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Dictame & coups de griffe [Eric] terminé

 
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 Dictame & coups de griffe [Eric] terminé

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Anthea Wright


Anthea Wright
Élève de 5ème année



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Particularités: Mon père est richissime, et je suis son enfant unique et très gâtée... Oh, la jalousie ne vous pas au teint.
Ami(e)s: Ceux et celles qui m'envient et restent dans mon ombre.
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MessageSujet: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeJeu 25 Oct - 15:48



« On n'attaque pas seulement pour faire du mal à quelqu'un mais peut-être aussi pour le seul plaisir de prendre conscience de sa force. »


    Deuxième volet de mes aventures écossaises. Papa m'avait toujours dit qu'il faut une fois quitter un lieu ou même une personne pour l'apprécier quand on la retrouve à sa juste valeur, et comme toujours avec ce qu'il me disait il s'avérait que c'était l'exacte vérité. Je n'avais pas été insensible au charme de l’Écosse, du château et de ses jolis environs après en avoir été écartée pendant deux mois. Pourtant Manhattan m'avait trop manqué pour qu'une seconde je regrette mon école britannique durant ces deux mois d'été, mais il aurait été mentir que de nier la chose : retrouver Poudlard avait un petit côté excitant, qui ne laissait pas de marbre la jeune fille avide de nouveautés et de désirs épars que j'étais. Bien sûr il manquait au château ce côté haute-société, richesse et luxe qui étaient mon véritable crédo, mais cela était une autre affaire. Mes premiers mois avaient été d'ailleurs laborieux pour cette raison, parce que mêler au peuple et accepter de marcher chaque jour dans des couloirs bien moins entretenus que notre grand appartement avait été une grande déconvenue. Mais j'avais construit des barrières autour de moi et sélectionnés avec soin ceux qui avaient l'honneur de compter parmi ma compagnie, et heureusement, à Serpentard, il ne manquait pas de gens issus de la bourgeoisie avec qui j'avais de ce fait de quoi partager et constituer mon petit réseau. Car il n'était question que de cela, et j'étais trop une Wright pour l'ignorer : ces gens-là façonnaient mon cercle, obéissaient aux règles que je leur imposais sans qu'ils s'en apprivoisent. Je n'avais pas besoin d'amis mais de figurants autour de moi, tous plu riches et respectables les uns que les autres. J'avais fini, la mort dans l'âme, par accepter de me rabaisser à ce que j'avais sous la main, et d'oublier momentanément les ors de New York, pour enfin trouver comment m'acclimater ici. J'avais toujours cru qu'apprendre la magie aurait été la continuité de me petite vie parfaite, mais malheureusement, je m'étais trompée. Ma mère n'avait même pas essayé de me prévenir car je ne l'aurais pas crue - comment, la si renommée école de sorcellerie de Grande-Bretagne n'était même pas capable de sélectionner comme il se devait ses recrues?! Peut-être qu'à Salem tout aurait été différent, mais mon père avait tenu à ce que mon éducation soit britannique tout comme il l'était lui. Poudlard n'était pas parfait mais c'était à moi d'en tirer le meilleur, et si la situation n'avait pas été des plus faciles, j'estimais m'en être sortie plutôt bien.

    L'été à Manhattan m'avait fait oublier le moins bon. Là-bas, enfin, j'avais retrouvé le luxe, les beaux endroits, les immeubles luxueux, les après-midi dans les parcs ou chez nos amis, les longues journées de shopping et les soirées mondaines que Papa donnait pour Wright&Co. Ces moments-là, je papillonnais partout, dans ma nouvelle robe - Papa m'en achetait une à chaque soirée et chaque cocktail, comme il l'avait toujours fait - et faisais ma petite impression à tous les actionnaires et les investisseurs qui augmentaient chaque jour notre fortune. Ils me trouvaient tous adorable et ne cessaient de complimenter Papa sur l'adorable petite fille qu'il avait, et sa fierté, qu'il ne cachait pas, décuplait la mienne. Là était ma vie. J'avais besoin de faire mon éducation sorcière et j'en étais bien consciente, même si ma mère en avait été chargée jusque là, mais ce dont j'avais besoin c'était les lumières de la scène, c'était qu'on me voit, qu'on m'admire, qu'on parle de moi et que l'étalage de nos richesses se fasse aux yeux de tous pour qu'ils comprennent qui étaient les Wright.

    Dans le moins bon, justement, il y avait eu ce petit incident avec Eric Williamson. Ou plutôt, ces petits incidents. Je n'avais pas lâché la pression, même cet été. Notre première vraie altercation sur la glace avait lancé les hostilités : nos empires ne cessaient de se confronter et menaient un vrai match de Titans, ce que nous étions sensés faire également. C'était si simple, à Poudlard! J'agissais dans l'ombre pour ne pas salir mon image mais évidemment, combien de fois avais-je versé un mauvais ingrédient dans son chaudron pour qu'il rate sa potion, combien de fois avais-je fait exprès de me moquer de lui quand il passait près de mon groupe d'amies pour qu'elles rient tous en le voyant et qu'il le sente moqués, combien de fois-je avait déjoué ses plans, cachant les livres dont il avait besoin, renversant mon jus de citrouille sur lui en passant, le faisant glisser de son balai! Pour les taches les plus ingrates (le balai, le jus de citrouille, ou même la boue quand il pleuvait) je ne me salissais pas non plus, et il se trouve que les rangs de Serpentard était non seulement garnis de fils de bourgeois mais aussi de fils de grandes familles dont le trop plein d'or avait ôté quelques neurones, et qui n'étaient rien d'autre que des brutes épaisses prêtes à taper sur tout ce qui n'avait pas du Sang-Pur et à baver, le regard fixe et vitreux, le reste du temps. Il y en avait un, notamment, qui malheureusement avait jeté son dévolu sur moi - j'étais jolie et je le savais, et toujours bien apprêtée, à dessein, alors je ne l'en blâmais pas - mais j'avais utilisé ce boulet pour la bonne cause, en lui demandant d'effectuer ce genre de tâches ingrates. Je n'avais eu qu'à dire Eric Williamson, Serdaigle et sang impur pour qu'il accepte. Et c'était bien mieux ainsi, car en plus, à part les petites piques que je faisais moi, les tâches les plus viles n'étaient pas exécutées par moi à proprement parler - il n'y avait pas de preuves.

    Le problème, le problème éternel de cet idiot de Williamson qui portait des gênes que j'avais en horreur, était qu'il restait continuellement calme et comme imperméable à toutes mes attaques. J'avais l'impression de le griffer continuellement de mes ongles sans qu'il n'en sente un seul instant la douleur. Petit à petit, ma haine s'était teintée de fureur et de frustration : comment mettre à terre un ennemi qui n'acceptait même pas le face à face?! Quel joli nom que celui de Williamson, vraiment, quelle belle lignée de lâches apathiques!...

    Cet été, il avait été de retour à New York lui aussi, et aux quelques soirées mondaines où je l'avais aperçu - mais il ne se montrait pas beaucoup - je l'avais soit superbement ignoré, soit j'avais raconté toutes sortes de crasses sur lui à tous ceux qui m'écoutaient, soit, j'avais écrasé ses pieds de mon talon en passant devant lui, la tête haute, et en riant sous cape. Mais rien de plus notoire que ces maigres attaques auxquelles j'étais réduite, puisqu'il se cachait dans sa tanière. Pour combien de temps, ça, je n'avais pas dit mon dernier mot.

    Aujourd'hui commençait par l'un des pires cours qui soient, à savoir le cours de Botanique : les serres crasseuses, les plantes puantes et nos uniformes souillés de terre me rebutaient. Et puis! Il y avait des gens pour effectuer ces tâches ingrates de nourrir des Mandragores ou rempoter de l'Armoise, il y avait des Elfes de Maison ou des gens que l'on payait, qu'en savais-je!... Mais à quoi cela me servait-il, en toute honnêteté? A rien. Sinon à me salir, et j'étais toujours d'une humeur massacrante en me rendant dans les serres. Ce matin, j'avais passé un quart d'heure à onduler mes longs cheveux bruns à l'aide de ma baguette en me regardant dans la glace, mon uniforme était tout propre et tiré à quatre épingles, et mes ballerines vernies que Papa m'avait rapportées de Paris brillaient. Puisque j'allais affronter la crasse, autant y arriver la plus propre possible, peut-être que les deux opposés s'annuleraient, qui sait. Il ne fallait pas que je me démoralise.

    Nous étions tous assis en groupe, sans ordre précis, et j'avais mon petit groupe d'admiratrices à qui j'étais en train de raconter un défilé de mode que j'avais vu cet été quand la prof lança son cours en nous expliquant que nous allions étudier le Dictame, célèbre pour ses vertus thérapeutiques, comment le cultiver, comment bien s'en occuper et surtout comment en extraire le jus - mon dieu - et que pour cela nous devions nous mettre en binôme. Bon, avec qui avais-je envie de me mettre aujourd'hui? Je balayai ma cour du regard, toutes ces filles de bonne famille qui m'entouraient et hésitai, me demandant laquelle ferait le mieux le boulot que je n'allais certainement pas faire quand...

    ... Eric Williamson lui-même s'avança. Aussitôt, mes petites servantes s'éparpillèrent, dans la crainte qu'éclate le tonnerre sûrement, et avant que j'eus le temps d'ouvrir la bouche pour leur ordonner de rester, Eric Williamson avait déjà pris place avec moi, formant donc un binôme à mes côtés, et le cour commençait. Quelle audace! Je ravalai ma fureur et ma surprise et décidai d'en profiter pour continuer mes éternelles attaques - il tendait le bâton pour se faire battre...


    - Tu tombes bien, Williamson, j'avais justement besoin d'un larbin pour faire le sale travail à ma place.

    Je ricanai, lui jetant un regard absolument supérieur, et croisant les jambes sous la table en me redressant. Il avait laissé ses cheveux pousser un peu plus longs, et je ne sais pas pour qui il se prenait, mais chez nous, les cheveux longs et négligés n'étaient pas vraiment ce que l'on pouvait qualifier d'acceptable.

    - Vous n'avez déjà plus d'argent?
    repris-je d'une voix faussement désolée et clairement moqueuse. Tu veux que je demande à mon père de t'en prêter pour que tu puisses aller chez le coiffeur?

    Je cherchai son regard pour lui envoyer un coup d’œil bien senti. Qu'espérait-il en venant se mettre à ma table, vraiment!


Dernière édition par Anthea Wright le Sam 8 Déc - 18:05, édité 1 fois
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Eric Williamson


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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeSam 27 Oct - 18:46

Cet été m’avait paru être bien fade, en comparaison des nombreuses péripéties qu’offraient Poudlard, parce que même si sur le papier, les jours étaient censés se ressembler d’où notre emploi du temps réglé à la minute près, il y avait toujours un petit événement qui faisait que chaque jour apportait son lot de surprises ; à moins que ce ne soit moi qui inconsciemment faisait en sorte que ce soit le cas, parce que je me refusais à tomber dans cette monotonie qui m’avait accompagné durant ces deux mois de vacances : j’avais retrouvé le luxe quotidien dans lequel j’avais vécu durant mes premières années et il y avait plein de détails que je remarquais que je n’avais jamais vu avant, mais ce n’était pas le genre de constatation plaisante parce que tout ici me rappelait mon futur, mon avenir auquel j’essayais sans arrêt d’échapper.

