Ô d'Azur {PV}

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La fête champêtre. Champêtre. Ce mot sonnait aux oreilles de Lilian comme un bouquet de fleurs d’été cueillies dans un immense champ par une fillette vêtue d’une longue robe blanche écrue, légère, qui se soulevait sur ses jambes à chacune de ses foulées dans les herbes hautes qui lui chatouillaient sa peau hâlée et dénudée. De longs cheveux ondulés et sauvages qui sautaient sur ses épaules au rythme de sa course et dans lesquels étaient piquées, ça et là, de petites fleurs blanches. Cette longue chevelure éclaircie par le soleil encadrait un magnifique visage joyeux, rieur et enjoué au possible, qui souriait à une personne invisible, à la personne à qui elle allait offrir ce joli bouquet et surtout à qui elle offrait déjà un magnifique sourire et ses magnifiques yeux qui brillaient de dix mille soleils.

L’annonce de cette fête estivale avait fait le tour du château en une journée seulement. Les premières année, ravis d’une nouvelle soirée au cours de l’année s’étaient précipités, excités comme des puces dans leurs dortoirs et salles communes respectifs, impatients de se rendre à cette soirée qui se déroulait sous une pergola géante dans le potager aux citrouilles. Et à vrai dire, si Lilian avait feint une sorte d’ignorance sous une forme d’habitude, elle aussi se plaisait à imaginer cette soirée qui contrastait totalement avec le bal de Noël. Autant vous dire qu’elle passa sa journée à choisir la tenue parfaite pour cet événement car encore une fois et comme toujours, elle devrait faire une apparition remarquée tout simplement parce qu’elle était LA Sirène de Poudlard et que les élèves l’attendaient à chaque fois. Ils voulaient s’extasier devant le choix de sa robe qui lui saillait à merveille, devant ses yeux maquillés expressément pour l’occasion et devant sa coiffure qui achevait la toilette complète. Et Lilian leur procurerait ce plaisir, parce qu’elle aimait cela ; elle aimait sentir qu’elle continuait toujours d’exister et que le jour où l’on arrêterait de la regarder n’était pas prêt d’arriver.

Par conséquent, elle fut bien entendu assez distraite durant ses cours ; encore plus en défense contre les forces du mal. Surtout que son état de rêverie était plus que visible sur son doux visage angélique. La belle ne cessait de fixer le ciel bleu au dehors, le visage posé sur sa main et les grands yeux perdus dans l’immensité azure. Plusieurs fois ses professeurs, davantage Doherty durent la reprendre, la ramener sur terre et à chaque fois la jeune fille promettait qu’il s’agissait là de la dernière fois où son esprit s’absentait. Mais elle ne parvenait à tenir sa promesse puisqu’à peine cinq à dix minutes plus tard, elle tournait de nouveau la tête pour recommencer là où elle avait été coupée. Cependant, il n’y avait que de cette manière qu’elle parviendrait à savoir précisément quelle tenue elle allait porter ce soir. Ce fut en vain.

La sublime rouge et or remonta dans son dortoir, quelque peu dépitée de n’avoir rien trouvé à se mettre et sentait qu’elle serait vraiment en retard ce soir, non pas en le faisant exprès cette fois. Elle jeta son sac de cours sur son lit et fila directement dans la salle de bain, espérant que l’eau chaude lui donnerait de l’inspiration. Mais même perdue dans la buée et sa peau rougie sous l’eau chaude, elle ne trouva rien. C’est emmaillotée dans une serviette et en se demandant si elle ne ferait pas mieux d’y aller dans cette tenue – au moins elle serait sûre de faire impression – et qu’elle ouvrit son armoire que Lilian trouva enfin la tenue de ses rêves pour la soirée champêtre. Ce fut comme si on venait de lui présenter une bague avec le plus gros diamant du monde ou qu’on lui annonçait qu’elle pourrait ôter les vêtements du nouveau mannequin en vogue, Marvin quelque chose : ses yeux s’illuminèrent et se mirent à briller de joie et c’est presque si elle mima la surprise en poussant un cri et en ouvrant grand les yeux, du style « Oh mon Dieu c’est magnifique ! ». Cette mine dont elle se parait souvent sur les photos de ses vacances américaines et qui la rendait tellement attachante. Lilian serait une nouvelle fois la plus belle ce soir. En hiver ou en été, en robe de bal ou en robe légère personne ne l’égalerait jamais et cela resterait ainsi tant qu’elle vivrait. Et encore, personne ne pouvait oser prétendre qu’un jour il arriverait à dépasser la sublime Sirène, encore moins l’égaler. Parce que cela était tout bonnement impossible.

