La légende des Quatre Héritiers

A ma meilleure amie. =)

La légende des Quatre Héritiers 974114lgende

La légende raconte que c'est par une nuit de pleine lune, un soir de décembre, que la jeune fille s'était retrouvée seule dans la forêt. La neige recouvrait la cime des arbres qui s'élevaient vers les étoiles. L'herbe était enfouie sous la neige. Cet endroit, quelque part en Écosse, n'avait jamais connu un Noël aussi glacial...

***

Megane ne devait retrouver son cavalier que dans une heure, mais pourtant, elle était déjà prête. Pensive, elle se regarda une seconde dans le grand miroir qui lui renvoyait son image, des pieds à la tête. Elle aimait tout particulièrement sa robe, d'un bleu pâle, qui découpait sa silhouette aux formes arrondies et qui lui tombait sur les chevilles comme la traîne d'une princesse. Elle attrapa une mèche de ses longs cheveux blonds et la tritura, les yeux dans le vague. Ce soir était le grand soir : le bal de Noël, que tous les élèves attendaient avec impatience. Une joie communicative régnait dans le château, mais pourtant, Megane restait un peu en retrait, drapée dans son habituel voile de mélancolie. Comme toujours elle souriait, doucement, mais son sourire ne suffisait pas à cacher la tristesse au fond de ses grands yeux en amande.

Noël rimait avec famille, et Megane ne pouvait s'empêcher de penser à la sienne, à tous ceux qui n'étaient plus là. Ses parents, Loïc,... Ils lui manquaient cruellement. Elle aurait aimé que Lyra la serre dans ses bras comme quand elles étaient petites. Megane aurait fermé les yeux, et cachée derrière ses paupières, elle aurait fait revivre les défunts, s'inventant un monde dans lequel ils étaient tous ensemble.

Mais il n'étaient pas là et ne le seraient jamais plus. Megane eut un geste d'énervement dans le vide. Elle tourna le dos à son reflet, rageusement; ses sourcils étaient froncés et son visage déformé par la colère, cette colère qui la faisait vivre, qui faisait couler dans ses veines ce venin brûlant, comme du salpêtre, et qui faisait battre son cœur. La jeune fille avait un goût âpre dans la bouche – celui du chagrin mêlé à la soif de vengeance.

En vitesse, elle attrapa un petit sac de perles nacrées qui lui venait de sa mère et y rangea sa baguette magique. Sans plus attendre, elle quitta ensuite le dortoir des Poufsouffle et sortit dans les cachots. Le froid humide mordit la peau nue de ses épaules et de ses bras. Elle frissonna, et accéléra le pas. Elle avait une soudaine envie d'être seule, loin de l'agitation de Poudlard, loin de cet atmosphère de fête qui ne collait pas avec son état d'esprit. Lorsqu'elle arriva à la grande porte qui donnait sur le parc, elle était hors d'haleine et transie de froid. Elle s'arrêta net et ferma les yeux, les mains à plat sur le bois épais, le front collé à la porte. Malgré l'épaisseur du battant, elle sentait l'air froid du dehors, comme s'il s'insinuait dans les veines du bois et s'insufflait dans les siennes. Elle céda à cet envoûtement qui était plus fort qu'elle. La forêt l'appelait. Malgré la neige, malgré le vent glacé, Megane ne voulait qu'une chose : sortir. Elle retint sa respiration. Que dirait Wayne, son cavalier? Si elle arrivait en retard, si elle n'arrivait pas du tout, même? Elle ne voulait pas lui faire de peine... Mais cette envie irrésistible qui avait éclos en elle comme un lierre vivace ne lui laissa pas le choix. De toutes ses forces, elle tira la lourde porte et s'enfuit dans la nuit.

