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Les ailes froissées [PV]

 
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 Les ailes froissées [PV]

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Lilian Easter


Lilian Easter
Assistante à Sainte Mangouste



Féminin
Nombre de messages : 4765
Localisation : Dans le lit avec Iron Man. Et tu es prié(e) de dégager, on n'aime pas les plans à 3. (A part si tu t'appelles Jack Sparrow, que tu as du rhum et de la pâte à crêpes...) Quoi? C'est quoi cet air choqué, vous êtes toujours puceau ou quoi? Question suivante !
Date d'inscription : 31/10/2007

Feuille de personnage
Particularités: Yeux plus beaux, tu meurs ! LA Sirène de Poudlard, je suis belle à mourir.
Ami(e)s: Vous voyez mon dressing ? Tous mes amis sont dedans. Je parle de mes fringues et de mes chaussures. Non les vrais amis, c'est une autre histoire.
Âme soeur: Iron Man, Thor, Captain America… Je ne donne que dans les super héros parce qu'ils savent m'envoyer au septième ciel. Oui, vous voyez tous ce que je veux dire.

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MessageSujet: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeDim 8 Jan - 17:13

Lilian ne dormait pas. Ne dormait plus. Cela faisait déjà quatre nuits, quatre nuits de trop qu'elle ne parvenait à trouver le sommeil, qu'elle se tournait, se retournait dans ses linges, fixait des heures entières le plafond de son lit à baldaquin sans réussir à trouver le sommeil, sans sentir ses paupières se clore sur ses yeux qui restaient grand ouverts. Et puis elle avait également perdu l'appétit. Plus rien, elle ne mangeait plus rien. Le matin, elle descendait immédiatement à ses cours, sans prendre la peine de passer par la Grande Salle ou par les cuisines pour y chiper une pomme ou autre chose à se mettre dans le ventre. Le midi, elle ne ressentait pas le besoin de piquer sa fourchette dans un steak ou des pâtes et le soir, elle ne daignait même plus honorer sa table de sa sublime présence. Cela faisait également quatre jours, qu'elle ne mangeait plus, se nourrissait seulement d'eau ou d'un simple biscuit du paquet qui trônait sur sa table de chevet. Bien évidemment qu'elle maigrissait mais la belle s'en fichait, cela lui était complètement égal.

Cela faisait exactement quatre jours que son histoire avec Chuck avait pris fin, trop violemment à son goût. Certes elle s'était emportée, son impulsivité de lionne et peut-être des gènes espagnols avaient refait surface, la mettant dans tous ses états, lui faisant montrer sa généreuse poitrine à Chuck, dans le seul but de lui montrer qu'elle savait tout à propos de lui et Taylord et qu'elle ne ferait pas la dentelle désormais. Mais aussi bouleversée, elle avait été évidemment submergée par les larmes, de choc, de rage et de tristesse. Lilian s'était pris tout cela dans la figure, sans trop comprendre pourquoi alors que les événements se bousculaient : son frère aîné retrouvé vivant, le départ des Mangemorts, toujours ses cicatrices suite à la prise d'otages, Lilian avait peiné mais s'était relevée. Enfin, c'est ce qu'elle croyait. Chuck l'avait assommée d'un coup de massue, rouvert les plaies béantes dans son cœur en lui annonçant que ce qu'il voulait c'était « être libre ». Quand elle repensait à ses deux mots, le sang de la sirène ne faisait qu'un tour et la colère se manifestait. Furieuse contre lui, contre celui qu'elle aimait toujours, Lilian s'emportait comme le jour de leur rupture et jetait contre le mur le cadre qu'elle conservait toujours après avoir déchiré chacune de leurs photos où ils étaient ensemble. Évidemment Chuck s'en contrefoutait de ce qu'elle pouvait bien penser, de ce qu'elle vivait vu qu'il avait Taylord. Elle était belle sa notion de liberté. Quand elle était dans un tel état, Lilian savait que si elle venait à croiser Chuck dans un couloir ou la salle commune, elle serait capable se jeter sur lui et de l'étrangler avec son soutien-gorge, de le castrer et lui faire bouffer ses bijoux de famille, de l'étriper et lui faire avaler ses entrailles, de lui percer chaque pore avec ses plus fins et plus pointus talons aiguilles avant de laisser ses frères et ses jolis cœurs américains terminer le travail. Et enfin, elle tremperait son corps dans de l'acide pour être sûr qu'il ne recommencerait pas à lui mentir.

Parce que c'était cela qui la rendait folle de rage ; c'était le fait de savoir qu'il l'avait plaquée pour être seul, respirer ou elle ne savait quoi d'autre comme débilités et excuses minables mais qu'au final, comme elle l'avait prédit, c'était parce qu'il voulait se retrouver bien tranquillement sur le canapé de la salle commune avec Taylord pour lui faire tout ce qu'il lui avait fait par le passé. Et de les imaginer de la sorte la rendait malade.

Mais en même temps, suite à une telle furie, elle ne pouvait s'empêcher de se remémorer tous les bons souvenirs qu'ils avaient vécu ensemble, le réconfort qu'il lui avait apporté, leurs baisers brûlants sur les plages américaines et autres endroits, leur soirée sur cette plage privée, la soirée chez Simon, leur rencontre dans la tour d'astronomie, l'officialisation au bal de Noël, sa sublime robe qu'il avait adoré, leurs rendez-vous secrets du début. Alors à chaque fois elle ramassait sa baguette et à l'aide d'un sortilège, recomposait son tableau avec toutes les photos intactes. Alors à chaque fois Lilian se laissait de nouveau submergée par le chagrin et s'écroulait sur son lit, le visage angélique tiraillé enfoui dans son oreiller. Quand ses pleurs séchaient enfin, elle ne mangeait toujours pas, saisissait sa cape la plus chaude et sortait dans le parc du château, quand bien même le couvre-feu n'allait pas tarder à tomber. En général elle se posait près du lac ou à la lisière de la Forêt Interdite et y restait, assise dans le silence le plus total, pendant des heures, le regard perdu dans le vague. Et seule la fumée de ses cigarettes s'échappaient de ses lèvres restées tendres.

Anéantie mais surtout lasse de ne rien faire, lasse de faire croire aux gens qu'elle allait bien, lasse de jouer la comédie toute la journée durant, la belle s'ennuyait alors elle fumait car c'était la seule chose qu'elle pouvait faire seule, sans avoir à supporter des conversations futiles et inutiles, et qui faisait malgré tout cesser l'ennui. Elle adorait essayer de faire des ronds de fumée et s'entraînait sans relâche, imaginer des formes dans la fumée grise et volage. Volage comme elle. Elle LA Sirène de Poudlard ne parvenait pas à se relever alors que ce n'était pas le choix qui manquait, des tas de garçons se pressaient à sa porte mais aucun d'entre eux ne l'intéressait. Chuck imprégnait toutes ses pensées, même si elle refusait de véritablement se l'avouer, et la douleur encore trop cuisante la maintenant enchaînée au sol et qui l'empêchait de se relever. Alors elle prenait une nouvelle cigarette, l'allumait et recommençait à fumer, s'entraînait à faire des ronds, imaginait des formes dans la fumée grise et volage et rêvait sa vie future. Elle voulait redevenir celle qu'elle avait toujours été, voire même pire. Elle voulait devenir la sirène encore plus belle que belle, dix fois plus que sublime, mille fois merveilleuse, plus que radieuse, plus qu'envoûtante et si irrésistible qu'il était impossible de faire mieux.

Lilian voulait qu'on la regarde encore plus dans les couloirs, que les garçons en perdent leur mâchoire inférieure parce qu'elle serait tombée sur le sol, que les filles bouillonnent de rage ou d'admiration peu lui importait, que Chuck regrette à jamais ce qu'il avait fait et que Taylord comprenne que ce n'était guère chose aisée que de passer après elle en tant que petite copine. Elle voulait briser leur couple naissant sans même ouvrir la bouche. Elle voulait que Chuck s'en morde les doigts jusqu'à l'os de regret quand il la verrait dans les couloirs, encore plus sublime et irrésistible que quand il l'avait rencontrée et pourtant, elle voulait qu'il la supplie, qu'il rampe à ses pieds comme un pauvre fou qu'il était et qu'il supplie cette déesse de le pardonner. Et Lilian, déesse magnanime peut-être mais déesse orgueilleuse avant tout, elle lui rirait d'abord au nez pour lui faire comprendre qu'il n'aurait jamais eu à user de tant de bassesse s'il n'avait pas lâché l'affaire et était resté avec elle. Mais, parce qu'elle serait séduite par ce comportement et que ses sentiments referaient surface, elle lui accorderait le pardon divin et se referait humaine rien que pour lui, abandonnant son trône de l'Olympe, ses ailes d'ange ou son royaume de Sirène.

Mais à chaque fois, à cet instant, sa tête lui tournait à force de fumer, ses idées s'embrouillaient et elle sentait ses jambes s'engourdir. La belle ne voyait plus net, les images flottaient et devenaient floues devant ses grands yeux tristes et quand elle se relevait, c'était à peine si elle ne retombait pas immédiatement sur ses genoux. Alors elle rentrait, trop peu soucieuse de se faire surprendre par le nouveau surveillant et directeur de Poufsouffle et glissait telle une ombre jusqu'à son dortoir. C'est par une nuit semblable à toutes les autres que la rouge et or sortit de la salle commune, toujours couverte de sa longue cape doublée de fausse fourrure et vêtue d'un simple pull en laine à maille épaisse, d'une couleur de nacre qui lui tombait à peine n haut des cuisses. Un simple boxer noir en dentelle en guise de bas et c'était tout. Rien de plus rien de moins. En-dessous de son pull elle ne portait rien et si un regard venait à trop fixer son corps, il pourrait remarquer que les côtes commençaient à saillir un peu trop sous la peau de lys. D'ailleurs, il pourrait également s'apercevoir que les joues se creusaient peu à peu et que les bras maigrissaient au fur et à mesure que la belle refusait toujours de manger un repas complet. Mais pour convaincre, en ces temps s'avérait impossible car elle se montrait encore trop fière pour avouer qu'elle n'allait pas bien et que tout ceci ne serait qu'une affaire de quelques jours. Bien sûr, nul ne serait dupe mais on ferait comme si on la croyait en ne posant plus de question.

Comme tous les soirs, Lilian s'assit au bord du lac, fuma trop de cigarettes et par contre cette fois, s'imagina à la fin de ses années d'études à Poudlard, vivant de l'autre côté de l'Atlantique aux côtés de sa cousine, de sa famille paternelle et surtout de ses jolis cœurs qui ne dissimuleraient pas leur joie de l'avoir véritablement pour eux. Et puis qui sait ce qu'elle deviendrait là-bas, ce qu'il se passerait mais elle n'eut pas le temps d'y penser car il était l'heure pour elle de rentrer car la température se faisait trop froide pour qu'elle reste. Titubante comme toujours maintenant, marchant près des murs et tentant de se concentrer sur des points fixes, elle gravit chacune des marches de chaque escalier qui ne bougèrent pas. Comme d'habitude elle ne se fit pas coincer par le surveillant et monta jusqu'à sa salle commune, l'esprit plus ou moins tranquille.

Parce qu'elle savait qu'elle ne dormirait pas Lilian refusa de monter dans son dortoir et resta donc blottie sur le canapé, ses longues jambes repliées sur sa poitrine, à contempler le feu qui vrombissait dans la cheminée. Les flammes se reflétaient dans les lagunes bleues surmontées d'un léger coup d'eye-liner noir qui conférait à la Sirène un regard de biche envoûtant ainsi que d'un fard à paupière clair aux mêmes reflets nacrés que son pull, vestiges d'une journée qui ne s'achevait toujours pas. Le menton sur les genoux, la lionne ne bougeait pas, hypnotisée par le feu qui dansait devant ses yeux. Totalement absorbée elle ne remarqua pas que ses grandes paupières, pour la première fois depuis quatre nuits commençaient à se fermer de fatigue. Elles allaient complètement se clore quand un bruit sourd réveilla la sublime en un sursaut. Ce bruit venait de l'escalier et le regard azur le fixa immédiatement, mécontent de s'être fait réveiller de la sorte alors qu'il s'apprêtait à s'abandonner aux plaisirs des songes. C'est alors que Lilian vit une silhouette en tenue de nuit descendre à pas timides de l'escalier. Cette silhouette, elle la connaissait bien, très bien même mais elle en voulait à son propriétaire et ce, à cause d'une accumulation de petites choses. Quand les diamants éternels croisèrent les iris sombres, la sirène détourna immédiatement le visage et se replongea dans l'admiration des flammes, feignant l'indifférence. Elle ne daigna même pas ouvrir la bouche et parler ; elle n'en avait pas envie. Alors elle resta comme elle était, les genoux contre sa poitrine, ses bras autour de ses jambes et sa cape toujours sur ses épaules. Néanmoins, elle sentait le regard de la silhouette dans son dos mais tentait de l'ignorer en se concentrant davantage sur les flammes dansantes. Mais force est d'avouer que cela ne marchait pas.


