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~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]

 
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 ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
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Localisation : Cachée.
Date d'inscription : 03/09/2011

Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeJeu 30 Mai - 1:57



"She said call me now baby, and I'd come a running.
If you'd call me now, baby then I'd come a running.

I'm on call, to be there.
One and all, to be there.
And When I fall, to pieces.
Lord you know, I'll be there waiting.

To be there."


J’ouvris le tiroir du bas de la commode et, la sortant d’une petite boite, attrapai une fiole d’essence d’ellébore pour la ranger dans mon sac, dans l’étui de mon nécessaire à potions que Lizlor et Conrad m’avaient offert à Noël. Derrière moi, j’entendais Prudence qui cherchait visiblement quelque chose, et, après avoir jeté un coup d’œil autour de moi, j’attrapai sur le sol une chaine qui brillait sous la lumière blanchâtre des nuages. Me relevant, je tendis son collier à la Serdaigle avec un sourire, sans rien ajouter, le cœur un peu lourd. Je n’aimais jamais ces moments d’entre deux, où nous nous regardions poliment et où je sentais toutes mes excuses et ma honte remonter jusqu’à mes lèvres que je gardais malgré tout closes. J’aurais eu pourtant tant de choses à lui avouer, mais je sentais que c’était peine perdue, je l’avais repoussé alors qu’elle me tendait la main et j’étais celle qui en était responsable. Prudence avait compris malheureusement plus vite que moi mes problèmes, et m’y avait mis face avant que je sois prête à les reconnaître. Elle était intelligente, pragmatique, et elle analysait clairement les choses. J’avais toujours adoré ce trait de caractère chez elle, jusqu’à qu’il se retourne contre moi. Tentant d’ignorer le silence pesant du dortoir, je posais mon sac sur mon lit pour en sortir la lettre d’Ewan que j’avais reçu à midi, et je la rangeais précautionneusement dans la boite sous mon lit –décidemment, j’avais plus de boites que d’affaires ! Je jetai un coup d’œil à ma montre, et songeant que j’avais encore le temps, non seulement car mon rendez-vous avec Chuck n’était que dans une demi-heure mais qu’il avait de toute manière dix minutes de retard minimum, je griffonnais une réponse à Ewan sur un parchemin, d’une écriture toujours très soignée avant de quitter le dortoir en lançant un bref « à tout à l’heure » à Prudence qui me répondit d’un signe de la tête.

Nous avions pris l’habitude de nous écrire souvent, même si ce n’étaient que des petits mots, nous nous racontions nos journées ou prévoyions mes prochaines venues. J’avais toujours du mal à m’habituer à cette situation, comme si elle me paraissait idyllique et douce. A chaque fois que son hibou apparaissait dans la grande salle, je sentais mon cœur se contracter et je me mordais les lèvres pour ne pas trop sourire. Ouvrir le parchemin me faisait toujours le même effet, je sentais des grésillements dans mon estomac, et j’avais des bouffées de chaleur ne serait-ce que de voir son écriture fine et droite sur le papier. Lorsque Lizlor était à côté de moi, je lui montrais volontiers, dans le cas contraire je me devais de lire le visage caché derrière mes cheveux, tenant fébrilement la lettre tout près de moi en espérant que personne n’essaye de lire par-dessus mon épaule. Je n’avais besoin de l’avis de personne, c’était mon… Mon petit-ami – j’avais toujours un frisson quand je formulais ce mot – et je ne voulais pas que les autres s’en mêlent. Après avoir lu la lettre, je la pliais toujours soigneusement et je la rangeais dans mon sac en attendant de repasser par mon dortoir pour la ranger précieusement. J’y répondais dès que je le pouvais, m’échappant entre deux heures de cours pour me précipiter à la volière, en espérant trouver un hibou disponible pour qu’Ewan ait ma lettre avant qu’il parte travailler à la tête de Sanglier, ou à l’un de ses énièmes rendez-vous que je n’aimais pas trop –ils m’inquiétaient un peu à vrai dire.

Après être passée à la volière, je redescendis pour aller retrouver Chuck. C’était lui qui, lundi, était venu me voir à la fin d’un cours de SACM pour me demander de l’aide. Je lui avais promis cet après-midi où nous nous étions retrouvés ensemble pour s’occuper des veracrasses, de lui filer un coup de main s’il avait besoin car il m’avait rendu service en prenant en charge la bave des horribles bestioles que Lance nous avait gentiment donné ce jour-là. Techniquement, c’était lui qui était plus âgé et donc plus avancé que moi, mais non seulement il ne fichait pas grand-chose en cours, mais j’avais une avance considérable dans les potions qui me permettait de facilement l’aider pour des préparations, même lorsqu’elles n’étaient traitées qu’en septième année. De toute manière, ce qui lui posait problème cette fois-ci m’avait-il dit, c’était le philtre de Paix. Je l’avais préparé l’année dernière pour mes BUSES, et il fallait avouer que c’était une potion plus que délicate qui pouvait facilement retomber aux épreuves d’ASPIC car elle était aussi complexe que subtile, mais aussi qu’elle n’avait pas à reposer pendant plusieurs jours, ce qui lui permettait d’être préparée durant une épreuve de seulement quelques heures. J’avais eu un Optimal lorsque nous étions passé en classe pour la préparer, et j’avais trouvé la composition tellement intéressante que j’avais fait des recherches dans mon coin. Même si ça datait de l’année dernière, je me souvenais encore de quelques bribes et conseils que j’étais sûre pourrait servir à Chuck. Et puis, étonnement, ça ne me dérangeait absolument de passer la fin de mon vendredi après-midi avec lui.

La première fois que nous nous étions retrouvé, j’avais tout d’abord pensé que ça serait gênant. Je n’arrivais pas tout à fait à oublier ce que j’avais fait avec lui, j’avais… Honte, de m’être laissé emballer ainsi et aussi facilement. J’essayais parfois de prendre du recul, et me dire que ce qui était fait était fait, et que je ne pouvais rien changer. J’avais couché avec un garçon, est-ce que c’était si grave ? Lorsqu’il m’était inconnu, que j’étais ivre, et qu’une amie à moi en était amoureuse… Hum, oui, c’était sûrement grave. Ou du moins, mauvais. Pourtant, lorsque j’avais revu Chuck, c’était comme si ça ne s’était jamais passée, il ne me le rappelait pas et même si parfois il me taquinait, je crois qu’il avait compris que c’était un sujet plus délicat qu’il ne le pensait et que je n’étais pas prête à en parler ouvertement. Il y avait quelque chose d’étrange, que j’avais remarqué au fur et à mesure que je croisais le Gryffondor dans les couloirs ; j’avais la drôle d’impression qu’il m’écoutait et qu’il me respectait. Ce n’était pas simplement parce qu’il obéissait lorsque je lui indiquais le poids d’œil de scarabées, je sentais que parfois lorsque nos discussions s’élargissaient, il m’écoutait véritablement et ne me considérait ni comme une blonde stupide, ni comme l’intello de service. Il me considérait simplement comme Ruby, et c’était inhabituel.

Après ce premier cours particulier, nous nous étions recroisés dans la grande salle ou dans les couloirs, et étonnement il ne m’ignora pas non plus. Je ne connaissais pas trop ses amis, car j’avais plutôt fréquentés ceux d’Hadrian et Lilian, mais ça n’empêchait pas Chuck de venir me parler parfois, et j’avais pris l’habitude de faire de même. C’était comme un accord tacite entre nous, nous n’affichions pas spécialement notre entente, mais nous ne nous ignorions pas. Une seconde fois, dans le courant de février, je l’avais aidé, mais par la suite nous avions tous les deux eu nos affaires. Moi la première, je n’avais pas été trop en état de m’approcher des chaudrons, et encore moins d’aider quelqu’un avec. Le Gryffondor, de son côté, s’était remis avec Taylord – pour de bon visiblement. Des rumeurs avaient couru, mais j’avais préféré m’adresser directement à lui. Il m’avait dit, de manière tout à fait détaché et évasive, qu’il était allé jusqu’au Texas pour la récupérer. J’avais prétendu que c’était totalement normal, hochant la tête comme s’il me parlait du dernier match de Quidditch, car je ne voulais pas le mettre mal l’aise. J’avais petit à petit compris comment il marchait, et lorsqu’il s’agissait de ses sentiments, il préférait prétendre qu’il maitrisait – et sur ça, je ne pouvais que comprendre. Malgré moi, j’avais été étonnée d’une telle attitude envers la Gryffondor, traverser un océan parce qu’on ne peut pas attendre la rentrée pour déclarer sa flamme… C’était assez épatant, et étrange venant de ce garçon qui avait la réputation d’enfiler les filles comme des perles. J’étais persuadée qu’avec Taylord, c’était différent, mais je ne l’avais pas précisé à haute voix. Chuck le savait. Et il savait, que je savais.

J’arrivais donc à la salle vide vers 18h35, légèrement en retard. Je ne m’étais pas pressée cependant, car je savais que lui ne serait pas à l’heure, comme d’habitude. Je sortis mon nécessaire à potions et mon manuel, et m’occupai de préparer le plan de travail jusqu’à que, dix bonnes minutes plus tard, j’entende la porte se pousser. Je vis apparaître son sourire amusé et ses cheveux un peu en bataille, et je lui fis un signe de tête.


- C’est pas grave pour le retard, je suis sûre que tu as une bonne excuse. Coupai-je court avec un petit sourire. Ce n’était pas ironique, j’avais compris qu’il fonctionnait ainsi et je m’en formalisais peu. Je devinais que c’était Taylord qui l’avait retenu, ou un ami, et qu’il n’avait pas fait attention – il n’avait pas fait exprès, au fond. Tu vas bien ? Demandai-je tout de même poliment.

Otant ma cape pour avoir les mouvements plus libres, je la pliais sur le côté, la laissant sur une vieille table. J’avais posé le chaudron sur un petit feu au centre d’une autre table, et j’avais organisé mes fioles sur le côté, préparant par la même occasion mes ustensiles. Face à moi, le manuel ouvert et la page lissé, je jetai un coup d’œil sur les indications que je connaissais déjà. Ce n’était pas vraiment compliqué, il fallait simplement être extrêmement précis, et pour ce que j’avais vu de Chuck, ce n’était pas son point fort.


- Bon, aujourd’hui la balance est ta meilleure amie. Surtout, tu pèses tout au gramme près, deux grammes ce n’est pas pareil que trois, par exemple. Ça influence, vraiment. Soulignai-je, parce que je devinais déjà son air qui voulait dire « tu-te-prends-la-tête ». Tiens, lui dis-je en lui donnant mon manuel par-dessus le chaudron, parce qu’il était face à moi, commence par préparer les doses. J’ai ramené de l’essence d’ellébore, vu que tu n’en avais plus. Je montrais la fiole que j’avais mis sur le côté avec un sourire.

Les élèves avaient l’habitude de peser au fur et à mesure et de mettre dans le chaudron, méthode que je ne partageais pas. Je préférais, ça prenait certes un peu plus de temps, préparer chacun de mes ingrédients avant, en les disposant dans des petites fioles ou des bols, avant de les mettre un à un. Ça évitait de faire des aller-retours entre la potion dans le chaudron et le plan de travail, de gérer des éclaboussures et des changements de plan. Il fallait simplement anticiper en vérifiant qu’il n’y avait pas à laisser reposer pendant par exemple une demi-heure, car ça allait être du temps perdu, or ce n’était pas le cas du Philtre de Paix, nous étions donc tranquilles, et je laissai Chuck s’occuper avec les pinces et la balance, avec un petit sourire en coin.


- Tu te rappelles ce que je t’ai dis ? Demandai-je alors qu’il allumait le feu sous le chaudron, visiblement ailleurs. Même si la potion commence à forte température, tu dois faire monter progressivement l’intensité de la flamme. Si tu mets au max dès le départ, ça abime ton chaudron et les ingrédients, il faut être patient, d’accord ?

Je l’observais du coin de l’œil. Il avait l’air un peu fatigué, et surtout nerveux, comme si ces gestes étaient un peu tremblants, ses yeux un peu trop furtifs. Surtout, je ne le voyais pas très concentré sur ce qu’il faisait…

- Non, non ! Change de pinces, tu vas mélanger les ingrédients Chuck ! Le repris-je un peu autoritairement, ce qui n’était visiblement pas trop à son goût.

Je poussais un soupire lorsqu’une nouvelle fois, je le vis agir trop brusquement. Ça m’était égal qu’il foire une potion, gaspille des ingrédients, mais là il était simplement en train de perdre son temps !


- Arrête, stop. Ordonnai-je. Je contournai la table pour me retrouver à côté de lui, et je lui ôtais les ustensiles et les ingrédients des mains. D’un coup de baguette, je verrouillais la salle et je fis voler jusqu’à moi ma pochette avec mes cigarettes. Je posais sur la table le cendrier portable que j’avais acheté avec Liz dans un magasin moldu, qui nous évitait de jeter nos cendres et nos mégots partout. J’ouvris le paquet et le tendis à Chuck pour qu’il se serve. D’un coup de tête, je désignais le cendrier. Mets les cendres là, s’il te plait. Jetant un coup d’œil dans le chaudron, je repris un à un les ingrédients que Chuck avait préparé pour les repeser. Comme il m’avait semblé, les premières doses étaient plus justes que les dernières, comme si petit à petit des pensées parasitaient les actions du garçon. Faire une potion la tête ailleurs, ça ne sert à rien. Et puis… Ce n’est pas que les potions qui t’amènent, pas vrai ? Demandai-je doucement en ôtant une écaille de serpents pour atteindre les 35,6 grammes nécessaires, prenant soin de ne pas le regarder dans les yeux pour qu’il ne soit pas déstabiliser. Quelque chose te préoccupe, à part ta réussite à l’épreuve de potions des ASPICS ?

J’avais parlé d’un ton calme, un peu maternelle, me préoccupant toujours de la potion. Je savais que le meilleur moyen d’atteindre Chuck, c’était de ne pas être trop directe, et de lui laisser une chance de nuancer les choses. Bien sûr qu’il était préoccupé, mais je savais aussi qu’il allait atténuer la chose, peu importe ce que c’était. Après, c’était à moi de le laisser assez en confiance pour qu’il laisse échapper le reste et que je démêle le vrai du faux pour, discrètement, atteindre Chuck et l’aider.

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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeJeu 6 Juin - 20:17

Dans la vie il y a les gens qui sont en retard, et les gens qui sont à l'heure, c'est comme ça, point barre : on n'y peut rien . Essayez de faire changer un mec qui est toujours à l'heure en le faisant arriver en retard : il va se tirer une balle, à l'inverse, pareil. Bon, je ne vous fait pas de dessin, j'appartenais évidemment au groupe des gens nombreux qui sont incapables d'être à l'heure. Mais je veux dire... Ce n'était pas que je faisais exprès, pour faire chier le monde, mais je ne sais pas, dès que j'avais un rendez-vous avec une heure précise, voilà, ça me soulait j'avais l'impression qu'on me disait JE T'ORDONNE d'être là, alors bon. Et puis, j'avais toujours ce faux espoir que du moment qu'il n'était pas 18h30 et que j'avais rendez-vous à 18h30, je n'étais pas en retard. 27 ? Laaaaaarge ! 28 ? Traaaanquille, ça va le faire. Il me reste deux minutes pour traverser tout le château, c'est pas la mer à boire. 29 ? Bon, ben j'ai plus qu'une minute pour m'arracher de mon lit où je faisais la sieste, me rhabiller parce que comme j'avais tâché ma chemise en cours, je l'avais enlevée pour dormir, trouver une chemise propre donc, mettre mes pompes, partir, aller jusqu'à la salle vide, tout ça. Rien n'est impossible, dans la vie. L'important, c'est d'y croire, rappelons-le.

Enfin, bref, après tout ça, j'avais aussi croisé des potes dans la salle commune à qui je devais rendre un jeu de cartes magiques mais le paquet s'était ouvert dans mon sac donc le temps que je les retrouve toutes bonjour ; ensuite j'étais allé dire bonne soirée à Taylord qui était avec ses potes, après j'étais sorti de la salle commune, et puis j'étais revenu parce que j'avais oublié mes trucs à potions, et puis j'étais reparti, en marchant assez rapidement parce que cette fois il n'était plus 18h30, loin de là.

