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Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]

 
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 Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]

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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



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Localisation : Ben regarde, sur ma licorne magique... Ah, tu la vois ? Okay, arrête le jus de citrouille alors, visiblement ça te fait pas que du bien.
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MessageSujet: Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]   Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C] Icon_minitimeSam 3 Mar - 18:13

Impossible de remettre la main sur ces maudits gants. Le souci, c'était qu'il faisait trop froid à cette période de l'année et encore plus en Écosse, pour sortir sans couvrir chaque parcelle de peau, et c'était toujours le visage qui en prenait le plus pour son grade car même caché entre les grosses écharpes et les bonnets, ça ne suffisait pas. Heureusement aujourd'hui le temps était seulement nuageux, donc il faisait un peu plus doux comparé à d'autres jours où la pluie était soit glaciale, ou alors le ciel découvert et qui gelait chaque brin d'herbe du parc de l'école. Il faisait plus doux, d'accord, mais ça ne m'empêchait quand même pas de vouloir cette fichue paire qui devait prendre un malin plaisir à se cacher entre deux pulls en espérant que même avec la plus grande des chances possible, je ne tombe pas dessus. J'avais du me résoudre à défaire complètement ma valise parce qu'il restait toujours des vêtements dedans depuis que j'étais revenue des vacances de Noël, donc, ça faisait déjà quelques semaines, avant de passer par l’armoire pour finalement me résoudre que le seul endroit où elle devait se trouver, c'était à l'autre bout du monde, dans mon autre chez moi, au Texas.

M'avouant vaincue, je finis par descendre des dortoirs pour rejoindre la salle commune où m'attendait le petit groupe avec qui je devais me rendre à la fête foraine ; il y avait à la fois des filles et des garçons et parmi tout ce beau monde, Haruhi et Scarlett vers qui je me glissai. Je n'étais pas la seule retardataire et au bout de quelques minutes d'attente encore, nous finîmes par dévaler les nombreux étages du château pour atterrir sur le chemin qui menait jusqu'à Pré-Au-Lard. Tout le monde était impatient de pouvoir profiter de la fête foraine qui s'était installée non loin du centre du village dans un grand champ pour pouvoir profiter d'un maximum de place. Et comme chacun ne pensait qu'à s'amuser, forcément, ça se ressentait un peu au niveau de la concentration en salle de classe, si bien que les professeurs avaient décidé d'écourter la journée du vendredi qui ne se réduisait plus qu'à la mâtiné, non mécontents, j'en étais certaine, d'avoir la possibilité d'en profiter un peu.

Pas étonnant donc de se retrouver propulsé, sans y être préparé, pour un gigantesque bain de foule parce qu'il était bien évident qu'il n'y avait pas que les élèves qui pouvaient participer aux festivités : il y avait toute la population de Pré-Au-Lard au grand complet, ça ne faisait aucun doute ! Sans compter les gamins qui n'étaient pas encore en âge d'aller à Poudlard et qui par conséquent courraient dans tout les sens sans prendre garde à où est-ce qu'ils mettaient les pattes et donc inévitablement écrasaient ceux des autres tandis que leurs parents s’époumonaient derrière eux, en tentant tant de bien que de mal de les suivre de peur de les perdre.

L'ambiance joyeuse qui régnait ici me mettait de bonne humeur, les éclats de rire devenant contagieux également et moi aussi j'avais du mal à suivre mes amis sans m'égarer car en plus de regarder de temps en temps où est-ce que se trouvait la chevelure rouge de Scarlett qui était mon point de repère, j'avais le maigre espoir de trouver par hasard – c'était presque vrai, parce qu'en plus, j'étais petite ce qui ne me facilitait pas la tâche – Chuck qui devait forcément être dans le coin. Et c'était d'ailleurs avec ce même hasard qu'on avait prévu de se retrouver un peu plus tard pour passer un peu de temps ensemble, ce qui n'était pas vraiment un problème en soi parce que c'est ce que font tout les amis, passer du temps ensemble... Bref, tout ce que je voulais pour le moment c'était vérifier qu'il était bien là lui aussi, et...
Et les cheveux de Scalett dans tout ça ?!

Je jetai des coups d’œils un peu partout autour de moi, car elle aussi ne devait pas très loin, mais quelques pas vers l'avant me suffire pour comprendre que le reste du groupe aussi, ça n'allait pas s'avérer être simple si je voulais les retrouver. Tant pis, on allait bien finir par se recroiser et au pire des cas, si jamais j'en avais marre, je pouvais toujours les attendre près du stand de nourriture et de boissons, ce qui était le point de ralliement idéal en fait, parce que tout le monde allait recharger ses batteries par là bas à un moment où à un autre. Et pour l'instant, je n'avais pas envie de perdre du temps alors qu'il y avait tout un tas d'attractions qui n'attendaient que d'être utilisées et usées au maximum. De toute façon, je savais que je n'étais pas perdue et je connaissais le chemin pour rentrer au château, alors ça ne m'inquiétait de vagabonder entre tout ces gens et comme en plus de tout Pré-Au-Lard, il y avait également tout Poudlard, nul doute que j'allais croiser quelqu'un avec qui partager quelques moments de détente avant d'aller me comporter en amie – en parfaite petite amie que j'étais – avec Chuck.

Ce qui était toutefois un peu embêtant, c'était que ce n'était pas évident et le temps que je me fasse bousculer, je n'avais à chaque fois jamais le temps de lever la tête pour savoir qui était le fautif. Je suivis une bande de trois filles qui se tenaient bras dessus, bras dessous, donc comme elles marchaient les unes à côté des autres, elles m'ouvraient le passage. Enfin, j'arrivai au pied de la colline, où on pouvait emprunter une montée pour arriver tout en haut d'un grand toboggan qu'ils avaient installé et abandonnait ma traque. J'allais faire quelques pas de plus pour me mettre tout à bout de la file là où chacun attendait patiemment son tour et comme je ne regardais pas spécialement ce que je faisais de mes pieds, je butai contre une pierre à moitié enfoncée dans le sol, trébuchai, et bousculai la personne qui se trouvait le plus proche de moi.

- Pardon, commençai-je machinalement plus par politesse qu'autre chose, prête à prendre congé sans attendre – peut être même que ma victime l'avait faite avant moi, parce que c'est ce qu'on fait des ces cas là. Mais je pris la peine de lever quand même les yeux au cas où... Oh Haley ! M'exclamai-je avec animation, surprise de rencontrer une tête qui m'était connue, et non mécontente de tomber dessus. Toi aussi tu viens affronter le toboggan ? Interrogeai-je avec un franc sourire, tout en repoussant les mèches de cheveux qui me venaient dans les yeux à cause du léger vent qui s'invitait de temps à autre entre les passants.

Autant le dire tout de suite, c'était bien l'une des dernières activités qu'il y avait à faire ici où je voyais Haley Collins se traîner, tout simplement parce qu'elle, qui était si calme et si douce, j'avais du mal à l'imaginer dans ce paysage où les gens hurlaient, cachés dans les rondins de bois qui descendaient à vive allure jusque dans le lac, éclaboussant ceux qui attendaient leur tour par la même occasion. Mais justement, peut être parce que c'était à cet endroit qu'on l'attendait le moins, qu'elle était ici. Je me gardais bien de lui faire la remarque toutefois, parce que si jamais elle était encore hésitante, je craignais que cette simple question qui était pourtant anodine, ne la fasse changer d'avis.
Or, ce n'était pas le but.

- Tu es venue seule ? Examinai-je, après avoir vérifier autour de nous si quelqu'un l'attendait ou non. Moi, j'ai perdu tout le monde, au milieu de... tout le monde, conclus-je en riant et en montrant d'un geste du bras, tout les gens qui nous encerclaient, pour lui expliquer la raison de ma virée en solitaire. On peut partager un rondin à deux si tu veux ! Lui proposai-je, puisque de toute façon, il n'y avait personne d'autre dans les environs pour se greffer à nous. Et j'espérai ainsi qu'elle ne se défile pas ; c'aurait été trop bête.

Mon visage s'était éclairé au gré de mes pensées, car rien n'aurait pu me mettre de mauvaise humeur aujourd'hui – l'effet fête foraine avait décidément quelque chose de grisant !
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Haley Collins


Haley Collins
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MessageSujet: Re: Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]   Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C] Icon_minitimeVen 16 Mar - 23:52

Du bruit : des rires, des gloussements, des cris graves comme aigus, masculins et féminins, traduisant la peur et la joie, les centaines de pas qui piétinent le sol et les présences humaines que je sens tièdes et vivantes. Ces nuisances sonores me parviennent comme si elles provenaient d'un monde parallèle au mien. Le mien. Fait de néant, du néant à l'état brut, pur et sombre, qui m'engloutit calmement, doucement, tendrement. J'avais renoué avec mon doux néant, celui dans lequel j'avais aimé à me complaire après le décès de mon père, il y a de cela deux ans. J'avais la douloureuse impression de revivre ce terrible enfer une seconde fois. Si le contexte était différent, la situation était la même : j'avais perdu quelque chose qui depuis laissait un trou béant dans mon coeur, qui ne se refermait pas, et qui au contraire s'élargissait sans cesse pour m'engloutir toujours plus. Mon coeur avait été bien maltraité depuis toujours : une petite entaille par ci, une coupure par là ; chaque nouvelle année amenait son lot de blessure.

