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Warm me up and breathe me #Chuby1

 
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 Warm me up and breathe me #Chuby1

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AuteurMessage
Chuck Carlton


Chuck Carlton
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Localisation : Là où on peut faire la fête !
Date d'inscription : 03/03/2010
Célébrité : Adam Brody

Feuille de personnage
Particularités: i should have known better
Ami(e)s: Emmy-Nem, Haley, mon petit lapin! Oh vous inquiétez pas, ça nous choque autant que vous... ; Joy, eh ouais comme quoi ! ; Ruby Miss Parfaite ; Lilian, the one and only
Âme soeur: come to me my sweetest friend can you feel my heart again i'll take you back where you belong and this will be our favorite song

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MessageSujet: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeDim 23 Déc - 16:42

Help, I have done it again
I have been here many times before
Hurt myself again today
And the worst part is there's no one else to blame

Be my friend, hold me
Wrap me up, unfold me
I am small, I'm needy
Warm me up and breathe me

Ouch, I have lost myself again
Lost myself and I am nowhere to be found
Yeah, I think that I might break
Lost myself again and I feel unsafe




(Bromley, banlieue londonienne)



Je n'entendais que le bruit de l'avion qui déchirait le ciel et semblait si proche qu'il aurait pu atterrir sur ma tête. Peut-être parce qu'il faisait écho à mon mal de crâne, celui qui me vrillait les temps depuis plus de deux semaines maintenant, à tel point que ma vue était trouble et que j'avais sans cesse la nausée — mais j'avais pris l'habitude de cohabiter avec lui, de toute façon, je n'avais pas trop le choix. Et puis je l'avais cherché, tiens. J'aurais pu me marrer si j'en avais été capable, mais j'étais à bout d'énergie, je ne pouvais rien faire, même pas lever les yeux vers la personne qui me parlait, même pas l'écouter correctement, même pas — surtout pas ? — oser soutenir le regard anxieux et en colère d'Angie, assise à côté de moi. Elle écoutait, elle, je l'imaginais sans problème, son visage tourné vers l'homme qui parlait, ses sourcils un peu froncé, ses hochements de tête. Je la connaissais par coeur. Je l'avais connue par coeur. J'avais le sentiment de ne plus avoir le droit de la connaître, ça faisait un an que je l'évitais comme la peste, j'étais quelqu'un d'autre à présent. Le mec étant sûrement en train de raconter les modalités du foyer et comment tout se passait mais moi j'avais froid, j'avais chaud, j'avais mal à la tête et à la gorge, je tremblais à moitié, je n'étais pas bien, je voulais dormir, je ne pouvais rien entendre ou assimiler, je voulais disparaître sous une couette, rien de plus. Et puis Angie me donnait envie de chialer, je me sentais comme une merde, je ne méritais rien de tout ça, ce n'était même pas la peine, au fond... Le pourcentage de chance que tout ça, ça fonctionne ? S'ils me posaient la question, j'aurais dit que je n'en avais pas envie. J'avais fait mon choix. Angie le savait très bien, elle l'avait vécu, elle se l'était pris de plein fouet dans la gueule : j'avais disparu et je l'avais voulu, j'étais devenu l'ombre de moi-même, je n'avais plus existé qu'en soirée et petit à petit j'avais glissé sur une pente savonneuse avec un plaisir non dissimulé. Je me souvenais très bien du moment où j'avais compris que tout avait basculé et qu'il n'y aurait pas de retour en arrière : l'appel d'Angie, la fugue de Tess, j'avais raccroché, je l'avais envoyée chier. Ce n'était plus mes affaires.

- Nous allons te montrer ta chambre, Chuck, d'accord ?

Quelqu'un d'autre était arrivée, une petite sorcière aux cheveux colorés et à l'allure étrange. Probablement quelqu'un qui allait s'occuper de moi, encore. Je ne dis rien et me levai, c'était un assez gros effort pour que je sois en plus capable d'ouvrir la bouche. Je les suivis sans lever les yeux. La chambre était minuscule, un lit, une pauvre table et une chaise, une armoire. Je m'en foutais. Je me laissais tomber sur le lit, la vision trouble, j'étais en nage. Angie mit sa main sur mon épaule mais je me dégageai, j'avais trop envie de pleurer. Un dossier sur la table contenait toutes les explications. J'entendis vaguement les repas à heures fixes, les activités possibles, les tâches demandées, le rendez-vous journalier, le passage du médecin, les réunions de soutien. Je n'imprimais rien, je me faisais l'effet d'une machine cassée, tout me filait entre les doigts. En tendant la main pour prendre le verre d'eau en plastique posé près de la carafe sur la table, tout me parut cotonneux et les tâches de lumière se mirent un peu plus à danser devant mes yeux, si bien que je fis tomber le verre qui se renversa par terre. Débile. J'étais devenu débile, inutile, bon à rien. Je marmonnai des excuses, demain à dormir, s'il vous plait, je suis fatigué. Ils me laissèrent après une discussion entre eux, plus basse. Je dormais déjà à moitié. Angie m'embrassa mais je ne bougeai pas. Elle me glissa à l'oreille qu'elle reviendrait vite et que je ne devais pas m'inquiéter.

Je me réveillai sans comprendre où j'étais ; le sang pulsait si fort dans mes veines que je me redressai d'un coup. J'avais l'impression de n'entendre que mon coeur et un spasme remonta de mon estomac jusque dans le fond de ma gorge — je me précipitai dans les toilettes pour vomir tout ce que j'avais dans le ventre, à savoir le maigre déjeuner que j'avais pu avaler ce midi avant d'arriver à Bromley. Puis je m'assis de nouveau sur le lit et bus doucement le contenu du verre qu'on m'avait versé, en grimaçant. J'avais la gorge en feu dès que j'avalais, j'avais régurgité trop de fois ces derniers temps, tout était irrité, de mon nez jusqu'à ma bouche. Mes doigts tremblaient en le reposant sur la table. Je décidai d'aller fumer une clope pour calmer la crise qui montait, et sortis dans un petit couloir mal éclairé, mais plutôt propre. Je n'avais aucune idée d'où aller — je ne me souvenais même pas comment j'étais arrivé jusqu'ici. Finalement je me dirigeai vers les voix que j'entendais au bout du couloir, pour leur demander où on pouvait fumer. Une personne me dévisagea de la tête aux pieds comme si j'étais un ovni et me répondis que c'était l'heure du groupe de soutien et que je devais aller au rez-de-chaussée, dans la pièce de réunion. Pour fumer, il y avait le jardin. En bas aussi. Je la remerciai et me traînai jusqu'en bas, dans le jardin. Mes doigts tremblaient si fort que je mis bien 30 secondes à allumer mon putain de briquet, avant de fumer en tremblant de plus belle. Ça ne ma faisait pas spécialement de bien, mais ça empêchait que je me sente encore plus mal. Puis le type de ce matin débarqua et m'expliqua que Victoria m'avait dit que j'avais voulu fumer alors que c'était la réunion, qu'elle m'avait vu partir en direction du jardin, je ne comprenais rien à tout ça, mais voilà, si je pouvais aller au groupe de soutien pour le premier jour ça serait bien, n'est-ce pas ? Oui, peut-être, mais pourquoi faire, enfin d'accord, qu'est-ce que ça pouvait bien me foutre. J'écrasai mon mégot et le suivis.

Il y avait des gens assis en rond, dans la pièce. Classique. Je me dirigeai vers une chaise vide après un vague bonjour, quelqu'un parlait, je ne voulais pas l'interrompre. Quand il eut terminé la personne du foyer me présenta, je sentis que le monde tombait sur mes épaules au moment où tout le monde se tourna vers moi, je ne voulais pas être là, je voulais crever dans un caniveau, tout ça c'était de la blague. Mais je dis oui, bonjour, je suis Chuck. Bonjour Chuck. Et non, je n'avais rien à dire. Quand enfin l'attention se dégagea de moi je levai brièvement les yeux et croisai ceux de la personne en face de moi. Pour la première fois de la journée, quelqu'un venait de piquer mon attention, et je restai immobile à la fixer pendant quelques secondes. Devant moi se tenait Ruby Standiford, un souvenir du passé qui me donnait tout d'un coup l'impression de plonger dans un rêve presque agréable.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



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Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: Re: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeDim 23 Déc - 18:59

Dehors, le ciel était une immense toile bleu, percée d’un soleil qui illuminait le jardin ; pourtant dans mon univers, tout était toujours peuplé de nuages grisâtres lourds qui implosaient sans cesse, formant tempêtes et éclairs, enveloppant d’un rideau de pluie toutes les jolies choses. Je clignai plusieurs fois des yeux, détournant mon attention du jardin que j’admirais depuis le confort de ma chambre, songeant que je pourrais peut-être y sortir tout à l’heure, après la réunion. L’un des arbres avait commencé à bourgeonner.

