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To Torment [A.O'D]

 
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 To Torment [A.O'D]

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Damien Allen


Damien Allen
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MessageSujet: To Torment [A.O'D]   To Torment [A.O'D] Icon_minitimeMar 23 Oct - 22:31

“I use the verb 'to torment' [...] instead of 'to instruct,' supposing them to be now admitted as synonymous.”
J. Austen


« Serpentard ! »

La foule applaudit, surtout la table de gauche. Je ne souris pas, je ne salue et me contente de me diriger vers un des bancs sur lequel je me pose, à côté d’une grande blonde qui me sourit fièrement. Elle a l’air imbu d’elle-même, comme la moitié des gens assis dans un périmètre de 10 mètres. J’hoche la tête en sa direction et me reconcentre sur la répartition. Je suis l’un des premiers à avoir été réparti, et par conséquent je suis la première des nouvelles recrues des verts et argents. Je crois cependant que je n’ai pas vraiment la tête adéquate, vu que d’après ce que j’ai lu sur le sujet, c’est la maison des sangs purs et des aristocrates. Des gens qui s’la pètent, comme dirait Fred, mon grand frère. Je ne sais pas trop pourquoi je suis là, mais je sais que le Choixpeau fait toujours le bon choix me semble-t-il, même si je n’ai pas trop d’exemple. Je ne connais pas le monde magique, tout ça, mais j’me suis débrouillé pour bien me renseigner. Mona m’a filé de l’argent que je puisse acheter des tonnes de bouquins sur tout ça, alors maintenant je suis plutôt renseigné. Mona ? C’est ma grande sœur, j’vis chez elle dans la banlieue de Londres. Depuis que mes parents m’ont viré, à cause de Poudlard et tout ça.

Peut-être que si ma grand-mère n’avait pas été si croyante, ma mère n’aurait pas été aussi conne sur ça. Et mon père ? Oh, lui, il aime rien qui sorte de notre « communauté » comme il le dit toujours. Je le laisse parler, de toute manière maintenant il raconte ses conneries loin de moi. Je me demande quelles têtes ils auraient fait les deux, en me voyant assis autour d’une table aussi somptueuse, entouré de personnes qui se tenaient toutes droites avec des sourires crispés et qui tapotaient d’une manière polie dans leur main. J’avais l’impression d’être une soirée mondaine. Ouais, celle décrites par Jane Austen dans un livre que j’avais volé dans la librairie de ce petit village où on avait séjourné pendant quelques mois lorsque j’avais 6 ans, avant que la police nous vire. C’est dommage d’ailleurs, parce qu’il était vraiment sympa ce libraire, enfin au début. On avait un peu parlé, il me trouvait très cultivé pour un gamin de mon âge. Sauf qu’évidemment, pas question de me faire une réduction ou de me prêter quoi que ce soit. « Les affaires marchent mal » Ouais, dis plutôt que t’as pas confiance parce que j’suis un gitan. Tant pis, j’avais pas hésité lorsqu’il avait eu le dos tourné. Tant pis pour c’connard.

Pour en revenir au livre, ça m’rappelle ici parce que l’héroïne faisait un séjour dans une ville où elle découvrait les soirées mondaine où elle ne connaissait personne. C’est un peu ma situation. Je ne connais pas ce monde, ni celui de la magie ni celui du luxe. Les rires aigüe, les sourires, les chandelles qui volent… Ses élèves qui discutent entre eux, les professeurs assis avec leur coupe de vin tandis que des petites bêtes affolées défilent sur le tabouret pour se faire répartir… En voilà un spectacle bien étrange qui en dit long sur la mentalité des sorciers d’ici : les étiquettes comptent de toute évidence. Surtout à Serpentard. Visiblement, il faut être fier de ses couleurs, les défendre, au point de chercher à gagner une coupe. C’était risible. Je ne comprenais pas ce besoin de s’associer aux autres, comme si l’union faisait la force. C’était certes les valeurs que l’on m’avait enseigné, mais je n’y croyais pas le moins du monde. Tout n’est qu’une question de persuasion, pour arriver à ses fins. Mais je vais atteindre les miennes, lorsque je les aurais définies. Pour le moment, je me contente d’observer et de juger ce nouvel environnement. Ça me change de la caravane ou du petit appartement de Mona, ça c’est clair.

Je crois que je me serais plutôt vu à Serdaigle. Il parait que là-bas, les gens intelligents et cultivés y vont. J’aurais sûrement trouvé –enfin- des gens avec qui parler de mes livres. Je ne vais pas mentir de toute manière, j’suis pas débile. Du reste, je me doutais bien que la seule autre option était Serpentard. C’est vrai que je suis du genre rusé, je ne vais pas m’en caché. J’avais pas prévu de finir chez les Gryffondors qu’on vantait comme egocentrique de toute façon. Et comme loyale, par-dessus le marché ! Laissez-moi donc rire. Attirer l’attention sur soi me parait déjà la chose la plus ridicule qui soit : c’est briser tout le mystère, s’attirer les foudres des jaloux, se vanter lorsque l’on a rien à dire… Non, c’est bon pour les prétentieux ça. Je les trouve d’ailleurs très drôle à observer, ils sont ridicules sans même s’en apercevoir. Je crois qu’au pire des cas, je me serais bien amuser chez les rouges et ors. Les Poufsouffles ? Je n’ai pas d’opinion. Je ne suis pas loyale, sûrement pas solidaire, pas vraiment travailleur. Modeste ? Je ne suis pas modeste. Je sais juste faire profil bas. Bon, ouais, finalement, les Serpentards c’est pas si mal. Va juste falloir que je me débrouille pour ne pas me fritter avec tous les ridicules poufs et gosses de riches. Et me faire bien voir des gens qui faut. C’est toujours très pratique.

La répartition s’achève dans un tonnerre d’applaudissement, et la directrice commence son discours. La morale, les cours, les règles… J’écoute avec attention, en particulier lorsqu’elle aborde les punitions encourus. Que je sache ce qui m’attend, et aussi qui risque de me prendre. Oui, vous ne croyez tout de même pas que j’ai prévu d’être sage ? Haha. Je rigole. J’ai jamais suivi les règles et à vrai dire, je n’en ai jamais eu. Dois-je vous rappeler d’où je viens ? Vous vous attendez peut-être à ce que je casse les préjugés ? Vous vous pouvez rentrer chez vous dans ce cas. Depuis que je suis gamin, je suis habitué aux vols, à la violence, à la police, aux règlements de comptes, aux revanches, aux histoires et aux emmerdes. J’ai appris à me débrouiller, et c’est comme ça qu’on m’a élevé, si on peut utiliser ce terme d’ailleurs. Mes parents ne se sont jamais occupés de moi. C’est Fred qui l’a fait, et Mona avant qu’elle s’engueule avec mes parents et parte. Mon père n’a jamais supporté le fait qu’elle sorte avec un anglais et pas un mec de la « communauté ». On dirait une vieille secte. T’façon, qu’il ne se fasse pas de souci, Mona continue de trainer dans des affaires pas propres, son type, c’est un dealer. Alors niveau business pas propre papa, la relève est assurée. Même si ma sœur dit toujours qu’elle veut se sortir de là. Genre, ouvrir un restau. On y croit hein !

Un coup de baguette, et la bouffe se matérialise sur la table. C’est assez impressionnant et d’ailleurs, j’ai jamais vu autant de nourriture dans une seule salle. Tout à l’air délicieux ! Par vieux réflexe, je prends beaucoup dans mon assiette rapidement, pour être sûr d’avoir quelque chose. Avec mes frères et sœurs, c’était la guerre quand on était gamins ! Sauf qu’après avoir saisi la première tranche de rôti, une seconde apparait à la même place. Comme par magie. Oh, attendez. Oui, désolé, j’ai du mal à m’y faire ! La nourriture ne se refait pas, elle doit être stockée dans les cuisines et apparait au fur et à mesure. Cette opulence m’est assez désagréable mais je ne fais aucune remarque si ce n’est à moi-même et me contente d’écouter les conversations auxquelles je ne me joins pas. Beaucoup se connaissent déjà et parlent de leur été dans leur villa et autres. Super, vous voulez mon été dans la caravane ? Mais encore une fois, je ne dis rien. Profil bas. Je serais les atteindre en temps voulu. J’analyse en attendant, et je rigole dans mon coin des conneries que j’entends. Le repas prend finalement fin et nos préfets nous conduisent jusque dans les cachots pour découvrir notre salle commune. Je pose mes affaires dans le dortoir que je partage avec plusieurs élèves. Ils me regardent tous de haut mais je m’en fou. Ils ne perdent rien pour attendre. Je dois trouver un moyen de me faire accepter, j’allais me débrouiller. Je me débrouillais toujours. Ma valise est la seule qui n’a pas d’armoiries, et qui d’ailleurs est dans un sale état. Mais pas question de renier mes origines et je sors sans honte mes habits que je range à la va-vite. Je n’ai pas envie de rester là, j’ai d’autre projet même si le couvre-feu est passé, je vous ai dit ça ne m’importe pas le moins du monde.

Alors sans rajouter quoi que ce soit, je m’éclipse de la pièce, entendant des derniers murmures à mon sujet. J’m’en fou. Je remonte le long des cachots, dans ma poche je sens ma baguette qui tape contre ma cuisse : je ne suis pas encore habitué. C’est drôle ce que peut faire un simple bout de bois, je comprenne que mes parents aient un peu flippé. Mais si c’est ce que je suis, il n’y a pas grand-chose à faire contre. Le hall est déserte et je me faufile jusqu’au grand escalier de marbre que je monte en catimi. Il y en a un second sur ma droite et décide de le prendre aussi sans savoir où il mène : l’exploration. Voilà ce que j’aime. Sauf que voilà, elle est vite interrompue par un bruit qui m’immobilise. Quelqu’un est là. Premier réflexe : je me suis perdu, je ne trouve pas ma salle commune. Ce sera l’excuse parfaite. Sauf qu’en fait, le bruit n’est pas celui d’une voix qui aurait pu être celle d’un professeur… C’est un pleur. Ou plutôt, un reniflement. Demi-tour droite ! Sauf qu’à cet instant même, l’escalier derrière moi bouge brusquement, ne me laissant qu’une sortie : celle tout droit. Bon. Je m’approche des marches. Sur l’une d’elle, une fille aux longs cheveux roux semble complétement abattue. Oh non pitié… Pas une pleurnicharde.

