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How long will this take? [Scarlett]

 
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 How long will this take? [Scarlett]

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Haruhi Michiko


Haruhi Michiko
Elève de 7ème année & Préfète



Féminin
Nombre de messages : 2080
Date d'inscription : 07/06/2009

Feuille de personnage
Particularités: Il me manque une case. Mais bon vu que quasiment tout Poudlard a le même problème, je m'inquiète pas!
Ami(e)s: Scarlett, Taylord, Lilian (sniff) principalement. Trio de Gryffondor 8D
Âme soeur: Tout raisonnement sur l’amour le détruit

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MessageSujet: How long will this take? [Scarlett]   How long will this take? [Scarlett] Icon_minitimeSam 18 Fév - 22:58

CRAWL
(parce que c'est notre hymne How long will this take? [Scarlett] 386655 )

Même si enfoui au fond de mon cœur, dans la plus habile des cachettes ; je n’avais jamais ignoré qu’un jour, je devrais arrêter de faire semblant. Les prétextes avaient tous été plus superficiels les uns que les autres pour refuser de me confier. Je savais qu’un jour, je l’espérais lointain, mes sourires de façade et mes faux éclats de rire ne seraient plus convaincants. Lilian, Taylord ; j’avais dissolu toutes leurs interrogations, leurs suspicions ; partiellement, car mes subterfuges ne les trompaient pas. J’avais cru que je pourrais garder cette rancœur en moi, croyant qu’elle s’en irait avec le temps. Ce même temps qui m’avait repris tout ce que j’avais, ce même temps qui m’avait conduit au point où j’en étais aujourd’hui. Mais cette sensation amère, au goût de trahison, se faisait de plus en plus intense. J’étais captive, oui, prisonnière de cette vague à l’âme qui s’écrasait sur moi et m’empêchait de respirer.

Il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait me délivrer un peu de ce poids. Elle était incapable de le faire disparaître, mais elle pouvait le soulager. Mais Scarlett, depuis ce bal que je ne pouvais oublier –et pas pour les bonnes raisons- je l’évitais tant bien que mal. Je détestais ignorer les regards qu’elle me lançait, je détestais prétexter un devoir à finir pour éviter des questions auxquelles je ne savais que très bien les réponses. J’avais été bien hypocrite de lui promettre qu’il n’y aurait plus de secrets entre nous. Je savais combien se cacher était facile. Au début.

Je ne savais pas ce qu’elle pensait et ce qu’elle comprenait. Peut-être avait-elle vu juste comme Lilian ou Taylord. Peut-être que cette dernière lui avait fait part de mon regard fuyant et mon calme presque dérangeant. Scarlett était peut-être déjà au courant, ce qui en théorie, me facilitait la tâche. Mais ça, je m’en fichais. Ce dont j’avais peur- cette peur insidieuse- c’était de mettre les mots sur ce que je ressentais. Parce que ça rendait la chose plus réelle. Parce que ça revenait à accepter que je n’allais pas bien, et que je devais me raccrocher à quelqu’un. Avouer que j’avais besoin d’aide. La douleur de Scarlett, ces dernières années m’avait été insupportable, parce que je n’avais pas le pouvoir de l’effacer. Mon amitié ne pouvait pas faire tout, le temps aussi soignait les blessures. Enfin, sa souffrance s’était estompée ; et après l’attaque des Mangemorts, tout ne pouvait que s’arranger. La vie peu à peu avait repris, même s’il était impossible d’oublier les cris, le sang. Les souvenirs. Mais on pouvait les mettre dans un coin de sa tête et apprendre à vivre avec eux, d’une manière différente.

Ce bal devait être l’amorce d’une nouvelle ère, plus douce. Nos rires, notre façon de danser avec nos robes de soirée de manière maladroite, nos discussions sans doute futiles, je les avais chéris, parce qu’ils étaient la preuve que nous n’avions pas à vivre dans le passé. Que l’instant, c’était le plus important, et qu’il fallait vivre comme si la vie était un présent qui pouvait nous filer entre les doigts. Je n’arrivais pas à croire qu’une seule personne avait suffi pour réduire tout ça à néant. Je ne me croyais pas aussi faible, si peu résistante. Ce n’était pas comme s’il avait eu l’intention de me faire du mal. Ce n’était comme s’il avait employé les mots les plus abjects pour me faire souffrir. Il était seulement revenu. J’étais la première à détester les personnes qui faisaient en sorte que leur vie devienne un drame, qui se construisent des problèmes – stupides- pour avoir un prétexte de se plaindre. J’avais l’impression de faire partie de cette catégorie ; une pauvre petite chose qui tombait à terre dès que le souffle du vent est un peu fort. Une pauvre petite chose qui avait besoin qu’on prenne soin d’elle.

« Au pont, à 18 heures. Haruhi » Je ne pouvais plus renoncer. C’était écrit noir sur blanc, et cette confrontation que j’évitais depuis des semaines, elle était là, si proche, et elle était terrifiante. Je descendais les escaliers, le regard vide. Je vis Taylord qui les montait, se dirigeant clairement vers moi. J’avais du prendre sur moi pour lui mentir aussi, et le faire encore, c’était au dessus de mes forces. Je la contournais de manière trop ostentatoire pour que mon acte soit innocent. Je ne pris pas longtemps à trouver un intermédiaire ; une première année qui était fiable et transmettrait ma missive.

Lorsque je sortis du château, je sentis le froid mordant qui attaquait ma peau ; mais ce n’était pas lui qui me faisait trembler. Mes pieds s’enfonçaient dans l’épaisse couche de neige ; je regardais les paysage, absolument féérique. La neige était immaculée, le crépuscule teintait le ciel de mille couleurs, en harmonie parfaite, et les montagnes se dressaient, fières, m’entourant comme l’auraient fait une étreinte maternelle. Le lac avait gelé, à cause de la température hivernale ; cet équilibre précaire me fascinait. J’avais envie d’y poser le pied pour voir si la glace se fissurait un peu. Pour voir s’il y avait une faille dans cette surface parfaite. C’était le genre d’images dont ma meilleure amie saisissait la beauté, le sens. Elle n’avait pas seulement cette façon de rendre belles-avec toujours un peu de mélancolie-les choses simples, plus que cela elle décelait leur potentiel. Elle rendait meilleure les choses qui l’entouraient, les gens qu’elle aimait. C’était dans ces moments-là que je me demandais comment je pouvais la mériter. Il y avait comme une sécurité factice autour de moi ; car je savais que d’ici vingt minutes, elle allait s’écrouler entièrement. Je resserrais mon manteau autour de moi ; tremblante. De loin, on m’aurait prise pour une enfant, si fragile dans cette immensité. Pourtant j’avais seize ans ; mais cette fragilité était bien plus intense qu’avant.

Je me rendis compte de l’heure qu’il était, et mon ventre se tordit douloureusement en pensant que Scarlett n’allait pas tarder. La mort dans l’âme ; je remontais vers le château et me rendais au pont. Là-haut, la vue était sublime, presque mystique. Je me sentais comme transportée, un peu ailleurs. Le ciel commençait à se recouvrir d’un voile opaque, et peu à peu, mon assurance me quittait. Me dire que je tremblais à l’idée de croiser le regard de Scarlett me faisait presque sourire. Elle ; elle qui ne jugeait rien ni personne. Cette même fille qui séchait mes larmes, était restée toute une nuit à mon chevet, calmant les cauchemars qui m’assaillaient. Comme pouvais-je craindre de me confier à Scarlett ?

Parce que je ne voulais pas la décevoir. J’avais besoin de ne pas la décevoir.

Je n’avais plus le temps de réfléchir, désormais. Elle était au loin, ses pas claquant sur le sol. Seul ce bruit tranchait ce silence quasi solennel. Son visage était flou, et j’étais incapable de savoir ce qu’elle pensait. Elle n’était plus qu’à quelques mètres ; et je lui adressais un sourire, pour me rassurer plus qu’autre chose. Quand elle ne fut plus qu’à quelques mètres, je me précipitais vers elle, me jetant dans ses bras comme si eux seuls pouvaient me soulager. Je n’avais pas prévu de craquer maintenant. Si les larmes n’étaient pas là, mon étreinte dévoilait cependant tout ce que je ressentais. Je m’accrochais à elle comme si elle pouvait me sauver. Elle ne le pouvait pas. J’aurais voulu me séparer d’elle ; sourire et dire que la journée avait été dure. Mais au lieu de ça, je restais dans le creux de ses bras, les yeux à demi-clos comme si ça suffisait. Les mots ne sortaient pas, alors que j’aurais voulu parler. Faire marche arrière? La possibilité ne m'était plus offerte.

