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A thousand miles - Taylord

 
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 A thousand miles - Taylord

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AuteurMessage
Chuck Carlton


Chuck Carlton
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Masculin
Nombre de messages : 2817
Localisation : Là où on peut faire la fête !
Date d'inscription : 03/03/2010
Célébrité : Adam Brody

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Particularités: i should have known better
Ami(e)s: Emmy-Nem, Haley, mon petit lapin! Oh vous inquiétez pas, ça nous choque autant que vous... ; Joy, eh ouais comme quoi ! ; Ruby Miss Parfaite ; Lilian, the one and only
Âme soeur: come to me my sweetest friend can you feel my heart again i'll take you back where you belong and this will be our favorite song

A thousand miles - Taylord Empty
MessageSujet: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeSam 12 Jan - 2:37

Spoiler:

Making my way downtown, walking fast
Faces pass and I'm home bound

And I need you
And I miss you
And now I wonder...

It's always times like these when I think of you
And I wonder if you ever think of me

'Cause everything's so wrong
And I don't belong
Living in your
Precious memories

'Cause you know I'd walk
A thousand miles
If I could just see you
If I could just hold you
Tonight

Pourtant, Haley m'avait dit que j'avais bien agi. Je veux dire : quand ENFIN on reconnaissait mes agissements - et qu'en plus on m'emmerdait avec cette histoire en me disant que j'étais un nigaud - c'était que ça aurait dû aller, non? Que la boucle était bouclée, que j'avais enfin trouvé comment terminer le truc en beauté. Non? Alors... Pourquoi ça n'allait pas? Pourquoi je venais de me réveiller en pleine nuit - mon réveil indiquait, rouge sur noir en chiffres à bâtons, 3h58. Et laissez-moi vous dire que ce n'était pas dans mes habitudes de me réveiller à ces heures-là : soit je me couchais, soit je pionçais dur, mais les insomnies, ça ne me connaissait pas trop. En plus, hier soir, alors qu'on avait passé un merveilleux Noël - ironie - chez les grands-parents la veille, j'étais sorti avec Chris et tous mes potes et la soirée avait été bien agitée évidemment, et j'avais récupéré mes bonnes vieilles habitudes que j'avais délaissées à cause de qui? Je vous le donne en mille, Taylord évidemment. Du coup je m'étais bien explosé le cerveau et je crois qu'on était rentrés vers 5h du mat, et ensuite le lendemain j'avais du accompagner Coop à Sainte-Mangouste, bref, je m'étais pas trop reposé, donc cette nuit, j'étais sensé m'écrouler et ne pas me réveiller avant tard le lendemain matin. Mais non, j'étais réveillé et bien réveillé, au fond de mon lit, les yeux tournés vers le plafond, alors que le bordel régnait dans ma chambre puisque je n'avais pas du tout rangé mes affaires et que ma malle de Poudlard était grande ouverte au milieu de la chambre avec plein de fringues, de bouquins autour. Je me redressai, enjambai tout le bordel et allai à la fenêtre de ma chambre, qui s'ouvrait dans le toit incliné. Quand je l'ouvrais, il y avait un petit rebord qui me permettait de m'asseoir dessus et c'est ce que je fis, posant mon cul dessus et m'appuyant au mur. J'avais sorti une clope et me mis à la fumer, tout en me rendant compte qu'il faisait un froid de bâtard et que je n'étais qu'en pyjama, mais tant pis. Il faisait noir dehors évidemment, et le ciel était sans étoiles, parce qu'il y avait des nuages depuis qu'on était arrivés. Quelques lampadaires miteux tremblotaient dans la rue derrière le garage de mon père mais sinon, ce que je voyais, c'était ni plus ni moins que des baraques, toutes les mêmes, avec le même jardin pas trop entretenu, qui se découpaient vaguement dans la nuit. Tout était noir, et moi, je n'arrivais pas à penser à autre chose. J'avais l'impression que mes pensées aussi étaient noires.

Alors, pourquoi ça n'allait pas? Pourquoi je me sentais mal depuis le début des vacances et que franchement rien n'y faisait, même avec tout l'alcool et les pilules que je m'envoyais?

Pourquoi? Non mais, est-ce que je posais vraiment la question. Est-ce que j'avais envie d'être aveugle encore plus longtemps ou pas? Le problème, c'était que c'était bien plus facile de l'être. Une fois que j'allais ouvrir les yeux : bonjour les emmerdes.

Je soufflai ma fumée dans la nuit et elle me parut interminable, parce que comme il faisait froid, mon souffle se condensait. J'avais l'impression que j'aurais pu rester là toute la nuit, dans l'attente, avant de prendre une décision, mais en même temps je commençais à me peler sérieusement le cul. Je baissai la tête et écrasai ma clope contre le rebord de la fenêtre. J'avais l'impression d'être vraiment... D'être tout ce que je ne voulais pas être, à l'image de mes parents. De ne rien voir et de tout faire en sorte pour ne pas voir.

Bien sûr, que j'étais amoureux d'elle. Voilà. Heureux?!

Je me pris la tête dans les mains en m'appuyant le dos contre mon armoire : le fait de prononcer ces mots dans mon esprit avait provoqué une telle réaction que j'avais l'impression que des boules de feu partaient de mon ventre et glissaient dans tous mes muscles et que je tremblais, et que c'était plus fort que moi et que ça allait me tuer ; je sentis la colère monter en même temps que tout un tas d'émotions que je n'identifiais pas, et mon poing partit tout seul fracasser la porte de mon armoire, tentant vaguement d'extérioriser tout ce qui me brûlait.

Parce que j'étais arrivé à tout un tas d'affirmations qui m'avaient fait l'effet d'un coup de poing. J'aimais son caractère rebelle et tellement agaçant. J'aimais la façon qu'elle avait de me tenir tête, de me mettre en colère, de me courir sur les nerfs et de me mettre hors de moi. J’aimais ses yeux qui se levaient au ciel quand je la faisais chier. J'aimais le pli sur son front quand elle se concentrait. J'aimais le geste identique, toujours, qu'elle faisait quand elle remettait derrière ses oreilles une mèche de cheveux. J'aimais son sourire, ses airs pincés, son rire aussi, et les piques qu'elle lançait en réponse aux miennes. J'aimais l'odeur de son cou. De ses cheveux. J'aimais toutes les sales manies, son air de Serdaigle quand elle faisait ses devoirs. J'aimais les cernes sous ses yeux parce qu'elle ne dormait pas assez, ses tenues à la garçonne, ses bottes de cow-boy et ses putain de robes de bol qui me déglinguaient les neurones. J'aimais son corps un peu trop maigre, ses silences dès qu'on abordait des sujets trop sensibles. J'aimais nos disputes, nos réconciliations, la façon qu'on avait de se mettre à dos l'un l'autre, de se cracher nos pires vérités au visage ou bien de tourner autour du pot, mais qui nous permettaient de toujours au bout du compte de voir comme on se ressemblait. J'aimais ses secrets, j'aimais sa distance parfois, j'aimais ses erreurs et ses problèmes. J’aimais qu'elle vive et qu'elle me laisse vivre, j'aimais la façon qu'elle avait d'accepter mes erreurs et mes défauts comme une partie de moi. J'aimais sa fierté, son courage, et cette force au fond d'elle dont elle ignorait les ressources. J'aimais tout ce que je voyais chez elle qu'elle ne voyait pas. J'aimais son accent traînant, le rouge qui lui montait aux joues quand je la poussais à bout, l'excitation dans sa voix quand elle parlait de son pays. J'aimais notre histoire, nos refus, nos différences et nos ressemblances. J'aimais la couleur de ses yeux, la tristesse de son regard, le goût de ses lèvres, la douceur de sa peau et la chaleur de son petit corps. J'aimais son regard inquiet quand elle sentait que quelque chose allait mal. J'aimais ce sentiment d'importance que je ressentais quand j'étais avec elle. J'aimais l'éclat au fond de ses yeux quand elle me regardait. J'aimais nos échanges silencieux, nos provocations, nos bêtises, nos efforts, nos aveux. J'aimais quand elle pinçait les lèvres parce que je jetais mon mégot de cigarette n'importe où. J'aimais ses allures de petite peste, parfois. J'aimais qu'elle devine ce que je ne disais pas. J'aimais sa discrétion, son tact. J'aimais qu'elle croit en elle, en moi. J'aimais le brun de ses cheveux, le maquillage discret qu'elle se mettait de temps en temps et les petits coups d'oeil coquets qu'elle se jetait dans la glace quand elle se faisait belle. j'aimais ses airs décontractés aussi bien que son regard anxieux quand elle attendait mon approbation. J'aimais tout ce que je connaissais d'elle autant que ce que je découvrais. J'aimais sa main dans la mienne et j'aimais l'entendre respirer tout contre moi. J'aimais tout ce qui m'agaçait chez elle mais qui faisait partie d'elle. J'aimais...

Bref, j'aimais Taylord.

Bon. A partir de là... D'accord, d'accord. Mais à partir de là... Je faisais quoi, maintenant? Alors que j'avais décidé de refouler tout ça et que ça n'arrive plus jamais et qu'après le bal en gros c'était fini, on ne pouvait plus trop être ensemble? C'était bien mignon tout ça, mais c'était un peu tard. Ha ha. Pour le coup, j'avais manqué de réactivité.

Je me rendis compte que mon poing me faisait mal et que je me caillais toujours autant puisque la fenêtre était ouverte : je la fermai. Mais en fait, j'étais complètement dans les vapes et je m'assis sur le lit. Je sentais mon coeur qui battait bien trop forte et mon cerveau qui ramait comme un dingue. Putain! Mais ça... C'était trop fort, et je savais bien que c'était pour ça que je l'avais soigneusement repoussé. J'avais l'impression que mon coeur disait Taylord-Taylord-Taylord-Taylord, et la certitude que... ça allait me tuer.

Je ne sais même pas combien de temps je restai comme ça sans bouger à tout ruminer comme une idée fixe ; je crois que je repris seulement conscience quand je me mis à m'agiter de partout dans ma chambre, à sortir mon sac de sport et à y jeter des fringues, du fric, et le strict minimum, à m'exciter sur mon ordinateur portable avec son écran pété en trois et avec les cristaux qui faisaient des taches bizarres au milieu de l'écran donc on ne voyait rien, mais bon ça marchait quand même. Je pouvais être à Londres vers 11h, si je prenais le premier bus. Les horaires... Je savais qu'elle habitait vers Comanche dans le Texas ; pour le moment ça allait me suffire. Putain, c'était quand même con de pas pouvoir au moins transplaner jusqu'à Londres, mais je n'avais ni le permis ni l'entraînement pour le faire, alors... Ma baguette allait quand même me servir pour acheter les billets, parce que merci bien, c'était l'autre bout du monde et le prix se faisait sentir salement. Il y avait un avion Londres - Etats-Unis à peu près tous les jours mais jamais rien de direct et je découvris la jolie plaisanterie des correspondances - non mais sérieusement, attendre 8 heures à New York?! - et je finis pour trouver qu'il y avait un avion demain à midi, qui m'amenait à Dallas pas loin de douze heures plus tard avec un arrêt à Washington de pas trop trop longtemps. Et puis, je m'en foutais, du moment que j'y allais. Je finis de préparer mes affaires et me rendis compte qu'il était presque 6 heures du mat ; je tentai de me rendormir mais on va dire que je n'étais pas trop disposé à ça. Une heure plus tard, j'étais levé, douché, prêt à me barrer.

A partir de ce moment, dans ma tête, il n'y avait rien d'autre qu'une seule idée fixe. Et je ne pensais pas au reste - au fait que je me barrais comme ça, que j'allais débarquer de la même manière, que je laissais Coop, que je laissais mes potes, tout ça, quand est-ce que j'allais rentrer?, bref. En fait je ne voulais pas y penser, parce que je flippais. Je flippais qu'il soit trop tard et qu'après toutes ces putain d'hésitations, parce que je n'avais pas pu, pas voulu me lancer, eh ben, comme on dit, le train passe. Et je ne pouvais même pas l'envisager. Je toquai à la porte de Coop : il était toujours matinal. Comme d'habitude, il lisait tranquillement dans son lit, et ses yeux me dévisagèrent alors que je lisais l’incompréhension sur son visage. Forcément : j'étais sapé et visiblement prêt pour quelque chose alors qu'il était tôt et que jamais je ne me levais à des heures pareilles.


- Je vais prendre l'avion, lâchai-je de but en blanc. Je n'avais pas la force d'y aller par quatre chemins, j'avais l'impression d'être une machine programmée pour une seule et précise chose. Il ferma son bouquin.

- L'avion?...
- Je vais au Texas. Les mots se bloquèrent un peu dans ma gorge. ... Chez Taylord.
- Ah ! Son visage s'illumina et ça me rassura autant que ça m'agaça de voir qu'il avait l'air de comprendre parfaitement la situation. C'est pas trop tôt! Eh, oh.
- Oui bon, ça va. Je pars là... Tu fais pas de conneries pendant mon absence, et je te tiens au courant. Il souriait comme un nigaud, aurait dit Haley. Il m'énervait!

- Oui, oui. Bon, et rattrape-toi, arrête de faire semblant, et dis lui que tu l'aimes. D'accord?

... Non mais, je rêve! Le fait que mon petit frère sache mieux que moi ce qui était en train de se passer acheva de me rendre de mauvaise humeur, mais je lui fis un bisou sur la tête par habitude. De toute façon, j'avais laissé un message à Chris et Lucy pour leur demander de jeter un oeil sur Coop, comme je le faisais toujours quand je n'étais pas là. Ca arrivait, parfois, et il était la seule raison pour laquelle je ne me barrais pas plus souvent de chez moi quand j'en avais l'occasion : je me sentais trop mal de l'abandonner, parce que j'étais responsable de lui.

Dans le bus pour Londres, je somnolai à moitié, tout le trajet. Je m'étais foutu tout au fond et j'avais rabattu la capuche de mon sweat pour avoir bien chaud ; les rues défilaient devant mes yeux alors que j'étais appuyé contre la vitre mais il n'y avait rien dans ce spectacle de la ville qui se réveillait, et dans cette journée qui s'annonçait plutôt belle en fait parce que le temps était plus clair que la veille, pour me rassurer. J'avais l'impression d'être dans un film où le mec voit tout défiler devant ses yeux et qu'on sait qu'il va vers quelque chose de bien, mais en même temps, j'étais tellement incertain que je n'arrivais pas à me calmer. Il fallait que je lui parle. Il fallait que je la vois, que je m'assure qu'elle allait bien, que je lui dise que je n'étais qu'un con qui avait tout gâché, que je voulais être avec elle... Je ne savais même pas par quoi commencer. Comment on fait, pour dire à quelqu'un qu'on l'aime? C'était bien la première fois, et je n'avais pas eu de modèle, je n'avais jamais été dans ce cas-là... A part peut-être avec Coop, et encore ; et puis Coop c'était mon frère, mon sang. Taylord était à la fois tellement en moi et tellement loin que je revoyais tout ce qui s'était passé. J'avais envie de me fracasser la tête contre la vitre, et je ne me rendis même pas compte quand le bus s'arrêta à l'aéroport. Le chauffeur me fit un signe et je m'arrachai de là. Je voulais Taylord. J'avais tellement besoin d'elle, tellement, et ça avait toujours été le cas. Et dire que je voulais qu'on soit amis. Non mais, quelle belle connerie! Je ne pouvais pas imaginer un instant qu'elle soit avec quelqu'un d'autre, ça rugissait en moi. Elle était à moi. Putain, ce que j'avais été con!

Ça me fit bizarre d'utiliser ma baguette en plein au milieu des moldus, mais je me sentis libre, enfin, de pouvoir faire de la magie où je le voulais. Je pouvais depuis cet été, mais je n'en avais pas encore eu trop l'occasion. Il me suffit d'embrouiller à moitié le mec - heureusement que Coop n'avait pas eu le temps de me demander comment j'allais m'y prendre pour les billets, je voyais déjà sa tronche outrée si je lui avais dit que j'allais en avoir gratos.

Après, le temps passa à la fois vite et lentement. J'avais l'impression que mon coeur et mon corps allaient exploser. Je me demandais ce qu'elle faisait, si elle était au milieu de ses poneys, ce qu'elle avait fait pour Noël. Je me demandais si elle avait pensé à moi. Peut-être qu'il était trop tard? En attendant l'embarquement, je me rendis compte qu'il fallait que je prévienne Haley. Je ne savais pas trop pourquoi exactement, mais je savais qu'elle aurait voulu et... Bon, de toute façon, j'avais l'impression de ne plus être moi-même et de ne plus rien gérer, donc, ce n'était plus trop le moment de se poser des questions. Je lui écrivis rapidement un mot, pour lui expliquer ce que j'étais en train de faire, et comme je ne pouvais décemment pas trouver un hibou au milieu de tous ces moldus, je mis la lettre dans une enveloppe et trouvai une boîte aux lettres : j'avais mis mon adresse et je précisai dans un autre mot à Coop de bien vouloir envoyer ça par hibou à Haley. Quand le micro appela les passagers de mon vol, je faillis ne pas passer la porte et partir en courant. Mais je ne pouvais pas : je ne pouvais plus, il fallait que je la vois.

Dans l'avion, je crus que j'allais buter la grand-mère à côté de moi qui, à peine installée, se mit à me parler et me raconter sa vie en long en large et en travers, ainsi que celle de ses enfants et de ses petits-enfants. Putain, mais qu'est-ce que j'en avais à foutre moi, alors que je n'étais même pas certain que la fille à laquelle je ne pouvais pas m'arrêter de penser allait bien vouloir de moi! Mais il y avait trop de temps à tuer et j'allais devenir dingue si je ruminais tout seul mes pensées, du coup, je la laissais me parler et me poser des questions, et elle partagea même sa bouffe avec moi, que j'avalais même si je n'avais pas faim. En fait, elle était plutôt marrante, et je me pris au jeu. C'était pas si difficile que ça, finalement. Elle était américaine mais mariée à un anglais et tous ses enfants étaient repartis vivre là-bas ; elle allait les voir pour les vacances. Son mari était visiblement un imbécile et je finis par lui parler de mon père parce que la ressemblance était quand même bien marrante, et on finit par leur casser du sucre sur les dos en ricanant comme des bossus. Je n'avais jamais pensé qu'une vieille dame pouvait être aussi marrante, d'ailleurs. Evidemment, arriva la question fatidique : et toi mon garçon, où vas-tu comme ça? Hmmm. Je me perdis dans des explications vaseuses, histoire de dévier la question, mais je crois qu'en plus d'être drôle elle était fine mouche, et elle continua à me poser des questions jusqu'à me coincer au pied du mur. Bon, d'accord. Après tout, il fallait bien que je l'avoue, sinon, comment j'allais bien pouvoir le dire à Taylord? J'essayais de repousser ce moment où j'allais devoir y songer sérieusement, parce que je me sentais complètement démuni. Difficilement, j'expliquai à la mamie que j'étais ami avec une fille depuis longtemps, que j'étais sorti avec elle mais que je n'avais pas voulu qu'on soit vraiment ensemble parce que je ne voulais pas me caser, que je pensais lui avoir fait du mal, mais que je m'étais rendu compte combien que je tenais à elle un peu trop tard, que maintenant j'avais la trouille de la perdre, et que c'était pour ça que j'avais décidé d'aller la rejoindre. Elle me tapota la main à la fin de mon histoire et je crus qu'elle allait se mettre à pleurer, mais elle me sourit et me dit une phrase qui tourna en boucle dans ma tête : mon garçon, tu as bien raison, ne néglige jamais les gens qui te rendent heureux. C'était bien mystérieux mais je compris à la fois toute l'ampleur de ce qu'elle venait de me dire et toute l'ampleur de ce que j'avais laissé s'échapper, et sciemment, en plus. J'avais envie de buter chaque personne de ce maudit avion, le pilote y compris, parce qu'il n'allait pas assez vite. Elle continua alors à parler - j'avais rarement rencontré quelqu'un d'aussi bavard - et je sentis qu'elle essayait de me rassurer par tous les moyens et de me donner des conseils. Il n'y avait bien que moi pour accomplir ma tâche, mais je lui en étais reconnaissant quand même. Le voyage me parut moins long que ce que j'avais imaginé, même si les dernières heures furent interminable, parce que ma voisine s'était endormie, que les autres gens aussi, mais que moi, je n'y arrivais pas. J'avais un creux dans les poumons et une tornade dans la tête ; j'avais envie de fumer, j'avais envie de dormir, de me défouler, de tout faire à la fois. Je me sentais en pleine insécurité et je savais qu'il n'y avait qu'une seule personne qui aurait pu me rassurer - mais elle était encore trop loin.

A Washington, je dis au revoir à ma compagne de voyage qui partait pour Seattle. Alors, seulement, je me rendis compte... Que j'étais aux Etats-Unis! Merde alors, pour la deuxième fois de ma vie je me retrouvais dans ce pays qui me faisait rêver parce que tout y était possible, et j'avais l'énergie d'un oisillon qui venait de naître. Il était tard chez moi, je me sentais complètement décalqué, mais ici, ce n'était que la fin d'après-midi. Je finis par me poser sur un banc de l'aéroport - mon deuxième vol était dans quelques heures - après avoir acheté un paquet de clopes. L'attente, interminable, commença, et je fumai clope sur clope en enchaînant parfois avec quelques cafés. Mon coeur battait trop vite, avec tout ça, mais je me sentais incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Et puis j'étais dans un aéroport, et tous les aéroports se ressemblaient ; j'avais beau me dire que je foulais de mes pieds cette terre promise, je ne ressentais même pas une toute petite excitation. J'aurais pu être en Patagonie que le résultat aurait été le même. Je voulais juste... Taylord, et je restai sans bouger, couché sur mon banc, et je crois que je m'endormis quelques heures. Je faillis oublier de prévenir Coop, mais je l'appelais rapidement d'une cabine pour lui dire où j'en étais.

Le deuxième vol fut bien moins cool, parce que cette fois j'étais vraiment à côté de mes pompes, qu'il y avait deux connards de gosses un peu plus loin qui n'arrêtaient pas de gueuler, que j'avais faim et comme par hasard ce n'était pas l'heure de manger, bref. Je fermai les yeux tout du long en dormant par à-coups. Je ne savais plus quelle heure il était, chez nous ou ici, et je m'en foutais. Je commençais à douter sérieusement. Et si je n'avais pas fait une énorme connerie? Et si Taylord n'avait absolument aucune envie de me voir, et si je m'étais planté sur toute la ligne? Peut-être que malgré tout nous deux c'était vraiment impossible je veux dire, si on s'était aimés normalement, ça aurait été naturel, non? Je ne savais plus rien.

Quand l'avion se posa à Dallas je me réveillai en sursaut, croyant que je venais de faire un long et pénible cauchemar, mais, eh non les mecs, pas du tout. J'étais là et bien là, et à vrai dire, je n'avais jamais été si près du but.

Sauf que... Sauf que les ennuis sérieux commençaient maintenant. Dallas, Texas : bien. Et ensuite? Ensuite, je savais qu'il fallait que j'aille près de Comanche, mais vous avouerez que pour trouver quelqu'un en sachant qu'il habite "près de", voilà, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Bon. Déjà, j'avais besoin d'une douche. Premièrement. Je parcourus l'aéroport en errant comme jusqu'à trouver un endroit où on pouvait bouffer, et j'avalais un petit déjeuner, complètement dans le coltard. En fait, je n'avais pas pris de réel repas depuis que j'étais parti. Il y avait un endroit, pas loin des consignes, avec des douches publiques. Bon, ce n'était pas le pied, mais c'était déjà ça, et je filai quelques dollars que j'avais échangé à Londres et pris une douche brûlante, histoire de me laver de toute la crasse du voyage, et de me remettre les idées en place. J'étais toujours aussi sur les nerfs, mais j'avais l'impression de commencer à voir la lumière au bout du tunnel. Je me renseignai ensuite, et en fait, putain de pays trop grand, Comanche était à des centaines de kilomètres de là, et il me fallait prendre... Un bus. Trop cool, tiens, ça m'avait manqué. Le prochain était dans un quart d'heure et je me mis à courir à travers tout le merdier de l'aéroport gigantesque, pour trouver le bus au moment où il allait partir, et je sautais dedans. J'avais l'impression d'être revenu à la case départ ; même si on aurait dit que des années entières étaient passées depuis le moment où j'avais pris le bus ce matin... Non, hier matin... Euh, je ne savais même pas.

Je ne savais pas si il fallait l'interpréter comme un signe du destin ou pas, mais j'appris en chemin que le bus n'allait pas jusqu'à Comanche, mais jusqu'à une ville pas très loin. Bon sang, mais Taylord ne m'avait jamais dit que c'était la croix et la bannière pour rentrer chez elle à chaque fois! Je crus mal comprendre la ville où était le terminus, parce que le gros mec qui me parlait avait un accent de cow-boy à couper au couteau, et je me dis que j'allais bien voir en temps voulu.

Arrivé là-bas... Non, c'était une blague. Non. Quand même. La vie ne pouvait pas me faire ça. Putain!! La ville en question portait le doux nom de... Stephenville.

Oui, oui.

Je crus que j'allais casser la gueule au poteau qui indiquait ça au-dessus de ma tête en sortant du bus, mais à la place je balançai mon sac par terre et m'assis sur le terre-plein. Non mais, Stephenville. Est-ce que Fray aussi avait décidé de m'emmerder, alors qu'il était à des milliers de kilomètres de là? Non mais, trop cool. Je sortis une clope et l'allumai. Je demandai l'heure à un passant : il était 11 heures du matin. Dans quel monde, dans quel jour, aucune idée. Je restai là un bon bout de temps à regarder les gens autour de moi ; c'était plutôt une petite ville visiblement, et ça me faisait un peu penser à là où habitait les Tennant. Et maintenant, je faisais quoi?

Pile à ce moment-là, un mec avec un chapeau de cow-boy me demanda du feu. Je lui tendis, et comme je lui avais sorti quelques mots, il repéra mon accent anglais et se mit à me taper la discut. J'avais envie de lui dire que je n'étais pas trop d'humeur, mais je profitai du moment pour lui demander s'il connaissait l'existence d'un ranch pas loin de Comanche, dont les proprios s'appelaient Bailey.

Et là : il me dit qu'il connaissait très bien et que d'ailleurs il faisait une halte à Stephenville (... non, pardon, mais ce nom, non.) avant de se rendre là-bas justement, parce que sa gamine et sa nièce et je ne sais pas qui d'autre y allait pour le concours qui avait lieu aujourd'hui. Sur le coup, je crus que j'allais l'embrasser ; ensuite je me demandais de quel concours il parlait mais bref, pas le temps ; pour finir, je lui demandais cash s'il pouvait m'y emmener. Les américains ont cet avantage qu'ils sont toujours cool et sympathiques et il accepta tout de suite. Il n'y avait pas plus d'une centaine de kilomètres, et même si j'avais l'impression que c'était encore le bout du monde, on va dire que je n'étais plus trop à ça près...

En fait, le type - Larry - était vraiment cool, et même si son gros 4x4 puait le canasson et que ses gamines à l'arrière me sortaient par les yeux à parler de comment elles allaient natter leurs poneys, le trajet passa à la vitesse de l'éclair. Moi? Oui oui, bien sûr que je venais pour voir le concours, enfin, ça me paraissait évident, de traverser tout l'océan pour venir voir un foutu concours de brossage de poneys à la con, voyons. Mais bon, passons. Il fumait des Gitanes en roulant les fenêtres ouvertes, et il faisait plutôt beau, pas très chaud, mais c'était supportable. Plus chaud qu'à Bristol en tout cas. Plus ça allait, plus j'avais l'impression que j'étais dans le mauvais endroit, que je me trompais complètement, et je commençais à me sentir... Triste. Ce monde-là était celui de Taylord et clairement je n'y appartenais pas ; quand en plus j'allais devoir lui expliquer ce que je foutais là, je me voyais déjà comme le roi des imbéciles, ridicule, et surtout, bien trop en retard. Elle me l'avait dit elle-même, de trouver une fille qui prendrait soin de moi. C'était parce qu'elle ne le voulait plus, non?...

Mais quand Larry gara sa caisse et que je découvris le vaste domaine du ranch - oh je vous jure c'était comme dans les films, des bâtiments en bois partout, des canassons partout, des filles en bottes de cheval partout, des étendues à pertes de vue en mode Mon amie Flicka, des chapeaux de cow-boy partout. Comment j'allais la retrouver, en plus?! Peut-être qu'elle n'était pas là. Peut-être qu'il fallait mieux que je parte tout de suite. Oui. Non. Bon. Larry profita de ce moment pour me lancer une tape dans le dos et m'invita à me suivre pendant que ses filles allaient se préparer, et là il se mit à me parler de trucs dont je ne captais pas la moitié, d'obstacles, de points, de difficultés, de parcours, de quoi? Bon, on ne pouvait pas parler baseball, comme tout le monde, non? Mais comme on marchait le long d'un petit chemin en suivant d'autres gens - et en longeant un pré avec des vaches - je me laissai faire. On arriva à une espèce d'endroit en sable avec des barrières autour, avec dedans des obstacles, donc, ça j'avais compris, et des cavaliers passaient un à un, sautaient, suivaient le parcours, etc. Je compris qu'on était arrivé pendant une épreuve du concours et je me mis à la regarder avec Larry, qui m'expliquait les règles et les problèmes qu'allaient rencontrer les cheveux de ses gamines à tel et tel endroit. Sauf qu'à un moment, je décrochai complètement et je ne me rendis même pas compte qu'il me parlait quand je lui dis :


- Je reviens.

Là-bas, à l'autre bout de la carrière, il y avait une fille qui venait de sortir un cheval de l'écurie, et je l'aurais reconnue entre mille (Non, pas le cheval). C'était Taylord : c'était Taylord. C'était Taylord.

Je longeai les barrières sans la quitter des yeux. Brusquement, tout me revenait à la fois, comme quand je m'étais réveillé en pleine nuit. La peur, l'énervement, la déception, l'envie, la frustration, l'hésitation. Mon coeur me défonçait la poitrine, mais j'étais certain d'une chose : il était trop tard pour faire demi-tour. J'imagine que je devais avoir une tête bizarre, mais vu la sienne, je ne m'en formalisai pas trop. Quand je croisai son regard et qu'elle comprit que c'était moi - j'avoue que ça devait lui faire sacrément bizarre à elle-aussi - par habitude de me cacher, j'imagine, je lui lançai un sourire complice et une petite plaisanterie :

- Je passais par là, je me suis dit que j'allais venir te voir...

... Mis à part le fait que j'habitais à l'autre bout de la terre et qu'en plus elle avait dit qu'on ne devait plus se voir et se parler, oui, bien sûr, c'était très crédible. Mais ils avaient appelé son nom et je compris qu'elle allait sans doute faire le concours elle aussi.

- Bon, ben, bonne chance, ajoutai-je, en me disant que le moment n'était pas encore venu pour lui dire tout ce que j'avais sur le coeur.

De la chance, j'en voulais bien un peu aussi, parce que je sentais que j'allais en avoir besoin.
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



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Localisation : Ben regarde, sur ma licorne magique... Ah, tu la vois ? Okay, arrête le jus de citrouille alors, visiblement ça te fait pas que du bien.
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Particularités: J'ai dix doigts. C'est fou hein.
Ami(e)s: C'est comme la poussière d'étoiles. Si t'y prends pas gaffe, elle s'effrite entre tes doigts...
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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeSam 12 Jan - 18:00



Une fois, deux fois, trois fois. Le nombre de tours que je fis tourner l’élastique qui permettait de retenir la natte que je venais de terminer et que je laissai retomber souplement sur le côté gauche de mon épaule, parce qu’avoir les cheveux attachés était toujours plus pratique, surtout quand c’était pour les cacher sous une bombe d’équitation juste ensuite. Je tirai sur le bout de ma veste bleue marine, après l’avoir attaché, pour la remettre bien droite sur mes épaules, et de me regarder dans le miroir en pied, coincé entre la fenêtre et le fauteuil dans le fond de ma chambre et je n’avais vraiment pas l’habitude de me voir aussi… apprêtée pour monter à cheval. Apprêtée tout court en fait. Parce que franchement c’était pas dans un ranch et au milieu de la poussière et des animaux que ça servait à grand-chose de porter se tenue du dimanche, et puis en plus, ça grattait et c’était pas confortable – c’était pas la peine de dire que c’était le genre de trucs qui m’avaient toujours soulé, et puis j’allais pas monter Hibiscus en jupe hein. Mais aujourd’hui était un jour spécial, et on ressentait l’agitation qu’il y avait dehors depuis tôt ce matin, comme à chaque fois qu’il y avait un concours, parce qu’il fallait gérer le flux de monde, et ça allait durer toute la journée, les accueillir, rassurer les gosses et tout ce qu’il y avait avec. Et ben cette effervescence ne m’avait pas manqué. Je ne me rappelais plus exactement quand est-ce que j’avais arrêté de faire ce genre de compétitions : avant qu’on parte à Gravesend évidemment, mais est-ce que ça avait précisément coïncidé avec le déménagement ? En tout cas je me rappelais bien de la crise que j’avais tapé à ma mère parce que je trouvais les autres petites filles trop connes parce qu’elles passaient leur temps à pleurer dans les bras de leurs parents justement parce qu’elles n’avaient pas gagné, et qu’elles lançaient des regards suspicieux à tout va, et si j’avais l’esprit sportif nécessaire pour ça, trop de pression tue la pression et j’avais un peu tout mis ça de côté, et puis ensuite il y avait eu Poudlard et puis les compet’ bah souvent ça se passait quand j’étais pas là, donc pas vraiment l’occasion d’en faire partie.

Il n’y avait pas un cheveux qui dépassait, et je m’étais reprise à plusieurs fois pour refaire la raie sur le côté pour m’attacher les cheveux, alors que les autres jours, ça n’arrêtait pas de partir dans tous les sens parce que je les démêlais vite fait le matin et ensuite en route ! Le reste du temps ils étaient cachés par un chapeau, alors la belle affaire… Même mon pantalon était immaculé – mais bon par pour longtemps, parce qu’il était blanc et que le blanc et moi, ça ne faisait pas bon ménage. Bref, pour résumer, c’était l’accoutrement type de la fille à papa que je portais et j’avais un peu l’impression de ne pas me reconnaître tant ça me changeait de mes jean’s mais en même temps, je n’allais pas faire mon parcours en jean’s. Mais me mêler à la population de certaines de ces prétentieuses parce que oui même dans les ranchs, ça paraît cool comme ça, mais il y a toujours le cliché de base qui vient vous faire chier pour le simple plaisir d’emmerder le monde, personne ne les aime, mais il faut faire avec parce qu’elles sont là quand même. Au moins, elles étaient quand même en minorité ici – il y avait des mecs, mais eux aussi n’étaient pas nombreux - et puis c’était marrant parce qu’il y avait toujours une fusion des genres lorsque des concours étaient organisés au ranch, entre les cow boys, les purs et durs, et ceux qui n’étaient jamais monté sur une selle western de leur vie. C’était ma tante, Robin, qui avait développé petit à petit ce désir de vouloir non pas s’enfermer dans une seule discipline mais de faire connaître le domaine au maximum, c’était pour ça que petit à petit, au fil des années, il y avait des cours de monte anglaise qui était organisés, ils avaient construit des carrières en plus de celles qu’on avait déjà mais qui étaient réservées pour les manifestations western et tout le bazar.

D’ailleurs, c’était toujours quand il y avait plein de monde comme aujourd’hui que je réalisais à quel point mon oncle et ma tante avait donné à leur ranch une grande réputation. J’avais posé un genou sur le rebord de la fenêtre lequel j’aimais bien m’installer le soir pour regarder les étoiles avant d’aller me coucher, pour ouvrir la fenêtre et jeter un coup d’œil au dehors. Déjà rien que le terrain et le paysage donnait envie, parce qu’il y avait des vallées, des plaines qui léchaient les montagnes à perte de vue, il y avait plusieurs chemins de ballade, et mon préféré c’était celui qui menait jusqu’à un petit ruisseau ou c’était sympa d’aller se baigner l’été. Et puis il y avait la maison sur deux étages qui se trouvaient en face des écuries, où il y avait nos chevaux, en plus de ceux qui étaient en pension ici. Tout autour les corrals, les carrières, le coin où on ramenait le bétail pour les marquer lorsque c’était la saison où lorsqu’on les ramenait parce qu’ils étaient restés dans les champs dans lesquels on les avaient laissé. Et puis leur viande était bonne, ça marchait bien, et évidemment chaque personne qui venait louer un bungalow se devait d’y gouter avant de repartir – parce que oui il y avait les chambres d’hôtes un peu plus loin. Enfin. Chambres. Façon de parler, c’était des petits chalets en bois avec une terrasse surélevée pour chacun, et les gens venaient souvent en vacances ici. Donc ouais, on pouvait dire qu’on était une famille qui vivait assez confortablement.

Je ne m’étais pas comportée autrement que d’habitude en me levant ce matin au grand dam de Robin qui s’agitaient déjà dans tous les sens qui qui houspillait Ruth du bas de l’escalier pour lui ordonner de se dépêcher parce qu’elle avait besoin d’aide que personne n’a besoin d’aide, Taylord tu ne vas quand même pas boire qu’un verre de jus de pomme et des céréales, tu as besoin d’énergie, mange donc un fruit en plus, et non mais tu crois qu’en plein hiver même à l’intérieur c’est la saison pour se balader en short et en tee-shirt, même si c’est ton pyjama, pffiiou, je n’écoutais plus, plongée dans la lecture des énigmes qu’il y avait au dos de la boîte de Kellog’s, jusqu’à ce qu’elle la retire brutalement de sous mon nez – c’est bon tu as terminé, tiens mange cette banane ça ne te fera pas assez sinon ! – j’avais l’impression d’être une oie qu’on essayait de gaver subtilement – oui c’était de la subtilité, je sais, ça n’y ressemble pas – depuis que j’étais revenue et ça devait faire quoi, deux, trois jours ? Déjà lorsque j’étais arrivée à l’aéroport, j’avais réussi à saisir cette expression d’inquiétude qu’elle avait affiché, parce qu’elle était venue me chercher avec Ruth, puis de doute, lorsqu’elle avait plissé les yeux, parce qu’elle avait dû s’attendre à un squelette blond, dépressif sur pattes qui traînait à grand mal sa valise derrière elle, mais que non, surprise en chair –oui. OUI. – et en os – ça va. Des embrassades et tout le bataclan plus tard, c’était revenue comme avant, personne n’évoqua durant tout le trajet de retour dans le break la période d’avant les vacances, même si Ruth n’arrêtait pas de me zieuter du coin de l’œil comme si elle avait la faculté de lire dans mes pensées, et moi j’étais crevée à cause du bal de la veille, et merde, je ne voulais pas penser au bal. Ruth qui venait justement de faire son apparition dans la cuisine et qui en profita pour se foutre de ma gueule, parce que non mademoiselle n’allait certainement pas participer au concours, c’était pour les gonzesses, et dès qu’elle avait l’occasion de me rappeler cette particularité de ma famille parce que ma mère avait été championne, enfin on passe les détails, et que mes grands-parents et ben… d’habitude on se moquait d’eux et de leur manière prout prout toutes les deux, mais là je n’étais pas particulièrement de bonne humeur parce que j’avais la bouche pleine de banane donc je ne pouvais pas rétorquer, et Taylord il faut vraiment que tu arrêtes de mettre des vêtements trop grand, regarde ce tee shirt ! Non mais elle ne touchait pas à mes fringues ! J’envoyais prestement mon bol dans l’évier, c’est-à-dire en faisant suffisamment de bruit pour montrer mon agacement mais pas trop non plus pour ne rien casser, et j’eus juste le temps de repérer Ruth qui sondait mon visage, avait arrêté de rire et qui fronçait les sourcils, avant de regagner ma chambre.
Elle avait compris.