- J’suis pas sûr que les marches soient confortables pour dormir.

Traduction ? Bouge de là !

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Adelaide O'Donnell


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MessageSujet: Re: To Torment [A.O'D]   To Torment [A.O'D] Icon_minitimeMer 24 Oct - 14:18

Poudlard était pire que notre manoir. Encore plus grand, encore plus impressionnant, et j'avais déjà la sensation glaçante qui me collait à la peau, celle qui me faisait frissonner et claquer des dents les jours d'hiver... Je n'avais pas espéré vraiment que ce soit différent, car je connaissais Poudlard de ce qu'en avaient raconté mes frères et sœurs. Ce n'était après tout que la continuité d'une vie toute tracée qu'on avait choisie pour moi, pour laquelle je n'avais pas mon mot de dire, puisqu'on ne s'en préoccupait pas. J'avais passé, silencieuse, le trajet dans le Poudlard Express, ne parvenant même pas à ressentir une quelconque excitation, comme tous ceux qui m'entouraient. Seule l'angoisse m'avait tenue compagnie, alors que défilaient sous mes yeux bleus-gris les paysages écossais, l'angoisse sourde de la suite, de l'arrivée, de la traversée de la Grande Salle puis de la Cérémonie de Répartition. Il y avait trop de pression sur mes épaules pour qu'il en soit autrement. Je n'avais pas, comme d'autres, la surprise qui m'attendait au bout du tunnel, ni la possibilité d'un quelconque choix. J'avais peur, mais en en même temps, une vague confiance - le Choixpeau tenait compte de nos choix, d'après tout ce que j'avais pu trouver à ce sujet. Il le fallait. Je n'avais même pas cherché Imogen lors du trajet, elle avait disparu dès que nous avions mis un pied sur le quai 9 3/4, à la recherche de ses ami-e-s et conquêtes en tous genres, comme d'habitude. Imogen était belle, charmante, irradiante même, et surtout intelligente, vive et pleine d'esprit : la fierté de la famille et la renommée des enfants O'Donnell, devant mes quatre aînés. Quand nous arrivâmes, j'attendis, tremblant de froid malgré mes épaisseurs (j'avais presque toujours froid, sûrement parce que je ressemblais à une poupée de porcelaine avec ma peau, mon visage, mes cheveux et ma petite taille, et que la porcelaine est froide et lisse) puis je montai précautionneusement dans une barque qui tanguait sous mes pieds. La traversée fut trop longue à mon goût. L'eau du lac était trop noir, et déjà la nuit tombait sur le château qui se découpait dans le ciel obscur.

A l'intérieur, ils étaient tous déjà là, et je ne remarquai rien si ce n'était le plafond magique et les longues rangées de tables, garnies d'étudiants en uniformes. Je ne regardai que la table des Serpentard. Quand on appela mon prénom et qu'une bonne partie de l'alphabet était déjà passée donc la concentration se relâchait légèrement, je sentis mon coeur s'affoler et me concentrai pour ne pas trébucher. J'avais une boule dans la gorge et la bouche sèche - je ne parvins pas à avaler avant de poser le vieux Choixpeau sur ma tête.

« Serpentard. Pas Gryffondor, pas Serdaigle, pas Poufsouffle. Serpentard... »

C'était une sensation très dérangeante que de sentir le bout de tissu penser véritablement là où étaient mes propres pensées, et je le sentis réfléchir, tandis que je suppliai de toute mon âme qu'il m'envoie là où je devais aller. Il se passa quelques longues secondes et je l'entendis marmonner sans comprendre ses mots, avant qu'il s'écrie :


« SERPENTARD ! »

De toute ma vie, je n'avais jamais ressenti un tel soulagement.

Je rejoignis ma table précipitamment, pleine de la hâte que tout cela se termine, qu'on oublie cette répartition, cette première journée, que je dorme au fond d'un lit froid et que commence le long calvaire de mon éducation sorcière - selon mes parents, il allait être aussi laborieux que celui qu'ils avaient accompli à la maison. Je m'assis à la première place que je trouvais, n'accordai aucune espèce d'importance aux gens qui m'entouraient, bien trop peureuse de leur adresser la parole. L'invisibilité était un art que je maniais à merveille, aussi ce fut l'enfance de l'art de passer ce dîner sans que l'on me remarque et qu'on m'adresse une seule fois la parole. Je cherchai seulement une fois Imogen du regard dans l'attente - idiote - d'un regard de sa part, au moins pour ma répartition, pour me féliciter, mais rien, évidemment, et je me perdis dans mes pensées tout le reste du repas, anxieuse, et seule, comme toujours. Les aliments n'avaient aucune saveur, et je sentais la fatigue m'envahir peu à peu.

Les préfets nous firent quitter la salle en dernier, quand tout le monde se fut déjà levé, et nous ordonnèrent de nous mettre en rang avant de nous conduire à nos salles communes. J'obéis et me mis au fond, cachée par deux garçons plus grands que moi, qui discutaient et riaient déjà comme si ils se connaissaient depuis toujours. L'un deux me fit penser à Gawain, dans ses manières d'être, et je m'en méfiai instantanément. Nous nous mîmes en marche et je suivis le groupe, toute à mes pensées. Avaient-ils bien apportés nos affaires? J'avais besoin de ma malle, de mes vêtements, de mes quelques maigres souvenirs que j'y avais caché, des fournitures qu'on avait acheté à prix d'or parce que les O'Donnell avaient de l'argent et aimaient à le montrer. Je craignis qu'ils aient perdu ma malle en route, et m'affolai tout le trajet, ne prenant pas garde au chemin que nous empruntions. Tout d'un coup, alors que le groupe s'était un peu étalé en longueur, les deux garçons devant moi m'indiquèrent que j'avais fait tomber quelque chose, et je sursautai quand ils s'adressèrent à moi. Je ne compris pas ce que j'avais bien pu égarer mais il paraissait si sûr de lui en me montrant un point derrière mon épaule que je me retournai instinctivement et m'arrêtai tout net. Il ne se passa quelques secondes, mais je compris aux bruits de pas précipités qu'ils étaient partis en courant et que tout cela était un mensonge, et que, puisque nous étions à un croisement, ils avaient fait cela pour m'égarer. Le cœur battant, je me retournai et tentai de courir moi aussi, mais j'étais au cœur d'un véritable labyrinthe et les sons se réverbéraient en étoile sur chaque mur - impossible de savoir où était passé le groupe, il pouvait avoir pris n'importe lequel des chemins qui s'offraient à moi.


« Oh, nooon... »
Mon gémissement paru bien faiblard, derrière tous ces sons qui résonnaient autour de moi comme une horde de fantômes cachés dans l'ombre. Je me sentis toute petite, idiote, et les larmes me montèrent aux yeux.

Cherchant un courage au fond de moi qui n'était pas bien vaillant, je pris la résolution de monter, à gauche, l'escalier, pour que je puisse surplomber le dédale des couloirs et peut-être que j’aperçoive les autres... Je montai en courant, ma robe glissant sur les marches dans un frou-frou doux mais qui ne réussit pas à me rassurer. Hélas, je poussai un cri perçant quand l'escalier se mit à bouger d'un coup et tourna sur lui-même avant de l'élever et de m'emmener loin, bien loin de là où je devais aller. Je m'agrippai à la rambarde, complètement paniquée, avant qu'il s'immobilise à nouveau, me laissant le seul choix d'emprunter un large couloir aux grandes fenêtres, orné de tapisseries qui bougeaient tranquillement. Je marchai de longues minutes, seule dans cette immensité, éclairée de la seule lueur des torches, avant de tomber sur un cul-de-sac, de faire demi-tour, de me perdre à nouveau. Je savais que j'étais montée bien trop haut par rapport aux cachots. Qui aurait l'idée de venir me chercher ici?!

Complètement désespérée, je me laissai tomber sur les marches d'un nouvel escalier et me mis à sangloter, laissant libres les larmes qui ne demandaient qu'à couler depuis tout à l'heure. Personne n'allait s’apercevoir que je manquais, de toute façon, personne ne faisait attention à moi, à mon existence, alors, à mon absence!... Je frissonnai et pleurai de plus belle. Chez moi ou loin de mon pays, la solitude était la même, glacée et pesante.


« J’suis pas sûr que les marches soient confortables pour dormir. »

Je sursautai violemment : une voix venait de retentir près de moi et je n'avais pas entendu quelqu'un approcher. c'était un garçon, mon âge sûrement, brun, sans uniforme - première année, comme moi? Il prit pour moi les traits de la providence, et je me redressai sur mes pieds sur le champ.


« Non... »
sanglotai-je. « Mais je suis perdue, je ne sais pas comment retourner dans ma salle commune! »

L'idée alors qu'il était en première année comme moi ne me rassura pas le moins du monde - il devait probablement être perdu lui aussi... Mon coeur battit de plus belle et les larmes coulèrent d'avantage sur mes joues, mais les sanglots se calmèrent un peu car je me forçais à réfléchir.

« Toi aussi tu es perdu? Tu es dans quelle maison? » Au moins, nous étions perdus ensemble... « Oh, pourtant, tous mes frères et sœurs sont allés à Serpentard, et je sais où et comment est la salle commune, mais je n'avais pas imaginé Poudlard si... grand, si... C'est un labyrinthe! » Complètement désespérée, je lui jetai un regard implorant, m'en remettant à lui.


