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Tango masochiste [PV]

 
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 Tango masochiste [PV]

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Stephen Fray


Stephen Fray
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MessageSujet: Tango masochiste [PV]   Tango masochiste [PV] Icon_minitimeMar 31 Juil - 21:03




.

‘Take your cigarette from its holder

And burn your initials in my shoulder
Fracture my spine and swear that you're mine
As we dance to the masochism tango’

Tom Lehrer





Il y a une expression qui correspond extrêmement bien à la situation que je vivais en ce moment avec une certaine blonde féline démoniaque : le “petit goût de reviens-y".

Le “goût de reviens-y”, tout le monde l'expérimente un jour ou l'autre. C'est ce truc qui vous prend soudain de re-goûter à quelque chose – vous savez que ce quelque chose est mauvais pour vous, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de céder à la tentation. C'est-à-dire que c'est la meilleure torture jamais inventée par l'être humain – pas chère, diabolique, ne nécessite aucun instrument, et on se l'inflige soi-même. Quand on arrive au stade du “goût de reviens-y” il est souvent déjà trop tard, car cela sous-entend que vous avez déjà cédé à l'envie de goûter à ce que vous saviez qu'il était interdit de goûter et sachant que vous seriez par la suite confronté au “goût de reviens-y”. Néanmoins, vous vous êtes trouvés des excuses. “Il n'y a rien de mal à goûter une fois” ; “Tout le monde le fait, pourquoi pas moi ?” ; “Si j'essaye, ça me sortira de la tête.” Cette dernière phrase en particulier est le summum du mensonge jamais inventé par un homme qui cherche à se donner bonne conscience.

J'avais bien essayé de lutter, si vous voulez tout savoir. Des jours durant, j'avais essayé d'ignorer Wayland mais, EH ! Essayez un peu d'éviter quelqu'un qui suit la moitié de vos cours et mange aux mêmes heures que vous et avec qui, basiquement, vous vivez tous les jours. Faisable, certes. Les membres d'une même famille ne se supportant plus y parviennent bien, et Poudlard est un peu plus grand que la petite maison de banlieue classique. Le problème, ce n'était pas que je ne pouvais pas échapper à Wayland – plutôt que je ne le voulais pas, pas vraiment. Je ne pouvais penser à rien d'autre, je ne mangeais pas, je dormais très mal. Paraîtrait-il que c'est normal à mon âge… Quoiqu'il en soit, je ne pouvais faire autrement, et à ce rythme cela finirait par troubler mes études !… (Petite plaisanterie.) Non, je n'étais pas exactement moins attentif en cours, ne l'ayant, hrmm, jamais beaucoup été… Si quelque chose risquait de souffrir de cette affaire c'était mes relations avec mes amis, mais au point où j'en étais, je ne pensais pas pouvoir les aggraver encore.

D'un autre côté, Wayland restait Wayland. Fabuleusement belle, mais au demeurant, aussi sympathique d'un batracien. On utilise beaucoup les batraciens en potions. Et mon amour pour les potions est… légendaire.

Mais justement, l'amour dans tout ça. N'était-on pas censé en ressentir ? C'était même crucial, quand on envisageait de sauter le grand pas. Du moins, c'était ce que 98% des lectrices de Sorcière'Hebdo pensaient, selon un sondage paru dans le numéro de février de l'année dernière… Quoi encore ?? Oui, j'avais été fouillé dans les archives de la bibliothèque, et alors ?? Vous ne croyez tout de même pas que j'allais demander conseil à Scott ? A Taylord ? Mais bien sûr. De toute façon, je ne tenais pas à ce qu'ils soient au courant. C'était mon s– enfin ma vie se– enfin cette chose que je faisais avec des x beaucoup de x dedans trop de x – voilà. J'étais déjà assez mal à l'aise en y pensant, alors en parler ?! JAMAIS. Non, il devait bien y avoir ça à la bibliothèque – le "Manuel Pour Les Personnes N'Ayant Jamais Pensé Au S… A La Chose Avant De L'Avoir Pratiqué." Ou quelque chose comme ça. Je n'étais sûrement pas un cas unique. Il DEVAIT y en avoir d'autres comme moi !!… Pitié. Faites que pour une fois, il y en ait d'autres comme moi.

Je ne vous fais pas de dessin, donc : mon week-end suivant se passa à la bibliothèque. Avantage certain de la bibliothèque : je ne risquais pas d'y croiser Wayland, qui était aussi familière de séant que Carlton d'une église. Inconvénient : tous mes amis (TOUS, sans exception !… d'accord, donc deux ou trois personnes) étaient de fervents lecteurs, habitués de ces lieux et chérissant leurs après-midi studieuses. Sortir mon "Guide Du S…" devant Haley Collins occupée à rédiger son devoir sur les licornes ? Oui, très bonne idée ! Je ne pense pas, non. A la place, je rusai, me faufilant entre les rayons, armé d'une plume que j'avais ensorcelé pour copier les infos qui m'intéressaient. Et croyez-moi, des infos, il y en avait. Imaginez mon expression en tombant sur les dangers des rapports non protégés et les différents moyens de contraception, sorciers et Moldus (ceux-là étaient positivement barbares, “sortez couverts”, on a pas idée).

… Bref. J'étais un homme.

Revenons au “reviens-y”. Ce jour-là j'étais parti en claquant la porte et en criant “PLUS JAMAIS !” – et Wayland de renchérir : “Ah ça, pour sûr mon bonhomme ! N'y compte pas !” Je suis fier de vous dire que nous avons tenu cette promesse… une semaine, jour pour jour. (Je le dis avec fierté car ce laps de temps allait devenir notre record, mais passons.) Je ne nierai pas l'avoir un peu cherché quand même. Le problème avec Wayland c'est que c'était vraiment difficile de résister, elle traînait toujours toute seule dans des endroits isolés, en short riquiqui et en débardeur – oui mesdames et messieurs, comme si ça ne suffisait pas ! J'ai beau me vanter de mon self control, chacun sait bien que la chair est faible.

Nous nous étions accordés, sur la nature purement, ahem, ludique, de nos rencontres. Résultat : je me retrouvais dans le rôle principal d'un vaudeville passablement médiocre. Je mentais à mes amis pour quelques heures de bien-être, volées au détour d'un couloir – ce qui est je crois considéré dans notre société comme immoral. De plus, je développais de jour en jour une certaine paranoïa à l'encontre de la directrice, persuadé que ses yeux me scrutaient aux heures des repas, qu'elle avait demandé aux professeurs de lui faire des rapports réguliers sur mon compte, etc. Une sorcière de son niveau était peut-être Legimens ? Comment être sûr du contraire ? Et même sans ça, qu'en est-il de l'instinct maternel ? Et l'intuition féminine ?? (A ce sujet d'ailleurs, Scott semblait en avoir plus que Taylord.) Dans l'ensemble, je parvenais admirablement bien à dissimuler mon état d'agitation permanent ; mais il arrivait que je perde mon sang-froid. Comme l'autre jour, quand les Serdaigle avaient organisé une petite fête dans la salle commune (oui, car chez nous on ne fait pas la fête souvent peut-être mais jamais sans raison non plus, ce qui n'est pas le cas de tout le monde, suivez mon regard…). Un garçon que je connaissais vaguement m'avait lancé, très amicalement : “Eh Fray ! Tu prends une blonde ?”



… Un choix de mots regrettable, oui, on peut le dire.

Le temps de comprendre qu'il parlait de bière, trois fantômes étaient venus me demander si j'étais nouveau dans le coin. J'avais fini par balbutier quelque chose de très intelligent comme : “… Beh” et monter me coucher aussitôt, confirmant une fois encore mon statut d'handicapé social.

Mais, quand j'avais raconté l'anecdote à Lizlor, le lendemain, nous avions bien ri ; et finalement, à la voir ainsi, dans ce moments là – (après) – je me disais que… ça en valait la peine.

Cette journée passait comme les autres : trop lentement. Nous avions un cours de soins aux créatures magiques en commun avec les Gryffondor, une des rares matières où Wayland se montrait assez enthousiaste. Personnellement, l'intérêt que je portais à ce cours dépendait de la créature étudiée. Aujourd'hui, j'étais chanceux : il s'agissait de Sombrals, créatures chevalines munies d'ailes de chauve-souris aux dires de notre professeur, que nous étions bien forcés de croire sur parole, car elles n'étaient visibles qu'à ceux qui avaient “vu la mort en face”. Sujet qui, en d'autre temps, m'aurait passionné ; seulement l'expression sur le visage de Wayland tua un peu mon engouement.

Par équipe de deux ou trois, nous fûmes conviés à les nourrir. Comme Taylord était malade, je fis équipe avec Scott et Haley. Aucun de nous ne voyait les bestiaux, et j'étais si peu à ma tâche que j'ignorai complètement les avertissements répétés de mon ami. L'inévitable se produisit : notre Sombral finit par me mordre. Haley poussa un cri à la fois surpris et apeuré et je retirai vivement ma main avec un sifflement de douleur. Sans même lever les yeux, notre professeur habitué à ce genre de choses m'ordonna d'aller à l'infirmerie, et désigna… Wayland pour m'accompagner. Je plissai les yeux (humm, pourquoi elle ?? ça sentait le piège !!), prit un air contrit, et la suivis sans protester, fuyant le regard de Scott qui me dévisageait comme si c'était la première fois qu'il me voyait.

Mon anxiété se dissipa peu à peu. Parvenus au château, elle avait presque complètement disparu. Quoi, l'infirmière allait nous dénoncer ? Allons. Cette sale bête ne m'avait pas mordu si méchamment, et je serais parfaitement capable de me soigner seul.

Après.