Ce que je m’étais d’ailleurs employé à faire le plus souvent possible en évitant un maximum de me rendre aux cocktails organisés par la haute société et auxquelles des personnes du rang de mon père, de par son statut était obligé de se rendre et de faire bonne figure à la seule précision que lui, à mon inverse, il aimait se montrer en bonne compagnie, ce qui était loin d’être mon cas. J’avais épuisé toutes sortes d’excuses à ce sujet, feintant une fièvre, quelques histoires banales, mais évidemment, cela n’avait pas suffi, et il y avait eu des soirées où j’avais dû faire office de présence à mon plus grand regret. Cela se déroulait toujours de la même manière, toujours les mêmes discours préparés avec soin et les politesses bien orchestrées de personnes qui ne se gênaient pas pour vous cracher du sucre sur le dos dès que celui-ci était tourné. C’était un univers auquel j’avais bien du mal à m’attacher et pour cause puisque je demeurais certain que celui-ci ne me ressemblait pas, ne me convenait pas et que je n’avais simplement rien à faire dans ce genre de lieu où c’était un combat constant pour définir qui était paré des plus beaux atouts, des plus beaux vêtements, et des plus belles parures.

Il y avait cependant quelqu’un qui se sentait comme dans un poisson dans l’eau dans cet univers, puisqu’elle avait été façonnée ainsi, comme une sculpture que l’on taille avec une grande délicatesse et où l’on oublie peu à peu l’état brut et sans originalité tant on le fournissait de détails au fur et à mesure, et pas des moindres : Anthea restait et resterait toujours aussi resplendissante et le peu de fois où nous avions été conviés aux mêmes endroits et où je m’étais rendue, elle avait subtilement trouvé le moyen pour se faire remarquer à la fois des autres invités, dans ses belles robes et ses sourires qui avaient le don de charmer tout le monde, mais aussi, elle prenait bien garde à me rappeler sa présence soit par son ignorance, ce qui était assez drôle car fort paradoxal, soit avec des gestes et des actions qu’elle déguisait le plus souvent pour que ses actes soient indiscernables pour quelqu’un qui poserait le regard sur elle à cet instant précis. Je n’avais pas eu besoin de faire beaucoup d’efforts pour ignorer ses petites piques, car elle se débrouillait bien dans ce domaine et se plaisait à me le montrer, mais non, je le lui avais déjà dit, déjà expliqué que ce n’était pas cela que j’attendais d’elle et que si elle espérait que ses fourberies me ferait tomber dans ce cercle vicieux dans lequel elle avait essayé de me faire plonger toute l’année scolaire, elle avait frappé à la mauvaise porte. Au contraire, j’essayais d’être le plus amical possible pour lui prouver qu’il n’y avait aucune raison pour nous de ressembler aux stéréotypes de nos parents, même si bien sûr, je me devais de faire attention, parce que mon père n’était jamais loin, alors tout cela se faisait malgré tout avec une certaine distance et j’avais bien remarqué à quel point mon comportement l’agaçait encore plus et semblait raviver l’envie un peu plus à chaque fois de me rappeler qu’à part en terme d’antagonisme, il n’y avait aucun autre avenir de permis pour nous.

Quant au reste du temps… j’avais trouvé de quoi m’occuper, car ce n’était pas les activités qui manquaient là non plus, même si parfois, j’étais contraint là encore de participer à des loisirs et des apprentissages dont je n’avais que faire ; le plus dérangeant, c’était lorsque qu’il y avait quelque chose qui me plaisait mais qui était sous les ordres de Williamson Père parce que pur esprit de contradiction, je ne voulais pas m’y plier, mais en même temps, ça voulait dire que je devais renoncer… Quand c’était comme ça, je me disais que tant pis, ce n’était pas si grave de jeter l’éponge et de faire des efforts, d’autant plus que tout le monde était d’accord dans ces cas-là et que ça contrebalançait les moments où je faisais tout pour déroger à la règle.

Et puis il était déjà temps de retourner à Poudlard ce dont je n’étais pas mécontent, parce que j’allais de nouveau pouvoir sortir de ce joug si bien contrôlé par mon géniteur et son esprit organisé d’homme d’entreprise. De l’autre côté de l’océan, il ne pouvait pas grand-chose sur mes faits et gestes et tant que je ne déshonorais pas notre famille et notre rang, c’était le plus important, n’est-ce pas ? J’avais été impatient d’y retourner, même si j’avais ressenti une pointe de déception au moment de quitter pour la seconde fois les Etats-Unis parce qu’après tout, c’était ici que se trouvait mon foyer et même si de nombreuses facettes me déplaisaient, j’y avais créé des souvenirs qui n’appartenaient à cet environnement puisque c’était là-bas que je les avais vécu alors bien sûr je pouvais les emporter avec moi grâce à ma mémoire, mais pas physiquement, donc, ce n’était pas pareil.

J’espérais bien démarrer le premier mois à l’école ! Dans l’ensemble tout s’était plutôt bien passé l’année dernière, même si je n’avais su expliquer, les derniers mois des accidents qui justement étaient des accidents, parce que normalement, ils n’avaient pas lieu d’être. J’étais pourtant de nature concentré, et pourtant, il y avait eu des faits inexplicables même pour l’esprit le plus terre à terre possible qui trouvait toujours une explication plausible, même si au bout de plusieurs fois, j’avais fini par comprendre qu’il y avait anguille sous roche, mais qu’importe ! pas de quoi me démoraliser pour autant. Le cours de Botanique me semblait être de bon augure en tout cas, car même si ce n’était pas la matière que je préférais, je me débrouillais assez bien parce que j’étais assez manuel et même les plantes les plus récalcitrantes ne m’inquiétaient pas ; il y avait parfois là aussi quelques mauvaises surprises, mais il suffisait de se dire que ça faisait partie du jeu. Et puis, il y avait aussi ce petit côté excitant qui ne me déplaisait pas !

Le cours d’aujourd’hui allait porter sur le Dictame. Notre professeur nous indiqua comment procéder après quelques explications avant de nous demander de nous mettre par deux, ce qui arrivait souvent en Botanique parce que nous n’étions pas encore assez expérimentés pour nous débrouiller seul, et puis à deux il y avait quelque chose de rassurant de se dire qu’au moins, nous n’étions pas seul, mais bien plusieurs dans la même galère si jamais ça se passait mal. Je l’avais repéré dès le début et en même temps, comment ne pas faire autrement puisque Anthea était au beau milieu de tout un petit attroupement, et pendant que Gabriel Sawyer parlait, même si j’avais suivi, je n’avais pas pu m’empêcher de me dire que c’était bien trop bête cette situation et surtout qu’elle ne m’allait pas. Peut être que la Serpentard s’en était très bien accommodée (rectification : elle s’en était très bien accommodée) mais j’en étais encore loin, et agir dans le sens de nos parents non seulement lui aurait fait bien trop plaisir, mais cela les faisait également remporter la victoire, et cela m’était inconcevable puisque d’une idiotie juste très bien ficelée et qu’il était temps d’en mettre un terme. J’avais essayé de le lui expliquer lorsque de notre confrontation à la patinoire et elle n’avait pas partagé mon avis, ce qui aurait dû me faire comprendre d’emblée que ce n’était pas la peine. Mais après tout… pourquoi pas ? D’accord, tout l’été elle m’avait fait sentir qu’elle ne comptait pas changer de fusil d’épaule, mais ça ne voulait pas signifier pour autant qu’elle n’avait pas un peu réfléchi à ce que j’avais évoqué, même si, et je n’en doutais pas, elle avait dû faire en sorte de le cacher dans un tout petit recoin dans son esprit pour se forcer à croire que ce que je pensais de tout ça ne devait aucunement faire pencher la balance du mauvais côté.

C’est entre autre pour cela qu’avec un pas sûr, j’arrivais à sa hauteur, sans masquer le petit sourire qui était en train de poindre sur mes lèvres parce qu’elles se tournait et retournait le regard vers ses suivantes qui s’écartaient toutes sur mon passage comme si j’avais eu le pouvoir de les figer sur place si jamais elles avaient le malheurs de rencontrer mes prunelles. Et bien… On dirait bien que personne n’avait envie de mettre avec elle pour ce travail fastidieux. Très bien, d’emblée, cela facilitait bien des choses ! Elle ne se démonta pas pour autant et ne tarda pas à engager la première prise avec cet air que je lui connaissais si bien :

- Tu tombes bien, Williamson, j'avais justement besoin d'un larbin pour faire le sale travail à ma place.


Je ne rétorquai rien et me contentai de prendre place à ses côtés et de sortir ce dont nous allions avoir besoin pour travailler. Qu’elle se rassure cependant : je voulais bien faire ce dont elle allait le plus rechigner à faire comme je m’en étais douté en l’observant de loin à son expression qui s’était modifiée en une pointe de dégoût lorsque Sawyer nous avait appris que nous allions devoir récupérer l’essence même du Dictame et comme elle venait de me le confirmer. Après, je comptais bien lui prouver qu’il n’y avait rien d’ingrat dans cet exercice là, mais que pour cela, elle devait également faire quelques concessions. Allait-elle s’y plier ?

- Vous n'avez déjà plus d'argent. Tu veux que je demande à mon père de t'en prêter pour que tu puisses aller chez le coiffeur?

Je constatais qu’elle ne perdait jamais une occasion de faire une remarque bien placée, ce à quoi je répondis d’abord par une petite exclamation rieuse avant d’incliner légèrement la tête en avant et de la secouer dans un geste qui signifiait clairement que son insulte ne me faisait aucun effet. Puisqu’elle en parlait, j’avais volontairement laissé mes mèches pousser, d’une part parce que ça me plaisait, mais aussi parce j’estimais être plus en accord avec moi-même. J’avais attendu les dernières semaines et donc la fin de l’été avant que mon père ne m’ordonne d’aller chez le coiffeur parce qu’un Williamson ne pouvait pas se permettre un tel écart. A présent, ils étaient bien plus longs, mais il n’y avait personne pour me menacer de ciseaux et c’était le plus important.

- Je ne pensais pas qu’il était dans tes habitudes de partager avec un Williamson. Je vois que tu as revu tes positions, Anthea, constatai-je de la manière la plus amicale possible.

Je fis bien exprès d’utiliser son prénom pour lui montrer que nous n’avions pas besoin de toutes ces barrières entre nous, qu’elles étaient inutiles. Je devinais d’avance que ça n’allait pas trop lui plaire, tout comme ma remarque, parce que normalement, j’étais censé être agacé par cette moquerie et normalement, j’aurais dû répliquer de la façon la plus sournoise possible, mais il ne fallait pas oublier que j’étais dans cette optique, que pourquoi pas, nous pouvions très bien être amis, d’autant plus que nos familles respectives menaient leur combat de l’autre côté de la planète et qu’à partir de là, nous n’y étions plus liés. C’était leur monde. Nous avions le nôtre, Poudlard, il était totalement différent, et j’aurais juste aimé qu’Anthea soit dans le même état d’esprit que le mien.

