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Skins [S.D] {Ended}

 
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 Skins [S.D] {Ended}

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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



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Nombre de messages : 2576
Localisation : Ben regarde, sur ma licorne magique... Ah, tu la vois ? Okay, arrête le jus de citrouille alors, visiblement ça te fait pas que du bien.
Date d'inscription : 26/02/2010

Feuille de personnage
Particularités: J'ai dix doigts. C'est fou hein.
Ami(e)s: C'est comme la poussière d'étoiles. Si t'y prends pas gaffe, elle s'effrite entre tes doigts...
Âme soeur: Il a un petit faible pour les cow-girls.

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MessageSujet: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeLun 24 Sep - 21:47

Il y avait cette bulle immense qui composait les murs de Poudlard avec tout ses habitants à l’intérieur. Et puis il y en avait une autre. Beaucoup plus petite, qui prenait moins de place, qui jouait en gymnastique et élasticité pour repousser à chaque fois un peu plus loin les principes de la nature, jusqu’à devenir une seconde peau qui m’allait comme un fourreau puisque c’était la mienne.

C’était comme d’être étranger dans son propre chez soi. Wayland le disait souvent dans son discours de début d’année qui était plus ou moins identique d’un an sur l’autre, parce que c’était surtout aux nouveaux arrivants qu’elle s’adressait – que l’école, c’était un peu comme notre seconde maison. Mais à la place d’un sentiment de sécurité que devait normalement offrir un foyer, je ne retenais que la chaleur humide et étouffante des parois aussi peu accueillantes que celle d’une prison. Qu’est-ce que ça changeait de toute façon ? Je passais d’une prison à une autre, et j’avais évité de justesse la pire, celle qui m’avait pendu au nez toute l’année et même de l’autre côté du monde, elle restait plus menaçante que jamais, comme si elle était prête à m’entourer de ses bras aux manches semblables à celle des blouses blanches et m’attirer dans leur univers qui n’avait rien à voir avec la publicité mensongère que représentaient les photographies des centres destinés à gérer l’alimentation quand les gens étaient incapables de le faire eux-mêmes. Ce qu’ils s’évertuaient à ne pas comprendre en revanche, c’était que justement je contrôlais très bien ce qui passait au travers de ma bouche.
Trop bien.

C’était le milieu de semaine. Je crois. Il s’était passé une foule de choses en quelques jours seulement, sûrement un peu à la façon dont quelqu’un verrait sa vie défiler devant soi aux portes de la Mort, dans une espèce de bourrage d’informations qui sont importantes mais dont on en retient quelques bribes. A chaque fois que je fermais les paupières ça basculait dans ma tête un peu à la manière dont j’étais tombée de cheval, et puis ensuite, il y avait eu Lilian, et à un moment, il m’avait semblé que j’allais pouvoir rester sous la couette épaisse de mon lit et muter avec cette dernière jusqu’à la fin de mes jours parce que j’étais encore aux USA tandis que le Poudlard Express sifflait en gare parce qu’il était prêt à partir – sans moi. Que Wayland m’avait oublié, que tout le monde m’avait oublié, que ça se tasserait, et que ça passerait comme ça, comme un prospectus qu’on passe au travers d’une porte. Jusqu’à ce qu’on m’extirpe encore de la chaleur de mes draps, que mes doigts effleurent ceux de Ruth que j’implorais du regard, mais que ne se reflétait dans ses yeux que la bataille qu’elle avait déjà mené pour défendre ma cause comme elle l’avait fait pendant trois mois, mais qu’il n’y avait plus que de la résignation et que je ne pouvais rien faire de plus que d’agir de même. Tout ça parce que Wayland et ma tante avaient déjà tout organisé entre elles, que Lilian qui était censée être mon alliée s’était retrouvée coincée à devoir me ramener à bon port et j’imaginais très bien les deux autres ne pas lui avoir laissé le choix en faisant peser diverses responsabilités sur ses épaules. J’étais le sac à patates qu’on balançait d’épaules en épaules, mais personne ne me demandait si j’avais envie de finir en d’autre chose que de la purée.

On avait pris l’avion comme je le faisais d’habitude et de là on avait pris… deux portoloins où les deux fois j’avais recraché le jus d’orange que j’avais bu entre deux à l’atterrissage et à partir de là c’était le surveillant qui était venu nous accueillir à Pré-Au-Lard pour qu’on regagne le château sans encombre puisque les seules fois du voyage où j’avais ouvert la bouche, c’était à chaque fois pour demander à la Gryffondor de faire exprès de me perdre, que je ne lui en voudrais pas et qu’elle n’avait pas à s’inquiéter parce que j’allais me débrouiller toute seule, mais elle avait refusé à chaque fois. Au moins, elle était restée durant tout le temps où j’avais dû m’entretenir avec Wayland sur les derniers mois passés sans doute pour s’assurer que c’était de l’histoire ancienne, qu’il fallait que je prenne cette opportunité comme une nouvelle chance que comme j’étais une bonne élève je n’avais pas énormément de retard sur les autres et que j’allais facilement le rattraper et donc que je n’avais pas besoin de retaper ma sixième année si je faisais en sorte d’y arriver. Là encore, j’avais faiblement parlementé, en désespoir de cause que c’était une perte de temps, j’avais essayé de lui donner ma baguette magique parce que je n’en voulais plus et ne l’avais pas touché depuis mon départ, en lui assurant qu’elle s’était trompée, que je ne n’étais pas une sorcière et que je ne pouvais pas faire de magie. A la place, elle nous avait remis à toutes les deux notre emploi du temps et s’était même permis un sourire qui sûrement s’était voulu réconfortant mais que j’avais plutôt identifié comme celui d’un bourreau content de voir que la torture qu’il emploie sur sa victime fonctionnait à merveille.

Ça n’avait été rien comparée à la perspective de rejoindre la salle commune alors que d’après la feuille de parchemin que je tenais entre mes mains les élèves de septième année avaient deux heures de libre avant d’avoir cours de métamorphose – il y eut un souffle chaud qui traversa mon corps en me disant que Kelsey voudrait peut être avoir pitié de moi et que si je me montrais convaincante elle entendrait es plaintes, plaiderait en ma faveur pour me renvoyer au Texas, mais balayé aussitôt par un air glacial, car à moins d’être au parc, c’était dans la salle commune qu’ils allaient tous se trouver, et il ne fallait pas,
il ne fallait surtout pas… Mon cœur s’était rappelé qu’il existait et avait battu la chamade, je n’étais pas prête, et son air à chaque fois que je l’imaginais, c’était exactement le même qu’il avait arboré tout le long, jusqu’à ce que je me décide à quitter le pont… Là encore mes suppliques avaient fonctionné, on avait attendu un moment dans un coin peu fréquenté dans l’aile ouest du château, et puis j’avais serré très fort la main de Lilian, en masquant mon visage avec les mèches blondes de mes cheveux et en n’observant que mes pieds, pour toute la traversée de la salle commune, jusqu’aux dortoirs, qui étaient devenus ma nouvelle tour d’ivoire. Le pire, c’était toujours pour dormir parce que je détestais de devoir me retrouver toute seule dans cette couchette froide et austère où il n’y avait pas les bras de Ruth pour me réchauffer à défaut de ceux de quelqu’un d’autre. Parce qu’elle par contre, il lui était interdit de venir ici, et qu’elle me manquait et que c’était un peu comme si cette fois encore, on m’arrachait une petite partie de moi.
Plutôt ce qu’il en restait.

Wayland n’avait pas à s’inquiéter de toute façon – je ne comptais certainement pas faire de vagues parce que l’idée justement, c’était d’être transparente au possible alors naturellement le premier jour… Le premier jour de lorsque j’étais arrivée je veux dire, je n’étais tout simplement pas allée en cours, par manque d’envie, de courage surtout… peut être que si je ne m’y rendais jamais, ils finiraient par comprendre, me laisser rentrer… Ça ne servait à rien de toute façon. Je savais qu’ils ne voulaient pas de moi.
Il me l’avait dit. La directrice était bien naïve de vouloir essayer de me faire croire le contraire. Le surlendemain, lorsqu’il s’était avéré que le cours qui débutait la journée n’était autre que celui de Woodley, je m’étais purement et simplement défilée, ma décision était prise et je n’avais pas eu besoin d’y réfléchir longtemps parce qu’il était exclu que je retourne un jour dans sa salle de classe et j’avais si honte à la seule perspective d’y penser qu’aller me donner en spectacle mais surtout en pâture là bas, ce n’était pas envisageable. Mais sans cela, il y avait fort à parier qu’elle ne m’accepte pas de toute manière ou qu’elle en profite pour terminer ce qu’elle avait commencé… j’avais réprimé un frisson en préparant mes affaires pour le cours d’après, parce que si je ne faisais pas gagner de points à Gryffondor, au moins que les rouge et or n’en perde pas plus par ma faute – là aussi j’avais juste l’impression d’être l’unique grain de sable de trop qui faisait disjoncter les rouages de la machine et dont il fallait à tout prix se débarrasser.
Mon corps était là. Rien de plus.

Le reste du temps, je restais cloitrée dans le dortoir des filles et même là je n’avais échangé un mot avec personne parce que Lilian était toujours entourée et… C’était facile en plus. Qui aurait eu envie de m’adresser la parole ? Haruhi ? Je gardais les rideaux du lit tirés et ne m’approchais de la fenêtre ou me préparait à mon tour que lorsque tout le monde était parti pour aller manger dans la grande salle, un peu comme maintenant. Je tendais toujours l’oreille pour guetter le moindre souffle une fois que les conversations s’éloignaient dans les escaliers qui menaient jusqu’à la salle commune. Je voulais juste… ne croiser personne parce que je savais ce que chacun en pensait, mais était surtout incapable d’affronter qui que ce soit – si personne n’était au courant que j’étais ici, peut être que j’allais enfin définitivement disparaître.

Je décalai avec mon index le lourd rideau en velours pour y passer le bout du nez. C’était midi donc ils étaient tous en bas, mais pour être sûre. Il n’y avait pas âme qui vive à l’horizon et je m’autorisai enfin un long soupir douloureux, parce que les égratignures dans mon dos avaient décidés de ne jamais cicatriser comme sur mon bras et ma jambe et c’était encore de grosses plaques rouges qui se mêlaient aux bleus que j’avais en bonus aux hanches et aux coudes et qui avaient pris une teinte un peu inquiétante, mais tant pis – Mme Pomfresh aurait sans doute réglé cela en deux potions et une lotion pour le corps, mais devoir avaler ce truc qui… qui était fait pour les sorciers et pas pour moi me rebutait complètement. Ce n’était pas la première fois que je tombais et je n’avais jamais eu besoin de magie. La magie attiraient plus d’ennuis qu’elle ne les réparait, je l’avais bien compris, alors ça n’allait pas faire exception. J’avais emmené la crème grasse que le médecin avait prescrit pour nourrir la peau et à moindre mal, ça apaisait un peu la douleur ou plutôt ça donnait pour effet d’apaiser la douleur. Elle restait toujours posée sur la table de nuit, alors je m’en emparai et me redressai, avant de me lever avec des gestes lents. Au moins, il n’y avait que quelques mètres qui me séparaient de la salle de bain qui jouxtait notre dortoir… Au ranch c’était Ruth ou Lilian qui s’en étaient chargées les quelques fois avant qu’on parte, mais maintenant, je n’osais plus trop lui demander de crainte de l’embêter avec ça… Alors à la place j’avais besoin d’un miroir pour avoir une vision d’ensemble, ce qui était quand même vraiment ironique parce qu’à chaque fois que je voyais mon image qui pour moi représentait une inconnu, dans une glace, ma seule envie c’était de cracher dessus.

Je posai le pot sur le rebord du lavabo pour l’ouvrir un peu maladroitement, parce que même si dès que j’étais arrivée ici, j’avais viré mon atèle du poignet pour la remplacer avec des bandages l’entorse restait trop sensible et c’était l’horreur parce que c’était comme si on m’avait coupé la main et que j’étais devenue manchot. Pendant que j’ouvrai tant que je pouvais les boutons de la chemise de mon uniforme j’évitai de trop lever les yeux, jusqu’à arriver au dernier. Je la laissai glisser par terre pour entreprendre ensuite patiemment d’appliquer l’onguent aux endroits que je pouvais atteindre, le bras, la jambe, les hanches… en tirant des grimaces à chaque contact de ma main valide sur les plaies. Quant au reste… j’allais faire comme je pouvais et pour les endroits inatteignables, tant pis.

Je voulus m’observer à l’aide de mon reflet pour voir s’il y avait quand même une amélioration au niveau de l’étendue des dégâts en faisant de gros efforts pour ignorer les côtes qu’on voyait juste en dessous mais à la place réprimai un sursaut de surprise, inspirai et bloquai ma respiration durant quelques courtes secondes.
Je n’étais plus seule.

Il y eut un instant d’hésitation avant que je ne me mette en position de repli en courbant les épaules, sans esquisser le moindre mouvement de plus pour récupérer la chemise et me couvrir avec – peut être que si je ne bougeai pas, que si je ne disais rien, elle allait faire comme si de rien était, comme si elle ne m’avait pas vu et repartir aussi facilement qu’elle était apparue sans prévenir en se disant qu’elle avait imaginé le tremblement de mes doigts qui avait redoublé et qu’elle avait pensé apercevoir. Il… Il fallait juste qu’elle s’en aille, elle et sa chevelure rouge qui encadraient ses traits comme si…
Comme si rien n’avait changé.


Dernière édition par Taylord Reegan le Mer 31 Oct - 15:21, édité 1 fois
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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeMar 25 Sep - 20:06



Close your tired eyes, relax and then
Count from 1 to 10 and open them
All these heavy thoughts will try to weigh you down
But not this time...

Way up in the air, you're finally free
And you can stay up there right next to me
All this gravity will try to pull you down
But not this time...

____________________________


J'avais presque oublié que le temps nous avait séparées, et plus que de coutume. En la revoyant le souvenir douloureux de la fois où je m'étais effondrée devant elle, à l'abri des regards de tous, dans les toilettes des filles, résonna en moi : le blanc clinique de la salle de bain où nous nous trouvions avait cet écho désagréable de mes peurs et de nos confidences. Pourquoi avais-je l'impression qu'aujourd'hui n'allait pas être tant différent que ce jour-là?...

En cette heure matinale de septembre, notre place n'aurait pas dû être ici. J'avais cours, et Taylord aussi. J'ignorais les raisons de sa présence ici mais la mienne s'expliquait très simplement : ce matin, je m'étais levée comme souvent, un peu avant le réveil, pour profiter de la quiétude de mon lit et de la lumière apaisante de notre dortoir. A travers les rideaux de velours rouge tendus autour de mon lit, je pouvais voir nettement les rayons dorés du soleil levant illuminer la salle circulaire. Une autre belle journée, en cette rentrée scolaire. Cette rentrée était unique - comme toutes les autres, à bien y réfléchir. Mon sentiment à l'égard de Poudlard ne cessait de fluctuer, et cette année était sans doute la première où je n'éprouvais - presque plus - d'animosité à l'égard du château et de tout ce qui s'y rapprochait. Le temps adoucit les cœurs. Tout passe, tout s'estompe, s'efface un peu aussi peut-être? J'avais l'impression que mes souvenirs fanaient de temps à autre, sans que j'ai le pouvoir de les garder aussi brillants qu'ils avaient été un jour. Mais d'un autre côté, les plus mauvais disparaissaient eux aussi petit à petit, et c'était sans doute le prix à payer. J'étais empreinte d'une certaine nostalgie, ou mélancolie, à cette idée, mais je n'arrivais pas pour autant à avoir une idée arrêtée sur le sujet. La vanité de ce que pouvaient peser mes pauvres interrogations dans la balance de l'existence me paraissait frappante, qu'avais-je donc à faire d'autre de savourer ce que j'avais encore entre les doigts avant que tout ne s'effrite? Je n'avais jamais été fataliste mais les aléas de l'existence m'avaient, à bien des égards, endurcie. Si mon espoir était toujours présent et ne se fanait pas, lui, je savais que ma perception de la réalité différait d'auparavant. L'innocence qui s'en allait?...