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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
Élève de 6ème année



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Localisation : Probablement en train de dessiner quelque part dans le parc, ou sur le pont
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Particularités: Mes cheveux rouges, c'est ce que les gens remarquent en premier. Pour le reste... Cela ne regarde que moi.
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MessageSujet: Re: How long will this take? [Scarlett]   How long will this take? [Scarlett] Icon_minitimeJeu 15 Mar - 14:42

Ce que j'aimais avec l'hiver, malgré le fait que je devais mettre mes petites robes de côtés, c'était que l'on devait s'habiller chaudement, des pieds à la tête, et que j'aimais cette sensation d'être complètement emmitouflée, comme gardée bien au chaud à l'intérieur de moi. Mes épais collants en laine, mon pull bien chaud et doux comme mon nouveau petit chaton, mes bottes fourrées qui crissaient dans la neige, mon bonnet et mon écharpe si longue qu'enroulée autour de mon cou elle me paraissait un rempart contre l'adversité : tout cela m'enveloppait d'une aura protectrice et rassurante, alors que tombaient dans le parc depuis des jours des flocons blancs et denses comme un nuage de crème. J'avais grandi au bord de la mère et je devais bien reconnaître que le climat doux et ensoleillée me manquait un peu à Poudlard, mais sous la neige le château et ses alentours étaient sublimes et me paraissaient, étrangement, bien moins effrayants que d'habitude. Comme si la neige prenait le pas sur la magie. Les sorciers ne pouvaient rien y faire : quand il neigeait il faisait froid, nous avions les cheveux mouillés et le bout du nez gelé, et à cela il n'y avait pas d'alternatives. Aussi, je m'en sentais un peu revigorée.

Ce matin là, un matin comme les autres, je m'habillai avec application, non pas parce que j'y accordais une importance toute particulière mais parce que j'avais toujours agi ainsi : je ne pouvais pas bâcler ce que je faisais, et mes gestes étaient toujours lents et appliqués. Comme quand je dessinais. Ce qui m'occupait focalisait toute mon attention. Nelly s'était roulée en boule sur mon oreiller, profitant sûrement de la chaleur que ma tête avait laissé. Ce petit chat apportait une joie nouvelle dans ma vie et dès que je la regardais je revoyais ma mère et ces quelques jours merveilleux, ces vacances que j'avais passé chez elle. Comme il m'était étrange de constater tout le chemin que j'avais parcouru; longtemps j'avais été une pauvre feuille sèche ballottée par le vent, mais aujourd'hui il semblait que j'avais trouvé ma prise, ma branche à laquelle m'accrocher, et que je me dorais sous les rayons d'un soleil d'été, pleine d'espoir pour les jours à venir. Oui, c'était cela, l'espoir : cette famille que je retrouvais, cette vie que je réapprenais, mes souvenirs douloureux qui, sans disparaître, s'estompaient peu à peu, ce renouveau dans ma vie. Je commençai à comprendre ce que voulait dire "laisser le temps au temps" : si le temps ne guérit pas les blessures il les panse, lentement mais sûrement, et aujourd'hui la page était tournée. Kelsy appartiendrait à mon histoire, pour toujours, mais elle n'avait plus aujourd'hui le pouvoir de me détruire. Mon coeur repensait à elle avec un certain attendrissement, mais qu'il savait passé, lointain, et surtout, terminé. Je crois, qu'enfin, je n'étais plus la même. Bien sûr je ne m'attribuais pas tout le mérite : Haruhi avait été mon guide dans la tourmente et je me serais définitivement perdue sans elle, à n'en pas douter. Cette même Haruhi qui me fuyait catégoriquement, depuis le soir du bal...

J'y avais beaucoup réfléchi et je ne savais exactement qu'en penser, un peu perdue dans le flot de mes pensées. Pour moi aussi il s'était passé quelque chose, un feu nouveau s'était embrasé à l'intérieur de moi, et contribuait d'ailleurs sûrement à maintenir cette chaleur rassurante qui tiédissait ma chair. Ce feu avait pour origine une seule personne, un seul prénom : Ophelia, qui, alors qu'elle l'ignorait royalement, faisait battre mon coeur de nouveau. Je n'avais à cela pas d'explication mais j'avais vite compris que l'amour ne se commande pas, et si j'essayais de réfréner mes ardeurs, je ne pouvais m'empêcher d'espérer, nuit et jour, qu'elle ouvre les yeux et me trouve tout ce que je lui trouvais. Elle était belle, avec ses cheveux dorés et vaporeux, son petit nez mutin, ses yeux d'un gris qui me faisait penser à celui du ciel les fins d'après-midi d'été. Elle était douce, tout en elle était gracieux et gracile, sa voix, ses gestes, son sourire. Mais pourtant il émanait d'elle une force étrange, qui me rassurait et me faisait sentir moi-même plus forte : je ne voulais qu'une chose, m'abriter dans ses bras pour toujours et la laisser me serrer contre elle. Tout cela je le gardais pour moi, en moi, mon secret avait un goût de bonbon et le parfum d'une fleur rare et délicate. Je n'avais pas trouvé les mots pour le raconter à ma meilleure amie, qui pourtant savait tout de moi - en partie parce que je craignais sa réaction, parce que je craignais ses mots qui, je le savais, seraient empreints de raison : il ne fallait pas que je m'emballe. Il ne fallait pas que je risque à nouveau la dégringolade, d'autant plus qu'Ophelia avait visiblement des vues sur la gente masculine, et un en particulier. Mais alors, pourquoi ne pouvais-je m'empêcher de nous imaginer, toutes les deux, malgré tout ce que me criaient les apparences? A part cela je n'avais pas de secret pour Haruhi, et j'étais bien peinée de la voir si distante. Je ne comprenais pas, mais pour la première fois de ma vie, je ne craignais pas que ce soit moi l'origine de ce malaise. Pour la première fois de ma vie, je lui faisais une confiance aveugle, parce que je savais qu'elle m'aimait et que je l'aimais aussi, et pour toujours. Haruhi était ma soeur de coeur et je ne voyais pas qui ou quoi pourrait un jour nous séparer, même si il y avait pour le moment ne légère ombre au-dessus de notre amitié. On ne se change pas entièrement et je n'avais pas osé la brusquer jusque là, sentant sa peine et ses soucis comme s'ils avaient été miens. Je ne connaissais que trop bien ces états d'âme pour savoir qu'on doit les affronter seuls, hélas. Aussi j'avais attendu, sagement, lui faisant juste comprendre que j'étais là quoi qu'il arrive, et quand elle le voudrait. Elle fuyait mes regards et mes interrogations silencieuses mais je ne m'en formalisai pas, continuant à agir avec elle comme je l'avais toujours fait. Mais plus le temps passait et plus je m'inquiétais, au fond de moi, sans vraiment me l'avouer : j'avais fini par questionner Taylord, mais Taylord entretenait un tel mystère que je n'en avais rien tiré. D'autant plus qu'elle semblait préoccupée par d'autres choses, et j'avais cru comprendre qu'elle s'était disputée avec Lilian, pour une histoire obscure mais dont comme tout le monde je possédais quelques indices... Quoi qu'il en soit, je n'en voulais pas à Taylord, préférant ne pas l'inquiéter d'avantage au sujet d'Haruhi. Depuis le soir du bal, elle aussi semblait particulièrement préoccupée...

... Tout nous ramenait à ce fameux soir, ne pouvais-je m'empêcher de constater. Je m'en voulais un peu d'avoir sûrement accordé plus de temps à Ophelia qu'à Haruhi ce soir-là, mais puisqu'elle avait un cavalier, je n'avais pas osé trop la déranger... Ce cavalier bien mystérieux que je savais appartenir au passé de mon amie, et qui avait resurgi de nulle part. La clé de l'énigme était là, mais je préférais qu'elle m'en parle elle-même.