Rapidement, je relus les instructions qui se trouvaient sur ma feuille, les différentes étapes et tout ce qui allait avec.

- Ça n’a pas l’air trop difficile… commentai-je premièrement pour unique but de la rassurer. Je répétai machinalement les phrases rédigée sur le parchemin, Appuyez sur les fleurs pour en extraire l’essence et le récupérer dans un récipient. Comme ça en effet, ça semblait facile, mais le professeur avait bien précisé que non seulement ce n’était pas évident de récupérer le jus, mais que ça risquait de gicler dans tous les sens et qu’on devait faire très attention à ne pas en recevoir dans les yeux etc et donc qu’on devait un minimum se protéger. Ignorant totalement le mépris qu’elle affichait clairement, je ne lui laissais pas le choix, tu devrais presser, je me chargerai de ne pas perdre une seule goutte. Car choisir entre la sauvegarde de sa belle tenue ou de la mienne beaucoup moins sophistiqué, je savais déjà sur quoi se portait son choix. Qu’est-ce que tu en penses ?
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Anthea Wright


Anthea Wright
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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeDim 28 Oct - 16:33

    J'avais été trop habituée à avoir tout ce que je voulais et tout ce que je demandais et dans un assez court délai pour qu'Eric Williamson n'ait pas entre ses mains cette atroce pouvoir de me faire perdre mon sang-froid. Et ça, c'était quelque chose que je ne pouvais supporter. J'étais bien trop gâtée pour avoir eu à piquer des crises de nerfs, mais cela m'était arrivée, oh oui - à la maison, tout le monde s'en souvenait. Quand j'étais plus petite, il y avait eu un moment où Papa était souvent absent pour son travail, il se rendait beaucoup en Chine et au Japon, tandis que Maman dirigeait une association qui oeuvreait en Inde. Pendant quelques mois, j'avais été seule plusieurs fois, et ils avaient donc embauché quelqu'un pour s'occuper de moi. Maman avait voulu prendre la première gouvernante venue, mais Papa avait insisté pour les rencontrer toutes et choisir la meilleure, ce qui ne m'étonnait pas lui : lui et lui seule savait ma vraie valeur. Il n'y avait pas de mystère, c'était lui que je préférais, entre Maman et lui, et entre toutes les personnes de cette terre. Et cette gouvernante, une vieille dame pète-sec qui regroupait en elle tous les clichés de la gouvernante, avait été la cause de mes seules et uniques crises. Elle m'interdisait tout dès qu'elle était sûre que mes parents ne pourraient pas en avoir vent, et moi je devenais folle, piquant des crises quand elle me refusait des bonbons, un cadeau ou une jolie robe que je voyais dans la rue. Ces mois avaient été éprouvants. Heureusement, Papa avait arrêté d'aller aussi souvent à l'étranger et il avait engagé quelqu'un pour ça, et il m'avait acheté tout ce dont j'avais manqué pendant ces horribles mois, et tout était redevenu normal. C'était d'ailleurs pendant cette période que j'avais appris à retenir ma respiration assez longtemps pour faire peur aux gens, pour qu'ils cèdent. Il n'y avait que ça qui marchait avec la vieille peau, que Papa avant renvoyée et déconseillée à tout le monde dans notre entourage. Bien fait.

    Mais hélas, Eric Williamson, par la frustration qu'il me procurait, me rappelait furieusement cette vieille sorcière. Et cela me déplaisait. Beaucoup.

    Avec son petit sourire simple mais qui cachait, je le savais, une monstrueuse arrogance - Voyons! Croyait-il que j'ignorais qui était son père?! Les chiens ne font pas des chats, il n'y avait qu'à regarder Papa et moi. Jamais je ne pourrais faire confiance à ces faux-semblants qu'il se donnait, je ne connaissais que trop bien son petit jeu de dupes. - il paraissait toujours si calme, si détendu et si imperméable à toutes mes attaques - qui ne faiblissaient pourtant jamais - que j'aurais pu, si je n'avais pas crains de me salir, l'étriper de mes mains. J'avais besoin que l'on s'affronte, j'avais besoin de me mesurer au plus haut, j'avais besoin de gagner et de faire éclater ma supériorité, et le Serdaigle, en refusant toute guerre, m'ôtait tout cela. Je me sentais comme pleine d'un acide qui croupissait à l'intérieur de moi et finirait par me ronger, plutôt que de l'attaquer lui.


    - Je ne pensais pas qu’il était dans tes habitudes de partager avec un Williamson. Je vois que tu as revu tes positions, Anthea.

    Offusquée de cette appellation si familière, je n'en laissais rien paraître et me contentais de hausser les sourcils avant de remettre ma jupe bien comme il le fallait sur mes genoux. Ses airs amicaux, ses coups d'oeil compréhensifs, tout cela, je n'y croyais pas. Montre-moi ton visage de charognard, Williamson, ose un peu...

    - C'est que je suis si charitable, dis-je d'un ton badin, mais avec un petit sourire méprisant au coin des lèvres pour bien lui faire comprendre qu'il ne m'inspirait que dégoût et pitié.

    Ce devait être le destin qui, sachant que je haïssais la Botanique, y avait associé Eric Williamson pour me rendre ce cours encore plus cauchemardesque que possible. Je regardai le dictame posé sur notre table d'un oeil méfiant et ne m'en approchai pas, bien décidée à ne rien salir de ce que je portais. De toute façon, les ingrédients que nous utilisions en Potions étaient déjà tout préparés, alors pourquoi s'embêter? Plus tard, je les achèterais dans les magasins prévus à cet effet, comme tout le monde, et mon jardin, si jardin j'avais, serait entretenu par des gens que je paierais, et pas par mes blanches mains qui avaient bien d'autres occupations plus glorieuses à leur actif. Quelle idée que celle de nous apprendre ce travail de garde-chasse, voilà qui n'allait certainement pas tirer vers le haut ceux qui déjà n'avait pas une très bonne origine sociale... Enfin, il fallait de tout pour faire un monde, me répétait Papa quand je lui parlais de telles choses. Peut-être. Mais dans mon monde à moi, ces gens-là n'existaient pas.

    La seule déception, le seul hic dans mon existence, résidait dans le fait que Papa n'était pas un sorcier et que c'était de Maman que je tenais mes pouvoirs, et j'aurais donné toutes mes robes pour que cela soit le contraire. Je n'étais pas proche d'elle, et Papa était mon modèle, et j'aurais voulu lui être pareille en tous points - c'est d'ailleurs à cela que je m'employais - sauf qu'il y avait toujours cette histoire de pouvoirs magiques que nous ne partagerions jamais. Bien sûr il avait beaucoup appris en ce qui concernait le monde magique, il savait comment cela fonctionnait, etc, il connaissait Poudlard, les maisons, les matières, et je pouvais lui en parler comme bon me semblait. Mais n'empêche que je ne marchais pas dans ses pas - c'était Maman qui était allée à l'école ici, pas lui. Et cela me rendait toujours un peu triste.


    - Ça n’a pas l’air trop difficile… Je soupirai après les paroles de ce bon à rien de Williamson, agacée par avance de cette séance. Appuyez sur les fleurs pour en extraire l’essence et le récupérer dans un récipient.

    Appuyez? J'eus un petit rire narquois. Si il croyait que j'allais me salir les mains!...

    - Tu devrais presser, je me chargerai de ne pas perdre une seule goutte. Qu’est-ce que tu en penses ?

    J'ouvris la bouche pour lui répliquer que ses ordres, il pouvait se les garder et que je n'allais certainement pas presser cette horreur, mais Sawyer choisit cet instant pour passer entre les rangs et me lancer un regard que j'interprétai comme une menace à m'enlever des points si je ne travaillais pas, or la dernière chose que je voulais était de faire perdre des points à ma maison. La mort dans l'âme, je décidai d'obéir un minimum et m'approchai un peu du plan de travail, posai un doigt puis deux sur cette plante gluante et appuyai du mieux que je pouvais, compte tenu du fait que je tendais le bras et m'éloignai au maximum, la mine dégoûtée.

    - Que dirais ton père si il voyait que son fils aimait tant les travaux réservés aux elfes de maison?


    Mais hélas, je crois bien que ma pique perdait de sa superbe dans ma position un peu ridicule je devais bien l'admettre, mais je voulais protéger mes vêtements.

    - Il n'y a rien qui sort, non?,
    grognai-je, m'énervant contre Williamson, car c'était lui qui allait tout prendre, tant pis pour lui. Je lui administrai une petite tape sur l'épaule de ma main non-occupée et ordonnai : Fais quelque chose!
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Eric Williamson


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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeDim 4 Nov - 13:56

Oh, je savais bien ce qui la poussait à agir ainsi. C’était bien pour cela que je m’efforçais de ne pas plonger tête baissée dans ce trou lugubre où l’on répond à la méchanceté à la méchanceté, malgré l’apprentissage que me prodiguait ce cher Charles Williamson, mon père, bien que sa méthode d’approche soit relativement moins frontale que celle employée par Anthea. Chacun ses petites habitudes, mais personnellement, je préférais ne pas tomber dans le piège. Le seul problème, avec les petites souris qu’on jugeait être un peu trop malignes parce qu’elles arrivaient toujours à attraper le morceau de gruyère sans se faire tordre le cou par la tapette, c’était qu’on redoublait d’efforts et… qu’on usait à chaque fois de nouveaux stratagèmes afin de parvenir à ses fins : soit la mort de l’animal qui lui-même devait toujours réinventer ses ruses pour sauver sa peau et rester en vie un peu plus longtemps. L’ennui, c’était que j’étais la souris à la fois des Wright, mais également au sein de ma propre famille, ce qui rendait ma survie beaucoup plus complexe, même si pour le moment, je ne m’en sortais encore pas trop mal. Combien de temps cela allait-il encore durer ?

Je laissai une de ses énièmes piques se perdre dans l’humidité ambiante des serres dans lesquelles nous travaillions, tout en sachant pertinemment que sous le masque de désinvolture qu’elle faisait l’effort d’afficher se cachait au contraire un profond mépris – mais cela aurait été me laisser remporter la manche que de l’afficher, alors d’une certaine manière elle se retrouvait contrainte et forcée de battre en retraite. Pourtant nous n’étions pas spécialement proches, alors qu’est-ce qui me laissait avancer de telles suppositions sans me tromper ? La réponse était toute simple, évidente même puisqu’il y avait un autre cas à la maison, lorsqu’il n’était pas en déplacement, cela allait de soi et que j’avais appris à décrypter chacune de ses expressions, ce qui me conférait une petite longueur d’avance sur mes adversaires. Je savais la partie serrée toutefois ; Anthea était de ces personnalités qui ont toujours un plan B dans la manche, même si j’avais bon espoir qu’elle allait finir elle aussi par se convaincre qu’elle était en train de brasser du vent, avec ce qu’elle entreprenait de faire, c’est-à-dire nous rendre ennemis jurés, alors qu’elle ne m’avait jamais rien fait de spécial dans les faits. Il y avait bien certaines attaques plus ou moins vicieuses que je n’oubliais pas mais que je ne prenais pas pour argent comptant, parce qu’il m’était d’avis que c’était la seule solution pour qu’elle se range de mon côté. Ou alors ne serait-ce que modifier légèrement son point de vue.