Si dans les cachots l'air froid l'avait saisie, au-dehors, c'était bien pire. Le vent d'hiver attaqua sa peau à coups de lames acérées. Elle dut retenir un cri tant elle avait mal, mais ne ralentit pas pour autant. Les bras croisés sous sa poitrine, elle courut dans la neige, traversant tout le parc pour arriver à l'orée de la Forêt Interdite. Ses pieds chaussés d'escarpins faisaient un bruit étouffé dans l'herbe gelée. La buée qui s'échappait de sa bouche l'aveuglait presque. Ce n'est que lorsqu'elle se fut un peu enfoncée dans la forêt qu'elle ralentit et s'adossa à un vieux chêne. L'écorce lui piquait la peau mais elle ne changea pas de position. Elle voyait nettement la silhouette du château se découper dans la nuit, à travers les ombres fantomatiques des arbres endormis. Le bois résonnait de toutes sortes de bruits nocturnes, mais elle n'avait pas peur. Megane prit tout d'un coup conscience qu'elle était seule, dans l'immensité de la nuit, seule, avec son désespoir, seule, avec son cœur meurtri qui, s'il s'était brisé, battait encore, hélas... Toute énergie l'avait quittée. Lasse, elle se laissa tomber, recroquevillée contre le tronc du chêne centenaire, pelotonnée entre ses racines. Elle entoura ses genoux repliés de ses bras grelottants et posa son menton sur ses genoux. Ses dents claquaient mais elle essaya de fredonner le début d'une de ses chansons préférées, celle qui lui rappelait chez elle, Lyra, les bons goûters d'automne, et tous ces souvenirs vaporeux dans lesquels on aime se pelotonner.

Les notes n'eurent pas le temps de franchir ses lèvres. Le sol se déroba sous elle et elle bascula, la tête la première, dans un trou étroit qui s'enfonçait loin, loin, dans la terre de la sombre forêt. Megane poussa un long cri strident tandis qu'elle se sentit chuter; elle ne voyait strictement rien autour d'elle, emprisonnée dans la pénombre. Pendant un temps qui lui parut des siècles elle tomba, tomba,...

Et puis, comme par magie, elle bascula à nouveau, ses pieds passèrent devant elle et sa robe se gonfla légèrement alors que son corps était subitement freiné. A peine quelques secondes plus tard ses chaussures heurtèrent le sol avec un bruit mat. Le choc fut léger mais sous le coup de la surprise, la jeune fille tomba à quatre pattes, déchirant le bas de sa robe et s'écorchant les mains sur le sol de pierres inégales. Dans le silence absolu qui régnait, elle toussa plusieurs fois, gênée par la poussière qu'elle avait remuée. Légèrement tremblante elle se releva et regarda au dessus d'elle : comme une lointaine petite lucarne, elle pouvait apercevoir un morceau de ciel étoilé, très haut, tout là-bas. Où donc avait-elle atterri, et qui avait pu enchanter cet endroit pour qu'on y tombe sans se faire mal? Réalisant soudain qu'elle avait sa baguette, Megane la sortit tant bien que mal du sac en perles, les doigts engourdis de froid et souillés de sang et de poussière.

« Lumos », murmura-t-elle, et sa voix se répéta doucement autour d'elle, comme un chuintement continu.

Elle se trouvait à l'extrémité d'une grotte. Un long couloir s'ouvrait devant elle, creusé dans la roche friable. Les parois étaient sèches par endroits – elle passa sa main sur la paroi la plus proche – tandis qu'à d'autres, de l'eau suintait le long des murs, transformant la roche en de l'argile plus ou moins solide. Megane tendit le bras, hésitante. Elle était piégée, il lui était impossible de remonter l'étroit boyau qui s'élevait vers le ciel. Elle devait s'engouffrer dans le couloir, il n'y avait pas d'autre alternative. A vingt mètres tout au plus, le couloir faisait un coude vers la droite. Megane frissonna, de froid, de crainte, d'insécurité; et puis elle pensa à Lyra, à ses grands-parents, au bal au-dessus de sa tête, à Wayne... Ses doigts se serrèrent un peu plus autour de sa baguette et le courage lui revint. Elle fit un pas en avant, en se courbant pour pénétrer dans le tunnel peu haut. Des lettres apparurent alors devant elle, dans le vide : une main invisible traçait en lettres d'or, d'une écriture pointue, sèche, mais soignée, des mots que Megane lut en remuant les lèvres :