Au rez-de-chaussée, il y avait une salle qui servait pour les cours théoriques. Régulièrement utilisée, mais pour l'heure, bien sûr, elle était vide… Et c'était l'heure du déjeuner juste après. Un petit sourire me monta aux lèvres. Sans prévenir, je saisis le bras de Wayland et la tirai dans la pièce à ma suite. Elle poussa un petit cri surpris – l'image fugace d'Haley portant sa main à sa bouche à la vue de ma main blessée me saisit une seconde – mais c'était un son qui tenait plus du rire que de la protestation énergique. La douleur semblait s'être envolée, jusqu'au moment où je voulus me saisir de sa nuque pour l'embrasser. Je crus déceler une lueur d'inquiétude dans son visage, mais réelle ou pas, elle se reprit vite – pas de tendresse. On avait bien mis les choses au clair sur ce point. Elle pointa cependant ma main du menton, avec l'air de demander si ça allait m'empêcher de faire quoique ce soit. Ma réponse ne se fit pas attendre.



---



Il ne nous restait plus qu'un quart d'heure avant que la cloche ne sonne le déjeuner et nous sépare jusqu'à la prochaine fois, si prochaine fois il y avait (je me berçais toujours dans l'illusion que nous finirions par mettre un terme à cette situation). Cette perspective m'était pénible, plus qu'elle n'aurait du l'être, et ma main blessée n'arrangeait rien à mon humeur. Pour m'occuper, je passai ma baguette sur la plaie pour la nettoyer. Ce n'était vraiment pas très grave, mais ça faisait un mal de chien.

– Brillante idée de nous faire étudier les Sombrals, grognai-je. A quelques semaines des examens, ils auraient pu s'en passer…

Je me tournai légèrement vers Wayland pour observer sa réaction. Je me demandais si elle avait vu les Sombrals, en fait. Elle n'avait pas levé la main quand la question avait été posée, mais ça ne voulait rien dire, pas vrai ? Peut-être n'avait-elle pas voulu qu'on l'ennuie avec ça. Mais de toute façon, cette histoire de “voir la mort en face” n'avait pas dû lui rappeler que de bons souvenirs. J'avais une étrange envie de la réconforter, seulement je ne savais pas comment m'y prendre, ni même si c'était bien mon rôle – après tout ça allait un peu contre notre politique.

– C'était pas la grande forme, aujourd'hui, commentai-je donc enfin en désespoir de cause.

Hum, toujours aussi délicat et subtile, mon cher Stephen, bravo. Même en tentant de détendre l'atmosphère par une plaisanterie je parvenais à me donner l'air mesquin. Enfin, si j'arrivais à l'énerver, elle oublierait peut-être ses malheurs. C'était bien le but de tout ça, non ?
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Lizlor Wayland


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MessageSujet: Re: Tango masochiste [PV]   Tango masochiste [PV] Icon_minitimeVen 10 Aoû - 15:22

Il y avait de rares moments où je prenais conscience. Je me disais : Stephen Fray. Celui-là même que je ne pouvais pas supporter depuis mon arrive à Poudlard, pas par caprice ou parce que j'avais des sentiments voilés pour lui, non. Je me souvenais l'avoir haï pour ce qu'il était, sa méchanceté, son mépris, ce qu'il faisait à son chat sans la moindre pointe d'humanité, ses grands airs... J'aurais pu continuer longtemps. Et je me disais : Lui! Mais à quoi est-ce qu'on jouait, par Merlin, mais comment en étais-je arrivée là!... Et puis ces moments-là ne duraient pas très longtemps, ou plutôt, il retombait dans un silence latent, un peu sous la surface de mes pensées. Je laissais couler. Et je me laissais faire.

Parce qu'il m'avait rattrapée dans ma chute, qu'il l'avait rendue plus douce et qu'il m'avait ramenée sur mon propre chemin alors qu'il aurait tout aussi bien pu me laisser là-haut, sur le pont, seule avec mon chagrin. Et cela, je ne pouvais pas faire comme si ça n'avait jamais existé.

Nos rendez-vous ne se ressemblaient jamais, et d'ailleurs, la majorité n'était pas préméditée. Ça m'allait plutôt bien. De toute manière, la façon dont je me sentais correspondait exactement à cet état d'esprit : je me laissais porter par les heures qui passaient et les jours qui venaient, parce qu'il n'y avait strictement rien d'autre à faire. Bien sûr, j'avais repris du poil de la bête. La douleur qui nous étreignait, Maman et moi, je la ravalais tout au fond de moi, d'où elle me ravageait l'intérieur mais je prenais le plus grand soin à ce que cela ne se voit en aucun cas. Pour elle, surtout. Et Ruby. Les autres, je m'en fichais, ils n'avaient quasiment jamais existé, pourquoi en serait-il différemment aujourd'hui? J'avais sans doute été pour eux cette petite sauvageonne qui passait son temps dans le parc et ne se laissait pas approcher - qu'il en soit ainsi, alors. La vie reprenait son cours sans nous demander notre avis et j'avais tant bien que mal pris le train en marche, sans grande conviction pourtant. Parce que je savais que ce train avait laissé une grande partie de moi sur le quai de la gare et que jamais je ne la reverrais : c'était un aller simple. Ce qui faisait le plus mal c'était de devoir faire sans elle, et surtout, de le cacher. Durant tout le temps que je passais avec Maman, je ne voulais pas montrer mes faiblesses. Elle avait besoin de moi, elle aussi, et le schéma parent/enfant ne s'appliquait pas correctement dans ce cas précis. Ce deuil nous touchait toutes les deux; je n'étais pas la seule enfant égarée qui cherchait des bras réconfortants. Elle aussi... Ses yeux brillaient toujours autant parce qu'elle était belle et l'avait toujours été, mais je remarquais qu'ils se tournaient bien plus souvent vers l'horizon, qu'ils cherchaient quelque chose qu'ils savaient disparue, que les coins de ses lèvres quand ils se soulevaient étaient moins sincères, et qu'il y avait une langueur nouvelle dans ses gestes... Je la sentais fatiguée, non pas physiquement, mais lasse, juste lasse de la vie et du poids des années qui passaient... De retour dans mon dortoir j'étais vidée alors, mais les larmes ne voulaient pas venir. On ne peut rien au temps qui passe.

Stephen ne me disait rien à ce sujet et ça me soulageait. Je n'étais pas sûre d'avoir besoin d'en parler - je n'en savais rien. Tout tournait autour de moi, bizarrement attiré par une gravité dont j'étais le centre, mais qui ne me percutait pas franchement. Il y avait de l'attente, dans les deux camps. Pour l'instant, je préférais l'ignorance, la fuite un peu aussi, je préférais oublier de pleurer et ravaler ma peine qu'elle m'atteigne encore, parce qu'elle était plus forte. L'été venait à petits pas, les vacances approchaient, j'allais retrouver Conrad, les États-Unis, voilà à quoi je m'accrochais.

D'ailleurs, ce qu'on disait... C'était différent à chaque fois. Parfois on ne parlait même pas. Parfois, on parlait de la pluie et du beau temps et c'était un peu gênant, mais il ne me mettait pas à l'aise parce que je sentais que toute cette intimité ne lui plaisait pas - moi non plus, au départ, parce que c'était inconnu. Mais plus ça allait plus je m'habituais, et je ne sautais pas sur mes habits, par exemple, pour me rhabiller. Ce n'était pas par manque de pudeur mais parce que... Parce que nous partagions assez pour que cela soit naturel, non? En tout cas, j'aimais à le sentir un peu provoqué ou gêné et j'en jouais, parce qu'il y avait entre nous cette éternelle tension, qui se brisait seulement lorsque nous étions dans les bras l'un de l'autre. Et nous l'étions souvent. J'avais détesté comment s'était terminée la première autant que je l'avais exultée, parce qu'il avait réveillé quelque chose en moi que j'avais peur d'avoir perdu à jamais. Mais fidèle à lui-même il n'avait pas assumé et il avait eu peur et j'avais envie de le frapper encore une fois... Et puis les choses s'étaient refaites, soudaines encore, plus fortes que nous, je crois. Nous nous opposions trop pour pouvoir résister à la force de deux aimants bien distincts.

Car c'était ça : un besoin compulsif, une attraction irrésistible. Et j'aimais ça. Moi aussi, je m'étais juré de ne pas recommencer. Et puis... On se croisait et l'éclat de ses yeux me capturait toute entière, et je n'avais qu'une envie c'est de me retrouver contre sa peau brune et qu'il me soulève entre ses bras, que je pose ma tête dans le creux de son cou et que mes cheveux se déversent sur son épaule et son dos... Souvent, alors que je ne voulais plus continuer, il se passait toujours un petit quelque chose - il avait la langue plus déliée, il me parlait et arrivait même à me faire rire et les heures que nous passions ensemble n'avaient pas de fin, elles étaient hors de tout. Cette relation, aussi étrange et éprouvante qu'elle soit, avait un caractère si unique et n'appartenait qu'à nous : c'était bien là son point fort. Elle avait aussi ses jours avec et ses jours sans.


– Brillante idée de nous faire étudier les Sombrals. A quelques semaines des examens, ils auraient pu s'en passer…

... Aujourd'hui était un jour sans.

Je levai un sourcil. Nous étions installé sur une table de la salle, lui appuyé dessus et occupé à se soigner la main, moi adossée au mur et les jambes en tailleur. J'avais mon côté contre le sien et je sentais la chaleur si caractéristique qui émanait de son corps; mon cœur battait encore un peu plus fort qu'à l'habitude. J'avais fait exprès de ne pas reboutonner la chemise de mon uniforme pour l'instant et je triturais machinalement des mèches de mes cheveux qui me tombaient sur les épaules. Stephen, comme à chaque fois, avait fait gonfler le volume déjà important de mes cheveux en passant furieusement sa main dedans quand... Enfin, voilà. Je ne sais pas trop ce que mes cheveux avaient, mais je crois qu'ils lui faisaient un petit effet. Je souris en me rappelant ce - mauvais - souvenir dans le placard, où je me rappelai m'être rendue compte que j'étais une fille, suite à sa vilaine remarque, bien qu'elle me paraisse floue, aujourd'hui.