Mes vacances chez ma mère, qui habitait Pré-au-Lard, au-dessus de sa librairie, n'y étaient sans doute pas pour rien. Pendant presque deux mois j'avais vécu dans un univers essentiellement sorcier, en dehors de Poudlard, pour la première fois de mon existence. J'avais appris à vivre comme une sorcière, même si Maman avait compris mon recul face à tout cela et faisait en sorte que les choses soient les plus normales possibles. Néanmoins, Pré-au-Lard restait un village sorcier. Les magasins étaient sorciers, les gens dans la rue étaient sorciers, les objets, partout, étaient magiques... Force m'avait été de constater qu'on pouvait trouver un moyen de s'y... accommoder. Je sursautais encore souvent quand les objets bougeaient d'eux-mêmes, ou quand un phénomène perturbait la normalité de la situation. Mais, je m'y faisais. Et Haruhi, qui était venue passer quelques jours avec nous pour mon plus grand bonheur, m'avait aidé d'avantage, en me faisant oublier tout ce qui n'allait pas.

Et puis, maintenant... Maintenant à Poudlard il y avait... Ce qui ressemblait à ma vie, mes études que cela me plaise ou non, mon histoire, les origines d'une partie de ma famille, mes amis, ma meilleure amie, et, évidemment, Ophelia. Aujourd'hui, j'aurais été bien incapable de renier la magie, si cela avait impliqué de renier tout ce qui s'y rattachait. L'acceptation s'installait peu à peu.

Revenir au château n'avait pas été douloureux, parce que Maman n'était pas si loin, même si je savais que les journées que nous avions passées ensemble et les habitudes qui s'étaient installées allaient me manquer. Mais nous avions besoin de temps et de douceur pour construire ce qui nous avait été ravi, et il me semblait que c'était le meilleur moyen de passer des petits fragments de temps ensemble avant que cela soit complètement. Quand on a appris à grandir sans un parent, aussi cruellement qu'il nous ait manqué, il faut apprendre à lui ouvrir la place dans notre cœur quand il réapparaît, et ces choses-là ne se font pas à la légère. C'était bien trop précieux que j'envisage de le bâcler, et je savais qu'elle partageait cet état d'esprit. Cependant, je n'allais pas mentir : à peine avais-je mis le pied dans le château qu'elle m'avait manqué, et je n'avais pas tardé à lui écrire une lettre pour tout lui raconter.

Ce matin, donc, j'étais descendue petit déjeuner avec les autres, discutant avec Haruhi de nos souvenirs de vacances car nos camarades de dortoir s'étaient mis à nous raconter les leurs. Il régnait dans les couloirs de Poudlard une gaieté simple et légère, un peu comme le temps, encore beau mais teinté des couleurs oranges de Septembre. Nous nous étions tous retrouvés depuis des jours déjà, mais l'été est encore présent, d'une manière ou d'une autre. Habituée à la nourriture de Maman j'avais un peu bronché en retrouvant les habituels mets de Poudlard, mais ils n'étaient pas si mauvais, si on mettait à part cet infâme jus de citrouille que je n'avais jamais réussi à trouvé bon. Comment faisaient les sorciers pour en être si friands?! Nelly, comme à son habitude, était une véritable boule de nerfs le matin et avait besoin de sauter et grimper partout, de jouer avec tout ce qui lui tombait sous les pattes. Elle me quittait rarement et comme elle avait gardé une très petite taille pour un chat presque adulte, maintenant, elle tenait sans mal sur mon épaule gauche, sa place préférée. Ce matin, je l'avais posée sur mes genoux après m'être installée sur le banc, prenant bien garde qu'elle ne monte pas sur la table car j'avais déjà eu des remontrances de Meryl Kelsey à ce sujet. Mais Nelly avait décidé d'être intenable et peu à peu glissait ses pattes devant mon assiette pour essayer d'attraper les bouts de brioche quand je les portais à ma bouche. Mine de rien elle se levait, et puis d'un coup bondissait sur la table et se mettait à jouer avec tout et n'importe quoi, galopant sur la table en mettant ses petites pattes grises un peu partout. Cela faisait déjà deux fois que je m'étais levée pour la rattraper et la gronder tout bas quand elle buta contre un verre qui poussa la carafe de jus de citrouille vers moi et renversa tout son contenu sur mes genoux. Cette fois, je l'avais vraiment grondée, en l'attrapant par la peau du cou. Mais ses petits yeux verts étaient devenus si implorants, que je n'avais pas réussi à lui en vouloir longtemps. Gentiment, la fille à côté de moi leva sa baguette pour me nettoyer - instinctivement je m'étais un peu crispée, car je n'aimais jamais qu'on pointe une baguette vers moi - mais elle avait plus ou moins bien réussi son sort, car si le liquide s'était évaporé, il avait laissé une belle trace orange sur ma jupe et le bas de mon chemisier. Vaguement agacée, j'avais abandonné les autres qui se levaient pour aller en cours pour filer au dortoir et me changer, mettant Nelly sur mon épaule d'un geste autoritaire.

Voilà comment je m'étais retrouvée face à Taylord, dans la salle de bain de notre dortoir, que j'avais pénétré sans penser un seul instant que je n'y serais pas seule. Taylord qui avait été renvoyée de Poudlard avant l'été pour une altercation avec Hazel Woodley - je n'en savais pas plus, ou du moins, j'en savais un tel nombre de versions, qu'au final, je n'en savais rien. J'avais essayé de lui parler avant qu'elle parte mais elle avait filé et, aujourd'hui, je m'en voulais un peu : j'aurais dû prendre de ses nouvelles par courrier, même si j'ignorais son adresse. J'y avais songé, mais laissé le temps passer, et je me maudis pour ça. D'autant plus que je savais - ces choses là se sentent, particulièrement lorsqu'on a vécu des histoires similaires - qu'elle n'était pas forcément bien après ce qui s'était passé avec Chuck - là encore, les rumeurs étaient allées bon train. J'étais amie avec Taylord sans être proche d'elle tous les jours et c'était une amitié bien étrange à laquelle je tenais fort, pourtant. Elle faisait partie de ces gens en qui j'avais une confiance aveugle, mais que je ne côtoyais pas aussi souvent que d'autres.


- Taylord! m'écriai-je sans retenir mon étonnement et ma joie aussi, de la voir revenue - car elle n'était pas sur les bancs de l'école depuis la rentrée, et cela m'avait un peu inquiétée.

Puis, je compris la situation : j'étais entrée sans frapper dans la salle de bain croyant qu'elle était vide, Taylord était sans chemise et son corps avait pris une position de défense mêlée de gêne, et tout d'un coup je fus envahie à mon tour d'une gêne terrible, et je me mis la main devant les yeux, désespérée de la façon dont je l'avais regardée juste parce que j'étais heureuse de la voir mais sans réfléchir qu'elle était en sous-vêtements et que je... Que mes actions pouvaient être mal interprétées, surtout qu'elle savait pertinemment mon goût pour les filles.


- Euh, pardon je... Je ne voulais pas te... Je ne savais pas qu'il y aurait quelqu'un, je suis désolée!...

Nelly choisit ce matin pour émettre un petit miaulement qui montrait son incompréhension de la situation, et, maladroite, je me baissai pour ramasser la chemise de Taylord et lui donner, tout en prenant bien garde de ne pas regarder son corps, mais évidemment dans ces moments-là son corps semblait être la chose la plus visible de toute la pièce. Le rouge m'était monté aux joues, et si je m'efforçai de la regarder dans les yeux, je n'avais pas pu m'empêcher de noter qu'elle était vraiment maigre car les os de son dos ressortaient, et qu'elle avait de vilaines ecchymoses un peu partout sur la peau...

- Qu'est-ce qui t'es arrivée? finis-je par murmurer d'une voix douce, brisant le silence, car elle savait que j'avais vu et il était inutile de prétendre le contraire - la gêne avait suffisamment envahit la pièce. Je suis tellement contente de te revoir, tu sais, dis-je alors en captant son regard pour la première fois. Mon sourire était on ne peut plus sincère, même si j'avais la désagréable impression qu'elle n'était pas du tout au meilleur de sa forme. Comment tu te sens?

Lui demander "ça va?" aurait été bien mesquin - si il s'était passé ce que j'avais cru comprendre, comment un cœur brisé pouvait décemment prétendre aller bien, et même aller tout court?
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



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Localisation : Ben regarde, sur ma licorne magique... Ah, tu la vois ? Okay, arrête le jus de citrouille alors, visiblement ça te fait pas que du bien.
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Particularités: J'ai dix doigts. C'est fou hein.
Ami(e)s: C'est comme la poussière d'étoiles. Si t'y prends pas gaffe, elle s'effrite entre tes doigts...
Âme soeur: Il a un petit faible pour les cow-girls.

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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeJeu 27 Sep - 18:46

- Taylord!

L’histoire se répétait et prenait le même contexte que quelques années auparavant, lorsque Scarlett avait cette fois ci non pas poussé la porte de salle de bain, mais des toilettes pour filles pointant du doigt un problème qu’aujourd’hui cependant, à l’inverse de lorsque je lui avais piteusement demandé de l’aide ce jour-là, à présent, j’aurais juste aimé être invisible et de me fondre dans le paysage alors que les lumières vives de la salle de bain à cause de ses murs immaculés, pointaient la difficulté à grands renforts de clignotants, comme les néons qui indiquaient le nom des devantures de magasin. Je la voyais sans le voir parce que je ne l’observais pas directement, et la seule personne qui n’était pas un professeur et avec qui j’avais échangé plus de trois mots depuis mon retour à l’école, c’était Lilian.

Le cours auquel j’avais fait une première apparition publique avait été celui de métamorphose. J’étais restée tout au bout du couloir à attendre dans un coin pendant que les autres discutaient avec animation avec que Kelsey ne nous autorise à pénétrer dans sa salle de classe, et j’avais juste opposé une résistance contre le bois de la porte avec le plat de la main, qui avait commencé à se refermer avant que je ne rentre à mon tour pour me presser à trouver une table où une place était libre, mais surtout occupée à côté pour ne pas me retrouver près… Je faisais comme ça pour tout les cours dans lesquelles j’étais allée en évitant de lever le visage vers qui que ce soit, comme si le fait d’avoir une couleur de cheveux différente me rendait méconnaissable et me protégeait des élèves qui groupillaient autour de moi. Je ne savais jamais s’il était devant, derrière moi, s’il était simplement là, était venu en cours… toutes ces questions, je me les posais à chaque fois – sans avoir l’audace d’affronter avec un certain défi les autres pupitres avec l’air de dire « Hé oui, je suis bien là, et je vous emmerde ». C’était de l’histoire ancienne tout cela. A moindre mal, Kelsey avait été gentille quand lorsqu’elle avait demandé de réaliser les exercices pratiques, elle était venue directement jusqu’à ma place quand elle avait vu que je ne m’y attelais pas en me disant doucement que si j’avais oublié ma baguette, ce n’était pas grave, que cela pouvait arriver et qu’en attendant, je n’avais qu’à écrire les propriétés du sortilèges, son utilisation… ce qu’on faisait généralement en amont. J’avais dessiné jusqu’à la fin de l’heure des gribouillis dans un coin de ma feuille avec un crayon à papier, sentant bien que je n’avais absolument rien à faire ici.

Je n’étais donc en rien préparée à un contact aussi brutal – j’avais cette pudeur face à mon corps que je préférais enfouir sous les vêtements comme une réalité qui n’existerait pas – mais plus que tout voulait garder ce secret si honteux pour moi. Mais dès lorsque nous étions deux maintenant, j’étais contrainte de le partager, et Scarlett dû le sentir, car elle était moins à l’aise tout à coup elle aussi.


- Euh, pardon je... Je ne voulais pas te... Je ne savais pas qu'il y aurait quelqu'un, je suis désolée!...

Je hochai la tête en signe de négation pour lui faire comprendre que je ne lui en tenais pas rigueur, en même temps que son chat émit un miaulement, lequel reçut rapidement une réponse, car un autre cri similaire que je reconnaissais mieux s’était fait entendre un peu plus loin puis quelques secondes plus tard la frimousse de Zephyr fit son apparition à l’entrée de la porte pour venir se frotter dans mes jambes.

Il était encore tout petit parce qu’il était né cet été au ranch, de la portée de la chatte qui n’avait jamais vraiment été à nous, mais c’était comme si, parce qu’on la nourrissait quand même et qu’elle était restée tourner autour de la maison depuis ce jour là. Ca s’était passé à peu près à cette période où j’alternais entre ma chambre dans laquelle je me terrais, pour à la place, aller me terrer dans les écuries même si je ne montais plus à cheval et elle s’était cachée, pour mettre bas, dans l’un des box qui n’était pas utilisé à ce moment là parce le cheval était toujours dehors, et Zephyr depuis le début avait été tenu à l’écart, parce que c’était le plus faible de ses frères et sœurs qui eux par contre étaient beaucoup plus forts, du coup, il ne pouvait pas se nourrir correctement et sa survie s’était retrouvée très vite menacée. Dès lors, j’avais pris soin de lui en m’en occupant moi-même et c’était surement la seule fois durant tout le temps où j’étais restée au Texas que je m’étais sentie utile et il me l’avait bien rendu.

Lui répondait toujours à mes caresses, à mes câlins, et je pouvais lui dire tout ce qui me passait par la tête, être triste ou en colère, cacher mes pleurs dans son pelage, il ne se moquait jamais de moi, me critiquait ou m’insultait et il ronronnait toujours de plaisir dans mes bras parce qu’il avait trouvé quelqu’un qui voulait bien de lui…

Ça ne l’empêchait pas de faire ces bêtises et d’être curieux de tout et des autres, si bien qu’il n’était pas sauvage pour deux sous et que je le laissais partir en exploration au-delà des dortoirs, comme si c’était plus fort que lui et qu’il aille voir de lui-même le monde qui l’entourait. Là il jouait avec l’une des manches de la chemise avant que Scarlett ne la ramasse, avant que son attention soit attirée par Nelly, laquelle j’aimais bien prendre sur mes genoux quand elle venait parfois vers moi.

Avec un geste peu assuré, j’attrapai le tissu pour me couvrir partiellement sans le remettre – je n’avais pas totalement terminé, même si en même temps, maintenant, je me voyais mal poursuivre ce que j’étais en train de faire un peu comme si j’avais été prise en flagrant délit en train de voler des pièces dans un cochon tirelire qui ne m’appartenait pas.


- Qu'est-ce qui t'es arrivée? Je suis tellement contente de te revoir, tu sais.

L’échange visuel qui suivit me fit frissonner et je détournai encore une fois la tête. La vérité était là. Je ne savais pas comment réagir vis-à-vis de Scarlett et fut incapable de lui rendre le sourire qu’elle m’offrait, baissant au lieu de ça, tristement le menton.

- Je ne dois pas être ici, donnais-je comme toute information, un peu penaude.

Je n’étais pas une sorcière.
J’étais prête à le répéter autant de fois qu’il le faudrait pour qu’ils comprennent.

La Gryffondor était amie avec Haruhi, elles étaient même très proche, beaucoup plus que nous ne l’avions été Scarlett et moi, et sur ce plan, comme sur d’autres plans, je ne faisais pas le choix. Je ne lui en avais pas parlé, mais je savais qu’elle était au courant du fait que je ne parlais plus à la japonaise et cela avant mon départ précipité de l’année dernière, mais en aurais-je trouvé seulement la force ? Il m’était impensable de me mettre en travers d’elles deux alors qu’elles partageaient tant de choses, et je ne le voulais pas non plus – mais que s’étaient-elles dit à propos de cela ? Si je perdais Haruhi, c’était comme si d’un côté, je perdais Scarlett, et pour cela, je ne pouvais pas lui en vouloir, même s’il m’était d’avis qu’elle était au dessus de ce genre de choses et qu’elle n’allait pas tenir compte de notre brouille et que cela ne nous empêchait en rien de nous adresser la parole. En tout cas, je ne savais que lui dire à mon tour comme si d’être coupée de tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à Poudlard durant des semaines m’avait fait perdre tout mes repères.


