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I shot for the sky |Scarlett.

 
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 I shot for the sky |Scarlett.

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Ophelia Ivanova


Ophelia Ivanova
Élève de 4ème année



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Nombre de messages : 559
Localisation : Maman dit qu'il ne faut pas se confier à n'importe qui... Le Grand méchant loup rôde, d'après Perrault ! :D
Date d'inscription : 30/08/2011

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Particularités: Animagus non déclaré Panda Roux, princesse perdue dans la forêt à ses heures perdues.
Ami(e)s: Scott, Theo ♥
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MessageSujet: I shot for the sky |Scarlett.   I shot for the sky |Scarlett. Icon_minitimeJeu 22 Déc - 16:16


https://i.servimg.com/u/f41/11/91/06/61/rb-90010.jpg


Qui elle avait été. Elle avait été comme en pause durant plusieurs années, et c'était comme si quelques personnes qui avaient été tout au final étaient venues activer le bouton marche. Sauf que pendant le temps où elle avait été en veille, elle avait vieilli, parce que les mammouth conservés dans la glace et qui ne vieillissent pas, ça n'existe pas. Alors que son visage rond d'enfant jusqu'alors figé se transformait en visage de femme, ce fut le moment de fermer le livre, de le donner à sa fille, de la faire rêver sans oublier de lui dire, de lui dire et lui redire que jamais, jamais la vie ne serait aussi douce que dans un conte, et qu'il fallait se battre.

- L'année où tu es partie -non non, laisse moi finir-, je suis entrée à Poudlard avec un mauvais pressentiment. Vous aviez toujours fait en sorte que je ne pleure jamais, et pourtant je n'étais pas le genre d'enfant à pleurer pour un rien, à agir comme une pourrie gâtée, j'étais juste... Heureuse. Enfin je le pensais.

__

Le bal. Non mais, franchement, il devait y avoir eu quelqu'un, qui s'arrangeait pour transformer tout en ironie du sort, rien que pour se moquer de cette Ophelia absurde que j'étais. Un bal . Aussi invraisemblable que ça pouvait l'être, j'avais vu le bal de Noël comme le dénouement heureux de l'histoire. Non mais franchement, allô.
Oui, parce que le fait que mes parents m'aient renvoyée dans cette école, ce château où la seule chose de familière à mes yeux était Scott et ses deux horribles sœurs après trois ans d'études, c'était comme si ça avait été le drame de ma vie, l'équivalent de la tentative d'empoisonnement de la Reine. Sauf que là, apocalypse : La Reine était mes parents. Mes parents étaient la Reine. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il fallait que mes parents deviennent la méchante Reine ? Je leur en avais voulu. Oui, moi, la petite Ophelia, j'avais reproché à mes parents d'être aussi cruels, méchants, abominables. Les années à Poudlard auraient pu paraître des plus banales à un œil extérieur, mais pour moi, ces trois années s'étaient déroulées tellement lentement, comme si Le quelqu'un s'amusait à stopper le temps quand il le souhaitait pour le rendre plus dur à vivre. J'avais souffert. Souffert des visages moqueurs qui me fusillaient, me menaçant cruellement comme le fusil du chasseur. Parce que oui, les élèves étaient des chasseurs, qui avaient entendu ma réputation de petite Princesse, mais le truc, c'est que ça ne les faisait pas du tout rire. Les Chasseurs sont cruels vous savez, avant le moment où ils décident de faire tourner l'histoire en devenant des gentils chasseurs. OK, vous ne suivez plus. Le Chasseur, il ne donne pas le cœur de la Princesse à la Reine, poinpoinpoiiiiin. C'est bien pour ça qu'il devient gentil, on est d'accord ? Sauf que le Chasseur, il a été méchant parce qu'il a suivi les consignes de la Reine avant de tomber sous le charme de la Princesse et change d'avis ! Personne n'est parfait, comme on dit. Enfin, sauf la princesse.

En parlant de Princesse. Tout le temps que j'avais pu, je l'avais passé cloîtrée dans mon dortoir -l'équivalent de la Tour de Raiponce, parce que oui, Serdaigle → Tour, donc tout coïncide, eeeeeh oui-, pour échapper aux méchants Chasseurs, aux gardes, et j'étais sûrement persuadée que tout allait se faire tout seul pendant le bal. Parce que Cendrillon, lorsqu'elle va au bal, et bien, personne ne l'invite. En tout cas pas le prince. Il finit par l'inviter à danser au bal, oui, et il tombe amoureux et décide de l'épouser, et là c'est le dénouement heureux que j'attendais. Ainsi, j'avais presque exprimé une zen attitude en sortant de mon dortoir quelques jours avant le bal pour demander à mes parents -C'est là où les parents → Méchante Reine, ça marche plus, mais bon... Bref- une robe de bal. Je me croyais peut-être dans un conte, mais je savais quand même que les Marraines la bonne fée ça n'existait pas, quand même, voyons ! Je n'étais pas... Si naïve que ça. Tout ça pour dire que j'avais reçu ma robe quelques heures avant le bal, heures que j'avais passé à me préparer comme si ma vie en dépendait. J'imaginais le regard de Scott lorsqu'il me verrait entrer dans la Grande Salle avec ma belle robe, et je sautillais sur place. Hop, quelques fleurs dans les cheveux. J'aurais presque fait apparaître quelques oiseaux qui auraient chanté une douce mélodie sur mon passage. Non, je plaisante.

Lorsque ça avait été l'heure, je m'étais promis d'être de retour pour minuit -et non, je ne l'avais pas fait exprès. Je pensais juste que les bals se finissaient
forcément à minuit-, et de promettre à Scott que j'allais l'aimer, le chérir, l'aduler, bref, l'aimer. La vérité c'est que je n'étais pas au courant de ce qui arrivait à Scott à ce moment là, sa rupture avec Taylord -sa relation avec elle tout court-, le chagrin qui en résultait, et que si je l'avais appris, je me serais sûrement dit que ce n'était pas si grave que ça, puisque j'étais persuadée que la nature allait faire son œuvre à un moment, et que nous finirions par nous aimer pour toujours, comme ça avait d'ailleurs toujours été le cas. Je n'avais pas conscience des efforts de Scott pour me dissimuler tout ça, et j'aurais sûrement été blessée de le savoir sur le moment, car j'aimais à me dire que je savais tout de Scott et inversement. Il était mon ami d'enfance, mon amoureux du bac à sable -mais le sable c'était trop salissant-, mon meilleur ami, mon confident.

Vous avez du finir par comprendre, je croyais tellement que ce bal allait tout changer parce que dans les livres c'était le cas, que je me sentais comme à nouveau chez moi, protégée de tout ce qui aurait pu me rendre malheureuse. Mais j'avais croisé Scarlett. Quoi qu'il était plutôt correct de dire « Mais j'avais reçu cette lettre », car croiser Scarlett n'avait pas du tout été la partie négative de la soirée, bien au contraire. Encore une fois, et pour la première fois, elle m'avait sauvée.