D'un côté, je savais que Ruby ne m'en tiendrait pas rigueur : ça n'était pas son genre, enfin, j'avais l'impression qu'avec moi elle avait compris que c'était peine perdue de me changer sur certains trucs et du coup elle s'en foutait un peu, je veux dire, ça ne l'empêchait pas de dormir quoi. Ce n'était pas la première fois qu'on s'était revus que tous les deux et ça se passait plutôt bien en fait, mis à part le fait qu'au début ça m'avait soulé la réaction de sa folle de copine, et qu'elle l'avait plus ou moins défendue parce que les filles se soutiennent touuuujouuuurs contre les vilains garçons, Ruby était sympa, je l'aimais bien parce qu'elle n'était pas trop prise de tête et que j'en avais besoin en ce moment, avec tout ce qui me tombait sur le coin de la gueule. Taylord était sortie de l'infirmerie, donc ça allait mieux, mais n'empêche que cette histoire m'avait sérieusement travaillé et que les soirées m'avaient aidé tout le temps où Taylord était à l'infirmerie, mais maintenant, même si elle ne m'interdisait rien et que je faisais ce que je voulais, j'évitais de rentrer défoncer pour ne pas l'inquiéter, alors j'avais un peu levé le pied. Du coup, entre ça, la fin de l'année qui arrivait, l'année prochaine, Coop, et ces connards de profs qui trouvaient que c'était le moment de nous rajouter une tonne de devoirs et de révisions, ce n'était pas véritablement ce qu'on appelle la grosse ambiance. Mais bon ! Je n'allais quand même pas me laisser faire, je veux dire, ce n'était pas mon genre. Je les emmerdais tous, et puis voilà. Mais du tout, clairement, oui, je n'étais pas trop trop concentré. La preuve : je m'étais gouré de chemin, je ne sais pas pourquoi je m'étais mélangé les pinceaux en pensant que c'était Haley que j'allais retrouver dans le parc, mais pas du tout c'était Ruby - et surtout c'était dans une salle puisqu'on devait travailler... Voilà voilà. Pas illogique que j'avais tout naturellement envie de me barrer dans le parc. Mais bon, elle était quand même de sympa de faire ça, parce que vu que je n'y mettais pas trop du mien - pourtant, j'essayais... parfois - je reconnaissais bien volontiers que j'étais un peu insupportable, mais elle supportait ça sans broncher, avec cette espèce de petit regard maternel dont elle avait le secret.


- C’est pas grave pour le retard, je suis sûre que tu as une bonne excuse. Tu vas bien ?

Je lui fis un grand sourire pour la saluer, et comme tout était prêt - évidemment - et impeccablement organisé - double évidemment - je m'installai à l'endroit prévu, la regardant droit dans les yeux. Bien, bien, c'était vite dit, mais oui ben, j'allais bien.

- Désolé. Ca roule, et toi ?

Non parce qu'attendez : j'avais de quoi la faire parler, la petite. Vu les ragots qui courraient sur elle depuis quelques temps (c'était ça de se taper les Easter, ça mettait toujours un peu au centre de l'attention, et ça ne s'en allait plus jamais), j'en savais de bonnes, et j'étais d'ailleurs bien décidé à la cuisiner avec ça, pour le simple plaisir de voir sa réaction un peu gênée (oh, ça va, c'était pas méchant, juste pour rire, elle me devait bien ça, Wayland m'avait fait un coquard rien que pour ses beaux yeux).

- Bon, aujourd’hui la balance est ta meilleure amie. ... Dans quel monde ? Surtout, tu pèses tout au gramme près, deux grammes ce n’est pas pareil que trois, par exemple. Quand même, je savais compter. Ça influence, vraiment. Mais oui, mais oui, ouhlala, un gramme et demi au lieu de deux, mon dieu ! Tiens, commence par préparer les doses. J’ai ramené de l’essence d’ellébore, vu que tu n’en avais plus.

On préparait quoi, déjà ? Ah oui, un philtre. Je retins un bâillement parce que j'étais explosé ces derniers temps, et tâchai de faire comme elle disait, parce que je ne voulais pas non plus qu'elle croit que je me foutais de sa gueule. Ca n'était pas contre elle, je n'étais juste pas trop dans le mood, mais allez, si il fallait peser je voulais bien peser... Je pris un ingrédient au hasard mais j'avais vu qu'elle me l'indiquait, et je commençai à en mettre dans la balance, mais je le fis un peu rapidement et j'en balançai un côté, que je remis dedans avec les doigts, puis je soufflai sur mes doigts, mais du coup ça s'envola un peu dans la balance, enfin, vous voyez le tableau. Je lâchai un "fais chier" bien senti et essayai de ne pas penser à autre chose, mais c'était un peu difficile.

La meilleure solution était encore d'allumer sous le chaudron pour faire chauffer le machin, ça au moins je savais faire.


- Tu te rappelles ce que je t’ai dis ? Même si la potion commence à forte température, tu dois faire monter progressivement l’intensité de la flamme. Si tu mets au max dès le départ, ça abime ton chaudron et les ingrédients, il faut être patient, d’accord ?

- Oui, Maman, répondis-je avec un faux sourire obéissant et un petit rire narcquois.

Je pris ensuite les pinces pour mettre dans...

- Non, non ! Change de pinces, tu vas mélanger les ingrédients Chuck !

- C'est toi la pince,
répondis-je en grommelant.

Non parce qu'elle surveillait mes moindres gestes et ça m'énervait ; je n'allais pas apprendre si elle me disait tout, et à ce moment-là, elle n'avait qu'à le faire elle-même. D'ailleurs, en vrai, j'aurais vraiment voulu que ce soit elle à ma place, pour les contrôles et les examens, comme ça j'étais sûr d'avoir une bonne note de Serdaigle bien comme il fallait. Mais bon. Du coup, comme je ne voulais pas non plus l'envoyer chier alors qu'elle voulait simplement m'aider, je reposai la pince pour en prendre une autre, mais comme mon geste était un peu énervé - non mais ça va, on pouvait utiliser les mêmes pinces, c'était pas la mort - je fis basculer une petite fiole qui se répandit sur le plan de travail. Zut.


- Arrête, stop.

- Mais c'est pas de ma faute,
râlai-je en sortant ma baguette, pour faire disparaître la tache. J'allais pas me faire engueuler, non plus !

Mais tout d'un coup elle changea d'attitude et en deux temps trois mouvements agita sa baguette, ferma le porte et me proposa une clope. Ah, cool. C'était déjà la pause ? Je ne disais pas non. J'en allumai une et me mis à fumer tranquillement, me demandant bien ce que Ruby allait me dire, parce qu'elle semblait avoir quelque chose en tête - et d'ailleurs elle repesait elle-même ce que j'avais pesé pour m'éviter de le refaire et pour avancer la potion.


- Mets les cendres là, s’il te plait. Faire une potion la tête ailleurs, ça ne sert à rien. Et puis… Ce n’est pas que les potions qui t’amènent, pas vrai ? Quelque chose te préoccupe, à part ta réussite à l’épreuve de potions des ASPICS ?

Je regrettai un peu, sur le coup, de pas avoir été très attentif, parce que mine de rien elle m'accordait du temps, et qu'avec sa dernière question avait été posée de manière si gentille et d'une voix douce, que je n'avais pas envie qu'elle croit que je m'en prenne à elle ou quoi. Je veux dire, j'avais mes problèmes, elle avait les siens, elle m'aidait d'accord, mais ça n'était pas pour autant que je devais lui faire payer tout le reste. Notre relation était un peu particulière, parce qu'on ne s'affichait pas clairement potes comme je pouvais le faire avec Haley par exemple ; et puis avec Tay c'était un peu délicat parce qu'elle savait que je m'étais tapé Ruby, alors je ne voulais pas lui faire croire qu'il y avait danger de ce côté-là. Non, j'aimais bien Ruby, comme une pote quoi, et du coup ça nous arrivait de nous voir juste tous les deux pour partager un moment comme ça, discuter, ou plus souvent, qu'elle m'aide pour les cours. Ca n'était pas plus compliqué que ça. Je lui avais dit, d'ailleurs, les grandes lignes pour Taylord et moi, ce qui était signe qu'elle était plus qu'une simple meuf lambda, parce que ce n'était pas spécialement le genre de choses que je confiais à n'importe qui, surtout quand ça concernait ma vie de manière si... intime.

Enfin, bref, je m'étais assis un peu plus à mon aise, et je m'amusais à faire des ronds de fumée avec ma cigarette, au dessus du chaudron. Je lui lançai un petit sourire - le truc, c'est que je n'avais jamais vraiment la tête à faire des potions, si elle voulait tout savoir.


- Mais oui, quelque chose me préoccupe, dis-je sur un air faussement mystérieux. Figure-toi qu'il paraît que tu sors avec un bel inconnu. C'est vrai ? C'est cool, ça ! Et c'est qui, ce type ?

Ca me faisait plaisir pour elle d'ailleurs - et ça me permettait aussi de ne pas répondre directement à sa question, ce qui m'arrangeait doublement, je ne le cache pas. Mais bon, en même temps j'étais curieux : il n'était pas à Poudlard et comme j'en entendais des vertes et des pas mûres à son sujet, je n'arrivais pas à avoir la véritable information, donc je préférais l'entendre de la bouche de l'intéressée, pour être sûr.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Empty
MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeJeu 13 Juin - 1:55

Spoiler:


L’absence d’habitudes chez Chuck était devenue… Une habitude, pour moi. Il était toujours en retard, imprévisible, et je m’étais faite à l’idée que je ne pouvais pas lui imposer mes règles – et pourtant j’avais discrètement essayé. Mais peu importe comment je disposais les ingrédients, l’heure des rendez-vous que je prévoyais, les conseils que je lui donnais, il n’en faisait toujours qu’à sa tête. J’étais même étonnée de m’en être accommodée et surtout, de ne pas en être chiffonnée plus que ça. Au contraire, ça m’amusait presque. Pourtant, je n’étais toujours pas très à l’aise avec le désordre, mais Chuck avait toujours ce côté je-m’en-foutiste qui m’insupportait autant qu’il me faisait rire. Parfois je me demandais s’il ne faisait pas exprès, parce qu’il n’était vraiment pas adroit et qu’il n’avait aucune précision, puis je me faisais la réflexion que c’était sûrement moi qui était trop maniaque – mais pourtant ce n’était pas possible, comment pouvait-il supporter de se balader avec un nœud de cravate aussi mal noué, ça sautait tellement aux yeux et c’était si… Bon, d’accord, je vous l’accordais, les détails comptaient trop pour moi. Pour Chuck, il était complétement stérile de s’arrêter trop longtemps dessus. Au fond, il me rappelait un peu Lizlor sur cet aspect, mais je m’étais bien gardé de le dire à l’un comme à l’autre. Je comprenais la hargne de ma meilleure amie, je supportais mal l’idée que Chuck puisse la critiquer – à vrai dire, il l’aurait fait devant moi, il y avait de forte chance que ça soit moi qui lui envoie un poing dans la figure. Mais ils étaient tous les deux impulsifs, un peu nonchalant, à leurs manières, mais je ne pouvais m’empêcher d’en rire intérieurement. Et puis, simple constatation : ils étaient toujours en retard, et lorsque Chuck arriva comme prévu avec une petite demi-heure de retard, j’haussai les sourcils et balançai ma tête, un peu blasée. Ah, ça, c’était sûr, je n’allais pas le changer.

- Désolé. Ca roule, et toi ?

J’hochai positivement la tête, avec un sourire. Il était toujours désolé, pensai-je également, et j’eus envie de rire. Je me demandais même s’il le pensait un instant, d’autant qu’il avait fini par comprendre qu’au fond, ça m’était égal. Peut-être que j’avais la mauvaise attitude, car plus j’étais gentille avec lui, plus il tirait sur la corde et en profitait. Peut-être que dès le début, si j’avais refusé son retard ou ses manières un peu désinvoltes quand on faisait les potions, il se serait adapté ? En fait, j’en doutais. Chuck ne changerait pour personne, et tant qu’il ne me demandait pas d’arrêter de classer mes pinces selon leurs tailles, ça m’allait. Nous avions nos personnalités, et si je les avais crues longtemps incompatibles, il se révélait que j’avais plutôt tort. Le problème, c’est que je ne pouvais pas mettre des gens dans les boites, comme tout le reste. Chuck n’était pas simplement ce Gryffondor fêtard, un peu prétentieux et désintéressé, tout comme je n’étais pas simplement la préfète de Serdaigle blonde, soignée et serviable. Il y avait quelque chose sous les apparences, j’étais la première à le savoir. Et Chuck pouvait prétendre ce qu’il voulait, je savais que certaines choses lui tenaient plus à cœur qu’il voulait bien le dire – bon, peut-être pas les potions – et en retour, j’espérais qu’il ne me voyait pas simplement comme la poupée autoritaire de service. Je ne voulais pas lui faire la leçon –mais s’il pouvait simplement aligner les pots par taille, ça aurait été bien. Par texture et couleur, à la limite, c’était un peu poussé. Mais c’était plus harmonieux.

- Oui, Maman.

Je levai les yeux aux ciels, mais ne pus retenir un petit rire. C’était drôle, comme cette image maternelle me collait pour des raisons qui m’échappaient un peu. Je savais que ce n’était qu’un surnom, qu’une plaisanterie, mais elle me touchait un peu plus que je ne voulais l’admettre. Parce que je n’avais pas vraiment eu de mère, au final, et je ne savais pas vraiment comment on était supposé agir lorsqu’on avait ce rôle. Tout ce que je savais, c’est que pour moi la famille se résumait avant tout à de l’amour, et que c’était sûrement ce qui m’avait le plus manqué de la part de ma mère après l’incident. Est-ce que donc, quand on me trouvait un côté maternel, on voyait en moi l’affection que je portais aux autres –et à lui, au fond ? Je n’en savais rien, Chuck n’était peut-être pas aussi cérébral que je voulais le croire. Mais encore une fois, je ne pouvais pas lui demander de voir les choses à ma manière.

- C'est toi la pince.

Qu’est-ce que je vous disais… J’haussai un sourcil, et le regardai avec un petit sourire en coin.

- Fais pas le bébé, ou je vais te priver de dessert. Répliquai-je en rentrant dans son jeu.

Mais même si j’allais dans son sens, ça n’avançait pas, à croire qu’il faisait franchement exprès. J’étais persuadé que même Le Chat se serait mieux débrouillé que Chuck, mais je me retins de lancer Stephen dans la conversation. Il valait mieux caresser la bestiole dans le sens du poil et après avoir hésité un moment, je me décidai d’intervenir. Ça n’allait nulle part, il n’y mettait aucune volonté et je voyais très bien qu’il pensait à autre chose. La question était quoi, mais malheureusement, j’étais plus douée à faire des potions qu’à déchiffrer l’esprit de Chuck, mais je savais au moins ce qu’il fallait éviter. La stratégie de contournement était la meilleure, mais surtout, ne jamais le pousser – ni à parler, ni à faire des potions.


- Mais c'est pas de ma faute.

Mais quel bébé, pensai-je en secouant la tête et en passant un petit chiffon sur la tâche qu’il venait de nettoyer, juste au cas où, avant de lui tendre les cigarettes. Je n’allais pas gaspiller ce que nous avions déjà utilisé, et je ne disais jamais non à faire une potion de toute manière. Je ne comprenais pas pourquoi il n’aimait pas ça, c’était tellement reposant de simplement se préoccuper de ses petits ingrédients, de réfléchir à comment les ajuster, réfléchir aux effets, adapter… Ce n’était pas simplement une recette, il y avait tellement d’options différentes, et ça permettait de se vider l’esprit ; comment Chuck pouvait-il associer ça à de la torture, je n’en savais rien. Tant pis pour lui. Je lui jetai un coup d’œil, il faisait des ronds avec la fumée de la cigarette, tout content de lui, et sur le coup, je manquai d’éclater de rire. En fait, ce n’était pas seulement une image… J’étais vraiment la maman, et lui gamin, et ça me faisait rire parce que je l’aimais bien comme ça.

- Mais oui, quelque chose me préoccupe. Je me tournai vers lui, plissant les yeux en tentant de traduire silencieusement dans mon expression une phrase du genre « je sais déjà que tu vas dire une connerie », car son intonation était bien trop clichée… Figure-toi qu'il paraît que tu sors avec un bel inconnu. Je manquai de faire tomber ma pince, et la rajuster entre mes doigts en l’espace d’une demi seconde en espérant que Chuck n’ait rien remarqué. Pour le coup, je lui tirai mon chapeau : je ne m’y attendais pas à celle-là ! C'est vrai ? C'est cool, ça ! Et c'est qui, ce type ?

J’avais l’impression que tout à coup, les rapports de force étaient inversés, et que ça faisait bien marrer Chuck de me voir un peu rougir et m’enfouir derrière mes boucles blondes et mes potions. Pendant quelques secondes, je ne savais pas vraiment par où commencer, je finis de peser comme si de rien n’était, avant de poser les ingrédients en poussant un soupir.