Les Sombrals, les examens? Charmants sujets de conversation. Je n'avais envie de parler ni de l'un, ni de l'autre.


– C'était pas la grande forme, aujourd'hui, continua-t-il, ce qui acheva de me faire sortir les griffes. Je lui jetai un regard noir et étendis mes jambes nues, rabattant le tissu de ma jupe d'un geste passablement énervé.

De quoi parlait-il au juste, d'abord?! Pourquoi ce n'était pas la grande forme? Moi, je n'étais pas en forme? A quoi faisait-il allusion?... Je... Il me semblait que c'était... Que c'était bien, comme les autres fois, quoi, cette fois, ça ne lui avait pas plu? Je me sentis vexée et rabattis tous mes cheveux devant moi, comme pour cacher ma peau à nu.


- Garde tes subtilités pour toi, Stephen, feulai-je avec vigueur, même si je ressentais une étrange décharge électrique, des pieds à la tête, quand je prononçais son prénom. Je n'avais pas fait exprès. Normalement, je ne l'appelais pas comme ça... Et lui non plus.

En plus, je m'étais inquiétée pour lui sur le coup, quand j'avais entendu le cri perçant d'Haley Collins et que j'avais vu la main de Stephen en sang. Et dire que quelques secondes auparavant... Je m'étais plu à imaginer qu'on aurait séché le cours d'après et passé un peu de temps ensemble, parce que j'avais envie qu'il me fasse rire comme l'autre fois, et rien de plus.

- Ça t'amuse, hein? continuai-je sur ma lancée, moi aussi. Je ne les vois pas les Sombrals, si c'est ça que tu te demandes. Content? Je croisai les bras, le regard toujours aussi flamboyant, une moue de colère sur la bouche. Mais tu aurais pu me le demander directement, si tu voulais savoir. Au lieu d'éviter parce que tu as peur.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, me disputer avec lui et le bousculer m'était presque aussi excitant que quand il me serrait contre lui...
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Stephen Fray


Stephen Fray
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MessageSujet: Re: Tango masochiste [PV]   Tango masochiste [PV] Icon_minitimeMer 15 Aoû - 10:13

Oui oui oui, j'avais déjà entendu cette chanson : les dangers de la tentation, gare à celui qui y cède, bla bla bla, discours chrétien moralisateur ici, bla bla bla. En même temps, jusqu'à aujourd'hui, ça ne m'avait pas vraiment arrêté. Entre coucher avec la fille de la directrice et tenter de cloner son chat, qu'est-ce qui était le plus immoral, hein ? Et puis, parlons-en, de ces fameux dangers. Alors comme ça, dans notre culture occidentalo-greco-judaido-chréto-roploplo, les hommes avaient pêché en mangeant une pomme. (Vous remarquerez déjà que ça ne devait pas être une époque facile.) Mais pas n'importe quelle pomme attention (ou orange, ou mirabelle du destin, on ne sait plus trop, les débats sont en cours depuis deux mille ans), le fruit de l'arbre du savoir absolu et bien sûr défendu ! Et apparemment, ces iconoclastes de primates des premiers âges n'avaient fait que croquer le fruit. Mais imaginez une seconde, s'ils avaient eu une fringale et décidé que, hum, décidément, ces pommes avaient bien bon goût, et ma foi, pourquoi ne pas se faire une tarte ? Peut-être bien que, quand papa aurait rappliqué, c'est nous qui lui aurions foutu le pied aux fesses ! Adieu le barbu et bon débarras !

… Bref. Je n'étais pas le meilleur pour réfréner mes envies.

Mais justement, Wayland n'était plus simplement une envie comme ça qui passait de temps en temps, « coucou ! », en me saluant de la main. C'était en train de virer à l'obsession. Je ne dis pas que je n'ai pas un tempérament naturellement obsessionnel – après tout, il m'est souvent arrivé de rester éveillé pendant plus de quarante-huit heures pour finaliser une théorie sur la magie ou une potion un peu complexe. Mais une fois le travail achevé, je passais facilement à autre chose. Pas avec Wayland, cependant : on avait beau avoir essayé à de multiples reprises, avec plusieurs, ahem, variantes, passer du temps avec elle était plus qu'un but, c'était un plaisir dont je ne me lassais pas et que j'attendais chaque fois avec plus d'impatience. C'est pourquoi j'étais extrêmement perturbé par la chose et continuais de vivre ma vie comme si de rien était, niant en bloc les escapades quand je me regardais dans le miroir. D'ailleurs, il y avait eu un subtile changement dans cette action matinale en particulier : le coup d'œil à la glace pour vérifier que tout est en place. Une habitude qui s'était récemment développé, puisque mon apparence n'avait jusqu'à présent jamais été un sujet de réflexion ; à l'exception des vêtements, parce que je mettais un point d'honneur à bien m'habiller, mais c'était plus un plaisir personnel que pour plaire aux autres (tout ce que je faisais, je le faisais pour moi, globalement). Mais Wayland… qui au passage faisait elle aussi des efforts, détail auquel je n'étais pas insensible… Wayland allait finir par me transformer en vrai fille, si ça continuait. Au début je ne m'en étais pas rendu compte, mais certains tics se manifestaient toujours en sa présence : passait-elle devant moi ? Hop, je me passais discrètement la main dans les cheveux (des cheveux épais et sauvages sont le point clef d'une séduction réussie). C'était de petites choses que j'essayais de contrôler, parce que si jamais quelqu'un s'en rendait compte, eh bien, j'étais marron.

Mais le plus étrange, c'était qu'en dehors de se maquiller légèrement (et assez maladroitement, mais elle s'améliorait – grâce à qui d'ailleurs, ça, mystère), Wayland n'avait pas tellement changé. Ni moi, enfin, je ne le pensais pas, et dans le cas contraire, Scott et Taylord l'aurait remarqué. Comment étais-je passé de la haine à… cette chose inexplicable que je ressentais à présent pour cette fille ? Oui, enfin je dis haine… probablement qu'en fait, je ne la haïssais pas au départ. J'avais juste extrêmement pitié d'elle. Ce qui, en quelque sorte, est pire. Et même maintenant, elle continuait de m'agacer, et il me semblait même que j'avais besoin de nos disputes autant que du reste. Besoin de la provoquer, besoin d'être provoqué.

Ah, bien… Ça mettait un peu de piment !

– Garde tes subtilités pour toi, répliqua-t-elle sèchement, vexée, quand elle comprit ce que j'avais laissé sous-entendre, Stephen.

Il y eut un silence signifiant, durant lequel nous nous dévisageâmes l'un et l'autre avec stupéfaction. Stephen ? Depuis quand m'appelait-elle par mon prénom ? Elle m'avait toujours donné du Fray, et moi du Wayland, et ça ne nous avait jamais posé problème. C'était plus naturel, tout simplement, parce que c'était comme ça que les gens nous appelaient le plus souvent : professeurs comme élèves. A part Candy, Taylord, Scott, et les quelques garçons qui partageaient notre dortoir, personne ne m'avait jamais appelé Stephen au sein de Poudlard. Et dans la bouche de Wayland, ça sonnait presque comme une insulte, comme une fausse marque d'affection qu'elle moquait et parodiait. Je n'aimais pas ça.

– Ça t'amuse, hein ? Je ne les vois pas les Sombrals, si c'est ça que tu te demandes. Content ? cracha-t-elle, visiblement encore plus irritée par mon silence surpris. Mais tu aurais pu me le demander directement, si tu voulais savoir. Au lieu d'éviter parce que tu as peur.

Oulà, qu'est-ce que c'était que ce drame qu'elle me faisait ? Et elle jouait la carte de la pseudo-psychologie par-dessus le marché ! Un autre jour, j'aurais riposté par une remarque bien sentie et enfoncé le clou dans la plaie. Mais là, on touchait à un sujet sensible.

– Du calme, tempérai-je en me retournant pour le regarder (elle était assise dans mon dos).

Je remarquais qu'elle avait ramené ses cheveux devant elle, dissimulant la peau nue que son chemisier vaguement enfilé et non boutonné laissait entrevoir. Cela m'importait peu, j'aimais trop ses cheveux pour leur préférer quoique ce soit d'autre – à part peut-être son sourire, mais c'était parce qu'il était si rare et qu'il me fallait user de mille stratagèmes pour le faire apparaître. Un sourire de Lizlor c'était un peu comme la neige, il arrivait sans prévenir et le monde en devenait soudain plus lumineux.

Avec un léger sourire je saisis une de ses mèches entre mes doigts, ceux de ma main valide qui tenait ma baguette.

– Je ne suis pas très doué, hein ? ajoutai-je, avec un petit rire. Ça n'a jamais été mon point fort…

… Tout ça, avais-je envie de compléter, les
relations sociales – mais je me tus. A quoi bon lui expliquer ? Elle entre tous le savait bien. Ma main glissa vers le haut, jouant inconsciemment avec ses cheveux épars et s'approchant de son visage. J'amenai mes phalanges tout contre sa joue… et me rendis soudain compte de ce que j'étais en train de faire, wow wow WOW !!! PAS de tendresse, Fray, on l'avait bien dit – un peu de nerfs, que diable ! Je ramenai vivement mon bras (un peu trop vivement d'ailleurs, une chance que je ne l'ai pas éborgné avec ma baguette), me raclant la gorge, et prétendis me concentrer à nouveau sur ma main blessée.

– Et de quoi j'aurais peur ? De toi ? Je m'empressai de dissimuler mon malaise sous un léger rire goguenard. Tu as le potentiel criminel d'un chaton non-sevré !