N'y tenant plus, en quittant le dortoir, je commençai à me dire qu'il fallait que je fasse quelque chose, même si je n'étais pas à l'aise pour la forcer à me dire quoi que ce soit. Le destin fait bien les choses, car il me devança alors que je vis posé sur mes affaires ce petit bout de papier recouvert d'une écriture que je connaissais bien. Je le rangeai avec précaution à l'intérieur de mon sac, le coeur battant de joie et de soulagement, et la journée fila à la vitesse de l'éclair car j'avais la certitude que tout allait s'arranger ce soir.

Le pont était un de mes endroits préférés et nous nous y baladions souvent avec Haruhi, aussi, dès la sortie des cours, je m'emmitouflai bien vite dans ma grande écharpe, j'enfonçai mon bonnet sur ma tête, ne laissant que le bout de mes cheveux rouges et la peau de mon visage ressortir de tout mon accoutrement hivernal. Dehors il régnait un silence irréel, car la neige estompait chaque bruit environnant. J'aimais cette odeur de froid, cette lumière blanche et diffuse, et se bruit sans égal de la neige qui s'écrasait sous mes pas. J'aurais pu marcher des heures, me délectant de cette atmosphère. Arrivée à l'entrée du pont, je tapais mes bottes chargées de neige, laissant un petit tas fondant en signe de mon passage et rejoignis mon amie que je voyais au loin, accoudée à la rambarde. Il m'était toujours amusant de constater combien nous étions différentes, elle avec ses cheveux de jais, ses yeux bridés et son visage fin, moi avec mes cheveux rouges, mon visage rond, mais combien il me paraissait si normal que nous allions ensemble, comme si nous nous complétions. Et pas seulement physiquement, d'ailleurs : elle avait cette exubérance que je n'avais pas, cette facilité à montrer ses sentiments, ses effusions d'amitié et de joie, qui venaient me chercher là où je ne m'aventurais pas facilement. Je m'y étais vite habituée pourtant, et cela me paraissait normal à présent.

- Est-ce que tu vas enfin me dire ce qui ne va pas? lui demandai-je doucement quand elle se pelotonna dans mes bras et que l'entourai du mieux que je pus, caressant ses cheveux si lisses et brillants. Mon ton était dénué de toutes reproches : je ne savais que trop bien les complexités du chagrin, et acceptai bien volontiers les difficultés de mon amie à les traverser. Que s'est-il passé, le soir du bal? continuai-je en la berçant légèrement. Le moins que je puisse faire sans la brusquer, c'était de lui ouvrir des portes pour qu'elle s'engage enfin sur le chemin des confessions dont elle avait besoin.
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Haruhi Michiko


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MessageSujet: Re: How long will this take? [Scarlett]   How long will this take? [Scarlett] Icon_minitimeLun 19 Mar - 21:28

Le fil qui s’était tissé de mes mensonges me semblait comparable à une toile d’araignée. C’était un piège, qui m’engloutissait progressivement. Au début, c’était si fin, presque impossible à distinguer. Puis au fur et à mesure, j’avais commencé à me complaire-plus ou moins- dans ce cercle vicieux où tous les fils s’entrecroisaient, m’empêchant de faire un pas. J’étais figée au milieu de la toile, immobile, incapable de me sortir de ce mensonge qui de toute façon, m’enchaînait. Je me débattais à l’intérieur, avec l’espoir qu’il y ait un moyen de s’échapper. Bien sûr, parfois, il y avait des brèches, de toutes petites portes de sorties qui m’attiraient par leur lumière et leur sécurité. J’avais parfois tenté de m’en approcher, prudemment, mais j’avais reculé au dernier moment, parce qu’il subsistait un fil, le dernier qui me barrait le passage. Aujourd’hui, j’avais la possibilité non pas de le contourner, mais de le réduire à néant définitivement. La main de Scarlett était de l’autre côté, toute proche, et si je décidais de la saisir, je serais délivrée de cette prison que j’avais, en fait, choisie.

On avait beau dire, lorsqu’on commençait à se construire des façades, des masques pour préserver les autres, et surtout se préserver, on commençait quelque part à y prendre goût. Si les autres ne voyaient pas clair dans votre jeu, pourquoi, justement ne pas continuer à jouer ? Mais ce n’était pas un jeu. Certaines personnes mentaient parce qu’elles voulaient qu’on les admire, qu’on les envie, alors ils inventaient des vies merveilleuses, antagonistes de la leur, qui était bien triste en comparaison de leurs rêves. Mais le mien, c’était un mensonge de lâcheté, parce que je refusais la confrontation. Je ne voulais pas de questions, je ne voulais pas de réponses. J’étais mieux dans les bras de Scarlett, avec le silence, juste le silence. Je sentais le vent sur nos cheveux, je sentais comme je m’accrochais à elle, mais je ne voulais pas parler.

Les mots, ça m’était égal, j’aurais voulu qu’ils soient inutiles. Mais c’était tout le contraire ; c’étaient là qu’ils prenaient leur sens. Parce qu’au fond Scarlett savait, mais elle n’était pas ce genre de fille à forcer la confidence. J’avais tant confiance en elle, et pourtant je restais muette. Pourtant elle n’avait pas hésité, elle, ce soir au goût amer, à la Tour d’Astronomie à me céder la raison pour laquelle elle se trouvait, là-haut, prête à faire une erreur que je ne lui aurais jamais pardonnée. J’avais compris combien cet amour destructeur l’avait ravagée, rongée de l’intérieur. Je me souvenais des yeux embués de larme de ma meilleure amie, et de sa sincérité frappante ; là-haut, quasiment inconsciente, elle m’avait tout dit et ne m’avait pas menti. Ce courage-là, il valait bien mieux- à mes yeux- que tous les autres exploits, car trouver la force d’avouer ses faiblesses à ceux qu’on aimait n’était jamais facile.

J’avais toujours vue en Scarlett une sorte de jumelle, dès notre première rencontre. Avec son physique de poupée de porcelaine et sa peau opaline, elle dénotait. C’était finalement nos défauts qui nous avaient réunis, et notre difficulté à nous adapter à ce tout nouveau monde. J’avais évolué en compagnie de Scarlett, grandi, souffert, ri avec elle, et je n’étais pas naïve- au vu de son expérience et de la mienne- au point de croire que des étapes à surmonter, il n’y en aurait plus. Les étapes étaient obligatoires dans une vie ; et elles aidaient à se construire, même si sur le moment, nous n’arrivions pas à le réaliser. Sans doute que m’être détachée de ma mère aussi tôt me donnerait une indépendance immédiate, sans doute que ça me forgerait. Mais ce bal, Elliott, je savais que je ne parviendrais pas en tirer une force. C’était juste la preuve qu’une petite chose, des sentiments incontrôlables avaient le pouvoir de domination sur vous, et qu’il était inutile de lutter. Des Mangemorts, de la trahison de ma mère envers les Reegan, des blessures, du mal-être de Scarlett, je m’étais relevée. Et c’était lui qui avait fait ce qu’il voulait de moi ? L’ironie de la situation me donnait envie de rire et de pleurer en même temps. J’avais à la fois envie de me terrer, de disparaître pendant quelque temps pour renaître de mes cendres et puis de me venger, de laisser la colère me gagner parce qu’il n’avait pas le droit. Il avait déjà trop gagné.


- Est-ce que tu vas enfin me dire ce qui ne va pas? Que s'est-il passé, le soir du bal?

Ce qui s’était passé ? Retracer le fil de cette soirée était une tâche tellement difficile ; parce qu’au fond, ce qui s’était passé, je ne le comprenais pas vraiment. Je m’étais préparée avec elle, et Taylord. Il y avait eu un bref instant de battement et je l’avais vu, croyant à un mirage. Et ensuite…j’avais été agressive, lui fermé, nous avions campé sur nos positions sans rien céder à l’autre. J’avais succombé à la tentation, et m’étais montrée méchante, prononçant des paroles auxquelles je ne croyais que vaguement. Et puis il y avait eu les verres, cette euphorie illusoire, cette sensation de s’amuser alors qu’il n’en était rien. La danse avec ce garçon que je ne connaissais pas m’avait donné mal à la tête, ça s’était empiré puisque les effets de l’alcool l’avaient renforcé. Et puis après c’était le vide. Juste le vide.

-Il s’appelle Elliott, on s’est connu en première année. Il m’a semblé qu’on était amis. Et puis un jour, je l’ai cherché des yeux et il n’était plus là. Et voilà que trois ans après, il revient, comme s’il n’avait rien manqué.