- Oui, c’est vrai. Répondis-je d’abord, feignant le détachement – mais je sentais déjà mes lèvres s’étirer, et je me mordis la joue pour retenir un immense sourire. Je passai ma main dans mes cheveux, les agitai un peu pour les replacer derrière mon oreille avant de m’étirer en prenant bien soin de ne pas regarder Chuck. Franchement, finis-je par dire d’une voix un peu plus forte, c’est dingue comme les informations circulent vite ici ! M’exclamai-je avec un rire nerveux, et finalement, je pris moi aussi une cigarette et je me décidai à m’appuyer sur la table en faisant face à Chuck, qui était toujours aussi satisfait de la situation. Mais oui, c’est vrai, il est beau. Dis-je avec un petit regard amusé, en soufflant un long panache de fumée qui s’éleva jusqu’au plafond. Mais c’est pas un inconnu, si tu t’inquiétais un peu plus de tes réserves d’essence d’ellébore et que tu allais chez l’apothicaire pour en racheter, tu pourrais le vo… Soudain, je me cessai nette, mes yeux s’agrandissant, et je pointai mon doigts vers le garçon en signe de menace. N’y pense même pas. Tu ne vas pas le voir. Coupai-je court. Non parce que je le voyais déjà arriver tout curieux et amusé en mode « il est où l’amoureux de ma bestah Ruby oh salut je suis le mec qu’elle s’est tapée » non, non, je voulais éviter cette situation. Bref, il travaille là-bas. Mais à la base, je l’ai rencontré parce que… Je marquai une pause, soudain gênée, et j’aspirai une longue bouffée de tabac. Il est barman, mais comme je bois plus maintenant, de toute manière, ajoutai-je très vite, comme si de rien n’était, voilà, à la Tête de Sanglier, j’y ai passé beaucoup de soirées et… J’agitais mes mains un peu nerveusement, tournant mes index les uns autour des autres, tentant de traduire que de fil en aiguilles on avait fini ensemble. Il s’appelle Ewan. Il a 25 ans, d’ailleurs. Je tapotai la cendre, l’air de rien, mais relevai quand même les yeux vers Chuck. Tu crois que c’est bizarre, la différence d’âge ?

Je n’y avais tellement jamais fait attention, sauf lorsque nous nous étions disputés, que j’avais toujours du mal à me dire que nous avions autant d’années d’écarts. Mais quand je le formulais à voix haute, ça me faisait toujours tout étrange, et je n’avais pas pu m’empêcher de poser la question à Chuck, parce que je savais qu’il était franc et que passé les petites moqueries, il allait sûrement me répondre honnêtement. Mais qu’il ne pense pas s’en tirer aussi facilement, j’avais bien vu qu’il était préoccupé, lui aussi !

- Mais toi alors, au lieu de faire le malin, ça va avec Taylord ? Demandai-je, l’air de rien. Je savais qu’elle avait été malade dernièrement, et je me demandai un peu ce qu’elle avait, mais je ne savais pas comment l’aborder avec Chuck. Et puis, il y avait quelque chose d’autre qui me préoccupait… J’ai l’impression qu’elle veut m’étriper dès qu’elle me voit… Elle sait, pas vrai ? Je détournai les yeux, soudain très mal à l’aise, je passai la paume de ma main sur mon front. Va falloir que j’aille m’excuser, je voulais juste être sûre de ne pas créer des histoires, mais bon, de toute évidence tu lui as dit… Je poussai un soupir, plus las qu’énervé. C’était simplement super gênant, non seulement par rapport à Taylord, mais aussi… De parler de ça avec Chuck, je n’aimais pas trop. D’ailleurs, elle va mieux ? J’ai vu qu’elle avait été malade, dernièrement !

J’avais glissé ma dernière question très innocemment, avant de reprendre une bouffée de tabac. En grattant la surface, j’espérais découvrir ce que tout ça cachait, et ce qui préoccupait autant Chuck –et je n’allais pas le laisser dériver joyeusement sur Ewan pour s’échapper !
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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeVen 21 Juin - 16:52

Tel est pris qui croyait prendre, pas vrai ? La jolie petite blonde toute prête à me donner des leçons dans tous les sens du terme, en potions comme de savoir vivre, venait de se retrouver prise à son propre piège... Je ne retins pas un grand sourire en soufflant ma fumée vers le plafond, alors qu'elle baissait les yeux, qu'elle rougissait comme une petite fille, et qu'elle souriait malgré elle, comme une enfant à qui on venait de promettre la plus belle des poupées. Ah, l'amouuur... ça rendait con, quand même, la preuve en images. J'étais bien curieux de savoir quel genre de type elle s'était dégoté, après s'être fait Easter Junior et son pire ennemi dans la foulée - avouez que y'avait de quoi bien se marrer. Genre, c'était quoi son type à Ruby ? Parce que bizarrement, sous ses airs de petite poupée parfaite, elle aimait les mecs populaires qui se foutaient un peu de sa gueule et préféraient son cul ? Enfin bon, j'en savais rien, mais j'avais pas l'impression qu'Easter y soit allé avec des fleurs, même si je n'en savais pas plus que ce qu'avait raconté le Daily et ce qui courrait dans la salle commune. Alors, encore un mec du genre ? Ou bien carrément l'opposé, un petit Serdaigle coincé du coup qui ne demandait rien à personne, pour contrebalancer ? Enfin, les rumeurs disaient que le mec n'était pas à Poudlard. Et qu'il était plus vieux. Un père de 50 piges, pourquoi pas, quels secrets nous cachait la petite Standiford, après tout ? Chacun ses névroses, si elle aimait les vieux, c'était ses oignons, hein. Mais j'avoue que ça piquait bien ma curiosité, et que c'était en plus parfait comme sujet de conversation pour m'éviter tout le reste. Parce que les potions, d'accord j'avais besoin de cours mais... Ça allait bien 5 minutes. C'était con de ma part parce que les examens approchaient à vitesse grand V, mais je n'arrivais pas à m'y mettre, je n'y arrivais juste pas, et comment j'étais censé travaillé moi si en plus Taylord pourrissait à l'infirmerie ? Merci bien, j'avais d'autres problèmes en tête. Et aussi envie de me divertir. 

- Oui, c’est vrai. (là elle avait rougi comme une tomate, j'étais même étonnée qu'elle se mette pas à pouffer comme une autruche. Allons bon, elle était carrément amoureuse, ou quoi ?) Franchement, c’est dingue comme les informations circulent vite ici !

- C'est fou, me moquai-je toujours en souriant, alors qu'elle essayait de garder la face (échec).

- Mais oui, c’est vrai, il est beau. Mais c’est pas un inconnu, si tu t’inquiétais un peu plus de tes réserves d’essence d’ellébore et que tu allais chez l’apothicaire pour en racheter, tu pourrais le vo…

... Non. Attendez - quoi ?! Après m'être figé une seconde, et le temps de lui laisser comprendre ce qu'elle venait de dire, j'avais éclaté de rire et je me poilai comme un sauvage à imaginer la scène : bonjour, je viens acheter de la bile de tatou... Non j'déconne, j'viens juste te dire que je me suis tapé ta copine. Non mais, sérieusement ! L'amour rend con - deuxième édition.

- N’y pense même pas. Tu ne vas pas le voir. (trop tard, je riais déjà comme une hyène) Bref, il travaille là-bas. Mais à la base, je l’ai rencontré parce que… Il est barman, mais comme je bois plus maintenant, de toute manière, voilà, à la Tête de Sanglier, j’y ai passé beaucoup de soirées et… Il s’appelle Ewan. Il a 25 ans, d’ailleurs. Tu crois que c’est bizarre, la différence d’âge ?

Wow wow, ça faisait beaucoup d'informations d'un coup. Déjà - un point pour moi, j'étais pas loin pour le mec plus vieux. Pas trop loin. Ensuite... Je m'étais déjà fait la réflexion que Ruby avait quand même une sacré relation avec l'alcool, ce que je ne jugeais pas étant donné ce que je pouvais m'envoyer en soirée, mais elle, j'avais vu deux trois fois que ça pouvait même être la journée, et pour une meuf, à cette âge-là, je voulais bien être ouvert d'esprit, mais c'était quand même particulier. Mais d'un autre côté je ne pouvais mas figurer le mot alcoolique et lui associer, parce que l'alcoolique le plus notoire que je connaissais était celui qui croupissait au fond de notre jardin, mon père dans toute sa splendeur, planqué entre les vieilles bagnoles qu'il retapait et les vieilles bouteilles de whisky qu'il s'enfilait, ce qui n'était pas très flatteur si j'osais la comparaison avec Ruby, on est bien d'accord. Et puis du coup c'était bizarre, parce que ok mon père avait une putain de vie de merde et pouvait bien se noyer dans son alcool, je m'en foutais royalement, mais Ruby ?

- Ben non, on s'en fout de la différence d'âge, dis-je en haussant les épaules, et en tirant une nouvelle taffe. Du moment que c'est un bon coup. Pardon, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. J'avais envie de la voir rougir encore plus, juste pour le fun - oh ça va, on pouvait parler de cul, elle n'allait pas en mourir. Et puis, elle ne pouvait pas jouer les prudes... Pas avec moi. C'est un bon coup ? insistai-je avec un petit sourire qui ne pouvait pas lui échapper. Bah, qui aime bien châtie bien !

Vu qu'elle s'agitait un peu comme une malade et qu'elle tirait avec plus de forces sur sa cigarette, depuis qu'elle avait parlé de boisson, je me demandais si je pouvais lui en parler - mais en même temps... Elle l'avait évoqué elle-même. Mais j'hésitai. C'était pas trop mes oignons - et puis on ne savait jamais, et si folle dingue de meilleure amie apprenait qu'on avait parlé de trucs intimes, peut-être qu'elle allait encore me tomber dessus ? Ah, quelle bonne blague.


- Tu bois plus du tout ? dis-je pour tâter le terrain. Tu buvais vraiment trop ?

Enfin bon, comme je l'avais dit, chacun ses histoires... Je fis un petit signe d'épaules pour lui signifier que de toute façon, je m'en foutais, je veux dire, je n'allais juger personne. Je m'en foutais, de ce que pouvait faire les gens, si c'était bien ou mal, de manière générale.

- Mais toi alors, au lieu de faire le malin, ça va avec Taylord ? ... Question suivante ? Pourquoi elle avait capté que justement ça je ne voulais pas en parler ?! Je fis mine de pas trop avoir entendu et me baisser pour ramasser un morceau d'ingrédient tombé par terre. J’ai l’impression qu’elle veut m’étriper dès qu’elle me voit… Elle sait, pas vrai ? Va falloir que j’aille m’excuser, je voulais juste être sûre de ne pas créer des histoires, mais bon, de toute évidence tu lui as dit… D’ailleurs, elle va mieux ? J’ai vu qu’elle avait été malade, dernièrement !

... Bien bien bien.

Je poussai un soupir - du genre ok, ok, parlons de ces choses-là, j'ai bien compris qu'on ne peut pas y échapper - étendis mes jambes en posant mes pieds sur le bout de la table. Inutile de préciser que l'air farouchement gêné de Ruby à l'évocation de notre partie de jambes en l'air me faisait un peu marrer, mais j'étais sympa, je n'allais pas me foutre ouvertement de sa gueule non plus. Moi ça ne me faisait rien, mais c'était plus par rapport à Taylord que ça me dérangeait un peu, surtout qu'elle était aussi dans la conversation, et que oui, ok, c'était sûrement grave salaud de m'être tapé sa pote, mais en même temps ce soir-là sa pote elle-même m'avait balancé que Taylord ne pouvait plus me blairer, donc bon. Et pour la suite... J'allais dire quoi, moi ? Oui, techniquement, elle allait mieux, puisqu'elle était sortie. Mais ça ne suffisait pas, j'imagine... Je ne pouvais pas trop oublier ce qui s'était passé, et je commençais sérieusement à me demander où était le problème : le sien, si au final ce n'était pas moi, tout ça tout ça, bref : la merde.


- J'fais pas le malin, répondis-je pour le simple plaisir de faire ma mauvaise tête, mais c'était aussi pour me laisser le temps de cogiter. Bon. Comment dire les choses délicatement ? ... Je n'étais pas spécialement expert en la matière, ça, je ne pouvais pas le nier. Ouais je lui ai dit, euh, on en a reparlé quand on s'est remis ensemble... Re ? Ah tiens, un détail qu'elle n'était pas censée savoir, mais bref, je m'en foutais. Elle m'a demandé qui je m'étais tapé et je me suis dit que si je lui mentais, ça allait encore plus foutre la merde, tu vois ? Mais bon c'est pas de ta faute hein... Je veux dire, c'est fait c'est fait, conclus-je en haussant les épaules.

Bien sûr que j'avais envie de buter tous les mecs qui avaient traîné trop près de Taylord, et que je me doutais que pour elle c'était la même, et bien sûr que je la comprenais et qu'en plus Ruby était censée être son amie, mais, quoi ? Sur le coup je n'avais trompé personne, et de toute façon, Ruby n'avait pas fait ça exprès pour me piquer à Taylord.

Et pour la suite...


- Elle est sortie de l'infirmerie. Ça va. Tout d'un coup, ma clope était finie, et je n'avais plus trop rien pour m'occuper les mains, et je me sentais un peu mal de me sentir comme ça alors que Ruby était en face de moi - lui pleurer dans les bras, c'était franchement pas mon but.

Mais en fait, j'en savais rien si ça allait, peut-être qu'elle disait qu'elle se sentait mieux, mais et alors ? Je connaissais trop Taylord et sa mauvaise tête pour se persuader qu'elle allait mieux, pour m'éviter de m'inquiéter, de passer du temps à l'infirmerie, tout ça. En vrai, je me demandais ce qui clochait, et ce que je pouvais faire, parce que c'était là tout le problème : j'avais l'impression d'être planté là sans pouvoir faire une seule chose.


- De toute façon, je peux rien faire d'autre, conclus-je en restant évasif et toujours les yeux fixés sur le plan de travail, parce que je sentais qu'il fallait que je dise quelque chose, que le silence devenait pesant, et qu'elle devait se douter - encore une fois - que quelque chose n'allait pas.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeSam 29 Juin - 17:40

Je n'étais jamais très à l'aise pour parler de moi de manière générale, et encore moins lorsqu'il s'agissait de mes sentiments. Dès que les choses étaient un peu compliquées, à comprendre comme à expliquer, j'avais tendance à les passer sous silence. Si j'avais agis longtemps comme une petite fille parfaite, c'était sûrement pour ça d'ailleurs, par peur de devoir m'expliquer, me justifier et explorer des questions que même moi je n'osais pas soulever. Encore aujourd'hui, bien que petit à petit je me détachais de cette image, j'avais encore ses vieux réflexes de vouloir éviter les questions. Ewan était un sujet encore plus délicat, car la mise en lumière de ma relation avec Hadrian m'avait été difficilement supportable, et avec du recul, j'avais l'impression que c'était ce qui avait accéléré notre déchirure. Je n'aimais pas qu'on parle de moi, et lui n'hésitait pas à se mettre en avant – c'était une caractéristique propre des Easter – et toutes les rumeurs sur nous, ensemble ou séparément, sur nos fréquentations, nos disputes, c'était comme si tout bouillonnait jusqu'à que l'on se brûle. Je ne voulais pas que ça recommence, j'aimais trop la douceur de ma relation avec Ewan, cette atmosphère dans laquelle elle baignait où je me sentais en sécurité. Quand je parlais de ça, je sentais soudain que j'affichais trop les choses, et je ne savais pas comment l'expliquer, mais c'était comme si je brisais quelque chose, mon secret, mon mystère, et je voulais que celui dans lequel Ewan m'entraînait reste entier. Je l'aimais, et plutôt que de le crier au monde, je préférais le garder pour moi, enfouie tout près de mon cœur fébrile à cette constatation, comme un trésor que l'on chérit et que l'on cache dans une boite sous son lit.

Et avec Chuck, c'était encore plus étrange, parce que ce qui s'était passé entre nous était gênant, pour moi en tout cas, et que parler d'histoire de couples, de relations, et tout ce que ça englobait... Et puis, surtout, nous n'avions pas ce genre d'amitié. Du moins, nous le prétendions? Lui aussi était maître dans l'art de la dissimulation, et jamais nous ne nous disions clairement les choses. Pas même que nous appréciions. C'était comme un accord silencieux, et si au départ j'avais cru qu'il s'agissait de nous tolérer l'un l'autre, c'était à présent différent. Il m'arrivait de voir quelque chose et de l'associer à Chuck, d'entendre une histoire et de vouloir lui raconter car je savais qu'elle l'aurait amusé, de simplement repenser à nos discussions avec un sourire amusé... Je m'étais rendue à l'évidence: je m'entendais bien avec Chuck Carlton. Mais ça ne voulait pas dire que je tenais à partager ma vie intime avec lui – je l'avais fais une fois, d'une manière bien singulière, et je le regrettais toujours.


