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| I draw a line to your heart from mine [PV ♥] | |
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Haley Collins Élève de 7ème année
Nombre de messages : 1535 Localisation : Sous un cerisier. Date d'inscription : 24/12/2007 Feuille de personnage Particularités: Idiote. Ami(e)s: ? Âme soeur: ...
| Sujet: I draw a line to your heart from mine [PV ♥] Sam 15 Déc - 20:10 | |
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Le bal : pour la première fois en sept ans, je savourais ce mot comme il se devait, comme je l'avais toujours rêvé. C'était une illusion de petite fille qui s'était écroulée dès mes premières années à Poudlard, parce qu'à cette période – par malchance ou par ma faute –, je n'avais eu personne, véritablement : ni amis, ni amours. Je n'avais jamais participé à l'excitation générale, à la joie des préparatifs, à la recherche de la robe parfaite, et avec quelles chaussures allait-elle donc s'accorder, et quelqu'un allait-il m'inviter à danser, et ce quelqu'un danserait-il bien, et... tout le reste. Je m'étais rapidement aperçue que je n'aimais pas ça, en vérité – les robes, le maquillage, le soin de sa propre personne. J'avais alors eu la pensée saugrenue, que, peut-être, je n'étais pas vraiment une fille ; qu'ils s'étaient trompés, lors de ma naissance, qu'ils m'avaient identifiée comme énergumène de sexe féminin alors que j'étais en vérité un garçon, ou pire, encore, un monstre, un légume, accidentellement arrivé à maturité dans le ventre de sa mère ; une masse informe faite de chair qui voyait le monde avec deux yeux d'un bleu translucide, destinée à errer stupidement sur la terre en se posant mille questions existentielles plutôt que de rechercher quelle couleur de tissu allait le mieux s'accorder avec sa couleur de cheveux et son teint aussi pâle que le carrelage de la salle de bain. Ces pensées s'étaient perfidement glissées dans mon esprit lors des premières années, quand les jeunes sorcières que nous étions étaient arrivées à maturité pour avoir pleinement conscience de ce qu'est un bal – non pas une grande pièce avec de la musique très forte et un buffet où étaient déposés moults gobelets de jus de citrouilles et diverses victuailles, mais un enjeu majeur de chaque fin d'année enneigée, un grand événement à préparer bien des jours à l'avance, une stratégie à mettre en place pour trouver la robe suprême et le cavalier ultime. C'était un marathon hivernal dans lequel chacun plaçait ses désirs et ses espoirs, amicaux, amoureux, orgueilleux.
Pour la pauvre carotte délavée que j'étais, le bal avait jusqu'alors toujours été une grande pièce avec de la musique très forte et un buffet où étaient déposés moults gobelets de jus de citrouilles – rien de plus. Parce que je n'avais jamais rien à eu à attendre ni à espérer de cet événement, j'avais toujours fourni le strict minimum, ce qu'il fallait pour paraître convenable. Une robe plutôt simple – souvent bleue, et je m'étais rendue compte récemment que je m'étais toujours instinctivement tournée vers cette couleur sans en avoir conscience –, peu chère, dégotée à la dernière minute dans une boutique à Pré-au-Lard, le plus souvent accompagnée d'Heather qui tentait tant bien que mal de m'insuffler un peu de sa motivation. J'avais souvent passé ce qui me paraissait être une longue soirée d'hiver en sa compagnie, ou même – par quel miracle, je l'ignorais – à danser avec un preux chevalier dont j'admirais le courage pour avoir osé m'inviter – par pitié, cela ne faisait aucun doute, et que je plaignais toujours profondément. L'an dernier, ce chevalier – terme à utiliser avec de grosses pincettes – avait été Chuck Carlton. Je n'avais toujours pas réussi à décider si je devais l'adorer ou le détester pour m'avoir traînée de force sur la piste de danse dans le seul but de m'utiliser comme projectile dirigé vers Taylord Reegan de qui il voulait avoir l'attention. ...Oh, du pur Chuck. Plus tard, il m'avait assuré, quand nous avions de nouveau évoqué la chose, qu'il n'avait pas agi ainsi dans ce seul but, mais aussi parce qu'il avait véritable eu envie de danser avec moi et de m'extirper de la tornade de dépression dans laquelle je m'étais progressivement laissée emporter. Vu les efforts qu'il avait fait récemment et l'étrange amitié qui nous liait, je m'autorisais à le croire. En vérité, ce lien que nous avions m'échappait ; il y avait quelque chose d'indicible, bien que nous nous parlions souvent, qui s'était renforcé depuis cet été, quand nous avions mis toutes les choses à plat – c'est le seul souvenir que je gardais de cet après-midi d'été, en vérité ; je me souviens des bribes d'une conversation franche et animée, puis de m'être réveillée avec un mal de crâne comme jamais je n'en avais eu auparavant, appuyée contre Chuck. Il m'avait confié que j'avais essayé de fumer – ce dont je ne me rappelais même plus et qui me semblait improbable –, et que, comme c'était la première fois, il était normal que j'en ai peu de souvenirs et que de douloureux effets secondaires surviennent. Après avoir officiellement décidé que je ne retoucherais plus jamais à ce... truc, je l'avais cru, puisque je n'avais pas d'autres options, et que depuis ces derniers mois, j'avais véritablement confiance en lui – que je le veuille ou non, ça avait été ainsi depuis le début. Aujourd'hui, il s'amusait à clamer qu'on était « un peu des bestouhs », ou des « sistah » et des « sistoh », mots d'origine moldue qu'il sortait de son répertoire de jeune des banlieues londoniennes pour s'amuser de l'expression d'incompréhension que j'affichais dans ces moments. Et puis je riais avec lui, parce qu'il y avait réellement quelque chose de drôle – et de touchant, étrangement – chez lui, et, d'ailleurs, il me confiait que c'était réciproque et que j'étais souvent l'origine de nombre de ses fous rires – mais je savais que c'était involontaire et souvent moqueur, et que ce n'était donc en aucune sorte un compliment. Quoique. Avec Chuck... je ne savais pas, plus, rien – toutes mes certitudes disparaissaient, et je ne pouvais que me laisser porter sur cette barque étonnamment stable de l'amitié.
Malgré cette danse incongrue, je gardais un horrible souvenir du bal de l'an dernier. Depuis mon premier bal, cet événement avait toujours été un moment peu agréable à passer, dans lequel je me sentais spectatrice de la joie des autres, de leurs danses, de leurs embrassades, de leurs rires, de leur ivresse, comme le pire des personnages tragiques. J'avais été la pauvre carotte arrivée à maturité qu'on avait oublié de ramasser – je restais plantée dans la terre, me raccrochant à mes racines humides pour tenir debout. L'an passé, ce sentiment s'était accentué car j'avais été élue barmaid par l'équipe professorale ; j'avais eu la lourde tâche de distribuer les boissons à ce qui ressemblait à des élèves en début de soirée et qui s'apparentait plus à des clowns funambules vers la fin ; même si je m'étais enfuie avant que les derniers n'aient quitté la piste. A ce stade, les élèves se servaient de toute manière eux-même – comme les professeurs. Je n'avais manqué à personne, mais quelqu'un m'avait manqué, à moi, et avait creusé un trou béant de mon cœur qui n'avait jamais été comblé par autre chose que par des larmes. En vérité, j'avais été convaincue que ce bal aurait été mon dernier – je n'avais aucune raison d'y retourner, d'observer une nouvelle et dernière fois le bonheur des autres et de constater l'absence du mien. Avant cet été, je m'étais décidée à passer cette dernière année tranquille, profitant de la compagnie d'Heather ou de Chuck, réussissant mes ASPIC, et sortant de Poudlard avec succès ; ce château qui avait été à la fois la prison de mes peines et l'exultation de mes joies.
Et puis, il y avait eu une raison, une lumière dans l'obscurité, et je m'étais dit que le bout du tunnel n'allait pas être aussi sombre que je ne l'avais pensé. Le mot « bal » prenait une autre saveur, moins amère, moins résignée, et presque nostalgique, parce que j'allais vivre mon dernier et sans aucun doute mon meilleur. Scott m'avait apporté beaucoup de choses, depuis ces sept derniers mois, mais la plus surprenante était cette confiance qui émanait de lui et qu'il me donnait – je le savais un peu timide et réservé, mais il m'avait tant donné l'impression de croire à la chose vivante que j'étais que j'arrivais à être capable de me savoir certaine sur divers sujets ; le doute constant que je portais s'effaçait peu à peu pour laisser place à l'affirmation que le positif était là, tout près, et qu'il suffisait simplement de s'en saisir. Scott avait pris ma main et m'avait montré dans quelle direction aller ; et dans quelques heures maintenant, je savais avec certitude que la prochaine destination était le bal.