Mais il était aujourd'hui en miettes, j'avais senti sa surface se craqueler sous la force de la tristesse et de la douleur lancinante qui le dévorait de l'intérieur, qui le bouffait comme les mites s'attaquent au bois, elles le pénètrent elles le déchiquettent elles le trouent et le bouffent jusqu'à ce qu'il ne reste rien sinon du rien, du vide qui se matérialise soudain et c'est là – la chute.

Mes yeux s'ouvrent dès que les premières gouttelettes d'eau fraîche effleurent ma peau. Je frissonne de la tête aux pieds et, bien qu'aveuglée par la lumière du jour, ma main vient se débarrasser de l'ennemie qui s'est déposée sur mes bras aux poils hérissés et sur mon visage aux traits contrariés. Je retrouve mes esprits tandis que la violence de la clarté venue percer mon obscurité s'atténue au fur et à mesure que mes yeux s'habituent au soleil. Car il fait beau, aujourd'hui. Les professeurs ont magnifiquement orchestré leur programme : cette fête foraine tombe à point nommé, alors que l'hiver cède peu à peu sa place au printemps, que les élèves recouvrent leur bonne humeur et que les bourgeons naissants dont le parfum des futures fleurs qui embaumera bientôt l'air chassera définitivement tout mauvais souvenir liés aux évènements malheureux survenus il y a peu. La pensée m'était d'ailleurs venue que nos repères temporels avaient été redéfinis par ces inhabituelles circonstances : nous nous repérions non plus par rapport à la rentrée de Septembre désormais si lointaine, mais en se référant à l'arrivée et au départ des Mangemorts, l'un comme l'autre ayant chamboulé nos vies. Oh, comme c'est joliment dit – l'approche du printemps ne fait qu'accentuer mes monstrueux élans de poésie purulents de lyrisme, alors qu'une seule envie se fait réellement pressante : celle de percer tous les abcès. Alors oui – je dois bien l'avouer mais en grimaçant -, comme tout le monde, les deux m'ont profondément marqué. Leur arrivée avait signé l'acte de naissance d'une folle promesse, leur départ son anéantissement brutal et définitif.

Il aurait fallu que je crève. Cette chance m'avait été donnée deux fois, et je les avais toutes deux loupées. Alors je suis bien obligée de me traîner, comme une vieille carcasse, comme une chose faible, si faible, comme un oisillon que l'on écrase dans son oeuf - et tout cela à cause d'histoires de jeune fille aussi pitoyables qu'insignifiantes. Il aurait fallu qu'ils me tuent, qu'ils fassent taire le chant de mes peines pour les empêcher de s'élever toujours plus fortes et insupportables – et me clouent, enfin, dans le silence.
Mon regard est porté vers le toboggan de la fête foraine, grand, imposant, grouillant de vie, et, je viens de l'apprendre à mes dépends, désagréable si l'on y reste d'un peu trop près, l'eau qu'il contient s'y échappant à petit dose au passage des rondins de bois. Je n'aime pas l'humidité pourtant inoffensive qui m'agresse la peau comme me brûlerait une flamme. Elle me fait sentir nue et sale alors que je n'aspire qu'au sentiment de sécurité que seule les draps de mon lit peuvent m'apporter, même si lisses et froids aux premiers instants lorsque je m'y glisse.

La curiosité et l'ennui m'avaient poussé à poser les pieds ici, ainsi que les encouragements insistants de mes camarades à les suivre – bien courts, cependant. J'ai l'impression couplée de la satisfaction de les effrayer un peu, en ce moment. Peut-être à cause de mon teint plus livide et de mes cernes plus marquées et de mon air plus renfrogné que jamais. J'en tire un intense plaisir : la contrariété dont je suis la source est mon unique source de divertissement. Je m'y trouve depuis une dizaine de minutes et le regrette déjà. Le bonheur des uns accentue le malheur des autres est le plus vrai des dictons, et aussi celui que j'expérimente le plus. Ecoeurée du spectacle de joie ostentatoire auquel j'assiste, je m'apprête à revenir sur mes pas pour rentrer au château lorsque quelqu'un me bouscule. Je pousse un grognement agacé et me retourne et – Taylord Reegan.

- Pardon.

Elle me dévisage un instant, son visage s'illumine, puis :

- Oh Haley ! Toi aussi tu viens affronter le toboggan ?


Mes yeux la regardent sans ciller, comme hypnotisés par la joie de vivre qui se dégage d'elle, radieuse et irradiante de bonne humeur. Littéralement éblouie, mon étonnement se prolonge tandis que je l'observe, elle, son sourire si franc et sincère, ses cheveux châtains bercés par le vent encadrant son visage aux traits fins. Si tout autour de moi me paraissait d'ores et déjà insupportablement gai et joyeux, Taylord l'était à une telle échelle que j'en fus d'abord muette parce qu'il ne me restait que des débris fumants de la notion de « bonheur » que j'avais auparavant habitée.

- Euh, pas vraiment, non
, dis-je simplement, encore bouleversée par ce soleil humain. Taylord n'en fût cependant pas déstabilisée et continua à me parler telle une pie bavarde et pleine de vie – tellement vivante que je sentais une pointe de dégoût me remonter du coeur à la gorge. Pourtant, j'aimais beaucoup Taylord. Elle avait été mon soutien, mon amie cachée, ma partenaire de mésaventures féminines. Je l'avais, un temps, considérée comme mon égale – j'avais à présent l'envie de rire rien qu'à cette pensée. Le fossé s'était tellement creusé que c'en était en effet risible. Je remuais toujours la terre dans l'ombre tandis qu'elle avait trouvé le moyen d'en sortir pour rejoindre la surface. Peut-être même était-elle montée jusqu'au paradis.

- Tu es venue seule ? Moi, j'ai perdu tout le monde, au milieu de... tout le monde, dit-elle en riant. On peut partager un rondin à deux si tu veux !

Et elle riait, et elle souriait, et elle était tellement éblouissante que j'avais parallèlement la nausée et l'envie de m'extasier avec elle sur la beauté de la vie et du toboggan dont l'eau venait de temps à autres chatouiller ma peau, ce qui accentuait considérablement mon irritabilité. J'avais aussi conscience qu'elle ne méritait ni ma haine ni mon dégoût, alors je jetais un regard ému et souriant – grosse blague, j'ai de l'humour aujourd'hui – sur les attractions et les gens divers et variés qui nous entouraient avant de lui répondre, en essayant de constituer au mieux un semblant de sourire sur mes lèvres :

- Désolée Taylord mais je pense que je vais rentrer, je suis fatiguée, dis-je d'abord un peu faiblement avant d'ajouter, avec une audace dont je me félicitais et dans un mouvement de main qui marquait la fausse insignifiance de mes propos : En plus ce tobbogan je l'ai déjà fais dix fois, je commence à me lasser un peu ! Je ponctuais ma phrase d'un petit rire qui me semblait sonner horriblement faux, mais mon attention était déjà portée vers d'autres horizons, mes yeux scrutant la foule pour y trouver un échappatoire afin de rebrousser chemin jusqu'au château Alors, peut-être à la prochaine !, dis-je pour conclure en espérant qu'elle me laisse partir – et j'eus presque envie d'ajouter « Et bonne vie surtout ! »... mais je me retins à temps : elle n'était en rien dans la cause de mes malheurs et je n'avais surtout pas envie de l'y impliquer.


Dernière édition par Haley Collins le Mar 27 Mar - 0:00, édité 1 fois
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Taylord Reegan


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MessageSujet: Re: Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]   Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C] Icon_minitimeMer 21 Mar - 18:44

Je m'en souvenais bien de la grande fête foraine de Midland, parce que nous y étions allés tout les ans, durant des années. C'était toujours animé, mais le mieux, c'était toujours lorsque la nuit commençait à tomber, que les lumières des différents stands illuminaient tout les lieux. C'était la folie dans tout les sens, comme si chaque personne présente était une boule d'énergie, qui ne demandait qu'à la dépenser, et avoir au moment de se coucher tellement d'images en tête qu'à la fin, ces mêmes gens finissaient par poursuivre l'aventure en y rêvant la nuit. Là, ce n'était peut être que l'après midi, mais ça ne changeait rien, toutes ces personnes étaient ici parce qu'elles le voulaient bien et que cette fête était un éclat de joie plus fort que les autres à elle toute seule, comme un pansement géant, qui faisait petit à petit comprendre au fur et à mesure que les secondes passaient, que les mangemorts étaient partis pour de bon, et qu'il n'y avait donc plus besoin de s'inquiéter pendant un bon bout de temps.

