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Symboles et trouvailles [PV] (clos)

 
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 Symboles et trouvailles [PV] (clos)

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Ana Falkowsky


Ana Falkowsky
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MessageSujet: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeMar 6 Nov - 0:08

Je baillais pour la huitième fois d'affilée en quelques minutes depuis le début du cours. L'étude des runes n'était décidément pas la matière "passionnante et très instructive" que m'avaient décris mes frères. Encore une fois, cela me montrait combien leur faire confiance était une mauvaise idée! Je me retrouvais donc coincée ici deux heures par semaines à apprendre la signification de symboles bizarres dont je n'avais que faire. Pas plus d'ailleurs que la moitié des personnes présentes ici; les filles étaient là pour le prof et les garçons n'étaient quasiment que des Serdaigles. Il n'y avait pas à dire, l'option "Etude des Runes" était complètement un plan foireux. Je n'en avais jamais douté, au fond. Mais il avait fallu choisir quelque chose, et rien ne me tentait. C'était faute de mieux, on va dire.

La plupart du temps, ça allait; je me contentais de rester invisible au fond de la classe et de prendre un air inspiré lorsque les beaux yeux de Fleming se posaient sur moi -ce bleu! c'était un coup à faire rougir toutes les minettes...- et j'étais ainsi tranquille. Je passais certes mon temps à bailler mais c'était toujours mieux que les cours pratiques, où l'on est obligé de faire quelque chose, comme les Sortilèges ou Potions. Et comme par hasard, cs cours là étaient faits par des profs sadiques et qui semblaient haïr tous les ados du monde, il fallait donc mieux éviter de se laisser aller. Tandis qu'au moins, l'Etude des Runes était soporifique à souhait, inutile et tout ce que l'on voulait, mais on avait la paix durant deux heures. Sauf les jours où ce cher Monsieur nous donnait des travaux à faire en cours.

Celui d'aujourd'hui était simple et typique, on en avait fait plusieurs en début d'année, mais au fur et à mesure des cours, il était apparu qu'il y avait beaucoup plus de théorie que de pratique. Ce qui n'exclut pas totalement cette dernière catégorie. Nous voilà donc avec cinq Runes à traduire par binôme -à l'aide du livre, bien heureusement. Si il avait fallu le faire de mémoire, autant rendre tout de suite le parchemin vierge! Et je ne pariais pas non plus sur ma voisine pour l'écoute en cours; c'était une Serpentard comme moi et bien que je ne la connaisse pas davantage qu'avec les deux heures hebdomadaires que l'on passait à côté ici, elle ne m'avait pas l'air d'une pro-Serdaigle.

A vrai dire, ce n'était pas les trois mots que l'on s'était dit jusque là qui allaient m'aider à définir son caractère, mais là au moins où l'on semblait partager la même opinion, c'était dans les relations. On se met à côté parce que l'on est les deux seules Serpentards de la salle et que ce cher Fleming nous a spécifié que c'est préférable d'être à deux pour les travaux pratiques. On est voisines parce que l'on a pas le choix, pas parce que nous sommes amies; c'est une sorte d'accord tacite. Enfin, c'est ce que j'imagine, car visiblement je me trompe souvent dans ce domaine, et suis seule à les voir, mes accord tacites. Hum.

Je note distraitement en haut de mon parchemin les cinq Runes que le beau professeur nous donne à traduire, à mon acolyte et moi, et lorsque celui ci retourne s'asseoir à son bureau et que l'on ne peut plus gagner de temps, je me tourne lentement vers elle. J'imagine qu'elle n'a pas beaucoup plus envie que moi de trouver la signification, sans aucun doute complexe, de ces petits signes bizarres. Et puis ce n'est pas comme si Fleming attendait de notre part un ou deux mots par Rune! Il nous l'a bien fait comprendre lors des premiers cours: ça ne se définit pas comme ça. Ça doit être précis et détaillé. Tout ce que je déteste devoir être en cours.

La première Rune à traduire est Fehu. Je déplore que ces choses là s'apparentent si peu à notre langue; ça nous aiderait au moins à développer un peu. Mais ça a des consonances totalement étrangères, ou plutôt, d'une autre époque. Encore une chose que je comprends pas -où est l'intérêt, puisque plus personne n'écrit avec ça?! Je soupire et me dis qu'il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas et qu'il vaut mieux que j'accepte dès maintenant. J'ouvre donc le livre et cherche la page où se trouve les significations des runes, avant de trouver celle qui m'intéresse.


Fehu : le bétail; la richesse.
Fehu est la première rune du Futhark et aussi le nom de la première famille de huit runes également appelée Fraujaz ou Freyr. Le nom de cette rune est fé en vieux norrois, feoh en anglo-saxon, signifiant dans les deux cas « bétail, richesse »


Un poil répétitive, et largement inutile, cette définition ne nous avance pas à grand chose. Qu'est ce que Fleming attend au juste? Que nous reformulions et faisions un peu de yaourt en partant à droite à gauche simplement pour trouver quelque chose à dire? J'avais l'envie très forte d'écrire les deux mots "bétail; richesse" sur mon parchemin et de faire de même pour les autres Runes. Et puis zut! A-t-on déjà vu travail plus inutile et stupide? Quel est l'intérêt? Oh, je sais ce que l'on me répondrait; les écrire est le meilleur moyen de les retenir... Je ne retiens pas un soupir agacé. Puis décide finalement de demander l'avis de ma voisine.

-T'en penses quoi? On reformule en faisant un peu à notre sauce ou on écrit le strict minimum?

J'aperçois soudain quelque chose que je n'avais pas vu en dessous de la définition superflue. Ils appellent ça un "poème runique" et chaque rune en a un. Pleine d'espoir d'avoir un nouvel élément qui ferait bien avancer les choses, je me lance dans la lecture de ces quelques lignes.


« La richesse est source de discorde parmi les parents ;
le loup vit dans la forêt.

La richesse est source de discorde parmi les parents
et feu de la mer
et voie du serpent.

La richesse est pour tous un réconfort
cependant chaque homme doit la dispenser grandement
s’il veut obtenir la gloire du Seigneur. »


Lorsque je termine ma lecture, perplexe, l'air inspiré que je réserve d'habitude à Fleming s'empare de mon visage. Voilà qui est très... explicite. Sans blague, les rédacteurs de ce livre ont passé un accord mutuel pour être le moins clair possible pour nous rendre la tâche encore plus difficile? Qu'est ce que c'est que ce charabia? Qu'est ce qu'on est sensé comprendre? Je sens l'exaspération monter en moi. Moi qui espérait que ces "poèmes" m'éclairerait, me voilà encore plus perdue qu'au début.
...Où est le rapport entre le bétail et le feu de la mer? Et qu'est ce qu'ils entendent par "la voie du serpent"?


-Inutile de compter sur ces poèmes, dis-je à ma voisine, dépitée. Tu les as lus? Ils sont à peu près aussi clairs que les définitions elles-mêmes.

C'est-à-dire, pas du tout.

-Kasperek, c'est ça? ajoutais-je.


Dernière édition par Ana Falkowsky le Mar 5 Mar - 0:13, édité 1 fois
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Daphne Kasperek


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MessageSujet: Re: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeVen 9 Nov - 20:13

Le coin inférieur droit de ma feuille de parchemin était la plus abîmée : de nombreuses petites esquisses qui n’avaient rien à voir les unes avec les autres, s’imbriquaient à présent entre elles lorsqu’elles ne se superposaient pas. Cela faisait partie de mes petites habitudes de cours lorsque je m’ennuyais et comme ça arrivait très souvent, c’était ce même coin inférieur droit qui était toujours réservé à mes dessins que j’ébauchais à l’aide d’un peu d’encre et de ma plume. Mais il n’y avait rien à faire, la théorie me faisait défaut, et pourtant je n’étais pas encore trop mauvaise dans la pratique ; quand mon accent trop prononcé ne faisait pas faire n’importe quoi à ma baguette magique. Ça, c’était énervant, mais énervant et il n’y avait rien de mieux pour me faire perdre patience de suite.

Mais alors quand il fallait rédiger des devoirs écrire des tartines dans une langue que je maîtrisais mieux qu’avant oui, mais surtout dans le langage parce que c’était plus facile et que sa grammaire t tout ça et bien j’en avais rien à faire tant qu’on me comprenant qu’est-ce que ça pouvait bien foutre si le mot que j’utilisais n’allait pas avec le verbe et ceci et cela ? Je faisais des efforts, c’était pas mal par rapport à l’année dernière les profs ils pouvaient pas s’y mettre un peu aussi ? Du coup je faisais parfois preuve de mauvaise volonté et si le premier paragraphe que j’écrivais était à peu près correct (enfin je m’appliquais quoi, on va dire) le plus souvent, je jetai l’éponge et j’inscrivais la suite comme il me plaisait et comme ça me venait. Donc la remarque des erreurs d’inattentions trop souvent répétées elle revenait souvent et ça commençait à me faire chier ça, la preuve c’était que s’ils disaient ça c’était qu’ils avaient compris ce que je voulais dire, ils pouvaient pas foutre la paix cinq minutes ?

Le prof d’étude de runes heureusement, ce n’était pas le plus désagréable ; il n’était pas désagréable à regarder tout court. En fait, je m’en fichais. C’était ce qui se disait, alors je faisais rien de plus que répéter. Et puis la fille du petit groupe dans lequel je traînais tout le temps maintenant, elle n’avait d’yeux que pour lui, et c’était chiant, mais je n’avais rien dit encore parce que j’étais bien à ma place avec eux et que si pour ne pas me faire évincer vite fait bien fait, je devais faire un peu profil bas, j’allais m’y tenir. Enfin essayer, parce que quand j’étais pas d’accord, je l’étais pas et puis merde. Mais en ce moment, je sais pas trop pourquoi, y’avait plusieurs de ses remarques qui me faisaient tiquer et il y avait l’un des gars aussi qui ne s’était pas gêné pour frapper un élève de première année qui l’avait bousculé ; je n’avais pas d’état d’âme pour les Poufsouffle, c’était que des pauv’ nazes même s’ils étaient un peu moins pire que les Gryffondor quand même mais ça lui avait laissé une grosse trace rouge sur le coup et il avait pleuré, donc ça voulait dire qu’il avait eu mal… hum.