Je fumais une dernière clope la fenêtre ouverte, à cause de l’odeur avant de me changer – j’avais gardé l’habitude et même s’ils le savaient, je ne le faisais pas trop dehors parce qu’avec tout le foin et la paille qu’on avait il suffisait qu’une soit mal éteinte et c’était la cata assurée, mais dans ma chambre, j’avais pas trop l’autorisation non plus, tout en faisant jouer Zephyr avec un vieux fil qui traînait dans le coin, et lui aussi n’avait pas trop le droit d’être là, parce que les animaux c’était dehors, gnagnagna, mais je m’en fichais, je l’emmenais dans ma chambre quand même. Je le repoussai gentiment après avoir fumé ma cigarette, parce qu’il commençait à faire le fou et que bon s’il s’accrochait dans mes fringues que j’étais en train de passer, ça allait pas trop le faire. Après avoir pliés les genoux pour voir si j’étais bien dans mes bottes toutes propres, cirées et brillantes pour l’occasion, je passai machinalement ma main droite sur mon autre poignet : il y avait toujours le bracelet de mon anniversaire avec les breloques représentant chaque personne auxquelles je tenais - je n’étais pas stressée ni rien, parce que je savais ce que j’avais à faire, et surtout la détermination. Après autant d’absence… Elle était revenue – même lorsque mon regard se posa sur la pile que j’avais soigneusement faite peut après mon arrivée.

C’était mieux comme ça. Au début, j’avais pensé purement et simplement jeter tout ce qui me rattachait de près ou de loin à Chuck, parce que si je commençais doucement à tourner la page, ce n’était pas avec tout ce qu’il y avait dans ma chambre et que j’avais accumulé qui allait m’aider à ne plus penser à lui-même si… même si ce n’était pas facile. J’avais rassemblé le livre sur les licornes, ses vêtements essentiellement, que j’avais bien plié en me disant que le mieux c’était encore que je lui rende – j’allais bien trouver quelqu’un pour le faire à ma place à Poudlard, parce que je ne voulais pas le faire en mains propres. Mais… mais voilà, il y avait des trucs dont j’avais un peu de mal à me séparer, je m’étais dit que je changerai de marque de cigarette puisque je n’étais pas capable d’arrêter, mais je ne l’avais pas fait, il y avait la photo du bal de l’année dernière ainsi que celle de cette année sur ma table de nuit, en plus de celle que j’avais montré à Ruby dans la cabane hurlante et ce moment-là me semblait être si loin… et si proche à la fois. Je savais que j’allais devoir m’en débarrasser, comme du tee shirt avec lequel je dormais toutes les nuits ou du sweat dans lequel je me cachais même si je n’avais pas froid. Disons que j’y allais doucement, mais au moins que je m’y tenais et que si la rupture serait bientôt complète, je voulais qu’elle se fasse en douceur. Ruth avait bien essayé de m’interroger lorsqu’on s’était retrouvées toutes les deux et j’étais restée très vague, en lui disant qu’il ne s’était rien passé – c’était vrai, vu comme ça s’était terminé, il ne s’était rien passé. Il ne s’était rien passé d’après Chuck, parce que « ouais, c’était mieux comme ça ». Qu’il ne s’était rien passé, et qu’il ne se passerait plus rien, parce qu’on ne se parlerait plus dorénavant, voilà ce que je lui avais expliqué et ensuite, j’étais partie sur autre chose – elle avait tout de suite enchaîné, comprenant que ce n’était plus la peine d’insister. Personne ne l’avait évoqué, mais ils étaient tous soulagés, ça se voyait à la façon dont ils s’exprimaient de me voir aller mieux, alors, ils n’en demandaient pas trop et se contentait de ça.

Je n’avais pas non plus été capable de raconter à Haruhi ou Scarlett ce qui s’était passé, parce qu’elles m’avaient vu dans ma robe de bal et quand j’avais fini par fermer les yeux, quand je les avais rouvert ce qu’il m’avait semblé être la seconde d’après, et bien non en fait c’était déjà le jour et tout le monde se préparait pour rentrer chez soi. J’avais secoué la tête négativement pour dire qu’il n’y avait eu aucun aboutissement et promis de donner des détails à mon retour – Haruhi restait pour les vacances et Scarlett retournait voir sa mère, donc dans le Poudlard Express qui nous ramenait à Londres, j’allais devoir me trouver une autre compagnie. Parce que oui, j’allais leur en parler… mais pas tout de suite, parce que c’était encore un peu trop chaud pour parvenir à en parler avec détachement, et rien que ces quelques jours de vacances m’avaient été bénéfiques. La vérité, c’était que si ça se passait aussi bien, c’était parce que… je m’étais résolue à tout ça, je n’avais plus vraiment le choix, rien que lorsque je m’étais dit « d’accord, j’accepte » parce qu’aucun avenir ni maintenant ni dans le futur n’était prévu pour moi ou Chuck, j’avais senti un poids me libérer, pour me sentir plus légère. Il y avait toujours la nostalgie bien sûr. Mais j’étais apaisée.

La seule personne à qui j’aurais aimé sortir tout ce que j’avais sur le cœur à la limite… C’était Stephen, Stephen que je n’avais pas croisé dans le Poudlard Express donc je ne savais pas ce qu’il faisait pour ses vacances, mais bon. Il fallait dire que ma préoccupation avait été de passer vite devant le compartiment de Chuck sans même détourner le regard. Et de m’installer avec des filles qui n’avaient d’yeux que pour Zephyr pendant tout le long de voyage. Cette envie m’avait tenue pendant tout le trajet, et exactement comme cette fois-là dans la réserve de Nakamura, mais où la barrière que Chuck m’avait imposé m’en empêchait – cette fois il n’y avait plus cette entrave, mais une autre bien plus importante : puisque qu’on ne se parlait plus.

Noël avait été chaleureux, on avait déballé nos cadeaux tous ensemble – c’était là que Robin m’avait proposé de faire le concours, parce que j’avais déjà entraîné mon cheval quelques fois et que même si ce serait sa première manifestation en ce qui concernait les concours de saut d’obstacle comme ça, il fallait une première fois à tout. J’avais hésité parce que c’était vrai que si Hibiscus était plus destinée pour ramener le bétail et la vie de ranch… c’était un cheval polyvalent, et jeune en plus, donc je lui avais déjà fait faire des parcours, mais comme ça, rien de sérieux. En plus depuis que j’étais tombée – alors ça c’était un truc que ma tante s’était empressée de vérifier par contre, que les blessures avaient disparu et tout – je ne m’étais pas remise en selle, enfin bon… ça c’était le discours que j’avais tenu justement,
avant, de me remettre en selle, parce qu’à partir de là toutes les sensations étaient revenues, et je m’étais dit, pourquoi pas. En plus Hibiscus était douée et elle y mettait du sien et même si on avait eu que deux jours vraiment pour s’entraîner, on se connaissait assez et surtout malgré tout ce qui s’était passé, on se faisait assez confiance pour que ça puisse marcher, et puis des compet’ j’en avais fait alors hein, ça me faisait pas peur !

Lorsque je descendais parce qu’il fallait faire la reconnaissance de parcours, j’allais m’éclipser discrètement, mais Robin était entrée dans la salle de séjour comme une furie pour aller chercher quelque chose dont elle avait apparemment besoin dans l’urgence mais comme elle parlait dans sa barbe, je ne comprenais pas. Pourtant, elle s’arrêta en plein dans son élan, comme si soudain, ce n’était pas si un portant que ça pour… me couver du regard. Putain qu’est-ce que je détestais quand elle faisait ça, parce que j’avais l’impression d’être toute petite, et j’aimais pas avoir l’impression d’être toute petite.

- Ben quoi ? lui lançai-je un peu ronchon, ce qui voulait dire « allez ! passe ton chemin maintenant ! Et en silence.

- Rien. Ce qu’elle ne fit pas bien sûr. Elle me fit un grand sourire affectueux. Tu es très belle. Tu ressembles à ta maman.

Je haussai les épaules avec mauvaise foi, et ce fut à mon tour de grogner, c’était normal que je lui ressemble, elle aussi elle en avait porté des tenues comme ça, et surtout parce que quand elle me prenait de court comme ça… ça me gênait.

Je rejoignis en courant les autres participants dans la carrière parce qu’il fallait qu’on voit pour l’ordre de passage ainsi que celui des obstacles qu’on devait passer – tout s’enchaînait assez vite parce qu’il y avait plusieurs épreuves, celle-ci c’était la dernière avant celles des gosses qui avaient toutes lieu l’aprem. Tout ça me laissait largement le temps pour les derniers préparatifs et alors que les premiers commençaient à s’échauffer, j’allais m’occuper de ma jument à moi. Elle aussi était toute belle et sa robe de feu était encore plus lisse et soyeuse que d’habitude, ce qui contrastait toujours avec sa crinière délavée. Je m’étais contentée de la peigner sans y toucher, sans tresses ni rien, comme l’avait fait les autres concurrents parce que je la trouvais très bien comme ça – j’avais égalisé les crins mais rien de plus. Je la harnachais en prenant bien gaffe à ne pas m’essuyer dans mes vêtements pour ne pas mettre de tâche de graisse. Alors ça c’était marrant parce que je trouvais ça tout drôle aussi de la voir avec un filet et une selle anglaise et même elle ça lui donnait une toute autre allure. Je lui gratouillai l’oreille une dernière fois, avant de la mener vers la sortie des écuries.

Je refaisais mentalement le parcours dans ma tête pour être sûre de ne commettre aucune erreur, il y avait une courbe serrée qui était un peu difficile à prendre, il fallait que je fasse gaffe…. Ah ça me le faisait encore parfois, de croire qu’il y avait Chuck qui sortait comme ça du néant de la foule, parce que je confondais une autre personne avec lui, mais c’était juste impossible parce qu’il…

… Sauf qu’au fur et à mesure qu’il s’approchait, sa silhouette se détachait de plus en plus nettement, je clignai des yeux un peu plus longtemps, mais oui oui, Chuck venait vraiment de sortir du néant de la foule. Ni plus ni moins.


- Je passais par là, je me suis dit que j'allais venir te voir...

J’étais trop stupéfaite pour avoir une réaction normale – il s’était posté juste en face de moi et il n’avait eu que besoin de parler pour qu’il n’y ait vraiment aucun doute quant à son identité. J’ouvris la bouche mais la laissait entrouverte parce qu’aucun son n’en sorti. Je ne savais pas quoi dire. Et en même temps, qu’est-ce que j’aurais dû faire ? Alors que le but du jeu, c’était un peu justement qu’on ne se parle plus, donc pour ça, il ne pouvait pas trop se ramener ici… comment il avait fait pour se ramener ici d’abord ?! Et si… mais j’interdis mes pensées de prendre le chemin qu’elles étaient en train d’envisager – non il ne fallait pas.

- Euh… je venais de retrouver l’usage de la parole – enfin. Salut.

Ben oui, la moindre des choses, c’était de se dire bonjour ! Salut. Salut. Salut, salut salut… Comme dans un rêve, j’entendis qu’on appelait mon nom, parce que c’était à moi d’aller m’échauffer dans la petite carrière à côté de celle d’obstacles. Je n’avais pas fait gaffe, mais ma main s’était serrée très fort aux rênes qui me permettait de mener Hibiscus.


- Bon, ben, bonne chance.

Je me sentie tout juste opiner du chef, et dans un état second me mettre à cheval pour me préparer. Ça c’était court circuité là-haut, il me fallut faire plusieurs tours pour peu à peu remettre mes idées en place et réfléchir un peu posément. Si c’était possible. A chaque fois que j’étais tout au bout du terrain, je me permettais de regarder Chuck qui lui était resté près de la barrière, forcément. Je ne comprenais toujours pas d’où il sortait, mais… bah il n’avait pas l’air d’être très frais , me mettant ainsi en proie à de nouvelles préoccupations, et ce n’était pas bon du tout parce que ce n’était pas le moment de s’énerver, au contraire, je devais rester concentrée – et merde, il y avait Ruth, totalement échevelée qui avançait à grands pas, avec un air que je ne lui avais jamais vu parce que… c’était moi qui l’avais quand j’étais partie dans l’idée de rendre la monnaie de sa pièce à quelqu’un qui avait eu le malheur de l’emmerder. Il fallait absolument que j’arrête se massacre avant même qu’il ne débute, mais en même temps, je ne pouvais pas louper la prestation du mec avant moi, parce que je passais juste après, et au niveau du classement, c’était serré. Est-ce que ça allait être un record que j’allais devoir battre ? Un peu plus loin – non mais alors elle. ELLE. Il y avait cette fille que je ne pouvais pas me piffrer, on était tout le temps en train de s’engueuler, c’était une vraie pimbêche qui pensait qu’avoir le cheval et le matos le plus cher faisait forcément d’elle une bonne cavalière. Trop conne. A chaque fois que je venais, on s’engueulait systématiquement, et pour le moment, elle était en tête puisqu’elle occupait la troisième position. Pff. En même temps facile quand c’est la bestiole qui fait tout à la place.

On ouvrit la porte pour me laisser passer – c’était à moi d’entrer en scène et c’était aussi là que ça se corsait, parce qu’avec tout l’enchaînement qui s’était produit, j’avais rendu Hibiscus nerveuse, en plus elle n’était pas habituée à tout ça, et je dû l’encourager des mollets pour l’inciter à avancer pendant qu’elle reculait. Je passais dans l’autre carrière et elle rechignait toujours, faisant un mouvement brusque sur le côté, parce qu’un enfant avait tendu la main dans sa direction. Je la rassurais en lui donnant deux petites claque amicales sur l’épaule et pris même le soin de lui faire faire un grand cercle avant de l’amener sur le premier obstacle, et là, l’énergie qui nous porta toutes les deux durant toute la durée de l’épreuve fut tellement incroyable que je ne me rendais même pas compte des gestes que je connaissais par cœur pour les avoir répété tant de fois – je savais ce que j’avais à faire, et je sus que c’était fini seulement lorsque toute l’assemblée applaudi, permettant enfin à mon visage de se décrisper un grand sourire et de quitter le parcours, tandis qu’on annonçait que je venais de bouleverser le classement – l’autre là, je lui avais chopé sa troisième place, et je n’en étais pas peu fière. Il ne restait plus que deux personnes derrière moi à passer, avant de déterminer les vainqueurs.

Je revins brutalement sur terre au moment de mettre le pied au sol – Ruth n’avait pas quitté son poste et semblait très animée, et j’allais lui ordonner d’arrêter tout de suite, ce qu’elle fit parce qu’elle m’avait vu arriver de loin, mais elle était tellement toute tremblante et au bord des larmes que je lui demandais juste si ça ne la dérangeait pas de ramener mon cheval dans son box pour moi – j’allais venir m’en occuper après. Je ne pouvais pas trop lui en vouloir parce que… parce que j’avais l’impression que tout ça la faisait tellement souffrir elle aussi, qu’elle ne savait plus trop où elle en était. Et moi non plus.
Chuck.

J’allais lui demander s’il avait pris le temps de manger, mais cette fois encore, je ne formulais pas déjà ma question que je fus interrompu parce qu’apparemment ma grande amie n’avait pas trop dû apprécier que je l’évince au dernier moment du podium – la dernière personne passait et venait de faire tomber une barre, donc j’obtenais bel et bien la troisième place mais je n’eus pas franchement le temps de m’en réjouir parce que son visage était un véritable livre et si la seconde d’avant, c’était clairement de la haine à mon égard qu’il exprimait, il n’avait suffi que d’un regard vers Chuck pour que ses yeux ne s’illuminent.
Non mais alors elle pouvait aller creuser sa tombe là. Tout de suite.

- Dégage, lui ordonnai-je avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit et j’attrapai Chuck par le bras pour l’emmener un peu plus loin – mon cœur fit un bond – là où des gens s’occupaient des grillades parce qu’il était plus de midi et que tout le monde avait faim.

C’était bête ce que je venais de faire. Est-ce que je n’avais pas dit à Chuck de se trouver une fille bien ? Oui mais elle ce n’était pas une fille bien. C’était une salope. Le mec me refila deux assiettes avec un gros morceau de viande et des frites ainsi que des couverts, et pendant que je tendis la sienne à Chuck sans un mot, je réfléchissais à toute allure sur ce que j’allais bien pouvoir dire, parce qu’on ne pouvait pas dire que j’avais été très bavarde jusque-là.

- On va s’asseoir, là-bas. Je montrai une multitude de tables de jardin qui avaient été installées pour l’occasion. Sauf que j’avais à peine mangé trois frites et deux morceaux de steak qu’on me rappelait déjà pour la remise des prix, il y avait la distribution des médailles et tout le bordel, c’était juste à côté de là où on était en fait, la table était juste en face. J’enfournai une dernière frite. Garde ma place, lui demandai-je avant de suivre précipitamment la fille qui m’avait demandé de la rejoindre.

Sauf qu’après avoir récupéré ma médaille, pas une seule fois, on ne me laissa le temps pour retrouver Chuck, parce qu’on me félicitait parce qu’une gosse me demandait de l’aide avec son poney, enfin c’était la folie générale et à chaque fois que je repérais Chuck quelque part, on me rappelait en arrière parce qu’on avait besoin de moi et en plus de ça il n’y avait ni de trace de Ruth, Robin ou Jarod quelque part et je commençais franchement à ne plus être très à l’aise, parce que si je ne cessais de me répéter que tout allait bien, j’étais chez moi, j’étais en terrain connu… l’ombre de Chuck planait et n’était jamais loin, et … la foule de sentiments que j’avais réussi à endormir avait resurgit en même temps que son apparition, foutant tout en l’air le chemin que j’avais effectué jusque-là. Ben c’était mort et la sérénité de ce matin, pouf, envolée. Là, je n’arrivais plus qu’à me demander ce qu’il faisait là et pourquoi, mais m’empêchais d’y répondre, parce que, je commençais à… à… non, arrête il ne faut pas espérer, il n’y a rien à espérer, arrête. Parce que combien de fois je l’avais imaginé, ce moment où il arrivait au ranch pour… et là… mais non. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas pour… enfin, pour… bref si je me m’étais à avoir de l’espoir maintenant, j’allais être déçue.

Quand finalement je réussi à m’éclipser cinq minutes pour me changer parce que je n’en pouvais plus de cette veste qui me serrait, on arrivait en fin de journée, les parents avec enfants commençaient à partir, à cette période, le soir tombait tôt et la plupart des trucs avaient été remballés. Je passai un jean’s et enfilai un débardeur avec dessus une chemise à carreaux un peu épaisse pour ne pas avoir froid, mais je n’avais pas arrêté d’aller dans tous les sens, alors je n’avais pas vraiment froid, en plus il avait fait beau toute la journée, alors… Je le repérai tout de suite, devant les écuries et le rejoignis en quelques enjambées.

- Je vais aller brosser mon cheval. T’as qu’à venir,
lui proposai-je parce que je n’y arrivais pas : lui demander ce qu’il foutait ici et pourquoi.

Le box d’Hibiscus était l’avant dernier sur la droite et même si c’était vite fait, le chemin me parut incroyablement long pour rejoindre sa stalle parce que ni l’un ni l’autre ne parlions et je regardais droit devant moi pour ne pas tourner la tête vers Chuck. J’attrapai au passage une brosse dans mes affaires, avant d’entrer dans le box pour commencer mon pansage, mais avec des gestes un peu trop brusques pour qu’ils paraissent naturels. L’endroit était désert parce que tout le monde était rentré à l’intérieur et tout était silencieux – nous étions silencieux.

Je lui tournais le dos et avait ancré mes pieds dans la paille, brossant inutilement la crinière qui n’avait pas besoin d’être démêlé mais faire face à Chuck me devenait soudain trop douloureux, alors que je n’aurais pas dû, je n’avais pas à sentir tout ça, bon sang, ça allait mieux, enfin pourquoi est-ce que tout venait d’être chamboulé…. Comme il ne disait rien, je me mis à cogiter sévère – quoi qu’il arrive, on était pas du même monde, du même univers, et on ne pourrait rien changer à cela, Chuck n’aimait pas les animaux, alors que je ne pouvais pas envisager mon avenir sans eux, mais pire encore, c’était MES animaux qu’il n’aimait pas, il… il ne voulait pas les aimer de toute façon, et puis on avait des amis trop différents, je ne supportais pas les siens, et il ne supportait pas les miens, Stephen en ligne de mire, et même si on ne se parlait plus non plus, et bien même, ça ne pouvait pas aller, c’était mon ami quand même, même si on ne se parlait plus, je l’avais déjà dit et ça tournait, zut, et tout ça tournait en boucle dans mon cerveau. Ma main crispait tellement ma brosse que bientôt elle allait fusionner avec si ça continuait, je passai mes autres doigts dans la crinière machinalement pour m’empêcher de trembler, sauf que je tremblais un peu quand même, et puis je ne pouvais pas me retourner, parce que si je le faisais, il allait voir que de grosses larmes roulaient sur mes joues, et… et il ne fallait pas qu’il les voit.

- Tu devrais partir Chuck
, mes oreilles sifflèrent en m’entendant prononcer son prénom. J’étais au bord de l’implosion et je chuchotai juste assez fort pour qu’il m’entende. Il n’y a rien pour toi ici.

Il n’y a rien pour toi ici et je priais pour qu’il n’ait pas la bonne idée de s’approcher, parce qu’il s’approchait…
Je n’allais plus pouvoir le laisser partir.




And all we need now is love
We've been through enough
We can't run just 'cause we're scared
We've come this far
We're not giving up
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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeLun 14 Jan - 13:20

- Euh… Salut.

La seule chose que je pus me dire avant qu'elle me parte et me fasse un vague signe de tête était qu'elle était tellement belle même sous son casque d'équitation, même avec cette veste et cet accoutrement bizarre, et que ses cheveux bruns me donnaient envie de mettre mon visage dedans et de la serrer contre moi. Je n'avais jamais imaginé qu'elle serait si apprêtée pour aller monter un canasson, mais je devinais dans tout le bordel autour de moi que c'était spécial, aujourd'hui. Par contre, j'avais l'impression que son cheval n'allait faire qu'une bouchée d'elle et quand elle monta dessus je sentis l'inquiétude me gagner : non mais, c'était une blague, elle n'allait pas vraiment monter sur ce machin et en plus sauter ces gros obstacles énormes?! J'en avais un sous le nez puisque j'étais accoudé à la barrière et franchement il était haut, je veux dire... C'était peut-être la bestiole qui sautait, mais quand même. Je ne la quittais pas des yeux alors qu'elle se mettait à se balader dans la carrière et à faire je ne sais pas quoi. J'avais littéralement le coeur au bord des lèvres tellement j'avais besoin de lui parler et d'être seul avec elle - non mais, les canassons allaient me faire chier jusqu'au bout. Le problème était que j'étais obligé de prendre mon mal en patience et...

... Et mon répit fut de courte durée. Je ne sais pas trop pourquoi - l'instinct sûrement - je m'étais retourné juste avant qu'elle soit prêt de moi, et même si je ne l'avais jamais vue, je la reconnus direct, à la tronche qu'elle tirait et la façon dont elle me regardait. Ruth, donc, la chère cousine de Taylord, qui en plus de m'écrire des petits mots doux parce que j'avais osé faire du mal à sa cousine, devait probablement me faire siéger en tête de sa liste des personnes à tuer. Bonjour bonjour. Je poussai un soupir et levai les yeux au ciel - c'était mignon et tout ça d'accord mais merde, je venais pour me racheter en plus, alors qu'elle me foute la paix, sérieux. Evidemment, direct, elle se colla à côté de moi. Comme quelques personnes fumaient pas loin de moi je me dis qu'on avait le droit, et je sortis une clope, priant pour que Ruth soit ce genre de filles que ça agace qu'on fume : bingo. Elle eut une tête outrée et commença à me faire la morale, mais non pardon, avant elle m'agressa d'un :


- C'est toi Chuck?!
- J'crois bien, ouais,
dis-je en râlant à moitié.

J'aurais pu dire non pour qu'elle arrête de me faire chier, mais je savais très bien qu'elle savait à quoi je ressemblais. Taylord avait des photos... A moins qu'elle les ait jetées, mais bon. Je préférais éviter de me dire ça, parce que si elle les avait jetées, c'était plutôt mauvais signe pour moi. J'écoutais à moitié ce que Ruth me disait - elle s'excitait toute seule et son ton montait de plus en plus dans les aigus, non mais au secours, on aurait dit Taylord en blonde et en hystérique. Je me défendis vaguement : je suis là si je veux - je fais ce que je veux - ça te regarde pas - qui te dit que je ne suis pas venu pour elle justement? Mais bon elle m'écoutait pas, elle avait juste envie de me défoncer la tronche, et bah, j'imagine que si j'avais été la cousine de Taylord, moi aussi j'aurais voulu me défoncer la tronche. Je veux dire, au mec. Bref. Je me rendais juste compte qu'elle était partie dans son délire et qu'il n'y avait rien que je pouvais dire ou faire pour la calmer, et que si je m'énervais, ça allait être encore pire. Sauf que mon attention n'était plus là : elle était là-bas. Taylord venait de rentrer là où il y avait les obstacles et en passant pas loin je fis son cheval faire un bond de côté... Euh, c'était pas normal ça, non?! Je jetai un regard autour de moi mais personne ne semblait prêt à bondir pour aller la sauver de là avec un tuyau d'arrosage pour calmer le cheval fou si besoin. Non mais. Je sentis mon coeur s'emballer. Mais que quelqu'un fasse quelque chose, qu'est-ce qu'ils attendaient tous, ces cow-boys en carton là! Elle allait se tuer sur ce machin! Et puis elle commença à sauter les obstacles les uns après les autres et j'essayais de me dire : tout va bien, visiblement, c'est normal, mais j'avais les mains crispées sur le bois de la barrière et la mâchoire serrée, et j'étais incapable de regarder ailleurs ou de penser à autre chose qu'elle. Bon sang! Mais c'était complètement suicidaire en fait l'équitation, c'était ça l'idée?! Mon coeur allait avoir besoin de jours entiers pour s'en remettre, et quand elle arrêta son parcours, j'eus envie de la mettre personnellement par terre en la tirant par les pieds avant de lui dire que si comme tout le monde elle se mettait à des sports normaux, comme je ne sais pas moi, le baseball, eh ben elle ne risquerait pas sa vie débilement comme ça. Pendant ce temps, Ruth avait continué à délirer toute seule et d'ailleurs elle commençait à me donner des petits coups sur le bras parce que je ne l'écoutais pas - oui pardon Taylord avait frôlé la mort sous nos yeux, tout allait bien - et quand je me tournais vers elle je vis qu'elle s'était tellement enflammée que je me demandais si elle n'allait pas se mettre à pleurer.

Dans le genre famille de psychopathes, ils n'étaient quand même pas mal, dans le genre. Mais bon, avec la mienne, je pouvais parler, hein.

Taylord revenait vers nous. J'avais l'impression qu'on me roulait dessus avec un camion-citerne. Je la regardai sans bouger, me demandant quand et comment j'allais pouvoir tenter ma chance et dire combien je crevais sans elle - j'avais plutôt l'étrange sentiment que j'allais pouvoir crever toute la journée avant d'attendre de lui parler, mais bon. Heureusement, elle me sauva en refilant son canasson à sa cousine histoire qu'elle aille calmer ses nerfs ailleurs. Mais en même temps, u e espèce de grande perche peroxydée s'approcha de moi par l'autre côté et se présenta à moi dans le but évident - je n'étais pas né de la dernière pluie - de me faire du charme, et alors là, non mais sérieusement... Sérieusement. Je cherchais juste comment lui dire à cette pouffe, écoute-moi bien, je n'en ai rien à foutre de ta gueule parce que j'ai mille fois mieux que toi, donc fous moi la paix et va remuer ton cul ailleurs, merci. Mais Taylord me devança :


- Dégage. Très bien, concis et tout, je n'aurais pas fait mieux.

Je la suivis, me retenant de lui sauter dessus et de lui donner le baiser de sa vie ou de carrément la désaper au milieu de tous pour lui prouver l'étendue de mes sentiments, mais bon, on va dire que, chaque chose en son temps. Je la suivis silencieusement, avant de comprendre qu'elle nous emmenait bouffer, et tout d'un coup mon estomac approuva très fortement et sembla se réveiller - j'avais une dalle de dingue et mon petit déj commençait à être sacrément loin. Je pris mon assiette et lui souris pour la remercier, mais alors son regard, son regard! Il me transperça tout entier et je crus que j'allais tomber raide.


- On va s’asseoir, là-bas.

Volontiers. On était pas encore assez tous les deux à mon goût mais bon...

- Dis donc, euh, je savais pas que c'était aussi... impressionnant, commentai-je après un court silence. Je ne savais pas trop quelle attitude adopter, je la sentais distante et fermée, et en un sens je la comprenais, parce qu'elle devait rien capter à ma présence ici. J'espérais juste qu'elle ne me dise pas de dégager moi aussi, parce qu'on avait dit qu'on devait plus se parler et tout. Mais bon l'avantage d'avoir traversé la planète pour venir la voir c'était qu'elle avait des scrupules pour m'éconduire, voyons les choses du bon côté... J'oubliais carrément ma fatigue parce que j'avais trop de choses dans la tête, mais je savais que quand la pression allait retomber, j'allais m'écrouler comme une merde.

J'avais faim et je me mis à enfourner des frites et de la viande dans ma bouche mais plus ça allait plus j'avais l'impression d'étouffer : elle était là, à côté de moi mais... Je voulais juste l'embrasser.

A un moment quelqu'un l'appela et je compris qu'elle avait gagné la troisième place - la classe - et qu'on allait lui remettre son trophée ou je sais pas quoi. Oui, j'allais lui garder sa place ; je m'étais quand même levé pour mater ce qui se passait et je la vis qui recevait une récompense. Mais après, j'eus l'impression qu'il y avait encore plus de monde et qu'elle était sollicitée de partout, et je terminai mon assiette en me disant que j'avais eu raison : la suite n'était pas pour tout de suite. Je ne lui en voulais pas, hein, je comprenais, c'était un peu la fête au village et tout ça, donc bon. Un peu après, en allant rendre mon assiette, je tombai sur Larry qui, parlant toujours aussi fort et riant à la fin de chacune de ses phrases, me lança une grande claque dans le dos comme si j'avais risqué de tomber d'une falaise en m'absentant, et trouva bon de préciser aux gens autour de nous qu'il fallait me ménager parce que j'étais anglais, vous comprenez, je venais de ce pays étrange qu'était l'Europe - je me retins de lui faire remarquer qu'avec sa connerie d'américain il ne savait même pas que l'Europe n'était pas un pays mais bon j'imagine que je pouvais faire comme si de rien n'était, on ne pouvait pas leur en vouloir, avec leur pays immense et maître du monde - donc il fallait m'apprendre la vie. Non mais oh! J'étais peut-être anglais, mais j'étais pas handicapé non plus! Je le suivis en ayant fortement envie de leur faire des doigts d'honneur à tous, mais au fond il était gentil, et comme il me demanda si je pouvais l'aider pour faire je sais pas quoi et que Taylord était occupée elle aussi, j'acceptais. Bon, en fait, je me dis que j'avais accepté trop vite, parce qu'en fait il voulait que j'aide un de ses potes qui avait des problèmes pour rentrer ses chevaux dans son camion et je ne savais pas si vous avez déjà rentrer un cheval dans un camion mais laissez-moi vous dire que ce n'est pas aussi simple que ça le paraît. On ne fait pas hop marche avant tout ça comme un créneau, parce qu'un cheval c'est vivant et ça bouge, et je manquais quinze fois de me faire réduire les deux pieds en bouillie.

Mais au final, on se marra bien et le pote de Larry nous paya un coup à boire, des bières qu'il sortit de sa glacière, et ils se mirent à parler de leurs exploits de rodéo et franchement on passa un bon moment, et j'en oubliais - presque - l'épée qui pendait au-dessus de ma tête. Au bout d'un moment, parce que ça avait l'air de sa calmer l'activité près de la carrière, je me dis qu'il fallait que... Que je retente ma chance, et je leurs dis à tout à l'heure. Ça tombait bien parce qu'au passage ils me demandaient de ramener un truc à une dame près de l'écurie, ce qui me donnait une bonne excuse de zoner vers les endroits où Taylord devait être. En plein dans le mille : je la trouvais devant l'écurie et lui lançai un petit sourire, sentant que je n'allais pas retenir un "faut que je te parle" plus longtemps.


- Je vais aller brosser mon cheval. T’as qu’à venir.

Parfait. Enfin, que je vienne, pas qu'elle brosse son canasson, mais bon là j'imagine que j'avais pas trop le choix.

Je la suivis, encore une fois, dans l'écurie, et en fermant la porte tout d'un coup je nous sentis au calme et à l'abri de toute l'agitation de la journée et... seul à seul, et la pression m'explosa un peu plus la cervelle. Bon sang. C'était maintenant. Et si elle ne voulait plus? Et si elle ne me croyait pas? Et si c'était trop tard, putain, parce que bien sûr que c'était trop tard, ça faisait presque un an que j'aurais du lui dire tout ça, lui montrer combien elle comptait vraiment!... J'avalai ma salive avec difficulté - il me fallait quelque chose là, je ne sais pas, une clope, un whisky, un rail de coke, n'importe quoi.

Et elle elle brossait son poney, comme si c'était bien le moment de brosser son poney. Je m'appuyai à la porte du box et le cheval me regarda : voilà, maintenant, je me sentais observé, et déjà que les mots avaient du mal à sortir de ma bouche, ça allait être encore plus compliqué! En plus, comme le bébé licorne, Hibiscus appuya sa tronche sur ma main, comme si je devais faire quelque chose.


- Salut, Hibiscus, grognai-je en me disant que j'avais l'air débile. Mais lâche-moi, sale truc.


- Tu devrais partir Chuck. Il n’y a rien pour toi ici.

... Bon...

J'imagine que c'était un peu ce que je craignais. Elle était de dos et je la regardai mais elle ne voyait pas - je tournai la tête pour regarder machinalement dans l'écurie. Qu'est-ce que je devais faire?... Me barrer?...

Oh, Taylord... Si elle savait ce que je ressentais, si elle avait pu une seconde savoir combien elle m'explosait tout entier et qu'il n'y avait pas une seule parcelle de mon corps qui ne criait son prénom. J'étais complètement accro - Katie l'avait bien dit - et ça devenait vital, elle était vitale, et je ne pouvais plus m'en passer. Pourquoi elle ne le voyait pas?...


- J'crois que tu te trompes, m'entendis-je dire, de très très loin. Il y a quelque chose pour moi ici. Quelqu'un. Il y a toi.

A ces mots je sentis la fièvre s'emparer de moi - pour moi, pour moi, elle était à moi - et je poussai la porte du box pour rentrer dedans moi aussi, tant pis pour la paille partout et l'odeur puante. Je m'arrêtais juste dans son dos, et elle se retourna. Son regard perdu me rendit encore plus captif. Je ne pouvais pas, plus jamais. Je ne pouvais pas la laisser.

- Je sais que tu voulais plus qu'on se voit ou qu'on se parle. Mais... Si tu veux, ce sera la dernière fois, précisai-je pour lui donner l'impression que je lui laissais le choix (en vrai, non. Je préférais tuer la Terre entière que de la laisser à quelqu'un d'autre). Ecoute, je ne veux pas que quelqu'un d'autre s'occupe de moi ou en trouver une autre ; c'est pas ça c'est... C'est toi que je veux, Taylord. Je sais que je m'y suis mal pris et que je t'ai pas laissé l'impression que ça me faisait quelque chose, mais c'est faux. Ça m'a toujours fait quelque chose. T'as raison... On ne peut pas être amis, c'est complètement con. J'ai besoin de toi, mais pas comme ça...

Je respirai, sentant mon coeur au bord de l'overdose de palpiter aussi vite. Putain, qu'est-ce que c'était difficile tout ça... Mais je ne lâchais pas ses yeux et j'espérais...

- Je regrette toutes les conneries que j'ai pu dire ou faire, parce que tu vois, en vrai je supporte pas de te faire du mal, de te voir mal... C'est peut-être pour ça que je me suis barré en courant, parce que j'avais peur de ça. Ça me fait peur et ça me fait mal aussi, et tu me connais, je... Les mots butèrent dans ma bouche parce que jamais je ne m'étais senti aussi proche de quelqu'un et aussi fragile aussi ; c'est bien pour ça que je ne me livrais pas. Je sais que ça peut nous faire du mal, mais c'est encore pire maintenant, alors... Est-ce que c'est trop tard?...

Je baissai les yeux une seconde. Il manquait quelque chose, et ce quelque chose me gelait tout entier. Je relevai les yeux difficilement vers elle, me sentant sur une très mauvaise pente.

- J'peux pas me passer de toi, conclus-je dans un souffle. Je t'aime, Taylord.

Quelque chose s'était enfin envolé, comme si on m'avait enlevé la barre qui m'oppressait le crâne. Je sentis un sourire étirer mes lèvres alors que je la regardais et que j'avais l'impression que jamais je ne pourrais m'en lasser, et j'écartai légèrement les bras pour qu'elle y vienne...


A thousand miles - Taylord 202861
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeMar 15 Jan - 0:03

♪ 2 Hearts ♫

I'd sit in the dark with you

It feels like ive never saw the sun
Should i shout for rescue
Oh oh oh don't let go
Oh oh oh don't let go

Two hearts are beating together
I’m in love
I’m in love
Is this forever and ever?
I’m in love
I’m in love

Je ne voulais pas pleurer. Je ne voulais pas pleurer mais c’était quand même ce que j’étais en train de faire, et j’avais arrêté le mouvement d’allers retours que je faisais pour brosser la crinière d’Hibiscus, pour essayer justement d’empêcher tout ça, que tout ça remonte à la surface, parce que j’avais réussi à les garder bien enfoui au lieu de m’en laver complètement et pour toujours. Il ne fallait pourtant pas… tout cet amour-là n’était pas destiné pour Chuck, peut-être qu’au début oui, mais plus maintenant, parce que quand j’avais été prête à lui donner… il n’en avait pas voulu. Est-ce que j’étais arrivée trop tard ? Qu’à trop tergiverser j’avais raté ma chance et que c’était le genre de chance qui ne se présentait pas deux fois ? Non, je ne voulais pas pleurer, parce que je ne voulais pas être triste. C’était idiot, parce que je n’avais aucune raison de l’être, ça c’était enfin terminé et sûrement de la meilleure façon qui soit parce qu’on avait dépassé le statut où on redoublait d’invention pour être les plus méchants possibles l’un envers l’autre. Et je ne pouvais plus faire ça avec Chuck, parce que quand je le faisais… les morceaux morcelés de mon cœur se divisaient encore plus et arriverait un moment où on ne pourrait plus les recoller.