Cela voulait-il dire, que moi, comme tout les autres, nous nous voilions la face ? Je ne pensais pas vraiment que ce soit le cas. Tous, ici cherchaient non pas à oublier, mais à vouloir s'échapper durant quelques heures à la banalité du quotidien. Une parenthèse dans le vie, une dimension parallèle qui paradoxalement leur permettait de mieux garder les pieds sur terre par la suite. Pouvaient-ont leur en vouloir de juste être heureux ? J'avais également une foule de souvenirs en tête, mais de bons souvenirs, et mêmes s'ils précédaient les plus mauvais, ça ne changeait pas ; je voulais les garder en mémoire pour toujours et je refusais qu'on me les vole, comme un intrusion dans ma vie privée. Chacun réagissait comme bon lui semblait, et la solution que j'avais trouvé pour parer le manque, c'était la mienne. Non, on ne pouvait vraiment pas empêcher les habitants Pré-Au-Lard d'être heureux, parce que durant toute la durée des festivités, c'était ce qu'ils allaient s'employer à faire avec la plus grande des volontés.

Donc nous disions ; c'était facile de s'amuser lorsque tout le monde s'amusait tout autour de nous, mais quand même il ne fallait pas nier que c'était largement plus sympa à plusieurs. J'avais égaré la petite troupe avec laquelle j'avais prévu de passer une partie de l'après midi, pour trouver à la place Haley Collins à qui j'avais l'impression de ne pas avoir adressé la parole depuis des lustres. C'était presque vrai dans un sens et j'avais encore en tête le conclusion précipitée de notre dernière rencontre, et depuis... depuis, il s'était passé tellement de trucs que toute une année entière n'aurait pas suffit pour raconter les détails de tout ce qu'il s'était passé en quelques mois seulement, c'était pour dire, que si l'on revenait quelques semaines en arrière, finalement, ça ne paraissait pas totalement invraisemblable que chacune soit allée vaquer à de occupations qui paraissaient alors être les plus importantes.


- Euh, pas vraiment, non.


Ce n'était pas difficile de comprendre, qu'Haley n'était pas ce genre de personnalité facile à cerner. Tout comme ceux qui ont tendance à trop parler peuvent cacher beaucoup de choses – c'est pourquoi il parlent beaucoup, pour espérer faire avaler la pilule plus facilement – et bien c'était aussi le cas de ceux qui répondait par oui ou par non, et j'en savais quelque chose, parce que je faisais exactement pareil. Si elle pensait donc me berner comme ça, il allait falloir qu'elle repasse, mais d'un autre côté, ce n'était pas mon problème. Justement, parce que je savais ce que c'était de vouloir rester enfermée du reste du monde, je ne pouvais que comprendre lorsqu'un autre individu jugeait bon de faire la même chose. Ce n'était jamais innocent, jamais pour rien. A ce titre, je n'avais pas le droit de prétendre vouloir faire quoi que ce soit, et puis même, si je tentais de faire quoi que ce soit, elle risquait tout aussi bien de me renvoyer l'ascenseur, et entre nous... non.

Je me contentais donc pour le moment de lui lancer simplement un regard interrogateur, tout en préférant jouer les gourdasses et faire comme si je n'avais qu'à moitié compris où elle venait en venir. Parce que bon, je ne voulais pas dire, mais à la base, on ne venait pas dans une fête foraine pour promener son veracrasse de compagnie, et je ne pensais pas non plus que la Serdaigle soit l'heureuse propriétaire d'un veracrasse de compagnie, donc si ce n'était pas pour profiter des attractions, là comme ça, je ne voyais pas ce que ça pouvait être éventuellement, à moins de ne vouloir se jeter du haut du toboggan en question, mais en empruntant la voie rapide, donc celle qui n'était pas de se laisser glisser jusqu'à l'eau dans des rondins de bois, mais en faisant un plongeon clair net et précis. Okay, donc j'allais m'abstenir de faire part de ces dernière pensées à Haley tout en espérant qu'elle n'avait pas des tendances suicidaires ! Donc dans le doute... Et ben on allait rester dans le doute.

Donc, lui proposer la descente à deux, ça m'avait tout l'air d'être une idée pas trop mauvaise et au moins ça me permettait de la surveiller par la même occasion. Ce n'était quand même pas de ma faute si ma trop grande imagination agrémentée d'une pointe de paranoïa refaisait surface en plein dans un moment comme celui ci ! C'était naturel chez moi de me méfier en permanence, ce que Chuck s'amusait un peu trop à tourmenter ces derniers temps au passage, et donc comme on dit, chasser le naturel, il revient au galop, voilà donc où on en était à cette seconde précise de l'histoire.


- Désolée Taylord mais je pense que je vais rentrer, je suis fatiguée.


Est-ce que c'est un peu gros si je dis que les élèves avaient eu le droit de quitter Poudlard pour se rendre ici il y avait à peine plus d'une heure ? Ça en plus du temps d'attente pour profiter de chaque manège, son bobard ne tenait pas debout et ce n'était plus qu'une question de secondes avant qu'elle ne s'en rende compte.

- Déjà ? Bon, je suis d'accord que c'est fatiguant d'attendre, mais...
répliquai-je gaiement en faisant un signe en direction de la foule.

...mais avant que je ne lui serve un quelconque argument que j'allais inventer un fil de mes paroles, elle venait de m'en donner un d'elle même, me tendant la perche que j'allais m'empresser de saisir :


- En plus ce tobbogan je l'ai déjà fais dix fois, je commence à me lasser un peu ! Alors, peut-être à la prochaine !

Vivre, et avoir vécu dans un ranch, au milieu des chevaux, avait un avantage considérable, car il fallait se montrer réactif à n'importe quel moment avec les animaux. Le fait qu'il y ait du monde, de surcroît, jouait en ma faveur et je ne tardais à me poster devant Haley de manière insistante pour l'empêcher de passer, ce qui n'était donc pas très compliqué, et heureusement qu'elle n'était pas immense, car déjà que je me faisais trimbaler de droite à gauche depuis tout à l'heure, mes chances de pouvoir la retenir auraient été carrément nulles. J'avais au moins le bon sens de ne pas la toucher, parce que je savais qu'il n'y avait rien de pire lorsqu'on voulait braquer quelqu'un. Parce que je savais que même si nous n'avions pas que des points communs, nous avions toutes les deux la même façon de nous comporter face à l'ennemi. Élément donc, dont j'allais me servir.

- Une dernière fois alors ? Insistai-je, en levant le pouce, pour préciser que je lui demandais comme un service, et puis... que ce n'était qu'une fois de plus, tout simplement. Je n'étais pas vache à ce point quand même... ou presque. Parce que déjà un second plan, beaucoup vicieux certes, venait de germer dans mon esprit. Accompagne moi au moins jusqu'en haut de la falaise, je vais m'ennuyer à attendre dans la file toute seule sinon... avouai-je, ce qui dans un sens était presque vrai. Je n'étais pas obligée de lui dire toute la vérité tout de suite après tout ! Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vue, comme ça, on pourra parler de... trucs. Trucs que j'allais m'empresser de trouver le plus vite possible, avant que ça ne me retombe dessus à causer de sujets sur lesquels justement je ne voulais pas m'épancher. Comme si elle avait déjà accepté je tendis ma main, tout sourire en découvrant mes dents, pour qu'elle s'en empare, afin que nous puissions rejoindre la queue, sans nous perdre « malencontreusement » - pas folle la guêpe. Et c'était officiel, si maintenant je me mettais à agir comme Carlton, c'était vraiment qu'il avait mauvaise influence sur moi.
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Haley Collins


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MessageSujet: Re: Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]   Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C] Icon_minitimeMar 17 Avr - 18:09

Je savais, au fond de moi, que c'était peine perdue. Taylord ne me lâcherait pas. Personne ne me lâche jamais, sauf, justement, ceux que j'aimerais qu'ils me retiennent pour toujours. Mais rien n'entrave leur départ, ils s'éloignent comme des ballons qui s'élèvent dans le ciel, irréversiblement inaccessibles. Poussée en avant par une force invisible, je continuais à poser un pied devant l'autre parce que je n'ai pas d'autres choix. Je suis un aimant à double-face, qui repousse et qui attire, mais jamais dans le bon ordre. J'avais pleinement conscience que je ne devais pas en vouloir à Taylord, que c'était inhumain de se sentir agacée par la gentillesse qu'elle manifestait à mon égard, que c'était incorrect de se comporter telle une sauvage... mais c'était aussi contre ma volonté. Je n'avais jamais su, n'arrivait pas et n'arriverait jamais à jouer à ce que je ne suis pas. Si Taylord n'avait pas remarqué qu'il y avait baleine sous montagne, ce n'était plus qu'une question de temps. Peut-être pouvais-je même accélérer le processus en me comportant de manière tout à fait insupportable... Mais aussitôt l'idée traverse t-elle mon esprit que je sais que je n'en serais pas capable.

C'est là ma malédiction : je sais et je ne peux rien faire.

Et quand je tente de m'échapper, j'échoue.

- Déjà ? Bon, je suis d'accord que c'est fatiguant d'attendre, mais...

Elle avait semblé prête à abandonner la partie, à me laisser dans ma tranquillité morose...

- Une dernière fois alors ? Accompagne moi au moins jusqu'en haut de la falaise, je vais m'ennuyer à attendre dans la file toute seule sinon... Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vue, comme ça, on pourra parler de... trucs.