Un hibou s'était engouffré par une fenêtre ouverte alors que je parcourais les couloirs en me prenant pour une princesse, et La lettre était tombée à mes pieds. Scarlett était là, au bout du couloir, et je l'avais aperçue. Je m'apprêtais à la rejoindre pour la saluer, avec le grand sourire et les yeux pétillants que j'avais, mais j'avais reconnu le hibou de mes parents, et je m'étais demandé pourquoi cet élément apparaissait maintenant,
pourquoi je recevais une lettre avant le Grand Bal de ma vie ? Ce n'était pas prévu au programme.

Et puis j'avais lu, j'avais lu mon père, mon père qui écrivait avec hésitation et presque sur la défensive -j'avais appris plus tard qu'il se battait contre ses sentiments à ce moment là, des sentiments qu'il n'avait jamais prévu d'avoir, et pourtant mon père était quelqu'un qui prévoyait les moindres détails de son existence. Il me disait quelque chose que je ne parvenais pas à saisir sur le moment. Maman ? Partie définitivement en Russie ? Avais-je loupé un épisode, là ? Avais-je raté des pages ? Pourquoi partie ? En Russie ? Devais-je la rejoindre pour les vacances ? Avait-elle décidé de nous faire déménager ?

Ma lettre était tombée sur le sol, et j'avais jeté un regard désespéré à la jeune fille que je voyais à l'autre bout du couloir. Pourtant, je ne la connaissais pas, je ne connaissais pas le couloir, je ne les reconnaissais pas. J'étais nul part.
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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
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MessageSujet: Re: I shot for the sky |Scarlett.   I shot for the sky |Scarlett. Icon_minitimeJeu 22 Déc - 17:40



La robe de Scarlett ♥ :

Quand j'étais sortie un peu plus tôt, il était tombé quelques flocons sur le parc, juste au moment où je profitais d'une petite heure de détente pour prendre l'air. L'air était froid, vif, comme je l'aimais. J'avais resserré ma grosse écharpe autour de mon cou et enfoncé mon bonnet noir et épais que ma mère m'avait offert. C'était une sensation des plus merveilleuses que que se sentir au chaud alors que tout autour de nous il faisait froid et c'était l'hiver. Le paysage était magnifique et je soufflais de la buée devant moi, la regardant disparaître dans l'air. Le soleil tombait, même si ce n'était que la fin d'après-midi. Loin derrière les grands pins de la forêt interdite, il y avait ces immenses montagnes brunes en été et blanches en hiver; déjà elles portaient un petit chapeau de neige et les derniers rayons du soleil qui brillaient à l'horizon rendaient cette neige dorée, brillante, presque éblouissante. Les nuages blancs laissaient juste une bande de ciel nu à la limite de la terre et du ciel, et c'était comme si la ligne de l'horizon prenait feu, c'était une explosion de couleurs jaunes et orangées, comme si quelqu'un avait répandu là une traînée d'or en fusion. J'avais envie de peindre toute cette splendeur à l'aquarelle et je m'efforçai d'en scruter les moindres détails. Mais j'étais ébahie devant tant de beauté, j'avais l'impression que ce coucher de soleil se donnait en spectacle rien que pour moi. Les éclats du soleil venaient jusqu'à moi et m'irradiaient de leur puissance et de leur poésie et je sentais des ondes de chaleur me traverser tout le cœur. J'étais tout particulièrement sensible aux beautés de la nature et encore une fois, elle me transcendait, et je me sentais toute petite, si petite, face à toute cette magie. La vraie magie, à mes yeux, était là.

Il avait commencé à neiger très légèrement dès que les éclats d'or du soleil avait disparu; j'avais senti sur ma peau, sur mon nez d'abord, des petites piques toutes froides. En regardant mes moufles j'avais mu une dizaine de petits cristaux disparaître sur la laine et j'avais levé mon visage vers le ciel et fais comme quand j'étais petite : les flocons tombaient à présent sur ma langue tirée et fondait, et je riais, les yeux perdus dans l'immensité du ciel. Il y avait longtemps que je n'étais pas sentie aussi bien.

J'étais rentrée dans ma salle commune les joues roses de plaisir et toute trempée de cette neige de Noël. Mais j'avais ce sourire sur les lèvres qui ne s'en allait pas, indépendamment de tout. C'était les vacances, j'allais les passer avec ma mère en partie, le château avait revêtu ses habits de gala pour le bal de Noël et de gaieté après le départ des Mangemorts. Depuis quelques temps, depuis ce jour exactement, je vivais une véritable renaissance. Il y avait - et il y aurait toujours - cette éternelle mélancolie en moi, ces blessures que même le temps ne parviendrait pas à guérir, mais l'antidote inconnu qui se propageait en moi m'apportait joie et sérénité. Tout était ténu bien sûr, mais pour l'heure j'avais le cœur léger et l'envie de me pomponner et de me faire jolie, pour la première fois depuis bien longtemps.

Je ne voulais pas penser à ce que bal avait représenté pour moi, et je n'y penserais pas. Kelsy me hantait encore mais elle était un fantôme de mon passé, elle n'était qu'une image, qu'une projection. Elle n'avait plus la saveur d'autrefois et c'était le goût de la vie que je voulais retrouver, en y mordant à pleine dents, non pas en ressassant mon désespoir. Et il y avait cette nouvelle personne qui était apparue et que je n'arrivais pas à chasser de mes songes - à vrai dire, en avais-je vraiment envie? Elle était belle et son sourire me ravissait le cœur.

Les dortoirs étaient en effervescence, toutes les filles se préparaient pour le bal et il régnait de mon côté in joyeux bazar. Tout le monde se montrait sa robe, s'aidait à se coiffer, se maquiller. Je rejoignis Haruhi et me préparait avec elle en discutant de n'importe quoi mais un rien nous suffisait pour rire et j'étais heureuse, heureuse, tellement heureuse! Mon cœur me paraissait s'envoler loin dans le ciel, et cet air qui emplissait mes poumons était pur et tellement exaltant. Je n'arrêtai pas de rire, de parler, de chantonner. Je m'étonnai moi-même, mais cette atmosphère de fête était contagieuse et ne faisait qu'amplifier cette sourde sensation qui naissait en moi. J'enfilai ma robe, choisie avec soin avec ma mère, car il s'était avéré que nous avions les mêmes goûts pour les courses et les vêtements. Ma robe était prune, bustier, et me tombait au genou; le bas était bouffant et fait de volants, le tissu brillait un peu. Je l'adorais, je me sentais belle dedans, et je la trouvais parfaite pour moi. Le collier de perle d'Haruhi brillait à mon cou. Devant la glace je me maquillai légèrement, des paillettes sur les yeux, du mascara, un peu de rouge à lèvres rouge foncé, je coiffai mes cheveux, les laissai détacher et y glissai mon éternel nœud, sur le côté. Il était prune, comme ma robe. J'enfilai de simples ballerines noir - je n'osai pas trop porter de talons et rejoignis mon groupe d'amis. C'était l'heure de descendre.