Je lui affichai mon air le plus amical pour l’encourager à poursuivre (commencer pour être plus juste) les différentes actions et fus soulagé de voir qu’elle finit par s’exécuter ; j’avais déjà vu des personnes plus enthousiastes au vu de la situation dans laquelle nous nous trouvions la comparaison d’Anthea qui prenait la forme d’une perle de culture abandonnée dans un tiroir qui avait du mal à s’ouvrir et était en désordre au beau milieu des papiers gribouillés et autres stylos qui ne fonctionnaient plus depuis belle lurette prenait tout son sens.

- Que dirais ton père si il voyait que son fils aimait tant les travaux réservés aux elfes de maison?


Evidemment, c’était le prix à payer pour l’affront que j’avais osé lui faire non seulement en étant son binôme mais tout en la forçant à y mettre un peu du sien elle aussi. Si elle était tenace, il en fallait plus pour me décourager également, et j’en faisais même un défi personnel : réussir avant la fin du cours à lui arracher un sourire sincère, autre que celui si faux qu’elle accrochait souvent à son visage comme si elle s’était entraînée à calquer ses expressions sur celles de son père.

- Si tu comptes lui en parler… évoquai-je vaguement tout en haussant des épaules, sachant que je ne risquais rien là-dessus : même pour cracher sur le fils unique de l’ennemi juré de son père, jamais elle ne serait donné la peine de lui adresser la parole, mais de surcroit, cela équivalait à admettre qu’elle aussi s’était retrouvée dans la même position et là ce serait à son honneur d’en pâtir. Je ne sais pas si elle eut la même pensée que moi à cet instant, mais je la devançais en lui faisant un clin d’œil, inutile de t’en faire, je ne dirai rien.

De toute manière cela aurait été bien difficile puisque les seules conversations que je pouvais avoir avec mon propre père, portaient sur l’entreprise dont j’étais l’héritier. Il n’aimait pas vraiment s’encombrer du superflu.

Je restais impassible face à son maintiens fort étrange, même si je le savais, ce n’était pas comme ça que nous allions récupérer quoi que ce soit, malgré mon récipient placé avec une attention toute particulière pour ne pas en perdre une goutte. Je ne fus bientôt plus le seul à m’en rendre compte.

- Il n'y a rien qui sort, non? Je hochai la tête pour affirmer ce qu’elle venait de dire, mais avant de lui suggérer qu’en se rapprochant de la plante et surtout avec ses deux mains, elle risquait d’avoir un résultat plus concluant, elle rajouta : Fais quelque chose!

Pour une première, c’était une première puisqu’elle en vint au contact physique, qui même si à la base était plutôt une injonction, je préférais la prendre comme une nette amélioration de sa part. Sans perdre patience, parce que je sentais que je touchais quelque chose du bout des doigts, je proposai :

-Prends ma place. Seulement à la différence de tout à l’heure, cette fois-ci, je ne lui laissais pas le loisir de protester et lui indiquait de laisser ce qu’elle était en train de faire. Et lui tendis mon pot.

Puis, sans hésitation aucune je lui mis entre les mains et la fis légèrement pivoter des épaules pour qu’elle se place correctement. Il y avait de fortes chances pour qu’il y ait représailles par la suite, mais après tout, comme le disait si bien le dicton, qui ne tente rien à rien. Je choisis l’option de l’ignorer (je m’attendais à ce qu’elle me lance un regard dont elle seule avait le secret) je me postais de l’autre côté tout en attrapant une petite lame en argent qui pouvait également servir en Potions.

- Cela risque d’éclabousser, la prévins-je. Puis je baissai la tête pour me concentrer sur ma tâche, en appuyant tout d’abord le plus délicatement possible. Un mince filet s’échappa alors de la fleur, et sans arrêter mon geste, je poursuivis, tu devrais te rapprocher, ce sera plus facile. Et surtout la douleur en moins des crampes qu’allaient bientôt lui provoquer ses bras tendus pour rester le plus éloigné ! Tu te débrouilles bien ! Finis-je par l’encourager tout en me disant qu’un peu de flatterie équivaudrait peut être à plus de motivation de sa part.

Malgré tout, c’était une entreprise assez longue car l’essence du Dictame ne sortait que par petite touches ; mais je ne voulais pas tenter l’expérience d’appuyer un peu plus fort, car les exclamations répétées autour de nous indiquaient que ce n’était pas une bonne idée, et qu’au lieu de gagner du temps, nous allions en perdre. Anthea risquait de ne pas apprécier.
- Tu as passé de bonnes vacances ? L’interrogeai-je contre toute attente et cette fois je guettais sa prochaine réaction car normalement, nous n’étions pas censés nous comporter ainsi. Nous vivions dans la même ville et avions participé à quelque cocktails en commun, mais à part cela, que savais-je d’elle mis à part qu’elle était la fille d’Andrew Wright ? Ce qu’il y avait cependant de fondamentalement différent, ici, à Poudlard, était qu’il n’y avait personne pour nous dicter notre conduite.
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Anthea Wright


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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeMar 6 Nov - 14:31

    Si une goutte arrivait sur ma robe, c'était bien simple : je hurlais. Le reste m'importait peu. Même faire sortir Williamson de ses gonds était secondaire, et j'étais obnubilée par ce qu'il y avait sur la table et l'écart entre mes habits et ces cochonneries que nous devions presser comme des vieilles citrouilles desséchées pour en faire sortir le jus. Je prenais cela pour un affront - au même titre que le refus du Serdaigle à être mon ennemi - car il y avait des elfes pour ce genre de travail, et plus j'y réfléchissais, plus je trouvais cela scandaleux qu'on nous les impose. Ma mère, même plongée dans un environnement moldu, avait son vieil elfe de maison, qui était dans la famille depuis pas mal de temps, et j'avais été habituée à lui reléguer plein de tâches ingrates. Et cela ne servait rien de pousser des cris scandalisés : il adorait ça! Plus je lui donnais des tâches difficiles et dégoûtantes, et plus il m'était fidèle et soumis. Alors! C'était bien que dans la vie, chacun à sa place et son rôle, comme je l'avais toujours dit - comme on me l'avait toujours appris. Pourquoi Eric Williamson s'évertuait à me faire croire qu'il ne le comprenait pas? Avec son requin de père il ne pouvait pas l'ignorer - ou bien il était stupide - et c'était me croire bien stupide qu'imaginer que j'allais croire à son petit jeu. Je ne voyais pas l'intérêt de cette histoire. Nous avions juste à nous détester bien cordialement, comme tous l'attendaient de nous, et tout serait plus simple. Et puis je m'ennuyais, à ronger on frein, seule, à admirer les sales coups que je lui infligeais sans qu'il paraisse s'en formaliser! J'avais besoin de choc pour briller, j'avais besoin de son attention, bonne ou mauvaise mais surtout mauvaise, j'avais besoin de me mesurer à lui pour faire honneur à mon nom, pas à ce mur imperturbable! Je me demandais quelle était sa faille... Je lui jetais un regard méfiant. Avec ses longs cheveux, il avait l'air d'un yankee, voilà ce qu'aurait dit Papa avait dédain. C'était vrai ça, au milieu des serres, il avait tout l'air d'un paysan, et pas du tout d'un fils de bonne famille. Les Williamson avaient donc si peu d'honneur?!

    Je ressentis une soudaine montée de fort énervement, comme quand je m'énervais quand ma mère ne voulait pas m’acheter un collier ou une robe - contrairement à Papa elle était lunatique à ce sujet, parfois elle trouvait que j'étais trop gâtée et me refusait des faveurs. Alors que pas du tout! J'avais juste ce que je désirais, où était le mal? Nous roulions sur l'or, ce n'était pas comme si ce n'était pas raisonnable. Et donc je sentis la moutarde me monter au nez : que Diable espérait d'autre Williamson en se mettant en binôme avec moi, si ce n'était, enfin, une dispute? Il ne pouvait y avoir que ça! Eh bien... Il allait l'avoir.

    Sawyer, sournoisement, repassa près de nous, mais arrivant dans mon dos cette fois, et j'eus le droit à une petite remarque qui me fit lui jeter un regard noir. Comment ça, je n'y mettais pas du mien! Je faisais ce que je pouvais en prenant compte que ce travail était ingrat et que jamais j'allais risquer de me salir, voilà tout.


    - Si tu comptes lui en parler… Inutile de t’en faire, je ne dirai rien.

    Au moment où nos regards se croisèrent je pensais, je crois, à la même chose que lui - ce n'était pas moi qui allais prendre le risque de me rabaisser en parlant à son père, avec qui je ne voulais aucun contact, si ce n'est lors des soirées mondaines ou je le saluais d'un sourire mielleux qui cachait mes dents longues, et où je faisais exprès de papillonner autour de lui pour qu'il entende les compliments que l'on me faisait, à moi et à mon père. Au pire, je pouvais toujours dire à Papa d'en informer son adversaire, que son fils était un moins que rien, parce qu'ils avaient déjà plus de contact tous les deux, mais je n'en étais pas encore là : je préférais agir seule à seule avec Eric et lui faire mal de mes mains, avant d'avoir recours aux instances supérieures. Malgré lui, tout de même, j'avais bien commencé avec mes petits coups dans son dos, et si je n'avais pas risqué de me faire démasquer, j'aurais adoré que Williamson me raconte les petits désagréments qui lui arrivaient à Poudlard, pour ressentir le plaisir du travail bien fait. Toujours est-il que je n'appréciais pas son clin d’œil auquel je répondis d'un regard assassin en fronçant les sourcils - non mais, quelle familiarité!

    Hélas, je n'étais pas dans la meilleure des postures pour l'assassiner de remarques bien senties, puisque j'étais trop occupée à me trémousser sur ma chaise pour éviter les jets de liquide absolument dégoûtant. Le problème était que visiblement - tiens donc! quelle ironie! - notre association n'était pas très productive, car il ne se passait rien, aussi je ne me retins pas de lui faire remarquer d'un ton autoritaire. Et puis, c'était lui le Serdaigle dans l'histoire, si la botanique ne lui obéissait pas, ce n'était pas moi qui allais pouvoir faire quelque chose!...


    -Prends ma place.

    Jamais, songeais-je avec un sourire mauvais, mais avant que j'ai eu le temps de faire quoi que ce soit il m'avait mis ses ustensiles dans la main et avait même osé changer ma position en me tenant par les épaules. Malgré notre jeune âge, nous étions déjà bien différents de taille : j'étais fine et menue et il était déjà plutôt grand et carré. Si mes regards avaient pu tuer, Williamson aurait été un monceau de poussières en l'espace d'une seconde.