La jument souffla doucement en s’ébrouant, et elle était toute calme, comparé à certaines fois, comme si elle avait compris le rôle important que je lui donnais et qu’elle était mon soutient. Comment Chuck avait trouvé, Comanche, ici… j’avais déjà donné le nom de ma ville à côté de laquelle j’habitais, mais ça dépassait tellement tout ce à quoi j’avais pu m’attendre que je n’arrivais pas à me formuler dans ma tête que Chuck avait pris l’avion… il avait pris l’avion, non ? Je n’arrivais même pas à me dire qu’il était là, et qu’il avait fait le voyage, donc pour les questions techniques… En tout cas, s’il était là, c’était bien pour quelque chose et si je n’arrivais pas à mettre un mot bien précis sur ce quelque chose en question, parce que c’était irréaliste et pourtant ça se concrétisait, et j’avais le cœur battant comme si c’était le plus beau jour de ma vie alors que ça ne ressemblait même pas au plus beau jour de ma vie, pffff, je ne savais plus rien… Est-ce que ça ne pouvait pas attendre la rentrée ? A la fois, je voulais en avoir le cœur net – mais être fixée ne voulait pas dire pour autant que ce soit pour de bonnes nouvelles…

En plus quand il était près de moi, je n’arrivais jamais à me raisonner, à me dire que sa vie ne me regardait pas, ne me regardait plus, qu’il faisait ce qu’il voulait : c’était pour ça que j’avais voulu couper les pont, pour réussir à m’en défaire, parce que sinon, je me demandais avec qui il trainait, s’il y avait une fille, si elle était plus belle que moi, si il allait lui confier des trucs qu’il m’avait confié, s’il allait lui confier des trucs qu’il ne m’avait pas confier, si elle allait le toucher, si lui allait la toucher, s’ils allaient vivre quelque chose de tellement fort, de plus fort que ce qu’on avait vécu tous les deux, qu’elle pourrait le connaître sur le bout des doigts, savoir s’il retombait dans ses travers, s’il avait abandonné, si c’était elle qui l’avait poussé à abandonner, et moi dans tout ça je ne pouvais rien faire, et je ne pouvais pas me dire qu’il se mettait en danger avec ses conneries, ou alors qu’il le faisait sans moi et que je ne pouvais pas avoir le contrôle sur lui, et j’étais jalouse, jalouse, jalouse, parce qu’elle avait
ma place, mais que ça ne pouvait être totalement la mienne puisque c’était Chuck qui avait choisi et en avait décidé autrement…

Mais de toute façon, je devais m’y faire n’est-ce pas ? Parce que c’était terminé ? Je savais que c’était terminé, j’avais même sorti mes robes de bal avec l’intention de les brûler, n’importe quoi pourvu qu’elles arrêtent de me rappeler ce que j’avais perdu, parce que je n’avais pas été foutu de faire les choses qu’il fallait pour le garder…

- J'crois que tu te trompes. Il y a quelque chose pour moi ici. Quelqu'un. Il y a toi.

Je sentis la nausée m’envahir pendant que la porte s’ouvrait dans mon dos. J’entendis la brosse tomber sur le sol, parce que j’avais eu un mouvement trop brusque et que mes doigts étaient bien trop tremblants pour la retenir. Lorsque je me retournais je me sentais comme prise dans un étau, parce qu’il y avait l’épaule d’Hibiscus contre laquelle je m’appuyai qui me diffusait toute sa chaleur, et devant l’effluve du parfum des vêtements de Chuck et j’avais tellement, tellement l’impression d’être en dehors de ce qui se passait, parce que ce qui passait était pour moi,
rien que pour moi, puisqu’on était dans la possession et que c’était quelque chose de trop beau, un cadeau inespéré que je n’étais pas sûre de défaire le ruban qui le retenait afin de l’ouvrir.

Je clignais plusieurs fois des paupières pour balayer le sillon de larmes qui m’empêchaient de voir l’expression de Chuck, parce que j’étais inquiète, inquiète de ce qu’il allait dire, inquiète de ce que j’allais entendre, parce qu’à cet instant-là, je sus que c’était
ce que je voulais entendre, j’avais attendu depuis des mois, que c’était pour maintenant, ni hier, ni demain, et que ça m’effrayait autant que je voulais que le supplice se termine, parce qu’après le supplice, il y avait la libération, et elle s’inséminait déjà dans les quatre murs du box. Parce que si je l’entendais, je ne pouvais laisser rien ni personne me le reprendre.

- Je sais que tu voulais plus qu'on se voit ou qu'on se parle. Mais... Si tu veux, ce sera la dernière fois. Ecoute, je ne veux pas que quelqu'un d'autre s'occupe de moi ou en trouver une autre ; c'est pas ça c'est... C'est toi que je veux, Taylord. Je sais que je m'y suis mal pris et que je t'ai pas laissé l'impression que ça me faisait quelque chose, mais c'est faux. Ça m'a toujours fait quelque chose. T'as raison... On ne peut pas être amis, c'est complètement con. J'ai besoin de toi, mais pas comme ça...

Il y avait tous
ses mots qui s’accumulaient et ça avait un côté délirant, parce qu’à la fois ils s’entassaient de ce surplus d’informations qui n’était pas Chuck normalement, ça oui il parlait beaucoup, mais justement, on me disait souvent que je ne disais pas grand-chose, mais n’était-ce pas finalement ceux qui parlaient le plus qui en disait le moins ? Parce qu’on ne leur demandait pas plus de détails que ceux qu’ils avaient déjà dit, alors ils étaient bien tranquilles et comme ça contrôlaient tout ce qu’ils voulaient qu’on sache d’eux ou pas ? Mais alors, qu’est-ce qu’il se passait, quand il y avait quelqu’un dans le lot, qui voulait en savoir les détails des détails ? Je voulais être cette personne qui sortait du panier garni dans lequel Chuck avait plongé la main, comme moi j’étais tombée sur lui quand j’avais plongé la mienne… Alors ils s’amoncelaient peut être, tous ces mots, mais parce que leur poids et leur impact était tellement fort que chacun d’entre eux était tatoué sur ma peau, dans mes muscles, sur mes os.

Heureusement d’ailleurs qu’il ne voulait pas en trouver une autre, parce que moi, je ne voulais pas en avoir un autre que lui.

Je voulus dire quelque chose, mais lorsque j’ouvris la bouche s’en suivit un enchaînement de pleurnichement, parce que mes larmes n’avaient pas cessé depuis, et avaient même redoublées. Sauf que quelques reniflements et passage des manches sur mes yeux plus tard, il avait repris :


- Je regrette toutes les conneries que j'ai pu dire ou faire, parce que tu vois, en vrai je supporte pas de te faire du mal, de te voir mal... C'est peut-être pour ça que je me suis barré en courant, parce que j'avais peur de ça. Ça me fait peur et ça me fait mal aussi, et tu me connais, je... Je sais que ça peut nous faire du mal, mais c'est encore pire maintenant, alors... Est-ce que c'est trop tard?...

Je déglutis avec difficulté parce qu’il y avait toutes les glaires qui m’obstruaient la gorge. Bah oui, il n’y avait pas un pauvre imbécile qui avait dit que de toute façon, aimer, c’était aussi avoir le souffle coupé ? Ou la vie, je ne savais plus trop, je n’étais pas trop en état de vérifier l’exactitude de ces dires de toute manière.

- Je… Je… mais à chaque fois que j’essayais d’aller plus loin, j’étais coupée par les nombreux halètements qui se succédaient et qui m’empêchaient d’aller jusqu’au bout de ma phrase. J’allais peut être sortir un nouveau tube, un mix de l’hiver un truc comme ça.

J’avais l’air trop bête, mais je ne me rendais même pas compte que j’avais l’air trop bête, que je pleurais tout ça, parce qu’il y avait tous ces sentiments bien plus puissants qui ôtait tout le superflu, cette sorte de malaise qu’on avait normalement lorsqu’on était dans des moments un peu gênants comme celui-là, parce qu’en fait, ça surpassait tellement tout le reste, ce qu’il se passait, que ça n’en devenait pas très important.


- J'peux pas me passer de toi. Je t'aime, Taylord.


La comparaison n’allait pas être très très glamour, mais ma tête explosa comme les grosses citrouilles dans lesquelles les gosses y incorporent des pétards pour les faire exploser les soirs d’Halloween pour intimider les passants et j’allais me blottir dans ses bras qui m’avaient invité à venir m’y installer parce qu’il y avait un coin tout particulier contre lequel je pouvais me caler –
parce que c'était le mien. Et que c’était un peu comme un moule où chacune de mes positions était ma place – ce qui me laissait penser qu’alors il en allait de même pour Chuck.

Il se passa un long moment ensuite, après avoir enroulé mes bras autour de sa taille, où le seul écho qui se fit dans le box fut celui de mes sanglots qui me faisait vibrer toute entière comme les trop nombreuses nuits où j’avais été dans l’attente, contre les épaules plus fines de Ruth en espérant que ce soit toujours celles de quelqu’un d’autre – et cette fois ça l’était vraiment. Le son de ma voix, quand il s’échappait pour aller cogner sur la barrière de mon palet était déformé, et si le soulagement mêlé aux papillons qui dansaient dans mon ventre pouvaient prendre n’importe quelle forme, c’était l’une d’entre elle. Je me raccrochai dans son dos, ou à l’arrière de ses épaules lorsque je sentais que j’allais tomber – à chaque seconde, le sol se dérobait sous mes pieds, et pourtant, je ne vacillais pas, parce qu’il y avait toujours Chuck pour me maintenir vers le haut. Parfois mon poing venait aller se cogner dans le creux de son épaule, de rage, de colère, avant de le ramener contre ma joue, d’embrasser là où j’avais frappé comme si à moi seule j’avais un pouvoir réparateur. Faire sortir le mal par le mal – ces puissances contre ni l’un ni l’autre, nous ne pouvions lutter.

Les soubresauts commençaient à se faire de plus en plus espacés, et je sortis ma tête de son cou, là où son odeur était la plus flagrante, cette essence même qui m’emplissaient d’énergie, même quand j’avais l’impression d’être allée jusqu’au bout de mes forces et qu’il n’y avait plus aucun jus à puiser. Mes lèvres trouvèrent ce qu’elles étaient en train de chercher sans grand mal et à partir de là, je ne lâchais plus les siennes. Elles avaient cette même saveur qu’avant mais avec cet épice en plus, qui je le savais, était devenue une véritable addiction. Je le poussai doucement pour le faire reculer, comme si comme ça, j’allais pouvoir aller chercher au plus profond de ses entrailles, et je compris qu’il s’était stoppé seulement lorsque Chuck atteint le mur qui avait juste en face. Mes mains qui s’étaient refermées sur ses vêtements allèrent alors emprisonner chaque partie de son visage, pour lui empêcher tout écart et quand je sentais qu’il essayait de reprendre de l’air, je me mettais sur la pointe des pieds pour ne pas cesser l’attache qui nous unissait et pris le dessus, décidant de quand ce baiser avait commencé, et donc de quand il y prendrait fin. Le manque de souffle bouchait les veines de mon cerveau et me faisait tourner la tête dans tout ce noir qui m’entourait, nous entourait parce que j’avais les yeux fermés, et je ne savais pas si j’étais à l’endroit ou à l’envers, mais je m’en fichais, c’était comme si on m’étranglait, et pourtant il y avait chaque battement de mon cœur qui tambourinait « encore, encore, encore »… Lorsqu’enfin je nous autorisais, après avoir quelques secondes de plus croquer sa lèvre entre mes dents un peu trop fort, à gonfler nos poumons d’un autre air que celui qu’on allait chercher au fond de l’un et de l’autre, je pris un grand bol d’air, comme si je venais d’enfin remonter à la surface de mes émotions.

Après cette interminable étreinte, où on s’était enflammé, nous consumant lentement, comme le phénix, nous pouvions enfin renaître de nos cendres –
Ensemble.

Mon sang bouillonnait toujours autant, mais il s’était remis à circuler normalement, m’aidant à avoir les idées un peu plus claires. Je repensais à ce qu’il avait dit, et m’éloignai tout juste – en restant tout près de lui, sans que nos deux corps entrent en contact.

- Tu sais, y’a des gens qui s’aiment très fort, mais qui pourront jamais être ensemble.
Est-ce que c’était nous ? Il l’avait parfaitement résumé : ça pouvait nous faire du mal, puisque ça l’avait déjà fait par le passé. Parce qu’elles se ressemblent trop. Et au lieu de se compléter, quand elles entraient en contact l’une avec l’autre, elles se détruisaient. Parce qu’elles s’aiment trop et que ça les bouffe, et que c’est comme une maladie, que c’est incurable, que… ce n’était pas une très belle vision de l’amour, d’accord. Et qu’un jour elles finissent vraiment par se faire du mal.

Je pris sa main dans la mienne. J’avais les yeux encore un peu humide, et par moments, j’avais le diaphragme qui se secouait tout seul, mais je ne pleurais plus.

- Mais ça, c’est ce qu’ils disent tous, non ? C’est parce que c’est gens-là, ils sont pas capables de se pardonner, parce qu'ils ont pas réussi. Et nous c’était ce qu’on devait faire – se pardonner. Comment on pouvait s’aimer, sans ça ? Mais nous on peut le faire… On peut leur prouver le contraire. Que c'est possible. A tous.Parce qu'on est pas comme eux. Parce qu'on est plus fort, parce qu'on tombera pas dans le piège.

Sous mon débardeur, j’avais gardé la médaille que j’avais gagnée aujourd’hui, et je la fis passer au-dessus de ma tête pour la mettre autour du cou de Chuck. Mes bras se glissèrent derrière sa nuque pour lui faire un nouveau câlin. Alors que respirais l’air qui sortait de sa bouche, je soufflai, en souriant :

- Dis-le encore.
Que tu m’aimes.

Je l’embrassai. Une fois, deux fois. Puis je remontai vers son oreille, pour que lui seul ne l’entende, parce que ce n’était que pour lui :

- D’toute façon, je t’aime encore plus Carlton.

Bien sûr qu’allait venir le temps des paroles, il y avait tant de choses à dire, tant de choses à savoir… j’avais un milliard de questions à lui poser, mais cette fois, je savais que le temps de m’était plus compté parce que j’allais obtenir mes réponses : parce que c’était les pulsations de son cœur qui résonnait dans le mien – comme dans le reste de mon corps.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeJeu 17 Jan - 0:16



There is no such thing as too much.



Son corps contre le mien c'était une évidence et j'aurais pu passer des heurs à me foutre des baffes pour ne le comprendre que maintenant. Mais j'avais quand même carrément mieux à faire et je sentis tellement tout s'envoler autour de moi quand Taylord disparut entre mes bras, je sentis comme si on me soufflait de l'air dans le cerveau, que j'avais avalé toutes les drogues du monde en un seul comprimé et que j'étais parti sur une autre planète, avec elle. Seulement elle. J'avais failli oublier cette sensation d'elle tout contre moi, comme avant, quand on partageait du temps dans notre salle secrète, j'avais presque failli oublier comment mon coeur battait comme un dingue alors que tout son corps se collait au mien comme si ils avaient été faits pour s'imbriquer, être côte à côté, comme ça. J'enfouis ma tête dans ses cheveux en y passant les doigts fiévreusement, et j'avais juste besoin de respirer son odeur, et tout allait bien. Tout allait bien... Tout d'un coup je me disais que vu comme ça ça donnait carrément d'autres perspectives, que je voulais bien me poser si c'était pour avoir ces câlins-là, et que je pouvais carrément oublier tous mes problèmes et tirer un trait sur mon semblant de famille à la con, Coop excepté évidemment, parce qu'ils ne comptaient pas, il n'y avait qu'elle, que cet instant, qui comptait. Je sentais tout mon coeur qui s'ouvrait à elle - bon ça n'était pas sans me faire chier parce que ça faisait quand même des mois que je luttais contre, mais maintenant, il était trop tard pour prendre l'avion et faire demi-tour - et je sentais aussi la place importante qu'elle prenait, parce que maintenant, j'allais avoir besoin de compter sur elle. C'était une première. Il n'y avait que Coop dans ma vie qui avait toujours tenu ce rôle-là, parce que voilà, je savais que quoi qu'il se passe, il serait là. Mais là... C'était différent. Mes doigts qui se crispaient sur Taylord la suppliaient de rester toujours là elle aussi, d'être celle sur qui je pourrais me reposer. Et inversement - elle en avait plus besoin que moi. Mais pour la première fois j'acceptais que les rôles soient partagés, et je ne me sentais pas du tout con, au contraire, mais... soulagé.

Heureusement que j'avais un but en tête et que je ne pouvais pas m'arrêter sinon je n'allais jamais arriver vivant jusqu'au bout, parce que de voir Taylord dans cet état me mettait le cerveau à l'envers. Je l'avais déjà vue, une seule fois, pleurer, non, je ne sais pas comment on appelait ça... Chialer tellement fort que ça m'avait fait peur, et voilà que des torrents de larmes coulaient sur ses joues, visiblement inarretables, alors que moi j'essayais comme je pouvais de lui dire que... Voilà quoi, que c'était mort pour qu'elle disparaisse de ma vie. Elle était dans mon sang, sous ma chair, partout, jusqu'au fin fond de mes rêves elle apparaissait, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise! Il y a un moment où on ne peut plus lutter, hein, je n'étais pas un surhomme non plus. Alors quand elle se jeta contre moi je la serrai très forte en pressant ma tête dans ses cheveux parce que je voulais disparaître dedans, et comme elle tremblait, elle sanglotait, elle gigotait et elle se débattait tout ça en même temps je n'arrivais qu'à murmurer son prénom pour essayer de la calmer. Je ne voulais pas qu'elle fasse une syncope non plus, hein. Oh, elle pouvait me donner des coups de poing, non seulement je l'avais bien mérité, mais en plus ce n'était pas dans son état qu'elle allait me faire du mal.

Petit à petit, je compris dans cette étreinte apocalyptique que je n'étais sans doute pas venu pour rien sinon elle n'aurait pas réagi comme ça... Et que j'allais sûrement avoir ce que je voulais - enfin, j'essayais aussi de m'en persuader, hein. Mais je compris que je devais y aller lentement, par contre, et même si je crevais d'envie de l'embrasser, de poser mes mains, mes lèvres, partout sur son corps, de la coucher dans la paille et de lui faire l'amour toute la vie - même si bon ça ne devait pas être très confortable - je préférais attendre son signal plutôt que de lui forcer la main parce que... Je lui devais bien ça, on va dire. Après avoir tiré mon coup et être parti comme un salaud. Oh, il n'est jamais trop tard pour se rendre compte des choses, hein. Le signal ne se fit pas trop attendre, parce qu'elle finit par lever sa tête à la recherche des mes lèvres, et j'obéis. Elle me poussa alors, s'agrippant à mes vêtements, et d'un seul coup tout le sang me monta à la tête et je sentis je ne sais pas combien de secondes ou de millénaires après le mur cogner mon dos et Taylord m'embrasser avec une vigueur que je lui rendais bien, mes mains aussi s'agrippaient à chaque partie d'elle, et je finis par ne plus pouvoir me retenir et glisser ma main dans son dos sous sa chemise, chercher le contact avec la peau de ses hanches, puis de son ventre, me battant contre son débardeur. Tous nos gestes étaient à la fois brusques et tendres, juste parce qu'on était comme deux loups affamés, et d'ailleurs comme quand on mange après avoir failli mourir de faim, si on ne fait pas attention et qu'on mange trop on peut en crever, et là, je sentais déjà l'air me manquer et mes idées se faire troubles mais putain il n'y avait que Taylord et je ne voulais qu'elle et surtout pas arrêter de l'embrasser, et je lui en fus franchement reconnaissant de ne pas avoir cédé à mon recul instinctif pour reprendre de l'air, je pouvais très bien crever ici avec elle que j'en avais rien à foutre, mon coeur tambourinait comme un dingue et mes poumons réclamaient de l'air mais ils pouvaient aller se faire foutre, et mes mains étaient brûlées au contact de son corps mais je ne pouvais pas m'empêcher de le caresser, et de la presser contre moi par la même occasion. Elle me rendait heureux, elle me rendait tellement heureux, et moi j'avais été un imbécile, mais je voulais tout oublier maintenant.

Quand elle se recula, j'avais des taches noirs qui me dansaient devant les yeux et j'inspirai une grande goulée d'air, mais j'étais prêt à recommencer direct. Elle s'écarta trop d'ailleurs, je ne la sentais plus contre moi et c'était atroce, comme si on m'avait arraché quelque chose : je poussai un grognement, agrippant sa main pour qu'au moins elle ne parte pas à l'autre bout de la pièce. Je voyais un peu flou et j'étais dans les vapes, mais je compris qu'elle allait parler...


- Tu sais, y’a des gens qui s’aiment très fort, mais qui pourront jamais être ensemble. Parce qu’elles se ressemblent trop. Parce qu’elles s’aiment trop et que ça les bouffe, et que c’est comme une maladie, que c’est incurable, que… Et qu’un jour elles finissent vraiment par se faire du mal.

Euh... Ouais... Je commençai à voir plus clairement autour de moi mais je n'étais pas trop sûr de ce qu'elle essayait de me dire. Parce que là, clairement... Elle parlait de nous. Je serrai plus fort ses doigts.

- Mais ça, c’est ce qu’ils disent tous, non ? C’est parce que c’est gens-là, ils sont pas capables de se pardonner, parce qu'ils ont pas réussi. Mais nous on peut le faire… On peut leur prouver le contraire. Que c'est possible. A tous. Parce qu'on est pas comme eux.

... Quoi? Mais donc... Elle était d'accord, elle me pardonnait? J'étais en train de flipper comme un dingue, et même si ça me rassurait qu'elle veuille qu'on surpasse tout ça, ses mots me tournaient dans la tête comme des moustiques qui ne me lâchaient plus.

- Tu me pardonnes? murmurai-je, un peu perdu. Je te jure que ça ne sera plus comme avant, je veux pas qu'on se cache, tout ça. J'ai pas envie de refaire les mêmes conneries.

Du coup, je ne la quittais pas des yeux, parce que je cherchais les signes qui pourraient m'aider à être sûr, et je la vis se couler vers moi à nouveau - ouf, je ne voulais que ça - avant de passer ses mains autour de son cou pour retirer quelque chose. Comme elle était tout prêt de moi et que j'étais plus grand, je suivis largement des yeux le chemin du ruban depuis sous son t-shirt jusque le long de son cou et je dus avaler ma salive pour ne pas perdre complètement les pédales. Je voulais être ce putain de collier et être contre sa peau, sa gorge. Elle me l'enfila et je remarquai seulement que c'était la médaille de tout à l'heure, puis elle se colla contre moi - enfin.

- Dis-le encore.

Il me fallait l'embrasser pour surmonter ça, sinon j'allais crever. Vraiment. Je la laissai faire puis je glissai sa main dans son cou en serrant un peu et en l'embrassant à mon tour, avant de poser mes lèvres sur son menton, le long de sa joue, et de descendre dans son cou et d'embrasser la peau là où elle était toute fine avant de la croquer carrément parce que je ne pouvais pas me retenir et que j'avais envie de la dévorer toute crue. Pendant ce temps-là, mes mains reprenaient la bataille contre ses vêtements et se glissaient dans son dos - je sentais ses os, tout près, sous mes doigts.

- D’toute façon, je t’aime encore plus Carlton.

C'était comme si on m'avait tiré en plein coeur, au sens propre comme au figuré. Je l'entourai de mes bras et la soulevai légèrement de terre, pour la serrer toute entière contre moi, en inspirant un grand coup, puis je la reposai, laissant quelques temps ma tête cachée dans son cou. J'en avais besoin, j'avais beau tout retourner dans ma tête, malgré tout... J'avais besoin qu'elle me rassure.

- Mais Tay, je crois que je t'aime trop, confiai-je alors, la gorge serrée. Ça me bouffait, ça me détruisait. Comme elle avait dit. Qu'est-ce que je devais faire?... Je t'ai tellement dans la peau que ça me fait mal, et que du coup je fais tout de travers. Tu vois? Je m'étais redressé pour chercher son soutien, ses lèvres, son regard. J'appuyai mon front contre le lien, englobant son visage de ma main, allant emmêler mes doigts dans ses cheveux. Je respirai un peu difficilement et franchement, heureusement que j'avais un peu de self-control, parce que j'étais à la limite de chialer, moi aussi. De mon autre main je pris la sienne, que je posai sur ma joue. Puis je la regardai droit dans les yeux. Je flippe de pas y arriver.

Je saisis ses lèvres, l'embrassant bien plus doucement et tendrement cette fois, profitant de chaque seconde, de chaque sensation.

- Mais je t'aime, et je veux être avec toi, murmurai-je. Et puis... Je souris et tentai de me sortir moi-même de là en reprenant, on ne chasse pas les bonnes vieilles habitudes, mon attitude habituelle, et je dis d'une voix plus légère en souriant d'avantage : Tu crois franchement que je vais trouver mieux ailleurs? C'est toi la plus belle, Reegan.

N'empêche que c'était vrai, et que sans plus attendre, je la pris entre mes bras et la tirai vers le côté pour l'asseoir sur des bottes de paille qu'il y avait dans le coin. Ah, déjà, ça réglait un peu notre problème de taille, et cette fois c'est moi qui la poussai contre le mur derrière elle et l'embrassai sans lui demander son reste, pendant que mes doigts déboutonnaient le reste de sa chemise et que ma main avait enroulé sa jambe autour de moi en remontant depuis son genou vers sa cuisse. Mes doigts se faisaient pressants, et franchement, j'étais complètement entrain de déconnecter et de sentir le boum-boum de mon coeur prendre le dessus, et de...

Mais un bruit résonna dans l'écurie et j'entendis quelqu'un appeler Taylord - du coup je m'écartai un peu, à regrets. Quelque chose me disait que je n'étais pas au bout de mes peines, mais j'attrapais sa main et lui déposai un dernier baiser sur la joue, comme pour m'excuser d'être un peu... incontrôlable. Mais bon. Ce n'était pas entièrement de ma faute non plus!
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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeMar 22 Jan - 22:20


Safe and Sound - Taylor Swift ft. Civil War

Just close your eyes,

The sun is going down.

You’ll be all right,

No one can hurt you now.

Come morning light,

You and I’ll be safe and sound




C’était comme un jeu de lumières – à chaque fois qu’une zone s’éclairait, c’était pour qu’une autre devienne plus floue dans ce fonctionnement sans fin jusqu’à trouver la bonne combinaison, ce qui équivalait à poser toutes les questions qui me turlupinaient et que je voulais soumettre à Chuck. A chaque fois que j’en soulevais une dans ma tête, c’était pour qu’une autre lui succède, et avec ce qu’il venait de se passer, le sang qui recommençait tout juste à circuler quoi que difficilement n’arrangeait pas les choses et tout ce que j’avais voulu savoir – que je voulais savoir – se trouvait là, en face de moi, mais je ne savais pas vraiment par où commencer, parce que le reste s’entassait pèle mêle dans mon cerveau dépassant ma pensée, allant au-delà du raisonnement.
Comme par exemple…


- Tu me pardonnes? Je te jure que ça ne sera plus comme avant, je veux pas qu'on se cache, tout ça. J'ai pas envie de refaire les mêmes conneries.

Déjà.
Tout s’était dématérialisé autour de nous et il n’y avait plus que Chuck et moi. Plus que Chuck. J’étais propulsée dans ce monde de coton, là où on se voit faire des gestes mais où ne les sent pas. Mes bras faisaient des allers retours entre mon cou et celui de Chuck mais fendaient l’air avec une telle douceur que c’était exactement comme si je les avais gardé le long du corps, alors que pourtant, pas plus tard que quelques secondes plus tard, j’étais lovée dans les siens.

Pardonner… J’étais persuadée que tant qu’on se faisait des reproches, ça ne pouvait pas fonctionner – ça ne voulait pas dire pour autant oublié ce qu’on avait déjà vécu parce que c’était quand même le noyau même qui faisait qu’on se trouvait là aujourd’hui, mais ressasser tout ce qui faisait de la peine… ça pouvait être ou dévastateur, ou au contraire avoir valeur de catharsis, même si dans notre cas à tous les deux, c’était le premier qui nous concernait directement et jusqu’à maintenant, on avait bien vu que ça ne nous avait pas fait que du bien. Le problème là, ce n’était pas Chuck, c’était moi parce que… est-ce que j’étais capable de faire ça ? J’en avais envie de toutes mes forces parce que je ne voulais pas passer à côté de tout ce qu’était en train de me dire Chuck qui avait pour moi valeur des plus beaux joyaux, qu’il en était un aussi parce qu’il s’offrait comme il ne l’avait jamais fait mais en même temps lui-même venait de soulever mes craintes : celles de lui faire confiance, mais voilà… la peur et la confiance c’est pas tellement deux trucs qui fonctionnent ensemble et je crois que c’était un peu de ça qui s’était mélangée à l’excitation qui me faisait trembler depuis tout à l’heure. Je baissai imperceptiblement les yeux avant de les relever.

- Il va falloir que tu fasses pareil.
Que tu me pardonnes. J’avais chuchoté dans son cou, alors mon souffle me revenait dans la bouche. Un jour. Quand tu veux.

Parce que je ne sais pas, même s’il s’accusait et même si je ne savais pas quoi dire de quoi exactement il était question, j’avais l’impression que nos fautes étaient plus ou moins partagés, alors finalement pour lui, pour moi… si ce n’était pas maintenant, ça pouvait être pour plus tard, parce qu’on… parce qu’on allait pouvoir prendre le temps de le faire. On l’avait ouvert cette nouvelle porte du temps, on l’avait saisi à pleines mains et on pouvait en faire ce qu’on voulait. Pour la première fois vraiment… on était les maîtres du jeu et c’était comme ça que je le percevais. C’était tout de suite qui comptait et comme ce tout de suite, c’était lui, c’était Chuck, je ne voulais pas en perdre une seule seconde.

Surtout que je ne pouvais pas focaliser mon attention partout à la fois – et sur ce qu’on disait – et sur ce qu’il était en train de faire. Mes doigts se refermèrent nerveusement là où pouvaient avoir une prise – à peine arrivais-je à organiser plus ou moins ma pensée que c’était es dents sur ma peau qui les éparpillaient alors vu comme ça, c’était quand même un peu difficile de tenir une conversation avec un semblant de sens. Je poussai un profond soupir pour faire évacuer tout ça, tout en arrivant quand même à me demander comment est-ce que j’avais fait, ne serait-ce qu’un seul instant pour imaginer que j’allais pouvoir me passer de toutes ces sensations et de Chuck aussi, parce que tout était en train de remonter à flots me retrouvant dans le même tempête d’il y a quelques mois et cette main fictive qui s’agrippait sur mon cœur à chaque fois que je me disais que tout ce qu’on avait fait quand on était ensemble était à enterrer – qu’il ne tenait qu’à moi de garder les impressions, de les imprimer dessous la peau à tout jamais. J’avais été persuadée que ça avait été le cas parce que je n’avais jamais été vraiment foutue de m’en débarrasser totalement. Preuve était que non, où alors c’était les retrouvailles qui faisaient qu’elles en étaient décuplées, surtout que c’était autant douloureux que ça faisait du bien… Et après la pluie le beau temps, puisque la mer était en train de redevenir plate progressivement, ou presque – les battements de mon cœur prenaient une forme différente quand c’était ses doigts qui rencontraient ma peau par moments et même si pas une seule fois cela ne m’effleura l’esprit de le repousser à chaque fois il y avait le signal inconscient de mon corps qui le faisait se raidir en guise de défense autant qu’il en redemandait dès que les mains de Chuck s’éloignaient un tout petit peu. Il ne savait pas ce qu’il voulait, mais moi je le savais très bien – surtout, que ça ne s’arrête pas.


- Mais Tay, je crois que je t'aime trop. Je t'ai tellement dans la peau que ça me fait mal, et que du coup je fais tout de travers. Tu vois?


Je m’essuyai les yeux, encore un peu mouillés, contre lui après avoir pris mon envol et au propre et au figuré parce qu’il n’avait suffi d’un regard de sa part pour inverser les rôles – la panique qui enveloppa soudainement l’éclat de ses yeux parce que je ne voyais plus que ça, dans la pénombre et parce que emmêlé l’un à l’autre on avait établi une connexion, m’insuffla au contraire le calme que je n’avais pas réussi à avoir jusque ici dans une égalisation parfaite pour maintenir l’équilibre de notre balance. Elle ne pouvait plus osciller désormais. C’était parce que c’était à moi de le faire, le soulager et personne d’autre et peut être qu’elles ne payaient pas de mine comme ça, mais elles étaient assez solides pour supporter tout ce qui concernait Chuck de près ou de loin – et pas besoin de magie pour ça, parce que le sentiment alchimique était largement puissant à lui seul. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, à croire que même en amour, on pouvait l’appliquer.

- Guérir le mal par le mal, c’est plutôt ton truc pourtant
, le taquinai-je, mais bon à l’entendre, c’était quand même à cause de moi, et ce n’était pas ce que je voulais. Mais tu veux pas faire en sorte que ce soit un mal pour un bien ? chuchotai-je, parce que même si c’était pour moi pour nous, je ne voulais jamais le blesser. Jamais plus.

- Je flippe de pas y arriver.

Ça nous dépassait autant l’un que l’autre et il y avait une force concentrique dont nous étions le nœud qui rendait tout abstrait mais nous forçait à agir, suivant même le principe de la transcendance – c’était comme ça que je faisais depuis tout à l’heure et m’étais d’avis que pour Chuck c’était plus ou moins la même chose, en gros on pouvait faire ce qu’on voulait de notre destin autant qu’il nous échappait, donc évidemment que oui ça avait un petit côté effrayant !

- Arrête, lui dis-je seulement tout doucement, mais avec un sourire quand même, après avoir détaché mes lèvres des siennes. Heureusement pour lui, j’étais bien déterminée à croire pour deux ! C’est pas plus compliqué que le Quidditch ou le rodéo…

Ma bouche s’étira un peu plus parce que plus il me regardait avec cet air un peu paniqué de ce que j’allais penser, plus j’avais l’impression qu’il était sur le point de me balancer une bombe et qu’il menait une double existence, qu’il ne s’appelait non pas Chuck mais Andréa, qu’il était né en Italie mais qu’il n’y avait jamais vécu, d’où son accent anglais parfait et qu’il était un infiltré de la police dans le monde de la magie, enfin un truc pour le moins improbable digne des plus grands scénarios Hollywoodiens et qu’il avait peur qu’à cause de ses mensonges, je ne l’accepte plus tel qu’il était – quoi que vu ses connaissances en la matière son imagination était tout à fait capable d’arriver jusque-là ! Non mais en fait, plus je le voyais se dépatouiller comme ça juste pour moi, plus ça le rendait encore plus mignon et peut être d’accord, j’étais émue d’assister à ses propres émotions et voulais le rassurer avec ma main que je passai régulièrement sur sa joue – d’ailleurs, ça devenait presque gênant parce je n’avais pas trop l’habitude de ces attentions-là de sa part et de cette façon. C’était que ce j’avais toujours voulu mais maintenant que je l’avais… est-ce que ce n’était pas ça qui me faisait me rendre compte que c’était un peu trop et que finalement, je ne le méritais peut être pas ?


- Mais je t'aime, et je veux être avec toi.

Mais à chaque fois que je l’entendais prononcer ces mots, le canon, chargé de confettis, à l’intérieur de moi explosai dans chacun de mes muscles…

- Et puis... Tu crois franchement que je vais trouver mieux ailleurs? C'est toi la plus belle, Reegan.


Je ne relevais pas parce que ça me mettait de nouveau mal à l’aise et à la place, je me contentai de me mordre les lèvres tout en faisant diversion et de répliquer :

- Alors maintenant, j’ai le droit de t’appeler Charles quand je veux ?


J’essayai de lui échapper tout en étouffant le rire naissant au fond de ma gorge mais il m’entraînait déjà un peu plus loin dans le box là où était toujours laissé une botte de paille quand on le nettoyait pour réclamer vengeance… même si dans le genre on avait déjà vu pire – mes mouvements se firent tout à coup beaucoup plus hachés, exactement comme ma respiration parce qu’on en était revenu à ce qu’on savait faire de mieux à savoir se faire des bisous et cette fois encore c’était comme si j’avais été détachée de mon corps parce que je ressentais tout ce qui se passait et autant j’entendais une voix que je ne connaissais pas dans ma tête qui me disait non non non pendant que je sentais l’air frais qui filtrait sous mes vêtements à l’inverse de ses mains toutes chaudes et dont les gestes étaient de plus en plus éloquents parce que je savais ce qu’il se passait, mais en même temps, je faisais tout le contraire que ce qu’était en train de me dicter ma raison comme si elle ne se sentait pas pour le moins concernée par l’incongruité de la scène ou plutôt disons que ce n’était pas vraiment le lieu et avec tout autant de ferveur je voulais pousser ses habits sans y arriver parce que je voulais tellement tout faire à la fois qu’au final… c’était plutôt l’effet contraire qui se produisait. J’emprisonnai sa taille avec mes jambes et d’essayer en même temps de le relever avec un bras pendant que l’autre maintenait le contact entre nos deux visages.

Alors évidemment, je ne m’étais pas vraiment attendue à ce que la voix qui m’appela transperce les écuries et moi aussi parce que je savais à qui elle appartenait et… et honnêtement, pendant que les pas se rapprochaient et que je tirai sur le tissu pour cacher mon ventre, je ne tenais pas spécialement à ce que Gael, palefrenier de son état et aussi le mec avec qui j’avais fricoté pendant l’été et plus si affinités nous surprenne en toute intimité – je ne partageais Chuck avec personne. Il s’arrêta devant la porte du box et Hibiscus nous cachait partiellement donc c’était un moindre mal et même si je ne pouvais pas vraiment voir l’expression de son visage, lorsqu’il annonça que le dîner avait commencé et qu’on nous attendait, le ton qu’il employa fut tellement significatif que ma réponse fut tout aussi sèche – mais de m’en vouloir la seconde d’après parce qu’il n’y était pour rien parce que je lui avais mis sous le nez le garçon dont je lui avais dit que j’étais amoureuse et donc que même si on faisait quoi que ce soit ensemble, c’était juste comme ça et rien d’autre. Sauf que le « comme ça » n’avait fait effet que sur moi..

- C’est Gael, il travaille ic
i, coupai-je Chuck avant même qu’il ne demande parce que je savais qu’il allait le faire. J’avais parlé très vite et d’une traite et même si je paraissais décontractée et que je me disais que c’était qu’une impression, cette explication ne lui suffisait pas.

J’avais toujours ma main dans la sienne et après une dernière inspection de ses cheveux que j’avais
légèrement ébouriffé je nous faisais traverser la cour, dans la nuit, parce qu’elle était tombée à présent tout en ne réalisant que maintenant qu’effectivement, après la journée que je venais d’avoir, je mourrais de faim !

C’était un truc qui m’avait toujours un peu étonné chez Robin – cette faculté qu’elle avait de comprendre ce qu’il se passait sans même y avoir assisté, alors oui Ruth avait dû lui expliquer vite fait les grandes lignes, mais elle ne fit aucun commentaire et se comporta exactement comme d’habitude, s’extasiant qu’elle était ravie du fait que « Taylord ramène des amis de l’école » et ne pris même pas en compte que je m’étais figée sur le seuil de l’immense salle à manger parce que j’étais en train de chercher une explication justement, de la présence de Chuck ici tout comme… de notre proximité évidente. Quand il n’y avait pas trop de monde qui séjournait au ranch à cause des chambres d’hôtes on mangeait tous ensemble et en plus de nous et de Gael, il y avait un jeune couple qui avait débarqué la veille parce que le mari grand fan d’équitation voulait montrer sa passion à sa femme qui était elle-même en grande discussion avec Ruth qui tentait de la rassurer en lui disant que les chevaux qu’on avait étaient très calmes et qu’aujourd’hui était un jour exceptionnel, et il y avait une dame aussi plus âgé qui venait profiter de quelques jours à l’air pur. Le repas n’était pas vraiment différent de midi à part qu’à la place des frites il y avait de la purée – que je faisais passer directement dans mon estomac pour une fois. Même là, Robin fut clémente parce que je ne manquais pas de me concentrer sur elle pendant la moitié du repas, et me ficha la paix lorsqu’elle resservie d’office Chuck en prétendant que si par contre il ne terminait pas son assiette c’était lui qui était bon pour faire la vaisselle – autant dire que si elle voulait qu’elle reste intacte, il valait mieux qu’elle s’en occupe elle-même. Le reste du temps, j’expliquais deux trois choses à Chuck sur le fonctionnement du ranch en faisant comme si de rien était mais en vrai, nous retrouver dans un environnement qui m’était cher, avec des personnes qui l’étaient également, me faisait un peu bizarre.

