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Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]

 
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 Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]

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Stephen Fray


Stephen Fray
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MessageSujet: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeSam 25 Juin - 2:02

Nous commençons à bien nous connaître vous et moi, et je crois que vous savez désormais combien ma vie est passionnante. Mais enfin, je vous avouerai que c'est fatiguant. On ne peut pas toujours être près à se faire courir après par des profs, des Mangemorts, ou pire encore : des filles folles de rage prêtes à vous écorcher vifs pour vous apprendre… eh bien, ça dépend des fois, mais toujours est-il que c'est très effrayant. Sans compter qu'il y a des tas d'autres choses dont un élève ordinaire est censé s'inquiéter : par exemple, les devoirs à tout hasard. Les Mangemorts débarquent à Poudlard ; on pourrait penser que les profs nous accorderaient un break ? Eh bien, PAS DU TOUT ! Et les BUSEs par ci, et les BUSEs par là, comme s'ils étaient sûrs qu'on seraient tous encore vivants l'année prochaine pour les passer ! Non mais vraiment. Ces derniers temps, Woodley, qui comme tous les autres n'avait plus le droit de nous enseigner quoique ce soit susceptible de nous aider dans notre supposée rébellion, s'était résolue à nous enseigner l'art très subtile de faire apparaître des oiseaux. Oui, Hazel Woodley, des oiseaux. Et vous savez qu'est-ce que j'étais supposé rendre lundi dernier délai, sous peine de coûter vingt points en moins à Serdaigle en cas de retard ? Deux rouleaux de parchemin traitant de la question hautement existentielle : pourquoi certains font apparaître des corbeaux et d'autres des pies.

Juste deux mots : AU – SECOURS.

Et donc comme vous vous en doutez, j'étais consterné, et envisageai même sérieusement la possibilité de quitter l'école sans attendre de les avoir passer, ces fameux BUSEs. Sauf que, dommage ! Ce n'était pas possible, parce que les amis de Lord Voldemort ne laissaient personne sortir ! J'étais ainsi condamné à disserter sur la valeur symbolique du rossignol par rapport à la colombe. Je pourrais peut-être axer mon plan sur l'argument que tout cela était ridicule, parce que la plupart des oiseaux avaient un cerveau de la taille d'un noyau de cerise, que pour s'élever dans les airs ils étaient obligés de déféquer en plein vol afin d'alléger leur masse corporelle, et que par conséquent ils ne pouvaient en aucun cas être représentatifs du psyché humain ?

Hum, probablement pas. Le symbole de ma Maison était un aigle, après tout.

Mais, même à Serdaigle, il y a ces rares petits moments où tout le monde fait une pause. Où on oublie tous les drôles d'oiseaux du monde, et les chats aussi – surtout les chats, là on oublie carrément. Mais vous savez, ce qu'il y a de plus irritant ? C'est d'être incapable de s'arrêter et de se détendre. C'était mon gros problème. Mon cerveau était constamment en activité, et laissez-moi vous dire qu'il pesait un peu plus lourd qu'un noyau de cerise.

Seulement, comme me l'avait fait remarquer une bonne amie à moi, il fallait que j'apprenne à m'arrêter. Me… détendre. Me désactiver, pour être exact. J'avais des tendances à l'hyper activité. Au sens propre. Alors voilà, j'étais près, là maintenant tout de suite, pour l'opération détente.

Un bon livre.
Un groupe d'amis pas loin pour discuter.
Un fauteuil confortable.
Rien que de bonnes, vieilles choses pour se relaxer. Simples. Efficaces.
… Bon sang.

Le livre en question m'attirait à peu près autant qu'une carotte crue. (J'ai une sainte horreur des carottes, spécialement les carottes crues. Cuites, ça va encore. Crues… Je n'ai pas confiance. Quelque chose d'aussi orange ne peut pas être innocent.)

Pour résumer, j'avais le choix, entre : a) peser des noyaux ; b) lire des carottes ; c) me lever, me déshabiller, écrire sur mon torse "VOLDEMORT EST NECROPHILE" et aller frapper à la porte de Sacha Winch après le couvre-feu. Ce qui n'était pas ma dernière option pour l'instant.

J'allais me résoudre au suicide quand une voix me tira de la léthargie dans laquelle je commençai lentement à m'enfoncer – à moins que ce soit mon fauteuil, décidément très moelleux. Une entité vivante ! Ô Joie ! Je relevai la tête en comprenant qu'on s'adressait à moi, cherchant avec désespoir mon sauveur. Ma sauveuse, en l'occurrence.

– Haley ! m'exclamai-je en reconnaissant mon interlocutrice. Merveilleuse, lumineuse Haley ! Tu viens juste d'ensoleiller ma soirée.

Je me levai avec enthousiasme et l'étreignit vivement pour faire bonne mesure.

– Bien, ajoutai-je en m'écartant, qu'il fasse nuit.

Haley Collins ! Une perle, cette fille. Pas chiante, plutôt timide et silencieuse, mais jamais au point de vous effrayer par des silences menaçants. Et surtout, sa voix était grave et douce, pas perçante et autoritaire. Avec Haley, on avait la paix.

– Dis-moi Haley Collins, repris-je en me ré-installant dans mon siège, est-ce que tu sais faire apparaître des oiseaux par magie ?


Dernière édition par Stephen Fray le Jeu 13 Oct - 16:38, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeLun 27 Juin - 1:31

La bibliothèque ? Non, trop attendu, trop cliché. La volière ? Trop de hiboux. Non pas que j'avais en aversion ces charmants oiseaux, mais il y a des jours avec hiboux et des jours sans hiboux. Aujourd'hui était un jour sans et je n'avais donc pas envie de me retrouver au milieu d'un nuage de volatiles piaillant, même si j'avais quelque affection pour eux. L'extérieur ? En ces temps obscurs, cela me paraissait être une très...que dis-je, TRES mauvaise idée. Il fallait être complètement déraisonné, fou, suicidaire, pour oser mettre un pieds dehors alors que l'on n'avait aucune raison d'y être. Étrangement, j'avais vécu tous les évènements qui s'étaient récemment déroulés avec une certaine distance. La souffrance que m'avait causé la mort de mon père m'avait fait aborder cette attaque soudaine avec... en fait, comme si tout avait glissé sur moi, comme si une carapace s'était formée autour de mon esprit. Je n'avais jamais été très expressive lorsqu'il était question de changement : je m'enthousiasmais peu. Même lors de ma toute première sortie à Pré-au-lard, accompagnée d'Heather Lass, l'émerveillement que j'avais éprouvé et le feu d'artifice de joie qui avait explosé dans mon coeur avait été assez contenu. Oui, je sais, on me l'a souvent répété : « Allez Haley, bouge ! ». Je bougeais, je bougeais... à ma façon. Je me déplaçais intérieurement. Tout en moi évoluait à l'intérieur de mon corps et de mon esprit. Peut-être que j'étais une fille trop cérébrale ? Jamais je ne m'attacherais aux clichés colportés par la masse Poudlardienne, mais il fallait dire que je n'étais peut-être pas une bleue et bronze pour rien... Tout me venait facilement – les cours, les sorts, les mouvements de baguette, les dates de naissance et de mort de Scramarouf le gobelin bossu, les dates d'une quelconque constitution sorcière datant du Moyen-Âge... mais dès qu'il s'agissait d'effectuer le chemin inverse, cela se compliquait sérieusement. Je m'imprégnais de tout, et ne rejetais rien. Alors non, je n'avais pas hurlé lors de l'attaque, je n'avais pas fondu en larmes, je m'étais contentée de sentir la panique et l'effroi presser mon coeur comme on essore une éponge, de jeter des regards affolés autour de moi, et puis ensuite... vraiment, c'est gênant mais... je m'étais évanouie. Bonne à rien jusqu'au bout : alors qu'un groupe d'élèves de mon âge s'était empressé de prendre sous leurs ailes bienveillantes les plus jeunes en charge, il avait fallu qu'une pauvre tâche empotée vienne compliquer les choses en s'effondrant bêtement sur le sol. Mes connaissances en sortilèges et défense contre les forces du mal ne m'avait été d'aucun secours, du coup, alors que je m'étais toujours fait la promesse de ne jamais acquérir des connaissances pour rien : je voulais qu'elles soient utiles. Je voulais être utile, tout simplement ; et pas seulement un rat de bibliothèque sur pattes. Qu'avais-je donc apporté à cette bataille ? Un poids en plus à traîner sur le sol et à mettre à l'abri. Je ne sais pas qui m'avait sorti d'affaire – peut-être m'avait-on cru morte et personne n'avait donc pris la peine de m'infliger un Doloris ou tout autre souffrance impensable -, mais je m'étais tout simplement réveillée à l'infirmerie, surchargée à bloc d'élèves qui eux, avaient réellement soufferts, comme si tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve. La honte, c'était bien le sentiment que j'avais le plus éprouvé ces derniers temps. Si mon père avait été là... « Ah Haley, pourquoi, mais pourquoi toi ? Pourquoi une pauvre fille comme toi ? ». Il n'était plus là et pourtant, sa voix sonnait parfois à mes oreilles, me rappelant que je n'étais qu'un débris encombrant sur cette terre. Et ce n'était sans doute pas ma mère, tombée en dépression et prise en charge par sa soeur qui allait dire le contraire. Je ne la comprenais pas, d'ailleurs. Elle avait sans doute aimé cet homme odieux qu'était l'auteur de mes jours, mais moi, qui n'avait jamais pu, jamais eu l'occasion d'éprouver un brin d'affection pour lui, j'étais intimement et honteusement convaincue que sa disparition causait plus de bien que de mal. Il m'avait fallu un temps d'adaptation à ces idées : violemment rejetées, elles me venaient pourtant tellement souvent à l'esprit que je n'avais rien pu faire d'autre que d'en venir à la conclusion que cela ne servait à rien de les refouler, et que je n'étais peut-être pas en tort... même si cela faisait de moi un monstre. Je n'aimais pas mon père, où était le mal, me direz-vous ? J'avais mes raisons, en plus, je les avais mais... c'était une pensée tellement affreuse et cela me semblait tellement inhumain, que je m'infligeais des flagellations mentales, des tortures d'esprit comme il m'en arrive si souvent. J'avais alors appris à cohabiter avec ma souffrance. La souffrance, en général. D'où peut-être le fait que cette attaque ne m'ait ni fait hurler, ni m'ait donné l'envie de me rebeller. Je n'avais pas rejoins le groupe de résistance qui s'était formé. Je n'en avais pas l'envie, et loin de moi tout risque d'aggraver la situation. Même si ils étaient inconscients, je les admirais. J'avais toujours eu de l'admiration pour les gens en qui logeaient une source d'énergie, de puissance, de force, parfois cachée, mais qui se manifestait dans de telles situations, et qui les poussait à de telles folies – des folies dont je me sentais parfaitement incapable.