Je ne pouvais pas me retenir de marcher en sautillant; mais alors que l'une ds filles montrait à Haruhi son nouveau sac, j'étouffai une exclamation - oh! J'avais oublié la mienne! Je dis aux filles que je les retrouvais dans la salle et retournai en arrière. Le son feutré de mes pas et les froufrous du tissu de ma robe m'emplissaient d'une délicieuse sensation nouvelle, que je ne m'expliquais pas, mais qui s'apparentait à se glisser dans un bain chaud et qui sentait bon. De retour en haut, je glissai un mouchoir, un petit échantillon de parfum dans ma petite pochette, cadeau de ma mère aussi, pour aller avec ma tenue, et repartis.

Presque arrivée en bas, au bout du couloir qui débouchait sur l'escalier qui donnait sur le hall, je vis que je n'étais plus toute seule : il y avait une fille et... Je la reconnus tout de suite et mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Instinctivement je vérifiai mon reflet dans la glace, tirai machinalement sur ma robe, me redressai, me passai la main dans les cheveux. Ils étaient tous lisses et sentaient mon parfum. Mais j'avais peur, mon coeur tambourinait fort et je stressais - est-ce que j'étais bien habillée, bien coiffée? Je voulais qu'elle me trouve jolie, je voulais qu'elle aime ma tenue. La sienne était à couper le souffle, on aurait dit Cendrillon ou la Belle au bois dormant. Elle portait une de ses robes dont toutes les filles rêvaient, longues, vaporeuses, une vraie robe de princesse. sa taille toute menue était resserrée dans un corsage bleu et violet pastel, ses longs cheveux aériens brillaient; j'étais éblouie. Elle était tellement jolie! Et puis il y avait cette aura qu'elle dégageait, cette façon de bouger et d'être qui me coupait le souffle et me donnait envie de pleurer. Cette soirée n'aurait pas pu être plus parfaite.

Elle me vit, je la vis, nos regards se croisèrent et mon coeur gonfla et déborda de crainte et d'euphorie.

Pourtant l'instant d'après tout fut estompé car son sourire parut se décomposer et une feuille qu'elle tenait tomba au sol - en un éclair je compris que quelque chose n'allait pas et sans m'en rendre compte je courus sur les quelques mètres qui nous séparaient, me retrouvant face à elle, essoufflée de toute cette émotion. Je me baissai, saisis le papier - une lettre, lui tendis en murmurant :


- Ophelia! Ça ne va pas? J'hésitai à poursuivre, j'avais peur de la gêner, de la déranger, qu'elle veuille être seule ou qu'elle ne veuille pas me voir. Je sentis mon pouls s'accélérer, encore. Mais elle avait l'air si triste tout d'un coup!... C'est à cause de cette lettre? parvins-je à poursuivre, la gorge serrée.
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Ophelia Ivanova


Ophelia Ivanova
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MessageSujet: Re: I shot for the sky |Scarlett.   I shot for the sky |Scarlett. Icon_minitimeJeu 22 Déc - 20:45


- Quand tu es partie, tu as participé à détruire celle que tu avais construite. C'est la lettre que m'a envoyé Papa à ton départ qui a précipitée les choses, en plus de certaines personnes...

Silence. En réalité, Esfir se battait pour ne pas commenter chacune de ses paroles, pour ne pas y répondre à l'instant, comme une enfant qui a du mal à se tenir en place. Mais elle ne voulait plus faire de bêtises, elle voulait s'y prendre bien aujourd'hui. Elle invita sa fille à poursuivre, s'accrochant à chacune de ses paroles, mesurant leur impact sur elle-même et sur sa fille. Esfir ne savait même pas si Ophelia avait vécu en se posant des questions ou si elle l'avait comprise. Elle avait continué de prendre de ses nouvelles, en s'arrangeant pour que ni son ex mari ni sa fille ne le sachent, mais entre ce qu'elle avait appris et ce qu'avait vraiment vécu Ophelia, elle savait qu'il y avait une large différence...

- Certaines personnes ?

Ophelia hésita. Elle aimait se dire que rien ne la retenait, qu'elle pouvait parler de ce qu'elle souhaitait, dire ce qu'elle voulait car elle ne devait rien à sa mère, mais la vérité c'est qu'on ne parle jamais sans une certaine retenue à celle qui nous a mise au monde. L’Écossaise lui donna le nom qu'elle angoissait de donner.

- Scarlett.

__


Mon entrée à Poudlard avait été comme lorsqu'on apprend à marcher : On commençait à vouloir découvrir -bon, là je ne l'avais pas voulu, mais il le fallait bien- le monde, sans se douter des chutes à venir. Et puis elles venaient. On tombait sur les fesses, avant de tomber sur le crâne et ça faisait très, très mal. Les chutes n'étaient pas terminées, mais je ne pouvais pas le savoir. Les chutes, je ne les connaissais par ailleurs pas vraiment. Il fallait me regarder, à fixer la lettre en me bouchant presque les oreilles genre « Nanananana on déménage juste en Russie tous les trois »... Me boucher les oreilles, fermer fort fort les yeux, comme si ça allait changer quelque chose. ….. Tu sors.

Oui, j'ai bien fait sept lignes sans parler des contes de fées. Vous inquiétez pas, ça va pas tarder ! Donc, nous disions. Le sol sous mes pieds, le ciel noir dehors, le silence du couloir, Scarlett...
Tout ça m'était revenu de manière confuse. J'avais cligné des paupières, et j'avais regardé Scarlett sans vraiment la voir. Un sourire crispé.


- Ophelia ! Ça ne va pas ?

J'observais Scarlett d'un air de totale incompréhension. J'avais continué à ne rien comprendre lorsqu'elle m'avait tendu ma lettre, non pas ma lettre, la lettre de mon père. Je l'avais saisie immédiatement. Les souvenirs faisaient surface. Non, attendez, pourquoi les souvenirs ? Ce n'était pas fini ! Je n'avais pas échoué ! Il n'était pas minuit ! Mais attendez moi, bon sang ! Je n'avais pas perdu mon talon et...

- C'est à cause de cette lettre ? M'avait-elle demandé.

