It feels like I'm running in circles (PV Anthea Wright)

Pour la dixième fois depuis environ une heure, Maddison se retrouvait à rouler des yeux et à retenir un grognement de frustration. Peut importe de quel coté elle tournait, quel couloir elle prenait, il lui semblait qu’elle ne faisait que tourner en rond. C’est que les cachots de Poudlard pouvaient également devenir le pire des labyrinthes quand on était en première année.

La journée de Maddison n’avait déjà pas très bien commencé. Elle avait été réveillée en plein milieu de la nuit par une compagne de dortoir qui hurlait de toute la force de ses poumons. Une fois la surprise et la quasi-crise cardiaque passée, Maddison et les autres jeunes Serpentardes s’étaient vite rendu compte que la pauvre fille venait de faire un cauchemar. Il devait être assez horrible pour générer de tels hurlements…

Suite à cet incident, Maddison avait peinée à se rendormir et s’était levée le lendemain l’esprit un peu dans les vapes et avec une migraine de l’enfer. En se rendant à la grande salle pour déjeuner, elle s’était fait bousculée par un groupe d’élèves plus âgés, qui de part leur blason semblaient appartenir à Gryffondor, qui n’avait même pas fait attention à elle. Maddison n’avait même pas cherché à riposter, ne voulant pas gaspiller sa salive pour des idiots.

Le déjeuner ne s’était pas si mal passé, si ce n’était qu’elle avait mélangé dans sa fatigue le jus de pomme et le jus d’orange et que la surprise avait été un peu intense. Surtout que Maddison détestait le jus d’orange! Mais le pire était arrivé quand elle avait essayée de se rendre à la bibliothèque pour un après-midi de lecture et de solitude.

Les magnifiques, surprenants et détestables escaliers de l’école avaient décidé qu’elle avait besoin d’une petite balade et qu’il était temps de se déplacer à tout vent, la forçant à chercher son chemin pendant une heure. La jeune Serpentard aurait juste pu s’arrêter pour demander des renseignements… Mais ça, ce n’était pas son genre. En effet, Maddison détestait dépendre de quelqu’un et sembler faible. Et par-dessus tout, elle n’aimait juste pas parler aux autres. Les années précédant Poudlard l’avait habituée à une ambiance de solitude et socialiser avec des inconnus avait le don de la stresser comme pas possible.

Enfin arrivée à la bibliothèque, elle put enfin profiter d’un moment de calme et se détendre en se perdant dans tous ces livres merveilleux. Le monde Sorcier, tout nouveau pour elle, avait tant de choses à offrir et elle tardait de toutes les découvrir. Elle s’arrêta de lire quand son estomac la rappela à l’heure d’un léger grognement. Elle décida d’emprunter le livre qu’elle était en train de lire et de se diriger vers la grande salle pour le souper.

En chemin, elle ne put s’empêcher d’observer autour d’elle avec émerveillement. Les portraits vivants dont les personnages se déplacent à leurs guises, les fantômes qui se promènent comme si de rien n’était et même les fameux escaliers mouvants. Bien sur elle vivait toutes ces émotions intérieurement. À l’extérieur tout ce que les gens pouvait voir était un visage fermé et sans émotions et des yeux froids et calculateur. Le masque de froideur que Maddison avait construit au fil des années n’était pas prêt de se brisé de sitôt.

Elle décida de passer par son dortoir, afin d’y déposer son livre avant d’aller manger. Même si Maddison ne mangeait que très peu, elle ne voulait pas risquer de salir ce précieux livre. Après tout le souper venait de commencer, elle avait amplement le temps de faire un petit détour par la salle commune rapidement.

Et nous revoilà au moment présent. Elle ignorait si c’était le fatigue, l’ambiance magique du château ou simplement son énervement, mais elle n’arrivait absolument pas à retrouver le chemin de la salle commune des Serpentards. Chaque chemin qu’elle prenait ne semblait la mener qu’à un croisement ou à un cul-de-sac. Et toute la patience de Maddison était épuisée.

