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I should just walk away #Chuby4

 
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 I should just walk away #Chuby4

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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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Localisation : Là où on peut faire la fête !
Date d'inscription : 03/03/2010
Célébrité : Adam Brody

Feuille de personnage
Particularités: i should have known better
Ami(e)s: Emmy-Nem, Haley, mon petit lapin! Oh vous inquiétez pas, ça nous choque autant que vous... ; Joy, eh ouais comme quoi ! ; Ruby Miss Parfaite ; Lilian, the one and only
Âme soeur: come to me my sweetest friend can you feel my heart again i'll take you back where you belong and this will be our favorite song

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MessageSujet: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeDim 10 Mar - 19:23



As the nighttime bleeds into the day
Tomorrow spills across the sky
And the sun's a harsh reminder why
We are feeling barely human

We don't know what's good for us
'Cause if we did, we might not do it
Who knows where our limits lie
We won't discover 'till we push it

I should just walk away, walk away
But it grips me, grips me
But I should call it a day
And make my way, oh, it grips me

'Cause the devil's got my arms
And he pulls me back into the night





Dustin n'était pas un petit con, je le savais très bien. Il n'était pas un junkie non plus, je veux dire, pas celui qu'on imaginait, il n'avait rien à voir avec ceux avec qui j'avais traîné au début, ceux qui avaient été mes dealeurs, ceux que j'avais suivis, ceux qui m'avaient entraîné. Il était ailleurs, je le sentais beaucoup trop perché et inaccessible, je savais qu'il avait vécu un truc pas cool pour en être là, même s'il n'en avait jamais parlé, même pas à moi. Il pouvait être sympa et marrant, même intéressant, mais parfois il déconnectait, il ne fallait pas trop chercher. Il était coincé dans une période geek/emo en même temps qu'il avait l'air d'être né il y a trois siècles, ce qui faisait un mélange plus que bizarre. Les gens l'aimaient bien ou pas du tout, je ne savais pas trop ce qu'en pensait Ruby, mais il était toujours sympa avec elle parce qu'il savait que c'était mon alter ego dans ce centre, et c'était cool. J'avais presque eu l'impression de me recomposer une vie normale, avec un groupe de potes, des habitudes, tout ça... Mais Dustin avait raison. On ne pouvait pas rester ici. Je ne pouvais pas rester ici. C'était un sursis. J'avais beau essayer de le cacher, c'était une connerie, et quelque part je me faisais du mal. Parce qu'au moins si j'étais dehors chaque jour qui passerait serait un peu moins douloureux, retourner dehors c'était rechuter je le savais, mais finalement c'était ce que j'avais dit à Ruby, moi ça m'allait, moi je ne voulais pas de la réalité, je ne voulais pas souffrir, je ne voulais pas qu'on m'oblige à rendre des comptes. Je ne pouvais pas. Rien ne changerait jamais : Coop était mort pour toujours, et aucun manuel de survie ne m'indiquait comment vivre avec ça. Alors je ne voulais pas vivre. Tout simplement.

Dustin insistait depuis quelques jours, j'avais dit non parce que je flippais, parce que j'avais fait tout ce chemin et que c'était compliqué de le quitter, j'avais dit non pour plein de raisons qui avaient essentiellement des visages : Angie, Ruby, Tess, Chris, Lucy, etc. Mais quand il faisait nuit et que j'étais seul j'avais tellement mal que c'en était physique, alors j'avais dit oui. Me casser une bonne fois pour toutes, tourner la page. Tant pis pour la suite. J'avais envie d'un fix, d'un joint, de n'importe quoi qui me ferait sentir un peu mieux que le vieux légume que j'étais depuis mon séjour à l'hôpital.

Mais en même temps j'avais envie de me rouler en boule et de chialer - est-ce que c'était pas la pire des conneries, ce que j'étais en train de faire ?

J'avais pris ma décision. Depuis que je lui avais dit oui, Dustin était encore plus bizarre, hyper fébrile, il me parlait beaucoup et tout bas, plus que jamais. Je ne disais trop rien, j'écoutais, oui ok j'étais prêt, oui ok à cette heure, oui je laissais mon oreiller sous ma couette, oui je savais quelle lumière ne pas allumer, oui j'étais sûr. J'étais au radar, avec le sentiment d'avoir abandonné quelque chose en route. Quelque chose... Évidemment, depuis que j'avais pris ma décision, ne rien dire à Ruby restait le plus dur. Elle allait être tellement déçue, je le savais. Elle me détesterait sûrement. Mais est-ce qu'elle ne serait pas mieux sans moi ? J'avais envie de rechuter, ce n'était un secret pour personne, alors je risquais de l'entraîner, non ? J'avais mal au coeur de l'abandonner, mais je n'étais plus capable de réfléchir. Il y avait un chrono dans ma tête, il me compressait les tempes, je sentais chaque battement de mon coeur se cogner un peu partout dans mon corps, je comptais les secondes, je voulais me barrer, fuir, je voulais disparaître, je voulais la nuit, la drogue, c'était plus simple.

Il y avait une fenêtre qui fermait mal en bas, dans la remise de la cuisine. Dustin l'avait su d'Alec qui fumait en scred dans les cuisines, il s'était rendu compte que le sortilège ne se déclenchait pas et en s'approchant de la fenêtre il avait remarqué que le champ magique n'allait pas jusque là. On pouvait filer tranquillement, personne n'y verrait quelque chose.

Ce soir-là je n'avalai rien, et si Dustin était soulé évidemment, parce que ça allait attirer l'attention, ce n'était pas de ma faute : je ne pouvais pas. J'étais comme hors de moi, je voulais que ça passe, je voulais qu'on se couche, je voulais que l'heure arrive. J'étais monté vite me coucher ensuite et j'avais gerbé plusieurs fois, le ventre vide, un bonheur. Mais j'étais anxieux et je commençai à faire une crise de manque, je le sentais, parce que jamais je n'avais d'aussi prêt touché du doigt au monde extérieur. Évidemment je ne dormis pas une seconde, et je me levai au moment du rendez-vous. J'avais la tête qui tournait, je mis mon sac sur mon épaule et partis sans me retourner. Il ne fallait pas. Dans les cuisines, tout était silencieux, et je crus que mon coeur allait lâcher quand Dustin jaillit du noir comme un vampire. Il me fit "chut" en posant son doigt sur sa bouche, et rien de plus. Ça y'était. On décollait. C'était fini.

Escalader la fenêtre ne me posa aucun problème, je me fis la réflexion que j'en aurais été incapable en arrivant ici, tellement je n'avais plus un gramme de muscle. Alors que là : un petit saut, et on était dehors... La rue déserte, le parking, la lune à peine voilée. Dustin s'élança dans le noir, visiblement il savait parfaitement où il allait, je n'avais qu'à le suivre.

Sauf que plus j'avançais plus mes jambes pesaient des kilos, j'avais l'impression qu'on m'avait lesté des paquets de sable, je n'arrivais plus à respirer normalement, ma vue se troublait. J'appelai Dustin, mais j'arrivai à peine à chuchoter. Le monde extérieur me broyait les entrailles, je n'étais pas libre du tout, j'avais mis le pied dans un étau, c'était l'enfer, je tremblais tellement fort que j'avais mal jusque dans ma colonne vertébrale -


- Dustin !!
- Mais ta gueule, tu veux nous faire repérer ou quoi ? Dépêche-toi, merde ! On nous attend au bout de la rue !! Tu crois qu'ils vont poireauter combien de temps à ton avis, vu qu'on a pas une thune ?


- non. Je fis non de la tête, immobile.

- T'es sérieux... Chuck !!

Sa voix avait changé. Son visage aussi : ses traits étaient creusés, déformés par l'appel de la drogue, par le manque. Son ton était dur et mauvais, sa bouche se courbait vers le bas, ses yeux étaient furieux parce que je le faisais attendre. Il était déjà parti. Et moi, je ne voulais plus le suivre. Je ne voulais pas être comme lui, je ne voulais pas qu'on me voit comme ça - je ne voulais pas que Ruby me voit comme ça. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à elle, seule dans sa chambre, et moi libre dehors - je n'étais pas mieux ici. J'étais tout aussi seul, encore plus perdu. Et elle, elle le serait encore plus. Je ne voulais pas l'abandonner. Je ne voulais pas qu'elle m'abandonne non plus. Je ne voulais plus fuir, et je ne voulais pas me séparer d'elle.

Je fis demi-tour sans un mot de plus et j'entendis Dustin m'insulter, mais je m'en foutais. J'avais quelques mètres à faire - si mes jambes voulaient bien répondre - et une fenêtre à escalader, ce qui me demanda beaucoup plus de force et de concentration. Mon corps entier semblait appartenir à quelqu'un d'autre, je tremblais, et la panique qui m'avait assailli dehors montait crescendo, j'avais l'impression d'être poursuivi par une meute de monstres assoiffés de sang. Je poussai la fenêtre, quittai les cuisines, remontai comme un robot vers les chambres, il me fallut une seconde que ce n'était pas la panique qui brouillait ma vue mais les larmes, je n'entendais rien d'autre que mon coeur, et pour la première fois depuis l'hôpital je sentis que j'avais tellement envie de mourir que si un couteau s'était trouvé sur ma route, je me le serais planté dans les veines sans hésiter.

Je ne pouvais pas aller plus loin et je me laissai tomber contre un mur, dans un recoin de l'escalier, tout était bloqué à l'intérieur de moi, je n'y arrivais plus, et je paniquais tellement que chaque mouvement empirait la situation - je ne sais pas combien de minutes je restais là, mais je compris au bout d'un moment que si je ne bougeais pas j'allais faire une syncope, et je me traînai au radar jusqu'au couloir des filles et à la chambre de Ruby.

Est-ce que j'allais être capable d'affronter son regard ?