J'avais secoué la tête. Je m'étais demandé pourquoi je me sentais si triste tout à coup, et j'avais eu envie que Scarlett me prenne dans ses bras – Non mais quelle idée, n'est ce pas ? Le bal n'avait même pas commencé, alors je m'étais dit que c'était une nouvelle épreuve, qu'on voulait me tester, en laissant planer le doute sur la perte de ma mère. La perte ? Mais pourquoi la perte ?! J'avais tendu la lettre à Scarlett pour lui faire comprendre qu'elle avait le droit de la lire, et dans ce geste il y avait tant de détermination à nier les faits.


- Ne t'inquiètes pas. Je... Crois... Je crois juste que maman veut qu'on déménage.

Mes paroles sonnaient fausses à moi même. En même temps... Soyons réalistes cinq minutes. Comment vouliez-vous que je réagisse en éclatant en sanglots, en m'agitant dans tous les sens, alors que ma vie avait été parfaitement fade et donc sans risques jusqu'à mon entrée à Poudlard ? Je n'avais rien voulu de tout ça, moi. Ma mère était la personne qui m'aimait le plus sur terre avec mon père, il était inimaginable que je ne la revois plus. Elle était tellement présente, c'était comme annoncer à Raiponce que l'histoire s'arrêtait là, que le prince avait été mangé par Maximus en route, et donc bim, tu remballes tes affaires et tu continues à chanter dans ta tour pendant le restant de tes jours. C'était impossible. Mes parents devaient forcément être la phase clé après Scott. Je ne pouvais pas rester là indéfiniment, n'est ce pas ? Je devais aller à ce bal, rencontrer l'âme sœur (ou plutôt le retrouver), et être heureuse. C'était le but dans la vie de tout le monde, un bal... Non ?
J'avais secoué à nouveau la tête, comme pour me faire revenir dans la réalité -Et ce n'était pas un euphémisme. Voilà, j'avais décidé qu'une lettre ne pouvait pas venir ternir le tableau. Il y avait juste un élément de plus, c'est tout. Et puis, si nous déménagions en Russie, ça voulait dire Adieu Poudlard, non ? Et ça, ça c'était génial ! Un énorme sourire naquit sur mes lèvres.

Comme prise d'un choc électrique, je m'étais alors réellement rendue compte de la présence de Scarlett. Comment avait-elle pu être devant moi alors que quelques secondes plus tôt elle était à l'autre bout du couloir ? Toujours avec ce sourire que je ne réservais alors qu'à Scarlett, Scott et mes parents, je l'avais observé de haut en bas.


- Scarlett ! Tu es joli comme un cœur !

En effet, je l'avais trouvé vraiment jolie ce soir là, et j'avais un souvenir très net de sa robe prune, de son beau nœud. Si on avait du dessiner Scarlett, la couleur de ses cheveux et son nœud auraient été les éléments à ne pas oublier pour qu'elle soit reconnaissable. Sans cela, ce ne pouvait être la Scarlett de Poudlard. Mon cœur avait alors fait un étrange bond dans ma poitrine. Je m'en souvenais parce que je l'avais interprété comme une de mes crises d'euphories habituelles -enfin, lorsque je n'étais pas entourée de méchants gardes de la Reine comme ce satané hibou, ahlàlà, que de méchants dans cette histoire!- alors qu'il ne ressemblait en rien à ça. Je m'étais alors penché vers Scarlett pour déposer un baiser sur sa joue droite. Je n'avais pas encore eu le temps de lui dire bonsoir.

- On va au bal ?

Je sentais néanmoins au fond de moi une sensation monter. Une sensation que je ne connaissais pas: Le coup de blues. Je tentais de faire comme si tout allait bien, parce que je pensais que c'était le cas -je tentais de me persuader que je n'avais pas compris le message de mon père après tout-, mais je n'avais soudain plus envie de sourire, et c'était triiiiste, parce que j'aimais sourire, et que je passais normalement mon temps à avoir peur, à rougir ou à sourire, à m'exclamer comme une princesse hystérique, au contraire effrayée ou alors faussement empreinte de liberté, mais jamais, jamais la véritable tristesse n'était apparue sur mon visage. C'était une presque-invitation -on invite pas vraiment une fille à aller au bal, parce qu'on finit par y trouver l'amour, et donc les amis restent au stade nains, ou oiseaux qui chantent, animaux de la forêt genre biche. D'ailleurs, Scarlett ressemblait à une biche. Je lui avais souris en commençant à marcher, bien contente d'être tombée sur elle ce soir. Je voulais qu'elle assiste à tout, je voulais même qu'elle soit mon témoin au mariage, qu'elle soit la marraine de mes enfants. Parce que l'amitié était aussi facile que l'amour : Il suffisait d'entendre chanter la princesse, et voilà, on tombait sous le charme. Après avoir embrassé mon prince après treize années, j'allais le lui présenter, parce qu'elle était bien gentille alors elle méritait de connaître l'amour de ma vie, et j'allais lui dire à quel point j'étais heureuse, avant d'aller voir mes parents en Russie pour que Scott leur demande ma main. En me rappelant de Scarlett et moi dans ce couloir, j'étais presque peinée. Parce que je sais aujourd'hui ce qui allait se passer dans ma vie, et que le rose bonbon commençait à s'écailler.

Alors que nous nous faufilions dans la foule à l'entrée de la grande salle, j'attrapais la main de Scarlett pour ne pas la perdre. Je retenais ma respiration, essayant de me glisser entre les couples et les non-couples. J'étais alors arrivée dans la Grande Salle, tenant toujours Scarlett par la main. Au loin, j'avais vu Scott, et, prise d'euphorie par la lumière qui émanait soudain de tout son être, je m'étais penchée vers Scarlett, lui chuchotant à l'oreille, voulant lui confier le secret le plus important qui soit :


- Tu vois Scott McBeth là bas ? Je le connais depuis toujours, et plus tard, quand on sera plus grands, et bien on va se marier !

J'avais lâché la main de Scarlett sans m'en apercevoir, occupée à observer Scott au loin. C'était là que j'avais vu son visage défait de tristesse, et il n'était pas du tout à côté de trône, il dansait... Avec une jolie fille. Les décors dans la grande salle n'étaient même pas présents, ils avaient été placés au second plan dès que j'avais vu Scott et Lilian. Je m'étais alors demandé pourquoi Scott ne dansait pas avec moi mais avec Lilian, et cette vision me parue amère et cruelle. Je ne voyais de trône nul part.
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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
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MessageSujet: Re: I shot for the sky |Scarlett.   I shot for the sky |Scarlett. Icon_minitimeVen 30 Déc - 23:39