Personne n’aurait jamais un dixième de ce qu’elle possédait, encore moins ce soir où elle se rendrait en créature de rêve. Personne ne lui résisterait. Ravie au possible, la belle empoigna sa tenue de ses doigts délicats et repartit immédiatement dans la salle de bain pour s’y habiller. Parfaite, elle serait parfaite. Une robe en dentelle blanche, qui lui tombait au-dessus des genoux et aux bretelles fines sur ses épaules qui se paraient d’un léger voile hâlé déjà. Et le bas de sa cuisse fine gauche se para d’un fin bijou noir, une chaîne fine qui ajoutait à la légèreté de sa tenue et de l’ambiance de la soirée. Elle se chaussa de plateformes shoes blanches au haut talon épais de douze centimètres et qui rappelaient les sabots des fermiers d’antan. Lilian hésita ensuite quant à la coiffure : cheveux attachés ou détachés ? Là est la difficile question. Elle choisit finalement d’onduler ses longues mèches soyeuses et coinça néanmoins quelques mèches en un chignon lâche grâce à une ravissante pince rappelant deux fleurs blanches des champs sauvages. La jeune fille se regarda dans la glace et après quelques observations sous divers angles et plusieurs fois une moue peu convaincue sur son doux visage, elle défit sa coiffure, lissa ses cheveux pour les attacher en un chignon plus lâche, toujours avec sa pince et se laissa une frange sur le côté droit de la tête, ce qui lui donnait un air follement attendrissant et également taquin. Elle farda ensuite ses paupières d’un blanc perle, ses longs cils s’allongèrent et s’épaissirent davantage sous le mascara, agrandissant son regard envoûtant et le rendant irrésistible à outrance et ses pommettes se rehaussèrent sous un coup de blush doré qui rappelait le soleil américain de ses vacances. Un gloss tendre sur ses lèvres, un vernis à ongle blanc perle également, un peu de parfum sur le cou, la nuque et la belle fut fin prête. La Sirène s’admira une dernière fois dans le miroir et ferma la porte de la salle de bain derrière elle.

Elle aurait aimé pavaner gracieusement devant les élèves encore présents dans la salle commune mais c’était comme pour le bal de Noël : Lilian était encore la dernière à sortir et cela non plus ne changerait certainement jamais. Rôdée aux bals et soirées mondaines, la jeune fille savait pertinemment que pour qu’une entrée soit remarquée, il fallait soigner son entrée et donc arriver à la bonne heure, c’est-à-dire ni trop tôt ni trop tard. Pas trop tôt car tout le monde ne serait certainement pas arrivé et cela signifiait que peu de personnes ne se retourneraient sur son entrée et ni trop tard car les invités seraient bien trop occupés par la soirée et d’autres invités pour la remarquer. Lilian maniait cet art à la perfection en véritable lady qu’elle était. Et tout le monde ne peut pas en dire autant.

Ses larges talons en bois martelaient les dalles de pierre du château et la rouge et or se débrouillait à merveille pour marcher avec ses sabots. N’est pas Lilian Easter qui veut ; et cela ne changea pas lorsqu’elle sortit du château pour arriver dans le parc. Marcher sur l’herbe ne la perturba aucunement, elle était habituée à Chatham à meurtrir parfois – inconsciemment bien entendu – les pelouses des villas de ses talons aiguilles, alors là, c’était du gâteau pour elle. Un vrai jeu d’enfant. L’air tiède du début de l’été caressait sa peau et un souffle léger soulevait parfois les pans de sa robe en dentelle. Quand elle arriva près de la pergola au potager aux citrouilles, l’effet de son arrivée fut à peu de choses près le même que celui du bal de Noël. Un élève qui buvait tranquillement un verre venait de regarder l’entrée du potager et vit la sublime sirène arriver, tout de dentelle blanche vêtue et toujours aussi belle. Presque aussitôt il se perdit en contemplation et son ami qui s’apprêtait à lui parler tourna à son tour le visage pour voir la même chose que son compagnon. Puis une autre, trois, cinq, dix, toutes les personnes finirent par se retourner et voir Lilian arriver. Bien sûr certaines filles jalouses détournèrent bien vite le regard pour se renfrogner dans leur verre tandis que les autres regardaient une des déesses de l’école, celle de la beauté et de la séduction sous toutes ses formes (aha aux deux sens du terme) qui arrivait comme un ange, comme une reine à cette fête champêtre dont elle respectait parfaitement le thème.