- Il est l'heure d'aller dormir, remonte te coucher.

Lilian avait parlé d'une voix sérieuse, comme une grande sœur réprimanderait son petit frère ou petite sœur et ce, sans même tourner la tête pour appuyer ses paroles et faire obéir l'enfant. Non, Lilian restait impassible et hypnotisé par les flammes qui semblaient quelque peu réchauffer son cœur meurtri et blessé suite à sa chute du royaume des anges.
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Haruhi Michiko


Haruhi Michiko
Elève de 7ème année & Préfète



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Feuille de personnage
Particularités: Il me manque une case. Mais bon vu que quasiment tout Poudlard a le même problème, je m'inquiète pas!
Ami(e)s: Scarlett, Taylord, Lilian (sniff) principalement. Trio de Gryffondor 8D
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MessageSujet: Re: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeMar 10 Jan - 21:26

Cette douce ironie me poursuivrait donc sans relâche ? Si la vie n’était pas clémente, elle était aussi vicieuse, elle savait saisir le moment où les hommes, qu’elle tenait dans sa poigne de fer, étaient les plus heureux, elle refermait son poing et les écrasait sans une once d’humanité. On pouvait craindre ce qu’on voulait, c’était la vie le plus grand prédateur, celle qui était la plus à même de nous terrasser. Si mes songes où se mêlaient odeur de sang, corps mutilés et plaies béantes avaient heureusement disparu, c’était le visage d’un jeune homme à la peau d’albâtre qui les avait remplacés. Lorsque je refermais les paupières, c’était ses yeux perçants que je voyais, et ils ne me quittaient pas, me fixaient avec un air coupable. Peu à peu, le regard s’éloignait, et je m’éveillais.

A côté trônait une bouteille de Biéraubeurre, je la pris entre mes mains et la portais à ma bouche pour savoir si il restait une goutte de nectar salvatrice, mais rien, elle était vide. La Biéraubeurre était devenue mon rituel du soir ; cette sale habitude s’insérait peu à peu dans mon quotidien ; et si l’alcool était plutôt doux, on s’y accoutumait vite. Je savais me maîtriser, il n’y avait donc pas de problèmes. A priori seulement. C’était tous ce qu’ils disaient avant de sombrer et de devenir des épaves. Je rentrais parfaitement dans le cliché de la pauvre fille qui se soignait avec l’alcool ; et c’était lamentable, j’avais toujours pensé que je valais mieux que ça et pourtant, voilà à quoi j’en étais réduite. J’entendais le son de la respiration de Scarlett qui perçait le silence, et je la regardais, dans son lit, elle n’avait jamais autant ressemblé à une poupée de porcelaine dans son couffin. Je fis disparaître la bouteille avec un Evanesco ; surtout ne pas l’inquiéter, surtout maintenir ce bonheur qu’elle méritait. Je me noyais forcément dans mes illusions ; mes mensonges seraient forcément découverts. Je savais que je devais me confier à elle, je savais que je le pouvais, mais je n’arrivais pas à cocher la case « je savais que je le voulais ». Une nouvelle fois, je me défilais, et c’était une habitude bien pire que cette fichue Biéraubeurre.

Simplement habillée d’un T-Shirt qui m’arrivait jusqu’aux genoux ; je descendis lentement les escaliers, surtout ne pas se faire remarquer. J’avais ma baguette dans la main droite ; désormais la sécurité totale je n’y croyais plus, et autant être prudente. Mon visage semblait creusé, des yeux immenses et vitreux au milieu d’un ovale vide. D’un Lumos, j’éclairais la pièce, m’attendant à la trouver vide. Je ne savais pas ce que je cherchais en venant ici, simplement oublier ; j’en étais arrivée au point où je pensais que n’importe quoi pourrait être mon antidote. Je m’obstinais à jouer l’aveugle de service, alors que je savais ce qui me pouvait me guérir ; me confronter à Scarlett ou à Elliott. Mais dans les deux cas, j’avais honte de ce que je faisais, de ce que je ressentais, et je les évitais soigneusement ; je me voulais qu’ils me voient forte et déterminée, au tempérament de feu. Mais pauvre blessée stupide que j’étais, je laissais mes plaies s’infecter, et je refusais toute aide qui pourrait arrêter l’hémorragie.


- Il est l'heure d'aller dormir, remonte te coucher.

Elle avait transpercé le silence, d’une pointe tranchante et sèche. Je n’avais plus aucun doute sur l’identité de mon interlocutrice, au contraire ; je ne connaissais que trop bien cette voix suave et chantante. La voix avait beau être un peu éteinte, Lilian n’était pas de ces personnes qu’on pouvait oublier. Mais cette Lilian que j’avais en face de moi ; ce n’était pas celle que j’avais connue. Mon esprit se souvenait d’une jeune femme si belle que son prénom rimait quasiment avec perfection, mon cerveau me renvoyait des images d’une Lilian enjouée, avec un sourire qui n’avait rien à envier à une gravure de mode, une Lilian qui était perchée sur des talons de quinze centimètres et qui avait un cœur gros comme ça. Je n’aimais pas beaucoup le clone que je voyais ici, elle ressemblait à un fantôme, les os de sa mâchoire pointaient sous sa peau translucide. Tout trahissait une mauvaise santé et un moral à zéro, et j’étais frappée soudain par sa vulnérabilité. Elle qui m’avait toujours semblé être une déesse qui se mettait à la hauteur des gens imparfaits, elle me semblait toute fragile, comme une poupée de chiffon qu’on aurait malmenée. Mais ce qu’on lisait dans ses yeux tristes, cette chose qu’il était impossible d’ignorer tant elle était intense, c’était cette sensation d’abandon.

Je voyais son regard azur me fusiller ; et le pire c’est que je m’y attendais. Et que je n’avais rien fait pour empêcher que nos chemins se séparent. Je considérais Lilian comme quelqu’un de spécial. Son amitié m’avait été précieuse, et elle l’était toujours. Notre amitié était un peu étrange, comme quelque chose qui normalement n’aurait pas dû exister ; nous étions si différentes, si opposées et pourtant la vie avait choisi de nous rapprocher. Le soir de notre rencontre, je m’étais confiée à elle sans détour et elle avait fait de même, cela avait scellé comme une sorte de pacte tacite en nous. Elle m’avait fait découvrir l’allégresse à l’état pur, la liberté complète. C’était une bouffée d’air frais dans ce monde trop régi par des règles superflues. Les jours qui avaient suivi, je m’étais réjouie de savoir que notre entente continuait, de savoir qu’elle, Lilian Easter, m’accordait cette attention toute particulière. Je crois que la distance s’était installée ce jour monstrueux de l’attaque des Mangemorts ; Nottingham m’avait forcée à la voir cracher son sang et mordre la poussière. Pendant ce court laps de temps, j’avais vu ça comme un songe ; Lilian Easter ne pouvait pas tomber. Ce n’était pas possible. Je l’avais vue à l’infirmerie, telle une Belle au Bois Dormant désenchantée, et depuis cet instant, un fossé s’était creusé. Elle devait panser ses plaies et moi les miennes, de nombreux tourments pleuvaient sur elle et moi de même. Il fallait penser à soi avant les autres, et Lilian avait été victime de cet état d’esprit.

Et puis sans que je comprenne tout de suite pourquoi, elle s’était mise à me regarder différemment. Elle me jugeait avec sévérité et colère. J’avais tiqué et le lien s’était fait, forcément elle m’en voulait pour Taylord. Il était impossible d’ignorer sa rupture avec Chuck ; et je comprenais qu’elle souffre. Mais Taylord était une de mes plus proches amies, et vivre toutes ces expériences horribles en son compagnie avait soudé notre lien. Quant à sa relation avec Chuck, peu importait mon avis ; mais s’il elle me l’avait demandé, il aurait été favorable. Si j’ignorais vers quoi avançait leur relation, je savais qu’elle avait pris une nouvelle dimension. Je ne voulais que le bonheur de Taylord et si ça incluait Chuck, c’était la même chose. Je comprenais que Lilian se sente trahie par Chuck, Taylord, et même moi ; mais je ne pouvais pas faire autrement. C’était les aléas de la vie. J’avais envie qu’on soit à nouveau amies. Mais si je devais choisir entre elle et Taylord, je n’étais pas d’accord. J’aurais aimé la prendre dans mes bras et lui dire qu’il fallait s’y faire. Que Chuck avait des raisons valables. Que Taylord n’était pas quelqu’un de mesquin. Que ça me faisait de la peine de la voir aussi mal en point.
Pourquoi fallait-il que qu’elle soit dans le même état que moi ?


-Okay, fis-je, acceptant sa remarque acide, je n’ai pas fait ce qu’il fallait. Je ne me suis pas comportée en amie quand tu avais besoin de moi, je le conçois, mais,continuais-je d’une voix douce, c’est idiot de m’en vouloir pour Taylord. Tu vaux mieux que ça Lilian, beaucoup mieux. Depuis quand tu as la permission de me juger, l’entendais-je déjà répondre. Et elle n’aurait pas eu tort. Parce que je venais de comprendre combien j’avais pu me montrer dure avec Elliott. De l’autre côté, ce n’était pas facile non plus. Je faisais de nouveau mon apparition face à Lilian et lui faisais la morale, ce que je lui avais reproché. Il fallait réparer mon erreur auprès de Lilian, et tout de suite.

- Reprends-toi, tu es Lilian Easter, tu ne t’en souviens pas ?

Sauf qu’aujourd’hui, elle avait tout l'air d'une inconnue.
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Lilian Easter


Lilian Easter
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Particularités: Yeux plus beaux, tu meurs ! LA Sirène de Poudlard, je suis belle à mourir.
Ami(e)s: Vous voyez mon dressing ? Tous mes amis sont dedans. Je parle de mes fringues et de mes chaussures. Non les vrais amis, c'est une autre histoire.
Âme soeur: Iron Man, Thor, Captain America… Je ne donne que dans les super héros parce qu'ils savent m'envoyer au septième ciel. Oui, vous voyez tous ce que je veux dire.

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MessageSujet: Re: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeJeu 12 Jan - 23:08

*
Just tonight I won't leave
I'll lie and you'll believe
Just tonight I will see
It's all because of me


Dire que Lilian n’allait pas bien semblait être pour elle un euphémisme. Non elle n’allait pas bien mais c’était pire que cela : ce n’était même plus ne pas aller bien, c’était déprimer totalement, perdre pied, s’effondrer, s’écrouler, se noyer, tomber, chuter et violemment s’écraser sur le dur sol de la Terre. Encore sonnée par sa chute de son royaume, celui qui se trouvait au-dessus des nuages, celui des anges, Lilian ne savait pas où elle se trouvait. Elle ne savait pas où elle était ni où elle pouvait aller pour panser ses plaies. Cette Terre, bien sûr qu’elle en avait entendu parler ; dans son royaume divin, on racontait bien des histoires sur ces humains qui parfois se croyaient tout permis et eux, les dieux, se devaient de les remettre à leur place quand ils s’accordaient trop de permissions. On contait certaines de leurs histoires merveilleuses aux enfants avant de les coucher, avant leur voyage dans le pays des songes secrets et les maladresses, les écarts de ces humains qui s’avéraient drôles aussi les faisaient rire, leur donnait le sourire et à chaque fois, quand leur mère ou leur père prononçait le dernier mot de la dernière phrase de l’histoire, ces petits enfants se juraient de ne jamais commettre les mêmes erreurs que les héros de leurs histoires et d’être aussi parfaits que leurs divins parents. Lilian s’était faite la même promesse et jusque-là, tout avait fonctionné à merveille.