Aussi après avoir débarrassé j’allais lui proposer de m’attendre dans ma chambre pendant que je prenais une douche rapidement, mais et alors, première nouvelle c’était maintenant que mon oncle se décidait à l’interroger sur le baseball puisqu’il l’avait rapidement évoqué, se trouvant une passion soudaine pour ce sport parce que même s’il regardait quelques match quand il avait le temps c’est à dire presque jamais, il était bien bavard tout à coup. Bah de toute façon, Chuck ne risquait pas grand-chose et je n’avais pas à peine rejoins le haut des escaliers que je ne pensais déjà qu’à le rejoindre, comme si le savoir si loin, c’était un peu comme l’oxygène qu’il me manquait. J’attrapai rapidement mon pyjama dans ma chambre sans faire le lien immédiatement de qui était le propriétaire d’origine du tee-shirt, et me retournai en même temps que Robin fermait doucement la porte derrière elle pour nous laisser seule à seule dans la pièce et lorsqu’elle lâcha la poignée, je ne compris que trop tard que ces deux fourbes nous avaient tendu un guet-apens. Je la jaugeai du regard.

- Y’a pas un chalet de libre ? demandai-je mine de rien parce que je savais très bien qu’il y avait un chalet de libre oui et pas qu’un, mais voilà, j’avais quand même le maigre espoir que cela suffise à la faire abandonner. Manque de pot ce fut totalement l’effet opposé.

S’en suivit une longue conversation où elle m’expliqua que ce n’était pas parce que moi ou Ruth refusions de dire quoi que ce soit qu’elle n’avait pas compris depuis cet été ce qu’il se passait exactement – qu’est-ce que je détestais quand elle faisait ça, me montrer qu’elle me connaissait très bien et que ce n’était pas moi qui allait la tromper – et qu’elle était contente si ça s’arrangeait, que Chuck était cette personne qui faisait que ça s’arrange, sous entendant fortement également qu’elle était soulagée de me voir aller au-delà de la maladie et gnagnagna – oui, non mais c’est le genre de conversation un peu gênante, donc bon. Et d’enchaîner et alors pour une raison qui n’appartenait qu’à elle sur le fait qu’elle n’aimait pas beaucoup maman lorsqu’elle était entrée dans la vie de papa au début mais qu’elle ne regrettait pas de lui avoir donné sa chance, et même si elle ne l’affirma pas clairement, je n’étais pas assez con non plus pour ne pas comprendre qu’elle transposait cette histoire sur Chuck et que c’était bien que moi aussi, je lui donne sa chance. Pour conclure très théâtralement que non ce n’était même pas la peine de penser au chalet et qu’il y avait la chambre d’amis pour ça. Chalet, chambre d’amis… ça me convenait très bien et j’acceptais sans chipoter – je n’avais pas passé le seuil qu’elle précisait que c’était Chuck et lui seul qui dormait dans ce lit.
Non mais est-ce qu’il n’y avait que moi qui n’étais pas bornée dans cette famille ?!

S’en suivit un long marchandage pendant lequel je menaçais puisque c’était comme ça de prendre un cheval pour qu’on parte dormir en pleine nature parce qu’elle n’avait pas le droit de faire ça que j’étais assez grande maintenant pour faire ce que je voulais – mais alors la majorité sorcière elle n’en avait rien à foutre et c’est même elle qui s’exclama que ce n’était bien que quand ça m’arrangeait que je disais ça, non mais qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre !! – avant d’enfin trouver un arrangement et de déplacer l’ancien matelas de la chambre d’amis justement pour le mettre dans ma chambre mais avec l’obligation de faire couchette séparée. Après ça, je filai dans la salle de bain avant qu’elle ne change d’avis en maugréant pour la forme à cause de la dernière remarque qu’elle avait fait avant de sortir elle aussi « Pourquoi tu veux aller trop vite comme si le temps t’étais compté alors qu’il ne va pas s’en aller ? ». Tu peux prendre le temps de prendre soin de lui et donc de vous deux en même temps, bref autant s’épargner les détails. Du coup il m’apparaissait encore plus nécessaire de prendre une douche éclaire sans être vraiment rassurée maintenant que je savais pourquoi Jarod tenait tant à parler « baseball ». Lorsque je regagnais la chambre cependant, les cheveux trempés, dégoulinant derrière moi, ils avaient apparemment déjà monté le matelas tous les deux, au pied de mon lit où Chuck m’attendait sagement et… la voix au milieu de ce contexte, parce que c’était
ma chambre, ma bulle, mon moi… me fit un effet tout drôle, comme si le simple fait qu’il se retrouve ici lui permette de lire en moi comme dans un livre ouvert, et comme si lui, tout à coup et en quelques sorte… faisait partie intégrante et pour de bon de mon univers, parce que c’était mon cocon, mon jardin secret et aussi là où je me sentais en sécurité lorsque dehors n’était qu’un vaste capharnaüm. J’étais donc beaucoup plus fragile que je ne l’aurais dû tout à coup, d’autant qu’il y avait des objets qui concernaient Chuck et je fis exprès de poser les vêtements que j’avais retiré sur la pile que je devais initialement lui rendre – mais heu du coup, je n’étais plus obligée ? - pour la cacher, sachant que ça ne servait à rien, parce que de là où il se trouvait il avait sûrement dû la voir…

- Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
l’interrogeai-je sans détour et un peu méfiante, parce qu’il avait sûrement eu le même régime de faveur que le mien. Entre temps, j’étais revenue près de lui, en entourant mes bras autour de son cou, et comme il était assis et moi debout, je devais un peu pencher la tête parce que j’étais plus grande.

Je déposai un baiser sur ses lèvres ne réalisant pas encore très bien qu’il était tout en chair et bien présent
ici, mais surtout, que je n’arrivais plus à l’imaginer nulle part ailleurs qu’ici. Que finalement, les paroles de Robin qui m’avait contrarié n’étaient rien, et que de juste qu’on se dévisage comme ça comme on était en train de le faire, ça me donnait envie de sourire, c’était Chuck qui me donnait envie de sourire, et de lui, je ne pouvais pas m’en passer.

- Je veux te montrer quelque chose
, en disant ça je pressai sa taille pour l’inciter à se lever, attrapai au passage le paquet de cigarettes dans le tiroir de la table de nuit et le laissai s’installer sur le rebord de la fenêtre lui-même légèrement rembourré par un petit matelas en mousse et où on pouvait s’appuyer contre le pan de mur avec des coussins.

J’ouvris la vitre même s’il ne faisait pas très chaud pour laisser découvrir le paysage et allumai une clope sur laquelle je tirai deux fois avant de la lui passer pour m’installer contre lui, dans ses bras, mon dos contre son torse, ma joue contre la sienne.

- Si tu te mets comme ça, on peut voir la voie lactée
, je pris son poignet pour qu’il se penche un peu et de l’autre main pointait la longue traîne qui se dessinait dans le ciel grâce à des milliers de points lumineux.

Sortant la tête à l’extérieur et me retenant à son bras, je cambrai le dos, tête tournée vers l’épais voile marine, parsemés d’étincelles, mettant une minute ou deux à trouver ce que je cherchais.

- Tiens tu as vu la grosse étoile là ? Si tu fais comme ça
, je fis un rectangle dans l’air, et après que tu suis les étoiles comme ça, je fis une légère courbe jusqu’à montrer une autre étoile plus imposante, tu peux voir la grande ourse. C’est plus facile de la voir ici parce qu’il n’y a pas les lumières de la ville !

J’avais toujours aimé la nuit pour ça, et ses infinies combinaisons, qui faisait écho à l’immensité du ciel, là où il n’y avait aucune barrière, aucune limite et finalement, c’était où il y avait le plus d’espace que je me sentais le mieux et c’était dans le ciel… que se trouvait le plus vaste terrain de jeu.

Je lui pris la cigarette de nouveau des mains, me mettant en face de lui dans une position que j’aimais bien parce qu’elle était confortable c’est-à-dire la jambe repliée sous l’autre cuisse.

- J'peux t’expliquer plus en détails, si t’as envie…
l’instant d’après, j’étais déjà venue me pelotonner quémandant un baiser qui ne se fait pas attendre. J’écrasai le reste du mégot rapidement tandis que le froid pénétrait dans la pièce parce que la fenêtre était toujours ouverte mais nous avions bien besoin de ça parce que déjà, toute sa chaleur réchauffait mon cœur.

J’embrassai plusieurs fois ses lèvres tout en me disant que je devais prendre en considération ce qu’avait dit Robin tout à l’heure – mais ma main à sa nuque préféra en décider autrement se moquant bien des règles établies, comme une démangeaison qui ne pouvait être apaisée qu’en la glissant du haut de son dos pour plonger vers le bas, entre ses fringues et sa peau, reprenant là où nous étions restés, avant d’être interrompus dans les écuries…
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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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A thousand miles - Taylord Empty
MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeVen 25 Jan - 17:30

Spoiler:



I'd catch a grenade for you
Throw my hand on a blade for you
I'd jump in front of a train for you
You know I'd do anything for you

I would go through all this pain
Take a bullet straight through my brain
Yes, I would die for you, baby




- Il va falloir que tu fasses pareil. Que tu me pardonnes. Un jour. Quand tu veux.

Mais dites moi, elle avait fumé la paille de son cheval ou quoi? Non parce que je voulais bien que les torts soient partagés et qu'elle reconnaisse que son caractère de gorille en colère n'arrangeait rien parfois, mais bon, je n'étais quand même pas d'assez mauvaise foi (aujourd'hui en tout cas) pour prétendre que c'était à moi de lui pardonner... En tout cas moi je m'en foutais de tout ce qui s'était passé, et bien sûr que je lui pardonnais sans attendre, enfin, d'ailleurs non, puisqu'il n'y avait rien à pardonner! Je ne voulais pas qu'elle s'en veuille et qu'elle se mette ça comme poids en plus sur les épaules, parce que vu sa réaction et tout ce qui s'était passé cette année, je savais qu'il fallait qu'elle se relève de toute cette merde, et j'étais bien décidé à lui faciliter la tâche. Putain, ça me donnait des frissons d'y repenser, c'était tellement une autre Taylord que j'avais serrée dans mes bras ce soir-là dans les chiottes alors qu'elle était toute mal en point, et tellement une autre Taylord aussi que j'avais tannée pour être ma pote. Je comprenais mieux maintenant pourquoi ça n'avait pas marché, pour elle comme pour moi, il est jamais trop tard, hein? Mais aujourd'hui, sur son canasson, avec ses petites larmes au coin des yeux, et avec ses baisers enflammés qui me coupait le sifflait, c'était bien cette bonne vieille Taylord avec qui j'avais passé tout mon temps depuis le début de Poudlard et... Que je voulais rien que pour moi. D'ailleurs c'était drôle, je me retrouvais chez elle, comme ça, je percutais juste maintenant, après tout ce temps. C'était un peu une étape en plus, non? Rien que d'imaginer le fait qu'elle vienne chez moi, comment dire : j'avais l'impression que c'était une énorme étape étant donné ce qu'elle allait y découvrir. J'avais assez honte comme ça donc je n'étais pas trop pressé que ça arrive, hein, chaque chose en son temps. Pour l'instant j'avais carrément mieux à faire et de toute façon mes abrutis de parents ne comptaient tellement pas alors que Taylord contre moi... Elle me mettait carrément en feu et que son goût et son odeur me suffisaient largement. J'avais presque oublié qu'elle paraissait si fragile entre mes bras.

J'avais presque oublié aussi que quand elle me touchait ou elle m'embrassait il se passait un truc de fou, que je ne contrôlais tellement pas, et que c'était le cas depuis le début... Enfin, depuis le début où on était sortis ensemble, parce que la première fois que je l'avais embrassée, vu la tarte qu'elle m'avait balancée, j'avais pas trop eu le temps de prendre mon pied, on va dire. Mais je n'oubliais pas - oooh non je n'oubliais pas, si elle savait comme elle hantait mes nuits, elle rougirait en voyant ce qu'elle y faisait d'ailleurs, je pariais - notre première fois ensemble dans la salle sur demande, et laissez moi vous dire que là c'était carrément une explosion atomique, pas du feu, qui m'avait envahi. Bon, mais non. Il ne fallait pas que j'y pense maintenant, parce que sinon...


- Mais j'ai rien à te pardonner, à part le fait que tu m'as dit que je finirai tout seul comme un con, mais je crois que toi même tu peux reconnaître que tu t'es trompée, non? dis-je en plaisantant à moitié - oui parce que cette dispute sur le pont, vu les saloperies qu'on s'était dites, il fallait mieux en rire qu'en pleurer, hein.

Je lui avais relevé le menton pour qu'elle me regarde bien dans les yeux et je lui fis un petit sourire - elle était tellement belle que je me demandais par quel mystère j'avais pu lui résister aussi longtemps - et je caressai sa joue de mes doigts, passant mon pouce sur le petit grain de beauté au milieu de sa joue, presque symétrique à celui de l'autre joue d'ailleurs.

N'empêche que je faisais un peu le mec mais je ne m'en menais pas large, et mine de rien, je ressentais trop de trucs pour son si petit corps et... Bien sûr que ça me faisait flipper, et d'ailleurs, c'était bien le problème depuis le début. Ca me faisait pas spécialement plaisir de me dire que j'avais été lâche sur ce coup-là, mais c'était un peu le cas, et comme souvent les réflexions bien placées mine de rien de Coop me revinrent à l'esprit. Pourquoi - non mais il fallait m'expliquer - pourquoi ce nimbus avait presque toujours en ce qui me concernait, et surtout en ce qui concernait ce que je ne disais pas? Ma seule consolation c'était que ça marchait dans le sens inverse et que je le connaissais assez pour savoir parfois ce qu'il ne disait pas, mais merde quoi. Il n'avait qu'à me le dire pour Taylord, je sais pas. Enfin, je ne l'aurais sûrement pas écouté, mais bon... La preuve, je n'avais pas écouté Haley quand elle m'en avait parlé l'été dernier, mais bon, elle avait pas insisté non plus. Et Katie, tiens, quand j'y repensais. Bon... Bon, merde, hein. Je préférais l'avoir compris tout seul, en un sens. Mais n'empêche que tout ça c'était pas rien et que je le savais parfaitement : si je commençais à être avec Taylord, vraiment, ça allait être autre chose que oh tiens soyons copains et faisons nos devoirs ensemble, je savais déjà que j'allais vouloir passer mon temps avec elle, à l'embrasser, partout, à l'écouter, à lui parler, à m'amuser avec elle et à lui faire payer tout ce qu'elle m'avait fait genre me mettre des oeufs dans les cheveux et tout ça - et que je n'allais plus pouvoir me passer d'elle. Il y avait qu'à voir cet été, d'accord j'avais la culpabilité en plus, mais même... Je la voulais pour moi tout seul. Et ça, c'était bien trop dangereux... Je le savais très bien. Et elle le savait très bien aussi.


- Guérir le mal par le mal, c’est plutôt ton truc pourtant. Mais tu veux pas faire en sorte que ce soit un mal pour un bien ?

Je haussai les épaules, la tête toujours enfouie dans son cou, avant de coller ma joue contre la sienne et de la sentir attirer mon visage vers le sien pour l'embrasser. J'étais toujours au bord de l'explosion et de l'apoplexie, mais bon, il allait falloir que je finisse par m'y habituer.

- Arrête. C’est pas plus compliqué que le Quidditch ou le rodéo…

- Si. Je la serrai plus contre moi, glissant mes doigts dans ses cheveux. J'avais envie de lui dire, mais je ne savais pas comment... Lui dire que je savais que je pouvais faire n'importe quoi pour elle maintenant, et qu'il y avait quelque chose de trop fort au fond de moi, que je ressentais pour elle, et que ça allait me rendre heureux autant que ça allait me bouffer. Pour commencer, je vais devoir me retenir de buter tous les mecs qui t'approchent, et à Poudlard, ça va pas être facile, décidai-je de dire, m'en sortant avec une pirouette pour ne pas déroger à la règle.

Elle croyait que j'avais oublié son petit pote de sixième ou septième année là, qui lui bavait dessus? Eh bien non. Bon. Il ne fallait mieux pas y penser. Surtout que si j'allais par là... Si j'allais par là moi aussi j'avais de quoi, entre la nana de Gryffondor, Annalisa... Ruby... Oh chier, Ruby, elle était pote avec Taylord ; oh double chier, le pire était Haley, en plus la meuf de Scott lui même pote de Taylord et son chevalier servant par la même occasion... Bon. En clair : si elle me parlait de ça, j'étais un peu dans la merde.


- Alors maintenant, j’ai le droit de t’appeler Charles quand je veux ?

Gnagnagna. Pour toute réponse, vu que j'avais ma main dans ses cheveux, je lui emmêlai un bon coup avant de la coincer sous mon bras - non mais elle ne croyait pas pouvoir me résister - et d'aller la caler sur un bloc de paille histoire de pouvoir faire ce que je voulais.

- Me fais pas regretter d'être venu, sale troll, dis-je avant de la coincer contre moi et de l'embrasser avec autorité, et je crois que personne au monde ne pouvait douter du fait que jamais j'aurais pu regretter d'être ici.

Elle ne pouvait pas savoir les vraies raisons de pourquoi je ne pouvais pas saquer mon prénom pour la bonne raison que je ne lui avais jamais dit, donc bon, je ne pouvais lui en vouloir au fond, parce que je savais qu'elle faisait juste ça pour me taquiner. Et puis de toute façon je n'avais pas envie de lui dire comme ça parce qu'elle allait peut-être s'en vouloir, alors que c'était con, c'était pas de sa faute si ma mère était une connasse qui avait décidé de me pourrir la vie, et d'ailleurs, je crois que je ne savais même pas si je détestais mon prénom parce qu'elle ne m'appelait que comme ça ou bien si elle ne m'appelait que comme ça parce que je détestais mon prénom, un peu des deux j'imagine, puisque de toute façon nous deux on passait notre temps à se voler dans les plumes. Ça n'avait jamais été autrement, et parfois je me demandais, vu que je pouvais pas m'en souvenir, comment ça s'était passé quand au début il n'y avait que moi et que Coop n'était pas né. Mais bon. Même à Angie, je ne lui avais jamais demandé, parce que je préférais qu'elle se fasse plus de soucis qu'elle s'en faisait déjà pour Coop et moi.

Allez savoir pourquoi, déjà le fait que la personne nous interrompe en (presque) pleine action me dérangea fortement, mais en plus quand je vis sa gueule de pas content, je compris que définitivement il y avait anguille sous roche. Il avait l'air d'avoir avalé un balai en nous découvrant dans le box, ce type habillé lui aussi comme un cow-boy, et je lui jetai un regard particulièrement froid, du genre merci mec d'avoir débarqué au bon endroit, et si tu pouvais baisser les yeux et regarder ailleurs que Taylord avec cette tronche d'ahuri, ça m'éviterait de t'en mettre une, à bon entendeur.


- C’est Gael, il travaille ici.

- Mouais,
grognai-je, parce que j'étais en train de me demander en quoi ça consistait vraiment son travail ici. A mater la nièce de ses proprios?! Bon.

On alla donc dîner avec les autres, et c'était un peu comme dans les films de cow-boy, tout le monde était autour de la grande tablée, avec des chemises et des vestes de cow-boy, des jeans, et parlait de chevaux et de bétails et rigolait fort. Je me sentis à l'aise tout de suite - bon au milieu des autres j'étais jamais vraiment mal à l'aise mais bon quand même, le fait que ce soit la famille de Taylord me mettait un peu la pression, mais ça passa comme une lettre à la poste. La tante était sympa, bon la cousine tirait un peu toujours la tronche mais j'évitais de trop lui voler dans les plumes parce qu'elle m'énervait et que ça va sa cousine je n'allais pas la manger toute crue non plus, et l'oncle était vraiment cool, tout comme les autres mecs. Par contre Gael là, si vous voulez mon avis, il était con comme la lune, mais bon. Taylord se mit à m'expliquer le fonctionnement du machin et en fait ils ne s'occupaient pas seulement que des poneys mais aussi de troupeaux de bêtes et tout et finalement c'était plus cool que je l'avais imaginé, et la bouffe était bonne en plus, je ne me fis pas prier pour en reprendre, parce que non seulement j'avais pas vraiment mangé à ma faim ces deux derniers jours, mais en plus je sentais la fatigue arriver à grands pas et je savais qu'il me fallait du carburant. Vers la fin, l'oncle se mit à me parler baseball, et là il ne fallait pas m'en promettre, donc on partit dans une discussion endiablée, comparant les équipes et tout, c'était bien cool.

Sauf qu'à la fin du repas, quand Tay me dit de la rejoindre après sa douche - non mais même dans sa douche je voulais bien la rejoindre moi hein - je vis le truc arriver gros comme une maison : la tante monter derrière elle, et l'oncle me proposer une petite ballade dehors. Ouais ouais, c'est ça, une petite ballade. Histoire de planifier ma mise à mort, non? Je le suivis sans broncher en me disant que j'allais me faire remonter les bretelles, et dehors, je sortis une clope, tant pis si ça le choquait hein, mais après un aussi bon repas ça faisait toujours servir. En fait, Jarod était plutôt... subtil, et il me raconta l'histoire de la mère de Taylord, comment au début elle n'avait pas été bien acceptée parce qu'elle venait d'un milieu de bourges et tout, et que la famille était méfiante, mais finalement elle avait prouvé qu'elle n'était pas une mauvaise personne et qu'elle convenait tout à fait au père de Taylord. Oui oui oui. Jolie manière détournée de me faire comprendre que si je m'y prenais - encore - comme un gros salaud j'allais me faire dégager fissa, et j'écoutai son histoire s'en broncher, avant de lui dire en quelques mots que mec - non je ne lui avais pas dit mec mais bon voilà c'était l'idée - ta nièce je l'aime et je sais que j'ai fait de la merde donc cette fois je vais essayer de lui rendre la vie plus heureuse. C'était pas forcément évident à dire surtout à un gars que je connaissais pas, mais je crois qu'il comprit que je ne blaguais pas, et il me dit deux trois trucs sympa avant de me mettre la main sur l'épaule et de me ramener à la maison.

Une bonne chose de faite, si vous voulez mon avis, parce que ça aurait pu se passer bien plus mal, mais en un sens... Je le comprenais. Je veux dire, à sa place... J'aurais décapité le gars qui aurait fait ça à ma fille, ma nièce, ou ma cousine, tiens, même. Heureusement qu'il ne savait pas tout.

Après ça, je montai dans la chambre de Taylord - je ne vous raconte pas le regard assassin de Ruth - et comme elle était pas encore sortie de la douche je fis le tour de sa chambre - des poneys partout, évidemment, mais aussi... Des photos de bal que je connaissais bien, et... Pardon?! Des habits que je connaissais bien, oui! Ah mais c'était pour ça que je le retrouvais plus ce sweat, et ce t-shirt aussi! Ah, la petite voleuse. Bref, sinon sa chambre était cool, spacieuse et tout, et je m'affalai sur le matelas par terre, en me rendant compte alors combien j'étais explosé. Elle ne tarda pas à arriver et j'entourai sa taille de mes bras quand elle vint m'embrasser.


- Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

- Hmm, des tas de trucs très gentils pour me faire comprendre calmement qu'il était prêt à m'étriper si je te refaisais du mal, je pense, expliquai-je à moitié en rigolant. J'hésitai puis ajoutai plus doucement : Il m'a parlé de comment tes parents s'étaient rencontrés et d'où venait ta mère.

Je pris sa main et elle se pencha vers moi pour m'embrasser et elle sentait bon le savon et ses lèvres étaient toutes douces. Je voulais les embrasser encore et encore et je voulus l'attirer sur mes genoux pour pouvoir l'embrasser comme je le voulais, mais ce fut elle qui me tira vers le haut.


- Je veux te montrer quelque chose, fit-elle en me faisant asseoir près de la fenêtre.

C'était comme dans les séries américaines, l'espèce de rebord devant la fenêtre avec des coussins, et je devais avouer qu'on était pas mal et que la vue était sympa - encore plus avec une petite clope et surtout Taylord installée tout contre moi. Son dos contre mon torse me tenait chaud et je sentais mon coeur résonner contre elle, tandis qu'elle appuyait sa joue contre la mienne. Je respirai l'odeur de ses cheveux et attrapai sa clope, en me demandant si j'allais un jour pouvoir bouger de cette position.

- Si tu te mets comme ça, on peut voir la voie lactée. Elle me montrait et se contorsionnait pour qu'on voit bien, mais je dois bien avouer que je me laissais plus faire qu'autre chose parce qu'entre nous les étoiles c'était bien mignon mais je préférais largement la personne que j'avais entre les bras. Tiens tu as vu la grosse étoile là ? Si tu fais comme ça, tu peux voir la grande ourse. C’est plus facile de la voir ici parce qu’il n’y a pas les lumières de la ville !

Je souris et embrassai sa joue, sa tempe - ça me faisait plaisir de la voir si... joyeuse, je ne l'avais pas vue comme ça depuis bien longtemps, et si je faisais genre que je m'intéressais pour ne pas la vexer, je pense qu'elle captait sans trop de mal que je la regardais plus elle que les étoiles...

- J'peux t’expliquer plus en détails, si t’as envie…

Elle reprit la cigarette et le geste qu'elle fit en portant la clope à sa bouche m'irradia tout entier - c'était trop sensuel et moi aussi je voulais être la fumée qui entrait dans sa bouche et sortait de ses lèvres et...

Pas besoin d'expliquer que je voulais d'autres genres de détails : elle s'était déjà penchée vers moi et j'attrapai sa bouche comme si j'étais un camé en manque avant d'emprisonner sa nuque dans ma main et d'agripper sa taille de mon autre bras, respirant très fort, l'embrassant sans reprendre mon souffle. Je sentis ses mains courir dans mon dos et sous ma peau... Oh putain, j'allais crever ; la mienne remonta de sa taille sous son haut et mes doigts se crispèrent sur sa peau nue, mais pas que mes doigts d'ailleurs. Elle me retournait le cerveau à m'embrasser avec autant de passion et quand ses mains glissèrent dans le bas de mon dos je sentis une avalanche de frissons s'emparer de moi et quelque chose me mordre dans mes entrailles : si elle ne voulait pas qu'on aille trop vite, pardon, et franchement ça me faisait chier, mais il fallait un peu ralentir tout ça.


- Attends, gémis-je après un soupir. Je repoussai doucement ses mains en les prenant entre les miennes. Si tu continues, je vais vraiment avoir du mal à ne pas te manger toute crue, dis-je avec un petit sourire d'excuse. Non parce qu'elle me parlait d'étoiles, mais je pouvais lui en faire voir moi aussi...

Je savais bien qu'elle n'était pas prête à ce qu'on remette ça tout de suite, donc bon, autant ne pas attiser le feu, hein, c'était assez compliqué comme ça. Du coup, je me dis qu'il était peut-être temps qu'on se mette au lit - j'avais tellement peu dormi que ça n'allait pas me faire du mal. Je partis à mon tour prendre une bonne douche - froide, il le fallait bien - et bon, c'était pas fait exprès mais j'avais pas pris de pyjama par manque de place donc j'allais dormir en caleçon hein. De retour dans la chambre je demandai juste à Taylord de pouvoir passer un coup de fil à Coop histoire de lui dire que j'étais bien chez elle, et évidemment je tombais sur ma si charmante mère qui jugea bon de me dire que je faisais chier d'appeler alors qu'elle était en train de regarder sa série, ce à quoi je lui dis que j'en avais rien à foutre de sa vie - devant Taylord, et ça me gêna un peu mais bon - avant d'expliquer rapidos à Coop que tout allait bien. Il insista un peu pour savoir comment allait Taylord et si elle était contente et si je lui avais bien dit les choses et tout, mais bon. Il était mignon quand même de s'inquiéter, et il me raconta que les Tennant allaient passer le lendemain à la maison, et voilà. Après ça, j'embrassai Taylord une nouvelle fois avec un peu de distance parce qu'on était en pyjama et que voilà, on avait quand même moins d'habits, puis je me mis au lit dans ce satané matelas de merde en espérant fortement qu'elle allait me dire "mais non Chuck voyons ceci est une couverture pour faire plaisir à ma tante, viens donc dans mon lit" parce que je ne voulais pas manquer de respect à Robin mais je n'avais pas traversé un océan et mal dormi dans un putain d'avion pour dormir dans un foutu matelas TOUT SEUL. Comme il y avait du bruit dans le couloir je ne dis rien sur le coup, attendant que les autres soient couchés, mais alors si elle croyait que j'allais m'en tenir à un simple bonne nuit elle pouvait toujours rêver et...

Et elle me rejoignit en douce, la petite maline, quand la lumière s'éteignit dehors, et je me décalai pour qu'elle se glisse contre moi, ramenant la couverture autour de nous, et glissant mes bras autour d'elle. Mon front était tout contre le sien et dans la pénombre je voyais ses yeux rivés dans les miens, tandis que ses pieds s'enroulaient autour de mes jambes. Je l'embrassai doucement mais lentement en sentant mon coeur se mettre à battre, à battre, à battre, puis je nous laissai reprendre notre souffle avant de caresser ses cheveux puis son visage.


- Ça m'avait manqué, tout ça, murmurai-je en la dévorant du regard. Ma main ne demandait qu'à courir partout sur son corps à moitié nu, le long de ses jambes, tout ça, mais j'essayai tant bien que mal de me retenir. Tu veux que je ferme la porte à clef? demandai-je subitement, en me demandant si ma baguette n'était pas trop loin, des fois que la tante rentre et nous jette des seaux d'eau glacée en nous voyant comme ça.

Mon pouce dessina plusieurs fois ses lèvres que j'avais envie de croquer. J'avais envie de lui dire plein de choses, mais je ne savais pas par quoi commencer.


- Qu'est-ce qui s'est passé vraiment, depuis cet été? Tu pensais que je ne voulais plus de toi... Pour de bon? C'était peut-être pas très délicat, mais j'avais envie qu'elle aussi elle me dise plein de choses, et même si on avait plein de temps devant nous et que j'étais complètement fracassé par le décalage horaire, je ne voulais pas perdre une seule seconde et lui parler et l'embrasser toute la nuit.

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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



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A thousand miles - Taylord Empty
MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeLun 28 Jan - 19:47

♪ We Found Love ♫

It's like you screaming and no one can hear
You almost feel ashamed that someone could be that important
And without him you feel like nothing!!
No one will never understand how much it hurts
You feel hopeless but nothing can save you.
And when it's over and it's gone,
You almost wish that you could have all that bad stuff back so you can have the good



Plus j’y pensais, plus je me disais que c’était bizarre finalement qu’ils n’aient rien dit jusqu’à maintenant. La maison avait beau un peu prendre l’apparence d’un moulin parfois parce que des gens venaient taper à la porte après la nuit tombée parce qu’ils s’étaient paumés, qu’ils cherchaient un endroit où passer la nuit et qu’ils avaient vu les écriteaux menant au ranch, Robin et Jarod n’étaient pas du genre non plus à laisser rentrer n’importe qui sous leur propre toit qu’ils ne connaissaient ni d’Eve ni d’Adam surtout que jusqu’à maintenant, je m’étais bien gardée de leur parler de Chuck ou même de mes amis de Poudlard en général – il y avait bien Lilian qu’ils connaissaient parce qu’elle était venue, mais et encore, ce n’était pas pareil puisque ça avait été prévu à l’avance. Là c’était de l’improviste, du free style complet et même s’ils avaient été assez futés pour comprendre la situation et rebondir au pied levé, ils aimaient bien me rappeler ce que j’avais un peu tendance à oublier : que même si je pouvais considérer cet endroit comme étant ma maison, de toute façon, c’était ma maison puisque c’était la seule que j’avais, Je ne pouvais pas faire ce que je voulais, donc ramener qui je voulais sans au moins les en informer avant.
Mais oui, mais oui.

Je savais très bien que jamais de la vie Robin allait fermer sa porte à quelqu’un même si elle ne le connaissait pas, parce qu’elle était comme ça, toujours à se soucier des autres – non, c’est vraiment très chiant – donc ils pouvaient tous les deux raconter ce qu’ils voulaient, ils ne trompaient personne.


- Hmm, des tas de trucs très gentils pour me faire comprendre calmement qu'il était prêt à m'étriper si je te refaisais du mal, je pense.

- J’aime bien être le centre d’attention, dis-je sur le même ton avant de lui piquer un petit baiser sur la bouche, et même si c’était vrai où l’avait été il y avait bien longtemps, j’avais un certain malaise vis-à-vis de ça, parce que Chuck, Ruth, mon oncle ma tante, tout le monde avait l’air d’en faire un montagne, et tout à coup, ça me gênait un peu trop parce que je me disais que c’était peut-être parce que c’était moi qui en avait fait une montagne pour pas grand-chose que du coup, ils faisaient pareil.

Evidemment que ça m’avait blessé, mais…


- Il m'a parlé de comment tes parents s'étaient rencontrés et d'où venait ta mère.

- Ouais, ça…

Et en plus de ça, ils s’étaient passé le mot ! Non mais je ne voyais pas le rapport ! J’entrelaçai nos doigts, le regard un peu baissé et l’aidais à se relever entre deux bisous pour qu’on se cale à la fenêtre, et dehors, même s’il faisait nuit, on voyait une partie des écuries, un bout de carrière et en sortant la tête dehors, le domaine qui s’étendait loin, loin, loin… C’était clair que ce paysage ne devait rien à voir avec mes idiots de grands-parents qui eux, je les voyais bien dans un genre de grand appart dans une grande ville, New York pourquoi pas de toute façon, je savais même pas où ils vivaient et je n’en avais rien à foutre. J’imaginais tout ça parce que ça faisait… depuis ce jour-là que je ne les avais pas vus, et je ne parlais pas d’eux parce que je n’y pensais jamais, parce que pour moi on avait rien à voir ensemble, c’est tout. De toute façon, c’était pas pour le peu de fois que j’avais dû les voir que… Je regardais la fumée de la cigarette sortir de ma bouche pour aller s’évaporer dans l’air.

- Si tu savais, j’ai des tenues de soirées qui feraient pâlir les penderies de certaines à Poudlard ! rigolai-je, déjà pour me moquer de ce milieu à la con dont je me sentais totalement étrangère, parce que nos parent ne nous avaient jamais élevés comme ça, et aussi parce que ce n’était pas vrai et qu’on savait tous que les fanfreluches et tout ça, même si quand même je m’étais améliorée… c’était pas trop ça.

Cette histoire je pouvais la raconter avec la même intonation que prenait papa parce qu’il aimait bien taquiner maman à ce sujet bien qu’il veille toujours à ce qu’elle ne soit pas trop dans les parages lorsqu’il nous racontait comment elle et ses beaux-parents avaient débarqué au ranch parce qu’ils cherchaient une pension pour le cheval de ma mère pour quelques jours parce qu’il y avait un concours dans le coin justement et qu’il était bien entendu impensable qu’un animal de sang comme celui-ci séjourne dans une de ces petites stalles de fortune en métal qu’on montait dans les centres équestres pour héberger tous les chevaux parce qu’il n’y avait pas assez de box ! Le tout avec la voix de la vieille harpie la cinquantaine approchant et vêtue comme si elle se rendait à un cocktail. Enfin, c’était comme ça qu’ils s’étaient vus la première fois, mais de première fois il y en avait eu plusieurs et ensuite… ses parents à elle n’avaient jamais accepté et s’ils se voyaient de temps en temps encore quand April était née et moi aussi, maman avait fini par rompre définitivement les liens le jour où c’était Lui qui avait affirmé qu’on ne serait de toute manière rien d’autre que de la mauvaise graine quand on a un père pour cow-boys.
Des cons quoi.

La seule fois où je les avais revu depuis c’était pour l’enterrement où ils s’étaient forcés à se montrer compatissants – je savais très bien qui était la seule personne qui allait leur manquer et encore ils n’avaient jamais vraiment beaucoup dû l’aimer pour être enfermé dans leurs préjugés et leur argent qu’ils claquaient dans des conneries en pensant que ça allait les rendre importants. Au moins ça avait été vite vu parce que jamais de la vie même pour les vacances je ne serais allée vivre chez eux !

- C’est d’elle que je tiens… tout ça, je montrais de l’autre côté de la chambre les médailles que j’avais gagné étant petite, et qu’on avait remonté de la cave parce que ça faisait partie des cartons qu’on avait laissé et qui n’étaient jamais partie dans le déménagement à Gravesend. Elle nous avait appris cette façon de monter qu’elle avait longtemps pratiqué elle aussi en nous répétant toujours que c’était la passion de toute façon qui était importante et qu’on se fichait du reste. Enfin pour mes grands-parents, ça change, j’suis une bâtarde, ils m’auraient jamais voulu chez eux ! ironisai-je parce que je me foutais clairement de leur gueule et que tout ça ne m’atteignait pas parce que j’en avais rien à faire de leur jugement hâtif et sans fondement !

Donc je n’avais pas envie de m’étendre plus longtemps sur leur cas parce qu’ils ne le méritaient pas. En plus, c’était pas de leur immeuble qu’on aurait pu voir les étoiles comme on pouvait les voir ici ! De temps en temps, je me tournai vers Chuck pour vérifier si il suivait, mais à chaque fois il hochait la tête d’un air absent et finalement je calculais que c’était seulement le ciel qu’il regardait de temps à autre, mais que petite, grande Ourse, c’était deux trois étoiles qui se battaient en duel et rien d’autre…

- Pourquoi t’écoute pas ? me plaignis-je en parcourant son visage, jusque sous son menton et j’adorais ce contact parce que c’était un peu plus rêche par endroits comme sur l’os de sa mâchoire et si je frottai tout doucement, ça me chatouillait.

C’était mes deux mains qui couraient ensuite toutes les deux sur son corps – elles étaient toutes frémissantes, parce qu’au contact, elles se rappelaient de l’effet que ça avait mais aussi de la forme de ses muscles sous sa peau, mais pourtant, c’était comme si je le (re)découvrais, et j’écartais les doigts comme je pouvais pour occuper le maximum de surface, encouragée encore plus par la pression que Chuck exerçait lui aussi dans mon dos parce que je m’étais redressée sur les genoux pour être plus à l’aise, et qui me retenait prisonnière. Pendant une seconde me traversa à l’esprit que si Robin choisissait ce moment précis pour débarquer parce qu’elle s’inquiétait qu’on manque de couverture c’était foutu pour qu’on passe le reste de la nuit dans la même chambre, mais elle fut instantanément balayée, parce que j’étais déjà bien assez affairée comme ça de toute façon, laissant croire à Chuck que je lui cédais pour pouvoir reprendre le dessus, parce que ça me mettait plus en confiance, et que, et que… Je préférais que ce soit comme ça pour l’instant. J’avais juste besoin de… de TOUCHER, c’était brûlant, mais j’avais l’impression que dans tous les cas de seulement s’effleurer, ça réveillait le volcan qui entrait immédiatement et que lorsque du bout de l’ongle je descendais jusqu’à sa taille, c’était mon sang qui prenait l’apparence de la lave et faire bouillir chacune de mes pores, parce qu’il y avait aussi ses mains toutes qui s’enroulaient tout autour de moi, comme une couverture et que je ne voulais pas que cette étrange danse s’arrête, qu’elle ne s’arrête jamais parce qu’on avait trop perdu de temps et qu’on devait le rattraper…


- Attends.

Je m’entendis pousser un marmonnement mécontent parce qu’il s’écartait et eu une nouvelle tentative pour plonger dans le bas de son cou, là où le bout de mon nez s’était installé, mais je dû m’éloigner quand même parce qu’il insistait, secouant un peu mon visage parce qu’il y avait une mèche qui me retombait devant les yeux et qui m’empêchait de le voir.

- Si tu continues, je vais vraiment avoir du mal à ne pas manger toute crue.

Je clignai plusieurs fois des yeux en fronçant légèrement les sourcils, pour me forcer à reprendre mes esprits parce que je ne m’en étais pas rendue compte, mais j’étais partie dans ce monde de champ de cotons où si on a conscience de ce que l’on fait, ça reste très vague, et il me fallut une ou deux secondes de plus pour compr…

- Oh ! J’enlevai rapidement mes mains des siennes maintenant que je voyais où il voulait en venir, une bouffée de chaleur me remontant dans la gorge pour aller se diffuser sur mes joues et si j’avais très chaud soudain malgré la fenêtre laissée ouverte, c’était beaucoup moins agréable que lorsqu’on était gentiment en train de s’embrasser… Pardon, m’excusais-je.