Pour la première fois, je l'attendais. J'avais un cavalier. Je pensais – un peu – à la robe que j'allais pouvoir porter. J'étais comme tout le monde. Normale. Je me fondais agréablement dans la masse – pas de manière invisible et fade, mais avec autant de présence que le reste des filles. Car j'étais bien une fille – c'était peut-être évident, mais j'en étais maintenant convaincue grâce à Scott. En prenant du recul, il me semblait que j'étais peut-être un peu ridicule, mais j'avais reconnu chez moi les traits féminins caractéristiques que je connaissais chez les autres : les papillons dans le ventre, le cœur qui bat pour la moindre des choses, les espérances stupides, les doutes à la moindre contrariété, les constantes envies de câlins – parce que c'était là, dans les bras de Scott, que je me sentais le plus entière. J'étais partiellement devenue ce que j'avais toujours envié jusqu'à la haine, et je jetais un œil exaspéré mais amusé sur ce que j'avais traversé. Comment avais-je pu me laisser engloutir par les eaux sombres de la haine et de la vengeance ? Pourquoi m'étais-je accrochée à quelqu'un qui ne daignait pas jeter un seul regard affectif en ma direction ? Le nom de Stephen n'était même plus tabou ; et nous nous saluions toujours quand nous nous croisions avec cordialité, bien que la relation entre Scott et lui ne soit pas au beau fixe depuis leur dispute aux conséquences dévastatrices – Scott me l'avait raconté, parmi d'autres anecdotes. Les choses avaient tant changé que la situation de l'an passé me paraissait maintenant risible, et j'évitais presque d'y penser tant je m'estimais ridicule – et je m'étais promis de ne plus jamais, jamais être comme ça de nouveau. Je refusais de songer de nouveau à mes... sentiments passés pour Stephen pour diverses raisons – parce que je voulais prouver à Scott que c'était lui et personne d'autre ; que je voulais me prouver à moi-même que j'étais capable d'émerger de la noyade ; que lui aussi était passé à autre chose ; que c'était idiot de se morfondre dans des états d'âme morbides. En vérité, toute l'amertume et la déception que je ressentais envers Stephen m'avait aidé à passer outre – pas la déception que rien n'ait été réciproque, parce qu'il n'y avait bien que Scott pour trouver matière à... m'aimer, mais parce que j'avais ouvert les yeux : il avait été un peu lâche, finalement, et s'était complu dans une relation purement physique – à ce que j'avais compris, notamment grâce à Chuck – avec Lizlor Wayland. Je ne la détestais plus tant ; et surtout, je ne l'enviais pas. Je n'étais plus sûre de connaître et de véritablement apprécier Stephen tant ses défauts m'apparaissaient flagrants alors que j'évoluais aux côtés de Scott. Stephen n'allait sans doute pas inviter son félin de jouet au bal, par exemple ; alors que Scott...
Nous avions beau tous deux savoir que nous irions ensemble, il m'avait fait la demande dans les règles de l'art, au moment où je m'y attendais le moins, alors que nous nous promenions à Pré-au-Lard pour profiter des premières neiges et grignoter quelques chocolats de Noël achetés chez Honeydukes, près du chemin sur lequel il m'avait conduit la première fois et qui avait aboutit à... à ce « nous » qui m'apparaissait encore aujourd'hui irréel et dont je me délectais chaque jour passant. Il avait révélé une part caché du légume que j'étais en creusant pour parvenir aux racines ; et c'était les sentiments que je lui portais qui s'enracinaient dans mon cœur au fil des mois. Si les débuts avaient été incertains et calamiteux – parce qu'il m'avait paru comme horrible de m'être engagée alors qu'il m'avait semblé que mes sentiments n'étaient pas aussi forts que les siens –, le doute était désormais réduit à néant. L'était aussi la lassitude que je ressentais chaque année pour le bal : désormais, attention ! La recherche de la robe prenait une autre tournure. Ce n'était pas Heather qui m'avait accompagnée dans les boutiques, mais Scott lui-même, et c'était sur ses conseils avisés que j'avais opté pour une robe longue sans manches d'un bleu fantastique dont le jupon partiel laissait entrevoir un bas de robe noire. Les chaussures, des ballerines noires légèrement sur-élevées ; parce que c'était pratique, Scott étant plutôt grand ; quant au masque, – car, grande nouveauté, le bal était masqué, cette année, ce qui accentuait l'excitation de tous –, je l'avais choisi simple et noir, dentelé, ce qui, selon Scott, accentuait la prétendue beauté de mes yeux. (A l'écouter, j'étais parfaite, ce qui était évidemment parfaitement risible). J'avais la panoplie dont chaque fille du château rêvait ; mais, à la limite, ce n'était pas tant ça qui remplissait inhabituellement mon cœur de joie : je me réjouissais de la fête à venir, du soin que j'allais prendre pour être digne de Scott, des boissons dont nous allions profiter et des danses que nous allions faire, aussi pitoyables qu'elles puissent être pour ma part. Rien ne m'importait d'autre sinon que de ne plus être seule au milieu d'une foule, mais avec lui, simplement avec lui.
J'écoutais distraitement les conversations enjouées des autres filles qui s'affairaient ; j'avais déjà revêtu ma robe et passais un coup de peigne dans mes cheveux qu'une camarade avait légèrement bouclés à l'aide de sa baguette ; étrangement, depuis que s'était mise en lumière une autre partie de moi-même, les autres filles étaient légèrement plus sympathiques. Je m'engouffrais dans le couloir de la tour dès que l'heure fatidique arrivait ; les autres avaient beau dire qu'être en retard faisait partie du jeu, je m'en fichais comme d'une guigne. Oh, mieux : je m'en contre-fichais les roubignolles ! ...Non, ce n'était pas ça ; j'allais devoir demander confirmation à Chuck sur l'exactitude de cette expression. Ce fût lui qui occupa la majeure partie de mon esprit tandis que je dévalais les escaliers jusqu'à la Grande Salle, croisant de temps à autres d'autres élèves élégamment habillés. J'eus le temps de me questionner sur la réussite de ses plans qu'il m'avait confié – Taylord avait-elle accepté son invitation ? Il avait cependant refusé de me le dire (« eh oh quelle question, tu sais bien que je suis irrésistible ! »), ce qui m'avait amené à penser que la réponse avait été négative – mais au moment où je descendais l'escalier qui amenait au Hall d'Entrée, là où nous avions prévu de nous rejoindre avec Scott, mon cerveau fit purement et simplement le ménage de tout ce qui ne concernait pas mon cavalier.
Il était là, dans le coin un peu retiré que nous avions déterminés pour ne pas nous perdre bien que je connaisse son costume et qu'il ait eu connaissance de ma robe. Je terminais de descendre l'escalier presque en courant, le cœur battant d'excitation et le sourire jusqu'aux yeux ; il était de dos, observant la décoration de la Grande Salle dont les portes ouvertes laissaient entre-voir toute la magnificence. Je me frayais un chemin parmi la foule qui affluait dans le Hall en poussant peut-être un peu violemment quelques premières années qui gloussaient et vint entourer mes bras autour de sa taille, mon corps serré tout contre son dos et ma tête au niveau de sa nuque. Il se retourna et je m'emparais doucement de son visage pour déposer un baiser sur la commissure de ses lèvres – si j'étais moins angoissée par l'idée d'être en... couple, je ne m'étais pas non plus transformée en « bombasse » comme les appelait Chuck, et s'embrasser véritablement en public m'était encore un peu délicat, même si j'en avais parfois envie. Je me perdais un instant dans le bleu de ses yeux – j'eus un instant la pensée stupide que je pouvais m'être trompé de personne, mais ce n'était évidemment pas le cas.
- T'es beau, soufflai-je simplement en souriant avant de me réfugier dans ses bras – la foule se pressait de plus en plus autour de nous, les gens attendant de se retrouver avant d'entrer, et je me sentais oppressée partout sauf dans les bras de Scott. Ce genre de compliments arrivait plus naturellement à s'échapper de ma bouche, même si certaines choses restaient difficiles à dire – alors que je les pensais, pourtant.
Je me détachai de lui et m'emparai de sa main droite avant d'y enlacer mes doigts.
- On y va ? demandai-je avec une réelle excitation qui me surprenait – je n'avais tellement pas l'habitude d'être ainsi. Ça a l'air d'être superbe à l'intérieur, constatai-je comme une enfant devant une vitrine de Noël illuminée en tournant ma tête vers les portes, la curiosité attisée. J'attrapais de nouveau le regard de Scott, le cœur battant d'excitation mais aussi d'appréhension. Tu me lâches pas, promis ? demandai-je, angoissée à l'idée de me retrouver au milieu d'une foule. L'an dernier tout était plus simple, puisque l'on m'avait postée comme une poupée derrière un bar ; cette année, j'étais pour la première et dernière fois avec plaisir au cœur de l'évènement avec un cavalier – moi, Haley Collins, heureuse d'être au bal, avec un cavalier. Joyeux Noël ! - Robe :
- Masque :
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Scott McBeth Apprenti Auror au Ministère de la Magie
Nombre de messages : 1392 Localisation : Probablement dans ma salle commune à étudier ou au parc avec Apple ! Date d'inscription : 27/02/2009 Célébrité : Nicholas Hoult Feuille de personnage Particularités: / Ami(e)s: Ruby, Apple Âme soeur: Oh, help me to make it
| Sujet: Re: I draw a line to your heart from mine [PV ♥] Dim 16 Déc - 16:55 | |
| Pour la première fois depuis longtemps, j'étais heureux. J'étais parfaitement heureux, et mon bonheur avait la légèreté des flocons en forme d'étoile qui tapissaient peu à peu la vaste étendue du parc de Poudlard. C'était un Noël blanc, un Noël de contes de fées, car il régnait dans tout le château une atmosphère de fête, de paradis enneigé, comme si nous étions hors du temps, et tout me semblait réuni que pour cette soirée soit la plus belle de ma vie. Je n'avais rien d'un esprit illuminé et naïf, mais réellement, je sentais jusqu'au plus profond de mon cœur, dans tout mon être, que je vivais là une de ces soirées qui marquent pour toujours. Plus que jamais, la puissance d'Haley et de mes sentiments rayonnaient en moi, comme un soleil. Et pour la première fois, je n'avais pas peur. Je n'avais plus peur.
La salle commune et les dortoirs de Serdaigle, pourtant si calmes à l'habitude, ne dérogeaient pas à la magie du bal de Noël : chacun s'y agitait, en ce soir si particulier, les rires des filles fusaient d'en bas, de la salle commune, et leurs pas pressés gravissaient et redescendaient hâtivement les escaliers des dortoirs. Les garçons n'étaient pas moins affairés, et pour la première fois depuis longtemps je me sentais en harmonie avec mes semblables, goûtant aux mêmes aspirations, parlant avec la même gaieté enlevée de la soirée qui s'annonçait, de la décoration de la salle, des tenues prévues pour cet effet, de la nourriture, des boissons potentielles. Je ne voyais pas, aussi fort que je m'y oblige, quelle ombre pouvait apparaître à ce tableau enchanteur. J'étais d'humeur si sereine, si enjouée, que si parfois la joie innocente des autres m'écrasait un petit peu parce que je ne la ressentais pas, moi, cette fois je la buvais et je m'en délectais et elle augmentait la mienne. Il n'y avait d'ordinaire que les jumelles qui pouvaient me mettre dans un état pareil, lors de nos journées d'été à jouer, insouciants, dans le grand jardin de chez nous, loin des adultes, loin du temps, loin de tout. Plus maintenant. Maintenant, il y avait Haley, et si j'avais eu peur qu'elle me rejette - et si je doutais encore, parfois, mais ce soir il m'était impossible d'y penser - je ne regrettais absolument rien tant elle avait fait entrer une lumière pure et claire dans mon existence.