- Ben non, on s'en fout de la différence d'âge. Du moment que c'est un bon coup. Et il riait, en plus! Je manquai de recracher la bouffée de tabac que je venais de prendre, mais je gardais ma contenance, nous pouvant m'empêcher de sentir un drôle de sentiment dans ma poitrine, un mélange d'exaspération et de gêne, tandis que je lui lançai le regard que je réservais habituellement à Lizlor lorsqu'elle s'amusait à me taquiner et me mettre mal à l'aise. En quoi était-ce si amusant d'agir ainsi avec moi, hein? C'est un bon coup?

Il insistait en plus! Il s'attendait à quoi? Que je m'assois en face de lui et lui parle de ça, comme si nous étions les meilleurs amis du monde, avant de rire et de lui taper l'épaule en m'exclamant « ah qu'est-ce qu'on rigole bien! » ? Non, sérieusement... Même avec Lizlor, nous n'évoquions pas spécialement le sujet, du moins jamais sérieusement. Oh bien sûr, nous faisions des blagues parfois, nous avions des conversations comme toutes les filles, mais ce sujet me touchait trop, et trop étrangement, pour que je confie réellement mes peurs et mes questions. Même elle, lorsqu'elle me parlait de Stephen, elle n'était pas forcément exhaustive. Les choses intimes étaient si délicates, à la fois pour elle et pour moi pour des raisons différences, que je n'étais pas habituée à parler expressément de ça. Ma meilleure amie savait ce qu'il en était entre Ewan et moi, et pourquoi... Mais Chuck? Il s'attendait à ce que je lui dise?! Honnêtement, parfois, plus rien ne m'étonnait de lui, et de lui et moi.

- Oui, il embrasse très bien... Oh ce n'était pas la question? Demandai-je très innocemment, cherchant malgré moi à gagner du temps. Je n'étais pas sûre du genre de réponses qu'il attendait, et je commençais même à me dire qu'il cherchait simplement à me mettre mal à l'aise. Or, je ne voulais pas lui laisser la victoire sur ça. J'inspirai une longue bouffée de tabac, un peu nerveuse. Franchement, tu crois pas que ça ne te regarde pas? Et puis, j'ai pas... On a pas... Mon assurance se dégradait, et je me sentis soudain très mal à l'aise, mais je tentais de cacher le tout. On a pas couché ensemble... Mais pourquoi je te raconte ça moi! M'exclamai-je avec véhémence, agitant un peu brusquement mes mains, comme si j'étais fâchée contre moi-même. Je savais que ma réaction amuserait encore plus Chuck, mais à la fois... Il ne pouvait pas comprendre, et je ne pouvais pas lui en vouloir. Je lui avais sauté dessus, ivre, et peut-être me prenait-il pour une fille facile. Au final, je haïssais cette étiquette, mais que pouvais-je bien y faire? Je voulais me débarrasser de l'incident, de mes peurs, du contrôle, mais ça, il l'ignorait complétement. Tu... Tu t'es rendu compte, au moins, que j'étais... Que... Que c'était ma première fois?

J'avais lâché ma dernière phrase dans un murmure, mes joues rougies par la gêne de ma question et l'évocation de notre soirée ensemble. Je n'avais pas envie qu'il fasse de commentaires sur ce qui s'était passé, mais je n'avais pas pu empêcher les mots s'échapper de mes lèvres, parce que je craignais tant de mal faire avec Ewan que j'avais du mal à croire que j'avais pu complétement m'abandonner avec Chuck, au point qu'il... Ah, non, vraiment, cette conversation me gênait. Vraiment. Mais je devais y couper, forcément, ce n'était pas en laissant des non-dits et de la honte que nous allions évoluer, et surtout que j'allais finir par être en paix avec ce que j'avais fais. Si je pouvais l'être. Mais visiblement, Chuck n'était pas décider à me laisser en paix, lui, avec ses questions qui fusaient.

- Tu bois plus du tout? Tu buvais vraiment trop?

Je me crispai. S'il y avait bien un sujet qui me mettait encore plus mal à l'aise que le sexe, c'était bien ça... Surtout que je n'oubliais pas que j'avais bu devant lui durant notre retenue, et je me demandais s'il se posait des questions. Il avait toujours cette attitude décontractée, manière de dire que ma réponse lui serait égale, mais je ne pouvais pas... Je ne voulais pas qu'il me juge. Je ne voulais pas que quelqu'un me juge.

- Je suppose que boire vraiment trop est une notion qui varie pour les gens. Mais... Oui, ce n'était plus très sain. Donc je ne bois plus. Enfin, j'essaye. Répondis-je d'une voix maladroite, bien que ponctuée d'un ton plutôt ferme.

J'étais franche avec lui, et l'idée qu'il rebondisse ou m'attaque là-dessus me terrifiait. Comprenait-il, que le sujet était sensible? Lui aussi était un fêtard, et j'étais persuadée que le verre de trop, il connaissait aussi.. Mais sûrement dans un contexte différent. Etait-il capable de faire la différence, et de juger mon attitude passée objectivement? A la fois... Il ignorait beaucoup de choses. Bien sûr qu'il avait du remarquer, comme tout le monde, que j'avais l'air ailleurs parfois, que je finissais la plupart des soirées ivre, très ivre, et que mon attention en cours et mes résultats n'étaient plus aussi bons qu'avant... Mais ce n'était que la partie immergée de l'iceberg. Personne, outre Lizlor et désormais Ewan – même si je n'avais pas osé lui détailler les choses – , ne pouvait deviner la présence de la flasque dans mon sac, le besoin irrépressible dès le matin de sentir l'alcool dans ma gorge, la sensation d'ivresse qui s'atténuait au fur et à mesure, m'obligeait à boire un peu plus à chaque fois, les frissons sur ma peau quand le parfum ambré du whisky surgissait, mes mains tremblantes lorsque je cherchais, fébrile, la bouteille que je cachais dans ma commode parce que j'avais encore fais un cauchemar. Je ne buvais pas trop... Je buvais simplement. Tout le temps. Je bois. Présent d'habitude. Vérité générale.

Mais je ne voulais désormais mettre cette affirmation au passé, et je ne désirais pas m'attarder sur le sujet. Et puis, pourquoi soudain Chuck me posait-il autant de questions? C'était moi qui cherchait à l'atteindre, et j'avais la drôle d'impression que finalement, les rôles n'étaient pas aussi définitifs et figés que je l'avais cru.


- J'fais pas le malin. Oui je lui ai dis, euh, on en reparlé quand on s'est remis ensemble... Elle m'a demandé qui je m'étais tapé et je me suis dit que si je lui mentais ça allait encore plus foutre la merde, tu vois? Mais bon, c'est pas de ta faute hein... Je veux dire, c'est fait, c'est fait.

Bien sûr que si, c'était de ma faute – mais je ne formulais pas ma rancœur à haute voix. Il y avait eu une ombre lorsqu'il avait dit « remis », mais si je ne fis aucun commentaire, je n'en pensais pas moins. Il avait peut-être oublié, mais j'avais été amie, si on pouvait appeler ça ainsi, avec Taylord. Je m'étais toujours doutée qu'il y avait quelque chose, qui n'avait été confirmé que plus tard avec la rupture et les rumeurs. Mais je me souvenais clairement de cette soirée dans la Cabane Hurlante, de la photo qu'elle m'avait montré, de sa voix emplie de tristesse... Si Chuck pensait m'en apprendre, il se trompait, mais ça ne servait à rien de lui faire remarquer, je ne voulais pas qu'il se braque. J'eus une pensée pour Tay aussi, je me demandais comment elle avait du réagir quand il lui avait dit tout ça, la sensation dans son estomac quand il lui avait confié ce que j'avais fais, moi, moi qui l'avait écouté alors qu'elle était peinée, moi qui savait qu'elle souffrait de cette séparation, de l'attitude volage de Chuck...

- Je comprends, tu as eu raison. Répondis-je simplement.

Ça ne servait à rien de mentir. Moi-même, je savais que je devais la vérité à Taylord... J'avais simplement peur de son regard, de son jugement. Elle avait raison de le porter, mais à la fois, j'aurais voulu qu'elle comprenne... Mais peut-être qu'il n'y avait rien à comprendre. Je n'avais pas d'excuses, j'avais simplement voulu... M'échapper.


- Elle est sortie de l'infirmerie. Ça va.

Soudain, il était devenue bien moins expressif, presque gêné, et je ne répondis pas tout de suite. Est-ce que sa brièveté était signe que je ne devais pas pousser la chose? Pourtant, quelque chose m'interpellait... Il était venu ici pour faire des potions? Alors qu'il était préoccupé? Non, je n'y croyais pas. Il était venu chercher quelque chose d'autre, j'avais cette impression qui me collait. Il n'était pas là par hasard, sinon il n'aurait pas laissé de côté si facilement notre petite cuisine. Il était plus stressé par Taylord que par les ASPICs. Et il avait besoin d'en parler.

- De toute façon, je peux rien faire d'autre.

Il avait l'air dépité, et j'haussai un sourcil en signe d'interrogation. Il avait rajouté cette phrase, comme s'il cherchait à ouvrir encore un peu la discussion sans vraiment s'avancer... Je tirai une bouffée de tabac, le regardant curieusement. Je ne voulais pas le mettre mal à l'aise, car je voyais déjà qu'il n'en menait pas large. La manière dont il avait baissé la tête pour ramasser quelque chose quand j'avais évoqué Taylord, son regard désormais fuyant, sa manière de se tenir appuyé, un peu détachée et à la fois mal à l'aise...

- Chuck, arrête de jouer au plus fort avec moi, ça ne sert à rien. Fis-je remarquer avec un doux sourire, tirant sur ma cigarette négligemment. Je sais déjà que tu l'es, je suis ta mère je te rappelle. Ajoutai-je, et je lui tapai du poing sur l'épaule avec un petit rire pour l'embêter. Il surgit dans mon esprit qu'il y a quelques minutes, je trouvais inconcevable l'idée de Chuck et moi assis en train de nous taquiner et de rire... Bon, je ne cherchais même plus à comprendre. Je m'écartai un peu, me tournant vers le chaudron après avoir écrasé ma cigarette, et me reconcentrant sur la potion. Je ne tenais pas à gaspiller des ingrédients, mais surtout, je ne voulais pas regarder le Gryffondor. Si je feignais le détachement, cela serait plus facile pour lui de parler. Rien faire d'autre? Donc tu considères qu'il y a eu, ou qu'il y a quelque chose à faire? Demandai-je d'un ton détaché, souriant toujours tranquillement au dessus de ma balance tandis que je commençais à verser l'essence d'ellébore dans le chaudron.

Je relevai les yeux un instant vers Chuck, et lui adressai un sourire tendre avant de continuer la potion. Derrière toute cette atmosphère un peu enfantine, j'essayais réellement de lui dire, peut-être plus par mes gestes et mes regards, que ce n'était pas la peine de se cacher. Qu'attendait-il alors, pour me dire ce qu'il avait sur le coeur?...
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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeDim 18 Aoû - 17:14

L'idée, c'était de bien rester sur le chemin de ses confidences à elle, pour pas tout d'un coup déboucher sur les miennes. Non parce que c'était bien mignon, les potions, tout ça tout ça. Mais ça restait une bonne petite excuse pour penser à autre chose et faire semblant que je travaillais, rappelons-le. Je ne voulais pas penser, parce que tout me faisait chier et que j'avais besoin de croire que je pouvais ne pas y penser... Bref.

Je me demandais bien ce qui lui passait par la tête, à Barbie Potions, si elle croyait que j'allais vraiment être un doux petit élève, si c'était juste pour me remercier de m'être tapé la retenue de l'autre fois, ou bien si c'était par charité pour le pauvre agneau que j'étais, perdu en matière de Potions (et pas que d'ailleurs). Ou bien en vrai qu'elle était aussi mère Teresa qu'elle le paraissait ? Bah, ce que j'en savais. Ca ne me regardait pas, pourquoi elle le faisait, et puis je ne voulais pas non plus trop m'immiscer (sans mauvais jeu de mots) dans sa vie étant donné qu'elle avait pour meilleure amie un chien de garde des plus coriaces. Mais d'un autre côté c'était marrant cette situation, alors qu'on avait complètement laissé les potions (enfin, pour ma part) et qu'on fumait tranquillement notre clope en discutant de ses petites histoires de fesses. Enfin... Ou pas.

- Oui, il embrasse très bien... Oh ce n'était pas la question? Hahaha, si elle croyait qu'elle allait m'avoir, j'avais peut-être bu mais je me souvenais quand même de ce qui s'était passé dans la salle sur demande, elle ne s'était pas vraiment contentée de juste m'embrasser. Franchement, tu crois pas que ça ne te regarde pas? Et puis, j'ai pas... On a pas... On a pas couché ensemble... Mais pourquoi je te raconte ça moi!

... Quoi ? Nooooon.... Non ! Mais quelle blague ! Je lui lançai un regard surpris, avant de souffler ma fumée pour ricaner à mon aise. C'est pas possible, il était puceau ou quoi ? J'allais me foutre de sa gueule, pas spécialement méchamment mais pour la taquiner (il s'avérait que c'était plutôt drôle de la taquiner), mais elle me coupa carrément dans mon élan :

- Tu... Tu t'es rendu compte, au moins, que j'étais... Que... Que c'était ma première fois?

Ha ha ha !...

... Non. Noooon.

Quoi ?!

Et tout d'un coup elle avait rougi comme une tomate, et ne me regardait plus. Je mis un temps incroyable à percuter qu'elle avait bien dit ce que je venais d'entendre. Tout d'un coup, je me sentais super mal à l'aise, et je me redressai sur ma chaise, ne sachant plus trop quoi faire. Bien bien bien. Je m'y connaissais suffisamment en matière de meuf pour savoir que la première fois n'était jamais une mince affaire, et pas n'importe comment et pas n'importe qui blablabla, et ça compte, bref, je vous passe les détails. De ma propre expérience, non seulement les meufs dont c'était la première fois me l'avaient dit, mais en plus c'était différent, c'était gratifiant d'accord, mais c'était toujours un peu plus euh... délicat. Enfin bref, ça se sentait, et Ruby était en train de me dire que je n'avais rien senti de tout ça, et qu'en plus elle n'avait rien dit ?! Mais pourquoi ? C'était pourtant pas franchement le genre de meuf à se faire le premier venu comme ça, alors en plus, si c'était le début ! Ok, quelque chose m'échappait, là. ... Maintenant, qu'est-ce qu'elle voulait que je réponds à ça ? Eh bien écoute non, j'ai rien capté du tout, t'étais plutôt chaude comme la braise et tu te débrouillais bien à vrai dire, même si bon je l'avoue je pensais à Taylord parce qu'elle me manquait ? Voilà voilà, je ne me voyais pas trop lui rétorquer ça. Je me passai la main dans les cheveux pour trouver quelque chose à faire le temps de trouver quelque chose à dire, mais ça ne stimula pas trop mon cerveau. Ca me gênait, en fait. Ben ouais, je ne sais pas, si j'avais su, je lui aurais peut-être dit non (... quoi que) ou au moins je lui aurais dit hey réfléchis quand même, t'es bourrée, je ne suis pas mieux, on va faire ça une fois et basta, alors bon, moi je veux bien, mais toi...


- Ben, non, finis-je par dire (elle avait compris, mais bon). Mais euh... Mais euh, elle ne s'était pas tapé Hadrian ? J'eus un petite pensée jubilatoire. Comme quoi ! Mais euh, pourquoi ? Enfin je veux dire. T'aurais dû me le dire. Je haussai les épaules, ce n'était pas très clair tout ça, mais c'était plutôt dans son intérêt à elle que je pensais tout ça. Et pourquoi moi ?

Probablement parce que je m'étais trouvé au bon endroit au bon moment, rien de plus, comme elle d'ailleurs. Bon, c'était le moment de reprendre un peu de contenance - décidément, Barbie avait le chic pour me mettre mal à l'aise et toucher les points sensibles, où je rêvais ? J'avais attrapé sur la table un machin pour touiller la potion, en argent, et je le faisais rouler entre mes doigts, tout en me disant que j'avais bien envie d'une autre clope histoire de 1) me détendre un peu plus 2) remettre à encore plus tard cette connerie de potion - je ne me rappelais même plus, on faisait quoi, déjà, comme truc ?