Je n’avais pas pensé à voir les choses sous cet angle parce qu’il y avait déjà trop de choses auxquelles je pensais, et puis comme Chuck avait été dans les écuries, et maintenant… enfin, j’avais vu ça comme un feu vert, que je pouvais, enfin, heuu…

- J’ai pas fait exprès.
Pour le coup, c’est vrai que je n’avais pas fait passer le bon message, mais je ne mentais pas, mais quand même, ça m’embêtait un peu, parce que ça me rappelait qu’on avançait à tâtons parce qu’on venait tout juste de se retrouver, mais qu’en plus, c’était pas la première fois que ça arrivait et vu comme ça c’était terminé l’autre coup… Pourtant, avec les autres garçons, ça ne se passait jamais comme ça, mais avec Chuck, j’avais parfois l’impression de ne pas faire comme il faut et de m’y prendre mal et plus j’essayais de faire que ce soit bien, plus c’était l’inverse qui se produisait…

Je lissai le tissu du tee-shirt trop grand parce que ce n’était pas le mien à la base pour ne pas avoir l’air trop débraillée puis fermai la fenêtre avant de taper vigoureusement du plat de la main sur les coussins sur lesquels on s’était assis pour qu’ils puissent reprendre forme pendant que Chuck avait quitté la chambre le temps d’aller dans la salle de bain, et il avait raison c’est sûr, et Robin avait raison elle aussi qu’il ne fallait pas que ça aille trop trop vite, et c’était bien la preuve qu’il ne fallait pas que ça y aille trop vite, puisque cette éventualité ne m’avait même pas traversé l’esprit depuis que Chuck était là…

Quand il revint, ça m’avait laissé le temps entre temps de me ressaisir et j’allais lui expliquer qu’il y avait un téléphone fixe en bas qu’il pouvait utiliser avant de repenser que… que j’en avais un aussi… quelque part dans cette chambre, parce que je ne l’utilisais que quand je venais l’été normalement, quand je ne n’oubliais pas… dans le tiroir ! Effectivement il attendait patiemment d’être mis en utilisation, et ce n’était pas de la merde en plus d’après Ruth, mais pff, voilà qu’est-ce que j’en avais à faire moins d’un portable puisque à Poudlard on en avait pas besoin et que ça faisait un truc chiant en plus dont il fallait s’encombrer quand on partait en ballade ! Je restais devant le clavier pendant que l’écran s’allumait pendant quelques secondes à réfléchir parce que le code, ben… je ne m’en rappelais plus trop, à la fin ça devait être soit un 8, ou alors un 4, ah comme le premier essai ne marcha pas, en effet, ça devait bien être le 8.. ! Pourtant, la personne qui dû décrocher à l’autre bout du fil, ne dû pas être Coop, parce que je n’avais encore jamais entendu parler Chuck comme ça à son frère et même si j’essayais de m’occuper, en tripotant la figurine d’April sur la table de nuit par exemple, ce que je commençais à élaborer comme thérie… hmmmm. Je souriais de temps en temps lorsque je l’entendais prononcer certaines phrases qui me concernaient directement avant de m’installer dans mon lit pendant que Chuck était en train de raccrocher et attendit qu’il aille dans le sien pour éteindre la lumière après un dernier bisou, duquel j’étais un peu déçue parce qu’il était trop court et que malgré la fatigue qui s’était emparée de mes membre, je n’avais vraiment aucune intention de dormir.

Mais au moins comme ça on pouvait voir quand le couloir allait devenir sombre lui aussi, ce qui arriva vite, en même temps d’entendre Jarod grogner que les chats, c’était de-hors. Je me relevai à la va vite chercher Zephyr qui était déjà à ma porte de toute façon et qui s’était mis à miauler derrière pour pouvoir rentrer. Je le pris dans mes bras avant de refermer doucement derrière moi mais il avait déjà sauté sur le sol avec souplesse pour filer avec curiosité vers le matelas parce qu’il n’y était pas lorsqu’il avait quitté la pièce un peu plus tôt. J’attendis quelques minutes encore moi aussi dans le mien pour guetter qu’il n’y avait personne qui se relevait avant de faire la même chose moi aussi et d’aller me faufiler sur la couchette par terre – j’avais dit d’accord pour le matelas mais Robin n’avait pas précisé combien de personnes maximums pouvaient l’occuper ! Je me tortillai un peu pour être installée le mieux possible dans les bras de Chuck, qui me tenait bien chaud tout comme la peluche de poney que je serrais au niveau de mes épaules, interdisant mes doigts d’aller ailleurs que pour tenir la peluche – non mais Chuck avait parfois une logique un peu farfelue, parce que s’il croyait que j’allais passer toute la nuit comme ça bien sage alors qu’il était
chez moi, dans ma chambre, qu’on était couchés tous les deux ensembles et qu’il était torse nu, il allait vraiment trop loin dans les illusions. D’ailleurs lui-même dû en arriver à cette conclusion à peu près en même temps que moi puisque notre échange qui suivit fut beaucoup plus long et tendre qu’avant qu’on ne se dise bonne nuit.

- Ça m'avait manqué, tout ça.

Je souris, parce que j’adorais découvrir de nouvelles expressions sur son visage et chacun le rendait beau mais d’une beauté différente et je n’arrivais pas à choisir celle que je préférais parce que je les aimais toutes.

- Tu veux que je ferme la porte à clef?

Je sentis du mouvement au bout du lit provisoire qui ne venait de ni Chuck ni moi puisque j’avais emmêlé nos jambes les unes dans les autres. C’était Zephyr qui avait décidé que lui aussi n’avait pas envie de passer la nuit tout seul.

- Non, dis-je d’une toute petite voix parce qu’il ne fallait pas qu’on parle trop fort comme toutes les chambres étaient située au même étage. A sa question, je m’étais un peu tendue, comme si même avec mon refus, il allait le faire quand même. J’aime pas ça. Il n’y avait pas une pièce dans laquelle j’allais où je m’enfermais à clé parce que je détestais l’idée d’être retenue de force dans un endroit et rien que de penser qu’une salle était verrouillée c’était comme si tout à coup elle était devenue minuscule et exigüe et que j’étouffais alors que je n’y pensais pas forcément, si la porte était juste close. Il y avait autre chose aussi… On peut pas sortir ou on perd du temps s’il y a un problème, et j’aime pas.

Je frissonnais. Etre bloqué, ne pas pouvoir s’enfuir. Etre pris au piège…
Je frottai mon nez contre celui de Chuck pour lui faire un bisou esquimau cherchant son approbation – s’en m’en rendre compte, j’en avais dit un peu plus que je ne l’aurais dû comme si l’aveu dans le box tout à l’heure avait définitivement réduit en cendres toutes les barrières qui nous séparaient. Ce que Chuck sembla prendre comme un encouragement, en poursuivant :


- Qu'est-ce qui s'est passé vraiment, depuis cet été? Tu pensais que je ne voulais plus de toi... Pour de bon?

J’avais replié mes bras entre son torse et le haut de mon corps et en profitai pour remonter mes genoux pour me recroqueviller un peu. Je ne répondis rien par vieux réflexe et me retournai pour avoir le dos contre son ventre, sans chercher à m’échapper pour autant parce qu’il avait son bras toujours au-dessus de moi et ça me rassurait. Mes yeux restaient grands ouverts sans rien fixer de particulier dans la nuit me remémorer tout ça… me submergeant peu à peu. Une partie de moi ne voulait rien dire, laisser tout ça de côté pour continuer mais l’autre, plus forte m’enjoignait à crever l’abcès une bonne fois pour toute. Sauf que ce n’était pas facile, parce qu’expliquer, c’était revivre, et revivre c’était comme si Chuck s’évanouissait dans la nuit. Encore. Mes angoisses remontèrent immédiatement à la surface.

Je me dégageai un peu, lui faisant face de nouveau mais en m’appuyant sur la main pour surplomber Chuck et le regarder bien droit dans les yeux.

- Mais tu voulais plus de moi pour de bon…
j’avais parlé lentement et distinctement pour contrôler le timbre de ma voix, calme, mais dans mon estomac, c’était les tasse tournantes, comme dans les fête foraines. Comme plutôt, j’avais envie de pleurer, mais j’étais pas une pleurnicheuse et je serrai la bouche en poussant une profonde inspiration par le nez pour faire disparaître la grosse boule qui menaçait de sortir de ma gorge. Dans l’obscurité je voyais son ventre se soulever doucement et je voulais seulement me blottir dessus et oublier tout ça. Je m’étais un peu détournée en voyant les images défiler devant ma rétine, dans la salle commune, sur le pont et toutes ces autres fois où il s’amusait tellement, tellement plus que quand il était avec moi… C’est c’que t’as dit, que c’était un défi et qu’il avait été relevé et que ça servait plus à rien que de toute façon y’avait beaucoup plus d’autres filles plus intéressantes et puis même, j’ai bien vu qu’elles l’étaient…

Parce que pour avoir tenté de réveiller sa jalousie… oui oui, j’avais pu le voir. Je sentais le coin de mes lèvres tomber progressivement vers le bas et croisai vite fait son regard parce que j’avais tourné la tête. En prenant les choses plus posément – essayer au moins – je me disais que comme moi il avait pu dire plein de trucs sans les penser et que ça devait être ça et que je ne devais pas m’en faire, mais c’était plus fort que moi, et lui aussi ça l’avait marqué puisque qu’il avait fait une blague dessus dans le box – en rigolant, mais même, ça nous avait touché tous les deux. Est-ce que j’allais y arriver ? Est-ce qu’on allait y arriver ? Mes belles paroles elles avaient l’air bien loin maintenant, mais je me forçais à ne pas céder à la panique, parce que si je le faisais maintenant… Chuck comptait sur moi et je voulais lui prouver qu’il avait raison, mais on avait déjà tellement de choses à régler… J’avais croisé les bras en courbant les épaules comme je le faisais souvent pour me protéger, surtout pour cacher mes formes, déjà qu’il n’y en avait pas beaucoup et si je n’y avais pas trop trop pensé jusqu’à maintenant, soudain, c’était comme prioritaire de lui en montrer le moins possible, parce que ça ressemblait à rien…

- Quand je suis partie là… ça a été un peu le bordel
, mais j’étais lancée maintenant et si je m’arrêtais c’était foutu, je me suis engueulée plein de fois avec ma tante parce qu’elle m’a pas cru à cause de Woodley et de ce qu’il s’est passé dans le bureau, je voulais plus la voir, Robin, pas Woodley, mais Woodley aussi, j’avais plus envie de voir personne, de faire de magie, de voir personne et de retourner à Poudlard après tout ça. Mais y’avait Ruth et je sais que je l’ai rendu triste et qu’elle l’est encore un peu, c’est pour ça qu’elle a eu cette réaction, je m’en veux trop… Vite je passai mon poignet au coin de mes yeux pour effacer rageusement les larmes qui allaient déborder de mes yeux. Et en plus avant la rentrée je suis tombée et je me suis fait mal en tombant de cheval et Lilian est arrivée à ce moment-là et…

Tout revenait en pagaille et j’avais du mal à tout clarifier correctement. Je tenais fort sa main que j’étais allée chercher pendant que je parlais et pris mon souffle quand de reprendre, un peu ailleurs.

- Y’a eu tout ces garçons aussi… quand on sortait avec Ruth, ils s’en foutaient et c’était bien qu’ils s’en foutent parce que moi pareil, je m’étais dit que c’était plus simple, que c’était plus facile qu’ils tirent leur coup et qu’ils dégagent ensuite, je sais plus combien y’en a eu, c’était des potes à des amis de Ruth y’en a que j’avais jamais vu, mais c’est pas difficile de finir la soirée avec quelqu’un ici quand on sort et qu’on fait la fête…

Je me grattais le crâne en allant en cherchant de plus en plus loin dans mon récit. J’avais la tête lourde, lourde… mais bizarrement c’était mon cœur qui était de plus en plus léger au fur et à mesure que je parlais parce que ça me soulageait dans parler, et encore plus d’en parler avec Chuck. Je tenais toujours sa main, il était toujours là. Tout allait bien, tout allait bien…

- J’ai couché avec Gael. Le palefrenier. Des fois qu’il n’aurait pas bien compris. Plusieurs fois. Mais je lui ai dit que c’était comme ça, juste comme ça… me défendis-je la voix traînante. Qu’il pouvait y avoir d’autres gars à côté, que c’était pour passer le temps et que je pensais à quelqu’un d’autre, que ça voulait rien dire… et lui aussi, il a dit qu’il était d’accord, mais je crois qu’en fait il l’était pas mais qu’il espérait que ça allait changer et ensuite il voulait de plus en plus que ce soit sérieux, mais moi je voulais pas donc j’ai voulu tout arrêter… Ruth m’a dit qu’il s’intéressait à moi genre beaucoup et je m’en suis toujours un peu douté, c’est de ma faute, j’aurais dû dire non…

Je me laissai tomber dans les bras de Chuck comme si de parler m’avait complètement éreinté. J’embrassai sa peau entre les deux os de sa clavicule en fermant les yeux.

- Et la dernière fois qu’on s’est vu… parce que Jarod et Robin le savent pas, donc c’était chez lui tout le temps. La dernière fois, ça s’est pas trop bien passé, enfin… chuchotai-je parce que je voulais m’arrêter là. Il était un peu énervé même s’il a dit que non et qu’il comprenait, il s’est excusé ensuite, et moi aussi, et c’est un peu étrange par moments maintenant, mais ça va, on s’entend bien…

Il y avait autre chose aussi qui me turlupinait depuis tout à l’heure et il fallait que ça sorte parce que je voulais être sûre que ce soit bien clair pour nous deux :

- Ce que je t’ai dit ce jour-là sur le pont, c’est parce que j’étais en colère et triste, et parce que je voulais que tu comprennes qu’il y en avait peut-être qui en avait rien à foutre, mais que moi non, et que je voulais que tu arrêtes, parce que j’aime pas quand je vois que tu te fais du mal, mais je voulais pas dire tout ça comme ça, et j’avais peur parce que j’allais plus jamais te voir aussi, je m’exprimai précipitamment comme si je craignais qu’il se lève et s’en aille avant d’avoir terminé de lui exprimer mes remords. Je m’attachai à son cou avec mes bras. Tu m’as tellement manqué… lui dis-je aussi parce que puisque les mots étaient nos ennemis le seul moyen de les combattre, c’était de les utiliser comme armes afin de servir notre cause.

S’en suivit un certain temps de plusieurs longues minutes pendant lequel je cru que Chuck s’était endormi et moi aussi j’allais sombrer, mais je ne voulais pas m’endormir : tant que je ne dormais pas, je savais qu’il était là. Je passai machinalement mes doigts sur ses bras, ses côtes, son ventre… tant pis pour les restrictions, j’en avais besoin pour me calmer et au bout de plusieurs inspirations, ça commençait déjà à aller mieux parce que j’avais enfin fait ce que j’aurais dû faire longtemps avant cela et si j’étais décidemment à fleur de peau depuis qu’il avait débarqué, il y avait à présent cette espèce de sérénité qui maintenait l’équilibre parce que nous étions ensemble. Quand on était ensemble, il ne pouvait rien nous arriver. Et puis tant pis, on avait bien le temps de dormir plus tard, de l’attrapai par les coudes pour lui demander gentiment de se redresser en même temps que moi pour nous asseoir dans le lit. Je le dévisageai pendant un long moment, sans sentiment particulier à part le fait que plus je le regardais plus j’avais l’impression de l’aimer encore plus chaque seconde. Je posai mes paumes sur ses épaules, pour les faire descendre jusqu’au hanche, les passer derrière et remonter de la même façon dans son dos avant de le ramener contre moi. Quand on était comme ça, j’avais l’impression que je n’avais besoin de rien de plus pour être comblée.

Je m’éloignai assez pour avoir nos visages l’un en face de l’autre.

- Alors ?
Je me concentrai sur ses yeux pour en chercher les nuances. Qu’est-ce qui se passe ? murmurai-je pour ne rien briser du petit univers dans lequel on se trouvait. Chuck était assez futé pour comprendre les doubles sens et savoir où est-ce que je voulais en venir : depuis le temps, j’avais fini par comprendre qu’il devait trop souffrir pour aller trouver une échappatoire dans chacune de ses actions, bonnes ou mauvaises, mais que ça lui faisait plus de mal que de bien, et que j’attendais une chose – que lui aussi se lance et me raconte. Sa vie. Coop. Bristol. Tout le reste. Tout ça.

Et je voulais faire en sorte que ça s’arrête. Qu’il ne soit plus malheureux.

- C’était qui tout à l’heure au téléphone ? l’encourageai-je d’un sourire, en passant mes phalanges sur sa pommette. J’avais l’impression de déjà connaître la réponse, mais là aussi, j’attendais un peu plus qu’une vague explication.

Des questions, j’en avais pleins, plein que Chuck devait m’aider à éclairer, donc puisqu’on y était…

- Comment t’es arrivé là ?
Bristol, ça faisait une trotte… et je sais pas j’arrêtai pas de me dire qu’il était apparu comme on… t’as transplané, t’as ton permis ? Mais on peut pas c’est trop loin, répondis-je à sa place. Mais t’as pas pris l’avion quand même ? Les billets étaient chers, je savais de quoi je parlais. Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? interrogeai-je plus bas encore.

Mais pour rien au monde, je n’aurais voulu que tout ça se passe autrement, et je glissai mon visage juste sous le sien pour aller l’embrasser, parce que de faire ça, je n’allais jamais m’en lasser.

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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeVen 1 Fév - 17:26

Je faillis me renfrogner parce qu'en fait plus ça allait, plus je me disais qu'il y avait plein de trucs que j'ignorais sur Taylord, la preuve avec ce que venait de me dire son oncle, et ce qu'elle avait rajouté ensuite. Moi, je pensais que toute sa famille venait de ranchs et était cow-boy jusqu'à la moelle, mais apparemment non, ou bien différemment... Et ses grands-parents qui ne voulaient pas d'elle, non mais quels cons. Encore une fois, la vie c'était vraiment de la merde, parce que ça m'aurait carrément arrangé que mes grands-parents ne veuillent pas me voir vu le cadeau empoisonné qu'ils étaient, mais non, il fallait que ça soit comme ça, que moi j'ai des parents merdiques et vivants, et elle, des parents aimants mais morts. Avouez qu'il y avait de quoi se taper la tête contre les murs. Enfin, bref : je ne me renfrognai pas, parce que j'avais trop bien géré mes petites affaires pour garder tout ça bien au chaud à l'intérieur de moi, et que du coup, à elle aussi, il y avait plein de trucs que je n'avais pas dit. Alors, je ne pouvais pas lui en vouloir... Ça viendrait, avec le temps, j'imagine. Parce que je comprenais bien ce qui était en train de se passer, à savoir que tout ce que j'avais toujours repoussé, ben ça n'existait plus maintenant, et que j'avais enfin laissé à Taylord une place que je n'aurais cédé à personne, ce qui signifiait que j'allais devoir faire et dire certaines choses dont je m'étais mis bien à l'abri, depuis toujours. Du moment qu'être en couple ne signifiait pas être un couple à l'image de celui de mes parents, je pouvais essayer de faire des efforts. On verrait bien... Taylord en valait la peine et je le savais - je l'avais toujours su. Mais ça n'empêchait pas le reste, ça n'empêchait pas que j'avais peur de ne plus être moi en me laissant glisser là-dedans, que j'avais peur de perdre les pédales et que ça me fragilise trop, et qu'un jour, tout se brise. A ce moment là : bonjour les dégâts, parce que c'est peut-être bien sur le moment de lever toutes les barrières, mais quand il ne reste plus rien, du tout, et que toutes les barrières ont été levées, eh ben, c'est tout qui est balayé... C'était pas que j'avais pas confiance en Taylord ou quoi, mais peut-être en moi, je ne savais pas trop, ou de manière générale à ces conneries de couple, et si bien sûr que j'en avais envie parce que j'aimais Taylord et que de ce fait je voulais être avec elle, j'appréhendais, et j'étais un peu sur la défensive.

Je ne voulais pas qu'elle le sente, donc je ne disais rien. Mais au fond de moi il y avait quelque chose qui ne disparaissait pas. Comme si j'étais au bord d'un précipice, une belle falaise qui se jetait dans la mer, et que le choix était là : je saute, je saute pas? Est-ce mes os vont se briser quand je vais rentrer en contact avec l'eau? Ou bien est-ce que le choc va être doux et que l'eau est aussi chaude qu'elle le paraît, parce que même du haut de ma falaise elle est turquoise, comme dans les endroits paradisiaques, et elle donne envie de s'y jeter? Tout ça, je ne voulais pas en faire part à Taylord pour pas qu'elle s'inquiète ou le prenne pour elle - je crois que j'avais déjà suffisamment à me reprocher de ce côté-là - mais ça me trottait dans la tête et ça me retenait un peu, comme si il me restait encore quelques chaînes à briser.

Et puis pour l'instant, évidemment, j'arrivais à mettre tout ça de côté, parce que quand je la serrais contre moi et que je l'embrassais comme je voulais, on va dire qu'il n'y avait plus grand chose qui comptait, hein. Plus grand chose...

Non mais, est-ce que c'était une blague? Qui venait de nous rejoindre, mine de rien, comme si il avait été invité? Non mais, son sale rat à poils durs, qui pour je ne sais quelles obscures raisons semblait me considérer comme son grand copain - il fonça vers le matelas dès qu'il rentra dans la chambre, et comme Taylord ne regarda pas à un moment, je tentai de lui mettre un coup de pied mine de rien à travers ma couverture pour qu'il aille dégager ailleurs, je ne voulais pas lui dans mon lit - disons qu'il n'était pas trop mon genre. Heureusement, celle qui m'y rejoignit était d'un tout autre genre et je sentis mon coeur repartir au quart de tour, comme un bolide, quand elle se glissa contre moi et que son corps (et mon t-shirt!) se colla contre mon torse nu.

Pour le coup, son débile de chat pouvait bien se coucher à nos pieds, je m'en foutais comme de l'an 40.

Ça n'allait encore pas être une partie de plaisir de la peloter et de l'embrasser tout en luttant contre mes ardeurs, comme tout à l'heure, mais bon on va dire que c'était une torture plutôt délicieuse, et de toute façon, il était trop tard pour reculer. J'avais haussé les épaules et souri à sa réaction de tout à l'heure, quand j'avais dû la repousser - contraint et forcé, évidemment - et j'avais bien vu que c'était bien ce que je pensais : c'était un peu trop tôt pour aller plus loin, et ça ne m'étonnait pas trop, je ne pouvais pas lui en vouloir là-dessus. Le seul problème était que dans ces cas-là il ne fallait pas jouer avec le feu - or c'était exactement ce qu'on faisait - et qu'en plus, Taylord était bien gentille, mais elle ne se rendait pas compte que le moindre de ses mouvements, de ses soupirs ou de ses baisers ne jouait pas avec le feu, non, mais plutôt me soufflait dessus comme un dragon excité ou comme un volcan en éruption, vous voyez le tableau.

La façon dont elle venait de répondre à mon baiser, qui avait duré bien plus longtemps que d'habitude, tout aussi doucement et langoureusement que moi, me laissa dans un état proche du mec qui vient de fumer une bonne dizaine de joints, qui plane tranquillement dans un monde peuplé d'arc-en-ciel, si bien que je dus m'accrocher à l'éclat de son regard dans la pénombre pour ne pas perdre pieds.


- Non. J'avais mes bras autour d'elle et une main dans son dos : je sentis nettement ses muscles se contracter. J’aime pas ça. On peut pas sortir ou on perd du temps s’il y a un problème, et j’aime pas.

Ah oui, il me semblait qu'elle m'en avait déjà parlé un jour et... Et je comprenais bien à quoi elle faisait allusion, enfin j'imaginais, que l'histoire de sa famille n'y était pas pour rien. J'eus un sourire réconfortant mais qu'elle ne vit pas parce que j'avais enfoui ma tête dans ses cheveux, et je lui déposai un bisou sur la tête après avoir respiré son odeur à plein poumons.

- D'acc, acceptai-je, mais il n'y aura pas de problèmes, murmurai-je en la serrant un peu plus contre moi, pour lui faire bien comprendre que moi vivant, il ne lui arriverait jamais rien, parce que je sentais qu'en même temps que le sang coulait dans mes veines il y avait autre chose, cette espèce de responsabilité au-dessus de tout que j'avais pour elle, cet instinct protecteur, comme avec Coop, qui était plus fort que moi. Je voulais qu'elle se sente en sécurité.

Dans un même élan, j'avais appuyé mon front et mon nez contre le sien, et elle frotta son nez contre le mien, après quoi j'embrassai le bout de son nez, puis sa bouche, plusieurs fois, ne me lassant pas de ses lèvres, de son goût et de son odeur.

Je comprenais mieux pourquoi elle ne m'était pas sortie de la tête, cette grosse maline. C'était comme si quelqu'un avait mis un peu de Taylord dans une seringue et me l'avait distillé dans les veines. Je ne pouvais plus m'en passer. Elle était
spéciale pour moi, pour faire l'honneur à l'autre imbécile de Fray et reprendre ses mots. Bien sûr qu'elle était spéciale, et qu'elle l'avait toujours été, et le problème était là d'ailleurs. Depuis le début son ombre planait autour de moi, alors j'avais dû essayer de m'enfuir, parce que ce n'était pas possible, que c'était contre la manière dont je voyais les choses... Mais finalement elle était plus forte que tout, et je lui cédais avec plaisir, et j'emmerdais le reste. Toutes ces meufs avec qui j'avais couché, aussi mignonnes soient-elles, tu m'étonnes qu'elles ne lui arrivaient pas à la cheville et que je ne pouvais pas m'empêcher de penser à Taylord même quand j'étais au pieu avec une autre... Il y avait quelque chose chez Taylord d'électrique, qui m'attirait comme un aimant, et ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre qu'elle, juste, ça ne pouvait pas. En plus, il suffisait que je pense une seconde à la seule fois où on avait fait plus que s'embrasser et alors là c'était fini : je ne pouvais plus penser à autre chose, parce qu'encore une fois, cette fois-là avait été tellement au-dessus de toutes les autres. Ce qui était chelou d'ailleurs, je ne l'expliquais pas, parce que bon, je veux bien que les sentiments y soient pour quelque chose et tout le bordel, mais même, ça restait une action purement physique et voilà... Mais non, toujours et encore Taylord et son pouvoir étrange qui me possédait tout entier. Ça ne pouvait être qu'elle.

Je ne kiffais pas particulièrement les confidences mais on va dire que l'oreiller les facilitaient souvent et voilà, on y était... Et on en avait besoin. Je la sentis se raidir encore un peu à ma nouvelle question, puis elle se tourna mais je m'approchai un peu plus d'elle, collant mon ventre à son dos, faisant glisser mes doigts sur son bras nu, de haut en bas, puis dans ses cheveux, sur sa taille, la caressant doucement pour l'apaiser et l'encourager. Je flippais un peu de ce qu'elle allait me dire, mais bon, il le fallait. Elle finit par se retourner et se redresser, appuyée sur son coude. Je ne la quittais pas des yeux.

- Mais tu voulais plus de moi pour de bon… Je tiquai, dans la pénombre, parce que c'était faux et que j'avais été con, mais je le savais. Ma main raffermit sa prise autour de sa taille. C’est c’que t’as dit, que c’était un défi et qu’il avait été relevé et que ça servait plus à rien que de toute façon y’avait beaucoup plus d’autres filles plus intéressantes et puis même, j’ai bien vu qu’elles l’étaient…

Je me redressai à mon tour sur mon coude, face à elle, pour être tout près d'elle et sentir son souffle sur mes lèvres - non, ne pas penser à ce qui pourrait suivre - et plonger mon regard dans le sien.

- Mais j'étais en colère et tu sais bien que je dis de la merde quand je suis en colère, fis-je avec un sourire coupable. J'voulais juste faire en sorte que tu me détestes, pour que ça soit fini pour de bon. Mais bon... Mais bon vu comment j'avais couru vers elle pour la rattraper ensuite, ça n'avait pas été ce que j'avais réussi de mieux. J'avais juste pas fait gaffe que moi le premier je n'y arriverais pas.

Les autres n'avaient été que des manières de passer le temps et le rendre plus agréable, mais je ne l'avais pas oubliée pour autant, et surtout, en cet instant, on aurait pu me présenter toutes les bombasses de la terre que mon choix serait resté le même. Je voulus le dire, mais déjà elle s'était recroquevillée comme un petit animal malade, et je captais pas trop pourquoi elle avait l'air d'en faire une affaire personnelle alors que le problème ne venait pas foncièrement d'elle mais de la distance que j'avais mise, de la manière dont tout s'était passé, tout ça... Je m'appuyai contre sa tête, l'entourant à nouveau de mes bras.


- Quand je suis partie là… ça a été un peu le bordel, je me suis engueulée plein de fois avec ma tante parce qu’elle m’a pas cru à cause de Woodley et de ce qu’il s’est passé dans le bureau, je voulais plus la voir, Robin, pas Woodley, mais Woodley aussi, j’avais plus envie de voir personne, de faire de magie, de voir personne et de retourner à Poudlard après tout ça. Mais y’avait Ruth et je sais que je l’ai rendu triste et qu’elle l’est encore un peu, c’est pour ça qu’elle a eu cette réaction, je m’en veux trop… Et en plus avant la rentrée je suis tombée et je me suis fait mal en tombant de cheval et Lilian est arrivée à ce moment-là et…

J'aurais pu relever l'ironie du fait que Lilian soit à l'origine du retournement de situation, mais bon, c'était pas trop le moment de faire jouer l'ancienne rivalité, et je n'en étais pas non plus spécialement fier. Et puis Taylord semblait vraiment pas trop bien, et je n'avais pas envie que tous ces mauvais souvenirs nous rattrapent.

- Y’a eu tout ces garçons aussi… - j'avais l'impression qu'on venait de me fracasser la tête avec une hache, et qu'un monstre était en train de grandir au fond de moi - quand on sortait avec Ruth, ils s’en foutaient et c’était bien qu’ils s’en foutent parce que moi pareil, je m’étais dit que c’était plus simple, que c’était plus facile qu’ils tirent leur coup et qu’ils dégagent ensuite, - non pardon, un TROUPEAU de monstres en colère - je sais plus combien y’en a eu, c’était des potes à des amis de Ruth y’en a que j’avais jamais vu, mais c’est pas difficile de finir la soirée avec quelqu’un ici quand on sort et qu’on fait la fête…

Pitié, de l'air.

- J’ai couché avec Gael. - ... - Le palefrenier. - ... Ce connnard. Ah il pouvait faire le malin en venant nous chercher dans les écuries alors qu'on se roulait des pelles, ça oui! - Plusieurs fois. - Il était donc un homme mort. - Mais je lui ai dit que c’était comme ça, juste comme ça… - Oui, j'espère bien OUI - Qu’il pouvait y avoir d’autres gars à côté, - ... Euh, NON. - que c’était pour passer le temps et que je pensais à quelqu’un d’autre, que ça voulait rien dire… et lui aussi, il a dit qu’il était d’accord, mais je crois qu’en fait il l’était pas mais qu’il espérait que ça allait changer et ensuite il voulait de plus en plus que ce soit sérieux, mais moi je voulais pas donc j’ai voulu tout arrêter… Ruth m’a dit qu’il s’intéressait à moi genre beaucoup et je m’en suis toujours un peu douté, c’est de ma faute, j’aurais dû dire non…

Eh bien il allait s'intéresser à quelqu'un d'autre, et si il ne le faisait pas, c'était à coups de battes que j'allais lui expliquer. La jalousie m'avait envahi comme une traînée de poudre prend feu et putain, mais putain! C'était MOI qui couchais avec Taylord, que je sache, et le fait que cet abruti de moche de palefrenier à la con ait eu droit à ça aussi avec elle me foutait en rogne, mais d'une puissance. Tout ça parce que j'avais été trop con et que j'avais laissé passer le temps! En plus je me me demandais évidemment si elle avait trouvé ça mieux avec moi... Je m'en voulais à mort, lui je n'en parle même pas j'avais envie de l'encastrer dans un mur, et peut-être que j'en voulais aussi à Taylord de ne pas avoir repoussé tous les mecs qui l'avaient approchée parce qu'elle était à moi, mais bon ça je pouvais le ravaler, étant donné que je n'avais pas fait mieux.

Hmm. Ca allait être sympa, de lui dire, d'ailleurs. Surtout pour Ruby et... Haley. Non, Haley, je n'allais pas lui dire.


- Et la dernière fois qu’on s’est vu… parce que Jarod et Robin le savent pas, donc c’était chez lui tout le temps. La dernière fois, ça s’est pas trop bien passé, enfin… Il était un peu énervé même s’il a dit que non et qu’il comprenait, il s’est excusé ensuite, et moi aussi, et c’est un peu étrange par moments maintenant, mais ça va, on s’entend bien…

- Comment ça il s'est énervé?! lâchai-je bien trop durement, les dents serrés. Putain, j'allais vraiment devoir régler mes comptes avec lui.

Moi aussi je reprenais mon souffle difficilement, comme elle, et plus elle se serrait contre moi plus je la tenais emprisonnée entre mes bras, parce que c'était impossible qu'elle se détache de moi, maintenant.


- Ce que je t’ai dit ce jour-là sur le pont, c’est parce que j’étais en colère et triste, et parce que je voulais que tu comprennes qu’il y en avait peut-être qui en avait rien à foutre, mais que moi non, et que je voulais que tu arrêtes, parce que j’aime pas quand je vois que tu te fais du mal, mais je voulais pas dire tout ça comme ça, et j’avais peur parce que j’allais plus jamais te voir aussi. Tu m’as tellement manqué…

- Je sais, Tay... Je sais tout ça, murmurai-je, le coeur quand même plus léger de voir qu'elle avait agi comme moi, finalement. Et moi aussi je flippais de plus te revoir, et j'ai passé tout l'été à le ruminer d'ailleurs... Tu sais que ta cousine m'a écrit une lettre pour me dire que j'étais un salaud? Pendant une seconde, quand j'ai vu la carte du Texas, j'ai cru que c'était toi et je me suis senti soulagé. J'eus un petit rire - j'en voulais pas à Ruth, et avec le recul, ça me faisait plutôt marrer, ce geste qu'elle avait eu - Bon, après, j'en ai pris pour mon grade.

Heureusement que le simple fait d'être avec elle me mettait du baume au coeur et me faisait me dire que tout ça était secondaire, parce que je voulais juste être avec elle, la toucher, l'embrasser, et voilà, le reste, c'était des obstacles, mais pas insurmontables, pas vrai? Pendant quelques secondes on ne dit rien, et je sentais mon coeur battre contre sa poitrine à elle - non, mauvaise idée, il ne fallait pas que je pense à sa poitrine, surtout pas, en plus elle était tout contre moi donc bon - je sentais aussi la fatigue qui me terrassait le cerveau mais je n'avais pas envie de m'endormir, parce que je voulais rester comme ça toute la vie, et que si je m'endormais je n'allais plus être conscient du fait que Taylord était contre moi. Je ne savais même pas quelle heure il était, ici, là-bas à Bristol, et je me demandais ce que faisait Coop, parce que quand il était loin de moi j'étais toujours inquiet, même si je lui avais parlé il n'y a pas longtemps au téléphone. Je me disais toujours que c'était dans ces moments-là que si il lui arrivait un truc, une crise plus forte, tout ça... Mes connards de parents ne seraient jamais à la hauteur et peut-être qu'ils ne s'en rendraient même pas compte. Après, je faisais confiance à Lucy et Chris pour venir le voir tous les jours, sortir avec lui de temps en temps et tout, mais il n'était pas là 24h/24, et ça me faisait flipper. J'aurais juste voulu qu'il soit au ranch avec moi, et tout aurait été absolument parfait.

Tout d'un coup, alors que je sombrai peu à peu, je sentis les mains de Taylord m'attirer pour me redresser et j'obéis, à moitié dans le coltard, comme dans un rêve. Elle semblait avoir une idée derrière la tête, mais moi à vrai dire, je commença à n'avoir plus grand chose dans la tête tellement je me sentais explosé par la fatigue et le décalage horaire. Je la laissai balader ses mains sur moi en la regardant sans cligner des yeux - c'était bizarre comme mon corps avait ses réactions bien à lui, parce que je ne pouvais rien contrôler, mais quand elle passait ses paumes sur moi comme ça je frissonnais et je ne pouvais rien y faire. Finalement, quand elle m'attira contre elle, j'enfouis ma tête dans son cou et serrai mes mains autour de sa taille - trop maigre - alors que mes dents s'attaquaient à sa peau comme si j'avais voulu la manger petit à petit, puis je l'embrassai doucement, ne lui laissant pas l'occasion de reprendre son souffle - ni moi d'ailleurs.


- Alors ? Qu’est-ce qui se passe ?

Hmmm, vaste question... Ce n'était pas précis mais je me figurai bien de ce que ça voulait dire et... Je sentis une boule dans ma gorge et la bloquer. Je ne pouvais pas, je ne pouvais pas aller jusque là : et puis de toute façon qu'est-ce que je pouvais bien dire? Rien, il ne se passait rien. Coop était toujours mal, Bristol était toujours aussi merdique et les soirées étaient toutes les mêmes, il ne se passait rien de spécial. Rien n'avait changé.

- C’était qui tout à l’heure au téléphone ?

... Elle non plus n'avait pas changé, lui non plus. Je me mordis la lèvre, baissant le regard. Pardon Taylord, mais... Ca ne sortait pas, et je crois que j'étais trop crevé pour trouver une explication rationnelle.

- Comment t’es arrivé là ? t’as transplané, t’as ton permis ? Mais on peut pas c’est trop loin. Mais t’as pas pris l’avion quand même ? Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

J'éclatai de rire et ça me réveilla un peu, puis je m'installai assis en tailleur, face à elle, mes jambes contre les siennes, et j'attrapai ses mains.

- Je l'ai foiré mon permis, j'ai pas réussi à arriver dans le cerceau. Et sous les yeux de F... De Stephen d'ailleurs, ça m'étonne qu'il ne te l'ai pas dit, ricanai-je, mais c'était plus pour la taquiner qu'autre chose. Bien sûr que j'ai pris l'avion, tu voulais que je vienne comment, à poney? Mais j'ai ensorcelé le guichetier... Le dis pas à Coop, il me ferait la morale. Du coup, j'ai pas payé. Et je sais même pas combien de temps ça a pris, je suis passé par Washington, puis Dallas, et après j'ai pris le bus, et j'ai fait du stop... Mais c'était cool, conclus-je en repensant à Larry, et aux gens que j'avais rencontrés. Après une seconde de silence, j'attrapai mon jean qui était posé pas loin du matelas et en sortis la petite figurine de cheval de ma poche - semblable à celle sur sa table de nuit. C'est ça, qui m'a fait changer d'avis, dis-je avec un petit sourire en prenant sa main, en la tournant vers le ciel et en posant la figurine sur sa paume. Mais attention : je ne lui rendais pas mon cadeau pour autant. Tu sais qu'elle ne m'a jamais quitté, depuis?... J'ai eu peur qu'il soit trop tard, je ne pouvais pas attendre la rentrée. Ah oui, et j'ai ça aussi!...

Cette fois je me levai et fouillai dans mon sac pour en sortir ses chaussures de bal, avant de lui montrer et de les poser au pied du matelas, avant de reprendre ma position initiale, en face d'elle. La boule était toujours dans ma gorge et m'oppressai, mais je compris qu'il n'y avait qu'un seul moyen de m'en débarrasser : la cracher.