Elle savait que si elle ne retrouvait pas bientôt le chemin, elle n’aurait pas le temps de passer par la grande salle pour le souper. Maddison n’avait jamais très grand appétit, mais elle avait promis à sa petite sœur de ne plus sauter de repas et de ne pas retomber dans les mêmes cercles vicieux d’avant.

Elle tourna le coin du prochain couloir… Un autre cul-de-sac!

-AARGH!!!

Le mélange de fatigue, d’énervement, de faim et de patience épuisée firent tomber une petite barrière en elle, et Maddison ne put s’empêcher de pousser un grognement sonore de frustration et de taper violement son pied sur le sol. Elle en avait vraiment assez!

Comme cela m'arrivait souvent, malheureusement - Poudlard est un monde bien trop petit pour des gens comme moi qui n'appellent qu'à une toute autre grandeur - je venais de tomber nez à nez avec Hadrian Easter qui, fidèle à ce qu'il était, ne ratait jamais une bonne occasion. Et pour lui, elles étaient toutes bonnes. C'était bien là la clef de mon problème. Depuis le bal de Noël, il prenait un malin plaisir à se mettre en travers de mon chemin, et mes nerfs prenaient le même genre de plaisir à malin à lâcher face à lui, parce qu'il savait m'agacer, il savait me chercher, et pire encore : il savait m'intriguer. Quel désespoir ! Quand je le croisais, ou que je passais un tant soi peu de temps avec lui comme le jour de la fête foraine par exemple, j'en ressortais doublement énervée : contre lui, contre moi. Et cela frustrait la personne si maîtresse et sûre d'elle que j'étais. Enfin, c'était parfaitement un scandale, pur et dur, oui ! De quel droit m'embêtait-il ainsi et de quel droit avait-il les outils et la capacité de le faire ?! Encore un peu et j'allais le prendre comme un échec personnel... J'en avais touché plusieurs mots à mon père, dans mes lettres. Je lui avais fait part de la très mauvaise éducation, des mauvaises manières du dernier fils Easter, puisque les Easter étaient bien entendu connus de mon père. Papa avait partagé mon mécontentement, mais pas assez à mon goût ; il avait même proposé que j'essaye d'amadouer Hadrian comme je savais si bien le faire car il restait une bonne fréquentation sociale et que les Easter étaient des plus respectables ! Quel toupet ! J'en avais été farouchement renfrognée. Oui, Hadrian Easter était de ma classe sociale, mais cela ne lui donnait pas tous les droits !...

Enfin ; toujours était-il que je lui avais échappé - il avait voulu m'escorter jusqu'à la Grande Salle pour dîner (et me joindre à la troupe gloussante et trop maquillée de ses soupirantes ?! Jamais de la vie !) mais j'avais, heureusement, trouvé une excuse pour m'échapper : une lettre urgente à porter à la Volière - preuve à la main puisque je voulais poster cette lettre après dîner, qui n'avait au départ rien d'urgent. Mais le tour était joué, et je m'étais enfuie vers les hauteurs du château, bien contente de mon stratagème. Pour le coup, j'étais allée poster ma lettre, puis redescendue... Voyons, moi qui commençais à être bien familière avec le château, c'était derrière ce tableau que se cachait un passage secret (connu de beaucoup) qui faisait office de raccourci vers le bas, n'est-ce pas ? Fort bien ! Je m'y engouffrai, me laissai glisser dans un genre de toboggan en pierres et...

Les cachots. Zut, zut, et zut !!

Laissant échapper une exclamation de fureur, je me relevai en époussetant avec soin mes vêtements, en les lissant, et réorganisant mes cheveux. Ce n'était pas là que je voulais arriver ! Mais qu'importe : les cachots et la Grande Salle n'étaient pas bien loin ; je me mis en chemin.