Peut être qu’il l’avait mérité après tout. En tout cas, je ne me mêlais jamais aux autres maisons, parce que j’avais rien à leur dire et ils étaient tous nuls puisque c’était les Serpentard les meilleurs. Par principe donc, je me mettais toujours à côté d’Ana Falkowsky en cours d’Etude de Runes. J’avais tout de suite retenu son nom ; il avait une consonance qui m’était familière donc c’était largement plus simple de m’en rappeler, alors je m’étais dit qu’elle devait venir comme moi, de ces pays là. Parfois le soir avant de dormir quand je pensais à plein de choses ou à comment détester Hansen encore plus que ce n’était déjà le cas, je me disais qu’il fallait que je lui demande, mais je l’avais jamais fait parce qu’elle parlait pas beaucoup et que moi non plus et que lancer les conversations de plein gré, je le faisais pas. On avait eu l’occasion d’échanger une ou deux fois, mais comme il y avait d’autres personnes de notre maison dans la salle commune à ce moment-là, on pouvait pas dire qu’on soit intime. Pas du tout même.

J’avais grogné dans mon coin, mais m’en était rendu compte trop tard qu’Ana avait dû m’entendre mais je m’en foutais ; elle allait penser que j’étais une sauvage, en fait les gens ils aimaient bien penser ça et c’était archi faux parce que c’est pas parce qu’on vient du même pays et de la campagne qu’on est un plouc de service, mais alors je faisais exprès de leur donner raison quand c’était comme ça et la plupart du temps ils avaient peur et moi ça me faisait bien rire et c’était bien fait pour eux ! Mais je détestais ça de faire des exercices en cours, parce que c’était limité dans le temps et il fallait aller vite. J’avais besoin de me concentrer moi quand je voulais bien y mettre un peu de mien et quand on me pressait, j’arrivais pas à faire quoi que ce soit de productif et du coup j’en étais d’autant plus irritable.

Il y avait le livre entre nous deux ; je laissai à Ana le soin de nous trouver la bonne page et ce qu’elle mit un instant à lire, j’eux besoin de deux fois plus de temps, parce que je comprenais plus ou moins, mais y’avait des mots que je connaissais pas et je bloquais dessus, et ça m’empêchait de comprendre l’exact sens de la définition. Voilà, j’en avais marre. Je poussai un soupir d’exaspération en enviant ma camarade, qui elle, même si elle avait un nom à couper au couteau comme le mien, n’avait aucune difficulté. La chance. Ce n’était probablement pas pour la même chose mais elle souffla également et me fit écho, ce qui me fit légèrement sourire.

-T'en penses quoi? On reformule en faisant un peu à notre sauce ou on écrit le strict minimum?


Je fis mine de réfléchir pour faire croire que je m’intéressais un minimum à ce qu’on faisait alors que j’en avais rien à faire. Et visiblement, je n’étais pas la seule… Mais parfois quand on donnait l’impression qu’on s’investissait un tantinet dans son travail, on était ensuite inspiré. Parfois.

- On interprète, en fait c’était parce que c’était beaucoup plus simple pour moi de faire comme ça. Parce que pour reformuler, il fallait connaître plein de mots savants et moi ces mots savants, je ne les avais pas. Enfin… j’avais pas trop envie de me faire chier avec ça, et vu sa question il y avait tout à parier qu’Ana aussi. On fait genre.

En gros : on invente. A partir de la base qu’on avait, ça pouvait encore ne pas être trop difficile. Mais même ça, ça me motivait pas et en fait j’avais beau lire et relire la phrase elle rentrait par une oreille pour ressortir par l’autre. Quand la brune se pencha vers quelques lignes plus loin, je fis de même machinalement, mais je n’avais pas lu le premier vers que je compris que c’était une espèce de poésie de gnognotte et m’éloignai sans même prendre la peine de lire la suite. Déjà que quand les phrases étaient simple il suffisait d’une lettre pour que je pige rien, alors la borderie, n’en parlons pas !

-Inutile de compter sur ces poèmes. Tu les as lus? Ils sont à peu près aussi clairs que les définitions elles-mêmes.

Ah bah comme ça… déjà on savait qu’on allait pas s’appuyer là-dessus. Ca allait vraiment devenir de la libre interprétation, dans pas longtemps…

-Kasperek, c'est ça?

- Oui
, elle s’était souvenue de moi.

J’eus un élan de fierté qui gonfla ma poitrine ; c’était strange, mais ça me conférait une petite importance, et je trouvais que ça m’allait bien. Un peu plus en confiance à présent que nous avions échangé et que j’avais le sentiment qu’elle n’était pas sur la défensive comme l’étaient certains quand il savaient qu’ils devaient se mettre avec moi parce qu’ils me considéraient comme la cinquième roue du carrosse (connards) j’osai formuler ce qui me turlupinait depuis le début. Je pointai du doigt le mot bétail, dont je ne comprenais strictement pas le sens.

- Ça veut dire quoi, ça ? Parce que c’était quand même ce que désignait la rune. Alors si je savais même pas ce que c’était, on était bien mal barrées pour la suite.
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Ana Falkowsky


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MessageSujet: Re: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeDim 18 Nov - 20:09

A chaque fois que je m’ennuyais en cours –c'est-à-dire relativement souvent- je me demandais ce qui avait pu passer par la tête des quatre créateurs de Poudlard pour qu’ils choisissent certaines matières à enseigner comme l’Etude des Moldus, la Botanique, l’Histoire de la Magie… l’Etude des Runes. Je veux dire, qui pouvait ressortir d’un de ces cours et trouver qu’il avait appris tout un tas de trucs passionnants ?! Personne ! Même les Serdaigles ne pouvaient pas y prétendre sans être vrrrrrraiment hyprocrites –et parfois ils l’étaient. Mais je crois que la palme des personnes les plus à plaindre là dedans revenait bien à ceux qui enseignaient ces matières là : ils se levaient avec, se couchaient avec, vivaient avec. Prenez Mr Fleming par exemple ; à quoi il occupait ses journées ? A apprendre à des gosses qui s’en fichent royalement la signification de symboles ayant mille ans de plus que lui et que plus personne n’utilisait.

Mais après tout, il était payé, logé et nourrir pour ça, et puis son travail s’apparentait plus à du mannequinat qu’autre chose, au final : dès le moment où il entrait en classe, l’attention féminine générale n’était plus fixée que sur le mouvement de ses lèvres, ou en train de se perdre dans le bleu de ses yeux. Des trois profs canons que l’on avait, je crois qu’au final, c’était lui qui avait le plus de succès ; Mr Doherty captivait surtout les filles lorsqu’il était de dos, et Mr Sawyer n’avait que très peu l’occasion d’être regardé, si l’on ne voulait pas se faire mordre pas la plante potentiellement dangereuse que dont on était en train de s’occuper.

Je tournais la tête autour de moi et constatais qu’en effet, à défaut de l’écouter, toutes les filles de la classe
buvaient les paroles de ce pauvre Mr Fleming. Qu’est ce qu’elles imaginaient ? Qu’elles avaient une chance un jour de faire balancer son cœur alors qu’il aurait l’âge d’être… leur (très) grand frère ? Je n’avais rien contre la différence d’âge dans un couple, mais il y avait des limites. Bref, voilà donc le genre de pensées qui traversaient mon esprit durant les cours ennuyeux qui occupaient la plupart de mon emploi du temps. Et elles n’étaient interrompues que dans les moments comme celui-ci, où l’on avait à faire des travaux en commun. Je questionnais ma voisine qui avait l’air aussi passionnée que moi.


- On interprète. On fait genre.

J’eus un petit sourire en constatant qu’elle était effectivement aussi intéressée par le travail qu’on pouvait l’être avec un sujet aussi ennuyeux. Non seulement sa solution me convenait, mais en plus elle avait le bon goût de ne pas être de ceux qui parlent pour rien dire et font des phrases interminables ; et ça, croyait moi, c’était un talent que je savais apprécier pour avoir côtoyé Ruby durant de longs mois.

…Oh, et qu’elle dégage un peu de ma tête, elle.

Je hochais la tête en direction de ma voisine pour lui montrer mon accord et entrepris de commencer à « faire genre », avant de tomber sur le fameux poème qui était sensé nous apporter un peu d’aide, j’imagine, et qui, au lieu de ça, nous embrouillait encore plus, si c’était possible. Ma voisine sembla accueillir avec la même perplexité que moi ce poème, et du en déduire en même temps que moi que l’on allait vraiment devoir y aller en Freestyle. Elle me répondit par l’affirmative lorsque je lui demandais confirmation de son nom, et je me sentis contente d’avoir non seulement réussi à retenir un nom -ce qui n’était décidément pas mon fort- et pas des moindres ! Moi qui trouvais que Falkowsky était déjà un nom relativement compliqué…


- Ça veut dire quoi, ça ? me demanda ma voisine en pointant un mot du doigt.