- Oh, au téléphone, c'était ma charmante mère, fidèle à elle-même. Elle sait même pas que je suis ici, et elle s'en fout tu sais. Enfin, tu la verras bien quand tu viendras... Je disais tout ça absolument nonchalamment mais pourtant le simple fait que je sous-entende que je l'invitais était un pas que jamais je n'avais fait, puisque j'avais bien trop honte de montrer mes parents et ma maison merdique à qui que ce soit. Mais je savais qu'en venant... Elle comprendrait. Tu sais, moi aussi mon été a été merdique... J'avais trop peur de jamais te revoir, et je regrettais, j'y pensais tout le temps. J'ai vu Haley d'ailleurs, et je lui en ai parlé. Je crois qu'elle avait raison, finalement, dis-je avec un petit sourire. C'était une erreur. Tout ce que je t'avais dit... Bref, ça m'a sapé le moral, j'ai fait de la merde, comme tu... Comme tu l'as vu à la rentrée.

Je n'avais pas spécialement envie de m'étendre là-dessus et de voir ses sourcils se froncer, parce que je savais bien ce qu'elle pensait de tout ça.

- Sinon, il ne se passe rien tu sais... Tu sais mes parents sont toujours aussi cons et je suis même obligé de m'interposer quand mon père a trop bu, alors tu parles d'un cadeau. Coop ne va ni mieux ni moins bien, lâchai-je enfin comme si je venais de confesser un meurtre. Viens, dis-je alors en l'attirant à nouveau sous les couvertures.

J'avais besoin qu'elle me serre très fort, juste parce que penser à tout ça me donnait l'impression que j'étais... fragile. Je rabattis les couvertures au-dessus de nous et me couchait sur le dos pour qu'elle puisse venir tout contre moi, entre mes bras, qu'elle me tienne chaud, et qu'elle ne puisse pas s'enfuir.


- Je ne vais pas pouvoir rester longtemps, par contre... avouai-je alors après un court silence. Je me mordis les lèvres : j'avais peur qu'elle le prenne pour elle, mais c'était pas le cas. Je peux pas laisser Coop tout seul pour le nouvel an. Bien sûr que je mourrais d'envie de le passer avec elle, ici, de faire la fête avec elle, de l'embrasser à minuit, de ne plus la quitter une seconde, plus jamais. Mais mon petit frère comptait trop, malgré tout, et jamais je n'avais passé un nouvel an sans lui. Je faisais pourtant toujours la fête avec mes potes, d'ailleurs le plus souvent c'était chez Chris, les fêtes du nouvel an, mais Coop était toujours là, et comme Chris habitait dans ma rue, il arrivait que je rentre coucher Coop et que je retourne finir la soirée là-bas. Mais le savoir tout seul à Bristol alors qu'il était ma seule et unique famille... C'était plus fort que moi. Entre Coop et Taylord, j'avais l'impression d'être déchiré, mais au moins ici elle n'était pas seule, alors que lui, là-bas, il l'était. ... Tu comprends? murmurai-je, et mon ton était presque suppliant. Je l'embrassai, attrapai ses lèvres entre les miennes, inspirai l'odeur de son cou. Bien sûr elle aurait pu rentrer avec moi, mais j'imaginais déjà la tête de son oncle et sa tante... Et je n'osais pas lui proposer.

Par crainte, peut-être, j'eus besoin qu'elle soit encore plus près de moi, et main se glissa sous le t-shirt, dans son dos, repoussant certaines limites. Mes doigts écartés semblaient vouloir pénétrer dans sa peau, pour qu'elle ne puisse jamais être à quelqu'un d'autre.

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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



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Âme soeur: Il a un petit faible pour les cow-girls.

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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeDim 3 Fév - 18:50

♪ He won't go ♫

'Cause he won't go,

He can't do it on his own,
If this ain't love, then what is?
We're willing to take the risk,
I won't go,
I can't do it on my own,
If this ain't love, then what is?
I'm willing to take the risk



- Mais j'étais en colère et tu sais bien que je dis de la merde quand je suis en colère. J'voulais juste faire en sorte que tu me détestes, pour que ça soit fini pour de bon. Mais bon... J'avais juste pas fait gaffe que moi le premier je n'y arriverais pas.

C’était libérateur autant que c’était de progresser dans les ronces d’entendre toutes ces explications – de savoir que tout n’avait été que factices et que les interprétations sur lesquelles je m’étais basée n’étaient pas fondées sur de l’invisible, cet invisible même qui bouleverse tellement les codes de la perception et de la pensée qu’on se met à voir tout et n’importe quoi et surtout qu’on ne décèle plus ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. Ce qu’avait fait Chuck, ce n’était pas contre moi mais contre lui-même, contre cette tornade qui s’était formée autour de nous parce que nous étions son centre et qu’il avait cherché une sortie lorsqu’elle nous avait raproché de plus en plus.

Je me contorsionnais entre ses bras en entendant cette information pour dégager ma tête et fis la moue.

- Mais tu vois tu dis que tu voulais que ça s’arrête
, au lieu d’être une bienfaitrice, je prenais l’apparence du mauvais esprit qui le hantait, et qu’à la fin il ne l’avait tellement plus supporté qu’il avait dû s’en exorciser et la comparaison, même si je ne la dis pas à haute voix pour ne pas en rajouter une couche n’était pas très flatteuse. Et si ça recommence, si ça fait pareil, que ça te donne envie de faire en sorte que je te déteste pour que ce soit fini ? demandai-je en reprenant ses expressions, l’angoisse surgissant comme si à elle aussi, je lui avais ouvert la porte pour rentrer lorsque Zephyr nous avais rejoint. Je veux pas être celle qui te rend comme ça…

Et maintenant qu’il était là, à Comanche dans la chambre il était aussi tout impensable qu’il soit ailleurs donc on était coincé. C’était dur, parce que je voulais être rassurante et lui montrer que tout allait bien marcher cette fois parce qu’on connaissait nos erreurs et qu’on allait faire en sorte de ne pas les refaire, mais ce que je n’avais pas pris en compte, c’était que moi aussi j’avais besoin qu’on dise que ça allait fonctionner, et il y avait toujours cette vieille peur qui était là à chaque fois que je repensais à ce qui s’était passé depuis l’année dernière, depuis cette altercation dans la salle commune. C’était comme lors qu’on pose la main bien à plat, sans s’inquiéter sur une plaque de métal brulante et qu’on se brûle avec, et que la souffrance physique est tellement douloureuse qu’on sait qu’il ne faudra plus jamais la toucher quand elle est chaude. Là j’avais autant envie de franchir comme on l’avait toujours fait, ces montagnes sur notre route, parce qu’on avait fait du chemin depuis notre tout premier jour à Poudlard alors ce n’était pas impossible, mais il y avait aussi cet instinct de repli, plus ou moins développé chez certains, mais qui était là quand même, souvent à cause de leur bagage du passé, et ça on ne pouvait pas simplement l’enfermer à double tour dans un tiroir et jeter la clé pour l’oublier pour de bon.

Et plus je défonçais les portes des placards pour en sortir les événements des mois passés plus je sentais cette honte, qui même si elle avait toujours été là, de m’être laissée aller dans cette sphère infernale, d’y avoir plongé alors que j’avais toujours su y résister quand il y avait une main qui exerçait toujours une pression régulière pour me voir céder enfin. Que ça ne me ressemblait pas d’être submergée par cette vague de tristesse alors que je l’avais toujours utilisé comme étant la raison principale de ma force, mais que tout à coup, je n’avais plus su m’en servir et qu’au lieu de le garder bien profondément enfoui en moi, ça avait débordé et l’avalanche m’avait emporté avec elle sans que je ne puisse rien faire.

Je parlais, je parlais sans voir tout de suite que même dans la nuit, les traits de Chuck s’étaient modifiés. Je disais les mots comme il me venait, sans réfléchir à leur donner du sens, à les peser les uns les autres et à choisir d’en nuance certains, alors forcément, extérieurement ça pouvait donner l’impression que j’étais allé dans les lits de tous les copains de Ruth, mais non pas du tout, il y en avait eu plusieurs d’accord, mais je n’étais même pas sûre de les revoir un jour ces gens-là. Je ne savais plus combien il avait été, parce qu’il y avait eu les fois où ça n’avait été que des baisers, mais quand c’était allé plus loin, il y en avait peut-être eu… trois… ou quatre, ou peut-être moins, parce que pendant cette période-là, j’étais tout le temps complètement ailleurs, avec mon âme qui ne fonctionnait plus en accord avec mon corps parce qu’elle était perdue, et lui en avait profité pour faire ce qu’il voulait, parce qu’il n’y avait plus de conscience, plus de limites, plus de règles. Gael par contre, n’était pas compté dans les autres.


- Comment ça il s'est énervé?!


Mes yeux s’agrandirent parce que Chuck venait de m’interrompre me faisant me tourner vers lui enfin, avec la tête de lui qu’on a réveillé en plein milieu de son hibernation. Je n’écoutais pas vraiment ce que je disais et me remémorais le fil des faits que j’étais en train de relater et voulu rattraper mes phrases parce qu’elles pouvaient porter à confusion.

- Enervé, comme énervé quoi! En fait je préférais ne pas trop m’étendre là-dessus, c’était Chuck qui était censé être doué pour ces choses-là, est-ce qu’il ne pouvait pas juste deviner ce que j’étais en train de sous-entendre ? Surtout que je n’y avais pas pensé, mais subitement je trouvais que c’était un peu étrange de raconter mes ébats à mon copain – mon copain – avec quelqu’un qui n’était pas mon copain justement. C’était plus brusque que les autres fois, cédai-je en ramenant mes jambes vers moi.

Je ne dis pas que j’avais eu un peu mal aussi, préférant mettre court au mouvement d’impatience qu’il avoir et me tordis un peu plus contre lui tout en enlaçant nos doigts pour le canaliser.

- On a déjà réglé nos problèmes Chuck, c’est pas la peine
, lui assurai-je tout en pensant que j’étais bien idiote d’avoir raconté ça, parce que je faisais passer Gael pour un rustre sans cervelle alors que c’était normalement quelqu’un de serviable gentil et souriant qui me filait toujours un coup de main pour s’occuper d’Hibiscus lorsque je n’étais pas là.

Au fur et à mesure que j’allais dans les confessions je voyais que ça ne me faisait plus comme avant lorsque je lâchai une information ou deux sur ma vie sur le bout des lèvres comme si ça allait être une arme que Chuck allait pouvoir rediriger vers moi. Ce n’était plus dérangeant, parce qu’avec l’aveu qu’il avait fait dans les écuries, ça avait balayé tout ce superflu qui nous empêchait de faire un pas vers l’autre, et je voulais même que mes secrets deviennent les siens, qu’on ne les partage qu’à deux, mais que paradoxalement ce soit de cette façon que nous pouvions former une même entité et qu’on en devenait indissociable. Là aussi ça fonctionnait en termes d’opposition parce que le partage, c’était ce qu’on m’avait toujours appris donc aussi ce que je savais faire le mieux et pourtant j’avais refoulé tout ça pendant trop d’années, parce qu’à chaque fois que j’avais voulu le faire… partager, ce n’était qu’à sens unique, et ça ne pouvait pas marcher comme ça, alors la seule défense que je pouvais avoir face à ça, c’était de me renfermer sur moi-même. Ce soir plus que jamais, ce qui était en train de se passer me montrait qu’il fallait que je me fasse entendre, et pour être entendu… il fallait qu’on m’écoute et enfin Chuck s’y disposait donc ça me faisait un peu plus délier la langue à chaque seconde, parce que plus il saurait, plus il pourrait comprendre, et plus il pourrait comprendre, plus il pourrait être une partie de moi.
Est-ce qu’ensuite il allait me laisser être une partie de lui ?


- Je sais, Tay... Je sais tout ça. Et moi aussi je flippais de plus te revoir, et j'ai passé tout l'été à le ruminer d'ailleurs... Tu sais que ta cousine m'a écrit une lettre pour me dire que j'étais un salaud? Pendant une seconde, quand j'ai vu la carte du Texas, j'ai cru que c'était toi et je me suis senti soulagé. Bon, après, j'en ai pris pour mon grade.

Je devais sûrement le regarder avec un air de mais qu’est-ce que tu me chantes, parce que Ruth ne pouvait pas avoir envoyé de carte du Texas puisque…

- Je lui ai jamais demandé ! m’insurgeai-je parce que même je lui avais parlé de Chuck en détails et que ça n’allait pas, ce n’était pas mon genre de faire agir les gens à ma place. Je claquai ma langue contre mon palet de mécontentement. J’suis sûre qu’elle est allée regarder sur internet parce qu’elle me posait des drôles de questions parfois, mais j’ai pas pensé que c’était pour faire ça, elle m’a même imprimé des photos et…

Je me tus parce que ça me faisait un peu passer pour une désespérée, alors autant me draper dans la dignité qu’il me restait. Il venait de me mettre la puce à l’oreille avec cette révélation et à présent, je voulais tout savoir dans les moindres parties, je voulais être celle qui en savait le plus sur lui, surtout lorsque je n’avais pas été
avec lui pour être la première, celle qui prenait le plus de place et qui en faisait part intégrante. Quand je pensais que ses amis les plus proches à Bristol… devaient être beaucoup plus au courant que moi de ce qui se passait, il y avait une lame de rasoir qui revisitait tout mon estomac avec la douleur du « tu en as des choses à rattraper » mais le truc c’est que même si je rattrapais, ils savaient plus et ça leur laissait aussi une longueur d’avance d’en apprendre plus encore et figurer en deuxième position ne me plaisait mais alors, pas du tout. J’enfermai d’ailleurs l’un de ses mollets autour des miens comme on était assis tous les deux, pour affirmer un peu plus mon appartenance.

- Je l'ai foiré mon permis, j'ai pas réussi à arriver dans le cerceau. Et sous les yeux de F... De Stephen d'ailleurs, ça m'étonne qu'il ne te l'ai pas dit. Je haussai les épaules sans savoir si c’était sérieux ou pas ou s’il savait qu’on ne s’était pas parlé depuis des semaines. Je n’avais ni passé le permis ni même transplané une seule fois de ma vie, donc je ne savais même pas vraiment en quoi consistait l’épreuve. Bien sûr que j'ai pris l'avion, tu voulais que je vienne comment, à poney? Mais j'ai ensorcelé le guichetier... Le dis pas à Coop, il me ferait la morale. Du coup, j'ai pas payé. Et je sais même pas combien de temps ça a pris, je suis passé par Washington, puis Dallas, et après j'ai pris le bus, et j'ai fait du stop... Mais c'était cool.

C’est vrai qu’on avait le droit de faire de la magie n’importe quand maintenant, même si je n’avais pas encore le réflexe – je n’avais pas utilisé ma baguette depuis que j’étais revenue au Texas – mais ça me fit sourire parce que je n’allais sûrement pas lui reprocher d’avoir utilisé sa baguette sur un moldu alors que c’était pour venir jusque ici et qu’en plus je connaissais les prix qui flambaient facilement lorsqu’il fallait traverser l’autre bout du monde. C’était Robin qui s’occupait de gérer ça plus ou moins, mais mes parents m’avaient laissé… pas mal d’argent et je n’avais jamais été dans le besoin de toute façon donc il n’y avait pas de quoi s’en faire, mais puisque c’était le meilleur moyen de faire des économies…

Je l’observais en le suivant des yeux, sans voir ce qu’il sortait de son jean’s parce que sa main s’était refermée dessus et j’étais curieuse de voir ce que j’allais y découvrir sans me douter de quoi est-ce qu’il pouvait bien s’agir.


- C'est ça, qui m'a fait changer d'avis.


Je me mordis l’intérieur de la lèvre pour retenir la secousse qui me traversa tout le dos et faire tressaillir mon cœur, parce que c’était ma petite figurine, je savais que c’était la même parce que j’avais juste à passer l’index dessous pour sentir les lettres gravé dans la terre cuite du socle.

- Tu sais qu'elle ne m'a jamais quitté, depuis?... J'ai eu peur qu'il soit trop tard, je ne pouvais pas attendre la rentrée.


- Je comprends pas…
Je l’avais perdu cette figurine pourquoi est-ce que c’était Chuck qui l’avait ? Je te l’ai jamais donné, c’était le jour où… où tu m’as plaqué donc je l’ai gardé. Je redevins silencieuse un instant parce que savoir que Chuck avait mon cadeau me mettant autant mal à l’aise que ça m’émouvait à cause de sa signification et je ne savais plus trop où me mettre. Tu l’as eu comment ? soufflai-je, sans oser lever les yeux vers l’autre, un peu plus loin, dont seule la couleur du cheval différait et les doigts se refermèrent dessus.

- Ah oui, et j'ai ça aussi!...

- T’as vu qu’elles t’allaient pas, alors tu me les rends ? plaisantai-je en le voyant sortir mes chaussures en remarquant quand même qu’elles n’avaient pas mystérieusement disparues ou qu’on me les avait volées quand j’avais vu le lendemain du bal à l’entrée qu’elles n’y étaient plus, mais que c’était Chuck qui les avait prise malgré ce qui s’était passé juste avant et même si ce n’était pas trop de circonstance, penser ça me fit plaisir.

Je lui déposai un bisou sur la tempe lorsqu’il s’installa de nouveau près de moi. On avait tant de points communs que ce qui s’appliquait à moi s’appliquait également à lui et je n’avais pas oublié qu’il avait soigneusement choisi de répondre aux questions qui l’embêtait le moins, mon confirmant qu’il y avait un truc qui clochait. Après, je ne pouvais pas le pousser sinon il allait se raccrocher au dernier moment et c’était ça qui risquait le plus de l’écorcher. C’était à Chuck de faire le premier pas, même si je pouvais lui tenir la main pour le soutenir.


- Oh, au téléphone, c'était ma charmante mère, fidèle à elle-même. Elle sait même pas que je suis ici, et elle s'en fout tu sais. Enfin, tu la verras bien quand tu viendras...


Je ne surenchéris pas, parce que même si je m’y étais plus ou moins préparée… j’étais étonnée d’apprendre ça comme ça – j’avais la fâcheuse (soit disant ce n’était pas moi qui le disait mais Robin) tendance à faire ce que je voulais et partir sans prévenir personne mais ça n’avait jamais pour aller à des millions de kilomètres de ma maison. Elle s’en fout. Comment est-ce qu’on pouvait
s’en foutre? En songeant à comment ils s’étaient parlé tous les deux au téléphone la colère monta comme on allume la flamme sous la casserole quand on chauffe le gaz. Mais je me dis en même temps que peut-être il exagérait, à l’école il y avait toujours plein d’élèves qui se plaignaient de leur parent, et je ne savais pas trop comment ça se passait parce que je n’avais pas eu trop l’occasion de me plaindre des miens. Mais je supposais que c’était comme quand je ronchonnais que Robin me surprotégeait, mais j’imaginais qu’elle faisait pour de bonne raisons, et qui étaient évidentes, donc pas la peine de le rappeler.

Je m’attendais à ce qu’il en dise plus quitte à lui poser d’autres questions – je n’avais pas relevé, mais le « quand tu viendras » s’était déjà imprimé sur une petite note dans mon cerveau, que je fixais dans un coin, bien à l’abri. Mais il emprunta une autre voie.


- Tu sais, moi aussi mon été a été merdique... J'avais trop peur de jamais te revoir, et je regrettais, j'y pensais tout le temps. J'ai vu Haley d'ailleurs, et je lui en ai parlé. Je crois qu'elle avait raison, finalement. C'était une erreur. Tout ce que je t'avais dit... Bref, ça m'a sapé le moral, j'ai fait de la merde, comme tu... Comme tu l'as vu à la rentrée.

Haley l’avait vu pendant l’été. Pas moi. Haley avait été là lorsque ça n’allait pas. Pas moi. Comme tout à l’heure, me dire
qu'elle devait savoir et pas moi fit émerger une rivalité parce qu’elle avait été présente et à l’écoute et que comme elle avait su tenir ce rôle, ce n’était pas la peine que je le remplisse. Et le reste, oui oui je n’avais pas oublié comme j’avais voulu prendre tout ce qui était nocif à Chuck lorsqu’on s’était revu pour la première fois, qui le pourrissait et que si au départ ça ne s’était pas vu parce que ça avait pris naissance au cœur même de la chose, ça c’était tellement propagé que ça en avait transpercé sa peau pour aller à l’air libre. Même si là encore c’était par le biais d’un non-dit, je compris de quoi il parlait, mais ce n’était pas assez, il fallait qu’il m’explique…

- Sinon, il ne se passe rien tu sais... Coop ne va ni mieux ni moins bien.

Il m’emporta avec lui et je ne luttai pas parce que ça voulait dire qu’il ne voulait pas aller plus loin quand moi je l’avais fait… j’étais bête de penser comme ça, ce n’était pas une compétition de celui qui allait préserver le mystère le plus longtemps, mais me savoir plus à découvert que lui me rendait également plus chétive et c’était une émotion que je haïssais. Il ne se passait rien, mais comment je pouvais dire qu’il ne se passait rien moi, puisque de toute façon, je ne savais pas assez pour affirmer la même chose ? Je n’insistais pas parce que le but n’était pas d’être pressante, et que ce n’était pas en une nuit que j’allais remplir ce vide, mais je ne voulais pas attendre, sauf que j’allais bien être obligée… J’étais triste, parce que ça signifiait qu’il était prêt avec d’autres – Haley, son prénom, je n’arrêtais pas de le répéter – mais pas avec moi. Les yeux me piquèrent sans que, et tant mieux, les larmes ne me viennent et je réagissais beaucoup plus mollement que les fois précédentes pour répondre à sa demande de câlins, sans réussir à faire comme si de rien était, mais sans rien dire non plus, parce qu’il ne fallait pas qu’il le prenne mal, sinon ça allait le bloquer encore plus et ça me gênait pour Chuck qu’il se bloque parce que je ne faisais pas comme j’aurais dû faire et comme il voulait que je fasse.

- Je ne vais pas pouvoir rester longtemps, par contre. Je peux pas laisser Coop tout seul pour le nouvel an... Tu comprends?

Je n’eus aucune réaction un peu comme si on avait tiré sur la ficelle et que de l’eau froide m’était tombé sur la tête ce qui était très stupide parce que jusqu’à aujourd’hui je n’avais même pas pensé que Chuck pourrait être ici et qu’en plus, je serais dans ses bras. Inconsciemment j’avais déjà projeté qu’il resterait pendant toutes les vacances et qu’on rentrerait ensemble à Poudlard ensuite mais sur le coup je n’y avais pas pensé comme tout était allé très rapidement et maintenant qu’il le disait et que j’imaginais comment ça aurait pu être… ben c’était fichu et j’étais déçue bien sûr. Et je n’allais sûrement pas lui faire la tête pour ça et qu’il n’avait même pas à poser la question parce que je me mettais à sa place aussi, mais ça avait achevé de me refroidir, donc je ne trouvais pas de quoi rebondir et pour lui assurer qu’il n’y avait pas de problème.

Je sifflai entre mes dents quelques temps après quand nos deux peaux entrèrent en contact m’éveillant de la torpeur qui avait déjà un peu engourdie mes muscles. Je rouvris les yeux et me déportai vers son ventre et son torse pour pouvoir me caler à quatre pattes au-dessus de lui et d’aller le chatouiller avec mes cheveux qui eux aussi retombaient de chaque côtés de mes épaules. Franchement il pouvait parler de se réfréner autant qu’il voulait on en revenait toujours à la même chose et puis tout ça, ce n’était que des comportements purement physiques, parce que systématiquement, dès qu’il me touchait ou inversement il y avait ce voile du désir qui me faisait frémir tout entière et ça devenait plus fort que tout. Et puis il fallait combattre le sommeil parce que tant que je restais réveillée Chuck était là lui aussi, alors que si je m’endormais, tout ça ne pouvait être qu’un rêve donc quitte à choisir, autant le prolonger… Je l’embrassai partout où je pouvais avec ma bouche avant de terminer ma course où j’aspirai sa peau, en même temps que je passai une main le long de ses bras pour aller chercher la sienne. Je ne vis qu’en allant réclamer plus de bisous en allant récupérer ses lèvres que j’étais doucement retombée sur son ventre qui se soulevait de plus en plus vite et que je faisais pareil en me calant à sa respiration. Tant pis pour ce qu’il avait dit, parce que je voulais lui faire du bien autant qu’il m’en faisait et c’était quand ça passait par ce contact là que c’était le plus significatif. Je voulais qu’on continue de s’embrasser comme j’en avais tant eu envie dans de multiples occasions tous ces mois où on s’était retrouvés tous les deux ou pas à Poudlard et qu’il n’y avait plus rien pour retenir mon amour à présent. Evidemment qu’il y avait toujours une part de recherche personnelle du plaisir, mais en tout cas, à chaque fois que j’enserrai un peu plus mes lèvres avec la sienne, c’était en pensant au sien et uniquement au sien que je songeais, et rien d’autre.

- Je t’aime, m’entendis-je soupirer et en fermant les yeux une seconde.

J’eus un grognement du fond de la gorge mais tout ne gardant la bouche fermée, parce qu’il y avait une voix qui n’arrêtait pas de répéter Taylord, Taylord, Taylord et oui bon ça va, je savais que je m’appelais Taylord !! Mais la voix devenait de plus en plus distinctes les secondes aidant et je les reconnus comme étant celle de ma tante et j’avais l’impression qu’elle me hurlait dans les oreilles, mais ça n’allait pas bien de crier comme ça ? Je refermai mes doigts sur un poignet en me blottissant plus encore, les paupières clauses mais là aussi, plus ça allait plus, même les yeux fermés il ne faisait plus aussi noir et ce n’était plus aussi doux que deux minutes auparavant. Je clignai plusieurs fois des yeux mais il y avait trop de lumière dans la chambre alors je les refermais aussitôt, mais ça m’avait suffi pour voir qu’il y avait bien Robin à côté du matelas et je tournai la tête de l’autre côté dans le cou de Chuck pour me protéger de la clarté de la pièce en grommelant.

- Mais chut, tu vas le réveiller.. ! maugréai-je avec mauvaise humeur parce que je détestais qu’on vienne me chercher des noises au saut du lit alors que je n’avais même pas mis un pied hors des couvertures ! Je passai mon bras autour de lui bien décidée à ne pas bouger d’un pouce.

Ce n’est qu’en l’entendant m’apprendre qu’il était presque une heure – de l’après midi – que les deux fils électriques de mon cerveau se rencontrèrent pour me donner un coup de punch, parce que je ne me levai jamais aussi tard normalement parce que dans un ranch on ne se lève pas tard, du coup je consentis à m’asseoir dans le lit en ignorant Robin royalement quand elle me dit que je ne sautais pas les repas en prenant Zephyr qui me courait dans les bras et le caressant pour lui dire bonjour. Je lui affirmai quand même que oui oui, j’allais le faire avant qu’elle ne fasse demi-tour, parce qu’à présent que mes idées se mettaient un peu en place je n’allais pas trop la ramener parce qu’à jouer la Belle au bois dormant, je n’étais pas retournée dans mon lit comme je l’aurais dû et que comme elle n’avait pas fait le moindre commentaire, je n’allais pas trop en rajouter… C’était au bout de celui-ci qu’elle avait posé un plateau repas avec des verres de jus de fruits et plusieurs pains au chocolat et croissant et il y avait du pain aussi. Je séparais les viennoiseries en deux petits tas égaux… non à la réflexion, j’en mis un de plus du côté de Chuck.

En parlant de Belle au bois dormant, il n’avait toujours pas bougé, et d’accord je n’aimais pas qu’on me réveille, mais ça ne me dérangeait pas de réveiller les autres ! Je me demandais à partir de quel moment on avait sombré, mais comme la veille mes paumes s’attaquèrent à son corps gentiment avant de passer à la vitesse supérieure pas longtemps après parce que ça ne lui faisait – presque – aucun effet. Après avoir laissé un milliard de petits bisous, dans son cou et là où j’y avais laissé ma marque, ses oreilles son front, ses paupières, ses joues, son menton, je croquai sa bouche entre mes dents pour le réveiller, comme disait le conte…


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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeMer 6 Fév - 19:49

- Mais tu vois tu dis que tu voulais que ça s’arrête. Et si ça recommence, si ça fait pareil, que ça te donne envie de faire en sorte que je te déteste pour que ce soit fini ? Je veux pas être celle qui te rend comme ça…

C'était sans doute pas la meilleure façon de réagir, mais je laissai échapper un petit rire. Mais voyons, Taylord! Ne te fais pas plus bête que tu n'es, j'avais envie de lui dire, et comme elle se recroquevillait encore contre moi - j'avais l'impression qu'elle n'arrêtait pas de changer d'attitude, soit elle se collait tout contre moi et voulait me dévorer de bisous autant que je le voulais, soit tout d'un coup elle fermait ses bras et ses jambes dans un signe de défense. De défense de quoi? J'avais bien compris qu'il ne fallait pas espérer une réconciliation dans tous les sens du terme, ça va, j'étais obsédé mais quand même, je savais bien qu'il y avait des moments où il fallait être un peu... fin. Je ne disais pas que ça m'enchantait, j'avais besoin et envie de lui montrer aussi physiquement combien je l'aimais, mais je me réconfortai en disant que ça viendrait. Plus tard. Dans pas trop longtemps, j'espérai, mais bon. Si je commençai déjà à la tanner, elle allait vraiment croire que c'était qu'à son cul que j'en voulais, et pas au reste. Et ce n'était pas trop le message que je voulais faire passer. Ah, c'est beau de grandir, hein? Je ne pouvais évidemment pas m'empêcher de repenser au moment où on avait été "ensemble" et qu'elle m'avait longtemps repoussé avant de céder, ce qui avait coïncidé avec le moment où je l'avais largué comme une vieille chaussette. Hmm. Ça, ce n'était pas très malin, parce que maintenant je me disais que ça allait me retomber dessus : si elle associait nos ébats avec le fait que je la quitte... On n'était pas dans la merde. Et j'allais pouvoir crever de frustration une nouvelle fois. Bon.

Ce n'était pas plus malin de me moquer de ce qu'elle venait de dire, et je tentai un peu tard de me rattraper. Elle s'était encore une fois raidie entre mes bras, mais je glissai mon bras autour de son cou pour la coller contre moi, embrassant son front puis sa bouche pour me faire pardonner. Putain, c'était peut-être bon de la retrouver, mais ce n'était pas facile... Pas si facile, une fois que je pensais avoir dit le principal, la clé qui ferait redevenir tout comme avant. Et là, alors qu'on était tous les deux bien au chaud dans notre lit, je compris qu'il faudrait encore faire quelques efforts pour que tout rentre dans l'ordre. Et même, ce n'était pas son genre, d'être comme ça, toute tremblante, les yeux humides. C'était comme quand on s'était plus ou moins "retrouvés" alors qu'elle vomissait ses tripes dans les chiottes : la Taylord d'avant n'était plus là, celle que rien n'ébranlait et après qui j'avais du courir comme un marathonien pour qu'elle m'accorde ses faveurs. Celle qui me foutait des baffes, tout ça... Non pas que j'avais envie qu'elle m'en foute, entendons-nous bien. Mais j'avais envie de la voir renaître de ses cendres, parce que je l'aimais pour ça aussi, parce que malgré tout elle vibrait d'une force qui m'attirait autant qu'elle me rendait plus fort. Et même si parfois - la plupart du temps - son sale caractère de merde était la cause de nos disputes, je préférai mille fois la voir s'énerver contre moi que, comme maintenant, la sentir trembler et la voir absente. Mais le pire dans tout ça c'était que je savais très bien que... Que le fautif c'était moi, d'une manière ou d'une autre, que je l'avais cassée, elle que personne ne pouvait casser. Alors, c'était pour ça que j'avais voulu arrêter : j'avais le pouvoir de la casser, et elle avait celui de me casser.


- T'es bête, ça recommencera pas, murmurai-je. Sinon, je serais pas venu jusque là.

... Qu'est-ce que je pouvais lui offrir d'autre? Heureusement qu'il faisait plutôt noir, parce que je savais que j'avais le regard vague, et je ne voulais pas qu'elle croit que je doute, ou une connerie du genre. Je ne doutais pas, au contraire, mais je m'en voulais, à mort, j'avais envie de payer ce que j'avais fait, et j'avais surtout peur de ne pas être à la hauteur. Je savais que maintenant que c'était clair, j'étais amoureux d'elle, le problème était pas là, le problème était que je ne gérais pas les sentiments forts et que ceux-là m'étouffaient et me brûlaient de l'intérieur, comme si j'allais exploser, à tout moment, et comme j'étais déjà de nature explosive, et quand je m'emportais je ne contrôlais plus trop et je disais de la merde, eh ben, ça ne me rassurait pas.

Je voulais juste qu'elle continue à poser ses petites mains chaudes sur tout mon corps et que je ressente ce feu immense qui ne brûlait que pour elle - pour nous. J'avais envie d'être à des kilomètres d'ici, dans un endroit inconnu, avec elle et rien qu'elle et que tout, passé présent futur, n'existe pas, pour que j'arrive à lui montrer tout ce que j'avais sur le coeur, mes doutes, mes regrets et mes peurs, mais je me sentais pris au piège de toutes les conneries qui me collaient au train, et j'avais la désagréable impression que j'étais maudit et obligé de les supporter sans broncher, et sans rien dire. Mais elles me coupaient un peu le sifflet. Et Taylord, elle faisait comment? C'était sûr qu'elle avait moins à se reprocher mais... Mais elle avait d'autres genres de casseroles, toutes aussi lourdes à porter, si ce n'est plus.


- Énervé, comme énervé quoi! Oui ben, pas la peine de s'énerver. Elle avait tourné la tête vers moi et je la regardai aussi, et dans le noir ses yeux brillaient. C’était plus brusque que les autres fois.

...

- On a déjà réglé nos problèmes Chuck, c’est pas la peine.

Lâche-mes putain de doigts, j'avais envie de lui dire, parce que là, je veux juste me lever, descendre, retrouver ce connard et le buter. L'étriper, lui faire bouffer ses entrailles et sa merde. Non mais ma petite, tes "Chuck c'est pas la peine" tu peux te les mettre où je pense, parce que si quelqu'un devait décider si c'était la peine ou non, c'était bien moi. Pour le coup, je m'étais raidi à mon tour et je m'étais détourné d'elle, me laissant retomber sur le dos, les yeux vers le plafond. Il n'y avait que ma main qui était en contact avec elle, dans la sienne, mais c'était parce qu'elle la tenait, et que je me laissais faire froidement. Je détestais être comme ça, mais la colère prenait possession de moi par vagues et il n'y avait rien que je pouvais faire pour la dégager, si ce n'est d'imaginer la tête de Gael à la place d'un punching-ball, et moi qui la défonçais de coup de poing. Non mais. Bon, eh bien, il semblait que j'allais commencer à payer mes fautes, pas vrai? Oh, génial, maintenant, en plus de tout, avec tout ça, un mec s'était occupé de Taylord - déjà j'avais du mal à ne pas tuer quelqu'un - mais en plus il l'avait fait brusquement.

- Tu penses vraiment que tu peux me dire ça et espérer que je reste calme, lâchai-je les dents serrés et la voix franchement hostile. Pas contre elle - contre lui. Franchement qu'il ne montre même pas sa gueule demain sinon je le défonce. Et tant pis pour ton oncle et ta tante. Ils doivent être vachement contents que tu te tapes leur employé, je me trompe?!

Tu parles, à mon avis ils en savaient que dalle, oui!

Merde, c'était méchant pour elle... Ben tant pis. Je ne savais plus comment faire maintenant hein, elle me lâchait une bombe, oh dis donc Chuck, Gael m'a sautée mais en plus il l'a fait violemment, mais qu'est-ce qu'elle voulait que je dise, franchement!! Désolé de casser l'ambiance, mais putain...

Après tout, peut-être qu'elle aimait ça, hein, moi pour ce que j'en savais pas - je n'avais pas eu l'occasion de la connaître aussi bien et
autant de fois que lui.

Bon, il fallait vraiment que j'arrête et que je me calme, sinon je sentais gros comme une maison que j'allais passer le reste de la nuit à la porte à me peler et à ruminer encore plus (si c'était possible) tout ce qui tournait dans ma tête.

J'inspirai un grand coup et sans plus réfléchir je me redressai et l'embrassai sans lui laisser le temps de me repousser, je me mis à moitié sur elle et attrapai son bras pour qu'elle le mette autour de moi tandis qu'autoritairement je laissai ma main faire ce qu'elle voulait sur sa jambe, remontant vers le haut de sa cuisse avant de serrer un peu plus et de caler sa jambe contre ma hanche. Je l'embrassai avec toute la colère et la passion qui m'animaient, et je pensais à tous ces connards et à tous les Gael de la terre qui pouvaient bien aller se faire mettre en enfer parce qu'elle était à moi et que personne n'avait le droit de la toucher.

Après quoi, comme ça allait déjà un peu mieux, même si j'en avais pas fini avec ce palefrenier de mes deux, je me réinstallai tout contre elle, une main sur sa hanche pour qu'elle ne s'échappe pas, la laissant enrouler ses jambes autour des miennes. Mon coeur battait fort jusque dans mes temps mais il me suffisait de respirer l'odeur de ses cheveux à plein poumons pour que ça aille un peu mieux. Je me demandais si elle m'en voulait d'avoir réagi comme ça, mais bon, merde, elle ne pouvait pas non plus attendre que je change complètement.


- Je lui ai jamais demandé ! Elle s'était redressée, toute pas contente, et l'espace d'un instant je retrouvai ma Taylord, qui tirait la tronche et qui plissait sa bouche d'énervement et qui était prête à marmonner dans sa barbe gnagnagnagnajenesuispascontentejesuisuntrollencolère. J’suis sûre qu’elle est allée regarder sur internet parce qu’elle me posait des drôles de questions parfois, mais j’ai pas pensé que c’était pour faire ça, elle m’a même imprimé des photos et…

Je me doutai bien que ça ne venait pas d'elle, elle avait trop d'honneur pour ça, par contre la cousine, elle, elle semblait être bien assez chiante pour faire ce genre de trucs. ... Des photos?!

- Et alors, t'as imprimé un poster de moi?... répondis-je pour la charrier. Gentiment évidemment.

Pour le coup, moi aussi j'avais fait pareil, et je l'avais même trouvé sur facebook - l'avantage quand on est pas que sorcier - mais à part des photos de canasson, ça m'avait pas apporté grand chose.

Pas peu fier de mon petit effet de surprise, je lui rendis ses pompes et lui montrai la figurine, que je posai ensuite à côté de celle de sa table de nuit. Evidemment, elle devait se demander d'où je la sortais, et même si je m'étais dit qu'elle avait capté, je compris à son air étonné que ce n'était pas le cas. Peut-être qu'elle ne se rappelait pas l'avoir dans son sac ce jour-là dans le bureau de l'autre cinglée de Woodley?

- Je comprends pas… Je te l’ai jamais donné, c’était le jour où… où tu m’as plaqué donc je l’ai gardé. Tu l’as eu comment ?

Je me lançai dans l'explication de bon coeur, parce que si elle ça avait pas l'air de la mettre trop à l'aise, moi tout d'un coup je me sentais plus léger. N'empêche que je ne mentais pas : cette figurine je l'avais presque toujours avec moi, et d'une manière ou d'une autre, je crois que c'était ce qui me faisait espérer, surtout cet été, que Taylord allait revenir.

- Je l'ai ramassé par terre, tu sais, quand j'ai récupéré tes affaires dans... dans le bureau de Woodley? J'avais pas fait gaffe que j'avais gardé quelque chose, et j'ai vu qu'il y avait mon nom sur le paquet. Je l'ai pas ouvert tout de suite et j'ai voulu le rendre, mais comme t'es partie... Je haussai les épaules. Ben je l'ai ouvert. Et puis, je l'ai gardé.

Je lui fis un clin d'oeil, me rendant alors compte que ça faisait un petit bout de temps que je la regardai fixement parce que je ne pouvais pas dégager mon regard du sien et que je tenais ses mains fermement entre les miennes. Elle se moqua de moi à son tour :


- T’as vu qu’elles t’allaient pas, alors tu me les rends ?