Le bruit que fit le son du parchemin froissé lorsqu'elle récupéra vivement la lettre, dans le silence du couloir, représenta l'idée que je me faisais de son cœur en cet instant précis. Quelqu'un venait de le froisser sans ménagement, et comme le papier, elle tentait de rester entière, comme avant. Mais dans la trame du papier il y avait ces rainures qui le marqueraient à jamais. Un pli dans le temps, une marque dans son histoire. Indélébile. J'en avais moi aussi. Je portai la main à mon cœur machinalement, le sentant triste encore et toujours, mais de plus en plus j'arrivais à en soulever le voile. Pourtant ce soir, alors que régnait dans le château un air de fête, je n'allais pas réussir à me laisser porter par le climat d'euphorie si je voyais qu'Ophelia vivait quelque chose d'affreux. Elle avait les traits tirés, marqués par la préoccupation, et je voyais les ombres passer sur son visage comme des nuages, dessinant toutes sortes d'émotions - incompréhension, chagrin, persuasion. Je ne la quittais pas des yeux, frissonnant largement dans ma robe qui m'avait mise tant de bonne humeur quelques minutes auparavant. Je n'avais pas envie de m'y faire, je n'avais pas envie d'y croire. Ce soir j'avais l'impression qu'Ophelia était ma princesse dans sa robe féérique, ce soir j'avais l'impression de retrouver un semblant de goût à mon existence. Pourquoi fallait-il qu'il y ait encore - et toujours - une ombre au tableau?

Ophelia me tendit la lettre à nouveau, et je compris qu'elle voulait que je la lise. Un peu gênée, un peu flattée aussi, je l'interrogeai silencieusement du regard puis, ne voyant pas de changement de son côté, reportai mon regard sur le papier recouvert d'une écriture un inégale. Comme écrit dans différentes dispositions d'esprit. Je lus scrupuleusement. Quel secret allais-je y découvrir? Je redoutais, mais la curiosité me poussa à poursuivre. Instinctivement je pensai à ma mère, à son histoire, à ma "famille" et ses secrets.


- Ne t'inquiètes pas. Je... Crois... Je crois juste que maman veut qu'on déménage.

J'attendis un peu avant de relever la lettre. J'avais fini de lire, mais tout d'un coup ma vue se brouillait et les phrases dansaient sous mes yeux. Je sentis mon cœur battre un peu plus fort et une boule se forma dans ma gorge. Non. Clairement non. Le message n'était pas ce qu'elle me disait. C'était écrit noir sur blanc, aussi distinctement qu'un trait foncé tracé nettement sur une feuille immaculé. Ce trait partait, vers où je n'en savais rien, vers l'avenir sûrement, un avenir dont j'ignorais tout. Mais ce trait marquait un nouveau départ, sans Ophelia, si j'en croyais les paroles de sa mère. Quelque chose se serra fort dans mon cœur. Pour avoir connu si tardivement ce qu'était l'attachement d'une fille à sa mère, je devinais combien il devait être difficile pour la Serdaigle de surmonter cela, et combien il était bien plus simple de fermer les yeux et de croire une seule facette de la vérité.

Alors que je levai les yeux, Ophelia m'offrit un beau sourire et secoua doucement la tête comme si elle chassait la nuée de ses idées noires. Je n'eus pas le courage d'affronter ce sourire. Je faillis ouvrir la bouche, mais je sentis les larmes me monter aux yeux, puis une terrible sensation de gêne me trouer les entrailles. Mais je ne dis rien. Après tout, peut-être que c'était une fausse alerte. Je ne connaissais rien de son histoire... et cette pensée, loin de me rassurer, me fit un petit pincement au cœur.

Je lui rendis sa lettre et évitai un peu son regard, lui offrant un pauvre sourire qui signifiait "je comprends" alors que nous n'avions visiblement pas compris la même chose.


- Scarlett ! Tu es joli comme un cœur ! s'était-elle exclamée.

Comment faisait-elle? Dans son mouvement, ses cheveux voletèrent derrière elle et brillèrent dans la lumière des couloirs. J'avais envie de les toucher pour voir si ils avaient la consistance de ce que j'imaginais, comme de l'eau douce et dorée. Toujours était-il qu'elle s'était recomposé un visage et qu'elle avait l'air la plus heureuse des jeunes filles; à mon tour j'avais envie de sourire et l'espoir repointait en moi le bout de son nez - après tout c'était soir de bal et soir de Noël, les miracles arrivaient souvent à ces moments-là, non?

Et puis sans prévenir, me prenant de court, elle fondit vers moi et me piqua un baiser sur la joue.

Ma peau chauffa à l'endroit où elle l'avait embrassée et une douce chaleur se répandit dans tout mon corps, depuis le foyer central, mon visage, jusque dans le bout des mes doigts. Je papillonnai des yeux, tentait de cacher on trouble. Je n'avais jamais été très à l'aise avec les contacts physiques, même si avec Haruhi et son exubérance naturelle, j'avais fini par m'y faire - un peu. Mais quand la personne en question était celle... qui me troublait déjà, l'expérience était doublement impressionnante. Je sentis mon souffle se faire plus difficile, bredouillai un pauvre sourire et bénis le ciel quand elle continua, ne prenant pas note de mon pathétique manque de tenue :


- On va au bal ?

J'acquiesçai vigoureusement et sautai sur l'occasion. Nous marchâmes alors vers la salle de bal, et plus elle approchait, plus au fond de moi je sentais que j'avais pu faire une erreur, même si je mourrais d'envie que l'avenir me prouve le contraire. Je sentais les parfums de cette soirée là, je revis Kelsy et sa robe, je me rappelai même de ce que nous avions mangé et bu. De qui avait dansé près de nous. Mais un coup d’œil vers Ophelia qui tenait sa robe à deux mains comme une impératrice pour qu'elle ne traîne pas dans les escaliers me remit un peu de baume au cœur. La vie semblait encline à me laisser entrevoir des jours meilleurs.

Le seraient-ils vraiment? J'avais envie d'espérer, et les ailes qui avaient poussé à mon cœur s'étaient déployées et ne demandaient qu'à battre.

En chemin je discutai avec Ophelia de choses un peu futiles comme nos robes ou bien les décorations de Poudlard, mais cette étape me paraissait essentielle. Après tout nous nous connaissions si peu et nous nous rendions à ce grand évènement de Noël comme des amies; il n'était pas idiot de ne pas brûler les étapes. Elle me surprit encore une fois, arrivées là-bas. Alors que malgré ma petite taille je tentai de me hisser sur les pointes de pied et de voir par-dessus la foule pour apercevoir Haruhi, ou bien pour voir simplement ce qui se tramait là-dedans, je sentis une main fine mais ferme m'agripper la main. Nos doigts s'entremêlèrent comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, et, ainsi liée à Ophelia, je progressai dans le monde. Il y avait beaucoup de danseurs sur la piste, dont les Miss et Mister. La robe de Megane Parry était incontournable, vive et imposante. Je vis Alex et Taylord, aussi, et je lançai un petit sourire à Taylord lorsqu'elle regarda dans ma direction. J'aimais bien cette fille, je me rappelai de ce qu'elle avait fait pour moi, et c'était l'une de celles que je préférais dans la sphère des gens que je côtoyais.