- Je suppose que boire vraiment trop est une notion qui varie pour les gens. Mais... Oui, ce n'était plus très sain. Donc je ne bois plus. Enfin, j'essaye.

... Décidément. On en apprenait tous les jours. Je haussai les sourcils, avant de faire un petit signe de tête entendu, sans poser de questions supplémentaires. Chacun ses névroses, après tout. En matière d'alcool et de de drogues, je n'étais pas non plus en modèle, même si j'avais la certitude que Ruby n'amusait pas la galerie quand elle se mettait à boire - surtout si maintenant elle ne buvait plus, je veux dire... J'avais quand même un bel exemple à la maison, et je savais ce que ça voulait dire, boire trop, et que pour l'instant, je m'en trouvais loin.

Ca me gênait encore plus de parler de Taylord alors qu'en plus elle n'était pas là pour se défendre, alors que surtout elle avait été toute seule dans son lit d'infirmerie et que moi ça me tuait d'aller la voir là-bas parce que plus le temps passait moins je supportais cet endroit, mais je sentais sans trop savoir pourquoi qu'il fallait crever l'abcès, chose pour lesquelles, on se l'accorde, je n'étais pas spécialement doué. Garde pour toi et tais-toi, c'était tellement plus simple, pour moi, pour tout le monde. Ruby était bien mignonne, à me couver comme un poussin, mais il y avait un moment où si elle s'imaginait que j'allais tout avouer et lui pleurer dans les bras, elle pouvait tout aussi bien pisser dans un violon. Sauf que ce sujet là, je devais le démêler, voilà pourquoi je m'y prenais un peu comme un manche mais j'essayais, oui Taylord savait, oui c'était la merde, mais voilà il fallait bien, surtout que si en plus j'évoquais les autres, Haley et tout le bordel, on n'allait vraiment pas s'en sortir.


- Je comprends, tu as eu raison. Hmm hmm. Je me laissais un peu plus glisser sur ma chaise, espérant qu'elle avait raison elle aussi. Parce que j'essayais, comme je pouvais, mais tout ce que je faisais, j'avais l'impression que ça faisait du mal à Taylord, ce qui n'était justement pas mon but - au contraire. Chuck, arrête de jouer au plus fort avec moi, ça ne sert à rien. Eh bien, voilà qu'elle contre-attaquait. Je changeai encore de position. Bon, ça allait s'arrêter ce petit interrogatoire ou merde ?! Je sais déjà que tu l'es, je suis ta mère je te rappelle. ... Oui, enfin si on mettait de côté la salle sur demande, alors.

- Alors là, si je pouvais j'échangerais bien ma mère contre toi, dis-je en plaisantant - mais ce n'était tellement pas une plaisanterie, autant être clair. Enfin, bref. Ce n'était pas le temps ni le lieu pour évoquer l'imbécile qui me servait de mère.

Ruby était retournée à ses potions et du coup je la suivis, lui passant mollement des ingrédients dont elle avait besoin, tout en pensant à tout sauf à ce qu'on préparait. Elle avait des gestes assurés et je me demandais ce qui avait pu arriver dans sa vie pour qu'elle semble aussi douée en un truc aussi chiant, mais en matière de Serdaigle et de potions j'avais lâché l'affaire depuis Fray, ce qui remontait à pas mal de temps.


- Rien faire d'autre? Donc tu considères qu'il y a eu, ou qu'il y a quelque chose à faire?

... Mais putain. Elle allait me foutre la paix, oui ?! Qu'est-ce qu'elle voulait que je lui dise ? Ouin ouin, Taylord est malade, j'ai peur, je n'aime pas les maladies, j'ai peur pour mon frère, et d'ailleurs j'aimerais bien que cette série noire s'arrête, mais en même temps si Taylord est si malade c'est tellement de ma faute, parce que je n'ai pas pris soin d'elle et que je l'ai laissé crever toute seule comme un rat au fond de son trou ? Et que je faisais ce que je pouvais me rattraper mais c'était pas si facile que ça ? Ouais, super. Et après, ça changeait quoi ?

- Mais tu me soûles, lui dis-je en souriant quand même, parce que oui ça me soûlait mais ça partait d'une bonne attention, je comprenais bien. Je sais pas, peut-être, en tout cas je n'ai jamais su quoi. C'est juste que... Je n'aime pas trop les maladies, tout ça, ça me stresse. Je haussai les épaules. Et puis je lui ai fait du mal et c'est pas forcément facile, elle m'a peut-être pardonné, mais moi ? Pas besoin de m'étaler, elle était au courant, comme toute l'école d'ailleurs, que j'avais été un salaud. Je n'étais sûrement pas le dernier à ne pas me pardonner, si j'en jugeais la gueule de certaines personnes quand je les croisais. Enfin bref, ça va aller.

Il le fallait bien de toute façon. Tiens, il y avait un bout de... un oeil de lézard ? Oh putain, dégueulasse. Les joies des potions ! Je le fis rouler sur la table en m'aidant de la petite tige avec laquelle je jouais, sauf qu'en fait je voulais viser le bocal, mais ce connard d'oeil roula plus loin et glissa jusque dans le chaudron, ce que Ruby ne put pas empêcher puisqu'elle était affairée à compter les tours qu'elle faisait en mélangeant. Dès que l'oeil de lézard toucha la potion (10 contre 1 que ça explosait) il y eut un bruit chelou, et ce fut comme si le chaudron était devenu une paille dans laquelle quelqu'un avait soufflé trop fort : il n'y eut pas d'explosion, mais un grand vent sortit de la potion, et décoiffa les cheveux de Ruby, lui hérissant sur la tête pendant une seconde. Dommage, pas d'explosion ! Mais j'avais éclaté de rire comment, surtout que sa tête sur le coup avait valu tout l'or du monde.


- Oups ! Désolé. J'attrapai le bocal vide, où j'avais voulu faire rouler l'oeil. Bon ben, je crois que y'en a plus. Je t'avais dit que c'était peine perdue... ricanai-je en parlant de moi. Tu boirais du polynectar pour passer les examens à ma place ? Allez s't'euplait... Non mais, on pouvait toujours essayer. Je crois que c'était impossible parce que les profs faisaient gaffe à ça, mais putain, c'était tellement ce qu'il me fallait, car plus les examens approchaient et moins j'en foutais une.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeLun 19 Aoû - 1:25

Je n’aimais pas ce silence oppressant, celui qui suivait généralement les confidences un peu gênantes. C’était stupide pourtant, vu de l’extérieur, je n’avais jamais été de celle qui juge les premières fois, ou la virginité de quelqu’un. Je n’aurais pas eu honte, si les choses étaient différentes, d’être vierge, je n’y voyais aucun problème pour les autres… Mais je ne pouvais pas. Je n’y arrivais, je n’arrivais pas à prétendre être à l’aise sur ces sujets. Pourtant, j’étais une fille, j’avais entendu beaucoup d’amies parler de ce genre de choses, certaines avec plus de détachement que d’autres, mais tout semblait si… Simple. Pourquoi ça ne l’était pas pour moi ? Ma première fois… Quoi que je dise, ce n’était pas Chuck, ça ne le serait jamais, et peu importe les prochaines expériences que j’aurais, rien ne pourrait effacer avant. Même si les choses étaient parfaites, rien ne pourrait ôter cette sensation collée à moi, comme une pellicule fine de poussière. Ce que j’avais fait avec Chuck n’avait rien amélioré, au contraire. J’étais perdue, réellement perdue, et quand hésitante je laissais le mensonge franchir mes lèvres, j’eus envie d’y croire un instant. J’eus envie d’être cette fille qui avait perdu sa virginité en étant trop ivre, avec un inconnu, et qui le regrettait, plutôt que celle qui l’avait perdu à six ans, contre son gré, avec son propre père.

- Ben, non. Je relevai la tête un peu brusquement, surprise. Non ?... Eh bien, je devais vraiment être plus ivre que prévu ! Je me rappelais pourtant de tout, et même si je voulais effacer cet épisode, je ne pouvais pas nier que j’avais entretenu le feu que Chuck avait allumé, et que j’y avais pris du plaisir. Mais euh... Mais euh, pourquoi ? Enfin je veux dire. T'aurais dû me le dire. Et pourquoi moi ?

… Lui dire ? Malgré la situation gênante, je manquais d’éclater de rire. Mais oui, bien sûr, j’allais l’arrêter pour lui dire « Au fait mec, c’est ma première fois, enfin techniquement pas vraiment, mais je préfère te prévenir, le sexe est un sujet difficile pour moi et je souffre probablement d’un blocage émotionnel sur le sujet que j’aimerais résoudre avec toi, parce que je suis ivre et morte de tristesse suite à ma rupture, et que tu es parfait pour le rôle » ? Hum, non, vraiment, ce n’était pas l’idée. Je lui avais dit que ce n’était pas une bonne idée, mais j’avais fait un pas en avant aussi, il avait saisi l’opportunité et je ne pouvais pas le blâmer. A en juger par sa tête, il faisait vraiment moins le malin maintenant qu’il savait, et j’avoue que j’étais étonnée qu’il soit… Conscient de ce genre de choses, qu’il comprenne pourquoi je n’étais pas forcément à l’aise. Mais toute de même, je ne pus m’empêcher de relever ce qu’il avait dit… Non, il n’avait pas remarqué. J’eus une pensée comme automatique pour Ewan, songeant que peut-être, si j’arrivais à assez me détendre, je pourrais être… Un minimum douée ?

- Parce que tu étais là, répondis-je simplement, sans rien ajouter.

Ce n’était pas totalement vrai, mais que pouvais-je bien dire ? Je ne voulais pas répondre à ses questions, je ne le pouvais pas de toute manière. Il y avait beaucoup de raisons, certaines plus douloureuses que d’autres, avec des sources plus anciennes ou plus récentes, mais dans tous les cas, il était hors de question de les confier. Je ne voulais pas que Chuck me prenne pour ces filles stupides qui cherchent à perdre leur virginité le plus rapidement, juste pour être débarrassée, mais s’il fallait ce mensonge pour avoir la paix, je le préférais à la vérité trop crue. De toute manière, ça ne servait à rien que je me cherche des excuses. J’aurais dû réfléchir avant d’agir, moi qui le faisais toujours… Mais c’était trop tard, à présent. Ce n’était qu’une erreur de plus, honnêtement, je finissais par être habituée à la culpabilité. Et boire avait été une erreur, une de plus. J’attendais patiemment le regard étonné de Chuck, peut-être même accusateur, ou qui m’aurait jugé, mais il fit simplement un signe de tête, comme s’il comprenait silencieusement. Je restais un peu interdite, tentant de comprendre ce qui se passait… Chuck avait compris que je ne voulais pas en parler ? Que je venais déjà de lui avouer quelque chose d’important ? Décidemment, moi qui le croyais si nul en relation, je commençais à revoir mes positions. Je me surpris même à lui sourire sincèrement, comme si j’étais plus légère.


- Alors là, si je pouvais j'échangerais bien ma mère contre toi, glissa-t-il en riant. J’haussai un sourcil, réellement étonnée, mais j’eus de nouveau un sourire. Il riait, je le voyais… Mais je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir une petite chaleur dans la poitrine, comme un sentiment de satisfaction.
- Je te pourrirais la vie jusqu’à que tu ranges ta chambre, ajoutai-je en riant, l’air de rien.

Je retournais ensuite à la potion, bien sagement, comme si de rien n’était, en observant Chuck du coin de l’œil. Il n’était pas du tout concentré, et je poussai un petit soupir agacé lorsqu’il me passait une fiole en manquant de la faire tomber. Bon, décidemment, il fallait que je prévoie nos prochains cours particuliers quand il serait en état, et je ne voulais pas le paniquer, mais les examens approchaient et je n’étais pas non plus disponible tous les jours pour lui. Honnêtement, j’appréciais ces quelques heures en sa compagnie, sincèrement, mais il ne fallait pas pousser, je n’étais pas une sainte, et j’avais une vie à côté aussi. Et si Chuck avait un peu plus de bonne volonté, on aurait pu finir la potion plus tôt et aller autre part, ou juste rester là à discuter tranquillement sans s’inquiéter de notre chaudron. Mais bon, je me débrouillais avec lui. Rien ne nous empêcher de discuter malgré tout, et je tentais en ce moment-même d’ouvrir le dialogue.


- Mais tu me soûles, lâcha-t-il d’une plainte, et j’eus un petit rire. On aurait dit un enfant qui faisait un caprice. Je sais pas, peut-être, en tout cas je n'ai jamais su quoi. C'est juste que... Je n'aime pas trop les maladies, tout ça, ça me stresse. Et puis je lui ai fait du mal et c'est pas forcément facile, elle m'a peut-être pardonné, mais moi ? Enfin bref, ça va aller.

Wow… Chuck venait de me répondre sincèrement ?! Je retins un petit sourire satisfait. A la fois je n’aimais pas ce que j’entendais, à la fois j’étais heureuse qu’il l’admette, car je doutais fortement que beaucoup de personnes aient compris qu’il ressentait ce genre de choses. Et Taylord, dans tout ça ? Lui avait-il expliqué ? Je comprenais réellement ce qu’il voulait dire en tout cas, même si je n’avais pas vraiment d’expériences semblables, j’eus une pensée pour Lizlor qui avait pardonné mes écarts, et la tristesse que j’éprouvais toujours en pensant à mes mensonges. Je devinais également que ça ne devait pas être facile, de revenir avec une fille et une fois qu’on se croit à l’abri, elle tombe malade, et on s’inquiète… Mais Chuck était amoureux d’elle, ça se voyait, et ce qui le rongeait ressemblait plus à l’inquiétude qu’à de l’agacement. Quant aux maladies, je savais que visiblement le petit frère de Chuck n’avait pas la meilleure santé qui soit, et je ne comprenais qu’encore plus les craintes du Gryffondor pour Taylord.

- Tu devrais lui dire, en tout cas, glissai-je tout en continuant ma potion. Ce n’est pas parce que tu as des torts dans le passé que tu n’as pas le droit de te sentir mal maintenant, et puis je pense que tu ne peux te pardonner que si tu comprends pourquoi Taylord le fait, elle. Peut-être pensait-il qu’elle avait tort de le faire ? Mais bon, je pense que la meilleure chose à faire, c’est de lui prouver que tu es sérieux cette fois, et que tu l’aimes vraiment. Après, c’est sûr que les choses iront mieux, il vous faut peut-être simplement un temps d’adaptation. Ce n’est pas forcément parce qu’on est amoureux que le couple fonctionne directement, mais ce n’est qu’une question de temps et d’efforts, et je suis sûre que vous voulez en faire tous les deux, pas vrai ?

J’eus un sourire, et versai quelques ingrédients dans le chaudron. Je n’avais pas regardé Chuck tout du long, et j’ignorais ses réactions, mais j’espérais que mes mots le rassuraient un peu. Je me doutais qu’il réagirait en plaisantant, mais tant qu’il méditait tout ça plus tard, ça m’allait. Je croyais vraiment que lui et Taylord allaient être heureux ensemble, de toute manière. Je laissais le Gryffondor jouer à côté, me concentrant sur la potion qu’il fallait tout de même achever. Je mis à tourner en comptant, lentement, puis plus rapidement, vérifiant le feu et…

- CHUCK ! M’exclamai-je avec agacement.

Je ne savais pas ce qu’il avait fichu, mais une bourrasque de vent s’était échappée de la potion, en avait d’ailleurs profité pour me décoiffer – super – et ruinant notre préparation par la même occasion. Mais qu’est-ce qu’il avait fiché encore ?! Je poussai un soupir en me tournant vers lui, pinçant les lèvres et posant mes poings sur les hanches, comme pour avoir une explication.


- Oups ! Désolé. Bon ben, je crois que y'en a plus. Je t'avais dit que c'était peine perdue... Tu boirais du polynectar pour passer les examens à ma place ? Allez s't'euplait...

Je poussai à nouveau un long soupir, retenant un petit rire. C’est qu’il était agaçant avec son air pas du tout désolé, et très amusé de la situation ! Je passais mes doigts dans mes cheveux pour les remettre un peu en place, et je constatai les dégâts dans le chaudron. Il avait fait rouler un œil de lézard… Bon, on avait connu pire. C’était réparable.