Je ne sais pas si c’est sa phrase en elle-même qui avait fait que pour une fois, je prêtais réellement attention à son accent, ou si ce n’était qu’une coïncidence, le tout étant que je réalisais pour la première fois qu’elle n’était pas d’ici. Pourtant, son accent n’était pas franchement cacher, à vrai dire il était même à couper au couteau ; mais j’étais devenue tellement distraite et inintéressée ces derniers temps que je n’y avais même pas fait attention. A bien y réfléchir, même son nom, dont je m’étais félicitée un peu plus tôt de m’être rappelée, avait des consonances familières et sa manière de parler me rappelait quelque peu… la famille de mon père ? Je la toisais un instant comme si je la voyais pour la première fois, parce que vraiment, cette « révélation » m’en bouchait un coin. Non pas qu’elle soit étrangère, ça ce n’était pas extraordinaire, mais que je n’ai jamais remarqué les…similitudes.

Je cessais de la dévisager ainsi en baissant les yeux, et mon regard retomba sur le mot « bétail » où son doigt était toujours posé. Le bétail, le bétail, le bétail… j’avais bien une vague idée de ce que c’était, globalement, mais… comment on définissait ça ??? Enfin j’allais devoir faire un effort car c’était quand même la signification clé de la rune donc si elle ne comprenait pas ça, on était dans de beaux draps…


-Le bétail c’est euh… des animaux qu’on élève… et qui sont… en troupeaux… tu vois ? finis-je par demander en désespoir de cause, parce que parmi les mots les plus faciles à définir, « bétail » n’en faisait pas partie.

Mais aussitôt, je me demandais si je n’avais pas encore utilisé des mots qu’elle ne serait pas capable de comprendre, comme troupeau ? C’était bizarre de surveiller ce que l’on disait, parce qu’à Poudlard, bien qu’il y ait deux-trois étrangers, la plupart étaient grosso-modo anglophones et la question de la langue ne se posait pas. Mais je songeais que pour ceux dont ce n’était pas le cas, ils devaient se sentir bien bêtes lorsque la conversation se faisait savante, notamment s’ils avaient atterris chez les Serdaigles ! J’eus un élan de compassion –si, si, ça m’arrivait- pour la fille, car bien qu’elle ne soit pas chez les bleus et bronze, elle avait quand même du en avoir ras le bol de se taper 24h/24 une langue si différente de la sienne.


-Désolée, dis-je simplement, parce qu’il semblerait que les excuses venaient d’elles mêmes ces derniers temps. J’avais pas capté que tu ne parlais pas… enfin que tu venais… d’où, d’ailleurs ?

Je fus bien contente d’avoir réussi à faire un pont et enchaîné sur autre chose, parce que décidément les excuses c’était bien beau de les sortir, mais l’argumentation derrière, c’était insupportable ! Et puis l’idée qu’il y ait quelqu’un d’autre qui vienne potentiellement du même coin que moi, ou plutôt mon père, ça me faisait bizarre. La plupart des gens ici étaient du purs anglais, ou alors des irlandais ou américains, enfin quelque chose comme ça. Mais des polonais, ça, ça ne courait pas les rues ! Aussi, la probabilité qu’elle soit de ce pays même était plutôt faible, mais de toute façon, ça ne changerait pas grand-chose.

Ce n’est pas comme si j’y étais née, ou y avait vécu. La Pologne n’était rien d’autre pour moi qu’un symbole de mon père, me rappelant au passage le côté de mon sang qui n’était pas sorcier.
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MessageSujet: Re: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeMar 20 Nov - 18:35

Rendre un devoir incomplet ne me dérangeait pas. Ce ne serait ni la première, ni la dernière fois que ça arrivait et ils frôlaient le plus souvent le D que le O, mais ça m’était bien égal parce que c’était pas une lettre à la con sur un morceau de parchemin qui allait définir ce que j’étais dans la vie et surtout ce que j’allais faire plus tard. Je n’avais jamais été très douée en classe parce que je n’aimais pas trop garder le cul assis sur une chaise écouter un adulte raconter des choses qui ne m’intéressaient pas ; quand c’était le cas, c’était toujours pareil, on devait se contenter d’imaginer mais pas de vivres ces aventures pour de vrai, et c’était chiant alors je finissais toujours par décrocher du cours et regarder par la fenêtre le soleil qui semblait vouloir écraser la structure de notre école tellement il faisait chaud dehors ou bien quand la pluie verglaçante venait se coller contre les vitres et glisser lentement jusque dans les rainures.

Donc Flemming, content ou pas, pfff, rien à faire. Travailler en binôme aurait pu me faire culpabiliser et l’envie d’y mettre un peu du mieux aurait ainsi pu se manifester, parce que ce n’était pas bien de faire couler son camarade qui lui n’avait rien demander à la base… mais ça c’était un discours de Serdaigle prétentieux, non en fait non on va dire Gryffondor, parce qu’eux ils avaient tous les défauts du monde et tous les élèves qu’on voulait pas ailleurs. Ils se partageaient la donne avec Poufsouffle. C’était ce que mes amis disaient tout le temps. C’était ce que je disais avec eux. En plus Ana n’était pas plus motivée que moi ni optimiste quant à la suite des opérations ce qui ne renforçait en rien mon envie d’y mettre un peu du mien et même si ça avait été l’inverse, ça m’était bien égal de la planter ou pas… mais là ça tombait bien parce qu’en l’occurrence on s’en tapait toutes les deux, et ça renforçait légèrement ma sympathie pour elle. Nous étions deux contre tous et si d’après les lois de la statistique on aurait dû se retrouver en position de faiblesse, tout à coup, je me sentais beaucoup plus forte.

Mais ça c’était avant l’arrivée du « bétail ».

-Le bétail c’est euh… des animaux qu’on élève… et qui sont… en troupeaux… tu vois ?

Je fronçai les sourcils ; peut-être que ça allait m’aider à y voir plus clair tout en réfléchissant sur les termes qu’elle venait de prononcer. Je voyais plus ou moins de quoi il s’agissait, oui, elle avait raison ! Mes traits se détendirent sous le coup de la compréhension, et je lui donnais même un exemple pour lui signifier que j’avais bien compris, mais aussi pour avoir un peu comme une confirmation de sa part :

- Oui dans les parcs, il y en a plein chez moi ! M’exclamai-je parce que j’étais toujours un peu fière de saisir enfin quelque chose que je n’arrivais pas à comprendre, alors j’avais parlé un peu plus fort et certaines têtes c’était tournées vers moi.

Automatiquement je peignais un air peu affable sur mon visage en réponse pour dissuader quiconque de faire une remarque et chacun se remit presque toute de suite dans ses propres interprétations. Quoi si en plus on devait se comporter comme si on devait veiller un mort alors qu’on analysait juste des débiles de Runes à la noix de pécan, on allait pas s’en sortir !

Chez moi… c’était vite dit comme maintenant on habitait à Londres, en ville, donc les champs on pouvait les exclure, mais comme après tout j’avais passé presque toute ma vie dans un autre pays, ça ne comptait pas vraiment… J’y restais attachée malgré tout, parce que c’était mes racines et que je n’en avais pas honte. Ce que je regrettais par contre, c’était les liens du sang que j’étais obligée de me coltiner à cause d’une personne particulièrement…

D’accord, mais ensuite ? En fait, ça ne m’aidait pas plus que ça, j’y voyais moins flou comme si on avait posé la bonne paire de lunettes sur mon nez mais il voulait qu’on en fasse quoi de tout ça après Flemming ? Ça allait nous apporter quoi de connaître la signification de trois Runes qui se battaient en duel ? Il était vraiment trop chiant ce cours ! Je ne voulais pas m’y mettre !

-Désolée. J’avais pas capté que tu ne parlais pas… enfin que tu venais… d’où, d’ailleurs ?


Je haussai les épaules pour lui montrer que ça n’avait pas grande importance, au contraire, parce que ça me faisait me sentir normale, pas comme la bête curieuse qu’on prend pour une grosse débile parce qu’elle accentue trop certaines syllabes. Mais vraiment qu’est-ce qu’on en avait à faire tant qu’au final on me comprenait ! Surtout que je me débrouillais beaucoup mieux qu’avant non mais dites !

- Je me suis améliorée, tins-je quand même à lui montrer, avec une petite pointe d’orgueil, parce que ce n’était pas facile d’apprendre une langue ! J’étais sûre qu’ici tout le monde rechignerait à se mettre au polonais demain ! Tous des lopettes, il n’y avait pas photo…

Mais discuter avec Ana ne me dérangeait pas ; elle était à Serpentard, et ces derniers temps je me sentais d’une affinité toute particulière avec eux alors j’étais nettement plus conciliante à papoter en leur compagnie qu’avec quelqu’un d’une autre maison, et comme ça, ça permettait de repousser dans un peu plus longtemps l’interprétation qu’on était censé faire. C’était qu’un exercice en plus il allait pas nous demander de le lui rendre, son maudit torchon, le Flemming ??

- J’habitais en Pologne, lui expliquai-je. Naturellement, j’allais lui demander où est-ce qu’elle savait que c’était, parce qu’on posait toujours la question : les gens mélangeaient toujours avec les pays qui étaient à côté et ils comprenaient pas pourquoi ça m’énervait alors que si moi je confondais l’Ecosse de l’Angleterre je m’en tirais avec limite un procès collé aux fesses ! Tous des gros nazes de chez nazes en Grande Bretagne !

Mais je me souvins que justement si cette fille m’avait interpelé dès le début, c’était justement à cause de son patronyme. C’était l’occasion de lui poser franchement la question alors… ?

- Je connaissais un Falkowsky dans ma classe, avant, aucune chance qu’ils aient un quelconque lien de parenté à mon avis, surtout que là où je vivais c’était un coin perdu, mais j’avais fait le rapprochement. Je voulus en rester là et voir comment elle réagissait, mais j’étais devenue un peu curieuse tout à coup, comme si je me sentais plus proche d’elle alors qu’elle n’avait en rien confirmé ses origines parce qu’avec un nom comme le sien, elle n’était pas anglaise pure souche, fallait pas déconner ! Mais en tout cas, cela me poussa à poursuivre : alors toi aussi tu viens de là bas ? C’était un peu vite m’avancer dans mes suppositions parce qu’elle pouvait venir d’autres pays qui avaient les même consonances au niveau des noms de famille, mais elle pourrait toujours couper net à mes élucubrations si c’était faux. Je préfère les paysages de Pologne que de Grande Bretagne, lui confirmai-je comme si elle voyait de quoi je parlais en me rasseyant bien au fond de ma chaise.