Je toquai et poussa la porte en m'évanouissant à moitié, je tombai à genoux puis à quatre pattes, laissai mon sac sur le sol, puis je cherchai le contact du mur dans mon dos et me roulai en boule contre lui, les jambes pliées et la tête dans mes bras. Il fallait que je me balance d'avant en arrière sinon je perdai les pédales. La pression dans mon coeur me faisait si mal...


- Je suis désolé, désolé... Les mots m'arrachaient la gorge. J'avais trop froid et je tremblai, mais pourtant ma peau me donnait l'impression d'être en feu. C'est mort, j'y vais pas. L'image du parking vide me hantait, j'avais la nausée, de plus en plus forte. C'est pas possible. J'ai eu trop peur, je suis une merde. Même pas capable d'aller jusqu'au bout. Même pas capable de dire non, même pas capable de dire oui et je le faire. Je ne voulais pas te laisser. Je suis trop un connard, j'aurais pu te laisser sans rien dire. C'était sûr, que ça allait finir comme ça ! Tout allait tellement vite dans ma tête, il me suffit d'un coup d'oeil pour me rendre compte que la pièce entière tournait autour de moi. Je me sens vraiment mal, ça va pas. Et si c'en était vraiment trop pour mon corps cette fois ?
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeDim 10 Mar - 20:51

L’anxiété et les mauvais pressentiments étaient des sensations si similaires que je ne savais jamais laquelle je ressentais, partagée entre l’idée que l’angoisse me mentait ou me prévenait. C’était difficile à décrire, cet amas de sentiments qui circulaient dans mes veines comme des énergies contraires, tordant mon estomac, faisant trembler le bout de mes doigts. Et tous ces derniers jours, je me réveillais en pensant « quelque chose de mauvais va se passer », sans être capable de savoir ni quoi, ni pourquoi. Je regardais par la fenêtre, comme si je m’attendais à voir que le ciel avait disparu, je me levais en imaginant que mes jambes ne fonctionneraient plus, je marchais jusqu’à la salle de bain en espérant être aspirée dans le siphon de la douche. C’était partout, tout autour de moi, comme si un poison s’était répandu dans l’atmosphère du centre sans que je puisse le localiser, l’air me filant entre les doigts. C’était dans ma tête, me répétais-je constamment, et je me collais un peu plus contre Chuck sur le canapé, en me promettant que son corps fuyant n’était que le symptôme de mon anxiété. Mais lorsque je me mettais à dessiner, pour chasser mes pensées noires, tous les petits personnages se retrouvaient éloignés les uns des autres, entourés d’un monde au proportion trop grande pour eux, et mon malaise s’amplifiait dans ma poitrine.

Quelque chose se tramait en Chuck. Après tout, c’était normal, ses démons étaient loin d’avoir disparu, et moi aussi, j’avais mes mauvais jours. Ce n’était pas la faute de Dustin, n’est-ce pas ? Il ne faisait rien de mal, il était comme Chuck, comme moi, comme tous les addicts de ce centre, un peu perdu, un peu bizarre. Et puis, il était toujours gentil avec moi, même si je me tenais un pas en arrière lorsqu’il me parlait. Je ne savais pas s’il m’aimait bien, ou s’il s’habituait à moi puisque j’étais comme l’ombre de Chuck – c’était Viola qui avait dit qu’à force d’être toujours fourrés ensemble, nous étions devenus l’ombre l’un de l’autre, jamais séparés, partout où l’un allait, l’autre finissait par apparaître. Mais ces derniers jours, il faisait si gris que lorsque je marchais dans le jardin, mon ombre ne se projetait plus sur le gazon, et si Chuck était toujours derrière moi, il était comme désaturé.

Il souffrait, je le voyais bien, et je ne pouvais rien faire, encore moins quand je le sentais dériver si loin de moi. Alors, je continuais comme toujours à lui sourire, à lui tenir la main quand on fumait dans le jardin, à lui proposer de venir cuisiner avec moi. Les deux dernières séances de thérapie de groupe, il avait gardé la mâchoire serrée, et mes propres mots s’étaient coincés dans ma gorge. J’empirais tout, me maudissais-je, j’étais trop angoissée, trop pétée, je projetais mes propres peurs sur Chuck, il devait bien sentir combien j’étais nerveuse et lunatique, peut-être qu’après tout c’était pour ça qu’il était distant, j’étais devenue trop pesante. Ou peut-être que c’était encore mon anxiété qui essayait de me saboter. Impossible de savoir. Les petites araignées dans ma tête continuaient de tisser leurs toiles de pensées lugubres et sinueuses, impossible à démêler.

J’avais envie de parler à Lizlor, me dis-je tristement ce soir-là, en me couchant. Elle aurait compris, elle… Ou même si elle ne pouvait pas comprendre, elle aurait essayé, elle m’aurait couvé de son regard et m’aurait tenu dans ses bras sans me juger. Comment avais-je pu faire pour ruiner tout ça, pourquoi est-ce que je ruinais tout… J’en avais la nausée à chaque fois que j’y pensais, et l’envie terrible de me couper, tellement fort que c’était comme un aimant dans ma poitrine qui m’attirait vers la petite vis coincée dans mon savon. Ça aussi, c’était tout ruiner, je troquais un mal pour un autre, je me noyais perpétuellement, incapable de regarder mon psy dans les yeux et lui dire la vérité. Comment pouvais-je prétendre aider Chuck alors que je n’étais même pas capable de m’aider.

L’air était immobile, glacial, et je me retournai dans mes couvertures, poursuivant un sommeil qui m’échappait. Dès que je réussissais à m’endormir, un nouveau cauchemar se lançait, et je me réveillais l’instant d’après, le cœur battant, l’oreille tendue, persuadée d’entendre des feuilles qui crissaient sous les pas de mon père… Mais ce n’était pas des feuilles, me dis-je, alors que je me réveillais pour la troisième fois. Il y avait vraiment un bruit. Je frottai mes yeux, me redressant dans mon lit, mon cœur palpitant étrangement, le mauvais pressentiment recommençant à me faire trembler. Quelque chose de mauvais va se passer, quelque chose de mauvais va se passer, quelque chose, quelque chose, je ne savais pas quoi…

Tout se passa très vite, bam, un bruit mat contre la porte, bam, un bruit sec contre le sol, bam, un bruit sourd contre le mur.

Je me jetai à genoux, le signal d’alerte criant en boucle dans ma tête, tous mes gestes tournés vers Chuck dont le corps m’échappaient. J’avais l’impression de rien comprendre et pourtant de tout saisir. Son corps, son sac à dos, la façon dont ses yeux sortaient de leurs orbites et les pupilles qui tremblaient, ses mains crispées.


- Je suis désolé, désolé... C'est mort, j'y vais pas. C'est pas possible. J'ai eu trop peur, je suis une merde. J’avais posé mes deux mains sur chacun de ses bras, comme pour le tenir, pour qu’il comprenne que j’étais là, pour pas qu’il ne parte surtout. Il paniquait tellement que j’avais peur de ce qu’il pourrait faire. Je ne voulais pas te laisser. Mon coeur s’enfonça si profondément dans ma poitrine que j’eus peur qu’il se coince entre mes cotes. Je suis trop un connard, j'aurais pu te laisser sans rien dire. C'était sûr, que ça allait finir comme ça ! Je me sens vraiment mal, ça va pas.

Sa panique affluait contre moi, pénétrant dans mes paumes, se répandant en moi. Il fallait que je reste, m’ordonnais-je. Il avait besoin de moi. Je serrai mes mains contre ses bras, et cherchai son regard.

- Chuck, c’est bon, tu es là, tu es en sécurité, affirmai-je, mais je n’étais même pas sûre qu’il m’avait entendu, il regardait derrière moi, il ne me voyait pas. J’avais peur qu’il se désagrège. Tu n’es pas une merde, tu n’es pas un connard, tu ne m’as pas laissé. Il faut que tu respires.

J’avais peur de flancher moi aussi, mais tout à coup ce « je ne voulais pas te laisser » ressemblait à une ancre qui me stabilisait dans la tempête, comme un centre de gravité retrouvé. Comment pouvais-je sentir une telle chaleur au milieu d’une telle panique … ? Chuck, lui, continuait de dériver, son regard papillonnant et fuyant, et il ne cessait de se balancer, de murmurer des mots que je comprenais à peine, j’entendis plusieurs fois parking, vide, crever, et à chaque nouvelle phrase, je sentais que je le perdais, que la panique l’avait dévoré et qu’il ne pourrait pas revenir. Comment faire, comment le ramener à la terre ferme avec moi, comment lui faire sentir toute la stabilité qu’il m’inspirait malgré tout ?


- Essaies de respirer, lui dis-je avec force, mais il continuait dans sa spirale infernale, il ne me regardait pas… J’attrapai son visage entre mes mains, et le relevai vers le mien, pour qu’il me voit, pour qu’il n’oublie pas où il était. Chuck… Tout va bien, tu es resté. Tu as réussi. Je suis là. Il faut que tu respires, répétai-je fermement, mon regard droit dans le sien, cherchant à l’entraîner dans la force qui se répandait en moi.
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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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MessageSujet: Re: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeJeu 14 Mar - 18:03

Il fallait respirer, se concentrer sur un point, serrer les mains, s’ancrer dans la réalité, toutes ces conneries. Je le savais : on n’avait pas arrêté de me le répéter à l’hôpital, pour prévenir tous les tarés dans mon genre de leur prochaine crise d’angoisse. Sauf que c’était trop tard, j’étais parti. Respirer ou pas ne changeait rien, fixer un point m’était impossible, la réalité me filait entre les doigts. Il y avait juste un énorme boum-boum qui résonnait en boucle dans mes oreilles et l’impression que 25 camions me passaient dessus ; le reste, je n’en avais aucune idée. C’était l’instinct qui m’avait fait revenir au centre, l’instinct qui avait décidé que je vienne me réfugier chez Ruby parce qu’avec elle je me sentais mieux, mais l’instinct n’empêchait pas pour autant la crise qui m’avait envahi. Je voulais hurler, fuir, courir, pleurer, vomir, tout en même temps ; je crevais d’envie de me droguer, là maintenant tout de suite, sentir l’aiguille contre ma peau, la petite douleur qui annonçait le plaisir ensuite, la sensation de se verser du vitriol dans les veines avant que, en quelques secondes à peine, un feu d’artifices explose et que tout devienne magnifique. C’était drôle comme il y avait un côté horrible dans le fait de s’injecter de l’héro, et que pour autant je ne m’en lassais jamais tellement ça en valait le coup. Ça me faisait autant de mal que de bien, c’était bien ça le problème.