...mais elle me retient finalement. Je m'y étais préparée, cependant. Par convention ou véritable envie, il était évidemment hors de question qu'elle me laisse filer entre ses mains, et elle avait toutes les raisons du monde pour ne pas le faire : croiser une « amie » proche, silencieuse, seule, devant une attraction qui lui tend les bras ? Il n'y avait aucun espoir à nourrir quant à un possible échappatoire. Mais quelle idée avais-je eu d'être restée immobile devant ce toboggan ..? Et voilà que j'entre dans l'habituel processus du « je m'insulte de tout-les-noms je suis maudite quelle pauvre nouille sautée à l'arsenic tu devrais te tuer parfois ma pauvre vieille non mais qu'est-ce que tu as dans la tête sérieusement et ça se dit Serdaigle et ça se plaint d'être rejetée en même temps quand on te voit on comprend vite pourquoi VA TE PENDRE. » Ce n'était pas de la faute de Taylord, c'était la mienne. C'est toujours la mienne.

Comme si elle avait senti que je ne désirais rien de plus au monde que de quitter ces lieux, elle tendit sa main pour s'emparer de la mienne. J'esquisse un mouvement méfiant – les contacts humains m'étaient de plus en plus insupportables – avant d'accepter cette étreinte manuelle. Ma réputation de fantôme asocial était déjà bien suffisante pour que s'y ajoute celle de sauvage paranoïaque, merci bien. Je suivis donc Taylord à pas lent dans la file qui montait au point de départ du toboggan, la gorge de plus en plus nouée au fur et à mesure que nous approchions du but. De quoi ? D'angoisse, peut-être. La Haley des temps normaux n'appréciait déjà guère ce genre de manèges. Et d'appréhension, surtout, quant à la présence de Taylord. De quels « trucs » voulait-elle dont qu'on parle ? Du choc de l'avoir vue dans une mini-robe rouge au bal ? De ses bisous bisous avec Chuck Carlton ? Du regret que j'éprouvais de l'avoir perdue, car elle était bien la seule qui aurait pu me comprendre ? Elle ne pouvait plus, désormais. Inutile que je lui déblatère mes profonds problèmes existentiels, elle me rirait au nez. Taylord avait quitté l'enfance et le stade infertile des rêves qui attendent d'être fécondés pour muer en réalités. Ses souhaits devaient désormais être accomplis, j'en étais intimement convaincue. Son teint frais et ses yeux pétillants en était des preuves physiques ; quelle mélodie du bonheur se jouait actuellement dans son esprit ? Je refusais de le savoir. Je ne voulais parler d'aucuns « trucs » avec Taylord. Nous étions postées sur des piédestals bien trop différents : si elle m'écoutait, elle n'aurait rien à me répondre. Quant à moi, si je l'écoutais, elle... quelqu'un se dévouerait t-il pour me jeter un Avada Kadavra afin de m'épargner le supplice de subir les sons gazouillants du bonheur ?

Mais pour ne pas à avoir écouter Taylord, il fallait que ce soit moi qui parle. Allez, Haley, ouvre la bouche. Fais-en sortir des sons intelligibles et compréhensibles. Bouge tes lèvres. Forme des mots qui s'élèvent dans les airs pour ne pas la laisser t'étouffer. Défends-toi. Agis. PARLE !


- C'est vrai que ça fait longtemps qu'on s'est vues, articulai-je avec un simulacre de sourire. Comment v...

Non, non, pas cette question, tu t'engages sur la mauvaise pente. Change de direction, immédiatement.

- Enfin, je, tu... Quel monde ici !, m'exclamai-je en profitant que des premières années nous frôlent afin de nous doubler dans la file en toute discrétion. Un vrai succès cette fête foraine !

Je m’engageai dangereusement dans la voie du faux-semblant et de l'hypocrisie, deux comportements que je ne maîtrisais pas. Comme il devait être facile d'évoluer en société quand on est capable de mentir comme on respire... Chacune de mes tentatives s'était soldée en un échec cuisant : si personne ne venait me contredire, je savais que personne ne me croyait. Il ne me restait plus qu'à m'éclipser pour mettre un terme à ces catastrophes mensongères. Mais ma main était fermement tenue par celle de Taylor. Il fallait que je trouve autre chose. Des cris vinrent me distraire alors que je m'évertuais à trouver un stratagème : ils provenaient des élèves qui descendaient le toboggan sur leurs rondins de bois, à quelques mètres de notre file. J'évaluais d'un coup d'oeil la distance qu'il nous restait à parcourir avant de se jeter dans cette attraction maudite. Dans quelques minutes, c'était nous qui allions descendre cette cascade à toute allure. Un rire nerveux déforma mes lèvres : moi, dans un toboggan, alors que de monter dans une simple grande roue m'avait déjà causé des spasmes étant enfant ? L'horreur de ce qui m'attendait pris alors le dessus sur la haine infusée dans mes veines qui avait bouillonné à la vue du bonheur animant Taylord, décuplant mes ressentiments contre moi-même et contre ma camarade, et déliant ma langue. Une fois de plus, le contrôle de mon corps et de mes mots m'échappait.

- En fait, Taylord, quand je disais que je l'avais fais des dizaines de fois, je... c'était il y a longtemps, à la fête foraine de l'an dernier, tu sais..., commençai-je d'une voix affreusement chevrotante. On dirait qu'ils l'ont rendu plus difficile cette année...

A chacun des pas qui me rapprochait des rondins de bois sur lesquels nous allions nous installer, je tirais un peu plus en arrière ma main droite, celle que tenait Taylord. Il ne me restait plus que quelques minutes avant mon trépas : soit je les occupais à geindre, soit à échanger des « trucs » avec elle. Aucune de ces deux solutions ne me convenait. Alors je décidai de me murer dans un silence de plomb en tentant d'atténuer les tremblements qui commençaient à m'agiter. Accepter sans plus rechigner et ingérer sa propre stupidité : voilà mon châtiment.

[Pardon pour le retaaaard ]
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
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MessageSujet: Re: Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]   Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C] Icon_minitimeSam 21 Avr - 16:28

Je m'évertuais à croire que c'était une excellente idée, et ce n'était la suspicion d'Haley qui allait me faire dévier de mon objectif principal. D'un autre côté, c'était son droit si elle ne voulait pas me suivre dans cette ascension de la colline si elle n'en avait pas envie. A sa place, je ne me serais pas gênée pour envoyer la personne insistante en lui disant d'aller voir sous le lac dans lequel elle voulait plonger si j'y étais, puis me retourner avec agilité pour filer dans la foule. C'était un scénario tout à fait plausible, c'était aussi pour ça que je l'imaginais très bien. Seulement il y avait un détail assez conséquent qui rentrait dans mes savants calculs et pas des moindres : Haley n'était pas moi.

Est-ce que j'avais ressentis un soulagement lorsqu'elle répondit malgré tout à l'affirmative à ma demande en glissant ses doigts frais entre les miens ? Un peu oui. Se prendre un vent, même par une fille, ce n'était pas l'expérience la plus agréable qu'il m'était déjà donné d'avoir, et je l'en remerciais intérieurement de ne pas avoir eu l'impolitesse de me lancer un air hautain qui voulait clairement dire qu'on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes - même si j'étais d'avis que torchons ou serviettes, que ce soit l'un ou l'autre, nous étions toutes les deux dans la même catégorie. A la limite, il y avait une différence de couleur, de texture de taille, de forme, de n'importe quoi et tout ce que vous voulez mais je restais persuadée que c'était la même. C'était un peu contradictoire comme réflexion, mais le plus important, c'était que ce soit clair dans ma tête, le reste, là aussi, ce n'était que fioritures.

Ensuite et une fois n'est pas coutume, j'avais perdu une belle occasion de me taire et ne cessais de me répéter de retourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler, mais là encore, Haley alla également dans mon sens en ne relevant pas, se contentant de marcher à mes côtés, presque prises en sandwich comme nous l'étions entre les gens devant que n'avançaient pas, et ceux derrière qui avaient limite envie de nous pousser. Je donnais d'ailleurs un grand coup de coude à une bonne femme qui n'arrêtait pas de m'envoyer son énorme sac à mains qu'on se demandait bien ce qu'elle pouvait mettre dedans à part un cadavre de chihuahua, tout en lui lançant un regard mauvais pour la défier de recommencer.

- Ça n'ira pas plus vite de toute façon
, décrétai-je à son attention.

Et par pure esprit de contradiction, je faisais des pas encore plus lents, ce qui n'était franchement pas difficile puisque la Serdaigle semblait être du même avis que le mien. Mais pas pour les mêmes raisons, ça j'en étais certaine.


- C'est vrai que ça fait longtemps qu'on s'est vues. Comment v... Enfin, je, tu... Quel monde ici ! Un vrai succès cette fête foraine !