Pour la peine, j'entrepris de lui ébouriffer les cheveux et de la chatouiller, ce qui eut pour effet de nous ramener en position allongée, et je rabattis la couette sur nous, alors qu'on abordait des sujets plus... Sensibles pour moi. Je savais que là, dans le noir, elle était prête à l'écouter et elle le voulait, et que d'ailleurs ce n'était pas la première fois. Moi aussi d'ailleurs je l'avais été pour elle, mais le plus souvent en ce qui nous concernait... Ben c'est qu'on était jamais prêts au même moment. Et ce soir je l'étais un peu mais pas trop, je pouvais évoquer mes parents un peu mais pas trop, Coop un peu mais pas trop... Je sentais très bien qu'elle voulait en savoir plus et en un sens je la comprenais, mais juste, je n'y arrivais pas, pas tout de suite, j'avais besoin que ça sorte tout seul et pas qu'on me le fasse sortir sinon j'allais me braquer ou m'énerver, ce que je ne voulais pas. Du coup j'en dis le minimum, assez pour qu'elle sent que je me confiais à elle et que je je le voulais, mais sans doute pas assez pour ses attentes. Il se passa quelques minutes un peu étranges, dans la retenue, et avec mon pouce je caressai le dos de sa main et j'espérais de toutes mes forces qu'elle comprenait tout ce qui se passait... J'en étais presque sûr. Et puis en plus, je n'avais pas spécialement envie de parler de ma connasse de mère ou de m'étendre sur la maladie de mon frère alors que j'étais au Texas chez Taylord et qu'on avait du temps à rattraper, juste tous les deux, pour que toutes ces merdes viennent nous déranger.

Pour seule réponse elle choisit de me rendre un peu la pareille de ce que j'avais fait plus tôt mon estomac, mon coeur et ma gorge se serrer comme pas possible quand elle fut au-dessus de moi. Oh merde, Taylord, c'est déjà pas facile comme ça!... Mais tout de suite mes mains étaient sur elle, et je l'embrassai avec autant de force qu'elle le faisait, lui abandonnant tout. Le plus dur était de gérer son corps qui petit à petit se rapprochait trop près du mien, ses cheveux qui me glissaient dans le cou et qui me faisaient frémir, et quand son ventre se cola doucement contre le mien je compris que ce n'était plus la peine de lutter. Ma respiration devint courte et hachée et putain je ne pensais qu'à lui retirer ses vêtements à la con, et tout mon épiderme régissait à chacune de ses caresses et de ses baisers, et il me semblait que je faisais un bruit du tonnerre en respirant et avec les battements de mon coeur qui me défonçaient la poitrine... Mes mains s'étaient encore une fois glissée sous son - mon - t-shirt et s'imprimaient dans son dos, je ne savais même pas si je lui faisais mal ou si je la griffais, je sentais jusque qu'elle s'insufflait en moi petit à petit en m'embrassant comme ça...


- Je t’aime - et je ne sais pas si son soupir tellement érotique ou le sens de ses mots acheva de m'enlever toute raison, mais je n'en pouvais plus, de ses sensations, de cette position, d'elle tout partout sur moi, et j'étais obligé d'ouvrir la bouche pour respirer tellement l'air me manquait.

Je me laissai glisser dans le sommeil moi aussi quand je la sentis se détendre contre moi et glisser sa tête dans mon cou, et sans aucune difficulté, avec tout le décalage horaire, la fatigues, les émotions, je m'endormis direct. Quelque fois dans la nuit je me réveillai à moitié juste pour m'assurer qu'elle était bien blottie sur moi et qu'elle n'était pas partie, et je me rendormis de la même façon.

Je ne savais absolument pas combien de temps on avait dormi et quelle heure il était, mais dans la matinée à un moment j'ouvris les yeux deux secondes parce que j'avais entendu du bruit dans le couloir, mais je me rendormis aussi sec vu que Taylord pionçait toujours. A ce moment là, je fis des rêves bizarres où il était question de Poudlard sans que ce soit vraiment Poudlard, et de Gael au détour d'un couloir à qui je mettais une grosse beigne. D'ailleurs à un moment... A un moment je m'étais couché dans mon dortoir mais je me réveillais à moitié et j'étais chez Taylord et il y avait sa tante, et comme j'avais le pressentiment que c'était plus la vérité qu'autre chose, je fis mine de pioncer à fond et ne me réveillai pas, attendant que le danger soit passé. Et puis je me rendormis pour de bon, malgré les bonnes odeurs qui montaient de la cuisine et qui réveillaient horriblement mon estomac tout vide.

Je me réveillai doucement en sentant ses mains sur ma peau, et comme elle continuait et se faisait plus pressante, comme c'était à peu près le réveil le plus agréable du monde, je gardai les paupières fermées et me laissai faire, ne pouvant pas me retenir de sourire, surtout quand elle finit par m'embrasser pour de bon, et je me mis tout d'un coup en mouvement et l'emprisonnai entre mes jambes jusqu'à ce qu'elle glisse sur le côté et qu'elle rit avec moi.

Sa tante avait apporté de la bouffe, apparemment, et il ne fallait pas m'en promettre, parce que j'avais carrément l'estomac dans les talons, ce qui fait que je dus laisser Taylord un temps, question de vie ou de mort :


- Désolé mais là, j'en mangerais 10 comme toi, lui dis-je avec un petit sourire avant de ramener le plateau vers nous, de lui donner son verre et un truc à bouffer, m'assurant qu'elle le mangeait bien - oui parce qu'elle pensait peut-être que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais moi je n'oubliais pas sa fâcheuse tendance à picorer comme un moineau, et maintenant c'était mort pour qu'elle joue encore à ça. Je me demandais bien ce qu'on allait faire ensuite et je me doutais que son oncle et sa tante trouveraient ça particulièrement louche qu'on reste toute la journée dans sa chambre mais... J'avais envie de rester au lit toute la journée avec elle et de dormir aussi toute la journée parce que je me sentais bizarre, à cause du décalage horaire. Mais bon... J'avalais mon quatrième ou cinquième croissant et je l'embrassai dans le cou en glissant mes mains autour de sa taille, me sentant frissonner comme hier soir : Alors, ça ressemble à quoi une journée au milieu des poneys?

Je n'étais pas certain d'entendre la réponse : j'avais déjà autoritairement tourné son visage vers le mien en glissant ma main dans ses cheveux pour l'embrasser.
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Taylord Reegan


Taylord Reegan
Élève de 7ème année



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Localisation : Ben regarde, sur ma licorne magique... Ah, tu la vois ? Okay, arrête le jus de citrouille alors, visiblement ça te fait pas que du bien.
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A thousand miles - Taylord Empty
MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeSam 9 Fév - 19:54

J’avais tout lâché sans penser aux proportions que ça pouvait prendre comme l’indiquait Chuck pour qui la contemplation du plafond était devenue plus intéressante que moi. Je n’avais pas suivi son impulsion vers l’arrière, toujours assise dans le lit et le regard tourné vers lui en serrant un peu plus ses doigts parce qu’il ne répondait pas à la pression – son manque de réactivité fit naître une contraction dans le creux de mon estomac qui se rétractait de plus en plus. Je jouais avec sa main et me dis que j’aurais dû éviter de parler de tout ça, mais en même temps, je me voyais mal me taire alors que Gael travaillait ici et que je le voyais tous les jours donc qu’il n’avait pas trop à voir avec les autres. En même temps c’était Chuck aussi qui avait posé la question je n’allais pas inventer que j’étais sagement restée à ma place en attendant que ce soit lui qui se bouge les fesses ! Ça ne me plaisait pas non plus de le voir comme ça parce que c’était comme s’il y avait des barreaux entre nous et qu’on ne pouvait qu’y passer les bras mais jamais le corps complètement alors que normalement, se parler aussi franchement aurait dû nous rapprocher…

- Tu penses vraiment que tu peux me dire ça et espérer que je reste calme.

Ben oui. En fait je savais que ça partait d’une bonne intention de sa part, mais je pouvais régler mes problèmes toute seule et c’était ce que j’avais fait, donc je ne tenais pas à ce qu’il vienne remuer tout ça de nouveau alors que ça recommençait tout juste à être normal et que j’étais parfaitement au courant que Gael n’avait jamais agi volontairement. Y’a plus rien à voir. Et puis même si je ne le disais pas, il y avait une petite voix, sans timbre, mais qui trônait toujours dans ma tête quand je m’efforçais de ne pas aller au bout de ma penser que c’était un peu tard pour aller lui demander des comptes maintenant puisque à ce moment-là, Chuck avait été tout sauf présent et qu’il celui-là même qui avait même fait en sorte que je me tourne vers les autres garçons alors que je n’en avais jamais eu réelle envie. Et maintenant, c’était moi qui avais des remords parce que je faisais passer mon ami pour le coupable et moi la victime alors que je ne lui avais jamais dit non et idem pour les autres parce qu’à ce moment-là même moi je me jugeais comme étant plus
utile qu’avec des sentiments, alors ce renversement des pôles…

- Mais qu’est-ce que tu veux y faire, on le sait qu’on a fait une connerie, ça va rien changer que tu t’en mêles maintenant et c’est pas ce que j’te demande ! l
e défendis-je, mais le ton était déjà en train de monter.

- Franchement qu'il ne montre même pas sa gueule demain sinon je le défonce. Et tant pis pour ton oncle et ta tante. Ils doivent être vachement contents que tu te tapes leur employé, je me trompe?!

J’avais lâché sa main pendant qu’il était en train d’ignorer mes explications précédentes parce que j’étais doucement en train de comprendre que c’était de la jalousie pure et simple mais c’était loin de me faire plaisir, comme quand j’essayais désespérément d’attirer son attention en embrassant tout ce qui bougeait – c’était peut-être pour ça aussi que je ne m’étais pas attendu à autant de véhémence, et son attitude et surtout sa dernière question me vexa autant qu’elle me blessa parce qu’à chaque fois que j’y repensais, je me trouvais merdique de m’être laissée aller comme ça, que j’étais loin d’en être fière et que maintenant c’était loin de s’arranger après son gros sous-entendu qui n’en était pas un de passer pour la nièce pétasse et profiteuse. Que revenir sur cet été c’était déjà bien assez compliqué comme ça parce que j’étais honteuse et qu’il me confirmait que j’avais bien raison de penser ça en me jugeant. Et en plus il utilisait le présent…

- Alors ça va être bien simple, les règles du jeu ici c’est pas toi qui les fait, et c’est même pas la peine d’y penser t’as pas intérêt de faire des histoires sinon tu peux partir tout d’suite
, exposai-je très sèchement et si depuis tout à l’heure on parlait plus ou moins à voix haute là je ne prenais même pas gaffe à être discrète, qu’on vienne voir ce qui se passait ici parce qu’on était trop bruyant. J’avais parlé d’une traite sans l’ombre d’une hésitation mais mon cœur se chargea un peu plus de ces billes de plomb qui commençaient à le remplir parce que ça me faisait de la peine, et que je ne voulais pas pleurer mais j’avais mal aux yeux et encore plus quand je le menaçais de s’en aller. J'vois pas en quoi ça peut te déranger en plus, tu devais pas trop y penser à c’que je faisais, nan, quand tu changeais de fille tous les soirs ?! Tu t’attendais à quoi sérieux ? Que je patiente bien gentiment en pleurnichant dans mon lit la journée jusqu’à ce que tu viennes me chercher alors que t’as dit que tu voulais plus me voir et que c’était mort ? A attendre comme une conne que tu daignes bien changer d’avis, et pourtant c’est pas faute de t’avoir lancé des perches hein..!

Comme ce qu’il s’était passé dans les cuisines pourquoi pas – c’était maladroit mais en même temps mais en même temps, c’était pas évident quand lui à côté il avait ses petits délire de et ben soyons copinous et sautillons sur les arcs en ciel wouhouhou ! Et puis merde en plus je venais de lui avouer à quel point j’avais été désespérée, ce qui n’était pas prévu au départ, ce qui n’arrangea rien.

- Non parce que j’veux pas dire mais ça fait des mois que j’t’attends.


Silence.

- Donc tes caprices, j’ai pas envie de les supporter.

Re-silence. J’avais plié mais jambe sous les genoux tout en me courbant en position de replis, me cachant un peu plus dans le tee shirt des Yankees beaucoup trop grand, parce que je me sentais salie, parce qu’il avait dit que j’étais salie où je ne sais pas trop quoi et franchement que
Chuckpense ça, c’était un peu comme s’il me jetait la pierre. Comme il ne me disait rien, je crus bon d’en rajouter une couche :

- Je suis pas ton chien.


Il me coupa net dans mon élan de réflexion et je basculai tout à coup en arrière sans avoir rien demandé donc ma première réaction fut celle de lui demander très
poliment d’aller voir ailleurs, sauf que l’opération devint tout de suite complexe parce qu’il y avait presque tout son poids sous le mien m’empêchant de bouger et si j’étais partagée entre l’idée d’aller se faire foutre – avec Gael pour la peine puisqu’il l’adorait, c’était certain, d’ailleurs ça aussi, j’en avais marre qu’il trouve toujours à redire sur mes amis – et celle de laisser la panique me gagner totalement parce que je perdais le contrôle et que je détestais ça de perdre le contrôle, surtout quand c’était face à Chuck parce que c’était quand il était comme ça que je réalisais vraiment qu’il pouvait faire tout ce qu'il voulait et surtout que je ne pouvais rien faire contre ça, à part cesser la résistance, ce que je fis au bout de quelques secondes de lutte, répondant docile à chacune de ses requêtes. C’était aussi énervant parce que j’avais cédé en premier qu’en même temps je ne voulais pas que ça s’arrête, qu’il y avait ma poitrine qui se déchirait parce qu’elle étouffait à cause de ses baisers autant que de l’exaspération ascendante parce qu’il ne pouvait pas espérer s’en sortir avec deux trois bisous alors que je ne lui avais pas donné l’autorisation, mais qu’il y avait son corps qui frottait contre le mien et que non, il ne m’avait pas manqué, il m’avait trop manqué, et qu’il fallait qu’il sache que c’était juste avec lui que je voulais ces sensations et pas les autres. Je fis descendre l’une de mes mains qui s’étaient accrochées à son visage descendit dans son dos en le griffant même si quand je faisais du cheval ils étaient inévitablement plus courts – mais comme ça je pouvais sentir que la chair et tous les muscles qui grouillaient dessous était à moi et que tout ceci existait vraiment et que ça n’avait rien d’un fantasme. Mon poing se ferma de la même façon dans ses reins, comme si j’avais voulu attraper sa peau en même temps, et il y avait de l’idée parce que ce n’était que pour souder un peu plus le plaisir charnel de sentir son ventre sur le mien.

Le lien ne se défit et se brisa uniquement lorsqu’il le décida, me laissant prisonnière et captive le reste du temps. Je m’affaissai sur le matelas parce que j’avais cambré le dos pour pouvoir épouser du mieux possible ses formes, en roulant des yeux, les cheveux éparpillés tout autour et j’espérais vraiment qu’il n’avait rien vu, parce que je boudais encore et que je ne voulais pas qu’il pense que ça m’avait plus parce que c’était ce que mon enveloppe corporelle était lâchement en train de lui faire confiance.

- Ne refait plus ça, dis-je le regard noir tourné vers lui une ou deux minutes après, ma poitrine se soulevant encore fort de mon souffle haletant.

Hé ho ! Je le tapai sur l’épaule comme je l’avais fait dans les écuries pour qu’il enlève sa main là où il l’avait posé parce que
non j’étais pas contente je n’avais pas oublié et que c’était de sa faute si maintenant il n’avait plus le droit de toucher à la marchandise même si mes jambes gardées autour de lui ne rompaient pas notre proximité. Ne refait pas ça, il y avait quelque chose de gênant dans ce qui venait de se passer parce que Chuck avait agi comme si j’étais un objet qu’il se disputait avec Gael comme deux gosses et je n’aimais pas la comparaison, même si j’étais bien obligée d’admettre que j’étais petit à petit en train de perdre ma liberté alors que c’était quelque chose à laquelle j’avais toujours tenue et que par-là Chuck me le faisait bien comprendre, et si pour lui je voulais bien la perdre – mais alors il faisait pareil de son côté ! – je refusais que ça se passe par la force et ça il allait devoir se le rentrer dans le crâne et d’ailleurs il le savait très bien que c’était quand c’était par la force que je perdais tous mes moyens parce que je vivais ça comme un enfermement qui ne m’était pas volontaire, au propre comme au figuré ! C’était à deux qu’on fonctionnait à présent il ne fallait pas qu’il l’oublie si vite.

En plus on ne parlait pas vraiment de trucs qui allégeaient mon humeur, même si Chuck semblait être plus détendu à présent – bon peut être moi aussi, et je lui faisais la tête par mauvaise foi maintenant, parce qu’après ce câlin, la colère était redescendue d’un cran, même si toute la chambre était chargée de tension et entre nous, et autour de nous, parce qu’on se poussait mutuellement hors des limites et qu’il l’avait toujours plus fait que moi, été qu’il n’y avait bien que notre accord fait en début de soirée qui nous aidait à maintenir le cap.


- Et alors, t'as imprimé un poster de moi?...

Je lui donnais un petit coup de pied, parce que déjà, j’étais de mauvais poil j’avais dit et que cette période-là ne me faisait par rire du tout, zut on avait pas le même humour voilà et c’était pas drôle.

- Tu faisais moins le malin tout à l’heure, remarquai-je rien que pour l’embêter. C’est sûr que quand on ne parlait pas de lui et que ce n’était pas lui qui faisait des déclarations !

Parce que moi aussi si j’avais envie, je pouvais lui faire sa fête si je voulais ! D’ailleurs à chaque fois que je l’embrassais, il y avait un petit bout de colère, plus un petit bout, plus un petit bout de colère qui s’effilochait jusqu’à disparaître complètement…

Je le réveillais de la même façon dont on s’était endormis : en l’assommant de bisous de partout et j’avais déjà le cœur bien plus léger et l’esprit aussi mais surtout beaucoup plus opérationnel de la veille parce que déjà un peu plus remis de ses émotions…


- Désolé mais là, j'en mangerais 10 comme toi.

Je pris sans broncher le croissant qu’il me tendit parce que j’avais faim aussi. Mme Pomfresh m’avait donné des flacons aussi pour les vacances à prendre seulement lorsque je n’avais pas d’appétit même si de semaines en semaines ça allait de mieux en mieux et que je réapprenais à aimer certaines choses et c’était encore plus facile ici parce qu’au moins, Robin savait cuisiner. Je commençais le troisième qu’il revenait déjà me chatouiller dans le cou parce que oui je calais un peu, mais j’avais un estomac plus petit il faut dire ! Et puis ça n’empêchait pas, j’avais grossi, le médecin que j’avais vu deux ou trois jours plus tôt l’avait remarqué et l’avait dit que c’était très bien que ce n’était pas pour autant que je me goinfrais comme un ogre !

- Alors, ça ressemble à quoi une journée au milieu des poneys?

S’en suivit un bisou plein de miettes de pains au chocolat et de croissants. Je ne le dis pas, mais maintenant que la nuit était passée et qu’il était toujours là j’étais déjà un peu plus soulagée comme si ces heures avaient été fondamentales et qu’elles soient derrière nous avait également effacé la menace.

- Déjà une journée au milieu des poneys ne commence pas l’après-midi
, lui fis-je savoir tout sourire après l’avoir embrassé aussi. D’habitude je me levai beaucoup plus tôt, parce que je pouvais passer plus de temps à cheval et aussi parce que j’avais le sommeil léger – pourtant quand j’étais avec Chuck, ce n’était pas la première fois que ça me le faisait il y avait une enclume qui me poussait à traîner le plus longtemps possible sous la couette, ce nuage, ses bras comme étant l’espace le plus douillet qu’il existe.

C’était un peu dans cet état que j’étais et m’a chambre ne m’avait jamais paru être aussi confortable qu’aujourd’hui – la lumière était juste un peu forte pour un réveil parce qu’on avait oublié de fermer les volets la veille. Un soir, ce n’était pas assez à mon goût et je ne voulais pas descendre, pas tout de suite en tout cas parce que je voulais profiter de Chuck mais que moi toute seule, alors qu’en journée, c’était toujours super agité dehors et si j’aimais cette ambiance, ici c’était un peu comme notre petit jardin secret, j’y étais bien, je ne voulais pas en sortir.

Je me levai quand même et le tirai par la main pour qu’il vienne aussi pour quitter le lit… Mais pour rejoindre le mien parce que tant qu’à faire, puisque Robin n’avait rien dit, que c’était le jour et qu’elle était bien trop occupée pour venir voir ce qu’il se passait ici… Bon il ne valait mieux pas qu’elle vienne parce que je venais de m’installer à cheval sur ses genoux et que si elle débarquait, ça allait sûrement être au-dessus de sa patience et elle allait refuser qu’on passe une autre nuit ensemble, mais comme en attendant elle n’était pas là… C’était plus fort de toute façon, je n’arrivais pas à me raisonner : déjà hier dans l’obscurité, mais là, la lumière tapait sur son torse et créait des ombres par endroits et ça me partait dans le bas du ventre, jusque dans la bouche, il y avait un fil qu’on tendait fort fort fort et qu’on pinçait comme les cordes d’une guitare et je vibrais toute entière – et à ça je n’y pouvais rien parce que j’avais beau me répéter d’arrêter de provoquer des situations comme celles-ci, il y avait toujours ce fichu fil qui m’entraînait vers l’avant et alors toutes les bonnes résolutions avaient disparues parce que le désir les faisait taire. C’était comme ça que ça marchait déjà depuis ce premier soir dans la salle commune – son désir ne faisait que réchauffer le mien et lui répondait comme l’écho de la voix dans le grand Canyon et je me promis de l’y emmener un jour, et ils continuaient cette petite danse la faisant monter crescendo et c’était d’ailleurs avec Chuck que j’avais le plus découvert tout ça, mais surtout que ça n’avait pas changé…

- D’abord
, je l’embrassai sur la joue, on sait déjà ce qu’on va faire pour le lendemain, comme aller chercher une bétail ou le ramener, un bisou sur le nez, ou alors on prévoit d’aller en ballade comme ce qu’on va faire demain, un bisou sur le front, on choisit l’itinéraire, puis un autre, on se lève en même temps que le soleil, puis un autre, on prépare le pique-nique, puis un autre, on selle les chevaux, puis un autre, on part la journée, encore un, et on revient quand le soleil se couche, puis un… ça te dit ?

Je l’embrassai langoureusement par la suite, l’envie s’immisçant dans le moindre des recoins de la pièce. Mes mains étaient à sa taille et je me dis que ce n’était pas bien, mais il n’avait qu’à enfilé quelque chose lui aussi ! Chuck était cet oasis, cette eau pure qui me purgeait et en roulant sur mes épaules, mais aussi en coulant dans mon organisme telle la cascade qui se remettait à vivre après que le lac eut été asséché durant trop longtemps. Pourtant c’était loin d’être un mirage je le sentais bien à la façon dont ses lèvres répondaient, et je ne savais pas s’il y avait des étoiles de mer dans des endroits comme ceux-là, mais en tout cas j’étais l’une d’entre elles et chacune de mes branches se regonflaient laissant derrière elles l’apparence biscornue qu’elles avaient affichées parce qu’elles fossilisaient hors de l’eau.

Perdre un seul instant aussi, alors qu’il avait dit avant qu’on s’endorme qu’il ne restait pas… La question était sur le bout de ma langue parce que je souhaitais savoir combien de temps nous avions devant nous – mais tant que j’étais dans l’ignorance, c’était encore loin de nous parce qu’il n’y avait rien de concret, du coup…

- T’en vas pas, j’ai pas envie d’attendre la rentrée pour te voir…
j’expirais tous mes regrets en soufflant. Retourner à Poudlard ? Ça ne me disait rien mais pas pour les mêmes raisons que cet été, parce que Chuck ici changeait la donne, mais la rentrée, elle était bien trop loin si c’était pour qu’il parte maintenant ! Je comprenais les raisons donc je ne voulais pas qu’il culpabilise mais être arrachée de lui si peu de temps après nos retrouvailles, c’était dur rien que d’y penser, alors quand ça allait arriver… Ce serait bien que Coop vienne, suggérai-je sans vraiment y croire parce que je l’entendais déjà me dire que non. Mais évidemment, j’avais déjà imaginé qu’ils soient là tous les deux, il y avait un cheval super calme et pas très grand et j’étais sûre que Coop s’entendrait bien avec et plein de fois j’avais inventé des scénarios où je le lui présentais…

Le reste de la journée se poursuivit un peu sur le même tempo, à la fois lent parce que je m’imprégnais de la moindre seconde avec Chuck, mais aussi rapide, parce que c’était déjà la fin de l’après-midi, et qu’après avoir alterné entre les câlins et les bisous on avait fini pour descendre déjeuner puisqu’on était décalé et que gnagna je ne devais pas sauter les repas pfff, passer dire bonjour à Hibiscus et lui donner un coup de brosse et j’en profitais pour expliquer un peu à Chuck à quoi servait chacune, emballée de pouvoir lui faire partager quelque chose que j’aimais pour qu’il apprenne à l’aimer lui aussi, surtout qu’Hibiscus n’était pas mécontente de recevoir autant d’attention donc elle était particulièrement calme. Même si j’avais posé mes conditions et que Chuck avait plutôt intérêt à s’y tenir, je nous fis sortir de l’autre côté des écuries pour ne pas se retrouver en contact direct avec Gael qui s’occupait de nettoyer les box – si je faisais preuve de bonne volonté Chuck devait en faire de même ! Avant d’en suite prendre possession du salon pour jouer aux jeux vidéo jusqu’au dîner où plusieurs fois je lui cachais les yeux avec une main pour le faire perdre parce que même si c’était des jeux de chevaux – ben oui – il finissait par prendre le coup et que mes alors je n’allais pas perdre à mes propres jeux quand même ! En plus il était pris au piège parce que je m’étais assise sur le canapé et lui par terre donc j’avais entouré mes jambes à sa taille et parfois je bousculais ma console avec ses pieds pour le faire dévier, et la dernière partie ne fut jamais gagné par personne parce qu’elle fut fini en bataille de coussins, jusqu’à ce que Ruth vienne nous rejoindre avec deux trois de ses potes et qu’elle était elle aussi de bien meilleure humeur qu’hier et beaucoup plus encline à faire ami-ami avec notre invité, parce qu’elle avait beau faire, sa nature joviale et sociable reprenait le dessus quoi qu’il arrive – c’était pour ça que j’étais toujours obligée d’aller taper ceux qui l’emmerdaient, elle était trop gentille !

Le matin suivant, je le réveillais aussi sans ménagement avec des chatouilles, et plus il avait du mal à se réveiller en se défendant faiblement plus j’avais envie de rire, pour que comme promis, je l’emmène faire un tour du ranch et ses alentours sur la journée. Je dus m’y reprendre à plusieurs fois pour lui faire accepter de porter un casque puisque c’était la première fois et je refusais qu’il tombe et se fasse mal même si le cheval sur lequel il était le plus calme résident ici. On était partis à plusieurs là aussi avec Ruth et sa meilleure amie sans partir trop loin non plus parce qu’il faisait froid donc l’hiver on évitait de faire des promenades de plusieurs jours comme je le faisais tout le temps l’été.

Là je venais tout juste de finir de m’occuper d’Hibiscus et après lui avoir donné un morceau de carotte pour la récompenser, j’allais rejoindre Chuck dont j’étais séparée de quelques stalles. En entrant dans celle de son cheval, je me plaçais dans son dos en posant ma tête dessus pendant que mes bras encerclaient son ventre.

- J’espère que je t’ai fait changer d’avis aujourd’hui,
je passais sous son épaule pour me mettre entre lui et son cheval. Bon, c’est pas en une ballade que tu vas devenir un cowboy, mais dans quelques temps, je pourrais te montrer comment on se sert d’un lasso… J’embrassais ses lèvres. D’ailleurs, je vais l’utiliser à chaque fois que tu t’éloignes trop de moi… J’enlevais mon chapeau en cuir pour le coiffer avec.

Je l’avais dompté, enfin, donc pas question de le laisser fuir de nouveau.. !
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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeMer 13 Fév - 16:32



Ça ne serait pas simple, et ça, je le savais bien. C'était pas comme si la première fois que j'avais rencontré Taylord, elle m'avait griffé la main avant de m'envoyer chier... Alors bon. Déjà, quand ça part comme ça, c'est plutôt clair que la suite ne va pas être toute rose. Ça avait été le cas, et même si maintenant ça allait bien parce que voilà, on s'était enfin retrouvés, ça ne changeait rien à la donne : elle avait son caractère à la con et moi j'avais le mien, on restait opposés sur certains points, et vu comment je m'énervais pour des histoires qui... bon... me rendaient jaloux et qu'elle aussi, eh ben, ça n'allait pas être de tout repos. Mais je crois qu'au fond... Ça ne me dérangeait pas. C'était ça que je kiffais chez elle et qui m'avait toujours attiré, parce qu'elle était la seule à être comme ça : à me tenir tête, vraiment, à s'opposer à moi comme si elle avait voulu se livrer à un combat de catch, et même si elle me soûlait à mort dans ses moments-là, j'avais besoin de cette adrénaline, de ces étincelles, sinon, je m'emmerdais - ça avait été le cas avec toutes les autres. C'est pour ça qu'hier quand on s'était pris le bec ça m'avait pas étonné plus que ça, et tu crois quoi et gnagnagna toi tu te tapes plein de filles alors moi aussi je peux me taper plein de mecs de mon côté, et blablabla. Non mais! Un peu que je faisais les règles, moi aussi, et d'ailleurs, si elle le prenait comme ça ok je me barrais, ok! Bon, je ne l'avais pas fait, mais je l'avais envoyée chier autant qu'elle - et puis ben j'avais fait genre que de toute façon elle voulait de son cul, mais clairement, je m'étais fait la réflexion que, oui, bien sûr que j'avais espéré qu'elle "patiente" bien gentiment pendant tout ce temps, parce je voulais qu'elle soit toujours à moi et tout le bazar. Mais bon. J'avais conscience que lui dire serait revenu à me faire passer pour un connard fini, donc je n'avais rien dit, et puis je l'avais embrassée et elle me l'avait bien rendu - trop même - et il allait falloir qu'elle arrête de faire comme si on allait en venir au fait alors que pas du tout, mais bon, je pouvais pas trop gueuler parce que si en même temps je l'avais pas larguée juste après qu'on l'ait fait, je pense que ça aurait ouvert d'autres perspectives. Donc rumine tes conneries en silence et tais-toi, quoi. Heureusement la nuit avait - un peu - apaisé tout ça et même si évidemment j'avais fait de sympathiques petits rêves, j'avais plutôt été occupé par le fait qu'elle dormait contre moi et que j'étais avec elle et que finalement y'avait un peu que ça qui comptait. Quand même, j'étais venu jusqu'au Texas pour elle... Je ne pouvais pas merder, arrivé là.

Le petit déjeuner avalé, elle remettait déjà le couvert - enfin hélas pas exactement - en m'installant sur son lit et surtout, le plus important, en s'installant sur moi. Je voyais nos photos sur la table de nuit et ça me fit marrer parce que moi aussi, je les avais installée à portée de main, et qu'elles étaient toutes les deux des bons souvenirs (ouh, j'en avais presque oublié l'effet de la petite robe rouge) mais comme Taylord recommençait à m'embrasser avec la même véhémence qu'hier soir... Bon. Je me laissai faire, tandis que, puisqu'elle prenait ses aises, moi aussi, et je laissai mes mains se balader sur ses cuisses autour de moi - en même temps elles étaient nues hein, il ne fallait pas me provoquer trop non plus. Je ne m'en lassais pas et c'était tout ce qui comptait : le reste, je m'en foutais.


- Déjà une journée au milieu des poneys ne commence pas l’après-midi.

Je savais que les poneys n'étaient pas mes amis : la preuve. Parce moi, les journées qui commençaient l'après-midi et me laissaient pioncer toute la matinée, je les aimais beaucoup. Mais bon. Allez, j'étais prêt à découvrir la vie de cow-boy maintenant que j'avais mis un pied dans le ranch, promis!

- D’abord, on sait déjà ce qu’on va faire pour le lendemain, comme aller chercher une bétail ou le ramener, ou alors on prévoit d’aller en ballade comme ce qu’on va faire demain, on choisit l’itinéraire, puis un autre, on se lève en même temps que le soleil, on prépare le pique-nique, on selle les chevaux, on part la journée, et on revient quand le soleil se couche...

... J'avais promis pourtant, je voulais écouter, mais c'était pas de ma faute aussi, elle m'embrassait à chaque mot! Du coup j'étais un peu déconcentré par tout ça, et puis je ne la quittais pas des yeux, mais quand je voyais ses lèvres bouger parce qu'elle parlait je ne pouvais penser qu'à ses lèvres, et ses yeux marron qui me regardaient de sous ses cils m'attiraient tellement que je voulais plonger dedans, et je caressai sa joue en souriant parce qu'elle était belle et que j'avais envie qu'elle se sente la plus belle, et mes doigts dessinaient ses traits que je connaissais par coeur, avant de finir par les deux grains de beauté sous ses pommettes, que j'embrassais.

- ... ça te dit ?

Hmm? Hein? Oups, euh, c'était à moi.

- Ben oui, j'ai hâte de voir ça, maintenant que je suis là, fis-je avec un petit sourire complice, en me disant que je ne savais pas trop à quoi j'avais dit oui - un petit tour sur un poney j'imagine - mais bon, de toute façon, je savais qu'en sortant avec Taylord Reegan il allait bien falloir un moment ou à un autre que je fasse un petit effort de ce côté-là. Autant que ça se fasse maintenant et puis voilà, parce qu'après de toute façon j'étais sensé me casser chez moi donc bon...

Ce n'était pas très facile non plus de penser de manière fragmentée comme ça parce que dès qu'elle m'embrassait à nouveau voilà je ne me rappelais plus de ce que j'étais en train de me dire, et cette fois je sentis le désir montrer carrément trop fort pour que je résiste et j'agrippai ses cuisses plus fort pour la serrer contre moi et mes gestes étaient plus pressés, plus violents, et puisqu'elle était en train de me couper la respiration avec un baiser du feu de dieu, je ne me gênai pas pour glisser ma main sous le t-shirt encore une fois et lui griffer un peu la peau avant de remonter dans sa nuque et ses cheveux et puis de redescendre. Si j'avais été un ami des animaux peut-être que ça se serait passé autrement, mais évidemment, au moment où ma main s'aventura trop loin entre ses cuisses, son abruti de rat me sauta sur le pied pour jouer - non mais, super le jeu - et nous déconcentra de notre petite entreprise. Il essayait de me choper les orteils, et je voulus l'envoyer chier d'un bon coup de pied mais bon Taylord aurait crisé, du coup j'essayai de me dégager tant bien que mal mais il tenait bon, ce con. Finalement, après m'avoir bien grignoté le petit doigt de pied, il finit par revenir vers nous et se frotter contre sa maîtresse. Hmm, mais dégage, sale bête va.


- T’en vas pas, j’ai pas envie d’attendre la rentrée pour te voir… Probablement coupée dans son élan - c'était un peu ma malédiction, depuis hier soir - elle se mit à soupirer et tout d'un coup elle était pensive. Ben non, clairement, moi non plus, mais voilà... Ça me faisait chier parce que j'avais peur qu'elle m'en veuille alors que c'était pas trop de ma faute, et puis, je ne voulais pas avoir à choisir entre Coop et elle. Mais je ne m'inquiétai pas trop non plus : je savais qu'elle, entre tous, comprenait. Ce serait bien que Coop vienne.

Pour le coup, je me redressai d'un coup et la regardai dans les yeux :

- T'es sérieuse?! Ben... Oui, pourquoi pas, il faut voir... Il faut qu'on lui prenne nous même le billet et qu'on lui envoie... Par hibou, ça le fera... Chris pourra l'accompagner à Londres... Si on lui trouve un vol direct ou bien avec pas trop d'attente entre le changement... Je réfléchissais en même temps que je parlais mais ça tournait à plein régime dans ma tête et j'étais carrément tenté de dire oui, même si je savais que ça allait fatiguer Coop, mais en même temps, il dormirait dans l'avion, et puis, merde, pourquoi il fallait toujours lui empêcher de faire plein de trucs sous prétexte qu'il était malade, en attendant, il ne profitait même pas! Je savais que si je lui proposai il dirait oui sans hésiter parce que lui aussi il avait envie de venir aux USA, de voyager, et de passer un nouvel an comme ça, c'était pas le problème. Le problème, c'est que c'était à moi de prendre la décisions. Est-ce que ce voyage était raisonnable ou pas? Oh et puis... Rien à foutre. Mais oui. Ta tante et ton oncle seront d'accord? Je vais l'appeler.

Le reste de la journée, on la passa tranquillement - dans ma grande magnanimité je fis semblant de ne pas voir que ce connard de palefrenier de mes deux était un peu plus loin dans l'écurie quand on fit le petit tour du propriétaire histoire de prendre l'air, mais c'était quand même pas l'envie qui me manquait d'aller lui casser la gueule comme il le méritait - on prit un bon repas - j'avais l'impression de passer mon temps à bouffer mais en même temps leur viande et leurs frites étaient trop bonnes - et on passa le reste du temps couchés dans sa chambre ou bien en bas, à jouer aux jeux vidéos, enfin... Si on pouvait appeler ça jeux vidéos des trucs avec des poneys, mais comme j'étais bien décidé de battre Taylord à plate couture j'étais bien obligé de m'investir, et je m'en sortis plutôt bien, même si au final on finit par en venir aux mains (et aux coussins) et que sa cousine et des potes nous rejoignirent un peu plus tard.

C'était peut-être con parce que c'était des moments tout simples, mais ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas senti aussi tranquille et j'avais l'impression que les derniers mois n'étaient que des sales souvenirs, que cet été à Bristol où je m'étais trop défoncé pour que ça ne cache pas quelque chose et ces mois chiants à Poudlard parce que rien n'allait comme je voulais s'effaçaient peu à peu. J'avais toujours profité de chaque instant sans penser à la suite mais là c'était encore plus le cas : chaque seconde qui passait était parfaite, on se marrait, on s'embrassait, et franchement je ne voyais pas trop comment ça aurait pu être mieux.

Mis à part le fait que j'étais toujours explosé du décalage horaire, et que le soir quand on se coucha je dus encore gérer toutes mes envies que je devais refouler, il n'y avait rien à changer à tout ça. Et plus ça allait, plus je savais parfaitement que je ne pourrais jamais me passer d'elle - mais d'ailleurs, est-ce que depuis que je la connaissais d'elle, j'avais réussi à me passer d'elle? Jamais.

Le lendemain fut une autre paire de manches - oh, Chuck, je t'aime tellement que je vais te faire monter sur un poney, tiens! Mais oui, j'en meurs d'envie. Je pensais qu'avec un peu de chance elle aurait oublié - c'est beau la naïveté - et quand en plus de tout elle me dit qu'il fallait mettre un CASQUE, alors là, non. Crise de couple et tout le bazar, je vous passe les détails, mais autant vous dire que déjà poser mon cul sur un poney ça me faisait mal, mais alors en plus m'habiller comme un idiot et mettre un casque bizarre, là! En plus, puisqu'elle me donnait une vieille carne "toute gentille", pourquoi elle s'inquiétait, hein? Et puis pourquoi elle me donnait un cheval tranquille d'abord, elle croyait que je n'allais pas pouvoir tenir dessus ou quoi? Non mais, c'était quand même pas la fin du monde, que je sache. Je finis par accepter, sinon on allait jamais s'en sortir, et je voyais déjà l'autre connard de Gael, qui nous écoutait un peu plus loin, prendre part à la discussion et me dire qu'il fallait mettre un casque, et alors si jamais il s'adressait à moi ça allait barder, donc pour éviter tout incident diplomatique, c'était mieux d'accepter. Heureusement la balade ne dura pas trop longtemps - ça fait quand même mal au cul ce machin - et même si au début j'avais l'impression d'être sur un chameau, ça bougeait dans tous les sens et tout, je finis par m'habituer un peu et bah, ça va, c'était pas la torture non plus. Par contre je puais le canasson de partout mais bon, je pensai à la douche qui viendrait ensuite, ça me donnait des forces. Taylord elle, elle évoluait sur son cheval comme une fée sur une licorne et j'aurais été presque jaloux de pas savoir monter comme elle, mais en même temps, je n'étais pas une fille qui fait du poney depuis sa plus tendre enfance, donc bon.