Mais je ressentais toujours ce sentiment un peu particulier que je ne pouvais clairement définir à chaque fois que j’abordais le sujet. Nous avions fui le pays pour une raison bien particulière même si c’était une solution extrême, mais c’était pour notre bien. Pourtant, à Londres, dans notre appartement miteux qui puait l’humidité, j’étais incapable de me sentir chez moi.
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MessageSujet: Re: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeMer 26 Déc - 0:30

(Pardoooon du retard !! é_è)

Il y avait dans chaque maison une entente entre les élèves qui lui était propre. Bien sûr, je n’avais jamais fait l’expérience de me glisser dans la peau d’un Gryffondor ou d’un Serdaigle pour voir comment ça se passait avec ses camarades, mais on se faisait une meilleure idée de l’extérieur. Et je pense pouvoir affirmer que, de ce que je vois, c’était notre lien, à nous, les Serpentards, qui était de loin le plus fort. Je ne parle pas d’amitié ou de ce genre de choses, bien sûr, car il n’en existe pas beaucoup, dans nos murs. Nous nous adressions peu la parole, et la plupart du temps, ce n’était pas franchement aimable, mais subsistait entre nous tous quelque chose que les autres maisons n’avaient pas. Comme de l’entraide, une entraide mutuelle, rien à voir avec les Serdaigles qui se testent mutuellement avant un contrôle. On, comment dire… se comprenait, la plupart du temps, sans avoir à dire un mot. La plupart du temps, je dis bien, parce qu’avec certaines personnes, ça ne passait vraiment pas –mon esprit se dirigea vers Winter, qui décidément, m’avait laissé une forte impression.

Mais dans l’ensemble, les disputes entre verts et argents étaient plutôt rares, voire inexistantes car la majorité préférait les coups bas aux démonstrations de colère. Et bien que je ne sois toujours pas en mesure de considérer cette maison comme la mienne, c’était dans des moments comme celui là que je me disais que j’étais quand même rudement bien tombée. N’importe quel élève d’une autre maison m’aurait cassé les pieds à parler, jusqu’à que je le remette à sa place, après quoi il aurait boudé comme un enfant de cinq ans. Alors qu’avec les Serpentards, à part quelques attardés, aucun risque que ça ne m’arrive ; on savait juger rapidement si l’autre était du genre loquace ou non –et bien souvent la réponse était non. Dans ces cas-là, on savait se la fermer. Et à mon sens, c’est ce qui faisait notre unité, cette capacité à comprendre quand l’autre ne veut pas parler. Ça valait toutes les prétendues amitiés et autres liens futiles qu’avaient les autres maisons.

Kasperek était une parfaite petite Serpentarde. L’air froid et désintéressé, mais manifestement intelligente et juste ce qu’il faut de méchanceté. Oh, je ne la connaissais pas, mais la salle commune n’était pas bien grande et il m’arrivait d’entendre les conversations des autres ; elle n’avait pas échappé à la règle. Elle traînait, il me semblait, avec une petite bande de Serpentards en puissance, le genre qui ne fait pas les choses à moitié : bizutage de Gryffondors, coups montés… c’était là la plus grande activité des gens de ma maison. Au départ, elle ne m’avait pas vraiment semblé faire partie de ceux-là, mais il faut croire que les préjugés concernant les maisons avaient fini par lui monter à la tête, elle aussi. On pouvait le nier autant qu’on le voulait, c’était ce qui nous arrivait, un jour ou l’autre. A tous.


- Oui dans les parcs, il y en a plein chez moi !

Je retins un soupir de soulagement –elle avait réussi à comprendre l’idée que j’avais essayé tant bien que mal de faire passer, et quelque part, je l’en félicitais car je n’étais pas sûre qu’à sa place, j’aurais compris, tant j’avais mal expliqué. Elle avait répondu assez fort, et plusieurs élèves s’étaient retournés, certains agacés d’être dérangés, et d’autres, au contraires, avides d’avoir quelque chose à quoi s’intéresser. Mais en bonne Serpentarde qu’elle était, elle ne mit pas plus d’une demi seconde à les faire ses retourner, ce qui m’arracha un demi sourire. Encore un de nos talents : faire comprendre aux autres, lorsqu’ils n’y arrivaient pas par eux-mêmes, qu’ils feraient mieux d’aller voir ailleurs si on y était !

Lorsque je compris enfin que ma camarade n’était pas originaire d’ici et qu’elle ne parlait donc pas parfaitement notre langue, et lui en fis part, elle haussa nonchalamment les épaules.


- Je me suis améliorée, me dit-elle, et le souvenir d’une vieille conversation, tard le soir dans la salle commune me revint en mémoire.

C’était l’an dernier, on s’était retrouvé à parler, à quatre ou cinq, d’un moyen de faire gagner des points à Serpentard. La discussion n’avait abouti à rien au final, et s’était sans doute pour ça que je ne m’étais pas rappelé avoir déjà parlé à Kasperek avant. Mais à présent, je me rappelle de son accent à trancher au couteau, de sa difficulté à s’exprimer et même de l’agacement que cela avait provoqué chez l’une des personnes ce soir là. Oui, c’est vrai qu’en comparaison avec cette époque, son anglais s’était considérablement, même incroyable améliorée. Je hochais la tête pour lui dire qu’en effet, ses progrès étaient visibles.


- J’habitais en Pologne, m’apprit-elle.

Je pris bien garde à n’avoir aucune réaction, encaissant l’information comme si elle m’avait parlé du temps qu’il ferait demain. De toute façon, ce n’était pas plus important, à vrai dire, ça l’était même moins. Alors pourquoi est-ce que j’avais à feindre que ça me faisait ni chaud ni froid ? Je n’avais tout de même pas honte de mes origines ?


- Je connaissais un Falkowsky dans ma classe, avant. Alors toi aussi tu viens de là bas ?

Je failli tressaillir. Bon, visiblement, elle avait fait le lien, d’ailleurs pas si dur à faire, de mon nom de famille. Je maudis en cet instant mon père d’avoir un nom si banal, ou même, d’avoir de la famille là bas, car qui sait, coïncidence pour coïncidence, peut-être avait-elle rencontré un cousin dont je ne connaissais même pas l’existence. Bon, qu’elle était la meilleure chose à faire, à présent ? Après tout, qu’est ce que ça pouvait bien faire qu’elle sache que mon côté paternel venait de Pologne ? Je ne comprenais pas cette espèce de gêne que je ressentais à cette idée, alors je décidais d’en faire abstraction.

-Oui, j’ai de la famille, là bas, nuançais-je, parce que moi j’étais bel et bien anglaise et ne tenais pas à être mise dans le même panier qu’eux… moldus qu’ils étaient. Ça a du être dur de passer du polonais à l’anglais non ?

Car de ce que j’avais entendu, les rares fois où ma famille de là bas nous avait rendu visite, les deux langues n’avaient rien à voir. C’était…indéfinissable, ces consonances et manières de parler qui étaient si différentes. Voir mon père le parler avec ses parents avait été, étrangement, quelque chose de désagréable, car j’avais eu l’impression qu’ainsi, ça le rendait plus moldu. Moi-même, j’avais refusé de leur dire un mot, consentant à peine à les saluer. Je n’avais pas horreur des moldus ou quoi que se soit, bien sûr, mais je trouvais qu’ils n’avaient rien à faire dans un arbre généalogique de sorciers. Et encore moins dans une maison de sorciers.

Papa et maman s’étaient sans doute attendus à une telle réaction de ma part, et m’avaient volontairement caché le fait que mes grands parents étaient moldus, avant de tenter de m’apprendre quelques mots de Polonais pour préparer leur arrivée. Ce que j’avais fait, de mauvaise grâce, mais fait néanmoins. Et la veille de leur arrivée, ils m’annonçaient qu’ils étaient en fait dépourvus de pouvoirs magiques. Alors je n’eus jamais l’occasion de les leur dire, ces quelques mots en Polonais. Alors à défaut de jamais l’avoir fait, j’en fis part à Kasperek, sans vraiment de raison, simplement sur un coup de tête.


-Je m’appelle Ana, lui dis-je dans un Polonais très maladroit.

Je baissais les yeux rapidement après ce petit « écart » qui ne me ressemblait pas, mais je m’étais laissé emportée par mes pensées et le moment m’avait semblé, sur l’instant, bien choisi. A la réflexion, c’était plutôt stupide, car si c’était pour sortir une phrase comme « je m’appelle Ana », j’aurais mieux fait de me taire. Je savais bien que je n’aurais jamais du me laisser embarquer sur ce sujet, tout ce qui touchait à mon père, et par extension à mes parents me portait toujours la poisse de toute façon !
…D’accord, mettre sur le dos de mes parents mon accent Polonais minable était peut-être un peu gonflé.


-Je préfère les paysages de Pologne que de Grande Bretagne.

Sa réflexion me prit de court. Je ne m’étais pas vraiment posé la question d’à quel pays allait sa préférence, mais après cette déclaration, ça me semblait plutôt clair. Il n’y avait probablement pas que les paysages, qu’elle préférait. Sans être jamais allé en Pologne, je pouvais sans mal comprendre ; tout ce que j’avais vu de l’Angleterre me laissait de marbre, niveau beauté : c’est juste des villes, grandes et grises, et des champs. Rien qui ne vaille le détour. Alors ça ne devait pas être bien difficile de faire mieux. Je me demandais un vague instant à quoi ça ressemblait, la Pologne. Je ne savais rien à rien dessus, pas même si c’était un pays chaud ou non. J’avais à la rigueur une vague idée d’où ça se situait, mais je le devais davantage aux cours qu’à mon père ; bref, si ce n’est mon nom, rien ne pouvait laisser à supposer que je venais de là-bas.