Lilian leur envoya un ravissant sourire malicieux qui illumina les diamants bleus de ses yeux et se dirigea vers le boire pour commencer cette soirée qui s’annonçait inoubliable comme toutes les soirées et bals organisés à Poudlard. Bien sûr on la suivit du regard, on remarqua les petites chaînes qui entouraient sa cuisse fuselée et cela attisait les curiosités – Lilian était bien la seule personne de l’école qui portait parfaitement ce genre d’accessoires et également qui osait en porter. Alors qu’elle continuait de marcher gracieusement vers le bar, ses grands yeux magnifiques aperçurent une tête qui leur était plus que familière. En effet puisqu’il s’agissait d’Hadrian, aux yeux aussi bleus, aussi azurs que ceux de sa sœur. Un sourire malicieux et ravissant fleurit sur les lèvres roses et tendres de la belle qui accéléra sa marche pour arriver derrière son frère qui lui tournait le dos. Subtilement elle s’empara du verre qu’il tenait dans sa main tout en lui tournant autour et arriver face à lui.

- Donne-moi ça toi. Je veux te voir carburer au jus de citrouille ce soir et pas à autre chose, dit-elle, contente de son petit tour et de l’air surpris de son frère. C’est étonnant que tu aies lâché Ruby, je croyais que vous vous étiez greffés l’un à l’autre, acheva-t-elle en un clin d’œil amusé.

Instinctivement elle était allée vers lui car passer du temps avec son frère était une chose qu’elle faisait rarement en ces temps et depuis qu’il sortait avec Ruby, autant vous dire qu’elle le croisait rarement seul dorénavant. Mais ce soir, les enfants Easter-Schoonmaker aux yeux d’azurs étaient réunis pour un temps à cette soirée champêtre et il semblait qu’ils étaient nés dans cette ambiance festive. Cependant, ils ne resteraient pas seuls longtemps car les invités continuaient à venir près du bar, dont une personne que tous deux connaissaient plus qu’ils ne voulaient l’admettre.

Bon, j’avais connu mieux comme début de soirée. Mais alors mille fois mieux ! Non parce que là je vous explique le spitch : my girlfriend Ruby venait juste de me planter pour ma meilleure pote, Tirya Ocounil. Je keaffe. Or not. Non parce qu’elles se seraient mises à parler entre nanas, moi in the middle, bon passe je veux bien, ou même qu’elles se mettent à parler entre nanas, sans moi in the middle, at worst je m’en bats les steaks mais là, je me retrouvais planté comme un teubé. Genre, Ruby m’avait regardé avec un grand sourire « Je vais parler avec Tirya, j’en ai pour deux minutes ! » et vous le savez très bien, je ne peux pas, I cannot resist au smile de Ruby. C’est juste impossible. Alors, grand prince que j’étais, je l’avais laissée partir et avait tout de même passé commande pour nous deux. Tu parles, j’avais déjà fini son verre de jus de citrouille. Non et puis j’osais pas trop me pointer vers les deux parce que déjà je sentais que je débarquerais en plein dans la discussion de nana – genre épilation, gommage, exfoliant et tout ce que je ne voulais pas savoir – et ça, non merci. Ou alors, il y avait une deuxième hypothèse : soit je me pointais, Ruby et Tirya m’accueillaient mais continuaient leur discussion de filles et c’est le genre de moment où je n’aurais never la parole. Genre je resterais là, comme un poireau debout entre elle, à faire semblant de m’intéresser à leur gommage. Sauf que personne n’est dupe. Le seul mec capable de s’intéresser à ce genre de choses est gay, il n’y a pas d’autre solution. Et, I am not gay.

Donc voilà, je me retrouvais comme un con au bar, à scruter de temps à autre Ruby et Tirya qui semblaient bien sympathiser. SANS MOI ! Non mais cimer. Non non Tirya est ma meilleure pote, Ruby est ma copine mais non, j’ai pas le droit d’avoir les deux en même temps ! Elles, par contre, elles ont droit de me planter comme ass, tranquille. Normal, c’est la fête au slip. Surtout qu’en plus, cette fête champêtre – seriously, j’ai un peu de mal avec ce terme mais bon, it doesn’t matter – c’était un peu censé être notre première soirée à Ruby et moi en tant que couple. Je veux dire, tout le monde savait qu’on sortait ensemble, les gens nous voyaient parfois nous embrasser dans les couloirs mais voilà, Lilian et Chuck avaient eu le bal de Noël, Ruby et moi nous aurions la fête champêtre – non je suis désolé, j’arrive pas avec ce mot. Ça me fait trop penser au garde champêtre, celui qui pue qui pète. Voilà, ça c’est dit. Enfin, rectification, Ruby et moi aurions dû avoir la fête… la fête de l’été ! But no ! Voyez, nous étions certes arrivés ensemble main dans la main mais, on avait passé, allez à tout casser… Dix minutes ensemble. YEEEEAH !!! Je double like ! So cool, je m’en vais danser à oilpé sur une table. Haha ou pas. Mais en plus ce qui me vexait un peu – beaucoup, c’est que Ruby et Tirya s’entendaient super bien apparemment – fin remarque c’est tant mieux comme ça j’aurais pas de problème de jalousie ou tous ces stuff à la con – et rigolaient bien. Alors que moi, bah clairement je me faisais chier.