Dernière édition par Adelaide O'Donnell le Ven 26 Oct - 14:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: To Torment [A.O'D]   To Torment [A.O'D] Icon_minitimeMer 24 Oct - 16:31

Le silence du château me plait, tout comme l’obscurité qui s’est abattue au dehors sur l’immense parc. J’ai d’ailleurs hâte de le visiter, mais je n’ai pas encore étudié le mécanisme de la porte d’entrée ou qui la garde. Il va falloir que je me penche dessus, car explorer la nuit a toujours été quelque chose que j’adorais mais que je ne pouvais pas vraiment pratiqué. Pourquoi ? C’est plutôt dangereux, de se balader n’importe où à mon âge dans les quartiers où j’habite en général. Il y a toujours d’autres personnes qui n’aiment pas trop les Traveller, sinon des gitans ou des communautés extérieures. Parfois même, de simple anglais qui nous prennent pour des voyous. Enfin, nous en sommes, je suis le premier à l’assumer. Mais moi, j’ai 11 ans, j’suis pas un trafiquant ni assez con pour voler dans des maisons en pleine nuit. Je n’aime pas voler de toute manière, je ne l’ai toujours fais que par extrême nécessité et sans violence. Je n’essaye pas de sauver ma peau en me déculpabilisant. Je constate simplement que parmi les gens de ma « communauté » certains font preuve de méthode beaucoup plus directes et violentes. Moi, c’est quelques fruits sur un étalage, des baskets dans un magasin ou un livre. Je ne sors jamais la bombe lacrymogène. Non pas que je sois trop petit et frêle, au contraire cela pourrait être un effet de surprise. Je pourrais m’en prendre aux gamins de riches qui sortent de leur école privée de coincés. Non, je n’ai juste pas envie. Je ne crois pas que la violence soit vraiment une solution.

Mais ne vous méprenez pas, je ne suis pas un petit papillon innocent qui croit que la vie est jolie si l’on s’aime tous. Ce n’est pas ce que j’ai dit. Je n’hésite jamais à foutre une droite à un mec un peu con, mais mon domaine c’est plutôt l’observation et la manipulation. Agir comme un bourrin, ça fait du bien de temps en temps et j’ai déjà tenu tête à Fred malgré nos six ans d’écart. La violence fait partie entière de mon quotidien, que je le veuille ou non. Même chez moi –si on peut appeler ainsi ma caravane- j’ai l’habitude t’entendre mes parents se gueuler dessus, ou sur moi. On crie tous au final, c’est notre manière de nous faire entendre. Toutes les familles avec qui nous voyageons sont pareils, tous les Traveller ne savent pas comment s’exprimer autrement que par la colère. Sauf qu’en général, ça ne fait qu’empirer, ou les choses que l’on crie ne sont pas vraiment utiles. Mais ce n’est pas comme si nous avions beaucoup de culture, de manière générale. Un peu comme les anglais des classes « populaires » comme on dit toujours. Mais nous avons tout de même des traditions, une langue parfois, la musique également. Mais ce n’est rien comparé à la bourgeoisie anglaise, bien que ce ne soit pas un mode de vie qui m’inspire. Disons que je me méfie de beaucoup de ses aspects, même si la vie de Traveller n’est pas fantastique non plus. Rien n’est parfait n’est-ce pas ?

Je me glisse dans les couloirs et m’approche de cet escalier. Le sanglot me fait stopper, et je me plaque contre le mur, attentif. Je n’aime pas les pleurnichards, on ne va pas y aller par quatre chemins. Ça m’énerve d’autant plus que la moitié d’entre eux, pour ne pas dire la totalité, pleurent toujours pour des raisons ridicules. Comme si ils savaient ce que c’était que d’avoir mal, ou d’avoir la vie dure. Ces gens-là sont insupportables, ceux qui ont tout à porter de main mais s’enferment dans leurs petits soucis puérils. J’me souviens encore de cette gamine que j’avais vu pleurer sur un banc, dans un parc d’une ville d’Ecosse où on s’était arrêté : elle pleurait parce que son chat était mort. Mon dieu. Mon frère est mort. Est-ce une raison pour m’asseoir et me laisser aller ? Ouais, une bonne raison même, une raison valable. Non mais sérieusement, un chat ? Un animal ? Dans cet état pour un animal ? Cette fille ne connaissait rien de la vie, et ça ne m’étonnait pas. En lui parlant un peu, elle m’indiqua qu’il s’était fait écrasé par le 4x4 de son père, dans leur jardin. Forcément ! Pourquoi lui parlais-je alors ? Voyons, dix minutes après, elle me proposait un morceau de son goûter. C’est rapide à apprivoiser les filles, et c’est toujours très pratique.

Et c’est une fille, qui pleure assise dans les escaliers. Je finis par la voir, lorsque les propres marches que j’ai emprunté se mettent à trembler et tournent, m’empêchant de faire demi-tour au risque de me perdre. En plus, j’ai prévu de voir la tour d’astronomie, pour voir tout Poudlard de haut, pas question donc de faire demi-tour ! Je fais donc deux pas en avant et m’adresse à la jeune fille. Elle n’a pas d’uniforme, mais elle est très bien habillé tandis que moi, j’ai qu’un jean et mon pull bleu préféré, celui un peu trop grand qui appartient à Fred. J’l’avais dans mes affaires par erreur quand j’ me suis barré. Au moins, j’ai un souvenir ! Bon, j’hésite un peu à la laisser la pleurnicharde toute seule et à passer à côté d’elle comme si de rien n’était, je l’avoue. Mais je ne suis pas immonde à ce point. De plus, autant être pratique : si on voit qu’elle est absente, des professeurs peuvent venir la chercher et ça m’embêterait vu mes plans pour la soirée. Moi ? Oh, personne ne va s’inquiéter d’où je suis, je ne connais personne de toute manière. J’adresse donc deux mots à la gamine assise qui sursaute et lève la tête, comme si elle venait de voir un miracle. Se redressant sur ses pieds, elle sanglote de plus belle mais parviens à me répondre.

- Non... Mais je suis perdue, je ne sais pas comment retourner dans ma salle commune!

Sérieux ? Y a vraiment des gens pas très doué. Bon, techniquement, je préfère ça. Parce que ça aurait pu une peine de cœur ou une connerie du genre et j’ai pas envie de jouer mère Theresa ce soir. En fait, je n’ai jamais envie de la jouer. Enfin bref, se perdre dès la rentrée, cette fille doit vraiment pas être futée. Mais j’ai lu l’Histoire de Poudlard et lui indiquer sa maison sera un jeu d’enfant. Pour le mot de passe cependant, ça risque d’être plus complexe. Si elle est à Serdaigle, ça ne sera qu’une énigme, sauf qu’à mon avis cette fille-là n’est pas chez les bleus et argents. Pour se perdre le premier jour, c’est bien qu’elle n’a jamais ouvert un seul livre sur le château. Sa manière de couiner, ses yeux pleins de sanglots, ça me soule d’avance. Le pire, c’est que je vois bien dans les lumières qui agitent ses pupilles qu’elle voit en moi un sauveur, et je ne tiens pas à avoir un boulet collé à moi dès le début d’année simplement parce que je lui ai rendu un service. Je ne tiens pas non plus à être désagréable cependant, parce que c’est toujours utile d’avoir des contacts. Moi, hypocrite ? J’assume totalement.

Toi aussi tu es perdu? Tu es dans quelle maison? Oh, pourtant, tous mes frères et sœurs sont allés à Serpentard, et je sais où et comment est la salle commune, mais je n'avais pas imaginé Poudlard si... grand, si... C'est un labyrinthe!
-Perdu ? Non, il faudrait être st…


Mais je n’ai pas le temps d’achever mon « stupide pour se perdre » car un grondement et un mouvement me déstabilisent : l’escalier bouge sans que je m’y attende. A moitié projeté contre la gamine, je m’appuie contre la rampe et par réflexe attrape son poignet pour éviter qu’elle chute. Vu qu’évidemment, elle avait l’air aussi très adroite. Ironie ici ! L’escalier se stoppe finalement, et je la lâche rapidement pour m’écarter d’elle. Jetant un coup d’œil autour de nous, il ne me faut pas longtemps pour comprendre que nous sommes pris au piège : l’escalier donne un mur et sur une impasse de l’autre côté. Mes premières joies de Poudlard ! Sauf que là, je ne suis pas seul. Et ça, c’est bien chiant.

- Super ! Dis-je ironiquement avant de m’asseoir sur les marches. D’un signe de main, je tapote le sol à côté de moi. Tu peux t’asseoir, on va en avoir pour longtemps à mon avis. Je n’ai aucune livre, juste ma baguette magique et je ne sais même pas m’en servir. Le temps risque d’être long, parce qu’écouter la fillette ne sera probablement pas passionnant. Tu pouvais pas suivre tes frères et sœurs ? Au moins, tu ne te serais pas perdu. Notai-je platement, mais non sans-reproche. Les gens qui n’étaient pas débrouillards, ça avait le don de m’agacer !