Sur le mur face à mon bureau était accroché un calendrier. C’était l’une des seules choses que j’avais rajouté à ma petite chambre humide. Dans le dernier centre, j’avais posé des photographies de Lizlor, des Wayland, de mes amis, mais ici, je n’osais plus. Ce calendrier était devenu le seul petit point coloré contre les murs blancs. C’était Diana, mon infirmière préférée, qui me l’avait donné à mon arrivée, et chaque mois était illustré d’une photographie de petits chats qui bougeaient, jouant avec des pelotes de laine, ou sautant dans des parterres de fleurs. Méthodiquement, je marquais d’une croix chaque journée qui passait, et ce matin là, je fixai la date, une picotement dans l’estomac. Le 26 mai. Je tournai la page, remontant au 26 avril, le premier jour marqué d’une croix. Un mois.

J’avais du mal à réaliser qu’il y a à peine plus d’un mois, Jasper me retrouvait sur le sol de sa salle de bain, couverte de sang, mon corps agité de spasme, ma voix plaintive, et j’entendais encore la sienne, “putain mais à quoi tu joues ?!” et les lumières que je ne distinguais plus. Encore aujourd’hui, je n’oubliais pas la colère dans son intonation. Il ne s’était pas inquiété une seconde. J’avais senti les restes de mon coeur se contracter et je m’étais simplement dit : je suis trop conne, j’aurais dû réussir et crever.

Mais je n’avais pas réussi. Je passai mes doigts sur les longues cicatrices sur mes avant-bras. Sur celui de gauche, elles étaient deux, l’une beaucoup plus ancienne, vestige de cette toute première fois dans la salle sur demande. J’eus un sourire triste. Tout se reproduisait tout le temps, pensai-je, j’étais enfermée dans un petit cercle que je suivais depuis toujours. Je relevai la tête vers le calendrier, dont je détestait tout à coup les couleurs criardes et ses stupides croix, et eu envie d’arracher la page du mois de mai, comme pour la faire disparaître. A la place, j’inspirai, et attrapai ma petite trousse de toilettes pour partir à la douche. Comme toujours, je passai de longues minutes à me nettoyer, frottant avec insistance le gant contre ma peau qui rougissait, puis, alors que l’eau coulait encore, je retournai le savon pour en dégager une petite vis que j’avais planté dedans, et je l’enfonçai dans la peau, striant l’intérieur de ma cuisse de plusieurs traits qui se mirent à saigner. Un sourire triomphant m’échappa, alors que mes yeux me piquaient de douleur. J’approuvai toujours un malin plaisir à réussir à me couper ici, sous le nez de tous ces gens qui voulaient s’occuper de moi. Dès que j’étais arrivée ici, une visite médicale avait déterminé que j’étais de ces gens qui se mutilaient volontairement, et ma tentative de suicide n’avait pas joué en ma faveur. Mes référents avaient reçu l’ordre clair de tenir tout objet coupant loin de moi. Chaque repas, on vérifiait que mon couteau était toujours posé sur mon plateau, et je n’avais même pas le droit à une plume dans ma chambre, seulement un critérium. Mais j’étais plus ingénieuse qu’eux. C’était presque la seule chose qui me restait, ici. J’étais devenue l’ombre de moi, une vieille coquille vide cabossée, mais au moins, j’avais toujours assez de ressources pour trouver des failles dans le système. Même si c’était pour mieux me détruire.

Comme toujours, j’arrivais parfaitement à l’heure pour la réunion de groupe, et Lana s’installa à côté de moi, emmitouflée dans un pull jaune poussin qui contrastait avec sa peau sombre. Elle me rappelait un peu le soleil qui brillait dehors. Elle me fit un grand sourire - j’étais sûre qu’elle se souvenait quel jour nous étions. Mais avant que je puisse lui lancer un petit clin d’oeil, la porte s’ouvrit et mon attention fut détournée une seconde par le nouvel arrivant. Pendant quelques secondes, je le reconnus à peine, mais lorsqu’il s’assit, je réalisai que mon instinct ne m’avait pas trompé. Il s’agissait vraiment de Chuck Carlton. Lorsque je prononçai à voix haute son prénom pour l'accueillir, une série de frissons courut sur ma peau. Il finit par me regarder, me voir, me reconnaître, et on se fixa de longues secondes, sans qu’aucun de nous ne puisse réellement sourire.

J’aurais dû me sentir mal de revoir quelqu’un de mon passé, dans cette petite bulle où personne ne me connaissait. Mais en réalité, Chuck ne connaissait pas cette Ruby là, et je ne connaissais pas probablement pas ce Chuck là non plus. Dans un univers parallèle, nous étions peut-être restés amis, si j’avais pu devenir ce que j’avais cru possible, cette Ruby douée en cours, adoptée par une famille aimante, aimée de quelqu’un qu’elle chérissait ; mais dans ce monde-là, je n’étais plus que l’ombre de cette Ruby. Parfois j’oubliais presque qu’elle avait été moi.

J’étais tellement distraite que je manquais presque le discours qu’avait commencé Joyce qui se chargeait d’animer la réunion : aujourd’hui, nous célébrions une personne. Et cette personne, c’était moi. Je récupérais dans ma main un petit jeton rouge qui m’était étrangement familier, et autour de moi, tout le monde me félicita à l’unisson. Je distinguai à peine la voix de Chuck, noyée dans celles des autres.


- Tu souhaites partager quelque chose, Ruby ?

Je regardai Joyce, qui me souriait de son air maternelle, et je baissai mes yeux vers le jeton.

- Hm, merci, commençai-je d’une petite voix, les yeux toujours baissés. C’est étrange, c’est la deuxième fois que j’ai ce jeton dans la main, et j’ai toujours le même sentiment. Que ça ne sert à rien d’être fière de moi car je n’y arriverais pas plus. Que je n’aurais jamais le suivant. C’est pour ça que je suis partie du premier centre où j’étais. C’est dur d’avoir envie de se prouver le contraire quand… Quand on ne croit pas en soi.

J’avais les yeux embués, comme toujours. Je ne me souvenais pas d’une journée où je n’avais pas pleuré, depuis mon arrivée, des sanglots de tristesse, de frustration, de manque, de colère, d’émotions. Même lorsque je me sentais complètement vide et détachée de tout, mon corps trouvait un moyen de revenir, d’abaisser mes défenses.

- Je sais que je devrais être patiente, que ça ne fait qu’un mois, que c’est différent de la dernière fois… Cette fois-ci, c’est moi qui ai décidé de venir ici. Mais parfois j’oublie pourquoi je l’ai voulu… J’ai l’impression que je n’ai aucune raison de continuer à essayer, qu’il n’y a plus rien pour moi dehors, plus personne qui m’attend. J’eus envie de rajouter que je n’avais plus de famille, mais j’eus l’impression d’à nouveau trahir les Wayland. Mais ne l’avais-je pas déjà fait tant de fois ? Mais bizarrement, je continue d’essayer. Il y a un mois, j’aurais été incapable de dire tout ça à voix haute. Il y a six mois, quand je fêtais mon premier mois de sobriété, je prévoyais secrètement de quitter le centre où j’étais. Il y a un an et demi, j’essayais de me tuer pour la première fois. Mais je suis encore là, et je continue d’essayer, et… Les choses ont changé, alors peut-être que moi aussi. Enfin, je crois. Je l’espère.
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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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MessageSujet: Re: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeLun 24 Déc - 12:01

Comme un vieux miroir, Ruby me renvoyait une image fanée d’elle-même. Nous n’étions plus les adolescents de Poudlard de l’époque où nous nous étions rencontrés. On était simplement deux pauvres loques qui essayaient de garder la face, ou à défaut le peu de dignité qu’il nous restait. Ça me faisait bizarre de la voir comme ça, elle était plus mince et plus pâle et elle avait l’air prête à s’envoler au moindre courant d’air. Mais je savais que je donnais le même spectacle. Quelque part c’était rassurant, on était deux dans cette galère, et tout d’un coup la perspective de ce foyer m’était un tout petit peu plus rassurante. J’avais l’impression qu’il s’articulait autour de Ruby, et que les murs et les salles et toutes les réunions de merde qui m’attendaient prenaient vie grâce à elle. Je parvins à peine à lui sourire, mais le cœur y était. Mon attention s’accrocha tant bien que mal à ce qui se passa ensuite : la personne en charge du meeting, dont le nom m’échappa (plus rien ne s’inscrivait dans ma tête) remit un jeton à Ruby. Un jeton d’un mois. J’eus une sueur froide, alors que deux secondes avant j’étouffais de chaud. Un mois ? C’était le bout du monde. Jamais je n’allais tenir. Je crevais déjà d’envie de me barrer et de me shooter et de tout oublier. J’articulai un bravo inaudible, fasciné et effrayé par ce qui se passait. Je m’étais fait des films : Ruby n’était pas mon égale, elle était bien loin devant moi.