- Comment tu te sens?

Je fermai les paupières un peu plus longtemps en poussant un soupir las, qui je crois, résumait assez bien la situation. Il y avait toujours cette fatigue poisseuse qui m’habitait, comme si je sortais d’un sommeil de cent ans, et que j’avais du mal à reprendre un rythme normal.

- Je ne sais pas, soufflai-je mais c’était ce qui reflétait le mieux l’état dans lequel je me trouvais. Ce n’était jamais pareil, et les sentiments se succédaient, incontrôlables, comme s’ils essayaient de se bouffer les uns les autres pour être les plus forts et avoir le dessus et sans prévenir je passais de la résignation et à un état végétatif aux crises de larmes qui étaient de celles qu’on ne parvient pas à apaiser.

Les pupilles perdues dans le vague, je regardais Zephyr qui m’avait tout l’air d’être fasciné par la queue de sa comparse parce qu’il n’arrêtait pas de donner de coups de pattes dedans, jusqu’à ce qu’il se prenne dans une autre des siennes et qu’il ne bascule par terre. Niveau équilibre, il avait souvent du mal, parce qu’il ne faisait jamais attention.

- On peut sortir d’ici ?
implorai-je presque car les lieux étaient trop froids et je me sentais prise dans un tube qui se rétrécissait au fur et à mesure qu’on me contraignait à me glisser à l’intérieur.

Un peu maladroite je récupérai le pot et ce fut le signal pour Zephyr qui vint à ma suite, comme s’il avait déjà à l’avance où est-ce que nous nous rendions. Je revenais tout de suite vers mon lit, là où les lumières n’étaient plus denses, mais beaucoup plus tamisées, me donnant inconsciemment le sentiment de me sentir légèrement en sécurité, bien que cela ne soit qu’illusoire. J’indiquai à Scarlett qu’elle pouvait s’asseoir près de moi également parce que je ne savais pas trop ce qu’elle attendait de moi et ce que je voulais d’elle. Je tenais juste le pot de ma main valide et s’était refermée dessus assez fermement, en signe d’inquiétude. Je ne voulais pas trop lui poser de questions parce que si je faisais mine de trop s’intéresser à elle, elle allait en faire de même pour moi, et je n’allais pas pouvoir éviter éternellement ses questions.

Zephyr sauta sur mes genoux sans prévenir – il ne pouvait pas comprendre parce qu’il ne savait pas que j’étais blessée mais la surprise m’avait fait étirer le dos vers l’arrière et je laissai échapper un « shhhhh » significatif de douleur. Les plaies ne voulaient pas guérir. Depuis que j’étais au château, j’avais repris de sales habitudes que Ruth avait essayé de m’enlever durant les vacances, mais les ongles qu’elle faisait attention à couper avaient repoussé car elle n’était plus là pour faire de contrôle alors que je m’acharnais sur les croûtes, parce que ça me grattait, c’était insupportable, comme des démangeaisons, et donc ça se remettait à saigner et ça ne se réparait pas complètement. Sans parler des zones où je n’avais pas accès, parce que la peau était sèche et quand les croûtes se craquelaient, ça faisait tout aussi mal. Je pesais le pour et le contre avant de me tourner timidement vers Scarlett toujours sans vraiment la regarder droit dans les yeux.

- Tu peux.. ? Je poussai Zephyr pour qu’il s’installe sur le lit pour qu’il me laisse plus de place. Je lui montrais ma crème. J’arrive pas à la mettre toute seule, chuchotai-je laissant sonner mes mots comme une excuse, comme si c'était pour me faire pardonner d'oser lui demander un truc pareil. J’ai fait une chute de mon cheval, lui expliquai-je quand même, comme elle m’avait posé la question tout à l’heure et que je lui demandais maintenant un peu d’aide, en souhaitant que ces seules remarques lui suffisent.

On dit qu’on ne peut pas tomber plus bas que terre pourtant je m’étais enfoncée dans un endroit encore plus profond que les enfers.
Le néant.
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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeDim 30 Sep - 19:29



Let your colours burn, and brightly burst,
Into a million sparks, but all dispersed and illuminate a world,
That'll try to bring you down,
But not this time...

____________________________


Je m'étais attendue, évidemment, à ce qu'elle ne soit pas la même. Comment aurait-elle pu l'être? J'ignorais tous des détails de son histoire avec Chuck et encore plus de la véracité des faits touchant à son renvoi, mais au fond, je sentais d'une manière totalement instinctive qu'elle avait le cœur brisé, et ce genre de maladie, qu'importe la manière dont elle choisissait de s'exprimer, avait une racine commune avec tous les chagrins d'amour, quels qu'ils soient. Je m'en rappelais. Vaguement, car j'avais été si mal que me relever avait signifier tourner la page et tenter d'oublier. Mais je savais, non sans honte, que j'avais été si mal que si Haruhi n'avait pas été là, j'aurais commis l'irréparable. Aujourd'hui, je tenais à la vie à tout prix; n'était-ce pas l'effroyable signe du pouvoir incommensurable que pouvait avoir une peine de cœur? A l'intérieur, ça avait été le néant. Après un chagrin intense à m'en déchirer les entrailles, après un chaos tellement fort qu'il m'en coupait le souffle, je me rappelle de ce vide vertigineux, et de ma totale impuissance face à lui. C'était cela, rien. Juste rien. Et je crois que ne rien ressentir restait la pire des sensations - plus que le malheur, plus que la peine, plus que tout. Oh, j'étais si peinée de lire tout cela dans le regard absent de Taylord et de me dire que quoi que je fasse, je ne parviendrais qu'à lui apporter un peu de chaleur, bien ténue face à l'ampleur du vide qui l'engloutissait de l'intérieur...

Puisque je m'obstinai à ne plus regarder son corps, je soutins son regard de longues secondes et m'en sentis encore plus effarée, tandis que la gêne ne voulait pas s'en aller toute seule et que l'air me parut soudain sensiblement plus lourd. Quelle idiote je pouvais être parfois! Notre salle de bain était commune, pourquoi n'avais-je pas eu la présence d'esprit de frapper?!

Heureusement, un petit miaulement répondant à celui de Nelly dissipa cette désagréable sensation. Comme Taylord, je suivis des yeux le petit chaton tigré qui avait pénétré la pièce à ma suite. Aussitôt, Nelly se coula le long de mon épaule et sauta agilement par terre, toute heureuse d'avoir un nouveau copain, mais également très intrigué par ce petit étranger. J'eus aussitôt un petit sourire attendri : le chaton était adorable et visiblement aussi malin et vif que Nelly, et comme ils se jaugeaient du regard et s'approchaient doucement, je sus qu'il n'y avait rien à craindre : ils s'entendraient bien.


- Comment il s'appelle? Il est trop mignon, chuchotai-je à l'égard de mon amie. J'étais heureuse pour elle qu'elle ait un animal auprès d'elle car j'étais certaine qu'il lui apportait une présence consistante. Et puis, la façon dont elle le regardait ne mentait pas : elle y était très attachée.

Elle finit par, enfin, ouvrir la bouche. Tout en elle m'inquiétait : son attitude, sa position, ses épaules courbées sous un poids trop lourd pour elles, son regard si triste, sa voix trop absente, qui souffla dans le blanc de la salle de bain comme une bise glacée.


- Je ne dois pas être ici.

J'entrouvris les lèvres. Les mots se bousculaient à l'intérieur de moi sans que j'arrive à les aligner dans le bon ordre, pour trouver les plus justes, les plus rassurants. Oh, Taylord, avais-je envie de dire, si tu savais comme je te comprends, et comme tu te trompes! Sa place était ici avec nous - même la mienne y était, alors que j'avais encore du mal à accepter la Magie et tout ce qui s'y rattachait. Quand on était à sa place, à l'aube de mois difficiles qui allaient nous changer à jamais, on ne pouvait pas savoir, jamais, qu'on était capable d'un jour passer à autre chose. D'ailleurs, la plupart du temps on y arrivait pas seul - Haruhi en était la preuve. Mais n'empêche qu'on résistait, parce que c'était le propre de l'humain, de se battre pour sa vie, et qu'un jour le soleil se levait plus haut dans le ciel et chassait la brume qui se délitait peu à peu. Le ciel redevenait bleu. Jamais aussi pur qu'avant sans doute, et puis, la lumière faisait un peu mal aux yeux. Mais elle était là. Forte. Brillante. Vivante. Je voulais que Taylord croit à cette lumière, que je lui en fasse au moins miroiter l'espoir, le rêve, et qu'elle ne se laisse pas abattre... Parce que je savais qu'il était si simple, si tentant de se laisser couler dans cette pénombre de tristesse et de fermer les yeux, à tout jamais. Il fallait qu'elle y croit. Sans doute qu'elle aussi, un jour, elle allait trouver son Ophelia...

J'eus un mouvement vague mais ne sus comment exprimer tout ça; je ne fis que lui tendre sa chemise, qu'elle saisit mollement.


- Je ne sais pas, reprit-elle, et sa voix atone ne me plaisait vraiment pas. On peut sortir d’ici ?

J'acquiesçai sans mot dire et la suivis, talonnant son chaton et Nelly qui suivait, son petit museau en l'air, flairant l'inconnu, son tout nouveau compagnon. J'attendis que Taylord m'indique que je pouvais rester avec elle - après tout, oui, elle avait besoin de moi mais je ne voulais pas la forcer et respecter ses envies si elle ressentait le besoin d'être seule. Au moins, l'inquiétude avait pris le pas sur la gêne et j'avais presque oublié ma position embarrassante. Après tout, entre filles et entre amies, il ne devait pas y avoir de sous-entendus.

J'allais, enfin, lui dire ce que j'avais sur le cœur quand son chat lui sauta sur les genoux et elle se crispa et je devinais qu'il avait du probablement toucher une de ses blessures. Je fronçai les sourcils. Tout d'un coup, j'eus la désagréable révélation que l'état de Taylord était bien pire que je ne le pensais, puisqu'en plus du désastre moral que son chagrin lui infligeait... Il était physique également.


- Tu peux.. ? J’arrive pas à la mettre toute seule, dit-elle en me tendant le pot, que je saisis avec un geste pas nécessairement brusque mais moins doux qu'à l'habitude, moi qui pourtant n'avais que des gestes mesurés et délicats.

- Oui.


- J’ai fait une chute de mon cheval.

- Ah.


C'était moi qui n'avais plus envie de parler. Je sentais une boule au fond de ma gorge, grosse comme mon poing, et je ravalai des larmes qui n'avaient vraiment pas lieu d'être, parce que Taylord n'avait pas besoin de ça. J'avais juste peur pour elle, et surtout je me rappelai tous ces mauvais souvenirs, qui se reflétaient en elle comme un miroir. Peine, injustice, colère aussi, tout se mélangeait. Alors je me forçai à m'appliquer et, avec des doigts un peu tremblants au départ, j'entrepris de lui mettre de sa pommade partout, sur chaque parcelle de sa peau qui avait souffert - et il y en avait beaucoup, visiblement - avec une attention toute particulière, comme une mère le fait avec son enfant. Je me forçai à avoir la main légère mais à cependant en mettre beaucoup et partout, et soufflai de temps en temps sur sa plaie quand je la sentais se crisper, car cela faisait toujours du bien de souffler. Quand j'eus terminé, je vérifiai soigneusement mon travail puis refermais le pot et lui tendis, avant de frotter mes mains l'une contre l'autre. J'avais retrouvé mon calme, et je lui souris un peu trop tristement sans doute, quand elle se retourna vers moi.

- Taylord, qu'est-ce qui s'est vraiment passé avec lui?

Qu'elle ait envie d'en parler ou non, les mots avaient de toute façon valeur de guérison. Je posai la main sur son bras, lui montrant son soutien. Lui rappelant qu'elle aussi, un jour, elle avait fait cela pour moi.


- Tu sais bien que je sens ce qui se passe, poursuivis-je d'une voix douce. Dis moi.

A côté d'elle, son chaton et Nelly avaient visiblement passé le premier stade de la rencontre et jouaient maintenant allègrement, se mettant les pattes sur les oreilles et roulant l'un sur l'autre avant de se relever et des pousser des petits cris surexcités.
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Taylord Reegan


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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeJeu 4 Oct - 19:28

Je n’avais pas hésité lorsqu’il avait fallu choisir entre laisser Zephyr à Comanche ou l’emporter avec moi à Poudlard. Nous étions deux êtres, chacun de notre côté dont personne ne voulait mais nos routes s’étaient croisées – il m’apportait certainement bien plus que je ne lui donnais parce que c’était un animal et quand je le voyais faire ses bêtises je savais qu’il aurait eu l’instinct nécessaire pour s’en sortir après lui avoir donné par quelques fois des coups de pouces pour qu’il ne meurt pas de faim dans son coin. Quoique… il était tellement collant par moments que c’était à se demander qui en profitait le plus par rapport à l’autre.

- Comment il s'appelle? Il est trop mignon.

- C’est Zephyr, lui dis-je tout doucement tandis que celui ses grandes prunelles vers moi comme pour demander « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »

La présence de Scarlett était étrange – comme si j’avais perdu, en l’espace de plusieurs semaines les moyens de communication pourtant basiques, ceux qu’utilisaient naturellement les enfants pour se faire des amis lorsqu’ils étaient en âge de vivre en communauté avec d’autres inconnus de même taille. Tout leur paraissait si facile, les mots coulaient souvent tout seuls pour ceux qui n’étaient pas timides et ne prenaient pas garde de se dire si les phrases qu’ils employaient, parfois un peu décousue manquaient franchement de diplomatie jusqu’à s’avérer carrément blessante. Ou lorsqu’ils esquissaient un compliment, un remerciement comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, tout cet éventail de possibilités, et cela simplement parce qu’ils n’avaient pas conscience de toute cela. Je ne me sentais cependant pas menacée par mon amie, sa présence ne me dérangeait pas à présent que le premier choc était passé, comme si c’était une brèche dans l’espace-temps, nous retrouvant dans un endroit où tout était calme et silencieux, malgré qu’il n’y ait aucune chaleur. Comme si j’étais dénuée de toute sensation.

Tout comme la nature de notre échange, morne, comme si après tous ces mois passés, nous n’avions rien à nous dire alors que le dialogue m’avait toujours semblé être une chose facile lorsque j’étais en compagnie de la Gryffondor, comme si le lien qui nous retenait uni était toujours présent, mais qu’il s’était effiloché, et qu’il ne tenait qu’à nous de maintenir le contact pour qu’il ne se brise jamais. Mais comment faire alors que je l’enviais tellement pour ce qu’elle avait, pour ce qu’elle avait réussi à avoir pour être plus précise de son amitié avec Haruhi qui demeurait inébranlable, et une étincelle, rien qu’une étincelle tout au fond de moi voulait lui crier que je ne supportais plus tout ça, cette conne de situation qui m’avait retiré un être cher, mais qu’au lieu de me sentir plus légère de cette perte de poids, elle n’en était que plus douloureuse et plus imposante chaque jour, et je ne savais pas. Je ne savais pas comment réparer l’irréparable parce qu’on ne peut pas recoller des milliards de petit morceaux et que le mal avait été fait. Tout ne venait plus que de moi. Est-ce que j’étais capable de pardonner ? Mon cœur voulait s’en montrer digne, mais mon enveloppe corporelle se faisait plus dure que jamais, à l’instar d’une ultime cuirasse, parce qu’en dessous, il n’y avait plus que la chair, et elle, demeurait sans protection et trop faible pour s’y laisser aller.

