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It might be the first dance but it won't be the last (Theo)

 
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 It might be the first dance but it won't be the last (Theo)

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Ana Falkowsky


Ana Falkowsky
Élève de 6ème année



Féminin
Nombre de messages : 1098
Localisation : Cachée, et ne t'avise pas de venir m'embêter.
Date d'inscription : 19/01/2012

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Ami(e)s: Eh bien pas si peu que ça à la réflexion... Je sais, ça mnque un peu de crédibilité pour une ex-solitaire.
Âme soeur: Et si il ne m'aime pas en retour, ça compte quand même ?

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MessageSujet: It might be the first dance but it won't be the last (Theo)   It might be the first dance but it won't be the last (Theo) Icon_minitimeMer 1 Mai - 0:42

J’aimais Theo.

J’avais mis beaucoup de temps avant d’arriver à admettre cette conclusion mot pour mot, ainsi, mais à présent, je savais qu’elle était vraie.

J’aimais Theo.

Je ne savais pas vraiment comment il aurait pu en être autrement. Ca avait été comme si les choses m’avaient poussées à l’aimer, comme si le destin –et pourtant Dieu sait que je ne crois pas à ces conneries de destinées- l’avait mis sur mon chemin, justement pour que je vive ça un jour. L’amour. C’était un mot qui faisait peur ; et pourtant, là, maintenant, et comme à chaque fois que je vais le voir, je n’ai pas peur. Enfin, si, un peu, mais c’est une délicieuse peur ; une peur qui te serre la gorge et te réchauffe délicatement le cœur. Une peur agréable. Une peur que néanmoins, je n’aurais jamais pensé connaître, mais que pourtant, je connaissais depuis un bout de temps maintenant, sans même en avoir conscience ; ah, elle était belle maintenant, celle qui disait qu’elle ne tomberait jamais amoureuse ! Mais ça ne faisait rien. Parce que Theo n’y avait pas cru, lui, pas une seule seconde. Comme si il avait su que cela arriverait. Peut-être était-ce le cas ? Je ne le saurais sans doute jamais. Mais je savais une chose, et elle me suffisait.

J’aimais Theo.

Je ne saurais pas dire exactement à quel moment précis je l’ai réalisé ; tout ce que je sais, c’est qu’à un moment ça m’est apparu comme une évidence, que dire de lui que c’est un « ami » m’est apparu stupide. C’est tellement plus qu’un ami.
J’aurais du m’en douter, dès lorsque je l’ai laissé entrer dans ma vie. Ce n’était pas normal, que je sois aussi docile, aussi gentille, aussi agréable. Au final, c’était comme si moi, j’avais su, dès le départ, qu’il ne serait pas comme tout le monde. Ou peut-être que tout ça n’était qu’un hasard, et que notre rencontre n’avait tenu qu’à un fil ; qu’il aborde un autre élève ce jour là, à Poudlard, et nous ne nous serions jamais rencontrés. Mais c’était arrivé. Et c’était parfait comme ça.
J’avais cette impression qu’un poids qui était là depuis toujours s’était subitement envolé de mes épaules, et à présent, je me sentais si légère. Peut-être parce que je savais que dans quelques heures, j’allais le revoir. Peut-être parce que une fois dans ma vie, j’étais normale. J’étais comme tout le monde. J’étais amoureuse.


J’aimais Theo.

Et tout à l’heure, je serais sa cavalière au bal organisé par sa famille. Waw… dit comme ça, c’était tellement réel. Mais ça l’était. Ou plutôt, ça le serait.

J’avais mis des heures à trouver ma robe ; j’avais trainé ma mère en trouver une, ou plutôt, elle m’avait trainé sitôt que je lui avais timidement annoncé mon désir d’en trouver une nouvelle, pour aller au bal organisé par les Gray. J’ai pris peur lorsqu’elle m’a dit, l’air tout à fait sérieuse, que l’on ne repartait pas de Londres avant d’avoir trouvé cette robe, et ait été tentée de me défiler pour aller la chercher seule, mais quand j’ai vu dans ses yeux à quel point ça la rendait heureuse, je n’ai pas eu le courage d’annuler. Alors on a transplané jusqu’à la capitale, et on a commencé à faire toutes les boutiques susceptibles de vendre une robe qui convienne à l’occasion. Car même si elle ne savait pas pourquoi, et moi non plus, à ce moment là, nous étions toutes les deux d’accord, sans avoir besoin de le dire, qu’il fallait une robe digne de ce nom. Finalement, c’est dans une petite boutique dans laquelle on ne serait même pas passé si une robe n’avait pas attiré mon regard dans la vitrine.

Pas une robe.

La robe.

On est rentré, on a demandé à la vieille dame qui tenait la boutique de pouvoir l’essayer, et on est toutes les deux partie dans la cabine d’essayage. La robe était, sans surprise, pas à ma taille ; mais quelques coups de baguette plus tard, et elle était comme taillée pour moi. Je sortis de la cabine pour aller me regarder dans le miroir, et je vis la vendeuse rehausser ses lunettes de surprise lorsqu’elle me vit, vêtue de ce vêtement qu’elle n’arrivait sans doute pas à vendre, et sûrement ébahie qu’il aille à une fille aussi maigre.

Et puis, je me suis vue. Je crois que pour la première fois, je me suis trouvée jolie. Vraiment jolie. Et puis, tout de suite après, je me suis demandée si Theo penserait pareil.

La robe était longue, moulante, dans les tons de beige. Elle n’avait qu’une seule bretelle, une fente devant, et un petit trou dans le bas du dos. Je me suis tournée sur moi-même, et j’ai souri ; et, dans le miroir, j’ai vu ma mère, derrière, qui souriait aussi. Et puis ses yeux brillaient. On l’a payée, et puis on est retournées à la maison, toujours en transplanant. En arrivant, je suis tout de suite partie dans ma chambre, que j’ai fermée à clé, et j’ai réessayé la robe. Je crois que c’est à ce moment là que j’ai compris.

J’aimais Theo.

Les jours ont ensuite défilé lentement, jusqu’au jour J. D’habitude, les vacances sont longues, mais là, c’était pire que tout. Parce que du coup, ça me laissait le temps de réfléchir, de tout envisager, de craindre le pire et d’espérer le meilleur, et surtout l’impossible. Qu’il me fasse un compliment sur ma robe, par exemple ; possible. Que je le surprenne à l’admirer un peu plus tard ; pur fantasme. Mais comme on dit, l’espoir fait vivre.

Et donc, le fameux jour avait fini par arriver. La suite qui le précédait, je n’avais du dormir qu’une petite heure, et d’un sommeil agité, ponctué de rêves et de cauchemars concernant ce bal auquel je n’arrêtais plus de penser depuis que Theo m’y avait invité. Pour la première fois de ma vie, j’allais aller à un bal auquel j’aurais été invitée par un garçon, pour lequel je me serais vraiment faite belle, un bal que j’aurais vraiment attendu. J’avais presque du mal à y croire. Depuis quelque temps, je m’étais « amusée » à me mettre dans la peau d’une autre lorsque j’allais voir Theo, et aujourd’hui, j’avais carrément l’impression d’être quelqu’un d’autre. Je n’étais pas le genre de fille que l’on invite au bal, pas le genre à passer deux heures dans la salle de bain pour se préparer, pas le genre à s’inquiéter que le résultat final plaise ou non à l’intéressé. Et pourtant, aujourd’hui, je l’étais. Je me sentais tellement normal, et tellement bizarre à la fois.

C’était ma mère qui m’avait maquillée, après avoir beaucoup insisté, j’avais du de nouveau céder ; mais au final, j’étais plutôt contente car elle avait une certaine habitude dans les cérémonies de ce genre, et moi, pas du tout. Elle savait mieux que moi ce qui conviendrait. Et surtout, elle savait utiliser du maquillage, elle. Moi, c’était un art que je ne maitrisais pas. Quand elle eut finit, elle me tendit un miroir ; et je suis instantanément que j’avais bien fait de la laisser faire. C’était bien plus subtil et adroit que ce que j’aurais pu faire. C’était léger, mais tout de même voyant, c’était lumineux et adapté, c’était parfait. Restait encore le problème de mes cheveux. Auquel, bien sûr, ma chère mère, qui se trouvait être étonnamment utile depuis quelques jours, avait une solution. C’était un truc moldu, qui marchait du feu de dieu me dit-elle. Une sorte de barre de métal arrondie, qu’elle branchait dans un espèce de trou du mur donc je venais de trouver l’utilité, et qui chauffait apparemment à plus de cent degrés m’avait-elle dit. J’étais restée perplexe –en quoi ce bout de métal cramant allait m’aider ???- jusqu’à que je vois comment ça marche : c’était tout simplement miraculeux. Son machin, qu’elle appelait « fer à boucler », formait, comme son nom l’indiquait, de parfaites boucles régulières, transformant mes cheveux volumineux et désordonnés en une jolie masse bouclée en quelques minutes seulement. J’en étais tout simplement sur le cul. Quand elle eut finit, elle débrancha l’engin, et entreprit de m’asperger la chevelure de plusieurs trucs magiques cette fois, qui, disait-elle, ferait tenir les boucles toute la soirée, chose que les moldus n’était pas capables de faire, malgré toutes leurs tentatives. Pour finir, j’enfilais les chaussures à talons, de la couleur de la robe, que l’on avait achetées quelques jours plus tard.

Lorsque je fus finalement prête, et descendis, mon père et mes deux frères attendaient déjà dans le hall, prêts à partir. En me voyant ainsi vêtue, maquillée et coiffée, je vis leurs yeux tripler de diamètre. Mon père me complimenta, et mes deux frères ne me lâchaient plus des yeux. Mais c’était à peine si je les voyais, tellement mon esprit était en cet instant plein. Il n’aurait pas du, puisque techniquement, il n’y avait qu’un seul mot dedans –Theo Theo Theo Theo- mais ce simple mot soulevait aussi toutes sortes d’interrogations –va-t-il aimer la robe ? va-t-il me trouver jolie ? va-t-il me complimenter ? va-t-il écarquiller les yeux en me voyant ?- et au final, mon cerveau surchauffait.

On sortit de la maison pour transplaner jusqu’à l’endroit de la réception. Nous arrivâmes dans une sorte de hall, tout spécialement prévu pour les transplanages, et qui était conjoint à la salle de réception elle-même. D’autres personnes arrivaient, et rentraient. Il y avait du monde. Comment allais-je retrouver Theo là-dedans ? Je sentis l’inquiétude monter. Et si il n’était pas venu ? Et si il avait changé d’avis au dernier moment ? Il m’aurait avertie. Et si il s’était trouvée une autre cavalière ? Non, Theo n’est pas comme ça. Et si sa famille l’avait obligé à y aller avec cette Madeleine, la fille jolie mais désagréable ? Il leur aurait tenu tête. Il fallait que je me calme. Il le fallait vraiment.

Finalement, mes frères, que j’avais vu du coin de l’œil retenir des sourires depuis tout à l’heure, ne purent retenir plus longtemps ce qui les démangeait.


-Alors… commença Daniel. Je te trouve bien belle pour une simple soirée…

-Tu vas retrouver un garçon, hein ? coupa Ethan, un sourire jusqu’aux oreilles.

Je regardais un instant ces deux crétins, et choisis de simplement leur répondre par un air de dédain profond ; non mais comment deux abrutis pareils pouvaient être mes frères ? Je me détournais, mais ils n’étaient visiblement pas décidés à rester sur leur faim.


-Si tu ne nous dit pas qui c’est, on va être obligés de te suivre toute la soirée…

ILS.N’AVAIENT.PAS.INTERET.

Je fis volte face, furibonde, et les foudroyais du regard. Ce n’était pas, mais alors pas du tout le moment de m’énerver. J’étais tendue comme je n’aurais jamais cru l’être, je n’avais aucune idée de comment retrouver Theo, j’étais pleine d’appréhensions et de craintes, j’étais stressée et impatiente, et pas du tout encline à supporter mes deux lourdauds de grands frères. Plutôt mourir plutôt que Theo les surprenne en train de m’espionner.