*

« Quelqu’un sait où est Monsieur Ansen ? »

Ce jour-là, nous avions cours de Métamorphose ; que nous partagions de temps à autre avec les Serdaigle. Il faisait frais à l’intérieur de la salle. Je m’étais installée à ma place habituelle, au fond à droite. Elliott s’asseyait toujours trois places devant moi. Son retard m’étonnait. Je n’avais pas répondu à la question de Kelsey ; non seulement je ne savais pas mais personne n’était vraiment au courant que je le fréquentais. On nous voyait rarement ensemble ; car nos rencontres étaient souvent impromptues et c’était le hasard qui décidait à notre place. Et puis l’heure s’était coulée, les secondes s’égrenant dans une lenteur infinie. Je n’avais pas cherché à comprendre. Et puis il avait fallu se rendre à l’évidence, oui, il était parti, il avait fui, sans explications. Je me rappelais encore de ce que j’avais pensé ; il n’en valait pas la peine. Pourtant aujourd’hui, c’était bien la peine, la rage aussi qui me tenaillaient.

Ce n’est pas comme si je ne m’étais pas habituée aux désillusions.


*
-Depuis le bal, je ne comprends plus rien. Ni ce qu’il veut, ni ce que je veux.

Je me sentais le cœur plus léger après cette confession, mais bien moins que ce que j’avais imaginé. J’avais espéré, naïvement, que le poids s’envole comme s’il n’avait existé. Mais je le sentais toujours, à l’intérieur et il me serrait le cœur comme dans un étau. La seule consolation que j’avais était de me dire que Scarlett ne me suivait pas dans cette phase. J’avais l’impression que Kelsy, ses yeux océan et son blond angélique s’étaient estompés. Il y avait un drôle d’éclat, nouveau dans les yeux de Scarlett, un peu rêveur, teinté de douceur et d’attendrissement. Et la mystérieuse jeune fille du Bal de Noël y était sans doute pour quelque chose. Je l’avais entrevue de manière très brève. Elle était blonde, jolie, un air candide et ingénu qui avait le mérite de n’être pas feint.

-Elle est spéciale pour toi, non ? Fis-je avec un sourire sincère. Je savais qu’elle comprendrait. Ce n’était pas une véritable question ; plutôt une invitation à qu’elle se dévoile. Je savais déjà la réponse. Je lisais en ma meilleure amie comme dans un livre ouvert, et lorsqu’elle éprouvait ce genre de sentiments, je le devinais. J’aurais aimé comprendre les miens avec autant de clarté.

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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
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MessageSujet: Re: How long will this take? [Scarlett]   How long will this take? [Scarlett] Icon_minitimeJeu 29 Mar - 17:08

Reverie whispered in my ear
I'm scared to death that I'll never be afraid
Roller coaster through the atmosphere
My imagination's taking me away

Where was I when the rockets came to life
And carried you away into the alligator sky?
Even though I'll never know what's up ahead
I'm never lettin' go, I'm never lettin' go
~ Alligator Sky, Owl City


************


Parfois il m'arrivait d'oublier que nous avions un an d'écart et qu'elle avait commencé sa vie à Poudlard avant moi, et pourtant notre rencontre était gravée dans ma mémoire. A cette époque là, encore, j'étais tellement sur la défensive, je vouais à la magie une haine bien plus tenace qu'aujourd'hui, et j'avais en horreur tout ce qui s'en approchait. Je me rappelai, surtout, de la peur terrible qui me rongeait les entrailles lors de ces premiers jours, quand j'avais constaté que des objets pouvaient bouger tout seuls, que les sorciers concoctaient réellement des potions, et qu'ils existaient des animaux à l'image même de ceux dans mes pires cauchemars... Cette époque me paraissait floue aujourd'hui, bien que je n'apprécie pas spécialement le monde dans lequel j'étais obligée de faire mes études. J'avais du m'y faire, sans aucun doute, et aujourd'hui je regardais simplement d'un œil méfiant toutes ces choses surnaturelles tout en sachant très bien que - le mot m'arrachait la bouche - ici, c'était... Normal. Ma meilleure amie avait été un appui sans failles pour que j'en arrive là, m'adaptant petit à petit à cet entourage dont je ne voulais pas, m'apprenant ce qu'il fallait savoir pour ne pas devenir folle en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Pour cela, et pour tant d'autres choses, je n'aurais jamais assez de toute une vie pour la remercier. Elle m'avait également fait le plus précieux des cadeaux, qui était devenu un véritable trésor : son amitié. L'amour m'était tombé dessus alors que je n'y croyais pas, alors que je me plaisais à lire toutes ces belles illusions romantiques dans ces romans que j'affectionnais tout particulièrement. Mais elles me paraissaient romancées justement, intouchables dans la réalité, utopiques aussi. Et j'aimais en rêver. Hélas... enfin, devais-je vraiment dire hélas?! Hélas elles existaient, finalement, ces illusions qui avaient pris corps, apparaissant dans ma vie de la manière la plus inattendue qui soit. Et j'avais senti cet amour que l'on décrit si bien sur le papier, cet amour qui transcende, qui fait battre le cœur et qui donne des ailes, mais qui les arrache aussi, et qui fait mal. Et puis un jour il s'en va, emportant tout. Les chagrins d'amour étaient aussi terribles que je les avais imaginés, à la différence que je les croyais illusoires, dans l'optique où l'Amour avec un grand A ne pouvait pas vraiment se matérialiser, pour de vrai.

L'amitié était en tous points différent : je savais qu'il liait à jamais. Ma première et vraie amie, au foyer, je la connaissais depuis toujours et même si Poudlard nous avaient séparé... par ma faute, je savais qu'elle serait toujours là pour moi. Je prenais le même plaisir à la revoir quand je rentrais l'été, et elle aussi, et rien ne changeait. Haruhi était encore plus chère à mon cœur, si je pouvais me permettre la comparaison, et nous avions traversé tant de choses qu'une avalanche ne suffirait pas à nous séparer. Je sentais au plus profond de moi un lien incassable qui m'unissait à elle, quoi qu'il arrive, quoi qu'elle devienne ou que je devienne. Il y avait quelque chose de jumeau en nous et c'était sans doute mon appui le plus certain, et depuis toujours. Je ne pouvais énumérer aucun moment où elle avait manqué à son poste, et j'espérais qu'il en était de même pour moi. Elle passait même avant moi, même si j'avais eu un passage à vide où mes peines de cœur avaient pris le pas sur tout. J'espérais qu'aujourd'hui, j'avais rétabli l'équilibre. Oh, bien sûr, il nous était arrivé de nous disputer... Comment l'oublier? J'avais eu tellement peur, mais nos querelles d'adolescentes nous avaient un peu aveuglées, et nous avions tenu bon chacune de notre côté, avant de nous rabibocher. C'était étrange à dire, mais ces disputes ne rendaient que plus vraie l'amitié qui nous liait.

C'était Haruhi d'ordinaire qui était dans cette position; le plus souvent elle me berçait dans ses bras parce que c'était moi la plus fragile en apparence, la plus lâche aussi peut-être, et quand elle vint se serrer contre moi je sentis mon cœur se gonfler de fierté et d'importance, parce que je compris que j'étais aussi responsable d'elle qu'elle l'était de moi, et que rien au monde n'aurait pu me rendre plus heureuse et fière. Pourtant cette sensation ne m'était pas familière; je doutais beaucoup et j'avais peur de tout, il n'y avait vraiment qu'elle pour me rendre sûre de moi, plus que je ne l'avais jamais été.


-Il s’appelle Elliott, on s’est connu en première année. Il m’a semblé qu’on était amis. Et puis un jour, je l’ai cherché des yeux et il n’était plus là. Et voilà que trois ans après, il revient, comme s’il n’avait rien manqué.

Elliott... Mettre un nom sur ce visage et cette silhouette ne m'apporta pas d'avantages de réponses. Je ne le connaissais pas, je ne connaissais pas leur histoire, j'ignorais tout de ce qu'il s'était passé. Peut-être dans ma mémoire trouvais-je vaguement des souvenirs associés à ce nom, des rumeurs, des bribes de couloirs, mais jamais mon amie ne m'en avait dit d'avantage. Patiente, je la serrai un peu plus, remuant silencieusement mes lèvres, formulant des questions non-dites qui m'arrivaient en force à l'esprit. J'avais besoin de savoir pour l'aider mais je ne voulais pas la forcer : j'étais trop consciente de la complexité de la vie et de ses sentiments pour l'obliger à quoi que ce soit.