Mais c’était avant qu’elle ne tombe amoureuse, qu’elle ne succombe aux charmes du mortel Chuck Carlton. Chuck qui, du fait qu’il lui ressemble tant, l’avait fascinée, l’avait charmée et l’avait faite tomber dans ses bras musclés. Et peut-être à cause de son statut d’idéal intouchable, incarnation réelle de celui de Baudelaire, la sirène avait pensé que leur histoire passionnée et à la fois tendre quand il le fallait durerait pour toujours, qu’elle pourrait un jour dire à Chuck « I love you ‘till the end ». Mais cette fin, elle y avait toutefois songé car se connaissant et connaissant peut-être encore mieux le caractère de Chuck, elle savait que cela ne pourrait durer éternellement, que l’un comme l’autre viendrait à rompre. Pourtant, jamais elle n’aurait imaginé que cela serait aussi douloureux et qu’il lui serait si difficile de se relever sur ses longues jambes.

Perdue sur cette terre qui autrefois, endormait son visage enfantin, la belle ne savait pas quoi faire. Titubante, les bras croisés sur sa poitrine, elle ne savait pas où aller dans cette nuit qui semblait sans fin et froide. Ses ailes dans le dos lui faisaient mal et elle ne savait pas non plus quand est-ce qu’elle pourrait rentrer chez elle. Ici, toutes les personnes semblaient porter sur leurs épaules un énorme fardeau, celui de la tristesse, du déni, du mensonge et de l’hypocrisie. Car il ne faut pas se leurrer, tout le monde est hypocrite avec tout le monde et les personnes le sont également envers elles-mêmes. On se ment sans cesse ; on se persuade que tout va bien, on veut se faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, que le soleil éclaire une radieuse journée alors qu’au fond, on sait pertinemment que notre vie est sombre, triste. Mais on se ment, on se berce d’illusions pour sourire aux personnes et ne pas les inquiéter, on se maquille afin de se rendre plus beau, on respire un grand coup et on oublie très vite ce reflet triste qui nous apparaît quand on passe devant un miroir et on sort. Ainsi passent les journées et tous les gens semblaient heureux. Semblaient seulement car le soir, ils étaient tellement fatigués de sourire, fatigués de rire, fatigués de faire semblant, fatigués de mentir qu’ils courbaient l’échine sous le poids de la réalité. Et tous dévisageaient cette merveilleuse créature, égarée sur une terre qui vraisemblablement n’était pas la sienne : elle était trop belle, trop irréelle, trop pure et trop fragile pour appartenir à ce pauvre monde peuplé de fous. Cependant, il s’agissait d’une étrangère et tous ne cachaient pas la peur qu’elle puisse leur inspirer. Ils ne lui demandaient pas comment elle s’appelait ni d’où elle venait, non tous s’écartaient, la regarder d’un œil presque mauvais passer devant eux mais aucun d’eux ne bougeait pour aller à son aide. Ils la regardaient marcher lentement, apeurée comme une enfant qui a perdu ses parents et c’est bien ce qui s’était passé : la belle avait tout perdu.

Et c’était à cause de cela qu’elle était tombée sur cette terre où tout le monde était triste ou indifférent. Son histoire avec Chuck ayant pris fin, elle avait senti le sol de nuages se dérober sous ses pieds, et incapable d’utiliser ses grandes ailes d’ange, elle n’avait rien pu faire pour éviter la chute. Tombée de haut et désenchantée, Lilian ne savait plus quoi faire et continuait donc à errer dans ces rues sombres, à peine éclairées et à sentir le froid sur sa peau de perle. Perdue dans un monde qui n’était pas le sien, elle était seule. Ses parents, Aphrodite et Poséidon ne paraissaient pas s’inquiéter de sa disparition ou alors, quand bien même ils étaient inquiets à se ronger les sangs, leurs tentatives pour la retrouver ne menaient à rien. La Sirène devrait donc se débrouiller toute seule, parvenir à la fin de cette rue sans l’aide de personne et surmonter les obstacles qui se présentaient à elle.

Evidemment il y aurait des chutes mais elle se relèverait, parfois cela serait plus dur mais en prenant son temps, elle arriverait au bout de cette immense rue sombre et pourrait rejoindre le Mont Olympe aux côtés de ses géniteurs, raconter des histoires de terriens à des enfants avides de merveilles. Elle reverrait la lumière, cette radieuse lumière qui la faisait exister, l’illuminait sur son trône d’azur et d’ivoire. La fille d’Aphrodite, véritable ange serait tellement plus belle une fois sortie de son calvaire et retournée dans son royaume merveilleux.

Mais pour l’instant, Lilian restait sur cette terre des chagrins, comme contrainte à souffrir jusqu’à ce qu’elle voit enfin la lumière qui la reconduirait chez elle. Alors, pour oublier, pour quelques minutes ou quelques heures elle le souhaitait, la rouge et or perdait ses yeux dans les flammes dansantes. Ces flammes l’hypnotisaient littéralement, ses pensées se faisaient confuses avant de disparaître totalement et lui permettre de clore ses paupières. Cependant, c’était jusqu’à ce qu’Haruhi descende dans la salle commune et trouble son instant de tranquillité. Haruhi à qui elle daigna à peine adresser un regard et se contenta de lui parler de manière froide. Parce que pour Lilian, elle n’avait rien d’autre à lui dire. Haruhi n’avait pas été là suite à la nuit de la prise d’otages, certes Lilian ne l’avait pas non plus cherchée ni appelée, Haruhi n’avait pas été là non plus suite à sa rupture. Non, Haruhi à chaque fois s’était tournée vers Taylord, laissant la Sirène tomber encore un peu plus et s’enfoncer dans une nuit sans fin. A deux reprises, la belle se faisait poignarder dans le dos, pile entre ses deux ailes d’ange : un couteau planté par Taylord et un deuxième par Haruhi, alors que toutes deux étaient ses proches amies.

Cependant, du peu qu’elle la vit, Lilian remarqua qu’Haruhi non plus n’était pas au meilleur de sa forme, la peau de son visage paraissait cireuse et la flamme dans ses prunelles sombres était éteinte et n’allumait plus ces prunelles espiègles, malicieuses et pourtant si douces. Haruhi aussi semblait subir une longue traversée du désert. Vulnérables toutes les deux, il y en avait toutefois une qui était animée par une froide colère qui se réchauffait au contact des flammes dans la cheminée.


-Okay, je n’ai pas fait ce qu’il fallait. Je ne me suis pas comportée en amie quand tu avais besoin de moi, je le conçois, mais, continuais-je d’une voix douce, c’est idiot de m’en vouloir pour Taylord. Tu vaux mieux que ça Lilian, beaucoup mieux.

La Sirène ne daigna toujours pas la regarder dans les yeux quand elle parla, trop blessée et trop royale pour s’y abaisser. A peine se contenta-t-elle de hausser les épaules à la fin. Elle continua à fixer les flammes, comme si rien ne s’était passé ; comme si Haruhi n’était jamais descendue et n’avait jamais croisé son regard froid avant de parler. Dans les flammes, Lilian revit des images de leur rencontre : il y avait tant de sourires, de rires, d’yeux pleins d’étoiles… C’était avant. Aujourd’hui, il n’y avait plus que des yeux fatigués de mentir et des joues creusées.

- Tu ne connais pas toute la vérité Haruhi, alors ne me dit pas comment agir s’il-te-plaît. Lilian parlait d’une voix plate mais néanmoins sèche, presque autoritaire. Je crois encore être capable de le faire toute seule.

Sur ces derniers mots, la belle avait rabattu un pan de sa cape sur ses genoux qui restaient croisés sur sa poitrine et qui cachaient la maigreur apparente sous son pull. D’un côté, elle espérait qu’Haruhi serait trop fatiguée et remonterait se coucher mais d’un autre, elle savait pertinemment que la jeune fille ne partirait pas tant qu’elle n’aurait pas ce qu’elle voulait venant de la part de Lilian. Et celle-ci n’aurait pas le cœur à la chasser car au fond d’elle, elle ne cessait d’avoir de l’affection pour cette jeune fille qui avant, semblait pouvoir s’émerveiller pour tout et rien, comme ces petits enfants à qui on racontait ces histoires sur les humains mais qui avait trop été confrontée à la dureté de la vie et qui dorénavant, peinait à guérir ses blessures.


- Reprends-toi, tu es Lilian Easter, tu ne t’en souviens pas ?

La belle lionne serra les poings sous ses genoux et enfonça davantage son menton, fixant encore plus qu’il n’était possible les flammes qui continuaient leur danse sans se soucier de ce qu’il se passait autour d’elles. Si elle s’en souvenait mais la chute était encore trop difficile à oublier pour penser à remonter la pente. Quand sa main passa dans ses longs cheveux, elle craqua littéralement et une larme coula sur sa joue creuse. Dans un mouvement fluide et agile, la reine se leva, sa cape volant derrière elle, légère comme sa chevelure de soie qui retomba sur ses épaules à moitié dénudées.

- Et toi tu n’es que Haruhi Michiko. Haruhi qui a préféré traîner avec Taylord pendant que Lilian Easter, récemment plaquée par Chuck Carlton, arrêtait de manger et de dormir. Comme tu peux le voir je ne vais pas bien mais tu t’es bien gardée de prendre de mes nouvelles. Tu vois mes côtes et mes joues qui se creusent ? Là, elle souleva un pan de son pull juste en-dessous de sa poitrine pour montrer lesdites côtes qui ressortaient trop et pointaient presque tels des couteaux sous sa peau. Tu vois ? Tout cela aurait pu être évité si ma véritable amie Haruhi Michiko avait pris soin de moi comme elle aurait dû le faire.

Enervée, elle laissa son pull retomber en haut de ses cuisses. Les larmes brouillaient sa vue, ses longues jambes tremblaient tout comme ses mains et son échine fut parcourue d’un frisson qui hérissa sa peau de lys. Afin de se protéger de ce froid qui régnait dans la pièce, malgré le feu, et qui ressemblait étrangement à celui de la rue dans laquelle elle errait dans ses cauchemars et nuits sans fins, Lilian s’apercevait de plus en plus que cette nuit, elle n’avait pas menti et s’était révélée, vulnérable et affaiblie comme personne ne la connaissait. Pourtant, elle ne savait pas qui accuser : si tout était de la faute de Chuck, de Taylord et d’Haruhi ou si, dans un éclair de lumière, elle parvenait à découvrir qu’au final, elle se mentait à elle-même depuis le début et que tout était en réalité de sa faute.
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MessageSujet: Re: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeDim 15 Jan - 11:35

Dans l’âtre ou le feu brûlait, il y avait cette petite étincelle qui me fascinait. Incandescente, elle crépitait, virevoltait et disparaissait dans le brasier qui l’engloutissait. Un électron libre. Volage. Sans la moindre attache. Il y avait cette culpabilité qui m’assaillait quand j’y pensais ; mais je finissais toujours pas m’y résoudre ; il aurait mieux fallu être seule. Trop se lier, c’est souffrir, et perpétuellement, parce qu’on n’est jamais à l’abri. Je savais que c’était stupide de monter de telles théories, je savais pertinemment que j’étais incapable de gérer la solitude ou même de la supporter. Je ne pouvais pas non plus faire comme s’il n’y avait que moi qui entrais en jeu. Mais c’était peine perdue de m’en empêcher ; il m’avait fait si mal, remué tant de choses en moi que je ne pouvais que souhaiter ne l’avoir jamais connu. J’aurais préféré également ne m’être jamais rapprochée de Lilian ; les plaies auraient été tellement moins douloureuses ! Elle ne faisait pas confiance, et je lisais la déception, la vraie déception, intense. Elle regrettait d’avoir cru en moi ; et je ne pouvais que lui donner raison. C’était bien le seul point sur lequel nous étions d’accord ; rester sur le quai de la gare avec des souvenirs et des moments passés avec l’autre plein la tête, ça vous serrait le cœur comme dans un étau, qui se refermait, tortionnaire sur l’organe qui rendait son dernier soupir.

- Tu ne connais pas toute la vérité Haruhi, alors ne me dit pas comment agir s’il-te-plaît. Je crois encore être capable de le faire toute seule.