Angie avait tort, je n’étais pas capable d’en sortir, et de toute façon je ne le voulais pas. Si ma tante avait refusé de comprendre ce qui s’était passé deux semaines auparavant, c’était son problème. Mais moi je le savais très bien, cette OD était volontaire, j’avais pris une dose de plus que d’habitude, je voulais me brûler les veines et me faire sauter la tête, et j’avais mes raisons. Pourquoi un pauvre centre de désintox changerait quoi que ce soit ? Coop n’était plus là, ce n’était pas parce que des travailleurs sociaux allaient y mettre du leur pour ramener les brebis égarées dans le droit chemin que j’allais retrouver mon frère caché sous un coussin de la salle commune. J’avais fait mon choix. Il n’y avait plus qu’à attendre la fin de cette réunion de merde et de se barrer. Après tout, il me restait au moins ma liberté, non ?


- Hm, merci. C’est étrange, c’est la deuxième fois que j’ai ce jeton dans la main, et j’ai toujours le même sentiment. Que ça ne sert à rien d’être fière de moi car je n’y arriverais pas plus. Que je n’aurais jamais le suivant. C’est pour ça que je suis partie du premier centre où j’étais. C’est dur d’avoir envie de se prouver le contraire quand… Quand on ne croit pas en soi.

… Eh bien. Qu’est-ce que je disais. Malgré mon cerveau embrouillé, les paroles de Ruby résonnèrent douloureusement en moi. Deux fois ? Deuxième centre ?

- Je sais que je devrais être patiente, que ça ne fait qu’un mois, que c’est différent de la dernière fois… Cette fois-ci, c’est moi qui ai décidé de venir ici. Mais parfois j’oublie pourquoi je l’ai voulu… J’ai l’impression que je n’ai aucune raison de continuer à essayer, qu’il n’y a plus rien pour moi dehors, plus personne qui m’attend. Mais bizarrement, je continue d’essayer. Il y a un mois, j’aurais été incapable de dire tout ça à voix haute. Il y a six mois, quand je fêtais mon premier mois de sobriété, je prévoyais secrètement de quitter le centre où j’étais. Il y a un an et demi, j’essayais de me tuer pour la première fois. Mais je suis encore là, et je continue d’essayer, et… Les choses ont changé, alors peut-être que moi aussi. Enfin, je crois. Je l’espère.

Trop d’infos. J’aurais pu me mettre à chialer, si je n’avais pas été trop épuisé pour le faire. Comme d’habitude, je ne comprenais plus rien, mes pensées filaient trop vite pour que je les saisisse et mon avis changeait comme une girouette. J’étais une merde, une sombre merde, voilà tout. Je pensais déjà à me barrer au bout d’un jour quand Ruby avait déjà vécu ça et était revenue d’elle-même. Elle avait un courage que je n’avais pas. Tous ces gens avaient un courage que je n’avais pas. Il y avait des gens qui m’attendaient, moi, dehors, et j’étais incapable de faire quoi que ce soit pour eux. Elle n’avait personne et le faisait quand même ? Mais d’où venait son putain d’espoir ? Les gens se mirent à l’applaudir et moi aussi, mais j’étais incapable d’émettre un son, et quand on passa à une autre personne qui se mit à raconter sa vie et qui elle avait dépassé les deux mois et demi, je me rendis compte que j’étais toujours en train de fixer Ruby sans pouvoir en détacher mes yeux. J’avais la curieuse envie qu’elle me prenne dans ses bras et qu’elle me dise que tout irait bien, parce que quand elle parlait j’avais l’impression que tout était possible. Mais dès qu’elle se taisait le charme se rompait et alors je lui en voulais, j’avais envie de lui hurler dessus, de me barrer, comme si elle était la raison de tous mes problèmes. Et l’autre qui continuait de parler, je m’en foutais, je sentais mes jambes trembler, j’avais envie de me lever, de fumer, de faire quelque chose. Mais comme je ne voulais pas qu’on me regarde parce que j’étais déjà le petit nouveau de service, je pris mon mal en patience. Après des minutes interminables, la séance se termina.

Je laissai tout le monde se lever, j’étais dans un tel état de nerf et de fatigue qu’il y avait une chance sur deux pour que je me casse la gueule en me levant, donc je préférais m’afficher en petit comité, merci bien. Évidemment, Ruby aussi prenait son temps, j’essayai de ne pas la regarder parce que tout d’un coup j’étais mal à l’aise. Mais je me rendis compte que j’avais envie qu’elle rentre en contact avec moi. Toujours assis, je sortis mon paquet de clope défoncé de mon jean et en mis une entre mes lèvres. Et je réunis ensuite tous mes forces pour lever les yeux vers Ruby.


- Tu fumes ?

Je n’étais pas capable de grand-chose de plus. Comme un petit papi, je pris appui sur le dossier de la chaise et me hissai debout. Ma tête tournait un peu.

- Tu viens fumer avec moi ? C’est par où le jardin déjà ?

J’eus un maigre sourire.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeLun 24 Déc - 16:11

https://www.youtube.com/watch?v=_QDgCxBMUp0

Watch it all play out
Reactions too familiar
The way I act is similar
To how I see it in my mind
Say just what you mean
But love I don't believe in
The days we spend are fleeting
And passing by the time

Stand up straighter
With my back against the wall
Keep me still
And wondering just why we falter
Don't you want to stay here
Or do you want to phase me out?
Don't you want to lay here
Or would you rather do without?




Durant le reste de la réunion, je sentis le regard de Chuck sur moi, et je l’évitais, sans trop savoir pourquoi, pour ne pas le mettre mal à l’aise, ou bien parce que je l’étais moi, peut-être un peu des deux. C’était si étrange de le voir ici. Il y avait du passage ici, et j’avais parfois vu des visages familiers, des gens qui avaient été à Poudlard en même temps que moi mais dans des années supérieures, mais jamais quelqu’un que je connaissais vraiment… Quelqu’un avec qui j’avais été amie. Un souvenir brumeux m’enveloppa tout à coup, m’étranglant. L’enterrement de Coop. J’avais bu, j’avais tellement bu ce jour-là, je me souvenais à peine de la cérémonie. Chuck était trop mal pour se rendre compte de quoi que ce soit autour de lui, mais moi, je n’avais pas oublié, et je me sentais terriblement honteuse. Comment pouvais-je prétendre avoir été son amie, quand je m’étais comportée ainsi à l’enterrement de son propre frère ?

Nous avions pourtant été proche durant ma sixième année, les cours de potions que je lui donnais, je lui avais même parlé de mes parents… Puis il avait quitté Poudlard et Ewan m’avait quitté, et le reste, je le connaissais trop bien. L’alcool, mon addiction qui allait et venait, je m’éloignais des autres, je mettais toutes mes forces dans mes révisions d’ASPIC, je lâchais prise, je me raccrochais, je resombrais. Le visage de Lizlor m’apparut, suivi de celui de mes amis, Scott, Rita, Ana, Prudence, tous ces gens qui étaient devenus des fantômes, qui devaient tous penser que j’étais morte quelque part dans un appartement miteux. J’eus envie de me lever de ma chaise et de balancer le jeton à la figure de Joyce, d’hurler qu’ils se trompaient tous, que je ne le méritais pas, que j’étais un monstre et pas cette pauvre fille qui célébrait un mois de sobriété. Mais je restais immobile, la mâchoire serrée, mon attention concentrée sur le savon dans ma trousse de toilettes.

La séance se termina, et cette fois-ci, Chuck évita de me regarder. Peut-être qu’il ne voulait pas me parler, ou qu’il voulait faire comme si on ne connaissait pas. Peut-être même qu’il ne se souvenait pas de moi, pensai-je tout à coup anxieusement.


- Tu fumes ?

Sa voix était lointaine, basse. Je lui fis un petit geste de la tête. Lana, à côté de moi, s’apprêtait à partir et m’attendait, et elle me regarda curieusement, et je lui lançai un regard qu’elle compris visiblement puisqu’elle s’éloigna sans rien dire.

- Tu viens fumer avec moi ? C’est par où le jardin déjà ?

Chuck me fit un petit sourire, et un sentiment étrange m’anima, que je ne sus pas définir, mais seulement ressentir qu’il était positif, agréable. Cela faisait tellement longtemps que je n’en ressentais plus, j’avais toujours un peu de mal à mettre des mots dessus.

- Par là, dis-je avec un signe de la main vers la droite, viens, je te montre.

Nous remontâmes le couloir, passant devant Victoria qui discutait avec Seb à voix basse, et elle me lança un regard curieux - elle était la commère du centre, et elle se demandait probablement ce que je faisais avec Chuck, moi qui était plutôt timide, surtout avec les nouveaux arrivants. Je l’entendis murmurer quelque chose sur notre passage, et si je n’arrivais pas à l’entendre, il était plutôt simple de deviner. A chaque arrivée, Victoria faisait des pronostics sur combien de temps la personne allait rester. De ce que j’avais vu et compris, c’était généralement quitte ou double : soit la personne partait les premières semaine, soit elle était là pour au moins six bons mois. Le moment clef était toujours juste après la première semaine de détox, où la drogue ou l’alcool quittaient complètement notre système. Au début, nous étions si faibles et malades qu’il était presque impossible d’imaginer un plan pour sortir du centre. C’était quand nous reprenions un peu de force que tout se jouait : l’esprit redevenait un peu plus clair, et si la motivation ne suivait pas, nous partions. Je regardai Chuck du coin de l’oeil. J’espérais qu’il resterait, mais je n’osai pas lui dire. Je ne voulais pas lui mettre une pression supplémentaire.