-Ecoutez moi bien bande d’imbéciles heureux, commençais-je, le visage menaçant en m’approchant d’eux afin qu’ils entendent, mais pas toute la salle. Si jamais vous vous avisez ne serait-ce que de poser vos yeux sur moi je m’arrangerais pour que le talons très haut de mes chaussures se retrouve accidentellement là où ça vous ferez très mal, et ce, devant tout le monde, alors allez trouver quelqu’un d’autre à qui pourrir la vie, et une fois dans ma vie, épargnez moi.

Je repris mon souffle, les fusillant toujours du regard. Leur sourire acheva de fondre lorsqu’ils comprirent que la bonne vieille Ana était toujours là. Comme si elle était déjà partie !

-Et vous n’approchez pas mon cavalier non plus, quelque soit le prétexte, ajoutais-je, mauvaise.

Sur ce, je leur adressais un très bref sourire en même temps qu’une référence, et m’éloignais.

Et c’est à ce moment là que je le vis.

Il attendait là, comme si ça avait été une évidence, et, plongeant dans le bleu tranquille et calmant de ses yeux, je me laissais aller à penser que pour une fois, tout irait bien.


Puisque je l’aimais.



***


Robe et chaussures :

Spoiler:

Coiffure et maquillage :

Spoiler:
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Theo Gray


Theo Gray
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MessageSujet: Re: It might be the first dance but it won't be the last (Theo)   It might be the first dance but it won't be the last (Theo) Icon_minitimeDim 5 Mai - 12:59

Spoiler:

Chaque fois, c’était la même chose. Tout était minuté, encadré, réglé, et dirigé sous les yeux attentifs de ma mère. Il fallait bien l’admettre, les soirées des Gray avaient une certaine réputation et combien de fois avais-je entendu de la bouche de ses amies que la dernière réception avait été parfaite, et combien de compliments fusaient d’entre ces lèvres minutieusement maquillées d’où soufflaient des airs doucereux et charmeurs. Tout n’était que paraître et dans cet art ma mère excellait, il n’était pas surprenant que ses petites fêtes soient aussi appréciées. Buffet luxueux, orchestre, tout était calculé sur le bout des doigts, jusqu’au plan de table s’il y avait. Ma mère passait des heures entières à réfléchir, à débattre et à s’énerver contre mon père car non, voyons, c’était impossible de mettre celle-là à côté de celle-ci car elles convoitaient le même poste au Ministère, et surtout pas celui-ci avec celui-là car leurs familles se détestaient depuis que la femme de l’oncle avait trompé l’oncle en question avec le cousin du fils de son meilleur ami, et autres histoires enfouies qui remontaient parfois sur de nombreuses générations. A force de se côtoyer entre elles, les familles sorcières « nobles » finissaient par avoir des différends, des secrets et il ne fallait surtout pas provoquer de scandale en asseyant côte à côte deux personnes qui avaient des problèmes entre elles. Par contre, pour forcer Cupidon, c’était une très bonne idée d’asseoir à côté de la fille de machin le fils de truc, surtout s’il y avait un dessert au chocolat –ma mère faisait toujours ce regard entendu à mon père, ne prononçant jamais à voix haute ce que nous avions tous compris, oui, le chocolat était aphrodisiaque mais de là à ce qu’il force le destin, j’en doutais fortement. Mais ma mère avait ses petites manies, et s’attendait à ce que nous nous adaptions tous.

Et il ne s’agissait pas simplement de recevoir des gens et passer du bon temps. Non en fait, ce n’était en rien la raison première. L’idée principale, et je l’avais compris au fur et à mesure des années et des dîners, c’était d’afficher notre parfaite petite famille. Ce n’était pas seulement nos études, nos comportements en société, c’était aussi notre physique, notre manière de parler. Rien ne devait être un faux pas. Leïla et moi étions évidemment les moins réceptifs à cette ambiance, mais nous essayions de ne pas nous attirer les foudres familiales, surtout elle. Elle ne crachait jamais sur une nouvelle tenue de toute manière, mais rechignait autant que moi pour se trouver un cavalier. Moi, j’avais toujours eu Erika sous la main, et elle correspondait parfaitement aux critères, jolie, polie, Serpentarde, tout était bon. Mais elle n’était pas toujours disponible et à chaque fois, c’était la même histoire, Leïla et moi faisions des pieds et des mains pour ne pas être accompagné, nous essayions de contourner en nous invitant mutuellement –ce que ma mère refusait bien évidemment. Je soupçonnais Leïla d’avoir quelques flirts à Poudlard mais aucun qui ne valait la peine d’être introduit chez nous, ce qui d’ailleurs en aurait fait fuir plus d’un. Nous finissions forcément avec les enfants des connaissances à mes parents, et les soirées n’en étaient que pires car elles devenaient gênantes. Nous étions forcés de côtoyer d’autres personnes inconnus, de passer la soirée avec eux et étant donné que je n’aspirais pas du tout à la même chose que les petites pourries gâtées de mon milieu, je m’entendais rarement avec elles. Une fois, j’avais eu la chance de tomber sur une fille tout à fait charmante, amusante, et je pensais avoir trouvé une prochaine cavalière pour les soirées à venir. Mais nos parents s’étaient brouillés et sa famille n’avait jamais été réinvitée.

Leïla avait donc été assez surprise lorsque je lui avais dit dans une de mes lettres que cette année, je n’allais pas avoir besoin de combattre ma mère car j’avais déjà une cavalière avec qui j’étais ravi de passer la soirée. Je lui avais donc parlé d’Ana – elle ne l’avait d’ailleurs pas remarqué à Poudlard et m’avait dit qu’elle y ferait plus attention désormais – et il avait fallu préciser pendant de nombreuses lignes que non, Ana n’était pas ma petite amie et que notre relation tenait de la pure amitié, et je pensais d’ailleurs qu’elle ne me croyait toujours pas. Il avait fallu aussi passer l’étrange moment où je lui avais dit qu’Ana était en quatrième année, et donc bien plus jeune que moi. Là aussi, elle s’était un peu moquée de moi, mais ne m’en avait pas tenu rigueur. Ma mère ne s’en était pas souciée non plus, ravie de ne pas avoir à me chercher de cavalière, et surtout qu’elle a-do-rait la mère d’Ana avec qui elle avait été voir un opéra il y a quelques mois ou je ne sais quoi… Mon père n’avait rien ajouté, Margaux non plus. Guillaume évidemment, ce fût différent. Déjà, il n’avait cessé de se vanter d’inviter la fille du Ministre de la Magie, alors quand il avait vu que ma cavalière n’était « qu’une gamine de 15 ans » il s’était bien amusé à le souligner à plusieurs reprises. Nous avions fini par nous disputer assez violemment et je lui avais fait comprendre que non, je ne m’attaquais pas à des gamines et qu’Ana était mon amie, et que si durant la soirée il me faisait une remarque, j’allais lui écraser la tête dans un seau à glaçons. Je savais cependant qu’au fond, durant la petite fête, mon frère ne ferait rien, car les apparences comptaient trop pour lui et ma mère.

Les invités commençaient à arriver en masse, et Margaux se tenait dans un coin avec une amie à elle, dans une jolie robe noire, tandis que ma mère accueillait tout le monde en souriant. La soirée se déroulait dans la salle de réception, une immense pièce avec un dôme en verre et des teintures et tableaux aux murs. Le long de ces derniers s’alignaient des tables couvertes d’apéritifs, de champagnes et autres boissons, et quelques chaises étaient disposées pour que l’on puisse s’asseoir si on le désirait. Mais la plupart des gens étaient debout, se pressant entre les différents groupes, riant et se racontant les dernières anecdotes. Des bougies flottaient dans l’air, en hauteur, éclairant de centaines de petites flammes la pièce tandis que dans un coin, un orchestre accordait ses instruments. Tout allait se dérouler à la perfection, comme toujours. Leïla ronchonnait un peu dans un coin, parce qu’elle était obligée de passer la soirée au bras d’un certain Thomas qui passait son temps à parler de Quidditch car il était dans l’équipe junior des Canons de Chudley, mais elle avait une robe écarlate qui soulignait la pâleur de sa peau et la rendait assez resplendissante pour qu’elle ne soit pas trop chagrinée de son cavalier.

Je sortis un instant dans le jardin, m’abritant derrière une rangée d’arbres pour fumer une cigarette tranquillement –ma mère savait que je fumais mais n’approuvait pas, et je préférais éviter les scandales. Au bout de l’allée, je voyais le portail d’où arrivait d’autres invités qui étaient venus en voiture par exemple, et deux de nos elfes de maisons se tenaient du côté de chaque grille pour les recevoir et leur indiquer le chemin, bien qu’assez évident car éclairer par des bougies flottantes dans l’air. Encore une fois, tout était organisé au millimètre, et j’étouffais déjà de cette ambiance luxueuse et fausse dans laquelle j’avais grandi mais que j’avais toujours exécrée. Heureusement ce soir les choses seraient différentes, du moins je l’espérais, avec Ana à mes côtés. Ma cigarette achevée, je rentrais à l’intérieur après avoir effectué un petit sort pour masquer l’odeur de tabac. Dans la salle réservée au transplanage, des gens apparaissaient dans des « crac » significatifs avant de pénétrer dans la salle de réception –des elfes de maisons leurs avaient, au préalable, proposé de les débarrasser de leurs affaires.

Mon attention fût déviée un instant une fille devant moi, dont la robe découvrait le dos et surtout le bas du dos, laissant entrapercevoir sa peau pâle et lisse qui était particulièrement troublante. Surtout que mes yeux avaient bien du mal à se détacher la courbe de sa chute de reins qui était à peine marquée du fait que la fille en question était mince, mais assez pour souligner de très légères formes un peu plus bas qui me firent me racler la gorge et détourner les yeux –il fallait que je trouve Ana ! J’avais tellement été observé par le dos de la jeune fille à la robe beige qu’il me fallut plusieurs secondes avant de calculer que mon cousin se trouvait aussi à côté d’elle, et qu’il me faisait de grands signes. J’arrivais à sa hauteur en souriant, échangeant quelques formules de politesse –je m’entendais bien avec James, mais sans plus. Et à vrai dire, la conversation qui se déroulait derrière nous était bien plus intéressantes et nous eurent un rire silencieuse en un percevant les bribes.


- ... bande d’imbéciles heureux... vous avisez ne serait-ce que de poser vos yeux sur moi… le talons très haut de mes chaussures se retrouve accidentellement là où ça vous ferez très mal… alors allez trouver quelqu’un d’autre à qui pourrir la vie… ma vie, épargnez moi.

Eh bien ! La demoiselle à la robe beige n’était pas aussi commode qu’elle était jolie ! Qui s’y frotte s’y pique, comme on dit. La cavalière de mon cousin nous ayant rejoint, je les laissais avec un signe de la main, souriant une dernière fois en entendant la jolie brune assassiner d’une dernière remarque mauvaise et sifflante ceux qui l’accompagnait, les défendant de s’approcher de son cavalier. Son ton avait été catégorique, avec une fermeté qui me rappelait un peu celle d’Ana lorsqu’elle m’affirmait que Millicent Winter était une préfète détestable, la fois où je lui avais raconté comment elle m’était rentrée dedans au bar en début d’année et que malgré moi je la défendais un peu parce qu’à mes yeux, Millicent était simplement une fille en quête d’affection, mais Ana semblait bien moins… Ana… Ana…

J’y fais volte-face, retenant un soupir d’exclamation. La demoiselle à la robe beige, celle avec sa voix mauvaise et ses menaces assassines, c’était Ana. Comment n’avais-je pas pu reconnaître ses boucles brunes plus tôt, ou l’intonation de sa voix ?! Etait-ce sa robe qui m’avait fait un tel effet ?! Mais je n’étais pas au bout de mes peines. Elle m’avait visiblement vu et s’approcha de moi, laissant découvrir à mes yeux toujours étonnés l’avant de sa tenue. Non seulement la robe la mettait parfaitement en valeur, soulignant sa taille fine et sa poitrine –THEO MAIS QU’EST-CE QUE TU REGARDES BORDEL – mais elle était fendue le long de toute une jambe dont elle dévoilait le dessin, et le tissu jouait avec sa peau, la couvrant avant de la découvrir à chaque pas. Il n’y avait pas de mots, Ana était simplement…

Eblouissante.