J'eus une pensée pour ma mère, si douce et délicate, car il me semblait qu'elle savait trouver les mots, en toute circonstance. Jusque là, avec elle, je n'avais jamais connu cette sensation de devoir chercher mes mots ou en éviter, car la façon dont elle s'exprimait et me mettait en question faisait sortir le meilleur de moi-même. J'aurais aimé qu'elle soit là en cet instant, et qu'elle m'apprenne comment apaiser mon amie.


-Depuis le bal, je ne comprends plus rien. Ni ce qu’il veut, ni ce que je veux.

Un silence passa, dans cette immensité banche qui nous entourait, comme du coton protecteur. La neige étouffait les bruits du château et c'était comme si nous étions seuls au monde, juste toutes les deux, tranquilles. Je levais les yeux et suivis du regard des flocons qui, accumulés sur le toit du point, se détachaient peu à peu et tombaient par paquets, entamant une valse lente dans les airs. Ce genre de spectacle était simple, tout simplement beau, et je me sentis un peu plus sereine. Depuis ma rencontre avec Ophelia, je considérais l'avenir d'une façon étonnamment pleine d'espoir, sans que je puisse vraiment me l'expliquer. J'avais confiance, pour Haruhi comme pour moi.

- Vous étiez... juste amis? la questionnai-je d'une voix douce. Cela me semblait trop complexe, et j'étais persuadée qu'elle ne me disait pas tout. Ou bien peut-être qu'elle avait espéré plus... Il a sans doute ses raisons, énonçai-je à voix haute en essayant de comprendre et de la rassurer. De quoi avez-vous parlé au bal? Il s'est expliqué? Tu ne pourras savoir que quand tu y verras plus clair, continuai-je en essayant de trouver les mots les plus justes possible.

Cela aussi elle me l'avait appris. Les mots, longtemps, avaient été une barrière, surtout dans ce milieu que je considérais hostile. Aujourd'hui, grâce à son aisance à elle et à son exubérance, il m'était plus simple de dire ce que j'avais sur le cœur, bien que tout ne soit pas encore parfait.


-Elle est spéciale pour toi, non ?

Toute à mes réflexions la concernant, je ne m'étais pas attendue à un tel revirement de situation et quand elle se redressa je pus croiser son regard et voir qu'elle souriait comme quand elle était contente pour quelque chose. Alors je souris également, sentant mes joues rosirent non pas de froid mais de cette excitation sourde qui naissait en moi dès que je pensais à Ophelia. Spéciale... C'était le mot...

Son sourire, son odeur, sa voix, ses gestes...

Tout était spécial en elle.


- Oui, avouai-je en la regardant un peu de sous mes paupières comme si j'avouais un secret. En réalité, oui, j'avouais mon secret. Mon doux secret que je n'avais pas spécialement caché à ma meilleure amie, mais que je n'avais pas eu encore l'occasion de dévoiler. Tu la trouves comment? me pressai-je de lui demander, sans réfléchir. Je crois qu'au fond, j'avais besoin de son aval, car elle restait cette personne qui comptait plus que tout dans ma vie.

- Elle s'appelle Ophelia, continuai-je, m'obligeant à me restreindre pour ne pas lui dire combien je la trouvais belle et gentille et drôle et touchante et admirable; je sais que c'est un peu tôt mais... C'est plus fort que moi, elle a quelque chose...

Je levai les yeux à nouveau vers Haruhi, sentant l'habituelle sensation de doute que je connaissais si bien. J'avais peur de sa vérité, car je savais, je ne le savais que trop bien, ce que je risquais en me relançant dans ce genre d'histoire. Mais pourtant c'était si beau et surtout... indépendant de ma volonté, que je ne trouvais pas la force de me raisonner.
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Haruhi Michiko


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MessageSujet: Re: How long will this take? [Scarlett]   How long will this take? [Scarlett] Icon_minitimeDim 1 Avr - 23:27

J’étais suffisamment lucide pour savoir que jamais on ne me rendrait mon enfance. Et au fond, ce n’était pas ça que je désirais. C’était dans la logique- complexe- de la vie de passer par plusieurs étapes, et de considérer par la suite qu’elles étaient révolues, sans questions ni regrets. Cette période était loin de m’avoir apporté seulement bonheur et insouciance, même si à l’époque, mes yeux d’enfants- naïfs- avaient au moins l’avantage de ne pas voir, ou partiellement les choses qui faisaient vraiment mal, ces choses dont on ne parle pas et qu’on enferme précieusement dans les tiroirs, espérant que personne n’en trouvera jamais la clé.

Cette lucidité, je l’avais acquise au fil des années, et elle avait bousculé tous mes convictions. C’était bien ça qui faisait la complexité de l’homme : un petit grain de sable, infime, bénin en apparence, qui se glisse dans la machine et tout s’emballe. Jusqu’à l’arrêt définitif et surtout ; irréversible. J’avais été si naïve – à un tel point que ça en devenait presque risible- de croire tant à la vie et aux miracles qu’elle faisait. A l’époque, sans doute aurais-je eu l’audace de croire au bonheur complet. Sans zones d’ombres. Mais à cause ou grâce, je ne le savais pas, j’avais compris que ça, c’était illusoire, un peu faux aussi. C’était comparable à de la fumée, ça virevoltait, vous narguait de façon ostentatoire mais tous ceux qui avaient tenté d’y toucher n’avaient jamais réussi. J’avais seulement à regarder autour de moi pour savoir que ce n’était pas possible. Tous étaient la preuve que la vie ne donnait rien sans vous le reprendre ; et cette fois au prix fort. Je préférais penser qu’un jour, ce bonheur parfait viendrait me surprendre et saurait me convaincre de croire à nouveau à cet idéal, plutôt que de penser le contraire et de chuter sous l’effet de la désillusion.

Je ne connaissais que trop bien cette sensation d’être inutile, de se sentir écrasée sous un poids d’une taille démesurée, et surtout cette perte de foi en tout et ce vide par la suite. J’étais certaine que chacun de nous était voué à le connaître un jour ; sans doute au moment où il s’y attendait le moins. C’était ça le spleen, c’était vicieux, et imprévisible. Il était impossible de faire des prédictions, ou des comparaisons sur ce qui concerne la souffrance. Contrairement à ce que mon esprit- inconsciemment- fermé avait pu penser, il n’y a pas de bonnes raisons ni de mauvaises. Il suffit seulement de ce petit grain de sable, celui-là qui fait tout muter ; et dans le mauvais sens.

Seule l’étreinte de Scarlett m’insufflait un peu d’espoir, parce qu’elle était rassurante, et –presque- maternelle. Aucun des gestes d’affection qu’on me témoignait n’avait la force de ceux que je partageais avec ma meilleure amie. A ce moment précis, je m’abandonnais complètement au creux de ses bras. C’était si étrange de se trouver en position de faiblesse...Jusqu’à maintenant, c’était moi qui avait bercé mon amie dans mes bras, espérant que l’étreinte soit salvatrice. J’avais au moins le sentiment d’avoir le contrôle ; et surtout de servir à quelque chose, puisque je faisais tout ce que je pouvais pour rendre son sourire à ma meilleure amie. Mais tout avait disparu, et c’était fini, fini. Ici, pas de retour à la case départ. Et aucun répit.

L’avenir me semblait terrifiant – je n’arrivais pas à partager la philosophie de Taylord- et ne présageait rien de bon pour l’instant. J’avais cette sensation étrange que je grandissais sans m’en rendre compte, que le temps filait alors que moi je suppliais l’horloge de ralentir la cadence. Autour de moi, je contemplais avec envie, presque jalousie- et crainte- l’ampleur des ambitions des autres en réalisant que je n’en avais pas, ou pas assez. Petite, j’avais rêvé de mon futur, le dessinant avec des contours flous, certaine qu’il m’apporterait bien plus que ce que j’avais déjà. La fin de la septième année était finalement si proche, et je sentais ce poids qui cognait comme un boomerang contre ma cage thoracique. Parfois, il s’en allait vers les horizons, et j’oubliais et il revenait me narguer, comme toujours. J’avais conscience qu’un tournant m’attendant, dans un an tout juste, et que je n’avais aucune perspective. Qu’est-ce qui m’attendait après ? J’avais fait le choix –forcé, obligatoire- de couper les ponts avec ma mère, ce qui m’accordait une indépendance et une autonomie prématurée, à l'arrière goût de remords. Il me semblait, alors que j’avais toujours été convaincue que je saurais les faire ; que les choix allaient être cornéliens.