Un vrai succès pour ce qui était de la faire s'amuser dans la joie et la bonne humeur, ou bien de la faire mourir de trouille ? Je n'étais pas une experte en matière d'analyse du comportement mais pas idiote, parce que si ce n'était pas ce que ses mots exprimaient, c'était tout à fait ce que le timbre de sa voix était en train de me dire. Dans ce cas, il n'y avait pas trente six mille solutions : soit j'allais dans son sens et tout se passait pour le mieux dans le meilleur des monde – pas le sien malheureusement – soit... Oui, non, j'allais aller dans son sens et tout se passerait pour le mieux dans le meilleur des mondes ; de temps en temps, il m'arrivait quand même d'avoir des éclairs de lucidités suffisamment puissants pour que je n'agisse pas avant de réfléchir. Grand bien lui fasse.

- Oui, c'est l'occasion de sortir, commentai-je vaguement tandis que je levai le menton pour voir où on en était exactement dans notre progression. Je n'en pouvais plus de l'eau de Cologne de la vieille taupe ! Sûrement pour masquer l'odeur de son macchabée d'animal. Dégueulasse.

Un peu plus, et j'avais vraiment envie de lui poser la question tiens. Ou alors de demander son avis à Haley, pour détendre un peu l'atmosphère, parce que si l'heure était censée être à la fête, la concernant, tout laissait à croire le contraire ! J'ouvrai la bouche pour lui faire partager mes pensées, mais elle me coupa.


- En fait, Taylord, quand je disais que je l'avais fais des dizaines de fois, je... c'était il y a longtemps, à la fête foraine de l'an dernier, tu sais... On dirait qu'ils l'ont rendu plus difficile cette année...

Très franchement ? J'avais beau être de bonne humeur et tout le bazar qui va avec... Mais pour le coup, j'avais bien envie de m'énerver et de lui demander cash que si elle était venue ici pour regarder les mouches voler en se morfondant et en se disant que ces dernières avaient à n'en pas douter une meilleure existence qu'elle, qu'elle aurait eu mieux fait de rester dans sa tour d'ivoire de Serdaigle, parce que ce n'était sûrement pas ici au beau milieu de toute cette agitation qu'elle allait trouver cet état ankylosée qu'elle recherchait. A un moment donné, il fallait arrêter. C'était elle qui tendait le bâton pour se faire battre, pas les autres qui le lui arrachaient des mains !

- Mais non ! Ça m'étonnerait qu'ils fassent preuve d'une grande originalité d'une année à une autre, commençai-je à m'impatienter un peu plus sèchement, parce qu'à ce compte là, autant qu'elle me dise qu'elle ne voulait pas aller plus loin et on en parlait plus ! Si elle ne savait pas ce qu'elle voulait, je n'allais pas le savoir à sa place ! Bon, peut être que j'avais usé de fourberie, mais quand je lui avais tendu la main, c'était elle qui l'avait prise, pas moi qui m'étais jetée sur la sienne...Une sorte d'obligation masquée si l'on peut dire.

Je comptais appuyer mon regard dans le sien prête à lui demander qu'elle m'explique clairement ce qu'elle décidait, mais l'éclat d'effroi qui régnait au fond de ses pupilles, alors qu'elle nous stoppait dans notre élan... Cela me fit immédiatement oublier mon ressentiment. Je changeai mon fusil d'épaule et laissai en même temps passer l'autre peau de vache sans me priver toutefois de lui donner un coup d'épaule mérité, agrémenté d'un « désolé », pas désolé du tout. Mais au moins, nous ne l'aurions plus dans les pattes. Je nous sortis de la file pour nous mettre un peu en retrait. Pour le moment, ça valait mieux.

Haley ne comprenait peut être pas pourquoi j'insistais tant pour lui apporter mon aide, même si pour moi, la raison en était toute simple et évidente : elle me faisait de la peine. Pas la peine dans le sens, tu me fais pitié ma pauvre fille, mais regarde toi, c'est sûr que si tu fais pas d'efforts, on va pas en faire non plus, mais comme je suis une âme très charitable, je veux bien passer un peu de temps en ta compagnie puisque de toute façon, là tout de suite, j'ai rien d'autre à foutre de ma vie. La pitié, avec les mangemorts, c'était certainement le truc que je détestais le plus au monde, et je me battais contre ça depuis des années, ce n'était pas pour qu'à mon tour, je prenne un air condescendant parce que je pensais avoir tout compris ! Non, c'était plutôt cette peine qui me rendait un peu triste, parce que même si nous n'étions pas les meilleures amies du monde, j'appréciais sa compagnie, parce qu'elle n'était pas de ces personnes qui parlaient trop et trop fort, surtout pour ne rien dire. Peut être qu'il y avait des raisons à cela – c'était sûr – peut être qu'elle ne voulait pas les dire et c'était son droit, j'étais la dernière qui allait la forcer à se confier si elle n'en avait pas envie, mais ce qu'elle ignorait, c'était que dans les traits qu'elles arborait, je m'y retrouvais. Plus maintenant d'accord, mais j'avais envie de lui dire « regarde, c'est possible, c'est tout aussi surmontable que trois, quatre rondins qui se suivent les uns après les autres ! ». Je savais ce que c'était que d'être mélancolique et de croire que de toute façon quand on est dans le malheur, peu importe le degré, peu importe pour quoi, on y reste, parce que c'est comme ça que ça doit être, point barre – plus que n'importe qui d'autre alors, je voulais lui prouver que dans chaque parcelle de malheur un il y avait une once de luminosité, et qu'il fallait juste le trouver pour la laisser rentrer plus profondément, cette lumière.

Haley, elle attendait sur le quai d'une gare que son train vienne la chercher et qu'elle puisse rentrer dedans. Mais s'il ne venait pas, ce n'était pas parce qu'il n'existait pas, mais parce qu'elle n'attendait pas sur le bon quai. Ce qu'il fallait, c'était qu'on l'emmène au bon endroit. Peut être qu'ensuite, elle attendrait encore, mais au moins, ce ne serait pas pour rien. Pour tout un tas de trucs, pour tout ce dont elle avait envie, mais pas dans le vide. L'espoir d'attendre quelque chose, même si on ne savait pas quoi, mais l'espoir de croire que que peu importe la forme qu'il prendrait il viendrait.
Encore un tout petit peu de patience.

- Ce n'est pas l'attraction la plus reposante de la fête, concédai-je avec douceur, mais tu sais, les quelques secondes où tu fais la descente, tu oublies tout.

Ce n'était pas ce qu'elle voulait ? C'était le but recherché du toboggan, et Haley ne faisait pas exception à la règle, on était tous dans le même cas : ne seulement sentir que ses muscles qui se contractent, car la peur, l'excitation, les deux en même temps sont trop fortes pour qu'on puisse un seul instant songer au reste.

- Ça fait du bien de tout oublier parfois, tu ne trouves pas ? Puis, je poursuivis un peu plus fermement, écoute, on est presque au bout là, je te propose qu'on retourne dans la file là où on était et une fois qu'on est tout en haut tu choisis la descente que tu veux faire : soit le chemin inverse, soit la voie rapide. Parce que je n'étais pas dupe : si on restait planté ici, elle allait encore plus cogiter, alors qu'au moins à présent, je lui offrais une porte de sortie. Je n'étais pas complètement cruelle quand même, si ?!Il n'y avait donc plus aucune raison de s'inquiéter. Ça te va ?

Tu as toutes les cartes en main. A toi de voir celles que tu veux poser sur la table.
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MessageSujet: Re: Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]   Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C] Icon_minitimeMar 22 Mai - 23:29

Oui, j'avais peur. La peur, une de mes plus fidèles comparses qui m'accompagne sans répit pendant toutes les épreuves que je traverse, la peur qui me paralyse les muscles du corps, qui contracte mon coeur jusqu'à en faire un détritus de la taille d'un boursouflet, qui me noue la gorge et le ventre, qui accentue les palpitations cardiaques, habitantes de ma poitrine. Cette peur qui me suit partout et qui me rend si vulnérable et... petite ; elle me hante pour tout, toujours. Hier une escapade nocturne, aujourd'hui un vulgaire manège de fête foraine... et demain ? Autre chose. Jamais ça ne s'arrête. Elle arrive par élans, traverse mon corps, vit dans mes entrailles, hante mon esprit jusqu'à ce que je m'avoue vaincue, comme maintenant. J'ai à demi-avoué à Taylord ce qui me pèse sur le coeur et mon ridicule que je soupçonnais jusqu'alors m'apparaît éclatant mais aussi irritant ; je le lis dans ses yeux. Je la sens perdre de plus en plus de son sang-froid tandis que je fonds sous le poids de son regard et de ses mots, secs, impatients :

- Mais non ! Ça m'étonnerait qu'ils fassent preuve d'une grande originalité d'une année à une autre.