Après l'été, parenthèse dans notre vie d'écoliers, je m'étais fait une raison. J'avais suffisamment eu de preuves dans les nombreuses lettres d'Haley qu'elle s'intéressait à moi - à la réflexion, jamais personne ne m'avait jamais montré autant d'intérêt, et je crois que même à Taylord je n'avais pas parlé de tout ça. Bien sûr, l'écrit aidait, il mettait de l'ordre dans nos idées et ôtait une certaine pudeur que nous pouvions avoir face à face. Mais c'était plus que cela : c'était que je me sentais écouté. Et cela n'avait pas de prix. Après la douloureuse expérience avec Stephen, mon amitié qui m'était restée entre les mains et me rappelait chaque jour qu'elle était globalement à sens unique, j'avais eu des difficultés à faire entièrement confiance à quiconque... La seule véritable amie que je pouvais avoir avait été Taylord mais nous nous étions éloignées - elle s'était éloignée de tout le monde - et celle qui me servait à la fois d'amie et de soeur, Ophelia, eh bien... Nous avions eu quelques désagréments, et nous recommencions tout juste à renouer les liens, comme avant. C'était différent. Ophelia, je lui faisais confiance, mais nous appartenions tout de même à deux mondes différents. Taylord... Ne voulait pas de moi dans le sien, et je l'avais compris. Haley, en revanche, ne se rangeait dans aucune de ces cases. Et quand j'avais ouvert les yeux sur le trésor qu'elle représentait alors un poids immense avait déployé ses ailes et s'était envolé de sur mon cœur, et j'avais plongé, sans réfléchir d'avantage, avec mes sentiments, mes secrets, et tout ce qui me constituait, dans l'océan qu'elle m'offrait. Elle était différente, et je l'avais toujours su. Dans nos lettres je m'étais confié, je m'étais plu à répondre à ses questions sur ma famille, je m'étais volontiers appliqué à raconter de nombreuses choses en détails, à parler de tout, de rien, et surtout, à faire bien attention que cette relation était équilibrée, donc à m'intéresser à elle autant qu'elle me faisait le magnifique présent de s'intéresser à moi. Ses yeux, sa voix, ses gestes timides et sa grâce éblouissante m'avaient énormément manqué. Mais dans ses lettres je respirais son âme et son être tout entier, j'imaginais ses réactions, ses petits sourires et le rose qui lui montait aux joues quand j'évoquais des sujets qui la touchaient, et ces jolies images naissantes dans mon cerveau mettaient un peu de baume à mes plaies douloureuses causées par son absence. L'été passe toujours trop lentement quand on veut qu'il soit rapide, et inversement.
Et puis la rentrée était arrivée. Reposé, apaisé surtout, et confiant, j'étais revenu à Poudlard avec dans le coeur une agitation nouvelle, des espérances à ne plus savoir qu'en faire. Moi qui me savais en proie à la mélancolie parfois, au doute, à la rêverie, voilà que tout me paraissait brillant d'espoir et enthousiasmant - même les dernières journées chez moi, qui d'ordinaire me faisaient fuir et rester seul dans ma chambre parce que tout le monde - les jumelles en tête - courait et hurlait de partout, car il fallait ramasser toutes ses affaires, tout ranger, et dire adieu aux vacances, même ces journées-là m'avaient fait sourire. Je pensais à la rentrée, et cela me suffisait.
Quand nous nous étions revus, sur le quai de la gare, nous avions souri sans rien dire, tous les deux, et retrouver le contact de son regard et lui tenir la main m'avait paru tellement fort et tellement beau que j'avais su, encore une fois, que j'avais fait le bon choix. Haley me rendait heureux.
Comme les autres, j'étais monté dans mon dortoir pour me préparer. J'avais déjà tout organisé - costume, je m'étais lavé les cheveux le matin même, etc - donc je n'avais pas grande chose à faire à part m'habiller correctement, mais je me forçai à m'appliquer consciencieusement, persuadé qu'Haley de son côté en faisait de même. Et je voulais que tout soit parfait pour elle, je voulais qu'elle ait ce bal qu'elle n'avait jamais sans doute oser rêver - j'avais appris à comprendre la manière dont elle fonctionnait, bien plus complexe que tout le monde aimait à le penser parce qu'ils n'avaient juste pas pris la peine de la connaître pour ce qu'elle était vraiment, et je savais combien était forte la manière dont elle se dévalorisait et ne croyait pas en elle. Je m'efforçais, avec tout ce qui était en mon pouvoir, de l'en persuader du contraire, jour après jour. Parfois je rêvais qu'elle puisse se voir à travers mes propres yeux... Qu'elle soit éblouie de ce que je voyais et ce que je ressentais, et qu'elle prenne confiance. Mais la confiance s'acquiert avec le temps et je n'étais pas prêt d'abandonner ; alors je continuais, lentement mais sûrement, de la modeler à ses yeux aussi magnifique qu'elle était vraiment. J'enfilai mon pantalon, ma chemise, puis nouai ma cravate autour de mon cou avant de passer la veste. Mes parents me l'avaient acheté cet été, m'expliquant que j'avais encore grandi et que je méritais un costume de jeune homme. Je n'avais pas dit non, car déjà j'entrevoyais le fait d'inviter Haley pour le bal. Le costume était d'un tissu riche et joliment tissé, légèrement brillant mais très peu, satiné au col, d'un bleu sombre, et la cravate, satinée elle aussi, était d'un bleu profond, presque noir. J'enfilai mes chaussures et vérifiai que tout était parfait, passai mes chaussures, glissai ma baguette dans ma poche intérieure de veste, ainsi que le petit présent que j'avais secrètement préparé, et quittai le dortoir avec les autres, plaisantant et riant avec eux.
Ma sérénité se transforma, au fur et à mesure que nous avancions vers la salle de bal, en une agitation au diffuse, qui pulsait dans mes veines au rythme de mes pas puis des battements de mon cœur. Des papillons gagnaient mon vente et mon esprit s'embrumait, mais cette ivresse m'était délicieuse. J'avais hâte de la voir, je l'imaginais splendide dans la robe que nous avions choisi ensemble - j'avais adoré partager cela avec elle, comme tous les moments, d'ailleurs, que nous ne vivions que tous les deux. J'imaginais le rose de ses joues qui donnait à sa peau de porcelaine une touche de noblesse, la fragilité de son regard devant ce grand évènement qu'était le bal. Je sentais son parfum, je voyais ses mains fébriles, et je ne voulais qu'une chose : les prendre entre les miennes.
Arrivé dans le hall, déjà bondé de couples ou de personnes se cherchant, d'amis se retrouvant, je sentais encore plus forte l'ambiance qui émanait des portes de la salle de bal. Mes yeux cherchèrent en vain sa silhouette, j'étais en avance. Je me sentis alors incapable de tenir une conversation sensée au milieu des autres, tout me paraissait futile et inintéressant. Haley vibrait en moi et je ne voulais qu'elle, c'était aussi simple que cela : la neige qui poudrait le parc, la salle décorée - je l'observai en levant le nez- la musique douce qui filtrait, les petits angelots qui volaient dans les airs, et toutes les décorations de Noël, aussi sublimes et magiques soient elle, souffraient comme moi d'une absence : celle d'Haley. Je me mis à arpenter le hall, passant entre les gens, saluant du bout des lèvre, obligeant mon esprit à cesser de tergiverser et mon cœur d’arrêter de palpiter, et je me perdis dans l'admiration des décors.
Quand je sentis une pression dans mon dos, un véritable feu d'artifice explosa en moi et m'inonda de toute sa chaleur. Les battements de mon coeur me parurent atteindre des sommets et exploser avant de retrouver une pulsation forte et tranquille. Elle m'avait enlacé, dans le dos. Je me retournai, après quelques secondes où je fis exprès de faire durer le plaisir, parce que j'avais autant envie de la voir dans sa jolie robe que d'attendre encore et encore pour rendre le moment parfait. Puis je me retournai et, une fois n'est pas coutume, me noyai dans ses yeux couleur glacier, profond comme l'océan et limpides comme un lac tranquille baigné par un soleil d'été. Elle était... Elle n'était pas splendide, elle était époustoufflante, hypnotisante : sa robe mettait en valeur sa silhouette et lui donnait des airs de jeune femme, mais gardait sa candeur bien au chaud et surtout irradiait la beauté de ses traits. Ses cheveux, plus bouclés que d'habitude, ses yeux légèrement maquillés et, comme je l'avais imaginé, le rose de ses joues résonnaient en moi comme une musique douce.
- T'es beau, me glissa-t-elle à l'oreille après un léger baiser aux coins ds lèvres. Elle vint alors dans mes bras et j'entourai sa taille et ses épaules des miens, respirant à plein poumons le parfum de ses cheveux. Je les embrassai, avant de murmurer, le regard pétillant - il me semblait que je vivais un rêve :
- Qu'est-ce que je devrais dire, alors? Tu es magnifique, je ne vois que toi.