Dehors, il faisait toujours beau, presque bon, et nous nous installâmes dans l’herbe, près du rosier que j’essayais de redorer depuis deux semaines. Si j’étais devenue encore plus mal à l’aise près de la saleté, et que la terre n’était pas une exception, j’adorais m’asseoir dans l’herbe, la sentir sous mes paumes. Peut-être que ça me rappelait un peu le dehors.

Je sortis un paquet de cigarette la poche de mon pantalon en toile ample - c’était toujours mieux pour éviter les frottements contre les coupures - sur lequel était écrit plusieurs phrases en espagnol, accompagnées de photographies de poumons noirs. C’était le beau frère de Lana qui lui ramenait des cartouches de ses voyages d’affaires à Madrid, et elle m’en donnait toujours, malgré mon insistance pour la payer. Elle savait que mes maigres économies se résumait au reste de l’héritage de mes parents que je n’avais jamais voulu toucher, et quelques bribes de salaires que je m’étais fait lorsque j’avais travaillé comme serveuse dans du meilleur ami de Jasper.


- Bon, bienvenue au centre, je suppose ? Dis-je d’une petite voix et je tapai ma cigarette contre celle de Chuck, comme s’il s’agissait de deux coupes de champagne et que nous portions un toast.

Il y avait tellement de choses que je voulais dire, mais les mots se bousculaient dans ma poitrine, et la vue de Chuck si fragile me donnait simplement envie de fondre en larmes. J’avais fini par voir assez d’addicts en détox pour connaître les symptômes physiques du manque, et comment ils variaient selon le poison choisi, et vu l’état de Chuck, je devinais de la drogue dur, de la meth peut-être, ou de l’héroïne. Peut-être du crack. Oh, pitié, pas du crack pensai-je. Les six addicts que j’avais vu arriver avec une addiction au crack, dans ce centre ou l’ancien, étaient tous repartis au bout d’une semaine. Il n’y avait que Bobby qui était resté, il avait 58 ans, et il enchaînait les différentes rehabs depuis huit ans maintenant, allant de rechutes en rechutes.

Je me sentis fatiguée, et tellement triste tout à coup. Nous étions tous complètement pétés.


- Je suis désolée qu’on se retrouve ici, j’aurais aimé que ça soit d’autres circonstances, murmurai-je.

L’instant d’après, je ne sais pas trop comment, je serrai Chuck dans mes bras, alors qu’on était toujours assis, et que c’était un peu galère, que je n’étais pas sûre que Chuck était près pour un contact physique ; mais il s'effrita dans mon étreinte, comme si son corps s’éteignait, et je m’étais mise à pleurer doucement et à caresser son dos, et ça me rendait triste et heureuse sans que je sache exactement comment l’expliquer. Je ne voulais pas qu’il soit ici, parce que je ne le souhaitais à personne, mais dans notre malheur, je crois que j’étais contente qu’il soit arrivé ici. Finalement on se détacha, tout en restant étrangement proche, comme si on ne voulait pas trop se lâcher. Ici, j’avais appris que les contacts physiques étaient différents, même pour moi qui était intimidée - mais après tout, tout était différent.


- Tu vas voir, c’est un peu un microcosme ici, c’est en dehors de tout, c’est étrange. Je ne suis là que depuis un mois, mais parfois j’ai l’impression d’y être depuis des années… Parfois, depuis seulement quelques jours.

Parfois, je pensais même que j’étais coincée dans un rêve.

- Je suis la plus jeune ici, mais il y a un peu tous les âges. La plupart des gens sont bienveillants, les encadrants aussi, y a pas mal de trucs à faire, quand tu as envie de te changer les esprits. Et puis, les petites choses du quotidien sont régulées, les repas, l’heure de la douche, les sessions en groupe, les thérapies individuelles. Au début, je me sentais prise au piège, mais finalement, c’est plutôt reposant de suivre ce rythme imposé, ça évite de réfléchir… Le seul truc qui me manque un peu, c’est l’intimité. Pour l’instant je n’ai pas le droit de fermer la porte de ma chambre, à part la nuit, ils épient la façon dont j’utilise mon couteau quand je mange... Ils ne font pas encore confiance.

J’haussai les épaules. Peu importe leur surveillance constante, j’arrivais à passer les mailles du filet. Je lançai un regard à Chuck qui avait l’air complètement déphasé.

- On se sent submergé au début, pas vrai ? C’est ta première fois ?

Je n’avais aucune idée de s’il avait envie d’en parler, et je ne voulais absolument pas le forcer. Je me contentai de poser ma main sur la sienne, d’un geste rassurant, comme pour lui rappeler qu’à présent, il n’était plus vraiment seul.
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MessageSujet: Re: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeMer 26 Déc - 17:28

Il se passa un truc bizarre quand elle accepta avec un petit sourire, d’un côté j’avais l’impression que si elle me disait non c’était logique et c’était presque mieux, d’un autre je savais que je ne pouvais tellement plus supporter quoi que ce soit que si Ruby me fermait la porte au nez, j’allais tomber sans jamais pouvoir me relever. Je la suivis sans rien ajouter, marchant la tête basse, le cœur lourd. Le dédale de couloirs me paraissait bien trop compliqué à retenir, les regards des gens trop insistants, leurs messes basses trop méchantes. Mes oreilles bourdonnaient trop pour que je comprenne un mot mais je ne voulais pas, de toute façon, je ne pouvais pas. Je n’étais pas en état de supporter ce genre d’interactions. Ruby m’emmena dans le jardin et je m’assis à côté d’elle, dans l’herbe, serrant les dents, parce que le moindre effort me donnait des putain de douleurs dans les muscles. Le jardin était un peu pourri, pas trop entretenu, ça se voyait que le foyer n’avait pas trop de thunes, mais c’était logique. Personne ici n’en avait. J’allumai ma cigarette en me concentrant sur la flamme. Ça ne me faisait plus trop rien de fumer, j’avais pris tellement plus fort ces derniers temps, mais il y avait quelque chose de rassurant dans le mécanisme, le geste l’inhalation.

- Bon, bienvenue au centre, je suppose ?

J’hochai la tête, répondant au geste qu’elle avait eu, de sa main qui tenait sa propre cigarette. Ses vêtements étaient bien plus larges qu’avant, et je devinais pourquoi.

- Je suis désolée qu’on se retrouve ici, j’aurais aimé que ça soit d’autres circonstances.

Pour ma part j’aurais aimé pouvoir dire un mot, mais c’était comme si j’avais tout donné en lui proposant d’aller fumer, et qu’il ne me restait plus rien. Je ne faisais que des petits mouvements de la tête, ignorant son regard, les yeux plantés devant moi. Je la laissai me prendre dans ses bras comme si j’avais été une poupée. Elle sentait le propre, le savon, et la cigarette. Sa présence m’engloba par surprise et je fermai les yeux une seconde – ce n’était pas comme les câlins d’Angie, plein d’inquiétudes et de sentiments contradictoires, ou les gestes affolés des quelques personnes qui étaient venues me voir à l’hôpital. C’était plus simple, plus doux. C’était bien, et j’aurais aimé ne jamais rouvrir les yeux à nouveau.

- Tu vas voir, c’est un peu un microcosme ici, c’est en dehors de tout, c’est étrange. Je ne suis là que depuis un mois, mais parfois j’ai l’impression d’y être depuis des années… Parfois, depuis seulement quelques jours. Je suis la plus jeune ici, mais il y a un peu tous les âges. La plupart des gens sont bienveillants, les encadrants aussi, y a pas mal de trucs à faire, quand tu as envie de te changer les esprits. Et puis, les petites choses du quotidien sont régulées, les repas, l’heure de la douche, les sessions en groupe, les thérapies individuelles. Au début, je me sentais prise au piège, mais finalement, c’est plutôt reposant de suivre ce rythme imposé, ça évite de réfléchir… Le seul truc qui me manque un peu, c’est l’intimité. Pour l’instant je n’ai pas le droit de fermer la porte de ma chambre, à part la nuit, ils épient la façon dont j’utilise mon couteau quand je mange... Ils ne font pas encore confiance.