J'avais évidemment menti quant à la difficulté des attractions. Comment pourrais-je savoir si elles étaient plus difficiles cette année puisque je ne m'étais pas rendue à la fête foraine l'an passé ? Taylord a peut-être découvert mon subterfuge, ou peut-être pas ; le fait est que vrai comme faux, il est facilement discutable et peut être contré en une poignée de secondes. Ma camarade remarque plutôt l'originalité que la difficulté des attractions mais je suis intimement convaincue qu'elle sait que ma supposition avait pour unique but de me délester de mon obligation. Une obligation qui ne l'était pourtant pas. Qui m'a forcé à prendre la main de Taylord au lieu de lieu dire clairement que je n'étais pas ici pour m'adonner à ce genre d'activités mais simplement pour sentir quelques rayons de soleil sur ma peau translucide, que j'appréhendais le fait qu'elle ait changé, et que j'avais le vertige ? Personne. J'avais été la seule à m'engager, à accepter sans férocement protester, à me saisir de sa petite main fine et blanche. Je n'avais pas fui en courant, mais cette passivité m'apparaissait comme une autre forme de lâcheté. Je me renfrognais pour toute réponse à Taylord, ne sachant quelle autre excuse lui servir sur un plateau transparent qui laisserait de nouveau entrevoir mes véritables intentions avec une facilité déconcertante et ne souhaitant pas m'embourber dans mes mensonges pitoyables.

Je relève la tête, mes yeux croisent les siens, et je crois y apercevoir une expression nouvelle, différente, plus douce, qui se rapproche de celles que j'aimais voir dans les regards de la Taylord que j'appréciais, en laquelle je me reconnaissais, et dont j'adorais la compagnie. Si elle m'avait brusqué, elle sembla l'avoir immédiatement regretté puisque peu après, elle ajouta, avec le ton le plus gentil qui soit :


- Ce n'est pas l'attraction la plus reposante de la fête, mais tu sais, les quelques secondes où tu fais la descente, tu oublies.

Et tu recraches ton déjeuner...? J'avais gardé cette réflexion pour moi, implantée dans mon esprit depuis le moment où Taylord m'avait proposé de l'accompagner dans cette attraction infernale, ne voulant attirer de nouveau les foudres de ma camarade. Taylord me faisait sentir minuscule quand elle s'affirmait ainsi ; ce n'était pas la première fois que l'on me secouait verbalement comme un prunier – Chuck Carlton était sans doute le maitre incontesté dans cette discipline –, mais parce que Taylord me touchait et que je m'étais si souvent assimilée à elle, ses remarques avaient d'autant plus d'effets sur moi. J'aurais aimé pouvoir lui faire face, la tête haute, postée sur le même piédestal qu'elle, sur un même pied d'égalité ; la regarder avec confiance, lui répondre sur un ton convaincu, la regarder sans ciller, ne pas lui laisser cette impression de petitesse, de puérilité, et de fragilité que je devais lui inspirer, et pourtant... Pourtant je continuais de la fixer comme si je m'accrochais à sa gentillesse comme à une bouée, craintive d'un naufrage imminent. Je m'agrippais à chacun de ses mots, les laissant pénétrer mon coeur, réguler ma peur, stimuler la possibilité que je puisse m'asseoir sur ces rondins et éprouver du plaisir à subir une infernale descente.

- Ça fait du bien de tout oublier parfois, tu ne trouves pas ? Ecoute, on est presque au bout là, je te propose qu'on retourne dans la file là où on était et une fois qu'on est tout en haut tu choisis la descente que tu veux faire : soit le chemin inverse, soit la voie rapide.

J'ai cinq ans et j'écoute les conseils prodigués par ma tutrice, inquiète de me voir en proie à une si grande angoisse à la vue d'une attraction un peu remuante.

J'ai seize ans et j'écoute Taylord Reegan qui tente de me rassurer.

J'ai seize ans dans mon corps et cinq ans dans ma tête.

Son « Ca te va ? », un peu ferme mais d'une extrême gentillesse achève de me faire rougir. Misérables mauviettes anonymes bonjour ; des couettes et une sucette multicolore à la main, et voilà ma panoplie de la parfaite petite enfant craintive au complet. Je tente de reprendre un peu de constance mais mes pieds glissent irrémédiablement sur la pente de la honte. Je crains ; je crains tout et je me crains moi-même, je me crains, je crains tout simplement. Après avoir bataillé un peu avec une dame accompagné d'un sac ridicule, Taylord nous avait mis un peu à l'écart de la file, comme prête à renoncer à son plaisir par pure inquiétude à mon égard. Encore une petite pincée de honte sur le plat de ma misère ?

La prise de conscience de mon ridicule se faisant de plus en plus importante, j'affiche un air franchement embarrassé ; mes mains se tordent, mon regard fuit, et je n'ose plus affronter celui bienveillant de Taylord que je ne mérite pas et qui ne devrait pas m'être adressé. Je me force, pourtant, lui sourit, et prend sa main avec rudesse. J'observe, de ma place de petite fille de cinq ans, ses traits fins mais fermes, ses prunelles couleur chocolat ; j'observe Taylord pour m'encourager à penser Taylord. La pensée Taylord Reegan, c'est de rechercher le plaisir sans trop réfléchir et se prendre la tête. De foncer. De profiter. Taylord Reegan, c'est le changement et c'est maintenant.


- Non, tu as raison. Je suis peureuse, c'est ridicule... Je n'avais pas l'esprit à... faire ça... mais maintenant que tu m'as entraînée ici... enfin, que je t'ai suivie, corrigeai-je pour insister sur le fait véridique qu'elle ne m'avait pas forcé mais que c'était bien moi qui avait été si passive. Allons-y pour la voie rapide, dis-je avec un semblant d'engouement qui était presque réel.

Je pris les devants et l'entraînait à ma suite de nouveau dans la file, toujours aussi fournie d'élèves impatients et excités, avant de lâcher sa main. Je me sentais étrangère, aussi perdue qu'un Scroutt à Pétards qui se serait retrouvé par mégarde dans le lac, et pourtant, j'avançais. Un pied devant l'autre. Je le faisais uniquement pour Taylord ; pour répondre à la gentillesse dont elle a fait preuve envers moi, son attention presque maternelle... et parce qu'elle était aimée. Le souvenir de Stephen parlant de Taylord flottait encore dans mon esprit, comme un fantôme témoin d'une époque révolue. J'avais tant pensé qu'elle était mon double que j'en avais oublié nos différences ; des différences pourtant si frappantes, si évidentes, si douloureuses. Cette impression que Taylord était à la fois ma jumelle et mon opposé ne me quittait plus ; et il m'apparaissait comme remède de tenter de lui ressembler. M'inspirer de son courage, de sa force, de son entêtement. Il fallait que j'essaie d'être Taylord Reegan pendant quelques minutes ; juste quelques minutes d'une descente qui m'allait être interminable...

Nous arrivâmes enfin au bout de la file. Une barrière qui régulait magiquement le flux des groupes d'élèves qui s’engouffraient tour à tour dans les embarcations nous obligea à nous arrêter alors que le dernier des rondins était assiégé par quatre premières années enjouées. Je profitais du répit qui nous était accordé pour contrôler ma respiration qui se faisait de plus en plus rapide, parallèlement aux battements désordonnés de mon coeur et fermais brièvement les yeux tandis que les quelques cris qui s'échappaient des élèves qui nous avaient précédé me parvenaient. J'avais eu le temps de compter, pendant mes angoisses, qu'un tour durait deux minutes et douze secondes. Ce temps qui allait bientôt me paraître interminable sembla passer à une vitesse folle, et bientôt... ce fût à notre tour d'avancer et de prendre place sur les rondins.


- Taylord, attends ! m'exclamai-je alors qu'elle commençait à avancer. J'attrapai sa main droite avec ma gauche rapidement mais fermement. Voilà. Tout allait être pour le mieux dans le meilleur des mondes... n'est-ce pas ?

Nous nous installâmes sur un rondin, et deux autres élèves prirent place derrière nous. Le temps qu'ils s'installent me permit de m'adresser à elle une dernière fois.

- Est-ce que tu veux bien... ne pas me lâcher ? lui demandai-je en resserrant mon emprise sur sa main.

Mon coeur battait si fort qu'une impression de nausée m'envahit ; mon estomac était si contracté que j'en venais à me demander si j'allais de nouveau pouvoir manger un jour ; et j'étais si apeurée que je fus prise de tremblements soudains.

Le reste fût rapide. Une voix indiquant le départ. Un petit cliquetis. Les rondins avançant en ligne. Et montant. Montant. Encore et encore. Ne s'arrêtant jamais. Et quand ils s'arrêtent enfin, prêts à entamer leur descente...

J'ai tout juste le temps de me dire que c'est la première et la dernière fois de ma vie que je monte dans un tel engin. Que je vais mourir. Que mon coeur va sans aucun doute exploser.