En réunissant toutes les forces que j’avais ; je ne parvenais pas à lui en vouloir. Elle avait beau être sèche et peu encline à me répondre, je ne bougeais pas. La froideur de ses paroles me touchait en plein cœur, mais je ne voulais pas me poser en victime. Victime, je l’étais trop. Du temps, des autres, de la vie. J’avais l’occasion de me confronter à Lilian, et c’était peut-être ma dernière chance ; hors de question que je la laisse passer. Dans mon esprit, je me figurais qu’il y avait comme un réseau de fils barbelés autour de mon cœur, qui ne laissait pas atteindre. Pour que tout soit intact. Pour qu’épargner une part de souffrance en plus. Je ne voulais pas m’enflammer ; je savais que si je le savais, Lilian ne prendrait pas la peine de rester.

- Et toi tu n’es que Haruhi Michiko. Haruhi qui a préféré traîner avec Taylord pendant que Lilian Easter, récemment plaquée par Chuck Carlton, arrêtait de manger et de dormir. Comme tu peux le voir je ne vais pas bien mais tu t’es bien gardée de prendre de mes nouvelles. Tu vois mes côtes et mes joues qui se creusent ? Tu vois ? Tout cela aurait pu être évité si ma véritable amie Haruhi Michiko avait pris soin de moi comme elle aurait dû le faire.

Mes prunelles s’assombrirent tandis que j’observais sans trop oser son corps. Sa peau était d’une blanc transparent, et elle semblait toute fragile en dessous, comme si on pouvait briser ses os simplement en touchant son épiderme. Je voyais une larme révélatrice couler sur sa joue, et la seule chose que j’avais envie de faire, c’était de la consoler et de lui dire que ça allait bien se passer, parce qu’elle était faible, et que si elle continuait ainsi, ça pouvait être fatal. Elle était faible, si faible. Je savais que sa rupture avec Chuck était en train de la meurtrir profondément, au fond je l’avais su ; Lilian était bien plus qu’un corps parfait et des jambes hallucinantes. C’était un ange aux courbes divines, mais ses belles ailes blanches et d’une couleur virginale immaculée étaient tâchées de sang et noircies. Elle avait des failles bien encrées en elle. Chuck les avait ravivés. Car au fond Lilian était en perpétuel recherche d’affectivité, ses conquêtes lui apportaient de la sécurité et de la satisfaction mais au fond, c’était d’autre chose dont elle avait besoin. Je l’avais toujours su.
Mais ce qu’elle me crachait au visage était si violent et si féroce, je la trouvais quelque part égoïste. Elle n’était pas la seule. Et il y avait cette cruauté que je distinguais dans sa voix ; elle m’accusait de tous les maux et fléaux. Je trouvais ça injuste. Je voyais bien qu’elle me montrait son corps malmené pour ensuite dire que c’était de ma faute ; ou celle de Chuck ou Taylord. Je trouvais ça trop facile. C’était elle qui avait décidé de ne plus s’alimenter. Nous n’avions jamais souhaité ça ; et je ne trouvais pas que nous méritions autant de ressentiments. Elle voulait se donner le rôle de victime, et nous étions les bourreaux.

Je la détestais pour m’obliger à enfiler de rôle-là. Il n’était pas question que de moi. Elle voulait également démontrer que mes amis étaient des coupables ; et je ne le tolérais pas. Je tenais énormément à Taylord et j’appréciais Chuck, après tout, il avait été aussi là le jour où les Mangemorts étaient partis. Nous avions tous lutté ensemble dans la main, et le simple fait que lui ou Daniel se soient préoccupés de notre sécurité faisait que je les estimais profondément. Elle était en train d’insinuer que nous nous étions donné le mot pour la faire descendre plus bas que terre. Ni moi, ni Taylord ou Chuck n’avions agi dans le but de lui faire du mal. C’était nos sentiments et nos instincts qui avaient privilégié. Et ça avait toujours été comme ça. Mes résolutions s’envolèrent aussitôt ; je ne voyais pas pourquoi elle aurait le droit de m’agresser sans n’avoir rien en retour.


-Taylord et moi on s’est tellement amusées ensemble, en montrant mon bras dénudé. Une cicatrice barrait toute la veine du coude. Ce souvenir de la torture de Nottingham n’avait jamais disparu. Bien sûr, quand je me suis fait ça, on traînait. Tu crois que tu pouvais me demander de choisir ? Désolée de n’avoir pas renoncé à une de mes meilleures amies pour tes beaux yeux. Et arrête de me rejeter la faute, tu sais très bien que le fait que tu ailles mal est la dernière chose que je souhaite.

Dans le fauteuil adjacent ; je me laissais glisser, j’étais lassée, fatiguée de reprocher et qu’on me reproche, je fermais juste les yeux. C’était le noir complet, mais je me sentais mieux dans cette obscurité, j’étais tranquille, apaisée. Ainsi, je ne voyais plus Lilian et la distance entre nous ; je pouvais dormir et oublier. Je n’osais plus la regarder ; car aujourd’hui, nous étions des jumelles, et si la dernière fois, Lilian avait su me rendre le sourire, je savais que ce soir, ce ne serait pas le cas. Je n’allais pas pleurer, malgré la boule qui me serrait la gorge, je retenais les larmes. Elles avaient trop coulé le soir du Bal, alors je me persuadais que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je ne voulais pas voir son regard bleu océan qui me lancerait des éclairs, j’étais mieux dans ma bulle. Ces temps-ci, c’était devenue une habitude ; j’inventais dans ma tête d’autres scénarios que la réalité, pour m’éviter d’avoir mal. Mais je jouais un jeu dangereux, celui de me perdre dans mes illusions. A force de trop croire en mes songes, j’allais tout mélanger ; et c’était ça le pire : me rendre compte que je déviais vers une pente dangereuse. Tout ça à cause d’un seul élément déclencheur : lui. Toujours lui.

-Te poser en victime ne fera rien avancer, lui exposais-je calmement. Tu me fais peur, Lilian, regarde ce que tu t’infliges, malgré tout, j’étais incapable de l’abandonner une nouvelle fois. Je ne me souvenais que trop bien du visage d’Holly Dilay, de notre entrevue aux cachots. Le moment avait été bref, mais le désespoir d’Holly m’avait saisi brutalement, comme si elle lançait un appel à l’aide. Je ressentais cette même intense détresse avec Lilian, et je ne pouvais pas l’ignorer. Et un instant je quittais ma souffrance pour soigner la sienne. C’était une façon de m’excuser, mais j’attendais également ses excuses à elle. Mais même si on se réconciliait, il resterait des ombres au tableau, pour chacune de nous.

Nous étions loin d’être libres.

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MessageSujet: Re: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeMar 17 Jan - 19:37



Même s’il brûlait, le feu semblait incapable de réchauffer les cendres d’une amitié qui s’éteignait peu à peu. D’un côté, au fond d’elle, Lilian s’en voulait de n’avoir rien fait pour la garder en vie et tenter de l’allumer de nouveau. Ce soir elle rejetait la faute sur les épaules d’Haruhi alors qu’elle n’était pas totalement responsable. Aucune d’entre elles n’était blanche dans cette histoire car ni l’une ni l’autre n’avait œuvré pour conserver le feu et faire en sorte que les flammes de l’amitié continuent de danser. Mais si Haruhi l’avouait de vive voix, ce n’était pas le cas de Lilian. Pas encore. Depuis toute petite, quand elle était contrariée et que quelque chose n’allait pas dans son sens, le sens qu’elle voulait, elle rejetait la faute sur une autre personne. Et c’est exactement ce qui se passait avec Haruhi. Parce qu’elle ne digérait pas encore sa rupture, parce qu’elle n’assumait pas son état de brusque maigreur inquiétante, elle faisait porter le chapeau à Haruhi qui en rien, n’avait quelque chose à voir là-dedans. Si elle était maigre à ce point, ce n’est pas parce que la jeune asiatique n’avait pas volé à son secours, c’est parce que Lilian l’avait fait et avait continué étant donné que personne ne semblait s’inquiéter.

Au début, il est vrai que cela l’avait choquée de ne plus avoir aucun appétit, de ne pas être affamée devant un bon gros morceau de viande ou une montagne de pancakes, mais à force, voir ses bras, ses joues et son ventre se creuser ne la choquait plus. Pire même, tout cela la laissait indifférente. Cela lui était quotidien de voir ses cotes sous sa poitrine, elle trouvait cela banal, presque normal. Et à force, elle ne cherchait même plus d’aide voyant que les premiers jours personne n’était réellement venu à son secours. Tout le monde pensait qu’elle se relèverait, elle qui était LA Sirène de Poudlard, que cette rupture ne serait que l’ouverture d’une nouvelle ère, encore plus magnifique que la précédente et elle mentait si bien. Lilian était passée maîtresse dans l’art du mensonge, de l’illusion et de dissimuler ses vrais sentiments et son véritable état. Pourtant, Dieu sait qu’elle détestait mentir pour ce genre de choses.

Mais le temps avait eu raison d’elle. Le temps avait modifié ses intentions à défaut de pour l’instant sécher tous ses pleurs. Pourtant, il n’avait rien fait pour lui faire remonter plus vite la pente, faire en sorte qu’elle guérisse plus vite, qu’elle redéploye le plus tôt possible ses grandes ailes d’ange pour remonter dans son vrai royaume, qui n’était pas celui sur lequel elle se trouvait actuellement. Oui elle avait mal, oui elle souffrait, oui elle pleurait. Comme tous ces pauvres mortels dont elle riait auparavant. Leurs maux, tous leurs terribles maux l’avaient contaminée et imprégnaient désormais le moindre de ses sentiments. Quand elle repensait à Chuck, la tristesse la submergeait, quand elle pensait à Taylord, la haine la rongeait avant de laisser place au dégoût et au dédain. Mais tous les soirs, et cela était inévitable, elle courbait l’échine, pliait les épaules comme tous ces humains qui semblaient souffrir chaque jour de leur misérable vie. Le temps laissait Lilian dans cette misère qu’elle ne connaissait pas, comme s’il lui décernait une leçon. Lilian se languissait, en avait marre de cet état de mensonge et de souffrance incessant, elle voulait rejoindre le royaume des anges, le mont Olympe où l’attendaient ses parents mais ses ailes refusaient de s’ouvrir et l’emmener loin, très loin au-dessus de cette terre. Même le soleil ne semblait plus la remarquer et chaque matin depuis sa rupture, il ne la tirait plus hors des bras de Morphée, cet opportuniste qui avait chaque nuit le plaisir de la bercer et de la contempler dans son sommeil et le soir, il ne semblait même plus la saluer avant qu’elle ne retourne avec Morphée, couverte par sa sœur Diane.

Même Haruhi, avant qu’elle ne le lui dise, n’avait rien vu. Comme si Lilian était devenue un fantôme, comme si elle était devenue une légende, une déesse prisonnière d’une légende qui n’intéressait plus personne. Mais si plus personne ne parlait d’elle, si plus personne ne se souvenait, la Sirène et sa légende mourraient aussitôt. Etait-elle vouée à une telle fin ? Personne, ni Haruhi ni elle n’était pour l’instant en mesure de donner la réponse. Enfin, ni personne ni Haruhi n’était capable, contrairement à elle. C’était elle et elle seule qui décidait, qui décidait de comment elle son histoire se terminerait. Parce qu’elle avait toujours fait ainsi : c’était elle et seulement elle qui décidait de toujours tourner la situation à son avantage, de séduire les garçons même s’il s’agissait également d’une sorte de gène inscrit dans ses cellules. Mais ce n’était pas elle qui avait décidé de s’éprendre de Chuck. Si elle l’avait voulu, tout d’abord ce serait elle aussi qui aurait décidé de mettre un terme à leur histoire. Et c’était la seule fois où Lilian n’avait pas été maîtresse de son choix que cela lui était fatal. Son état en était la preuve. Mais elle avait aussi décidé de ne pas demander de l’aide à ses amis : Scott, Haruhi, Katie, Heather, Hadrian son propre frère. Presque à tous elle leur avait menti en leur assurant qu’elle allait bien, qu’elle s’en remettrait. Elle allait bien, il ne fallait pas s’en faire. Mais la belle se voilait également la face car tout autour d’elle, tout s’écroulait, son monde parfait dans lequel elle vivait avec Chuck s’effondrait chaque jour un peu plus et même avec toute sa volonté et ses efforts pour le conserver, elle ne parvenait à éviter l’inévitable. Elle avait beau soutenir le plafond du temple que les élèves avaient érigé à leur égard, il s’écroulait quand même. Tout leur empire était anéanti ; tout n’était que ruines à présent. Et c’est entre ces ruines qu’errait Lilian.