Scarlett commentait vaguement mes explications avec un minimum de mots. Il y avait une barrière ente nous deux mais il ne tenait qu’à elle de la franchir parce qu’elle savait que je ne le ferais pas à sa place que je préférais rester derrière, mais surtout qu’elle ne vienne pas m’y chercher car nous savions toutes les deux ce que cela voulait dire parce que c’était aussi voyant qu’un éléphant derrière un lampadaire, et c’était le
fantôme de toute cette tension, dont nous étions enveloppée dans toute la pièce, comme si elle s’était déplacée de la salle de bain jusqu’aux dortoirs. Je frissonnais alors qu’elle appliquait la crème et cela par plusieurs fois car la peau était sensible et c’était nerveux. J’étouffai mes plaintes dans ma bouche, lorsque parfois je n’arrivais pas à les retenir. Qu’est-ce que cela pouvait être cynique cette façon dont il fallait encore souffrir, pour justement, guérir la douleur dans une course effrénée où il n’y avait jamais de fin et où l’on retournait toujours et inlassablement à la case départ.

Je la remerciai mollement pendant que je m’emparai de la crème pour la ranger à sa place. Rien qu’en rencontrant nos regards, je sus qu’elle était par-dessus. La barrière.


- Taylord, qu'est-ce qui s'est vraiment passé avec lui?

L’apaisement léger que j’avais ressenti avec les mouvements répétés mais doux de ses mains sur mon dos se dissipèrent comme une trace de pas dans le sable que l’écume de la mer vient effacer. Avec des gestes extrêmement lents, j’entrepris de renfiler correctement ma chemise pour que ce soit le moins douloureux possible en la reboutonnant vite fait pour que mon corps soit caché en parti. La boule de nœuds qui s’était emmêlée dans mon estomac me rappelait plus que jamais qu’elle était bel et bien présente.

- Tu sais bien que je sens ce qui se passe. Dis-moi.

Je m’étais détournée pour me concentrer de toutes mes forces sur mes deux genoux collés l’un contre l’autre en signe de défense. Je m’étais juré de ne plus pleurer. Pas ici, pas à Poudlard, je voulais les laisser loin dans mon oreiller dans ma chambre du Texas et pourtant mon visage se contractait sous la peine comme si c’était trop dur pour lui de garder ce surplus qui l’envahissait. Vide. Je devais rester vide. C’était important. Je ne répondis pas tout de suite, pour me retenir.

Je n’avais pas très bien compris à l’époque comment est-ce qu’on pouvait se mettre dans des états pareils tels qu’on flirtait avec le désespoir et c’était un sentiment bien plus terrible que l’envie de mourir, parce que c’était comme de marcher dans un long tunnel qui n’avait jamais de fin et où la lumière du jour demeurait absente à tout jamais. Lorsque Scarlett avait ressenti cela, cet enfer ne m’était pas inconnu parce que je m’étais moi-même battue jour après jours contre lui, pour creuser une galerie avec acharnement jusqu’à la surface, parce que j’avais encore conscience de ce qu’il y avait au-dessus et c’était cette volonté qui me guidait, car pour moi, il était évident à ce moment-là qu’il ne pouvait pas y avoir de plus fort que les liens du sang. Ressentir quelque chose qui nous dépassait bien au-delà de l’âme pour une personne à laquelle au départ nous n’étions rattachées en rien ? Je respectais cela, mais je trouvais cela absurde dans le sens où, tellement obnubilée parce que je voulais au plus profond de moi, j’en avais oublié de voir ce qu’il y avait autour parce qu’il m’avait apparu évident, que dans ma quête ce n’était que superflu, mais aussi, et maintenant j’en étais plus que certaine, c’était inconsciemment par crainte d’avoir à supporter la perte de quelqu’un qui m’était cher, car les ressources de chaque être humain étaient différentes et avec quatre membre de ma famille en moins, en prenant ce point de départ-là, je n’étais pas sûre d’en avoir beaucoup.

Comment faisait Scarlett pour être aussi solide ? Quand elle-même avait été une feuille morte qui crissait sous les pieds parce qu’on lui marchait dessus, et que pourtant, elle était présente, parce que même si elle n’en avait pas conscience, je n’avais jamais oublié ce qu’elle avait fait pour moi, ce premier pas vers l’envie de vaincre la maladie que je n’avais avoué que très tardivement. On rejouait la même scène sauf que je n’étais pas fichue d’être autant là pour elle qu’elle l’était pour moi il me semblait et puis parce cette-fois ci, je ne voyais aucune porte de sortie vers la guérison.

- Je ne comprends pas ce que je lui ai fait
, lâchai-je enfin. Parce que ça devait sûrement être quelque chose d’horrible pour qu’il m’en veuille autant, parce que pour avoir retourné le problème durant des jours, il ne pouvait y avoir que cette unique conclusion. Je…

Les mots butaient dans ma tête, j’avais tant de mal à définir tout ce que j’éprouvais et pourquoi j’avais besoin de le dire maintenant. Je n’étais plus de taille à lutter contre les questions et à rester inébranlable parce que ça avait toujours était ma principale force. A présent, je n’étais plus qu’une épave.

- Je voulais pas tout gâcher, et puis ça devait être que temporaire, c’était pour qu’on en laisse tranquille qu’on en a parlé à personne, et puis c’était cool au début… en même temps, je disais ça, mais est-ce que c’était vrai ? Qu’est-ce qu’il avait voulu lui au juste à part ce qui était couché sur le papier ? Je l’ignorais toujours. J’avais la nausée de conter cette histoire. Mais je crois qu’il voulait que ça reste comme ça, que.. Il était toujours resté tellement vague, comment savoir ? Que c’était pas sérieux, mais je sais pas, je pensais que c’était bien. Un peu. Mais au fur et à mesure que je parlais, je voyais à quel point j’étais ridicule. Qu’est-ce que jamais imaginé ? Que sous prétexte que tout ne c’était toujours passé différemment entre lui et moi, que pour ça aussi ça ne ferait pas exception ? J’étais stupide de m’être montée la tête, c’était moi qui étais à blâmer, pas lui. Et puis ensuite, quand.. quand on a couché ensemble, ben après il a plus voulu de moi. Peut être que si… que si je lui avais pas demandé.. Je voulais pas. Je voulais vraiment pas…

Mais c’était trop tard, parce que j’étais l’unique responsable de ce désastre, que j’avais dépassé ce stade de la colère, parce que sous cette enveloppe, il y avait tout le reste, tous ces petits pions qui s’entrechoquaient les uns dans les autres et qui composaient le chagrin. Mes yeux restaient secs, mais ce n’était que la surface, et par delà la couche il n’y avait que des pleurs qui s’écoulaient sur les débris.

- Il veut pas de moi de toute façon
, lui confiai-je la voix complètement déformée et c’était comme si je prenais moi-même le pieu pour me l’enfoncer dans le torse. Chaque mot était une lame de rasoir qui venait creuser un peu plus loin les blessures. Il me l’a dit.

Et je ne pouvais rien faire contre son jugement.

- Alors ça sert à rien s’il veut pas, murmurai-je pour contrôler un peu les tremblements. Il y eut un moment de silence, avant que je ne le brise comme si c’était devenu un besoin plus que vital. Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas donner et recevoir en même temps ? Pourquoi c’est toujours soit l’un, soit l’autre ? On avait toujours voulu des trucs, mais à des moments différents. Enfin, le concernant, c’était en supposant que j’ai su un jour ce qu’il avait réellement souhaité. Tout comme il n’y avait aucune bonne réponse à la question que je venais de formuler.

Je ne pouvais tout bêtement pas aller à l’encontre de ce que je ressentais à son égard, même si je n’avais encore jamais réussi à le dire à haute voix.
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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeLun 8 Oct - 12:04



When the sun goes down and the lights burn out
Then it's time for you to shine
Brighter than a shooting star
So shine no matter where you are

Fill the darkest night with a brilliant light
'Cause it's time for you to shine
Brighter than a shooting star
So shine no matter where you are


____________________________


Seulement alors je remarquai que par la grande fenêtre du dortoir brillait un soleil timide de début d'automne, mais que ses rayons rentraient à l'horizontale dans notre haute tour, et doraient d'avantage les parures Rouge et Or qui décorait la pièce ronde. Le ciel était d'un bleu pâle mais pur et les couleurs froides étaient comme anesthésiées par cette lumière dorée. Tout autour de nous était teinté de lumières chaudes, particulièrement frappantes après le blanc médicinal de la salle de bain. Si on s'y laissait bercer, l'air était doux, les couleurs rassurantes, et tout donnait envie d'aller au-dehors profiter de cette belle journée, et de marcher dans le parc pour goûter à la beauté du paysage et à l'air frais mais revigorant. Je savais que Taylord ne ressentait rien de tout cela. Parce que je savais que son coeur, son corps tout entier était glacé de tristesse et de désespoir et que rien ni personne ne pourrait le chercher. Rien ni personne, surtout pas moi. Une seule personne avait ce pouvoir, sans doute, mais elle était la cause de toute cette catastrophe et sortait ainsi de l'équation.

Rien ni personne, me dis-je encore une fois en la contemplant. Son état catatonique jurait avec la personne qu'elle était - tonique, enjouée, tournée vers les autres, agréable, sociable. Je sus qu'elle allait me parler, comme je l'avais poussée, doucement. L'odeur de crème flottait autour de nous et parfumait agréablement l'air, mais sur ma peau elle me paraissait trop grasse, et l'odeur devint trop écoeurante, parce que cette crème n'était qu'un pauvre onguent destiné à apaiser ses blessures apparentes. Et c'était bien peu. Le mal n'était pas visible, il était enfoui en elle, et quel onguent avait ce pouvoir-là? Il aurait été bien riche, celui qui aurait trouvé l'antidote aux peines de coeur, car ces maux-là étaient sans doute les plus terribles et les plus cachés, et les les plus longs à soigner.

J'avais peur de ce qu'elle allait me dire, non seulement parce que j'avais peur de savoir la version exacte des faits - du peu que je connaissais Chuck Carlton, qui partageait notre maison, je pense que je pouvais dire avec certitude que la fiabilité n'était pas son maître mot. Je n'aimais pas juger les gens sans les connaître, mais il appartenait à ce genre de personnes que je n'avais hélas pas du tout envie de connaître. Pourtant, Haruhi l'aimait bien, elle m'avait dit qu'il n'était pas si terrible qu'il en avait l'air. Mais il avait ce masque détestable des gens trop sûrs d'eux, complètement tournés vers eux-mêmes, indifférents aux autres comme d'un grain de poussière sur le sol, et cela m'était tellement étranger que je savais que nous n'avions rien à voir, rien à faire ensemble. Qui plus est, je n'étais absolument pas sensible à son charme - que je reconnaissais, mais qui ne me touchait pas - ce qui achevait de me détourner de lui. Néanmoins je n'arrivais pas à me l'expliquer mais je comprenais ce que lui trouvait Taylord, ou plutôt je me figurais ce qu'ils se trouvaient l'un l'autre, parce que je me doutais qu'il y avait quelque chose d'autre sous cette figure populaire, et je me figurais surtout très bien ce qu'il trouvait à Taylord, car elle était quelqu'un de bien avec assez de caractère pour lui ramener les pieds sur terre. Mais avec tout cela j'avais peur de son histoire, parce que je sentais déjà qu'il avait agi comme le dernier des imbéciles, qu'il n'avait pas pris soin d'elle comme elle le méritait, et que ça allait m'exaspérer. Et, comble de tout, je savais que, quoi qu'elle me dirait, quoi qu'il se soit passé : je n'avais aucun pouvoir. Aucun. Elle n'avait besoin que de lui. Et il n'était plus là...


- Je ne comprends pas ce que je lui ai fait. Je… La fragilité de ses mots résonnait en moi comme un écho douloureusement familier. Je voulais pas tout gâcher, et puis ça devait être que temporaire, c’était pour qu’on en laisse tranquille qu’on en a parlé à personne, et puis c’était cool au début… Sur ce point, ils n'en avaient peut-être parlé à personne, mais même moi qui n'étais pas particulièrement au point sur les ragots de Poudlard, j'avais l'impression que rien n'avait été secret très longtemps. Mais je crois qu’il voulait que ça reste comme ça, que.. Que c’était pas sérieux, mais je sais pas, je pensais que c’était bien. Et puis ensuite, quand.. quand on a couché ensemble, ben après il a plus voulu de moi. Peut être que si… que si je lui avais pas demandé... Je voulais pas. Je voulais vraiment pas… Ah. J'eus un frisson et entourai instinctivement les épaules de Taylord de mon bras. Evidemment. C'était bien son genre, à un type pareil, de faire ce genre de choses... Il veut pas de moi de toute façon. Il me l’a dit.

Le seul moyen qui me permettait de retenir mes larmes était de me dire que Taylord avait besoin de ma force et d'être rassurée. Mais, au fond, j'étais pleine d'un gros chagrin, non seulement parce que cette histoire me rappelait la mienne, mais surtout parce que le désespoir de Taylord entre mes mains me faisait une peine intense et que je me sentais complètement impuissante face à elle. Dans ces moments-là la pire des choses n'était pas notre propre peine mais celle de nos amis et j'aurais tout, tout donné pour réussir à lui redonner espoir et à panser ses blessures invisibles, qui n'étaient pas à la portée de ma pauvre main.

Je l'interrogeai du regard, mon attention retenue par ses derniers mots.


- Il te l'a dit?!... Parce qu'en plus il avait enfoncé le clou un peu plus loin, il l'avait larguée après avoir couché avec elle ET avait insisté sur le fait qu'il ne voulait vraiment pas d'elle?! Oh, vraiment, voilà qui s'appelait avoir du style. Il était décidément aussi "charmant" que je me l'imaginais.


- Alors ça sert à rien s’il veut pas. Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas donner et recevoir en même temps ? Pourquoi c’est toujours soit l’un, soit l’autre ?

Hélas, elle m'en demandait bien trop. Cette même question m'était restée sans réponses, et encore jusqu'à maintenant. Même en ayant trouvé, longtemps après, l'antidote à mon coeur brisé, je n'étais pas certaine d'avoir un jour réellement ce que je désirais. Alors...

Je souris tristement, et la serrai un peu plus contre moi - doucement toutefois parce que j'avais peur d'appuyer sur l'une de ses ecchymoses - et lui caressai les cheveux. Le blond lui allait bien, étrangement. Mais cela lui donnait comme une autre personnalité, que je n'arrivais pas bien à cerner encore.


- Je ne sais pas, confessai-je doucement. C'est souvent comme ça, c'est vrai. Mais pas tout le temps : regarde, autour de toi il y a des couples, des adultes... Je suis sûre qu'un jour tu trouveras quelqu'un de bien, qui te rendra ce que tu lui donneras. Je sais que tu ne veux que lui pour l'instant mais... Je butai un peu sur les mots : Je sais que tu n'as besoin que de lui, et que tu as l'impression que ça ne changera jamais. Mais, je t'assure, ça change.

Qu'est-ce qui changeait exactement? On trouvait un remplaçant, ou bien on apprenait à vivre avec? Ophelia n'avait rien d'une remplaçante - j'avais juste compris qu'elle était mille fois mieux que celle qui m'avait un jour brisé le coeur. Mais mes blessures avaient existé, réellement, et j'avais juste réussi un beau jour à les laisser dans le passé. Mais cela, c'était ma propre histoire. Et j'étais bien incapable d'exprimer ce que pourrait être celle de Taylord.

- Peut-être que tu te rendras compte un jour qu'il y a mieux, tu vois? Ou bien que quelqu'un te fera comprendre que tu vaux mieux... Mais en attendant, je sais que c'est difficile, conclus-je tristement. Ça va être à nous d'être là pour toi, dis-je avec un léger sourire. Nous, ses amis. A côté de nous, Nelly et Zephy avaient arrêté de jouer un moment et étaient assis côte à côte en nous regardant de leurs grands yeux ronds. Je pensai brusquement à Haruhi, car je la comptais dans les amis de Taylord, et me rappelai leur dispute, dont je n'étais pas sûre de savoir tous les détails. C'était Taylord qui lui en voulait, et Haruhi en souffrait, je le savais, même si elle ne le disait pas forcément.

- Quoi qu'elle ait fait, Haruhi ne pensait pas te faire du mal, tu sais, ajoutai-je à mi-voix. Ça me rendait triste qu'elles soient brouillées, et je savais aussi que Taylord avait besoin de ses amis... Tous ses amis.
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeMer 10 Oct - 21:25

♪♫♪

Comment t'as fait maman
Pour lui ouvrir ton cœur
Sans qu'il parte en courant
Avec c'que t'as de meilleur
Est-ce qu'il y a des mots magiques
Que t'as dits sans t'rendre compte
Explique-moi donc c'qu'y faudrait que j'raconte.