- Si tu étudiais un peu mieux, tu saurais que vu la date des examens, on a plus le temps pour préparer du polynectar… Répliquai-je en agitant ma tête, la mine un peu exaspérée. Et puis arrête de dire que tu n’y arriveras pas, je te parie que tu auras Acceptable, tu verras une fois concentré, si tu fais attention et ne fais pas tout sauter, tu t’en sortiras, j’en suis sûre… Je lui fis un sourire, abandonnant finalement mon agacement qui n’était que superficiel, et je cherchais dans mes ingrédients pour… Il me faut du sang de serpent pour annuler ta bêtise, couplé avec du… Je ne fis pas ma phrase, Chuck ne comprendrait pas de toute manière. Bon, bref, je crois qu’il y en a dans les placards du fond, je reviens, ne touche à rien ! Dis-je d’une voix autoritaire, en me levant. Ahlala, qu’ai-je fais pour avoir un enfant pareil ! Ajoutai-je en me retournant vers lui et en tirant la langue en riant.

J’utilisais généralement cette pièce pour la préparation des potions car au fond se trouvait plusieurs armoires renfermant des ingrédients et des grimoires. J’en ouvris une première, grimaçant légèrement de la poussière qui recouvrait l’intérieur en vieux bois, et cherchai d’un coup d’œil la fiole nécessaire pour continuer notre philtre. Ne trouvant pas le sang de serpent, je refermai délicatement l’armoire pour ouvrir la suivante que je trouvais alors fermée. Je m’écartai légèrement, sortis ma baguette et murmurai un « alohomora ».

Le verrou sauta, mais je ne fis pas un mouvement en avant.

Des feuilles s’étaient échappées de l’intérieur de l’armoire et, comme agitées par une brise d’origine inconnue, tombaient devant moi. Je les observai, sentant une pression naître dans ma poitrine en regardant leur forme et leurs couleurs – des feuilles de platane aux teintes jaunâtres et quelques une plus vertes, comme si l’automne se mêlait avec le début du printemps. Je ne sais pas si je compris avant d’entendre le premier craquement, mais dès que les souvenirs s’imbriquèrent, je me sentis soudain figée et le bruit de feuilles qui se déchirent, le premier bruit qui résonna, fit écho au déchirement à l’intérieur de moi. Mon cerveau tenta faiblement de me dire de prendre ma baguette, de la lever, d’arrêter l’épouvantard avant qu’il n’apparaisse complétement – une part de moi criait qu’
il était mort, qu’il ne pouvait plus me faire de mal – mais mes pensées furent happées, s’envolant comme le faisaient les feuilles, me laissant complétement tétanisée.

J’étais consciente que, comme dans tous mes cauchemars, les craquements des feuilles précédaient son apparition. Je savais qu’il allait arriver. Non, je ne le savais pas, j’étais incapable de réfléchir – je le
sentais, à l’intérieur, je sentais la peur qui avait pris possession de mon corps et me gardait immobile, incapable d’agir.

Je ne m’étais pas trompée, et dans la pénombre surgit alors une main tendue vers moi. Les doigts étaient fins, les ongles courts et propres, mais je savais que si ces doigts me touchaient, ils me brûleraient, ils me feraient du mal, ils recommenceraient, ils me feraient me faire sentir sale – je ne veux pas être sale, murmura une voix d’enfant en moi. Mais je ne pouvais pas bouger. La réalité s’était évanouie autour de moi, j’ignorais si je pleurais, si je tremblais, si je criais : je n’entendais rien, si ce n’était le craquement des feuilles, et je ne voyais rien, si ce n’était cette main vers moi. Au poignet, une montre, sa montre, comme une horrible preuve du cauchemar dans lequel j’étais replongée.

Il allait recommencer.

Son corps sortait petit à petit de l’obscurité, il avait une jambe en dehors de l’armoire, et je reconnaissais un à un d’infimes détails que mon esprit n’avait pas voulu oublier. Le double nœud au lacet de ses chaussures, l’ourlet de son pantalon, les manches de sa chemise relevée. Il allait surgir, face à moi, il allait s’approcher, il allait me toucher, mon cœur scandait la peur dans chacun de ses battements. Cette fois-là était différente, car je savais ce qu’il allait faire, je n’étais plus cette petite fille innocente, je n’avais plus la robe rose, comme un cocon pour me protéger jusqu’à qu’on le déchire, j’étais comme une proie sans ma chrysalide.

Son visage était encore dans l’ombre, mais son cou, puis progressivement son menton et sa bouche furent révélés. Ses lèvres, elle me brûlerait à nouveau, elle se poserait sur ma peau vierge, elle l’abimerait et elle m’abimerait de l’intérieur, j’allais sentir son souffle rauque et chaud, j’allais entendre ses soupirs qui contracteraient mon cœur
– il allait recommencer.

- Ruby.

Le même ton doux, calme, mais je savais, oh je savais très bien que dès qu’il me regarderait, ça ne serait plus ce regard tendre qu’a un père pour son enfant, je ne voulais pas, je ne voulais pas – un cri surgit soudainement, expié terriblement comme un appel à l’aide, et le sol se déroba sous mes pieds. Je ne pouvais pas me protéger de lui, j’en étais consciente, mes bras face à mon visage, comme pour faire un pauvre bouclier, n’étaient que vains. Quel était ce goût dans ma gorge, celui des larmes ou de l’angoisse ? L’air me manquait, et il me semblait que mon corps était agité de soubresauts, comme s’il refusait déjà la douleur qu’il allait sentir à nouveau. Ce déchirement, autant physique qu’intérieur, mes cris qui ne pourraient pas sortir, l’incompréhension, la peur, et cette ultime supplication : arrête, tu me fais mal.

- Non, arrête, gémis-je alors contre toute attente, comme si une infime force en moi pouvait m’animer – était-ce ma voix, ou celle de la petite fille de six ans qui souffrait et demandait que tout cela cesse ? S’il te plait, non, non, suppliai-je, repliant mes bras un peu plus contre moi, fermant les yeux avec force pour que tout cela disparaisse, sursautant lorsqu’un bruit résonna tout près de moi.

Peu importe ce que je disais, peu importe les larmes. Il y a onze ans, j’avais demandé la même chose, j’avais demandé qu’il arrête, et il ne l’avait pas fait. Il ne s’arrêterait pas.


Mon père ne s’arrêterait pas.
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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeLun 26 Aoû - 23:38

J'avais été là, effectivement. Bonne place et bon endroit, ou mauvaise place mauvais endroit, au choix. Mais en tout cas tout d'un coup je me sentais carrément pas à ma place, à prendre des petits cours de potions avec Barbie Préfète, alors que finalement j'étais le mec sur qui elle s'était vengé pour je ne sais quelle raison, et je pariais toute ma fortune qu'elle regrettait un peu de s'être envoyée en l'air ce soir là avec le premier venu. Les meufs comme ça, elles réagissaient un peu toutes de la même façon, c'était un truc important et blablabla - du coup je me demandais bien ce qu'il lui passait par la tête pour qu'elle en vienne à me considérer comme son pote et comme quelqu'un qu'elle avait envie d'aider. Ou bien peut-être que c'était juste parce que j'étais une bonne grosse bille en Potions, et qu'elle ne pouvait pas laisser un pauvre petit agneau errer dans l'innocence. Qui sait : avec les Serdaigle, tout était possible.

- Je te pourrirais la vie jusqu’à que tu ranges ta chambre, plaisanta-t-elle. Oh oh, mais c'était qu'elle avait plus d'une corde à son arc - je lui rendis un petit sourire moqueur, me disant qu'au moins, il fallait voir le bon côté des choses : avec une mère comme la mienne, ce genre de connerie dont tous les ados se plaignaient ne risquait pas de m'arriver.

Mais bon, Ruby ne pouvait pas savoir, et pour ce qui était de m'étaler sur le sujet : non merci. Ca n'avait jamais été dans mes habitudes, et à part Taylord à qui j'avais balancé quelques trucs plutôt personnels dès le début (le mystère s'expliquait, maintenant) et cette espèce bizarre de Fray avec qui on avait vaguement abordé la chose en cours de DCFM, personne ne savait. Et moins les gens savaient, mieux je me parlais. Parfois, j'enviais Tess : je savais qu'elle nous enviait d'être tous les deux, parce qu'elle n'avait ni de frère ni de soeur et que je savais que ça l'aurait bien fait kiffer, et que même si on était ses frères de substitutions il y avait forcément un truc particulier avec Coop et moi, mais je l'enviais parce qu'Angie et Hamish n'étaient peut-être pas parfaits, mais vu à quoi je pouvais les opposer... Ils étaient les parents dont j'avais toujours rêvé, si jamais dans je ne sais quel monde parallèle j'avais pu échanger les miens. Angie avait beau me faire chier quand elle s'y mettait, elle était géniale, elle était drôle, et surtout elle se préoccupait de sa gamine et de nous comme si on avait été les siens, à l'opposé de sa soeur. Je n'avais jamais compris ce qui les rapprochait, d'ailleurs, je veux dire, Coop et moi on était différents, mais Angie et sa soeur, à ce point ?! A la réflexion, le mystère entier était Angie, parce que vu les parents qu'elle se tapait, à la limite, ça excusait presque ma mère... Presque, évidemment. Mais pas complètement. Pas du tout, en fait. Je ne lui trouverais jamais d'excuses, et je crois qu'elle le savait tout aussi bien que moi.

Bref, on en était où... Ah oui : potions et confidences. Merveilleux. Et vu ce que j'avais bavé au sujet de Taylord, parce que je m'étais senti un peu poussé dans mon coin et que Ruby insistait gentimment, je me disais que je n'allais pas m'en tirer en deux temps trois mouvements, qu'elle allait saisir le truc au bond : bingo.


- Tu devrais lui dire, en tout cas. Ce n’est pas parce que tu as des torts dans le passé que tu n’as pas le droit de te sentir mal maintenant, et puis je pense que tu ne peux te pardonner que si tu comprends pourquoi Taylord le fait, elle. Mais bon, je pense que la meilleure chose à faire, c’est de lui prouver que tu es sérieux cette fois, et que tu l’aimes vraiment. Après, c’est sûr que les choses iront mieux, il vous faut peut-être simplement un temps d’adaptation. Ce n’est pas forcément parce qu’on est amoureux que le couple fonctionne directement, mais ce n’est qu’une question de temps et d’efforts, et je suis sûre que vous voulez en faire tous les deux, pas vrai ?

Ouais ouais ouais... Je lui lançai un sourire narquois, comme si je me foutais totalement de ce qu'elle venait de dire - non mais, je n'allais quand même pas recevoir des conseils en matière de couple d'une meuf qui sortait avec un type de 25 piges et qui ne couchait même pas avec. Ça, c'était chelou. Je haussai les épaules et me concentrai sur la potion, comme si tout d'un coup j'avais été touché par la grâce du dieu des potions. Mon droit de me sentir mal, je pense que je pouvais me le carrer bien profond, parce que je ne voyais pas trop de quoi j'aurais pu me plaindre alors que c'était moi qui avais mis les pieds dans le plat et qui avais fini par tout péter, Taylord comprise. Elle le savait que j'étais sérieux, que je l'aimais vraiment.. Quand même, j'avais traversé un continent pour elle, alors merde. Et des efforts, on en faisait. Mais j'avais l'impression que rien ne saurait assez - en fait, j'aurais voulu que Taylord lise dans ma tête, rien qu'une seconde, et voit que je disais vrai, que je n'aimais qu'elle, mais que je ne savais absolument pas comment m'y prendre puisque c'était la première fois (pour rester dans le thème des premières fois).

Bref, elle cria comme une maîtresse en colère quand la position lui souffla dans la tronche, et me jeta des regards courroucés pendant que je me marrais sous cape - oh, ça va, une potion restait une potion.


- Si tu étudiais un peu mieux, tu saurais que vu la date des examens, on a plus le temps pour préparer du polynectar… Réponse de Serdaigle : check. Et puis arrête de dire que tu n’y arriveras pas, je te parie que tu auras Acceptable, tu verras une fois concentré, si tu fais attention et ne fais pas tout sauter, tu t’en sortiras, j’en suis sûre… A quel pourcentage croyait-elle ce qu'elle me racontait ? Il me faut du sang de serpent pour annuler ta bêtise, couplé avec du… (blablablabla) je reviens, ne touche à rien ! Ahlala, qu’ai-je fais pour avoir un enfant pareil !

Mouais. Date des examens ou pas, ce n'était plus de la magie dont j'avais besoin pour réussir, mais d'un don du ciel, parce que là... C'était carrément du suicide ou je je m'y connaissais pas ; pourtant avec Taylord on avait prévu de réviser ensemble et on avait commencé à envisager l'hypothèse d'ouvrir un livre, pour la forme (enfin elle surtout, moi, ça restait encore à l'état embryonnaire) mais avec tout ce qui s'était passé, autant dire clairement que ma motivation était passée de -1000 à -1000000000. Je me contrefoutais royalement des révolutions de Gobelins à travers la planète, les vertus de l'Asphodèle, je m'en carrais le cul comme de l'an 40, et alors les charmes et les sorts de métamorphose que Kelsey s'acharnait à nous apprendre les uns à la suite des autres, ils me passaient au-dessus de la tête sans que je lève un instant le nez pour les voir passer. Voilà pourquoi Barbie Potions pouvait rouspéter : les Potions ne dérogeaient pas à la règle, loin de là. Déjà que naturellement, je n'étais pas vraiment du genre travail acharné et compagnie, mais alors avec tout ce qui me vrillait le cerveau et me noircissait les pensées en ce moment, bonjour l'ambiance. Ça n'arrangeait rien à rien, si ce n'était que j'avais de plus en plus envie de faire la fête, et de moins en moins de temps pour la faire, justement. En tout cas, si je ne me trompais pas, ce n'était pas exactement au détour d'une petite séance de "révisions" de potions que j'allais dire à ma partenaire, hey, et si on abandonnait tout ça et qu'on se servait un petit Pur-Feu pour nous changer les idées?, parce que j'avais cru comprendre que ce n'était plus trop le genre de la maison. Je regrettais presque sa petite fiole de l'autre fois, pour le coup, mais en même temps, j'imagine que c'était quand même plus sain pour elle.

En parlant d'elle - qu'est-ce qu'elle trafiquait ? Je réfléchissais tranquillement à tout ça en l'entendant remuer les bocaux du fond de la salle, près de l'armoire, mais quand le déclic de la porte s'était fait entendre, tout d'un coup il n'y avait plus eu de bruit. C'était cela qui m'alerta, et je tournais mollement la tête vers elle : eh bien quoi, drame, il n'y avait pas l'ingrédient qu'elle cherchait ? Bah, on s'en remettrait.


- Qu'est-ce que tu branles ? lui demandai-je en me disant qu'on allait pas non plus passer la soirée ici, hein. (Oui, par contre, il m'était arrivé de choisir des expressions plus appropriées. Mais bon.)

Silence. Bon eh bien quoi, ohlàlà, j'avais été trop vulgaire pour madame ? Parce que bon je voulais bien croire qu'elle...

... Non mais, il se passait quoi là-bas ?

Je m'étais levé de ma chaise tout d'un coup : des feuilles d'arbre avaient glissé sur le sol, et je ne sais pas pourquoi mais le fait qu'il n'avait pas de vent, pas d'arbre, puisqu'on était dans une salle à l'intérieur du château, et que c'était quand même chelou que quelqu'un ait rangé des feuilles dans une armoire, ça me serra la gorge de cette manière particulière, quand je sens que le danger est quelque part pas loin et qu'il pointe le bout de son nez. Instinctivement, j'avais attrapé ma baguette (depuis l'attaque des Mangemorts, j'avais souvent ce geste brusque et nerveux, malgré moi, au moindre truc qui clochait). Est-ce que quelqu'un pouvait m'expliquer ce bordel ? J'appelai Ruby plusieurs fois, mais elle ne bougeait pas et ne semblait pas m'entendre.

Je fis quelques pas en avant, dans sa direction. La porte s'était entrouverte (chapeau, parce que dans le genre scénario de film d'horreur avec la porte qui grince dans l'ombre, la main qui apparaît petit à petit, tout ça tout ça, on n'aurait pas pu faire mieux) et je me demandais à qui pouvait être ces doigts. Quel genre de créature se cachait là ?! Je ne savais pas, moi, on aurait dit une main d'homme et... Oh, bordel. En comprenant, je me stoppai net, coupé dans mon élan par un espèce de mur invisible et bien costaud contre lequel je m'étais cogné de plein front.

Vu l'effet que tout ce petit cirque avait sur Ruby, je compris que c'était lié à elle, et qui voulait dire lié à elle et créature magique impliquait un Epouvantard - il ne fallait pas non plus être à Serdaigle pour arriver à cette déduction. Bien. Bien bien bien... Je sentis que ma gorge se serrait un peu plus. Clairement, Ruby ne gérait pas le truc, pas du tout même. Et clairement aussi, le mec qui apparaissait dans l'armoire allait finir par sortir, et si pour l'instant tout ce truc de mains et de feuilles ça ne me faisait pas flipper, je me disais bien qu'elle allait finir par s'évanouir sur le carrelage si je ne faisais pas quelque chose. Voilà : quelque chose. A savoir, me mettre entre elle et l'Epouvantard, et lui lancer un Riddikulus, et roulez jeunesse. Simple sur le papier. Dans les faits...