Elle se mit à parler et je concentrai toute mon attention sur ce qu’elle me disait, parce que si je ne faisais pas ça je ne comprenais plus rien, je n’étais plus capable de suivre quelque chose sans y mettre toute mon énergie — j’en étais réduit à ça. Je voulais parler, lui montrer que ça m’intéressait, mais les murs construits autour de moi m’en empêchaient. Elle me répéta des trucs qu’on m’avait déjà dits, cette fois je les entendis un peu mieux. Sauf que Ruby me confirmait ce que je craignais : on était en cage. Ma clope s’était consumée et j’en tirai une autre de mon paquet presque vide. Mes doigts tremblaient. Il y avait des choses qui me passaient dans la tête : donc il y avait des thérapies en plus de tout, donc Ruby connaissait bien tout ça parce que c’était une habituée, donc elle se faisait du mal avec les choses coupantes, etc. Mais je n’arrivais même pas à en faire quelque chose. Pathétique, non ?

- On se sent submergé au début, pas vrai ? C’est ta première fois ?

Oui, première fois, première fois que j’arrivais si loin, première fois que j’étais paumé à tel point qu’on devait s’occuper de moi, première fois que j’avais concrètement essayé de me foutre en l’air à défaut d’essayer insidieusement depuis un an, première fois que je baissais les bras, première fois que je me laissais faire, première fois que je disais au secours et que j’acceptais une aide, première fois que je me retrouvais seul pour de bon face à ma misère et mes conneries, première fois que j’essayais de vivre sans Coop et sans essayer de me foutre en l’air. Submergé, c’était peu de le dire. Je sentis que le truc qui montait en moi était bien trop fort pour que je lutte, et je me mis à chialer comme une merde, laissant tomber ma clope pas allumée. Je me cachai entre mes mains avec l’envie de disparaître six pieds sous terre, les larmes m’inondaient le visage et j’avais l’impression qu’on tordait mes entrailles. Ce n’était même pas des sanglots, juste des larmes et du chagrin trop usé pour quoi que ce soit, je n’en pouvais plus, tout simplement. Heureusement j’avais passé le stade de m’en foutre si j’étais ridicule, vu les endroits où j’avais traîné comme un clodo, il valait mieux. Mais c’était trop, et Ruby à mes côtés faisait un effet particulier à tout ça, comme si avec elle je n’avais pas besoin de me cacher. Je sentis qu’elle me prenait contre elle à nouveau et me laissait faire, incapable de m’arrêter de pleurer. À l’intérieur de moi c’était comme si il y avait du sable qui s’effondrait sans s’arrêter vers un trou infini.

Je m’arrêtai de chialer quand tout mon corps me fit trop mal pour continuer et me relevai un peu, des flashs de lumière dans les yeux. Je sentais que j’avais envie de prendre quelque chose, ça montait, de plus en plus insistant.


- Désolé, lâchai-je d’une voix rauque. Oui, première fois. Et je sais pas comment on fait tout ça.

Il ne fallait non plus s’attendre à ce que je dise des choses sensées non plus.

- Comment t’as fait pour revenir ? Je pressai mes mains fort sur mes yeux en espérant les faire rentrer dans leurs orbites pour de bon pour qu’ils ne pleurent plus jamais, et attrapai ma cigarette par terre, mais je tremblais trop pour l’allumer. J’y arriverai jamais.
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MessageSujet: Re: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeJeu 27 Déc - 1:02

Au-dessus de nous, le ciel était toujours dégagé, je relevai la tête et l’observai, curieuse. Ces derniers mois, j’étais souvent trop ivre pour remarquer quoi que ce soit, jusqu’au temps qu’il faisait autour de moi. J’avais oublié le bonheur de sentir le soleil contre mon visage, l’odeur du gazon quand il faisait beau… Je me rappelai avec nostalgie l’enfant que j’avais été, avant que tout ne se brise, celle qui rêvait d’être un oiseau pour pouvoir voler. J’aurais sûrement planer au-dessus du centre, dans ce grand ciel pur, me laissant porter par la brise fraîche ; cette liberté m’était tout à coup aussi terrifiante qu’enviable. Réussirais-je un jour à sortir d’ici, pensai-je tristement, ou deviendrais-je comme ces gens qui allaient et venaient dans des centres pendant des années ? Aurais-je le courage de me tuer avant de devenir cette personne ?

Mais je reposai mon regard sur Chuck, et un espoir m’envahit. Je ne savais même comment il avait atterri ici, mais j’avais envie qu’il s’en sorte, qu’il soit libre à nouveau, et s’il le pouvait, je le pouvais peut-être aussi, n’est-ce pas ?

Mais pour l’instant, c’était beaucoup, c’était trop, et je compris qu’il allait s’effondrer avant même qu’il ne se mette à pleurer. Avant, je me serais sentie sûrement sentie un peu coupable, j’aurais eu peur d’avoir dit quelque chose de déclencheur, mais à présent, c’était différent. Je comprenais que parfois… Les choses étaient justes ainsi, que Chuck affrontait ses propres démons, et qu’il en souffrait, que tout ce que je pouvais faire, c’était le prendre dans mes bras à nouveau et le bercer. C’était tellement étrange, je n’avais pas eu le sentiment d’être là pour quelqu’un depuis si longtemps, je goûtais à nouveau les sensations que cela me provoquaient, l’envie de continuer à le serrer dans mes bras, de le consoler, de me rendre utile, de l’aider. J’avais envie que Chuck reste ici, se batte, que je me batte avec lui.


- Désolé. Oui, première fois. Et je sais pas comment on fait tout ça.

Je lui fis un petit sourire qu’il ne vit pas, sa tête baissée vers ses mains qui tremblaient.

- Ne t’inquiète pas, ça m’arrive tout le temps, je crois qu’il ne s’est pas passé une journée sans que je pleure depuis que je suis ici.

Parfois, ça m’énervait, je me sentais bête, faible, frustrée, et parfois, cela me faisait un bien fou, les émotions coulaient hors de moi, elles me vidaient mais je pouvais enfin les exprimer jusqu’à qu’elles passent, quand mes larmes séchaient enfin. Je n’avais jamais été aussi en proie à mes émotions qu’ici. J’eus une pensée pour mon rendez-vous chez la psychiatre cet après-midi, et un frisson remonta le long de ma colonne. Nous devions discuter de la possibilité de me médicamenter, et de débuter des exercices spécialement conçus pour mon syndrome de stress post-traumatique qu’elle m’avait diagnostiqué. Elle m’avait parlé d’un type de thérapie, la thérapie EMDR, qu’elle pensait judicieuse, elle m’avait donné un peu de documentation sur le sujet pour que je me familiarise avec l’idée - elle avait très bien cernée cette partie de ma personnalité, mon besoin maladif de contrôler et de savoir à quoi m’attendre. J’étais anxieuse à l’idée de tout ce qui m’attendait, et l’envie de boire me rongeait machinalement, comme une vieille amie qui revenait toquer à ma porte.

- Comment t’as fait pour revenir ? J’y arriverai jamais.

Je regardai les mains de Chuck qui tremblaient, écrasant presque la pauvre cigarette qu’il tenait, et son pouce s’énervait contre son briquet, incapable de l’actionner. Tout doucement, je pris la cigarette de ses mains, l’allumai entre mes lèvres, et lui donnai avec un sourire.

- C’est compliqué, et pas très réjouissant… Mais ça n’avait pas l’air de faire peur à Chuck. Je déglutis. Le premier centre où j’étais, c’était à Londres, il y avait beaucoup plus de moyens… C’est Sara Wayland qui m’y avait eu une place. A la fin de ma septième année, j’ai vraiment vrillé, et en août, j’ai fait une tentative de suicide pour la deuxième fois en un an. Alors Sara m’a amenée dans un centre.

Je me rappelais encore clairement de ce jour-là, la boîte de médicaments, la bouteille… Je m’étais cachée dans un parc, parce que je ne voulais pas que ça soit Liz qui trouve mon corps. C’était un passant qui m’avait trouvé et avait alerté les secours. Le reste était flou.

- Sauf que comme tu sais, quand on est majeur, rien ne nous retient dans ces endroits… Alors au bout d’un mois, je suis partie parce que je pensais que je ne m’en sortirais jamais, que je ne pourrais pas faire mieux qu’un mois et je crois que je préférais abandonner, plutôt qu’essayer et me rater. Les six mois suivants… J’étais tellement ivre, tout le temps, ma vie était fragmentée mais je m’en foutais. Je n’ai jamais dit aux Wayland où j’étais, encore aujourd’hui, personne de ma vie d’avant ne sait où je suis. J’ai juste disparu. Je trainais avec des gens comme moi, des gens pas fréquentables, je faisais n’importe quoi… C’est dur de définir cette période de ma vie. Mais tu vois ce que je veux dire, non ?

S’il était là, c’est qu’il savait.

