux à chaque fois qu'on se voit, ça lui fait plaisir. Moi je m'en fous. Au fond je crois qu'il a peur de moi maintenant. Et je ne supporte plus qu'il me touche. Ni le bras ni la bise ni rien. »

Je vis voler une bouteille de vodka qui traînait dans la pièce et bus à même le goulot. Ma bouche s'était asséchée et j'avais un goût amer sur la langue.

« À toi maintenant. »
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Charlie Palmer


Charlie Palmer
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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeDim 27 Mai - 18:49

Quelle étrange figure que cet homme, une ombre dont je devinais les contours et l’histoire, et qui avait eu un tel impact sur Ash, qui représentait à présent mon monde. J’oubliais parfois que nous nous connaissions depuis si peu de temps, tant j’avais l’impression d’être née avec lui, en lui, et il m’avait mieux cerné que tous les gens qui avaient pu croiser ma vie. Pourtant, il était un être si mystérieux, dont j’avais l’impression de mieux comprendre l’essence que l’histoire, mais ça n’était pas important, j’avais tout le temps pour découvrir le reste. Quelque chose frémit dans ma poitrine, alors que je me rappelais que je jouais un jeu, que je n’avais pas avalé la petite pilule, et la culpabilité tissa sa toile autour de mon cœur. J’inspirai, brisant le fil mince qui emprisonnait mon organe. Je voulais simplement me souvenir, comprendre, et mon acte venait d’un choix amoureux. Ça ne pouvait pas être mauvais, n’est-ce pas ? Mais je venais de poser mes dernières questions, et je savais qu’elles appelaient à plus de confidences, contractant un instant mes poumons, en miroir à ma main, serrée par celle d’Ash, les jointures blanches. Tout à coup, c’était comme si je violais ses secrets, et je tirai plus fort sur le joint, espérant que la fumée embrume assez mon cerveau. Dans un éclair de lucidité, je me rappelai que j’allais lui rendre ses confessions par les miennes, et je fus rassurée, comme si l’équilibre de mon petit univers était restauré.

« Je grandissais, il n'aimait pas. Je lui échappais. J'ai eu ma première copine, quand il l'a su il a fait mine d'être heureux mais il était jaloux, ça ne lui plaisait pas. Je passais moins de temps avec lui, forcément, et puis je lui résistais un peu. En réalité il s'est senti trahi, abandonné. Il se met rarement en colère mais quand il l'est c'est violent, et je l'ai poussé à bout. Je lui faisais petit à petit comprendre que je ne voulais pas le voir. De mon côté je le trouvais de plus en plus chiant, même si il me manquait. Une fois on s'est vus, il s'est mis en colère, moi aussi, je lui ai résisté, ça l'a mis hors de lui. Il m'a enculé de force, j'ai eu mal, je suis devenu hystérique, je lui ai hurlé dessus comme jamais je ne l'avais fait, je l'ai traité de monstre, je l'ai menacé de tout dire. Il a fait une dépression après ça. Il me suppliait et pour la première fois de ma vie j'avais du dégoût pour lui, de la haine. Même si parfois il me manquait. Même ses gestes me manquaient. Il savait s'y prendre, il m'a appris tellement de choses. Même intellectuellement, il avait beau être Cracmol, c'est lui qui m'a le plus instruit. Aujourd'hui c'est... Étrange. Je le vois moins, mais on est restés proches. Lui, il a presque les larmes aux yeux à chaque fois qu'on se voit, ça lui fait plaisir. Moi je m'en fous. Au fond je crois qu'il a peur de moi maintenant. Et je ne supporte plus qu'il me touche. Ni le bras ni la bise ni rien. »

J’avais l’habitude de ressentir toutes les émotions d’Ash, et cette fois-ci, je fus surprise de percevoir le néant qui l’envahissait, cette espèce d’indifférence triste et aiguisée, qui tranchait les souvenirs, des plus heureux aux plus tristes. Josha avait perdu la place étrange qu’il avait occupée, au moment même où il avait cessé d’être utile et perdu de sa superbe. Ash n’avait pas l’air de pardonner la faiblesse, tout comme il n’était jamais passé au-dessus de celle de Beth. A bien y réfléchir, j’étais probablement la seule pour qui il avait fait preuve d’indulgence, et je doutais que l’adoration qu’il me portait aurait un jour une fin. Je le savais au plus profond de moi, et tous les signes me le soulignaient, mes journées étaient ponctuées de petits symboles qui faisaient battre mon cœur et agitaient mon troisième œil. Ash était différent avec moi, aussi différent que je l’étais avec lui – nous évoluions dans notre propre espace.