Rira bien qui rira le dernier quand on fera un match de baseball digne de ce nom, me dis-je pour toute consolation après un moment où elle m'avait fait trotter et que là c'était terrible comment ça me faisait mal au cul, non mais, on a pas idée d'inventer des sports aussi cons.

Quand on rentra, chacun alla dans sa stalle avec son poney, et c'était bien joli, mais moi je n'avais pas vraiment envie de le brosser et de lui faire des nattes, merci bien. Du coup j'attendis Taylord bien tranquillement, en me disant qu'être un cheval c'était quand même assez nul parce qu'on était même pas capable de s'enlever et de mettre sa selle tout seul, et elle finit par arriver dans mon dos, m'entourant de ses bras ; je posai mes mains sur les siennes et lui fis glisser sur ses bras quand elle vint se poster devant moi.


- J’espère que je t’ai fait changer d’avis aujourd’hui. Bon, c’est pas en une ballade que tu vas devenir un cowboy, mais dans quelques temps, je pourrais te montrer comment on se sert d’un lasso… D’ailleurs, je vais l’utiliser à chaque fois que tu t’éloignes trop de moi…

Je l'embrassai moi aussi, puis sur le front et sur ses cheveux bruns et brillants.

- Tu pues, remarquai-je en riant et pour la taquiner - moi aussi je puais tout autant, et l'animal à côté de nous encore plus. Ca va... C'était pas si terrible que ça. Mais maintenant : j'ai faim. Et j'ai mal aux fesses. Sous-entendu : ce serait bien que tu t'en occupes... (oui, bon, ça va!). Oh, tu crois vraiment que je suis assez con pour abandonner encore une fois un canon comme toi? Je me penchai pour l'embrasser, avant de la regarder droit dans les yeux : T'es belle.

Le matin même, on avait envoyé le billet à Coop - qu'on avait fait grâce à la magie, en s'aidant du mien pour qu'il soit pareil, et on lui avait envoyé par hibou. Il devait arriver demain soir à Dallas, on avait déjà prévu d'aller le chercher, et je me disais qu'heureusement que je n'étais pas avec lui en ce moment parce qu'il devait être insupportable tellement il devait être tout excité de venir à Comanche. Après la balade, on rentra dans la maison et puisqu'on devait tous les deux aller prendre une douche, ça commençait à ne plus tourner très rond dans ma tête parce que je m'imaginais la prendre avec elle ; du coup je restai en bas discuter de baseball avec son oncle pendant que Taylord faisait ses petites affaires, et j'allais me rincer de l'odeur du canasson après ça. On aurait pu aller boire un verre en ville ce soir-là, mais même si quelqu'un l'avait proposé et que ça ne me ressemblait pas de dire non à ce genre de trucs, j'avais tellement envie d'être avec Tay et rien qu'avec elle, et quand je ne l'embrassais pas j'avais l'impression d'être en manque, que je lui fis comprendre que je voulais qu'on reste bien tranquillou tous les deux dans sa chambre, et vu sa réaction, elle aussi. Encore une fois je dus me faire violence mais bizarrement, j'avais l'impression qu'avec le temps je me maîtrisais (un peu) mieux, et je m'endormis frustré mais pas trop, et puis, comme on avait discuté de demain quand Coop arriverait, d'où il s'installerait tout ça, ça m'avait un peu changé l'esprit. Avant de s'endormir, on avait fumé une clope à sa fenêtre, sur le petit canapé, et quand je l'avais embrassée plus tendrement que d'habitude, fermant les yeux en respirant le parfum de ses cheveux, je lui avais murmuré "je t'aime" comme ça d'un coup tout seul, parce que j'avais eu envie.

Quand Coop arriva, ça se précipita un peu, parce qu'il y avait plein de trucs à faire, on se balada partout avec lui et ça me faisait plaisir de le voir aussi heureux - comme d'habitude, il enchanta tout le monde et à peu près toutes les personnes que je croisais au ranch me disaient que "mon frère était adorable". En plus de ça, il s'entendait à merveille avec Robin, et le matin quand on descendait avec Taylord, il était déjà debout à aider Robin à cuisiner et visiblement ça l'amusait beaucoup et elle était ravie aussi, donc bon, tant mieux.

Le nouvel an arriva vite - et ça me faisait chier, au fond, parce que ça voulait dire que la rentrée arrivait bientôt, et j'avais envie de rester ici avec Taylord, parce qu'on avait pas besoin de se prendre la tête, d'aller en cours, de faire nos devoirs, tout ça. Et puis, j'avais aussi une appréhension bizarre, comme si ça allait changer quand on rentrerait à Poudlard...

Pour la première fois, je le passai pas à Bristol - le nouvel an avec Ulrich excepté, mais celui-là était carrément particulier et je pense que Meryl Kelsey s'en souvenait encore - et malgré le fait que ça me faisait étrange de pas le passer avec Chris et Lucy, comme d'habitude, à aller de maison en maison, ou bien dans notre immeuble désaffecté après la fermeture des pubs, je n'aurais pas voulu le passer ailleurs. J'avais pas tout capté comment ça allait se passer - et surtout si, question de la plus haute importance, il y avait Gael ou pas - mais de ce que j'avais compris, on le faisait ici, sauf qu'on avait un endroit pour nous les jeunes tandis que les adultes restaient dans la maison. Hmm, cool, on allait le fêter avec les poneys ou quoi? Mais bon visiblement Taylord savait ce qu'elle faisait donc je lui faisais confiance, et puis d'un côté ça m'arrangeait qu'on ne soit pas trop loin de la maison comme ça Coop pouvait rentrer pas trop tard - c'était ce qu'il faisait d'habitude.

Bref, moi j'avais pas mis trop de temps à me préparer parce que voilà c'était une soirée tranquille, mais Taylord évidemment en mettait un peu plus et comme "je n'avais pas le droit de regarder" j'étais assis sur son lit comme un imbécile en étant obligé de me mettre les mains sur les yeux des fois que, ohlàlàlà!, j'aperçoive un bout de sa peau un peu trop dénudée - même si on est d'accord je l'avais déjà vue sans rien, mais bon, passons.


- Bon, c'est bon là?! grognai-je au bout d'un moment, parce que ça commençait à faire long et puis... Je voulais la voir, moi!
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Élève de 7ème année



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Localisation : Ben regarde, sur ma licorne magique... Ah, tu la vois ? Okay, arrête le jus de citrouille alors, visiblement ça te fait pas que du bien.
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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeJeu 21 Fév - 17:50

♪ Everything ♫

Find me here
And speak to me
I want to feel you
I need to hear you
You are the light
That's leading me to the place
Where I find peace again

You are the strength
That keeps me walking
You are the hope
That keeps me trusting
You are the light to my soul
You are my purpose
You're everything


Jeter le charbon sur le feu pour le réveiller aurait eu le même effet, et c'était sa fumée, de plus en plus importante qui venait me filtrer de plus en plus la vision, vicieuse et insidieuse, jusqu'à s'emparer des moindres parties de mon corps, un peu comme le faisait Chuck, et ce bisou qui aurait dû être comme les autres – si par les autres on imaginait ceux qui étaient tout gentil tout mignon tout doux, donc ceux qu'on comptait sur les doigts d'une seule main – prenait à la fois des allures beaucoup plus sensuelles et brutales. La tendresse avait muté en quelque chose de plus fort, mais surtout de beaucoup plus puissant, comme si jamais, nous n'arriverions à nous exprimer autrement qu'avec précipitation, que tout devait aller plus vite, encore plus vite et toujours plus vite, dans l'urgence, parce qu'on ne savait pas vraiment ce qu'il y avait après, mais que pour Chuck comme pour moi, aucun de nous deux n'avait envie de le savoir. Mes mains, lesquelles j'avais ordonné de passer doucement sur sa peau comme un voile de soi que l'on fait glisser ne savaient plus où se mettre et souhaitaient se poser partout à la fois en s'accrochant avec autant de rudesse que celles de Chuck, et peu à peu le décor dans lequel nous nous trouvions pris l'apparence d'un lointain souvenir, c'était comme un ascenseur qui montait, haut, haut haut, mais qu'un câble avait subitement lâché et qu'il descendait à présent à plusieurs centaines de kilomètres heures mais que c'était tellement excitant qu'il ne fallait surtout rien arrêter, et l'envie, doublé de la fébrilité qui m'avait envahi toute entière m'empêchait d'être inquiète, à Robin qui pouvait revenir à tout instant, à la suite de ce qu'on était en train de faire... c'était comme si on avait retiré toutes mes angoisses, parce que c'était plus que jamais celles qui m'arrêtaient, sauf que là, dans mon cerveau, c'était tellement le brouillard, à cause de l'épaisse fumée noir, que c'était comme ce jour là dans la maison hantée l'année dernière – tout n'était que vapeur mis à part le lit et les diverses sensations de nos deux corps l'un contre l'autre, et que finalement, là, tout de suite, je n'avais juste besoin que de ça pour être complète, que la seconde moitié, c'était Chuck et que je ne voulais rien lâcher sans réaliser, comme toujours, et souvent bien après que tout ça prenait des proportions bien trop évocatrices parce que ma poitrine qui se soulevait trop fort bloquait l'air que j'essayais d'avaler, le sien, et que s'il n'y avait plus d'air pour alimenter mon esprit, je ne pouvais plus penser.

Nos lèvres qui s'arrachèrent l'une à l'autre me firent revenir à la réalité tout aussi brusquement, mais je ne voulais pas que ça s'arrête parce que je sentais que la raison, que j'avais réussi avec succès à étouffer jusque ici alors que j'en avais toujours tant de mal commençait peu à peu à reprendre ses appartements, donc si on continuait, il y avait toujours un peu de chance pour qu'elle décide de retourner faire un petit tour et revenir plus tard... Mais quand je voulu attaquer ses lèvres de nouveau, Chuck se détourna en même temps et s'agita, me contraignant à me retourner moi aussi vers la source de nos tourments – trop tard, le nuage sur lequel je me trouvais venait de se faire trouer par le soleil et je me calais contre Chuck, par ce trop plein d'émotions et ce besoin plus que nécessaire de ressentir sa présence physique sous la mienne et je l'embrassais dans le cou, les yeux mi clos, comme si je venais de sortir de ma torpeur, ce long sommeil qui m'avait tenue retrait avec la réalité pendant tout ce temps...

Je grattouillais Zephyr derrière ses oreilles puisqu'il était revenu près de nous, complètement indifférent au fait de nous avoir interrompu, tout en songeant à Coop qui était resté là bas, à Bristol, et parce qu'il était là bas, Chuck ne pouvait pas rester trop longtemps ici...

- T'es sérieuse?! Ben... Oui, pourquoi pas, il faut voir... Il faut qu'on lui prenne nous même le billet et qu'on lui envoie... Par hibou, ça le fera... Chris pourra l'accompagner à Londres... Si on lui trouve un vol direct ou bien avec pas trop d'attente entre le changement...

J'avais un peu dis ça en m'attendant à ce que Chuck me stoppe tout de suite en m'expliquant que c'était pas trop la peine d'y penser, mais visiblement, on partageait le même avis, éveillant mes espoirs par la même occasion :

- Je le fais depuis de début, c'est pas très compliqué et puis Coop se débrouille... confirmai-je, parce que depuis la première année Robin me laissait faire – parce qu'elle n'avait pas trop le choix okay mais bon – et vu comme elle avait des antécédents de grosse maman poule, si elle était sereine là dessus, il n'y avait pas de raison qu'on ne le soit pas non plus.

- Mais oui. Ta tante et ton oncle seront d'accord? Je vais l'appeler.


- Ben pourquoi ils diraient non
? Cette éventualité ne m'avait jamais tellement effleuré parce que généralement je faisais les choses – et ensuite ils étaient au courant. Là bien sûr on allait devoir leur dire, mais vu tout le passage qu'il y avait ici, c'était un peu comme une grande famille, donc en quoi ça allait poser un souci je ne voyais pas. Mais euh... pour les tiens ? Du coup avec ses sous entendus d'hier, je tâtonnais un peu, sans savoir comment est-ce que je devais me comporter vis à vis de ça. Surtout que même si j'avais saisi qu'il y avait un truc qui clochait définitivement avec eux, je ne savais pas du tout d'où ça venait, et c'était trop chiant d'avancer en se disant qu'on pouvait foutre le pied dans la mine à chaque instant.

Pendant la balade du jours suivant, j'avais un peu scruté la façon dont Chuck se comportait, surtout après l'épisode de la bombe – si ça se passait bien là d'accord peut être qu'on l'enlèverait, mais en attendant comme c'était la première fois, je ne voulais prendre aucun risque ! - parce que si jusqu'à maintenant, je n'avais jamais trop fait en sorte de lui faire partager l'une des choses qui comptaient le plus pour moi, parce que son propre dédain vis à vis de la chose ne m'avait pas donné envie de lui en apprendre plus, là... c'était un peu comme un test, mais alors je voulais à tout prix que ce soit un test réussi, parce que je n'avais pas pu m'empêcher de me demander... Comment est-ce qu'on allait faire si – désolée du jeux de mots – il freinait des quatre fers à chaque fois qu'il s'agissait des chevaux, alors que c'était l'unique passion dont je ne pouvais pas me passer ? Mais la promenade s'était bien passée et je m'étais détendue, jusqu'au moment d'être dans son box et de récupérer ses premières impressions. J'avais envie de le convaincre et de lui dire que non les cheveux ne servaient pas seulement à faire des tours de carrousels comme si on était sur un manège et à leur coller des étoiles dorées sur la croupe pour faire princesse, surtout que pour le coup c'était absolument pas mon tripe non plus. Et puis en une balade on pouvait pas se rendre compte et j'avais encore quelques atouts que je ne lui avais pas dévoilé...

- Tu pues, je le poussai avec le plat de mes deux mains mais en souriant quand même, parce que moi ça faisait bien longtemps que je ne faisais plus attention à l'odeur.

- T'es qu'une chochotte, lui répondis-je avec provocation, mais j'avais passé mes bras autour de son cou, parce qu'il n'avait pas répondu à la mienne, de question.

- Ca va... C'était pas si terrible que ça. Mais maintenant : j'ai faim. Et j'ai mal aux fesses. Je haussai un sourcil – qu'est-ce que je disais une vraie petite fille !! Oh, tu crois vraiment que je suis assez con pour abandonner encore une fois un canon comme toi? T'es belle.

C'était assez idiot, mais je détestais les compliments, enfin, ça dépendait lesquels parce que je n'allais pas dire que j'avais toujours un petit sentiment de fierté quand on me disait que je montais bien à cheval ou quand c'était pour vanter des exploits – moins maintenant, mais ça fait toujours plaisir de sentir son ego se faire flatter, surtout quand on y met l'effort avec et que c'est finalement reconnu – mais ceux de Chuck, s'il faisait rougir ils me mettaient plus mal à l'aise qu'autre chose, pourtant ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'il l'avait ait, mais il y avait toujours une petite part de moi qui trouvait que c'était injustifié, et celle qui aurait dû se sentir flattée était parcourue par la gêne parce que j'étais incapable d'avoir une vision objective de ma propre image, comment d'autres personnes auraient-elles pu l'avoir à ma place ? Je ne cillai pas mais ne trouvais rien à répliquer, et je savais que si je me dénigrais – et puis ça ne me disait quand même – Chuck allait insister et que ce n'était pas trop la peine parce que j'allais encore moins savoir quoi faire, parce qu'après tout, là, ça entrait dans son domaine de compétence, et non plus le mien. Mais il y avait quand même cette partie, qui se sentait ravie, mais qui n'osait pas trop le crier haut et fort parce qu'elle avait peur de s'affirmer, parce que jamais, je ne lui en avais laissé l'occasion et que lorsque ça avait été le cas, elle avait été meurtrie, et qu'à présent, elle ne savait plus comment il fallait faire...

On était allés chercher Coop en voiture parce que j'avais eu mon permis l'été d'avant, les jours avaient été beaucoup plus remplis que jusqu'à maintenant parce qu'on ne nous laissait plus trop la possibilité de traîner dans la chambre à ne rien faire, et puis quand Coop avait montrer autant d'enthousiasme à vouloir apprendre à faire du cheval, je m'étais improvisée comme étant sa monitrice en lui faisant des tours tous les jours et malgré ses courbatures, tous les jours, il demandait à remonter en selle et la veille du réveillon du jour de l'an j'avais même accepté de faire une petite démo de quelques figures que j'avais appris à Hibiscus qu'on demandait parfois de réaliser lors des spectacle Western, et cette fois je devais dire que je n'avais pas été peu fière d'impressionner Chuck quand j'avais fait un dérapage juste sous son nez, et en promettant à Coop que je lui apprendrais à rattraper un veau au lasso, et ensuite j'avais bien frimé le reste de la journée et répétant sous différente tournure à Chuck qu'il voyait bien que ce n'était pas que pour les filles, et que même, j'étais plus forte que certains mecs !

Et puis d'ailleurs, ça ne m'aurait pas dérangé plus que ça moi de fêter le Nouvel An en jean's en bottes et en chapeau, mais quand j'avais soulevé l'éventualité de ne pas me prendre la tête parce que de toute façon on allait le passer à la maison, on avait prévu d'aller dans la grange et de mettre un peu de musique, mais pas fort pour ne pas effrayer les chevaux, on était ni pas assez ni trop nombreux, comité normal, donc pas besoin d'y aller à coups de fanfreluches, mais alors j'aurais très bien pu m'adresser à une botte de paille que le résultat aurait été le même parce que d'abord Ruth qu'avec les robes qu'on avait acheté ensemble – elle m'avait forcé, merci, c'était le genre de robe qu'on sortait une fois par an donc je pouvais bien la porter une fois par an, pendant plusieurs années ! - et qui moisissaient dans le placard elles allaient finir par s’abîmer plus vite que mes chemises ! Évidemment ensuite c'était Chuck qui avait trouvé le moyen d'en rajouter une couche, oh et puis olala ils me faisaient chier tous les deux, ils avaient qu'à la porter eux même leur putain de robe ! C'était vrai qu'elle était belle la robe : rouge, parce qu'inévitablement, c'était celles qui étaient de cette couleur qui captaient le plus mon regard, bustier avec des perles et des sequins brodés dessus avec un ruban qui se terminait en nœud sur le côté juste sous la poitrine et ensuite le reste de la robe s'évasait en plusieurs couches de tulles et de tissus pour se terminer au dessus du genou. On l'avait acheté l'été avant celui ci, parce que si Ruth vivait ici toute l'année elle avait toujours été un peu plus féminine et elle aimait bien s'habiller et comme je n'étais pas souvent là, elle était toute contente de faire les boutiques avec moi et je me souvenais qu'on s'était bien amusées en faisant les essayages et que je l'avais prise sans même trop savoir à quelle occasion j'allais la porter, mais comme c'était les déstockages parce que c'était plutôt des robes de fêtes, je l'avais eu pour une misère.

J'avais fini par céder et la mettre parce que Ruth aussi avait prévu de se mettre sur son trente et un, mais en ronchonnant que c'était débile parce qu'on allait être dans la grande au milieu de la poussière et de la paille et que les cheveux en avaient rien à faire de nos fringues, et puis... mais comme personne ne m'écoutait plus, j'étais moi aussi montée me changer avec Chuck – mais alors là non, il m'avait emmerdé pour la voir, mais alors il allait attendre le dernier moment ! Et puis en un sens... Cette excuse me soulageait comme ça je n'avais pas à me déshabiller devant lui, ce que je n'avais pas fait des vacances trouvant toujours un moyen pour qu'il ne voit rien parce que... je n'avais rien dit mais il devait trouver ça débile puisque je le laissais bien me tripoter comme il voulait, mais juste je préférais - toucher, ce n'était pas voir et j'éprouvais toujours cette pudeur lorsqu'il fallait enlever mes vêtements parce que mon corps était trop révélateur, alors je préférais le masquer.

- Bon, c'est bon là?!

Le maquillage et la coiffure c'était allé vite, parce qu'en un coup de baguette c'était réglé. J'avais hésité à relever mes cheveux pour cacher un peu mon dos parce que ça ne me plaisait toujours pas qu'il soit autant visible, mais après tout, comme j'avais porté le même genre de robe au bal... d'ailleurs celle là me faisait un peu pensé à la précédente, même si elle était différente et je repassais plusieurs fois dans le miroir pour vérifier que tout était en place – le matelas ne prenait plus toute la place dans la chambre parce qu'on l'avait enlevé, car Robin, même si elle veillait au grain, avait abandonné depuis le premier matin où elle était venue nous réveiller. J'étais aussi peu bien dans mes baskets que pour le bal, mais je savais qu'il fallait que la soirée commence pour que ça aille mieux et aussi parce que j'avais perdu l'habitude de me pomponner alors que j'avais eu tant de mal à la prendre, mais me dire qu'au moins, je ne le faisais pas pour rien, mais une personne toute particulière, ça me mit en confiance, et c'est avec le sourire que je vins me poster juste devant Chuck assis sur le lit et que je lui cachais les yeux avec ma main après avoir poussé la sienne.

- Peut être... Puis je retirais mes doigts en attendant de voir ce qu'il allait en penser pour aller les poser sur son visage et l'emprisonner. En déposant un baiser sur sa bouche, je me rendis compte que je voulais que tout soit parfait ce soir, je voulais être parfaite pour lui aussi et plus que jamais, en parcourant ses joues je savais qu'il n'y avait pas meilleur moment que celui là, qu'il me plaisait un peu plus chaque jour et que ça ne pourrait jamais s'arrêter et que j'avais à la fois envie qu'ils passent plus vites pour l'aimer encore plus fort, mais aussi qu'on stoppe l'espace temps ici et maintenant. Pour toujours.

C'était aussi la première fois qu'on passait une vraie soirée ensemble – celle qui était prévue, celle qui était pleine de promesses, celle qui s'achèverait en feux d'artifices, et non pas des petites parcelles de chaque, comme si ça avait été si souvent le cas, et je n'arrivais même pas à penser qu'après ça on allait retourner à Poudlard pour retrouver notre petit train train, qui avait été totalement bousculé durant les vacances. Ce n'était pas non plus un bal à compte à rebours alors on pouvait en profiter, sans se soucier qu'à la fin de la musique, c'était peut être la dernière, jusqu'à ce qu'un autre morceau commence, mais toujours avec cette même crainte de voir la fin un peu trop vite... On avait mis de la musique dans la pièce, en fond, et je le tirai doucement en mettant ma main dans la sienne pour lui demander de se relever, sauf qu'au lieu de descendre, je nous plaçais au milieu de la pièce pour qu'on puisse danser aux rythmes de la mélodie qui sortaient de la chaîne hi fi. Je jouais avec les boutons de sa chemise en me collant un peu plus contre lui à chaque pas, en revenant presque à regretter à ce qu'il la porte parce que je l'avais vu plus souvent vu torse nu ces derniers jours et que mine de rien ça me ne dérangeait pas parce que là, la barrière des vêtements m'empêchaient de poser mes mains là où elles le voulaient et ça augmentait mon désir tout autant que ça le frustrait et à la fin je m'étais tellement faufilée tout contre lui que j'en étais sûre : nos deux cœurs, greffés l'un à l'autre ne faisaient plus qu'un.

J'enroulai mes doigts dans sa nuque, sous le col en lui intimant de se pencher pour que je puisse l'embrasser, jusqu'à ce qu'on se retrouve je ne sais pas comment sur le lit et que ce n'était pas trop le moment parce qu'il était temps de rejoindre les autres, même si j'avais encore les battements tout affolés de notre slow improvisée, et de notre étreinte, parce que je voulais juste qu'on le passe ici, tous les deux ce Nouvel An bien que ce soit non négociable – heureusement, l'air frais de l'extérieur me remis les idées en place et ouvris la marche en montant à l'échelle la première, qui menait à la grange juste au dessus des écuries où il y avait déjà quelques personnes dont Ruth, Coop et Gael et que la fête pourrait bientôt débuter. Ce n'était pas trop possible de faire du bruit mais ce n'était pas un obstacle suffisant pour nous empêcher de nous amuser, il y avait de quoi boire et Robin avait fait un milliard de trucs à manger, cette partie là de la soirée, je m'en souvenais très bien, mais alors à un moment là, c'était un peu moins clair, on avait dansé un peu je crois et avec Chuck on partageait le même verre et il en avait constamment un à la main, et puis alors ensuite je m'étais retrouvée sur ses genoux sur une botte de paille, mais le truc, c'est que je n'avais aucune idée de quand est-ce qu'on s'était un peu plus éloignés des autres et qu'on était pas les seuls à l'avoir fait pour échanger quelques bisous, mais c'était dur de se faire des bisous, parce qu'à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, toutes ses paroles c'étaient les plus drôôôles du monde, du coup, j'avais la gorge sèche, j'avais la gorge sèche, ah mais pourquoi il faisait exprès de me faire rire comme ça ?!

- T'as vu mes mains ? Lui demandai-je soudain en lui collant sous le nez. Non mais tu les as vu ? Elles sont pas comme d'habitude. Pendant cinq bonnes minutes, ou plus ou moins pour ce que j'en savais, je lui certifiais que si-si y'avait un truc de changé – mais je savais pas quoi, mais ensuite il me disait que rien n'avait changé, mais que j'étais pas d'accord, non mais j'étais pas d'accord, j'ai dit ! Arrête de dire que des bêtises ou je te fais bouffer le foin ! Je lui titillais nez avec l'ongle. T'en meurs d'envie, j'suis sûre... mais en disant ça c'est à tout autre chose à laquelle je pensais, et dont moi, je mourrais d'envie.

Et puis, je trouvais que c'était une trop cool idée et que comme on était un peu qu'entourés de foin... Je le chatouillais avec plusieurs brins que je voulais lui faire manger, mais comme il voulait pas, je finis par tirer sa chemise pour les lui mettre dedans et quand je voulu m'écarter après mon attaque de paille, je trébuchai en lui retombant à moitié dessus et à moitié sur la paille tout en éclatant une nouvelle fois de rire et de le pousser contre moi, oubliant un peu qu'il y avait une fiesta qui battait son plein juste à côté, pourtant j'entendais encore la musique et si je tournais la tête je pouvais voir des gens s'agiter, et j'avais compris que j'étais un peu pompette, mais que là c'était plus 'ambiance de la soirée que l'alcool qui était en train de me faire décoller même si j'avais conscience de mes faits et gestes sans en avoir vraiment conscience et c'était trop bizarre parce que je me disais, ne fait pas ça, mais je le faisais quand même, comme...

- Si tu savais ce que je vais te faire ensuite... puis je lui murmurais d'autres mots d'amour à l'oreille en la mordillant, avant de passer à des paroles... plus salaces et pas très catholiques mais sur le coup elles ne m'avaient pas l'air aussi salaces et aussi pas très catholiques alors...






You calm the storms
And you give me rest
You hold me in your hands
You won't let me fold
You still my heart
When you take my breath away
Would you take me in take me deeper now

Cause you're all I want
You're all I need



Spoiler:

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Dernière édition par Taylord Reegan le Dim 24 Fév - 19:10, édité 1 fois
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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: A thousand miles - Taylord   A thousand miles - Taylord Icon_minitimeDim 24 Fév - 18:26

Te moque pas de comment je marche avec mes bottes de cow-boy A thousand miles - Taylord 472685

J'avais franchement cru qu'elle me faisait une blague quand elle m'avait demandé pour mes parents - non mais, je veux dire, ça ne m'avait même pas effleuré de m'inquiéter de leur avis, alors c'était un peu comme si la demande de Taylord était la plus étrange du monde. A la réflexion, la seule qui aurait un peu pu me faire la tête à l'idée que Coop traverse les océans en avion, et tout seul en plus, ç'aurait été Angie, ma tante. Mais là encore c'était pas évident, parce que si il y avait bien une chose pour laquelle elle me faisait entièrement confiance Angie, c'était bien au sujet de Coop. Elle savait que j'emmenais Tess et Coop dans des endroits où ils n'auraient pas dû aller en temps normal quand on était en vacances chez les Tennant, genre des pubs, des clubs et tout, comme les grands, elle savait que comme tous les jeunes de mon âge ben forcément je faisais des conneries, mais elle savait encore plus que jamais j'aurais laissé Coop dans la merde, jamais je ne l'aurais mis dans une salle position. C'était gratifiant au fond et d'ailleurs Angie et Hamish étaient bien les seules personnes qui avaient l'air de mesurer ça... Je me demandais souvent comment ma mère et sa soeur pouvaient être aussi différentes, mais genre à des années lumières l'une de l'autre, ou plutôt, comment Angie avait réussi à être quelqu'un de si cool alors que quand on voyait ses parents et sa soeur... On avait juste envie de se tirer une balle. Enfin bref, j'avais répondu à Tay que bien sûr que mes parents allaient être d'accord, que jamais de toute façon ils n'allaient remarquer qu'on était partis plus tôt que d'habitude, et que moi je leur avais même pas dit où j'étais et que c'était bien le cadet de leur soucis. J'avais omis le fait de dire que mon père de toute façon ne pouvait penser à rien vu qu'il était bourré 24h/24, et que ma mère était une connasse 24h/24 ce qui revenait à peu près à la même chose, parce que je ne voulais pas qu'on me plaigne. J'en avais rien à foutre de pas avoir de parents dignes de ce nom, je n'en souffrais plus, alors je ne voulais pas qu'on me plaigne ; surtout, je les détestais tellement que je pouvais pas supporter qu'on me plaigne, c'était ça le truc.

Enfin bref, on avait envoyé le billet à Coop, il était arrivé parce qu'il était futé et qu'il savait tout à fait se débrouiller tout seul comme un grand - mine de rien je faisais genre mais ça m'avait un peu stressé le temps du voyage, et si jamais il lui arrivait un truc?... Mais rien n'était arrivé, et il avait même eu le temps, fidèle à lui-même, de se faire copain avec toutes les hôtesses qui discutaient encore avec lui alors qu'il était descendu de l'avion, et le pire dans tout ça, c'est que n'importe quel mec à sa place aurait kiffé pouvoir se rincer l'oeil et se rapprocher de toutes les jolies petites hôtesses, mais non, lui, j'étais sûr qu'il faisait juste ça parce qu'il les trouvait gentilles.

Mais bon, je commençais à être habitué hein. Coop était un peu fayot - encore plus quand, arrivé au ranch, il montra tellement d'enthousiasme à faire du poney. Non mais ! Bonjour la solidarité. Mais bon l'avantage c'était que j'étais pas obligé d'en faire avec lui et moi je bronzais en le regardant faire, d'ailleurs Taylord se prêtait bien au jeu de la petite prof, et c'était marrant de les voir tous les deux... En fait il ne m'en fallait pas plus, et maintenant que Coop était là lui-aussi, je me disais que franchement, il n'y avait rien qui pouvait me rendre plus heureux. Et puis je voyais bien que malgré tout Taylord prenait des précautions, même si j'avais pas forcément confiance dans le canasson que montait Coop, j'avais totalement confiance en Taylord et je savais qu'elle ne faisait pas des trucs inconsidérés. Du coup, moi j'étais bien tranquille dehors à les regarder, en fumant ma clope, et plus je pensais à retourner à Poudlard, pour une fois, moins j'en avais envie... Même si je savais que j'allais kiffer une fois revenu au château, je me disais en même temps qu'il y avait quelque chose à Comanche qu'on risquait de perdre en rentrant, et ça me faisait un peu flipper.

- Peut être...

Elle avait poussé mes mains alors que je râlais et je me laissais faire jusqu'à la voir et... Wow. Oh non, c'était pas cool de me refaire le coup du bal de l'année dernière! Je sentis ma gorge se serrer surtout quand je vis ses jambes nues et le bustier de sa robe qui lui mettait les seins en valeur... Bon. Merci du cadeau. Mais elle était belle alors, je ne pouvais pas trop gueuler non plus hein. Et puis le rouge éclatant de sa robe ressemblait tellement à la Taylord que j'aimais, la vraie Taylord, et j'avais l'impression qu'au fil des jours elle perdait de sa tristesse et elle redevenait celle qu'elle avait toujours été. Je la laissai m'embrasser mais pour une fois je ne fis pas durer parce que je voulais me rincer l'oeil bien tranquillement et que je n'avais pas fini de détailler sa jolie tenue, son maquillage, sa coiffure, tout ça tout ça. Quand elle me tira par la main je compris où elle voulait en venir et je lui lançai un petit sourire complice avant de passer mon bras autour de sa taille et de nous entraîner dans une danse comme si il était tout à fait normal de danser tous seuls dans une chambre, oui oui ; mais je m'en foutais bien et puis ça me permettait de la serrer contre moi, ce qui n'était pas négligeable. Elle était pile à la bonne hauteur pour que j'appuis mon menton sur sa tête et je me laissai bercer par la musique avant... Avant de me retrouver sur le lit à moitié sur elle, mais merde, non, si déjà on commençait, je n'allais pas finir la soirée, et puis les autres attendaient, et merde.

En ricanant à moitié, on traversa le salon où les adultes préparaient leur soirée avant d'aller dans la grange là il était prévu qu'on danse toute la nuit au milieu des poneys, nos plus chers amis, évidemment. Je laissai Taylord passer avant de me dire qu'avec un peu de chance Gael ne sera pas là - mais c'est drôle comme quand on se dit les choses elles finissent toujours par arriver et évidemment qu'il était là, ce palefrenier à la con qui franchement, en plus, en toute objectivité, il n'avait rien de spécial et... Et le seul fait de penser à Taylord dans ses bras me donnait envie de le réexpédier en bas par la fenêtre de la grange, mais sans l'échelle.

Enfin, heureusement, les autres arrivèrent vite, et puis on discuta avec Ruth et Coop et voilà que déjà on avait mis de la musique, on bouffait et on buvait et on se marrait bien, et en fait ils savaient bien faire la fête les cow-boys, et même si c'était chiant parce qu'il n'y en avait pas un pour dire oh mais c'est pas grave on peut fumer ici on s'en fout de la paille autour de nous on fera attention, du coup j'étais obligé d'aller fumer dehors, ben le reste était bien cool et j'oubliai totalement Gael et sa gueule de fion, du moment qu'il ne parlait pas à Taylord, ça m'allait. De toute façon Taylord ne me quittait pas trop et je ne la quittais pas non plus, et d'ailleurs je n'avais pas très envie de la quitter étant donné qu'elle buvait sans se rendre compte qu'elle buvait et que je préférais gérer le truc avant qu'elle soit complètement ailleurs, non pas que ça me dérangait de devoir gérer l'alcool qui la désinhibait, mais plutôt qu'il ne fallait pas trop tenter le diable. L'avantage, c'est que quand je parlais, elle avait tellement l'air passionnée par ce que je disais, et elle se marrait à toutes mes blagues, du coup entre ça et les danses qui nous occupaient, on avait heureusement l'esprit occupé. J'étais content aussi que Coop s'amuse - je le surveillais du coin de l'oeil quand même, même si il pouvait boire je m'en foutais on était le premier de l'an hein, mais on ne sait jamais. Ca me faisait plaisir de voir qu'il s'entendait bien avec les gens même si il était plus jeune, et d'ailleurs ça ne m'étonnait pas, parce que Coop avait ce truc qui le faisait plaire à tout le monde, pas comme moi quand je plaisais aux filles, mais lui il plaisait parce qu'il était... Lui, et qu'on avait envie d'être son ami.

- T'as vu mes mains ? Taylord perturba mes pensées en manquant de m'éborgner - oui oui - en me foutant ses mains sous les yeux. Non mais tu les as vu ? Elles sont pas comme d'habitude. Comme on était un peu à l'écart, posés sur des bottes de foin, je me marrai sans rien dire en écoutant ses délires de bourrée et je la pris dans mes bras, avant de lui mordre les doigts pour l'embêter, et elle se débattait en riant. Arrête de dire que des bêtises ou je te fais bouffer le foin ! T'en meurs d'envie, j'suis sûre...

- Mais oui c'est des mains de dragon que t'as... Regarde t'es en train de transformer... T'as des flammes qui te sortent du nez!

Je l'étouffais à moitié avec une poignée de paille pour me défendre, vu qu'elle m'attaquait et qu'elle m'en foutait sous la chemise, mais évidemment comme elle ne contrôlait pas ses gestes, elle finit par m'entraîner dans sa chute, et on se marrait tous les deux ; je sentais un peu l'alcool m'atteindre parce que j'avais bu aussi, mais pas autant qu'elle, et comme elle riait tout contre moi, les soubresauts de son corps contre le mien commencèrent à me donner des idée qu'il ne fallait pourtant pas trop que je développe, je le savais... Après qu'on eut repris notre respiration, je décidai que c'était l'heure de la trève et me mis à l'embrasser, tandis qu'elle se tortillait contre moi pour se mettre sur moi. Visiblement elle aussi partageait l'idée de la trêve, et je me rendis compte bien vite qu'avec nos conneries sa robe était un peu remontée, et que ça n'arrangeait rien qu'elle se mette à cheval sur moi.


- Si tu savais ce que je vais te faire ensuite...

Ah... Non, c'était pas juste putain! Moi aussi je voulais faire tout ça... Je sentais que mes mains se crispaient sur elle et que pour une fois c'était elle qui avais l'air décidée à aller plus loin, et pas moi. Non mais, je voyais déjà le tableau si je cédai et que demain matin elle se rendait compte de ce qu'elle avait fait alors que ça faisait des jours et des nuits qu'elle me repoussait... Putain, pourquoi c'était toujours moi qui devais garder la tête froide, c'était pas cool franchement... Et j'avais beau la repousser doucement - sans trop grande conviction, ben oui, mettez vous à ma place - autant pisser dans un violon, parce qu'apparemment, elle en avait rien à foutre de ce que je pensais. Et vu ce qu'elle pensait elle et qu'elle me murmurait à l'oreille, elle avait de bien jolis projets pour moi. Bon. Bon... Comment j'allais me tirer de là, alors que déjà je visualisais clairement comme lui enlever sa robe, et qu'elle était déjà glissé ses mains sous mes vêtements. Bien. Très bien.

Sauvé par le gong, comme on dit : les autres un peu plus loin se mirent à gueuler et je compris que le décompte commençait. Sans plus attendre je me redressai et me levai, tirant et portant Taylord à moitié pour la remettre sur ses pieds. Heureusement qu'il faisait sombre parce que ma chemise était un peu défaite en haut, mais tant pis. Au milieu des autres, je la soulevai alors en me marrant avec les autres qui commençaient tous à être bien imbibés, et quand il fut minuit pile j'embrassai Taylord le premier, sans lui laisser le temps de me dire quelque chose, jusqu'à ce que mon coeur menace d'exploser et que je n'ai plus d'air, avant de lui murmurer bonne année à l'oreille.

En cet instant, j'en avais un peu plus rien à foutre de devoir retourner à Poudlard dans quelques jours : tout d'un coup ça ne me faisait plus peur. C'était parce que j'avais eu peur de la perdre que j'étais venu au Texas, ce n'était pas parce que j'avais peur de la suite... Et malgré toutes les ombres qu'on se traînait, malgré le fait que je sentais bien que ça n'allait pas être si simple qu'on le croyait, on avait commencé l'année ensemble et en s'embrassant... Et ça, il n'y avait rien qui pouvait nous l'enlever.


Fin
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