Peut-être que je pouvais essayer de partir loin même sans héroïne ? Peut-être que l’adrénaline suffisait ? Peut-être que je pouvais mettre à profit tout ce que je ressentais au lieu de m’effondrer un peu plus à chaque seconde ? C’était simple : mes pensées s’en allaient, la réalité s’estompait, je m’envolais en quelque sorte, même si c’était plus la sensation de s’effacer qui correspondait mieux… Mais si j’arrivais à imaginer… L’air me manquait, des bulles se formaient dans ma tête, je délirais et je tremblais, c’était comme de la drogue, ça me faisait atrocement mal de partout mais je pouvais y arriver quand même… Croire que c’était bien, croire que j’étais high, croire que ce n’était pas réel. Je voulais y croire. J’avais envie de me marrer en m’imaginant sur le parking, figé comme un lapin pris dans les phares d’une voiture. Tu parles d’un Gryffondor : j’étais devenu une poule mouillée, Dustin devait bien se foutre de ma gueule. Il avait eu raison, de toute façon, sa place n’était pas ici. La mienne non plus. Sauf que j’étais trop lâche pour franchir le cap, trop peureux, trop faible. Je préférais revenir chialer dans les jupes de Ruby…

… Ruby. Ah tiens, elle était là, son visage tout déformé, comme le reste de la pièce d’ailleurs. Je n’entendais rien à ce qu’elle disait, et puis quelqu’un parlait en même temps d’une voix bizarre et saccadée – moi peut-être, tout se mélangeait. J’avais l’impression que le mur me compressait le dos, chacun de mes muscles me faisaient mal, et je compris seulement alors que Ruby me maintenait un peu, sans quoi j’aurais été allongé par terre. Qu’est-ce qu’elle me disait ? Aucune idée. Mais la voir si proche relança en flèche ma panique, et l’espèce d’illusion que j’avais essayé de construire s’effondra d’un seul coup. Je sentis tout l’intérieur de mon corps se contracter et m’arracher un grognement. J’avais chaud, froid, peur, et mes doigts tremblaient tellement qu’ils secouaient jusqu’à mon épaule. C’était… Une crise de manque, je la reconnaissais. Chaque cellule de ma chair hurlait qu’elle voulait de l’héroïne. Ma gorge était tellement nouée qu’elle me faisait mal.

Pourquoi le visage de Ruby était si proche ? Et pourquoi est-ce qu’elle était presque collée à moi ? Peut-être parce qu’elle avait envie de moi. Ça tombait bien, moi aussi. Je voulais la niquer, si j’avais été dans mon état normal ça se serait passé depuis bien longtemps… Elle me plaisait, elle était belle, elle me comprenait, tout en elle m’attirait. À défaut de drogue je pouvais bien l’avoir elle, non ?!

Je me jetai contre elle – je voulais être tellement proche que je pourrais disparaître en elle – et attrapai ses lèvres entre les miennes et nouai mes bras autour de sa taille, ou plutôt j’essayai, parce que mes gestes étaient trop difficiles, trop douloureux. Coucher avec quelqu’un était toujours un des meilleurs remèdes contre la crise de manque, tous les camés le savaient. Elle le savait probablement aussi, non ? Pourtant je sentis qu’un truc me résistait et à peine quelques secondes après j’étais comme repoussé par la force d’un aimant, et je m’effondrai contre le mur à nouveau.

- Pardon, pardon, désolé, marmonnai-je.

Tout dansait devant mes yeux à nouveau. La folle course avait repris.

Non mais, n’importe quoi… J’aurais pu mourir de honte, disparaître contre le lino dégueu de la chambre. Ridicule. J’étais ridicule.

Ruby n’était pas une poupée et elle ne voulait certainement pas de moi de toute façon.


- N’importe quoi, désolé, je suis débile. J’avais envie de gerber : je me dégoûtais moi-même. Je suis désolé. Je ne pouvais pas m’arrêter de chialer, ça repartait comme une cascade, comme si j’étais un môme.

Les seuls souvenirs que j’avais quand je chialais quand j’étais gosse, c’était dans les bras d’Angie – comme si je n’avais jamais pleuré chez mes parents, ou tout seul. Je savais que c’était faux, mais j’avais dû occulter tout le reste. Je ne voulais pas me souvenir qu’ils ne m’avaient probablement jamais pris dans leur bras, et puis ensuite j’avais eu Coop, et ce genre de trucs n’avaient plus trop comptés. Je m’occupai de lui, et ça me suffisait.


- Tu comprends rien, Ruby, je me suis cassé, je voulais me casser ! Elle m’énervait, je m’énervais, tout m’énervait. Je t’avais dit que je voulais retrouver tout ça, je t’avais dit que je préfère l’héro à la réalité, je veux me casser, c’est vrai, c’est juste que j’ai pas les couilles, c’est tout. De toute façon, qu’est-ce qu’elle pouvait pour moi, qu’est-ce que je m’imaginais ? Il n’y avait rien à faire. J’sais pas pourquoi on s’acharne. Ça me soule. Je me dégoûte. Je sais même pas ce que tu fais là, t’es bien trop gentille. Laisse-moi.

Évidemment, je ne voulais pas. Mais je n’osais plus me presser contre elle, j’avais trop honte. J’étais juste bon à trembler comme une merde et à essayer de pousser le mur pour ne pas avoir la sensation qu’il m’écrasait.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeVen 15 Mar - 17:31

En voyant Chuck si malheureux, si vulnérable, j'eus l'impression que la pièce se remplissait d'une solitude déchirante qui compressait mes poumons. Combien de fois Chuck avait-il dû faire de telle crise, seul dans un coin de squat ou allongé sur le goudron d'un trottoir sale ? Combien de fois avais-je vomi dans les toilettes d’une boîte de nuit en tremblant de tout mon être sans pouvoir cesser de paniquer ? C'était la malédiction des addicts, le moment de redescente, de crise, et toutes les lumières du monde semblait s'éteindre d'un seul coup, nous nous retrouvions désespérément seul, comme si l’univers entier nous engloutissait... Même face à Chuck, même avec mes mains autour de son visage déformé, il s'échappait, je n'avais aucune emprise sur lui. L'endroit où il était parti était résolument solitaire, peuplé de tous ces démons. Je le savais parce que je connaissais ce lieu aussi, et parfois, lorsque j'y glissais à nouveau, la seule ancre à laquelle je me raccrochais était la petite vis dans mon savon. Et en cet instant, alors que je sentais Chuck disparaître sous ma prise, je me demandais si je pouvais être comme cette petite vis, si je pouvais être une porte de sortie, ou si j'étais de toute façon moi aussi trop cassée pour pouvoir faire quoi que ce soit. Après tout, peut-être que je voulais partir aussi, peut-être que j'aurais dit oui si Chuck me l'avait proposé...

Non. Je n'aurais pas suivi Chuck dans sa descente. Peu importe combien je l'aimais et combien j'avais besoin de lui.

J'allais sourire, tout à coup rassurée par cette révélation, comme si je me sentais prête à aider Chuck, parce que je savais que je ne flancherais pas, mais son regard m'arrêta. Cette fois-ci, il ne regarderait plus derrière moi, au travers de moi, il me regardait, et je connaissais ce regard, je ne savais même pas comment mais je le connaissais, peut-être parce qu'on me l'avait déjà lancé, peut-être parce que mon corps se crispait avant même de comprendre ; oui, je pouvais être cette petite vis pour Chuck, mais il l'entendait d'une façon particulière. Il l'entendait comme les garçons l'entendent toujours.

Il se pencha, ses mains désespérées m'attrapant avec une force qui me surprit et me fit frissonner, et il m'embrassa - clang! dans mon estomac - comme si mes lèvres pourraient guérir son mal-être. Son geste fût si rapide que j'eus à peine le temps de réagir, de le repousser, de me demander si j'avais en réalité envie de le repousser, et déjà Chuck s'écartait et pleurait à nouveau. Ça avait été si furtif que je me demandais même si cela venait de se produire... Il ne restait plus qu'une douce chaleur diffuse qui teintait mes lèvres et un sentiment de panique dans le bout de mes doigts.


- Pardon, pardon, désolé.

Je voulus lui répondre, lui dire que ce n'était pas grave, mais quelque chose m'en empêcha. Pourtant, je savais qu'il l'avait fait dans le désespoir de l'instant, que ses idées n'étaient pas claires... Pas vrai ? Et il s'était écarté. Il s'était excusé. Ils ne faisaient jamais ça, d'habitude, les autres...

- N’importe quoi, désolé, je suis débile. Je suis désolé.
- Ne t'inquiète pas,
répondis-je, et déjà mes mains étaient à nouveau sur ses bras, pour le tenir prêt de moi.

Ça m’était égal, tout ça, au fond, il y avait plus important… Peu importe les raisons de son geste, ce qu’il y associait derrière, je n’avais pas le temps de m’en préoccuper. J’avais peur qu’il s’évanouisse tant son corps semblait subir les assauts de la crise, je ne savais pas s’il fallait que j’alerte quelqu’un… Mais Chuck était venu me trouver. Il avait failli partir, et il avait fait demi-tour, il était venu jusqu’à ma chambre. Ça comptait bien pour quelque chose, non … ?