« Je vois, c’est une relation particulière et elle t’a vraiment forgé. Mais ce temps-là est révolu, et c’est mieux à présent… » Nous étions mieux. « Tu as toujours eu un goût pour les relations mentor et élève, non ? Comme avec Beth. Mais tu finis toujours par reprendre le dessus. » J’embrassai ses lèvres, sa langue au goût piquant de vodka brûlant la mienne. Mes yeux cherchaient les siens, papillonnant un peu, mes pupilles dilatées. Il était tellement beau. « Mais toi et moi, c’est un équilibre, pas vrai ? »

Comme si tout le reste n’était qu’un avant-goût, une pauvre introduction avant notre rencontre et notre histoire. Maintenant, tout était différent… Alors je n’avais pas à craindre qu’Ash ne comprenne pas, n’est-ce pas ? Devinant peut-être mes réflexions, il me lança un regard, un sourire en coin.

« À toi maintenant. »

J’avalai une grande gorgée de vodka moi aussi, et me redressai sur le canapé, m’éloignant un instant d’Ash, comme si sa présence m’intimidait. Je ne pouvais plus faire demi-tour.

« Je n’ai pas un secret précis comme toi, c’est plus un… Un tout, un sentiment global que je n’ai jamais vraiment osé expliquer. J’ai essayé, parfois, mais personne ne comprenait, alors je n’allais jamais jusqu’au bout... » Je glissai mes ongles le long de mon bras, frissonnant, à la recherche d’une sensation physique pour m’ancrer dans la réalité. « C’est juste que j’ai toujours eu l’impression de n’appartenir nulle part. Même depuis que je suis petite. Je crois que même chez moi, j’étais invisible, mes parents m’utilisaient pour se faire du mal entre eux, j’étais une pièce sur l’échiquier de leur séparation, rien de plus. C’est pour ça que j’ai commencé à mentir tout le temps, j’essayais juste d’attirer l’attention sur moi, comme un appel à l’aide un peu pitoyable… » J’haussai les épaules. « Ils n’ont jamais compris mon troisième œil non plus… Et je sais que c’est un don, mais à la fois ça m’a toujours écarté des autres. Les gens sont sceptiques, ou parfois, je vois des choses que j’aurais préféré ne pas voir… Après le décès de Grand-Mère, c’était pire que tout, cette impression d’être seule, de n’être jamais à ma place. J’ai l’impression de jouer toujours un rôle, de montrer aux autres ce qu’ils veulent, parce que les rares fois où j’ai été moi-même, j’ai été blessée, et ça m’a rappelé pourquoi je n’appartenais nulle part. » Ma voix s’était mise à trembler légèrement, et mon corps s’était tendu. J’avais peur qu’Ash confirme toutes mes craintes. « Je crois que c’est pour ça que j’ai peur de mourir. J’ai toujours su que j’allais mourir jeune, d’une mort catastrophique, et parfois, j’aimerais que ça arrive maintenant, que tout s’arrête, puis je me dis… Je ne manquerai à personne. C’était comme si j’étais déjà un fantôme, en quelque sorte, une présence mais détachée du reste. Personne n’appellera mon Esprit parce que personne ne le connaîtra vraiment. Je n’ai laissé mon essence nulle part dans l’univers… Et ça me terrifie. »

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Ash Freeman


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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeDim 3 Juin - 22:10

« Je vois, c’est une relation particulière et elle t’a vraiment forgé. Mais ce temps-là est révolu, et c’est mieux à présent… Tu as toujours eu un goût pour les relations mentor et élève, non ? Comme avec Beth. Mais tu finis toujours par reprendre le dessus. » Je la regardai sans répondre. Elle avait raison et je n'avais jamais vu les choses de cette manière. Comment était-ce possible ? En réfléchissant je continuai de la dévisager, scrutant tous les détails de son visage. Cette personne qui n'était à l'origine rien pour moi était devenue plus au fait de ma personnalité que moi-même. « Mais toi et moi, c’est un équilibre, pas vrai ? »

Je la regardai, toujours sans rien dire. C'était plus que cela. Elle était à la fois mon équilibre, à la fois ce qui me poussait au-delà de moi, au-delà des frontières de ce monde, des miennes. Je fis courir mes doigts sur son visage, le long de ses pommettes, sur sa peau caramel, autour de ses yeux de biche, près de ses lèvres pleines qui m'embrassaient ou me mordaient parfois.

« C'est un univers entier. »

Il y eut une petite pause, sûrement pour nous laisser digérer, et je fis descendre à coup de gorgées de vodka le reste d'amertume que m'apportaient toujours les souvenirs de Joshua. Mais je me sentais différent maintenant, comme allégé quelque part, me confier à Lolita avait changé légèrement la donne sans que je parvienne à dire comment exactement — la seule chose qui m'importait, c'est que c'était en positif. Plus les jours passaient plus j'étais persuadée qu'elle était mon âme soeur plus que jamais personne ne pourrait l'être, et le souvenir de Beth devenait si fade et si lointain que je me demandais presque comment cela ait été possible entre elle et moi.