Suivant ensuite le mouvement, nous allâmes vers la salle, main dans la main. J'étais aussi joyeux que j'étais sur un petit nuage, je ne pensais qu'à elle, qu'à cette soirée. Elle était à des lieues de celle de l'année dernière, même si j'avais passé un excellent moment avec Lilian - moment que je n'avais jamais osé espérer. Mais, pour Lilian comme pour moi, si nous avion pansé l'un l'autre nos plaies, il y avait autour de nous trop de chagrin de ce que nous avions perdu, et les fantômes de Taylord et Carlton qui valsaient autour de nous. Ce soir, il n'y avait rien de tout ça. Je n'avais même pas pris la peine de regarder qui était là, et qui était avec qui. Et c'était le cadet de mes soucis.
- On y va ? Ça a l'air d'être superbe à l'intérieur, lança Haley avec une excitation mesurée pour quelqu'un de normal mais si importante pour elle que mon coeur battit plus vite et que je souris à mon tour, gagné par cet entrain ; j’acquiesçai et lui fis quelques remarques sur les sortilèges de décoration remarquablement effectués, cette année encore, avant de couper court au sujet et de me dire qu'il y avait plus intéressant.
- Tu me lâches pas, promis ?
J'eus un rire amusé de cette question - comme si j'avais imaginé la lâcher un instant ! - et me penchai vers elle pour lui déposer un baiser sur la joue.
- J'ai bien trop peur qu'on essaye de te voler à moi, souris-je.
A l'intérieur, les tables étaient richement décorées et recouvertes de victuailles. La salle était splendide, semblait faite de glace et d'argent, étincelait de paillettes, l'air de fête qui y était joué par un orchestre rendant le tout chaleureux au possible. Il y avait déjà quelques personnes sur la piste de danse mais la plupart se dirigeait vers les buffets. La logique voulait que nous y allions aussi mais... Mais mon coeur s'emballa, comme d'habitude, car malgré tout, ma timidité n'était jamais très loin.
- Attends, la retins-je par une petite pression de la main, sans la lâcher, alors qu'elle s'avançait vers la buvette, pour que nous ayons quelque chose à boire. Viens, ordonnai-je doucement.
Il me fallait un coin un peu à l'écart. Une autre chose - parmi les nombreuses - que j'aimais chez Haley c'est qu'elle partageait ma pudeur, pudeur qu'on aurait pu juger maladive, sans doute, et qui d'ailleurs m'avait fait défaut avec Taylord, mais qu'y pouvais-je : j'étais comme ça. Je l'attirai vers le bord de la salle, pas loin des tentures dorées, à l'abri du regard des autres. C'était comme nos baisers, nos câlins : je n'aimais pas être trop expansif en public, elle encore moins, sans doute, mais je préférais garder nos baisers secrets, pour nous. Je ne voulais les partager avec personne d'autre. Je sortis alors le petit écrin blanc nacré de ma poche intérieur et lui tendis, craintif tout d'un coup qu'elle n'aime pas ou que... ça soit en trop? Mais je tenais à marquer le coup, et c'était de tradition d'offrir un présent à sa cavalière lors d'un tel bal, mes parents me l'avaient jours dit.
- Je respecte les traditions de ma famille, expliquai-je comme pour me dédouaner de ce cadeau, parce que je savais aussi qu'ils ne la mettaient pas forcément à l'aise. Mais j'y tenais. A l'intérieur de l'écrin, il y avait une bague, à l'anneau fin, surmonté d'une petite fleur faite dans un métal sorcier qui ressemblait au diamant et qui scintillait de miles feux, prenant selon la lumière des teintes bleutées. Quand je l'avais vu j'avais tout de suite pensé à elle, pour ses couleurs, mais aussi pour sa délicatesse et sa discrétion.
Il ne nous restait plus qu'à rejoindre les autres et se servir à boire ; mais j'attendais sa réaction avec impatience, soucieux de m'assurer que mon cadeau lui faisait plaisir et ne l’embarrassait pas trop. - Spoiler:
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Haley Collins Élève de 7ème année
Nombre de messages : 1535 Localisation : Sous un cerisier. Date d'inscription : 24/12/2007 Feuille de personnage Particularités: Idiote. Ami(e)s: ? Âme soeur: ...
| Sujet: Re: I draw a line to your heart from mine [PV ♥] Lun 17 Déc - 15:35 | |
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Cela faisait sept mois, et pourtant, je ne me faisais encore pas totalement à l'idée. Alors, il y avait ces moments de paix délicieux quand je le regardais – souvent quand il s'affairait à quelque chose et que je l'observais à la dérobée, en train ranger ses affaires, de marcher devant moi dans un couloir, ou bien d'écrire en classe, avec cet air de concentration qui allait si bien à ses traits particuliers et emprunts d'une grande douceur –, ces moments où il m'échappait un peu parce que son attention était portée sur autre chose d'autre que moi, et dans mon cœur, dans mon esprit, partout, soufflait cette phrase : c'est le mien. Ce sentiment nouveau d’appartenance avait brutalement surgi à la rentrée, succédant à l'absence provoquée par les grandes vacances qui m'avaient rassurée dans un premier temps car j'avais tout le loisir de remettre mes pensées en ordre et de ne pas paniquer en face de lui mais devant mes lettres ; puis qui m'avait été douloureuse, réalisant que sa présence me manquait terriblement. Vers la fin de l'été, plus particulièrement, j'avais eu cette frustration et ce regret d'avoir été si bête et d'avoir pris peur ; d'avoir gâché notre promenade à Pré-au-Lard où il m'avait avoué ses sentiments et n'avait reçu que mes larmes et de pauvres bégaiements pour maigre réponse affirmative ; de n'avoir pas pris plus d'initiatives quand il était à mes côtes, d'être restée si pâle et effacée. Et c'était seulement là, à la formation de ces regrets et de ces inquiétudes, que j'avais eu conscience de son importance et de ma bêtise : et si, à la rentrée, il revenait sur sa décision, s'apercevait que ce n'était pas une bonne idée, que j'étais bien trop stupide et incapable et incompétente et inutile et... Et il me semblait que cette angoisse avait renforcé l'affection que je plaçais par écrit dans chacune de mes missives. Je n'osais pas lui faire part de cette inquiétude, par pudeur, et parce que j'avais la pensée stupide que si j'écrivais noir sur blanc cette peur de l'abandon, il lui viendrait à l'esprit que c'était une bonne idée et une mesure nécessaire à prendre que d'arrêter cette relation avortée car infertile – dans le sens figuré du terme, évidemment, je ne pensais pas à... à... enfin, voilà. Le soulagement de pouvoir prendre du recul avait laissé vite place à la douleur de l'absence et du manque – deux notions qui prenait une toute autre signification quand elles étaient réciproques –, d'autant plus que les étés passés chez moi, à Londres, avec pour seule compagnie ma mère, étaient insupportables. Quand je ne jouais pas du piano, j'avais eu tout le loisir de songer à Scott, dans les grands murs froids et hostiles qui m'enfermaient, et de réaliser à quel point il était formidable et que je ne désirais que personne d'autre ne prenne ma place. Personne. Ces pensées égoïstes m'étaient nouvelles parce qu'elles prenaient comme appui quelque chose d'acquis, et non pas engendré par mon imagination délirante ; mais j'inventais mille scénarios improbables où il décidait de revenir sur sa décision – et j'en voulais à ces peurs de survenir seulement maintenant, alors que sous ce cerisier où tout avait commencé, j'avais presque désiré que rien ne se passe tant l'angoisse avait pris possession de mon corps et m'avait plongée dans un profond malaise.
Je n'étais rassurée qu'en étant véritablement à ses côtés, car je voyais cette lueur dans ses yeux, source d'une chaleur agréable qui se diffusait paisiblement dans mon cœur ; et dans ces instants où nos regards se croisaient, je sentais que ses sentiments répondaient toujours aux miens. Peut-être à cause de ma tendance à me laisser glisser sur la pente de l'obscurité dès qu'elle apparaissait, les hypothèses les plus folles prenaient vie dans mon esprit dès qu'un brin de doute parvenait à s'y insinuer. J'avais douté de la possibilité d'une relation dès le départ à cause de cet enfer qu'étaient les autres. Scott avait beau ne pas voir le rapport avec nous ; il m'apparaissait aussi énorme qu'une baleine dans l'océan. Les premiers moments avaient été difficiles, tant l'impression que tous les yeux se fixaient sur nous ne me quittait pas ; mais plus encore que l'exposition, c'était de songer à ce qu'ils pensaient, eux, tous. Il y avait Chuck, évidemment ; mais il s'était fait à l'idée par amitié ; il y avait Stephen, qui semblait parfaitement s'accorder à la situation – sans doute était-il heureux d'être définitivement soulagé du boulet que j'avais longtemps été pour lui, de mes pauvres regards apitoyés qui s'étaient longtemps posés sur son visage et sur ses mains depuis que je les avais touchées –, il y avait Heather, qui était comblée de joie, mais surtout, il y avait Taylord. Depuis notre aventure à la fête foraine, au printemps dernier, nous nous étions peu parlées ; j'avais été si insupportable que je comprenais qu'elle ne tente pas une nouvelle approche, la dernière s'étant soldée par un échec. J'avais le réel désir d'aller la voir, de m'excuser, de lui dire que tout n'avait été que jalousie, et que je l'appréciais beaucoup. Le problème était ma timidité – cette satanée timidité – qui me retenait de faire ce pas en avant ; et Scott. J'étais incapable de parler franchement à Taylord car je ne cessais de penser à sa relation avec lui – et c'était de la souffrance masochiste, mais je songeais souvent à ce qu'ils pouvaient avoir vécu, à combien Scott l'avait-il aimé, si j'étais une bien moins bonne petite-amie, et toutes ces questions me consumaient quand elles se bousculaient dans mon cerveau déjà bien encombré de suppositions délirantes. Et je savais que c'était idiot, que c'était inutile, que je devais arrêter de ressasser toutes ces choses ; mais la force de l'inquiétude était la plus forte. Toutes ces pensées allaient croissantes avec mes sentiments qui se renforçaient ; si je n'avais plus de doute quand à leur existence et à leur force, il s'était déplacé ailleurs. C'était terriblement stupide et je m'en empoisonnais l'esprit, mais plus je l'aimais, plus je craignais qu'il ne m'échappe. C'était peut-être pour cette raison que je réclamais tant à être dans ses bras ; car quand je le serrais tout contre moi, que je sentais son cœur battre et que la chaleur de son corps rejoignait celle du mien, je ne pensais à rien d'autre.