-Je n’y suis jamais allé, confiais-je, faute de pouvoir appuyer ou contredire ses propos. Pourquoi tu en es partie, si c’était mieux là bas ?

Après tout, tout valait mieux que de travailler, alors pourquoi ne pas poser quelques questions à ma camarade ? Le fait que l’on vienne du même endroit, même à des degrés différents, avait inexplicablement piqué ma curiosité.


Dernière édition par Ana Falkowsky le Ven 28 Déc - 19:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeVen 28 Déc - 15:28

Jamais il ne m’était venu à l’esprit de blâmer mon père d’avoir pris la meilleure des décisions en quittant notre terre natale. Pour autant, n’avais-je donc pas le droit d’avoir le mal du pays ? Même si les mauvais souvenirs étaient plus nombreux que les bons, il y avait des moments passés là bas qui étaient inoubliables ; après tout, j’estimais que la Pologne était mon sang et je ne pouvais pas nier ça. Parfois, je me disais que le simple fait d’avoir déménagé à l’autre bout de la région aurait pu suffire tout en sachant que même à présent à Londres, j’avais toujours cette crainte de la voir débarquer à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, comme un fantôme mais qui n’était pas passé de l’autre côté et qui par conséquent pouvait encore nous faire du mal. Combien de fois n’avais-je pas espéré qu’elle disparaisse ? Un accident, une crise, n’importe quoi qui aurait été en mesure de la faire partir pour toujours, qu’elle ne devienne plus une forme abstraite qui avait pendant longtemps dessiné nos vies mais qui au moins ne pouvait plus rien contre nous. Parce que malgré tout, malgré tout… subsistait encore et toujours le doute.

-Oui, j’ai de la famille, là bas.

Le cours de Runes de Flemming était passé au second plan depuis plusieurs minutes ; ne pas savoir les analyser n’allait pas compromettre ma deuxième année à Poudlard, il ne fallait quand même pas exagérer ! Je me mis à imaginer ma camarade dans les champs que j’avais pendant longtemps arpenter, même si déjà que les chances de rencontrer à l’école quelqu’un aux même origines, en plus d’être du même patelin, statistiquement parlant, c’était très faible ! C’était un raisonnement idiot, mais je me sentis immédiatement plus proche d’elle, alors que nous ne nous étions quasiment jamais adressé la parole jusqu’à maintenant, que le reste de Poudlard, juste pour ce détail qui pourtant montrait bien qu’il avait son importance. Après tout, tous les gens d’ici venaient majoritairement du Royaume Unis, et pourtant les divergences étaient nombreuses, mais là pourtant, je voyais la Serpentard comme une alliée, d’une part parce que nous étions en infériorité numérique, et puis nous partagions la même maison, et ça, c’était sans doute l’un des éléments non négligeables à prendre en compte.

- Moi aussi, ils sont tous restés. Je ne parlais pas de ma mère parce que je ne l’incluais pas, mais il y avait ses parents à elle que nous n’avions vu que peu de fois et pour lesquelles je restais indifférente parce que je les mettais automatiquement dans le même panier. C’était eux qui avaient engendré un monstre pareil, c’était uniquement et entièrement leur faute ! Et puis il y avait mes grands-parents du côté de mon père, qui eux me manquaient, qui avaient conforté mon père dans sa décision finale, même si ça incluait d’être séparés d’eux par des kilomètres de distance.

- Ça a du être dur de passer du polonais à l’anglais non ?

Pour moi, c’était effectivement une question qui tombait sous le sens, mais cela ne fit qu’augmenter la sympathie que j’avais vis-à-vis d’elle, parce que pour beaucoup ici, ils ne comprenaient pas pourquoi je mettais tant de temps à m’adapter et mon accent était loin d’approcher la perfection, même si avec les cours intensifs que j’avais pris cet été, une nette amélioration avait enfin été notable, d’autant que mine de rien, entendre l’anglais et devoir le parler tous les jours ici, à force…

- Oui, il y a encore pleins de mots que je comprends pas, parce qu'ils sont difficiles. Mais tu as vu... commençai-je toute ragaillardie pour une fois de me sentir comprise. Mais ils ne m’ont pas laissé trop le choix ici, j’ai été obligée de m’y faire, rajoutai-je en maugréant un peu, parce que décidément, me demander de faire tous ces efforts, c’était beaucoup me demander !

J’essayais de me pas parler très fort pour ne pas nous faire remarquer, au moins, comme nous étions au fond de la classe, ça limitait au moins un peu les probabilités de se faire prendre, même si cela faisait plusieurs fois que Flemming regardait dans notre directement et je n’avais pas trop envie de me faire interroger sur ces pauvres bouts de cailloux, à propos desquels, je ne savais pas quoi dire.

-Je m’appelle Ana.


Bien sûr, cela ne m’aida pas à me concentrer sur notre travail et l’entendre prononcer ce rythme de mots dans cette langue que je connaissais bien et mille fois mieux surtout, ne fit qu’agrandir le sourire que je lui adressais. Je repérai tout de suite qu’elle n’avait pas l’habitude de s’exprimer de cette façon ; elle avait un anglais bien meilleur que le mien aussi. Ça devait un peu ressembler à ça quand moi je m’exprimais autrement qu’en polonais, mais là, je l’avais compris, alors je ne voyais pas pourquoi les autres faisaient autant la fine bouche à toujours vouloir me faire répéter plusieurs !

-Je n’y suis jamais allé, m’expliqua t-elle, sans me laisser le temps d’en rajouter d’avantage.

Voilà qui m’était en lumière pas mal de choses ; je lui évoquais aussi des paysages qu’elle n’était pas en mesure de connaître parce qu’elle ne les avait jamais vu comme je l’avais pensé au tout début, mais ça ne me rebuta pas pour autant parce que pour la première fois depuis que j’étais au château je discutais avec quelqu’un sans me prendre la tête avec elle, parce que disons qu’avec le groupe… ce n’était pas pareil, on ne parlait pas des mêmes choses en tout cas.

- C’est dommage. C’est beaucoup mieux qu’ici, lui assurai-je sans vouloir en démordre. J’essayais de me mettre deux secondes à sa place, ce qui m’amena à… C’est comment ? De savoir qu’on est de quelque part, mais de l’avoir jamais vu ?

Parce que c’était un peu comme si on était de nulle part… mais est-ce que j’avais ma place quelque part moi aussi, puisque la fuite avait été notre dernier recours ?

- Pourquoi tu en es partie, si c’était mieux là bas ?

Rien d’étonnant, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même si maintenant elle me posait la question. Je n’arrêtais pas de vanter les mérites de la Pologne… ce n’était pas elle le problème de toute façon, mais il y avait une personne qu’elle renfermait qui me l’avait fait quitté moi et le reste de ma famille. Je me retrouvais être en exil pour notre propre sécurité, mais je n’avais pas trop envie d’en apprendre tous les dessous à Falkowsky, parce que j’avais peur, et poser des mots clairs sur ce dont j’avais peur, j’avais comme l’impression que cela n’allait que la renforcer et me porter malheur. C’était à la fois mon histoire, c’était à la fois ce que je voulais le plus oublier, et pourtant, inévitablement j’y revenais sans cesse, parce qu’aucune des portes que j’empruntais me permettaient d’en finir définitivement avec mon passé.

- C’est pour le travail de mon père, j’avais sortie à peu près le même genre d’éclaircissements lorsque Hansen m’avait posé la question. En plus, ce n’était même pas un mensonge. Il avait retrouvé quelque chose qui rapportait peut être une misère, mais c’était toujours mieux que rien. En attendant mieux. Donc j’ai pas eu le choix avec ma sœur.

J’eus un haussement d’épaules comme si c’était l’évidence même.

- Mais c’est pas grave. On y retournera sûrement. Plus tard. Un jour. J’estimais que je restais vague, mais même ça, est-ce que je pouvais en être certaine ? Je ne me voyais pourtant pas rester aussi loin de mes origines pour toujours, mais tant qu’elle était là bas… C’était comme s’il y avait des limites qu’on ne voyait pas mais qui étaient infranchissables. C’était mon ancien geôlier, ma limite. C’est juste temporaire, ajoutai-je quand même, comme si de cette manière, je cherchais moi aussi à m’en convaincre.

J’avais baissé les yeux, tout en jouant avec le bout des doigts avec un coin de ma feuille de parchemin. Oui, tout cela n’était juste que temporaire…

- Et pour Poudlard aussi. Mais mon père est allé à Durmstrang, et même s’il dit que c’est mieux ici, je crois qu’il se trompe. J’aime pas trop les gens de cette école, finis-je par lui avouer, parce que pour ça, je me sentais assez en confiance pour le lui avouer et surtout parce que je n’avais aucun confident au château pour expliquer le mal être que j’avais subi en première année, même si maintenant, ça allait un peu mieux.
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MessageSujet: Re: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeJeu 14 Fév - 22:30

Spoiler:

La Pologne... c'était assez abstrait pour moi. J'en avais bien vu des photos, des peinture, eus de longues descriptions de mon père, ça ne restait pour moi qu'un lieu sur lequel je ne pouvais pas mettre d'étiquette. J'aurais du m'en foutre éperdument comme je me fichais de tout, mais pourtant une part de moi restait encore inexplicablement rattachée à cet endroit où je n'avais pourtant jamais mis les pieds. La preuve en était que lorsque j'avais fait le lien entre Kasperek et le pays d'où elle venait, la manière dont je la voyais avait changé. Pas du tout au tout bien sûr, c'était quelque chose de subtil mais dès qu'on avait commencé à parler de ce pays que nous avions en commun, elle était passée de simple fille de ma maison à... Daphne Kasperek. Bref, elle sortait du lot maintenant, je retiendrais son nom et penserais sans doute à la Pologne à chaque fois que je la verrais maintenant -c'est à dire relativement souvent.