- Tu comprends rien, Ruby, je me suis cassé, je voulais me casser ! Je t’avais dit que je voulais retrouver tout ça, je t’avais dit que je préfère l’héro à la réalité, je veux me casser, c’est vrai, c’est juste que j’ai pas les couilles, c’est tout. J’sais pas pourquoi on s’acharne. Ça me soule. Je me dégoûte. Je sais même pas ce que tu fais là, t’es bien trop gentille. Laisse-moi.

Je renforçai malgré moi la prise de mes mains. Pas question que je le laisse.

Il pleurait tant que je remarquai à peine que mes yeux brillaient aussi, que ma gorge s’était serrée. La détresse de Chuck était partout dans la pièce, contre moi, elle était si forte, que pouvais-je y faire ? Comment guérir quelqu’un d’un mal qui était si ancré, si personnel, si insaisissable. J’avais peur, moi aussi, peur qu’il parte vraiment, qu’il n’y arrive pas. Peur qu’il finisse dans une allée, les lèvres toutes bleus et l’aiguille dans le bras, les yeux à jamais fermés.


- Mais tu n’es pas parti, et c’est ça qui demande des c… Qui demande du courage. Tu es resté. C’est tout ce qui compte Chuck, tu es resté, répétai-je avec force en cherchant son regard. Il pleurait tant, j’en avais les entrailles nouées, la panique se généralisait partout en lui… Il faut que tu respires, viens, dis-je doucement, en posant mes mains sur ses épaules. On le fait ensemble ? J’accompagnai la parole au geste, forçant ses épaules à se soulever lorsqu’il inspirait, pour sa respiration se calle sur le rythme. Inspire… Bloque… Expire… Je répétai l’exercice plusieurs fois, tant bien que mal. Regarde, tu y arrives, bravo, murmurai-je.

Mais c’était le calme avant la seconde tempête, je le savais, une fois que la panique se calmait, il restait le reste, tout ce que l’adrénaline avait occulté… Et l’instant d’après, le sanglot qui étrangla Chuck sembla résonner dans tous le centre, jusqu’au plus profond de ma poitrine, et je l’attirai dans mes bras en le serrant fort, fort, fort…


- C’est bon, là, c’est pas grave. J’embrassai le sommet de son crâne, et je frottai son dos dans un geste régulier et rassurant, et il sanglotait comme un enfant perdu. Je serrai très fort mes paupières. Tu es encore là, c’est tout ce qui compte, je suis fière de toi, tu as tenu bon… Je m’étais mise à le bercer. J’avais envie de lui promettre que ça allait aller, que les choses iraient mieux, mais comment le faire ? Je ne te laisserai pas, promis, tu pourras toujours revenir, murmurai-je dans son oreille.

Il était devenu mon monde, ici, mais je voulais qu’il reste dans le mien.

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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeJeu 21 Mar - 17:52

- Mais tu n’es pas parti, et c’est ça qui demande des c… Qui demande du courage. Tu es resté. C’est tout ce qui compte Chuck, tu es resté.

Je l’entendais, mais vaguement, comme venu d’ailleurs. Ça ne comptait pas que je sois resté. Ce qui comptait c’est que je voulais partir. Ce qui comptait c’est que je voulais de la drogue, je voulais m’exploser la tête, je voulais planer. Ce qui comptait, c’est que je n’y arrivais pas, et que je ne voulais pas. Est-ce qu’elle savait seulement combien j’avais envie de mourir ?

- Il faut que tu respires, viens. On le fait ensemble ? Inspire… Bloque… Expire… Regarde, tu y arrives, bravo.

Et pourtant au fond de ma tête il y avait comme un signal d’alarme, quelque chose qui s’était déclenché et qui me déchirait les tympans pour me rappeler qu’il fallait que je fasse demi-tour. Je tentai de fermer les yeux pour ne plus rien voir, ne plus rien entendre, mais cela ne changeait absolument rien. Mon corps tremblait plus que jamais, mes os s’entrechoquaient les uns contre les autres et la douleur me traversaient de piques aigus et étrangement réguliers. Ruby était la seule chose positive dans tout ce bordel alors je m’exécutai, docile, même si l’air refusait d’entrer et de sortir de mes poumons à intervalles réguliers. Tout ça me demandait une énergie que je n’avais pas, mais au moins mes dents se desserraient un peu, et les points qui dansaient devant mes yeux diminuaient légèrement.

Par contre je continuais de chialer comme un gamin, et je me rendis compte au bout d’un moment que j’avais agrippé les bras de Ruby et que je les serrais de toutes mes forces – moi qui pensais ne plus m’en avoir. C’était peut-être preuve qu’il m’en restait dans des endroits insoupçonnés ; ou bien que c’était le dernier sursaut avant la fin, au choix. J’en avais entendu, des histoires sordides, à force de traîner dans les squats puis à l’hôpital. Il se passait des choses bizarres quand le cerveau comprenait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps. Je sentais encore les doigts de Coop serrés sur ma main, à l’infirmerie.


- C’est bon, là, c’est pas grave. Tu es encore là, c’est tout ce qui compte, je suis fière de toi, tu as tenu bon… Je ne te laisserai pas, promis, tu pourras toujours revenir.

Revenir.
Tu pourras toujours revenir.

Un poids énorme s’en alla de moi, le camion qui m’écrasait roula un peu plus loin, l’air revint plus fort dans mes poumons. Affalé contre Ruby et trempé de sueur et de larmes, je sentis que mes lèvres s’étirèrent en un léger sourire. Cette fois le sable ne tombait plus dans un trou infini à l’intérieur de moi, il jaillissait doucement de moi, roulait sur ma peau, tombait par terre, chaque petit grain rebondissant mollement sur le lino. Je me sentis vidé, d’un seul coup. Je gardai les yeux fermés contre elle. Je voulais rester là des heures, ne pas bouger, ne plus ouvrir les yeux – peut-être que la réalité serait un peu différente alors.

La crise se calmait un peu, parce que le soulagement avait envoyé valser dans un coin tout ce qui m’agitait. Il ne restait plus à l’intérieur de moi qu’une boule d’électricité bizarre, comme si j’avais mis les doigts dans une prise et que j’en avais absorbé tout le courant. Je tentai de me redresser. Tout d’un coup je ne savais pas quoi faire de mon corps, il m’encombrait, et chaque position m’était désagréable ; je tentai de me lever mais je n’y arrivai pas. Je crus que j’allais vomir mais rien ne sortit ; en me redressant contre le mur, je me cognai un peu la tête et lâchai les bras de Ruby : mes mains avaient été si serrées qu’elles étaient tétanisées, et je lui lançai un regard inquiet.


- Oh merde, désolé. J’avais du lui faire mal, non ? Je ne me rendais compte de rien. J’ai soif. Je crois qu’il faut que je mange. Je me sens bizarre.

En vérité je ne sentais pas vraiment quelque chose, justement. Je ne sentais plus rien.

Comme mon cerveau se remettait à fonctionner par intermittence, la suite me parut fragmentée et hachée, des trous noirs s’intercalaient entre ce qui se déroulait autour de moi : quelqu’un dans le couloir qui parlait, Ruby qui se levait, puis Ruby qui me parlait, mes efforts pour me lever, le mur qui me servait de béquille, ma carcasse que je devais traîner jusqu’aux cuisines, les bras de Ruby qui me soutenaient. Entre, c’était comme des petits plongeons dans le vide, un néant cotonneux et silencieux, pas forcément désagréable. C’était des petit laps de repos.

Les odeurs de la cuisine, pourtant nettoyée et vide, me soulevèrent de nouveau le cœur, et j’aurais vomi si j’avais eu encore quelque chose dans l’estomac. Au lieu de ça, je fus condamné à rester cinq minutes crispé sur une chaise à attendre que les spasmes passent, la douleur s’intensifiant au fur et à mesure que j’essayais de rassurer Ruby d’un geste de la main. Puis les pics s’espacèrent, et je pus enfin boire un verre d’eau. Il me défonça la gorge au passage, mais je sentais que j’en avais besoin.

Je mis plusieurs secondes à me rende compte que Ruby me parlait à nouveau – elle essayait de prendre soin de moi. Je la regardai en me concentrant, ramenant toute mon attention dans cette pièce.


- Euh, j’sais pas ce que je veux manger.

J’étais incapable de prendre une décision. Je la regardai s’affairer – elle était bien plus efficace que moi sur ce plan-là de toute façon.

- Tu sais pourtant que c’était toujours moi qui faisais à bouffer, chez moi. Pour Coop et moi, je veux dire. Mon père restait la plupart du temps dans son garage même le soir à manger des merdes à emporter, et ma mère, son concept de la cuisine c’était plutôt la barquette en carton au micro-ondes. Moi je faisais ce que je pouvais, et comme quand on était gamins on détestait tous les trucs qu’elle nous faisait avaler, toujours trop salés ou sans goût, j’ai vite appris à cuire les pâtes et ce genre de trucs. Coop voulait manger autre chose, et personne ne s’en serait occupé. Mais au final avec le temps c’est lui qui savait mieux gérer ça, il avait de meilleures idées, moi je sèche toujours quand il faut préparer un truc. C’est pour ça que j’avais hâte de grandir et d’avoir des thunes, et dès que j’ai pu je l’emmenais manger dehors ou bien on prenait à emporter, et c’était toujours mieux que chez nous. Mais c’est drôle en fait. Ce que j’essayais de faire pour Coop, il finissait toujours par y arriver mieux que moi. Même s’occuper de lui… Il gérait. Il a tout géré, jusqu’à la fin. Tu savais qu’il était au courant qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre, qu’il a voulu le garder pour lui, pour ne pas m’inquiéter, pour essayer tout ce qui était possible ? Il a assumé de le garder pour lui. Je lui en ai voulu, en fait. Je lui en veux toujours. Mais après je me dis que c’était parce qu’il savait que je ne pourrais pas gérer : la preuve. J’ai pas géré du tout. Mais pour autant j’arrive pas à être fâché contre lui. Je devrais, tu crois ? C’est pas de sa faute. Il a eu une vie de merde et il ne pouvait même pas aller à Poudlard comme les autres. J’ai quand même essayé qu’elle soit un peu cool… Je haussai les épaules. Ça a été cool, en fait. Je n’arrive pas à oublier un seul bon moment. J’arrive pas non plus à oublier tous les moments où je l’envoyais chier, où je le laissais tout seul… Ça me rend dingue, j’ai envie de me taper la tête contre les murs quand j’y pense. Ou alors, j’ai envie de buter nos parents, parce que c’est pas juste d’avoir mis tout ça sur moi. Mais bon. Ils sont cons, ils ne changeront pas. C’est aussi pour ça que je ne veux plus les voir. Il y a des trucs que je ne pourrais jamais pardonner.