Si un regard avait pu tué, je serais tellement mort et enterré que des chercheurs d'or trouveraient probablement mon cadavre en Australie.
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MessageSujet: Re: Tango masochiste [PV]   Tango masochiste [PV] Icon_minitimeMer 22 Aoû - 16:45




So we lay in the dark
cause we've got nothing to say

Just the beating of hearts
like two drums in the grey


I don't know what we're doing
I don't know what we've done


But the fire is coming

So I think we should run
I think we should run, run, run, run...




Tant qu'on ne choisit pas, tout reste possible : Je n'avais jamais mesuré la justesse de ce dicton. J'avais longtemps cru que le fait de ne pas savoir était la pire chose qui soit; je me rappelais quand je craignais encore que ma mère ne m'aime pas, que je vivais dans son ombre, cachée, et que je me morfondais jour après jour parce que je ne savais pas ce qu'elle attendait de moi, si elle m'ignorait, me haïssait, m'aimait sans le laisser paraître... Cette attente était infernale et avait eu raison du sommeil de nombreuses de mes nuits, de mon renfermement, aussi. Et cela se vérifiait dans bien d'autres circonstances, mais aujourd'hui... Aujourd'hui je vivais dans une permanente incertitude et, au fond, elle me plaisait. Ou, plus exactement, je n'étais sans doute pas capable de prendre des choix irrévocables. Allions-nous nous remettre de la mort de Papa? Maman retrouverait-elle son sourire d'avant, et moi le courage de lui rendre, le courage de vaincre ma peine? Je ne pleurais plus, j'enfouissais juste bien loin en moi toute cette histoire. J'allais mieux, pour le moment, mais mon cœur sec n'engageait rien de bon et je le savais. Quand allait-ce me retomber dessus? L'incertitude guidait mes pas et rendait mon chemin plus doux, et je n'avais besoin que de ça.

Concernant Stephen Fray... C'était pareil. A quoi jouions-nous, qu'est-ce que ça voulait dire, tout ça? Je n'étais pas une connaisseuse dans les relations amoureuses, surtout à nos âges, mais je savais que ce qu'on faisait ne ressemblait en rien à ce que faisait les autres. Nous n'étions ni un couple, ni des amis... Je ne savais pas ce que je voulais, et j'étais certaine que lui aussi. On évitait juste les gestes "trop", trop tendres, trop attentionnés, évidemment, puisqu'on ne formait pas un couple. Mais à côté de ça... Cela y ressemblait. C'était sans doute cela le plus étrange.

Souvent je rêvais de lui, que je dormais contre sa peau brune ou que je passais la main dans ses cheveux. J'avais découvert avec stupeur qu'ils étaient doux et épais à la fois et cette sensation m'était prodigieusement agréable quand je l'avais découverte la première fois, un peu malgré moi, parce que mes mains cherchaient quelque chose à laquelle s'agripper. C'était ensuite devenu un de mes gestes les plus courant, quand nous étions dans les bras l'un de l'autre : ma main remontait le long de sa nuque et je le sentais frissonner, et c'était moi qui frissonnais ensuite quand mes doigts se perdaient dans l'ébène de ses cheveux et que mon souffle devenait plus court entre ses lèvres. Ces jours-là, donc, j'avais envie de le voir, j'en étais heureuse, même si nos rendez-vous étaient aléatoires. En revanche, il m'arrivait de ne pas penser à lui un seul instant de la journée. C'était souvent quand j'étais occupée, ou bien que je passais du temps avec Maman, ou avec Ruby. Je parlais de lui à Ruby, mais sans trop savoir quoi dire exactement. J'arrivais à me détacher de lui, j'arrivais à toujours le détester quand il ouvrait la bouche en cours pour prouver que le prof avait abordé le problème du mauvais côté, j'arrivais toujours à le trouver prodigieusement inintéressant quand il me parlait parfois, suffisant, méprisant, bref, ce qu'il avait toujours été. Mais le lendemain son regard me captivait et ma haine se changeait en envie irrésistible, plus forte que tout, et ces jours-là je le voyais tout autrement. Nos corps si différents l'un de l'autre et tremblaient d'une faim inassouvie et quand je voyais ma peau blanche contre la sienne et mes cheveux dorés qui courraient sur ses bras, ses mains grandes et fines, et ses lèvres brunes, c'était comme si nous étions au plein cœur d'un brasier, prisonniers, mais qu'il n'y avait rien de plus délicieux que de s'y laisser consumer...


– Du calme, dit-il enfin. Ces deux mots qui incitent à tout leur contraire; cela acheva de me faire sortir mes griffes, et je lui jetai un regard noir par dessous mes paupières alors qu'il se retournait vers moi. La salle où nous nous trouvions était faiblement éclairée et tout ce qui nous entourait restait vague pour moi, un peu effacé. Lui, en revanche, m'apparaissait nettement, se détachant du reste.

Je restai murée dans un silence boudeur, les lèvres serrées d'agacement. Pourtant mon regard fut forcé de suivre sa main qui avait saisi une mèche de mes cheveux, et encore une fois, leur blondeur cuivrée mélangée au teint basané de sa peau me captiva, malgré moi. Le feu à l'intérieur de moi se raviva.


– Je ne suis pas très doué, hein ? Ça n'a jamais été mon point fort…

- Heureusement qu'en échange tu es perspicace,
lâchai-je une nouvelle fois du bout des lèvres, moqueuse, alors que je ne savais plus très bien où donner de la tête. Sa main, ses mots, ses lèvres, ses phrases mal tournées, ses efforts, ses gestes quand je ne m'y attendais pas... J'errais dans un tourbillon de brouillard, et d'un instant à l'autre mon état d'esprit changeait, tantôt satisfait, tantôt en colère, tantôt heureux, tantôt un peu trop égaré. L'ombre de ce "Stephen" qui avait franchi ma bouche planait encore et augmentait mon trouble. Stephen. Jamais je ne l'appelais ainsi, et d'ailleurs, il ne m'avait jamais appelée Lizlor! C'était ainsi, un accord tacite, une barrière à ne pas franchir. J'avais été bien bête, mais il m'avait trop poussée à bout, sans doute, cela m'arrivait parfois de céder, très rarement heureusement...

Sa main était trop proche de mon visage et mon cœur s'affola; en échange je le regardai encore plus méchamment pour qu'il ne comprenne pas, car il ne le fallait pas, à tout prix, combien la tendresse de son geste me touchait en plein cœur et faisait un peu plus pencher la balance vers tous ces moments où il m'obsédait et où je n'éprouvais pour lui qu'une passion exaltée et ardente.


– Et de quoi j'aurais peur ? De toi ? Tu as le potentiel criminel d'un chaton non-sevré !

Comme d'habitude un acte de pure méchanceté suivit un geste de faiblesse et stupide comme j'étais pour m'être laissée prise au piège, je tombai de haut. Je me sentis vexée de cet éternel mépris qu'il avait pour chaque personne qui barrait son changement - à part Taylord Reegan, ça je l'avais bien compris, mais cette fille était à mes yeux un mystère pour les passions qu'elle déchaînait autour d'elle - et me renfrognai quelques instants, incapable de trouver une réplique bien sentie. J'aimais l'idée qu'il me craigne, parce que depuis toujours j'avais eu l'impression que cela me donnait d'avantage de pouvoir. Et je détestais qu'il me tourne en dérision.

Je crus que pour le coup les braises qui crépitaient dans mes entrailles allaient s'éteindre et qu'on allait en rester là; aujourd'hui n'avait pas été une réussite, mais cela dépendait des fois. Mais, sans que je m'y attende, je sentis qu'au contraire le brasier avait rugi et repartit de plus belle comme si les paroles de Stephen leur avait insufflé une énergie nouvelle. Alors je me redressais, fièrement, et poussai ses épaules contre le mur en y appliquant mes deux mains d'un geste autoritaire, avant de passer ma jambe au-dessus de lui et de m'installer sur ses cuisses, face à lui. Je ramenai mes cheveux d'un côté, sur mon épaule, pour qu'ils ne me gênent pas. En me dressant sur mes genoux je pouvais le regarder de haut et je rapprochais mon visage du sien sans lâcher un instant son regard tandis que mes mains pressaient d'avantage contre lui et que mes ongles, à même sa peau, s'enfonçait petit à petit sans que je n'y attache une quelconque importance - un chaton a des griffes, quoi qu'il en soit...

Je finis par glisser une de mes mains dans sa nuque et la saisit avant de l'embrasser autoritairement et, ce fut plus fort que moi, passionnément, jusqu'à ce que nous souffles viennent à manquer. Quand je redressai la tête elle tournait un peu mais je n'écartais pas mon visage de plus de quelques centimètres. Je n'avais pas envie qu'il m'échappe pour le moment.

- Pourquoi tu ne parles jamais de toi?

Cette question sortie de but en blanc ne me gêna absolument pas et plus encore elle me réjouit car elle pouvait le gêner lui et j'aimais le déranger. Néanmoins elle était mal formulée - il parlait tout le temps, et de lui, de ce qu'il avait fait aujourd'hui, de ses bonnes idées, de ses travaux, etc. Sauf que ce n'était pas cela que j'entendais. Je m'étais penchée dans son cou pour saisir sa peau entre mes dents et la peau nue de mon ventre entra en contact avec son torse et j'eus un soupir avant de me redresser à nouveau :

- Je veux dire, de toi...