Avec tout ça j'en oubliais un peu, pour ne pas dire totalement le cours d'Etude des Runes, totalement perdue dans mes pensées, tiraillée entre deux manières de penser. Devais-je détester la Pologne par principe, juste parce que c'était relié à mon père, ou au contraire me laisser aller à m'y intéresser, puisque après tout une partie de mes origines était là-bas? Avant, la question ne se serait pas posé et j'aurais pris la première alternative sans hésiter, mais Kasperek et son visible amour pour son pays natal me faisaient me remettre en question. Encore une fois. Vu comme ça, ça me semblait débile de renier mes origines polonaises et m'en désintéresser simplement parce que c'était relié à mon père. C'était immature au possible, et je détestais cette sensation d'être encore une fois une gamine qui ne comprenait rien à rien.


- Oui, il y a encore pleins de mots que je comprends pas, parce qu'ils sont difficiles. Mais tu as vu... je hochais la tête en signe d'acquiescement. Mais ils ne m’ont pas laissé trop le choix ici, j’ai été obligée de m’y faire.

Ça ne me ressemblait pas de compatir, mais en cet instant j'eus quand même un peu d'empathie pour Daphne, parce que se sentir seule et différente en terrain hostile, c'était quelque chose que je pouvais comprendre. Enfin, ça dépassait quand même un peu ma limite de compréhension, parce que la barrière de la langue était à mes yeux plutôt énorme, surtout quand elles se ressemblaient aussi peu que l'anglais et le polonais. J'imaginais les gens parler, quand elle était arrivée, et elle qui ne devait absolument rien y comprendre; ils pouvaient parler d'elle juste sous ses yeux qu'elle n'y aurait rien compris. C'était quelque chose qui devait être très bizarre, et désagréable sans doute, mais à voir la hargne dont Daphne faisait preuve, je devinais qu'elle avait face à tout ça la tête haute, et avait réussi malgré tout à se faire une place. Ce que je lui admirais.

Ma lamentable tentative de parler polonais, qui était sortie comme ça, sans vraiment que j'y réfléchisse, ne la fit pas se moquer de moi comme j'aurais pu m'y attendre -ça aurait été logique vu mon accent à trancher au couteau- mais au contraire, agrandit un sourire que j'aurais plutôt qualifié de bienveillant. Je restais méfiante, parce que je l'étais de nature, et à fortiori quand les gens étaient gentils avec moi -ou du moins pas méchants. J'y étais si peu habituée que ça me semblait à chaque fois une ruse. Mais ce serait probablement pousser la paranoïa un peu loin, aussi, je décidais de laisser ma méfiance de côté -pour l'instant. Il ne fallait tout de même pas perdre de vue que Kasperek était une Serpentard, et donc capable du pire.

- C’est dommage. C’est beaucoup mieux qu’ici, répliqua-t-elle en réponse à mon aveu ne n'être jamais allée en Pologne.

-Je veux bien le croire.

Voilà qui confirmait ce que je pensais, si ça n'avait pas était assez clair. Et encore une fois, cela m'amenait à m'interroger sur ce à quoi pouvait ressembler la vie là-bas. Y avait-il une école de magie, comme ici ? Des petits polonais étaient-ils comme moi en cours à l'heure qu'il est, en train d'apprendre pleins de trucs ennuyeux? C'était très bizarre de voir les choses comme ça, moi qui n'avait toujours vu la Pologne que comme un pays chimérique, qui n'existe qu'à travers les tableaux et les mots. Mais entendre Daphne en parler, Daphne qui n'avait rien à voir avec ma famille, rendait ça beaucoup plus réel, et était aussi bien plus convaincant; à présent je me demandais si je m'y plairais, si comme elle ce pays me correspondrait plus que l'Angleterre. Ce n'était plus si impossible. C'était fou de voir à quel point j'étais influençable. Mais en même temps, Daphne mettait vraiment du cœur dans ce quel disait; elle ne mentait pas en disant à quel point elle préférait son pays d'origine.


- C’est comment ? De savoir qu’on est de quelque part, mais de l’avoir jamais vu ?

Je ne sus que répondre à sa question, pleine de bon sens, et qui devait inconsciemment me traverser l'esprit depuis qu'avait commencé cette conversation. Ma réponse fut sincère et spontanée:

-Bizarre. Je fronçais sans m'en rendre compte les sourcils, m'interrogeant franchement à présent. Je ne m'étais jamais vraiment posé la question jusqu'ici... ou j'ai inconsciemment évité de le faire, rajoutais-je, penchant finalement plus pour cette dernière solution.

Parce que je n'avais sans doute pas voulu penser que j'étais vraiment rattachée à la Pologne, parce que pour moi c'était toujours une symbolique de mon père, et donc diamétralement opposé à moi. Mais n'avais pas justement dit en avoir marre de penser de manière immature comme ça? La Pologne n'appartenait pas à mon père. Il y avait des tas de choses là bas, à commencer par mes origines. C'était vraiment étrange de voir à quel vitesse cette idée avait prit place dans ma tête et grandissait, grandissait pour maintenant réellement m'interpeller. A quoi ressemblait ce pays dont j'avais tant entendu parler sans jamais vraiment écouter?


- C’est pour le travail de mon père. Donc j’ai pas eu le choix avec ma sœur.

Je hochais une nouvelle fois la tête, car vu le ton d'évidence de Kasperek il n'y avait vraiment rien de plus à dire.

- Mais c’est pas grave. On y retournera sûrement. Plus tard. Un jour. Je haussais un sourcil perplexe devant le manque d'assurance dont elle faisait preuve maintenant, comparé à tout à l'heure. Là, elle ne me convainquait plus du tout. C’est juste temporaire.

Vraiment...? Pourquoi avait-elle l'air d'en douter, alors? Enfin, après tout, je devais sûrement me faire des idées, puisque j'avais en général à peu près tort sur tout. Elle ne devait simplement pas savoir quand elle y retournerait, précisément. Mais que se passerait-il, si c'était pendant ses études à Poudlard? Arrêterait-elle tout pour repartir vivre en Pologne et... aller dans une potentielle école? Les cours là bas étaient-ils les mêmes qu'ici? Les années correspondaient elles, les examens, les habitudes...? Plus la conversation se poursuivait, plus je me rendais compte que j'étais en fait pleine d'interrogations que j'avais toujours réprimées, et l'envie d'en savoir plus sur ce qui aurait du n'être rien pour moi.

- Et pour Poudlard aussi. Mais mon père est allé à Durmstrang, et même s’il dit que c’est mieux ici, je crois qu’il se trompe. J’aime pas trop les gens de cette école, me confia-t-elle.

Un léger sourire apparut sur mes lèvres en entendant ces derniers mots; et instantanément, ils me firent me sentir encore plus proche de Kasperek. Ainsi, elle non plus, ne se sentait toujours pas à sa place, ici? Ça m'étonnait un peu, vu qu'il me semblait l'avoir vue traîner régulièrement avec une petite bande de Serpentard en puissance, mais si elle le disait, et sur ce ton là, je n'en doutais pas. Et puis elle m'avait aussi apporté là réponse à une de mes questions; il y avait donc bien une école en Pologne. "Durmstrang", ce nom, sans m'être tout à fait inconnu ne m'était pas non plus franchement familier. Encore une fois, ma propre ignorance m'éberluait.

-On est deux, répondis-je. Pourquoi tu penses que c'est mieux là-bas? voulus-je tout de même savoir, parce que j'avais quand même envie d'en apprendre plus, sur cette école, sur ce pays, sur cette culture.

A l'entendre, Daphne était complètement fan de son pays natal, et au fur et à mesure de notre discussion elle me semblait vraiment ne pas aimer une seule chose ici. Je ne jugeais pas ça, même si l'Angleterre ne m'était pas détestable, en partie à cause du temps relativement confortable pour moi -pluie, froid, humidité-, mais c'était vraiment l'impression que ça donnait. Pourquoi n'était-elle donc pas restée là bas, puisque toute sa famille y était? Je n'étais pas de nature curieuse, mais ça faisait un non-sens, alors tant pis si ça dépassait un peu les limites qu'imposaient la politesse d'une première discussion; après tout j'étais une novice en la matière.

-Du travail, on en trouve partout, fis-je remarquer. Qu'est ce qui vous empêche de retourner là-bas?
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MessageSujet: Re: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeVen 22 Fév - 15:43

C'était de sa faute à elle. L'autre comme j'avais pris pour coutume de la nommer parce qu'elle n'était pas une mère pour moi et qu'une toute autre appellation que celle que je lui avais choisi aurait été lui faire bien trop d'honneur. Penser à elle était lui faire trop d'honneur. Mais les années passaient, et en attendant, elle s'imposait comme au premier jour alors qu'elle aurait dû progressivement disparaître dans les limbes de mes souvenirs les moins agréables jusqu'à s'effacer de façon définitive comme si elle n'avait jamais existé. Mais non. Elle était là. En Pologne, à l'autre bout du monde si elle le voulait, mais elle était là quand même et elle m'accompagnait comme elle devait sûrement accompagner Delilah elle aussi et contre son esprit on ne pouvait rien ; c'était une lutte qui m'indiquait comme étant la perdante, cette lutte que nous avions toujours mené, cette lutte qui même si en fuyant nous l'avions remporté, elle demeurait présente comme pour dire « Je te retrouverai » et pas que toi, mais ton père et ta sœur aussi, cette petite voix glaçante et sans aucune émotion qui remplissaient mes craintes et les alimentaient, comme le bétail (puisqu'on en parle) que l'on nourrie abondamment dans le seul but de l'emmener à l'abatoire...