À en juger de la tête de Ruby, elle était aussi étonnée que moi de ce flot de paroles. Mais les vannes étaient ouvertes et je ne pouvais plus m’arrêter.

- J’arrive pas à expliquer ce qu’il était pour moi. À personne. Parce que c’était mon petit frère et que c’est un truc naturel, pas original, on connaît la chanson, avec les disputes et tout ça. Mais c’était plus que ça… Je crois qu’il avait toujours quelques longueurs d’avance et ça me rassurait. Et puis ça a toujours été nous deux, et maintenant… Je suis tout seul. Je ne lui ai jamais dit que je l’aimais je crois, je sais plus. C’est ce que j’ai pensé quand il est mort. J’aurais tellement voulu lui dire qu’il était toute ma vie. Et il ne le saura jamais…
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MessageSujet: Re: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeVen 22 Mar - 22:45

Après avoir défilé à une cadence chaotique, le temps se mit à s’égrener doucement, grain de sable par grain de sable dans l’immense sablier, l’air tout autour de nous lourd et doux comme un cocon un peu trop serré – ou bien c’était les mains de Chuck qui avait cette emprise trop fort sur mes bras, ses doigts fondant comme du métal brûlant contre ma peau. Je ne bougeais pas, je ne respirais presque plus, peut-être, mais j’étais là, ancrée de toutes mes racines dans le sol, Chuck contre moi. Mes yeux clos, je me concentrai simplement sur sa respiration, le son de ses sanglots qui s’espaçaient… Et j’entendais mon souffle aussi, légèrement emmêlé au sien. Je me sentais presque glisser moi aussi, un peu hors de moi, secouée par toutes ces émotions, mais mes bras qui me piquaient de la prise de Chuck me rappelaient à la réalité. C’était rassurant, en un sens. Au moins, j’étais là, j’étais vivante et Chuck aussi.

Finalement, Chuck s’écarta tout doucement, ses mouvements flous et ankylosés, mais pourtant vaillant, et je l’aidais comme je pus à se redresser.


- Oh merde, désolé.

Je suivis son regard, et vis qu’il parlait de mes bras. J’hochai la tête en signe de négation, d’un air de dire que ce n’était pas grave, sans pour autant oser ouvrir la bouche. J’avais trop peur qu’il entende dans ma voix combien la douleur m’était agréable. La peau était rouge et chaude, les ecchymoses se formant déjà petit à petit. Je connaissais une potion pour les faire partir, je la faisais, avant, au tout début où Jasper avait levé la main sur moi, mais les fois d’après, je n’avais plus eu la force. J’étais trop ivre pour faire une potion… Et je n’avais même plus envie de cacher les bleus. Ils m’amusaient presque, me rappelant que j’étais exactement là où je devais être, que je n’avais que ce que je méritais, et parfois je jubilais presque les gens puissent les deviner sous mes vêtements transparents, parce qu’ils devaient bien deviner, et se rendre compte à quel point c’était pathétique, et enfin me voir comme moi je me voyais : une pauvre fille, une pauvre conne.

Maintenant que j’y pensais, j’avais envie de pleurer. Comment avais-je pu être si terrible envers moi-même, et pourquoi continuais-je d’être si dure ? Mon corps sembla me peser trop lourd, tout à coup, comme s’il se rappelait combien je l’avais maltraité, et je frissonnai.


- J’ai soif. Je crois qu’il faut que je mange. Je me sens bizarre.

C’était plutôt bon signe ! Au moment où je me redressai, je remarquai une silhouette dans le couloir. Evidemment, toute notre aventure n’avait pas pu passer inaperçu dans le centre, ni échapper à l’attention de l’infirmière de garde. Par chance, ce soir, c’était Diana, mon infirmière préférée, et elle avait dû comprendre rapidement la situation – quelques mots échangés plus tard, et j’eus l’autorisation d’amener Chuck dans les cuisines pendant qu’elle partait préparer quelques potions, au cas où que Chuck flanche à nouveau. C’était bizarre qu’elle me fasse si confiance pour m’occuper de Chuck, j’étais moi aussi une patiente après tout… Une petite étincelle crépita en moi. C’était valorisant, en un sens, et j’avais envie de bien faire.

J’aidais Chuck à se lever, en lui expliquant qu’on allait à la cuisine, et il m’écoutait sans vraiment m’entendre, il flottait sur ses jambes, dans ses vêtements, et j’avais peur qu’il tombe à nouveau. Dans la cuisine, je craignis à nouveau qu’il ne s’effondre sur le carrelage, et même s’il tentait de me rassurer par quelques gestes vagues, je savais qu’il n’en menait pas large. Tout doucement, je lui demandais de quoi il avait envie, mais encore une fois, il m’écoutait sans m’entendre, son regard perdu dans le vide de mon visage.


- Euh, j’sais pas ce que je veux manger, finit-il par articuler.

Je lui fis un petit sourire encourageant, pour lui montrer que j’allais m’occuper de tout, et je commençai à m’afférer dans la voix de Chuck me surprit à nouveau, et je me retournai pour le regarder – il parlait tout à coup tellement clairement que j’oubliais presque qu’il avait été si mal l’instant auparavant. A vrai dire, je fus incapable de décrocher mon regard du sien, de sa bouche, des mots qui s’enchaînaient et formaient une petite chaine délicate dans l’air autour de lui. Mes mains continuaient de cuisiner, elles, mais elles étaient en pilote automatique, écrasant le reste des patates cuites qui trainaient dans le frigo, rajoutant du beurre et du gruyère pour en faire une purée, lançant la cuisson d’un steak haché. Un coin de ma tête pensait que ça serait plus facile à mâcher pour Chuck et le reste de mon cerveau était complètement concentré sur ce qu’il racontait, oubliant presque que j’étais en train de cuisiner.

C’était beaucoup, c’était touchant, et mon cœur se serrait fort au fond de ma poitrine. Je n’arrivais pas à croire que c’était bon, que Chuck prononçait le prénom de Coop à haute voix, qu’il parlait de lui…


- J’arrive pas à expliquer ce qu’il était pour moi. À personne. Parce que c’était mon petit frère et que c’est un truc naturel, pas original, on connaît la chanson, avec les disputes et tout ça. Mais c’était plus que ça… Je crois qu’il avait toujours quelques longueurs d’avance et ça me rassurait. Et puis ça a toujours été nous deux, et maintenant… Je suis tout seul. Je ne lui ai jamais dit que je l’aimais je crois, je sais plus. C’est ce que j’ai pensé quand il est mort. J’aurais tellement voulu lui dire qu’il était toute ma vie. Et il ne le saura jamais…

Je venais de poser l’assiette fumante sur la table, je m’assis en face de Chuck et posai ma main sur la sienne.

- Chuck… Bien sûr que Coop le savait. Ma voix tremblait, mais pas parce que je manquai d’aplomb, simplement parce que j’étais trop émue tout à coup, que ma vue s’était troublée aussi. Tout comme tu savais que tu étais la sienne aussi. C’était tellement spécial, ça n’avait pas besoin de mots, vous le saviez tous les deux et c’était quelque chose qui n’appartenait à vous, que personne d’autre ne pourra vraiment comprendre. Mais il le savait. Et puis, l’amour, ce n’est pas que les mots, c’est aussi les actes, et tu as tellement fait pour lui, ajoutai-je, ignorant la larme qui venait de rouler sur ma joue.

Je voulus ôter ma main de la sienne, pour que Chuck puisse manger, mais il eut un mouvement imperceptible pour garder mes doigts entre les siens, et j’eus un petit sourire. Je pressai un peu plus fort sa paume dans la mienne.