- C’était vraiment de pire en pire. J’étais avec ce type, Jasper, il m’avait pris sous son aile, je dépendais de lui financièrement, je logeais chez lui, mais c’était très toxique comme environnement. J’étais vraiment au fond du trou… J’ai encore essayé de me suicider. Je ne dois vraiment pas être douée parce que j’ai encore raté, plaisantai-je. Jasper m’a trouvé, et il s’est mis en colère, c’était pire que tout… Mais ça m’a fait comme un déclic. C’est dur à définir, mais je crois qu’à ce moment-là, alors que j’étais à moitié morte sur le carrelage miteux de sa salle de bain, je me suis dit que ma vie serait toujours ainsi, vide de tout amour, si je ne faisais rien. Je me suis souvenue du jour où je me suis réveillée de ma première tentative de suicide, quand j’étais à Poudlard, et du regard de Lizlor à mon chevet… Elle était tellement inquiète, et elle n’était pas fâchée. C’est étrange hein, je ne lui ai pas parlé depuis des mois, et elle doit me détester maintenant, mais c’est en grande partie grâce à elle que je suis ici… Et elle ne le sait même pas.

Je m’étais mise à pleurer silencieusement, et j’essuyai les larmes qui roulaient sur ma joue, avant d’avoir un petit rire.

- Tu vois, qu’est-ce que je t’avais dit ?! Je pleure tous les jours ici !

Je reniflai piteusement. Je n’avais pas honte ici, et je n’avais plus peur de raconter toutes ces histoires que je gardais habituellement secrètes.

- Mais tu sais parfois, je ne sais pas pourquoi je suis ici, c’est rare d’avoir des motivations très claires, surtout quand… Je n’ai plus grand chose qui m’attend dehors. Souvent je me dis que je n’y arriverais jamais aussi… J’ai envie de boire, j’ai envie de me foutre en l’air. Mais dans ces moments, je me rappelle ce que m’a dit Lana, l’une des femmes qui est en cure ici. Elle a quarante ans, et elle a tout perdu à cause de son addiction, son mari, son travail, la garde de ses enfants, et elle a fait rechutes sur rechutes, et quand je lui ai demandé comment elle faisait pour avoir la force de continuer, elle m’a dit “tu sais, quand on est addict, on n’y arrive jamais parfaitement, tout ce qu’on peut faire, c’est continuer d’essayer”... J’eus un petit sourire. C’est peut-être niais, mais quand je pense que je ne vais pas y arriver, je me dis que je peux continuer d’essayer. Il ne me reste plus que ça pour l’instant.

Je me tournai vers Chuck. Il semblait tellement épuisé. Je pressai doucement son bras avec un sourire, dans un petit geste affectueux.

- Tu dois être tellement épuisé, et je te rajoute une couche d’histoires éprouvantes, dis-je avec un petit sourire désolé. Tu veux rentrer te reposer ? Peut-être que tu réussiras à être là pour le déjeuner. Viola m’a dit qu’il y avait des frites ce midi. Ici, c’est l’équivalent d’un jour de fête ! Plaisantai-je, consciente malgré tout que cela ne suffirait pas pour arracher un sourire à Chuck, mais il me fallait être patiente. Tout ce que je pouvais faire à présent, c’était garder ma main tendue vers lui, en espérant qu’il la prendrait, et avec elle, celle du centre.
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MessageSujet: Re: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeDim 6 Jan - 17:56

J'avais l'habitude, maintenant quand je chialais c'était comme regarder un film, il y avait un écran entre moi et moi, je pleurais mais en même temps c'était distant, parce que j'avais déjà tout donné. Ça, j'en étais persuadé : j'avais tellement pleuré pour Coop que maintenant ce n'était plus possible d'être vraiment en larmes, tout le chagrin était parti, il ne restait que des miettes et du vide. Ça ne me mettait même plus la honte, un peu plus un peu moins... Ça me blasait, rien de plus. Depuis un an j'avais fait mille fois pire pour me taper la honte, à base de fouilles dans les poubelles et compagnie, donc bon. Mais c'était trop tôt pour y penser, je le savais parfaitement. Mes souvenirs refusaient de refaire trop surface : chaque chose en son temps. Se maintenir à flots était déjà un truc qui me paraissait impossible, alors se relever et faire face à tout le reste, autant se tirer une balle tout de suite. Pour l'instant, je voulais juste que Ruby continue à parler et reste près de moi, c'était la seule chose qui me permettait de garder un pied dans la réalité. Le reste c'était : un mal de tête de plus en plus oppressant, la vision trouble, une nausée latente et mes mains qui tremblaient tellement, une bonne image de tout mon corps qui parait en vrille tandis que je ne pouvais rien faire. Je pris avec soulagement la clope allumée par Ruby et inspirai comme un taré. Ça me forçait à respirer, on m'avait dit ça à l'hôpital, une infirmière avec qui j'avais parlé et qui m'avait dit que le seul mérite de la clope c'était ça. De toute façon, vu mon état, ce seul mérite me suffisait. À moitié avachi contre Ruby je me concentrai au mieux pour écouter ce qu'elle disait, et je me rendis compte au bout de quelques phrases que j'avais agrippé sa main et que je ne la lâchai pas. Bah - elle comprenait bien pourquoi. C'était agréable, ça aussi. Plus elle parlait plus je savais que tout serait facile avec elle.

- C’est compliqué, et pas très réjouissant… Le premier centre où j’étais, c’était à Londres, il y avait beaucoup plus de moyens… C’est Sara Wayland qui m’y avait eu une place. A la fin de ma septième année, j’ai vraiment vrillé, et en août, j’ai fait une tentative de suicide pour la deuxième fois en un an. Alors Sara m’a amenée dans un centre. Sauf que comme tu sais, quand on est majeur, rien ne nous retient dans ces endroits… Alors au bout d’un mois, je suis partie parce que je pensais que je ne m’en sortirais jamais, que je ne pourrais pas faire mieux qu’un mois et je crois que je préférais abandonner, plutôt qu’essayer et me rater. Les six mois suivants… J’étais tellement ivre, tout le temps, ma vie était fragmentée mais je m’en foutais. Je n’ai jamais dit aux Wayland où j’étais, encore aujourd’hui, personne de ma vie d’avant ne sait où je suis. J’ai juste disparu. Je trainais avec des gens comme moi, des gens pas fréquentables, je faisais n’importe quoi… C’est dur de définir cette période de ma vie. Mais tu vois ce que je veux dire, non ?

Disparaître. Oui. Je secouai la tête vaguement, signe que je comprenais parfaitement. J'avais encore envie de disparaître aujourd'hui. Mais je savais qu'être ici m'en empêcherait.

- C’était vraiment de pire en pire. J’étais avec ce type, Jasper, il m’avait pris sous son aile, je dépendais de lui financièrement, je logeais chez lui, mais c’était très toxique comme environnement. J’étais vraiment au fond du trou… J’ai encore essayé de me suicider. Je ne dois vraiment pas être douée parce que j’ai encore raté. Jasper m’a trouvé, et il s’est mis en colère, c’était pire que tout… Mais ça m’a fait comme un déclic. C’est dur à définir, mais je crois qu’à ce moment-là, alors que j’étais à moitié morte sur le carrelage miteux de sa salle de bain, je me suis dit que ma vie serait toujours ainsi, vide de tout amour, si je ne faisais rien. Je me suis souvenue du jour où je me suis réveillée de ma première tentative de suicide, quand j’étais à Poudlard, et du regard de Lizlor à mon chevet… Elle était tellement inquiète, et elle n’était pas fâchée. C’est étrange hein, je ne lui ai pas parlé depuis des mois, et elle doit me détester maintenant, mais c’est en grande partie grâce à elle que je suis ici… Et elle ne le sait même pas. Tu vois, qu’est-ce que je t’avais dit ?! Je pleure tous les jours ici !

J'aurais pu pleurer ou rire si j'avais été en capacité d'1% de mes moyens. Au lieu de ça je visualisais tout ce qu'elle me racontait et je sentais des choses qui, je sais, étaient communes à tous les gens qui étaient passés dans des phases violentes d'addiction. Je serrai un peu plus sa main et posai ma tête sur son épaule, sans trop savoir si j'en avais le droit. Mais les lumières dansaient trop devant mes yeux, je ne voyais presque plus le jardin tout défraichi.

- Mais tu sais parfois, je ne sais pas pourquoi je suis ici, c’est rare d’avoir des motivations très claires, surtout quand… Je n’ai plus grand chose qui m’attend dehors. Souvent je me dis que je n’y arriverais jamais aussi… J’ai envie de boire, j’ai envie de me foutre en l’air. Mais dans ces moments, je me rappelle ce que m’a dit Lana, l’une des femmes qui est en cure ici. Elle a quarante ans, et elle a tout perdu à cause de son addiction, son mari, son travail, la garde de ses enfants, et elle a fait rechutes sur rechutes, et quand je lui ai demandé comment elle faisait pour avoir la force de continuer, elle m’a dit “tu sais, quand on est addict, on n’y arrive jamais parfaitement, tout ce qu’on peut faire, c’est continuer d’essayer”... C’est peut-être niais, mais quand je pense que je ne vais pas y arriver, je me dis que je peux continuer d’essayer. Il ne me reste plus que ça pour l’instant.