Ainsi, si l'on n'était pas occupé à se rebeller, il n'y avait plus grand chose à faire à Poudlard en ce moment. Un couvre-feu avait été établi – il y en avait déjà un avant l'invasion, mais parce qu'il n'était pas étroitement surveillé par un groupe d'hommes et de femmes violents et sanguinaires, l'ancien paraissait plus souple et l'actuel beaucoup plus menaçant -, les Mangemorts se baladaient fréquemment dans les couloirs, l'air toujours aussi occupé. Ils n'étaient pas là pour avoir le simple plaisir de diriger une école qu'ils considèrent remplie de vermines et de parasites, c'était certain. Alors pourquoi ? Nul ne savait. Mes envies de grand air étant réfrénées, il ne me restait plus qu'à trouver un endroit qui me sied afin de passer le reste de ma soirée au calme. En attendant, je me baladais simplement dans les couloirs. C'est stupide, mais mes endroits préférés à Poudlard sont les couloirs. Les grands murs de vieilles pierres, les fenêtres hautes... ces fenêtres me fascinaient. En passant devant chaque, j'avais envie d'étendre mes bras et de m'envoler à travers elles... faute de pouvoir voler, il m'arrivait tout de même, après m'être assurée que personne ne se trouvait dans les environs, de les ouvrir devant l'immensité de la fenêtre, de manger des yeux ce qui se trouvait à l'intérieur de l'encadrement, et de respirer, longuement et de manière appuyée. Cela me faisait un bien fou, mais ces moments étaient rares. Et puis, sans Heather, mes semaines étaient souvent longues... elle avait le secret de me dissiper, de trouver des sources d'émerveillement qui me faisaient me sentir vivante. C'était une amie, une vraie, ma seule, peut-être. J'avais quelques connaissances que j'appréciais plus ou moins, mais l'amitié que j'éprouvais pour elle était la plus sincère et la plus forte. Sa situation était cependant délicate... étant à Serpentard et ne soutenant pas vraiment les idées qui collaient à la maison aux serpents, amie de moldus ou sang-mêlés, et, par dessus tout... mais alors, le pompon du pompon, petite amie d'Harry Potter, elle avait largement intérêt à se faire discrète, malheureusement.

Mais si j'adorais les couloirs, ils avaient cependant le point négatif d'être légèrement... comment dire... pas très riches en divertissement. Ayant eu ma dose nécessaire de calme et de solitude, je finis par céder à me rendre dans la salle commune. Ce n'était pas un lieu que j'affectionnais beaucoup : toujours bondé de monde, le plus souvent en train de piailler comme des hiboux – curieuse coïncidence, la maison des Serdaigles avait pour emblème un aigle, et ma salle commune avait souvent l'allure d'une volière. Il ne fallait pas croire que parce que les Serdaigles étaient considérés comme passant leur vie à étudier, ce qui est totalement faux, il n'existait pas des énergumènes hyperactifs et survoltés en leur sein. Non, tous les Gryffondor ne sont pas courageux, tous les Serpentards ne sont pas rusés et/ou méchants, tous les Poufsouffles ne sont pas des exemples de loyauté, et tous les Serdaigles ne sont pas des grosses têtes solitaires à la vie plate et monotone. Bien que je ne me détache pas forcément de cette dernière catégorie, il existait vraiment des cas graves de folie avancée, ou des excités qui ne tenaient pas en place parmi les bleus et bronzes. Cela était peut-être un secret inavoué mais oui, il arrivait parfois que la salle commune des Serdaigles s'apparente à un zoo, surtout dans les occasions exceptionnelles ou lors des sorties à Pré-au-Lard... grand bien leur fasse, je n'avais pas la fibre très festive, ce dont se plaignaient souvent mes amies.

Décidée à tenter de m'intégrer dans la masse des aigles, m'attendant au pire en pénétrant dans la salle, je fus légèrement désemparée en constatant que le lieu était plutôt vide, ce qui n'empêcha pas à mon regard d'accrocher immédiatement à un garçon à la peau légèrement mat et aux cheveux bruns. Stephen Fray. Quant on parle des gens hyperactifs et excités, on en voit la baguette... Ou plutôt, la tête. Un sourire s'afficha contre mon gré sur mon visage. Bon, oui, je vous l'accorde, Stephen peut être un peu lourd parfois... un peu beaucoup... TRES lourd, c'est vrai, cela lui arrive... mais son dynamisme, étrangement, ne m'avait jamais vraiment insupporté. Sans doute grâce à ma formidable capacité d'être-éponge : j'absorbais sa trop grande quantité d'énergie pour la faire mienne, inexistante naturellement chez moi, ce qui contre-balançait formidablement bien les choses. Et puis, Stephen n'était pas du genre à faire le singe pour rien, je savais que derrière les mèches brunes qui tombaient sur son front, son cerveau bouillonnait sans cesse, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept – il réfléchissait, vraiment, parfois peut-être stupidement, mais il n'était pas comme les autres, un gamin excité sans intérêt. Sans vraiment se parler ou se connaître, nous nous étions côtoyé ; je crois qu'il m'aime bien car je lui fiche la paix ; et je l'apprécie car il me divertit, même sans le vouloir.

Ainsi, rassemblant mon courage à deux mains... tentant de rassembler le peu de courage que j'avais à deux mains... Bon. Je savais qu'il existait des manuels aidant à ce genre de petits problèmes : « Sociabilisez-vous ! », scandaient les titres de ces ouvrages. Je n'avais jamais cédé à la tentation de jeter un coup d'oeil, sachant que le contact humain ne s'apprenait pas dans les livres, mais là, vraiment, si j'en avais un sous la main... Allons bon, à presque quinze ans, après quatre année passées à Poudlard, j'avais encore peur des gens... Quelle cruche, vraiment. Si seulement j'avais eu un prétexte pour parler à Stephen... Non, il n'était pas en train d'écraser un malheureux chat, non, son fauteuil n'était pas en train de prendre feu, et non, rien que je puisse lui signaler ne s'était logé dans ses cheveux... Et si tu allais tout simplement lui dire bonjour et lui demander de ses nouvelles, ma pauvre Haley ? Bien que tu saches pertinemment qu'il n'a sans doute pas grand chose à faire de toi...

Ayant conscience que je commençais à avoir l'air sérieusement cloche, plantée dans l'entrée, je pris de grandes bouffées d'air frais et me dirigea d'un pas légèrement crispé en direction de Stephen, mon coeur tambourinant un peu plus à chaque pas. J'eus à peine le temps de dire quelques mots
(- Hum... Heeey Stephen, ça v...?), que celui-ci releva vivement la tête et s'adressa brusquement à moi :

- Haley ! Merveilleuse, lumineuse Haley ! Tu viens juste d'ensoleiller ma soirée.

Le coin de mes lèvres se souleva légèrement : Stephen avait toujours eu le don de l'excès. Ce qu'il prouva une fois de plus en me prenant soudainement dans ses bras, court moment pendant lequel je perdis totalement mes esprits. Je le regardais, mes yeux bleus dans ses yeux noisettes, un peu sous le choc : je n'avais pas l'habitude de ce genre de contact, les seules étreintes que je connaissais étaient celles d'Heather, quand elle me réconfortait. Brusque et excessif, voilà comment était le jeune homme qui se tenait devant moi, toujours un air enjoué et presque mesquin – voir coquin – sur le visage. Il ne s'était sans doute pas rendu compte que cette étreinte, qui ne signifiait absolument rien pour lui et qui n'était que pure apparence – je ne me voilais pas la face – m'avait légèrement... d'accord, carrément déboussolée. J'étais maintenant encore plus gênée qu'auparavant, et les coups de mon coeur avaient doublé. Toujours inquiète de passer pour la dernière des idiotes, je tentais de reprendre le fil de la conversation en essayant d'oublier le feu qui avait pris d'assaut mes joues que je supposais rouges – en priant très fort pour qu'elles ne le soient pas.

- Bien qu'il fasse nuit.

Je souris, prête à répondre une bêtise comme à l'habitude lorsque je me retrouvais dans une telle situation de gêne, mais aucun mot ne voulait franchir le seuil de mes lèvres. Je me contentais donc d'adopter un air sociable et décontracté – mission quasi-impossible. Un peu moins troublée à présent, le sens des paroles de Stephen ne m'apparurent que maintenant : moi, un soleil ? Avec mon visage pâle comme un fantôme, mes yeux bleus clairs, mon teint livide, mon air effacé ? Il en avait vraiment des bonnes, celui-là ! ...et cela me fit sourire de nouveau, irrémédiablement.

Pas plus gêné que ça, il retourna s'asseoir dans son fauteuil d'un air nonchalant, tout en me lançant, d'un air presque solennel (il ne lui manquait plus qu'un chat dans les bras et un énorme fauteuil noir pour compléter ce comique tableau) :

- Dis-moi Haley Collins, est-ce que tu sais faire apparaître des oiseaux par magie ?

...???

- Eh bien, Stephen Fray, sauf si tu n'as pas encore découvert comme les faire apparaître sans magie, ce qui ne saurait sans doute tarder, il me semble qu'on puisse le faire seulement par ce moyen, répondis-je à demi-amusée mais déstabilisée par sa question, les joues sans doute encore légèrement rosées, la sensation de chaleur ne les ayant pas encore quitté.

Les qualités de Stephen en tant que testeur et chercheur acharné étaient bien connues, ou plutôt mal reconnues... en fait, bon nombre de gens se seraient passées de ses expérimentations farfelues qui ne nuisaient pas seulement à la santé de Stephen, mais aussi à celle de tout le monde. Il avait vraiment de l'imagination à revendre – autre qualité que j'admirais, moi qui me considérait comme la fille la plus terre-à-terre qui soit. Je supposais qu'il attendait que je lui montre comment faire apparaître ces fameux oiseaux, mais le fait qu'il soit retourné dans son fauteuil paraissait peu engageant, et Stephen, bien que très curieux, ne m'avait jamais semblé être un bourreau de travail. Toujours plantée devant lui, il me fallait bien prendre une décision : m'asseoir près de lui, ou l'encourager à s'entraîner ? Qui plus est, je ne voulais surtout – surtout, surtout, surtout – pas l'embêter. Ça, je pouvais le reconnaître, et on me le disait également : je n'étais pas encombrante pour les autres – juste pour moi-même et mes parents.


- Et oui, je sais le faire, répondis-je doucement, attendant que Stephen manifeste le désir d'apprendre. Je m'abstins de souligner que lui aussi était censé connaître et savoir appliquer le sortilège Avis depuis quelques temps, étant en fin de quatrième année, mais il n'avait sans doute pas envie d'écouter ce genre de propos qui pourraient être pris comme des reproches offensants. Timidement, je pris ma bouée et mes brassards, et me jetai à l'eau :

- Je te montre ou c'était une simple curiosité de ta part ?, ajoutai-je sans le brusquer, par précaution, le sachant capable de sortir les questions les plus incongrues qui soient sans aucune raison logique - car Stephen avait sa propre logique, rien qu'à lui, parfois incompréhensible pour les autres.
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Stephen Fray


Stephen Fray
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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeLun 4 Juil - 3:01

Décidément, ça me trottait dans la tête. Cette histoire d'oiseaux. Dans un monde de technologie (oui, ça s'épelle bien comme ça, retenez le : « TECH-NO-LO-GIE »), un monde tel que se le représentent les Moldus, j'imagine, tout ça n'aurait eu bien sûr aucun sens. Un oiseau n'est qu'un symbole culturel, au mieux. Une colombe sur terre pourrait bien être une déclaration de guerre sur mars !

Mais la magie ne fonctionne pas comme une science. Soumise aux lois de la physiques, elle l'est, certes ; mais certaines choses… dépassent l'entendement. Qu'on ne puisse pas faire apparaître de nourriture, d'accord, après tout, ce qu'on mange a forcément été vivant à un moment ou à un autre, c'est le grand cercle de la vie comme dirait Mufasa (quoique, pour le surimi, on se demande). Mais l'argent ? D'un point de vue purement chimique, une pièce, c'est quoi ? Un gros bout de ferraille, point. Et à la grande époque du troc, comment ils faisaient les sorciers, hein ? Si y en a un qui a dû se faire un paquet de tunes (enfin, façon de parler), c'est le type qui a inventé le sortilège de Duplicata !

Mais tout sort est éphémère. Alors que la magie, elle, dure, depuis toujours. Comment ? Par quel
mécanisme ?