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Adelaide O'Donnell


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MessageSujet: Re: To Torment [A.O'D]   To Torment [A.O'D] Icon_minitimeVen 26 Oct - 16:01

Courageuse? Je ne l'avais jamais été, et si j'espérais de toutes mes forces l'être un jour, j'en étais bien incapable. Incapable. Voilà que je m'affublais moi même de ce dont on m'avait toujours rabâché les oreilles. Tu ne sais pas faire ça? T'es trop nulle! Tu as peur de grimper là-haut? Tu sers à rien... Tu n'as pas réussi à t'en sortir toute seule? Mais t'es vraiment une incapable... Tout cela m'était si familier que je ne m'en formalisais même plus; ces phrases étaient mon pain quotidien, au-milieu de notre grand manoir si bien entretenu et dont les ors brillaient un peu plus à chaque soirée de réception mais où l'absence de chaleur humaine le rendait jour en jour plus glacial à mes yeux. J'avais toujours été le vilain petit canard de la famille, l'enfant qui apparaît cinq ans après l'enfant parfaite, la véritable petite dernière, Imogen. Moi je n'étais qu'une erreur de parcours, que mes parents s'étaient empressés de recouvrir d'un mouchoir. De toute façon je n'avais rien de spécial, je n'étais qu'une petite fille rousse comme les autres, un peut trop maigre, bien trop silencieuse et timide pour que j'éveille chez quiconque de l'intérêt. Mes frères et sœurs allaient par pair : Imogen et Gawain, liés comme les doigts de la main, combinaient leurs charmes et leur intelligence pour mieux se mettre tout le monde à leurs pieds, tandis que Caoimhe et Niven associaient leurs différences radicales pour se mettre l'un l'autre en valeur. Le calme austère de Niven, empreint d'une réflexion qu'on devinait supérieure à la normale, valorisait Caoimhe et son exubérance, mais elle restait une jeune personne bien trop simple et futile pour lui faire de l'ombre, qui grandissait derrière la silhouette de ma sœur. Et puis Celtchair faisait équipe avec notre père, déjà persuadé qu'il était un maître de famille, de cérémonie, comme cet homme dont il portait le nom et qui allait très probablement lui céder toute son entreprise, qui avait fait sa richesse. Les O'Donnell géraient depuis des générations la branche irlandaise de Gringotts, et avaient amassé leur fortune de banquier sur les dos des fortunes des gens au fil des siècles. Dans tout ça, moi, je n'étais rien, si ce n'est celle dont on se souvient de temps en temps pour les photographies de famille. Une fois j'avais même entendu Mère dire en parlant d'Imogen « la petite dernière ». J'étais assise près du feu à ce moment-là, et je m'étais retournée dans l'espoir qu'elle me voit et rattrape son erreur. Elle ne m'avait pas vue. Ou peut-être que si, mais elle n'avait rien corrigé.

Parfois je me demandais si on ne s'était pas trompé, si je n'appartenais pas à une autre famille... Mais le roux particulier de mes cheveux ne trompaient personne, et puis, j'avais cette marque dans le dos, juste entre les deux épaules, cette tache grande comme un ongle qui formait un petit nuage blanc qui ne bronzait jamais et que tous mes frères et sœurs avaient aussi. Et puis, j'avais des pouvoirs magiques, je m'en étais rendue compte assez tôt, quand comme souvent je restais toute seule quelque part et que je m'imaginais des tas d'aventures dans ma tête d'enfant. Une fois, j'avais réussi à soulever un bâton en le regardant.

Sans savoir comment faire, j'avais toujours cherché de l'attention chez mes frères et sœurs - à part chez Celtchair, avec qui j'avais une trop grande différence d'âge. Je m'étais vie rendue compte que Niven se souciait de rien ni personne à part de ses secrets et de sa petite personne. Gawain, lui, me faisait peur : il était trop fourbe pour que je crois ses sourires mielleux, et quand il décidait de s'amuser et me faire des mauvaises sources, elles étaient de loin les pires que quiconque avaient pu me faire, et je finissais toujours par pleurer. Par exemple, j'avais passé une nuit entière de janvier enfermée dans notre immense grenier dont la simple évocation me donnait la chair de poule - il était hanté par un fantôme terrifiant, l'esprit d'une jeune femme folle qui avait péri dans les flammes d'anciennes ruines du manoir, prisonnière de sa chambre parce qu'elle avait perdu la raison - et les rats y avaient installé leur terrain de jeux. Je haïssais ces bestioles autant que je les craignais, et j'avais passé la nuit prostrée dans un coin, les muscles tétanisés, à prier pour le matin et à jeter en tremblant des bouts de bois pourris pour que les rats n'approchent pas, tout en subissant les délires insensés du fantôme qui allait et venait dans le grenier, parce que Gawain m'y avait enfermée. Imogen ne se souciait que des personnes qui pourraient lui apporter une quelconque élévation sociale et se gorgeait de l'admiration des gens importants. A ses yeux, je n'étais rien, sinon un larbin. Quant à Caoimhe, elle était la plus gentille, mais son humeur était si changeante qu'en un instant elle pouvait décider d'être mon amie comme de ne plus se rendre compte de mon existence. Parfois, elle aimait jouer avec moi comme si j'étais sa poupée, me coiffer et m'habiller, et ces moments-là m'étaient si chers qu'ils étaient rares. J'adorais la voir s'affairer autour de moi, me prêter ses anciennes robes, la voir dans la glace coiffer mes longs cheveux et les piquer de petits fleurs qu'elle avait ensorcelées. Mais je n'y avais pas le droit très souvent.

Nous habitions un immense manoir en bordure de la ville de Limerick, sur une colline qui dominait la bourgade et dont l'immense propriété privée qui l'entourait nous tenait écartés de la curiosité des Moldus. Autour de nous, sur le flanc de cette colline et en bas, dans la vallée qui longeait la rivière Shannon avant qu'elle se jette dans la mer, il y avait d'autres familles sorcières installées, éminentes de la société irlandaise sorcière. Je n'avais jamais bougé d'ici, jamais voyagé, trop seul pour suivre mes parents dans leurs déplacements selon eux, bien qu'Imogen les aient accompagnés dès qu'elle avait eu huit ans... Le manoir était très ancien, appartenant à la famille depuis des générations, et si mes parents avaient essayé de le moderniser un peu, ils avaient laissé tout l'héritage de notre famille bien en évidence, les tableaux avec nos armoiries, les héritages de notre clan, les vieux meubles, les tapisseries représentant notre arbre généalogique depuis des siècles. Il régnait chez nous un parfum de vieux et des générations de sorciers dans l'air des couloirs, et j'avais toujours trouvé cela effrayant. Au rez-de-chaussée, il y avait les cuisines, le salon d'été, d'hiver, la salle de réception et la bibliothèque; au premier étage, celui des parents, leur chambre, leur salon privée, la pièce de ma mère, et quelques chambres d'amis; au deuxième étage, celui des enfants, d'un côté les chambres des filles et de l'autre celles de garçons, au troisième, les chambres des domestiques et les remises, et enfin, le grenier. A part le bout de mon couloir où se trouvait ma chambre, les chambres des domestiques où j'allais parfois car eux au moins se souciaient de moi, et la salle à manger où nous prenions nos repas, les pièces me faisaient peur, sans parler des couloirs toujours sombres et où j'imaginais dans l'ombre de terribles loups-garou prêt à me croquer dès que j'allais passer. Je courais souvent pour me déplacer chez nous, anxieuse, sans arrêt.

Hélas, pour le moment, je ne ressentais rien d'autre que la même angoisse sourde qui me serrait les tripes, à Poudlard, qui me rappelait le Manoir en beaucoup de points.


« Perdu ? Non, il faudrait être st… »

L'espoir d'être sauvée par ce garçon avait coupé mes sanglots et je l'aurais presque supplié de me ramener chez moi si, une nouvelle fois, un bruit sourd résonna, et l'escalier se mit en branle sous mes pieds, pour la deuxième fois consécutive. Je fus projeté contre le garçon auquel je m'agrippai fermement, tandis qu'il ne termina pas sa phrase que je devinais moqueuse - mais j'avais l'habitude. Il m'attrapa le poignet et je resserrai plus ma main sur son bras, le cœur agréablement palpitant - et ce n'était pas de la peur, cette fois - de ce contact humain, auquel j'étais si peu habituée. Instantanément, malgré l'horrible situation et cette première journée catastrophique, par le simple fait de ce geste qu'il avait eu pour me rattraper, je me sentis envahie de l'espoir diffus qu'il devienne mon ami, le premier et le seul que j'avais eu.

L'escalier finit par s'immobiliser. Il lâcha ma main et s'écarta trop tôt à mon goût, et je me sentis soudain orpheline et stupide d'avoir pu m'imaginer si vite un bonheur auquel je n'avais visiblement pas le droit, depuis toutes ces années. Je compris bien vite, comme lui, que l'issue était bouchée, et que nous n'avions plus qu'à attendre que l'escalier ait le bon vouloir de bouger à nouveau. Je me penchai pour regarder par-dessus la rambarde et me demander si nous pouvions passer par un autre endroit, mais sous nous le vide était impressionnant, et prise de vertige je me redressais, portant la main à mon cœur sous le coup de la peur.


« Super ! Tu peux t’asseoir, on va en avoir pour longtemps à mon avis. »
Mais il n'était pas plus inquiet que ça? Qui sait ce qui pouvait nous arriver, seuls ici?! Il devait y avoir d'horribles créatures qui traînaient la nuit dans le château! Et des rats!... Terrifiée, j'obéis bien vite et parcourus hâtivement les quelques marches en courant avant de m'assoir tout près de lui, peu sereine, le regard anxieux et papillonnant. Quand je me calmai un petit peu, cependant, je me dis que c'était l'occasion pour nous de faire connaissance. Mais j'étais nulle à cela, j'ignorais comment faire... « Tu pouvais pas suivre tes frères et sœurs ? Au moins, tu ne te serais pas perdue. »

Il me parlait sur un ton de reproche, et j'en fus peinée. Bien sûr, j'étais une incapable, c'était sans doute ce qu'il disait lui aussi. J'essuyai mes joues humides des manches de ma robe et reniflai tristement avant de répondre d'une petite voix :

« Il n'y a plus que ma sœur à Poudlard, à Serpentard elle-aussi, en 6ème année. » En vérité, la perspective de « suivre » n'importe lequel de mes frères et sœurs me paraissait si déplacé puisqu'ils n'avaient jamais pris en compte de mon existence que je ne sus que répondre. « Elle est avec ses amis, pas avec moi. Tu ne m'as pas dit dans quelle maison tu étais? Et tu t'appelles comment? Moi c'est Adelaide. O'Donnell. Mon père travaille pour Gringotts, et j'habite en Irlande. »

Je récitai tout cela comme une leçon bien apprise. Adelaide, comme ma grand-mère maternelle que tout le monde détestait, mais comme ma mère avait été à court de prénom à ma naissance, sa mère lui avait ordonné de lui donner enfin son prénom, alors qu'elle avait refusé jusqu'à maintenant - parce qu'elle ne l'aimait pas, probablement. O'Donnell - ce nom-là dans la société sorcière, pour qui s'y connaissait un peu, indiquait mon sang-pur et mon rang élevé. Pour le reste, Grinfotts et Irlande confirmaient que j'étais bien la fille de Celtchair O'Donnell et dès lors, on ne s'intéressait plus à moi comme telle mais comme ce que je représentais.