Sans le quitter des yeux, j'avais appuyé le plat de ma main très légèrement sur son torse, à l'endroit où battait son cœur.
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Stephen Fray


Stephen Fray
Élève de 6ème année



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MessageSujet: Re: Tango masochiste [PV]   Tango masochiste [PV] Icon_minitimeJeu 23 Aoû - 1:38

Wayland était imprévisible. J'avais cru tout le contraire le soir où nous nous étions rencontrés pour la première fois, parce que j'avais, il est vrai, une tendance très mal perçue qui consistait à ranger les gens dans de petites cases. Je continue de penser, d'ailleurs, qu'il n'y a rien de si insensé là-dedans. La plupart des gens sont exactement ce qu'ils ont l'air d'être. Les êtres humains en général sont si semblables les uns aux autres : tous tiraillés entre les mêmes besoins, les mêmes vices ; tous, finalement, très ordinaires. Pas qu'il y ait de mal à être ordinaire : c'est le fait de se complaire et s'enfoncer dans la banalité et l'ennui, sans jamais chercher l'aventure, que j'appellerais un crime.

Mais Wayland n'avait pas besoin de chercher l'aventure. Elle était – avait toujours été – un personnage haut en couleur, une créature arrachée à un roman qui ne semblait pas trouver sa place dans la routine du quotidien, avec son caractère farouche, sa beauté dévorante… A mes yeux elle avait toujours été la plus belle fille de l'école, même quand je critiquais ses vêtements trop grands et sa coupe de sauvageonne et ses jambes qui portaient en permanence les stigmates de ses escapades dans la forêt. Je savais que je n'étais pas le seul à l'avoir remarquée. Combien de fois avais-je surpris le regard de mes camarades s'arrêter et traîner sur sa silhouette fine, la suivant quand elle les dépassait dans les couloirs ? Combien étaient un jour venus la voir, tentant leur chance en lui proposant plus ou moins subtilement de se retrouver seuls quelque part ? Tous éconduits, sans même qu'elle ait l'air de se rendre compte de l'intention réelle qui se cachait derrière l'invitation. Et moi, je n'en manquais pas une miette. Oui, parce que rien ne m'échappait dans cette école de toute façon, aucun détail, et je me méfiais tellement de Wayland que j'étais encore plus vigilant à son égard – naturellement.

Appréhendais-je l'idée que l'un d'eux finisse par triompher là où tous avaient échoué ?… Non. Leurs efforts me faisaient sourire, car je savais qu'au fond, aucun n'avait la moindre chance. Wayland n'avait absolument pas conscience de l'effet qu'elle produisait ; elle prenait les rumeurs qui circulaient sur son compte comme une marque de pure méchanceté, alors qu'en vérité, c'était la fascination, le mystère qui les avaient engendrées. Oui, Lizlor Wayland était une énigme aux yeux de tous, et je ne pouvais que tirer fierté de ma relation intime avec elle. Car enfin, on la disait belle, mais aucun ne savait à quel point elle était
parfaite. Vous savez, dans les romans, les auteurs ajoutent toujours quelque défaut physique à leur personnage, une cicatrice mal placée ou un nez trop long, comme s'ils s'imaginaient que cela le rendrait plus proche de la réalité. Mais Wayland n'avait aucun défaut, elle était juste… belle. Impossiblement belle. Mais bien réelle.

Cette candeur, cette ingénuité (qui avaient, j'en étais sûr, attisé la convoitise de certains), avaient finalement volé en éclats, le soir où nous nous étions retrouvés pris au piège dans le placard à balai, terrifiés à l'idée que les Mangemorts puissent nous surprendre et nous faire subir le sort qu'ils réservaient aux espions. (Cela semblait loin aujourd'hui, mais il m'arrivait encore de me réveiller en sursaut après avoir rêvé de cette scène ; dans mes cauchemars, la fin était toujours nettement moins réjouissante.) C'était un souvenir terrible mais aussi très troublant, car c'était la première fois que je sentais le corps de la Gryffondor si proche du mien, la première fois que nous avions compris qu'il se passait
quelque chose. Et pour elle, la première fois sans doute qu'elle avait pris conscience de ses… attributs féminins. Dès le bal suivant, elle se ramenait en robe beaucoup trop sensuelle pour son âge – et elle dansait avec ce Serpentard stupide, qui bien évidemment lorgnait son décolleté !

Et si ce genre de choses se reproduisait l'an prochain ? Je ne prétendrai pas que la perspective ne me… déplaisait pas. Pour être poli. Mais qui étais-je pour décider avec qui elle dansait et avec qui elle ne dansait pas ? Qu'est-ce qui m'en donnait le droit ?

– Heureusement qu'en échange tu es perspicace.

Le ton était moqueur, mais pas agressif – elle possédait une voix plus aiguë que celle de Taylord (je ne pouvais pas m'empêcher de les comparer) mais un peu éraillée, qui tendait à baisser d'une octave quand elle était confuse ou émue ou encore quand… Enfin, voilà. Conscient de son trouble, qui devait au moins égaler le mien, je retirai ma main qui s'était attardée un peu trop longtemps près de sa mâchoire et revint au sarcasme et autres masques que nous employions tous deux chacun notre tour pour éviter les débordements. Je me mordis la langue, agacé par ma propre attitude. Je m'en voulais de l'avoir désarçonnée. J'aimais quand les choses restaient… simples, entre nous. Mais aujourd'hui n'était pas un jour idéal pour la simplicité, elle s'était montrée vulnérable, et elle savait que je savais que cette histoire de Sombrals l'avait atteinte, et tout cela portait la confusion à son plus haut degré. Il aurait mieux valu que nous abrégions la rencontre, que nous attendions une occasion plus propice pour discuter. Là, ça tournait au vinaigre.

Je m'attendais donc à ce que la discussion en reste là, où qu'elle réponde par une insulte, avant de fuir la pièce comme un ouragan (son penchant pour les sorties théâtrales – elle et moi avions au moins ça en commun, il fallait bien l'admettre). De toute façon, nous avions déjà commencé à nous rhabiller ; je m'étais rassis après avoir enfilé mon pantalon et me penchait à présent pour attraper ma chemise froissée qui gisait à côté de Wayland. J'allais presque la saisir quand soudain (je vous ai bien dit qu'elle était imprévisible) je sentis ses mains se poser sur mes épaules et me rabattre brutalement contre le mur. J'en eus le souffle coupé – sa force me sidérait toujours – et levai vers elle un regard surpris mais elle ne me laissa pas le temps de la questionner. Captivé par ses gestes, la façon dont elle repoussait ses cheveux dorés (mais qui a des cheveux pareils, ça n'existe que dans les contes de fées ça, pas en vrai !) sur le côté, les sensations que me procuraient sa peau contre la mienne, je la laissai m'enjamber et s'asseoir directement sur moi, ses genoux de chaque côté de mes jambes, m'emprisonnant. Elle se redressa légèrement, pour pouvoir m'observer de haut. Son regard m'électrisait, me pétrifiant sur place. D'habitude quand elle se comportait ainsi avec moi… Ne jouons pas sur les mots, quand elle… m'aguichait de cette façon, je finissais toujours par réagir en me montrant encore plus violent et autoritaire qu'elle. Je ne lui laissais jamais le contrôle très longtemps.

Mais là, j'ignorais pourquoi – peut-être à cause de ma main ? – je ne pouvais tout simplement rien faire, j'étais comme figé ; et quand elle attrapa ma nuque et se pencha pour m'embrasser, je ne pus que
l'accepter, et prendre ce qu'elle avait à me donner sans chercher à me battre, car je savais la lutte perdue d'avance. C'était un de ces baisers ravageurs dont elle avait le secret, qui semblaient durer à la fois une seconde et une éternité, et nous laissait pantelants, le souffle court et perdus, comme s'ils ouvraient la porte à un monde de délices et de rêves qui disparaissait sitôt que nous y mettions fin, nous laissant avec une sensation de vide, l'impression de ne pas être à notre place. C'était une attaque dirigée spécifiquement contre moi, mais au jeu duquel elle finissait toujours par se faire prendre.

– Pourquoi tu ne parles jamais de toi ? murmura-t-elle après s'être écartée légèrement, le besoin de respirer ayant eu raison de sa volonté.

Encore secoué par ce qui venait de se passer, je mis cinq bonnes secondes avant de comprendre ce qu'elle venait de dire. Pardon ? Qu'est-ce que c'était que cette question ? Et elle me demandait ça là, maintenant, alors qu'elle venait juste de me donner ce que je pouvais aisément qualifier de meilleur baiser de ma vie ??

– … Quoi ?! haletai-je, tentant de retrouver une respiration normale.

Parce que les battements de mon cœur s'étaient accélérés et je ne pouvais empêcher mon corps de réagir à ce qui s'était produit (j'étais un homme après tout, et un adolescent, ce qui est pire), la façon dont ses ongles s'enfonçaient dans ma chair, la manière possessive dont elle avait immobilisé ma nuque, tout cela étaient des choses qui ne me laissaient pas indifférent. Elle le savait et elle en jouait. Sans compter qu'elle m'avait littéralement privé d'oxygène pendant au moins une minute et que maintenant j'avais des papillons noirs qui volaient dans mon champ de vision et je sentais que l'heure du petit-déjeuner était loin derrière nous. Bref, ce n'était pas le moment de s'amuser avec mon cerveau en me faisant le coup de l'interrogatoire tordu.

– Je le fais toujours, ajoutai-je, pour qu'elle me laisse tranquille.

C'était bien vrai ça en plus, même mes amis proches avaient trouvé au moins une fois l'occasion de me reprocher cette manie. Alors qu'est-ce qu'elle me voulait ?… Non et puis alors si elle se mettait à se dandiner au-dessus de moi à califourchon comme ça aussi et à me mordiller dans mes points sensibles ça n'allait pas trop le faire, pour la concentration on repassera.

– Je veux dire, de toi…

Ah, oui, tout de suite c'était plus clair.

– Aah… de moi… parodiai-je, prenant un air pénétré, tandis qu'elle posait une main à plat au niveau de mon pauvre cœur qui battait la chamade (ça ne me plaisait pas beaucoup d'ailleurs qu'elle ait choisi justement cet endroit là et qu'elle le sente, du coup – on peut être bon acteur mais le corps lui ne trompe pas).