Ou étaient donc passées les qualités qu’on m’attribuait ? Autrefois, j’avais été le roc auquel Scarlett se raccrochait, et même si mon cœur avait saigné en la voyant aussi mal, j’étais solide ; et il y avait vraiment peu de chances pour que je m’écroule à mon tour. Mais là, là, je craignais tellement de l’entraîner dans ma chute, ce tourbillon infernal dont elle connaissait déjà tous les recoins. Il y avait sans doute un peu de ça dans la distance que j’avais imposée entre nous. Je lui refusais le droit de s’approcher trop tôt, de voir de trop près ce qui se tramait.


- Vous étiez... juste amis? Il a sans doute ses raisons, De quoi avez-vous parlé au bal? Il s'est expliqué? Tu ne pourras savoir que quand tu y verras plus clair.

Ses paroles étaient à l’évidence empreintes de sagesse et de réflexion, mais elles étaient incapables de faire la lumière sur ce que j’aurais voulu éclaircir. La relation que j’avais entretenue avec Elliott pouvait aussi bien se situer au niveau supérieur qu’inférieur. La distance voulue qu’il avait instaurée entre nous depuis que l’on se connaissait tuait le moindre embryon d’amitié, mais à contrario ; cette chose indéfectible qui nous raccrochait à l’autre comme des aimants indiquait clairement qu’il s’agissait d’autre chose. Il ne m’avait donné aucune clé pour comprendre ; et le pire, c’était que je m’étais à peine rendue compte de mon ignorance, préférant continuer à le fréquenter sans savoir une seconde quel serait le dénouement. L’aboutissement de cette relation –complexe- il l’avait décidé, mais tout seul. Mais ma naïveté avait disparu, et je savais maintenant ; il m’avait manipulée, peut-être inconsciemment, mais il l’avait fait. La simple idée qu’il ait le pouvoir de m’influencer, je la redoutais. Je ne lui avais jamais donné le droit de jouer avec moi ; hélas, il se l’était donné sans mon consentement.

-Je n’emploierais pas le mot parler, fis-je avec un accent de regret dans la voix, après trois ans d’absence, il ne devait pas espérer de moi que je l’accueille les bras ouverts.

Un regard furtif, et une vérité pour sûr incontestable, m’apparut soudainement. Ce parallèle, je ne l’avais jamais fait avant ; mais à cet instant je réalisais que Scarlett avait vécu, du moins, quasiment la même situation. La connexion s’était faite ; et je voyais désormais les similitudes. Oui, elle aussi avait ressenti cet abandon et cet colère, mêlée de rancœur, lorsque la personne qu’on n’attendait pas, ou plus, réapparaissait, changeant complètement la donne. Margaret Winter. Treize d’absence. Scarlett avait vécu la même chose, puissance mille et pourtant elle lui avait donné sa chance. Celle qui lui semblait être responsable de toutes les erreurs avait parlé, dévoilant des secrets qu’elle ne soupçonnait pas, et elle l’avait écoutée. Je comprenais –sans en être totalement persuadée- que j’aurais du faire de même.

-Sans doute que je ne lui ai pas laissé le temps…

Un instant de battement et elle me répondit, sans vraiment d’hésitations. Comme si c’était une évidence. Parce que ça l’était, c’était frappant, et j’en venais à me demander comment cette inconnue au regard gris perle pouvait encore ignorer les sentiments de ma meilleure amie. Sans doute avait-elle conservé – chance ou malchance – une vision du monde édulcorée, avec des yeux enfantins, qui la coupaient de la réalité.


Tu la trouves comment? Elle s'appelle Ophelia…je sais que c'est un peu tôt mais... C'est plus fort que moi, elle a quelque chose...

Cette question ; je l’avais espérée autant que je l’avais crainte. Scarlett était sans aucun doute la personne à laquelle je tenais le plus, et ça me touchait, profondément, bien que j’en en aie l’habitude, que mon avis lui soit nécessaire. Mais j’avais peur de lui répondre ; peur de mettre les mots sur ce que je pensais. La dernière fois, Kelsy avait tout détruit, tout ravagé. Je détestais cette fille aux traits d’ange qui avait pourtant fait de la vie de Scarlett un enfer. Ce n’était pas elle qui avait eu le cœur saigné à blanc, ni elle qui avait recollé les morceaux. Je n’avais jamais cherché à la contacter, elle n’en valait pas la peine. Elle avait osé abandonner Scarlett qui lui avait offert son cœur, complètement, et elle l’avait brûlé, jusqu’à qu’il soit desséché. Au fond de moi, j’avais toujours su que Scarlett lui vouait un amour dangereux parce que celui que lui offrait Kelsy en retour n’était pas à la hauteur. Je connaissais la fragilité de ma meilleure amie ; et je savais que si l’histoire se reproduisait, Scarlett ne pourrait jamais s’en remettre.

Cette fille que je connaissais à peine, Ophelia, m’inspirait déjà bien plus confiance. Mais par réflexe, parce que je voulais protéger Scarlett, j’avais peur qu’elle lui fasse du mal, même sans le savoir. Je croyais deviner qu’elle ne retournait pas ses sentiments à ma meilleure amie ; et je le regrettais, parce que lorsque Scarlett aimait, c’était pur et sincère, intense, et c’était justement ça sa faiblesse. Elle était absolument incapable d’aller à l’encontre de ses sentiments, ce qui était compréhensible. Mais il y avait toujours ce même grain de sable, capable de tout changer, destructeur.


-Elle me semble sincère, et douce… Mais fais attention à toi ; et surtout essaye de ne pas tout précipiter, laisse le temps au temps… et si finalement, ce temps qui m’effrayait parce qu’il avançait à la vitesse de la lumière et m’avait séparé d’Elliott, je l’avais mal jugé ?
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MessageSujet: Re: How long will this take? [Scarlett]   How long will this take? [Scarlett] Icon_minitimeVen 27 Avr - 19:05

C'était, somme toute, un juste retour des choses. Elle m'avait tant épaulée que quelque part elle en était devenue bancale, tandis que moi j'avais puisé sa force et je m'étais redressée. Comme une balance, nous nous équilibrions, et je le faisais avec plaisir, comprenant bien qu'aujourd'hui elle avait besoin de mon soutien comme j'avais tant crié pour le sien. C'était je crois la plus belle preuve d'amitié qu'on pouvait recevoir : constater combien elle avait besoin de moi, de ma simple présence, des mots ou de mon affection, et je prenais cela comme une mission sacrée de la plus haute importance. cela gonflait mon coeur de joie d'avoir une telle responsabilité : savoir que les personnes qui comptent le plus pour vous vous considèrent de la même façon a quelque chose de rassurant. Ce n'était rien, rien de tangible ou de concret, mais je n'avais besoin de rien de plus pour croire en l'avenir. Dès lors je me sentais forte, plus que je ne l'avais jamais été. Je devais tant de choses à Haruhi, alors que je ne lui avais pourtant rien apporté au début... Plus j'y réfléchissais et plus je me disais que c'était là toute la force de l'amitié. Cela nous tombait dessus et gommait tout le reste. Nos défauts, nos différences, nos coups bas, nos disputes, nous les acceptions, parce que nous nous aimions entièrement et consciemment. L'Amour avait cela de particulier qu'il était trop illusoire, trop possessif. Nos défauts nous détruisaient, nos disputes creusaient un fossé entre nous. Et puis, tout s'envolait. Mais l'amitié restait, toujours.