-On est deux. Pourquoi tu penses que c'est mieux là-bas?

- Parce que je voulais aller dans la même école que mon père
, lui répondis-je parce que c'était déjà tout formulé dans ma tête.

Ils étaient tous les deux avec moi, mais en quelque sorte, c'était comme si elle m'avait tout pris : ma vie, mon avenir, mon école, mes amis. Qu'est-ce que je l'avais attendu pourtant ! Lorsqu'il avait été décidé qu'on allait quitter la maison pour toujours et que jamais plus elle ne serait le témoin des crises de violence dont nous avions été les victimes, mais au fond qu'y avait-il de satisfaisant dans l'acte de vivre dans l'exil forcé ? Je ne voulais pas de Poudlard quand mon père me racontait comment il avait appris la magie là bas : Durmstrang tel avait été le nom de mon lieu de repos quand j'avais été en âge de comprendre que moi aussi un jour j'allais faire mes études dans une école de magie. J'avais idéalisé mon père – il nous avait sauvé – j'avais idéalisé cet endroit qui était la place de toutes mes attentes mais dont les portes m'avaient été fermées, et dans cette entreprise, là encore je ne voyais en elle que la seule fautive, parce que si elle n'avait pas été ce qu'elle avait été, si nous n'avions pas su partir, si nous n'avions pas eu cette vie...

- C'est mieux parce qu'au moins, les gens te laissent t'intégrer, là dessus, j'en étais moins certaine mais papa ne m'avait jamais parlé de problème de ce genre. Ici on se moque de moi et ça m'énerve. Mon père me dit que je suis mieux ici qu'à Durmstrang, mais je suis pas d'accord.

Sans m'expliquer pourquoi il avait affirmé que Poudlard avait bel et bien meilleure réputation, et que j'allais rapidement y faire ma place. Je m'étais déjà plus facilement intégrée cette année que la précédente... Mais ça ne changeait rien au reste !
- Et toi pourquoi t'aime pas Poudlard ? J'eus un instant de pause. On peut ne pas l'aimer à deux si t'as envie.

Je souris de ma proposition, parce que même si Ana ne connaissait rien de la Pologne, pour moi, elle était quand même de mon côté, de mon côté parmi tous les autres, et une alliée, c'était ce qu'il me manquait dans cette école. Il y avait les autres Serpentard avec lesquels je restais, mais en ce moment... Eux aussi ils m'agaçaient de plus en plus et ce n'était plus aussi amusant qu'au début, du moins ce n'était pas amusant lorsqu'il fallait frapper les gens...
directement. Sans qu'elle le sache, elle me déliait la langue également, ce n'était pas comme avait Sebastian qui posait des questions car je gardais après tout une perpétuelle méfiance vis à vis de lui, alors qu'avec Ana, que nous soyons dans la même maison et des mêmes origines... c'était comme si nous avions alors plus de choses à partager ensemble, en tout cas, ça me donnait envie de partager plus de choses avec elle, alors qu'avant de rentrer en cours, je n'avais pas idée qu'elle était aussi de là bas et que j'allais me sentir soudée à elle en l'espace d'une heure seulement, par rapport aux autres élèves que je saluais tous les jours...

-Du travail, on en trouve partout. Qu'est ce qui vous empêche de retourner là-bas?

Les affinités avaient beaux être avantagées grâce à nos points communs, il n'en restait pas moins qu'il y avait des sujets... qui ne la regardait pas. Parler de l'autre, c'était comme de la valoriser, la mettre sur un piédestal surtout si je lui expliquais qu'elle était la raison de notre départ et que c'était elle qui avait toutes les raisons de nous avoir fait fuir et non pas l'inverse. Je m'étais raidie sur ma plume parce qu'en même temps que nous discutions j'étais en train d'écrire n'importe quoi sur mon parchemin pour garder l'illusion que nous étions bien en train de parler de notre travail et commun et rien d'autre.

- C'est parce que c'est une mutation, éludai-je vaguement, ayant encore bien trop d'orgueil pour dire que la vraie raison relevait d'une bonne femme tyrannique qui avait bien su tromper son petit monde durant de nombreuses années. C'était une opportunité et il n'a pas un poste très important, on lui a pas laissé le choix que de dire oui.

Ça ne me dérangeait pas de m'enfoncer dans les mensonges parce que c'était la même excuse que je donnais le plus souvent parce qu'elle n'était pas la première à m'avoir posé la question et à chaque fois que je m'expliquais auprès d'une nouvelle personne, j'étais de moins en moins gênée de mes invention. Ce n'était que la vérité qui était embellie : réparer des objets magiques cassés et être payé une misère, ce n'était pas le job rêvé et lorsqu'il avait évoqué le fait de vouloir éventuellement quitter le pays, c'était l'Angleterre qu'on lui avait proposé et que c'était pas trop la peine de faire la fine bouche en gros. Alors oui en Pologne il y en avait des autres boulots, mais elle foulait la même terre et... j'étais peu à peu en train de me rendre compte qu'elle m'effrayait bien plus que je ne l'avais imaginé et la savoir à l'intérieur de la même frontière avait développé chez moi cette angoisse de dresser le plus d'obstacles et de barrières entre elle et moi ; c'était aussi un nouveau départ pour nous, nouveau départ auquel j'avais bien du mal à m'y faire et c'était contradictoire : ma maison me manquait, et j'étais nostalgique des espaces immenses dans lesquels nous courrions car ils se passaient des choses bien trop horrible au sein même des murs pour les regretter. Mais rentrer c'était comme lui laisser le champ libre pour nous approcher, même si elle n'avait pas le droit, même si on lui avait interdit, et nous, nous étions au milieu de ces deux eaux partagé entre le soulagement de la savoir hors d'état de nuire, mais pour ça, nous avions dû laisser le reste, laisser ce qu'il nous était cher...

Je sursautais, sortant de ma torpeur dans laquelle je m'étais engagée sans m'en rendre compte parce qu'on venait de proclamer la fin du cours, lequel était passé beaucoup plus rapidement que d’habitude comme j'avais eu une camarade avec qui discuter.

- On a pas eu le choix, répétai-je pour mettre un terme à tout ça, bien qu'un peu plus durement.

Le choix, on ne l'avait jamais eu.

J'inscrivis nos deux noms en haut de ma feuille en écrivant très vite ce qu'on s'était dit au tout début et qui était en rapport avec les runes. Avant d'aller la déposer sur la table du prof et d'attendre Ana près de la sortie un peu hésitante... Est-ce qu'on faisait le chemin ensemble ? Où est-ce que cette approche n'avait duré que pendant le cours et qu'à présent on allait redevenir que de simples étrangères l'une pour l'autre ? Il m'apparut que ce n'était pas ce que je voulais, que pour la première fois depuis Poudlard, il y avait une personne ici qui me donnait l'envie de tisser autre chose que de la hargne et de l'agressivité et c'en était bien la preuve quand je ne l'avais pas envoyé boulé lorsqu'elle s'était montrée trop curieuse.

Ne la laissant pas me dépasser sans rien faire lorsqu'elle me rejoint, je lui lançais, en lui emboîtant le pas :

- J'ai volé des baguettes réglisses l'autre jour dans la salle commune parce qu'elles traînaient sur la table. Tu as déjà essayé de les tremper dans du chocolat chaud ? C'est trop bon ! Ça te dit que je te fasse goûter ? Proposai-je à la fois ravie d'être allée au bout de ma pensée, mais en même temps encore très sûre de moi parce que je ne connaissais pas encore assez Ana pour savoir si elle allait accepter plus longtemps ma compagnie au delà d'un cours partagé à deux...
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Ana Falkowsky


Ana Falkowsky
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Âme soeur: Et si il ne m'aime pas en retour, ça compte quand même ?

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MessageSujet: Re: Symboles et trouvailles [PV] (clos)   Symboles et trouvailles [PV] (clos) Icon_minitimeMar 5 Mar - 0:12

L'idée que d'autres écoles de magie existent dans le monde ne m'avait jamais vraiment traversée. En fait, de manière générale, je n'avais jamais vraiment pensé au reste du monde, que ce soit métaphoriquement parlant, ou littéralement; tout comme je m'étais longtemps fichue des gens qui m'entouraient, j'avais aussi vu l'Angleterre comme seul endroit habité. Enfin, non, je n'étais pas stupide, je savais qu'il y avait d'autres pays avec d'autres gens, mais longtemps, ils étaient restés une image, des noms de peuples, pas des personnes réelles. Après j'avais fini par grandir, bien sûr, rencontrer des gens qui n'étaient pas anglais, mais les "étrangers" restaient très abstrait pour moi. Alors, non, je n'avais jamais imaginé qu'il puisse y avoir une autre école de magie dans le monde, et surtout pas en Pologne; pour moi, c'était simplement le pays de papa et de sa famille, et il n'y avait rien d'autre. Ce que me disait Daphne ouvrait sans qu'elle s'en rende compte plein de portes dont je n'aurais jamais soupçonné l'intérêt qu'elles éveillaient en moi. Pour la première fois, je réalisais pleinement qu'il y avait un monde en dehors de Poudlard, et de la Grande Bretagne ; mais surtout, pour la première fois, j'éprouvais l'envie de le voir, ce monde.

- Parce que je voulais aller dans la même école que mon père.