En mon for intérieur, je me disais que c'était le genre de questions qu'on devait tenter de résoudre au Département des Mystères. Voilà bien un endroit où je rêvais de mettre les pieds un jour…

Bien sûr, une fois qu'on avait la pleine maîtrise du sort, on pouvait faire apparaître l'espèce qu'on voulait. Mais la première fois, c'était instinctif. Des bestioles, pas très grosses, parce que le sort n'était pas assez puissant, surgissaient soudain et prenaient leur envol.

Quel oiseau serait sorti de la baguette de Sacha Winch ? me demandais-je.

Evidemment, Winch n'était pas le genre à se servir de ses pouvoirs de sorcier pour faire pousser les fleurs et apparaître des zoziaux pépiant à l'unisson. Et pourquoi pas des papillons, tant qu'on y est ? J'avais encore en mémoire son visage, quand il avait surgi avec ses sbires, interrompant grossièrement notre festin… Comment étaient-ils parvenus à entrer, ici, à Poudlard, probablement l'endroit de plus sûr de Grande-Bretagne ? La réponse ne s'était pas fait attendre, avec l'apparition de Nottingham au côté de Winch. Le gentil, l'aimable, l'attentionné Nottingham, toujours près à plaisanter avec les élèvEs et à faire un peu de jardinage pour le plus grand plaisir du Professeur Kelsey. Cette ordure triomphait à présent – que dis-je, il jubilait. Spécialement devant les profs.

J'appréciais moyennement les traîtres.
Lui, avec ses airs de dragueur à deux noises, je ne pouvais déjà pas le sentir avant ; mais depuis qu'il s'était révélé être un agent double, et surtout, depuis qu'il avait torturé Taylord Reegan à quelques mètres de moi, j'avoue que j'avais vraiment du mal à le supporter.

Parce qu'on ne pouvait pas trouver de victime plus seyante que Taylord Reegan dans toute l'école. Pas qu'elle fût une mauvaise sorcière : au contraire, c'était même ce qui rendait, je suppose, pour leur esprit tordu, la chose encore plus amusante. Il ne fallait pas être un génie pour percevoir une faiblesse émotionnelle chez Taylord. Bien qu'elle ne fût plus le squelette d'autrefois, les stigmates d'une longue privation de nourriture consistante étaient encore visibles, et tout dans son attitude – ses yeux, ses gestes, sa façon de parler – la trahissait et criait : « je suis fragile, attaquez-moi ! » ; et Nottingham s'en était donné à cœur joie, tout ravi qu'il était de briser cette effrontée de Gryffondor au sang souillé.

Ça m'avait mis en colère. C'était rare que je sois en colère. Agacé, irrité, oui. Parfois même, choqué, outragé. Mais
furieux ? D'habitude j'étais un grand optimiste, un excité de la vie avide de connaissance. Sentir cette rage sourde, monter en moi lentement, calmement presque… Ça m'avait fait tout drôle. Ce n'était pas seulement Taylord. Lilian était étendue plus loin, vomissant du sang – et pour une fois j'avais de la sympathie pour Carlton qui hurlait sans pouvoir intervenir. Megane Parry – l'adorable, la brillante, la plus gentille fille de l'école : à terre, elle aussi. La table de Serdaigle comme toutes les autres était parcourue de cris terrifiés des plus jeunes élèves mais aussi des plus vieux qui comprenaient soudain à quel point ils n'étaient pas préparés à ce genre de situation. Quelques courageux se lançaient dans la bataille, d'autres comme Katie Bell tentaient de protéger les autres, certains essayaient de s'enfuir et de se cacher, étaient assommés en pleine course par un des maléfices qui volaient sans qu'on puisse déterminer s'ils venaient d'amis ou d'ennemis. Quelque part, Scott appelait désespérément à l'aide, mais les professeurs étaient aussi impuissants que nous. Holly Dilay poussait des cris déchirants sans que fus capable de la distinguer dans la mêlée. Tout autour de nous n'était que chaos, les éclairs rouges croisant les verts, comme un feu d'artifice, sauf que c'était l'enfer, c'était vraiment la guerre. Où était Wayland ? Où était Candy ?

Là, je m'étais redressé, près à combattre jusqu'au bout… Et j'avais pris un
« stupéfix » en pleine poire qui m'avait envoyé au tapis aussi sûrement qu'un crochet du droit.
… Pas très glorieux, je sais. Que voulez-vous, je ne suis pas un homme de terrain.


– Eh bien, Stephen Fray, sauf si tu n'as pas encore découvert comme les faire apparaître sans magie, ce qui ne saurait sans doute tarder, il me semble qu'on puisse le faire seulement par ce moyen.

Je jetai un regard surpris à Haley, comme si je venais juste de m'apercevoir de sa présence. Avec tout ça, je l'avais presque oubliée. Mon esprit avait une telle capacité à partir loin, loin, loin… en très peu de temps, et je m'égarais vite au beau milieu d'une conversation. N'étant pas concentré sur ce qu'elle me disait, je ne perçu pas toute la subtilité de sa phrase qui d'après son expression devait s'apparenter à une forme de plaisanterie, et lui retournai un sourire poli.

– … Et oui, je sais le faire, ajouta timidement la jeune fille.
– Je ne comprends pas tout ce que tu dis Haley, tes paroles sont un peu confuses, je crois que tu devrais te reposer ! déclarai-je. D'ailleurs je trouve que tu as mauvaise mine.

C'est qu'elle était en effet très pâle quoique jolie. Enfin, pour l'instant, elle était un peu rouge. Il ne faisait pourtant pas chaud, m'étonnai-je distraitement.

Je m'étais replongé dans mes pensées et il se passa encore quelques secondes avant qu'elle n'intervienne de nouveau, si bien que je sursautai presque au son de sa voix lorsqu'elle poursuivit :


– Je te montre ou c'était une simple curiosité de ta part ?
– Pardon ?
fis-je, momentanément perdu. Oh non ! Non, si tu as la technique, ça n'a plus d'intérêt.

Me rendant compte soudain qu'elle avait pris le temps de répondre à ma question et que j'étais en train d'agir de manière parfaitement grossière en ne faisant pas attention à ce qu'elle me disait, je me repris.

– Excuse-moi, je t'ennuie avec mes bêtises. Je suis nerveux… Je suis inquiet en vérité. Mon amie Taylord est toujours à l'infirmerie. Comme tant d'autres, ajoutai-je dans un soupir.

Ça, l'infirmière avait de quoi s'occuper. Elle devait de plus faire avec les exigences des Mangemorts qui torturaient… parfois ou hasard, et parfois non. Winch, malgré les plaintes de la brave femme, était venu rendre visite à certains, pour leur parler en privé. Comment le savais-je ? Parce que j'avais des yeux et des oreilles, et le don de me trouver au bon endroit au bon moment. Et surtout, par pur esprit de déduction. La plupart des élèves attaqués étaient des cinquième, sixième, septième année. Les plus vieux, les plus susceptibles de tenter une résistance aussi futile soit-elle. En les brisant d'entrée de jeu, Winch et ses acolytes avaient montré à tout le reste de l'école… eh bien… qui était le
Maître. Au sens propre.

– Toute cette violence, tout ça pour ça ! râlai-je, doucement – parce que les murs ont des oreilles, c'est connu.

Croyez-moi : Serdaigle n'était pas la plus neutre des Maisons. Il y avait beaucoup de
penseurs, ici. Et peut-être que certaines personnes devraient… penser un peu moins. La limite entre Serpentard et Serdaigle était parfois bien mince. Candy et moi en étions la preuve vivante. Ma sœur me ressemblait, dans une certaine mesure. Mais quelque chose d'ineffable nous séparait nettement.

Je frissonnai. Candy avait été la dernière vision que j'avais eu du monde avant d'être frappé par ce sortilège le soir de l'attaque. Mes yeux l'avaient cherché partout et avaient fini par la trouver, debout près de la table des Serpentard. Immobile, elle observait, tout comme moi, le carnage. Et son visage n'exprimait rien. Rien d'autre qu'un grand vide froid et inhumain.
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Haley Collins


Haley Collins
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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeSam 23 Juil - 15:00

Inspirer, expirer. Inspireeeer... expireeer. Les grandes bouffées d'air frais qui s'engouffraient dans mes poumons me détendaient légèrement, mais par peur que ma respiration excessive ne se fasse entendre, je ne pouvais pas me relaxer à mon aise. J'avais acquis de nombreuses techniques respiratoires afin de lutter contre le stress envahissant et l'angoisse qui pouvait prendre possession de moi à tout instant. Ma mère me les avait enseigné quand elle avait remarqué que j'avais des tendances spasmophiles. Petite déjà, mon coeur s'emballait pour un rien et sentant mon corps se compresser comme un gobelet en plastique étreint par une main de fer, j'avais l'impression que j'allais perdre connaissance, ou même mourir. Ces excès de panique avait toujours été un fardeau pour mes parents, qui ne comprenait pas pourquoi diable leur fille était aussi fragile, aussi mentalement que physiquement, alors que l'éducation qu'ils lui donnaient était d'une fermeté irréprochable. Et pour mes parents, l'éducation reflétait l'enfant : si j'étais d'une nature aussi faible, c'est parce qu'ils ne m'avaient pas élevée assez durement. Mon père, toujours prêt à vanter la qualité de vie de nos grand-parents comme bien plus sévère mais supérieure, n'avait manqué aucune occasion pour me réprimander parce que j'avais le teint trop pâle ou que je pleurais beaucoup trop à son goût. Ses "techniques d'endurcissement" n'avait eu qu'un seul effet : me former une carapace de neutralité. J'avais alors appris à tout accepter sans rechigner, sans protester. J'avais subis. Mon père avait toujours pensé qu'un truc avait cloché dès la grossesse de ma mère, "un bidule a du se déglinguer dans ton ventre", aimait-il à dire à ma mère avec toute la trivialité qui le caractèrisait. Une erreur de la nature, voilà, pour résumer, ce que j'étais pour lui. Une fille avec ce teint si pâle, des yeux si bleus que c'en est effrayant, si menue, qui pleure comme elle respire et qui n'a aucune endurance ni mentale ni physique ? "Y a eu un bug quelque part, pas possible !" J'en parle maintenant presque avec détachement et humour tellement ces pensées ont été ressassées dans mon esprit. Je suis un légume qui a mal poussé, une carotte qui n'a jamais atteint son stade de maturité.

J'avais appris à vivre avec mes petits soucis de vie en communauté, comme je les appelais. Mais zut alors, rien n'y faisait, Stephen me perturbait beaucoup plus que la normale. L'air indifférent qu'il affichait n'arrangeait pas les choses. Je savais que j'étais quelqu'un d'effacé, mais celui-ci me le faisait clairement comprendre, même si c'était involontaire. Mes paroles ridicules semblèrent le tirer de ses pensées, et l'expression surprise qu'il afficha en me regardant me pinça légèrement le coeur. Aurait-il dit "ah Haley, c'est vrai, tu es là !" que cela ne m'aurait déjà pas fait plus d'effet. J'y étais habituée, mais j'avais tant mis de courage à aller le voir pour converser qu'un poids tomba dans ma poitrine quand je m'aperçus que, vraiment, il n'en avait strictement rien à faire.


– Je ne comprends pas tout ce que tu dis Haley, tes paroles sont un peu confuses, je crois que tu devrais te reposer ! D'ailleurs je trouve que tu as mauvaise mine.

Je déglutis discrètement pendant que mon coeur s'enfonçait toujours plus profondément dans les bas-fonds de mon corps. Inspirer, expirer. Stephen avait toujours été un peu brute, je le savais parfaitement, mais il venait de réduire en poussière tous les efforts que j'avais mis en place pour tenter d'être la plus sociable possible. J'étais au courant que j'avais toujours une sale mine et que mes lèvres prononçaient des choses incompréhensibles lorsque j'étais gênée ; je n'avais donc nullement envie d'aller me défendre des propos de cet indélicat.