« Tu crois qu'on va être coincés ici longtemps? Qu'est-ce qu'on peut faire? » Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir peur, et instinctivement je me rapprochai de lui, bien heureuse de n'être pas seule en cette horrible soirée.
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Damien Allen


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MessageSujet: Re: To Torment [A.O'D]   To Torment [A.O'D] Icon_minitimeVen 26 Oct - 17:27

"Mon rapport avec les femmes était naturel, aisé, facile comme on dit. Il n'y entrait pas de ruse ou seulement celle, ostensible, qu'elles considèrent comme un hommage."
A. Camus


Pour la première personne à rencontrer ici, j’aurais tout de même pu tomber sur mieux. Déjà, c’est une fille. D’accord, j’aime bien les filles. Mais celle qui séduisante, pas celle qui pleure dans escaliers. Je le vois dès le premier coup d’œil, celle-là n’est pas du genre à jouer, d’ailleurs elle n’a rien de désirable : remarquer son absence de caractère est un jeu d’enfant et forcément, ça ne m’attire en rien. Pleurer parce qu’on est perdu ? Mais comment survit-elle au quotidien, en proie à tous les prédateurs que les hommes de manière générale, représentent ? Pleure-t-elle à chaque moquerie ? Mon dieu, on ne va pas aller bien loin avec celle-ci alors… ! Je n’ai rien contre les filles, tant qu’elles sont un minimum amusantes, ou intéressantes. Dans cette escapade nocturne, j’aurais préféré rencontrer un autre garçon un peu comme moi, avec qui j’aurais peut-être pu explorer le château, qui ne se serait pas mis à pleurer pour une raison aussi stupide que de se perdre. Et maintenant, je suis coincée avec cette gamine, pour je ne sais combien de temps, à devoir faire un minimum la conversation si je ne veux pas trop m’emmerder. Bon, au pire, elle va me faire bien rire si elle continue comme ça mais évidemment, je ne pipe mot, ni moquerie d’ailleurs. Je suis légèrement plus futé que ça et honnêtement, je suis curieux de voir ce qu’elle a dans le ventre.

Lorsque je dis que j’aurais préféré rencontrer un mec, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne suis pas ici pour me faire des amis. Le prétexte même me fait plutôt rire, et l’expérience et les romans m’ont appris de nombreuses choses à ce sujet. La trahison est, disons constitutive de l’homme. La générosité n’est qu’une manière de cacher notre égoïsme que notre société considère comme mauvais. Je l’ai vu même jusque dans notre soit disant « communauté », les Traveller. Nous sommes unis, n’est-ce pas ? Face à ce monde qui ne nous comprend pas et nous rejette, nous combattons ensemble, nous nous aidons. Laissez-moi rire, ce ne sont que des mots qui sont si faciles de dire, que beaucoup finissent par croire à leur propre connerie. Mais je l’ai vu, j’ai observé. Tout n’est qu’une question de circonstances. Lorsque l’on est dans le besoin, on ne pense plus à aider qui que ce soit. Et même bien souvent, quand nous n’y sommes plus, les souvenirs de cette période nous obsèdent et il n’est pas question d’y retourner en donnant notre petite fortune aux autres. C’est alors que s’installe un jeu hypocrite d’excuses et de beaux mots pour cacher notre propre avarice. La vérité ? Chacun veut son propre bonheur et fait tout pour y arriver. Les Serpentards ne sont pas forcément les plus agréables, mais probablement les plus honnêtes avec eux même. La fin justifie les moyens. Ma fin ? Je l’ai déjà trouvé.

M’élever. J’ai envie de quitter cette environnement, cette fichue « communauté » qui me rejette de toute manière. Je ne sais pas encore si je désire faire partie de cette bourgeoisie qui me donne envie de vomir mais au fond, je trouve ça très ironique de penser que je pourrais m’y mêler, eux qui m’ont toujours regardé de haut. Pourrais-je un jour, contrôler ces gens-là ? L’idée est jouissive. Je ne suis pas stupide en plus, je le sais. J’ai appris à lire lorsque j’avais 2 ans, par moi-même. Avec l’arrière des boites de céréales et le nom des villes sur les cartes routières. Je peux arriver à beaucoup de choses si je me débrouille bien et pour le moment, si aucun domaine sorcier ne m’intéresse plus que ça, je ne vais surement pas tarder à me fixer un objectif. C’est toujours ça qui m’a motivé dans ma vie : mon but. Il est changeant mais plus le temps passe, plus une idée plus concrète se forme. J’ai envie de prouver à tous ces gens que je vaux quelque chose, les étendre me féliciter pour pouvoir profiter d’eux plus facilement, eux qui m’ont raillés pendant si longtemps. Qui sont ces gens ? Tout le monde. Mes parents qui m’ont viré de chez moi, les sales petits anglais qui me regardent de travers, moi et ma caravane. Ceux qui froncent les sourcils lorsque j’annonce que je n’ai pas de maison fixe. Que je suis un « gitan » pour parler communément. Dès que je le dis, c’est la même chose. La mine change, la voix, les attitudes. Ils sont méfiants. Mais j’assumerais toujours mes origines, car j’ai toujours assumé ce que je faisais. Mais leur attitude m’appelle à une sorte de vengeance, voilà la fin ; il ne manque plus que le moyen.

La petite fille s’assoit à côté de moi avec hâte, les lèvres encore tremblantes, et elle tente d’essuyer ses larmes avec le peu de fierté qui lui reste. Je n’aime pas trop la voir se coller près de moi, mais je fais aucun commentaire : comme je l’ai dit, j’attends de voir ce qu’elle vaut. Si elle vaut quelque chose bien sûr. De toute manière, je ne suis jamais du genre à me moquer ou à repousser ouvertement : l’image de soi est essentielle lorsque l’on veut s’infiltrer quelque part. Et moi, j’ai envie de m’infiltrer à Poudlard. Me faire des ennemis dès le premier soir n’est pas utile. Je ne pense pas que cette gamine soit du genre à se venger bien entendu, mais elle peut en attendrir certains qui me prendraient en grippe et me trouveraient immonde de l’avoir mal traité, elle qui est si fragile et si douce. Voilà exactement le genre de relation qui, je le devine, peut entourer cette fillette : des gens qui ont pitiés d’elle. J’ai horreur de ça. De la faiblesse, en générale. Jamais je ne m’abaisserais à l’être pour avoir de l’aide des autres, non, je préfère aller la chercher. Mais sournoisement : paraitre dans le besoin n’attire que les prétendus généreux. Je préfère berner les autres, et puis, c’est tellement plus amusant et agréable de voir que notre ruse fonctionne et que l’on tire, même des plus avares, quelques petites choses.

- Il n'y a plus que ma sœur à Poudlard, à Serpentard elle-aussi, en 6ème année. Elle est avec ses amis, pas avec moi.

Forcément, il faut qu’elle se mette en victime. « Pas avec moi » Mais ma pauvre tu es toute seule ? Tout le monde est seul dans la vie, réveille-toi, c’est chacun pour sa peau. Cependant, je grappille les premières informations de mon observation. Toute sa famille à l’être d’avoir été à Serpentard… Ce qui est généralement le cas de famille riche et renommée. Il n’y a donc peut-être quelque chose à tirer de la petite rouquine. Maintenant, il s’agit de voir, de questionner sans paraitre insistant. Cependant, elle parait si innocente que je pense que je pourrais extraire ce que je voudrais d’elle sans scrupules et sans barrière : elle se raccroche à moi comme son sauveur et j’en conclus que j’ai la position de force. J’adore avoir cette position et j’avoue que je ne l’ai jamais vraiment eu dans ma famille. Ou même en général. Je ne suis pas très imposant, et même si mon visage n’est pas très avenant, je n’ai rien d’une brute. Alors j’ai commencé à dominer intellectuellement parlant, à manipuler. C’est ça la véritable force, mais personne ne le voit. J’ai toujours été le petit dernier, plutôt celui qu’on avait tendance à protéger, du moins pour mes frères et Mona. Et avant que Dan ne se « fasse buter par ses chiens » pour citer Fred. Mais je n’ai pas envie de penser à ça, j’ai une investigation à mener.

- Toute ta famille a été à Serpentard ?

Je n’ai pas besoin de rajouter autre chose. Je sens que mes questions vont l’encourager à se livrer, comme si elle trouvait en moi quelqu’un qui s’intéresse à elle. C’est le cas cependant, mais pour des raisons bien dissimulée. Mon sourire a l’air de l’encourager d’ailleurs, car elle continue sa petite présentation digne des filles les mieux élever.

- Tu ne m'as pas dit dans quelle maison tu étais? Et tu t'appelles comment? Moi c'est Adelaide. O'Donnell. Mon père travaille pour Gringotts, et j'habite en Irlande.