- Bonsoir toi… Murmurai-je lorsqu’elle arriva à ma hauteur, avec un grand sourire. J’avais bien du mal à fixer son visage, tout aussi mis en valeur par ailleurs, parce que cette robe m’appelait et m’intriguait tant j’avais du mal à reconnaître Ana dedans. Non pas qu’elle ne soit pas jolie d’habitude, mais là j’avais l’impression que chaque détail qui la rendait belle était mis en valeur, et elle était… Hum, ça me gênait un peu de penser tout ça sur elle, tout à coup. Tu es sûre qu’on a le droit de porter ce genre de robe ? J’veux dire, tous les mecs vont être déconcentrés et se rentrer dedans sur la piste de danse, et ça va finir en carnage et… Je me coupais, réalisant que je parlais encore pour ne rien dire. Hum, en fait ce que j’essaye de dire c’est qu’elle est vraiment très jolie. Enfin, vous êtes très jolies. La robe et toi.

Je me surpris à pousser un soupir, comme pour reprendre des forces. Je ne savais pas trop pourquoi soudain j’étais nerveux, probablement parce que j’étais mal à l’aise regarder Ana ainsi, mais je voulais à tout prix reprendre le contrôle de la situation. Je lui adressais un nouveau sourire avant de lui tendre mon bras.

- Allons-y, avant que quelqu’un essaye de te voler.

Autant vous dire que dès que nous pénétrâmes dans la salle, bon nombres de regard se braquèrent sur nous, enfin surtout sur Ana. L’orchestre avait commencé à jouer, et même les hommes qui valsaient avec leurs cavalières eurent un petit coup d’œil pour la Serpentarde. J’eus un sourire amusé et l’attirant sur un côté où nous avions vu sur tout le monde je me penchais pour murmurer à son oreille.

- Je crois qu’ils sont jaloux… J’eus un petit rire satisfait. Me redressant, gardant toujours son bras sous le mien, j’eus un sourire. Tu vois la blonde là-bas ? Dis-je en désignant de ma main libre ma mère dans sa robe longue couleur prune. Ça c’est ma mère. Là, mon père… Continuai-je en désignant le grand brun et son costard bleu nuit qui discutait au milieu d’un groupe de sorcier. Laissant mon regard se balader dans ma salle, je fis suivre ma main vers Margaux cette fois, avec sa jolie petite robe noire. La blonde aux yeux bleus, c’est Margaux. Oh, et là tu vois Leïla… Ma sœur nous lançait un regard appuyé derrière ses cheveux bruns lissés à la perfection, et je lui tirais la langue –elle répondit par un rire avant de se détourner. Et il reste… Mon grand-frère, Guillaume. Je le pointais discrètement du doigts. Il était près d’une table avec une coupe de champagne, brillant dans son costard en velour noir et sa cravate verte, assortie à la robe de sa cavalière. Les gens disent qu’on se ressemble, tu trouves aussi? On a peut-être les mêmes cheveux, et les yeux… Mais quand même… Enfin, je ne suis pas très objectif avec lui. Conclus-je par un sourire. Et toi, c’était qui les mecs que t’as assassiné tout à l’heure ? Tu m’avais pas menti la première fois qu’on s’est rencontré, tu peux vraiment être méchante ! Lui dis-je avec un rire amusé –même si au fond je ne pouvais pas nier que j’étais étonné d’une telle attitude qui ne ressemblait pas à Ana, même si ça ne me dérangeait pas, ça m’intriguait.

Mais mes yeux furent cette fois attirés par une autre personne qui venait vers nous, et j’eus un soupir mêlé à un espèce de rire.


- Oh mon dieu prépare toi à rire… Soufflai-je à son oreille. Madeleine ! Dis-je avec un grand sourire lorsque la blonde arriva à notre hauteur avec un sourire. Elle portait une robe orangée qui soulignait son décolleté d’une manière parfaitement vulgaire, ce qui gâchait le reste –de la mousseline descendait le long de ses jambes, et elle était plutôt bien faite au fond. Je te présente Ana. Lui dis-je, tandis que les deux jeunes filles se firent un petit signe de la tête.
- Enchantééée. Dit-elle, et je dus retenir un sourire lorsque j’entendis son accent français qu’elle appuyait démesurément.Oh Theo, il faudrrra que je te rrraconte mon voyage à Parrris. C’était gé-nial ! Elle avait ajouté un mot français, et je ne pus m’empêcher un petit rire qui ressembla plus à une toux tant j’essayais de me contenir. Mais je dois te laisser, je suis venue avec Marrrk. Elle dit un signe de la tête vers un jeune homme qui l’attendait au loin avec un sourire. Il a été étudié à La Sorrrbone la culturrre frrrançaise. C’est fa-sci-nant ! Je te vois plus tarrrrd, bises ! Et elle ponctua sa dernière phrase par un bisous qu’elle m’envoya d’un souffle.

Je restais immobile, silencieux, et lorsqu’elle fut assez loin de nous, je me tournais vers Ana et nous éclatâmes de rire ensemble.


- Je te l’avais dit, elle est rrrridicule. Dis-je en imitant son accent. Elle laisse toujours échapper des mots en français dans ses phrases, elle dit qu’elle ne fait pas exprès… J’eus un nouveau rire. Heureusement que tu me délivres de sa compagnie ! Dis-je joyeusement.

Je lançais un regard vers la salle. Leïla était sur la piste de danse, et elle me fit un petit signe de tête qui m’invitait à venir, et elle battait des cils en minaudant pour se moquer sûrement de moi. Je levais les yeux au ciel.


- Je crois que Leïla me défie de t’inviter à danser. Lâchant son bras, je me mis face à Ana et lui tendit ma main, me courbant légèrement, comme un parfait garçon bien élevé. Mademoiselle Falkowsky, me feriez-vous cet honneur ? Demandai-je avec un sourire en coin, tentant de ne pas penser au fait que bientôt, ma main se logerait dans la chute de ses reins dénudés qui avait tant attiré mon regard. Mais finalement, peut-être qu’il n’y avait pas que la robe qui me faisait sourire, mais la joie de retrouver Ana le temps d’une soirée…

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Ana Falkowsky


Ana Falkowsky
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MessageSujet: Re: It might be the first dance but it won't be the last (Theo)   It might be the first dance but it won't be the last (Theo) Icon_minitimeDim 9 Juin - 20:11

Pardoooooon de cet horrible retard mon amour ♥


Les minutes dans le hall durant lesquelles je n’avais pas encore trouvé Theo furent sans doute les plus longues de ma vie. Je ne cessais de lissais ma robe du plat de la main, tout en sachant parfaitement qu’il n’y avait pas un seul pli, et recoiffais sans cesse mes cheveux alors que ma mère m’assurait qu’il n’y avait pas une mèche folle. Mais le pire, c’était dans ma tête. J’avais pris cette robe sur un coup de tête, et même si ma mère m’avait assurée qu’elle était sublime, si elle ne m’allait pas ? Et si elle n’était pas à la mode, si elle n’était pas suffisamment élégante pour cet endroit ? Et si je faisais honte à Theo, et si sa famille ne me trouvait pas assez bien pour être sa cavalière ? Et si ils se moquaient de moi parce que je suis trop jeune, trop maigre, parce que je ne suis jamais venue dans une de ces réceptions, parce que je ne sais pas danser ? Et si Theo ne voulait plus jamais me revoir après cette soirée parce que j’aurais été un poids tout au long ? Je sentais mon cœur s’affoler, et mes frères ne faisaient que contribuer à ma peur montante en me provocant sur le sujet le plus sensible ; si il y avait bien quelque chose que je voulais éviter, c’était qu’ils apprennent pour Theo et… moi. Enfin, moi pour Theo. Bref.

Et puis, pour la première fois, je compris ce moment de flottement qu’ont les héroïnes dans les livres que je lis parfois, lorsqu’elles voient l’homme qu’elles aiment, et n’ont soudain plus aucune autre pensée dans la tête. C’était même effrayant à quel point c’était vrai, en cet instant. Dès que je croisais le regard de mon cavalier, mes inquiétudes s’envolèrent, lorsqu’il me sourit en s’approchant, je sentis mon cœur s’affoler et un sourire timide se dessiner automatiquement sur mes lèvres. Dans son costume noir et blanc, il était tout simplement… incroyable. J’avais soudain chaud, très chaud, mais pour rien au monde je n’aurais voulu être ailleurs. Je n’en avais rien à faire, d’ailleurs, d’avoir chaud.

Theo était là, et il me souriait.

Et il n’y avait rien d’autre au monde, que nous deux, en cet instant.

Tandis qu’on s’approchait tous les deux l’un de l’autre, je me demandais un bref instant si il était d’usage que je prenne la parole la première, puisque c’était lui qui m’avait invitée, avant de me rendre compte –peu importe.


- Bonsoir toi…

Entendre sa voix agita chacune des milliards de cellules de mon corps –les intonations douces et chaleureuses de son ton résonnèrent à l’infini du haut de ma tête jusqu’au bout de mes orteils. Et moi, je souriais, je souriais, dévorant ses yeux bleus océan, ses cheveux impeccablement coiffés, ses dents alignées…

-Tu es sûre qu’on a le droit de porter ce genre de robe ?

Je me coupais de mes pensées, pas sûre de bien comprendre, mes inquiétudes reprenant le dessus, aussi vite qu’elles avaient disparues quelques instants plus tôt. Je le savais, j’aurais du prendre quelque chose de plus classique !!!

- J’veux dire, tous les mecs vont être déconcentrés et se rentrer dedans sur la piste de danse, et ça va finir en carnage et… Hum, en fait ce que j’essaye de dire c’est qu’elle est vraiment très jolie. Enfin, vous êtes très jolies. La robe et toi.

…Oh.

Cette fois, la chaleur qui se propageait en moi n’était pas le même type que celle de tout à l’heure. C’était, je crois, la meilleure chaleur qui soit. Même mes joues qui devaient être aussi rouges que les lèvres de beaucoup de femmes ici ne me dérangeaient pas. Je baissais les yeux, pinçant ma lèvre inférieure, mon cœur entamant une nouvelle accélération.

Il trouvait ma robe jolie.

Il me trouvait jolie dans ma robe.

Il me trouvait jolie.

J’eus soudainement envie de tout lui dire, lui dire que je l’aimais, lui dire qu’il était parfait, qu’il était la meilleure personne que j’ai jamais rencontré. J’eus envie de lui demander de partir avec moi, rien que tous les deux, dans un endroit où personne ne nous connaissait, où l’on pourrait être qui l’on voulait. Je me perdis quelques instants dans ses azurs, puis me forçait à redescendre sur Terre, et à lui répondre d’un air le plus naturel possible.

-Merci, commençais-je timidement. Merci d’être si génial, si parfait, si gentil… Tu es très beau aussi.

C’était comme ces mots m’avaient brûlés la langue, et je crains un instant qu’il ne soit pas d’usage de complimenter son cavalier –qui sait ?- mais si c’était le cas, la personne qui avait créé cette règle n’avait sans doute pas eu un cavalier comme Theo. Celui-ci me tendit d’ailleurs son bras, que je saisis en me redressant –même perchée sur mes talons, je restais plus petite que lui. Ma taille m’exaspérait un peu.


- Allons-y, avant que quelqu’un essaye de te voler, lança-t-il.

Je lui lançais un petit sourire narquois pour toute réponse. Je feintais d’être à l’aise, mais en réalité, je n’en menais pas large, surtout lorsqu’il disait des choses comme ça. A l’entendre, j’étais un cadeau –si il savait… A mon avis, il y avait plus de chances que les filles se jettent sur lui lorsque l’on entrerait dans la salle, avec son visage d’amour, ses cheveux adorables, son élégance et ses manières parfaites, et puis ce costume qui semblait comme fait pour lui –tient, ça ne m’étonnerait pas !- et puis… tout le reste.