A chaque fois que son grand regard triste se posait sur une maison, une colonne, un ancien parc, tout était mort et détruit. Il ne restait que des pierres, des cendres et des poussières. Tout était fini, le temps avait emporté avec lui tout ce qu’elle chérissait de plus, tout ce qui l’avait rendu heureuse comme jamais. La Sirène était encore prisonnière de ses propres murs, elle n’arrivait pas à sortir et semblait condamnée à errer pour l’éternité dans ce paysage gris et sans vie. Alors quand elle voyait un visage, celui d’une personne inconsciente, elle saisissait le peu d’orgueil et de fierté qu’il lui restait et forcément, en ange déchu, n’était pas de la meilleure compagnie. Parce qu’elle ne comprenait pas encore ce qui était arrivé à son empire ni pourquoi. Bien sûr qu’elle avait voulu le reconstruire mais les pierres, le chagrin et la fatigue étaient trop lourds pour ses délicates épaules de déesse devenue mortelle. C’est ce qui était en train de se passer avec Haruhi : la jeune fille s’était aventurée dans le royaume détruit de la fille d’Aphrodite et de Poséidon où elle la trouva, aussi anéantie que son palais. Elle lui tendait une main secourable mais comme effrayée par tous ces humains qui se ressemblaient tous, Lilian la refusait et la voyait comme une de ces hyènes qui n’attendaient que le bon moment pour se délecter de ses restes.


-Taylord et moi on s’est tellement amusées ensemble. Bien sûr, quand je me suis fait ça, on traînait. Tu crois que tu pouvais me demander de choisir ? Désolée de n’avoir pas renoncé à une de mes meilleures amies pour tes beaux yeux. Et arrête de me rejeter la faute, tu sais très bien que le fait que tu ailles mal est la dernière chose que je souhaite.

La jeune fille ne savait pas quoi croire : blessée intérieurement, elle avait cependant bien du mal à ne pas entendre les paroles d’Haruhi qui la blâmaient et qui contaient les aventures qu'elle et une de ses anciennes amies avaient vécues. Peu désireuse de se montrer encore plus faible et affaiblie qu’elle ne l’était déjà, la sirène décida de ne rien répondre avant de s’enfuir plus loin et de laisser Haruhi là où elle était. Autrement dit, Lilian baissa les yeux et choisit de se taire. Parce qu’Haruhi avait raison. Une fois de plus elle rejetait la faute sur quelqu’un qui n’était pas coupable, même si la colère criait en elle de riposter, de ne pas se laisser faire par quelqu’un qui l’avait laissée tomber, qui n’avait même pas essayé de la retenir en attrapant sa main dans sa chute. Tiraillée entre les larmes et la colère, la belle ne savait pas quoi faire. Elle voulait lui crier, lui montrer tout le mal que sa rupture lui infligeait, elle ne voulait pas être tendre avec Haruhi parce qu’elle tenait à lui montrer ce que cela coûtait quand on défiait et contrariait une déesse comme elle. On n’abandonnait pas un ange, encore moins quand il va mal et que ses ailes sont meurtries et souillées des maux humains. Se hisser face à une créature divine était un acte tellement inconscient. Les anges ne méritent pas la souffrance, tout cela est réservé aux humains, ces pauvres fous qui s’en accommodent bon gré mal gré et Lilian fulminait de devoir ressentir comme eux, alors qu'elle était bien différente. Presque inconsciemment, elle se passa une main dans ses longs cheveux et qui resta sur son front. Son regard était toujours fixé sur le tapis mais qu’elle ne regardait pas. Elle ferma les paupières et se força à refouler les sanglots qui montaient dans sa gorge et éteindre la colère qui bouillait en elle.

-Te poser en victime ne fera rien avancer. Tu me fais peur, Lilian, regarde ce que tu t’infliges.

Interpellée par les dires d’Haruhi qui s’était assise sur le canapé, non loin de là où elle-même s’était assise auparavant, la Sirène releva son visage angélique sur lequel était imprimé un profond air de détresse. Les larmes secouaient les lagunes caribéennes et illuminaient les diamants qui reposaient dans les profondeurs. Haruhi avait le regard perdu dans les flammes, comme elle tout à l’heure.

- Donner des ordres et des conseils alors que tu n’es pas mieux que moi n’est pas non plus ce qui te fera avancer.

Lilian avait de nouveau détourné les yeux et regardait la nuit si noire devant elle. Le peu de temps où elle avait pris le soin de détailler Haruhi, elle avait facilement remarqué qu’elle non plus n’était pas au mieux de sa forme. Et elle n’était sûrement pas descendue ici ce soir parce qu’elle venait de faire un cauchemar ; les cernes sous ses grands yeux noirs la trahissaient. Les deux jeunes filles ici réunies n’allaient pas mieux l’une que l’autre et pourtant, chacune d’elle donnait à l’autre des ordres pour qu’elle ne se mêle plus de ses affaires ou au contraire, pour ne pas montrer ses propres problèmes.

- Et toi, tu me fais peur Haruhi, regarde-toi : tu ne vas pas bien.

La sublime sirène avait posé sa main aux longs doigts de fée sur un accoudoir du canapé et observa de nouveau la jeune fille assise dessus. Si elle pencha la tête, ce ne fut que bref car la tendresse fut vite rejointe par la colère et la jalousie et elle la releva presque immédiatement. Une part d’elle ne comprenait pas pourquoi elle s’occupait d’une fille qui l’avait laissé tomber, une fille qui avait choisi le camp opposé au sien, avait rejoint la cause de son malheur. Mais une autre partie d’elle lui rappelait les souvenirs qu’elles avaient eus ensemble et qui n’appartenaient qu’à elles deux. Lilian ne cessait malgré tout d’errer entrer les vestiges de son royaume mais regardait de plus en plus derrière elle. A chaque fois elle apercevait cette jeune fille qui ne lui voulait au final que du bien mais qui semblait également en chercher. A force, la sirène s’arrêta, faisant ainsi face à Haruhi. Cependant, elle refusait encore d’avancer vers elle, toujours méfiante. Elle ne voulait pas recevoir de conseil et encore moins d’ordre d’une mortelle mais si elle pouvait, elle essaierait de lui prouver qu’un fond de gentillesse persistait en elle et continuait à brûler et réchauffer son cœur, même en ces temps troublés. Car au fond d’elle, elle n’était qu’un ange déchu qui avait suffisamment vécu sur cette terre pour comprendre et aider ceux qui criaient au secours. Néanmoins, il ne fallait pas que Haruhi s'attende à une démonstration de sa plus grande générosité et tendresse ; Lilian n'en restait pas moins une reine, une reine blessée qui peinait encore à accepter la défaite.
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MessageSujet: Re: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeVen 27 Jan - 18:47

[Pardon pour le retard ma chérie Les ailes froissées [PV] 938394 ]

L’être humain déteste subir, il veut être acteur et non pas passif spectateur, et Lilian et moi n’étions pas des exceptions ; il fallait se donner une raison, quelque chose qui puisse justifier ou tout du moins expliquer cette distance. C’était trop difficile d’admettre qu’on s’était laissé porter sans rien faire pour empêcher la dérive. Et même si quelque part, il s’agissait d’une illusion, je me disais qu’il y avait une règle dans notre amitié qui n’avait pas tenu ; et qu’elle était la cause de cet immense fossé entre nous.

Cette règle dont nous n’avions jamais parlé mais qui existait ; celle qui disait que notre amitié n’était possible que si nous allions toutes les deux bien, ou qu’elle aille bien. Voilà pourquoi nos routes avaient commencé à se séparer dès l’attaque ; tout simplement parce que j’étais incapable de contempler Lilian et de la voir remplie d’une souffrance intense, criante. Je ne le pouvais pas. Avec Scarlett, ça avait toujours différent, ou même Taylord, les failles qu’elles avaient en elles, je les avais intégrées, c’était comme de petites cicatrices que j’avais apprises à connaître avec le temps, à force de les regarder. Alors que Lilian, malgré son incroyable gentillesse, était un être inaccessible, un idéal. Avant la prise d’otages, s’il y avait bien une personne dont le sourire n’arrêterait jamais de rayonner, c’était bien elle. Et pourtant il s’était fané, comme pour tous les autres. Ce jour-là, en dépit de son extrême beauté, je n’avais vu qu’une seule chose ; la douleur. Une douleur pareille à la nôtre. Assimiler le fait qu’elle puisse être aussi vulnérable que moi, Taylord, Megane ou encore Heather paraissait impossible. Aujourd’hui, c’était encore pire, et c’est pour ça que j’avais renoncé : porter le poids de sa douleur et de la mienne n’était pas envisageable.

Et le pire n’était qu’à venir ; si j’avais remarqué son air mélancolique au bal de Noël, j’avais également vu une Lilian avec une robe démentielle et un sourire parfait. Non, c’était profond, beaucoup plus profond, intense et je ne mesurais pas la moitié de l’ampleur des sentiments qu’elle éprouvait. Malgré toute l’empathie que j’avais pour elle, je continuais à penser que Chuck et Taylord n’avaient rien fait de mal. C’était une vérité qu’on ne pouvait nier, les ressentis ne se contrôlent pas. Je ne pouvais pas les blâmer pour avoir écouté ce que criait leur cœur depuis des mois déjà. Lilian était un être volage, une déesse passée maître dans l’art de la séduction. Elle piégeait les hommes parce qu’elle leur offrait ses baisers et ses sourires sans jamais offrir sns cœur. Quelque part, même avec Chuck, c’était écrit que ça se terminerait ainsi ; personne ne pouvait décemment croire que leur relation serait éternelle. Et elle, Lilian, qui n’appartenait à personne, offrait tous ses sanglots à un seul homme ? Je ne savais pas si elle l’avait aimé, si forcément, mais aimé comme on aime la personne, celle qui vous fait chavirer et perdre la tête, celle pour qui vous avez envie d’être quelqu’un de meilleur. Je n’en savais rien. Je ne pouvais que faire des suppositions, mais je persistais à croire que sa rupture n’était pas le seul facteur de sa descente aux enfers.

Rien que la notion de choix me paraissait ridicule ; j’aurais voulu ne pas décider entre Taylord et Lilian. Pour de multiples raisons, Taylord l’avait emporté sur Lilian, mais cette dernière me manquait. Une fois de plus le temps et plein d’autres raisons encore m’avait fait couper les ponts avec mon amie. Lilian avait cessé de me vriller de son regard méprisant, désormais, je voyais les larmes briller au coin de ses yeux couleur de l’océan, mais je ne fis aucun pas ; je savais qu’elle n’accepterait pas mon contact. Quelque part, j’avais besoin d’elle ; parce que Lilian m’apportait autre chose que Taylord ou Scarlett, que je considérais pourtant comme ma sœur (et peut-être le fait que nous ne partagions pas le même sang accentuait cette impression), quelque chose de différent dont j’avais besoin pour être complète. Une seule rencontre avait suffi pour que je considère Lilian comme une amie proche. Aujourd’hui, tout ça avait disparu.

J’étais lasse de cette dispute, des phrases acides que nous nous lancions, j’avais envie de partir, que cela s’arrête, parce que même si cette confrontation était nécessaire, j’en avais assez. Ou était-ce ce courage typique du Gryffondor que le Choixpeau vantait ? Cela faisait bien longtemps qu’il avait disparu. Il y avait de ces moments où je le sentais bouillonner, et il me semblait que je pouvais déplacer des montagnes, mais là il s’était fané, progressivement, flétri et il n’existait plus.