« Je n’ai pas un secret précis comme toi, c’est plus un… Un tout, un sentiment global que je n’ai jamais vraiment osé expliquer. J’ai essayé, parfois, mais personne ne comprenait, alors je n’allais jamais jusqu’au bout... » Ma Reine avait l'air toute fébrile ; je posai mes mains sur ses épaules puis ses bras, lui communiquant tout l'énergie dont j'étais capable. « C’est juste que j’ai toujours eu l’impression de n’appartenir nulle part. Même depuis que je suis petite. Je crois que même chez moi, j’étais invisible, mes parents m’utilisaient pour se faire du mal entre eux, j’étais une pièce sur l’échiquier de leur séparation, rien de plus. C’est pour ça que j’ai commencé à mentir tout le temps, j’essayais juste d’attirer l’attention sur moi, comme un appel à l’aide un peu pitoyable… Ils n’ont jamais compris mon troisième œil non plus… Et je sais que c’est un don, mais à la fois ça m’a toujours écarté des autres. Les gens sont sceptiques, ou parfois, je vois des choses que j’aurais préféré ne pas voir… Après le décès de Grand-Mère, c’était pire que tout, cette impression d’être seule, de n’être jamais à ma place. J’ai l’impression de jouer toujours un rôle, de montrer aux autres ce qu’ils veulent, parce que les rares fois où j’ai été moi-même, j’ai été blessée, et ça m’a rappelé pourquoi je n’appartenais nulle part. » Les mots qui sortaient de sa bouche, par-delà toutes les effluves d'alcool et la fumée de l'herbe, m'apparaissaient petit à petit, de plus en plus forts au fur et à mesure qu'elle les disait. J'étais traversé par toutes les émotions possibles ; je me sentais en colère contre ceux qui lui avaient fait connaître ça, je me sentais triste, peiné pour elle, je me sentais touché au plus profond de moi comme si c'était de moi dont elle parlait, je me sentais frustré, incompris moi aussi. Je resserrai mon étreinte autour d'elle, l'attirant dans mes bras. « Je crois que c’est pour ça que j’ai peur de mourir. J’ai toujours su que j’allais mourir jeune, d’une mort catastrophique, et parfois, j’aimerais que ça arrive maintenant, que tout s’arrête, puis je me dis… Je ne manquerai à personne. C’était comme si j’étais déjà un fantôme, en quelque sorte, une présence mais détachée du reste. Personne n’appellera mon Esprit parce que personne ne le connaîtra vraiment. Je n’ai laissé mon essence nulle part dans l’univers… Et ça me terrifie. »

Je comprenais un peu mieux certaines facettes de son caractère, certains côtés et certains mystères qui subsistaient de temps à autre. Elle se battait pour exister jour après jour, sa réalité bien loin de la mienne sur ce plan-là. Pour moi elle était l'essence par excellence ; c'était par elle que j'existais, à présent. Elle était ce qui me donnait un sentiment d'appartenance. Elle était pour moi tout ce qui lui manquait...

« Nulle part ? Tu l'as laissée partout en moi et sur moi. Ton esprit sera toujours lié au mien, j'en suis certain, que tu meurs jeune ou que je meurs également, c'est par toi que j'existe, tu ne pourras pas disparaître. À moins que tu penses que je pourrais disparaître moi aussi ? J'ai l'impression qu'à nous deux, justement, on devient immortels... » Si j'avais pu l'aspirer en moi pour que nous ne fassions plus qu'un, je l'aurais fait. « Est-ce que tu le ressens tout le temps, tout cela ? Est-ce que parfois tu l'oublies ? Quand ? Est-ce que tu penses que c'est lié à ton 3ème oeil qui te rend "différente" des autres ? » Je la regardai comme si elle allait m'apporter les réponses à toutes les questions irrésolues de l'univers. Pour moi, c'était elle la clef.
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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeLun 18 Juin - 19:06


Les mots commençaient à tracer les contours de ma vérité, et Ash avait posé ses mains sur moi, dans un geste d'une tendresse qui m'angoissait. Je voulais tant son soutien, mais tout à coup, c'était trop pour moi, mes confessions me rendaient si vulnérables que je me sentais faite de verre, et une pression trop forte d'Ash suffirait à me faire voler en éclats. Mon instinct me criait qu'Ash comprendrait, qu'il comprenait toujours, mais c'était ce qui me terrifiait le plus ; si je me trompais alors que resterait-il pour moi dans ce monde ? J'avais toujours su que j'allais mourir jeune, mais et si c'était morte était sentimentale, et si je mourrais de la solitude émotionnelle qui m'étouffait depuis le début ? Pourquoi étais-je toujours si seule ?! Depuis que Grand-Mère m'avait appris à déchiffrer les signes, ils avaient tous confirmé cette dure réalité. Je me rappelais avoir tenté veinement contre eux avant de me résigner, et j'essayais de ne plus y prêter attention, d'accepter ce qui semblait être écrit dans les astres, et pourtant je cherchais toujours quelque chose d'autre, quelque chose de plus, et son absence me laissait un vide brûlant dans la poitrine. Ma voix tremblait, Ash me pressait contre lui, comprimant mon cœur, l'obligeant à se vider au milieu des mots.