En entourant son dos de mes bras et en joignant mes mains au niveau de son coeur, chaque parcelle de mon organisme s'affolèrent de joie : il était mien, et je l'avais, là, dans mes bras. Et cette possession égoïste me surprenait d'autant plus qu'elle me réjouissait ; parce qu'il était indéniable que ses sentiments avaient été les plus forts au début, et que maintenant... maintenant, les miens rivalisaient, j'en étais certaine. J'eus un sourire quand je sentais la pression de sa bouche sur mes cheveux ; ils n'avaient rien d'exceptionnels et étaient aussi intéressants que l'élevage des Veracrasses, mais je savais qu'il adorait les toucher, y déposer ses mains et ses lèvres – et à chaque fois, inévitablement, j'étais parcourue d'un frisson et mon cœur fondait comme de la glace au soleil. Je m'étais aperçue que ma sensibilité psychologique s'accordait avec une sensibilité physique : dès qu'il avait le malheur de passer sa main dans le creux de mon dos ou sur mes côtes, même délicatement, eh bien... ça chatouillait, et pas qu'un peu ; alors je riais, frissonnais, me dégageais un peu ; mais j'avais crains de le faire fuir et qu'il se lasse. Nous en avions fait un jeu, et j'avais appris, au fil des semaines, à m'y accommoder et à apprécier ses caresses ; de mon côté, j'adorais laisser ma main vagabonder sur ses avants-bras et grimper les collines que formaient les jointures de ses mains – longues et fines, comme j'adorais – avec mes doigts ; et je m'y promenais comme dans une ballade en terrain vallonné, passant et contournant ses phalanges.
- Qu'est-ce que je devrais dire, alors ? Tu es magnifique, je ne vois que toi, me dit-il en réponse à mon compliment.
Je me retins de lui demander si il n'avait pas un peu forcé sur la Bièraubeurre avant de venir et secouais la tête en baissant les yeux, les lèvres légèrement pincées mais tordues en un sourire ; si je m'étais habituée à faire des éloges, j'avais encore des difficultés pour les recevoir. Et en même temps... en même temps, il y avait une ode à la joie qui se jouait dans mon cœur ; car le soin que j'avais apporté à être plus que convenable portait apparemment ses fruits ; j'avais même souligné mes yeux d'un trait de crayon noir, ce que m'avait conseillé Heather. Ce soir, je ne permettais pas au moindre zeste de doute de s'insinuer dans mon esprit ; il était à moi, j'étais à lui, et c'était tout. En vérité, Scott était devenu bien plus qu'un partenaire amoureux – le mot « petit-ami » avait tout le mal du monde à se formuler dans mon esprit pour des raisons obscures –, il avait été et restait un ami, un confident ; c'était à la fois l'ami le plus proche que j'avais et la personne que j'adorais le plus observer et tenir dans mes bras ; il nous connaissait par cœur, moi et mes débilités, et je n'avais rien à cacher : j'étais entière, et il était mon tout.
- J'ai bien trop peur qu'on essaye de te voler à moi, plaisanta t-il en réponse à mes inquiétudes ; et je ne pu m'empêcher de réagir cette fois-ci.
- Humph, je serais bien la dernière chose qu'on aurait envie de voler, je te rassure, dis-je en souriant malgré moi, sachant quel genre de réactions ce genre de phrases provoquaient en lui – il ne cessait d'essayer de me convaincre de la prétendue valeur que j'avais, ce qui était vain ; mais peu m'importait, du moment que j'étais assez bien pour lui.
Et nous rentrâmes émerveillés dans la salle ; elle était magnifiquement décorée, comme chaque année, mais je n'en appréciais que maintenant la véritable beauté, peut-être parce que je me sentais aussi rayonnante qu'elle – pour la première et dernière fois. Dans mon cœur, il n'y avait pas de manque, d'absence, de remords, de colère, de haine, de vengeance, de sentiments mutilés ; il n'y avait que joie et volupté. Après avoir promené mes yeux sur chaque détail tandis que nous avancions, mon regard fût attiré par le buffet surmonté de mille choses qui me semblaient toutes plus délicieuses les unes que les autres – et depuis ces dernières semaines, mon appétit s'était accentué ; et puis, il était dix-neuf heures passées, et comme se plaisait Chuck à le rappeler, je menais la vie d'une grand-mère aussi réglée que la vieille pendule défraîchie trônant dans son salon – maintenant que je l'admettais, il m'embêtait un peu moins à ce sujet. Quoique...
Mais alors que j'entraînais Scott à ma suite pour piocher dans les mets appétissants, sa main fit pression sur la mienne et je me tournais pour le suivre – il voulait apparemment nous emmener dans un endroit bien précis. Il nous arrêta dans un coin à peu à part, où nous étions à l'abri de la majorité des regards ; et que nous retrouvions un moment d'intimité comme ceux que j'aimais accéléra les battements de mon cœur. Je scrutais les traits de son visage et ses yeux ; apparemment, quelque chose d'important était sur le point d'arriver. Et si c'était quelque chose de mauvais ? Au moment où il lâcha ma main, je cru que mon cœur avait violemment chuté de ma poitrine jusqu'à mes pieds, et les hypothèses les plus folles se formaient déjà dans mon esprit – quelque chose ne va pas, mais qu'ai-je bien pu faire, c'est parce que je suis nulle, mais quelle – et il plongea la main dans sa veste pour en ressortir une petite écrin nacré et le dirigea dans ma direction. J'eus une seconde d'hésitation, stupéfiée, et m'en saisis d'une main un peu tremblante – quelle nouille, je tremblais – tandis qu'il parlait, de sa timidité si touchante.
- Je respecte les traditions de ma famille.
Je serrais l'écrin dans mes mains comme un oisillon sorti du nid ; comme si il m'avait offert son cœur et que j'avais la mission d'en prendre infiniment soin, et j'ignorais pourquoi, mais j'avais peur de l'ouvrir. Il m'avait donc fait un cadeau, alors, et moi qui pensais que... Par Merlin, quelle stupide nouille. Je ne le méritais pas... Mais j'avais peur de le froisser et qu'il interprète mal mon hésitation due à la joie ébahie qui me prenait d'assaut; je sentais le rouge me monter aux joues.
- Wow, c'est... Je... Je l'ouvre ! m'exclamai-je comme tombée de la dernière pluie en le regardant, les yeux brillants, touchée par son geste ; ma gêne me faisait bégayer comme une imbécile – au moins avais-je réussi à me retenir de prononcer les mots les plus idiots du monde, « C'est pour moi ? » – et j'eus toutes les peines du monde à ouvrir l'écrin sans trembler – je craignais de le faire tomber par terre, ce qui était absolument impensable. Mes doigts écartèrent chaque côté de l'écrin et j'y découvris une bague... une bague... une bague comme j'en avais rarement vu d'aussi belles. Je restais un instant immobile, stupéfaite, la bouche légèrement entre-ouverte. Comme une imbécile. Mais une imbécile heureuse. La petite fleur magnifique qui scintillait à la lumière accaparait mon regard ; elle avait des lueurs bleutées et j'en eus les larmes aux yeux – cette couleur avait, j'ignorais pourquoi, des impacts physiques sur mon organisme –, je vis ensuite que l'anneau était d'une finesse comme je les aimais – les deux bagues que je possédais déjà étaient toutes faîtes d'un anneau fin et en argent. Celle-ci en était un dérivé bien plus beau, bien plus parfait – et quand mes doigts vinrent la saisir, nichée dans son bel écrin nacré, je dus me pincer les lèvres pour ne pas pleurer. Ce n'était qu'une bague, mais sa beauté et le geste de Scott – il me connaissait tant par cœur que j'avais parfois peur de ne pas être à sa hauteur – me touchait au plus au point.
- Elle est... elle est..., commençai-je, le souffle coupé - les mots n'arrivaient pas à sortir et je choisis de faire diversion. Tu me la mets ?lui demandai-je doucement en le regardant, retenant ces satanées larmes de s'écouler de mes yeux. En lui tendant ma bague et ma main droite, j'eus le temps de reprendre légèrement mes esprits. Scott, elle est magnifique, vraiment. Je... Je m'apprêtais à lui dire que je ne la méritais pas, que je ne le méritais pas lui, que je n'avais même pas de présents à lui offrir en retour – j'étais presque convaincue que nous en avions parlé et que nous nous étions dits qu'il n'était pas nécessaire de s'échanger des cadeaux au bal ; j'avais donc prévu de lui ramener quelque chose de Londres, une fois rentrée chez moi pendant une petite partie des vacances, pour lui donner à mon retour ; et je me retrouvais à présent comme... comme une nigaude. Mais je laissais ma phrase inachevée, car j'avais eu une idée spontanée – c'était un tout autre genre de cadeau, mais c'en était un quand même.
Je laissais mon regard se promener sur ma main – elle était toujours aussi pâle et sans intérêt que d'habitude, mais la bague l'illuminait et l'embellissait – , avant de couvrir Scott d'un regard qui, j'espérais, traduisait toute l'ampleur de mes émotions et que j'étais incapable de traduire à l'oral. Oh et puis, mince ! Je me saisissais de son visage de mes deux mains et déposais un baiser sur ses lèvres – tant pis pour les autres, au diable, adieu, ils n'existent plus. Emportée dans mon élan d'affection, j'avais peut-être été un peu violente dans mon geste car nous reculâmes d'un ou deux pas ; je lui adressais un sourire un peu gêné mais qui traduisait ma joie et le feu d'artifice qui explosait dans mon cœur.
- Tu sais, je vais vraiment commencer à croire que tu n'es pas réel tellement tu es... tu es parfait, soufflais-je avant de me pincer la lèvre inférieure et de l'entourer de nouveau de mes bras – mais il était bien là, contre moi, réel.