Aujourd'hui je me sentais presque resplendir au milieu de ce paysage magnifique, gonflée de cette reconnaissance que ma meilleure amie m'offrait. Il me semblait que le pire était derrière nous. J'avais foi en elle, en ce qui allait lui arriver, nous arriver. Je ne voulais pas trop croire en Ophelia mais tout mon corps s'y acharnait, à grands cris, parce qu'elle me paraissait être la porte des jours meilleurs... Des jours comme aujourd'hui, ou malgré les difficultés et les épreuves qui nous attendaient, tout était... beau. J'avais retrouvé le goût du beau, du paisible, tout ce que Kelsy avait emporté avec elle, tout là-bas en Australie. Je me rappelais que lors de mes premiers moments à Poudlard, alors que je haïssais tout, j'avais trouvé refuge dehors, à simplement contempler la beauté du paysage, à l'apprécier, à la dessiner. Parce qu'il y avait quelque chose dans cette simplicité, dans l'immensité de la forêt, dans la surface givrée du lac, dans les montagnes au loin, formes sombres qui se découpaient difficilement dans le brouillard cotonneux, de majestueux, de rassurant. La vraie beauté était là. Elle coupait le souffle, mais elle faisait battre le coeur. Et je l'avais retrouvée. Je me rappelais aussi de ces moments, plus lointains, au foyer, quand nous allions nous balader dans le parc et que nous allions à cet endroit si particulier, où à la sortie du petit bois nous débouchions sur un curieux lac à l'esprit tropical, entouré d'une végétation riche et dense et étrangement silencieuse. Il faisait toujours un peu chaud en cet endroit, car les plantes gardaient la chaleur. Quand il y avait du soleil, tout était d'un jaune orangé, l'eau, les plantes, l'herbe. Il y avait cette petite passerelle en bois un peu vermoulu qui s'avançait et nous aimions à nous y allonger, juste comme ça. Cet endroit était tellement relaxant. Longtemps j'avais essayé de dessiner l'ambiance qui s'en dégageait, mais jamais je n'avais réussi. La beauté avait cela de particulier qu'elle se fixait en nous, mais elle refusait de se laisser dompter, sur une simple pellicule ou un simple papier. La beauté, la vraie beauté, abandonne un fragment d'elle dans les yeux de ceux qui la contemplent : on la reconnaît à cela, à ce choc, à cette parcelle qui demeure, pour toujours au fond de nous. Je n'avais juste pas encore trouvé comment exprimer une telle notion par le simple geste de ma mine sur le papier.

J'avais repris goût au dessin et il me venait plus facilement, même si je n'avais pas retrouvé mon aisance d'avant. Et déjà... Déjà, quand mon esprit vagabondait que je laissais ma main griffonner toute seule, elle ébauchait une silhouette frêle et mince, de longs cheveux fins et aériens, un petit nez et de grands yeux en amande...


-Je n’emploierais pas le mot parler, après trois ans d’absence, il ne devait pas espérer de moi que je l’accueille les bras ouverts.

Elliott m'intriguait. Il appartenait à une époque où je ne connaissais pas encore assez Haruhi pour lire en elle comme aujourd'hui, et également à un moment où nous étions trop préoccupées par nos disputes pour nous soucier d'autre chose. Mais je mesurais, aujourd'hui, qu'il jouait un rôle bien plus important que mon amie l'avait toujours pensé, et que lui ne s'en doutait sûrement. J'espérais simplement qu'il n'agisse pas comme Kelsy à mon égard, et qu'il rattrape ses erreurs, s'ils en avaient envie tous les deux...

Je souris à ses paroles, car elles sonnaient en moi un son plus que familier. Après 13 ans d'absence, je ne l'avais pas accueillie les bras ouverts, loin de là. Il fallait du temps pour panser les blessures, ce n'était pas une légende. Il fallait digérer ses propres rancoeurs, surmonter ses souvenirs, et faire confiance à nouveau. Il fallait comprendre, aussi. Haruhi ne pourrait rien pardonner tant qu'elle ne saurait pas le pourquoi du comment.


-Sans doute que je ne lui ai pas laissé le temps…

La prenant par les épaules, je la tirai vers moi pour que nous nous installâmes assises par terre, le dos contre la balustrade, la tête tournée vers le beau spectacle qui s'offrait à nous. Tout était blanc, gris, doux comme un gâteau à la crème dans la jolie devanture d'un magasin. Quelles bêtises avaient pu me passer par la tête ce soir là en haut de la tour d'astronomie... Un tel spectacle, mon amie à mes côtés, me suffisaient à me rappeler combien la vie méritait d'être vécue. Je redoutais, avec Ophelia, de retomber dans cette léthargie aveugle et dévastatrice dans laquelle Kelsy m'avait plongée. Pourtant je n'y croyais pas : Ophelia était bien plus solaire, bien plus éclatante de vie que l'avait été Kelsy, et je crois que je n'avais pas vu clair en elle à cette époque, et que je l'avais magnifiée. Elle n'était pas celle que je pensais qu'elle était, elle s'était montrée sans scrupules, et plus jamais ne s'était préoccupée de moi. Elle ne m'avait pas beaucoup aimée. Contrairement à moi.

- C'est normal, tu as bien fait, ma voix était douce et se voulait rassurante. Tu te rends compte de ce qu'il t'a fait? Il t'en faut, du temps. La prochaine fois, montre-lui que tu es prête à l'entendre, mais que tu veux des explications. ... C'est ce que tu veux, non?

Je l’interrogeai du regard. Elle ne m'avait encore jamais parlé d'une quelconque attirance ou d'un quelconque sentiment amoureux, et je savais que cette histoire nous menait. Je voulais le meilleur pour elle, je voulais surtout éviter les déceptions que j'avais pu connaître. Je me promis d'aller enquêter sur cet Elliott, avant de me faire une quelconque opinion sur la situation.

J'étais à la fois soulagée et craintive de parler d'Ophelia, non seulement parce que même pour moi ce sujet était délicat - aussitôt mon coeur s'emballait, je ne pouvais m'empêcher de sourire un peu, de rêver, d'espérer. J'étais une ado comme toutes les autres, stupidement amoureuse, sauf qu'à leur différence je savais les risques et je savais que je ne devrais pas. Mais je ne pouvais pas me battre contre moi-même. Mais aussi parce que j'avais besoin, un besoin maladif, de l'accord de ma meilleure amie, tellement je ne voulais rien faire qu'elle n'approuverait pas. J'avais besoin de rester cette personne si particulière à ses yeux, droite et en qui elle pouvait mettre toute sa confiance, et jamais je n'aurais pu supporter qu'elle se détourne de moi. J'avais besoin qu'Haruhi aime Ophelia, comme si cela m'empêcherait de l'aimer à mon tour.


-Elle me semble sincère, et douce… Mais fais attention à toi ; et surtout essaye de ne pas tout précipiter, laisse le temps au temps…

Le temps; encore lui! Je ne pouvais m'empêcher de penser à ma mère, pour qui le temps avait été une épreuve, mais qu'elle avait surmontée. Si elle l'avait fait, pourquoi n'en serais-je pas capable? Pourquoi n'en saurions-nous pas capables?...

- Je sais, soupirai-je. Ma voix se fit plus basse, plus rauque. J'aimerais tellement qu'elle m'aime un peu, confiai-je,redoutant ce chemin où je m'aventurais. Mais elle aime les garçons...

Je levai tristement le regard vers mon amie.

- Je ne suis pas sûre qu'un miracle puisse arriver deux fois.

J'avais déjà eu la chance d'avoir eu Kelsy. Pourquoi aurais-je Ophelia?... Je repris, me forçant à me montrer plus enjouée et à cacher mon envie de pleurer :

- En tout cas, je veux que tu me montres qui est cet Elliott. Pourquoi tu n'irais pas le trouver, toi?

Je me rappelai comment Kelsy avait forcé les choses pour venir avec moi. Et j'avais envie que, si cela était possible, Haruhi connaisse ce bonheur également - dans l'optique qu'il ne se finisse pas comme le mien avait sombré.
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Haruhi Michiko


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MessageSujet: Re: How long will this take? [Scarlett]   How long will this take? [Scarlett] Icon_minitimeVen 18 Mai - 22:35

I bend, but don't break ♥

Je lui cédais le contrôle des choses, aussi bien physiquement, que moralement. Je la laissais me guider ; et mon corps suivait ses mouvements, aussi lorsqu’elle décida de s’assoir sur les dalles froides du sol, je ne m’opposais pas. La raideur de la balustrade contre ma peau me faisait un peu mal mais peu importe, c’était Scarlett qui l’avait décidé et elle avait forcément raison. Je n’aspirais qu’à boire ses paroles : Scarlett avait cette voix douce et enfantine qui avait sur moi l’effet d’une berceuse, au mieux d’un remède. Pourtant nous avions tous les deux grandi, mais elle ressemblait toujours à la Scarlett des débuts, aux souliers vernis et aux rubans dans les cheveux, si ce n’est qu’elle n’avait plus cette peur ou pire, cette tristesse dans le regard. A la place, il y avait des étincelles, pleins d’étincelles, que j’espérais permanentes. Et pourtant…

Tout me rappelait ce soir à la Tour d’Astronomie : l’immensité, la nuit qui tombait, l’émotion. Jamais les images ne s’effaceraient, elles étaient ancrées, c’était ainsi, mais je les considérais juste comme des souvenirs. Des souvenirs douloureux. Mais je n’avais plus peur, parce que je savais que jamais elle ne recommencerait. Nous étions sans doute les seules au courant, c’était un secret, un secret très lourd qui n’appartenait qu’à nous. Je me serrais contre elle soudainement, comme pour lui jurer, sans qu’elle le sache, que je ne n’y penserais plus.