    - Cela risque d’éclabousser, continua-t-il, avec cette arrogance calme qui me donnait envie de lui mettre des claques.

    - Je te le déconseille, menaçai-je, obligée malgré moi d'obéir à ses ordres. J'approchais le pot en fronçant le nez, les bras toujours tendus.

    - Tu devrais te rapprocher.

    - Je fais ce qu'il me plaît, répondis-je du tac au tac, la tête haute. Il n'avait pas intérêt à continuer sur ce terrain là, je n'aimais déjà pas qu'on me commande, mais venant de lui...

    - Tu te débrouilles bien !

    Parce qu'il croyait que j'allais marcher à la flatterie?...

    - Comme c'est dommage, j'aurais aimé en dire autant de toi, mais je ne peux pas... ironisai-je, faussement désolée. En même temps, avec son fichu couteau en argent, il faisait tomber une goutte par une goutte. Il était hors de question que je passe mon après-midi ici! Mais hélas au fond de moi une constatation se fit d'elle-même : après son satané compliment j'avais eu retenu un petit sourire et je m'étais rapprochée pour m'appliquer d'avantage histoire de lui prouver que, évidemment, je me débrouillais bien, puisque j'étais la meilleure.

    Quelques secondes passèrent pendant lesquelles je me rendis compte que si il n'appuyait pas comme une brute, cela ne risquait pas d'éclabousser jusqu'à moi, si bien que je me rapprochais encore un peu pour me retrouver tout près de lui, penchée au-dessus du dictame. Mes mains blanches et lisses et mes ongles vernis contrastaient avec la crasse ambiante. Je penchais un peu plus le pot pour ne rien perdre et surtout pour qu'aucune goutte ne glisse et me salisse, tout en priant pour que tout cela se termine rapidement. Qui plus est j'étais sur la défensive : prête à bondir si Williamson préparait un mauvais coup et attendait que je baisse la garde pour me salir mes beaux vêtements.


    - Tu as passé de bonnes vacances ?

    Cette question vint tel un cheveu sur la soupe et me pris de court, je l'avoue; je ne pus même pas lui jeter un regard moqueur car je ne voulais pas prendre le risque de louper une goutte et... Mais à quoi jouait-il? Je fus tentée de l'envoyer paître, comme je savais si bien le faire. Et puis, mes vacances, ils les connaissaient, nous passions les mêmes... Mais quelque chose me fit tiquer et, contre toutes attentes, je décidai de rentrer dans son jeu. De lui faire croire qu'il m'avait amadouée, pour voir où il voulait aller.

    - Oui. Parfaites, comme d'habitude. Mais tu les connais mes vacances... Elles sont comme les tiennes. N'est-ce pas? Tu n'en as pas passé d'aussi bonnes?

    Cette voix me ressemblait si peu - dénuée de tout sous-entendu, et de moquerie - que je crois qu'elle nous surprit tous les deux. Quelle bonne comédienne j'étais! Hélas, à la fin de ma phrase, pour la ponctuer j'avais machinalement relevé mon regard vers lui et cet imbécile de dictame choisit ce moment pour résister un peu plus à la pression du couteau, ce qui fait que le jet partit légèrement de travers et que je n'avais pas vu - mais je le... sentis. Ma bouche s'ouvrit un en O parfait quand je baissais le regard vers ma main, toute salie d'un jus vert-marron absolument répugnant, qui menaçait de couler vers ma manche si quelqu'un ne faisait pas quelque chose. Je lâchai tout ce que je tenais - heureusement le pot tomba droit sur la table - et fus saisie d'un frisson de dégoût.

    - Enlève-moi-ça-tout-de-suiiiiite!
    lâchai-je d'une voix hachée et suraiguë - j'avais l'impression que le jus du dictame me brûlait la peau comme un acide.


Dernière édition par Anthea Wright le Jeu 15 Nov - 20:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeVen 9 Nov - 21:20

- Comme c'est dommage, j'aurais aimé en dire autant de toi, mais je ne peux pas...

Ce n’était pas vraiment une surprise, sinon sans doute qu’Anthea n’aurait pas été Anthea. Je ne pouvais pourtant pas prétendre la connaître, pour ainsi dire pas du tout, puisque ce que je savais d’elle, c’était à travers le discours de mon père, qui était, comme on pouvait s’en douter, tout, sauf élogieux. Anthea Whrigt, fille de son concurrent direct, progéniture qu’il jugeait marcher dans les pas de son géniteur sans faire la moindre bavure et que cela n’avait rien d’étonnant ; tel père telle fille disait il avec cet air toujours un peu pompeux de l’homme trop sûr de lui qu’il était et ce faisant, il me était toujours un regard qui se voulait être empli de fierté, même s’il ne me bernait pas. Au fond, peut être que lui aussi, même s’il jugeait la Serpentard des plus détestables alors qu’il ne lui avait jamais adressé une seule fois la parole aurait aimé voir autant d’investissement de la part de son unique fils et seul héritier puisque je n’avais ni frère ni sœur et qu’avec ma mère morte, il n’y avait et n’y aurait plus que Eric. Cette douceur et cet apaisement qu’elle nous procurait à tous les deux par sa présence avait également disparu ; on sentait qu’elle était là à travers les objets qu’elle avait chéri et j’avais bataillé pour qu’on les retire pas parce que mon père avait pris cette fâcheuse tendance à vouloir effacer tout ce qui se rapportait de près ou de loin à elle. Il prétendait que c’était parce que cela lui rappelait trop de souvenirs, et je n’en étais que plus agacé parce que j’avais conscience que ce n’était rien de tout cela, même si je n’arrivais pas à mettre précisément le doigt sur un tel comportement. J’avais refusé, et il avait fini par céder. Mais en retour, c’était à moi de faire des concessions sur d’autres choses…

Donc : Anthea. La fille qui fréquentait une école privée dans la même rue que ma propre école à moi. Evidemment, nous n’étions pas dans les mêmes. C’était un sentiment particulier de se dire qu’on fréquentait au quotidien une personne à travers dires et racontars sans ne jamais lui avoir parlé. Ça, c’était avant Poudlard. Etait-ce une raison suffisante pour se permettre de juger une personne ? M’était d’avis que non, et j’étais plutôt du genre, comme ma mère m‘avait appris à me forger une opinion qui m’était propre. Elle m’avait toujours enseigné que savoir penser par soi même était important et au fur et à mesure que le temps passait je comprenais que ses paroles d’alors avaient tout leur sens. Nous avions réellement échangé qu’une fois, et j’avais encore les images de la patinoire en tête ; le comportement de la brune aurait dû me suffire sans doute à ne pas aller chercher plus loin et de me ranger du côté de mon parent qui n’attendait que cela. Justement. Etait-ce un peu puéril d’agir par simple esprit de contradiction, je n’en savais rien, mais en tout cas, je restais persuadé que rester sur de tels à priori n’était pas la bonne solution et que tant que je sentais qu’Anthea agissait de la sorte et non de son propre chef, je ne pouvais déclarer forfait aussi rapidement. Tout ceci n’était que montage et fioritures et elle ne se comportait de cette manière que parce qu’on le lui demandait, alors même si ses remarques n’étaient pas des plus agréables, on en conviendra… Je ne pouvais pas pleinement me sentir touché parce que pour moi, ce n’était pas elle.

J’aurais pu relever son attaque en lui faisant remarqué que je lui avais sauvé la mise quelques secondes plus tôt parce qu’elle était justement en mauvaise posture, mais cela n’aurait pas été nous aidé à tous les deux de partir sur cette pente raide ; de plus, je l’aperçus faire un mouvement vers l’avant et pris cela comme un bel effort de sa part que je notais. On ne pouvait pas tout avoir en même temps et à quoi cela servirait de se défendre ? Elle était douée, à ce petit jeu là et était comme un poisson dans l’eau lorsqu’elle me montrait avec grand soin le don de la répartie dont on l’avait affublé à la naissance !

Quant à moi, c’était plutôt le tact et la diplomatie. Je crois qu’elle aussi, s’en était rendue compte. Et qu’elle n’aimait pas trop ça.

- Je vais essayer de prendre exemple sur toi… Je ne cherchais pas du tout à l’énerver d’avantage. Quand allait-elle enfin l’admettre que cette supercherie nous menait dans un gouffre sans fond, et donc nulle part ?

Je n’allais pas rester comme ça sans rien faire ; précisément, m’acquitter de mon travail dans un silence de plomb alors que c’était l’occasion rêvée d’engager vraiment le dialogue, parce que je devais bien l’avouer, cette fille m’intriguait et la façon dont elle s’était comportée juste avant me confirmait qu’il ne pouvait pas y avoir que dédain et mépris dans le marron de ses yeux. Il suffisait juste de… d’actionner les bons leviers avec les bons mots ! Rien de plus simple ! Rien de plus simple, oui…

Lui montrer mon intérêt, tout d’abord, me paraissait être une bonne chose. Je n’étais pas du genre à lécher les bottes à quelqu’un pour me faire apprécier et préférais rester seul et dans l’ombre où je me sentais à ma place, qu’au milieu de gens tous plus hypocrites les uns les autres. Mais là c’était différent car j’éprouvais une vraie curiosité vis-à-vis de cela, et ça allait bien lui montrer que j’accordais plus d’importance à ce qu’elle pouvait me dire elle et non mon père, donc que j’étais (que nous étions) étrangers à toutes ces histoires qui n’étaient après tout réservé qu’aux grandes personnes, non ?

- Oui. Parfaites, comme d'habitude. Mais tu les connais mes vacances... Elles sont comme les tiennes. N'est-ce pas? Tu n'en as pas passé d'aussi bonnes?

C’était cela qui était amusant. Nous venions du même milieu, du même monde et pourtant c’était comme s’il y avait une dimension parallèle entre, qui nous séparait. Non, je n’envisageais pas du tout notre été de la même manière, même s’il avait eu quelques points communs : les rencontres mondaines auxquelles nous avions participé. Mais du reste ? J’étais resté aux Etats Unis où je ‘étais réjoui de n’avoir que très peu vu mon père, souvent en déplacement. Il avait bien essayé de m’emmener avec lui une fois ou deux avant de renoncer, voyant que je déclinai les propositions à chaque fois. Des vacances vingt quatre heures sur vingt quatre avec lui ? Je défiais quiconque voudrait bien se mettre à ma place !

- Disons qu’elles étaient comme une idée qu’on se fait des vacances de manière générale. Peu animées, mais reposantes, lui expliquai-je, en me disant que ça devait être à mille lieux de sa définition qu’elle devait en avoir et que ma vision des choses allaient peut être l’interpeller, mais quant à moi, je me contentais de petits plaisirs simples comme cela. Alors, à quoi bon le nier ?

Comme je la voyais encline soudain à participer un peu plus à la fois à la discussion mais également au travail j’allais l’inciter à m’en dire un peu plus en l’interrogeant de nouveau. Je regardais en même temps un peu moins ce que je faisais, parce que j’observais ses traits qui s’étaient adoucis et je n’avais pas pu m’en empêcher et de me dire que ça lui allait tellement mieux comme ça. C’est sans conteste pour ça que je sursautais légèrement lorsqu’elle se mit à crier dans toutes les serres :

- Enlève-moi-ça-tout-de-suiiiiite!