Je sentais une douleur sourde au creux de mon ventre ; pas celle qui est innocente, celle qui vous fait dire qu’il y a une immense culpabilité en vous qui se réveille soudain, comme une bête trop longtemps endormie. Cette culpabilité, c’était un mélange de tant de choses qu’elle en devenait presque inexplicable, tout m’échappait ; je ne savais plus si j’étais la victime ou celle qui se faisait passer pour. Essayer d’ignorer ce sentiment détestable me demandait déjà des efforts, et Lilian, sans le faire exprès, les réduisant à néant, un simple coup d’œil me rappelait toutes les erreurs qui auraient pu être évitées. Je m’étais fait mal à moi comme j’avais blessé Lilian, et si j’étais entrée en étant persuadée que notre séparation était inévitable, cette conviction s’était ébranlée. J’avais trop tendance désormais à suivre le mouvement, parce que lutter et combattre ne rimait à rien, mais je mesurais aujourd’hui l’impact de mon silence ; si nous avions parlé, si je lui avais dit que je tenais à elle mais que j’approuvais Taylord, mais que je voulais également que nous restions amies, nous ne serions jamais là, au point de non retour. Et les larmes qui bordaient ses yeux , elles n’auraient jamais coulé. S’il ne restait pas un soupçon d’orgueil, j’aurais été capable de la supplier. D’implorer. Mais cette minuscule parcelle était toujours là, et ma dignité me l’interdisait. Il ne restait qu’un peu de cet orgueil, et pour rien au monde, je ne lui vendrais.


- Donner des ordres et des conseils alors que tu n’es pas mieux que moi n’est pas non plus ce qui te fera avancer.

Faire la morale était tout ce qu’il me restait, il fallait se protéger, mettre des remparts autour de son cœur. Je sentais cependant que sa colère faiblissait, que sa voix se faisait moins agressive. Elle aussi décidait de poser les armes à terre ; et je savais que pour elle, c’était bien plus difficile que pour moi, Lilian était quelqu’un de si fier que ce geste prenait beaucoup d’importance, c’était une façon de dire qu’elle s’abaissait à ma hauteur, et que nous étions toutes les deux responsables. Je n’osais cependant pas lui sourire, c’était trop tôt, et peut-être que je me méprenais, dans mon trouble, je fabulais peut-être. Je ne répondis pas, ignorant sa remarque ; je voulais arrêter cette dispute qui n’aurait jamais dû exister.

- Et toi, tu me fais peur Haruhi, regarde-toi : tu ne vas pas bien.


Je me mordais les lèvres jusqu’au sang pour retenir mes larmes, je ne voulais pas qu’elles viennent salir mes joues de leur traînée glacée. J’allais de défaites en défaites et la seule petite victoire que j’avais, le seul objectif que j’avais jusque là tenu, c’était bien ne pas pleurer. Depuis le bal de Noël, les larmes traîtresses n’étaient venues qu’une fois, la nuit même de mes retrouvailles avec Elliott. Je m’étais jurée de ne plus jamais recommencer. Ce n’était pas tant à Lilian que je refusais mes larmes, mais à moi-même, ce moi-même que je détestais parce qu’il ne ressemblait à rien, et qu’il n’y avait que des ombres mauvaises et noires qui s’y mouvaient à l’intérieur. Je m’interdisais de craquer, c’était la dernière étape avant de m’effondrer. Toucher le fond, le vrai, je l’avais déjà fait une fois ; et plus jamais je ne voulais que ça se reproduise. En le contemplant d’un œil extérieur, j’étais ridicule, et j’avais plutôt envie d’en rire qu’en pleurer, qui était cette petite chose qui se laissait écraser et traîner ? Sauf que quand je réalisais que cette personne c’était bien moi, que c’était réel, l’image du petit rire sardonique me quittait immédiatement.

Il y avait la main de Lilian sur l’accoudoir, et je n’arrivais pas à savoir si elle l’interprétait comme je l’interprétais. Etait-ce une tentative de réconciliation ? L’heure n’était plus aux hésitations, et timidement, je glissais ma main sur la sienne, toute osseuse, comme si ses articulations était faites dans un cristal parfait mais sans aucune résistance. J’avais l’impression d’étreindre la main d’une petite fille. Si ce contact me parut étrange au premier abord, je ne bronchais pas, je ne voulais pas qu’elle remarque que je regardais sa main, je ne voulais pas qu’elle pense que je la jugeais.


-On doit unir nos forces, ça va te paraître stupide mais je pense que j’ai besoin de toi et réciproquement, esquissais-je prudemment. Il ne reviendra pas, parce qu’il veut être avec Taylord, et tu dois l’accepter. Mais comment pouvais-je lui demander d’oublier alors que j’étais incapable de faire de même ? Je l’avais la réponse ; elle avait la force de le faire. Ce n’était pas mon cas.
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Lilian Easter


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Âme soeur: Iron Man, Thor, Captain America… Je ne donne que dans les super héros parce qu'ils savent m'envoyer au septième ciel. Oui, vous voyez tous ce que je veux dire.

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MessageSujet: Re: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeVen 3 Fév - 18:58

Haruhi était tellement changée. Tout ce que Lilian connaissait en elle semblait avoir disparu. Haruhi n’allait pas mieux qu’elle et peut-être tout aussi mal. Mais la sirène ne savait pas pourquoi. Elle lui apparaissait comme une étrangère, une nouvelle jeune fille qui était venue la remplacer. Et cette jeune fille semblait incarner toute la douleur, toute la misère et la tristesse qu’Haruhi portait sur ses épaules. On aurait dit un petit être fragile qui menaçait de s’effondrer à un moment ou un autre sous ce poids tellement il lui pesait et l’écrasait petit à petit. Elle ne connaissait pas cette Haruhi, cette jeune fille assise non loin d’elle sur le canapé et pourtant, tout en elle, ses traits, son visage, ses yeux, tout lui rappelait une autre jeune fille. Une jeune fille avec qui elle avait partagé des éclats de rire, des secrets, des sourires. Mais ce n’était pas elle en face. Même perdue dans son propre calvaire, dans les propres ruines de son royaume détruit, Lilian s’en était aperçue : elle avait remarqué que sa jeune amie n’allait pas bien. Mais elle ne savait pas pourquoi. Haruhi était ainsi : elle encaissait tout sans jamais rien dire. Elle encaissait tout, même les malheurs de ses amis et de ses proches et quand c’était à son tour d’être confrontée à la dure réalité et de la vie et ses écueils, elle perdait pied, trébuchait et chutait, emportée par le poids de tous ces malheurs et chagrins qui reposaient sur ses trop frêles épaules.

Non Haruhi n’était pas du genre à épancher ses chagrins comme cela, elle retenait tout en elle, pensant sûrement que cela dérangerait ses amis de l’entendre se plaindre, de l’entendre et la voir pleurer parce qu’elle était à bout, qu’elle en avait assez, qu’elle n’en pouvait plus de tout supporter parce que finalement, elle avait beau tout essayer pour faire comme si tout allait bien, les traits tirés de son visage et ses yeux fatigués ne la trahissaient que trop bien. Peut-être était-ce parce qu’elle passait son temps à mentir aux élèves que Lilian l’avait remarqué ; elle aussi faisait croire qu’elle allait bien. Oh certes la rupture avec Chuck l’affectait quelque peu mais cela lui était presque égal. Mensonges. Cela lui était tout sauf égal. Elle n’arrivait pas à s’en remettre. La nuit quand elle faisait ses cauchemars, c’était à chaque fois la scène de sa rupture qui se déroulait à nouveau devant ses yeux. Cela lui était insupportable mais elle continuait. Elle continuait à sourire aux élèves car c’était ce qu’ils voulaient : ils voulaient voir la Sirène sourire, ils voulaient voir la Sirène rire, ils voulaient voir la Sirène séduire, ils voulaient voir la Sirène vivre. Et en réalité, peu leur importait de savoir si elle était sincère ou jouait la comédie, du moment qu’elle leur apportait ce qu’ils souhaitaient. Mais cela ne plaisait pas à Lilian de voir Haruhi mentir et dans un tel état. Elle la connaissait plus forte mais cette Haruhi semblait avoir disparu et elle ne saurait dire depuis quand. Elle ne saurait dire depuis quand cette jeune fille avait remplacé sa jeune amie parce qu’elle ne s’en était aucunement souciée depuis la prise d’otages.

Haruhi et Lilian avaient dérivées chacune vers des horizons différents qui ne leur avaient pas permis de se retrouver et de reparler comme avant. Parce qu’elles étaient trop occupées à panser leurs plaies, soulager leur peine qu’elles n’avaient pas emprunté les éventuels chemins qui leur auraient permis de se rejoindre. Pourquoi ? Il semblait que ni l’une ni l’autre n’ait de véritable excuse car à chaque fois elles semblaient se bercer et se voiler la face en évoquant d’autres excuses, plus ou moins fondées peut-être. Cependant, la belle éprouvait presque de la peine envers Haruhi qui tentait de cacher tant bien que mal les maux qui la rongeaient. Elle aurait voulu voler à son secours, lui prêter son épaule ou même l’écouter mais une part d’elle refusait toute tendresse car cela signifierait s’abaisser et déposer les armes à ses pieds. Pourtant elle tenait réellement à savoir ce qui la torturait à ce point pour qu’elle soit dans un tel état. On aurait dit un fantôme, une âme en peine qui ne cesse d’errer jusqu’à ce que l’objet de son errance ne soit définitivement éteint. Et Lilian ne pourrait l’aider si elle n’en connaissait pas l’origine. Or cette part trop fière et orgueilleuse de la rouge et or refusait tout acte de la sorte car c’était grâce à cet orgueil qu’elle était parvenue à gravir les échelons et régnait désormais sur Poudlard en véritable souveraine de la séduction et de la beauté. Et Haruhi avait beau être son amie, le fossé qui les séparaient dorénavant était bien trop grand pour le traverser d’un seul saut.

Ni l’une ni l’autre ne savait qui ferait le premier pas car au final, elles avaient toutes les deux de véritables arguments qui leur interdisaient presque de prendre la tête des opérations. Lilian était trop orgueilleuse et Haruhi préférait attendre pour que l’on ne s’intéresse pas à ses propres problèmes. C’était presque horrible d’en arriver là. Les deux jeunes filles donnaient l’impression d’être des étrangères ou de très proches amies perdues depuis de nombreuses années alors que cela ne faisait, au final et malheureusement, que quelques mois. Mais les choses s’étaient déroulées tellement vite que ces quelques mois contenaient en eux l’équivalent de plusieurs années. Certains jours leur avaient parus bien longs mais elles n’avaient rien fait pour essayer de les écourter en passant du temps ensemble. Comme avant. Rien ne serait plus comme avant. Trop d’eau avait coulé sous les ponts. Trop de larmes avaient été versées. Trop de cris avaient été hurlés. Trop de fois la douleur et la souffrance avaient imprimé leurs traits et tenaillé leurs corps. Trop de fois elles s’étaient évitées. Trop de fois elles s’étaient dévisagées comme des étrangères. Non, plus rien ne serait jamais comme avant. Néanmoins, Lilian n’était pas sûre de vouloir remonter le temps si elle avait pu le faire. D’un côté oui car cela lui aurait peut-être évité cet état inquiétant mais d’un autre côté, elle pouvait désormais voir une autre facette d’Haruhi, un côté qu’elle cachait et qu’elle n’aurait sûrement jamais vu si elle avait continué à lui envoyer des sourires et la serrer dans ses bras comme une sœur. Si elles avaient continué à se voir, peut-être que Lilian se serait quelque peu inquiétée quand elle aurait su que sa jeune amie était descendue dans la salle commune en pleine nuit. Mais sous les paroles rassurantes d’Haruhi, elle aurait cru alors à l’hypothèse d’un cauchemar et n’aurait plus rien dit. Parce qu’au final, on se ment tous et peut-être encore plus entre amis dès que quelque chose ne va pas.

Mais là, elle voyait très nettement la détresse qui habitait les grands yeux sombres de la jeune asiatique qui désormais se mordait la lèvre. Percée à jour, elle ne tenait cependant pas à l’avouer. Lilian sentit qu’elle venait de toucher un point sensible et d’abord elle crut qu’Haruhi suivrait son sens, se rappellerait du poids devenu insupportable sur ses épaules et s’abandonnerait au récit de ses malheurs ; il n’en fut rien et cela déçut presque Lilian.