« Nulle part ? Tu l'as laissée partout en moi et sur moi. Ton esprit sera toujours lié au mien, j'en suis certain, que tu meurs jeune ou que je meurs également, c'est par toi que j'existe, tu ne pourras pas disparaître. À moins que tu penses que je pourrais disparaître moi aussi ? J'ai l'impression qu'à nous deux, justement, on devient immortels... » Ses mots me transpercèrent la peau d'une lame salvatrice, précipitant mes émotions jusqu'au fond de ma poitrine, là où ma petite boîte à secrète était cachée ; j'y enfermais la déclaration d'Ash, là où il ne pourrait plus jamais me la reprendre. « Est-ce que tu le ressens tout le temps, tout cela ? Est-ce que parfois tu l'oublies ? Quand ? Est-ce que tu penses que c'est lié à ton 3ème oeil qui te rend "différente" des autres ? »

La vie était tellement mystérieuse, pensai-je avec un petit sourire. Peu importe les voies cachées que je savais emprunter et déchiffrer, elle gardait toujours des secrets que je ne pouvais prédire. L'instant que je vivais ce soir, sa magie... Je n'aurais jamais pu le voir, pas ainsi, pas aussi fort. J'avais la sensation que cet univers, enfermé dans l'appartement d'Ash, était là plus belle chose que j'avais pu vivre, il m'exaltait et me rendait vivante d'une façon que je pouvais expliquer. C'était parfait, tellement parfait que cela en devenait irréel.

« Oui, j'ai peur que tu disparaisses... Tu es un tel miracle que ça me paraît irréel. Parfois j'ai l'impression que nous sommes deux personnages de fiction, que l'auteur nous a permis de nous trouver, mais que je n'ai aucune idée de ce que la suite nous réserve... »

Elle ne pouvait pas être belle, nous étions tous les deux maudits, mais ensemble, il y avait une force qui dépassait nos démons autant qu'elle les nourrissait. Je laissai courir ma main sur le torse de mon Roi, mes doigts le long de ses clavicules, puis autour de son cou, serrant un instant, un petit sourire mesquin sur les lèvres.

« Oui je pense que ça doit être lié à mon troisième œil, je me suis toujours sentie différente, comme si je n’arrivais jamais à communiquer avec les autres. Je pense que mes parents ne m’ont pas aidée, ils ne me comprenaient pas et ils préféraient crier que parler… Je me sentais tellement seule… Les esprits sont une compagnie douce-amère, ils n’appartiennent pas à mon monde après tout, et même petite, je le savais. » Je mordillai ma lèvre inférieure à l’évocation de ces souvenirs. « La nuit, dans les soirées, j’oublie parfois, mais ce n’est jamais très loin. Je pense que ça fera toujours partie de moi, comme si j’étais irréparable. »

Comme si j’étais brisée depuis le début.

« Mais avec toi j'ai l'impression d’être moi, d'appartenir quelque part, de n'avoir besoin de rien d'autre... Comme si nous étions immortels, oui... Je n'ai pas peur de mourir si tu es enfermé pour toujours dans les limbes avec moi. »

Certaines âmes étaient liées dans la mort aussi, de toute manière... Une idée germa dans mon esprit, tissant sa toile autour de mon cerveau. J'attrapai les deux mains d'Ash et me redressait pour lui faire face, le cœur battant. C'était aussi un test, puisqu'avec le petit cachet qu'il avait pris, il ne pourrait pas me mentir. Son vrai désir parlerait, son envie profonde serait dévoilée. Je n'avais pas besoin d'une drogue pour savoir la mienne, et ce que je voulais. Tout me brûlait.

« Tu sais, il existe un ancien rituel pour unir les âmes pour toujours, même dans l'au-delà... C'est un peu comme un mariage mêlé d'un serment inviolable, en quelque sorte. On dit qu'il ne fonctionne qu'avec des âmes sœurs, et qu'il unit de façon irrémédiable les destins. C'est de la magie très puissante et très rare. »

Mes yeux pétillaient.

« Nous devrions le faire. » Dis-je, le souffle court, sans ciller.