Nous nous étions arrêtées l'une comme l'autre, un peu perdues dans cette immensité. Je me demandais si il me serait possible de dessiner ce que je voyais, cette espèce de masse multicolore sans cesse en mouvement, où régnaient des bruits joyeux sur fond musical.


- Tu vois Scott McBeth là bas ? Je le connais depuis toujours, et plus tard, quand on sera plus grands, et bien on va se marier !

Mais comme toujours, un voile noir se plaisait à tomber sur les fenêtres qui venaient éclairer ma vie. Je tournai la tête lentement, déglutis avec difficulté. Scott McBeth. Oui, je le voyais. Il dansait avec Lilian. Et il connaissait Ophelia depuis toujours. Il était dans sa maison. Et ils allaient se marier. Du moins c'est ce qu'elle disait, mais pourquoi m'aurait-elle menti? Elle ne paraissait pas de ce genre de personne qui aime se vanter ou s'inventer une vie.

- Il a l'air gentil, dis-je du bout des lèvres, bien plus sèchement que je m'en serais cru capable.

Au même moment, un garçon passa en riant et me bouscula. Il avait un verre à la main. Beaucoup d'élèves, d'ailleurs, avaient un verre à la main. Était-ce si génial que ça pour que tout le monde aime boire de l'alcool? Je n'avais jamais essayé, parce que cela ne m'avait jamais attiré. Mais mes entrailles étaient nouées, tout d'un coup, et j'avais la gorge sèche et la furieuse envie d'essayer...

J'étais trop bête d'avoir cru à ma chance, ou d'avoir pensé l'effleurer des doigts. Pourtant cette sensation m'était douce et si... évidente. C'était ça, le plus difficile.


- Tu peux me passer une coupe s'il te plaît? m'entendis-je dire comme si j'étais une autre. Une fille plus âgée que nous, une septième année, me jeta un coup d’œil entendu et me fit passer une coupe de champagne. Je fis signe à Ophelia de me suivre et l'entraînai un peu plus loin, dans un endroit où il y avait moins de monde. Nous avions une vue parfaite sur la piste de danse. J'y perdis mon regard, qui devint vague pendant quelques instants. J'avais envie de lui dire. C'était une envie irrépressible. Comme celle de boire le liquide que je tenais dans ma main - il sentait fort et je plissai le nez. Mais j'en avais assez d'être condamnée à ne rien pouvoir tenter.

- Ophelia... repris-je doucement. Je choisis mes mots. Je crois que ta mère veut partir, plutôt... Que vous n'irez pas avec elle. C'est ce que tu avais compris aussi? demandai-je avec une pointe de désespoir dans la voix.

La seule chose que je redoutais, c'était de voir les larmes monter à ses yeux clairs. J'avais déjà envie de la réconforter en embrassant son visage et de la serrer contre moi.
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Ophelia Ivanova


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MessageSujet: Re: I shot for the sky |Scarlett.   I shot for the sky |Scarlett. Icon_minitimeDim 15 Jan - 1:45



Elle avait envie d'avancer le temps, pour ne plus voir le regard interrogateur de sa mère devant elle, car il lui rappelait plus que tout qu'elle était orpheline. Tout la répugnait, et un goût amère emprisonnait sa bouche. Qui était Scarlett, hein ? Esfir ne le savait pas, comment aurait-elle pu ?

__

J'avais vu la Grande Salle se volatiliser sous mes yeux ce soir là, et il n'y avait plus eu que Scott, moi, et des visages inconnus. Il dansait avec une silhouette sans visage, comme toutes celles qui nous entouraient. Dans mes rêves les plus fous j'avais imaginé que lorsqu'il m’apercevrait, il s'excuserait -c'était un gentleman après tout- auprès de la silhouette, et qu'il ferait un grand sourire avant de me rejoindre. Là, nous aurions danser jusqu'à minuit, nous aurions valsé jusqu'à nous épuiser les membres. Je ne voulais même pas qu'il me demande en mariage tout de suite, nous étions jeunes, mais je voulais qu'il m'aime comme je l'aimais.
Qu'il m'aime comme je l'aimais.

L'été après la première année de Scott, il était venu à la maison, cette grande maison qui était mon paradis à Aberlour, et je l'avais serré de mes bras pâles de l'avoir attendu ô si longtemps. Je lui avais fait un grand sourire, il me l'avait rendu, et puis nous étions monté dans le grand bureau du dernier étage de la maison. Je l'avais écouté inlassablement me raconter chaque recoin de Poudlard, en m'imaginant marcher moi aussi parmi les élèves, en lui tenant la main. J'avais vu ses yeux émerveillés, et nous avions parlé pour rattraper le temps jusqu'à ce que nos parents nous rappellent pour la dixième fois au moins qu'il était temps de partir. Scott avait cette voix rassurante, ces mots tant aimés qui faisaient que jamais en sa présence je n'aurais pu me sentir quelqu'un d'autre que son Ophelia, et je pensais qu'il m'aimait comme j'étais, pas qu'il faisait semblant. A le regarder danser avec quelqu'un qui n'était pas son Ophelia, j'avais ressenti quelque chose d'étrange. Ça avait été une révélation, mais j'avais pris ça pour de la colère. J'aurais crié de toutes mes forces, exprimant des paroles qui l'auraient blessé comme il me blessait. Il fallait dire que je n'avais appris à vivre qu'à travers les murs de chez moi, et qu'il était la lumière qui venait éclairer mon quotidien. J'avais toujours pris Scott comme mon futur, car il avait été mon passé et mon présent, il me ressemblait, et je me sentais bien avec lui, d'une façon toute différente d'avec mes parents mais c'était normal. Ce qui n'était pas normal, c'était que quelque chose clochait : Pourquoi la seule personne avec qui je me sentais bien de cette façon là valsait au milieu de la piste avec Lilian Easter alors qu'il s'agissait du bal de ma vie ? Maman aurait levé un sourcil, d'un air étonné, et elle se serait placée entre cette horrible scène et moi, pour me cacher la vue, mais elle n'aurait pas fait semblant : Elle aurait trouvé une excuse, inventant n'importe quoi, n'importe quoi qui puisse me donner l'illusion que tout allait bien, que Scott allait venir, et elle se serait arrangé pour qu'il en soit ainsi pour voir mes yeux s'illuminer de bonheur.
Maman n'était pas là.


- Il a l'air gentil, avait chuchoté Scarlett à côté de moi.