Un cri attira mon attention, alors que je passai une intersection. Je tournai la tête, attirée par le bruit : une petite fille, habillée de l'uniforme de ma maison - je la reconnaissais, c'était une petite nouvelle - trépignait devant le cul-de-sac qui lui faisait face. Tiens, tiens ! Moi qui avais la malchance de me coltiner Easter à chaque pas de mon existence, voilà que le hasard renversait un peu la donne ! Une petite nouvelle ? Rien de mieux pour pimenter la routine !

- Laisse-moi deviner : tu es nouvelle et tu es perdue ? dis-je d'une voix mielleuse, un petit sourire aux lèvres. C'était tout de même l'apanage des aînés, embêter les plus jeunes ! Et puis, ça ne faisait jamais de mal de les terroriser un petit peu, afin qu'ils sachent à qui ils devaient vouer allégeance.

Bref ; je m'étais avancée vers elle. Elle tenait un livre, que je tirai vers moi pour lire le titre.

- Les sorciers et sorcières célèbres, voilà qui est intéressant ! Mais avant de parfaire ta culture, je te suggère d'affûter un peu plus ton sens de l'orientation... Le dortoir n'est pas du tout dans ce sens... Ou bien étais-tu à la recherche d'un tout autre endroit secret ?

Là-dessus, je lui lançai un petit regard complice et mystérieux. Attiser les légendes n'avaient jamais fait de mal à personne : qui savait ce qui se cachait vraiment au fin fond des cachots sombres et humides ?...

Maddison commençait sérieusement à considérer l’option de faire exploser le mur d’un bon coup de baguette. Elle n’avait lu que la théorie du sort, mais il fallait bien passer à la pratique un de ces jours. Après tout qu’est-ce qu’un mur en moins pourrait bien causer comme inconvénients? Ces derniers serait-ils aussi gros que ceux qui restaient d’être causés si elle pétait les plombs? Bien que seulement à moitié sérieuse, cela n’empêcha Maddison de fusiller ledit mur d’un regard intense et plein de colère. Si les regards pouvait détruire il n’y aurait à présent qu’un amas de roches et de pierre aux pieds de Maddison.

Alors qu’elle tentait de se calmer et de retrouver son expression de froideur habituelle, Maddison entendit soudain des pas se rapprocher dans le couloir derrière elle. Elle pouvait entendre que la personne venait directement vers elle. Son cœur se serra dans sa poitrine et son niveau de stress augmenta d’un degré. Qui cela pouvait-il être? Avec un peu de chance, peut-être allait-elle tomber sur un gentil samaritain qui pourrait l’aider sans nécessairement vouloir lui jaser pendant des heures… dans le genre d’un des ces fades, mais gentil Poufsouffles. Apparemment que leur salle commune était également située au niveau des cachots. Alors qu’elle commençait à se retourner tranquillement, la personne lui adressa la parole :

- Laisse-moi deviner : tu es nouvelle et tu es perdue ?

Bien que les mots ne paraissent pas nécessairement méchant à prime abord, le ton que la personne avait employé n’invitait pas à la confiance et à l’entraide, et démontrait plutôt un certain amusement mêlé de moquerie. Maddison put enfin son interlocutrice comme une élève de l’école. Cette dernière appartenait, tout comme elle, à la maison Serpentard et était définitivement un peu plus âgée que Maddison. Bien que Maddison aimait beaucoup sa maison, elle savait que les Serpentard n’était pas réputés pour leur coté serviable.

*Génial, justement ma chance encore* ne put-elle s’empêcher de penser.

Alors que Maddison s’apprêtait à répliquer, L’autre Serpentarde sembla remarquer le livre qu’elle tenait entre ses mains. Elle se saisit du livre sans que Maddison n’eut le temps de dire quelque que chose et lut le titre à voix haute :

- Les sorciers et sorcières célèbres, voilà qui est intéressant ! Mais avant de parfaire ta culture, je te suggère d'affûter un peu plus ton sens de l'orientation... Le dortoir n'est pas du tout dans ce sens...