Même avec Ruth, je n’avais pas réussi à le citer directement. Tout comme de mes sentiments portés vers lui, comme si en posant des mots clairs sur ce qu’il représentait, cela devenait on ne peut plus réel – tant que c’était dans mes pensées, il y avait encore cette rêverie, bien que peu à peu transformée en cauchemar, que les choses,
toutes les choses les bonnes comme les mauvaises n’existaient pas vraiment et restait de l’ordre de l’éphémère. Poser des mots là-dessus était comme un brutal retour à la réalité à laquelle je n’étais pas préparée, de laquelle je m’étais enfuie aussi. J’étais amoureuse. De Chuck. J’étais la seule à pouvoir posséder toute entière et le formuler à haute voix… c’était comme de partager, de détruire le peu qu’il restait des petits morceaux et de m’y confronter avec toute l’ampleur que cela allait prendre. Je n’avais pas l’énergie nécessaire pour contrôler tout cela.

Cela se résumait-il à dire que j’avais peur ? De Chuck ? C’était un mot bien trop puissant, bien trop cru pour qu’il prenne autant de place à lui tout seul, d’autant que non, même si mon comportement laissait à présager le contraire, non, il ne me faisait pas peur, parce que si ça avait été le cas, je l’aurais su depuis longtemps puisque par de trop nombreuses fois je l’avais provoquer en réponse à ses propres provocations en me moquant avec mépris des réactions que cela pouvaient engendrer parce qu’elle pouvait être extrêmes – dans le château, c’était moi qui avait dû le plus souvent en faire les frais et je me souvenais très bien de ce jour où c’était une rambarde qui avait pâti du coup de batte de base ball dont il l’avait assené, en se disant que c’était sans doute mieux que ce soit la balustrade que ma tête qui n’étaient qu’à quelques mètres à côté. Encore une charmante illustration de ce que je lui inspirais… Je reconnaissais néanmoins qu’il n’en restait pas imposant, il l’avait toujours été d’une certaine manière et que s’il y avait un sentiment pour englober ces instants de gêne, c’était de la crainte, même si j’avais été bien trop fière et que j’avais préféré la dissimuler.


- Il te l'a dit?!...


Scarlett avait engagé le contact physique et même si elle l’avait tout juste un peu plus tôt en m’appliquant de la crème, je ne pus m’empêcher de réprimer un frisson – mais finalement me laissait aller dans ses bras qui étaient en quelque sorte une béquille invisible qui me soutenait pour l’instant, mais qui je le savais et ce n’était aucunement de sa faute, n’allait pas durer parce que même en m’accrochant à un poteau en acier, je n’étais pas sûre de savoir encore tenir debout. Sa réaction m’avait interpellé toutefois.

- Je crois…
en même temps, je fouillai dans ma tête, mais ce n’était pas bien compliqué parce que malgré tout ce que j’aurais fait pour occulté ces douloureux moments et faire comme s’ils n’avaient jamais existé, ils n’étaient que trop présents, flagrants même, pour pouvoir en faire abstraction. Mais quand même, maintenant, je n’étais plus sûre, est-ce que ce n’était pas la douleur qui me faisait inventer tout ça, qui reportait toute la charge sur ses épaules alors qu’il n’avait fait que ce qui lui avait semblé juste ? ‘’J’ai pas envie d’être avec toi’’. J’ai pas envie d’être avec toi… j’entendais dans la bonne mesure la puissance avec laquelle il avait employé ces mots, comme des coups de poignard qu’il aurait assené dans des endroits stratégiques. Oui, ajoutai-je bien tristement. Et franchement, vu l’estime que moi-même je me portais moi-même, qui, en aurait eu envie ?

Il avait même enfoncé la fourberie jusqu’au bout en me laissant dans l’incertitude pendant de nombreux jours après notre soirée dans la grande salle ce qui m’avait tout d’abord conforté dans le fait que je n’avais pas dû répondre à ses attentes – c’était plus qu’un certitude aujourd’hui. Sûrement parce qu’il avait dû réfléchir à un nouveau moyen de se servir de moi, ou pour justement vérifier qu’il n’avait rien oublié, dans l’optique en bonus de voir comment est-ce que je réagissais face à tout cela… j’avais eu le temps de monter de nombreuses hypothèses après cela, et aucune d’elles n’étaient très glorieuses, et ce n’était pas faute d’essayer…

- Mais c’est pas un secret tout ça… il ne fallait pas que ce que je lui raconte l’influence, que c’était lui le coupable et personne d’autre. Il a confirmé que c’était pour s’amuser, rien d’autre, donc ça veut sans doute dire qu’on a pas vraiment été ensemble…

On était jamais sortie en pleine lumière, ça avait commencé dans l’ombre et c’était terminé de la même manière. A partir de là, on pouvait très bien en conclure que tout ceci n’avait
jamais existé, que ça aussi, ce n’était qu’une éternelle chimère, un fantasme avorté. J’étais le trophée, certes, mais un trophée un peu honteux qu’on ne brandissait qu’à moitié et le faisant briller que pour le montrer sous le meilleur profil.
Au fond, a partir de quand, moi, j’avais arrêté de jouer ?

Je fermai les paupières même si cela ne m’aidait pas à mieux comprendre. Etrangement, les doigts entremêlés de Scarlett à travers mes mèches me détendaient.


- Je ne sais pas. C'est souvent comme ça, c'est vrai. Mais pas tout le temps : regarde, autour de toi il y a des couples, des adultes... Je suis sûre qu'un jour tu trouveras quelqu'un de bien, qui te rendra ce que tu lui donneras.

Mais c’était trop tard, puisque c’était même moi, et je ne pouvais là aussi que m’en tenir responsable puisque la seule personne qui avait été en mesure de répondre à ces critères, ça avait été Scott, mais je n’avais été qu’une idiote aveugle et ne l’avais pas vu. J’avais écarté volontairement celui qui m’attendait à bras ouverts et j’en payais les frais, et c’était terminé à présent je ne pouvais pas avoir l’égoïsme de lui demander de reprendre ce statut alors qu’il valait mille fois plus, que lui, il fallait qu’on le serre contre son cœur et que cela soit perpétuel. Mais ce n’était plus à moi de le faire. On me l’avait donné, ma chance. Je l’avais manqué. J’allais devoir vivre avec.
Est-ce que je savais encore seulement comment on faisait ?


- Je sais que tu ne veux que lui pour l'instant mais... Je sais que tu n'as besoin que de lui, et que tu as l'impression que ça ne changera jamais. Mais, je t'assure, ça change.


Elle avait pointé le plus important, réaffirmant qu’entre Scott et moi, il n’y avait aucun avenir, puisqu’il y avait Chuck au beau milieu qui empêchait de résoudre cette équation. Ses paroles, au lieu de m’apaiser, me confrontaient à quelque chose que je ne pouvais envisager : je ne voulais pas que ça change, surtout pas, et puis de toute façon comment c’était possible ? Il n’y avait que Chuck que je voulais, sinon, ce n’était pas la peine, mais en même temps, comme lui ne voulait pas tout court qu’est-ce qui en valait la peine ? Je ne voulais pas de quelqu’un d’autre, parce que surtout, je ne me sentais pas capable de surmonter ce que j’avais dû surmonter avec lui et recommencer tout de zéro avec quelqu’un d’autre, l’appréhension d’un nouvel individu… c’était un travail de titan auquel je ne pouvais m’atteler.

Je l’écoutais, sans mot dire. Quelles que soient ses paroles, elles avaient ce ton, pile poil comme il fallait et qui berçait, comme les mélodies qu’on chante aux enfants avant de leur faire un dernier baiser, de leur dire bonne nuit, et que tous leurs souhaits se réalisent pendant la nuit.
Si seulement cela pouvait être aussi simple…

Je le sentais, il y avait un double sens à ce qu’elle me laissait entendre par là. Je n’étais pas sans connaître de tout le mal qu’avait pu lui faire Kelsy, et à n’importe qu’elle âge on avait beau prétendre que les enfants n’avaient aucune conscience de ce qu’était vraiment l’amour, je n’étais pas d’accord. Pas lorsque c’était Scarlett qui en parlait, lorsqu’elle parlait de Kelsy auparavant avant que celle-ci ne commette l’irréparable. Je ne savais exactement quels étaient les fils qui tiraient cette histoire, mais ce que je pouvais affirmer au moins, c’était que Scarlett était cet éclat lumineux, ce jet de poussière d’étoiles que la blonde n’avait pas été en mesure de récupérer et de conserver le plus précieusement possible. Scarlett était ce genre de personne qu’il fallait conserver bien au chaud sous son oreiller, ce secret qu’on ne devait partager avec personne.


- Peut-être que tu te rendras compte un jour qu'il y a mieux, tu vois? Ou bien que quelqu'un te fera comprendre que tu vaux mieux... Mais en attendant, je sais que c'est difficile. Ça va être à nous d'être là pour toi.

Nous ? Qui ça, nous ? Elle ? Lilian ? Je ne voulais pas être cette personne à charge dont on s’occupe pare qu’elle n’est pas en mesure de le faire toute seule, même si je pouvais m’avancer que ce n’était pas de cela dont elle voulait parler. Mais qui donc ensuite ? Daniel que je n’avais pas été foutue d’aider, Scott où alors même qu’on était parvenu à rattacher quelques lambeaux ensemble, j’avais occulté de la suite des événements après mon renvoi.. ? Ce qui nous amenais inévitablement à Stephen… auquel j’évitais de penser le plus souvent que possible et rien que par ce geste, mon comportement n’en était que plus honteux, surtout envers lui, surtout après la séparation que j’avais orchestré entre nous deux sans la moindre explications là non plus que ce soit de pars ma présence ou château ou à des kilomètres de là… Non il ne fallait pas que j’y pense, ça valait mieux pour moi – comment pouvais-je encore me mettre en avant ? – non pour lui.
Ensuite…
Scarlett me devança.


- Quoi qu'elle ait fait, Haruhi ne pensait pas te faire du mal, tu sais.

Elle aussi devait forcément apparaître à un moment ou à un autre dans la conversation – c’était Scarlett sa meilleure amie. Malgré les semaines écoulées, la trahison restait toujours là intacte, même si à présent elle cohabitait avec quelque chose de beaucoup plus vicieux qui était ce manque flagrant que me procurait l’absence d’Haruhi. Je la voulais, là tout de suite, ce que me soulignai la Gryffondor ne faisait qu’augmenter cette envie, mais non. Ça aussi, c’était non négociable. Elles avaient dû en parler entre elles, c’était obligé, peu importe que ce qu’Haruhi avait pu lui dire. Mais l’éloigner, c’était un peu comme éloigner Chuck, alors il fallait que je m’y tienne.

- Je ne sais pas. Elle l’a fait en pleine connaissance de cause. Fouiller. Parler de cette satanée lettre qui avait tant de valeur à mes yeux m’était douloureux là aussi. Je ne savais plus que croire. Qui croire.

Pourquoi tout cela ne pouvait-il juste, ne s’être jamais passé ?

- Ils sont mêlés l’un à l’autre, la seconde personne était Chuck évidemment, mais cela, je ne doutais pas qu’elle l’ait interprété correctement. Je n’arrive pas à les séparer. C’était clair. Je ne pouvais faire la part des choses s’ils étaient dans le même panier. Le souci était là d’accord, mais alors comment les séparer ? Il n’y avait pas une petite partie de moi, quelque part, qui voulait qu’Haruhi se trouve ailleurs ?

Je me redressai pour croiser le regard de Scarlett. Et elle, qui avait été meurtrie par les incidents de la vie, qu’en était-il ? Ça change… elle avait toujours su employer les mots dans toute leur portée leur conférant à chacun une importance non négligeable. Comment, quand avait-ce changé pour elle ? Ne pouvait-elle pas m’apprendre ? Je ne le lui demandais pas, je savais qu’elle était la réponse – non. C’était une expérience personnelle, qu’on ne pouvait comprendre qu’après l’avoir vécu, et pour chaque personne, c’était différent. Depuis la première fois que je lui avais parlée dans la grande salle, j’avais su qu’elle était ce genre d’être qu’on veut garder à ses côtés, qu’on veut défendre, et qui nous protège en retour. Oui, d’ailleurs, je m’en rappelai bien puisque j’avais coupé l’herbe sous le pied à ces garçons qui avaient trouvé très marrant de se moquer de son penchant pour les filles, alors qu’il n’y avait pas de quoi, en prétendant être justement sa copine. Si c’était pour que l’un d’entre eux la blesse, c’était mieux comme ça, même si filles ou garçons, nous n’étions à l’abri nulle part – elle aussi avait pu s’en rendre compte par elle-même.

Je la considérai un instant à la suite de ces pensées –elle avait les lèvres toutes roses et ressemblait à une poupée comme on en voyait dans les magazines alors qu’il y avait quelque chose de bien plus complexe enfoui en elle et tout me portai à croire que j’étais en sécurité auprès d’elle. De l’imagination, la seconde suivante, je franchis le cap de l’idée que je venais d’avoir. Délicatement, j’approchai mon visage du sien lesquels n’étaient tout juste séparés que par quelques centimètres à cause de notre proximité et posai ma bouche sur la sienne, lui coupant ainsi l’occasion de m’en laisser l’autorisation ce qui me fit aussitôt joindre le geste d’attraper doucement mon visage entre mes mains et de constater que sa peau était ni plus ni moins semblable à cette des pêches dont on les déparait pour les manger. Comme elle ne me repoussait pas je mêlais par plusieurs fois ses lèvres et les miennes en veillant à ne jamais être autoritaire, sans doute parce que je ne savais pas si j’étais en train de faire ce que j’étais en train de faire, et que pour en avoir le cœur net, je me devais de continuer et ça ne me déplaisait pas, un peu comme si tout ceci était irréel, donc le tourbillon dans mon ventre et qui me réchauffait un peu devait l’être aussi, incontestablement. En tout cas, ce tourbillon montait lentement, lentement jusqu’à mon cerveau pour le troubler un peu plus ce cette sensation que j’aurais pu définir comme… étourdissante. Je fis descendre ma main droite jusque dans son cou, la laissait un peu vagabonder çà et là, pour qu’elle puisse ensuite terminer sa course à sa taille, que je pressai un peu plus contre moi et la poussai finalement naturellement et sans forcer contre le matelas du lit pour ne retrouver en position allongées. Ce fut le signal – le soulèvement de mon ventre dû à ma respiration un peu plus rapide que d’habitude avait effleuré le sien et je rompis avec douceur le lien qui nous avait unies le moment d’avant.

La douleur dans mes côtes qui se propageait jusque dans mon bras et ma cuisse revint. C’était terminé. Je ne m’écartai pas tout de suite toutefois parce que je ne voulais pas que Scarlett y décèle un quelconque malaise dans ce qu’il venait de se produire et me redressai à l’aide de mon coude pour la dominer de ma hauteur. De mon autre main, celle qui était valide j’en profitais pour écarter sa chevelure rouge, en y allant très lentement, comme si j’avais peur de la blesser avec mes doigts. Je la dévisageai, dans un premier temps sans un mot en espérant que cette action seule lui fasse comprendre que je n’en avais pas honte, ne l’observant non pas avec désir, mais comme une amie pour laquelle, même après ce geste, il n’y avait pas d’ambiguïtés. C’était avant qu’il aurait fallu s’en inquiété mais je ne le faisais que maintenant : et si je venais de commettre une erreur ? Pour moi dans l’ensemble c’était à peu près clair même si je n’avais aucune explications à fournir à propos du pourquoi je venais e faire cela, mais n’allais-je pas dès lors bousculer cette amitié déjà bien fragile ? Tout mais pas ça, et même avec cela en tête, je pris le temps de l’embrasser une dernière fois sur le front, comme pour lui signifier que je n’avais pas basculé de l’autre côté, là où elle était, avant de me relever complètement pour m’asseoir.