Que ton esprit soit rusé
Que ton cœur soit sans peur
Que ton âme soit juste
Que tes pensées soient savantes
Te voilà engagé
Sur le Chemin des Héritiers

« … Le Chemin des Héritiers? », répéta Megane à voix basse, perplexe. Elle connaissait les Fondateurs, mais n'avait jamais entendu ce terme d' « héritier ». Les lettres disparurent doucement, leur éclat lumineux s'éteignit en vacillant, comme la flamme d'une bougie. Megane ne s'attarda pas plus, l'esprit un peu embrouillé. Elle avait beau chercher dans ce qu'elle connaissait des légendes de Poudlard, aucune ne mentionnait un quelconque héritier. S'il était évident que les maisons étaient concernées dans le texte qui lui était apparu, elle ne voyait pas du tout de quoi il était question. « Que ton âme soit juste », se répéta-t-elle pour se donner du courage. Pliée en avant, elle progressait avec peine. Le sol était boueux et glissant, les parois friables lui déchiraient sa robe et la peau de ses épaules quand elle s'y heurtait. Elle tenait sa baguette d'une main devant elle, l'autre s'appuyait à tâtons sur la paroi. Sa paume écorchée la piquait, mais elle n'y faisait pas attention. Pendant longtemps elle marcha, tournant à plusieurs reprises, mais dans un couloir unique, sans embranchements. Finalement, alors qu'elle venait de déboucher sur une ligne droite, elle aperçut une lueur au bout et un son étouffé, comme des bruits de voix, lui parvint aux oreilles. Pourtant raidie par le froid et un peu ankylosée, elle força l'allure, en prenant garde toutefois à ne pas faire de bruit. Hélas... Son cœur se contracta violemment quand elle comprit : c'était un cul-de-sac. Le couloir s'arrêtait net. Il y avait juste un petit trou, à peine plus petit que son visage, découpé dans la pierre; de là provenait un rai de lumière et des voix, bien plus nettes.

« Nox », dit-elle tout bas, avant de s'accroupir pour regarder dans le trou.

Quatre personnes discutaient avec véhémence, les unes assises, les autres debout, autour d'une grande table ronde. La pièce où ils se trouvaient, ronde aussi, avait un plafond voûté et des murs en arcade, comme la nef d'une cathédrale. Des étagères chargées de livres, d'objets hétéroclites et de fioles recouvraient environ la moitié des murs, faits de pierres richement travaillées. Une impression de solennité s'élevait de ce lieu magique. Megane n'eut aucun mal à reconnaître les deux hommes et les deux femmes, engagées dans un débat plutôt virulent. Elle sursauta presque quand une voix douce s'éleva, et ses yeux s'agrandirent dans la pénombre, pour mieux scruter le visage de la femme qui était assise en face d'elle.

« Mais pourquoi, Salazar? Avoir trié les élèves selon leurs capacités ne te suffit donc pas? » questionna Helga Poufsouffle. Sa voix était agréable à entendre et bien qu'elle eut parlé très calmement, on voyait nettement de la détermination sur son visage.

« Tous mes élèves seront dignes des valeurs de ma maison », grogna Godric Gryffondor, visiblement en colère. Il était clair que Gryffondor était farouchement opposé à l'idée – dont Megane ne savait trop rien – de Serpentard, et que Poufsouffle soutenait Gryffondor, avec plus de diplomatie cependant. Rowena Serdaigle, debout, appuyée sur le dossier d'une chaise, observait Salazar Serpentard qui faisait les cent pas.

« Et cet héritier, qu'aura-t-il donc de particulier, une fois qu'il aura découvert son titre? » demanda-t-elle, pensive.

« Il aura la gloire, l'honneur, et il héritera d'un objet fondateur très puissant. Il sera notre descendant spirituel... » Rowena parut soudain intéressée mais Godric tapa du plat de la main sur la table.