-On doit unir nos forces, ça va te paraître stupide mais je pense que j’ai besoin de toi et réciproquement

En même temps, elle avait posé délicatement sa main sur celle aux doigts de fée de la sirène qui ne cessait de fixer son visage cireux. C’était comme si Haruh craignait de briser la statue de cristal qu’elle était, comme si elle craignait de la voir disparaître en poussière et Lilian comprit que c’était à cause de sa maigreur inquiétante. Mais il n’y avait pas que son état dont il fallait s’inquiéter ; celui d’Haruhi était tout aussi critique. Elle ne tenait toujours pas à dévoiler cette part sombre qui l’habitait et la rongeait petit à petit mais la belle ne voulait pas la brusquer, ne voulait pas la forcer parce qu’elle se remettait à peine de la chute de son royaume qu’il était encore un peu trop tôt pour elle pour se préoccuper des autres.

- Ta stupidité est de croire que je vais tout de suite te tomber dans les bras alors qu’il y a trop longtemps qu’on ne s’est pas parlé.

La sécheresse de Lilian avait passé la barrière de ses lèvres inconsciemment, sans qu’elle s’en rende compte et dénaturait complètement avec son comportement des minutes précédentes. D’ailleurs, la jeune fille le regretta immédiatement. Mais ce soir, elle n’avait pas forcément envie d’être l’épaule sur laquelle Haruhi pourrait pleurer, elle n’avait pas envie d’être le bras qui l’entourait pour la serrer contre elle. Non, ce soir, elle n’avait pas réellement envie d’être l’amie d’Haruhi Michiko parce qu’elle était bien trop mal, bien trop faible pour encaisser ses malheurs. Et ce que dit Haruhi ensuite n’arrangea en rien ses pensées.


- Il ne reviendra pas, parce qu’il veut être avec Taylord, et tu dois l’accepter.

Un éclair traversa furtivement les deux azurs de la sirène dont les traits du visage se durcirent immédiatement. Son regard se fit plus froid et elle ôta sa main d’en-dessous de celle d’Haruhi. La reine se releva de toute sa stature et se dirigea lentement vers une des fenêtres de la salle commune. Celle-ci avait prononcé les paroles impardonnables, qui meutrissaient sans scrupules le coeur de Lilian. Droite, elle plongea son regard dans l’immensité envoûtante de la nuit dont le manteau de velours brillait d’étoiles et où la lune en fin croissant éclairait faiblement le parc du château. Elle ne sait pas combien de temps elle resta murée dans le silence, à observer la nuit qui s’étendait à perte de vue.

- Tu sais ce qu’il m’a dit le jour où il m’a quitté ? Demanda-t-elle sans détourner les yeux de la fenêtre. Sa voix cristalline était presque grave, dénuée de toute douceur. Il m’a dit qu’il voulait être seul, qu’il voulait être libre. De dos, Haruhi ne pouvait pas voir les larmes qui embuaient ses yeux ni son menton qui se levait pour conserver ainsi toute sa dignité et son orgueil légendaire. Cependant, il lui serait assez facile de percevoir les sanglots qui montaient dans sa gorge mais qu’elle se forçait à retenir. C’est cela qui me fait le plus mal. Ce n’est pas tant qu’il soit parti avec l’une de mes meilleures amies, c’est le fait qu’il m’ait menti alors que je ne l’aurais jamais fait.

Là, la Sirène se retourna, impressionnante dans la tristesse et ne cherchait plus à cacher ni à retenir ses larmes.

- Tu vois, c’est à cause de lui et de ses mensonges si j’en suis là. Alors ne cherche pas à me faire croire que toi tu vas bien parce que ce n’est pas vrai !

C’était la première fois qu’elle parlait de la sorte à Haruhi. La première fois qu’elle parlait ainsi depuis le début de la soirée. Lilian savait que si elle ne poussait pas Haruhi à bout, elle ne cracherait pas le morceau et continuerait à se renfermer et à encaisser. Elle devait comprendre que tout encaisser n’était pas possible, qu’il faudrait qu’elle s’ouvre à ses amis sinon elle continuerait de sombrer et arriverait à un moment où elle ne parviendrait plus à émerger de nouveau. Et peut-être que cela permettait aussi à la Sirène d’oublier un instant ses propres problèmes ; oublier un instant ses ailes qui refusaient de se déployer pour saisir la main d’une fille qui avait tout autant besoin d’aide qu’elle, même si elle le faisait avec sécheresse. Parce que,d e toute façon, rien ne serait jamais plus comme avant.
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Haruhi Michiko


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MessageSujet: Re: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeSam 11 Fév - 18:50

"That's me in the corner, that's me in the spotlight
Losing my religion, trying to keep up with you
And I don't know if I can do it, oh no I've said too much
I haven't said enough"


C’était comme si nous étions des funambules tanguant sur un fil tendu dans les airs ; à chaque extrémité, nous tendions la pointe, mais on ne cessait de reculer et d’avancer et bien sûr, il y avait le vide, le danger, qu’une de nous tombe et brise cet équilibre précaire. Pas de filet pour nous rattraper, si nos élégantes pointes de satin rose décidaient de nous abandonner et nous envoyait directement vers le point de non-retour. Lilian était à l’autre bout du fil, en même si loin et si proche. Aucune de nous n’arrivait à trouver le courage de faire toute la traversée. Parce qu’il y avait des risques. Qu’on avait ni l’envie, mais surtout la force de prendre. C’était comme si moi et celle qui avait été autrefois mon amie étions vidées de tout, de notre sang, de notre joie, des sentiments qui auraient pu nous réjouir, il ne restait plus que les blessures, la douleur, la rage et l’envie de tout laisser tomber parce que prendre le problème à bras le corps vous rappelle le poids de vos remords.

Je ne saurais dire ce que je ressentais face à un miroir désormais ; il y avait bien sûr l’image d’une jeune femme aux cheveux bruns qui s’y reflétait. Mais quand j’approchais, c’était comme si l’âme qui emplissait le corps s’était évaporée, dans des volutes ravissantes mais si rapides qu’on ne comprenait pas comment cela avait pu arriver. J’aurais tant donné pour connaître le remède à cet état léthargique et nocif qui s’infiltrait peu à peu, qui nous foudroyait tous un jour ou l’autre…Il y avait bien sûr ceux qui l’avaient en eux, d’un naturel pessimiste et qui n’attendait rien de la vie ; et ceux qui alors que tout leur souriait un jour avait vu se renverser la face du monde, et se trouvaient comme des âmes errantes.

J’aurais voulu l’avoir cet antidote, pour soigner aussi les failles de Taylord, les larmes de Lilian, les blessures de Scarlett. C’était trois personnes que j’aimais ; et face aux trois j’étais restée impuissante. A différents degrés, j’avais touché du bout des doigts à leur souffrance mais pas suffisamment pour leur porter secours. Taylord s’était relevée, même si je savais qu’on efface jamais le passé, de même pour Scarlett ; et voilà maintenant que c’était Lilian, déesse de beauté et de séduction qui se retrouvait plus bas que terre, et son masque de perfection se fanait peu à peu. La vie avait laissé orpheline Taylord ; volé son père et sa mère à Scarlett qu’elle retrouvait treize ans après, privé Lilian de son frère. Quant à moi, le visage de mon père était seulement celui d’une ombre dans le brouillard. Tant de parallèles entre mes plus proches amies et avec moi me donna un haut le cœur. C’était toujours les mêmes qui souffraient. Je m’accrochais à la main de Lilian , cherchant du réconfort, mais à travers ces veines bleuâtres, cette peau translucide, je ne voyais que l’incroyable fragilité qu’elle avait peut-être finalement, toujours eue. J’avais été idiote de croire que Lilian puisse surmonter toutes les épreuves qu’elle subissait avec le sourire. Parce que derrière son sourire brillant se cachait toutes les choses plus ternes que personne ne voyait.

J’attendais un signe de la part qui me montre qu’elle voulait faire un pas vers la réconciliation. Je n’avais pas envie de lutter, de la blesser, les mots acides du début de notre entrevue m’avaient suffi amplement. J’étais incapable de laisser Lilian comme ça, pas encore une fois. Si avant j’avais pu me cacher derrière les illusions que je m’étais monté sur elle, maintenant je l’avais percée à jour. Elle était une âme égarée qui n’avait aucune idée dans quelle direction elle allait et qui prétendait le savoir.

Lilian et moi nous confondions dans nos attitudes ; je ne lui avais jamais autant ressemblé. Et réaliser que j’aurais bien pu ne jamais remarquer sur quelle pente dangereuse elle s’entraînait, ça me serrait le cœur encore plus intensément. Comment avais-je pu être aveugle à ce point ? Notre soirée de l’année derrière me revenait en tête, je me souvenais du goût de ma première Biéraubeurre en sa compagnie, du son de nos rires et des poses extravagantes que nous prenions sur les photos. Un infime intermède avait craquelé cette bulle de bonheur et de jeunesse, lorsque Lilian avait évoqué Felton, son grand frère qui avait disparu. J’avais vu inévitablement que ça la touchait, ça m’avait poussée à me confier à elle mais nous avions embrayé sur des sujets plus futiles. Le bref regard de souffrance de Lilian s’était alors dissipé et je n’y avais plus jamais pensé. C’était ce même regard qui la hantait ce soir.


- Ta stupidité est de croire que je vais tout de suite te tomber dans les bras alors qu’il y a trop longtemps qu’on ne s’est pas parlé.

La compassion que j’avais pour elle se brisa un peu plus ; sa voix était sèche, froide et tranchante. Je serrais les poings, je mordais les lèvres pour éviter de répondre, je ne voulais pas répliquer en lui balançant les mêmes mots blessants. Sa main se détaché de la mienne brutalement, comme si elle avait regretté d’avoir un instant de faiblesse où elle avait envisagé notre réconciliation. Je brûlais de lui répondre, ayant mon orgueil, mais immédiatement, je pensais aux conséquences. Je savais qu’il n’y aurait plus d’espoir si j’entrais dans son jeu.

- Tu sais ce qu’il m’a dit le jour où il m’a quitté ? Il m’a dit qu’il voulait être seul, qu’il voulait être libre. C’est cela qui me fait le plus mal. Ce n’est pas tant qu’il soit parti avec l’une de mes meilleures amies, c’est le fait qu’il m’ait menti alors que je ne l’aurais jamais fait. Tu vois, c’est à cause de lui et de ses mensonges si j’en suis là.

Je sentis que quelque chose avait muté, que ça avait dévié, ce n’était même plus de notre amitié ni des mes erreurs qu’il s’agissait. Je lisais dans sa voix pleine de sanglots qu’elle revivait tous les moments avec Chuck, des plus beaux à ceux qui l’avaient anéanti, que tout le fil se retraçait, et qu’elle était partie loin, loin de la salle commune de Gryffondor et de moi, et que ce n’était que Chuck qu’elle voyait. « Il » , disait-elle avec réserve, ne voulant même plus que le nom de celui qui l’avait trahi selon elle effleure ses lèvres. Mais encore une fois, je ne pouvais pas la juger. Un visage refusait aussi de quitter mon sommeil, mes rêves m’empêchant d’avancer.

-Je crois que ni Taylord ni Chuck n’avaient pleinement conscience de leurs sentiments…et tu ne peux pas me faire croire que tu l’aurais mieux accepté s’il t’en avait parlé. Tu savais que Chuck ne resterait pas éternellement, il ne t’a pas menti à ce sujet, électrochoc. Je n’avais plus que ça pour la faire réagir et accepter le fait que Chuck ne reviendrait pas vers elle. Comme Taylord ne retournerait pas à Scott. Reconsidère ça, Lilian. On ne t’a jamais menti.


-Alors ne cherche pas à me faire croire que toi tu vas bien parce que ce n’est pas vrai !

J’aurais voulu dire que je ne comprenais pas pourquoi elle en revenait à moi ; mais en réalité, tout était très clair. Je venais de jurer n’avoir jamais menti, et chaque jour, je dérogeais à ce serment. Elle ne supportait pas que je cache, que je mente, alors qu’elle se livrait totalement, me laissant apercevoir tout ce mal-être auquel je ne pouvais rien. Elle désirait que j’en fasse de même, pour que nous soyons sur un pied d’égalité. Je ne pouvais pas lui dire. Parce que moi-même, j’ignorais ce qu’il y avait à dire, à ressentir, à penser. Tout se bousculait dans mon cœur et mon esprit, tout était confusion et j’étais sensée savoir ? C’était impossible. Je voulais me protéger, et ça impliquait de ne pas répondre. Je restais murée dans mon silence, incapable de lui fournir la moindre explication. Je ne pouvais pas me confier à elle ; non je ne pouvais pas, je ne savais même pas si j’en étais capable avec une de mes proches amies, et Lilian ne l’était plus. Je ne pourrais pas l’empêcher de faire des milliers d’hypothèses ; et je savais qu’au bout du compte elle comprendrait. Elle le comprendrait au moment venu. Ce n’était pas maintenant.