Dans les faits, j'avais à peu près autant envie de voir mon frère mort sur un lit d’hôpital que de me faire découper vivant en petits dés au couteau suisse, là maintenant tout de suite. L'équation était simple, toute simple. Parce que je n'en avais jamais affronté... Mais je savais, je
savais.

Alors ? Je serrai un peu plus ma baguette. J'appelais toujours Ruby, et elle ne m'entendait toujours pas. Elle paraissait se ratatiner de plus en plus face au machin qui sortait de l'armoire, et étrangement, je commençais à me sentir mal à l'aise moi aussi, comme si je ne voulais pas voir qui était ce type inconnu, que je ne voulais surtout pas qu'il se matérialise devant nous. Bon, réfléchis mon petit Chuck : mon coeur battait fort, je sentais mon sang vibrer dans mes veines. Quand une voix retentit, ni la mienne, ni celle de Ruby, et qu'elle s'effondra un peu plus, je sus que je n'avais pas le choix, de toute façon. Je m'approchai plus près, pointant l'armoire de la baguette.

- Non, arrête... S’il te plait, non, non,... murmura Ruby d'une petite voix plaintive que je ne lui connaissais pas, et mon regard fut attiré par elle, comme un aimant : j'avais rarement vu quelqu'un d'aussi appeuré et vulnérable et résigné, et mon énergie contre cette Epouvantard à la con s'en trouva d'avantage décuplée.

- T'inquiète, il va rien te faire, dis-je d'une voix forte, pour qu'elle ne perde pas le fil de réalité.

Voyons, voyons... Qu'est-ce qui pouvait bien lui arriver ? Il allait glisser sur une feuille et tomber en arrière et se coincer ses putains de doigts dans la porte qui allait lui claquer dessus, tiens, bien fait pour lui. Et du coup, il allait retomber dans l'armoire et tous les pots allaient se renverser sur lui, foie de rats, bave de limaces et yeux de grenouilles en prime. Content de moi, j'eus un petit sourire moqueur quand je prononçai clairement :


- Riddikulus !

Wouhou ! Le machin fit exactement comme prévu et il y eut un grand bruit de porte qui claque suivit d'un autre grand bruit de verre cassé (et d'un bruit gluant dégueulasse) et puis tout disparu, les feuilles tout ça, tandis que je verrouillai la porte histoire que le truc reste bien enfermé dedans. L'armoire tressauta deux trois fois, et puis plus rien.

- Ca va aller ? demandai-je à Ruby, plutôt content de moi, me tournant vers elle de nouveau. Elle avait glissé par terre, et tremblai de tout son corps. ... Bon, ok, je ne savais pas trop de quoi elle avait eu peur, mais ça avait l'air sacrément important en tout cas. Après une courte hésitation, je fis un pas vers elle, tendant la main pour lui mettre sur les épaules mais - EEEH !

Une seconde après j'étais contre le mur, à deux mètres de là. Un truc m'avait écarté de Ruby et projeté contre les pierres, et j'avais poussé un grognement, parce que ça ne faisait pas franchement du bien. Ok, c'était moi où Ruby avait tellement la frousse qu'elle se protégeait malgré elle et venait de me dégager comme si c'était moi qui avait surgi de l'armoire, avec les feuilles et compagnie ?! Non mais, elle allait me faire une crise de nerfs et me clamser dans les bras, c'était pas possible... Plus ça allait et plus elle tremblait et semblait pleurer mais je ne voyais pas son visage, elle se cachait. Je me rapprochai peu à peu, doucement, faisant assez de bruit pour indiquer ma présence, pas trop pour l'effrayer. En fait, c'était moi qui commençait à flipper : elle paniquait vraiment, et j'avais l'impression qu'elle n'était plus elle du tout, plus la Ruby que je connaissais, juste qu'elle avait peur et qu'elle ne contrôlait plus rien.

- Ruby, c'est moi, c'est Chuck, répétai-je en m'approchant ; calme-toi, je vais rien te faire... C'était un Epouvantard, c'est bon, il est parti, je l'ai enfermé, il ne va plus apparaître. C'était pas vrai, ce, euh... Ce truc là, c'était personne et ça peut pas te faire de mal. Bon sang, je ne savais pas quoi dire de plus moi, je ne savais même pas ce qui s'était tramé justement ! Je finis par enfin pouvoir poser ma main sur son épaule, et m'agenouillai près d'elle. Ruby, ça va mieux ? Respire, c'est bon, c'est fini, regarde, il n'y a plus personne... Et puis de toute manière, c'était qui ce type ? Il te voulait quoi ? Je ne le laisserais pas faire, conclus-je avec un petit sourire qu'elle ne pouvait pas voir, mais bon. Je faisais ce que je pouvais pour la détendre, et vu comment elle était tétanisée, je me demandais franchement si elle allait réussir à reprendre ses esprits...
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeDim 1 Sep - 22:40

La peur s’était répandue dans tout mon corps, infiltrant mes veines une à une pour se diffuser dans chaque partie de moi et me paralyser. Mon cœur pompait le sang, mais c’était toujours le même, le contaminé, et mon cerveau s’était laissé emporter lui aussi. Je ne voulais pas, je ne pouvais le revoir. Depuis l’incident, son souvenir était une image flou, des sons, des souvenirs, et non des traits distincts. A quoi ressemblait-il, tandis qu’il sortait de cette armoire, qu’il revenait une nouvelle fois me blesser, je reconnaissais un à un les détails qui le constituait. Mais mon esprit refusait de reconstituer le reste, de ce souvenir du grain de beauté sur son menton ou de sa coupe de cheveux : il n’était qu’une masse indistincte. Même lorsque Woodley m’avait fait tout revivre, ça avait été flou ; je me rappelais de ce qu’il m’avait fait pourtant, mais il était presque flou, comme s’il n’était qu’une image de la douleur. Comme s’il était la peur lui-même. Et comment se protéger d’une idée ? J’étais trop faible pour ça, pour tout. Je l’avais toujours été, et c’était autant sa faute que la mienne. Mon masque de perfection ne m’avait qu’affaibli, puisqu’il m’avait coupé de la réalité et de mes véritables faiblesses. Je vivais une illusion qu’il était si simple de briser. Je le voyais en cet instant. Il était ce qui m’avait blessé le plus et me terrorisait.

Et dans mes cauchemars, jamais mon esprit ne poussait le vice jusqu’au bout. Jamais il ne me touchait, je me réveillais souvent lorsqu’il murmurait mon prénom. Parfois, d’autres phrases s’échappaient, et je ne savais pas si elles étaient réelles, s’il les avait réellement prononcées, ou si ma mémoire me torturait. Je crois qu’il m’avait dit que j’étais jolie dans ma petite robe, mais je n’étais pas sûre, et s’il n’avait pas parlé ? Ou alors avais-je pu entendre ? Parfois, dans mes songes nocturnes, dans mes tortures, j’entendais les râles qui laissaient échapper, j’étais même persuadée de sentir l’alcool qui se dégageait de son haleine, et le tabac froid. Mais c’était impossible, je ne pouvais pas sentir dans mes rêves, je ne pouvais pas recréer des sensations… Et pourtant, au réveil, tout cela avait un goût de véritable qui m’empêchait toujours de me rendormir. Mais qu’est-ce que cette impression, comparée à ce que j’affrontais en cet instant ? Il était là à nouveau. J’étais immobile, j’étais faible à nouveau. Je l’étais toujours. Je ne voulais pas qu’il me touche, je ne voulais pas, je ne pouvais pas, mais tout mon corps était bloqué, immobile, tandis que je tentais pitoyablement de me protéger. Que pouvaient bien faire mes supplications, mes bras en signe de protection devant moi ? Je savais que rien ne pourrait l’arrêter. Il n’avait pas de pitié, il était malade, il était déterminé. Je n’étais que sa poupée, son jouet.

J’entendis un premier bruit sourd, et compris qu’il avait fermé la porte de l’armoire. Il était là. Devant moi. Son visage, ses yeux, il devait me regarder. Son regard me salissait. Les larmes bloquaient ma gorge, mes paroles, et je repliai mes genoux contre moi et les entourai faiblement de mes bras, me roulant en boule. Mais ça ne suffirait pas. Tout mon être se torturait, et les sensations revenaient par vague. J’avais mal, physiquement, partout où il m’avait touché, embrassé, accroché, et entre mes sanglots, j’entendais des gémissements de douleur s’expier de mes lèvres.

Je ne voulais pas je ne voulais pas je ne voulais pas qu’il me rende
sale.

Je sentis une présence trop près de moi, et je me contractai encore plus fort. Un autre bruit retentit, comme si quelqu’un était tombé. Avais-je recommencé ? J’avais senti cette même décharge émaner de moi, naissant de ce sentiment clair et horrible dans mon esprit : tout plutôt qu’il continue, n’importe quoi, que je meurs,
qu’il meurt lui. Je sentis le dégoût monter en moi, l’envie de vomir, et je serrais mes doigts sur mes mollets, comme pour retrouver une prise. Je ne voulais tuer personne, moi. Je ne voulais pas. Pourquoi est-ce que je devais en arriver là ? Etais-je un monstre pour souhaiter la souffrance, pire, la mort, de quelqu’un d’autre ? De mon propre père ? Mais c’était lui qui l’avait voulu. C’est lui qui m’avait détruite, c’était injuste, je ne voulais pas me venger, je voulais juste me sauver. Pourquoi m’avait-il obligé à en venir là ? Je ne connaissais pas la mort, à cet âge. Je voulais simplement que ça s’arrête…

Je ne voulais pas je ne voulais pas je ne voulais pas qu’il me rende
sale.

- Ruby, j’eus un sursaut douloureux qui contracta mes muscles et mon cœur, et je relevai brusquement la tête, complétement perdue, c'est moi, c'est Chuck. Calme-toi, je vais rien te faire... C'était un Epouvantard, c'est bon, il est parti, je l'ai enfermé, il ne va plus apparaître. C'était pas vrai, ce, euh... Ce truc là, c'était personne et ça peut pas te faire de mal. Je restais hébétée, le regardant avec de grand yeux, mais son visage était flou, mes larmes brouillant ma vue. Je ne comprenais pas. Un… Epouvantard ? Chuck mit sa main sur mon épaule, et j’eus un nouveau sursaut. La réalité me frappa un peu brusquement, et j’attrapai la première bouffée d’air, enfin. Ruby, ça va mieux ? Respire, c'est bon, c'est fini, regarde, il n'y a plus personne... Et puis de toute manière, c'était qui ce type ? Il te voulait quoi ? Je ne le laisserais pas faire.

J’éclatai en un nouveau sanglot, et soudain, je me jetai dans un mouvement incertain contre Chuck, me blottissant contre lui. Je sentis ses bras m’enserrer maladroitement, et je me roulai un peu plus en boule, comme si je cherchais à disparaitre, les sanglots coupant ma respiration. J’étais tétanisée, j’en avais mal tant mes muscles se tendaient. J’avais l’impression que j’allais exploser en une seconde, si on appuyait, j’allais voler en éclats. J’essayais de me raccrocher à Chuck, de me dire que c’était fini, j’essayais d’atteindre la réalité mais elle m’échappait. Etais-je lui que j’avais projeté contre le mur ? Quand avait-il fait disparaître l’Epouvantard ?

Epouvantard… Ce n’était pas vrai, alors ? Il n’allait pas recommencer ?

Mais Chuck avait tort. Bien sûr que ça pouvait me faire du mal. Encore, toujours. Ça allait me pourrir de l’intérieur jusqu’à la fin. N’était-ce pas ce que j’étais en train de vivre avec Ewan ? Ce maudit blocage, cette peur, tout ça ; c’était l’incident qui avait laissé sa marque à jamais. Je tentais de reprendre ma respiration, mais c’était impossible, tout m’échappait. Je ne pouvais pas contrôler, je ne pouvais plus… Est-ce que Chuck avait vu son visage ? Un instant, je manquais de demander : comment me regardait-il ? Mais je cherchais à me reprendre, me rappelant ce qu’il avait dit. C’était pas vrai. C’était fini maintenant… Alors pourquoi me sentais-je si vulnérable ? Je cherchais une quelconque sécurité dans les bras de Chuck, mais sa présence ne pouvait pas faire fuir la peur. Aucune présence ne le pouvait. Les mots se noyaient dans mes larmes. Je ne savais même pas quoi répondre aux questions du Gryffondor. Je me crispais un peu plus : et maintenant ? Je me sentais mise à nue, exposée, sans aucune issue de secours. Devais-je mentir ? Je ne savais pas quoi inventer. J’étais trop tétanisée pour avoir un raisonnement clair, et cette constatation fit rouler les larmes sur mes joues avec plus de ferveur. Je ne voulais pas mentir, je ne voulais pas dire la vérité, et je n’avais aucune issue.


- Mon père, lâchai-je finalement.

Je me repliai un peu plus contre moi-même. Ces deux mots semblaient déjà avoir pris toute mon énergie, et je n’arrivais toujours pas à savoir ce que je devais dire. Qui aurait une telle peur de son père ? Et pourquoi ? Je savais que Chuck ne comprendrait pas. Pire encore, il, comme la plupart des gens, pensait que mon père était mort d’un accident de voiture avant naissance, comme je le faisais croire à tout le monde. Et que ma mère était morte lorsque j’avais six ans, d’une maladie. Je ne savais pas si le Gryffondor s’en souvenait, je n’avais jamais parlé longuement de ma famille, bien évidemment… Mais si oui ? S’il comprenait que ce n’était pas logique ? Que j’avais menti, et que j’avais connu mon père ? Et si Chuck posait des questions ?


- Je… Je n’arrive pas à… J’hoquetai, incapable de me calmer. Respirer…

Je pleurais tant que ma respiration s’en trouvait coupée, et c’était une véritable crise d’angoisse : moins j’arrivais à respirer, plus je paniquais et plus l’air refusait de pénétrer mes poumons. Je n’arrivais pas à regarder Chuck, à regarder quoi que ce soit, et j’étais toujours contre lui, fermant les yeux le plus fort possible pour que tout cesse. Je devais crever l’abcès.

Et si je devais la vérité à Chuck?


- Ce n’était pas ma… Ma voix se bloqua sous la peur, et les sanglots reprirent, toujours plus fort. Je n’arrivais pas à reprendre mes esprits, la panique devenait de plus en plus forte. Première fois.

Il y eut un craquement à l’intérieur, comme à chaque fois que j’avouais. Est-ce que Chuck allait être dégouté ? Est-ce qu’il allait me détester ? Les peurs irrationnelles dont j’étais victime s’accroissaient, et en cet instant, j’étais persuadée que oui, tout allait recommencer ; c’était déjà le cas, les larmes, la peur, le dégoût, la douleur, ils n’étaient que le reflet de ce que j’avais vécu des années plus tôt, et qui avaient toujours leur place à l’intérieur de moi.

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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeLun 9 Sep - 19:16

Eh bien... Le moins qu'on puisse dire était que Ruby avait plus d'une corde à son arc. Parce qu'en passant par la petite geek des potions, la meuf arrachée dans la salle sur demande, elle savait aussi être... Euh, je ne savais pas trop quoi. On tournait un film d'horreur, elle visait quoi là, elle mimait la possession démoniaque ? Pas mal, pas mal... En tout cas moi je m'étais tapé le dos dans le mur et ça ne faisait pas du bien, je ne captais rien à ce qui se passait, cet Epouvantard de merde commençait à me les hacher menu, alors il était temps que le voile se lève, parce que déjà que les heures sup, les Potions et moi ça faisait mille, merci du cadeau. Et puis, elle me faisait flipper Ruby : c'était bizarre qu'une meuf comme elle, qui savait parfaitement ce qu'était un Epouvantard, qu'on en croisait partout dans Poudlard, ne se rende pas compte qu'elle en affrontait un, et ne fasse rien pour s'en débarrasser. Parce que l'avantage avec les Serdaigle - si avantage il y a évidemment - c'était quand même qu'ils avaient avalé toutes les encyclopédies qui avaient croisé leur chemin et qu'ils savaient tout sur tout, ce qui pouvait s'avérer utile dans des situations comme celles-là. Epouvantard, sortilèges, et hop, bonjour chez vous.

Au lieu de ça, elle n'arrivait plus à respirer, elle restait là prostrée, et elle m'avait envoyé dégager contre le mur par simple réflexe de défense, et elle se recroquevillait sur elle-même en pleurant. Bon. J'avais raté un bon petit train, là.