Ouch! Alors Maddison n’aimait mais vraiment pas le commentaire de l’autre élève. En premier lieu cela lui confirmait son impression d’être à des lieux de son sa destination, mais ça lui remettais aussi en plein visage à quel point son sens de l’orientation était mauvais. Ce n’était pas nouveau, elle était la seule de sa famille qui parvenait à se perdre dans les bois derrière sa propre maison. Alors imaginer se retrouver dans un endroit inconnu. C’était plutôt l’enfer. Maddison se confortait dans l’idée qu’au moins elle n’était pas la seule à être défaillante au niveau de l’orientation et ça n’avait pas empêché beaucoup de personnes, du monde sorcier également, de faire de grandes choses. Elle regarda la jeune fille dans les yeux, et lui répondit tout doucement et sans émotions :

- Je sais pourtant que bien des Sorciers célèbre pour leurs connaissances et leurs inventions n’aurait pas su retrouver leur chemin dans un petit sous-bois si ce n’était d’une aide extérieure. Ils sont tout même considérés comme des références dans bien des domaines. Comme quoi la culture peut parfois être pas mal plus utile.

Maddison espérait seulement ne pas s’attirer plus de moqueries, ne voulant pas revivre certains évènements de son passé à cause d’une simple question d’orientation. Elle reprit son livre et s’apprêtait à s’en aller, quand l’autre Serpentarde ajouta doucement :

- Ou bien étais-tu à la recherche d'un tout autre endroit secret ?

Cette phrase attira l’attention de Maddison et attisa sa curiosité. Des endroits secrets? Comme des passages secrets. Elle n’y avait jamais pensé, mais cela faisait tellement de sens. Un château comme Poudlard devait être pleins de ces derniers. Elle retourna son regard vers l’autre jeune fille. Cette dernière semblait afficher un air plus mystérieux que moqueur à présent et Maddison crut percevoir une lueur de complicité dans son regard. Étant plus âgée elle devait connaitre plusieurs passages secrets ou au moins avoir une idée de où les trouver. L’idée était plutôt tentante. Tout en maudissant sa propre curiosité, Maddison répondit avec un demi-sourire :

- Rechercher des passages secrets est toujours intéressant… mais pour cela il faut un point de départ. Saurais-tu par où commencer?

L'intérêt de ce genre de situations : voir de quoi sont faites les nouvelles recrues. Si elles ont quelques tripes dans le ventre, par exemple, ou bien encore bien trop de lait qui leur coule du nez... Malheureusement, cette dernière solution s'avérait le plus souvent la plus vraie. Quel ennui ! A Poudlard, je régnais sur un bien petit empire comparé à New York et mon milieu social et natal ; comment l'agrandir en plus si les sujets ne se prêtaient même pas aux jeux ! Et comment le consolider, en plus de tout, si les gens de ma classe sociale s'amusaient à ne pas aller en mon sens... Et jugeaient bon de crâner et de rigoler à tout va plutôt que de réfléchir un peu... Hadrian Easter récoltait décidément beaucoup mes foudres, ces derniers temps. Mais, après tout, il fallait bien que je me défoule un peu !

- Je sais pourtant que bien des Sorciers célèbre pour leurs connaissances et leurs inventions n’aurait pas su retrouver leur chemin dans un petit sous-bois si ce n’était d’une aide extérieure. Ils sont tout même considérés comme des références dans bien des domaines. Comme quoi la culture peut parfois être pas mal plus utile.

... Eh bien, eh bien ! Celle-là était prometteuse, pour l'instant ! J'eus un petit sourire condescendant - la fougue de la jeunesse provoque souvent cette impression - mais dans le fond j'étais ravie : je n'avais nullement envie qu'on s'écrase platement devant moi, je voulais qu'on me tienne tête pour qu'ensuite la victoire ne soit que plus délectable. Qui plus est, une nouvelle petite Serpentard avec un peu de tempérament, je ne disais pas bon ! Elle était plutôt mignonne, et elle avait le regard un peu froid et l'attitude un peu raide : de quoi enfoncer quelques portes ouvertes supplémentaires en matière de cliché, mais après tout, ils nous donnaient une certaine force.