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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeDim 16 Sep - 18:51

« Oui, j'ai peur que tu disparaisses... Tu es un tel miracle que ça me paraît irréel. Parfois j'ai l'impression que nous sommes deux personnages de fiction, que l'auteur nous a permis de nous trouver, mais que je n'ai aucune idée de ce que la suite nous réserve... »

Je souris, la dévorant des yeux avec toujours autant de passion. Il me semblait que tous les mondes qui existaient dans son esprit s'ouvraient peu à peu à moi, que j'y entrais pour y trouver une place qui m'attendait — or c'était quelque chose qui n'existait pas et qui ne pouvait pas exister, jamais. Nous étions chacun trop indépendant et individuel, sur cette Terre, pour qu'il soit possible qu'une autre personne entre à l'intérieur de notre tête. Bien sûr, il y avait la Magie, mais c'était user de la force pour parvenir à ses fins. Avec Lolita, je n'avais pas besoin de magie — elle était magique ? — nous étions la Magie, et je rentrais dans sa tête et elle dans la mienne comme si cela était la chose la plus simple du monde. Parfois j'avais envie que ce soit encore plus simple, qu'elle soit comme ma Pensine, que je puisse lui glisser des filaments de souvenirs, des morceaux de moi, pour qu'elle comprenne véritablement ce que je ne savais pas dire. Mais ce n'était qu'une question de temps, après tout. Elle était ma Reine depuis peu.

« Oui je pense que ça doit être lié à mon troisième œil, je me suis toujours sentie différente, comme si je n’arrivais jamais à communiquer avec les autres. Je pense que mes parents ne m’ont pas aidée, ils ne me comprenaient pas et ils préféraient crier que parler… Je me sentais tellement seule… Les esprits sont une compagnie douce-amère, ils n’appartiennent pas à mon monde après tout, et même petite, je le savais. La nuit, dans les soirées, j’oublie parfois, mais ce n’est jamais très loin. Je pense que ça fera toujours partie de moi, comme si j’étais irréparable. »

Mes doigts tracèrent le contour de ses lèvres, de son visage, tandis qu'elle parlait. Elle s'ouvrait à moi et je mesurais l'enfant qu'elle avait été, sa solitude, sa différence. C'était en réalité bien simple de le mesurer, j'avais été le même, malgré d'autres paramètres. Je mesurais aussi le pouvoir qu'elle me donnait en se confiant aussi (et je pensais à Beth, à ce qu'elle avait eu entre les mains, et que je regrettais à présent). Je pensais à Josh, aussi. À toutes ces existences étrangement torturées et tortueuses qui croisaient mon chemin, qui s'attachaient à moi, que je ne pouvais pas défaire.

« Mais avec toi j'ai l'impression d’être moi, d'appartenir quelque part, de n'avoir besoin de rien d'autre... Comme si nous étions immortels, oui... Je n'ai pas peur de mourir si tu es enfermé pour toujours dans les limbes avec moi. »

« Pour toujours, oui, c'est certain. » affirmai-je ; cela rejoignait justement ce que je pensais. Elle et moi, c'était plus que n'importe qui pouvait bien l'entendre, le comprendre. « Et puis, la mort, je t'en protège. Je n'ai pas peur d'elle, et pourtant je la côtoie souvent. » C'était vrai, ma soeur m'avait un jour dit que j'étais une sorte d'ange de la mort — j'avais beaucoup aimé cette image.

« Tu sais, il existe un ancien rituel pour unir les âmes pour toujours, même dans l'au-delà... C'est un peu comme un mariage mêlé d'un serment inviolable, en quelque sorte. On dit qu'il ne fonctionne qu'avec des âmes sœurs, et qu'il unit de façon irrémédiable les destins. C'est de la magie très puissante et très rare. Nous devrions le faire. »

Je sus à son regard qu'elle était très sérieuse — elle n'avait pas besoin de me convaincre, je l'étais tout autant. Redressé, contre elle, je regardais ses mains qui tenaient les miennes. Cela plus ce qu'elle venait de me dire déclencha chez moi une brusque excitation, si forte qu'elle m'en donna presque le vertige. Il n'y avait plus rien de l'excitation animale du début de soirée, que Lolita déclenchait en dansant comme une déesse. Cette fois c'était bien plus cosmique, bien plus intense, bien plus intime aussi. Elle ne pouvait pas ne pas avoir remarqué, et mon souffle court m'empêcha de beaucoup m'exprimer. « Oui. Faisons-le. Tu as besoin de quoi ? » Je lui faisais confiance sur le protocole, elle y connaissait plus que moi en matières occultes, bien que j'étais assez documenté sur le sujet pour pouvoir la suivre. Mais pour le moment mon envie était trop intense pour qu'elle me laisse l'esprit claire, et j'avais attiré ses mains sur mon entrejambe tandis que les miennes s'occupaient de la sienne. Je voulais l'entendre gémir à mon oreille, savourer ce pouvoir et me perdre une nouvelle fois en elle, et je finis par agripper ses hanches et la serrer contre moi, comme dans une transe qui faisait disparaître les limites entre nos deux corps. Je fermai les yeux et me serrai tout contre elle — disparaître avec elle, c'était uniquement ce que je désirais.