- C’est pas parce que parfois tu l’envoyais chier que tu n’étais pas un bon grand frère, tu étais juste humain. Tu étais tellement présent pour lui, Chuck, vraiment, tu t’es tellement occupé de lui, tu as fait ce que tes parents auraient dû faire, alors que ça devait être dur parfois pour toi aussi d’endosser ce rôle… Tu étais seul face à la maladie de ton frère, et ça devait être tellement compliqué pour toi aussi. Toi aussi tu en as souffert. Mais regarde tout ce que tu as fait, tous les bons moments que vous avez eus, c’est aussi grâce à toi tout ça. Peut-être que Coop ne voulait pas te faire de peine en t’annonçant que… Que tout ça aurait une fin. Et tu as le droit de lui en vouloir pour ça, et tu as aussi le droit de ne pas lui en vouloir. Tu as le droit de ne pas savoir exactement ce que tu ressens. Et si parfois tu lui en veux, tu as aussi le droit de lui pardonner et de te pardonner toi pour tout ce qui te pèse. J’avais envie de le prendre dans mes bras à nouveau, tellement je me sentais transporté d’une tendresse si forte et si intime. Quant à tes parents, eux… Peut-être que tous les parents ne méritent pas d’être pardonné, au fond…

J’haussai les épaules. J’en connaissais un rayon, de ce côté-là…

- Je sais que tu penses que tu n’as pas géré, mais c’est pas vrai, tu as fait comme tu as pu, et maintenant, tu te bats, regarde ce soir, tu as choisi de rester… Et ça, je suis sûre que Coop aurait été fier. Peut-être que tu as raison, qu’au fond, il avait toujours des longueurs d’avance, alors peut-être qu’il savait que tu ferais tout pour t’en sortir, qu’il avait déjà deviné que tu y arriverais, dis-je avec un petit sourire encourageant, convaincue que si Coop avait pu deviner le futur, il avait dû bien voir que son frère serait tout aussi courageux que lui.
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MessageSujet: Re: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeDim 31 Mar - 19:07

L'assiette fumante que Ruby posa devant moi focalisa un instant toutes mes pensées et toute mon énergie ; j'étais dans un tel état que je ne pouvais pas analyser plusieurs choses à la fois, et mon cerveau semblait être un objectif fatigué qui avait du mal à faire le focus. Tous les mots qui étaient sortis de ma bouche me faisaient l'effet d'une tempête qui me secouait de l'intérieur et aspirait toute mon énergie ; quand je m'arrêtai de parler j'étais essoufflé, comme dans l'attente de la suite, dans le creux de la vague. Ça sentait les patates, le fromage, la viande, ça sentait bon mais mon estomac se crispa par réflexe et une nausée me gagna, alors que je sentais en même temps la faim gronder au fond de mes entrailles. J'attrapai ma fourchette et restai à regarder le contenu de l'assiette en essayant de respirer, pour me calmer. Il fallait que je mange. Il fallait que quelque chose se passe, il fallait que je bouleverse cet équilibre qui n'allait plus, j'avais faim, mon corps en avait besoin, même si il freinait des quatre fers face aux solutions que je lui apportais. J'en avais marre d'être sans arrêt tiré vers l'arrière par ce putain de corps que j'avais flingué et qui ne réagissait plus normalement, j'en avais marre d'être épuisé tout le temps, marre de ne plus rien supporter, marre de mon ventre qui fonctionnait comme une chaudière au ralenti, marre de mes muscles qui avaient fondu, marre du poids qui pesait sur mes épaules pour m'empêcher de me redresser. J'avais faim. J'avais envie de manger, j'avais envie de vivre, c'était aussi simple que ça.

J'empêchai Ruby d'enlever sa main de la mienne, pour arriver à ce que j'avais en tête, j'avais besoin de toute l'énergie du monde et elle était la seule qui arrivait à me rendre plus fort.


- Chuck… Bien sûr que Coop le savait. Tout comme tu savais que tu étais la sienne aussi. C’était tellement spécial, ça n’avait pas besoin de mots, vous le saviez tous les deux et c’était quelque chose qui n’appartenait à vous, que personne d’autre ne pourra vraiment comprendre. Mais il le savait. Et puis, l’amour, ce n’est pas que les mots, c’est aussi les actes, et tu as tellement fait pour lui.

Je secouai la tête, à moitié entre le hochement et la négation, elle avait raison mais je n'étais pourtant pas d'accord avec elle. Oui, je savais que Coop et moi on savait des choses sans avoir à se les dire, il était mon frère, ça avait toujours été nous deux avant tout. Mais Ruby ne savait pas tout. Évidemment que j'avais été chiant avec lui, évidemment que je l'avais laissé tomber plein de fois, évidemment que je l'avais emmerdé juste pour le plaisir, évidemment que je lui avais ordonné des trucs qui m'arrangeaient, évidemment que je lui avais menti parce que je préférais passer du temps avec mes potes qu'avec lui souvent, évidemment que j'avais trouvé que c'était un pot-de-colle parfois, évidemment. Je m'en voulais de lui avoir fait subir tout ça, encore plus quand il avait pris tellement soin de moi à la fin, encore plus quand je me disais que c'était aussi peut-être parce que je l'écartais parfois de certaines parties de ma vie qu'il avait choisi de ne rien dire sur la réalité de sa vie. Non ? Et savoir que je n'aurais jamais la réponse... Mon cerveau fonctionnait à 100 à l'heure dans ces moments, il ne pouvait plus s'arrêter.

- C’est pas parce que parfois tu l’envoyais chier que tu n’étais pas un bon grand frère, tu étais juste humain. Tu étais tellement présent pour lui, Chuck, vraiment, tu t’es tellement occupé de lui, tu as fait ce que tes parents auraient dû faire, alors que ça devait être dur parfois pour toi aussi d’endosser ce rôle… Tu étais seul face à la maladie de ton frère, et ça devait être tellement compliqué pour toi aussi. Toi aussi tu en as souffert. Mais regarde tout ce que tu as fait, tous les bons moments que vous avez eus, c’est aussi grâce à toi tout ça. Peut-être que Coop ne voulait pas te faire de peine en t’annonçant que… Que tout ça aurait une fin. Et tu as le droit de lui en vouloir pour ça, et tu as aussi le droit de ne pas lui en vouloir. Tu as le droit de ne pas savoir exactement ce que tu ressens. Et si parfois tu lui en veux, tu as aussi le droit de lui pardonner et de te pardonner toi pour tout ce qui te pèse. Quant à tes parents, eux… Peut-être que tous les parents ne méritent pas d’être pardonné, au fond…

Je relevai mes yeux vers elle, lui lançant un petit sourire. C'était pas grand chose mais savoir que "j'avais le droit" de lui en vouloir, de m'en vouloir, c'était con mais ça me faisait du bien. Oui, j'en voulais à Coop, à moi, aux parents, aux médicomages, aux voisins, à la terre entière. Tout aurait été différent si n'importe qui aurait agi différemment, se serait un peu plus impliqué, se serait au moins rendu compte que ce n'était pas moi, l'adulte, dans cette affaire. Un seul petit grain de sable qui aurait pu changer tout le reste.

- Sûrement pas, c'est des connards. Si tu savais... Je sais même pas pourquoi mon père il a eu des gosses, je sais même pas pourquoi ma mère s'est pas barré avec nous, je sais même pas ce qu'on lui fait pour qu'elle en ait à ce point rien à foutre de nous... Bref. J'ai trop la haine contre eux. Tu m'as jamais dit, ta mère et toi, c'était comment ?

Une cuillerée de purée : je pouvais le faire, je pouvais le faire, je pouvais le faire, c'était pas compliqué... C'était bon, chaud, ça allait me faire du bien, je déglutis en m'en persuadant. J'arrivai à en manger une deuxième puis une troisième, avant de faire un break.

- Je sais que tu penses que tu n’as pas géré, mais c’est pas vrai, tu as fait comme tu as pu, et maintenant, tu te bats, regarde ce soir, tu as choisi de rester… Et ça, je suis sûre que Coop aurait été fier. Peut-être que tu as raison, qu’au fond, il avait toujours des longueurs d’avance, alors peut-être qu’il savait que tu ferais tout pour t’en sortir, qu’il avait déjà deviné que tu y arriverais.

J'avais choisi de rester après avoir fait un nombre incommensurable de merdes, il n'y avait pas de quoi être fier.

- C'est pour ça que j'ai kiffé la drogue. Ça enlevait toutes les questions, tous les problèmes. L'héro c'est ouf comment ça changeait tout autour de moi, la vision, les couleurs, les textures, les sensations. C'était violent mais tout était tellement beau et génial et j'avais l'impression que j'explosais de joie à chaque seconde. Je m'en foutais de la retombée et d'avoir mal et de faire n'importe quoi. Quelques heures comme ça, ça me suffisait. Et puis dans ce monde là Coop était encore là, je pouvais le voir, lui parler, c'était ouf.

Je baissai les yeux. Ça, je ne l'avais jamais dit à personne, le fait que je le voyais et qu'il me parlait et qu'il était vivant, il était drôle, gentil, il me faisait tellement rire, on parlait des heures ensemble tous les deux. Ce n'était même pas moi qui le commandais dans ma tête, il était là, juste là.

J'enfonçai de la purée au fond de ma gorge pour étouffer tout ça, les émotions qui remontaient, le bout de mes doigts parcouru de fourmis, l'envie qui revenait, la magie qui opérait. Illusion, illusion, illusion, ils m'avaient dit de répéter ça en boucle à l'hôpital quand je perdais pieds, pour rester dans la réalité et comprendre que ce que je voulais n'existait pas. Je coupai même un morceau de steak. C'était compliqué à avaler, mais je n'avais pas encore dit mon dernier mot. Je relevai les yeux vers Ruby. Cette fille était canon même au bout de sa vie, il fallait quand même le souligner. Même ses cernes, ses fringues trop grandes, son air inquiet, les traits sur son visage, ça ne la rendait pas moins jolie, ça lui donnait un petit côté froissé juste nécessaire pour cacher un peu le reste, mais quand on la regardait vraiment, ça ne comptait plus.


- T'en veux, au fait ? demandai-je tout d'un coup en lui tendant ma fourchette, après m'être rendu compte que je la dévisageais sans rien dire depuis trop longtemps. Il fallait que j'arrête ce genre de trucs, ça me donnait vraiment trop envie de l'embrasser et de me couler contre elle et de disparaître dans ses bras. Tu sais, je sais qu'au fond les efforts je les fais pour Coop, j'espère qu'un jour je pourrai me dire qu'il aurait été fier de moi et tout... Ça compte, ouais, mais en même temps c'est pas très réel. Il ne sera jamais là pour le voir. Par contre toi oui, ma tante, mes potes... Ça c'est vrai, et ça me fait encore plus peur. Je suis désolé d'avoir fait de la merde. Je voudrais vraiment être courageux pour toi.