« La gloire ne nous intéresse pas, Salazar! Nous ne sommes pas tous comme toi! Notre égo n'est pas surdimensionné! »

Le « Chemin des Héritiers » prenait alors tout son sens, pensa Megane. Mais elle ne s'accorda pas une plus longue réflexion, captivée par ce qu'elle voyait et entendait. Les silhouette des quatre Fondateurs étaient mi-humaines mi-irréelles, pas vraiment fantomatiques, mais pas non plus de chair et de sang. Megane songea que tout cela ressemblait à un souvenir... Son regard revenait souvent à Helga Poufsouffle. Le femme avait l'air douce et bonne, mais énergique et volontaire également. Elle ne cessait de jeter des coups d'œil à Salazar et Godric, et une pointe de tristesse semblait gagner son regard.

« Eh bien, votons », interrompit-elle alors que Salazar s'énervait. « Qui est pour créer l'enchantement des Quatre Héritiers? »

Salazar leva la main. Godric croisa les bras. Rowena, droite et noble, parut hésiter, mais ne bougea pas.

« Qui est contre? » reprit Helga après un temps. Trois mains se levèrent.

« Trois voix contre une », conclut Rowena Serdaigle. Salazar ne broncha pas mais la colère se lisait sur son visage. Helga, sereine, observa Godric, dont le sourire ravi narguait son opposant.

Mais tout d'un coup leurs traits s'estompèrent et Megane étouffa un cri de surprise; la scène devant ses veux avait disparu, complètement, et seule une boule de lumière ténue brillait dans les airs au-dessus de la table ronde. Quelques secondes passèrent, pendant lesquelles Megane tendit l'oreille : un bruit de fond s'amplifiait, s'amplifiait... La boule de lumière disparut tandis que la salle ronde s'animait à nouveau. Cette fois, une seule silhouette s'y trouvait. Salazar Serpentard s'affairait autour de la table, il paraissait en grand état de fureur, donnait sans cesse des coups de baguette dans les airs et des objets volaient depuis les étagères pour se poser dans un grand sac noir.

« Il quitte Poudlard! » comprit brusquement Megane. Elle connaissait l'histoire de l'école sur le bout des doigts. Il y avait eu trop de tensions entre Gryffondor et Serpentard, et un jour, le couvercle de la marmite avait sauté, et Serpentard était parti.

Salazar paraissait s'être calmé, et avait déposé des objets côte à côte sur la table. Megane plissa les yeux et reconnut le Diadème de Serdaigle – le fameux qu'on disait perdu –, une belle épée sertie de rubis, une petite coupe en or joliment ciselée et un lourd médaillon d'un métal foncé. Penché au dessus, Salazar avait levé sa baguette et marmonnait tout bas. Aux mouvements que faisait son poignet et à son air concentré, Megane devina qu'il effectuait des sortilèges complexes. Les uns après les autres, les objets sur la table furent entourés d'une aura de lumière, et puis, tout disparu.

« Il crée l'enchantement des Quatre Héritiers », pensa Megane. Serpentard faisait un dernier pied de nez aux trois autres Fondateurs avant de tirer sa révérence...

Puis encore une fois, la scène sous ses yeux s'évapora et la grande salle circulaire redevint vide et sombre. Megane retint son souffle. Elle avait compris qu'ici tout état magique, aussi elle ne s'inquiétait pas d'être coincée dans un couloir – pour l'instant. Alors qu'elle se redressait et décollait son visage de la pierre, la paroi devant elle explosa silencieusement en une multitude de petits cristaux brillants qui se transformèrent en grains de poussière. Megane put se mettre de debout et entra, timidement, dans la salle des Fondateurs.

L'air était restreint et sentait la terre, le renfermé. Elle voulut allumer sa baguette mais sitôt qu'elle eut mis un pied sur le sol de marbre, la boule lumineuse réapparut au-dessus de la table ronde, éclairant le tout d'une lueur pâle. Megane n'osait pas trop s'en approcher. Elle fit le tour de la pièce. En observant le haut des murs et le plafond finement taillé, elle se demanda soudain si elle n'était pas sous le château, ce qui paraissait logique pour un endroit où se réunissaient les quatre créateurs. Mais il ne se passait plus rien, et aucune porte ne menait vers un autre couloir. Elle s'arrêta et regarda la boule de lumière en pensant « Et maintenant? ». Aussitôt, une voix emplit la salle, douce et grave. Megane reconnut celle d'Helga Poufsouffle.