Quand nous eûmes retrouvés nos esprits, je repris le fil de mes pensées, laissées en plan par l'émotion qui m'avait submergé.
« Dis-moi ce qu'il te faut, je prépare le reste. » J'avais attrapé ma baguette et l'avais agité, pour dégager de la table tout ce qui était superflu. J'enfilai uniquement un caleçon et, le regard perdu par la baie vitrée, j'allumai une cigarette devant la ville endormie, étalée sous nos yeux, et qui ne se doutait de rien.
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Charlie Palmer


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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeLun 17 Sep - 19:56

https://www.youtube.com/watch?v=dMfQIs96Lck


« Hydrogen in our veins, it cannot hold itself, my blood is boiling
And the pressure in our bodies that echoes up above it is exploding
And our particles that burn, it is all because they yearn for each other
And although we stick together, it seems that we are stranging one another

So, feel it on me love
Feel it on me love
Feel it on me love
(Strangeness and charm)

See it on me love
See it on me love
See it on me love
(Strangeness and charm)

And atom to atom oh can you feel it on me love and a pattern to pattern oh can you see it on me love
Atom to atom oh what's the matter with me love

(Strangeness and charm)

The static from your arms, it is a catalyst
You're a chemical that burns, there is nothing like this
It's the purest element, but it's so volatile
An equation heaven sent, a drug for angels. »



« Pour toujours, oui, c'est certain. Et puis, la mort, je t'en protège. Je n'ai pas peur d'elle, et pourtant je la côtoie souvent. »

Oui, j'étais protégée avec lui, et pourtant, je n'oubliais pas cette vision fulgurante que j'avais eu cette nuit-là, sur la table de la morgue : Ash serait la raison de ma mort. Ce n'était pas surprenant, après tout, j'étais née par lui, il était mon début et serait ma fin, qu'il le veuille ou non. Tout était toujours cyclique, pensai-je en glissant mon doigt le long d'un de mes tatouages qui représentait un cercle parfait. Je n'aurais pu fuir même si je l'aurais voulu, nous étions intimement liés, d'un destin qui me dépassait et dont je ne pourrais jamais me débarrasser ; et pour la première fois de ma vie, j'acceptais sans me battre l'idée de mourir, d'avoir rencontré ce qui me tuerait. Je le laissais m'envahir et prendre toute son emprise sur moi jusqu'à m'étouffer. Le reste n'avait plus d'importance. Je n'existais plus en dehors de la réalité d'Ash.

Je lus dans son regard combien il était excité aussi, une excitation qui devint rapidement physique et nous emporta, me rendant un peu plus fébrile et proche de l’hystérie émotionnelle.


« Dis-moi ce qu'il te faut, je prépare le reste. »

« Ne t’inquiète pas, je m’en occupe. » Répondis-je avec un petit sourire énigmatique alors que j’enfilai simplement ma culotte. J’étais la médium et une telle cérémonie occulte était parfaite pour révéler mes talents.

Je fis voler jusqu'à moi l'un de mes grimoires, qui s'ouvrit à la page précise, mais je la lisais à peine. Je savais ce que nous devions faire, je le savais d'une façon instinctive qui brûlait ma poitrine. J'agitai ma baguette pour dégager un espace claire près de la baie vitrée, et fis voler les objets dont j'avais besoin jusqu'à moi. Ils lévitaient doucement autour de moi, attendant d'être placée, mais je commençais par tracer au sol un cercle parfait, suivi de plusieurs traits et runes précises. L'ensemble ressemblait à une charte astrologique, j'avais d'ailleurs tracé plusieurs symboles de planètes et de signes, tous liés à Ash et moi, et alors que je traçais le dernier cercle, les traits se mirent à crépiter avant de briller doucement d'une lueur argentée, comme des filaments d'étoiles. L'atmosphère de la pièce avait déjà changé. Quelque chose se préparait. Mes yeux rencontrèrent ceux d'Ash, et je devinais son excitation - tout à coup je réalisai que j'étais censée être sous l'emprise d'une drogue mais que j'avais oublié de jouer le jeu, et il me semblait qu’Ash n'était plus qu’Ash aussi, et je me demandais si les effets s'étaient estompés ou si lui aussi avait menti. Mon intuition eut un petit rire, comme si elle connaissait déjà la réponse.

Je disposais facilement les différentes bougies, les cristaux, l'encens, tous à une place bien particulière, et la lueur du tracé devenait plus intense, et le reste de la pièce plus sombre. Lorsque finalement le dernier cristal, une opale, fût placée, les flammes des bougies furent soufflées puis se rallumèrent, encore plus vives et brûlantes. Mon cœur battait fort, d'une force qui m'échappait, et je tendis ma main à Ash pour qu'il se place au centre du cercle. Une énergie pulsait tout autour de nous.


« Si les deux âmes ne sont pas sœurs, la cérémonie peut les détruire. »

Je ne cillai pas. Je ne craignais rien. Je laissai ma baguette plus loin ; ces cérémonies anciennes reposaient sur une magie beaucoup plus organique et physique. C'était là toute la subtilité et la difficulté. Mais j'en étais capable, l'occulte n'était plus un secret pour moi. Tout ce mysticisme qui m'avait toujours habité semblait chargé à bloc en moi, se déversant autour de nous, se mêlant à l'aura d'Ash.