Lorsque nous entrâmes dans la salle, je ne sais pas si c’est parce qu’il était de la famille qui organisait, ou tout simplement parce que mon cavalier était proprement magnifique, mais de nombreuses têtes se tournèrent vers nous. J’affichais un grand sourire radieux, tentant d’avoir l’air le plus dans mon élément possible pour ne pas faire honte à Theo. En fait, c’était ça, la dernière chose que je voulais. Je préférais mille fois subir les questions indiscrètes de ma famille que de le décevoir. Rien que d’imaginer ses yeux me regarder avec déception ou honte… non, je ne pouvais pas. Il fallait que je sois parfaite.

Theo m’attira dans un coin et me murmura à l’oreille :


- Je crois qu’ils sont jaloux…

-Oui, de moi, répondis-je, me surprenant moi-même de tant...de franchise.

Je me sentis rougir rien qu’à la pensée de ce que je venais de lui dire. Mais au moins, c’était totalement vrai. Chaque fille de la pièce devait trouver son cavalier minable à présent, et regretter de ne pas avoir pu se faire inviter par Theo Gray. Et très franchement, je ne pouvais pas leur en vouloir.


-Tu vois la blonde là-bas ? Ça c’est ma mère. Là, mon père…

Je regardais ses parents l’un après l’autre, surprise, mais sans plus. Bien sûr, je ne les avais pas imaginés exactement comme ça, mais dans l’idée, c’était ça. Très classes tous les yeux, avec un charme visible d’ici, malgré le fait qu’ils soient tous les deux âgés, ils restaient… hors de la masse. Je ne me demandais plus d’où Theo tenait son charisme, à présent. Cette pensée que fit légèrement tressaillir, et me sentir presque un petit peu… coupable, comme à chaque fois que je pensais des choses comme ça de mon cavalier. J’avais le sentiment que je ne devais pas, que c’était comme une sorte de trahison, parce que pour lui j’étais une amie mais… je ne pouvais pas m’en empêcher.

-La blonde aux yeux bleus, c’est Margaux. Oh, et là tu vois Leïla… Je regardais avec particulièrement d’attention celle-ci : à présent, je voyais qui elle était, et il me semblait bien l’avoir déjà vu à Poudlard. Ils semblaient être très complices. Et il reste… Mon grand-frère, Guillaume. Les gens disent qu’on se ressemble, tu trouves aussi? On a peut-être les mêmes cheveux, et les yeux… Mais quand même… Enfin, je ne suis pas très objectif avec lui.

Je souris en entendant ça –son frère et lui étaient si semblables ! Même si il y avait chez lui ce côté hautain que l’on devinait d’ici, mais je ne savais pas trop si c’était parce que Theo m’avait parlé de lui, où si je le devinais réellement rien que le regardant. Ça me faisait tout bizarre de voir sa famille, de mettre des visages sur ces noms, de les imaginer faire toutes les choses dont Theo m’avait parlé. Margaux, celle pour qui cette fête avait été organisée en l’honneur de son rétablissement, semblait se porter comme un charme à présent. En tout cas, je me gardais bien pour ma part de lui montrer les membres de ma reluisante famille.

-Oui, vous vous ressemblez un peu, répondis-doucement. Mais pas tant que ça.

Tu es plus beau, rajoutais-je pour moi-même –mais je n’avais tout de même pas le cran de dire ça à voix haute. J’espérais juste qu’il en avait conscience. Vu tous les regards féminins qui convergeaient vers lui, il y avait des chances que oui.


- Et toi, c’était qui les mecs que t’as assassiné tout à l’heure ? Tu m’avais pas menti la première fois qu’on s’est rencontré, tu peux vraiment être méchante !

………………..

Ah.

Je me raidis toute entière en entendant ces mots. Ils étaient dits avec légèreté, en riant, et sur le ton de la conversation mais… ils eurent presque l’effet d’une douche froide. Theo m’avait entendue menacer mes frères, il savait à quel point j’étais froide avec les autres, il avait compris que je n’étais pas vraiment celle que je prétendais être avec lui, peut-être faisait-il seulement semblant de le prendre à la rigolade, peut-être était-il complètement déçu dans le fond…

Bon, j’avais tendance à exagérer, ce n’était pas nouveau. Mais ce coup là, je ne l’avais pas du tout vu venir –ça ne m’avait pas traversé l’esprit un seul instant que quelqu’un ait pu m’entendre ! Quelle idiote je pouvais être ! J’avais envie de me coller des claques. Je l’aurais sans doute fait d’ailleurs, pour m’être grillée toute seule alors que j’avais réussi à cacher ça depuis des mois, mais si je me mettais à me frapper toute seule, je crois bien que Theo me fuirait vraiment. Donc, je garderai ça pour plus tard. Pour l’heure, il me fallait une excuse crédible, une blague à balancer pour détourner la conversation, n’importe quoi… Mais bien sûr, sous la pression, rien ne me venait à l’esprit, et je sentais la chaleur, une horrible chaleur étouffante qui n’avait rien à voir avec celle de tout à l’heure me monter à la tête. Pire que tout, il fallait que je garde un visage neutre pour ne pas que Theo me voit paniquer –même si à mon avis c’était peine perdue, je devais avoir l’air d’un gosse en train de se noyer. Finalement, ça devait être à présent, les plus longues secondes du monde. Je voyais les yeux de mon cavalier me fixer avec gentillesse et perplexité, ne comprenant sans doute pas quel était mon problème. J’entrouvris la bouche, parce qu’il fallait vraiment que je dise quelque chose, mais là, dans mon cerveau, c’était le néant absolu. C’est dans ces moments là que j’aurais bien aimé avoir les talents de menteuse et d’improvisation de Daphne. Sauf que non.


-Ahem, je… C'est-à-dire que… Mes frères et moi on… Enfin je… On… Ne s’entend pas… très bien.

J’agrémentais le tout d’un petit sourire d’excuse pour faire mieux passer cette réponse on-ne-peut-plus vague –pathétique.

Heureusement, quelqu’un vint me sortir de là. Je crois que je n’ai jamais été aussi contente de voir quelqu’un arriver lors d’une conversation avec Theo de toute ma vie.


- Oh mon dieu prépare toi à rire… chuchota Theo alors qu’une blonde s’approchait à grand pas vers nous, avant de s’exclamer comme si c’était la personne qu’il attendait : Madeleine ! Je te présente Ana.

Je forçais un grand sourire à l’adresse de ladite Madeleine, qui portait une robe orange mettant en valeur ses atouts de manière plutôt…explicite. C’était une beauté blonde assez typique, mais néanmoins très jolie et très féminine, aux traits fins et aux manières agréables. Elle me rappela un instant l’ex de Theo que j’avais rencontré un jour aux Trois Balais, et d’un coup, je fus un peu moins ravie qu’elle soit venue nous voir. Theo m’avait assuré qu’il n’était pas intéressé mais bon… Certaines filles peuvent se montrer très convaincantes !

- Enchantééée, me dit la fille avec un accent si prononcé que je bloquais un instant, avant de lui adresser un nouveau sourire pour toute réponse.

-Oh Theo, il faudrrra que je te rrraconte mon voyage à Parrris. C’était gé-nial !

Je me retins de grincer des dents. Je n’avais pas compris le dernier mot de sa phrase, mais vu la tête de Theo, lui si, et ça semblait être bien drôle, ce qui tout de suite, m’agaça. Ça devait être du français, Theo m’avait dit qu’il parlait cette langue. Moi, je n’y comprenais rien, et du coup, ça me donna l’impression qu’ils partageaient un truc qui me mettait à l’écart. Je dus prendre beaucoup sur moi pour ne pas me mettre à faire la tête et continuer à sourire, bien que ce fût inutile puisque cette Madeleine ne me regardait absolument pas, bien trop absorbée par mon cavalier.

C’est drôle, c’est dans ces moments là que je sentais mes instincts d’avant revenir…


-Mais je dois te laisser, je suis venue avec Marrrk. Il a été étudié à La Sorrrbone la culturrre frrrançaise. C’est fa-sci-nant ! Je te vois plus tarrrrd, bises !

Cette fois, je ne me forçais pas à sourire lorsqu’elle s’en alla rejoindre un garçon qui l’attendait un peu plus loin. J’étais bien contente qu’elle ne s’attarde pas davantage avec nous, car cette manie de caser des mots en français était particulièrement agaçante, surtout lorsque l’on n’y comprenait rien. Mais lorsqu’elle fut loin, Theo se tourna vers moi, et à voir sa tête, il semblait trouver son « tic » tout sauf séduisant. Aussi, j’éclatais de rire avec lui, sans que nous ayons à dire quoi que ce soit. Peu à peu, je sens l’agacement et la crainte se dissiper –elle ne lui plait pas.

- Je te l’avais dit, elle est rrrridicule. Elle laisse toujours échapper des mots en français dans ses phrases, elle dit qu’elle ne fait pas exprès… Heureusement que tu me délivres de sa compagnie ! me dit Theo en riant.

-Pas de problème, répondis-je en me retenant de lancer un très grand sourire satisfait.

Oh ça oui, c’était rien de le dire, l’enlever de sa compagnie ne me dérangeait pas !!!!

Son regard se balada ensuite le long de la salle, et lorsqu’il se posa sur sa sœur, la plus jeune, celle qui est encore à Poudlard, elle lui fit quelques mimiques desquelles il sembla comprendre quelque chose –tant mieux, parce que moi non. Mais j’avais l’impression qu’il s’agissait de moi, et je me tournais, interrogatrice, vers Theo. Un instant, je me demandais si Leïla n’avait pas remarqué que je craquais pour son frère et que c’était là le sens de son imitation, mais heureusement, je fus vite détrompée.


- Je crois que Leïla me défie de t’inviter à danser.

Je fus soulagée, mais un court instant seulement, parce qu’après il lâcha mon bras qu’il gardait depuis tout à l’heure dans le sien –je ne m’en étais même pas rendue compte tant ça m’avait semblé naturel, mais à présent, j’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose.

Il se mit face à moi, et s’inclinant, me tendit la main. Instinctivement, je me sentis rougir, ce qui me rappela les films romantiques clichés que mes parents me forçaient parfois à regarder avec eux. Sauf que là, c’était la réalité, et le problème était tout autre.


-Mademoiselle Falkowsky, me feriez-vous cet honneur ? me demanda mon cavalier avec un sourire en coin, et sa voix grave et attirante me nouèrent l’estomac, en même temps que je gravais ces mots dans ma mémoire pour m’en rappeler toute ma vie.

Finalement, je fis ma main dans la sienne, et, souriant comme lui, m’avançait pour passer mon autre main autour de son cou.


-Mais très certainement, répondis-je sur le même ton faussement poli.

Sur quoi, il m’entraina sur la piste.

Sauf que voilà. Je ne savais pas danser. Je n’avais jamais dansé, et je pensais ne jamais avoir à le faire. C’était triste à dire, mais en acceptant d’aller au bal avec Theo, je n’y avais même pas pensé. Et maintenant que j’étais face au fait, je me sentais bien bête. J’observais à la dérobée les autres autour de nous, tâchant de faire comme eux. Par chance, cette musique était plutôt calme, et les mouvements lents et pas très variés, alors j’arrivais à peu près à me débrouiller. Mais si jamais venait une de ces musiques où il fallait gigoter de partout, je regretterai d’avoir mis les pieds ici !

J’arrêtais de regarder les autres, pour me remettre à regarder Theo ; mais je n’y arrivais pas, et je baissais les yeux aussitôt. Et puis la main que nous nous tenions, et son autre main dans le bas de mon dos m’empêchaient aussi de le regarder dans les yeux ; j’avais l’impression que mon corps brûlait là où il me touchait, et en même temps, c’était une brûlure délicieuse. Finalement, même si j’étais contrainte de danser toute la soirée, jamais je ne pourrais regretter d’avoir accepté d’être la cavalière de Theo.


-C'est super, d'être ici...avec toi.