– Pardon ? s'étonna t-il en réponse à ma proposition de l'initier au sortilège Avis. Oh non ! Non, si tu as la technique, ça n'a plus d'intérêt.

Inspirer, expirer, inspirer, expirer. Je baissai complètement les bras et allai m'asseoir dans un fauteuil, le plus près de moi, en face de Stephen, à la fois déçue et blasée. C'était toujours la même chose. J'avais beau prendre sur moi, rien n'y faisait : les autres me détruisaient en un claquement de doigt. Ils ne se rendaient évidemment pas compte des efforts qui m'étaient nécessaire pour faire la plus simple des choses, et je ne leur en voulais pas, mais Stephen m'avait zappé le moral. Je me sentais désormais plus nulle et inutile que jamais. (ce qui m'arrivait... fréquemment). Je décidais de rester silencieuse, quitte à importuner Stephen, ce qui n'aurait été qu'une douce et gentille vengeance face à l'indifférence qu'il avait eu à mon égard ; mais celui-ci reprit immédiatement la parole pour tenter de se rattraper :

– Excuse-moi, je t'ennuie avec mes bêtises. Je suis nerveux… Je suis inquiet en vérité. Mon amie Taylord est toujours à l'infirmerie. Comme tant d'autres.

Je redressai ma tête pour que mon regard puisse aller se poser sur Stephen : un intérêt soudain s'était emparé de moi. "Mon amie Taylord" et "comme tant d'autres" avaient frappé mon esprit. Combien d'amies avait Stephen à l'infirmerie ? Et...et depuis quand avait-il beaucoup d'amies d'ailleurs ? Qui étaient-elles ? Ma curiosité commençait à m'écraser le coeur quand je m'aperçus de ma débilité totale. Comme tant d'autres...gens. Pas tant d'autres amies. La pression relâcha un peu son emprise. Quelle idiote je faisais, vraiment. Me retenant d'aller me frapper la tête contre la table pour avoir été aussi stupide, je fus prise de compassion pour Stephen. Tout de suite, ses égarements momentanés dans la conversation furent tout à fait justifiés et je ne pouvais lui en vouloir de s’inquiéter pour ses amis...et ses amies. J'étais moi-même sans cesse en proie à l’inquiétude concernant Heather, je ne comprenais que trop bien Stephen. Réconforter n'avait jamais été mon fort, j'étais bien meilleure pour écouter, aussi, même de savoir que nous partagions les mêmes angoisses ne parvint pas à m'extirper quelques mots de la bouche. Je me contentai de le regarder, en espérant qu'il comprenne que j'étais tout aussi inquiète que lui, et qu'aucune parole ne ferait disparaître nos craintes. Et puis, j'ai toujours mieux su faire passer mes sentiments par le regard plutôt que par les mots. Stephen comprendrait peut-être que mon regard, posé doucement sur lui, valait toutes les vaines paroles de réconfort. Je ne savais pas si il percevait à travers mes yeux, l'attirance inexpliquée que j'éprouvais pour lui... et au fond, j’espérais que non. Je n'étais pas le genre de fille qui intéressait Stephen. Je n'étais pas Taylord Reegan.
Ce qu'il dit par la suite me sortit cependant de l'état fataliste dans lequel je m'étais plongée.


– Toute cette violence, tout ça pour ça !

Il avait parlé à voix basse, mais sa phrase traduisait les forts sentiments qui l'animaient face aux évènements qui se déroulaient actuellement. Je ne savais pas à quoi exactement correspondait le "ça" de Stephen (et je me voyais mal lui demander : "c'est quoi "ça" ?", dans le genre question stupide, on ne fait pas mieux), mais je comprenais vaguement l'idée qu'il avait voulu exprimer. Le même sentiment d'injustice nous agitait, la méchanceté gratuite à laquelle nous assistions nous révoltait. Qu'avions-nous fait pour mériter ce qui nous arrivait ? Comment des êtres humains pouvaient-ils en torturer d'autres sans raison ? Faire du mal à des gens innocents... comme Taylord Reegan... sans aucune raison... parce que ça les amusait. Quel horrible sens de l'humour. Stephen avait ranimé en moi le léger sentiment de révolte et d'incompréhension qui m'animait parfois. Certes, je ne faisais rien pour changer les choses, mais je n'en pensais pas moins. Je manquais cruellement de courage pour tenter quoi que ce soit, mais il n'empêche que constater qu'il émanait désormais de Poudlard de la souffrance et de le terreur m'écoeurait. J'adorais cet endroit. Les mangemorts était en train de le réduire à néant, comme ils gâchaient la vie de ses élèves. Je suis plutôt pessimiste en général, mais l'espoir que les autres gardaient en eux, colporté par le mouvement de la résistance, m'avait presque contaminé.

- C'est tellement injuste... Je ne comprends pas, dis-je dans un mouvement de tête de désolation, ouvrant la bouche pour la première fois depuis un petit moment. Nous avions tous déjà partagé notre indignation entre nous, et les mêmes paroles ressurgissaient toujours. Mais un jour, ça finira, ajoutai-je à voix basse, et j'eus presque envie de rajouter "...non ?" pour avoir la confirmation de ce que je venais de dire, n'en étant pas totalement convaincue. Je jetai un regard que je voulais plein d'espoir à Stephen, mais il me semblait que mon expression traduisait plus de la tristesse.

Prise d'une petite pique de curiosité qui me fit oublier momentanément ma gêne que je trainais toujours comme un boulet, je me levai de mon fauteuil pour aller me placer dans un autre à la droite de Stephen. Désormais, je pouvais détailler les moindres traits de son visage au teint si mat, les moindres cheveux bruns qui lui tombaient sur le front, mais je ne m'y attardais pas pour lui poser la question qui me taraudait l'esprit. M'assurant que personne ne se trouvait trop près de nous, j'approchai mon visage du sien pour lui murmurer doucement :


- Est-ce que tu fais parti de la résistance, Stephen ?

Je regrettais presque tout de suite ma trop grande curiosité, ne réalisant que maintenant que cela allait peut-être le déranger, mais j'attendais sa réponse sans sourciller. Mon coeur frappait dans ma poitrine au rythme des battements de ses cils.
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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeDim 31 Juil - 15:16

L'anglais n'est pas une matière enseignée à Poudlard. Souvent les enfants de sorciers ne reçoivent même pas de véritable éducation dans les domaines les plus élémentaires. Certains, et exclusivement des sang mêlé, vont à l'école primaire Moldue. Ce fut mon cas, au début. Comme j'étais particulièrement précoce, on m'en retira très vite. Quand on a lu L'Histoire de Poudlard à six ans, on n'a pas vraiment de problème avec la grammaire et l'orthographe à onze.

Mais certains mots m'avaient toujours afficher une sorte de résistance. Des mots comme « amitié » ; « union, » qui prenaient un sens tellement différent dans la bouche de mes camarades. Par exemple : « famille. » Chaque membre de la mienne vaquait à ses propres occupations. A un moment, mes parents s'étaient peut-être aimés : ce n'était plus le cas. De même que Candy et moi ne pouvions être considérés comme une parfaite représentation de l'enfant moyen (ce dont j'étais conscient, seulement je ne savais pas à quel point avant d'entrer à Poudlard), eux-mêmes n'avaient de parents que le titre. Il n'y avait pas de « famille » au sens d' « entité familiale » : nous étions comme les quatre points cardinaux sur une carte – sauf que mes parents étaient tous les deux à l'ouest.

Quelqu'un qui aurait vécu avec nous pendant quelques jours, comme une espèce d'invité, se serait demandé ce que quatre personnes aussi différentes pouvaient bien faire ensemble. Rien qu'à voir le contraste entre ma chambre et celle de ma sœur. La sienne était toujours impeccablement rangée, propre, et vide de tout indice trahissant une once de sa personnalité ; la mienne était un bordel monstrueux, au point que Candy elle-même n'osait plus s'y aventurer depuis longtemps.

Du coup, dire que j'étais solitaire serait un euphémisme. J'aimais la compagnie des gens, attention : entrer en contact avec d'autres formes de vie ne me posait aucun problème. Mais j'avais apparemment un sens des priorités un peu particulier : pas question d'interrompre une expérience pour me rendre à Pré-au-Lard, par exemple, pour acheter un cadeau d'anniversaire ou boire un coup avec quelques camarades.

… Donc dire de Taylord qu'elle était mon « amie » était peut-être un peu exagéré.

Mais je m'améliorais. Petit à petit, je découvrais cette sensation de s'inquiéter pour autrui, à laquelle on ne m'avait pas habitué.


– C'est tellement injuste. Je ne comprends pas, soupirait Haley ; ses mots n'avaient pas le moindre sens, comme le bourdonnement des professeurs en classe quand je réfléchissais à autre chose. C'était irritant. Mais un jour, ça finira…

Je n'arrivais pas malgré tous mes efforts à me concentrer sur ce qu'elle disait. Ce genre de discours, on en avait trop entendu, et ça faisait longtemps que je n'écoutais plus – j'avais l'esprit ailleurs, je cherchais une solution. J'étais si bien plongé dans mes pensées que je ne me rendis pas compte que Haley avait changé de fauteuil pour en choisir un plus proche, sur ma droite – choix intéressant. Je ne m'en aperçus que lorsque son souffle vint chatouiller ma nuque.

– Est-ce que tu fais partie de la résistance, Stephen ?

Je redressai l'échine et tournai lentement la tête pour la dévisager, son visage à quelques centimètres du mien. Je le parcourus d'un regard vif et précis – j'avais toujours été un homme du détail. Son physique s'accordait apparemment à sa personnalité : délavé. Peau d'une pâleur affligeante, plutôt lisse mais rougie à certains endroits – nerveuse – cernes profonds – pas nécessairement une preuve de mauvaise santé, mais des insomnies probablement dues au stress et aux lectures tardives – des joues rondes – elle mange normalement. Ses cheveux raides étaient d'un châtain ordinaire, plus brun que blond. La seule originalité, c'était ses yeux. D'un bleu surprenant, si clairs qu'on les aurait dit transparents, comme du cristal. Elle serait passée pour aveugle, n'eusse son regard été si expressif. A cet instant, elle m'observait avec un mélange d'appréhension et de curiosité contenues, et une vivacité qui contrastait tellement avec son attitude ordinairement effacée que j'en fus intrigué.

Me regard se posa rapidement à ma droite puis à ma gauche, vérifiant que personne ne nous écoutait, avant de revenir à elle.


– Non, répondis-je.

Pendant quelques secondes, je la contemplai d'un air pensif. Puis je me détournai à nouveau, fixant l'âtre vide de la cheminée éteinte à cette heure.

– La résistance n'est qu'une bande de gamins naïfs et désorganisés, complétai-je (comme d'habitude, il n'y avait dans ma voix aucun mépris : c'était seulement la vérité). Je m'étonne qu'aucun d'eux n'aie encore été arrêté et tué par les Mangemorts.

Plus que ça, même. J'étais inquiet. Sans jamais avoir chercher à me mêler des affaires des Purgateurs ou de la résistance, je devinais qui en étaient les principaux dignitaires. Que cela ait pu échapper à cet idiot de Nottingham ou à Powell, passe encore. Mais Winch ? Il n'était pas dupe. Je l'aurais parié. Pourquoi n'avait-il encore rien fait ? Je pressentais qu'il mijotait un mauvais coup. Quelque chose qui achèverait de souffler la plus minuscule lueur d'espoir encore vivace dans certains cœurs optimistes.