En me détachant délicatement de lui, je m'apprêtais à lui demander si il n'avait pas un petit creux quand une musique retentit dans mon oreille – si il y en avait sans doute eu depuis le début, je n'y avais pas porté attention, mais les sons de celles-ci m'interpellèrent. C'était une musique peu violente mais dont les basses résonnait dans mon corps, que j'avais déjà entendu et que j'appréciais. J'eus un sursaut en même temps que mon cœur bondissait dans ma poitrine et m'emparais dans sa main.
- Oh, j'adore cette musique ! m'exclamais-je. Est-ce qu'on peut juste danser sur celle-ci, et après, promis, on va au buffet ? lui demandai-je, le regard amusé et suppliant – il allait sans doute m'accorder cette danse, mais je ne voulais pas que ça le dérange.
C'était une musique qui alliait différents rythmes, ce que j'appréciais ; elle commençait de manière plutôt dynamique, de quoi tournoyer un peu dans la salle, comme pour une valse – la seule chose que je savais à peu près danser – et j'avais l'impression de voler, ma main posée sur l'épaule de Scott et sur sa taille – et je pensais, toujours avec cet étrange égoïsme, que tout à lui m'appartenait maintenant –, et comme je connaissais la musique, je savais qu'elle terminait sur des notes plus douces de violons, et je souriais, et riais, même, car je volais dans ses bras, je volais, je sentais d'autres présences humaines autour de nous, mais elles n'étaient que formes, sons, et couleurs, elles n'existaient pas vraiment ; et au moment où la musique se terminait et se faisait plus douce, j'entourais mes deux bras autour de son cou, approchant mon corps contre le sien – son cœur battait aussi fort que le mien d'avoir dansé – et murmurait à son oreille mon cadeau – un présent que j'avais été encore incapable de lui offrir jusqu'à maintenant, et qui me paraissait infiniment naturel désormais :
- Je t'aime.
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Scott McBeth Apprenti Auror au Ministère de la Magie
Nombre de messages : 1392 Localisation : Probablement dans ma salle commune à étudier ou au parc avec Apple ! Date d'inscription : 27/02/2009 Célébrité : Nicholas Hoult Feuille de personnage Particularités: / Ami(e)s: Ruby, Apple Âme soeur: Oh, help me to make it
| Sujet: Re: I draw a line to your heart from mine [PV ♥] Jeu 27 Déc - 17:55 | |
| Pendant l'été nos parents nous faisaient la grâce d'être présents plusieurs jours de suite, parfois même une semaine ou deux - j'étais de plus en plus amer en pensant à la façon dont ils avaient élevé leurs enfants, ou plutôt, la façon dont ils avaient laissé les gouvernantes le faire. A quoi cela servait-il d'avoir une famille si nombreuse si c'était pour ne pas en profiter? - et en profitaient pour nous confronter tous, au moment où l'on s'y attendait le moins, à un petit interrogatoire dans les règles. Tout y passait : les notes, les cours préférés, les amis, les activités à Poudlard, les moments qu'on avait préférés, le sport, les lectures du moment, ce qu'on voulait faire plus tard, etc. Et, avec le temps, évidemment, sujet des plus passionnants pour nous autres, adolescents : les petits ou petites ami(e)s. Personne n'y coupait plus. Certains de mes aînés étaient déjà en couple, d'autre, comme les jumelles, n'avaient pas de conjoint officiel mais je les soupçonnais de cacher la vérité aux yeux de la famille, surtout après les confessions d'Aisling. Mais une chose était certaine : ce n'était pas moi qui allais éventer leurs secrets, jamais je ne l'avais fait et jamais je ne le ferais, j'avais bien trop d'estime pour elles et les secrets qu'elles me confiaient pour les bafouer. J'avais de l'honneur, contrairement à mon frère aîné qui, d'une manière ou d'une autre - je soupçonnais le frère de son meilleur ami qui avait mon âge et qui étais à Poudlard - d'avoir passé le mot lorsque j'étais avec Taylord. Cet été-là, alors que jamais au grand jamais je n'avais pensé évoquer le sujet, il s'était avéré que mes parents, mis au courant par mon frère, m'avaient d'eux-mêmes questionnés sur "qui était cette Taylord". Je n'avais jamais été à l'aise pour ces sujets-là, et en parler avec mes parents était probablement la pire chose à faire pour me mettre au plus mal ; en somme j'avais bafouillé et rougi et les autres avaient ri, et j'avais quitté la table, en colère qu'on touche à ce que j'estimais être mon intimité. Ma timidité presque maladive n'était un secret pour personne et plus qu'à mes parents - qui finalement ne suivaient pas assez notre évolution pour réellement comprendre ce que cela signifiait - j'en voulais à mon frère de m'accorder si peu d'égards.
Mais l'eau avait coulé sous les ponts depuis cet été-là, et j'avais grandi, j'avais pris - du moins je l'espérais - en maturité, en recul aussi avec toutes ces histoires de famille, et j'avais surtout, avec tout ce que j'avais traversé concernant Taylord, Stephen, Carlton, puis Haley, réfléchi un peu là-dessus et changé légèrement d'état d'esprit. Mon échec avec Taylord était dû autant à mes erreurs et mon manque d'implication parce que je n'osais pas, que du fait, et une partie de moi l'avait toujours su, que cette jeune fille, aussi parfaite qu'elle m'avait semblé, n'était pas celle qu'il me fallait (et qu'elle n'était pas pour moi), et j'étais bien décidé à tirer des leçons de mes erreurs. Petit à petit Haley me faisait sortir de ma coquille, sans le savoir sans doute, mais ce depuis le début, depuis cette étrange nuit en haut de la tour d'astronomie, probablement. Je devenais pour elle celui que j'aurais dû être depuis longtemps. Je restais fidèle à moi-même évidemment, ma sérénité, mon goût légendaire pour les livres, les études et la culture ne s'effaçaient pas pour autant et j'aimais encore maintenant m'installer au bord du lac, à Poudlard, et observer, simplement observer, dans une sorte de méditation relaxante ce qui m'entourait, qu'il y ait des élèves ou non, pour réfléchir et mieux comprendre ce vaste monde dans lequel nous gravitions. Mais ce qu'il y avait de nouveau était que je voulais quelque chose plus que jamais je n'avais voulu, je voulais Haley, je voulais ses regards, ses gestes, ses baisers, sa tendresse et son amour ; et si cela amenait ce que j'appelais des contraintes, à savoir une vie à deux et en couple à laquelle j'avais eu du mal à me faire, je l'acceptais entièrement. Et j'en avais conscience. Qui plus est, Haley rendait ces contraintes douces, et plus le temps passait alors que je la serrais dans mes bras et moins ce terme était correct : ce n'était plus des contraintes mais une bénédiction, et pour rien au monde je ne regrettais de lui avoir un jour ouvert mon cœur.
Ainsi, cet été, à la sempiternelle question de mes parents lors d'un déjeuner en famille, durant lequel les jumelles avaient eu leur petit quart d'heure de gloire en énumérant toutes les bêtises et les retenues dont elles avaient écopé cette année, quand ils m'avaient demandé si j'avais "une petite amie", ma réaction, pour la première fois, avait été pleine et entière. J'étais en train de me resservir à boire et mon geste n'avait pas failli ; j'avais souri et répondu posément que oui, sans détourner le regard, et une joie teintée de vengeance m'avait réchauffé tout le corps à la vue de la mine déconfite de mon frère aîné, puis j'avais présenté Haley, qui elle était, comment elle était en quelques mots, et que nous nous entendions à merveille. Mes parents, ravis d'apprendre en plus de cela qu'elle était à Serdaigle et bonne élève elle-aussi, n'avaient pas caché une fierté que j'avais trouvé déplacée. De quel droit s'arrogeaient-ils cette réussite alors qu'Haley n'appartenait qu'à moi et qu'ils n'étaient pour rien dans cette affaire qui était strictement mienne, que je ne voulais pas partager, avec qui que ce soit? Mais je n'avais rien dit et juste souri poliment. Je savais que je grandissais, et j'en étais fier.
Derrière son masque noir et pailleté, qui faisait ressortir la clarté de ses yeux bleus, Haley était à des années-lumières de ces souvenirs et de cet été ; pourtant, si elle avait su comme jamais elle ne m'avait quitté durant ces deux longs mois! Je me revoyais encore lui écrire scrupuleusement presque tous les jours, parce que j'en avais envie et que l'était, chaud et beau, avait toujours quelque chose de monotone et de mélancolique quand on le comparait à l'hiver, plus rude, mais plus aléatoire et indiscernable. Elle m'avait manqué, réellement, bien que nos retrouvailles après deux mois d'absence aient considérablement renforcé les liens qui nous unissaient. Rien que sa robe le prouvait, et j'avais plaisir à la voir dedans, même si ce n'était pas tant une surprise puisque nous l'avions choisie ensemble. Mais cette robe de femme, alors qu'Haley s'habillait plutôt simplement, la mettait en valeur plus qu'elle ne s'en rendait compte et la magnifiait à mes yeux.
- Wow, c'est... Je... Je l'ouvre !
Un peu gêné par l'appréhension qui me faisait douter, comme souvent, je l'observai tout de même avec tendresse, lisant la surprise non feinte sur ses traits et dans ses gestes, et son trouble aussi, qui m'assura d'une chose : elle était touchée par le geste. Quand elle ouvrit le cadeau, la bague, que je connaissais pourtant, me parut encore plus judicieusement choisie car entre les mains fines et blanches d'Haley c'était l'évidence même : la finesse du bijou s'accordait à elle toute entière, ainsi que les teintes tantôt blanches tantôt bleutées qui chatoyaient en écho avec le brillant de sa robe et la profondeur des vagues qui roulaient majestueusement au fond de son regard.
- Elle est... elle est... Tu me la mets? Scott, elle est magnifique, vraiment. Je...