Tu vois la manière dont tu me parles ? Tu vois où tu en arrives ? Je ne te reconnais plus, j’avais été agressive parce qu’il fallait que ça sorte ; je ne pouvais pas contenir ça plus longtemps. Et je vais parfaitement bien, plus je cherchais à la convaincre, plus je m’enfonçais. Je sentais qu’elle avait décelé en moi ce que je voulais cacher, et toutes les barrières qui barraient notre passage n’avaient pas suffi pour protéger mon mensonge, qui aujourd’hui, ne tenait plus qu’à un fil.
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Ami(e)s: Vous voyez mon dressing ? Tous mes amis sont dedans. Je parle de mes fringues et de mes chaussures. Non les vrais amis, c'est une autre histoire.
Âme soeur: Iron Man, Thor, Captain America… Je ne donne que dans les super héros parce qu'ils savent m'envoyer au septième ciel. Oui, vous voyez tous ce que je veux dire.

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MessageSujet: Re: Les ailes froissées [PV]   Les ailes froissées [PV] Icon_minitimeDim 11 Mar - 12:36

Lilian ne savait pas à qui elle en voulait le plus : à Haruhi de ne pas vouloir se confier et qui refusait en bloc de cracher le morceau, pensant certainement que c’est en gardant son lourd secret qui lui pesait que tout irait mieux, qu’à force, elle finirait par s’y habituer et apprendrait à vivre avec, tant bien que mal, ou bien si elle s’en voulait à elle, d’être tombée si bas alors que toute sa vie, ni elle ni personne n’aurait jamais imaginé une telle chose. Parce qu’au final, et même si cela crevait les yeux, qu’elle transpirait la séduction, elle s’était attachée à Chuck plus qu’elle ne l’aurait imaginé et de le voir partir avait été et était encore actuellement pour elle était la chose la plus douloureuse qu’elle devait affronter, après le départ de Felton. Cela avait fait l’effet d’une bombe : LA Sirène de Poudlard quittée pour une simple texane qui était aussi fine qu’une pauvre brindille. Et la bombe avait causé bien des dommages et touché Lilian de plein fouet. La belle se remettait à peine de ses blessures qui par moments, continuaient de saigner parce qu’à force de soulever le pansement qui les recouvrait, les plaies ne guérissent pas et la cicatrisation se fait bien plus lentement. Mais pour la jeune fille c’était comme un moyen de se rappeler son état, pourquoi elle s’infligeait cela, toute cette maigreur et nicotine. Et, aussi malheureux soit-il, cela la réconfortait presque car elle se disait qu’elle ne pouvait faire autrement, que c’était le prix à payer de sa rupture et surtout de son amour pour Chuck. Puis elle se disait qu’à force, qu’au bout de quelque temps, quelqu’un se rendrait bien compte qu’elle n’allait pas bien et volerait à son secours pour l’aider à se relever et à redéployer ses grandes ailes blanches.

Dans cette aide, elle aurait bien aimé voir la personne d’Haruhi mais ses espoirs s’étaient effondrés pour se fracasser en mille morceaux sur le sol quand elle avait vu la jeune fille avec sa nouvelle rivale rire et parler toutes les deux dans la salle commune le jour du bal de Noël. Ces rires lui étaient restés en travers de la gorge et elle peinait encore à les avaler. Elle savait pertinemment que Taylord et Haruhi s’entendaient bien et étaient très proches, grand bien leur fasse car cela ne la dérangeait aucunement quand elle prenait part à ces discussions et ces éclats de rire. Mais depuis sa rupture nette et tranchée avec Taylord, elle crachait dessus et serait même prête à tout mettre en œuvre pour pourrir leur amitié. Cependant, la belle était forcée d’admettre qu’Haruhi avait raison : elle ne pouvait lui demander de choisir entre Taylord et elle parce qu’en réalité, son choix était déjà fait. Et ce, depuis la prise d’otages. Les deux jeunes filles avaient resserré leurs liens et ceux entre Haruhi et Lilian s’étaient au contraire distendus. Ce soir, il ne restait presque plus rien ; les lambeaux persistaient encore difficilement mais leur déchirement était imminent.

Lilian savait que ce n’était pas le moment : après Chuck et Taylord venait le tour d’Haruhi et que dans son état, elle ne pouvait pas se permettre de rester seule mais de savoir que cette dernière partageait indirectement une partie de leur bonheur la rendait malade. Pourtant, Dieu sait qu’Haruhi n’allait pas bien. Quand elle parlait, ses grands yeux sombres affirmaient le contraire de ce que disait sa bouche. Pourtant elle avait besoin d’aide, elle avait besoin de quelqu’un pour l’aider à sortir de son calvaire et de cette souffrance qui l’accompagnait inlassablement à chaque fois qu’elle errait entre les ruines de son royaume. Elle pensait qu’Haruhi aurait été la personne idéale pour cela mais dans son état, il était clair qu’elle ne pouvait pas trop lui en demander. Elle ne pouvait même rien lui demander. La jeune japonaise lui apparaissait si faible que le moindre effort menacerait de la briser et au final, elle lui faisait bien trop de peine pour lui infliger cela. Car même si elle était sèche envers elle, Lilian n’avait pas le cœur à la faire davantage souffrir ; elle l’avait déjà bien trop fait ce soir. Parce qu’elle était ainsi ; trop fière et trop blessée dans son orgueil, tout était bon pour elle de rejeter la faute sur n’importe qui et ce soir, c’était sur Haruhi, quand bien même elle n’y était pour rien. Aux yeux bleus de Lilian, son seul crime était son amitié envers Taylord qui depuis quelques jours, avait endossé le rôle de rivale. Lilian se doutait de la puérilité de ses actes mais c’était pour elle la seule manière de montrer qu’elle n’était, qu’elle ne paraissait pas aussi faible qu’elle ne l’était.


-Je crois que ni Taylord ni Chuck n’avaient pleinement conscience de leurs sentiments…et tu ne peux pas me faire croire que tu l’aurais mieux accepté s’il t’en avait parlé. Tu savais que Chuck ne resterait pas éternellement, il ne t’a pas menti à ce sujet.

Le regard toujours perdu dans l’immensité de la nuit, Lilian serrait les poings et se mordait ses lèvres roses pour ne pas se laisser submerger par les larmes. Force est d’avouer qu’Haruhi n’avait pas tout à fait tort mais toujours fière, même dans la tristesse, la Sirène refusait d’y croire. Chuck lui avait menti. Taylord lui avait menti. Chuck l’avait plaquée. Taylord et elle, c’était de l’histoire ancienne. Tout n’avait été que désillusion pour elle ces derniers temps et désormais, elle refusait de croire à tout ce qu’on lui racontait, de peur de voir une nouvelle fois ses espoirs disparaître.

Pour elle, Chuck à la fin de leur relation, avait eu pleinement conscience de ses sentiments envers Taylord et inversement. Sinon elle n’aurait pas plaqué Scott.


- Reconsidère ça, Lilian. On ne t’a jamais menti.

C’en était trop pour la belle. Furieuse devant cette vérité, elle fit volte-face et plongea ses yeux à la lagune trouble dans ceux d’Haruhi. Cependant, elle n’eut pas la force de contester, ses sanglots l’empêchant littéralement de prononcer le moindre mot. De rage, sa poitrine se soulevait à un rythme endiablé tandis qu’elle tentait de reprendre son calme, ce qui pour l’instant s’avérait impossible. Elle avait envie de s’écrouler sur le sol, de déposer les armes face à toute cette tristesse et de tout abandonner car elle n’arrivait même plus à garder la tête haute. Son errance dans le monde des humains semblait ne jamais prendre fin et il lui paraissait qu’à jamais elle restait coincée ici-bas, qu’il lui serait impossible de remonter sur le mont Olympe d’où elle était issue. Elle était condamnée à souffrir autant qu’Haruhi, ici, assise sur le canapé et qui se mentait à elle-même.

- Tu vois la manière dont tu me parles ? Tu vois où tu en arrives ? Je ne te reconnais plus.

Lilian releva son visage torturé par les larmes et le chagrin, interpellée par les paroles de la jeune fille.

- Parce que tu crois que je te reconnais ? Regarde-toi Haruhi ! Tu n’es plus comme avant. Elle lui lançait un appel à l’aide, pour qu’elle se ressaisisse à temps et ne termine pas comme elle parce qu’à ce moment, la pente serait bien plus dure à remonter.

D’une main elle essuya vainement une larme sur sa joue gauche alors que ses yeux continuaient à en être embués. Au début elle croyait que c’était elle qui avait besoin d’aide mais force est de constater qu’Haruhi également. Mais comme à son habitude, la japonaise continuerait de nier en bloc, croyant que cela arrangerait les choses alors que pas du tout et que ses mensonges ne se verraient pas. Cependant, elle n’était pas comme Lilian qui avait appris à mentir presque comme elle respirait quant à son état post-rupture. Le soir, toute la vérité réapparaissait en même temps que le soleil descendait de l’autre côté de l’horizon pour laisser place à sa sœur. La Sirène voyait de nouveau ses côtes et ses joues qui se creusaient mais pour elle, c’était le prix à payer pour être tombée amoureuse alors que tout en elle criait le contraire. Haruhi, contrairement à elle, n’avait rien à prouver à personne alors pourquoi s’enfermait-elle dans un tel état ?


- Et je vais parfaitement bien.

De nouveau, ses paroles la frappèrent de plein fouet et ses mots précédents lui revinrent en mémoire. A nouveau, la Sirène se rapprocha du canapé pour se retrouver juste derrière Haruhi. Elle posa délicatement ses deux mains sur le dossier du canapé comme pour s’aider à rester debout.

- Non tu ne vas pas bien alors arrête de me dire qu’on ne m’a pas menti. Tu es en train de le faire.

Alors que sa tête s’était baissée vers celle d’Haruhi, elle se releva et fixa le feu qui continuait de danser dans l’âtre de la cheminée et ce, depuis le début de leur discussion.

- Haruhi, n’aies pas peur de demander de l’aide avant qu’il ne soit trop tard. Sur ces dires, Lilian ôta sa cape de ses épaules et la posa doucement sur celles d’Haruhi. Ça me ferait trop de mal si je te voyais devenir comme moi. Référence directe à sa maigreur et son état inquiétants, elle ne voulait pas que son amie subisse le même sort.

Haruhi trouverait un ange pour lui tendre la main et l’aider à sortir de cette pénombre et lui faire revoir la lumière du soleil. Parce que tout n’était pas encore joué, elle pouvait s’en sortir en se confiant à la bonne personne. Mais sûrement pas à Lilian. Celle-ci avait bien trop encore de fierté rancunière en elle pour la réconforter et bien que cela lui pince le cœur, elle ne pouvait pas faire autrement. Toujours derrière elle, Lilian enserra doucement Haruhi par le cou et appuya son visage sur sa chevelure d’ébène. Peut-être qu’une dernière larme coula sur la mer sombre, elle ne s’en rendit pas compte. Faible et attendrie pour la dernière fois ce soir, elle desserra son étreinte et se redressa de toute sa stature. Il était temps pour elle de se retirer. Encore condamnée à supporter la vision de son royaume détruit, elle ne voulait pas l’imposer à Haruhi qui se relèverait bien assez tôt pour à nouveau marcher seule et sourire comme avant. Pas comme elle. Elle devrait prendre son mal en patience, continuer à mentir en faisant comme si tout allait bien alors que son cœur se pinçait et saignait bien trop souvent à la vue de Chuck et Taylord. La fille de la perfection devrait continuer son chemin parmi des ruines et attendre que ses ailes d’ange guérissent peu à peu. Pour l’instant elle restait une ombre sans soleil, errant avec ce chagrin qui ne quittait plus ses grands yeux autrefois pétillants de beauté. Haruhi reverrait très bientôt la lumière du ciel et ses sourires illumineraient de nouveau son visage malicieux. Pas elle.


FIN
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