« Prêt ? »

L'atmosphère était tellement brute, tout contre nos corps, j'avais presque les jambes qui en tremblaient. Mon souffle dans l'air se transformaient en buée, pourtant, je n'avais pas froid, au contraire, une douce chaleur avait pris place dans mes poumons.

Mes mains ouvrirent celles d'Ash, j'inspirai, les yeux fermés, sentant une transe étrange m'envahir, mes doigts traçant deux runes différentes sur chaque paume, plusieurs fois, en boucle, murmurant l'incantation, jusqu'à que je sente que la peau d'Ash réagissait. Lorsque j'ouvris mes paupières, les runes étaient comme marquées au fer rouge et, le souffle court, je collai mes paumes contre les siennes, ne détachant pas mon regard de celui d'Ash. Quelque chose dans ma poitrine se contractait, quelque chose d'insaisissable, et bientôt je le sentis qu'il se détachait de moi, comme si quelque chose commençait à se séparer en moi. Lorsque nos mains se séparèrent, les runes s'étaient gravées en miroir sur ma peau, et je pouvais les sentir battre, d'un pouls légèrement différent du mien... Le pouls d'Ash.

J’attrapai deux cristaux qui flottaient près de nous, l’aquamarine, le cristal du signe solaire d’Ash, et l’améthyste, celui du mien, que je tendis à Ash.


« Ouvre-moi. » Murmurai-je, plaçant l’un des bouts coupant de l’aquamarine sur le sternum d’Ash.

Je pressai sur quelques centimètres, tandis qu’Ash faisait de même, la douleur ne vint pas, mais tout à coup ce qui pulsait en moi s’emballa et quelques éclats vaporeux quittèrent ma poitrine par l’entaille qu’Ash m’avait fait, et il en était de même pour la sienne, ses éclats étaient métalliques et les miens tels du velours, ma respiration s’emballait, je m’étais mise à trembler mais lui aussi, quelque chose me prenait et implosait en moi, mon être se détachait et se démultipliait et j’entendais des sons nouveaux, des voix, quelque chose qui courait dans mes veines jusqu’à ma gorge pour m’étrangler, j’agrippai de ma main libre celle d’Ash, tandis que les flammes des bougies s’étaient transformés en des véritables brasiers, les runes tracées au sol s’étaient mise à danser sous mes yeux, et je voyais des esprits, des fantômes, des fleurs qui bourgeonnaient et fanaient, ma tête me tournait, tout était tellement fort, allais-je seulement y survivre ?!

Les deux éclats s’étaient mêlés comme la fumée d’une boule de cristal, et ils crépitaient entre nous et battaient d’un nouveau pouls, ni le mien, ni celui d’Ash, mais le nôtre ; les doigts pris de spasmes, j’attrapai la langue d’Ash et la coupai d’un geste brusque, le sang affluant contre ses dents blanches, et je sentis que ma propre bouche se remplissait aussi du liquide pourpre, Ash avait suivi mon geste, il comprenait, il était devenu moi, je l’embrassai avec une rage non contenue, buvant son sang, griffant son bras, et alors que je me pressai contre lui, les éclats brillants s’étaient transformés en une pluie qui pénétra ma chair et la sienne, avec une telle force que je m’écroulai sur le sol, toujours agrippée à Ash, la tête me tournant si fort que je m’évanouis et me réveillai dans la même seconde, mes mains fiévreuses dans les cheveux d’Ash, je partais, je partais loin, mon corps n’était plus le mien, et lorsqu’Ash le pénétra, c’était bien plus que physique, je ressentais son désir et son orgasme dans mes muscles et mon âme, comme une lacération, je m’entendais crier et pleurer et rire et l’air autour de nous était devenu brûlant et lisse comme une perle, je suffoquai, je disparaissais, je renaissais, j’existais – je disparus.

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MessageSujet: Re: « unlock it » / A.   « unlock it » / A. Icon_minitimeDim 25 Nov - 19:08

La nuit s'étirait sous mes yeux au-dessus de la ville endormie, et l'une des pensées qui me vint fut que cette ville était stupide, ces gens endormis ne connaissaient rien, ils ne vivaient pas — pas comme nous. Il était en train de se passer quelque chose ici qui défiait absolument toutes les notions d'existence, je le savais, ma Reine et moi devenions autre chose, plus que ce que nous étions, nous allions être détenteurs de quelque chose qui dépassait la logique, qui dépassait la norme, qui dépassait ce qu'il y avait au plus profond de nous. Je frissonnai. Pas parce que j'avais froid mais parce que je sentais dans ma chair que quelque chose allait arriver et me changer à jamais. Je me tournai légèrement, pour observer Lolita toute à son installation, ses longues nattes sur sa peau nue, le tissu qui cachait à peine la rondeur de ses fesses, ses seins libres que je suivais des yeux, l'impression qu'elle était si plongée dans cette magie qu'elle savait sur le bout des doigts qu'elle m'entrainait aussi dans cette chute délicieusement vertigineuse. Ayant beaucoup échangé avec Lolita je comprenais en partie ce qui se déroulait et la signification des pierres, des runes, mais pas assez pour en connaître tous les rouages. C'était tout à elle que je me remettais, pour la première fois dans ma vie depuis que je m'étais libéré de Joshua. Et elle était toute à moi. Je m'approchai d'elle, ressentant une rage soudaine d'avoir été quelques instants écarté de son regard, de son attention. Mais elle prit ma main à ce moment-là et me plaça dans le cercle.