– De plus, ils se contentent d'humilier les Mangemorts, sans les gêner le moins du monde. Cela n'avance à rien, repris-je, un peu agacé. Ça les énerve, tout au plus. Non, ce qu'il faudrait…

Ce qu'il faudrait, c'est savoir ce que cherchent les Mangemorts à Poudlard, m'apprêtais-je à dire, avant qu'une pensée ne vienne m'arrêter. Pouvais-je avoir confiance en Haley Collins ? Fût un temps où je lui aurais raconté mon escapade nocturne avec Wayland sans me poser plus de questions, naïf et plein d'admiration que j'étais alors envers la nature humaine. Mes illusions s'étaient depuis dissipées. Si je demeurai un idéaliste enthousiaste, à l'optimisme inflexible, je conservai de mes dernières années au château une certaine méfiance à l'égard de mes pairs. L'utilisation de l'expression « chat échaudé craint l'eau froide » serait passablement ironique – aussi me garderai-je de l'employer ici, mais vous avez compris l'idée.

Mais Haley avait des amis à l'infirmerie, elle aussi. La logique, et surtout min instinct m'enjoignaient à lui faire confiance.


– Haley Collins… Peux-tu garder un secret ?
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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeDim 7 Aoû - 2:21

J'ai eu deux grands amours à Poudlard. La pluie battant les fenêtres de château, et mes joues rougies battues par le sillon des larmes que j'avais versé pour diverses raisons. De l'eau, en somme. Et réflexion faîte, cela correspond plutôt bien à ce que je suis : une fille flasque, liquide, livide. Je ne crois pas avoir déjà été véritablement amoureuse, mais comme tout être de sexe féminin, il m'est arrivé d'éprouver quelque attirance pour des êtres du sexe opposé. Je ris amèrement en pensant à cela : les garçons auxquels je m'aimantais étaient mon opposé. Le premier avait été Altaïr Icekorff. Pas très excentrique, mais il dégageait une telle force calme, énigmatique... il semblait solide. Seule son absence inexpliquée l'avait arraché à mon esprit. Le second se trouve à quelques centimètres devant moi et affiche une indifférence qui m'outre tout en m'empêchant d'éprouver un sentiment de réelle révolte. Je savais que je devrais avoir envie de le secouer comme un prunier en m'égosillant, et pourtant j'étais prête à lui repasser sa chemise sur le champ si il en formulait la requête. C'était à chaque fois la même chose : une image masculine s'imposait à moi, et j'étais attachée, presque contre mon gré, soumise à cette attirance inexplicable. Le liquide avait besoin d'être épongé par du solide. Dire que j'ai envie d'être épongée par Stephen Fray me paraît déplacé et insensé, mais le fait est que... vous avez compris. Et pourtant, il avait tout pour paraître insupportable à mes yeux. La fille calme et posée que je suis n'aurait jamais pensé être rationnellement attirée par un garçon aussi bavard et positivement mentalement dérangé que Fray. Il y a forcément une explication à tout cela. Même le domaine des sentiments et des émotions possède ses propres lois, et peut-être que si je creuse un peu, j'arriverai à en découvrir les secrets. Je dois sans doute être attirée par les bruns. Les bruns solides complètement à l'opposé du fantôme sans consistance que je suis. Les bruns totalement inaccessibles. Autant Altaïr que Stephen sont des garçons à part entière, que l'on ne peut qu'aimer ou détester, et qui ont un caractère assez exceptionnel contrastant sensiblement avec les hommes fantômes qui devraient me correspondre. Et non, non, il fallait que ce soit eux ! Soit je suis promise à un destin tragique écrit depuis ma naissance telle une Antigone ou une Electre, soit je suis inconsciemment et irrémédiablement masochiste. Je préfère croire à la première hypothèse – la seconde m'effraie.

Je mijote à feu doux en attendant une réaction de Stephen, qui semble toujours aussi absent. Le seul avantage à cette situation est que j'ai le loisir de l'observer sans qu'il semble vraiment s'en rendre compte, étant donné qu'il doit se rappeler une minute sur deux de mon existence et de ma présence à ses côtés. J'ai quand même l'espoir stupide de penser que tout cela n'est du qu'à son inquiétude grandissante par rapport à ses proches en danger, mais mon petit doigt me dit que serions-nous en période de fête que les choses ne seraient pas bien différentes. Mon changement de place ne semble pas le perturber plus que ça – ma double envie de le frapper et de lui repasser sa chemise augmente encore, avec toute la frustration que ce paradoxe m'apporte. Seule ma question semble lui faire effet : pendant quelques brèves secondes, il plonge ses yeux dans les miens, et je me rétracte sur mon siège, comme si des projecteurs de 1000W s'étaient braqués sur moi. Je sens qu'il m'observe et aie la désagréable de passer aux rayons X. Si seulement j'avais les connaissances suffisantes en legelimencie pour percevoir ses pensées... La simple idée de pénétrer dans son esprit me fait frétiller d'excitation. Je suis certaine qu'il doit posséder le cerveau le plus intéressant à explorer de toutes les têtes du château. En même temps, je ne suis pas sûre de savoir ce qu'il pense de moi... je serais très certainement déçue. Bougre de bigre, je ne peux que l'être, qu'est-ce que je m'imagine ?! Je ne suis pas le genre Taylord Reegan, il faut vraiment que je me le rentre définitivement dans le crâne. (oui, « Taylord Reegan » est officiellement devenu un nom commun adjectivé dans mon vocabulaire courant).

Le moment de silence suspendu entre ma question et sa réponse me fait perdre la tête. Je sens sa respiration s'évanouir et se renouveler successivement dans l'espace qui nous sépare physiquement et j'ai une folle envie de coller mon oreille contre sa poitrine pour écouter la musique des battements de son coeur. Ne cherchez pas à comprendre, j'ai toujours eu des envies complètement tordues et inexpliquées, ce qui me dépasse complètement. Je ne cherche même plus à vouloir leur donner un sens, ce qui est à l'opposé de mes principes, mais là, vraiment, je suis découragée. Enfin, il répond. Un mot, mais le son de sa voix résonne encore dans mon esprit – car ce n'est pas n'importe quel mot.


- Non.

Crac. Étrangement, je sens que quelque chose brise à l'intérieur de mon corps. Il a simplement nié faire partie du mouvement de la résistance, mais j'ai la désagréable impression qu'il vient de répondre négativement à toutes les pensées, tous les espoirs, toutes les envies qui viennent de me traverser l'esprit. Je me sens faiblir comme une fleur qui fane en vitesse accélérée, plantée sur mon fauteuil voisin du sien, mais tente de conserver mon attention sur ce qu'il a à dire.

- La résistance n'est qu'une bande de gamins naïfs et désorganisés. Je m'étonne qu'aucun d'eux n'aie encore été arrêté et tué par les Mangemorts.

Pas faux. Je dirais même, complètement vrai ; mais un éclair de lucidité bien heureux me fit penser que cela serait une mauvaise idée que d'approuver comme une cruche ses paroles – une image grotesque s'impose à mon esprit : je me vois, les yeux illuminés d'une lueur de soumission et de stupidité, la bouche grande ouverte dont s'écoule un léger filet de bave, tandis que Stephen blablate avec aisance et honnêteté. Non, non, vraiment, il ne fallait pas que je donne cette image là de moi, sous peine de passer pour la dernière des imbéciles, ce qui avait déjà assez été le cas jusqu'à présent.

- De plus, ils se contentent d'humilier les Mangemorts, sans les gêner le moins du monde. Cela n'avance à rien. Ça les énerve, tout au plus. Non, ce qu'il faudrait…

J'attends la suite, suspendue à ses lèvres – je sens presque les points de suspension à la fin de sa phrase se dessiner dans les airs, entre nous, impression donnée par la manière toujours marquée et légèrement théâtrale dont Stephen parle.

- Haley Collins… Peux-tu garder un secret ?

Mon coeur tombe dans ma poitrine pour la quatre-vingt mille soixante-douzième fois depuis le début de la conversation quand je l'entends prononcer mon nom, mais la première chose qui me vient à l'esprit est que je dois absolument éviter de tomber dans le pathos ou l'exagéré dans ma réponse, tout en contournant les clichés cucul la praline du genre : « tu peux me faire confiance, je te le promets ». Je m'entends répondre d'un ton posé et sûr, qui traduit peut-être le sentiment de révolte étouffée que j'éprouve depuis le début, comme si j'étais outrée qu'il doute de la confiance qu'il pouvait m'accorder - ce qui m'étonne un peu venant de ma part, moi qui parle habituellement avec la plus plate monotonie du monde :

- Bien sûr, je suis une tombe.

...Bien joué ma vieille ! Haley Collins ou l'art de s'enfoncer soi-même. Par pitié, guillotinez-moi.
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Stephen Fray


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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeDim 21 Aoû - 23:44

En fait, je n'avais pas besoin de la confirmation de Haley : je savais que je pouvais avoir toute confiance en elle. Il y a des gens comme ça. C'est comme si une bonne fée était venue se pencher sur leur berceau à la naissance : « Haley Collins, première du nom, je t'octroie le don de l'Ecoute ! Dorénavant, tu ne seras qu'oreilles. Tu seras la confidente idéale. Chacun voudra te confier ses secrets les plus intimes car tu seras… »

– Je suis une tombe.


Voilà, exactement ! Haley était une grande armoire vide où chacun entreposait ses petits trésors pour être sûr et certain qu'ils soient bien à l'abri. Mais filons donc la métaphore plus loin, voulez-vous ? Que se passerait-il si, d'aventure, l'armoire se révélait pleine à craquer et disons, explosait sans crier gare ? A moins qu'il ne s'agisse d'une armoire magique, plus grande à l'intérieure qu'à l'extérieure – comme un espace dimensionnel indépendant aussi vaste qu'une cathédrale. Ou alors, une poubelle enchantée qui détruirait peu à peu son contenu !

Mais sinon, quoi ? On empile, on entasse, et un beau jour : BOUM.


– Bien sur que tu l'es, répliquai-je.

Et je lui retournai un sourire que j'espérais assez gentil. Parce que Haley Collins était une gentille fille, et qu'elle méritait qu'on le soit avec elle !

– L'autre soir, repris-je alors sur le ton de la confidence, j'étais dans ce couloir du septième étage et par un regrettable concours de circonstances que je ne te décrirai pas en détails… Je me suis retrouvée enfermé dans un placard avec Lizlor Wayland à espionner les Mangemorts !

Je tentai de lui faire partager mon incrédulité quant à la situation improbable dans laquelle je m'étais trouvé alors, par un regard et une expression contextuels.


– Et oui, complètement absurde, n'est-ce pas ? Moi et Wayland, dans un placard…
ajoutai-je, songeur.

C'est qu'elle n'était pas commode, la blonde, mais… je devais avouer, en tant que membre de la gent masculine, qu'elle n'était pas désagréable à regarder. J'ai bien dit à regarder, avec les yeux. Tant que les oreilles n'entraient pas en jeu…


– Cette fille en a après mon chat, confiai-je à Haley. Mais bref, nous nous sommes retrouvés coincés ! Et ces maudits Mangemorts se sont mis à se disputer au sujet d'objets qu'ils cherchaient dans le château. Tout me porte à croire que ces objets sont la réelle raison de leur venue ici. Tant qu'ils n'auront pas mis la main dessus, ils resteront. Ce qui signifie qu'il n'y a qu'une chose que l'on puisse faire : découvrir ce dont il s'agit et le trouver avant eux.

Sacré programme, ma foi.

Remarquez, cette petite séance d'espionnage n'avait pas été très utile, à mon sens en tous cas. Je savais déjà qu'ils étaient en quête à Poudlard. Un haut lieu de la sorcellerie comme celui-ci, devait receler des secrets fort convoités. Quel autre sorte de besoin les aurait-elle pousser à vouloir à tout prix maîtriser une bande de gamins prépubères en manque d'action ? Il faut savoir se servir de sa tête, de temps en temps. Je me servais de la mienne, à bon escient, je pense bien.