Je m'étais dis que le fait de me moquer d'elle (gentiment, mais avec sa susceptibilité de première elle partait vite au quart de tour) suffirait à ce qu'elle laisse tomber et que nous nous retrouvions dans le plan que j'avais fini de concevoir dans ma grosse tête, à savoir, qu'on se disputait bien sagement et sans grosse conséquence, qu'on se quittait bons amis du dessous de la ceinture, et que rien ne changerait à l'avenir. Sauf que ce n'était visiblement pas à son programme à elle, puisqu'elle ne bougea pas d'un poil. Bon, d'accord, j'avais très bien compris ce qu'elle voulait. (Oui, vous savez quand je dis que je suis intelligent ce n'est pas juste pour faire joli, hein.) Et peut-être que je n'avais pas été assez… convaincant dans ma moquerie ? Peut-être que j'avais simplement eu l'air de faire comme si je n'avais toujours pas compris ? Parce que ça m'arrangeait bien ? Peut-être, oui. Mais c'était difficile de vouloir sincèrement son départ maintenant que je sentais la peau de son ventre glisser sur mon torse et que ses cheveux ne cachaient plus rien du tout et que les seules choses qui nous séparaient étaient un misérable pantalon en toile, une chemise, et deux-trois sous-vêtements. Elle ne pouvait pas simplement… continuer ce qu'elle faisait,
sans les questions gênantes ?

En même temps… ce n'était pas comme si nous avions exactement le temps. Pour recommencer, je veux dire. La cloche allait retentir dans dix minutes. Certes, il y avait l'heure du déjeuner après. Mais si Scott ne me voyait pas dans la Grande Salle, il allait se poser des questions. Il allait se rendre à l'infirmerie, où Madame Pomfresh lui dirait, charmante comme toujours :
"Non ! Je n'ai pas vu Stephen Fray ! Ni Lizlor Wayland ! Ils étaient censés venir ici ensemble ? Alors ça c'est bizarre !" Et là, Scott se rendrait compte que Wayland n'était pas non plus présente. Il finirait par additionner deux plus deux.

– Tu… (Je déglutis en la sentant revenir à la charge, ses mains pianotant ma clavicule – ah ! bon sang, elle allait me tuer.) Tu sais, tout à l'heure quand je disais que tu n'étais pas en forme, je n'étais pas sérieux, c'était juste… Non pas ici ! D'accord, d'accord ! J'abdique, gémis-je comme elle s'attaquait à mon lobe d'oreille.

Comme elle n'avait pas l'air de m'écouter je la saisis à mon tour par les épaules et la repoussai fermement mais aussi gentiment que possible, pour empêcher ces dents de s'approcher d'une quelconque partie de ma personne. Ce n'était pas que je ne voulais pas, mais vraiment, ça n'aurait pas été raisonnable. Elle me regarda avec une petite moue de mécontentement que je devais bien qualifier d'adorable, mais son sourire menaçait de la trahir, faisant trembler sa lèvre inférieur, qu'elle finit par mordre dans l'espoir de se contrôler.

– Tu es un vrai démon, hein ? soupirai-je, souriant légèrement malgré moi.

Elle sourit franchement cette fois, baissant les yeux, un peu gênée, parce qu'elle pouvait bien se la jouer fille fatale et prétendre me manipuler comme une marionnette mais c'était toujours Lizlor au fond, avec son innocence et sa naïveté presque comique quand il s'agissait de ses prétendants. Elle était belle. Je n'y pouvais rien.

Bon. Le moment était venu d'agir finement.

– Navré de te décevoir mais il n'y a rien à dire, vraiment, finis-je par lâcher, conservant le ton léger et sans heurt qu'avait pris la conversation. Tu as devant toi tout ce qui fait mon humble personne !

Le mot “humble” la fit évidemment lever les yeux au ciel – et c'était bien le but. Tous les moyens étaient bons désormais pour détourner son attention, même l'auto-dérision.

– Pourquoi je m'encombrerais de plus d'ailleurs ? Je suis parfait comme je suis, conclus-je avec un haussement d'épaules. Et toi, Wayland, qu'est-ce qu'il y a dans ta tête ? Tu as envie de me le dire ?

C'était bien sûr un changement très subtile et à peine perceptible, mais il y avait une certaine froideur dans ma dernière question. L'air de rien, j'étais en train de lui rappeler les limites et termes de notre engagement. Le but était de se faire plaisir, d'être heureux ensemble, d'user (oui, il y avait bien une notion d'outil ici) de l'autre pour oublier ses propres problèmes, tout en lui apportant soi-même l'oubli dont il ou elle avait besoin. Elle ne résoudrait pas mes problèmes, et visiblement, elle ne tenait pas à ce que je l'aide avec les siens. Très bien. Ça m'allait. C'était parfait.


Dernière édition par Stephen Fray le Sam 29 Sep - 11:56, édité 1 fois
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Lizlor Wayland


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MessageSujet: Re: Tango masochiste [PV]   Tango masochiste [PV] Icon_minitimeJeu 27 Sep - 19:19

Avais-je envie de plus? Quand nos réactions n'étaient pas coordonnées, ou bien quand elles l'étaient formidablement au contraire, j'oubliais tout le reste, j'oubliais qui il était et ce que je pensais de lui. Stephen Fray n'était alors que ce garçon à moitié dénudé qui me prenait entre ses bras et faisaient de ses caresses sur les miennes de véritables ouragans qui venaient réveiller mon cœur, il était juste ce corps qui m'attirait comme un aimant et ces petits gestes intimes qui lui échappaient, cet espèce de double ou d'opposé, je n'en savais trop rien, avec qui je partageais des étreintes dans la pénombre jusqu'à ce que le souffle vienne à nous manquer. J'avais beau me contenter en tous points de cette relation, parce que le retour à la réalité se fait d'une manière ou d'une autre, je ne pouvais m'empêcher de me demander dans quel étrange chemin nous étions-nous embarqués et il allait déboucher sur autre chose qu'un croisement qui, fatalement, nous séparerait.

Quand j'y repensais, le temps était loin où je n'étais que cette pauvre gamine esseulée qui passait son temps dans les bois, à éviter les gens, et que tout le monde pensait que j'étais non seulement que "la fille de la directrice" mais en plus une fille bizarre et complètement sauvage. Aujourd'hui, je me sentais toujours extérieure au monde de Poudlard, je veux dire, à la foule des élèves et leurs agissements. Mais quelques percées de-ci de-là m'y avait ancrée plus profondément que je ne l'aurais voulu. Étrangement, maintenant que je partageais d'avantage de temps et de choses avec Maman, je me fichais complètement d'être la fille de la directrice, car j'avais compris qu'un titre était purement et simplement ce que l'on décidait d'en faire. Mes soucis étaient ailleurs.

Mes soucis résidaient sous la douceur des mes draps quand le jour tombait et que chacun avait regagné son dortoir. Quand tout le monde, finalement, se retrouvait seul, l'une des contradictions la plus fatale de l'espèce humaine, condamnée à vivre au milieu de tous mais dont l'isolement est pourtant bien réel. Je l'avais toujours su - j'avais toujours, au fond, été seule. Plus encore quand Papa était mort et que j'avais compris, que j'avais vu de mes propres yeux que quoi que Conrad, Maman et moi fassions, nous étions irrémédiablement et désespérément seuls avec notre désespoir, et que si nous pouvions infimement en alléger le poids en nous aimant et en étant là l'un pour l'autre... Je restais seule le soir derrière mes paupières closes, condamnées à entendre le rythme régulier de mon cœur alors que j'avais envie de l'arracher et de hurler ma peine. Hurler pour quoi? Vers qui? Tout comme la mort le chagrin était une condamnation, à perpétuité. Qui ou quoi pourrait un jour guérir cette blessure que l'on nous avait infligé? Papa était à mort à tout jamais. J'étais orpheline à tout jamais, Conrad aussi, et Maman était veuve. Quand bien même le temps et la vie nous obligeraient à nous relever, et c'était d'ailleurs ce que j'avais fait, je... Pourquoi? J'en crevais de ne pas le savoir. Continuer, pour quoi? Vivre, pour quoi? Penser les plaies de ceux que j'aimais, uniquement? Et là tout tourbillonnait dans ma tête, car j'avais bien trop de questions dont les lames aiguisées me transperçaient la chair, et bien trop peu de réponses pour me protéger. J'aurais aimé que quelqu'un me protège, juste une fois, pour respirer; et c'était toujours lorsque je croisais l'éclat brun des yeux de Stephen que je sentais une bouffée d'oxygène m'envahir. Comment oublier le rôle qu'il avait joué dans ma terrible chute, la façon dont il m'avait tirée de ma torpeur gorgée de chagrin? C'était de son souffle que j'avais été réanimée. J'en voulais encore, et encore... Et si mes doigts s’agrippaient à lui dans le but de faire monter son désir (et aussi de lui faire regretter ses paroles, mais cela devenait un jeu), j'avais envie de lui murmurer au creux de son oreille que je venais de mordre :
protège-moi...

Sous ma main, son cœur battait fort. Il n'aimait pas ça et je le savais : mon baiser l'avait transporté autant que moi, tout son corps avait envie que je poursuivre mon petit jeu, mais, ohlàlàlà!, Stephen Fray ne pouvait décemment pas accepter que le contrôle lui échappe l'espace d'un instant. J'aimais tellement lui ravir, et si j'y arrivais plutôt bien et que parfois nos étreintes s'apparentaient à une étrange lutte, j'aimais tout autant les moments où il ne me laissait pas le choix et faisait ce qu'il voulait de moi. Le poids de son corps sur le mien faisait toujours monter en moi des vagues sourdes et vibrantes d'émotion, et quoi que je fasse, en plantant mes dents ou mes ongles où je le pouvais, j'avais juste envie de lui crier de continuer, jusqu'à ce que je reprenne le contrôle pour un temps. Au jeu du chat et de la souris, nous étions les plus forts.