Je ne voulais pas m’excuser parce que je ne le regrettais pas et si je le faisais, ça voulait dire que je ne l’assumais pas, et ce n’était pas vrai. Je lui souris. Bizarrement, je ne ressentais pas de malaise, comme ça avait été le cas lorsqu’elle m’avait prise sur le vif dans la salle de bain. Pour moi, ça n’avait rien changé parce que je savais que tout mon amour était porté vers quelqu’un d’autre. Et si Scarlett se mettait à penser que je venais de me servir d’elle à cause de ça justement ? Je ne voulais pas qu’elle l’envisage sous cet angle, surtout parce que moi-même je ne savais pas trop comment le définir.

- Je sais au moins maintenant qu’il y a une fille quelque part qui n’attend que toi
, lui chuchotai-je sans savoir quoi lui dire d’autre. Ce n’était pas moi. Mais un jour elles se trouveraient. Et rien que pour ça, elles seraient gagnantes toutes les deux.



Vas-tu m'dire maman
Comment t'as pu savoir
Dès le commencement,
Qu'c'était pas un trouillard
Qu'il allait pas s'enfuir
Et qu'il allait tout faire
Pour que je puisse dire
Le plus fort c'est mon père .

Mais dis-toi bien maman
Qu'le plus fort...c'est mon père
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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeVen 12 Oct - 18:12

Taylord entre mes bras était trop loin de moi, partie, balayée par le vent d'une tempête qui ne touchait qu'elle, emportée dans le noyau d'une tornade dont elle était prisonnière. Et mes pauvres bras n'avaient absolument pas la force de lui résister. Je sentais sa chaleur contre moi, sa peau, ses os saillants, et je prenais bien garde à ne pas la serrer trop avec toutes les blessures qu'elle avait - voilà pourquoi j'entrepris de lui caresser les cheveux, car je savais que là je ne risquais pas de lui faire mal. Il m'était difficile de paraître si calme et si rassurante alors qu'en vérité une main glacée étreignait mon coeur : je pensais comme Taylord. Pourquoi est-ce que les amours les plus forts étaient le plus souvent à sens unique? Pourquoi la vie s'amusait-elle à ce jeu là? Cette injustice m'avait déjà déchirée, et aujourd'hui, elle me revenait par vagues, atténuée parce qu'elles s'écrasaient sur Taylord avant moi, mais je ressentais tout de même la force du ressac. Il n'y avait rien, rien à faire. L'océan était bien plus fort que l'Homme, et ce depuis toujours. On pouvait lutter, battre des bras, s'accrocher à des rochers des bouées, mais il avait cette force absolue, celle de nous broyer d'un seul coup, de nous engloutir. La lutte m'avait épuisée mais j'avais réussi. Et Taylord? Là, contre moi, elle me sentait si abattue que je n'arrivais pas à espérer qu'elle se hisse hors de l'eau. Parce qu'il fallait le vouloir - pouvoir était une chose mais vouloir était bien plus important. J'avais mis longtemps à vouloir oublier Kelsy. Parce que malgré la douleur, malgré le vide qui m'avait engloutie, malgré les larmes qui ne cessaient de couler et ce manque affreux de celle que j'avais aimée, malgré mon atroce peine en pensant que je ne l'aurais plus jamais, les souvenirs restaient, brillants comme des petits joyaux au milieu de la pénombre. Ils étaient la seule trace de lumière dans l'infinie obscurité autour de moi. Ils étaient beaux, si beaux, si doux, si étincelants! C'était le plus difficile : se détourner de leur lumière envoûtante, accepter les ténèbres quelques secondes, et attendre l'aurore. L'après existait mais il fallait y croire, il fallait accepter de lâcher prise et d'aller de l'avant, ce qui ne se faisait pas sans efforts, sans acceptation, sans un pas en avant. Et tout cela était bien trop tôt pour Taylord, alors qu'elle en était aux toutes premières phases, quand la douleur a le contrôle absolu. J'étais lasse par avance de l'imaginer vivre et vaincre tout cela, j'aurais voulu lui expliquer, mais à quoi bon? Elle n'avait déjà pas le courage de vivre, elle se laissait survivre, rien de plus...

Je pouvais reprocher à Kelsy bien des choses - son éloignement, son mystère, qui ne m'avait pas préparée à la fin, son détachement, parfois... - mais pas cela. Elle avait fait les choses bien, aussi douloureuses fussent-elle. Elle m'avait parlé, elle m'avait tout expliqué, face à face, pour qui, pour quoi. Voilà. Je savais qu'il n'y avait pas d'espoirs, je savais que ce n'était pas de ma faute - enfin... pas uniquement. Je savais la vérité. Pleine et brutale, mais la vérité, pourquoi elle s'était détournée de moi, et pas juste un "je ne veux plus de toi" sans la moindre espèce d'explication. Curieusement, cela ne m'étonnait pas de la part de Chuck qui avec toute cette popularité qui lui collait à la peau ne pouvait pas appartenir à ce genre de personnes qui font les choses de bien. La vie ne devait sans doute être qu'un vaste supermarché pour lui, où il choisissait les produits les plus alléchants avant de les jeter dans une poubelle quand approchait la date de péremption. Quand on a un tel choix, toujours, pourquoi s'embêter à expliquer pourquoi on se lasse des choses? C'était à vomir, mais finalement, ça ne m'étonnait pas plus que cela.


- Je crois… Oui.


Je caressai ses cheveux doucement. J'étais tellement triste pour elle... Et l'impuissance me dévorait. Que dire? Que faire? C'était lui le fautif, lui le coupable, lui qui était à punir; mais encore une fois la vie préférait punir ceux qui souffraient et pas les bourreaux, allez savoir pourquoi.

- Mais c’est pas un secret tout ça… Il a confirmé que c’était pour s’amuser, rien d’autre, donc ça veut sans doute dire qu’on a pas vraiment été ensemble…


Je me redressai un peu, piquée par ce qu'elle venait de dire.

- Ne dis pas ça, expliquai-je doucement, mais d'un ton que je voulais convaincant. Ça a existé, ne te préoccupe pas des autres. Et ne t'enlève pas ça, vos souvenirs, les moments ensemble. Ils n'appartiennent qu'à vous quoi qu'il en pense, et ils ont existé.

Ça, je lui interdisais. Ses souvenirs étaient à chérir, et si un jour il faudrait qu'elle s'en détourne et les laisse aux bras du passé, ils resteraient toujours en elle. Un jour, elle arriverait à penser à eux sans que son cœur saigne à nouveau. Je me rappelais de bons moments passés avec Kelsy, à présent, et je ne le regrettais pas. Si on me les avait arrachés, si on avait mis une croix dessus, j'aurais perdu une partie de moi, comme si on m'avait fait un trou dans le corps, et je sais que je n'aurais pas été capable de passer à autre chose. Je me fichais complètement de si leur histoire avait été publique ou pas, qu'est-ce que ça pouvait bien faire? Que Chuck ait voulu se cacher pour je ne sais quelles raisons n'enlevait rien au fait qu'ils avaient été ensemble, et que ce lien avait existé, qu'ils avaient volé des moments au temps, qui n'appartenaient qu'à eux. C'était ça, l'amour, de toute façon, non? Aussi fugace soit-il, c'était quand deux personnes étaient si bien ensemble qu'il n'existait plus rien pendant quelques secondes, quelques minutes, quelques heures, et que le monde n'était plus autour d'elles mais qu'elles étaient le monde, bien plus beau que tout les mondes qui pouvaient exister. Et cela Taylord n'avait pas le droit d'en douter, d'oublier : ces souvenirs là étaient doux.

Je la berçais du mieux que je pouvais, de ma voix, de mes gestes. Malgré tout je la sentais réticente : bien sûr, je n'étais qu'une étrangère à tout ça. Aussi fort que soient nos liens ce n'était pas d'amitié, de mes câlins dont elle avait besoin... Haruhi n'avait jamais pu m'apporter ce dont j'avais eu besoin à l'époque. Personne ne le peut. C'était cela la magie du temps : panser jour après jour une plaie qu'on croit béante à jamais. Un jour, on se réveille et elle est moins douloureuse, moins ouverte. Le temps guérit les blessures, lentement, mais sûrement. C'était à la fois une bénédiction et une condamnation.

Poudlard était un étrange monde à bien des égards. Quand je regardais le dortoir circulaire, nos lits, nos malles, nos affaires, quand je pensais à ces filles qui vivaient là, à notre salle commune, nos cours, nos amis, nos ennemis, nos histoires... J'en avais presque le tournis. Tout cela formait un échantillon si tangible et si percutant de ce qu'était la vie, le monde adulte, que je ne pouvais m'empêcher d'avoir peur pour la suite. Finalement, la magie mise à part, à laquelle je m'habituais peu à peu sans l'accepter entièrement, le château était agréable et je m'y sentais bien, à l'abri. Un jour il nous faudrait en partir, et vu ce que nous avions déjà vécu - nos problèmes, nos peurs, nos défaillances - alors que nous étions au sein même d'une bulle protectrice, que nous réservait le dehors?! J'avais à la fois la sensation d'être endurcie de tout ce que j'avais pu vivre, mais à la fois la terrible intuition que qui que l'on soit, quoi que l'on fasse, on restait à jamais une jolie feuille ambrée de l'automne que le vent faisait tourbillonner à sa guise.


- Je ne sais pas. Elle l’a fait en pleine connaissance de cause. Ils sont mêlés l’un à l’autre. Je n’arrive pas à les séparer.


J'eus un petit sourire désolé. Je savais que c'était beaucoup lui demander, et pas facile pour elle non plus d'accepter. C'était trop frais, trop lié à son mal-être.

- Je sais... Mais elle a voulu bien faire, tu le sais au fond, non? Tu la connais assez... Pardonne-lui... Pas tout de suite, d'accord, mais pardonne-lui, chuchotai-je sans insister, juste pour que l'idée s'imprime assez doucement dans son cerveau pour qu'elle ne l'oublie pas. Je savais qu'Haruhi s'en voulait et était triste de ce qui s'était passé, et je n'aimais pas ça.

Elle se tourna vers moi, et son regard m'étreignit un peu plus le cœur. Il criait à l'aide, son désespoir, son incompréhension. Je n'avais jamais haï plus fort qu'en ce moment en pensant à Chuck et son cerveau inexistant de mâle trop préoccupé par ses hormones, un enfant trop gâté incapable de considérer les personnes autrement que comme des objets. Comment pouvait-on faire du mal à ce point à quelqu'un, quelqu'un dont on avait été si proche? Je lui souris, cherchant des mots qui ne voulaient pas sortir : je ne pouvais rien faire.

Mais, tout d'un coup Taylord ne fut plus à quelques centimètres de moi et mon étreinte passa d'amicale à... plus. Sans que je comprenne vraiment comment, car ces quelques secondes où nous nous regardâmes semblèrent à la fois gelées dans le temps et passées en avance rapide, je sentis tout d'un coup les lèvres de Taylord contre les miennes, sa main dans mon cou. La surprise me laissa incapable d'avoir une quelconque réaction. En réponse physique à ce qui était en train de se passer, mes yeux se fermèrent naturellement, tandis que mes sens prenaient le pas sur mes pensées. Ses lèvres étaient douces, comme son baiser, curieux, mais réconfortant. Elle n'était pas la première hétéro que j'embrassais. Au foyer, quand j'avais compris que j'aimais les filles et que j'avais décidé de l'assumer, mes amis proches avaient été au courant. Depuis, j'avais mesuré que cette particularité donnait aux gens un autre regard - en bien ou en mal. Certains étaient gênés. D'autres étaient intrigués. Et certaines filles, surtout, qui n'avait jamais pensé qu'elles pourraient aimer les filles, se retrouvaient troublées de mon aplomb et voulaient essayer quelque chose qui soudain leur faisait envie... Parfois, c'était une expérience, d'autres fois c'était gênant, parce que je n'étais justement pas un animal de laboratoire.

Que penser dans le cas de Taylord? Rien pour l'instant... Comme une parenthèse dans l'espace-temps, ces quelques secondes passèrent sans me laisser l'occasion de réagir. Je sentis que nous tombions doucement vers le lit et puis - me réveillant de cette agréable torpeur, je saisis doucement mais sûrement la main de Taylord descendue vers ma taille et arrêtai son geste. Le baiser s'était rompu et nous nous regardâmes quelques secondes, quelques secondes qui me suffirent pour que je comprenne que je ne lui en voulais pas, que j'avais compris. Elle m'embrassa sur le front et nous nous relevâmes. J'avais encore la sensation d'elle contre moi, mais aussi celle d'avoir fait quelque chose de mal, d'avoir trompé celle à qui je pensais du fond de mon cœur...


- Je sais au moins maintenant qu’il y a une fille quelque part qui n’attend que toi, dit Taylord en rompant la première le silence teinté de l'or qui filtrait à travers les fenêtres.

Je souris, baissant les yeux. J'espérais de tout mon cœur que ce soit vrai. Relevant le regard vers Taylord, je lui pris la main et y entrelaçais mes doigts, pour bien lui montrer que je ne lui en voulais pas. J'avais compris.


- Je l'attends en tout cas, confiai-je d'une petite voix. Sans rien ajouter, je me baissai et attrapai dans mon sac un petit carnet dont je tirais une feuille volante : dessus j'y avais dessiné une jeune fille, assise à une table, la tête tournée vers une fenêtre qu'on ne voyait pas. Ses traits étaient fins et fiers comme ceux d'une princesse russe et ses cheveux blonds qui lui tombaient sur l'épaule comme une cascade donnaient l'impression qu'ils étaient fluides comme de l'eau - j'étais plutôt fière de mon dessin. Je dessinais souvent Ophelia, mais celui là était l'un des plus réussis. Je le tendis à Taylord : Tu connais Ophelia Ivanova? Elle est à Serdaigle. Pour l'instant on est amies... Mais j'espère... Je haussai les épaules. Je suis amoureuse d'elle, conclus-je, me sentant rougir légèrement. Un sourire m'était monté aux lèvres.

J'eus peur de manquer de tact alors qu'elle-même souffrait d'amour... Comment lui expliquer que si cela pouvait m'arriver à moi aussi après ce que j'avais vécu, elle aussi se remettrait de son chagrin d'amour?

- Toi aussi, quelqu'un est fait pour toi, j'en suis sûre. Regarde, jamais je ne penserais que ça m'arriverait à nouveau... Ce n'était pas encore le cas exactement mais au moins j'avais l'espoir à nouveau. Il te faut juste un peu de temps. Et ne regrette rien, ajoutai-je avec un regard insistant. Il t'a forcément aimée à un moment ou à un autre, à sa façon, je ne pouvais pas me résoudre à penser le contraire.
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Taylord Reegan


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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeDim 14 Oct - 21:47

♪ Girl ♫

You say you're fine, but you lie, and you cry,
Let me see how you really smile, girl !



Perdre quelque chose qu’on chéri plus que tout au monde, je l’avais connu, et puissance quatre. Tout portait à croire que d’une – douloureuse – façon ou d’une autre, y avoir déjà avoir été confrontée aurait dû me permettre d’encaisser le choc. La félicité d’être au milieu d’un lien uni je savais ce que ça faisait, alors s’en retrouver amputé du jour au lendemain sans prévenir, quand on n’a jamais rien connu d’autre… C’était comme d’être soudain lâché en plein milieu d’un océan, avec aucun ilot en vue et seulement de la mer tout autour, où le seul moyen de s’en sortir, c’est de nager. Mais où exactement ? C’était plus par désir de survie que de volonté qu’on s’en sortait bien souvent dans ces cas-là, parce qu’il fallait avancer, avancer encore et toujours jusqu’à enfin toucher et pour s’attacher à du concret. Je n’avais pas eu besoin de Chuck durant des années ignorant tout de son existence – quand bien même ça avait été le cas, sa présence avait été au tout départ plus un fardeau qu’un véritable rempart auquel se tenir alors… Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je le sentais si mal, comme si on m’avait retiré une partie de moi, l’élément essentiel qui me permettait de respirer alors que j’avais tenu bon sans jusqu’à maintenant ? Comment se faisait-il qu’aujourd’hui, sans cela, j’étais de nouveau plongée dans les vagues, mais qu’au lieu de me débattre, j’avalai l’eau de mer salée, gorgée par gorgée, en me laissant peu à peu emporté les profondeurs, effaçant toute trace de ma présence à un moment donné où à un autre de la vie ?