Si les mots ne sortaient pas, l'humidité soudaine de ses yeux et l'intensité de son regard, la rougeur légère de ses joues, parlaient pour elle : je me sentis entièrement soulagé, car mon cadeau lui plaisait et était à la hauteur de mes espérances. Il ne m'en fallait pas plus. Du reste, j'étais habitué à la sensibilité de la jeune fille et je n'étais absolument pas gêné par les larmes qui menaçaient de rouler de ses yeux ; une fois n'est pas coutume ces larmes naissantes me fendirent la poitrine pour me toucher en plein cœur et lui rouler dessus comme tant de petits diamants qui s'y incrusteraient pour le réchauffer de leurs petits rayons lumineux et le protéger de leur force légendaire. Je m'empressai de lui obéir, m'emparai de sa main fine et lui glissai l'anneau - celui-ci passa parfaitement et la bague semblait avoir été faite pour elle.
Je voulus lui répondre quelque chose qui ferait passer ce présent pour normal, parce qu'elle était si précieuse que je me devais de lui faire honneur à chaque instant, mais je n'en eus pas l'occasion car, contre toutes attentes car elle n'était pas d'un naturel expansif, elle me sauta presque au coup et appliqua ses lèvres sur les miennes. Je sentis mon coeur faire un bond dans ma poitrine, pris au dépourvu, le pauvre, mais le geste avait été si vif et si rapide qu'il nous déboussola tous les deux et que nous nous écartâmes ensuite, répondant aux étranges lois de la physique : quand deux petites billes identiques s'entre-choquent, l'impact les obligent ensuite à s'écarter chacune aussi vivement qu'elles sont entrées en collision. Mais la surprise passée je voulais profiter de cet élan d'affection et tendis les bras imperceptiblement vers elle pour qu'elle se repositionne contre moi, ce qu'elle fit, répondant à ma demande silencieuse.
Quand elle était dans mes bras, plus rien ne comptait et je me sentais si heureux que j'avais l'impression qu'aucun de mes malheurs n'avait jamais existé, que plus jamais je ne serais triste. Sa chaleur m'enveloppait tout entier et se propageait jusque dans l’impalpable de mes sentiments, jusque dans les tréfonds de mes craintes et les recoins sombres de mes angoisses. Avec elle, aussi peu original que cela soit, je me sentais invincible.
- Tu sais, je vais vraiment commencer à croire que tu n'es pas réel tellement tu es... tu es parfait.
Amusé, je laissai échapper un petit rire, pas moqueur le moins du monde mais à la fois flatté de ce compliment et de la proportion extrême qu'il prenait. Elle disait seulement ce que j'avais espéré que Stephen, par exemple, entrevoie en partie ; non pas que j'étais parfait mais que je comptais, au moins, et pour cela, je ne pourrais jamais assez la remercier.
- Je suis bien réel, ne t'en fais pas, répondis-je d'une voix joyeuse alors que ma main quittait sa taille que j'avais enlacé mais s'attardait quelques instants à caresser sa tempe et sa joue du bout des doigts, avant de retomber à nouveau au bout de mon bras, et mes doigts réclamaient déjà le contact de sa peau, à nouveau.
Derrière nous, la musique se fit alors plus entraînante et un peu moins classique, et puisque ma cavalière avait l'air si enthousiaste je ne me fis pas prier. J'avais reçu une éducation traditionnelle et je connaissais parfaitement les danses de salon, d'ailleurs je les maîtrisais très bien, et j'aimais cela, même si hélas ces compétences n'étaient pas des plus indispensables car nous n'avions pas des bals tous les quatre matins. Mais ce soir cela tombait très bien, et j'enlaçai la taille d'Haley et voilà que nous nous mîmes à virevolter dans tous les sens avec une simplicité qui me surprit moi-même. Elle était la cavalière parfaite, devançait mes pas et obéissait aux miens quand il le fallait, ses mouvements étaient fluides et surtout, je sentais qu'elle prenait plaisir à cette danse et c'était là l'élément essentiel pour que le tableau soit réussi. Bientôt j'oubliai tout, si ce n'est Haley contre moi et la musique qui nous entraînait, son rire qui me berçait, et moi aussi je riais et je m'amusais et tout me paraissait doux et cotonneux autour de nous, comme si nous évoluions dans un monde parfait qui ne contenait que nous et ne vivait que par nous. J'étais fier des éclats que je voyais briller au fond de ses yeux parce que je me sentais en être, au moins d'une part, à l'origine, et je l'avais promis : je voulais la rendre heureuse, encore et toujours, je voulais qu'elle soit cette jeune fille que je voyais moi, et qu'elle subisse l'évolution que j'avais moi-même subie, en partie grâce à elle d'ailleurs.
Lorsque la musique se calma et que nous rapprochâmes naturellement l'un de l'autre dans une position plus propre aux musiques douces, je repensai à la réaction de mes parents lorsque je leur avais parlé d'Haley, et comme ils auraient été d'autant plus fier de voir leur fils danser ainsi au bras d'une jeune fille qui n'avait rien à envier à personne. Mais ils ne savaient pas, et ce secret là me flattait d'autant plus, qui elle était vraiment et ce qu'elle représentait vraiment, puisque moi seul dans cette salle savait la valeur de celle que je tenais dans mes bras... Pile à ce moment là, douloureux aléas du hasard, entra dans mon champ de vision une Taylord joliment habillée elle aussi au bras de celui que j'avais failli réduire en poussière, et je sentis le doute s'insinuer dans mes jolis rêves : lui, il savait peut-être. Lui qui traînait souvent avec elle! Lui qui étais son ami... Lui qu'elle avait vu cet été. Toujours lui. Je ne voulais pas qu'il me la vole, je ne voulais pas qu'il ternisse mes espérances, et je tournai la tête, le cœur un peu trop palpitant. Il en fallait peu pour détruire les belles choses que je construisais, car mon assurance s'était développée peu à peu, et il ne fallait que quelques secondes pour la démolir.
- Je t'aime.
La neige dans le parc parut m'envelopper tout entier et me bercer de douceur pour se métamorphoser en milliers de petites paillettes douillettes et chaleureuses qui tapissèrent tout l'intérieur de mon corps et de mon coeur ; cet aveu glissée à mon oreille sans que je m'y attende changea une nouvelle fois la donne de mes angoisses.
Elle m'aimait. Combien de temps avais-je attendu ce moment? Longtemps sans doute, mais avec le temps j'avais compris que ce n'était pas facile pour elle, alors je l'avais pardonnée. Elle était si attentionnée de toute façon que je ne pouvais pas douter de son attachement. Mais, toujours, parfois, quand venait la nuit, il y avait cette petite question... Est-ce qu'elle était amoureuse de moi comme moi je l'étais d'elle? Est-ce que nous partagions réellement les mêmes sentiments? Je ravalais mes questions, mais j'avais besoin d'en être sûr...
Je l'étais à présent.
Une pression infime mais qui m'oppressait tout de même s'échappa de ma poitrine et s'envola vers le ciel - je la suivis pas des yeux, j'avais bien mieux à faire. J'observais alors Haley et cherchai son regard, un sourire fleurissait mes lèvres sans que je puisse le retenir, mais plus encore je sentais que j'étais grave, parce que cette déclaration n'était pas faite à la légère et que c'était là un véritable don qu'elle venait de me faire.
- Je t'aime aussi, Haley, murmurai-je en retour. Sans doute qu'il n'y en avait pas besoin puisqu'elle le savait, mais je voulais mettre moi aussi les points sur les i. Pas de place pour le doute qui ronge. Je t'avais dit que je voulais te rendre heureuse : c'est une promesse, repris-je, très sérieusement, comme s'il m'incombait d'un devoir divin.
La musique changea de registre au moment même où j'avais envie de rester là éternellement et de profiter de ce tout nouvel état qui m'avait gagné : non content d'avoir la cavalière la plus parfaite de cette soirée, j'étais en plus le plus comblé des cavaliers. Mais comme je me souvenais de sa requête précédente, je fis signe à Haley en direction du buffet, pris son bras comme si elle était un joyau d'une rareté sans pareille et fendis la foule avec elle, le coeur gonflé de fierté, avant d'arriver près du buffet. Je ne buvais pas spécialement d'alcool mais de temps en temps pour les grandes occasions, et c'en était une, et comme il y avait un cocktail de fête servi dans des flûtes à champagne et que la personne qui s'occupait du bar disait peu dosé en alcool, je jugeai cela parfait et en attrapai deux. J'en offris un à Haley, puis levai le mien vers elle comme l'usage le voulais, avant d'en boire une gorgée.
Je ne sais pourquoi, alors que tout était véritablement parfait, tout ce que je ne lui avais pas dit - mes discussions avec Stephen à son sujet, ou à d'autres quand nous nous étions véritablement disputés, le duel avec Carlton, mon véritable dégoût pour son "meilleur ami" - m'apparut comme un dragon au milieu de la salle de bal. On dit toujours que les mensonges tuent une relation, et si pourtant j'avais l'impression que parfois il valait mieux cacher la vérité qui pouvait faire mal, je me sentais honteux de ne pas lui avoir dit cela alors que si elle l'apprenait de sa bouche à lui, cela serait bien pire et elle m'en voudrait certainement d'avantage.
- Écoute, commençai-je brusquement après avoir baissé les yeux, comme si le poids était si important que c'était une question de vie ou de mort que cet aveu sorte. J'aurais sans doute dû te le dire avant mais... Tu sais bien que, euh... Bon. Que je n'aime pas du tout ton ami me paraissait un peu brusque, même si elle le savait, avions-nous vraiment besoin de barrières entre nous? J'ai provoqué Car... Chuck en duel, il y a plusieurs mois. On s'est battus. Il a perdu.
Je percutai alors qu'il ne lui avait sans doute pas dit parce qu'il aurait du reconnaître sa défaite, et bon prince, trop sans doute, je n'appuyai pas sur ce fait. J'avais un peu trop honte de la manière dont je m'étais comporté, à la fin, parce que ça ne me ressemblait pas.