Les flocons continuaient de tomber, et nous restions silencieuses, à observer le spectacle, et pendant un instant, j’étais persuadée que nous ne pensions à rien, si ce n’était la beauté du paysage. Mais l’instant était de courte durée, forcément, et là aussi j’étais sûre de moi, Ophelia remplissait l’esprit de ma meilleure amie tandis que le mien ressassait le visage d’Elliott. C’était assez étrange qu’au même moment, une personne arrive dans notre vie et bouleverse toutes nos convictions. Cela pouvait être notre force, parce que nous aurions les bons mots pour la situation de l’autre, alors que les réponses, les solutions pour nous-mêmes, nous ne les avions pas.

Nous étions tellement changées. C’était le cours normal des choses, mais je n’y étais pas préparée. Vraiment pas. Nous étions encore jeunes, et pourtant j’avais déjà l’impression d’avoir mille ans. On ne pouvait pas vraiment dire que mon existence avait été paisible. Celle de Scarlett encore moins. Il était évident qu’une vie ne pouvait pas être éternellement tranquille, mais à ce point ? J’avais l’impression que nous avions déjà tout vécu. Et qu’il ne restait plus rien à voir, plus rien à découvrir, mais je savais que je me trompais. Lorsque je retournais des années en arrière…Aurais-je imaginé que Taylord devienne ainsi ? Et Lilian ? Et tous les autres ?


- C'est normal, tu as bien fait, fit-elle, coupant court à mes élucubrations. Même inconsciemment, elle me sauvait. De tout ; des choses auxquelles je ne voulais penser, de mes peurs. J’appuyais ma tête contre son épaule, elle s’y cala parfaitement. J’avais toujours été petite, et nous faisions plus ou moins la même taille. L’une comme l’autre n’avions pas l’impression qu’une année nous séparait. Nous l’oublions facilement, mais je savais que je finirais par saisir lorsque j’arriverais à la fin de ma septième année. Je devrais partir, et sans elle. Bien sûr, elle serait dans mon cœur et nous allions nous retrouver dès la fin de ses études, mais…il n’y aurait plus ces moments qui me tenaient tant à cœur. Se diriger vers la salle commune et savoir qu’on s’y trouverait l’une et l’autre, toutes ces petites choses qui s’assemblaient, et formaient un tout. J’étais presque heureuse de penser soudain à notre séparation, parce que ça m’évitait de penser à lui.

Lui qui avait le même âge que moi. Lui qui quitterait Poudlard en même temps que moi. La question, c’était si j’en avais envie, ou pas. Et la réponse n’était vraiment pas claire dans mon esprit.


-Tu te rends compte de ce qu'il t'a fait? Il t'en faut, du temps. La prochaine fois, montre-lui que tu es prête à l'entendre, mais que tu veux des explications. ... C'est ce que tu veux, non?

Elle comprenait tout à la minute où j’énonçais les choses. C’était presque effrayant. Et ça me rappelait une fois de plus que j’étais incapable de lui cacher quelque chose. Toutes les fois où j’avais attendu avaient été des échecs retentissants. Bien sûr que je voulais des explications. Mais son retour m’avait tellement surprise, et si ça n’avait été que ça…Le doute, la tristesse, la lassitude avaient suivi. Il l’avait provoqué indirectement et aucune de ses explications ne pourraient effacer ça.

Merci, glissais-je, sans vraiment savoir pour quelle chose je la remerciais. Etait-ce son amitié ? Ses conseils ? Sa force tranquille qui me donnait du courage ? Voir qu’elle compatissait me rassurait. Je n’avais plus l’impression que mes craintes, mes sentiments étaient futiles, parce qu’elle n’avait pas eu un seul mot de trop, qui me ferait comprendre que je devais passer outre, et qu’il y avait pire, bien pire, et que si je me relevais de choses bien plus graves, je pouvais le faire pour une simple affaire d’amitié. Mais elle comme moi avions compris qu’il s’agissait de bien plus.


- Je sais…J'aimerais tellement qu'elle m'aime un peu.

On t’aime, aurais-pu lui répondre. Nous étions tant à l’aimer, Margaret Winter, son père qui ne l’avait pourtant jamais connue, moi, Taylord, celles qui s’occupaient d’elle au foyer, Lacey. Nous tous avions vu en elle quelque chose d’exceptionnel, et pourtant, dans son regard, il y avait du désespoir, comme s’il était exclu- et à la fois non- que cette Ophelia ait des sentiments pour elle. J’en voulais, un tout petit peu, à cette fille qui ne voyait pas comment Scarlett la regardait. Qui ne voyait pas comme ma meilleure amie avait besoin d’elle. Je ne voulais pas pour ma meilleure amie d’un amour à sens unique. Mais je ne pouvais décemment pas lui répondre qu’un jour Ophelia l’aimerait, qu’il fallait juste faire preuve de patience. On ne commandait pas ses sentiments, et même l’Amortentia, cette potion puissante- un philtre d’amour- que nous avions vue en cours ne saurait les créer si Ophelia n’éprouvait rien pour elle.

-Mais elle aime les garçons... Il y avait un équilibre parfait entre nous deux, comme toujours. Elle m’avait réconfortée, rassurée, et c’était à moi de le faire. Mais je devais bien réfléchir, peser mes mots. Je ne voulais pas lui donner de faux espoirs ou la rendre davantage triste. Je voulais juste lui épargner une douleur supplémentaire. Que pouvais-je faire à part ça ? Il arrivait souvent que des sentiments ne soient pas réciproques. Quand bien même Ophelia lui aurait retourné ses sentiments, aurait-elle le courage devant les autres ? Scarlett n’était jamais tranquille ; et il arrivait encore, hélas, que l’on entende autour d’elle ces horreurs, ces insultes qui me mettaient dans une colère noire.

-Fais comme tu le sens, fis-je en ayant conscience que ça ne l’aidait absolumen pas. Ne fais rien qui puisse te blesser, repris-je, presque suppliante. Scarlett avait remonté la pente. Elle était heureuse et elle marchait la tête haute. Elle avait obtenu ça au prix d’immenses efforts, et tout ruiner, ruiner tout pour une seule chose m’effrayait. Mais elle n’avait pas choisi, elle n’avait pas choisi Ophelia, et ça lui tombait dessus, et elle plongeait dans l’inconnu, le doute et l’euphorie en même temps.


- Je ne suis pas sûre qu'un miracle puisse arriver deux fois.

- Ce n’est pas un miracle qu’on t’aime, Scarlett. Kelsy, je ne parvenais pas à contenir la rage naissante dans ma voix lorsque je prononçais son nom, n’en était pas un. Et ça se reproduira à nouveau, peut-être pas avec Ophelia mais…ça arrivera. Crois-moi, s’il te plaît, conclus-je, incertaine. J’avais sans doute été rude. Sans le vouloir.

- En tout cas, je veux que tu me montres qui est cet Elliott. Pourquoi tu n'irais pas le trouver, toi?

Parce que…

Je n’avais aucune raison valable, aucune. Etrangement, un sentiment tout nouveau s’empara de moi, comme si la question de Scarlett avait débloqué un engrenage qui ne voulait pas se mettre en marche. Et ce sentiment, je le connaissais. C’était le manque. Il me manquait. Ma fierté me criait que c’était à lui de faire le premier pas, mais n’importe quelle personne qui connaissait un peu Elliott Ansen savait que ce n’était pas son genre. Je m’autorisais enfin à espérer. Mais pas trop ; parce que je savais que démesuré, l’espoir ne conduisait qu’à notre perte. Et c’était précisément ce que je voulais éviter ; non seulement à moi mais à celle qui se tenait à mes côtés. Je prenais calmement sa main, et par ce geste, je scellais une promesse silencieuse : nous protégions mutuellement des désillusions.
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