- Ne dis pas ça. Ça a existé, ne te préoccupe pas des autres. Et ne t'enlève pas ça, vos souvenirs, les moments ensemble. Ils n'appartiennent qu'à vous quoi qu'il en pense, et ils ont existé.


Scarlett pouvait y mettre toute sa volonté si elle le souhaitait, mais comment la croire ? C’était tellement difficile de ne garder que les bons souvenirs - ne penser qu’aux bons souvenirs alors que ceux-là même arrivaient à présent à vous faire souffrir, comme un requiem qui vous rappelle sans cesse qu’il s’agit là de quelque chose qui a été présent, d’accord mais qui est aussi peu solide et instable que des grains de sable qui s’écoulent entre vos doigts ? Est-ce qu’ils en restaient néanmoins beaux ? Là aussi, j’avais de sérieux doutes, parce qu’ils se retrouvaient ternis par tous les autres, ceux qui ne m’appartenaient pas, mais qui étaient la propriété de Chuck et de toutes les filles avec lesquelles il avait déjà été. Ça n’enlevait rien au fait que chaque moment demeurait unique ? C’était totalement faux, c’était le même schéma qui se répétait à chaque fois, et juste le visage qui changeait, donc comparé aux souvenances des autres… ils ne valaient rien, parce qu’ils avaient été partagés. Parce que comment aurais-je pu avoir la confirmation, même outre cela, que cette magie m’avait été exclusive, peu importe la longueur du temps qu’elle avait duré ? C’était même tellement plus facile puisque si notre relation restait cachée, cela lui laissait le champ libre et totalement ouvert vers de nouvelles conquêtes en même, et pendant que j’étais en train de travailler un devoir de soins aux créatures magiques, qu’est-ce qui me permettait de savoir ce qu’il faisait et en quelle compagnie, à ce moment-là ? Jamais je n’avais été friande de ses personnes qui surveillent les moindres faits et gestes de la personne qu’ils affectionnent, parce que justement, une aventure à deux, c’était censé se baser sur la confiance et à partir de ce principe pourquoi adopter une autre attitude ? C’était là que je devenais bien prétentieuse de me dire que si nous étions tous les deux ensemble, tous les trous étaient comblés automatiquement que ça allait de pair avec le reste. Même cette source de réconfort là, je ne pouvais pas m’y raccrocher.

- Ça ne peut pas exister s’il le veut pas…
ça aurait pu, mais ces instants-là avaient été souillés, je le savais, au regard de ses amis, et aux questions qu’on m’avait posé, parce que les mots, mêmes les plus justes soient-ils falsifiaient toujours la vérité, mais surtout…

C’était évident que même ça, il le rejetai et n’en voulait pas parce que si vraiment il avait voulu les garder, pourquoi est-ce que tout dans son comportement avait laissé indiquer qu’on avait jamais rien à voir ensemble que ce soit de près ou de loin. Je pouvais l’entendre me le chuchoter à l’oreille comme s’il était à côté de nous de partir d’ici parce que j’étais tout à fait inutile et que ma présence ne changerait absolument rien pour lui. S’il ne voulait même pas conserver une infime place dans une partie de ses souvenirs pour nous deux, je ne pouvais l’y contraindre et me devais surtout de faire de même, parce que sinon ça se transformait en pur fruit de mon imagination, une réalité fictive, mais surtout non partagée, et ça, c’était encore plus terrible. Même ça, il me l’enlevait…

Parce qu’en partant, ce n’était pas seulement de sa présence dont il m’avait privé, mais également d’un autre être cher. On pouvait partager le même dortoir, tout ce qu’on voulait – une immense plaque de verre nous séparait Haruhi et moi, et j’avais peur de la casser, parce que qui disait que je n’allais pas encore plus souffrir de ces nouveaux bris ?


- Je sais... Mais elle a voulu bien faire, tu le sais au fond, non? Tu la connais assez... Pardonne-lui... Pas tout de suite, d'accord, mais pardonne-lui.

Comment ? Ils avaient monté leur petite affaire à deux, j’en étais même venue à douter de la sincérité innocente dans la maison hanté pendant la fête foraine, que ça aussi, comme pour la lettre, ils s’étaient arrangés tous les deux pour des raisons obscures que Chuck aussi j’avais pensé le connaître et qu’à présent nous n’étions plus que deux étrangers l’un pour l’autre pour qui nous n’avions plus rien à nous dire… Tout ce qu’elle pourrait dire ou faire n’y changerait rien, tant que moi-même, j’étais incapable d’avoir une confiance aveugle en elle et boire toutes ces paroles. On revenait à la case départ en fin de compte – le problème ne venait pas des autres, mais restait clairement ancré en moi.

Alors qu’allait penser Scarlett de cette étreinte ? Sitôt terminée, mes joues s’étaient empourprée, signe de la prise de conscience que ce n’était certainement pas appropriée. J’avais encore le goût de ses lèvres sur les miennes, parce que c’était ce moment particulier où l’on est déconnecté de tout, mais qu’on rebranche les fils un part un, et qu’à chaque contact, la tension devient plus forte, plus pesante. C’était progressif et si je m’étais sentie légère et libérée de toute pesanteur durant ce baiser à présent, les contours du dortoir se dessinaient clairement avec les traits bruts de l’environnement réel dans lequel nous nous trouvions.

C’était étrange, parce que je n’avais pas honte, mais avait comme l’impression d’avoir commis une erreur – pas parce qu’embrasser Scarlett en était une, loin de là – mais parce qu’elle comme moi, ce n’était pas ce à quoi nous aspirerions. Je e savais parce que ses gestes tournés vers moi n’avaient jamais sous-entendu la moindre ambiguïté, même maintenant, quand je sentais sa peau chaude presque brulante contre la mienne qui essayait tant de bien que de mal que de récupérer un peu de cette chaleur…


- Je l'attends en tout cas.


De ma seconde main libre, je me saisis tout doucement du dessin qu’elle me montrait comme si le simple fait de poser mon regard dessus allait l’effacer – il y avait quelque chose de religieux dans cet acte parce que même si en apparence, c’était un croquis parfaitement exécuté techniquement, partager une image posée sur du papier, je trouvais que c’était un peu comme partager une pensée, une part de soi sur laquelle on ne pouvait pas mettre de mots, et je me sentis presque comme un spectateur non désirable qui reliait à la fois Scarlett et son esquisse.

- Tu connais Ophelia Ivanova? Elle est à Serdaigle. Pour l'instant on est amies... Mais j'espère... Je suis amoureuse d'elle.

Ophelia… en tout cas son visage avait quelque chose de familier même si je n’avais pas le souvenir de l’avoir croisé autre part qu’au détour d’un couloir. Je compris à son attitude que cela n’avait rien de facile pour Scarlett, parce qu’aimer une personne de sexe opposé était une chose, mais la tâche était encore plus complexe lorsque c’était le même : l’amour était difficile en soi alors y ajouter un obstacle supplémentaire, même s’il n’était pas insurmontable puisait dans vos forces et n’en demeurait pas moins injuste quoi qu’il arrive – juste pour rappeler que rien n’était jamais acquis, peu importe sous quelle apparence il voulait bien prendre forme.

- Elle a de la chance…Je marquai quelques secondes de pause. Je passai l’ongle de mon index sur la chevelure blonde comme si j’aurai aimé y glisser mes doigts et les laisser s’y perdre à l’intérieur. Elle préfère les garçons… Nouveau temps. Tu vas le lui dire ? Elle n’avait presque pas besoin d’y répondre, je l’avais deviné à la façon dont elle avait déclaré avoir des sentiments pour elle, comme si c’était la plus jolie des étoffes, mais qu’elle ne pouvait pas la porter. Tu devrais lui donner ce dessin.

Ça valait ce que ça valait, mais si j’arrivais à lire tous les émotions qu’elle avait tenté de faire dégager dans son œuvre, peut être que pour Ophelia aussi, parce qu’il n’y avait pas de paroles plus fortes que celui du cœur qui bat et c’était précisément ce qui se passait quand je voyais les expressions de la Serdaigle me faire face.
Est-ce que moi, je pouvais être un jour en mesure de faire provoquer ça à quelqu’un ?


- Toi aussi, quelqu'un est fait pour toi, j'en suis sûre. Regarde, jamais je ne penserais que ça m'arriverait à nouveau... Il te faut juste un peu de temps. Et ne regrette rien.

Au plus profond de moi, je réalisais que tout ceci était ridicule parce que il y avait tant de personnes tout autour de moi qui valait sûrement la peine d’être connue et que c’était avec ce genre d’expérience qu’on parvenait à se forger, et surtout, que j’avais tout le temps nécessaire devant moi pour cela… mais je savais aussi, que la vie, on pouvait vous la retirer un beau matin, comme ça, sans avoir rien demandé et contre cela, il n’y avait rien à faire. Que me donne la plus belle des pierres précieuses pour me couper avec ensuite ? J’avais déjà l’angoisse de souffrir une nouvelle fois, alors que mon corps tout entier peinait déjà à l’endurer…

- C’est juste que… Je suis pas sûre d’être capable d’aller le chercher.
Trop d’efforts, trop de trop et comparé à ça, c’était si facile de rester étendue sur le sol, à l’abandon. Ni d’attendre… Je voulais plus de tout ça. C’était trop d’investissement, et je ne pouvais juste, pas répondre aux critères.


- Il t'a forcément aimée à un moment ou à un autre, à sa façon.

Non… non.
Il n’y avait rien à aimer chez moi. Franchement comment aurait-il pu alors que je ne n’y arrivais pas moi-même et que je n’en avais surtout, même plus envie ? Il y avait seulement à prendre, petite touche, par petite touche pour ne laisser que le superflu.
Les déchets.

- Et ben il a eu tort, coupai-je presque un peu sèchement. Et justement, il s’en est rendu compte. C’est là que choisi Zephyr pour venir se frotter contre moi parce qu’il devait estimer que c’était le moment pour lui de venir réclamer sa petite dose de caresses. Avec mon bras, je l’installai contre ma poitrine et enfoui mon visage dans son petit corps. Il n’y avait que du noir partout et rien de ce que pourrait dire Scarlett ne ferait entrer un peu de lumière, peu importe que je le veuille ou non parce que cette fois encore je me laissais submergée par la mélancolie – juge intraitable des chagrins d’amour. De toute façon, je veux pas qu’on aime quelqu’un comme moi, dis-je la voix étouffée parce que j’avais toujours le front collé dans le cou du chaton. Tout ça parce que je me détestais, depuis toujours de faire de la peine aux gens que j’aimais. Alors tant pis, c’était mieux que je les garde loin de moi, même si pour ça je devais en pâtir. Mais au moins, c’était mieux pour tout le monde.
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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeSam 27 Oct - 0:29

Taylord parut gênée mais je crois que mon absence totale de gêne l'en dédouana alors à son tour. Il n'y avait vraiment pas de quoi. Oui c'était étrange que mon amie m'ait embrassé, encore plus quand on savait qu'elle pleurait celui de qui elle était tombée amoureuse et qui l'avait lâchement abandonnée. Mais il suffisait de regarder le problème par le petit bout de la lorgnette pour le comprendre un peu mieux... Je rêvais d'Ophelia et Taylord rêvait de Chuck, qu'étions-nous sinon que deux âmes esseulées au cœur bien mal en point qui recherchait quelque part un peu de chaleur pour combler ce manque que rien ni personne d'autre que ces deux personnes pourraient combler? C'est ce qui acheva de m'ôter la culpabilité que j'avais eue en pensant à Ophelia : je ne l'avais pas trompée. C'était un baiser qui concernait uniquement Taylord et moi, et puis, Ophelia ignorait tout de ce qui faisait battre mon coeur, elle n'avait d'yeux que pour Scott et voyait en moi sa meilleure amie, sa confidente, sa compagne de tous les jours sans une seule fois songer à ce que nous pourrions réellement être ensemble... Je savais que lui en vouloir m'aurait rendu la vie plus facile, car j'étais constamment partagée entre le fait de souffrir de passer du temps avec elle mais souffrir de ne pas la voir si je prenais la décision. Mais je ne pouvais pas la blâmer : elle était déjà particulièrement forte d'être ce qu'elle était aujourd'hui malgré l'éducation si cloisonnée de ses parents. Comment aurais-je pu la juger responsable de ne pas comprendre qu'elle avait la possibilité de m'aimer, alors que dans son monde à elle ce n'était sûrement pas envisageable une seconde? Les princesses ne finissent jamais par aimer d'autres princesses. Un prince arrive toujours, à la fin de l'histoire. Et je n'étais pas un prince...

- Elle a de la chance… Elle préfère les garçons… Tu vas le lui dire ?

Je souris, amusée de la façon dont Taylord avait cerné le problème presque instantanément. Je percutai seulement alors combien Scott lui était proche aussi et cherchai un moyen de contourner le problème. J'avais envie de lui parler de l'admiration sans bornes d'Ophelia pour ce garçon qui ne la voyait pas autrement qu'une amie, une soeur, et comment elle s'entêtait à se voiler la face. Ma jalousie mise de côté, le résultat était le même : il ne voulait pas d'elle, il avait eu Taylord, puis il était allé avec Lilian au bal, et voilà maintenant qu'on le disait avec Haley Collins. Pourquoi Ophelia ne voulait-elle pas en tirer les leçons qui auraient du lui crever les yeux? Cela me rendait triste, mais je n'avais même pas le cœur de le dire moi-même. Néanmoins j'hésitai de parler de Scott à Taylord, car il me semblait qu'il n'était pas étranger dans son histoire avec Chuck, et je ne voulais surtout pas remuer le couteau dans la plaie. Je méditai sa question, et récupérai le dessin qu'elle me tendait, l'observant avec une attention toute particulière. Même fruit de mon imagination et couchée sur du papier, Ophelia était belle et il émanait d'elle une lueur douce et rassurante.

- Elle pense qu'un garçon l'aime, mais ce n'est pas vrai. Je n'ai pas le cœur de lui dire. Je n'ose pas non plus parler de ce que je ressens, j'ai peur de tout casser, tu vois?...

Levant le regard tristement vers elle, je me sentis frissonner à cette idée. Parler à Ophelia, me dévoiler, c'était prendre le risque de la perdre. La vérité avait un prix. Et je n'étais pas prête à le payer pour l'instant.


- Tu devrais lui donner ce dessin.

D'abord surprise, je relevai la tête et la dévisageai : mais non, elle était sérieuse. Ensuite, je compris que ce conseil était une excellente idée. J'essayais depuis des mois de faire comprendre à Ophelia tous les non-dits qui emplissaient mon amitié, par des attentions toutes particulières, par des souhaits un peu déguisés, par des regards, des gestes aussi - je ne lui prenais pas la main comme si elle avait juste été mon amie, mais jamais elle ne s'en était formalisée. Derrière ses grands yeux pâle se jouaient tant de scènes romanesques que c'était comme si mes désirs n'avaient aucun impact : face à cela je n'étais pas grand chose, car les rêves d'une personne ne nous appartiennent pas. Cela aurait été si facile! J'aurais distillé dans son esprit des images de nous, heureuses. J'aurais forcé l'esprit de Chuck à réaliser que Taylord était la seule fille sur cette terre qui avait le pouvoir de le rendre heureux, et que de sortir avec une fille différente toutes les semaines représentait purement et simplement le vide le plus total et le plus méprisable d'une existence que je n'enviais en rien. La popularité ne m'avait jamais attirée, et sous bien des aspects.