Je lui souris, un peu gêné. Mais je tenais à lui dire à quel point elle comptait.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeDim 31 Mar - 22:53

Chuck me regarda avec un petit sourire et cela suffit à réchauffer mon cœur en retour. Petit à petit, la crise retombait mais au lieu de le laisser vide et épuisé, elle lui insufflait une énergie nouvelle. Jamais il ne m’avait parlé de Coop ainsi, je me demandais même s’il avait été de la même chose avec son psy… Les choses avançaient, je le voyais bien depuis plusieurs semaines, même si Chuck était persuadé que sa fugue avortée était un retour en arrière, c’était peut-être au fond tout l’inverse. Choisir de rester… C’était ça, la difficulté. Je n’avais pas eu son courage, moi, la première fois que j’avais été dans un centre. J’avais pris mes affaires et j’étais partie comme une voleuse, ignorant les infirmières qui essayaient de me convaincre de rester. Elles n’avaient aucune prise sur moi, je n’étais pas retenue contre ma volonté après tout. Ma volonté était ailleurs, elle était dans l’auto-destruction, et j’avais signé le papier de départ sans même trembler. Je pensais simplement à Sara qui payait pour ça et combien j’avais gâché son temps, son argent, son amour. J’étais mieux dehors, m’étais-je dit. Chuck, lui, avait compris avant moi que ce n’était pas le cas.

- Sûrement pas, c'est des connards. Si tu savais... Je sais même pas pourquoi mon père il a eu des gosses, je sais même pas pourquoi ma mère s'est pas barré avec nous, je sais même pas ce qu'on lui fait pour qu'elle en ait à ce point rien à foutre de nous... Bref. J'ai trop la haine contre eux. Tu m'as jamais dit, ta mère et toi, c'était comment ?

Nos expériences étaient différentes, mais tout ce qu’il me disait résonnait étrangement en moi.

- Oui, je me demande pourquoi certaines personnes ont des enfants alors qu’ils sont incapables de les aimer correctement. Parfois, je me demande si mon père ne m’a eu que parce que… Qu’il avait des choses en tête, tu vois, dis-je d’une petite voix en haussant les épaules. Je préférais éviter de penser à quel point tout ceci était prémédité. Les séances de thérapies m’avaient douloureusement révélé combien quelque chose avait toujours flotté dans l’air… Ma mère a pris le parti de mon père, donc bon. J’haussai à nouveau les épaules mais serrai la main de Chuck avec un peu plus de force. Tu crois qu’un jour tu accepteras de revoir tes parents ?

Peut-être que c’était trop tôt pour lui pour y penser ou qu’il préférait imaginer Angie, Tess, toutes ses relations familiales qui valaient le coup. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si ses parents pensaient souvent à Coop, comment ils vivaient son décès, mais j’avais du mal à éprouver de la compassion pour eux. Comment pouvaient-ils pleurer sa mort alors qu’ils n’avaient pas été présents pour sa vie ? Pourquoi les gens faisaient des enfants pour se contenter de les faire souffrir ?

- C'est pour ça que j'ai kiffé la drogue. Ça enlevait toutes les questions, tous les problèmes. L'héro c'est ouf comment ça changeait tout autour de moi, la vision, les couleurs, les textures, les sensations. C'était violent mais tout était tellement beau et génial et j'avais l'impression que j'explosais de joie à chaque seconde. Je m'en foutais de la retombée et d'avoir mal et de faire n'importe quoi. Quelques heures comme ça, ça me suffisait. Et puis dans ce monde là Coop était encore là, je pouvais le voir, lui parler, c'était ouf.

Mon cœur se serra. C’était difficile d’entendre Chuck parler de tout ça, de se souvenir de mes propres addictions, de combien l’alcool me rendait heureuse à n’importe quel prix. Mais ce fut les mots sur Coop qui me coupèrent le souffle l’espace d’une seconde. Je n’imaginais pas la douleur de se réveiller après chaque trip et comprendre à nouveau que son frère n’était pas là ; combien de fois son cœur s’était-il brisé ?  J’avais envie de pleurer, c’était trop triste, trop injuste. Ma main accrocha celle de Chuck avec un peu plus de désespoir.

- C’est vrai que ça ôte les problèmes pendant un moment, tout ça… Mais ça en rajoute à chaque fois, tu trouves pas ? Mais ça devait être dur la redescente et que Coop disparaisse à nouveau, non ? Tu arrives à le voir, parfois, quand tu es sobre ?

Je me demandais toujours comment Chuck devait gérer cette solitude, si parfois elle arrivait à le quitter. Perdre un membre de sa famille… J’eus une pensée pour le père de Lizlor et combien elle souffrait toujours de son absence, d’un deuil qui ne la quittait jamais. Je ne pouvais pas vraiment le comprendre, au fond, ma famille avait été si fragmentée et souillée. Pourtant, parfois, quand je pensais à ma mère, je sentais quelque chose d’étrange, une forme de solitude peut-être.

- Je n’ai jamais vu personne quand j’étais ivre. Sobre, j’avais l’impression de croiser Lizlor à tous les coins de rue de Londres… Ewan, aussi, beaucoup, avouai-je, honteuse. Mais ivre, j’étais toujours seule. Tout le monde disparaissait de ma vie, et surtout, moi de la leur. Je crois que c’est aussi pour ça que je buvais autant.

Quand je disparaissais, plus rien ne comptait, ma faiblesse, mon égoïsme, mes failles. Je ne pouvais leur faire du mal, ils ne pouvaient plus m’atteindre. Je flottais. Mais j’étais toujours seule, terriblement seule.  

- T'en veux, au fait ?
- Non, mange, ça va te faire du bien,
répondis-je avec un petit sourire.

Ça me faisait tellement plaisir de le voir manger plus de deux cuillères à la suite, lui qui vomissait la moitié des repas qu’il faisait au centre. C’était un bon signe, ça aussi.

Chuck me regardait avec une intensité étrange et pour une fois, je ne détournais pas les yeux. Il me regardait, non, il me voyait, comme s’il arrivait à m’ancrer dans le présent et à me rappeler que j’étais entière. Quand Chuck me regardait, quand on cuisinait ou qu’on fumait ensemble, qu’on riait sur le canapé, j’avais l’impression d’exister. Je n’étais plus seule. Je n’étais plus cet amas de problèmes et d’addictions qui m’effaçaient, j’étais moi, j’étais une vraie personne et j’avais presque oublié à quel point c’était agréable de simplement être. Comment Chuck réussissait-il à me faire sentir ainsi, alors que je n’étais qu’une pauvre fille coincée dans ce centre ? J’étais devenue l’ombre de moi-même, mais quand il me regardait, j’avais l’impression d’être le soleil tout entier.


- Tu sais, je sais qu'au fond les efforts je les fais pour Coop, j'espère qu'un jour je pourrai me dire qu'il aurait été fier de moi et tout... Ça compte, ouais, mais en même temps c'est pas très réel. Il ne sera jamais là pour le voir. Par contre toi oui, ma tante, mes potes... Ça c'est vrai, et ça me fait encore plus peur. Je suis désolé d'avoir fait de la merde. Je voudrais vraiment être courageux pour toi.

… Qu’est-ce que je disais ? Ah, oui. Le soleil tout entier.

J’avais l’impression que j’allais me mettre à pleurer d’un instant à l’autre, mais que je n’étais pas triste, au contraire, simplement… Bouleversée par toutes ses émotions qui se libéraient et jaillissaient hors de Chuck. Mon pouce caressa le dos de sa main et je baissai les yeux, un peu intimidée.


- Tu ne devrais pas avoir peur… On est déjà tous si fiers de toi. Tu es déjà courageux. Enfin, moi je te trouve courageux. Je relevai mes yeux vers lui pour lui sourire. J’aimais bien son visage, même si ses traits étaient tirés, il y avait quelque chose de tellement expressif, tellement pétillant en lui. J’avais envie qu’il se remette à rire, et que ses petites fossettes se creusent Mais ça me touche ce que tu me dis. Je trouve ça dur d’accepter des gens dans sa vie quand on est fragile, alors que tu me donnes cette place… Mon regard se baissa à nouveau. Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle chaleur dans le creux de mon ventre.

Le temps continua de s’étirer, j’en oubliais presque nous étions dans la cuisine d’un centre de désintox, qu’on était tous les deux si cassés, si malheureux. J’avais l’impression tout à coup d’être une adolescente qui se cachait dans les cuisines de Poudlard pour raconter tout ses secrets, et ça me faisait du bien d’être à nouveau si jeune. Lorsqu’on finit par se lever, je me sentis plus légère.

On croisa à nouveau Diana, l’infirmière de garde, dans le couloir et avant même que l’un de nous ne le demande, elle proposa de mettre un matelas dans ma chambre pour que Chuck ne soit pas seule cette nuit ; je fus tellement reconnaissante de sa compréhensivité que les larmes me montèrent à nouveau aux yeux. Evidemment, arrivés dans la chambre, il s’en suivit une bataille pour savoir qui dormirait où, j’insistais pour que Chuck prenne mon lit mais il avait l’air tellement buté que j’abandonnais. Ça avait l’air important pour lui, sans que je comprenne totalement pourquoi : épuisé comme il était, il aurait bien mérité un bon lit.

Je m’installai tout près du bord du lit, mon bras hors du matelas, ma main près du sol, cherchant à nouveau celle de Chuck. J’étais tellement habituée à sa présence, elle était devenue si réconfortante pour moi qui pourtant n’avait jamais beaucoup apprécié le contact physique. Mais c’était la magie du centre. Ou peut-être que c’était la nôtre, après tout.

Je tirai sa main vers moi pour lui faire signe de me rejoindre.

Sa main dans la mienne, son visage près du mien, et je pouvais entendre la respiration de Chuck, sentir la chaleur diffuse de son corps sous la couette que j’avais remonté sur nous. J’inspirai. J’étais bien, là.