« Puisqu'il nous faut faire un tri, alors j'accueillerais dans ma maison ceux qui restent, ceux dont la loyauté et l'esprit de justice vous ont échappé, ceux pour qui la fidélité est un fil d'Ariane, ceux qui pourront briller dans leurs études par leur volonté et leur acharnement au travail et non pas par leurs aptitudes innées; ceux qui, finalement, sont les plus méritants. »

Le cœur de Megane battit un peu plus vite. Si les scènes auxquelles elle avait assisté lui avaient parues étrangères, lointaines, elle sentait que cette voix-là s'adressait à elle, rien qu'à elle. Helga lui parlait. Son corps transi fut soudain réchauffé, et elle oublia ses petites blessures qui la picotaient. Elle s'approcha de la table ronde, rassurée : si la voix d'Helga provenait du petit soleil blanc, il n'était donc pas dangereux. Dans le bois épais de la table était gravé le blason de Poudlard, ainsi que sa devise, Drago Dormiens Nunquam Titillandus. Les quatre animaux qui représentaient les maisons avaient tous un air fier et noble. Cet endroit avait quelque chose de grandiose.

Megane cligna des yeux : alors que la voix s'était tue, la petite coupe en or ciselé était apparue au centre de la table, ainsi qu'une bague, en or également. Méfiante, la jeune fille fit le tour de la table, pour mieux les observer. La coupe avait un couvercle et deux petites anses, finement gravées. Un blaireau était représenté, entremêlé avec un grand « P ». La bague, elle, était de taille moyenne, de la forme d'une chevalière. Elle étincelait, son or était brillant. Deux lettres, « H.P. », étaient incrustées de diamants noirs aux reflets bronze. Megane ne savait pas quoi faire : la magie qui régnait dans la salle la poussait à s'emparer des objets, mais elle craignait de déclencher un autre enchantement... Enfin, elle pouvait les saisir pour mieux les observer sans se les approprier pour autant... « Oui, c'est ce que je vais faire », songea-t-elle, décidée. Elle attrapa avec une délicatesse pleine de recueillement la petite coupe entre ses deux mains. Celle-ci était tiède. Curieuse, Megane sentit que la coupe contenait quelque chose; elle souleva le couvercle et tira de l'intérieur un objet bien plus grand que la coupe elle-même, et le posa sur la table, interdite. C'était une balance, tout en or, légère et simple, dont les plateaux ne contenaient rien. Ils oscillèrent quelques instants avant de se figer à l'équilibre. Megane n'arrivait pas à détacher ses yeux agrandis de stupeur de la balance...

« La Balance de la Justice », dit une voix venant de derrière elle. Helga confirmait ce que Megane soupçonnait : elle avait devant les yeux la Balance de la justice suprême, celle dont les légendes glorifiaient la partialité et le jugement juste, infaillible, sans égal.

Megane se tourna vers Helga, silhouette argentée qui lui souriait d'un air maternel.

« Que fait-elle dans votre coupe? » lui demanda-t-elle.

La voix d'Helga, chaude, résonna une nouvelle fois dans la pièce:

« Seul mon héritier peut faire surgir la balance de la coupe. Il fait également apparaître la bague », fit-elle en désignant la table. Elle semblait ravie.

« Je ne comprends pas... Vous aviez l'air réticente à cette idée d'héritier? Serp... Salazar Serpentard a créé l'enchantement malgré votre vote? »

Helga eut un petit rire amusé, puis un léger geste de la main.

« Oh, Salazar n'en a toujours fait qu'à sa tête. Alors oui, il a créé l'enchantement des Quatre Héritiers. Mais la magie que Rowena, Godric et moi avons insufflée dans Poudlard a contrecarré ses plans. Nous avons mis beaucoup de nous-même dans cette école et... elle nous le rend bien. » Son sourire s'illumina. Megane songea qu'elle avait rarement senti autant de bonté émaner d'une personne – enfin, d'un souvenir.