Je me pris la tête dans les mains, à nouveau pensif. Il faisait très chaud dans la salle commune ce soir, si bien que j'avais du mal à réfléchir. La chaleur me rendait encore plus nerveux que je ne l'étais déjà et me donnait l'impression de flotter. Or, même si j'aimais la sensation de légèreté que procure le suspense aux prémices de la découverte, ce que je ressentais à présent était très différent. J'avais au contraire le sentiment d'une lourde masse pesant sur mes épaules. Mon regard se posa à nouveau sur Haley, et sans savoir pourquoi, je me sentis un brin soulagé.


– L'ennui, c'est que je doute que quiconque soit suffisamment fou pour oser se risquer à espionner nos envahisseurs… Une fois de plus. La situation dans laquelle je me suis retrouvée avec Lizlor – je veux dire Wayland – était tout à fait impromptue, soudaine, inattendue et imprévue et le pur fruit du hasard car sache-le, je fuis cette fille comme la peste mais elle me rattrape toujours. C'est Le Chat qu'elle veut.

… Où l'était-ce ?

– Mais quoiqu'il en soit, découvrir plus d'informations demanderait… eh bien, une prise de risque plus importante.


Si la fascination avait eu une couleur, c'eût été celle des yeux de Haley en cet instant : d'un bleu froid bleuté rendu presque métallique tant ils brillaient, malgré la lumière tamisée et l'ambiance tranquille, presque feutrée, caractéristiques de la salle commune des Serdaigle.
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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 22:09

Jamais je n'avais encore vécu une soirée aussi violente que celle-ci. Je ne compte même plus les coups de poignards mentaux que je m'infligeais moi-même, ou qui étaient l'œuvre de mon interlocuteur depuis le moment où je l'avais aperçu... je vibrais d'angoisse et d'excitation, mais la situation était tellement pesante, tellement irréelle, que j'avais toutes les peines du monde à respirer calmement, comme si discuter dans la salle commune avec Stephen eut été la chose la plus naturelle et habituelle. J'aurais aimé qu'elle le soit. La barrière installée par mon attirance et la clôture de son indifférence empêchaient toute proximité plus approfondie. Étrangement, nous ne sommes jamais à l'aise en compagnie d'une personne pour laquelle nous ressentons « quelque chose » en plus. C'est une fois nos espoirs réalisés que la détente peut faire son apparition... et c'est là, et seulement là, que ça devient... bien. « Le kiff total. » Je ne peux que croire celles qui colportent ces idées, n'ayant jamais vécu une telle expérience. Et sincèrement... ça me fait peur. Pour moi, c'est le « flip total ».

Alors, je me contente d'imaginer ce que tout ça peut être. Préoccupation des plus banale pour une adolescente de quinze ans. Sauf que je ne suis pas comme toutes les filles de cet âge ; je le sens. Je n'ai pas l'ivresse de la jeunesse qui bouillonne en moi, les désirs d'excès, les folies, les bêtises que je vois se matérialiser jour après jour en celles que je côtoie quotidiennement. Je n'ai que la peur...


- Bien sur que tu l'es.

...et les coups de poignards, incessants. Je vous jure que si il ne m'avait pas souris comme il le fait maintenant, si je n'étais pas en train de fondre en espérant que ce sourire qui m'était adressé ne se décroche jamais de son visage, je me serais levée pour aller lui foutre ma baguette dans la narine droite ! ...D'accord, je suis incapable d'une telle brutalité. Je ne me savais d'ailleurs pas aussi encline à penser sous la direction de la violence, comme cela était souvent survenu ces dernières minutes. Le pire, c'est qu'un sourire, quoiqu'un peu amer, se dessina sur mes lèvres en réponse au sien. Je me mis à me demander si Stephen séduisait parfois des filles, et comment il s'y prenait. Il semblait d'une telle indélicatesse que cela me paraissait impossible... Pourtant, cela ne m'apparaissait pas comme un manque de tact : il était tout simplement nature, brut, comme extrait de la roche sans aucune modification. Stephen me frappait avec ses mots, et il visait juste ; mais ce n'était sans doute pas un mal : peut-être qu'avec l'habitude, mon esprit allait acquérir une certaine herméticité et me ferait perdre un peu de ma bien trop grande sensibilité. Je savais cependant qu'il n'y avait aucune méchanceté ici. Le fait qu'il confirme mes propos s'apparentait presque à un compliment, comme si je venais de lui dire : « - Je suis belle », (« - Bien sûr que tu l'es ».) Je le fixais toujours, attendant ses aveux, prête à boire la moindre de ses paroles.

- L'autre soir, j'étais dans ce couloir du septième étage et par un regrettable concours de circonstances que je ne te décrirai pas en détails… Je me suis retrouvée enfermé dans un placard avec Lizlor Wayland à espionner les Mangemorts !

Sauf que cette eau là était non potable. Si j'avais pu réellement boire ses mots, je l'aurais recrachée immédiatement.

- Et oui, complètement absurde, n'est-ce pas ? Moi et Wayland, dans un placard…

Je rectifie : j'aurais vomi. Ce n'est d'ailleurs pas si improbable, car je sens mon ventre se nouer et une impression de malaise m'envahir. Je remets en place les éléments du puzzle dans mon esprit, pour bien saisir la portée des mots de Stephen : un soir, à espionner les Mangemorts, lui, et Lizlor Wayland, dans un placard. La fille de la directrice. Je ne l'avais qu'aperçu, mais c'était la jeune fille la plus étrange que je n'avais jamais vu, tellement elle ne ressemblait à aucune autre : son expression de méfiance et de défiance, son air sauvage, constamment présents sur ses traits qui n'avaient plus rien d'un visage d'enfant. Elle m'évoquait un animal qui ne pourrait jamais être domestiqué. Ses parents devaient avoir du fil à retordre à son sujet; et même si il était évident qu'elle avait quelques problèmes dans sa vie, la compassion que j'avais ressenti pour elle à un moment donné ne parvenait plus à s'immiscer de nouveau dans mes sentiments. Je ne sais pas ce qui m'écœure le plus : le fait qu'ils aient été coincés tous les deux dans un placard – qui, on le sait tous, n'est pas un endroit doté d'une grande superficie et d'un confort exceptionnel.... - ou l'expression songeuse de Stephen quand il avait prononcé cette phrase. Mes mains s'étaient refermées sur elle-même et mes ongles avaient pénétré la chair de mes paumes ; mais la seule douleur que je ressentais en ce moment ne venait pas de là. Voulait-il dire « ouais, c'est vraiment étrange, décidément, je n'en reviens toujours pas » ou « hey heeey, c'était sacrément bien ! » ? En tout cas, une chose était sûre : il avait porté son coup de grâce. Mon coeur devait à présent se trouver entre mes chevilles et mes orteils, tellement le coup qu'il avait reçu avait été d'une violence inouïe. Je ne sais pas à quoi je devais m'attendre lorsque j'avais su qu'il allait m'annoncer un secret... mais pas à ça, certainement pas. Cependant, cela prouvait qu'il ne s'était pas rendu compte de l'attirance que j'avais pour lui ; auquel cas il ne m'aurait sans doute pas fait un tel aveu, sachant que cela me blesserait forcément. A moins que ce soit justement son but pour se débarrasser de la pauvresse que je suis ; mais son air perplexe me laisse penser qu'il souhaitait réellement me faire une confidence libératrice. J'aurais du en ressentir une grande fierté : il m'ouvrait une porte de son esprit. A la place, c'était de la haine qui se propageait en moi.

Je pense que le choc avait été si violent que je n'avais pas eu le temps de rougir ni d'afficher une expression étonnée ou outrée. Je sentais ma mâchoire légèrement serrée, cependant ; et je pris donc le soin de déglutir et d'humecter mes lèvres en arborant un air intéressé pour me détendre un peu le visage. Je savais qu'aucun mot ne parviendrait à sortir de ma bouche : je me sentais fermée comme une huître prête à imploser. Heureusement (ou malheureusement), l'histoire de Stephen n'était pas terminée. Il continua à parler d'un air détaché, quoiqu'un peu soucieux ; chaque phrase m'entaillant un peu plus le coeur, même si il dérivait sur un sujet différent.


- Cette fille en a après mon chat. Mais bref, nous nous sommes retrouvés coincés ! Et ces maudits Mangemorts se sont mis à se disputer au sujet d'objets qu'ils cherchaient dans le château. Tout me porte à croire que ces objets sont la réelle raison de leur venue ici. Tant qu'ils n'auront pas mis la main dessus, ils resteront. Ce qui signifie qu'il n'y a qu'une chose que l'on puisse faire : découvrir ce dont il s'agit et le trouver avant eux.

Je m'en fichais tellement. Des Mangemorts, de leur venue ici, je m'en fichais, et j'avais même oublié leur présence. A quoi bon écouter ces bêtises alors que la seule chose qui m'intéresse est : que s'est il passé dans ce placard ? Il m'avait épargné les « détails », sans doute par gentillesse pour ne pas m'ennuyer, or, il aurait pu en discuter pendant des heures que je n'aurais pas décroché. A la place, j'écope d'un pseudo-plan pour lutter contre la présence ennemie. Je me sentais prise d'une amertume si intense que mes pensées, les mots que je me sentais à présent capable de prononcer et même ma salive en avaient le goût. La platitude de la discussion et la situation actuelle m'étaient devenues insupportables. Nous voilà à discuter de nouveau des Mangemorts, alors que je brûle, que je souhaite plus que tout hurler et pleurer comme jamais je ne l'ai encore fais, foncer droit sur Stephen et lui arracher sa chemise, jeter Lizlor Wayland dans la forêt interdite en priant pour qu'elle ne revienne jamais. Je me sens possédée par une force inconnue qui engendre dans mon esprit des phrases acides et des actes déraisonnables. Mais par dessus tout, j'ai envie de frapper, peu importe : un oreiller, un chat, une table, Stephen, Lizlor, le placard dans lequel ils s'étaient réfugiés. Je me sentais capable de mettre un pain dans la figure de Sacha Winch. En fin de compte, j'avais l'impression d'être sous l'emprise d'une fiole de Felix Felicis, mais un Felix Felicis dominé par la haine. Ce sentiment que je n'avais pas pas encore ressenti aussi intensément me donnait une force mentale incroyable : je me sentais capable de tout, et ça en devenant délicieusement grisant.

- L'ennui, c'est que je doute que quiconque soit suffisamment fou pour oser se risquer à espionner nos envahisseurs… Une fois de plus. La situation dans laquelle je me suis retrouvée avec Lizlor – je veux dire Wayland – était tout à fait impromptue, soudaine, inattendue et imprévue et le pur fruit du hasard car sache-le, je fuis cette fille comme la peste mais elle me rattrape toujours. C'est Le Chat qu'elle veut.

Ah, vraiment ? avais-je envie de lancer. Il avait une étrange façon de fuir la peste. Je me taisais, l'écoutant inlassablement parler. C'était moi et moi seule que je devais blâmer : je m'étais jetée à corps perdu dans le rôle de confidente qu'il m'avait confié, et il était maintenant trop tard pour lui ordonner de se taire. Je me détestais d'être aussi lucide et de percevoir que cette relation haineuse entre Lizlor et Stephen risquait de tourner en vinaigrette : il détestait bien trop cette fille à mon goût. Le seul sentiment, aussi tortueux et puissant que la haine, c'est bien l'amour. Les deux sont inévitablement liés : plus l'on hait, plus l'on est obsédé, et plus l'on s'attache. J'en faisais moi-même l'expérience : jamais encore je n'avais eu autant envie de frapper et de posséder à la fois mon interlocuteur. Dans mon bouillonnement intérieur ressortait cependant une interrogation : qu'était Le Chat ? Etait-ce... un chat ? Cela me semblait bien trop évident. Le nom d'une de ses inventions, peut-être ? Ce mystère ne fit qu'amplifier mes désirs destructeurs. C'était simple : j'étais énervée. Et cela ne m'était jamais, jamais arrivé.