– Aah… de moi…

Je haussai un sourcil, appuyant ma question. A laquelle il allait trouver une quelconque parade, comme toujours. Mais je ne pouvais m'empêcher d'espérer, surtout en étant à moitié sur lui et en mordillant chaque endroit de sa peau que je trouvais.

– Tu… Tu sais, tout à l'heure quand je disais que tu n'étais pas en forme, je n'étais pas sérieux, c'était juste… Non pas ici ! D'accord, d'accord ! J'abdique, et sa voix me le confirma.

Je dus me forcer à retenir un petit rire de satisfaction et continuai mon petit manège, promenant mes doigts et ma bouche partout sur sa peau dont je ne me lassais pas - cet éclat brun me fascinait et je ne pouvais m'empêcher d'avoir la constatation étrange qu'elle avait bon goût - tout en m'agitant lascivement au-dessus de lui et en promenant mes doigts dans ses cheveux déjà bien ébouriffés par mes attaques précédentes. Sa remarque, étonnement subtile pour se rattraper de celle vexante de tout à l'heure, effaça un peu de mon animosité envers lui et je l'embrassai une nouvelle fois, moins longtemps toutefois, juste ce qu'il fallait pour qu'il en ressorte frustré. Ce qu'il n'appréciait évidemment pas.

Mais j'affichai bien vite un air boudeur, car il m'avait repoussée après quelques secondes, et si son souffle court caressait ma joue je n'étais toutefois plus assez proche de lui pour faire quoi que ce soit. Je fronçai les sourcils, agacée aussi du fait qu'il n'avait pas répondu à ma question - et qu'il n'y répondrait pas.


– Tu es un vrai démon, hein ?

Il avait parfois un naturel désarmant, bien trop peu présent mais j'aimais tellement quand il me laissait l'entrevoir. A ces mots, qui me rappelèrent des souvenirs de mon enfance, "démone" avait toujours été un petit surnom affectueux que l'on pouvait me donner, en particulier avec les éclats de feu de mes cheveux et mon caractère plutôt rebelle, je sentis malgré moi mes lèvres se fendre d'un petit sourire et laisser échapper un petit rire, léger et cristallin, qui s'envola sans laisser de traces dans l'ambiance feutrée de la pièce.

- Avec qui tu pactises... ajoutai-je entre mes dents, provocatrice. (Pactise donc avec moi à un croisement de chemin babyyyy)


– Navré de te décevoir mais il n'y a rien à dire, vraiment. Tu as devant toi tout ce qui fait mon humble personne !

Je levai les yeux au ciel avec un soupir agacé, tentant en même temps de me débattre et de me libérer de ses mains - ses mains... - qui me tenaient à une petite distance de lui. Rien à dire? Je lui jetai un regard noir, vexée qu'il ne cède pas, car je me sentais minable d'avoir raté mon coup. Et puis sans réfléchir, je lui tirai la langue pour toute réponse, ignorant sans faire exprès le fait qu'il n'était pas mon simple frère avec qui j'étais en train de me disputer.

– Pourquoi je m'encombrerais de plus d'ailleurs ? Je suis parfait comme je suis. Et toi, Wayland, qu'est-ce qu'il y a dans ta tête ? Tu as envie de me le dire ?


Comment aurais-je pu ne pas sentir le ton de sa voix changer, aussi subtile que soit la nuance? Le fond de ses yeux s'était fait plus dur, aussi. Pas de tendresse. Accord tacite. Pas de rapprochement. Nous n'en voulions pas. Et son attitude me rappelait clairement que j'avais frôlé, un instant, la limite invisible de notre relation. Je vus un instant balayée par une lassitude mauvaise, qui me donna envie d'exploser, de lui dire ce que je pensais de sa façon de se comporter, et de le planter là et de ne plus revenir. Mais je crois que j'avais trop pris goût à lui pour m'en passer tout de suite et... C'était comme un jeu de piste, que je ne pouvais pas abandonner avant d'en avoir atteint la ligne d'arrivée. Au lieu de cela, je cessais de me débattre et plantai un regard songeur dans le sien, jouant avec une mèche de mes cheveux entre mes doigts soudain sevrés de lui.

- Rien qui te concerne, lâchai-je alors de but en blanc, avec une voix où je pris bien soin de ne faire miroiter aucun sous-entendu. Mais c'est vrai, qu'est-ce que ça peut te faire? conclus-je d'une voix plus légère avec un petit regard amical - et j'insistai sur le amical - avant de me lever de ma position. Ce faisant je pris bien soin de me pencher en avant et de laisser mes cheveux caresser son torse puis, avec des gestes lents, lui laisser sa liberté en étirant mes jambes l'une après l'autre et de sauter sur mes jambes. Là, je restais face à lui et me mis à boutonner ma chemise, doucement, m'appliquant, touchant les boutons lentement. J'avais la tête un peu penchée en avant et mes cheveux me tombaient devant les épaules mais je le regardais par dessous mes paupières et mon regard était plus intense que tous les précédents, plus dur aussi, même si j'avais un petit sourire aux coins des lèvres. La cloche allait sonner, de toute façon. Notre petite bulle venait de se briser. Non? Je penchai lentement la tête de l'autre côté, continuant à me rhabiller en adoptant une attitude de petite ingénue. Cette fois, je lui laissai le choix.
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Stephen Fray


Stephen Fray
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MessageSujet: Re: Tango masochiste [PV]   Tango masochiste [PV] Icon_minitimeDim 30 Sep - 2:07

L'aisance avec laquelle Wayland s'était emparée des codes de la séduction, avait quelque chose d'à la fois troublant et fascinant. Même si nos débuts avaient été (comme le sont tous les débuts) maladroits, avec des résultats parfois peu concluants, c'était elle qui sans conteste avait été la plus rapide à dénicher mes points faibles, à détourner l'action brutale en jeu, à l'adoucir ou à le rythmer à sa guise, selon son humeur. Pour être honnête, à côté d'elle j'avais l'impression de m'en sortir comme un manche, et souvent j'avais constaté que c'était quand je ne faisais aucun effort en son sens qu'elle était le plus satisfaite – c'est à dire, quand elle avait fini par me réduire à un état proche de la liquéfaction, et que je perdais tout contrôle sur moi-même. Rien ne lui plaisait plus, semblait-il, de me voir enfin rendre les armes, et force était de reconnaître que c'était ce que je préférais aussi, malgré moi. Cependant la vision de cette Wayland sulfureuse, contrastait tellement avec l'idée de la (ma) Wayland que j'avais toujours eu en tête jusqu'à présent, que parfois encore il m'arrivait d'être perturbé par les petites comédies qu'elle me jouait. En y réfléchissant pourtant, ça n'avait rien de très étonnant : après tout, c'était dans ses gênes, n'est-ce pas ? S'il était bien vrai que les Wayland avaient du sang de Vélane – et à les voir, qui aurait pu en douter ? La beauté de la directrice valait bien celle de ses collègues pourtant plus jeunes qu'elle – une beauté très différente de celle de sa fille, froide et sculpturale, quand Lizlor n'était que flammes et tourbillons de lumière. Mais leur visage avait cette même perfection ciselée propre à leurs ancêtres.

Quelque part, penser mon attirance pour Wayland en termes physiologiques, me dire que ce n'était pas vraiment elle mais ses origines qui lui permettaient de jouer si facilement avec mes hormones, parce que la nature était ainsi faite… Je ne sais pas. Peut-être que cela me rassurait ? Au fond, je n'y croyais pas vraiment. Mais je crois que cela me suffisait pour trouver la force de la repousser à chaque fois qu'elle s'approchait trop près des frontières invisibles qui délimitaient notre étrange relation.

– Rien qui te concerne, répondit-elle durement, ayant perçu le sous-entendu dans ma question. Mais c'est vrai, qu'est-ce que ça peut te faire ?

Nier, quand bien même sincèrement, eût été aligner une série de mots creux et inutiles ; aussi gardai-je le silence. Je parvins à contrôler mon envie de lever les yeux au ciel et lui renvoyai son regard, tentant de conserver une expression résolument neutre. Ce qui n'était déjà pas aisé quand elle me regardait de cette manière ; mais mes ennuis commencèrent vraiment quand elle commença à se rhabiller, ses yeux ne me lâchant pas une seule seconde, par-dessous ses paupières baissées légèrement maquillées. Encore une nouveauté, ça. Brusquement, je me sentis très agacé par son attitude – je savais très bien à quoi elle jouait, avec ses airs d'ingénue, comme si elle me chantonnait : “Tant pis pour toi”. Pensait-elle donc vraiment m'avoir aussi facilement ? Je la connaissais trop bien pour ne pas voir que c'était un rôle qu'elle endossait – car Wayland était ainsi : toujours à superposer à sa propre personnalité des dizaines de faux visages, de masques censés la protéger. Je ne voulais pas de ça entre nous.

Je me levai soudain du bureau, fis un pas vers elle et saisi ses poignets, interrompant ses petits gestes mesquins qui lui faisaient si peu honneur. Mes doigts se serrèrent un peu plus fort que je ne l'aurais voulu autour de ses os.

– Arrête, me contentai-je d'émettre, sèchement, avant de la lâcher et de me détourner.