C'était un courage et un espoir que je n'avais pas, pas du tout, mais au moins l'entendre dire dans la bouche d'une fille qui avait traversé l'horreur me faisait au moins penser que tout était peut-être envisageable. Je me redressai, de plus en plus patraque, la nausée devenait plus forte et j'espérais au moins éviter de gerber devant elle et de sauver le très très peu de dignité qu'il me restait. Je me frottai les yeux de nouveau, et ce qu'elle avait dit sur Lizlor me fit penser à tous ceux avec qui j'avais fait de la merde. Les visages d'Angie, Hamish, Tess, Lilian, Haley, Chris, Lucy se succédaient en boucle dans ma tête - avec tous les autres - jusqu'à ce que tout s'arrête et que je me chie dessus parce que c'était le visage de Coop qui arrivait, et là je voulais juste m'arracher les yeux et mourir de honte.

- J'espère que tu arriveras à te racheter auprès de Lizlor,
dis-je d'une voix toute faible. Je suis sûr qu'elle te laissera ta chance.

Je ne savais pas si j'en étais sûr ou si je voulais l'être. Mais je connaissais de loin la relation des deux filles et l'histoire de l'adoption... Ces gens-là ne vous laissent pas tomber si facilement, non ?

- Tu dois être tellement épuisé, et je te rajoute une couche d’histoires éprouvantes. Tu veux rentrer te reposer ? Peut-être que tu réussiras à être là pour le déjeuner. Viola m’a dit qu’il y avait des frites ce midi. Ici, c’est l’équivalent d’un jour de fête !

Je la regardai, malgré ma vision trouble. Elle était gentille. J'aurais voulu lui sourire. J'avais l'impression que même malgré toutes ses merdes et le fait qu'elle soit dans une rehab de merde pour gens pauvres après plusieurs tentatives de suicide, elle restait solaire, elle restait jolie. Ou peut-être que j'avais juste son souvenir, celle qu'elle était avant. Je ne savais pas trop, et j'étais trop dans le gaz pour avoir la réponse. Je sentis mon coeur s'emballer un peu, parce que je n'avais pas envie de bouger d'ici.

- J'sais pas. Je haussai les épaules. Il faudrait que je dorme, oui. Mais je dors tout le temps et ça change rien, alors. Pas sûr que je mange, dis-je avec une grimace, en tant normal j'aurais kiffé l'idée des frites, mais là le simple mot me donnait la nausée. Je crois que j'ai pas trop envie d'être seul. Je baissai les yeux. Elle n'avait pas forcément envie de rester avec moi de toute façon. Tu... Tu me montres un peu dedans ? Y'a une salle commune non ? Au pire je resterai là.

Elle n'avait pas besoin de me supporter, c'était le message.

Je tentai de me lever et m'y repris à deux fois, puis une fois debout, après avoir eu l'impression que tout mon corps se couvrait d'une pellicule d'eau glacée et que j'allais tomber dans les pommes, je réussis à me mettre en marche. Je laissai passer Ruby devant moi et la suivis. Dans mes souvenirs, elle n'était pas si petite... Comme si tout ça l'avait fait rétrécir.


- À l'hosto une des infirmières étaient cool, elle avait vécu dans la rue elle aussi, et pris des trucs. Elle m'a dit qu'elle ne connaissait pas une pute qui ne voulait pas s'en sortir parce que c'était trop humiliant, pas un camé qui ne voulait pas arrêter parce que c'était trop douloureux.
Je me tus quelques secondes, dans ma tête ça avait du sens de dire ça, mais en fait je n'étais plus trop sûr. Ce que tu as dit ça m'y a fait penser... Enfin tu vois.

Bah, je débloquais à moitié, ça ne devrait pas trop lui paraître étrange, on était tous dans le même bateau. À l'intérieur du centre il faisait bon, mais j'avais tout d'un coup bien trop chaud. Mes journées se résumaient à ça : trop chaud à en étouffer, trop froid à en crever. Super.

- Je suis content de t'avoir vue, lâchai-je un peu comme ça. Je ne voulais pas être un boulet pour elle, elle en avait d'autres, chacun sa merde. On était tous paumés ici, certes, mais en attendant on était seul, et rien ni personne ne pourrait y changer quoi que ce soit. Mais retrouver un visage connu était tellement inespéré que j'étais incapable de lâcher Ruby, au sens propre comme au figuré : j'avais attrapé son bras et je le regardai comme un con, sans bouger.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeDim 6 Jan - 23:25

La main de Chuck dans la mienne était moite et tremblante, mais je la serrais avec toute la tendresse dont j'étais capable. Elle semblait toute petite, pareille à celle d'un enfant, et toute la carrure de Chuck s'était d'ailleurs comme effondrée sur elle-même. Son visage était cerné et creusé, ses lèvres bleutées tremblaient, et je pouvais sentir son coeur battre dans ses paupières. Pourtant, il n'avait pas tout perdu de ce qui le rendait lui-même, ce fameux Chuck qui arpentait les couloirs en riant trop fort, le Mister Gryffondor que tout le monde appréciait et que les filles convoitaient. C'était ironique, en un sens, nous avions tous les deux étaient des élèves très populaires, Miss et Mister, notre avenir semblait brillant, j'étais pour ma part académiquement très douée, quant à Chuck, son aisance sociale allait lui suffire à réussir dans n'importe quel milieu qu'il convoitait. Pourtant aujourd'hui, nous étions ici, comme des petits animaux égarés. Je pensais tout à coup au Daily Poudlard, et les rumeurs qu'ils écrivaient constamment sur des élèves comme Chuck et moi, et j'eus un petit sourire, à moitié amusée, à moitié triste. Je me demandai ce qu'on aurait écrit si on nous avait vu ici, dans cet état, et en même temps, je réalisai que cela ne me faisait presque plus rien. C'était tellement loin tout ça, tellement futile, quand j'y repensais, tout ce petit monde que je m'étais construit était factice et fragile, mes considérations adolescentes trop innocentes. Je croyais pouvoir fuir un passé qui me constituait pourtant complètement.

- J'espère que tu arriveras à te racheter auprès de Lizlor. Je suis sûr qu'elle te laissera ta chance.

Je pressai la main de Chuck avec un peu plus de force. Je savais qu'il voulait simplement être gentil, mais je voyais combien parler lui coûtait, et il avait choisi ces quelques mots précieux pour me rassurer au sujet de Lizlor, et j'en étais profondément touchée.

- J'espère aussi. Merci, dis-je d'une petite voix. Cela comptait beaucoup pour moi qu'il ai dit ça, plus qu'il ne pouvait le saisir.

Le visage de Lizlor flotta dans mon esprit un instant, ses sourcils toujours un peu froncés, ses airs de princesse sauvage, et mon coeur se pressa terriblement dans ma poitrine. Je n'arrêtais pas de penser à son anniversaire qui se rapprochait, et mon incapacité de lui écrire, mon angoisse permanente à l'idée qu'elle ne me pardonne jamais. Je chassai le nuage noir d'anxiété, consciente que si je flanchais, Chuck n'allait probablement pas tenir non plus. Il semblait si fatigué, je me doutais que son corps devait lui peser une tonne, j'avais peur de ne pas assez ménager ses émotions en cette première journée.


- J'sais pas. Il faudrait que je dorme, oui. Mais je dors tout le temps et ça change rien, alors. Pas sûr que je mange. Je crois que j'ai pas trop envie d'être seul. Tu... Tu me montres un peu dedans ? Y'a une salle commune non ? Au pire je resterai là.

Je battis discrètement des paupières pour chasser les larmes qui montaient à nouveau. Je me rappelai de Chuck à Poudlard, de notre amitié, et sa façon qu'il avait toujours d'éviter les conversations compliquées, l'aide qu'on lui tendait, et à présent, il me demandait à ses côtés, alors qu'il aurait pu vouloir s'enfouir sous sa couette et fuir tout ça, comme je l'avais fait à mon arrivée ici. J'eus un sourire plein d'espoir.

- Bien sûr, je vais te montrer. Moi aussi, ça me fait plaisir d'avoir de la compagnie, ajoutai-je, sincère. Je ne voulais pas qu'il pense que j'agissais par charité.

J'inspirai l'air frais une dernière fois, heureuse d'avoir été dehors, sous ce joli ciel. Parfois, j'avais l'impression que j'étais presque en probation, parce que j'avais déjà échappé à la mort trois fois, et que chaque seconde m'était compté, que c'était un test, que tout ça pouvait disparaître d'un instant à l'autre si je n'étais pas méritante.


- À l'hosto une des infirmières étaient cool, elle avait vécu dans la rue elle aussi, et pris des trucs. Elle m'a dit qu'elle ne connaissait pas une pute qui ne voulait pas s'en sortir parce que c'était trop humiliant, pas un camé qui ne voulait pas arrêter parce que c'était trop douloureux. Ce que tu as dit ça m'y a fait penser... Enfin tu vois.

J'hochai la tête, un peu triste. Oui, je voyais, bien sûr que je voyais...

- Oui, je vois complètement... Je crois que c'est vrai, ce qu'elle a dit.