Je lui souris avec un petit air provocateur et lui rendis son livre - ou plutôt lui collai violemment dans les mains, sans délicatesse - avant de la targuer d'un regard un tantinet moqueur (le genre de regard qui ne me quittait jamais vraiment, finalement).

- Tu crois vraiment que Merlin se serait perdu dans un pauvre sous-bois alors qu'il lui aurait juste suffit d'agiter sa baguette pour retrouver son chemin ? Je lançai un coup d'oeil amusé et vaguement méprisant vers sa propre baguette. C'est frustrant de ne pas savoir s'en servir, n'est-ce pas ?

Voilà, rien de plus compliqué : il suffisait simplement de rappeler aux gens d'où ils venaient. C'était bien beau de ne pas perdre la face devant une élève plus âgée qui vous titillait à dessein, et j'appréciais le geste, mais il ne fallait pas non plus viser trop haut. Là, telles que nous étions et à l'instant présent, j'avais l'avantage, et c'aurait été être bien pu lucide de prétendre le contraire. Je me demandais ce qu'elle allait en faire - s'offusquer, se taire, baisser les yeux, s'enfuir, espérer que je parte et d'ici là tenter de devenir invisible ?

Visiblement, elle était plutôt prompte à rebondir :

- Rechercher des passages secrets est toujours intéressant… mais pour cela il faut un point de départ. Saurais-tu par où commencer?

Cette fois, mon sourire se fit un peu plus satisfait, et un peu plus mystérieux. Jolie aubaine qu'elle me proposait là - et encore une fois, elle avait un certain cran qui me plaisait. Si j'en connaissais ? Des tas ! Non seulement j'avais mandaté tous mes sbires pour qu'ils me fassent une exploration complète du château et me disent les meilleurs endroits, et les plus utiles, mais ensuite, puisqu'on est parfois pas mieux servi que par soi-même (sauf pour les tâches ménagères, bien sûr), je les avais tous empruntés, et goûté au très petit charme de Poudlard : au moins, le château recelait de surprises, à défaut du reste.

- Il faudrait plus d'une après-midi pour que je te les montre tous, dis-je pour entretenir le mystère, mais si tu n'as pas peur, il y en a un pas loin !

C'était bien ma chance, d'ailleurs : un passage secret commençant dans le dédale des cachots et serpentant sous terre jusque dehors, dans le parc, émergeant de terre entre quelques cailloux, mais surtout un passage particulièrement sombre, humide et effrayant - que je n'aurais jamais emprunté toute seule. J'avais une aversion naturelle pour la saleté, l'humidité et la pénombre, mais encore plus une crainte du noir que je ne cherchais pas à rendre publique ; heureusement dans un cas comme ça je n'étais pas seule, et la perspective de pouvoir effrayer quelqu'un prenait le pas sur mes propres peurs. Du moins... J'aimais à le croire.

En m'assurant qu'elle avait mordu à l'hameçon, je tournai les talons et nous emmenai un peu plus loin, dans le labyrinthe des cachots que je connaissais étonnamment par coeur. Que je ne me trompe pas : l'entrée était un peu plus loin, deux fois à gauche, trois à droite, une à gauche... J'avais allumé ma baguette et me concentrai sur ce qui m'entourai, car il n'était pas question de se perdre. Ah ! Ca y'était : l'entrée ressemblait à s'y méprendre à une porte de salle de classe, vermoulue et grinçante sur ses gonds, mais elle avait la particularité de disparaître une fois sur deux, si bien qu'il suffisait de cligner des yeux pour la perdre de vue. Familière de la chose, je la fixai avec insistance jusqu'à mettre la main sur la poignée gelée et humide, ce qui me tira une petite moue de dégoût. J'ouvris, laissant apparaître un couloir taillé grossièrement dans le roc, qui semblait descendre encore plus bas et serpenter jusqu'aux enfers.

- A toi l'honneur, dis-je alors à la petite nouvelle, consciente de ma provocation. Au fait : je suis Anthea Wright, et toi ?