-Tu sais, en grandissant, j’étais très proche de ma mère. Elle m’aimait aussi beaucoup, elle était attentionnée, pleine d’amour. C’est après le viol que tout a changé. Je m’arrêtai, stupéfaite. C’était la première fois que je disais ce mot à voix haute, que je ne parlais pas de  « l’incident ». Elle est devenue alcoolique… Parfois, elle me serrait très fort dans ses bras, tellement fort que j’étouffais, mais c’était les seules fois où elle m’aimait. Le reste du temps, elle me criait dessus, elle me tenait pour responsable de tout. J’étais petite, je ne me souviens pas de tout, je sais que c’est moi qui gérait tout, la cuisine… Mais je me souviens de sa voix. Elle traitait souvent de monstre. Je l’entends toujours dans un coin de ma tête. Toi, quand Coop te parlait, quand tu étais défoncé, il te disait quoi ?...

J’avais la gorge toute serrée.

- Moi aussi j’ai peur. J’ai tellement déçu les gens qui m’aimaient… Ma mère, Ewan, les Wayland. Je fermais très fort les yeux pour cacher mes larmes. Je n’ai pas envie de te décevoir non plus.
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MessageSujet: Re: I should just walk away #Chuby4   I should just walk away #Chuby4 Icon_minitimeDim 7 Avr - 17:33

- C’est vrai que ça ôte les problèmes pendant un moment, tout ça… Mais ça en rajoute à chaque fois, tu trouves pas ? Mais ça devait être dur la redescente et que Coop disparaisse à nouveau, non ? Tu arrives à le voir, parfois, quand tu es sobre ?

J'avais fait non de la tête une première fois, bien sûr que non je ne voulais pas revoir mes parents, je ne voulais même pas y penser. En fait, j'avais plus important à penser. Je refis non de la tête, plus doucement cette fois. Heureusement que mes forces étaient toutes concentrées sur le fait de manger car j'aurais pu pleurer de nouveau.


- Non, jamais. Peut-être qu'un jour il allait revenir... Quand j'aurais arrêté la drogue, ou une connerie du genre... Mais je n'y croyais pas. Il n'y avait pas de récompense, malheureusement. J'arrive toujours pas à me dire que ça valait pas le coup, tu sais. Pour moi chaque fix vaut le coup, peu importe la suite. Je m'en fous de douiller quand c'est si bien sur le coup. Ça changera... peut-être.

Je haussai les épaules. Manger m'épuisait, mais je me sentais mieux. Parler autant m'épuisait aussi, il fallait que je me repose un peu.

- Je n’ai jamais vu personne quand j’étais ivre. Sobre, j’avais l’impression de croiser Lizlor à tous les coins de rue de Londres… Ewan, aussi, beaucoup. Mais ivre, j’étais toujours seule. Tout le monde disparaissait de ma vie, et surtout, moi de la leur. Je crois que c’est aussi pour ça que je buvais autant.

Ah, tiens... Comme quoi, chaque addict avait sa façon de voir les choses, ou de déformer la réalité. Je la regardai sans rien dire, attiré par le truc au fond d'elle qui m'hypnotisait à chaque fois. Elle buvait pour oublier. Moi je me shootais pour ne pas oublier, en un sens. Mais les deux se valaient. Heureusement qu'elle était près de moi, que je sentais sa main contre la mienne. J'aurais aimé lui dire combien je comprenais ce qu'elle ressentait mais je n'avais ni les mots, ni la façon de le dire. C'était juste particulièrement rassurant de savoir que, même si nos deux histoires différaient, on avait autant de points communs.

- Tu ne devrais pas avoir peur… On est déjà tous si fiers de toi. Tu es déjà courageux. Enfin, moi je te trouve courageux. Mais ça me touche ce que tu me dis. Je trouve ça dur d’accepter des gens dans sa vie quand on est fragile, alors que tu me donnes cette place…

Je ne sais pas trop pourquoi mais je souris, je me mis à rire à peine quelques secondes, comme si je prenais conscience de tout ce qui était en train de se passer. J'avais parlé plus que je ne l'avais jamais fait et un poids s'était enlevé de moi, la bouffe commençait à me peser sur l'estomac, j'étais explosé : cela devait faire depuis longtemps que ça ne m'était pas arrivé mais je me sentais d'humeur inexplicablement joyeuse. Une réaction chimique probablement, ou bien simplement le regard de Ruby qui me donnait tout d'un coup l'impression que le pire était passé, que tout était possible qu'avec elle, j'irais bien.

C'était quand même beaucoup pour une fois, je ne finis pas l'assiette mais en avalai une bonne partie. Après avoir bu en plus un demi litre d'eau, je suivis Ruby. Elle prenait les choses en charge, c'était cool et de toute façon j'en aurais bien été incapable. Je me laissais faire comme un petit chaton qu'on trimballe dans un couffin. Je me sentais mieux, mais dans un flou hyper chelou, comme si tout autour de moi avait été enrobé de coton. Je n'arrêtai pas de bailler, et quand Diana nous fila un matelas, que je forçai Ruby à dormir dans son propre lit (non mais, elle dormait hyper mal, c'était complètement crétin, je n'allais pas en plus du tout lui piquer), que je me fus changé, je me laissai tomber comme une merde sur l'oreiller et sentis que le sommeil allait mettre deux secondes et demi à arriver.

Sauf que... Je n'avais pas envisagé que la présence de Ruby pouvait me maintenir un peu éveillé, surtout quand nos deux mains se tenaient étroitement. J'entendais son souffle dans le noir et je me voyais me lever, la soulever, la prendre dans mes bras, la serrer, l'embrasser. Tout d'un coup ça devenait une idée fixe, et les choses qui jaillissaient de moi et me picotaient n'avaient plus rien à voir avec la drogue, avec Coop, avec mes conneries, c'était juste que j'étais Chuck, moi, un mec qui dormait à côté d'une fille qui lui plaisait sacrément et qui aurait bien aimé pouvoir lui montrer. Je poussai un soupir et m'écrasai la tête dans l'oreiller, tandis qu'au même moment, je compris à la pression sur ma main que Ruby me demandait de venir... Dormir avec elle. Je me levai, dans le gaz, me glissai sous la couette, le plus loin possible d'elle, mais tout près tout de même. Je devinais son visage dans la noir et je sentais son souffle sur mes lèvres. Super. Mon coeur battait si fort que je me demandais si je n'allais pas recracher mon steak et ma purée.

Mais la pauvre Ruby... Je ne voulais pas qu'elle comprenne. Déjà qu'elle avait été malmenée par les mecs en général et qu'elle avait, en toute logique, un rapport chelou avec eux, déjà que je me souvenais vaguement de tout à l'heure et... Je m'en voulais trop. Ce n'était pas possible, notre relation ce n'était pas ça, en tout cas pas tout de suite. C'était impossible pour elle, et je pouvais attendre. Je lui souris. Je voulais attendre, pour elle.


- Tu sais, en grandissant, j’étais très proche de ma mère. Elle m’aimait aussi beaucoup, elle était attentionnée, pleine d’amour. C’est après le viol que tout a changé. Elle est devenue alcoolique… Parfois, elle me serrait très fort dans ses bras, tellement fort que j’étouffais, mais c’était les seules fois où elle m’aimait. Le reste du temps, elle me criait dessus, elle me tenait pour responsable de tout. J’étais petite, je ne me souviens pas de tout, je sais que c’est moi qui gérait tout, la cuisine… Mais je me souviens de sa voix. Elle traitait souvent de monstre. Je l’entends toujours dans un coin de ma tête. Toi, quand Coop te parlait, quand tu étais défoncé, il te disait quoi ?...

Les mots avaient plus de portée dans le silence de la nuit, et "viol" résonna douloureusement, me faisant frissonner. Je serrai plus sa main. Je ne voulais pas qu'elle croit encore à tout ça, aux erreurs des adultes.

- Pourtant rien n'est de ta faute hein, tu le sais ? C'est pas parce qu'elle a pas été capable de t'aimer ou qu'elle te faisait payer ses merdes que c'est de ta faute. Tu aurais aimé pouvoir la revoir... Lui pardonner ? Je soupirai. Combien de fois l'histoire allait-elle se répéter ? Oui, il me parlait, comme si rien n'était arrivé... ça dépend, parfois on parlait de tout et de rien, de Poudlard, des Tennant, de base-ball, de Quidditch, parfois il était triste et me parlait de ses problèmes, parfois il me posait des questions sur moi. Mais du coup je mentais. C'était une projection hyper réaliste, alors je lui parlais comme si ma vie était celle d'avant.

- Moi aussi j’ai peur. J’ai tellement déçu les gens qui m’aimaient… Ma mère, Ewan, les Wayland.Je n’ai pas envie de te décevoir non plus.

- T'es dingue, c'est moi qui ai fait de la merde là, c'est moi qui déçois, pas toi. Toi t'es hyper forte ! Et même si tu ratais ou faiblissais, je vois pas en quoi je serais déçu. Je comprends. L'avantage c'est qu'on se comprend. On n'a rien à se prouver et donc rien pour se décevoir. D'acc ? Et les Wayland t'aiment, ne l'oublie pas. J'en ai fait baver à Angie mais je sais qu'elle m'aime, au fond. Je me soulevai un peu pour embrasser son front. J'étais épuisé, je sentais que j'allais m'endormir dans peu de temps. Merci d'être là. Et merci pour ce soir. Je ne regrette pas d'être revenu pour toi. Et je suis désolé pour... Tout à l'heure et tout ça. Je ne me souviens pas de tout mais j'espère que j'ai rien dit ou fait de trop horrible. Désolé.

Je fermai les yeux, incapable de tenir plus longtemps. J'avais besoin de dormir et de me réveiller un autre jour, de mesurer tout ce qui venait de se passer et d'essayer d'avancer. Je sentis mon front effleurer celui de Ruby et m'endormis aussitôt.



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