- Mais quoiqu'il en soit, découvrir plus d'informations demanderait… eh bien, une prise de risque plus importante, termina t-il enfin.

Même si je me fichais des Mangemorts comme d'une guigne, les paroles de Stephen n'étaient pas tombées dans l'oreille d'un sourd, comme il le pensait sans doute. Il me fallut une force monstrueuse pour parvenir à lui répondre sans trembler et garder mon sang-froid.


- Sacrée histoire, commençai-je calmement d'un air impressionné, presque dans un souffle. Cette théorie tient la route, il était évident qu'ils n'étaient pas là pour leur simple plaisir, il suffit d'observer un peu leurs visages qui respirent la joie de vivre pour s'en rendre compte, dis-je avec une ironie qui m'était rare. Je pense que tu as manqué de chance : cette Wayland est bien trop sauvageonne et inconsciente pour se rendre compte que l'occasion était exceptionnelle, même si dangereuse. Non, elle manque de discipline et de perspicacité pour mener à bien un projet comme celui-ci.

J'espérais qu'il allait mettre ce portrait péjoratif que je faisais de la blonde sur le compte de la déception de ne pas avoir pu en savoir plus à cause d'une petite gamine exubérante, et non sur ce qui me poussait réellement, inconsciemment, à dire du mal d'elle. Cette méchanceté gratuite était délicieusement libératrice, et je n'en éprouvais pour l'instant aucun remords. Je ne ressentais rien que de la haine et de l'ambition qui m'aveuglaient, je le savais, mais je ne résistais pas.

- Stephen, nous pourrions rattraper ça, dis-je avec une force tranquille. Nous avons juste besoin d'organisation et de discrétion, et je pourrais parfaire nos connaissances en sortilèges et défense contre les forces du mal pour être préparés au mieux. Si nous nous faisions prendre, je serais là : je suis bien trop faible et sage pour qu'ils veuillent me faire du mal et je peux les divertir, il y a une chose que je sais bien faire : apitoyer les gens. Ah, et j'ai un don pour m'évanouir. Ça te laisserait le temps de te sauver dans le pire des cas.

Me présenter comme courageuse, douée et imperméable à la peur était inutile. Stephen me connaissait, cela ne servait à rien de prétendre être ce que je ne suis pas. Au contraire, m'appuyer sur mes faiblesses pour les convertir en force était la meilleure solution. J'avais conscience que j'étais en train de proposer d'être la victime offerte en sacrifice aux Mangemorts si les évènements tournaient mal, mais cela me réjouissait plus que ça ne m'effrayait : je palpitais d'exaltation à l'idée que j'avais émise, qui était la plus folle à laquelle j'avais pensé de toute mon existence. J'étais encore trop sous l'emprise de l'émoi que me donnait la pensée d'être seule avec Stephen. La conscience du risque risque et des interdits étaient bien loin derrière. La détermination avec laquelle j'avais prononcé ces phrases me donnaient d'avance un goût de victoire; je m'étais si bien convaincue moi-même que c'était une bonne idée, qu'il me semblait impossible que Stephen ne le soit pas. Je ne sais quelle lueur brillait dans mes yeux, ni quelle expression affichait mon visage, mais je parie que la fadeur que j'arborais habituellement avait cédé sa place à la fièvre folle qui m'avait prise d'assaut. Allez Stephen, dis-moi oui.
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Stephen Fray


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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeSam 27 Aoû - 14:34

Bon bon bon ! Je l'avoue. Rien à faire pour changer cela : j'adorais qu'on m'écoute parler. En fait, si j'avais pu me rencontrer, j'aurais été ravi de discuter avec moi-même pendant des heures et des heures. Je veux dire, ce qui sortait de ma bouche était intéressant. Non ? La plupart des gens ne connaissent rien à rien, c'est une honte. Les personnes qui se croyaient au-dessus des mystères du monde, de la magie et de la science, m'irritaient tellement par leur insupportable prétention. Mais le pire, c'était encore ceux qui ne s'intéressaient à rien. Enfin ! De toute évidence, ce n'était pas le cas de mon interlocutrice du jour, ou devrais-je dire de la nuit, j'ai nommé Haley Collins ! La jeune fille était absolument captivée et moi… j'étais absolument ravi de mon petit effet.

Mais oui, ne me regardez pas comme ça ! Après tout, Haley était une gentille fille, mais elle n'avait pas acquis sa réputation d'oreille compréhensive par son enthousiasme et sa joie de vivre naturels ! On aurait pu lui raconter tous les malheurs du monde, tous les racontars les plus stupides, toutes les théories les plus ingénieuses… Rien ne semblait l'émoustiller plus que ça. Elle gardait son gentil sourire plein de bonté et de compassion ou alors par simple politesse. Mais là, je la sentais réellement attentive ! Et c'était un petit exploit dont je pouvais m'enorgueillir. Ça me procurait une joie immense – bon, peut-être pas de la joie… disons que j'éprouvais un fort sentiment de plénitude à être ainsi, plongé dans une discussion avec Haley Collins. Elle me rendait heureux, elle ne me cassait pas les pieds avec des histoires de potion, de chat ou de je ne sais quoi encore qui n'avait aucune espèce d'importance. Et ça me faisait un bien fou.


– Sacrée histoire, commenta la jeune fille lorsque je fus parvenus au bout de mon récit. Cette théorie tient la route, il était évident qu'ils n'étaient pas là pour leur simple plaisir, il suffit d'observer un peu leurs visages qui respirent la joie de vivre pour s'en rendre compte.

Je hochai la tête me tournant cette fois vers elle pour la regarder dans les yeux. Cet humour un peu acide me convenait parfaitement, mais j'étais en quelque sorte agréablement surpris de l'entendre sortir de sa bouche. L'ironie n'est en général pas un trait typique des gentilles personnes comme Haley. Et c'est là que je compris ! Toute cette histoire de torture avait dû la secouer fortement, et qu'elles devaient avoir non pas une dent mais un dentier complet contre les Mangemorts – après tout, ceux-ci s'en étaient pris à Heather Lass, une de ses plus proches amies. De toute évidence, c'était son désir de revanche qui s'exprimait, et je la comprenais. Mes pensées furent confirmées par la suite de son discours.

– Je pense que tu as manqué de chance : cette Wayland est bien trop sauvageonne et inconsciente pour se rendre compte que l'occasion était exceptionnelle, même si dangereuse, constata Haley, d'une voix que je ne lui connaissais pas (étrangement… assurée). Non, elle manque de discipline et de perspicacité pour mener à bien un projet comme celui-ci.

Hormis le surprenant intérêt qu'elle manifestait à l'égard de mes plans d'espionnage (qui n'en avaient en fait jamais été, au passage), j'aurais pu trouvé curieux cette soudain avalanche de reproches adressés à la personne de Wayland. Sauf que… j'avais moi-même de sérieuses prises de têtes avec la fille en question, et tout ce que Haley venait de dire traduisait exactement mes pensées la concernant. Aussi confirmai-je d'un hochement de tête approbateur.

– Ah, ne m'en parle pas ! Si je l'avais laissée faire, elle aurait jailli hors de ce placard et se serait jetée droit dans les bras des Mangemorts. Je me demande bien pourquoi je l'ai retenue, tiens ! Il a fallu que je l'assomme, elle nous aurait trahi tous deux.

Ça ne m'avait pas vraiment fait rire sur le coup, mais je vivais l'instant présent et toute cette histoire n'était déjà plus qu'un lointain souvenir. Je haussai les épaules avant de conclure :

– Tu vois, les résistants sont faits du même bois. S'il faut agir, alors il faut le faire avec méthode et précision. Je ne pourrai faire équipe qu'avec quelqu'un d'avisé et réfléchi. Une personne en qui j'ai toute confiance.

J'avais dit ça sans réfléchir et bien loin de me douter que Haley saisirait l'occasion au vol.

– Stephen, nous pourrions rattraper ça.

Cette fois-ci, je me décollai de mon fauteuil pour tourner mon buste vers elle, buvant ses paroles.

– Tu crois ?
– Nous avons juste besoin d'organisation et de discrétion,
m'assura-t-elle, et je pourrais parfaire nos connaissances en sortilèges et défense contre les forces du mal pour être préparés au mieux.

Je balayai cette remarque d'un revers de la main, comme on chasse une mouche. En théorie, je savais à peu près tout ce qu'il y avait à savoir dans l'enseignement délivré au cours des sept années d'études à Poudlard. Quant à la pratique, je n'avais jamais été réellement confronté au danger quand il s'agissait de maléfices ; en revanche, mes nombreuses expériences m'avaient valu bien des aventures et je savais agir dans l'urgence. J'avais en fait un goût prononcé pour les situations de crise, malgré mon besoin de tout planifier. Ce que j'aimais avant tout c'était cette sensation d'être un équilibriste qui réussit par son seul talent, exacerbé par un travail constant, à garder sa concentration et à rester calme pendant qu'il traverse la pièce sur un fil situé à plusieurs dizaines de mètres de haut, sachant qu'aucun filet ne pourra le sauver en cas de chute.

Un jour, quand j'étais très jeune – peut-être quatre ou cinq ans – mon père m'avait emmené dans le centre de Londres, pour voir je ne sais plus trop quoi (ça n'avait pas dû me marquer plus que ça, et pas étonnant, si l'on considérait ce qui m'était arrivé par la suite). En rentrant, au moment de prendre le train à la gare, une bousculade avait eu lieu et m'avait séparé de mon père. Impossible de le retrouver. Plutôt que de me mettre à pleurer comme n'importe quel enfant qui se retrouve seul dans un endroit inconnu et bondé de monde, ou bien, comme un enfant légèrement plus intelligent, d'aller demander de l'aide à un agent de sécurité, j'avais conservé tout mon sang-froid. J'avais consulté les plans, retrouvé ma rue sur la carte, établi un itinéraire. Ensuite, tout était allé pour le mieux. Mon père était rentré des heures plus tard, dans la nuit – il m'avait cherché partout. En me voyant, quelque chose était passé sur son visage. Après ça, il ne m'avait plus jamais emmené nulle part.


– Si nous nous faisions prendre, je serais là : je suis bien trop faible et sage pour qu'ils veuillent me faire du mal et je peux les divertir, il y a une chose que je sais bien faire : apitoyer les gens. Ah, et j'ai un don pour m'évanouir. Ça te laisserait le temps de te sauver dans le pire des cas.

A présent mon regard était clairement admiratif.

– J'ignorais que tu avais tant de ressources, plaisantai-je pour dissimuler mon trouble – toutefois je pense bien qu'elle avait démasqué mes vrais sentiments parce que je ne pouvais pas m'empêcher de la dévisager comme si je la voyais pour la première fois.

Et en fait, c'était en quelque sorte le cas. Je balançai mes jambes de chaque côté de l'accoudoir, assis en travers du fauteuil, pour lui face. J'aimais les gens dynamiques et intelligents. Jusqu'à présent, Haley ne m'avait jamais paru dynamique, et l'intelligence ne va pas sans un peu d'action. Par intelligence, j'entends ce trait de la personnalité humaine si prisée aux temps anciens et que les grecs appelaient « Metis » : la ruse, non pas maligne et sournoise, mais salutaire. Une personne vive d'esprit, logique mais avec suffisamment d'imagination, voilà ce qu'il me fallait. A cet instant, le fait que Haley propose d'utiliser ses propres faiblesses (qui en fait n'en étaient pas, puisqu'elle proposait de jouer la comédie) ne me choquait pas – au contraire, c'était tout à son honneur ! Evidemment, je ne l'aurais jamais abandonnée sur place, mais ce n'était pas la question. Son éventuel sacrifice ne provoquait aucune espèce de réaction de rejet en moi, tout simplement parce que je n'envisageais pas qu'une chose que je décide d'entreprendre puisse rater.