Attrapant ma chemise, je l'enfilai et la boutonnai aussi vite qu'il m'était possible (ma main amochée ne m'aidant pas dans cette opération). Faisant de mon mieux pour ignorer Wayland, je saisis ensuite ma cravate, la nouai, rentrai ma chemise dans mon pantalon, vérifiai rapidement que rien ne dépassait et que je n'avais pas l'air d'avoir été ailleurs qu'à l'infirmerie. J'observai ma main, fronçant les sourcils – ce n'était pas tant la douleur qui m'inquiétait que le fait de ne pas savoir dans quel état elle se trouverait si Madame Pomfresh s'en était occupée elle-même. Etais-je crédible ? Je ne savais pas pourquoi l'idée que quelqu'un ne se doute de quelque chose me pétrifiait à ce point. Ce n'était pas la question d'être ou ne pas être approuvé – qu'aurait-on pu me reprocher ? Et qui l'aurait fait ? Sûrement pas Taylord, étant donnée sa propre situation. Pour Scott, j'avais moins de certitudes. Quant à Haley…
Haley… nos relations ne pouvaient pas être pires, de toute façon. Malgré tout, je préférais toujours que personne ne soit au courant. C'était mon échappatoire, ma dose d'adrénaline, la piqûre quasi-quotidienne (quand elle ne l'était pas, j'en souffrais) qui me permettait de ne pas me perdre totalement dans ma propre tête ; partager ce secret aurait eu pour conséquence d'en atténuer les effets.

Je finis par me tourner vers Lizlor à nouveau, osant à peine lever les yeux sur elle – j'avais quand même un peu honte de ma conduite, même si je ne savais pas ce que j'avais fait de mal exactement. Je lisais dans ses yeux assombris la déception et la colère, et je me sentais incapable d'y remédier. Je m'aperçus qu'elle n'avait pas encore remis sa cravate, qui traînait par terre, et me penchai pour la ramasser. Je m'attendais à ce qu'elle ne me laisse même pas l'approcher, mais elle n'en fit rien, se laissant faire quand je passai le bout de tissu autour de son cou, écartant ses cheveux qui roulaient sauvagement sur ses épaules, jusque dans le creux de son dos. Je souris doucement pour moi-même en songeant que c'était au moins un élément qui, pour l'un comme pour l'autre, ne risquait pas de nous trahir. Malgré tout, je tentai distraitement de les aplatir, un geste qui maintenant que j'y pense n'était que pur prétexte pour passer une dernière fois mes doigts au travers. Je remis une mèche derrière l'une de ses oreilles, histoire de dégager son visage. Ses yeux m'aspirèrent une fois de plus, si profonds, si bleus. Est-ce que je n'allais pas trop loin avec ces petits gestes ? Peut-être. Je m'en fichais. Je me moquais de l'heure, de Scott, de tout le monde. Je voulais embrasser ces lèvres, caresser ce front, redessiner les contours de cette mâchoire pointue que j'avais tant de fois saisi trop brutalement, sans précaution.

Pendant un moment, la tentation fut là, plus forte que jamais, de tout lui dire. Tout ce qui n'avait jamais été dit, tout ce sur quoi je ne parvenais jamais à mettre des mots, tout était là soudain, à portée de main ou plutôt à portée de voix. Tout ce qui n'avait rien à voir avec Taylord et Scott ou mes parents ou même Candy, quoiqu'elle le ressentait peut-être elle aussi, ma petite sœur trop maligne –
ça, cette angoisse sourde, cette impression de se déplacer dans la vie comme un alpiniste se déplacerait sans corde sur un sentier glissant au bord d'un précipice. Pourquoi j'avais besoin d'elle.

– Je…

A ce moment là, les cloches annonçant la fin du cours et le début de l'heure du déjeuner, sonnèrent en chœur leurs douze coups, noyant toute tentative de ma part de poursuivre ma phrase. Je m'interrompis et m'écartai, la mécanique de l'horloge ayant réveillé ce qu'il y avait de plus mécanique en moi, comme un écho qui était juste ce qu'il me fallait pour m'arracher à Wayland.

– Bien, alors… à plus tard, conclus-je, misérablement, en attrapant mon sac. N'oublie pas ce que je t'ai donné pour, tu sais…

Je pointai son ventre d'un hochement de tête, me sentant rougir en même temps, et jetai à la hâte mon sac sur mon épaule.

– Salut, ajoutai-je avant de me précipiter sur la porte pour quitter la salle au plus vite.

Une fois de plus, je prenais la fuite face à elle. Le scénario ne cesserait-il donc de se répéter ?





“Narcissism is overwhelming
Vanity is quite exhausting

You said your body is a machine

It will break.”


Dernière édition par Stephen Fray le Mar 9 Oct - 20:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Tango masochiste [PV]   Tango masochiste [PV] Icon_minitimeMar 9 Oct - 15:46



« Si je tombe
Je veux tomber comme un rêve »



– Arrête.

Sous le coup de la surprise, mes lèvres s'entrouvrirent, mais ne laissèrent s'échapper qu'un souffle. Stephen s'était levé et, probablement parce qu'il ne voulait pas capituler devant moi, il avait mis fin au jeu du chat et de la souris, brusquement. Sa voix, ses mains sur les miennes, sans douceur. Je levai les yeux vers lui, sans broncher. Il se détourna et s'habilla rapidement, comme quand il avait envie de partir, non pas loin, mais loin de moi. J'avais appris à le connaître malgré tout, malgré tout ce que nous nous employons à cacher, comme un trésor. Un trésor? Je ne savais pas ce qu'il s'imaginait - est-ce qu'il pensait que j'avais en moi un mystère tel qu'il avait peur de mettre le doigt dessus, qu'il craignait ce qu'il allait trouver dans la boîte? Rien. Rien de plus, rien de moins. Et se croyait-il, encore et toujours, si important, et si génial au sens propre du terme, pour croire qu'il avait tant de choses à cacher? Je ne voulais pas de sa poudre aux yeux - je le voulais juste lui. Peut-être que si il avait compris cela, il aurait pris moins de stupides et complexes précautions? De toute façon... J'avais la très certaine sensation que cela, je ne le saurais jamais.

Et si tout cela était stérile? Parfois, j'avais envie d'arrêter. Mais l'envie revenait, trop forte pour que je puisse lutter.

Les moments où il me manquait le plus - en plus de cet instant précis où il était là uniquement physiquement - c'était la nuit, quand, livrée à moi-même, j'errais dans ce demi-sommeil que les insomniaques connaissent si bien. Ce n'était pas tous les jours, mais depuis ces derniers temps j'avais peine à trouver le sommeil. Je prenais cela comme une condamnation. Je préférais mille fois mieux passer mes soirées avec Ruby, avec Maman, ou quelques heures volées avec Stephen, pour avoir le coeur plus léger, et payer ensuite ces instants trop parfaits au creux de mes draps. Autour de moi, les souffles réguliers de mes copines de dortoir me paraissaient appartenir à un autre monde. Dans le mien, fait de nuit et de noir, les heures s'égrenaient indifféremment du temps, parfois longues et douloureuses, parfois courtes et délicieuses. Je pensais beaucoup. Je pleurais un peu. Le reste du temps... Je me laissais faire. La solitude avait tour à tour le rôle d'une amie intime ou d'une tortionnaire. Mais le plus étrange, c'est que le lendemain matin, il ne me restait que des souvenirs brumeux de toute cette bataille nocturne, atténués par le léger sommeil que j'avais fini par obtenir. Dans ces moments-là,
il me manquait. Je ne savais pas trop pourquoi mais parfois je me posais la question et je savais qu'il en détenait la réponse, ou parfois j'aurais juste aimé qu'il parle, alors que je haïssais pourtant son ton docte et ses sales manies de dire toujours ce qu'il pensait. Peut-être avais-je juste besoin de lui parce qu'il était totalement impossible que ce besoin soit comblé. Il ne serait jamais là. Pas comme je l'espérais, tout du moins.

J'étais restée sans bouger, le regardant s'habiller, regardant sans absolument aucune envie de l'aider quand sa main blessée lui compliqua la tâche. Pas de tendresse. Cette barrière restait entre nous, encore et toujours : voilà ce qui arrivait quand on osait la franchir. Je ne bronchai pas, le regardant toujours, quand il me mit ma cravate restée à terre, puis quand il remit mes cheveux en place, l'air de rien. Cela ne me faisait plus rien. Je me contentais de le regarder, absente, distraite, pendant qu'il se débattait avec sa conscience, ou son esprit trop savant, probablement. Il finit par déserrer les dents :

– Je…

Mais, traîtresses, les cloches annonçant la fin du cours coupèrent son élan et me firent sursauter par la même occasion, tant la tension avait été palpable.

Tant pis. Je haussai imperceptiblement les épaules.

Ça ne durera pas indéfiniment, tu sais?


– Bien, alors… à plus tard. N'oublie pas ce que je t'ai donné pour, tu sais… Regard gêné vers le bas de mon ventre. Salut.

Il s'envola comme un rapace, fondant en piqué vers une autre destination, qui ne me concernait d'ores et déjà plus. Comment oublier? me dis-je en ramassait mes affaires en vrac. Dans mon sac il y avait la petite fiole, la fameuse potion "à ne pas oublier", à prendre avec le repas. J'étais bien trop jeune pour oublier de la prendre. Je sortis plus lentement que lui de la salle, après avoir vaguement lissé mes vêtements et remis mes cheveux en ordre, machinalement - j'avais oublié qu'il l'avait déjà fait. Mais il était déjà sorti de mon esprit. Je n'avais même pas pris la peine de lui dire Salut aussi, parce que j'étais lasse. Parfois, oui, je me raccrochais à cette relation plus que tout parce qu'elle était unique et me ramenait toujours, quoi qu'il arrive, à mon centre, à ce que j'étais vraiment. Stephen Fray était mon aimant. Curieuse ironie du mot. Il m'aimantait. Mais il ne m'aimait pas, n'est-ce pas? Alors, les autres fois, je le laissais tomber, peut à peu, un peu plus loin chaque fois. Jusqu'au jour où il tomberait vraiment. Et sans moi. Ce jour-là... Ce jour-là il ne pourrait rien me reprocher, et sans savoir vraiment pourquoi, c'était mon unique et maigre consolation.

FIN
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