« L'enchantement de Salazar », reprit Helga, « s'est donc ramifié en quatre enchantements distincts. Chaque maison a une version différente de la notion d'héritier. Comme tu te doutes, l'héritier de Serpentard, en devenant maître du médaillon, récolte le pouvoir absolu et l'allégeance de ses disciples. Mais il peut se faire voler le titre à tout moment, son successeur doit lui prendre par la force et l'anéantir. C'est la loi du plus fort... Pour Gryffondor, en revanche, il n'y a pas un héritier unique. Chaque Gryffondor qui est digne de tirer l'épée de Godric du Choixpeau devient un héritier. Rowena aussi préférait le partage entre tous. Il y a un seul héritier pour Serdaigle, mais il dispense l'omniscience et le savoir absolu que lui procure le Diadème à tous ses disciples. Il devient le vieux sage de la tribu. »

Elle marqua une pause.

« C'est aussi un peu comme cela pour Poufsouffle. L'héritier se distingue seulement car il possède la coupe, la balance et la bague. Mais l'usage qu'il en a concerne tous ses semblables. La balance l'aide à être plus juste, pour lui comme pour les autres. Il doit sans cesse s'acharner à ce que tous les autres soient égaux entre eux. Être l'héritier de Poufsouffle demande du travail... » Elle sourit. « Il faut en être sans cesse méritant. »

Helga regarda Megane avec beaucoup de tendresse et de fierté à la fois. La jeune fille se sentit gênée, partagée entre la peur de comprendre où tout cela menait, et une excitation sourde qui naissait dans son ventre.

« Que... Pourquoi... » Mais ses pensées fourmillaient et elle ne savait pas par où commencer. Pourquoi elle, tout simplement?

« Tu es la première à avoir trouvé le Chemin des Héritiers. »

« Je n'ai rien cherché », s'excusa Megane d'une petite voix.

« Le chemin t'a trouvée, mais cela revient au même, n'est-ce pas? » dit joyeusement Helga en guise de réponse. « Cela fait de toi la première héritière, car nul encore n'avait pénétré dans cette salle. Je suis fière que tu appartiennes à ma maison », ajouta-t-elle après un court instant.

Megane la regardait sans mot dire. Elle, héritière? Elle, descendante spirituelle de Poufsouffle?... Elle était bouleversée. Helga attrapa délicatement la balance et la fit disparaître dans la petite coupe, avant d'attraper les mains de Megane et de lui faire rabattre le couvercle. Le contact avec cet être scintillant était frais. Megane eut l'impression d'avoir plongé les mains dans l'eau claire.

« Il est temps que tu retournes là-haut », fit Helga d'une voix douce.

Megane acquiesça, la gorge serrée. Alors, tout allait s'arrêter? Helga allait disparaître? Megane n'avait pas envie que le rêve se termine. Elle jeta un coup d'œil à la bague sur la table.

« Prends-là, elle t'appartient maintenant, tout comme la coupe », l'encouragea Helga. « Tu es ma digne héritière, Megane. Ta mère serait fière de toi... »

Au fur et à mesure qu'elle prononçait ces mots, Helga Poufsouffle devint de moins en moins lumineuse, de plus en plus transparente.

« Attendez! » cria Megane, mais elle était à nouveau seule dans la salle des Quatre. Elle avait les larmes aux yeux, mais un immense sourire irradiait son visage. Plus que jamais, elle était heureuse d'appartenir à la si noble maison d'Helga Poufsouffle. Elle aurait simplement... aimé que celle-ci lui parle un peu plus de sa mère, qui elle aussi, un jour, avait porté le blason des Jaune et Noir.

Elle attrapa la bague et la passa à son doigt. La magie qu'elle contenait la rendit plus petite, plus fine, parfaitement ajustée. Elle aussi était tiède, comme la coupe un peu plus tôt. Tout d'un coup Megane sut comment sortir, elle monta sur une chaise puis sur la table et tendit le bras vers la boule de lumière. Lorsque ses doigts l'effleurèrent, elle se sentit happée dans le néant, compressée, et tout disparu.