Et soudain, j'ai l'impression de tomber et je crie à m'en crever les amygdales.
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MessageSujet: Re: Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]   Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C] Icon_minitimeDim 27 Mai - 21:07

Je n'avais plus trop envie de n'en faire qu'à ma tête car le malaise d'Haley était de plus en plus visible. Aussi, j'essayais de trouver une alternative au problème, il y en avait toujours et je me doutais qu'à son expression que ce soit l'année dernière ou cette année, ou même toutes les autres, qu'elle n'avait jamais profité du toboggan géant que tout les élèves de Poudlard affectionnaient tant. Je voulais l'encourager, mais mes efforts ne servaient pas à grand chose. Alors on pouvait toujours rester là à discuter, ou à se moquer des gens qui attendaient plus ou moins patiemment dans la file, mais ce n'était qu'une manière habile de contourner la difficulté. Je souhaitais juste que ce que je lui disais n'avait pas totalement l'air vide de sens et qu'elle finirait par prendre une décision qu'il n'engageait que son libre arbitre. N'importe laquelle, mais que ce soit Haley, et Haley seule qui décide de ce qu'elle voulait faire : pas parce qu'on la forçait, pas parce qu'on la brossait dans le sens du poil, pas parce qu'on lui promettait quelque chose en échange. Qu'elle s'affirme un peu. Mais bon, après, de là à ce que quelque chose de la sorte arrive... Ce n'était pas parce que je ne croyais pas en elle où en ses capacités – elle avait cette douceur dont j'avais l'impression d'être dépourvue par moments – mais parce que j'étais loin d'être un très bon coach...

Je l'observai à la dérobée pour qu'elle ne soit pas plus mal à l'aise qu'elle ne l'était déjà. Pourquoi au juste ? Après tout, ce n'était pas grave si elle me disait non, elle allait me mettre un vent, j'allais pousser un soupir, on allait partir chacune de notre côté, et lors de notre prochaine rencontre, tout serait de toute façon oubliée, comme si rien ne s'était jamais produit à la fête foraine. C'était comme si... elle était gênée à l'idée de m'embêter, alors que quelques minutes plus tôt, ça avait l'air d'être tout l'inverse et qu'elle aurait donné n'importe quoi pour être partout, mais surtout pas ici à me supporter ! Je préférais faire comme de si de rien était et gardais mes questions pour moi ; douée comme je l'étais j'allais lui poser la mauvaise, celle qui fait mal, celle qui touche et qui fait mouche. C'était ça. Ce qui m'embêtait le plus ici, c'était que je ne savais pas trop comment est-ce que je devais me comporter...


- Non, tu as raison. Je suis peureuse, c'est ridicule... Je n'avais pas l'esprit à... faire ça... mais maintenant que tu m'as entraînée ici... enfin, que je t'ai suivie. Allons-y pour la voie rapide.

L'avantage que nous ne soyons pas vraiment imposante de part notre taille, c'était qu'on pouvait se glisser de nouveau dans la foule sans qu'on nous remarque. Il y eut bien quelques grognements agacés, mais quelques secondes plus tard, on en parlait déjà plus. Pleins de remarques me vinrent en tête pour tenter de la rassurer : que c'était normal d'avoir peur, parce que le toboggan pouvait paraître effrayant de prime abord – c'était vrai qu'il était impressionnant – qu'elle n'avait pas non plus tout à fait tord, car les organisateurs prenaient beaucoup de précautions pour que tout se déroule dans les sécurités les plus extrêmes, que si ça lui avait plu après la première descente, qu'on pouvait même réessayer... Je me ravisais rapidement toutefois ; mon petit doigt me disait que si j'allais au bout de ma pensée, je risquais de l'effrayer encore plus.

- On ira manger quelque chose ensuite, si tu veux, proposai-je à la place, trouvant sur le coup que l'idée était judicieuse. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'Haley n'ait pas déjeuné trop lourd à midi et qu'elle avait un estomac solide...

Nous avions bien avancé et bientôt, nous fûmes au sommet de la colline, où la vue était toujours aussi splendide. Je voulus en faire profiter à Haley, pour éviter qu'elle ne pense trop dans les moindres détails à comment allait se dérouler notre descende – j'étais sûre que c'était précisément ce qu'elle était en train de faire, là tout de suite.

- Regarde, je pointai du doigt l'horizon, on devine le sommet des tours du château là bas. L'emplacement était en effet idéal. On ne pouvait pas rêver mieux !

Le but n'étant toutefois pas d'admirer la beauté des lieux pendant des heures, l'animation qu'il y avait derrière nous me rappela qu'il était temps de profiter de l'attraction comme il se devait. Je fis un pas vers le rondin qui attendait bien sagement devant nous.


- Taylord, attends !

Je sentis une nouvelle fois sa main se glisser – se serrer – dans la mienne et je resserrai mon étreinte sans y penser, tandis que nous nous mettions côte à côte dans les deux premières place. Pour le coup, elle allait vraiment être servie, parce qu'il n'y avait personne devant elle pour lui boucher la vue, ainsi les sensations étaient encore plus fortes, mais cette fois encore je me retenais bien de faire la remarque, et à la place je souris pour lui prouver qu'il n'y avait vraiment pas de quoi s'en faire.

- Est-ce que tu veux bien... ne pas me lâcher ?

A ces mots, je levai sa main que je tenais toujours dans la mienne, signe qu'elle pouvait me faire confiance là dessus.

- J'y compte bien, lui affirmai-je sûre de moi.

Je n'eus pas la possibilité d'en dire plus ; la seconde suivante les rondins démarrèrent leur ascension dans une danse lente, pour bien nous faire prendre conscience que la dégringolade n'en serait que plus brutale dans les instants à suivre, me laissant le souvenir des montagnes russes que je faisais avec papa parce que April refusait de monter dedans, parce que les sensations fortes, ce n'était pas trop son truc non plus, et que Blake était bien trop petit pour monter dans le manège, alors ils restaient tout les deux en bas, avec maman, en nous attendant. Le temps ou il n'y avait pas de responsabilité. Le temps ou hier était pareil qu'aujourd'hui et identique à demain. Le temps qui avait fini par passer ne laissant derrière lui que des souvenirs...

Les souvenirs qui s'échappaient eux aussi à cause des cris en réponse à la chute que nous étions enfin en train d'entamer. Le mien n'était pas le même que celui d'Haley qui ressemblait à une sensation de véritable effroi, tandis que les trois autres – le mien et celui des deux personnes présentes derrière nous – trahissaient plutôt les peurs sécurisantes, la peur de tomber certes, mais tout en sachant pertinemment que tout se passera bien car il n'y a aucune situation de danger face à laquelle il faut se défendre ou survivre. Le plaisir d'avoir la trouille pour mieux se rendre compte qu'en fait on est en vie.

Puis nous atterrîmes sur l'eau, provoquant de grosses éclaboussures autour de nous et venant se coller dans nos cheveux qui volaient au vent, alors que les rondins ralentissaient eux aussi leur course pour arriver le plus paresseusement du monde, après ce qu'ils venaient de faire, de l'autre côté de la rive du lac, pour que nous puissions descendre sur la terre ferme. Mes doigts entrelacés dans ceux d'Haley ne les lâchaient plus, les siens non plus d'ailleurs, comme s'ils s'étaient raidis et que plus jamais nous ne pourrions les séparer.

- Alors, tes impressions ? Chuchotai-je le souffle court, sentant mon nez tout frais à cause du froid. J'emplis mes poumons d'air et poussai un profond soupir, tout en ayant l'impression d'avoir les membres tout engourdies lorsque je quittai ma place. Je me sentais revigorée et prête à repartir du bon pied sans plus attendre, et j'étais curieuse de savoir ce qu'en avait pensé Haley, si c'était la même chose, où si au contraire à partir de maintenant, elle allait tout faire pour m'éviter dans les couloirs de l'école. Tu vois, c'était cool finalement ! Prête pour manger une bonne crêpe ? Je n'avais pas oublié ma proposition, et puis un truc consistant à se mettre dans le ventre n'allait sûrement pas lui faire du mal ! On le refera toutes les deux l'année prochaine si tu veux ! Résolus-je tout à coup, déterminant que ce serait notre petit rituel à présent.

Je ne pus m'attarder sur l'expression qu'elle affichait, car déjà on nous demandait de façon peu aimable de débarrasser le plancher, parce que les nouveaux rondins arrivaient derrière et qu'il n'y avait pas de place pour tout le monde. Une fois de plus nous fûmes entraînées au milieu de tout les gens, ce qui finit de me faire lâcher la main d'Haley qui commençait déjà à glisser de la mienne. J'avançai de quelques pas, un peu à l'écart de tout le monde, tout en la cherchant, mais il n'y avait que des bousculades de part et d'autres, rendant l’exercice beaucoup plus difficile. Je l'appelai plusieurs fois par son prénom, car peut être qu'elle allait m'entendre et venir jusqu'à moi. Sans succès.
Haley Collins venait de se volatiliser.