Je baissai la tête juste pour vérifier si c’était oui ou non moi qui était à l’origine de ce drame ; non le Dictame s’en était chargé avant que je ne puisse faire quoi que ce soit. J’avais rapidement compris d’un simple coup d’œil la raison d’un tel affolement, même si je le trouvais légèrement (beaucoup ?) démesurée. Je trouvais sa réaction extrême oui, mais j’abandonnais quand même ce que j’étais en train de faire tout en prenant garde à ne pas empirer les choses ; ce n’était pas le moment.
- On va s’en sortir, informai-je le professeur qui arrivait à grand pas. Je levai mon pouce en l’air pour indiquer qu’il pouvait s’occuper des autres. S’il venait ici et qu’il voyait la nature du problème, je doutais qu’il réagisse aussi sereinement que moi et nous risquions d’en pâtir.

En même temps, j’avais fait le tour de la table, et avait attrapé le torchon qui se trouvait près de nous à la volée. La seconde suivante, je m’emparai de la main d’Anthea sans brusquerie aucune pour ôté toute trace du liquide à la texture un peu gluante.

- Voilà, il n’y a plus rien. Je regardai plus attentivement sa main pour vérifier que j’avais bien tout nettoyé et passai mon pouce sur le dos de celle-ci. Ça va, tu n’en pas eu des projections autre part ?

Je la lâchai et m’essuyai à mon tour les miennes. Puis je repris :

- Dis moi, si tu sens que quelque chose ne va pas. D’un coup de tête je lui indiquai l’endroit où elle avait été touchée.

Mais sa peau était rouge, alors je n’attendis même pas sa réponse et fis volte face le temps de me diriger vers le bureau où le professeur avait spécialement laissé un onguent en évidence au cas où ce genre d’accident se produirait. Je m’en emparai avant de la rejoindre de nouveau.
- Donne ta main, lui demandai, et je lui tendis la mienne pour accompagner mes paroles. Ça devrait te soulager.

L’onguent avait en effet un aspect quelque peu ragoûtant.
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Anthea Wright


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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeLun 19 Nov - 11:46

    Par-dessus tout je me sentais profondément vexée de ce refus de combat, parce que c'était comme si je n'en valais pas la peine, ou bien qu'il se plaçait au-dessus de moi, et je ne pouvais décemment pas accepter cette attitude de la part d'un Williamson. Aussi délicates que m'étaient les possibilités d'agir comme la petite peste que je savais être avec toutes ces plantes, cette crasse et ce... dictame autour de nous, j'étais bien décidé à ne pas relâcher mon attitude. Mais malgré tout... J'avais l'étrange sensation de prêcher dans le désert, et il n'y avait pas besoin de me connaître personnellement pour savoir que je détestais plus que tout que les choses ne se déroulent pas comme je les avais prévues. Instantanément, alors que nous étions occupés - lui plus que moi - à essayer d'extraire de ces racines idiotes quelque chose qui ne voulait pas sortir, me vinrent à l'esprit tout un tas de sales coups que j'allais pouvoir faire à Eric et auxquels je n'avais pas pensé jusque là, et ce fut une maigre consolation. Autour de nous, les élèves s'affairaient sans broncher, et j'avais envie de tout abandonner et de partir la tête haute. C'était une honte! Nous n'étions pas des elfes de maison! Et personne ne se rebellait, quelle bande de mollusques! Je savais déjà quelle lettre j'allais écrire à Papa et comment j'allais tout lui raconter. Il serait scandalisé avec moi.

    J'ignore pourquoi mais il avait toujours été celui qui m'avait toujours comprise, toujours : même ma propre mère m'était aussi éloignée que pouvait l'être n'importe laquelle des personnes que nous payons pour s'occuper de l'appartement. Elle avait beau être sorcière, elle avait beau être une fille comme moi, elle avait beau aimer les belles robes et les belles chaussures, j'avais toujours l'impression que... Il y avait entre nous une sorte de compétition qui nous empêchait d'être comme une mère et une fille. Bien sûr que j'aimais la compétition, et me battre pour être la meilleure, mais ce n'était pas ce genre de choses que l'on faisait avec sa mère... Et puis elle avait beau être très belle, avec ses longs cheveux blonds et sa haute stature, elle était trop souvent de mauvaise humeur ou lasse, alors que Papa, comme moi, avait ce tempérament des gens de tête : toujours plein d'énergie, souriant parce que fier, mais prompt aussi à s'énerver si il le fallait. Je ressentais dans ma chair le lien qui m'unissait avec Papa, depuis toujours ; avec ma mère, je ne l'avais jamais ressenti. Je faisais semblant, surtout en public, parce que l'image d'une famille liée rend encore plus forte son importance et son éclat. Mais au fond de moi, je ne ressentais rien, et d'ailleurs ça ne m'embêtait pas plus que ça : Papa me suffisait.

    Il n'y avait que, je me rappelle, quand j'allais à l'école chez nous à New York et que je passais, le matin, devant l'école des garçons et que souvent il y avait Williamson au milieu de tous ses amis appartenant au clan de sa famille. Là, Maman et moi on passait droites et fières et parées de nos plus beaux habits et on ne formait qu'un seul bloc, apparemment indestructible : il n'y avait que moi, et elle peut-être, j'ignorais ce qu'elle pensait là-dessus, qui savions que ce n'était que façade.


    - Disons qu’elles étaient comme une idée qu’on se fait des vacances de manière générale. Peu animées, mais reposantes.

    Peuh! Malgré les façons dont j'étais en train de me trémousser sur mon siège pour ne pas me tâcher, qui je savais n'arrangeait rien à ma crédibilité, je ne retins pas un regard hautain et une petite moue déçue. Reposantes! Depuis quand des vacances, surtout chez nous, dans notre quartier, notre milieu, étaient sensées être reposantes? Et peu animées? Les vacances étaient l'occasion de montrer notre éclat, de renflouer notre garde-robe, de donner des réceptions à gogo et de sortir, afin de se montrer dans la haute société. Il n'y avait rien de reposant à cela, et d'ailleurs qui voulait se reposer quand on avait bien mieux à faire? Je ne cachais pas ma déception. Mais peut-être mentait-il encore? Ou bien était-il si inintéressant qu'il essayait de me le faire croire?!...

    Je n'eus pas l'occasion de lui répondre par une réplique bien sentie pour qu'il se sente aussi sale que toutes les serres réunies, car le dictame choisit cet instant pour oser jaillir sur ma peau. Mon cri fit sursauter les gens autour de nous et Williamson lui-même mais je m'en moquais bien : sur ma peau il y avait cet HORRIBLE chose qui était probablement en train de me ronger la peau, la chair, l'os, toute la main peut-être! Je ne savais pas si j'avais mal pour l'instant mais j'avais crié pour le principe et je paniquais pour la même chose, droite comme un i sur ma chaise et agitant ma main valide vers Eric pour qu'il me sauve - sans quoi, les représailles allaient être terrible. Il était dommage que la situation soit claire : il n'y était pour rien, mais j'aurais bien aimé l'accusé de cette ignominie. Sawyer, alerté par mon cri, s'approcha si doucement que je sentis mon sang bouillir. Comment, j'étais en danger de mort et il marchait tranquillement pour venir vers nous!!


    - On va s’en sortir, commenta Eric Williamson avec cet air placide qu'il affectionnait tant. Je lui lançai un regard horrifié, scandalisé, outré, et tout ce que vous voulez. C'était de ma vie dont il s'agissait!!

    Mais j'avais trop peur pour ma jolie peau à laquelle je prenais soin et je le laissais faire - il avait attrapé un torchon et m'essuyai enfin l'horrible dictame. Il passa plusieurs fois le tissu sur ma main, et je ne pus m'empêcher de noter que c'était avec application, comme s'il avait compris l'enjeu. Je me retrouvais quelque peu... pantoise. A quoi jouait-il? Quand finalement, il n'y eut plus rien et qu'il posa le torchon plus rien, l'attention avec laquelle il regarda ma main une dernière fois et passa son pouce dessus, doucement, me parut irréelle, et je crus que le dictame m'était monté au cerveau et avait altéré ma raison. J'aurais été amoureuse de lui que j'aurais vu là le geste de mon Prince Charmant qui s'apprête à me baiser ma blanche main et me déclarer sa flamme. Mais, non, nous n'allions certainement pas joué une parodie de Roméo et Juliette, et je n'allais certainement pas lui faire l'honneur d'être sa princesse.


    - Voilà, il n’y a plus rien. Ça va, tu n’en pas eu des projections autre part ?

    J’ôtai rapidement ma main des siennes, il me lâcha au même moment. Mortifiée, et véritablement perdue pour le coup, dans ce jeu que je pensais mener mais qui me menait à présent, je ne répondis fièrement, mais ma voix me parut un peu faible, que :

    - Non, ça ira.


    - Dis moi, si tu sens que quelque chose ne va pas.


    Je ne savais même pas si j'avais mal, en réalité. J'avais déjà oublié l'angoisse de tout à l'heure, et puis, mes habits n'étaient pas tachés et je n'avais pas de blessure ouverte, je m'en sortais bien. Ce que je voulais comprendre, c'était son acharnement, sa voix douce, son inquiétude, pour moi!... Avait-on lobotomisé Eric Wlliamson pendant les vacances?!

    - Donne ta main. Ça devrait te soulager.


    Alors, seulement, je notai une certaine rougeur sur ma peau. Saleté de dictame! Mais il était hors de question que je lui "donne ma main" une nouvelle fois, aussi je lui lançai un regard noir - pour le principe - et lui arrachai le pot d'onguent des mains pour lui montrer que je n'avais pas besoin de lui. J'ouvris et... Pouah!! L'onguent dégagea une forte odeur de goudron qui me fit plisser le nez, et l'aspect était si ignoble que je crus que j'allais rendre mon déjeuner. Je tendis, après réflexion, ma main blessée et le pot à Eric sans mot dire. Je ne voulais pas toucher à cette horreur. Et puis, si il était si inquiet, il n'allait pas rechigner!...


    - Pourquoi tu es si gentil? lâchai-je alors, de but en blanc. Je voulais savoir. Je tentais de garder mon air supérieur, mais ma curiosité prenait le dessus, et je crois que le sujet ne s'y prêtait pas. Qu'est-ce qu'il dirait, ton père, si il te voyait comme ça avec moi? A quoi tu joues? Pourquoi tu ne me détestes pas?