Bah ouais, je ne voyais pas Dray et tous mes autres potes n’étaient soit pas arrivés soit ils draguaient déjà des nanas de notre âge mais qu’ils n’osaient pas aborder entre deux cours. Et puis là, il n’y avait pas non plus Noah mon cousin ni mon autre meilleur pote Samuel. Non, eux ils s’éclataient certainement plus que moi de l’autre côté de l’Atlantique, à Washington pour le premier et New-York pour Samuel. Ouais fin eux, ils avaient pas une superbe girlfriend et biiiim ! Ouais fin c’était peut-être better pour eux en ce moment parce qu’ils se faisaient pas lâcher un peu comme une vieille chaussette. Mais de toute façon ça, c’est bien un truc de fille : elles croient qu’en vous laissant pour aller parler avec leur copine, vous allez vous éclater mais en fait non ! Parce que vous étiez venu spécialement pour passer du temps avec elle ! Et pas avec le bar sur lequel vous êtes machinalement accoudé – ouais parce que dans ce genre de moment, on fait genre « ouais je suis accoudé au bar d’une manière nonchalante parce que je suis un mec cool ». Bon, je suis un mec cool mais là, je vivais un truc pas cool.

Enfin, je dis ça mais mon début de soirée s’égaya un peu lorsque je sentis un silence s’installer sous la tente géante. Et à peine j’allais me retourner qu’on me tourna autour et que, Ô mon Dieu stupéfaction ! Mon verre de Bièraubeurre que je venais de me servir avait disparu de mes mains ! Ohlalala, je me demande qui a bien pu me faire ça dites donc ! Allez je vous le donne en mille.

- Donne-moi ça toi. Je veux te voir carburer au jus de citrouille ce soir et pas à autre chose

Ma sœur ! Si je m’y attendais ! Dès que le silence s’était installé, j’avais capté. Il n’y avait que ma sœur capable de déclencher ce genre de chose et il n’y avait qu’elle aussi qui savait dérober les verres pleins des mains des gens. Parce qu’elle avait l’habitude la bougresse. Je lui rendis son sourire taquin, le même que celui de notre père.

- C’est bien à toi de dire ça. Rappelles-moi comment tu as fini à la dernière soirée de Lorenzo hein ? Oui j’y étais vu que Samuel était le frère de Lorenzo, un américain crac love de Lilian et croyez-moi, ce que j’y avais vu avait dépassé de loin toutes mes espérances. Non parce que sinon à Poudlard, Lilian avait ses potes et moi les miens, donc on traînait pas trop ensemble pour les soirées. Sauf aux States baby.

- C’est étonnant que tu aies lâché Ruby, je croyais que vous vous étiez greffés l’un à l’autre

Hein hein, très drôles les blagues des grandes sœurs ! Bien sûr vu que notre mère n’était pas là, elle prenait la relève. J'allais prendre cher cet été.

- On n’est pas « greffés l’un à l’autre » comme tu dis. On n’est pas non plus obligé d’être tout le temps ensemble voilà. On n’est pas des sangsues comme toi et Chuck l’étiez. Ha-ha biiiiim ! Je me retournais pour me servir un nouveau verre de Bièraubeurre avant de reposer mon regard sur Lilian, un air exagérément triste sur le visage, comme si j'allais me mettre à chialer tout de suite right now. Non en fait, je déconne : elle m’a lâché pour Tirya.

Je feintais de fondre en larme lorsque je vis le regard de ma sœur fixer une des entrées de la tente et son air jovial disparut presque aussitôt. A mon tour je me tournais et je compris immédiatement.

- Hey Lilian, c’est pas Holly ? Tu sais la fille qui sortait avec Daniel et qui te déteste parce que tu te rapprochais trop de lui ? Lui dis-je, sans me retourner et en lui donnant quelques coups de coude. T’as vu son mec ? Tu le connais ? Non parce que sérieusement, ce mec il voulait vous briser la nuque, il le faisait facile avec only two fingers j’en étais sûr. Elle te déteste pas depuis qu’elle a cassé avec Daniel justement ? Non parce que j'étais quand même au courant des histoires de ma soeur, faut pas déconner.

Je venais de me tourner vers ma sœur dont j’avais l’impression que toute la zone de sa tête ne répondait plus. Houston, j’ai perdu Lilian je répète, j’ai perdu Lilian ! Et encore, je lui avait pas dit que j’avais sympathisé avec Holly au bal de Noël. Ah non parce que là c’était clair que j’avais plus de tête.