Je réussis à m'approcher et à lui parler, et tout d'un coup elle s'était jetée contre moi dans un élan de princesse effarouchée poursuivie par un dragon... Bon, c'était un peu chelou étant donnée la situation, mais pourquoi pas, je n'allais pas la laisser moisir alors qu'elle n'était visiblement pas bien du tout. Un peu gêné quand même, parce que disons que ce n'était pas non plus ma pote la plus proche, la seule fois où je l'avais serrée contre moi c'était dans d'autres perspectives, et là... C'était étrange, et ça ne me ressemblait pas du tout, mais ce contact physique n'était pas le plus naturel du monde. Il ne manquait plus que Taylord débarque par hasard dans la salle et voit le tableau, et on pouvait tous aller se pendre dans la forêt interdite. N'empêche que je ne pouvais pas la laisser pleurer comme ça : c'était des vraies larmes, je le voyais bien, et j'étais désolé pour elle, mais en même temps... Je ne comprenais pas. Ok cette silhouette était visiblement une personne qu'elle n'avait pas envie de voir, mais qu'aurait-elle fait à part souffler dans des feuilles et prononcer son nom ? Quelque chose m'échappait, et ça me soulait, parce que je voyais bien que c'était quelque chose d'énorme.


- Mon père, finit-elle par balancer après que ses sanglots et ses crises de tremblements (elle me faisait de plus en plus flipper, elle n'allait pas avoir une attaque dans mes bras quand même ?! Ce n'était pas un pain que Lizlor allait me foutre dans la gueule si ça arrivait, mais un boulet de canon, alors merci bien). Son père ? C'était son père le type là, et c'était son père qui lui faisait si peur ?

Wouhou... Voilà qui remettaient les choses en perspective, tiens. Parce que j'en avais des dents contre mon daron, mais de là à ce qu'il apparaisse de la sorte et me foute la trouille à ce point, pas trop, non. Pareil pour ma mère. Je les détestais ok, mais je ne les craignais pas...

Bon ok, ça commençait à me stresser carrément cette histoire, c'était un monstre son père ou quoi ?! Qu'est-ce qu'il lui avait fait ? J'imaginais tout, le pire, même si je n'en avais pas envie, ça bloquait dans mon cerveau - il avait essayé de la buter ou quoi ?


- Je… Je n’arrive pas à… Respirer…

Oui ben merci, je le voyais bien. C'était impressionnant : elle hoquetait sans reprendre son souffle, elle avait la bouche entrouverte mais on aurait dit que ses poumons refusaient de laisser rentrer quoi que ce soit, et je ne savais pas quoi faire. J'avais désserré mes bras autour d'elle pour lui donner plus d'air, mais ça ne changeait rien, et en même temps je savais qu'il ne fallait pas que je m'écarte trop parce qu'elle avait besoin de soutien - enfin bref, sacrée ambiance. Quelque chose que je connaissais bien me rongeait de l'intérieur, ce vieux sentiment d'impuissance de merde, parce je savais que j'étais incapable quand j'en arrivais là, c'était toujours la même chanson. La même qu'avec Coop, la même qu'avec Tay, et moi dans tout ça, ha ha, je pouvais bien faire le mariole et faire croire que ça ne m'atteignait pas, je faisais peut-être illusion, mais pas à moi.

- Calme-toi, répétai-je, en lui frottant le dos, il faut que tu comprennes, il peut rien t'arriver ici, c'est fini, c'était un sale moment, mais c'est fini. Tu vois ? Je montrais le reste de la salle vide d'un signe de tête. Qu'est-ce que je pouvais faire de plus de toute façon ? Allez, s'il te plaît, dis-je avec un petit sourire encourageant.

S'il te plaît quoi je ne savais pas trop - s'il te plaît arrête de pleurer, remets-toi, respire, dis moi ce qui ne va pas ?


- Ce n’était pas ma… Première fois.

Eh ben... En matière de réponse, j'étais servi.

Je crois que je compris sur le coup mais que mon cerveau décida de faire un blocage parce qu'il aimait bien fonctionner comme ça, du coup je ne compris pas, tout en sachant pertinemment vers quoi j'allais. Sa première de fois, hmm ? Plaît-il ? La première fois, comme dans
première fois ? Ha ha ha. La première fois qu'elle avait faite avec moi si je me souvenais bien de ce qu'elle venait de me raconter ? Et donc, c'était faux ? Et le rapport avec on père ?... Oh, bonjour l'angoisse.

D'accord, d'accord, j'avais compris.

... Mais c'est que ça me donnait la gerbe. Si j'avais su, je lui aurais réservé un autre sort, à ce connard d'Epouvantard, et à la forme qu'il avait prise. Je n'osais pas trop regarder Ruby, j'étais un peu euh... Mal à l'aise, et je m'assis carrément par terre plutôt que d'être accroupi, tout en me disant que c'était complètement con de réagir comme ça parce qu'elle allait se faire des films sur ce que je pensais, alors qu'en vrai, j'étais juste tellement mal que j'avais envie de creuser ma tombe et de m'enterrer dedans. Mais c'était pas possible mais... Pourquoi elle avait fait ça avec moi du coup ? Il fallait qu'on m'explique. Et puis, j'avais l'impression qu'elle disait que ses parents étaient morts ou je sais pas quoi, mais qu'est-ce qui était vrai dans tout ça alors, en fait elle cachait juste ce que son père avait fait, peut-être qu'il était pas mort mais en prison, ou quoi ? ... Putain, je me sentais con, tellement con, et surtout j'avais l'impression bizarre d'être dans l'affaire d'une manière ou d'une autre, comme si j'avais participé à quelque chose d'horrible moi aussi. C'était clair que Ruby faisait ce qu'elle voulait de son cul, mais là c'était pas pareil, et non seulement c'était chelou qu'elle m'ait rien dit pour la première fois, mais là, encore plus... Peut-être qu'elle aurait voulu que je dise non, qu'elle regrettait ? Oh, super. Ni l'un ni l'autre, on avait besoin de ça.


- Oh merde, lâchai-je d'un coup, incapable d'avoir un peu de tact. Je veux dire, euh, ok... Je comprends mieux, le coup de l'Epouvantard, terminai-je dans ma tête. J'suis désolé... Mais qu'est-ce qu'on disait dans ces cas-là, hein, je me le demandais bien.

Le problème c'était que j'avais tellement honte de ce que j'avais fait que je ne pouvais quasiment pas la regarder en face.

Mais pourquoi elle ne m'avait rien dit, aussi ?!

Bon, le problème majeur était qu'elle était toujours en train de s'étouffer devant moi, voilà, concentrons nous sur autre chose. J'enlevai mon pull pour lui mettre sur le dos pour qu'elle n'ait pas froid, en continuant de frotter un peu son dos et en l'entourant de ma présence, ce qui était très pratique d'ailleurs parce qu'en m'occupant d'elle comme ça, je n'avais pas à regarder droit dans ses yeux. Je la portai à moitié sur la chaise à côté de nous pour qu'elle se relève du sol, en ne faisant pas gaffe à si elle voulait ou non, juste parce que je savais que quand on se sentait mal il fallait que le sang circule, et donc pas qu'elle soit recroquevillée par terre. Mais elle ne se calmait pas trop... Et je ne savais pas quoi faire d'autre, à part me fracasser la tête contre un mur à cause de ce que j'avais fait.


- Bon, ça va pas, il faut que je t'emmène à l'infirmerie. Ok ? Et puis j'irais prévenir Lizlor si tu veux, sans rancune n'est-ce pas. Je posai ma main sur la sienne pour être sûr qu'elle m'entendait bien et qu'elle était pas en train de tomber dans les pommes, et quand je croisai son regard, je sentis la honte me brûler le corps tout entier, comme de l'acide.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.]   ~ If you'd call me now, baby then I'd come a running. [PV C.] Icon_minitimeMer 18 Sep - 21:41



"You crossed this line
Do you find it hard to sit with me tonight?
I've walked these miles but I've walked 'em straight lined
You'll never know what was like to be fine

I'm wasting my young years
It doesn't matter
I'm chasing old ideas
It doesn't matter."



J'essayais, désespérément, mais il n'y avait rien à faire, l'air refusait de rentrer, plus j'étouffais plus je craignais, et si il ne me pénétrait plus jamais ? Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, comme s'il allait exploser et je n'arrivais pas à calmer mon cerveau. Je lui répétais de se reprendre en main, de se calmer, mais il n'avait rien à faire. J'étouffais. C'était la même sensation que lorsqu'il avait posé ses mains sur moi, ses lèvres, au milieu de la douleur criante, de la déchirure, j'avais senti mes poumons se fermer brusquement, tout comme ma gorge : je ne pouvais plus rien faire, ni parler, ni respirer, ni vivre. C'était sûrement parce que tout remontait à la surface, avec cette vision, mais j'avais l'impression que toutes les sensations que j'avais effacées, oubliées et enfouies, elles remontaient tout à coup et me possédaient entièrement. Il n'y avait rien de plus insupportable que d'être ainsi figée sur place, de sentir ses muscles tétanisés, tant que s'en était douloureux. Je voulais arrêter d'avoir mal, physiquement, à l'intérieur, et je voulais que les choses se tassent enfin... Je ne supportais pas cette sensation d'être toujours sous l'emprise du passé, quoi que je fasse, parce que malgré toute ma faiblesse, ma fragilité, je voulais pouvoir dire : c'est fini. Je voulais prouver à mon père, à ma mère, que peu importe ce qu'ils m'avaient fait, ils étaient loin maintenant, ils étaient partis – pourquoi ne pouvaient-ils pas partir ?! Je ne voulais plus souffrir, plus à cause d'eux. Mais ils y arrivaient encore, et ils y arriveraient toujours. J'étais toujours cette petite poupée dont ils avaient tiré les fils, cette poupée vulnérable qu'on avait cabossé et abîmé. Je n'étais pas celle qui choisissait, n'est-ce pas ? Tout pouvait me faire basculer en une seconde. Il suffisait que là, quelque part, dans mon esprit, ils surgissent, se laissent porter par les signes tout autour de moi – un parfum, une expression, un mot – et ils avaient une nouvelle fois le dessus.

- Calme-toi, il faut que tu comprennes, il peut rien t'arriver ici, c'est fini, c'était un sale moment, mais c'est fini. Tu vois ? Allez, s'il te plaît.

Mais je voulais me calmer, ne le voyait-il pas ? Je n'y arrivais simplement pas. Chuck avait beau montrer que la salle était vide, j'avais envie de lui dire : et alors ? Ce n'était pas une histoire d'espace, de lieu ou même de temps, cela pouvait être partout, à n'importe quel instant. C'était à l'intérieur, dans ma tête. Ça me mangeait toujours, petit à petit, comme si ça pompait mon énergie lorsque je m'y attendais le moins. Comment combattre ce qui ne se voyait pas ? C'était pour ça, au final, que j'avais tant aimé sentir le rasoir contre ma peau, laissant ses marques, parfois profondément. C'était parce que c'était quelque chose de visible, de tangible, de contrôlable, ce n'était pas cette pression dans ma poitrine qui m'étouffait et ne voulait pas me laisser de répit. J'essayais, pour me calmer, de penser aux instants où j'étais à l'abri. Je tentais de me focaliser sur le rire de Lizlor, parce que quand il résonnait, je n'avais plus peur, le passé était loin, inoffensif. Mais il ne résonnait nulle part, et mes souvenirs n'arrivaient pas à me retracer l'écho avec pression. C'est fini, me répétai-je, mais au fond je savais très bien que ça ne serait jamais fini.

Et Chuck ? Chuck qui était là, au mauvais endroit, au mauvais moment, que devait-il penser, que pouvait-il deviner ? Pourquoi fallait-il que l'enfance revienne pour s'infiltrer dans les relations que j'essayais de construire. Je savais ce qui allait se passer, le dégoût, l'incompréhension, et encore plus avec les circonstances... Parce que j'avais couché avec lui, la première fois, alors comment se sentirait-il ? Serait-il dégoûté tout à coup de m'avoir touché ? Probablement. Et il aurait sûrement raison. Je continuais à sangloter, n'arrivant pas à décemment réfléchir s'il fallait que je l'avoue à Chuck. Je n'avais pas le choix de toute façon, je voulais couper tout ça, j'étais fatiguée de tout enfouir parce que maintenant ça suintait partout contre moi, cette sensation de saleté revenait de plus belle et il fallait arracher l'arbre à sa racine une bonne fois pour toute. De toute manière, j'étais prise au piège, clairement : Chuck n'en avait pas vu assez pour comprendre, mais trop déjà pour ne pas s'inquiéter et se questionner. Je ne voulais plus de question.


- Oh merde. Je veux dire, euh, ok... Je comprends mieux. J'suis désolé...

J'avais la tête qui tournait, et je ne comprenais pas vraiment ce qu'il disait, simplement qu'il était pris au dépourvu, évidemment, et cela ne fit que redoubler mes larmes un peu plus. Je ne savais même plus pourquoi je sanglotais réellement, j'étais simplement encore terrorisée, et terriblement triste de la tournure que tout cela prenait. Je ne voulais pas de pitié, je ne voulais pas de jugement, je ne voulais pas que Chuck se sente impliqué maintenant qu'il savait, et qu'il était peut-être un peu plus touché qu'un autre, parce que nous l'avions fait, mais je n'arrivais à cerner dans sa voix une émotion plus qu'une autre, mes tempes me bourdonnaient et mon cerveau était trop paniqué. Si le Gryffondor était horrifié, indifférent, dégoûté, ou s'il se sentait coupable, alors je ne percevais rien, puisque tout mes sens de perception étaient sous anesthésie. Je ne sentais plus que la tristesse, la colère, l'impuissance, toutes les choses négatives qui se dégageaient de l'incident à chaque fois, et elles m'étouffaient. Je sentis les mains de Chuck se poser sur mon épaule, et je sursautai en sentant un contact plus chaud, celui du tissu de son pull, et une nouvelle fois, je sentis mes larmes se faire encore plus fortes. Pourquoi me touchait-il, pourquoi essayait-il, que sentait-il, les questions brûlaient tout mon corps, et je me détestai tant de pleurer autant, d'avoir l'impression d'avoir tout gâché, tout perdu, et même si Chuck et moi n'étions pas meilleurs amis, moi je l'appréciais, je voulais simplement l'aider avec ses potions et voilà que tout se retournait contre moi et venait me secouer, mais lui aussi. Je ne voulais embarquer personne dans cette histoire, pourtant...

Chuck me souleva, et j'eus un gémissement de douleur tant tous mes muscles étaient tendus, et j'avais peur, que faisait-il ? J'avais l'impression de peser une tonne, d'être lourde et sans force.


- Bon, ça va pas, il faut que je t'emmène à l'infirmerie. Ok ? Et puis j'irais prévenir Lizlor si tu veux.
- Non!
M'exclamai-je soudain, comme si l'air m'était revenu soudainement – l'instant d'après, je suffoquais à nouveau. Ma tête me tournait, mais je tentais de reprendre conscience, et ma main se crispa sous celle de Chuck. J'avais les yeux braqués dans les siens, et son regard était presque fuyant, je voyais qu'il tentait de me rassurer sans lui même être serein. Je bougeai ma tête de gauche à droite, pour insister sur mon refus. Non, pas l'infirmerie. Surtout pas l'infirmerie. S'il te plaît, je ne veux pas... Je ne... Je ne veux pas qu'on me voit, expiai-je comme une supplication. Le risque d'être vue était trop grand, je ne voulais pas de question. Et Lizlor... Elle était avec Stephen, je le savais, je ne voulais pas lui imposer ça, et puis, comment pourrait-elle gérer ? Malgré toute la panique, la douleur de ma poitrine qui se pressait, je voyais clairement que si personne ne me calmait, j'allais finir par imploser. J'étais déjà dans une véritable crise de panique. Pas Liz... Lizlor... Sara, s'il te plaît. Sara, répétai-je, fermant les yeux et enfouissant mon visage dans mes mains. En vérité, je voulais une maman, une présence maternelle, je voulais ma maman à moi, la seule qui avait cette place à présent, c'était elle, c'était... Sara, achevai-je.

J'entendis un bruit, quelques mots que je perçus à peine, et je compris que Chuck était parti, en courant visiblement, pour aller chercher Sara, ou de l'aide, je ne savais pas... Je n'étais plus vraiment consciente, je me roulais encore plus en boule, laissant mes épaules se secouer douloureusement. Je fermais fort mes yeux, comme pour stopper les larmes qui ne s'arrêtaient jamais, espérant de toutes mes forces que la panique allait s'envoler.


THE END
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