    Je savais pertinemment ce que dirait le mien. Et cela me suffisait à me raidir quand j’apercevais Eric Williamson dans les couloirs, parce que nous étions ennemis, les pires ennemis, et que ça aurait été trahir nos noms de ne pas l'être.
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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeVen 23 Nov - 20:15

Ce calme à toute épreuve était le point commun que je partageais avec ma mère, parce qu’elle me l’avait transmis ; j’avais toujours en tête ce sourire serein qu’elle affichait pour me montrer qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, lorsque moi-même je n’en étais pas sûr, et c’était toujours suffisant pour ma rassurer. Ses traits doux ne laissait pas de place à la contrariété, du moins, je n’aimais pas lorsque c’était le cas, parce que bien entendu, c’était déjà arrivé, et j’avais noté, malgré mon jeune âge que c’était souvent, bien trop souvent, pour la même et unique raison. Cette patience dont elle m’avait affublé agaçait considérablement mon père qui prenait toujours ça comme un profond mépris de ma part, preuve manifeste de mon désintéressement total quant au futur de sa société et là-dessus, il n’avait pas complètement tort et c’était même en partie vrai. Mais en dehors de cela, ça n’avait strictement rien à voir, et quelque fois j’avais eu cette remarque comme quoi cela me conférait une attitude hautaine des plus détestables, jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’était comme ça que je fonctionnais et que je me comportais de la sorte avec tout le monde. D’ailleurs, je ne comprenais pas trop parce que c’était tout l’inverse de ce que je voulais, ne surtout pas m’isoler des autres, mais plutôt faire partie intégrante d’un groupe, mais généralement lorsque je commençais à tisser des liens un peu plus profonds avec certaines personnes, elles finissaient par s’en rendre compte.

Ce qui n’était toujours pas le cas d’Anthea puisqu’elle conservait cette méfiance, comme si j’étais l’une de plus belles bagues (c’est juste pour la comparaison, je n’étais pas du genre à me vanter d’être un bijou extravagant, pas vraiment, non) mais qu’en la portant il allait lui arriver toutes sortes de malheurs qui allaient l’entraîner vers sa chute. Loin de moi cette idée, les affaires des adultes ne me concernaient pas, surtout si elles me contraignaient à grandir trop vite. Je tenais à préserver mon enfance le plus longtemps possible comme ma mère l’avait voulu, n’en déplaise à certains…

L’onguent disparut de mes mains aussitôt après ma proposition ; mais si elle préférait le faire elle-même, c’était tout à son honneur. Je m’efforçais néanmoins à ne pas sourire lorsque ses traits se transformèrent en une mine de dégoût et qu’instinctivement sa tête eu un mouvement de recul pour se protéger de l’odeur qui se répandait déjà jusqu’à mon nez. C’est vrai que ça ne sentait pas très bon. Mais je ne voulais pas qu’elle se vexe et pense que je me moquais d’elle, mais j’aimais bien observer sa manière d’être et de se comporter parce que je le trouvais et là ça devenait plus complexe, expressive dans ses gestes et attitudes, ce qui ne pouvait me laisser penser qu’une seule chose : que c’était pour mieux en masquer d’autres, mais alors lesquelles ?

Sans commentaire, j’acceptai le pot sans avoir vraiment le choix, pendant qu’elle se résignait finalement à se montrer raisonnable et me tendre sa main ; mais en fait je la soupçonnais plutôt de ne pas vouloir prendre le risque, ne serait-ce, que de glisser l’ongle à l’intérieur de cette mixture. J’en mis moi-même un peu sur mes doigts pour lui étaler avec attention là où le dictame avait touché la peau : on le voyait parce que les marques étaient plus prononcées par endroits.

- Pourquoi tu es si gentil?

J’arrêtai mes mouvements circulaires et mes yeux s’arrondirent un peu sous la surprise de cette question pour le moins inattendue. En effet, d’habitude, ce n’était pas ça qu’on demandait, mais relativement l’opposé…

- Qu'est-ce qu'il dirait, ton père, si il te voyait comme ça avec moi? A quoi tu joues? Pourquoi tu ne me détestes pas?

Ainsi donc elle croyait toujours, et là il allait falloir qu’elle m’explique pourquoi, que je cherchais de façon vil, d’une manière ou d’une autre, de lui faire du tort, parce que j’agissais comme j’agissais avec n’importe qui ? Elle pouvait à la rigueur me reprocher de faire un peu plus d’efforts avec elle, mais c’était normal puisque c’était elle qui me donnait du fil à retordre.

Et pourtant c’était clair comme de l’eau de roche : si nous ne nous comprenions pas et qu’il y avait tant de distance, c’était parce que de son côté, la proximité qu’elle avait avec son paternel n’était pas feinte. Ce qui différait complètement d’avec moi. Je poussai un soupir sans toutefois me montrer irrité ; ce n’était pas du tout contre elle, mais plutôt contre nos parents respectifs, parce que si ça se passait comme ça aujourd’hui, c’était de leur faute et plus le temps passait, plus je trouvais cette situation profondément injuste.

- Sauf qu’il n’est pas là, lui fis-je constater, et il ne le sera pas toujours, poursuivis-je avec fermeté pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas à culpabiliser à penser et agir par elle-même. Je doute qu’il soit d’accord, c’est juste, confirmai-je en répondant à sa question, mais Anthea, c’est stupide ! Depuis quand on déteste quelqu’un à cause de son nom de famille ?

Depuis qu’on s’appelle Wright et Williamson. Je ne remettais pas en cause les histoires d’entreprises et des problèmes engendrés qui entraînaient forcément des rivalités parce qu’à vrai dire je suivais tout ça de loin, ne me sentant absolument pas concerné. Mais… et nous ? Nous n’avions rien à voir avec leurs sociétés !

- Je n’ai peut-être pas la tête d’un futur PDG, et ça ne risquait pas d’arriver, mais je suis assez grand pour prendre des décisions et choisir mes amis seul. Pas toi ?


En même temps, je venais d’en terminer avec sa main que je lâchai, et refermai l’onguent avant de m’essuyer avec le torchon à mon tour parce que j’avais les paumes toutes collantes. Une idée m’était venue en même temps, que j’avais d’abord trouvé totalement saugrenue parce qu’invraisemblable, mais peut être pas tant que ça finalement parce que ça ne faisait qu’appuyer ce que je venais de lui dire, et en fait, je crois que la raison était toute simple : parce que j’en avais envie.

- Tu vas aller au bal de Noël ? C’était plus une question rhétorique qu’autre chose parce que je connaissais déjà la nature de sa réponse, mais c’était avant tout pour introduire le sujet. Tu as un cavalier ?

C’était sans doute déjà le cas, mais de toute façon elle devait déjà avoir une foule de prétendants à ses pieds. Même si les personnes avec lesquelles je restais ne l’appréciais pas vraiment, ils ne niaient tous pas qu’Anthea était quand même l’une des plus jolies filles de première année.

- Je pourrais t’accompagner… suggérai-je, comme pour conclure un accord et réussir l’impossible : réunir deux figures antagoniste de l’Upper Wide Side.
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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeSam 1 Déc - 17:36

    Un jour Papa m'avait dit que c'était en étant maître de soi-même qu'on était maître de tous, et j'avais eu du mal à le comprendre sur le coup. Petit à petit, j'avais saisi le sens de ces paroles. Papa ne sa mettait jamais en colère même quand je savais qu'il bouillait de rage, il n'exprimait jamais sa joie alors qu'il exultait, ou sa déception, sa tristesse : il avait toujours cet air agréable et poli, sans trop de retenue ni d'exagération, ce qu'on appelait à juste titre le flegme britannique, car je ne connaissais ces allures là qu'au gens de sa nationalité. J'étais fière de lui plus que de tout, plus que de moi-même et c'était pour dire, car je savais que je lui devais tout. Dès lors que j'avais compris ce que cela signifiait, je m'étais appliquée à être comme lui. Nos émotions nous trahissaient et il fallait que nous les contrôlions comme des marionnettes. J'estimais être une bonne élève, avec l'exemple que Papa me donnait. J'étais parfaite en société, toujours souriante, même à nos ennemis, même à ceux que je méprisais, ou que je haïssais. Là où j'avais le plus de mal c'était pour gérer la colère, que je cutlivais depuis toute petite en parfaite petite enfant gâtée que j'étais, mais le reste, j'estimais que Papa pouvait être fier de moi. A Poudlard, j'avais augmenté d'avantage mes capacités, construisant ainsi autour de moi une petite société d'admirateurs et d'admiratrices que je savais flatter quand il le fallait, et que je laissais me flatter le reste du temps. Le plus facile était avec les garçons finalement, qu'ils soient débiles ou pas, parce qu'ils aimaient trop, surtout dans ma maison, nous aimions ce qui brille, s'afficher avec des gens riches, bien habillés et que l'on remarquait. Je n'avais pas à me plaindre de ce côté-là. J'étais doté d'un joli physique que je soignais avec mes beaux habits et mes belles coiffures - le reste était aisé.

    Sans doute que les Williamson avaient décidé de se draper dans un calme à toute épreuve pour masquer les sentiments, mais j'avais pourtant la très nette impression que Williamson senior s'énervait parfois, ce qui bouleversait tout mon petit cheminement de pensées. Je ne comprenais pas, en vérité. Dans quel but Eric Williamson était si aimable? Il ne fallait pas se leurrer, il me serait toujours foncièrement détestable par principe et par origine, mais il me semblait que s'il avait été le fils de quelqu'un d'autre il m'aurait presque été sympathique. Or, visiblement, puisqu'il se pliait à toutes mes volontés depuis le début de ce cours et que je n'avais pas fait preuve de beaucoup d'efforts, c'était bien qu'il avait un plan. Un plan pour gagner ma confiance, pour se jouer de moi, et pour somme toute, faire ce qui était de bonne guerre lorsqu'on menait une guerre froide entre deux familles rivales. Je n'étais pas dupe.

    J'observai ses mains sur les miennes comme si elles allaient se changer en serpents et me mordre, mais il y avait étrangement trop de douceur dans ses gestes et de candeur dans ses attitudes pour que je retienne pas la question qui me brûlait les lèvres. J'ignorais si il était malin de la poser, mais elle fut plus forte que moi.


    - Sauf qu’il n’est pas là, et il ne le sera pas toujours. Je doute qu’il soit d’accord, c’est juste, mais Anthea, c’est stupide ! Depuis quand on déteste quelqu’un à cause de son nom de famille ?

    Judicieuse tactique que d'utiliser mon prénom pour m'interpeller d'avantage - je connaissais les armes des batailles que je livrais, que croyait-il! Je le revoyais encore, à la patinoire, quand nous avions mesuré nos forces, ou plutôt, que j'avais exhibé les miennes tandis qu'il se contentait de fuir, refusant de rentrer dans mon petit manège. Pourtant nous étions tombés, tous les deux. L'avait-il oublié? Si j'avais gagné ce jour-là, je désirais encore me venger, parce que la seule ombre au tableau était qu'il m'ait entraînée dans sa chute.

    J'ôtai ma main de la sienne, et l'agitai sous son nez comme si il disait un tissu de mensonges.


    - Depuis qu'on appartient à deux familles ennemies, peut-être? J'eus une petite moue moqueuse. Tu crois vraiment que je vais me laisser avoir, alors que la première chose que j'ai apprise quand j'ai été en âge de comprendre est qu'il ne faut jamais faire confiance à un Williamson?!