La neige tombait à gros flocons, à présent, sur le paysage déjà blanc. Megane contempla le château aux fenêtres lumineuses, majestueux sous les étoiles. Un sentiment de plénitude emplissait son cœur. Elle était sereine. Fière aussi, un peu. Délicatement, elle rangea la coupe dorée dans son sac de perles. La bague à son doigt brillait doucement sous la clarté du ciel de cette nuit d'hiver. C'est alors qu'elle se rendit compte que sa robe n'était plus salie ni abîmée, que ses cheveux étaient parfaitement coiffés, et sa peau vierge de toute blessure. D'une main elle releva le tissu qui lui tombait sur les chevilles. Wayne l'attendait, là-bas, au bal. Elle sourit. Elle se tourna vers la grande porte du château, qui se dressait de l'autre côté du parc, et marcha droit vers son destin, vers cette nuit de fête qui n'attendait qu'elle pour commencer.

***

… La Balance de la Justice aida la jeune fille tout au long de sa vie à faire les bons choix et à secourir les autres. Elle vécut avec une volonté infaillible, une partialité et un désir d'égalité envers les autres, ainsi qu'une grande loyauté jusqu'à la fin de ses jours. Ainsi se termine le récit de la légende des Quatre Héritiers.

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(Précision : J'ai volontairement utilisé les objets des Horcruxes pour les reliques des Héritiers, non pas par plagia, mais parce que je me suis dit que si cette légende avait existé dans le monde de JK, la symbolique de la coupe, du médaillon et du diadème aurait été d'autant plus forte pour Voldemort. La légende des Quatre Héritiers 36166

)

Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. =') =')

*s'en va pleurer dans son coin*

Nombre de messages : 2628 Date d'inscription : 29/06/2008

C'est génial !!!

Félicitation Heather ! ton histoire est vraiment trop bien écrite La légende des Quatre Héritiers 47351

Nombre de messages : 2080 Date d'inscription : 07/06/2009

Non seulement, tu as un talent d'écriture de ouf, mais ton histoire est tellement géniale La légende des Quatre Héritiers 386655

J'aime comment tu fais agir Megane aussi naturellement (et parfaitement) ce qui est difficile quand ce n'est pas son propore perso et je trouve la symbolique merveilleuse et l'idée complexe La légende des Quatre Héritiers 36166

J'adore tout simplement ;) Bravo mon amour d'Irish qui est une déesse de la plume <3 Et en plus t'as un talent de graphiste, le nouveau kit de Megane est splendide xD

Nombre de messages : 1901 Date d'inscription : 25/07/2009

Alors là...Je n'ai pas de mots, c'est juste excellent, et c'est peu dire. L'idée en elle-même est fabuleuse, tu fais intervenir non seulement Poufsouffle mais les quatre fondateurs et ça colle parfaitement avec ce que l'on sait de l'univers de HP. Félicitations, parce que franchement c'est excellent!

Merci vous êtes adorables! *_*
Je suis contente que mon histoire plaise, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, j'ai adoré faire revivre les Fondateurs parce que c'est une chose qu'on fait rarement finalement en RP. Et puis ça m'a fait réfléchir sur Poufsouffle; et enfin, je dois dire que Megane est une inépuisable source d'inspiration *_*

Haaaan, j'ai lu cet aprèm chou et franchement, c'est troooop bien !

On ne s'ennuie pas une seule seconde et en plus on ne peut pas s'arrêter de lire *_*. Vraiment, j'adore !

En plus avec Meg comme actrice principale ca ne pouvait être que bien <3

Wouaou mais merci quoi vos commentaire me font trop plaisir La légende des Quatre Héritiers 386655

Si en plus ça rend fier d'être à Poufsouffle alors j'ai réussi le challenge! =P
La légende des Quatre Héritiers 938394

C'est vraiment super bien écrit, on dirait un vrai bouquin de contes! bref: NIIIIIICE!

Great ! Je l'adore , j'aimerais avoir le talent que tu as !
Waouh .

» La Coupe des Quatre Maisons