Puisque les choses se corsaient un tant soit peu, autant qu'elles soient faites dans les règles !...

Pourquoi fallait-il que socialiser avec d’autres personnes la stresse autant? Malgré tout les cours d’étiquette et de manières que Maddison avait reçues, il lui semblait qu’il y avait toujours un blocage à ce niveau. Ce ne fut pas toujours come ça cependant. Pendant des années, elle avait été la fille prodige des Williams, intelligentes et parfaitement bien éduquée. Elle avait impressionnée plusieurs familles influentes lors des rencontres mondaines avec sa famille. Elle connaissait plusieurs mots que peu de jeunes de son âge connaissait et savait comment entretenir une conversation digne de son éducation. Elle était la parfaite héritière en devenir. Mais depuis la mort de sa mère et les évènements qui avaient suivis, elle n’arrivait pas à avoir cette confiance et cette aisance lorsqu’elle parlait avec quelqu’un. Chaque moment de socialisation lui semblait comme un test qu’elle risquait d’échouer à tout moment. Et Maddison détestait l’échec.

Elle serrait contre elle son livre qu’elle avait « repris », si par repris vous entendez ce le faire repousser brusquement dans les bras, et attendait de voir comment la suite allait évoluer. La lueur moqueuse revint dans les de l’élève devant Maddison et elle lui répondit :

- Tu crois vraiment que Merlin se serait perdu dans un pauvre sous-bois alors qu'il lui aurait juste suffit d'agiter sa baguette pour retrouver son chemin ? Puis elle ajouta après un coup d’œil accentué à sa baguette. C'est frustrant de ne pas savoir s'en servir, n'est-ce pas ?

Maddison sentait qu’encore une fois elle devait prouver sa valeur avec sa réponse. Elle pouvait bien répondre avec un commentaire cinglant, mais elle ne voulait pas commencer ce genre de joute verbale. Ses parents lui avaient bien appris à choisir ses batailles et s’en était une qu’elle préférait délaisser. De plus, si c’était possible, elle préférait faire de l’élève plus âgée une alliée, plutôt qu’une ennemie. Cependant il était hors de question qu’on la voit bafouiller ou baisser les yeux. Maddison ne voulait peut-être se battre mais cela ne voulait pas dire qu’elle allait s’écraser non plus. Ce n’était pas digne d’une Williams. Elle se rappelait avoir aperçut un chapitre sur les sortilèges d’orientation dans un de ses livre de sortilèges, et préféra répondre d’une façon honnête, sans pour autant se rabaisser. Maddison se contenta d’hausser les épaules et de répondre calmement :

- Il est vrai qu’un sortilège d’orientation aurait pu faire toute la différence dans cette situation. Je m’assurerai de faire en sorte de ne pas l’oublier, auquel cas la situation devrait se reproduire.

Alors qu’elle pensait qu’il serait peut-être mieux de juste reprendre son chemin et continuer, l’autre élève repris la parole :

- Il faudrait plus d'une après-midi pour que je te les montre tous, mais si tu n'as pas peur, il y en a un pas loin !

La curiosité de Maddison envers ses fameux passages secrets fut encore plus attisée. Elle allait vraiment tenter d’en découvrir plus sur ces derniers afin d’en profiter au maximum. Un moyen plus rapide de se déplacer tout en évitant les foules d’élèves stupides et dégénérés… de mieux en mieux. Cette école avait décidément beaucoup à offrir. Et si elle avait peur? Non mais avait-elle l’air d’une froussarde? Elle se dépêcha de répondre :

-Je ne fais peut-être pas partie de ses têtes brûlées impulsif que sont les Gryffondor, mais cela ne veut pas dire qu’un simple passage secret suffise à m’effrayer. Surtout si l’on considère l’avantage supérieur que ces derniers procurent. Je ne raterai pas une telle occasion.