Adelaide ? Waouh. C’est vraiment une petite bourge pour porter un nom aussi vieux. Surement celui d’un des ancêtres, la fierté de la famille ou quelque chose du genre. Gringotts? La banque des sorciers ? Plus les mots s’échappent de sa bouche, plus elle trahit son identité qui est déjà bien facile à deviner. Mais elle doit en être fière de toute manière, sinon pourquoi me déballer toute sa présentation ridicule de la sorte? Elle vient d’Irlande… Moi aussi, techniquement. Je dis toujours Traveller, mais le nom exact est Irish Traveller. Mon père a des origines irlandaises, mais ma mère est écossaise et à la maison –la caravane quoi- on parle tous anglais. C’est plus facile pour s’intégrer et trouver du boulot d’après mes parents. J’ai d’ailleurs plus souvent « habité » en Angleterre qu’en Irlande, parce qu’on est encore moins acceptés là-bas, notre réputation est vraiment dégueulasse mais techniquement, on l’a bien cherché je crois. En Angleterre, on peut faire profil bas et les gens se méfient moins de nous. D’après Dan, c’était bien plus facile pour chiper des trucs. Là où il est de toute manière, il ne peut plus voler grand-chose. Enfin, bref. La présentation de la dénommée Adelaide me fait rire, et je ne m’en cache pas, ne pouvant retenir un petit éclat qui s’échappe de ma gorge.

- T’as appris où à te présenter comme ça ? Et une dernière question sur ses origines, encore une… Serpentard aussi. Et j’m’appelle Damien. J’habite partout, si ça t’intéresse tant que ça.

Je me suis plié à son jeu de présentation du mieux que j’ai pu. Mais pas question que je déballe toute ma vie, la non-existence du métier de mes parents. Ça l’effrayerait à mon avis et pour le moment, j’ai encore besoin de savoir si elle pourrait m’être utile. Restons donc sympathique, je pourrais décrire le reste après, je n’ai pas peur d’assumer d’où je viens.

- Tu crois qu'on va être coincés ici longtemps? Qu'est-ce qu'on peut faire?

… Mais sérieusement ? Cette fille est drôle en fait.

- J’en sais rien, et y a rien à faire. Tu peux sauter si tu veux, pour redescendre dans le hall. Dis-je en montrant de ma main le vide à sa gauche. Mais je doute que tu saches voler, alors évite.

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MessageSujet: Re: To Torment [A.O'D]   To Torment [A.O'D] Icon_minitimeLun 29 Oct - 12:45

On aurait pu croire que la vie que j'avais eue m'aurait menée à cette témérité qu'ont les enfants trop tôt livrés à eux-même, à cet état d'esprit particulier aussi, plus vif et plus développé que les autres enfants de leur âge, parce que l'éducation façonne mais l'absence d'éducation force à s'élever tout seul. Hélas, je n'avais subi ni l'un, ni l'autre. Personne ne m'avait façonnée et je n'avais pas su le faire moi-même, parce que j'ignorais bien comment il fallait procéder, parce que j'étais trop seule et trop petite au milieu de ce grand monde qui me faisait peur. Mes principales occupations étaient d'éviter les attaques de mes aînés, les remarques de mes parents, et de préférer, tout comme j'en souffrais, ma transparence. J'aurais été bien incapable de m'opposer, et comment l'aurais-je pu? J'étais seule contre eux tous, même Caoimhe n'aurait pas été assez stupide pour se ranger de mon côté - on ne mord pas la main qui nous nourrit. Mon enfance n'avait été qu'une vaste étendue désertique bien peu intéressante pour quiconque aurait été transporté là.

Si j'avais eu un quelconque espoir en attendant à Poudlard, il venait de s'anéantir avec l'échec de cette première soirée. Le trajet, solitaire, ne m'avait pas beaucoup changée. La traversée en barque m'avait déjà orientée vers le fait que ce n'était pas ce que j'avais imaginé... La suite, elle, coupait court à tout fantasme. Je m'étais perdue, on m'avait fait une mauvaise farce, comme toujours, et je tremblais de rester perdue à jamais dans ce grand château sombre et froid, et je n'avais même pas envie de rentrer chez moi car cela ne changeait pas beaucoup. Je voulais juste être au fond d'un lit bien chaud et tout oublier. Mes larmes coulaient toutes seules, tristes, mais je ne pleurais plus à gros sanglots, parce que cette situation, ce cul-de-sac, avait quelque chose de si familier que je n'avais plus le courage de m'en plaindre.

J'avais un excellent souvenir de quand nous avions dû aller sur le Chemin de Traverse pour acheter toutes mes fournitures, et racheter aussi toutes les fournitures d'Imogen qui avait battu de ses longs cils en apprenant qu'on m'achetait des affaires, et qu'elle aussi, elle en avait besoin de nouvelles, cette menteuse qui avait déjà tout ce qui lui fallait en trois exemplaires. Mère avait accepté sur l'instant, évidemment. On ne refuse rien à Imogen. Elle avait de grands yeux verts en amande, de longs cheveux blonds-roux qui ondulaient toujours à la perfection, une silhouette fine et bien découpée, et le moindre de ses sourires réussissait à faire fondre la glace. Personne ne lui résistait. Alors que j'avais espéré aller au Chemin de Traverse seule avec ma mère, pour une fois, même si cela n'avait pas forcément quelque chose de très réjouissant, je m'étais donc retrouvée à y aller avec Imogen et elle, et ce fut comme si je n'y étais pas allée. Je tendis ma liste, elles choisirent tout à la va-vite pour s'arrêter plus longtemps sur les affaires d'Imogen, et dans le magasin de robe Mère fit une telle scène pour que nous ayons le meilleur tissu et parla si mal au tailleur que j'en eus honte à disparaître sous terre, et le temps passa bien trop lentement. Mon rêve s'était transformé en calvaire. Ma seule consolation fut mes livres, qui n'appartenaient qu'à moi, les seules que je possédais à part un ou deux car la bibliothèque du manoir était « interdite aux enfants » et j'en étais toujours une. Alors j'avais lu, lentement, mes livres scolaires, mais je n'étais pas habituée à de gros si ouvrages et je ne comprenais pas tout. Mais cela m'avait occupée, et m'avait rendue plus familière au monde de Poudlard.


« Toute ta famille a été à Serpentard ? »

J'avais trop l'habitude qu'on ne prête pas attention à ce que je dise, ou qu'on se moque de moi, pour ne pas reconnaître dans cette question un quelconque intérêt, et je le regardai, surprise, à travers mes yeux encore voilés de larmes. Il était très brun, avait l'air gentil, mais son visage reflétait une vive intelligence et beaucoup de détermination, et mon esprit l'associa malencontreusement à Gawain. Je chassai cette comparaison peu plaisante pour mon nouvel ami et m'empressai de lui répondre :

« Oh, oui, mes parents, mes trois frères et mes deux sœurs avant moi... » Quelle honte si je n'avais pas été à Serpentard comme eux... « Comme toutes les familles au Sang-Pur! » conclus-je fièrement, répétant seulement les mots que j'avais entendu chez moi sans en mesurer leur portée. « Et toi? Où étaient tes parents? »

Comme c'était étrange! Jamais je n'avais autant parlé de moi à quelqu'un et il me semblait qu'on me faisait le plus beau des cadeaux. J'en oubliais temporairement l'horrible que fait que nous étions coincés sur un escalier facétieux et qu'il commençait à faire froid, et je crois que mes larmes s'étaient arrêtées de couler pour que ma concentration soit plus totale.

« T’as appris où à te présenter comme ça ? Serpentard aussi. Et j’m’appelle Damien. J’habite partout, si ça t’intéresse tant que ça. »

Il avait ri. Je baissais les yeux. Je connaissais trop bien la moquerie pour ne pas la reconnaître dans ce rire... Évidemment. Qu'est-ce que je pouvais bien espérer? Peut-être qu'il connaissait mon nom, ma famille en fait, et qu'il avait vite fait le rapprochement - O'Donnell, Adelaide, la petite dernière, celle qui sert à rien et dont on ignore le prénom la plupart du temps. Il s’appelait Damien, et je trouvais que c'était un beau prénom. Quant à la suite elle m'intrigua, mais son rire m'avait stoppée net, et je parlai ensuite d'une voix beaucoup moins assurée, plus faible, n'osant plus trop le regarder en face.

« Chez moi. On n'y plaisante pas avec les origines. » Je haussai les épaules, consciente que je montrais mes faiblesses, ma résignation devant ma famille, et alors? Je n'étais pas quelqu'un qui en valait la peine, il était tant qu'il s'en rende compte avant de risquer de devenir mon ami. Néanmoins je ne pus m'empêcher de sentir mon cœur battre de bonheur parce qu'il était à Serpentard lui aussi, et je sus là que c'était le début des problèmes. M'attacher à des gens qui déjà riaient de moi... N'était-ce pas pathétique? « Partout? Qu'est-ce que tu veux dire par partout? »

Son accent n'avait rien de reconnaissable, mais il cachait un petit quelque chose qui me mettait la puce à l'oreille. La suite confirma ce que j'avais craint et je me sentis me renfermer encore un peu plus. J'avais été bien bête de croire qu'il pourrait un instant s'intéresser à moi...

« J’en sais rien, et y a rien à faire. Tu peux sauter si tu veux, pour redescendre dans le hall. Mais je doute que tu saches voler, alors évite. »

Je ravalai les sanglots qui remontaient dans ma gorge, sentit mes mains se crisper l'une contre l'autre et fixai ma robe et le bout de mes chaussures, en silence. Sa sentence accentuait ma peur, tout comme son ton plus froid me serrait d'avantage le cœur. Très bien, j'avais l'habitude... Silence et acceptation allaient être mes seuls compagnons, et il se passa quelques secondes, quelques minutes, je n'en savais rien, silencieuses, pendant lesquelles je laissais mon esprit vagabonder autour de ce qui venait de se passer. J'observai Damien à la dérobée en me demandant avec quelle genre de personnes il pouvait bien s'entendre et je regrettai de toute mon âme de ne pas appartenir à ce genre, puis je me fis la réflexion que de toute façon j'avais été bien sotte de croire qu'on pouvait s'intéresser à moi. Je le savais, depuis tout ce temps, tout de même. Alors je m'efforçai de paraître aussi transparente qu'une vitre, de faire partie intégrante de l'escalier, pour qu'il m'oublie, et me laisse seule avec mes peurs et mes chagrins - c'était mon pain quotidien.