J'avais senti toute ma peine et ma colère prendre le dessus, et mes larmes aussi. Je m'apprêtais à lui répliquer d'un ton de défi que oui, il était le plus gentil de la terre parce que je m'accrochais à mes espoirs aussi fort que le prince s'accroche à la chevelure de Raiponce pour la rejoindre. Le hic c'est que des cheveux aussi solides ça n'existait que dans les livres et que j'en avais moi-même conscience. Et j'avais pensé aux biscuits au caramel de Maman, ceux qu'elle me donnait souvent parce qu'elle savait que je les aimais presque autant qu'elle, j'avais pensé aux livres que Scott me lisait lorsque j'étais malade, j'avais pensé aux grands bras forts de Papa qui étaient comme fabriqués pour me protéger à jamais. J'y pensais parce que je commençais à douter sur les promesses d'« éternité. »
J'avais suivi Scarlett, ayant à peine remarqué ce qu'elle tenait entre les mains, parce que je fixais Scott d'une telle force que j'aurais pu lui transmettre par la pensée comme il était méchant de me faire ça. Alors j'avais entendu les mots de Scarlett qui m'avaient fait l'effet d'une lame qu'on plante dans le cœur alors que je commençais exactement à ce moment là à douter de tout.


- Ophelia... Je crois que ta mère veut partir, plutôt... Que vous n'irez pas avec elle. C'est ce que tu avais compris aussi ?

Maman.
Je m'étais tournée vers Scarlett pour lui faire face, alors que je sentais des larmes brûlantes, qui me faisaient mal aux yeux couler cruellement et lentement sur mes joues. J'avais envie de lui parler de Scott, de maman, de papa, et lui dire comme nous étions heureux et comme tout ça ne devait pas s'arrêter, ne pouvait pas s'arrêter, parce que tout était trop bien pour que quelque chose vienne tout gâcher. Sans réfléchir, j'avais lancé :


- C'est la faute de Poudlard tout ça. Jamais je n'aurais du venir ici. J'aurais pu l'empêcher de s'en aller, j'ai du lui faire du mal parce que je l'ai laissée et c'est pour ça qu'elle est partie. Qu'est ce que ça m'a apporté d'être ici ?

Il ne faut pas croire, la naïveté ne fait pas mal qu'à son propriétaire, il attaque aussi les autres, leur fait mal parce que la naïveté est cruelle envers ceux qui n'en sont pas prisonniers.
J'avais pris la coupe de champagne, réalisant à peine que j'allais boire de l'alcool pour la première fois de ma vie. Je la tenais là, cette coupe interdite, dans mes mains, en pensant aux grands repas de mes parents, aux verres d'alcool réservés aux adultes. Je me souviens de cet instant comme si c'était hier : J'avais regardé Scarlett dans les yeux, et je m'étais sentie différente, comme si rien de ce que j'étais entrain de faire en portant la coupe à mes lèvres ne me ressemblait, j'avais l'impression que ce n'était pas ma place, qu'elle était à Aberlour avec mes livres et mon ignorance de ce que respirer veut dire. Ses yeux étaient si profonds que je sentais que j'aurais pu me blottir dans son regard, être en sécurité, et ça me donnait des forces. J'avais lancé un sourire inattendu à Scarlett lorsque le liquide avait coulé au fond de ma gorge, j'avais l'impression d'être dans un tourbillon, de me sentir mal, j'étouffais dans mon corset imaginaire. J'étouffais, et je devais agir.
Je ne me sentais pas moi même, mais peut-être était-ce tout le contraire au final.


- Tu veux danser ?

Scarlett et moi venions de finir notre coupe, tristement abandonnée sur une table, et je puisais sur les forces que Scarlett m'offrait sans même s'en rendre compte. J'avais désigné la piste du doigt, essayant d'ignorer mon cœur qui battait à tout rompre et surtout, surtout Scott.
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MessageSujet: Re: I shot for the sky |Scarlett.   I shot for the sky |Scarlett. Icon_minitimeMer 18 Jan - 22:58

La désagréable sensation de ne pas se sentir appartenir au reste du monde, elle m'était bien familière, à présent, et m'enlaçait de ses bras sournois à la moindre occasion. Au moins je n'avais plus l'effet de surprise, celui qui vous plante le coeur comme un poignard et vous coupe le souffle, tout en vous laissant seule avec vos larmes et vos regrets face au triste spectacle de la vie. J'étais comme ça et il en avait toujours été ainsi - pourquoi cherchais-je à m'y soustraire? Même si, depuis quelques temps à présent, le soleil illuminait doucement de ses rayons dorés les aléas de mon existence, il y avait toujours cette chose cachée en moi, cette douleur sourde, prête à bondir, à saisir sa chance, pour mon malheur. C'était ainsi, et je le savais. J'étais trop fragile - l'avais-je toujours été ou m'avait-on fragilisée, la question n'était plus là - et un rien suffisait à me faire vaciller, bien malgré moi. Dorénavant, heureusement, j'avais de solides points d'ancrage auxquels m'accrocher. Il y avait Haruhi, et puis il y avait Margaret Winter, dont le nom sonnait comme un biscuit d'automne à mes oreilles. Penser à elles me mettait un peu de baume et m'empêcher de sombrer quand je tanguais un peu trop fort. Mais ce baume ne comblait pas ces failles creuses qui m'habitaient, et je savais que rien ne pourrait jamais remplir ce vide triste et intense qui faisait maintenant partie intégrante de moi, aussi étrange qu'il puisse paraître qu'un grand vide fasse un tout.

La fête battait son plein et moi je me sentais seule, désespérément seule. Pourtant mon coeur battait de joie d'être aux côtés d'Ophelia, et c'était bien la seule chose qui m'empêchait de rebrousser chemin. Mais là était le paradoxe de la chose : le sien à elle ne battait pas pour moi et ne battrait d'ailleurs jamais pour moi, elle était bien trop occupée par ce Scott McBeth avec qui elle paraissait partager tant de choses, et par cette affreuse histoire qu'elle venait d'apprendre de la main de sa mère. Qui étais-je pour m'interposer dans tout cela et lui demander un tant soit peu d'attention? Je ne me sentais pas l'étoffe de me battre, peut-être parce que je savais le combat vain, ou bien qu'une telle bataille me faisait peur car j'en avais déjà menée une de la sorte, que j'avais perdue.

Tout était différent à présent, et même au foyer je l'avais ressenti. J'étais peut-être un peu moins renfermée sur moi-même parce que somme toute j'avais la vie rêvée pour une adolescente, une meilleure amie, je ne m'en sortais pas trop mal en cours, je m'entendais bien avec ma mère et plus que ça, puisque je venais de la retrouver. Mon chagrin d'amour était derrière un moi, un faux-pli dans le temps, une blessure à mon coeur que le temps se chargerait peut-être - ou pas? - de guérir un jour. Mais je n'avais plus le droit d'en souffrir, c'était du passé. Pourtant, il y avait ce mal de vivre qui me tenaillait au plus profond de moi, qui m'empêchait de prendre une profonde respiration, qui me donnait le vertige parfois. Sauf que je ne pouvais pas m'empêcher de trouver de la beauté dans tout cela : dans la vie, dans le monde, chez les gens, partout. C'était d'ailleurs ce que je trouvais merveilleux à exploiter dans mes dessins, toute cette tristesse en trop-plein qui se déversait pour donner un magnifique feu d'artifice, une explosion de sensations, comme si j'avais récolté un saut de lumière liquide et que je l'avais vivement vidé contre mur. De cette effusion de chagrin il résultait toujours quelques étincelles de beauté, et j'étais sans cesse à leur recherche, m'accrochant à elles comme on se guide à l'aide d'une étoile.