« Si les deux âmes ne sont pas sœurs, la cérémonie peut les détruire. »
« Évidemment. »
« Prêt ? »


Hochant la tête, je détachai mon regard de ce joli spectacle — la flamme des bougies tremblotante puis vive, les traits lumineux, la magie qui suintait de tout ce qui nous entourait. Je me sentais dans mon élément, quelque part hors des clous, des chemins traditionnels qui m'empêchaient de flirter avec des notions plus abstraites et plus dangereuses que la magie que l'on nous avait enseigné et dans laquelle on essayait de nous maintenir. Je pouvais toucher du doigt des flammes bien plus dévorantes, je sentais le risque nous envelopper, les ailes proches de brûler, et tout cela me galvanisait un peu plus. Mes yeux se rivèrent sur elle, ses gestes, ses mains, traçant des signes de plus en plus vite, tandis que ses lèvres murmuraient des formules que je devinais anciennes, à leur sonorité. Quelque chose alors naquit en moi, me donnant l'impression qu'une main invisible venait saisir jusqu'aux tréfonds de mes entrailles pour me l'enlever et l'offrir dans son entièreté à Lolita, tandis que la chaleur qui émanait de son corps et que je connaissais si bien poussait contre ma chair pour y rentrer et se lover comme un félin à la force implacable dans le creux que la main avait laissé. J'eus toutes les peines du monde à saisir la pierre pour crever sa peau, mes muscles étaient tétanisés et mon bras tremblait, sous le joug d'une puissance bien plus forte que celle d'un pauvre mortel. Mais ma volonté était plus forte, j'étais plus fort, parce que nous étions destinés l'un à l'autre ; je traçais un trait rouge entre ses seins, à l'endroit où la peau était douce et sentait particulièrement bon, et laissai échapper un grognement quand elle en fit de même. La sensation était aussi inédite qu'incroyable ; elle me libérait de quelque chose, c'était physique et sexuel, comme en témoignait le renflement du tissu de mon caleçon. Mais c'était bien plus lointain aussi, c'était mon esprit qui pénétrait le sien et inversement, j'en avais le souffle coupé, j'en étais bouleversé. Je compris que jamais plus je ne serais le même, parce que Lolita était maintenant une partie de moi, que quelque chose en moi était à elle, et que je lui avais donné une fragment de mon âme et de mon être moi aussi. Je portai la main à mon coeur, ayant la ferme sensation qu'il était à deux doigts de ne pas résister à ce qui se passait. Je connaissais assez le corps humain pour savoir ce que la faiblesse d'un coeur provoquait, et j'avais la ferme sensation de sentir mes organes se rabougrir, mal irrigués, parce que mon organe vital peinait à soutenir la pression de ce qui était en train de nous arriver. Les prunelles sombres de Lolita, au milieu de ce déferlement des sens, des flammes, de lumière et de magie, m'indiquèrent que nous pensions la même chose. Évidemment. Nous étions la même chose. Ses doigts brûlant coupèrent ma langue, les miens, crochus, s'enfoncèrent dans sa mâchoire pour la bloquer ouverte et la saigner à mon tour, j'étais gagné par cette fièvre dévastatrice, le goût du sang m'excitait encore plus, j'en avais mal dans tout mon corps. C'était plus que du désir, c'était un sentiment global d'être trop étriqué dans mon corps, de me projeter dans le sien, d'être le sien en même temps que j'étais le mien — une nouveauté qui perturbait chaque élément de mon référentiel. Le sang se mêlait à nos bouches, nos corps, je sentais le liquide poisseux unifier nos deux peaux, j'étais happée par elle, par la force de son esprit qui me brûlait mais que j'avais maintenant dans le creux de la main, et quand je me retrouvai par terre contre elle à agripper chaque parcelle de sa peau ou de ses cheveux et à lutter contre un brasier absolument sans précédent, je perdis pour la première fois la notion du temps, la notion de moi-même, la notion d'être. Lolita était devenue cet autre moi, nous étions projetés dans une nouvelle dimension, je voulais vivre pour toujours à l'intérieur de son corps où j'avais une place toute à moi, et les sons et les râles qui sortaient de sa bouche avaient un sens nouveau : ils étaient la preuve que nous n'étions qu'un, à présent.



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