Mais tout d'un coup l'escalier trembla si fortement et sans crier gare que je sentis mon cœur rater un battement et, instinctivement, je m'agrippai à la main de Damien parce qu'il était tout près de moi. Pendant quelques secondes l'escalier parut hésiter, puis il fit un si brusque déplacement sur le côté qu'il m'arracha un cri suraigu. Il s'immobilisa à l'entrée d'un long couloir sombre, mais je le sentais encore prêt à bouger de nouveau. J'étais tétanisée, accrochée à Damien, mais à travers mon effroi je voyais tout de même ce qu'il nous fallait faire et je murmurai malgré mes dents serrées :


« Il faut qu'on s'en aille, maintenant! »
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MessageSujet: Re: To Torment [A.O'D]   To Torment [A.O'D] Icon_minitimeMar 30 Oct - 16:11

C’est facile de voir que cette fille-là n’a jamais eu beaucoup d’attention. Dès que je lui pose une question, elle a les yeux qui s’allument : elle n’est pas habituée à ce qu’on s’intéresse à elle. D’après ses dires, je conclus qu’elle a une famille plutôt nombreuse, et je la situe directement comme petite dernière. Celle dans l’ombre des ainées, qui n’a jamais su s’affirmer. Ce ne sont que des suppositions, mais j’ai toujours été très perspicace lorsqu’il s’agissait de lire dans les autres. Je vois souvent juste car les gens sont mauvais pour se cacher. Mentir ? C’est un véritable art que peu de personne savent manier. Le pire, c’est que tout le monde croit dur comme fer que l’on ne voit pas leur main qui tremble, leur voix qui fait une pause un peu trop longue, la mèche de cheveux qu’il remette derrière l’oreille, le regard qui s’enfuit. Mais moi, je remarque tout ça. Mieux encore, je sais donc comment il faut que j’agisse pour que mes mensonges eux, passent inaperçues. Je suis très convaincant, je le sais et personne à ce jour n’a encore appris à me « connaitre par cœur » J’ai lu et vu beaucoup de choses sur les meilleures amis et personnellement, je crois que c’est une sacré connerie. Quelqu’un qui sait tout de vous ? Mais c’est la pire des stupidités, et la chose la plus dangereuse qui soit ! Personne ne me connaitra jamais, croyez-moi. Le mystère reste la meilleure solution pour vivre comme bon on l’entend, et réussir à faire ce que l’on désire sans que personne ne vienne se mêler de ça.

C’est comme l’amour. Le concept même est ridicule. Je ne dis pas que ça n’existe pas hein, je ne suis pas con, j’ai lu des livres et la passion est l’un des premiers moteurs d’une histoire. Mais avez-vous vu une connaissance de quelques classiques ? Les histoires d’amours finissent souvent mal. On meurt d’amour, on se fait trahir, on réalise qu’on a gâché sa vie pour des broutilles, pour un banal baiser. Vous ne lisez pas ? Et bien il suffit de regarder autour de soi. Je regarde toujours mes parents. Ils ne s’aiment pas. Ils se désirent peut-être, mais ils ont surtout peur d’être seuls. Alors ils se persuadent qu’ils s’aiment mais au fond, ce n’est qu’un besoin remplie d’intérêt financier, moral et sexuel. Les gamines qui rêvent du prince charmant, et je suis sûr que cette Adelaide en font partie, me font pitié. Elles n’ont généralement jamais vu de véritable couple, leurs parents leur montrent une version plus jolie, moins vraie pour ne pas les décevoir. Ou alors, ils leur font lire beaucoup de livres pour enfants, des contes de princes et de dragons. De conneries quoi. Je n’en ai jamais lu, à vrai dire, le premier bouquin que j’ai lu de ma vie fût 20 000 Lieux sous les Mers, de Jules Verne. C’est la première chose que j’ai chipé quand j’étais un gamin. Aujourd’hui encore, sous mon lit, dans ma valise, je l’ai et je le relis parfois.

- Oh, oui, mes parents, mes trois frères et mes deux sœurs avant moi... Comme toutes les familles au Sang-Pur! Et toi? Où étaient tes parents?

Il me fallut beaucoup d’effort pour ne pas éclater de rire. « Sang Pur » alors elle aussi elle tenait à ses conneries ? C’est ridicule. Mais… Utile. Elle est d’une famille de sorcier, qui semblent plutôt connue ou du moins influente. Elle doit probablement connaître d’autres personnes dans le château… Oui. Intéressant. Je vois aussi très bien qu’elle débite les stupidités qu’elle entend chez elle sans vraiment savoir ce qu’elle raconte. Ses parents doivent la bassiner avec ça : si elle fière, c’est simplement car elle a enfin quelque chose pour l’être. Je vois bien qu’elle n’a aucune confiance en elle. Si elle se vante, c’est qu’on lui a dit qu’il y avait de quoi, c’est que sa famille est passée par là. Donc… Donc, elle est influençable. Je m’en doutais mais là, mes soupçons se confirment et malgré moi un immense sourire se dessine sur mes traits. J’essaye de le rendre amicale, mais en vérité c’est celui de la victoire. Celui que fait le renard, sournois, avant de se jeter sur le lapin. Oui. Plus la discussion avance, plus je réalise que cette gamine pourrait m’être utile. Il s’agit alors d’être un prédateur rusé. Et ça, c’est ma spécialité.

- Nulle part. Je suis né-moldu. Tu connais beaucoup de monde ici alors, non ?

Et encore une petite question. Ma voix était douce, curieuse mais douce. Comme si je m’intéressais vraiment à sa petite vie fade. Je n’aime même pas qu’elle me parle de sa famille mais je dois bien m’y forcer. Ça me fait un peu penser à la mienne, et ce n’est pas un sujet que j’aime aborder. Adelaide n’a pas l’air très proche de ses frères et sœurs, sinon elle ne serait sûrement pas perdue, ils lui auraient décrits tout Poudlard. Moi ?... Moi, j’avais été proche d’eux à un moment. Quand y avait encore Dan, et qu’on formait une vraie bande tous les quatre. Lui, c’était l’aîné. Lorsqu’il a eu 18 ans, Mona en avait 17 et Fred 14. Moi, 8 ans. J’ai toujours été le plus petit, mais ça ne changeait pas grand-chose. Je trainais depuis toujours dans ce monde un peu mal famé, j’avais déjà fumé à 7 ans et bu une bière, je me bagarrais… Enfin, le quotidien lambda chez moi. Avec mes frères et ma sœur, on était la team Allen, on faisait tout ensemble. Même si j’étais gamin, ils me trainaient partout. J’avais même assisté à un règlement de compte une fois, j’avais vu Mona se droguer pour la première fois… Dan disait toujours que c’était la famille, et qu’on se soutenait. Il engueulait Fred lorsque lui se moquait de ma passion pour la littérature, réglait leurs comptes aux Ex de Mona… Bref. On était une vraie bande, une vraie famille à nous quatre. Enfin, jusqu’à que Dan meurt.

- Chez moi. On n'y plaisante pas avec les origines. Partout? Qu'est-ce que tu veux dire par partout?

Les origines… Laissez-moi rire. Je suis conscient que lui parler de mes origines à moi risque de lui faire tout drôle mais je ne vais sûrement pas mentir. De toute manière, elle est bien trop malléable pour me rejeter à cause de ça. Je suis probablement l’une des rares personnes à –prétendre- m’intéresser à elle, alors elle va s’accrocher à ça. Je le sais, et c’est jouissif. Cependant, je sais que j’ai plutôt intérêt à bien me comporter pour qu’elle m’apprécie un minimum et je vois bien que mes premières remarques et rires l’ont mis mal à l’aise et déstabilisé. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Ça, pas question !

- Je suis un Traveller. Tu connais ? J’ai pas de maison, juste une caravane. Chez moi, c’est partout. Etonnant, n’est-ce pas ?

Ça, plus ma remarque sur l’impossibilité de nous échapper : Adelaide est désormais au bord des larmes, je le vois bien. Elle ne sait pas quoi dire, ni comment réagir. Ça me fait rire, mais je n’ai pas le temps de rajouter quelque chose et elle non plus d’ailleurs car l’escalier bouge de nouveau. Evidemment, la gamine se fait à crier et s’accroche et au prix d’un effort considérable, je ne dégage pas ma main même si j’en meurs d’envie. Le faire n’aiderait pas mes plans. Complétement affolée, la jeune fille se met sur ses pieds, m’annonçant qu’il faut y aller. Comme si je voulais rester là. J’approuve d’un signe de tête et nous descendons l’escalier jusqu’à un couloir sombre. Je vois bien que la petite est perdue, cependant je remarque un autre escalier qui semble mener au Hall. Si nous réussissons à l’atteindre, je réussirais à retrouver la salle commune. Je me tourne vers Adelaide et lui fais un sourire.

- Suis-moi, je crois que je sais où on doit aller. Et sur ceux, je lui pris le bras pour la mener. Me comporter en tel gentlemen n’est pas dans mes habitudes, mais je m’adapte toujours à mes besoins. Et pour le moment, il faut que cette gamine croie que je l’apprécie malgré mes quelques moqueries. Elle me suit tant bien que mal, et nous retrouvons en quelques minutes les sous-sols. Je ne m’étais pas trompé. Ruse. Je me tourne vers Adelaide tandis que la porte de notre salle commune s’ouvre. C’est notre mot de passe, ne l’oublie pas. Ton dortoir est à gauche, je crois qu’il n’y a plus de raison que tu te perdes. Je lâche enfin son bras. Libération ! Ce fût un plaisir de t’avoir rencontrer la Rouquine. Au plaisir de te revoir ! Sur ceux, je lui fis un clin d’œil.