Est-ce que Chuck avait envie d'arrêter parce que c'était trop douloureux ? Qu'est-ce qui le poussait ? J'espérais qu'il reste ici assez longtemps pour me raconter ce qui lui était arrivé. Tout à coup, je retrouvais mes instincts presque maternels, et ça me faisait tout drôle. J'étais tellement passée en mode "survie" ces derniers mois, mes pensées se résumant à trouver de l'alcool, puis maintenant à le fuir, j'avais oublié combien parfois les émotions humaines pouvaient être douces et complexes. Chuck attrapa mon bras et mes poumons se gonflèrent d'un air tiède qui faisait du bien.

- Je suis content de t'avoir vue.

Mes yeux me piquèrent à nouveau, et sans réfléchir, je serrai Chuck dans mes bras une nouvelle fois.

- Moi aussi, je suis contente que tu sois venue me parler. Et puis si tu as besoin de quoi que ce soit... Tu me trouveras facilement, le centre n'est pas très grand, plaisantai-je. Justement, viens, je vais te montrer.

Lui prenant le bras, je l'entraînais dans les couloirs, essayant de ne pas marcher trop vite, car le corps de Chuck semblait prêt à lâcher d'une seconde à l'autre. Je lui montrai le couloir avec les chambres, les salles de bains, la toute petite salle de sport avec les vieilles machines usées, la grande salle où nous passions la plupart de nos temps libre, avec ses vieux canapés, ses tables bancales, ses bibliothèques, la fameuse petite télévision, et je terminai par le réfectoire. Il était animé, le déjeuner n'allait pas tarder à commencer. Viola et Lana étaient installées autour d'une petite table ronde, et discutaient joyeusement. Je récupérai deux plateaux pour Chuck et moi, et m'approchai, espérant que ça ne ferait pas trop d'un coup pour Chuck - je voulais qu'il comprenne qu'il était le bienvenue dans mon petit système au centre.

- Je vous présente Chuck, c'est un ami à moi de Poudlard, expliquai-je, me demandant si c'était bizarre de le présenter comme mon ami alors que nous n'avions pas été en contact depuis plus d'un an. Chuck, c'est Viola et Lana, je les désignai respectivement d'un geste de la main, et nous nous installâmes.
- Nous sommes ses mamans du centre, en quelque sorte, expliqua Viola avec un sourire.
- Mamans à qui elle avait caché qu'elle avait des amis si charmants, s'exclama Lana de sa voix joviale, et elle éclata de rire. Ohlala, ajouta-t-elle avec un faux accent français.
- Ne fais pas attention à elle, Chuck, la solitude au centre lui monte à la tête, plaisanta Viola.
- Oh, ne t'inquiète pas, Chuck est habitué. C'était un bourreau des coeurs à Poudlard, dis-je avec un petit sourire amusé, tandis que j'étais en train d'aligner les frites dans mon assiette, d'un geste précis et mécanique.
- Oh ça, je veux bien le croire, répliqua Lana. Et maintenant que tu es ici, ça t'ajoute un petit côté bad boy. Les filles vont adorer !

J'eus un petit sourire, et je jettai un regard à Chuck sous mes cils, pour m'assurer que ça allait. Je me doutais qu'il était trop fatigué pour rire, mais j'espérais que l'exhubérance de Lana ne le secouait pas trop, mais il avait les yeux qui pétillaient légèrement. Nos regards se croisèrent, et je lui fis un petit sourire d'encouragement, plein d'espoir, espérant qu'il comprenait ce que je voulais lui dire silencieusement : à présent, il n'était plus seul, et, ensemble, ici, j'avais l'impression que ça allait être différent, plus facile peut-être, mais surtout plus doux.
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MessageSujet: Re: Warm me up and breathe me #Chuby1   Warm me up and breathe me #Chuby1 Icon_minitimeLun 7 Jan - 17:46

- Moi aussi, je suis contente que tu sois venu me parler. Et puis si tu as besoin de quoi que ce soit... Tu me trouveras facilement, le centre n'est pas très grand. Justement, viens, je vais te montrer.

C’était peut-être un peu exagéré de dire que j’étais soulagé parce que vu comment mon corps allait mal il m’en aurait fallu carrément plus, mais en tout cas j’étais rassuré. Je n’avais pas envie de me séparer de Ruby et visiblement elle était d’accord avec ça, tant mieux pour moi. Il ne pouvait de toute façon qu’y avoir une meuf paumée autant que moi pour ne pas vouloir me dégager ou me prendre en pitié… Bref. Je fis oui de la tête, prêt à la suivre partout, je me foutais bien du reste. Je lui emboîtai le pas tant bien que mal, me concentrant surtout sur le sol et les marches, et pas trop du reste. On m’avait déjà tout expliqué mais comme je n’arrivais pas à retenir les choses, un deuxième tour ne pouvait pas faire de mal. Les chambres, les pièces communes, les ateliers, tout ça tout ça. J’aurais bien été incapable de refaire le chemin tout seul et de savoir où était quoi, tout dansait devant mes yeux, mais au moins je me familiarisais un peu avec l’ambiance du centre. Ça puait la tristesse et le manque de fric, c’était triste et sobre, mais plutôt propre, du moins j’en avais l’impression. Ma vue était trouble et je ne sentais plus trop les odeurs depuis que j’étais camé jusqu’aux yeux. Sauf parfois. Et quand on s’approcha du réfectoire, je sentis l’odeur lourde et grasse des frites, et une crampe me défonça le ventre. Juste à ce moment Ruby repérait ses potes et leur faisait un petit signe, j’en profitai pour prendre appui sur le mur et me reposer deux secondes histoire de ne pas faire une première entrée mémorable en m’effondrant sur le sol comme une merde. Heureusement elle se chargea des plateaux et je la suivis, m’affalant sur la chaise qu’on me désignait.

- Je vous présente Chuck, c'est un ami à moi de Poudlard. Chuck, c'est Viola et Lana.
- Nous sommes ses mamans du centre, en quelque sorte.
- Mamans à qui elle avait caché qu'elle avait des amis si charmants. Ohlala !
- Ne fais pas attention à elle, Chuck, la solitude au centre lui monte à la tête.
- Oh, ne t'inquiète pas, Chuck est habitué. C'était un bourreau des coeurs à Poudlard.
- Oh ça, je veux bien le croire. Et maintenant que tu es ici, ça t'ajoute un petit côté bad boy. Les filles vont adorer !


C’était plus en une conversation que j’étais capable de tenir en une journée, mais j’avais quand même suivi la teneur du truc, et le moi d’avant s’en serait bien marré. Le problème c’est que je n’en étais plus trop capable et m’en rendre compte une fois de plus me sapa un peu le moral, mais je trouvais quand même la force de sourire quand même.

- Moi aussi un jour je pourrais balancer des infos sur la première de la classe, dis-je la voix rauque, après avoir salué les autres.

Elles avaient l’air sympa, mais très vite je décrochai de ce qui se disait, parce que j’étais épuisé. Et puis les lumières me foutaient mal au crâne, en plus des odeurs e bouffe qui m’avaient noué la gorge. Je voulais juste boire, mais je ne me faisais pas du tout confiance pour me servir à la carafe. Lana – Viola ? je ne savais déjà plus qui était qui – eut l’air de lire dans mes pensées et me servit, j’attrapais le verre en me concentrant pour ne pas trembler et le descendit d’un coup. La satisfaction passée j’eus l’impression d’avoir avalé un bol de béton et les lumières dansèrent devant mes yeux un peu plus. J’étais à deux doigts de gerber pour un putain de verre d’eau… À quel moment ma vie était devenue si pathétique ? Il n’y eut que les gestes répétitifs et organisés de Ruby qui triait sa nourriture qui parvinrent à me calmer, je la regardai faire sans bouger. Je me rappelais bien d’avant, de ses tocs chelou qui la faisaient un peu passer pour une tarée quand on y regardait de près. Mais sur le coup ça me faisait du bien, et j’attendis qu’elle eut fini de manger pour récupérer une respiration un plus normale. J’avalai la moitié d’un yaourt en me forçant et m’arrêtai là. Heureusement personne ne fit de remarque sur le sujet.


- Je vais aller me coucher, lui glissai-je à l’oreille. J’avais besoin d’une sieste longue comme le bras. Elle comprit le message et ramassa mon plateau, et me raccompagna jusqu’à ma chambre.

Je ne savais pas trop comment la remercier, du coup je la pris dans mes bras sans pouvoir dire autre chose. La chambre minuscule me paraissait un palace après ces derniers mois à dormir n’importe où. J’eus à peine le temps d’enlever mes fringues que je gerbai dans le lavabo. Au même moment un autre avion passa et fit un peu trembler le verre de la fenêtre. J’avais le don de noter ce genre de détails maintenant, parce que ça m’aidait à fermer les yeux sur le reste. Je me laissai tomber sur le lit complètement épuisé et m’endormis pour de longues heures d’un sommeil trop lourd et trop dense pour être réparateur.
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