Ce soir les ors, les décorations, les belles robes, les rires et les musiques étaient mes étoiles, tout comme les yeux d'Ophelia quand ils brillaient, ses beaux cheveux et sa robe de princesse. J'aimais à constater que nous étions très différentes physiquement, mais que justement nous nous complétions, tous comme nos styles assez opposés.

Pourtant, tout se brisa un peu plus quand elle se retourna vers moi; une longue et mince fissure me fendilla un peu plus de l'intérieur. J'avais eu peur de lui dire la vérité et j'avais raison : au bord de ses yeux perlaient des larmes qui roulèrent sans plus tarder sur ses joues. C'était comme si je souffrais moi, comme si je pleurais moi, et j'eus envie de la serrer contre moi et de lui essuyer ces larmes que j'avais provoquées, lui embrasser les paupières, et lui dire que tout s'arrangerait un jour. Mais je n'y croyais pas assez, alors, à quoi bon... Je restai là, figée, à attendre qu'elle parle sans que je ne puisse rien changer...


- C'est la faute de Poudlard tout ça. Jamais je n'aurais du venir ici. J'aurais pu l'empêcher de s'en aller, j'ai du lui faire du mal parce que je l'ai laissée et c'est pour ça qu'elle est partie. Qu'est ce que ça m'a apporté d'être ici ?

Oui, vraiment, qu'apportait Poudlard? Je m'étais longtemps posé la question. Si je n'étais sûre de rien, je savais au moins avec pertinence que Poudlard m'avait offert, en dépit du reste, Haruhi, puis ma mère, puis les amis que je m'étais faits, et enfin, Kelsy. Kelsy avait été un cadeau aussi magnifique qu'empoisonné, mais je pouvais décemment pas me résoudre à la jeter entièrement à la poubelle. Elle avait fait battre mon coeur et m'avait permis de goûter à ce que je ne croyais vrai que dans les livres. La chute avait été rude, mais quelques secondes d'un intense bonheur ne valaient-elles pas tout l'or du monde? Je bus une gorgée à notre coupe et je trouvai le goût du champagne fort, acide, un peu dérangeant. Je n'aimais pas trop, mais cela avait tout de même un goût de reviens-y.

J'avais envie de lui dire que je savais tout ça, que je comprenais, mais que si elle me laissait une chance, peut-être que Poudlard lui apporterait quelque chose?... Cela me faisait de la peine en un sens, car j'étais là, et elle ne semblait pas me voir.

Elle prit la coupe à son tour - elle fronça le nez comme moi et je souris, devinant que c'était nouveau pour elle aussi. Et puis tout d'un coup elle m'offrit un petit sourire, simple et un peu triste, mais un sourire quand même, et mon coeur ne put retenir un petit bond de joie, malgré tout ce poids qui semblait me peser sur les épaules.


- Ce n'est pas de ta faute, Ophelia, dis-je doucement. Tu sais, les histoires de grandes personnes... On est les premières touchées mais les dernières en cause, conclus-je sagement. Je haussai les épaules un peu tristement. Je savais de quoi je parlais : ces "histoires de grandes personnes" m'avaient coûté mon enfance, mon père, ma famille.


- Tu veux danser ?

J'aquiesçai, heureuse de saisir l'occasion de lui changer les idées. Je suivis son doigt qui m'indiquait la piste, tentai de ne ps prendre garde à Scott qui dansait avec Lilian et me fondis parmi la foule. J'aimais raisonnablement danser; j'en avais peu l'occasion à vrai dire, la plupart des temps c'était pour les bals de Poudlard ou les fêtes d'été au foyer. Mais ce soir il me semblait que j'en avais besoin, comme pour évacuer toute cette tension, et surtout, pour profiter de ces instants avec Ophelia que je savais éphémères. Ce n'était sans doute pas son but dans la vie de danser avec des filles comme moi un soir de bal - elle devait plutôt penser à des garçons comme Scott et elle avait bien raison, car je savais qu'elle avait toute les qualités pour plaire. Manque de chance, elle me plaisait à moi aussi, à moi qui aimais les filles, ou plutôt une en l'occurrence... Je me demandai tout d'un coup si elle savait, si elle avait entendu parler de Kelsy et moi, ou de ce que les mauvaises langues aimaient à balancer sur moi. Est-ce qu'elle me trouvait bizarre? Est-ce qu'elle trouvait ça contre-nature? Je mourrais envie de savoir mais j'en serais morte tout autant de savoir qu'elle le déplorait, si bien que je préférais rester dans l'ignorance. Et puis nous étions en train de danser et je parvenais à m'amuser, et je la voyais sourire - je ne voulais rien changer à ce tableau.

Je ne sais pas combien de temps on passa sur la piste de danse, mais tout ce que je sais c'est que la musique adoucit nos coeurs et me porta un peu plus vers le haut, je me sentais plus légère, ou peut-être était-ce aussi dû au bulles de champagne. Mais je souriais et je riais, et je m'amusais avec Ophelia, et c'était tout ce qui comptait. Certains élèves trouvaient ça bizarre qu'on danse seulement toutes les deux et d'autres, apparemment un peu soûls, tentaient de semer le trouble sur la piste de danse, mais il me semblait que malgré tout rien ne pourrait rompre notre danse.

Et puis, d'un commun accord, parce que nous étions essouflées et fatiguées mais pourtant ravies, je lui fis signe qu'on aille s'assoir un peu plus loin. C'est alors seulement que je me rendis compte que la foule s'était faite moins nombreuse et plus... aléatoire, que le buffet était presque vide, que beaucoup de couples s'étaient formés... et cela, je le connaissais bien... Mais qu'importe. La soirée s'achevait - déjà?!


- Tu sais, je n'avais pas très envie de venir ce soir... confiai-je alors, du bout des lèvres, à voix basse. Parce que, euh... Parce que j'ai des mauvais souvenirs des bals de Noël. Mais je suis contente, finalement. Et je lui offris un sincère et radieux sourire. Je me suis vraiment amusée!

Je la regardai et une fois de plus son regard me fit frissonner à l'intérieur de ma chair, là, tout, au fond - oui, c'était parfait. Tout était bien.
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