    Il oubliait qu'en étant les descendants, les représentants, pour l'instant nous ne gérions peut-être pas les sociétés de nos parents mais nous le ferions sûrement un jour, parce que c'était notre devoir, notre famille, notre sang, nos traditions? Qu'est-ce qu'il ne comprenait pas? Je me demandais si ce n'était pas lui le problème, parce qu'il ne voyait pas l'immense mur entre nous, qu'il n'était pas en position d'attaque parce qu'il ne comprenait pas les enjeux. Se pouvait-il que le rejeton des Williamson ignore le poids sur ses épaules?...


    - Je n’ai peut-être pas la tête d’un futur PDG, et ça ne risquait pas d’arriver, mais je suis assez grand pour prendre des décisions et choisir mes amis seul. Pas toi ?

    Je me redressai un peu, le dévisageant avec des yeux ronds. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là? Et bien sûr que je choisissais mes amis, ma vie, seule! Je les choisissais justement très bien, en me rapprochant de ceux qui me seraient utiles, et ne me nuiraient pas. Peuh!

    - Évidemment, dis-je d'un air pincé. Je gère ma vie comme je l'entends, qu'est-ce que tu t'imagines!...

    Mais en réalité, je commençais à sentir mes pensées faire du sur place, comme le loup qui se mord la queue, et je ne savais plus très bien quoi penser. Il voulait dire que je n'étais pas capable de choisir mes amis parce que je refusais d'être son amie à cause de nos familles? Enfin! C'était ridicule, bien sûr que nous ne pouvions pas être amis, mais c'était parce que nous le voulions, que nous étions loyaux!...


    - Tu vas aller au bal de Noël ? Tu as un cavalier ?

    Heureuse de rebondir sur un autre sujet, je me trémoussai légèrement sur ma chaise en sentant un grand sourire s'étaler sur mon visage. Le bal de Noël! Voilà qui était une belle occasion de briller en société, je savais déjà ma robe, ma coiffure, mes chaussures ; j'avais eu des tas de demande de garçons autour de moi mais je n'avais pas encore choisi, parce que certains étaient vraiment charmants mais je me demandais quel parti était le meilleur, et il fallait absolument que j'envoie une lettre à Papa pour lui demander son avis. Je ne pouvais pas m'associer avec n'importe qui.

    - Naturellement,
    expliquai-je, très contente de moi. J'en ai beaucoup, je n'ai pas encore choisi, dis-je en appuyant bien sur le mot.


    - Je pourrais t’accompagner…


    Comme j'étais en train de ranger avec précaution mes belles affaires de classe, et d'en chasser la terre que dont sales tables de botanique étaient recouvertes, je sentis mon bras se figer en plein geste, mais je pris sur moi et ne laissai rien d'autre paraître. En réalité, un ébahissement total m'avait envahie : je nageai en plein rêve. Eric Williamson perdait la tête, non?!

    - M'accompagner? Euh... Une chose était certaine : j'étais prise de court. Et je réfléchissais à toute allure. A première vue, cette idée était à écarter d'office, mais à bien y réfléchir, si on se basait sur le niveau social, Eric était sans doute celui qui avait le même que le mien et... Peut-être que jouer son jeu m'aiderait à mieux le comprendre? Je compris qu'il fallait vraiment que je fasse part de tout cela à Papa. Tu comprendras bien que vu l'étrangeté de cette demande, j'ai besoin d'un peu de temps pour te donner une réponse?

    Et je lui offris un petit sourire poli et ravissant, dont j'avais le secret. Je continuai le rangements organisé de mes affaires tout en tendant l'oreille aux instructions du professeur pour la semaine prochaine, mais j'avais des difficultés à tirer une conclusion concise de tout ce qui venait de se passer.
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MessageSujet: Re: Dictame & coups de griffe [Eric] terminé   Dictame & coups de griffe [Eric] terminé Icon_minitimeLun 3 Déc - 11:39

Les conseils de mon père ne m’étaient pas totalement inutiles. Disons que je ne les utilisais pas de la manière dont il l’aurait souhaité c’est-à-dire à la gloire de son entreprise ; à la place je les digérais comme je pouvais en acquiesçant sans mot dire parce que j’étais agacé de ses recommandations pendant que lui-même s’agaçait de mes réactions toujours similaires lorsqu’on évoquait (qu’il pour être plus juste) ce sujet. Je les mettais à part, me jurant de ne jamais les mettre en application parce que je n’étais pas assez calculateur pour ça, mais néanmoins neuf fois sur dix, je remarquais par la suite que certaines techniques n’étaient pas tant idiotes que cela : en rien cela ne me donnait envie de devenir vicieux pour parvenir à mes fins parce que je jugeais qu’il y avait d’autres moyens d’y arriver et si j’avais décidé de m’en servir sur Anthea ce n’était pas à mauvais escient mais plutôt pour lui montrer que nous étions pré formatés et en quelque sorte, de cette façon, procéder à une annulations aux fonctions que nos parents respectifs avaient voulu nous transmettre à la naissance. Je réutilisais les conseils qu’il m’avait donnés contre mon père, et c’était avant tout pour le prouver que je traçais ma propre voie. Anthea était-elle déterminée à faire de même ?

- Depuis qu'on appartient à deux familles ennemies, peut-être? Tu crois vraiment que je vais me laisser avoir, alors que la première chose que j'ai apprise quand j'ai été en âge de comprendre est qu'il ne faut jamais faire confiance à un Williamson?!

Que sa famille ait une dent contre mon père était une chose ; moi aussi il m’avait très souvent d’être en discorde entre ce dernier, mais nous n’en restions pas moins lié par le sang. Mais, et plus le temps passait, plus cela se confirmait, nous n’avions pas cette proximité que j’avais toujours eu avec ma mère, et sa mort avait brisé pour de bon ses anciennes espérances à mon égard même s’il était bien trop fier pour perdre la face et se dire qu’un jour j’allais prendre sa place. Je ne savais pas ce qui le laissait croire que j’allais changer d’avis, surtout maintenant, alors que la première chose que je pensais en me levant le matin c’était de me demander ce que nous aurions au petit déjeuner ce matin-là et non pas les prochaines actions de la Bourse où que sais-je encore ! Je ne le détestais pas pour autant ; nous faisions partie de la même famille et j’imagine qu’il y avait cette affection que l’on voue à ses deux parents, mais il y avait à côté toutes les fois également où j’étais irrité de le voir se comporter comme un homme d’affaire, même quand il s’adressait à notre nourrice, ce qui ne me donnait que plus envie de ne pas lui ressembler ; ne pas être comme lui. Alors qu’Anthea me propulse directement dans la même case de rangement simplement parce que c’était ce que son père faisait, je trouvais cela un peu facile mais surtout injuste. Je me demandais : pourquoi est-ce que j’insistais ? Elle faisait ce qu’elle voulait. Mais non, ce n’était pas juste, ce n’était pas juste pour elle non plus…

- Nous ne nous sommes jamais adressé la parole jusqu’à l’année dernière, tu ne crois pas que c’est un peu précipité comme jugement ? Objectai-je sans lâcher moi non plus mais en soupirant tout de même, las. Pendant dix ans elle n’avait été autre que la fille de Wright qui allait dans l’école privée d’à côté.

Cependant, même si elle ne semblait pas disposée pour le moment, j’espérais que mes paroles n’étaient pas totalement dénuées de sens et qu’elle y réfléchirait ; plus tard. Alors je continuais de lui montrer que ses a priori pouvaient être fondés d’accord, mais à prendre avec des pincettes malgré tout.

- Évidemment. Je gère ma vie comme je l'entends, qu'est-ce que tu t'imagines!...

Je n’insistais pas sachant que si je le faisais, elle allait finir par prendre cette approche pour une véritable insulte. J’avais vite compris que c’était comme cela qu’elle fonctionnait car je l’observais quand nous attendions pour rentrer dans une salle de classe ou alors lorsque qu’elle paradait avec ses amies dans la Grande Salle. Et je savais que ce n’était définitivement pas le meilleur plan si je voulais que notre relation, sans être les meilleurs amis du monde, ce qui était peu probable pour le moment, se passe dans de bonnes conditions.

Je m’attelais moi aussi à remettre mes affaires en place pendant que je lui posais la fameuse question ; je me doutais de la réponse, mais ça aussi c’était une chose que j’avais retenu et avec lequel j’étais en accord, ce qui était déjà plus rare, c’était qu’il y avait des manières d’aborder certains sujets, d’autant que pour la question que j’avais à lui poser ensuite, il valait mieux faire chaque chose en son temps.

- Naturellement. J'en ai beaucoup, je n'ai pas encore choisi.


Voilà qui ne facilitait pas les choses, mais tout n’était pas forcément joué. Je n’allais pas baisser les bras alors que cela n’avait même pas commencé et me jetai à l’eau. Sa réaction ne se fit pas attendre et même si je me doutais qu’elle en aurait une similaire je ne pus m’empêcher de sourire, mais discrètement alors que je m’affairais également du côté de mon sac, à demi caché, pour qu’elle ne considère pas que cela soit une moquerie, mais plutôt que lorsqu’elle avait ce genre de petite moue, qu’elle-même n’avait pas préparé parce qu’elle était prise de court, cela la rendait plus humaine et son visage s’en trouvait immédiatement changé. Je ne disais pas que même sans cela, elle n’était pas jolie, mais disons qu’elle était bien plus attachante, lorsqu’elle ne jouait pas, même si ce n’était qu’une seule seconde.

- M'accompagner? Euh...


Je profitais de son hésitation pour rebondir sur l’occasion :

- Je suis bon danseur. Tes chaussures seront sauves, lui assurai-je, en me vendant sous mon meilleur profil. Ce n’était qu’un argument destiné à détendre l’atmosphère même si je savais que pour elle il prendrait toute son importance, car Anthea Wright n’allait pas prendre le risque d’évoluer sur la scène avec un cavalier aussi peu à l’aise qu’un chameau sur la banquise.

- Tu comprendras bien que vu l'étrangeté de cette demande, j'ai besoin d'un peu de temps pour te donner une réponse?

Je terminai de noter les derniers mots des instructions de Monsieur Sawyer avant d’achever de tout remballer.

- Oui. J’avais conscience de lui couper l’herbe sous le pied à la fois à elle, mais aussi à son père et au mien. Ce n’était pas un oui, mais toutefois, ce n’était pas un non. Et puis, tu n’as pas encore choisi, répétai-je en appuyant de la même façon qu’elle l’avait fait tout à l’heure en souriant.

Sawyer nous annonça que nous pouvions partir. Je me levai et pris d’office le pot contenant l’essence de Dictame sur la table pour aller le déposer sur celle du professeur tout en réfléchissant ; je n’étais pas fan de l’idée du catalogue dont on tourne les pages pour voir quel vêtement me mettrait le mieux en valeur comme le faisais la Serpentard, mais je me disais que malgré tout c’était un bon début : moi par contre, je n’avais pas le choix que de m’en satisfaire. J’allais directement vers la porte parce ses amies se pressaient déjà tout autour d’elle pour venir au rapport, sans être mécontent toutefois.

Les propriétés du Dictame n’étaient-elle pas, après tout, de refermer les plaies ouvertes ?




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