En fait, il y a peu de choses que je regrettais aussi peu.
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Theo Gray


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MessageSujet: Re: It might be the first dance but it won't be the last (Theo)   It might be the first dance but it won't be the last (Theo) Icon_minitimeJeu 4 Juil - 23:35

J’essayais de me remémorer mon dernier bal mondain, c’était ainsi que ma mère les appelait. J’avais évité ceux de l’été dernier, parce que je n’avais pas le cœur à ça, surtout que la présence d’Erika était toujours probable. Elle venait d’une famille assez semblable à la mienne, plus nouveau riche cependant, et  forcément, nos parents avaient fini par se rencontrer. Quatre ans de relation, c’était comme un morceau de nos vies, et il était impossible de le cacher, d’autant que je me rappelais très bien ne pas vouloir, le cacher. J’aimais Erika, elle m’aimait, et je savais que pour une fois, je ramènerais quelqu’un qui plairait à mes parents à la maison, alors pourquoi ne pas la présenter ? Je n’avais pas oublié toutes les soirées au manoir, où nos parents discutaient ensemble, et comme je trouvais les choses simples et parfaites en ces instants ! Je ne savais pas si j’avais un jour songé à être avec elle pour toujours, car je savais que nous étions jeunes, mais j’étais confiant… Trop. L’amour rend aveugle, ce dicton était plus que vrai, et au fur et à mesure que ma naïveté s’était envolé durant l’été, des aspects de ma relation avec la Serpentarde était apparus, accompagnés de regrets et de remords. Bien sûr que rien n’était parfait, qu’Erika était trop ambitieuse, trop superficielle, et que je fermais les yeux sur trop de nombreux désaccords. Mais encore aujourd’hui, je ne pouvais mentir, elle m’avait fait grandir, elle m’avait poussé vers le haut et je lui en étais reconnaissant. Mais peut-être justement, cherchait-elle à me transformer en ce que je n’étais pas. Parfois, quand je pensais à elle, je me demandais si mon cœur allait battre encore un peu différemment si je l’apercevais, si finalement, j’avais encore des sentiments… Je n’étais pas sûr. Le temps avait filé, depuis notre séparation, et la blessure se refermait petit à petit. J’avais eu plus important à penser cette année, mon boulot, Margaux, la maladie de Cassandre, et puis bien entendu des choses plus joyeuses, ma rencontre avec Ana, ma collocation avec Simon, mon début dans le journal… En cet instant, les souvenirs de soirées mondaines avec Erika me paraissaient bien loin, et je profitai simplement d’être là, avec Ana, sans que d’anciens sentiments paralysent le reste.

-Merci. Tu es très beau aussi.

Je lui répondis avec un sourire. Eh bien, si nous étions tous les deux beaux, nous faisions bien d’être cavaliers ! Je lui tendis mon bras, près à enfin entrer. Soudain, toute cette richesse étalée ne m’insupportait plus, j’avais le cœur léger d’être là avec Ana et je ne voyais pas en quoi la soirée pouvait basculer et être gâchée. Je ne laisserais pas mon frère ou mes parents s’en mêler de toute manière, et notre manoir était assez grand pour que nous nous éclipsions si nécessaire. Je n’avais que faire des futures remontrances de ma mère, c’était la soirée de ma sœur de toute façon. On allait l’exposer fièrement, oh qu’elle était courageuse d’avoir tenu cette maladie, qu’elle était intelligente… Oui, elle l’était, et alors ? Je ne comprenais pas les besoins de notre milieu social qui voulaient que l’on affiche sa réussite aussi ostentatoirement. Pourtant, au fond, je n’étais pas désolé de montrer Ana à mes côtés, tant elle était resplendissante. Ah ça, les gens pouvaient bien être jaloux !

-Oui, de moi.

Je me mis à rire, et bientôt, je commençai aussi le tour de la salle pour lui montrer ma famille. Non pas que j’en sois spécialement fier, je trouvais simplement ça amusant de voir ce qu’elle en penserait. J’avais grandi avec eux, et parfois en les regardant je me demandais… Est-ce que je leur ressemblais tant que ça ? Est-ce que j’avais pris de la sévérité de mon père, de la superficialité de ma mère, de l’air hautain de mon frère, tout ce que je craignais au final et que je ne pouvais pas totalement éviter. Je l’avais fui, toute ma vie, j’avais voulu être différent de ce monde que je haïssais. Je n’avais pas l’impression qu’il me convenait, mais j’avais cru la même chose pour Erika, qu’elle était différente de cette masse fortunée et finalement, n’avais-je pas eu tort ?...

-Oui, vous vous ressemblez un peu. Je pinçai mes lèvres, l’air sévère. Ah, non !...Mais pas tant que ça.

Je souris – ah voilà qui était mieux ! Mais visiblement, je n’étais pas le seul à ne pas vouloir être associé avec d’autres personnes, car lorsque je parlais des deux garçons de tout à l’heure qu’Ana avait sévèrement remballé, elle sembla perdre ses moyens, très gênée. Oh, mais je rigolais moi, je m’en fichais qu’elle soit méchante avec eux moi, au contraire, je trouvais presque ça amusant… Et surprenant. J’étais incapable de me faire autant respecter, personnellement.

-Ahem, je… C'est-à-dire que… Mes frères et moi on… Enfin je… On… Ne s’entend pas… très bien.

Je voulus répondre, mais nous fûmes couper par l’arrivée de cette très chère Madeleine. Elle était le stéréotype de tout ce que je détestais dans ce milieu, elle était superficielle et se prétendait cultivée, avec ses petits mots de français et son accent ridicule. Il fallait qu’elle se trouve un détail en plus, pour ressortir auprès des autres, alors oui elle prenait ses origines, tout comme ses formes avantageuses, son sourire trop tiré, son rire cristallin qui sonnait comme un crissement de craie… Sûrement désirait-elle utiliser son physique mais personnellement, elle me laissait de marbre. Et visiblement, Ana aussi… !

-Pas de problème.

De toute façon, ce n’était pas le moment de m’occuper de Madeleine, car Leïla s’y était mis aussi, et elle me défiait à sa manière, me poussant à inviter Ana à danser. Oh, de toute manière, c’était prévu, n’était-ce pas le protocole ? Je n’avais rien contre l’idée de danser, de toute façon, et la musique qui s’élevait laissait présager une valse plutôt classique, ce qui n’était pas trop dur à maîtriser.

-Mais très certainement.

J’eus un petit rire, car elle venait de répondre avec un ton faussement poli, comme celui que j’avais employé, et je laissai sa main se glisser autour de mon cou. Sa paume était fraiche et douce, ce qui fit naître un nouveau sourire qui se figea un peu lorsque se fût à mon tour de nicher ma main dans le bas de son dos, là où la robe laissait la peau apparaître. Je fus un moment gêné de la toucher là, mais je me repris très vite lorsque je l’amenais sur la piste. Ce n’était qu’une danse, de toute façon… Bien qu’Ana semblait assez mal à l’aise. Elle n’aimait pas danser, peut-être ? Je lui fis un petit sourire qu’elle ne put voir, car elle ne me regardait, et me penchai vers son oreille.

- C’est moi qui mène, suis simplement mes pas, d’accord ?

Et alors que le violon s’éleva un peu plus fort, je commençai doucement à nous faire tournoyer, serrant sa main dans la mienne avec un sourire satisfait. Elle ne se rendait même pas compte, mais elle était gracieuse, malgré ses joues légèrement rougies et son regard un peu perdu, elle avait quelque chose de doux, de plus vulnérable, qui me touchait plus que je ne voulais l’accepter. Je me surpris à me demander si elle avait déjà fait une soirée avec un cavalier qu’elle apprécie, et comment se sentait-elle à l’idée d’être là avec moi… Je ne voulais pas que les choses soient mal interprétées, elle n’était que mon amie – mais tout de même, lorsque je sentis le regard des autres garçons et même hommes de la salle sur elle, j’eus un drôle de sentiment dans la poitrine. Ce soir, elle était avec moi, et je sentis mes doigts se crisper un peu sur sa peau nue, et sans le vouloir, je l’avais un peu rapproché de moi, comme pour signifier ma position.

-C'est super, d'être ici...avec toi.

Avant de répondre, la musique obligeant, je nous écartai et je la fis tourner sur elle-même avant de la ramener vers moi – ma main à nouveau dans son dos, provoquant un petit frisson dans ma nuque.

- Je suis d’accord. Confiai-je avec un sourire. Je pense que tu es officiellement ma cavalière favorite. Et tu as la plus belle robe que j’ai jamais vue ! Enfin, évidemment, c’est parce que c’est toi qui la porte ! Ajoutai-je.

Je n’avais pas pu m’en empêcher, elle était si jolie que les mots coulaient tout seul. Oh, bien entendu elle était toujours jolie, mais je n’étais pas habitué à le remarquer, parce que c’était Ana, qu’elle était jeune, qu’elle n’était que mon amie… Pourtant, je n’avais aucun mal à trouver Cassandre attirante, par exemple. Mais Ana c’était différent… Ana… C’était Ana, point final.

Mais ce n’est pas parce qu’elle était simplement une amie que j’allais me priver de danser avec elle, et il semblait que l’orchestre s’en donnait à cœur joie, car quelques notes d’un slow commencèrent. Les couples autour de nous se rapprochaient déjà, et je jetai un regard à la Serpentard, comme pour lui demander si elle était d’accord, avant de rapprocher son corps contre le mien, nouant mes bras autour d’elle – elle me paraissait toute fine, toute fragile. C’était comme si je lui faisais un câlin, chose qui n’était jamais arrivé, et lorsqu’elle appuya son visage contre mon épaule et le creux de mon cou, je sentis une drôle de sensation de sérénité m’envahir. Je blâmais son parfum qui m’envahissait, et je fermai les yeux un petit moment. Lorsque la musique fût finie, je réalisai que je les avais gardé clos, et je m’écartai avec un sourire.


- Viens, j’ai une idée.

Je pris sa main dans la mienne, et la menai jusqu’au buffet. Jetant un coup d’œil, vérifiant que l’on ne nous observait pas trop, je pris une bouteille de champagne et indiquai à Ana de prendre deux coupes en verre fins. Tenant toujours sa petite paume entre la mienne, je l’attirais hors de la salle, remontant le flot d’invités jusqu’au hall puis nous montâmes les escaliers ensemble, sur plusieurs étages, empruntant des couloirs différents, jusqu’à en atteindre enfin un étroit sous les combles où il fallait presque se baisser pour l’emprunter. Je me tournai vers elle, le regard pétillant.

- Je n’ai pas fini de te montrer mes endroits favoris… !

D’un coup de baguette, je rapprochai une chaise en osier qui était disposé près d’une table en bois dans la pièce d’à côté, un vieux débarras à ma mère, et j’ouvris le velux au-dessus de nous. Je tendis la bouteille à Ana.

- Je monte le premier, et tu me passeras tout ça, tu vas voir, tu vas pas regretter ! Montant donc sur la chaise, j’appuyais ensuite mes mains sur le cadre de la fenêtre et me hissai sans difficulté, avant de passer ma tête par l’ouverture, tendant mes mains vers Ana dont le visage était légèrement éclairé par la lumière extérieure. Je récupérai le champagne et les deux coupes, et les posai à côté de moi. Le velux permettait d’accéder au toit du manoir, là où il n’était que très légèrement incliné et qu’une des cheminées formait comme une table sur laquelle je posai l’alcool et mes cigarettes, avant de me regarder Ana, toujours en bas dans le couloir. Je crois que tu vas devoir me donner tes chaussures avant ! Riai-je, récupérant ses talons que je posai encore sur le rebord de la cheminée. Tu vas t’en sortir avec ta robe ? Attends, va y, appuie toi là, attends, donne ta main… Attention à la robe!

Je l’avais tiré en prenant ses mains, et je riais de la voir se débattre avec sa robe, un peu moins lorsqu’en l’aidant, elle bascula sur le toit et s’appuya un peu contre moi, glissant maladroitement sur les ardoises du toit. Je la rattrapai en passant mon bras par sa taille, nos regards se croisèrent, et j’eus un sourire désolé avant de nous écarter.

- Je te jure que les ciels étoilés c’est pas une vieille technique de drague ! Riais-je tandis que j’ouvrais la bouteille de champagne et remplis nos coupes. C’est juste que j’aime beaucoup venir ici, tu vois la vue de Londres de fou qu’on a ? Tiens, je lui donnai la coupe avec un sourire, on trinque à nous ? Demandai-je joyeusement.

Nos coupes s’entrechoquèrent, j’eus un petit rire et je trempai mes lèvres dans le liquide doré et pétillant. J’attrapai aussi une cigarette et l’allumai, avant de me tourner vers Ana.