Et pourtant, j'avais eu des ratés ! Mais j'étais toujours parvenu à surmonter dans l'urgence les crises les plus graves. Seulement, celle-ci, si elle se produisait, risquait d'être plus grave encore que tout ce que j'avais jamais connu.


– J'ai déjà pu t'observer avec une baguette. Tu es douée !

(… En classe. Bien sûr que j'en avais eu l'occasion.)

– Mais tout n'est pas si simple, ajoutai-je, non pas avec dépit, mais avec excitation au contraire (plus les choses étaient compliquées, plus elles me plaisaient). Et surtout, l'endroit n'est pas idéal pour en discuter.

Sur ce, je me levai et pour que notre conversation n'ait pas l'air trop discrète, baillait bruyamment (ce n'était pas très subtile mais je n'étais pas très bon acteur, je le reconnais).

– Bon, je monte me coucher, déclamai-je, avant de baisser le ton. On en reparle plus tard.

Avec un clin d'œil, je laissai ici ma nouvelle comparse avec qui j'espérais bien vivre de folles aventures…
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MessageSujet: Re: Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER]   Où l'on parle amour, volatiles et autres subtilités [OVER] Icon_minitimeDim 25 Sep - 19:56

Cette soirée était celle des première fois : je n'avais encore jamais autant parlé à Stephen, et jamais tant d'émotions nouvelles n'avaient pris d'assaut mon coeur. Le mélange de dégoût et de haine que j'avais éprouvé un instant à l'encontre de la petite Wayland - était-ce donc ça, la jalousie ? - s'était pour l'instant docilement effacé pour laisser s'épanouir l'excitation qui avait emporté mon être fébrile. Mes mains tremblaient légèrement et sur mes joues se consumait le feu de l'exaltation ; pourtant, malgré cet égarement émotionnel, je me sentais totalement vive d'esprit et concentrée comme jamais sur ce qui déroulait en ce moment même.

Emportée dans l'élan de mon discours fiévreux, je n'avais pas perçu immédiatement les réactions qu'il avait engendré sur mon interlocuteur. Mais à présent, je voyais nettement ce que j'avais déjà tant ardemment désiré : une lumière d'intérêt s'était allumée dans son regard. Et c'était moi, moi, moi la chose fébrile, futile, liquide, livide, qui en était la cause. J'avais éveillé sa curiosité, et je constatais avec une once de fierté cet exploit que je venais d'accomplir. Ce n'était pas la petite satisfaction personnelle que j'avais déjà pu éprouver en classe après avoir répondu correctement à une question d'un professeur, non... tout cela était d'une puissance bien supérieure. Un sentiment de triomphe qui n'avait strictement aucun point commun avec la minable prétention d'avoir été félicité pour des exploits scolaires. Il confirma plusieurs fois mes propos d'un hochement de tête approbateur, et ses yeux, ses beaux yeux sombres, me regardaient toujours avec une intensité emprunte de surprise et d'intérêt. Ceux qui me connaissaient un tant soit peu auraient été tout aussi surpris par les mots ironiques qui étaient sortis de ma bouche, n'ayant pas l'habitude de ce genre d'humour ; mais ils devraient dorénavant s'y habituer : cela lui avait plu, à lui. Je m'ordonnai donc intimement l'ordre de m'y exercer plus souvent.


– Ah, ne m'en parle pas ! Si je l'avais laissée faire, elle aurait jailli hors de ce placard et se serait jetée droit dans les bras des Mangemorts. Je me demande bien pourquoi je l'ai retenue, tiens ! Il a fallu que je l'assomme, elle nous aurait trahi tous deux.

Oh oui, moi aussi, je me demande bien pourquoi tu l'as retenue ! Je m'empêchais de sourire, mais c'était extrêmement difficile tellement la situation qu'il me décrivait et que je me représentais était réjouissante. Wayland assommée, tombant raide sur le sol comme une vulgaire poupée de chiffon. Quelle douce pensée... Je crois que ma satisfaction fût visible pendant la seconde où un sourire - un peu mesquin - s'afficha sur mes lèvres : malgré tout mes efforts pour paraître la plus neutre possible face aux délicieux propos de Stephen, ce perfide sourire m'avait échappé.

- Ah quand même ! m'exclamai-je mi-surprise, mi-amusée (après tout, Stephen même semblait prendre la chose avec beaucoup de recul, je pouvais donc me le permettre également). Quelle sotte celle-là. Non, ça... je ne l'ai pas dis. Quand même pas... Mais l'envie était bien présente. Cependant, cela aurait été une erreur de tactique majeure que de trop me laisser emporter par mon désir d'étriper cette petite Wayland. Pour le moment, j'allais devoir me satisfaire de me l'imaginer assommée, ce qui était déjà une grande source de plaisir.

– Tu vois, les résistants sont faits du même bois. S'il faut agir, alors il faut le faire avec méthode et précision. Je ne pourrai faire équipe qu'avec quelqu'un d'avisé et réfléchi. Une personne en qui j'ai toute confiance.

M'avait-il tendu une perche, ou ses paroles étaient-elles destinées à se perdre dans l'atmosphère tendue qui régnait entre nous ? Bien que je l'espérais de toute mes forces, j'étais encore cependant assez lucide pour douter que je sois celle qu'il désignait comme "une personne en qui j'ai toute confiance". En ces périodes troubles, rares étaient les personnes que nous pouvions qualifier comme telles, et bien qu'il me semblait que Stephen m'avait déjà cernée, nous n'avions encore que trop peu passé de moments ensemble pour que je puisse atteindre le niveau de suprême de "personne en qui j'ai toute confiance". Tant pis : j'avais plongée dans la piscine infestée de requins qu'il m'avait offert sans y réfléchir à deux fois, et sans avoir pris le temps d'attacher mes brassards. Mes lèvres brûlaient encore de mon audacieuse proposition. Allais-je me noyer ou allait-il me sauver ?

– Tu crois ?

Bingo. J'avais réussi à capter tout son intérêt. Il buvait mes paroles comme j'avais bu les siennes. J'étais en train de brillamment accomplir mon baptême d'oratrice, suivant les pas du maître Cicéron, homme que j'estimais beaucoup et dont j'avais déjà dévoré quelques ouvrages. Je sentais l'éclat de l'admiration qui se dégageait de son regard, la douce chaleur de la victoire envahir mon coeur, le plaisir intense que me procurait la sensation d'être écoutée et d'être, peut-être pour la première fois de ma vie, une personne intéressante.

– J'ignorais que tu avais tant de ressources, me dit-il d'un air amusé en réponse à la liste que j'avais dressé de mes incroyables capacités.

J'étais littéralement éblouie par le regard illuminé qu'il posait sur moi. Je réalisai soudainement que je m'étais avancée au bord de mon fauteuil, comme prête à m'envoler avec les nouvelles ailes de bonheur éphémère qui m'avait poussé dans le dos... et lui aussi d'ailleurs, s'était rapproché. Mais par dessus tout, j'étais complètement déstabilisée : non seulement il me regardait, me regardait vraiment, pas seulement superficiellement comme si il allait s'exclamer à tout instant : "Oh Haley, tu es là, c'est vrai !", mais en plus, il amorçait quelques compliments. Avoir mis en avant mes faiblesses avait été tout à mon honneur, comme je l'avais prévu. J'espérais bien que, si il advenait que tout cela se réalise, il n'allait pas me laisser tomber comme une vulgaire chaussette oubliée sous un lit, mais nous n'en étions pas encore là. Je continuais à l'écouter, tentant de cacher la béatitude totale dans laquelle je me trouvais.


– J'ai déjà pu t'observer avec une baguette. Tu es douée !

Oh, Dieu. Je ris timidement à cette remarque en baissant la tête. Il allait réellement finir par me faire perdre la tête, mais là encore, il ne fallait pas que je paraisse trop imbécile... sinon, tout risquait de s'écrouler comme un château de carte, si la Haley renfermée et gênée refaisait surface. Non, il fallait que je l'évite à tout prix, coûte que coûte. C'était clair : je l'avais intéressée seulement à partir du moment où j'avais été ironique et audacieuse.


- C'est gentil, merci, dis-je en esquissant un petit sourire. J'aimerais te retourner le compliment mais étant donné qu'apparemment, tu ne sais toujours pas exécuter Avis..., continuai-je avec un sourire beaucoup plus franc mais tout en subtilité, m'amusant gentiment de lui.

– Mais tout n'est pas si simple. Et surtout, l'endroit n'est pas idéal pour en discuter.

Je me sentis redevenir tout à coup beaucoup plus sérieuse, dégonflée comme un soufflé qui refroidit, oubliant toutes les tactiques que j'avais tenté de mettre en place pour susciter sa curiosité. Impuissante, je sentais bien ce que qui allait devoir arriver, allait arriver... Si mon inconscient aurait aimé entendre "l'endroit n'est pas idéal pour en discuter... allons dans ma chambre honey !", ma conscience savait pertinemment que c'était plutôt quelque chose du genre : "j'y vais, tchao !" qui allait me tomber sur la tête comme une enclume.

Et effectivement, il se levait déjà... Absorbée dans le tourbillon d'émotions nouvelles, de la haine, de l'attirance et de l'audace qui m'avait traversé l'esprit durant toute la conversation ; omnibulée par son visage aux traits si doux, par ses yeux qui m'avaient enfin reconnu... Jamais il ne m'était arrivé de penser que, tôt ou tard, ce moment d'intimité allait bientôt prendre fin.


– Bon, je monte me coucher, dit-il dans un terrible bâillement qui me fit sourire contre mon gré. On en reparle plus tard.

NON, TU RRRRESTES ! Ca, c'est ce que j'avais envie de lui crier en attrapant son pull par le col.


- Eh bien... bonne nuit ! Et à bientôt ! Et ça, c'est ce que je lui avais réellement dit, platement, bêtement, comme une idiote, le postérieur toujours enfoncé dans ce maudit fauteuil, alors que l'occasion de me lever pour aller frôler mes joues contre les siennes s'était présentée à moi. La prochaine fois, je n'y manquerai pas : je lui fais la bise. J'arrive, et je lui claque deux bises sur les deux joues. Ouais.

Il m'envoie un dernier signe avant de disparaître de ma vue : un clin d'oeil, qui m'arrache un ultime sourire avant de s'évanouir avec son destinataire. Je reste un moment, pantoise, toujours enracinée là où je m'étais plantée il y a un bon moment, alors que je lui demandais si il faisait parti de la résistance. Tout était parti de là. Mon coeur s'apaise au fil des minutes, mais je ne parviens pas encore à bien réaliser ce que je viens de vivre. Reprenant peu à peu conscience de l'existence du monde extérieur, je jette des regards furtifs dans la salle commune. Elle est quasiment vide, et seul le feu qui crépite dans l'âtre de la cheminée me tient compagnie. En ce moment même, je ne sais quel sentiment me domine : la satisfaction des dernières minutes passées en sa compagnie, la jalousie qui m'entaille le coeur, l'appréhension des évènements à venir... Je ne suis certaine que d'une unique chose : je connais d'avance le sujet des rêves qui vont venir cette nuit adoucir mon sommeil...



END !
(à suivre...)
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