Alors, oui, pourquoi pas? Je montrais souvent mes dessins à Ophelia, et elle ne tarissait pas de compliments qui m'allaient droit au cœur. Mais jamais je n'avais montré les dessins que j'avais faits d'elle. Par pudeur, par crainte aussi qu'elle les trouve ratés, qu'elle trouve que je ne me la représentais pas bien. Sur ce plan, j'étais bien trop perfectionniste. Mais ce dessin-là était ma fierté, et peut-être un ou deux autres également, dans le tas que j'avais représentant Ophelia. Ce n'était pas une déclaration mais c'en était une déguisée, un non-dit, encore un, mais qui sait si je les amassais sur la balance, peut-être qu'un jour elle pencherait en ma faveur...

- C'est une excellente idée, la remerciai-je, toute ragaillardie par cette idée. J'appréhendai déjà la réaction de la Serdaigle, mais mon cœur battait d'une excitation nouvelle.

Je me rendis compte ensuite que j'avais laissé mon esprit s'égarer dans les brumes de mes propres espérances, et que ce n'était pas très sympathique pour Taylord dont la souffrance éteignait dans son regard et son visage les touches de gaieté et de lumière qui l'animaient en tant normal. Taylord était de ce genre de personnes qui choisit la lutte plutôt que la tristesse et jamais je ne l'avais vu baisser la tête, à part quand elle avait été renvoyée, et maintenant, alors qu'elle m'offrait son visage le plus douloureux et le plus désespéré. Chuck avait dû y aller à coups de massue pour venir à bout d'une fille comme elle. Je ne cessais de le maudire par la pensée, et je me demandais si j'allais pouvoir me retenir d'aller lui toucher deux mots quand j'allais le croiser dans la salle commune, au milieu de son troupeau d'ânes bâtés tous aussi orgueilleux et menés par le bout du nez par leurs hormones que lui. M'imaginer la scène avait quelque chose de particulièrement réjouissant : malgré sa haute taille il ne m’impressionnait pas puisqu'il me faisait pitié, car amoureux de Taylord ou non il fallait avoir bien peu de valeurs et de respect pour les autres et pour soi-même pour rompre avec quelqu'un de la sorte. Je m'imaginais lui dire les yeux dans les yeux, et devant tout le monde, tout ce que je pensais de sa petite personne, et rien ne m'était plus satisfaisant.

Si seulement... Hélas, c'était bien tentant, mais je doutais que Taylord approuve cette idée. Cela aurait été la preuve de son tourment véritable, et je n'étais pas certaine qu'elle le veuille, mais n'était-ce pas aussi mon rôle d'amie de mettre à part ce qu'elle voulait et d’œuvrer pour son bien? Un peu perdue, je pris quand même la résolution d'y réfléchir à deux fois avant d'aller régler mes comptes avec Chuck. Non sans regrets.

J'avais envie de lui dire combien il fallait qu'elle soit forte, que si il n'était pas le bon, qu'elle découvrirait bien assez tôt que la vie est pleine d'opportunité, et que malgré ce que l'on croit les peines de cœur restent la plus belle preuve qui nous reste de cet amour perdu... J'avais envie d'espérer qu'elle soit autant heureuse à nouveau, qu'elle aime autant quelqu'un qui l'aime en retour. Je crois qu'une part de moi l'espérait aussi pour que je reste persuadée de cet avenir prometteur et plein de nouvelles étoiles...

- C’est juste que… Je suis pas sûre d’être capable d’aller le chercher. Ni d’attendre…

- Ne dis pas ça,
murmurai-je, et fais moi confiance. Un jour... Tu verras, un jour ça ira mieux...

Quelles belles paroles inutiles quand on se trouvait dans sa situation! Pour moi elles prenaient tout leur sens mais je savais que pour Taylord elles sonnaient creux comme une bouteille vide, et qu'elles avaient l'air stupide, comme si j'essayais de la rassurer sans savoir de quoi je parlais - "tu verras, demain est un jour nouveau!". Mais, véritablement, je savais que l'aurore arrive toujours à un moment ou à un autre, parce que les cycles de la vie sont aussi. Si longtemps que demeure la nuit elle n'en reste pas pour autant éternelle...

C'est ce moment-là que choisit Zephyr pour venir porter secours à sa maîtresse et je vis le regard dépité de Nelly qui, puisque son compagnon de jeux l'abandonnait, vint chercher elle aussi réconfort auprès de moi. Elle grimpa sur mes genoux et s'y allongea telle une petite princesse, battant lentement des paupières sur ses yeux verts, tandis qu'elle se mit doucement à ronronner car je la caressais évidemment, incapable de résister à ses petits airs adorables et à la douceur de son pelage. Les nuances de gris de son pelage tigré étaient presque imperceptibles et s'étaient estompées quand elle avait grandi, bien qu'elle reste un très petit chat, ce qui lui donnait l'air d'être faite de soie, avec ses poils chatoyants et nuancés de gris comme une perle.


- Et ben il a eu tort. Et justement, il s’en est rendu compte. De toute façon, je veux pas qu’on aime quelqu’un comme moi.

J'eus d'avantage mal au cœur et passai ma main sur le bras de Taylord, mais c'était inutile : je n'étais pas Chuck, ce n'était pas de mes mains dont elle avait besoin. Je serrai les dents parce que je sentis mes yeux s'humidifier d'impuissance et de chagrin pour mon amie, ce manque d'estime était l'un des dommages collatéraux les plus terribles d'un chagrin d'amour et il n'y avait pas de mots pour l'en dissuader. Je pesais bien peu lourd dans la balance de son accablement...

- Là, c'est toi qui a tort, murmurai-je. Puis je repris en m'efforçant de paraître plus enjouée : Tu sais quoi, je n'ai pas cours ce matin - mensonge, j'espérais juste qu'elle ne connaissait pas l'emploi du temps de mon année - et je comptais lire. Si tu veux, je vais te faire la lecture!

Je me levai et allai chercher mon livre - Nord et Sud d'Elizabeth Gaskell, l'un de mes romans préférés après tous ceux des soeurs Brontë et de Jane Austen - et m'installai au bout de son lit, ayant attrapé aussi mon gros coussin pour me caler confortablement. Nelly m'y suivit aussitôt.
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



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Localisation : Ben regarde, sur ma licorne magique... Ah, tu la vois ? Okay, arrête le jus de citrouille alors, visiblement ça te fait pas que du bien.
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Particularités: J'ai dix doigts. C'est fou hein.
Ami(e)s: C'est comme la poussière d'étoiles. Si t'y prends pas gaffe, elle s'effrite entre tes doigts...
Âme soeur: Il a un petit faible pour les cow-girls.

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MessageSujet: Re: Skins [S.D] {Ended}   Skins [S.D] {Ended} Icon_minitimeMer 31 Oct - 15:20

Parler d’Ophelia, à défaut de ne pas vraiment me consoler, me permettait au moins de concentrer mon attention sur autre chose, ou du moins à moitié, parce le reste n’était jamais loin et planait comme un gros nuage qui tantôt se dissipait pour se reformer un peu plus loin et déverser sa colère n’importe quand, n’importe comment. C’était un peu comme une bombe à retardement, sauf qu’on ne savait jamais quand est-ce qu’elle arrivait à zéro, et il n’y avait aucun moyen de la désamorcer. Mais je voulais essayer de ne pas y penser justement et ce n’était pas en ayant ce genre de réflexion que ça allait aller mieux puisque le simple fait de se dire de ne pas penser à quelque chose vous faisait justement penser à cette chose là et finalement, on en revenait à la case départ. Bref. L’évocation d’Ophelia me permettait au moins de servir un peu à quelque chose, bien que très maigrement, car à par causer des problèmes à moi et aux autres, je n’avais pas vraiment l’impression d’être très utile en ce moment, mais j’avais la certitude que Scarlett, même si elle ne me montrait que sous certaines facettes à peine perceptibles en avait besoin elle aussi, même si elle était encore dans cette phase où tout restait possible et inimaginable. C’était un moment qui vous pinçait un peu le cœur car on ne savait jamais si cela se réaliserait un jour, mais en même temps, c’était là où tous les rêves les plus beaux et les plus lumineux étaient permis et personne ne pouvait le lui enlever pas, surtout pas après ce qu’elle-même avait vécu, puisqu’elle était passée par là avant moi et qu’aujourd’hui elle réussissait là où j’échouais : c’était une sorte de modèle, je le savais tout au fond de moi, et pourtant, j’étais encore bien loin de parvenir à suivre son exemple…
C’était plus trop envisageable, ça.


- Elle pense qu'un garçon l'aime, mais ce n'est pas vrai. Je n'ai pas le cœur de lui dire. Je n'ose pas non plus parler de ce que je ressens, j'ai peur de tout casser, tu vois?...

Je hochai la tête, simplement parce que je voyais tout à fait elle voulait en venir. C’était posé sur le papier, c’était écrit : Ophelia avait en tête d’autres projets qui différaient assez largement de ceux de mon amie et pour cause, puisqu’elles n’avaient pas les mêmes attirances. Mais tant que ce n’était pas exprimé clairement… n’importe quel scénario pouvait faire surface, et même si c’était se confondre un peu dans des illusions, qu’est-ce que ça pouvait faire ? La réalité semblait être un bourreau bien trop sans pitié pour ne pas avoir envie d’y échapper un peu de temps en temps, le plus important, c’était d’avant tout en avoir conscience et ne pas se laisser complètement prendre au jeu et vivre dans un monde qui là n’existait pas, non ? Même si mon passé refaisait bien trop souvent surface, je ne cautionnais cet état qui vous laissait en suspens en quelque sorte, et peu importe ce que les autres pensaient, je savais que j’avais avancé durant toutes ces années, même si maintenant… et bien à présent, je n’arrivais juste à ne plus mettre un pas devant l’autre, parce que j’étais inévitablement ramené en arrière alors qu’à chaque fois j’essayais de tout faire pour m’en sortir. C’était quoi la solution de l’énigme, qu’est-ce qu’il fallait faire pour enfin faire un immense bond en avant et ne plus jamais – le plus important – revenir en arrière ? C’était facile de faire des critiques et de dire comment il fallait faire mais ceux qui martelaient ces propos, bien souvent ne savaient même pas ce qu’ils avançaient et parlaient de choses qu’ils ne comprenaient pas, puisqu’ils ne les avaient vécu…

- Peut être alors qu’à la place, tu devrais en parler à l’intéressé ?
Autant, il ne s’en était même pas rendu compte et s’amusait avec les sentiments de la Serdaigle sans le savoir, ou alors il le savait mais le faisait sciemment et dans un cas comme dans l’autre, il ne fallait pas laisser faire. Ca ne résoudrait pas complètement le problème de Scarlett, mais ce n’était pas aider non plus Ophelia que de la laisser dans ses songes dont la fin ne serait jamais ce qu’elle espérait.

Quant au reste… Comme j’étais d’accord, je ne savais pas trop quelle alternative lui donner de plus, sinon y aller plus en subtilité, mais bon, on ne pouvait pas dire que la subtilité, ça marche avec tout le monde… Mais l’idée du dessin, je ne sais pas pourquoi, me paraissait être plutôt juste, si elle lui offrait, ça prouvait après tout qu’elle tenait à elle et puis, que Scarlett soit intéressée par les filles plutôt que les garçons n’étaient un secret pour personne, donc malgré tout, ça me paraissait quand même être assez évident, mais chacun lisait entre les lignes à sa manière, et si la blonde n’était pas dans ces délires-là, c’était à double tranchant : soit elle comprenait immédiatement le message, soit…


- C'est une excellente idée.

Et puis que quelqu’un explique les sentiments de Scarlett qui étaient un peu plus que de l’amitié envers elle n’aurait servi à rien – à part de la faire fuir… et puis si c’était pour qu’elles souffrent toutes les deux parce qu’elles en étaient réduites à s’éviter toutes les deux dans les couloirs… non, il ne fallait pas.

… Zéro.
Evidemment, il était là le piège, puisque les détails, même les plus infimes me ramenaient à mes principaux tourments qui se mélangeaient les uns avec les autres, Chuck en était le point central de la toupie, mais après il y avait tous les autres, comme Stephen, Haruhi… tous ce que je n’arrivais pas à résoudre, parce que je n’avais pas le courage de le faire, d’affronter encore diverses expressions de leur déception sur leur visage, parce que j’avais tout fait capoter, de toute façon, je n’étais pas prête, ce n’était pas une bonne idée, c’était nul, ça n’arrangeait rien, ça stagnait comme de la fumée qui envahit toute une pièce et qu’on ne parvient pas à faire sortir, mais au moins ça me laissait l’infime sentiment que ça ne devenait pas pire – que ça ne pouvait pas être pire, alors… Autant que ça reste comme ça.


- Ne dis pas ça, et fais moi confiance. Un jour... Tu verras, un jour ça ira mieux...

Les promesses d’un jour meilleur… elles n’étaient pas tout à fait fausses, mais restaient toujours évanescentes parce qu’un jour meilleur cachait toujours un jour plus mauvais puissance mille et qui dévastait tout. Ce n’était pourtant pas la lumière du soleil qui était censé dissiper toutes les nuances du ciel chargé qui l’obscurcissait ? A croire que ça aussi, ce n’était que des balivernes qui n’étaient bonnes qu’à vouloir rassurer les gens… Scarlett ne faisait pas partie de cette trempe là et elle était sincère et y mettait du sien, je devais m’en être rendu compte tout à fond de moi, tout au fond, mais cependant… Cependant, cette fois, ce n’était plus suffisant. On vivait dans un monde qui se disait chronologique, mais une fois de plus, il nous montrait qu’il n’était rien de plus que cyclique et on sait tous comment ça se passe avec les cycles – on en revient toujours au même point.
Indéfiniment.

Alors je n’avais rien d’autre à faire que de me raccrocher aux êtres vivants qui étaient tout autour de moi : Scarlett, son chat, Zephyr. C’était déjà pas mal, même si c’était bien trop peu, mais Zephyr ne disait jamais non à de longues caresses, même si c’était un peu bizarre étant donné qu’il passait son temps à gesticuler dans tous les sens en dehors de ces moments-là . C’était parce que lui aussi avait été repoussé par ses frères et sœurs et même sa mère, c’était parce que lui aussi, il en avait trop besoin, d’être estimé tel qu’il l’était réellement, et à l’heure actuelle, c’était la seule chose que je me sentais en mesure de faire, de combler ce manque qui resterait malgré tout toujours un petit peu vide. A jamais.


- Là, c'est toi qui a tort.

Peut-être… La fatigue venait de m’assommer d’un coup comme ça arrivait souvent parce que mon corps n’avait plus l’énergie nécessaire pour pallier les carences et que dans ces cas-là il ne pouvait donc rien faire d’autre que de se reposer et cependant, je ne répondais pas à ses appels répétés – je n’étais plus là pour personne. Même pas pour moi.

- Tu sais quoi, je n'ai pas cours ce matin et je comptais lire. Si tu veux, je vais te faire la lecture!


- D’accord,
murmurai-je sans plus demander d’explications. Même si j’étais toujours toute seule depuis que j’étais à Poudlard, je le réalisais : ça ne me dérangeait pas que Scalett reste ici, bien au contraire. C’était la figure même de la bienveillance, et j’étais exténuée de devoir déceler le mal de partout en chaque personne – pour une fois, je voulais bien ‘’essayer’’ de croire qu’il n’y avait pas que des gens comme ça.

Le temps qu’elle aille chercher son livre, j’en profitais pour me laisser tomber sur mon lit, Zephyr toujours à mes côtés en prenant garde à me coucher sur le côté droit, parce que c’était la position qui était la plus confortable parce qu’elle me faisait le moins mal. Je fermai les yeux pour écouter la voix chantante de la Gryffondor qui agissait comme une berceuse, et au bout d’un moment – peut-être, je n’en étais plus très sûre, je finis par glisser dans un demi sommeil qui me répétait toujours avec le même timbre que celui de Scarlett, que là-haut, tout au-dessus de cette surface que je n’arrivais pas à creuser pour en sortir, il y avait effectivement cette promesse des jours meilleurs. Mais même si je creusais un trou assez large pour revenir et passer de l’autre côté, est-ce qu’il y aurait une main qui serait là, à m’attendre, pour m’attraper et m’aider à me hisser ?
Je n’en étais pas si sûre.




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