- J’espère que tu ne fumes toujours pas, c’est dangereux pour ta santé ! J’étais si peu crédible que j’eus un rire. Bon alors, pourquoi tu t’entends pas avec tes frères ? Demandai-je d’une petite voix curieuse, avant d’inspirer une bouffée de tabac.

Lorsque je l’expirai, la fumée fit des panaches blancs qui se dispersèrent dans l’air obscur, brouillant un instant la vue des étoiles qui nous entouraient, comme des milliers de petites bougies, et en tapotant la cendre de ma cigarette, celle-ci s’envola aussi, s’accrochant au ciel pour rejoindre les astres.
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Ana Falkowsky


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MessageSujet: Re: It might be the first dance but it won't be the last (Theo)   It might be the first dance but it won't be the last (Theo) Icon_minitimeSam 13 Juil - 18:53

J’avais toujours trouvé ça amusant, la manière dont Theo et moi étions fondamentalement opposés –lui chaleureux, moi froide, lui bavard, moi peu loquace, lui sympathique, moi pas franchement, lui plein d’amis, moi sans un seul…vous avez compris l’idée- et en même temps, dans le même scénario familial. En découvrant sa famille, je me disais que ça aurait parfaitement fait mon affaire ; d’après ce que m’en disait Theo, et ce que je voyais, ils ne semblaient pas très affectueux ni très bavards –de vrais Serpentards. Exactement ce que j’aurais voulu avoir, au lieu de quoi je supportais depuis quinze ans d’anciens Gryffondors qui déploraient le manque d’intérêt que je leur portais. Mon ami, lui, se serait sans doute senti à sa place dans cette famille –il est de notoriété publique que les Gryffondors et les Poufsouffles s’entendent à merveille. Et là arrive le moment où je réalise que tous mes « amis » sont des Poufsouffles et que cela voudrait donc dire que… non- et c’est ce qui faisait l’originalité de la situation.

Mais si Theo, malgré qu’il les critique, semblait tout de même attaché à sa famille, on était différents sur ce point ; ça n’était pas le même genre de sentiments que l’on avait à l’égard de nos familles. Lui leur reprochait leur superficialité, leur froideur ;  moi, je détestais tout en eux. Et c’était devenu normal pour moi, au fil des années. Mais pour quelqu’un qui ne connaissait de moi que mon côté gentillet, c'est-à-dire bien peu, ça devait être quelque peu… déroutant. J’avais envie de me claquer pour ma stupidité ; ça faisait des mois que j’arrivais à cacher à Theo ma véritable… méchanceté, et voilà que je me faisais prendre comme une débutante. Soit, j’étais une débutante. Mais quand même. Pour autant, ça ne semblait pas paniquer mon ami, pas du tout même, ou alors il était très bon acteur –mais je ne crois pas. Au contraire, même après ma réponse, après que cette chère Madeleine soit partie, il m’invita à danser et ne semblait pas du tout crispé ou quoi que ce soit.

Moi, par contre, je l’étais ; et pas seulement par la perspective d’être collée à lui durant le temps d’une danse entière, avec ma main dans la sienne et l’autre dans son cou tandis que la sienne irait… dans le bas de mon dos… certes, ça jouait quand même un peu. Mais le gros problème était en fait que je ne savais pas danser. J’avais consciencieusement évité toutes les soirées de ce genre depuis que j’étais en âge d’y participer et n’avait jamais pris de cours de danse ou de truc de ce genre. J’étais donc niveau zéro et si ça n’avait pas été Theo dans un costume qui semblait fait pour lui –ce qui ne serait pas si étonnant- avec son sourire à faire craquer n’importe qui et ses yeux bleus océan, je serais probablement partie en courant. Sauf que c’était lui, et une minute après nous étions enlacés sur la piste de danse. Je détournais mon regard pour ne pas qu’il voit comme je devais être rouge ; je n’avais jamais dansé avec un garçon, ou même été si proche. Et en même temps, je faisais tout ce que je pouvais pour danser le plus comme tout le monde, et Theo dut s’en apercevoir car il murmura à mon oreille :


- C’est moi qui mène, suis simplement mes pas, d’accord ?

Je hochais la tête, reconnaissante, me sentant m’empourprer encore plus. C’était comme si il savait toujours de quoi j’avais besoin, comme si il lisait en moi –ou alors peut-être que je dansais si mal qu’il s’était senti obligé de dire ça… mais j’espérais que non. Lorsqu’il m’attira un peu plus vers lui, mon cœur eut une accélération et je priais intérieurement pour que l’on ne soit pas assez proches pour qu’il puisse le sentir ; et je cachais de nouveau mon visage en m’appuyant sur son épaule, car j’étais certaine d’avoir définitivement viré au rouge tomate. Je lui fis part de mes pensées sur cette soirée et sa compagnie, en quelques mots, comme toujours, mais avec cette impression qu’ils étaient si durs à sortir. Il me fit tourner sur moi-même avant de reprendre la position de départ.

- Je suis d’accord. Je pense que tu es officiellement ma cavalière favorite. –retiens ce sourire niais, Ana- Et tu as la plus belle robe que j’ai jamais vue ! –et calme tes battements de cœur- Enfin, évidemment, c’est parce que c’est toi qui la porte ! acheva-t-il finalement en souriant.

Je lui répondis par un sourire éclatant à mon tour, mais j’avais renoncé à essayer de contrôler mon pouls, ce qui de toute évidence ne marchait pas. Il paraissait si… sincère, spontané, presque surpris à chaque fois qu’il parlait de ma tenue que je ne pouvais empêcher mes lèvres de sourire, elles le faisaient d’elles-mêmes. Theo ne devait même pas avoir idée qu’à quel point ces compliments m’atteignait, à quel point son avis m’importait. Et c’était parfait comme ça. On continua à danser en silence tout le reste de la musique, et ce n’est que quand elle s’arrêta que je me rendis compte que je m’étais réellement décrispée pour me laisser porter par la mélodie. On se sépara, et je sentis la gène me regagner ; j’avais du mal à réaliser que l’on avait été si proches. Etait-ce fini ? Après ça, les cavaliers et cavalières étaient-ils supposés se séparer un peu, aller parler et danser avec d’autres gens ? J’imagine que je ne le saurais jamais.

- Viens, j’ai une idée, me dit mystérieusement mon cavalier.

Il prit ma main et m’entraina au buffet. Je restais perplexe un instant, jusqu’à qu’il s’empare d’une bouteille de champagne avec l’air d’un enfant qui vole des bonbons et me fasse signe de prendre deux coupes, ce que je fis, toujours sans comprendre. Nos mains toujours l’une dans l’autre, il m’attira hors de la salle de réception, et nous commençâmes une sorte de balade à travers les –très nombreux- étages de son manoir, pour finalement arriver à celui qui semblait être le dernier, et dont une pièce était pourvue d’une fenêtre menant au toit. Et vu le regard de Theo, c’était là ce qu’il avait en tête.


- Je n’ai pas fini de te montrer mes endroits favoris… ! Il fit venir une chaise d’un coup de baguette. Je monte le premier, et tu me passeras tout ça, tu vas voir, tu vas pas regretter !

Je hochais la tête avec un sourire crispé, absolument pas rassurée. Theo le faisait peut-être très souvent mais… vu le dernier endroit qu’il m’avait montré, la maison abandonnée à Pré-Au-Lard où il fallait sauter par-dessus les marches manquantes d’un escalier, j’avais tendance à penser que nous n’avions pas les mêmes capacités physiques… Mais je n’avais pas trop le choix. Il était bien trop enthousiaste et adorable pour que je puisse même songer à le décevoir. C’est donc avec une certaine appréhension que je lui cédais mes talons, avant de commencer à monter laborieusement et me hisser à travers le velux, tirée par Theo. Une minute plus tard, et quelques glissades et maladresses qui me donnèrent envie d’atterrir dix mètres plus bas et de ne plus jamais me relever, j’étais finalement assise à côté de lui, tentant de ne pas glisser de nouveau pour ne pas avoir à m’écraser lamentablement sur lui –ça me donnait l’impression de le draguer ce qui était…ridicule.

- Je te jure que les ciels étoilés c’est pas une vieille technique de drague ! m’assura-t-il en riant.

Je lui adressais un nouveau sourire crispé –pourquoi était-il si à l’aise, lui, avec ces choses là ! Jamais je ne pourrais sous-entendre quelque chose comme ça sans mourir de honte…- et le regardais nous servir de champagne pour penser à autre chose.

- C’est juste que j’aime beaucoup venir ici, tu vois la vue de Londres de fou qu’on a ? Je hochais doucement la tête. C’est vrai que d’ici, la capitale semblait vraiment aussi belle qu’on le disait, dans les lumières de la nuit. Tiens, me dit-il en me tendant ma coupe, on trinque à nous ?

-A nous, dis-je en souriant, tapant délicatement mon verre contre le sien avant de boire un peu de ce liquide qui plaisait tant aux Moldus –ça n’était pas mauvais.

Theo alluma une cigarette et je le regardais commencer à la fumer, me demandant –comme à chaque fois- comment il pouvait aimer ce truc.


- J’espère que tu ne fumes toujours pas, c’est dangereux pour ta santé ! Je rejoignis son rire. Bon alors, pourquoi tu t’entends pas avec tes frères ?

…ah. Moi qui avais espéré qu’il ait oublié, c’était raté. Pour autant, sa voix n’était pas accusatrice ou quoi que ce soit –il aurait pu feindre la tranquillité tout à l’heure parce que nous étions entourés de monde…-, simplement curieuse. Je pris un grande inspiration, et me décidais à être honnête, au moins une fois avec lui.

-On ne s’est jamais entendus. Je veux dire… je ne les aime pas. Ni mes parents. Ni… grand monde d’ailleurs.

Je déglutis – pourquoi étais-ce toujours si dur de parler à Theo dès que c’était quelque chose de sincère ?

-Avec les autres je… je ne suis pas comme avec toi. Je ne parle pas. Je ne souris pas. Quand je t’ai rencontré, j’ai voulu être quelqu’un d’autre, parce que j’en avais marre d’être… moi-même. Tu me verrais à Poudlard, tu ne me reconnaitrais pas, ajoutais-je avec un sourire sans joie.

Je n’osais pas le regarder, sans doute par peur de voir la surprise, l’incompréhension, et sans doute même la déception dans ses yeux. Alors je continuais à fixer l’horizon, me perdant dans les lumières de Londres. Je finis néanmoins par me tourner vers lui.

-La Ana avec qui tu traines depuis des mois, elle n’existe pas…

Il fallait encore que je soutienne son regard pour un dernier mot.

-Désolée, murmurais-je presque inaudiblement. Et je détournais de nouveau mon visage.
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Theo Gray


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MessageSujet: Re: It might be the first dance but it won't be the last (Theo)   It might be the first dance but it won't be the last (Theo) Icon_minitimeMar 23 Juil - 21:08

Ana était toute calme et presque renfermée, comme si elle n’était pas à l’aise dans ce genre de soirée. Mais à vrai, c’était simplement son caractère et j’avais fini par m’y habituer, me demandant toujours comment nous avions bien pu nous trouver. Beaucoup de choses nous opposait, elle était calme, réaliste, elle analysait avec intelligence les situations, tandis que j’étais incapable de réfléchir plus de trois minutes avant d’agir. Avec ce genre de descriptions, on se demandait bien qui était le plus âgé des deux – je riais toujours en constatant cette maturité qui me faisait défaut. Mais malgré nos différences, j’appréciais Ana, je l’appréciais réellement. J’avais la drôle impression que son réalisme me permettait d’envisager moins douloureusement la désillusion que je vivais depuis que ma routine et mes croyances s’étaient évanouies, puisqu’Ana n’était jamais brutale avec moi, si bien que je me demandais honnêtement si elle ne me couvait pas pour ne pas me faire trop de peine. Ce monde dans lequel nous avions grandi nous échappait à tous les deux, et derrière sa timidité se logeait quelque chose de purement humain, sincère et vrai, qui réussissait à me toucher et à me réconforter aussi. Je ne cherchais pas à l’expliquer finalement, je m’entendais bien avec elle, même si elle était totalement différente des gens que j’avais eu l’habitude de fréquenter. D’une certaine manière, ces gens-là n’étaient plus à mes côtés pour que je puisse comparer, de toute manière. Et expliquer ce que je ressentais n’avait jamais été mon effort, et on pouvait dire sur ce coup qu’Ana et moi étions sur la même longueur d’onde ! Je ne connaissais pas les raisons de sa gêne sur ce sujet, moi, c’était lié à Erika et aux déceptions que j’avais enchaînées après notre rupture. Je n’aimais pas moins, simplement, je n’étais plus aussi confiant qu’avant.