Finalement, cette première rencontre se révélait pleine de ressources utiles… !

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Adelaide O'Donnell


Adelaide O'Donnell
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MessageSujet: Re: To Torment [A.O'D]   To Torment [A.O'D] Icon_minitimeLun 5 Nov - 19:24

Cette expression là, je ne l'avais lue sur le visage de personne d'autre. Même nos domestiques, vers qui j'allais me réfugier quand Gawain me faisait trop peur ou que je me sentais trop seul, les jours pluvieux et froids où ma solitude me pesait encore plus que de coutume, n'avaient pas ce regard brillant d'intérêt pour moi. Je le savais : ils n'étaient qu'employés, et si je m'entendais particulièrement bien avec certains d'entre eux, ils ne pouvaient pas choisir mon camp. C'aurait été désavouer leur maître, leur employeur, et ils auraient été bien bêtes. On ne refuse pas un poste chez les O'Donnell, et je crois bien qu'ils étaient traités avec plus d'égards que moi - j'avais entendu Imogen le susurrer à Caoimhe un jour où elles essayaient ensemble leurs nouvelles robes, pendant que je les observais. Je devais avoir 6 ans donc je n'avais pas compris exactement ce qu'elle avait voulu dire mais j'en avais pris conscience plus tard. Oui, ils étaient grassement payés, considérés comme des personnes normales, et avaient même le droit à un treizième moi et des attentions particulières quand ils effectuaient leur travail en temps et en heure. Mes parents étaient des personnes de paraître et rien ne comptait plus qu'une belle maison et de belles réceptions. Je m'étais toujours demandée si il me trouvait laide, et petit à petit, j'y avais cru, tout en me jugeant effectivement laide par la même occasion. Sinon, pourquoi ne m'aimaient-ils pas? Même Mary, celle qui s'occupait de notre étage, de faire nos lits et de ranger nos affaires, avec qui j'étais si proche, elle n'osait pas aller jusqu'au bout. Je voyais son mépris quand Gawain me faisait pleurer, pour ce frère indigne, ou pour mes parents irresponsables quand il s'avérait que je pouvais errer où bon me semblait pendant toute la journée sans qu'ils ne s'en inquiètent. Mais cela n'allait pas plus loin. Là était mon éternelle malédiction : comprendre et subir, en silence.

J'aurais aimé voir en Poudlard un quelconque espoir mais j'en avais peu, et voilà que cela m'était confirmé. Ce soir, le premier, était déjà horrible, cette cérémonie m'avait effrayée, ce repas m'avait paru durer des heures, et même la satisfaction d'être à Serpentard avait été de courte durée - j'avais juste l'impression qu'on m'avait ôté une lame sur ma gorge, mais que la hache restait près de moi, à quelques centimètres de ma peau. Et qu'un atroce bourreau m'attendait dans l'ombre. J'avais peur, de tout et de tous. Même Damien qui un instant m'était apparu comme l'ami inespéré, le sauveur, l'étoile dans la nuit, semblait n'être qu'un parmi tant d'autres, parmi tous ceux que j'avais croisés dans ma vie et qui n'avaient rien vu en moi, parce que j'étais insipide et inutile.


« Nulle part. Je suis né-moldu. Tu connais beaucoup de monde ici alors, non ? »

La douceur de sa voix fit renflouer le sang à mes joues et battre un peu plus mon coeur, encore et toujours, de cet espoir qui ne cessait de naître et de disparaître, vacillant comme la flamme d'une bougie. Que dire... La vérité, comme il se devait à ce que l'on disait à nos mais? Je voulais honorer mon premier ami mais je n'avais pas la force de dire exactement la triste véracité des faits. Oui, je connaissais beaucoup de monde, je connaissais la majorité des fils et filles de grandes familles au Sang-Pur irlandaises et britanniques, puisque elles formaient une communauté, et que mon père avait énormément de contacts. Mais ces familles, ces enfants... eux, ne me connaissaient pas. Mentir avait le goût amer de la trahison mais qu'allait-il penser de moi, si j'avouais petit à petit le monceau de mes défauts? Comme les autres, ils allaient tourner les talons...

« Oui. Mes parents connaissent beaucoup de sorciers. »

Plate fut ma réponse, tout comme ma voix, mais je ne pouvais pas en dire plus, ni moins. J'avais évité le pire, sans voiler vraiment la vérité. Mais cette étincelle dans ses yeux, je ne voulais pas la perdre : je voulais qu'il me questionne encore et encore, parce que ce sentiment d'importance, aussi léger fut-il, avait pour moi la valeur de tout l'or du monde...

« Je suis un Traveller. Tu connais ? J’ai pas de maison, juste une caravane. Chez moi, c’est partout. Etonnant, n’est-ce pas ? »


J'ouvris de grands yeux. Lui! Un gitan! Mais... Ces gens là n'étaient-ils pas tous pauvres ou voyous? Je me rappelais des caravanes qui passaient devant chez nous, parfois, et des commentaires de mes parents. A les entendre dire, ces gens-là étaient si terribles que j'avais peur quand j’apercevais une caravane et que je courrais me cacher derrière la cheminée. J'avais peur qu'il me kidnappe ou me fasse du mal, et vole tout ce que je pouvais avoir de valeur sur moi. Selon mon père, ils étaient responsables de tous les maux du pays, et avec leurs yeux et leurs cheveux foncés comme des corbeaux, je n'avais jamais eu de mal à le croire : ils me faisaient peur. Damien avait les cheveux et les yeux bruns mais je n'avais aucune peur en le regardant, et pendant quelques instants je ne compris pas - pourtant ces gens étaient terribles, mais Damien ne l'était pas. Comment cela se faisait-il? Peut-être qu'il dérogeait à la règle, et sûrement, puisqu'il était sorcier et à Serpentard, donc respectable. Mon incompréhension se mua en étonnement et une foule de questions ses pressèrent à mes lèvres :

« Je connais! Mais ça alors, comment tu fais pour... »


Comment tu fais pour manger, pour dormir, pour avoir de l'argent? Comment tu fais pour vivre sans maison, sans place fixe? Comment tu fais pour te laver, pour avoir chaud? Quelle vie étrange! Mais ma curiosité fut stoppée par l'esprit facétieux de l'escalier et ma peur prit le dessus. Les larmes aux yeux, tremblante d'effroi, je me cramponnai à Damien qui m'attira hors de cet horrible endroit, et me conduisit en sûreté dans un couloir. Ce contact humain, chaud, de son bras contre le mien et sous ma main, m'était si délicieusement nouveau que je ne pouvais penser à rien d'autre. J'avais un ami, et il venait de me sauver! Malgré ses paroles plus sèches précédemment, cela ne m'importait plus - du moment qu'il s'intéressait un minimum à moi!...

« Suis-moi, je crois que je sais où on doit aller. » Il prit ma main et dès cet instant il n'y eut plus rien d'autre que cette sensation qui me réchauffait le cour - celle d'exister, parce qu'enfin j'existais pour quelqu'un - et, docile, je me laissais guider, comme une automate. Il avait toute ma confiance. J'eus raison, car il retrouva le chemin du Hall, puis s'engouffra dans les cachots, et sans connaître, je devinais qu'il savait. Peu à peu les battements affolés de mon cœur se calmaient pour laisser place à une sérénité que je savais de courte durée, mais dont je ne voulais pas manquer une miette. « Ruse. C’est notre mot de passe, ne l’oublie pas. » Nous étions devant le mur qui menait à la salle commune, au fond des cachots, et je ne pus m'empêcher de retenir mon souffle en me disant que j'allais pénétrer là où toute ma famille avait étudié. Hélas, à l'intérieur, je fus déçue... Damien me lâcha et tout d'un coup la salle me parut froide, glaçante, effrayante, vide.

Elle était éclairée d'une lumière verte - il y avait d'étranges lueurs au plafond - et quelques crânes nous contemplaient, tandis que les murs étaient richement décorés de tentures vert et argent, et les cheminées, les meubles, finement ouvragés et ciselés. Je ne connaissais que trop bien ce style : c'était celui de notre manoir. Un voile gris se posa sur mon cœur. Rien ne changerait donc jamais?...


« Ton dortoir est à gauche, je crois qu’il n’y a plus de raison que tu te perdes. Ce fût un plaisir de t’avoir rencontrer la Rouquine. Au plaisir de te revoir ! »

Ces mots eurent l'effet d'une déflagration sur mon pauvre corps et ma pauvre âme et je sentis des larmes d'émotion, cette fois, me monter aux yeux. Mais déjà Damien filait vers son dortoir, me laissant seule, me laissant monter seule dans ce dortoir où au milieu des autres filles de mon âge, je n'aurais probablement pas ma place. Je répondis d'une voix faiblarde, qui ne rendait pas honneur à ce que je ressentais vraiment :

« Moi aussi! Merci! A demain... »
Mais c'était inutile, il ne m'entendait probablement pas, et ne pouvait pas me faire la promesse d'être là demain... La mort dans l'âme, je poussais silencieusement la porte du dortoir. Je ne voulais pas y aller. Mais ce « au plaisir » et ce surnom qui avait jailli si naturellement restaient en moi, au chaud, et me procuraient un doux réconfort. Je me voyais déjà la meilleure amie que Damien n'ait jamais eue, je m'imaginais déjà le rendre heureux et le faire rire, je m'imaginais être utile pour quelqu'un et comprendre enfin ce que l'on pouvait ressentir. Ma nuit fut curieusement calme, mon sommeil serein, bien que les draps si jolis de mon lit me parurent glacés, et qu'aucun visage bienveillant vint me souhaiter la bonne nuit.



FIN
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