Je hochais la tête, comme si je comprenais parfaitement et que c'était une réponse logique en soi, mais là, nous n'étions pas sur la même longueur d'onde. Enfin, je savais que c'était moi qui n'était pas normale là dedans, car la plupart des gens de mon âge -et de tout âge d'ailleurs- aiment leur parents, les admirent, ce genre de choses... qui ne m'avaient jamais traversé l'esprit. En réalité, si, mais c'était il y a des années, et si j'ai pu un jour avoir une once d'admiration et d'amour pour mes géniteurs, j'aime à me dire que j'avais l'esprit embrouillé. Daphne, elle, devait plutôt bien s'entendre avec ses parents, ou du moins son père, car depuis le début de la conversation elle n'avait mentionné que lui ; par un tact naissant je décidais de ne rien demander sur sa mère, si elle ne souhaitait pas en parler, je ne pouvais que comprendre.

- C'est mieux parce qu'au moins, les gens te laissent t'intégrer, là dessus. Ici on se moque de moi et ça m'énerve. Mon père me dit que je suis mieux ici qu'à Durmstrang, mais je suis pas d'accord.


Cette fois, je ne feins pas de comprendre -ça tombait réellement sous le sens. Bien sûr qu'elle avait du en pâtir, avec son accent à couper au couteau et sa difficulté -parfaitement légitime hein, ce n'était pas un reproche- à comprendre et parler l'anglais. Du coup, sa préférence pour l'école de son pays natal était plutôt logique, elle aussi. Vraiment, parfois j'avais du mal à additionner deux et deux. Mais les moqueries semblaient avoir cessé, ou connaissant Kasperek, même de vue, elle avait du y mettre un terme ; d'après ce que j'avais vu d'elle, elle n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Alors si durant les premiers temps elle n'avait peut-être pas vraiment eu les moyens de riposter, ni même de comprendre, maintenant elle les avaient, et ça ne m'étonnerait pas qu'elle se soit vengé de ceux qui avaient pu la chercher à son arrivée. Alors pourquoi était-elle toujours aussi amère ? Qui avait-il là bas qu'il n'y avait pas ici, qu'est ce qui pouvait encore lui laisser penser qu'elle se plairait plus à Durmstrang, si même son père lui assurait que ce n'était pas le cas ? Elle avait tout ici ; des amis, une réputation, une vie. Enfin, après, il y avait sans doute des choses que je ne savais pas, et sinon, c'était peut-être aussi simplement l'attachement, le mal du pays, ce genre de choses que je ne pouvais pas comprendre, étant née et ayant toujours vécu en Grande Bretagne.

-A mon avis, les gens de partout trouvent des raisons de se moquer des autres, fis-je remarquer. Au moins, ici, ils te craignent suffisamment pour ne plus le faire.

J'eus un sourire timide en disant ça, parce que c'était une allusion discrète à sa popularité et ses fréquentations, et je ne voulais pas qu'elle se méprenne ; ce n'était toujours pas un reproche, mais un constat. Peu nombreux étaient les gens de notre âge qui oseraient se moquer ouvertement d'elle ou de quelqu'un de sa bande, pas réputé pour être les personnes les plus bienveillantes de Poudlard. Mais après tout, peut-être que les apparences étaient encore une fois trompeuses -puisque apparemment elles l'étaient toujours- et en fait Daphne était martyrisée ??! Ça me semblait hautement improbable, mais pas impossible, car il ne faut jamais sous estimer la capacité des autres à cacher leur vraie nature !! Enfin bon, au final, je penchais plus pour la raison « mal du pays » ou « il y a peut-être des choses que tu ne sais pas ».


- Et toi pourquoi t'aime pas Poudlard ?


Vaste question... qui me prit au dépourvu. Je ne vois jamais ces choses là venir, peut-être à cause de mon manque d'habitude des conversations poussés (c'est-à-dire qui dépassent le « Tu peux me passer l'eau s'il te plait ? » ou encore « Ferme la, il est une heure du mat' et je veux dormir ») ou tout simplement parce que je n'avais pas beaucoup de suite dans les idées. Le tout étant que maintenant, il me fallait quelque chose à répondre, parce que si je ne disais rien et me contentais de sourire, ça ne passerait pas. Pourquoi je n'aimais pas Poudlard? Je ne sais pas. La question était plutôt : Pourquoi j'aimerais Poudlard ? Qu'avait fait cette école pour que je puisse l'aimer ? Il ne m'était rien arrivé de bon depuis que j'étais ici. Je n'avais aucun bon souvenir ici, aucun ami, aucun refuge. Mais pas question d'embarrasser Daphne à qui je parlais vraiment pour la première fois alors que nous étions dans le même dortoir depuis des années sans jamais nous être vraiment vues. Il fallait synthétiser, rester vague, faire simple.

-Je ne sais pas.

On faisait difficilement plus court, vague et simple, c'est sûr.

-Il n'y a rien pour moi ici. Peut-être que moi aussi, je me serais peut-être davantage plu à Durmstrang, ajoutais-je en suivant ma pensée du moment.

Jamais je n'avais refait dans ma tête l'histoire de ma famille, jamais je ne l'avais imaginée autrement, parce que c'était comme ça et c'était tout ; mais aujourd'hui j'avais l'esprit tout remué avec ces histoires de Pologne et d'école de magie, et pour la première fois, j'imaginais un "Et si ?". Et si mon père n'avait pas fui la Pologne avec ses parents à l'âge d'entrer à l'école ? Et si il avait rencontré ma mère là bas, qu'il y étaient restés, que j'y étais née, que j'étais allée à Durmstrang ? D'une simple idée balancée comme ça, je me retrouvais tout à coup emportée par ces images que je créais et croisais de cette école de magie encore abstraite pour moi, et des images de moi petites. A présent, je n'arrêtais plus de me poser la question. Qu'est ce que ça aurait donné, si j'avais été là bas ?


- On peut ne pas l'aimer à deux si t'as envie.

La drôle de proposition de Daphne coupa court à mes réflexions, et je relevais la tête, surprise. Elle souriant, pas le rictus que je lui voyais assez souvent quand elle faisait un sale coup avec ses amis mais un sourire vrai. Je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire, ce que ça impliquait, mais une chose était sûre, à ce genre de propositions, on ne pouvait pas répondre non -d'ailleurs, je n'en avait pas envie.

-C'est une bonne idée. Comme ça, peut-être qu'on finira par l'apprécier.

Rien n'était moins sûr, mais à vrai dire, je ne savais plus trop ce que je racontais, je savais juste qu'en cet instant je me sentais étrangement contente, et je m'autorisais même à sourire comme Daphne le faisait -j'en avait si peu l'habitude que si au premier abord ça me sembla bizarre, je me laissait finalement prendre au jeu, et ri même un peu de la drôle de tournure qu'avait prit notre conversation. Mais ça n'était pas désagréable, que pour une fois, parler ne signifie pas s'engueuler. Je songeais que je devrais faire ça plus souvent, parce que c'était même carrément mieux de discuter calmement que de péter des câbles à tout bout de champs ; puis je me rappelais que personne n'avait probablement envie de discuter calmement avec moi, et ça eu le don de réfréner mes pensées positives et de faner mon sourire.


- C'est parce que c'est une mutation. C'était une opportunité et il n'a pas un poste très important, on lui a pas laissé le choix que de dire oui. J'ouvris la bouche pour répondre, mais elle fut plus rapide. On a pas eu le choix.

Son ton était toujours celui de la conversation, mais il en était néanmoins ferme, et je compris que c'était comme ça, et que même si toute cette histoire n'était pas très claire, il ne fallait pas chercher à y voir plus clair, justement. Je hochais silencieusement la tête pour lui montrer que j'avais compris le message -on a tous des sujets que l'on préfère clore rapidement. Moi la première. Et certainement pas dans un cours d'Etude des Runes au beau milieu d'une classe d'imbéciles heureux. Imbéciles heureux qui avaient néanmoins travaillés durant ce cours qui touchait maintenant à sa fin, et qui avait quelque chose d'un peu consistant à rendre à Mr Fleming qui passait maintenant à travers les rangs ! Ma voisine inscrivit nos deux noms sur le parchemin que l'on avait commencé à compléter avec quelques mots par ci par là. On n'était pas dans le faux, mais au vu des parchemins noircis recto versos que rendaient les autres, ça allait passer pour du foutage de gueule. Tant pis. Je ne regrettais pas d'avoir passé cette heure à parler avec Daphne, parce que étrangement, cette discussion m'avait beaucoup apporté. Elle se leva, et rassemblant ses affaires, alla rendre elle-même notre parchemin à Mr Fleming, avant de quitter la salle. Je la regardais partir, puis baissais de nouveau les yeux sur mes affaires à moi, et achevais de les remettre dans mon sac sans un mot. A quoi je m'étais attendue ? Strictement à rien. Alors pourquoi ce sentiment d'inachevé ? Bah, ça n'était encore que mes états d'âmes qui se manifestaient un peu trop ces derniers temps. Je passais la porte, un signe de tête pour saluer le professeur et... trouvais Daphne qui attendait à la sortie. Je sentis un espoir monter en moi, espoir qui se confirma lorsqu'une fois que je fus arrivée à sa hauteur, elle me lança :

- J'ai volé des baguettes réglisses l'autre jour dans la salle commune parce qu'elles traînaient sur la table. Tu as déjà essayé de les tremper dans du chocolat chaud ? C'est trop bon ! Ça te dit que je te fasse goûter ?

Je n'étais pas exactement une gourmande, et déjà que je me forçais à manger une ration normale à tous les repas, je ne prenais pas en plus des gouters. Mais au pire, si je n'ai vraiment plus faim après ça, j'aurais qu'à ne pas manger ce soir; ça ne me ferait pas de mal de bousculer un peu mes habitudes et surtout, de traîner un peu avec des gens de mon âge.

-Carrément. Je te suis !

Même si je n'avais aucune idée de ce qu'étais des baguettes réglisses, Honeydukes n'étant pas mon magasin favori, pour une fois, je n'avais pas peur de faire quelque chose que je ne connaissais pas. Parce que je n'étais plus seule, maintenant.


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