Mais sur ce toit, dans le silence de la nuit brouillé par les rires et la musique qui s’échappait du manoir, je sentais quelque chose d’à nouveau purement vrai et sincère, et je ne craignais pas de me sentir lié à Ana. Même si elle ne parlait pas beaucoup, nous partagions cet instant sans le dire, et c’était peut-être ce qui le rendait encore plus fort. J’avais toujours aimé venir ici, dès mon adolescence, car j’y trouvais un sentiment à la fois de supériorité et de réconfort. D’ici, on dominait tout Londres, et c’était comme si la capitale était à porter de main. Durant toute mon adolescente, j’avais rêvé d’un monde à saisir, d’un avenir, aveuglé par Erika qui me poussait à toujours croire un peu plus en moi. C’était d’ailleurs la principale qualité que je lui trouvais avec du recul, elle m’avait poussé vers le haut, mais c’était à double tranchant puisqu’à que ça m’avait aussi bercé d’illusions. J’étais un idéaliste, je l’avais toujours su et elle aussi, et il me semblait qu’elle ne m’avait pas aidé à grandir sur ça. Ma naïveté devait bien l’amuser, c’était ce que je pensais désormais avec amertume, et elle en avait bien profité puisque couplé à mon amour pour elle, je m’étais complétement coupé de la réalité. J’étais alerte face aux injustices qui la composaient, en bon Poufsouffle que j’étais, mais il me semblait que ma baguette magique pourrait tout résoudre. Une partie de moi portait toujours cet optimisme un peu enfantin, tandis qu’une autre part s’heurtait au monde. Mais ce dernier ne faisait pas peur quand j’étais ici, sur ce toit, et je vivais avec Ana cet instant de plénitude réconfortant que je voulais étirer le plus longtemps possible.

Et lorsque nos verres tintèrent, j’eus l’impression une nouvelle fois d’être envahi de cette puissance adolescence, et les cendres rougissantes de ma cigarette furent pareilles au feu qui m’animait, brillant et qui me consumait de sa force.


-On ne s’est jamais entendus. Je veux dire… je ne les aime pas. Ni mes parents. Ni… grand monde d’ailleurs.

J’hochai la tête tandis qu’elle m’expliquait. Je comprenais, moi aussi je ne m’entendais pas avec mes parents ou ma famille, Leïla exceptée. Je tentais de toujours être respectueux envers eux malgré tout, je ne les détestais pas viscéralement, je ne les comprenais simplement pas. Le monde dans lequel ils évoluaient m’était étranger, je l’avais toujours repoussé depuis mon enfance car il sonnait faux. Les jeux d’apparences qui le constituaient, je les avais vus dès le début malgré ma naïveté, car j’y étais au cœur. Je voyais ma mère rire avec des femmes qu’elle critiquait dès qu’elles avaient quitté le manoir. Moi et ma spontanéité ne comprenaient pas pourquoi il fallait mentir, bien se tenir, surtout ne froisser personne. Je me rappelais des règles que m’imposaient mes parents, cette politesse sur-jouée et ces mots creux et plats. Je ne m’y retrouvais pas, et je comprenais qu’il en soit de même pour Ana. Cependant, je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle parlait de n’aimer personne, même si ce n’était pas la fille la plus sociable de la terre, il ne fallait pas pousser les limites… Et cette atmosphère étrange soudain, lourde, comme si elle se sentait mal, je ne la saisissais pas non plus. Je pinçai les lèvres en constatant qu’en plus, elle évitait mon regard.

-Avec les autres je… je ne suis pas comme avec toi. Je ne parle pas. Je ne souris pas. Quand je t’ai rencontré, j’ai voulu être quelqu’un d’autre, parce que j’en avais marre d’être… moi-même. Tu me verrais à Poudlard, tu ne me reconnaitrais pas.

Je restais immobile, fixant son visage fuyant qui semblait vouloir se fondre dans les lumières de Londres. J’avais légèrement froncé les sourcils, assemblant les mots dans mon cerveau pour comprendre ce qu’elle me disait. Ana semblait me faire comprendre qu’elle jouait elle aussi le jeu des apparences, et qu’elle cherchait à être aimable pour cacher… Quoi au juste ?

-La Ana avec qui tu traines depuis des mois, elle n’existe pas… Désolée.

Je ne bougeais pas tout de suite, mon visage toujours un peu renfrogné, tentant de comprendre petit à petit. Toute la situation me paraissait étrangement dramatique, la voix d’Ana sonnait comme un glas, comme si elle me confiait le meurtre de sa propre mère. Je bus une longue gorgée de champagne avant de finalement parler.

- Donc est-ce que je dois t’appeler Mademoiselle Glaçon ? J’avais parlé d’un ton sérieux, et je lus une telle incompréhension et inquiétude dans le regard d’Ana que je ne pus me retenir. J’éclatai de rire et tapai l’épaule de la jeune fille, lui faisant un peu perdre l’équilibre, avant de rire de plus belle. Non, vraiment, la tête qu’elle avait fait ! Sérieusement, il fallait qu’elle se détente ! Oh, ça va je plaisante ! Dis-je alors pour la rassurer avec un sourire. Ne t’inquiète pas, je m’en doutais déjà, tu sais que ma perspicacité est légendaire ! J’éclatai une nouvelle fois de rire, et je pinçai du bout des doigts la joue d’Ana pour qu’elle sourit aussi.

Je ne comprenais pas à quoi elle s’attendait. Bien sûr que j’étais surpris, mais je ne croyais pas totalement ce qu’elle me disait. Je connaissais la Ana dont elle me parlait, souriante et agréable, et j’avais du mal à croire qu’elle n’était qu’un mirage. Cette Ana était là, avec moi, ce soir, et bien sûr qu’une part d’elle était plus sombre, mais de là à dire qu’elle n’aimait personne et vice-versa, j’avais du mal à y croire. Ce que je saisissais avant tout, c’est qu’elle grandissait et ne s’en rendait même pas compte. Elle pensait être une comédienne ? J’étais peut-être naïf, mais j’étais capable de sentir la sincérité, et je savais que mon amitié avec la Serpentarde l’était. Je repris alors d’un ton plus sérieux, cherchant à la rassurer.


- Bien sûr que cette Ana existe, la preuve, c’est mon amie, je cherchai son regard, car je ne voulais pas qu’elle m’échappe une nouvelle fois. Je crois simplement que tu confonds grandir avec mentir… Ce n’est pas parce que tu as été une vraie petite Serpentarde avant que tu dois le rester toute ta vie, et puis, c’est aussi une question d’affinité. Tu n’as pas à aimer tout le monde… C’est mon rôle ça, ajoutai-je en plaisantant. Regarde, tu t’entends bien avec moi, avec Rita et Caleb non ? A moins que tu les ai payé pour jouer la comédie pour m’embobiner, je suis sûr qu’ils t’apprécient aussi.

Je souris une nouvelle fois. J’étais heureux d’avoir cette discussion avec Ana, et à la fois gêné.

- Et tu vas me dire que quand tu as souris tout à l’heure quand je t’ai complimenté, c’était un faux sourire ? Je suis horriblement vexé ! M’exclamai-je alors en éclatant de rire. Sale glaçon ! Ajoutai-je. Et du bout des doigts que je trempais dans ma coupe de champagne, j’en envoyais sur Ana en riant.

Parce que si elle était une reine des Glaces, moi, j’étais bien décidée à la faire fondre ! Derrière cette façade qu'elle mettait entre elle et le reste, je savais ce qui se cachait. Je savais qu'il y avait de la sincérité, et il ne tenait qu'à elle de l'accepter.
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Ana Falkowsky


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MessageSujet: Re: It might be the first dance but it won't be the last (Theo)   It might be the first dance but it won't be the last (Theo) Icon_minitimeMar 6 Aoû - 0:31

- Donc est-ce que je dois t’appeler Mademoiselle Glaçon ?

.......................Est-ce qu'il arrivait à Theo d'être sérieux parfois ?

Si j'avais bien cru pendant un instant qu'il était choqué, ça n'avait apparemment été qu'une petite comédie parce que maintenant il riait à gorge déployée. Et moi je le regardais, interloquée et presque vexée qu'il n'ait pas saisi tout le dramatique de la situation. Mais et si dramatique il n'y avait pas ? Et si il n'y avait vraiment rien qui était capable de faire peur à Theo, en tout cas, rien de ce que j'étais ? Lorsque l'on s'était rencontrés dans les cachots, il n'avait déjà pas pris mon "avertissement" au sérieux, et à présent que je m'ouvrais totalement et me montrais honnête comme je ne l'avais jamais fait avec lui, voilà qu'il me riait au nez. Avait-il bien compris, au moins ? Avait-il saisi que à Poudlard je n'étais pas la tendre et sympathique fille en laquelle je me transformais lorsque j'allais le retrouver ? J'avais été plutôt claire, Theo n'était pas attardé, donc tout portait à croire que oui. Alors quoi ? Ça ne lui faisait vraiment rien ? J'avais du mal à y croire. Mais il m'avait dit être très mauvais acteur -ce que j'avais pu constater par la suite, d'ailleurs. Donc...? La seule explication que je trouvais plausible, était qu'il ne réalise pas.

Ou alors, avais-je vraiment fait tout une montagne d'une histoire qui en fait était vraiment si insignifiante pour lui ? M'étais-je torturée pendant des mois, avec l'impression de me faire passer pour quelqu'un d'autre et qu'il ne me le pardonnerait jamais si jamais il le découvrait, alors qu'en fait, tout ce que ça lui inspirait, c'était une bonne vieille blague ?


- Oh, ça va je plaisante ! Ne t’inquiète pas, je m’en doutais déjà, tu sais que ma perspicacité est légendaire ! ajouta-t-il avant de me tirer la joue pour m'inciter à rire avec lui.

Ce dont j'étais totalement incapable, tant j'étais éberluée de sa réaction. Avais-je vraiment été si stupide que j'avais laissé prendre autant d'ampleur dans ma tête, jusqu'à devenir une réelle source de stress lorsque j'y pensais, une histoire qui faisait rire mon ami ? Non, stupide était un euphémisme. Je tombais des nues, en fait. C'était comme si, après m'être focalisée sur un tout petit détail, j'avais eu l'impression qu'on ne voyait plus que lui ; et à présent, Theo m'offrait le recul nécessaire pour voir que ça n'était pas grand chose. Moi qui m'étais longtemps crue mature, mon égo en prenait un coup. Mais le soulagement éprouvé suffisait à cacher ce sentiment de ridicule affligeant -ou du moins, je tentais de ne pas y penser.

- Bien sûr que cette Ana existe, la preuve, c’est mon amie, reprit Theo plus sérieusement une fois qu'il eut finit de rire, son regard cherchant le mien. Je crois simplement que tu confonds grandir avec mentir…

Je plissais les yeux, en signe d'incompréhension.

- Ce n’est pas parce que tu as été une vraie petite Serpentarde avant que tu dois le rester toute ta vie, et puis, c’est aussi une question d’affinité,
s'expliqua-t-il en voyant mon visage perplexe. Tu n’as pas à aimer tout le monde… C’est mon rôle ça. Regarde, tu t’entends bien avec moi, avec Rita et Caleb non ? A moins que tu les ai payé pour jouer la comédie pour m’embobiner, je suis sûr qu’ils t’apprécient aussi.