Maddison embouta le pas à la Serpentarde, qui s’était déjà mise en route, et pris le temps d’observer autour d'elle. Elle devait être sure de pouvoir retrouver son chemin plus tard. Alors il fallait tourner deux fois à gauche, ensuite trois virage à droite et finalement un dernier tour à gauche. Elle se concentra fort afin de retenir le chemin. Son sens de l’orientation était peut-être nul, mais sa mémoire était géniale. Autant se fier sur la valeur sure. En chemin, elle s’attarda à observer l’élève plus âgée devant elle. Elle avait une posture et une allure qui faisant allusion à un important standing dans la société et qui reflétait d’une bonne éducation. Sans compter son style général et sa façon de parler qui confirmait cette impression d’appartenance à la haute société. Maddison savait bien qu’elle n’était pas la seule élève qui devait venir d’un milieu plus aristocratique, mais cela faisait du bien de voir quelqu’un de son niveau dans la masse d’élève de Poudlard.

Elles arrivèrent devant l’entrée du passage secret, qui ne se composait que d’une simple porte, semblable à celle des salles de classe. Maddison se surprit que l’entrée soit aussi peu camouflée, mais se rappela que parfois, le meilleur camouflage est de ne rien camoufler. Personne ne soupçonne l’évident. Il devait y avoir au moins un certain aspect de camouflage, car elle vit que l’autre élève fixait la porte du regard, comme si la porte risquait de disparaitre. Maddison s’empressa de faire de même, sait-on jamais. La Serpentard plus âgée se saisit de la poignée et ouvrit la porte, avant de lui « ’offrir » l’honneur d’y entrer la première. Sans hésitation Maddison allais s’engager dans le passage, quand l’autre élève s’adressa de nouveau à elle :

- Au fait : je suis Anthea Wright, et toi ?

Elle se maudit elle-même dans sa tête. Mais où étais passés ses manières? Son père l’aurait tellement sermonné dans cette situation. Il fallait toujours se présenter dans les règles avant d’engager une conversation. Elle ne devait pas oublier son éducation, même si la situation différait de tous ce qu’elle avait pu connaitre avant. Maddison se retourna vers Anthea et se présenta à son tour :

- Maddison Williams. Enchantée.

Elle gratifia Anthea d’un léger sourire en coin. Bien que cette dernière ait été un peu dure avec elle, Maddison appréciais bien cette fille plus âgée. Elle espérait qu’elles pourraient établir une relation positive car elle lui rappelait vraiment les gens important qu’elle avait l’habitude de rencontrer chez elle. Et un peu de familiarité faisait toujours du bien. Bon, et si elle retournait à ce fameux passage secret. Elle se retourna et continua à avancer dans le passage. Comme il était très sombre, Maddison murmura un lumos afin d’éclairer son chemin. Les murs semblaient vieux et froids et des toiles d’araignée couvraient les coins. Des sons étranges venant de tout autour confirmaient la présence de plusieurs insectes différents dans ce long couloir. Visiblement personne n’avait pensé à nettoyer ce couloir depuis des années. En même temps probablement que cela ajoutais au mystère de l’endroit. Maddison se sentais un peu mal à l’aise dans cet endroit qui ne ressemblait pas vraiment aux endroits qu’elle fréquentait habituellement, mais il fallait plus que des insectes pour la dégouter. Alors qu’elle continuait de descendre le long de ce couloir peu ragoutant, une chose continuait de lui trotter dans la tête. Quelque chose qu’Anthea avait dit et qui lui avait sonné si familier… allons donc, elle l’avait sur le bout de la langue!

Soudain le déclic se fit dans sa tête. Elle se retourna assez brusquement en faisant attention de ne pas envoyer la lumière dans le visage d’Anthea et s’exclama doucement :

- Anthea Wright?! Comme dans Andrew Wright, directeur de la firme Wright &Co?!

Maddison était vraiment surprise. Elle se rappelait que son père avait déjà fais affaires avec la famille Wright. Ce qui faisait que si elle avait vu juste, Anthea et elle avait plus en commun que ce qu’elle pensait au début. Elle ne pensa même pas à évoquer le nom de son père. Un autre reproche qu’elle aurait pu récolter…

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