A croire que j'allais tous les perdre aujourd'hui ! Au lieu d'attendre bêtement, je repris ma route vers la maison hantée ; peut être que prise d'un courage tout nouveau, elle était déjà en train de m'attendre là bas ?
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Haley Collins


Haley Collins
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MessageSujet: Re: Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C]   Le destin met beaucoup de hasard dans son jeu [H.C] Icon_minitimeDim 17 Juin - 23:40



Je ne me rappelle pas avoir crié autant un jour. La seule fois où cela aurait pu être possible, c'était lors de l'invasion des Mangemorts - et je n'avais pas eu le temps d'ouvrir la bouche pour laisser exprimer tout l'effroi que m'avait fait ressentir le sifflement d'un trait lumineux vert passant près de mes oreilles, ni la douleur d'avoir été bousculée et malmenée dans tout les sens, puisque je m'étais évanouie. Il n'y avait qu'à une occasion que j'avais mis toute ma force et mes entrailles dans un cri : ça avait été pour prononcer un nom comme jamais je ne l'avais fait auparavant. Mes lèvres et ma gorge irritée se sont longtemps souvenus de la force avec laquelle j'avais crié le nom de Stephen. En vain. Je l'avais perdu dans la foule, ce soir là. J'avais cherché son visage, sa proximité, une preuve qu'il n'avait pas succombé à un sortilège, qu'il était encore là. Peut-être était-ce sa présence physique qui me paraissait plus forte qu'aucune autre quand je le savais près de moi, peut-être était-ce la confiance - souvent confondue avec de la suffisance, à tort - qu'il m'inspirait et qui me rassurait, peut-être était-ce de savoir qu'il possédait une capacité d'adaptation à toute épreuve et qu'à ses côtés, je ne risquais rien. La domination de nos professeurs sur les Mangemorts dû à l'effet de surprise et l'agitation folle qui régnait m'avais permis de fuir. Je m'étais recroquevillée dans un coin de la Grande Salle, seule, tapis derrière une chaise qui avait été renversée, en attendant la fin. Fini, finir, ça va finir. Ça avait fini. Mais la soirée qui avait marqué le départ des Mangemorts m'avait été bien plus violente que celle de leur arrivée. Elle m'avait laissé une marque au fer rouge, une souffrance, aussi, différente, mais une souffrance quand même.

Ce fût les pensées qui me traversèrent l'esprit quand ma bouche s'ouvrit pour laisser échapper un long cri d'effroi provoqué par la chute des rondins, puis, les secondes qui suivirent, je fus incapable de penser à la moindre chose. Mon esprit s'était paralysé, figé par l'angoisse qui me nouait le ventre. Je sentais mes cheveux fouettés par le vent provoqué par notre descente infernale, j'entendais les cris de Taylord et des autres élèves, mélange de frayeur et de plaisir, je savais que la moiteur de mes mains rendait difficile leur emprise sur les doigts de Taylord entremêlés aux miens. Je fus tout juste capable de songer qu'elle n'allait jamais sans sortir sans séquelles tant j'avais l'impression de lui briser les os. Ce qui était certain, c'était que mon coeur explosait.

J'ai toujours su que j'étais un être de peur et d'appréhension. Je n'étais que ça. Cette expérience le prouvait encore. Si j'avais eu envie d'éviter Taylord les premières minutes de notre rencontre, devant cette attraction maudite, c'était parce que ses différences vis-à-vis de moi m'apparaissait comme d'éclatantes qualités que je ne posséderais jamais. Le courage, l'amour du risque et de l'aventure, la capacité de vivre dans le présent, et non de s'immoler dans les souvenirs passés. Taylord avançait, illuminée dans un feu vivant et palpitant de vie, et pourtant, elle conservait malgré tout cette fragilité qu'elle ne devait pas seulement à son physique de brindille. Je ne possédais que son côté frêle. Je comprenais tellement bien pourquoi elle avait été choisie par Chuck, et pourquoi je n'inspirais rien que de la pitié à Stephen. J'avais lutté, pourtant... mais il est sans doute impossible de lutter contre sa nature, malgré tout les efforts que l'on déploie pour y remédier. C'est parce que j'avais de la sympathie et de l'admiration pour Taylord que je ne m'étais pas enfuie en courant et que j'avais accepté sa proposition à reculons. Quant à l'idée d'aller manger après cette aventure, rien n'était plus incertain. J'avais accepté pour ne pas la froisser, mais je savais pertinemment que mon estomac noué ne le supporterait pas. Je n'avais pas faim, et si il m'était arrivé de céder à la gourmandise face à d'attirantes pâtisseries, j'étais bien trop mal aussi bien physiquement que mentalement pour que cela arrive aujourd'hui.

Notre chute me semblait interminable. Je priais des entités inconnues pour que les wagons faits de rondins s'arrêtent enfin ; mes doigts serraient ceux de Taylord, seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher pour ne pas sombrer. Ce toboggan m'avais paru aussi infranchissable que le cercle noir et vicieux dans lequel j'étais plongée depuis l'hiver dernier. Pour l'un comme pour l'autre, on m'avait prise par la main pour tenter de me sauver du gouffre qui m'engloutissait et dont j'étais incapable de sortir seule. Qu'aurais-je fait sans Chuck et Taylord ? Je me retrouvais étrangement entre eux deux, liés par des sentiments que je leur enviais tant. J'avais toutes les raisons du monde pour les haïr parce qu'ils m'étaient si opposés, à tout les niveaux, et pourtant... c'était eux qui me tendaient la main et tiraient les ficelles pour que j'avance, malgré tout.

Alors que j'avais l'estomac au bord des lèvres, que mon coeur remontait lui aussi dans ma gorge et que des larmes perlaient au coin de mes yeux sous l'effet de la peur et à cause du vent gelé, tout s'arrêta enfin dans un raz de marée. En stoppant sa course dans le bassin d'arrivée, de l'eau s'échappa de chaque côté des rondins pour venir nous éclabousser. J'essuyais les gouttes qui m'étaient tombées sur le visage d'une main tremblante. Taylord avait juré de ne pas me lâcher, et elle tint sa promesse jusqu'au bout. J'étais certaine qu'elle ne sentait plus le sang circuler dans ses doigts, et pourtant, elle avait la décence et la gentillesse de ne pas relâcher son emprise. Les lèvres sèches parcourues de tremblements, le teint sans doute livide, le corps engourdi et comme vidé de ses forces, les jambes flageolantes, je l'écoutais parler, toujours aussi joyeuse et dynamique.


- Alors, tes impressions ? me chuchuta t-elle l'air enjoué.

Je gardais mon regard fixé sur mes genoux qui s’entrechoquaient légèrement sous la barrière de sécurité pour cacher au mieux mon trouble. Si il ne s'agissait pas de Taylord, je me serais sans doute renfrognée dans mon humeur exécrable et mes ressentiments amers en n'hésitant pas à exprimer la mauvaise expérience qu'avait été cette attraction qui me laissait encore sous le choc.


- Ça va..., murmurai-je faiblement.

- Tu vois, c'était cool finalement ! Prête pour manger une bonne crêpe ?


Mais le toboggan semblait avoir redoublé la bonne humeur et l'entrain de ma camarade qui possédait une ressource d'énergie incroyable, malgré la violence de l'attraction et le froid qui nous enveloppait de nouveau. Ou peut-être étais-je une si petite nature et tellement frileuse que tout m'apparaissait comme le pire. J'avais simplement envie de m'écrouler et ce fût une épreuve de répondre au flot de parole de Taylord qui, loin d'être secouée par l'attraction, semblait revigorée.

- Si tu veux, répondis-je dans un soupir presque inaudible. Je savais pertinemment que j'étais incapable d'avaler la moindre chose, mais là encore, j'étais incapable de briser le dynamisme de Taylord. Elle était de bonne humeur pour deux, et c'était une chance vu à quel point mon humeur déclinait, tant j'avais du mal à récupérer de l'attraction.

- On le refera toutes les deux l'année prochaine si tu veux ! s'exclama t-elle soudain, toujours aussi radieuse.

Si j'avais eu toutes mes forces et tout mes esprits, j'aurais sans aucun doute éclaté de rire - jaune. Taylord était un feu qui brillait sans cesse ; je n'étais qu'un amas de cendres fumantes. Le contraste me parut plus frappant que jamais, alors que je pensais avoir déjà exploré toutes les profondeurs du clivage qui nous séparait. Sentait un haut-le-cœur arriver, je fus soulagée d'entendre une voix nous ordonner de quitter immédiatement nos places pour laisser les insouciants suivants à profiter de l'attraction. Je sortis en titubant, encore tremblante et nauséeuse. Tandis que j'effectuais quelques pas à terre, suivant ceux de Taylord, je fus prise soudainement d'un sentiment nouveau : la satisfaction d'être encore vivante. J'avais cru mourir mille fois en l'espace record de quelques minutes, je pensais que mon estomac allait s'échapper de ma bouche à de nombreuses reprises, et j'avais été certaine de m'évanouir avant que les rondins se soient arrêtés. J'avais rejoins le sol neigeux sans qu'aucun de ces phénomènes se soient produits. J'étais vivante. Mal au point, torturée, mais vivante. Tout continuait, malgré tout.

Je relevais la tête vers Taylord afin de lui montrer le sourire qui prenait timidement forme sur mes lèvres. Il s'évanouit aussitôt quand je m'aperçus que la personne que je suivais depuis cinq minutes n'était pas elle. C'était quelqu'un que je ne connaissais pas. J'avais semé Taylord dans la foule comme j'avais perdu Stephen au milieu du combat. Irrémédiablement seule, je continuais à avancer en plaçant un pieds devant l'autre, cachant ma bouche à l'aide de mon écharpe bleu et bronze pour me réchauffer, recouvrant peu à peu mes esprits. Il ne me restait plus qu'à rentrer au château.



- FIN -
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