Je méditais ces paroles quelques instants. Ce n'était pas tous les jours que Theo me donnait une leçon de vie, mais elle était appréciable. Surtout qu'il n'y avait pas que du faux là dedans, je dirais même que c'était plutôt plausible, jusque là. Il était vrai que je n'étais plus la teigne que j'avais été dans mes premières années à Poudlard, et que mon état d'esprit concernant les relations avec les autres avait changé. Mais je n'avais pas pleinement réalisé que moi, j'avais changé aussi. Qu'en me forçant à agir avec gentillesse avec lui, j'étais peu à peu devenue un peu cette personne, et au final, c'était lorsque que je jouais à la méchante que je n'étais pas moi-même. Comme si tout avait été inversé. Et Theo avait compris tout ça sans même y réfléchir, comme si ça coulait de source. Je relevais les yeux vers lui comme si je le voyais sous un nouveau jour. Je le savais intelligent, dans la vie de tous les jours, mais je n'aurais pas pensé qu'il était ce genre de personne qui savent cerner les gens mieux qu'ils ne se cernent eux-mêmes parfois, ceux qui vous apprennent des trucs sur vous mêmes. Je sentis mon coeur se réchauffer autant qu'il s'emballait à ces pensées, pendant que je me perdais avec bonheur dans le bleu océan de ses yeux que j'osais de nouveau affronter. En cet instant, il ne savait pas de quel poids il me libérait, et tout ce qu'il m'apprenait sur moi-même que je n'aurais peut-être jamais vu si lui n'avait pas su mettre le doigt, et les mots dessus. Il était tellement plus que ce qu'il pensait être, lui aussi. J'étais certaine qu'il ne se rendait pas compte à quel point il pouvait facilement égayer la journée de quelqu'un de morne comme moi avec simplement quelques phrases qui sortaient pour lui aussi naturellement que de respirer. Il ne se rendait pas compte. Et c'est sans doute ce qui le rendait aussi parfait.

- Et tu vas me dire que quand tu as souris tout à l’heure quand je t’ai complimenté, c’était un faux sourire ?

-Non ! protestais-je vivement, effrayée qu'il ait mal interprété mes propos.

- Je suis horriblement vexé ! Sale glaçon !

...Fausse alerte, il rigolait -l'angoisse me faisait perdre mes repères ou quoi ?- et parvint même à me détendre suffisamment pour lâcher un sourire tandis que je détournais la tête lorsqu'il me lança quelques gouttes de champagne dessus, du bout de ses doigts.


-Tu n'es vraiment jamais sérieux, hein, lançais-je à moitié sous forme de question, un petit sourire aux lèvres.

J'avais fait exprès de faire sonner ma voix presque comme un reproche, mais au fond de moi, je l'en remerciais. J'avais besoin d'être avec des gens comme ça, qui prennent tout à la rigolade et sont d'une bonne humeur à toute épreuve pour me tirer de ma morosité, comme lui, Rita ou Caleb. A présent, mon "penchant" pour les Poufsouffles m'apparaissait beaucoup plus clair, en fait, c'était comme si à présent que Theo avait mis des mots dessus, tout était devenu limpide. Et cette phrase, que j'avais si souvent retrouvé dans des livres, mise à toute les sauces "Les opposés s'attirent", voilà qu'elle aussi, elle prenait tout son sens. Même si la partie où la bonne humeur est attirée par la morosité était un peu moins évidente, dans l'idée, je comprenais mieux. L'ancien jaune et noir, lui, semblait l'avoir compris depuis des lustres, et en cet instant, la différence de maturité entre nous deux m'apparut clairement. Mais comme une bonne chose.

Puis il me dit qu'il voulait me montrer un dernier truc ici, alors jetant un dernier coup d'oeil au panorama qu'était Londres la nuit, nous rentrâmes de nouveau par le velux avec un peu plus de facilité qu'à l'aller, et nous nous remîmes à parcourir son manoir de maison à la recherche de quelque chose que j'ignorais. Je me contentais de suivre Theo, un peu perplexe, mais confiante, jusqu'à qu'il trouve finalement la pièce qu'il semblait chercher et nous fit entrer. Je ne tardais pas à découvrir ce qu'il avait voulu me montrer, lorsqu'il s'installa derrière un beau piano qui brillait tant il devait être entretenu. Il me lança un regard complice qui excita de nouveau mes battements de coeur, avant de se mettre à jouer. Et lorsqu'il se mit à chanter, ce fut comme si l'atmosphère de la salle changea, comme si le manoir, la chambre, tout ce qui nous entourait disparaissait pour ne plus rester que Theo, moi et ce morceau dont j'étais sûre que je me rappellerai toute ma vie.
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Theo Gray


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MessageSujet: Re: It might be the first dance but it won't be the last (Theo)   It might be the first dance but it won't be the last (Theo) Icon_minitimeJeu 29 Aoû - 2:46

Ce genre de conversation, sans y être habitué, je n'y étais pas étranger. J'avais compris au fil de mes années à Poudlard que mon esprit plutôt ouvert était un bon point chez les autres lorsqu'ils cherchaient une oreille attentive, tout comme l'était ma sincérité. Les gens n'aimaient pas être plaints, ou même pris en pitié, et visiblement, j'avais des réactions trop directes pour ce genre d'attitudes. Il est vrai que lorsqu'on me confiait une peine, j'avais la réaction la plus humaine, à mes yeux, du monde : je lâchais une ou deux injures, je pestais contre le monde, et je ne savais pas quoi dire pendant un moment. Finalement, quand je reprenais mes esprits, j'arrivais, me semblait-il, à prodiguer quelques conseils utiles. Et avec Ana, j'avais une espèce de force que je puisais dans notre différence d'âge. Je ne cessais de le répéter, elle était bien plus mature que moi, mais j'avais vu des choses aussi - sans vouloir jouer au grand-père qui racontait ses expériences en ponctuant chaque phrase de "de mon temps". Disons qu'en grandissant, on voyait les autres grandirent aussi, et j'avais probablement était témoin de diverses situations et expériences qu'Ana ne connaissait pas encore. Et pour certaine, je préférais qu'elle ne les connaisse jamais.

La surprise d'Ana était bien la preuve qu'elle n'avait pas envisagé la situation comme j'étais en train de le faire. Mais moi, j'avais vu les gens évoluer au fil des années. Des amis que j'avais durant mes premiers années d'études étaient parfois devenus des personnes exécrables, et des gens que je n'aimais pas au début, étaient devenus de bons amis. Ce n'était pas une histoire de loyauté, puisque j'étais généralement celui qui s'accrochait le plus longtemps aux autres, mais d'évolution. Parfois, il fallait se rendre à l'évidence, les gens n'étaient plus les mêmes. Visiblement, Ana était donc une adolescente comme les autres : elle changeait. Et, de ce que je voyais, plutôt positivement. J'ignorais si elle avait confiance en elle ou non, car à vrai dire l'auto-dépréciation était un concept inconnu pour moi, nous avions tous nos qualités et nos défauts, mais j'étais conscient que beaucoup de filles en souffraient. Ana avait toujours eux cette assurance calme, mais au fond, n'était-elle pas bien plus vulnérable que je l'aurais cru?

Parfois, je me disais que le plus simple aurait été qu'elle soit dans ma tête. Les gens qui ne s'aimaient n'étaient pas objectifs. La crainte qu'avait Ana, que soudain je m'offusque de ce qu'elle disait être une comédie, et que j'appelais une évolution, me laissait penser qu'elle ne se doutait pas que je tenais réellement à elle. Les gens le pensaient parfois, parce que j'étais proche de beaucoup de personnes, sociables et joviales, et ils concluaient que tous mes amis avaient la même importance pour moi. Mais c'était faux, et j'étais clairement conscient qu'Ana était... Disons, spéciale. Pour moi, en tout cas. Je la regardais tranquillement, et je réalisais un peu étrangement combien elle était jolie quand elle était sincère. Combien elle était jolie tout court. Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder les traits de son visage, son nez droit et fin, ses lèvres pulpeuses légèrement rosées, cette rangée de cils immenses, comme de lourdes ailes de papillon noir, qui s'abattait lorsqu'Ana clignait des paupières et cachait un vague instant ses iris glaçés. A vrai dire, j'étais presque gêné de l'observation qui se menait, descendant un peu plus. Sa nuque était entourée de ses boucles brunes, mais je voyais nettement la peau nette et pâle qui semblait douce, et les os des clavicules qui sortaient tant elle était mince. D'une certaine manière, cela accentuait sa fragilité. Puis, je détournai un moment les yeux, mais c'était trop tard, j'avais déjà observé de trop près sa poitrine que la robe moulait et que, je devais avouer, je n'avais jamais vraiment remarqué. Une chose était une sûre, ce soir, j'étais plus conscient que jamais de la féminité d'Ana, que je voyais habituellement comme une fille de 15 ans. Son corps, mis en valeur par la robe, était presque troublant tant il était gracieux, un peu malgré lui, comme si la Serpentarde possédait tout ce charme, cette attirance qu'elle dégageait, sans qu'elle en ait voulue ou qu'elle sache comme la maîtriser. Honnêtement, si elle ne pouvait pas la contrôler, je ne pouvais pas dire que je pouvais contrôler le pouvoir que cela exerçait sur moi.

-Tu n'es vraiment jamais sérieux, hein.
- Pourquoi faire! Le monde est déjà assez sérieux comme ça,
commentai-je en souriant.

J'avais une douce sensation de légèreté, accentuée par les coupes de champagne, et je me mis à sourire en contemplant Londres qui s'étendait sous nos yeux. Légèrement en hauteur, j'avais l'impression que nous étions les maîtres du monde, ou que rien ne pouvait nous toucher. Mais d'une certaine façon, n'était-ce pas ce que j'éprouvais lorsque j'étais avec quelqu'un que j'aimais ? Je me sentais en confiance, et soudain plus rien ne pouvait m'atteindre. J'eus un sourire satisfait, profitant un dernier instant de cette vue, et de la compagnie d'Ana. Que se passait-il en bas ? La soirée me paraissait bien lointaine maintenant, et la seule chose qui m'importait, c'était de savourer ce moment de liberté. Le reste m'importait peu, la musique trop bien réglée, les potions de ma mère, les regards de Madeleine, peu importe. J'étais simplement heureux que la Serpentarde ait été là ce soir, comme un petit rayon de soleil, et sa présence avait changé la donne, radicalement. Je gravais en moi cette soirée, puisque maintenant, elle était un bon souvenir.

J'eus une nouvelle idée, et j'entraînais la jeune fille à ma suite. Je lui avais promis, durant l'une de soirée, que je lui jouerais un morceau un jour. Je n'étais pas forcément un grand musicien, j'avais l'avantage d'avoir eu de bons professeurs grâce à mes parents et une culture musicale diversifiée, puisque Simon et moi adorions découvrir un peu de tout. J'amenais donc Ana dans ma chambre, où se trouvait un immense piano – la pièce en elle-même était gigantesque et rempli de souvenirs d'adolescents. Je lui fis un grand sourire et désignai d'un signe de tête l'instrument, comme pour lui indiquer ce que j'avais derrière la tête. Je lui indiquai le lit, pour qu'elle s'assoit, et je m'installai sur le tabouret du piano, respirant un grand coup comme pour me donner du courage. Jouer devant quelqu'un était toujours différent, et je veillais à me concentrer uniquement sur les touches d'ivoires. Le reste ne comptait plus. Je me concentrais, laissant ensuite les notes et les paroles s'échapper de mes doigts et mes lèvres, souriant tranquillement. J'étais confiant, et lorsque j'achevais le morceau, je ne me retournais pas tout de suite, un peu troublé. Puis finalement, je souris à Ana, et je jetais un regard sur la pièce, comme pour m'occuper. La jeune fille sembla suivre mon geste, puisqu'elle remarqua des photos sur la bibliothèque, et sa curiosité polie l'empêcha de s'approcher. J'eus un sourire entendu, et je la rejoignis, sortant un album photo de la table de chevet. Je m'allongeai sur le lit, installé à mon aise, et je tandis le carnet à Ana qui, allongée à côté de moi, séparée par une distance polie, se mit à tourner pages en riant. Je riais avec elle, lui confiant quelques anecdotes, et je laissais les minutes, peut-être les heures, défilées sans me soucier du reste, le cœur simplement léger de discuter avec elle. Cette soirée était, une nouvelle fois, la preuve que mes moments avec elle était emprunt d'une atmosphère particulière qui nous était unique.


Fin
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