- Je préférais que tu le saches de ma bouche, expliquai-je pour toute conclusion. Subitement je nous sentis étrangers à l'agitation du bal, simplement parce que j'attendais un signe de sa part, un geste, un regard, pour qu'elle montre qu'elle ne m'en voulait pas. Mais j'étais soulagé de lui avoir dit. Il n'y avait rien que je voulais lui cacher, et j'espérais qu'elle comprenait qu'elle était... La première, la toute première, avec laquelle je redoublais autant d'efforts et d'attention. |
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Haley Collins Élève de 7ème année
Nombre de messages : 1535 Localisation : Sous un cerisier. Date d'inscription : 24/12/2007 Feuille de personnage Particularités: Idiote. Ami(e)s: ? Âme soeur: ...
| Sujet: Re: I draw a line to your heart from mine [PV ♥] Mar 8 Jan - 22:39 | |
| J'ignorais si cela s'appliquait à toutes les filles de mon âge, mais j'étais passée par plusieurs périodes concernant ma relation avec Scott : c'était ma toute première, et par conséquent, je découvrais tout ; ce qui était à la fois plaisant et gênant. Comme un bébé apprenant à marcher, j'avais mes quelques moments de chutes qui correspondaient aux doutes m'envahissant subitement, ainsi que les moments d'extases ridicules mais si vivifiants – c'était là tout le mot qui résumait l'opération « Scott moi » : je me sentais vivante. Pas l'énergie haineuse qui m'avait animée un temps, lors des périodes sombres dans lesquelles je m'étais vue me noyer à cause de quelques embryons de sentiments et d'une horde de cheveux blonds ; la présence de Scott et mon cœur battant pour lui me conféraient une force pure, douce, agréable, et ce qui me semblait le plus surprenant encore, naturelle. Je m'étonnais tous les jours de la manière dont tout coulait si facilement, désormais, comme un fleuve tranquille ; les premiers mois passés, tout était plus simple, les nuages qui avaient encombré mon ciel s'étaient dissipés, et je n'entrevoyais désormais plus qu'un ciel bleu qui m'apaisait étrangement – accompagnée de Scott, tous les ciels bleus du monde me paraissaient supportables. Avant d'en arriver là... ça avait été plus compliqué ; mais ces périodes passées me semblaient désormais dérisoires – j'étais si ridicule à m'inquiéter des choses les plus infimes -, et il me semblait avoir atteint état de plénitude et de confiance que jamais, en bientôt dix-sept ans ans, je n'avais alors touché du doigt.
Bientôt dix-sept ans... – j'allais y parvenir en Juin, à vrai dire, mais ces six derniers mois étaient passés si vite que les six prochains me paraissaient eux aussi tout près. Scott possédait de nombreux dons que je découvrais au fur et à mesure ; en plus d'enlever l'amertume qu'avaient à mes yeux les ciels trop lourds d'été sans nuage à la couleur bleuté pesante – le bleu était pourtant ma préférée, mais pas ce bleu là profitable à tout le monde et qui était synonyme d'une chaleur que je haïssais ; j'avais plus d'affection pour le bleu obscur de la mer – il accélérait le temps ; et aussi, en cet instant, faisait de cet événement qui m'avait jusqu'alors été exécrable un moment de joie et d'amusement réels, sans aucune autre pré-occupation. La seule légère ombre qui se dessinait sur la tableau était peut-être l'idée s'insinuant de temps à autres dans ma cavité cérébrale que c'était là mon dernier bal et donc ma dernière année à Poudlard. Mais même là encore, Scott intervenait de manière presque divine : peu m'importait la fin de Poudlard, tant qu'il était encore à mes côtés, les possibilités me semblaient infinies. Il s'était incrusté partout en moi, dans mon cœur, dans toutes mes pensées, au bout de mes mains et de mes lèvres ; c'était un tout qui s'était construit sans que j'y fasse attention, et il me semblait que si un jour la moindre partie de ce tout m'était enlevée, tout s'écroulerait. Si depuis plus d'un an maintenant, Scott avait toujours constitué un de mes piliers, l'importance qu'il avait maintenant acquise faisait de lui un soutien indispensable – je n'existais plus sans lui, voilà, c'était aussi simple que ça. Oh, oui, c'était maintenant un peu mieux, mais il m'avait fallu un peu de temps pour m’accommoder à ma niaiserie ambulante ; et je me sentais souvent idiote à songer à des choses et des mots qui n'existaient que dans les romans que je lisais souvent, car il était évident que je calquais ma réalité sur de la pure fiction, ce qui était à la fois stupide et honteux, car je me sentais d'une faiblesse terrible dans ces moments de lucidité. J'avais toujours, jusqu'alors, considéré la masse des autres individus de sexe féminin de mon dortoir comme des étrangères, tant j'avais l'impression de ne pas appartenir à leur monde et à leur espèce ; je les avais observées, en avait déduit des comportements types, et j'avais l'impression d'y glisser maintenant peu à peu à mon tour. C'était tout à la fois une fierté – j'étais peut-être, enfin, normale – et une terreur : étais-je véritablement en passe de devenir le genre de filles que j'avais toujours si peu apprécié ? Je me rassurais en me disant que si un quelconque changement intervenait dans ma façon d'être, Scott serait là pour me le rappeler ; mais je m'inquiétais alors que ses sentiments s'évanouissent à ce surgissement d'une personnalité qui n'était pas la mienne.
Scott portait sur moi une attention telle que j'en avais pour la bague qu'il venait de glisser à mon annulaire droit. Mon regard était irrémédiablement attiré par son éclat, tant elle semblait briller de milles feux – mais un feu bleu maritime qui était à l'image du brasier de joie qui me consumait ; le même qui me poussa à illustrer l'élan d'amour extrême que j'avais pour lui en allant chercher un baiser soudain sur ses lèvres. En reculant, je vis qu'il était aussi surpris que moi ; en sept mois, c'était bien la première fois que je faisais preuve d'une telle démonstration d'affection amoureuse, ne supportant pas que des yeux étrangers puissent se poser sur notre intimité – et j'avais si peur d'être jugée, parce que j'aurais fait mal les choses, de mal aimer, d'être une mauvaise petite-amie, et de ne pas bien l'embrasser, aussi, parce que j'avais déjà entendu des filles et des garçons se plaindre à ce sujet, et ce qui me semblait alors anodin jusqu'alors prit des proportions considérables. J'avais du me confier à Heather tant ces idées m'avaient un moment oppressée ; elle m'avait répondu que tant que l'amour était présent, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, car toutes les choses faîtes avec amour sont forcément bien réalisées. J'avais décidé de sagement m'imprégner de ces mots tant ils me paraissaient sages, et je réalisais que ça ne pouvait qu'être vrai. J'étais incapable de dire si Scott embrassait bien – une fille sans gêne de mon dortoir me l'avait un jour demandé, étant au courant que nous étions ensemble, et j'avais été tant déstabilisée par sa question que je n'avais pu que rougir et bredouiller des mono-syllabes incompréhensibles ; elle m'avait laissé après m'avoir jeté un regard qui semblait vouloir dire « t'es vraiment bonne à enfermer à l'asile, ma pauvre vieille, ou mieux dans un zoo, parce que t'es un sacré cheval de foire, toi ». J'ignorais si il embrassait bien, parce que cela n'avait aucune espèce d'importance : je sentais juste la chaleur dévorer mon corps et mes lèvres vouloir plus des siennes, et mes doigts se nouer aux siens, et mes bras entourer son corps ; alors... alors peut-être que c'était le signe qu'il embrassait bien ? J'avais cherché une réponse à cette stupide question, jusqu'à me débarrasser de la réponse : j'aimais ses baisers parce que je l'aimais lui, et c'était tout, c'était là ce que j'allais répondre à la prochaine gourgandine qui me poserait la question, parce que j'étais encore amère de n'avoir rien su répondre et ressentais comme une trahison envers Scott – c'était plus ça que le fait de m'être ridiculisée une énième fois qui m'importait – le seul pour qui je ne voulais pas paraître un cheval de foire était lui, et si je devenais répétitive à en faire la réflexion, c'était parce que j'avais rarement eu un souhait aussi cher que celui-ci.
- Je suis bien réel, ne t'en fais pas, m'assura t-il – et c'était peut-être stupide mais l'entendre le dire me rassurait réellement. J'avais longtemps cru que les relations amoureuses n'étaient pas faites pour moi, que tant que je ne m'acceptais pas, personne ne le pourrait, que ma timidité exacerbée et mon excessive sensibilité seraient des obstacles à toute tentative de relation, et je prenais conscience que je m'étais trompée : timidité et sensibilité semblaient être des caractéristiques qui plaisaient à Scott, ou en tout cas qui le touchait, alors qu'à mes yeux il ne s'agissait que de défauts stupides et j'étais tout aussi stupide de ne pas parvenir à m'en défaire ; et il m'aidait plus que quiconque à accepter le légume que j'étais – à la différence que loin de la carotte solitaire dans son pauvre potager abandonné, je pouvais désormais me considérer comme une jolie tomate gorgée d'eau illuminée par les éclats du soleil sur sa peau rougissante.
Mon cœur explosa en confettis quand ses doigts vinrent effleurer ma joue, car c'était la caresse que je préférais le plus ex-aequo avec les caresses de ses mains dans mes cheveux – ce classement n'était absolument pas intentionnel et même si fort ridicule de par sa nature, je n'avais pu m'empêcher de remarquer les gestes qui me plaisaient le mieux ; tous les siens étaient doux et agréables, mais mes cheveux et mes joues y étaient apparemment plus sensibles.
Il accepta ma proposition de danse sans hésiter ; je savais qu'il avait reçu une éducation presque digne d'un châtelain – je l'avais moult fois taquiné en le nommant « Monsieur McBeth », son nom me rappelant également la pièce de Shakespeare, ce que je trouvais amusant, même si j'avais été traumatisée enfant par le nombre de morts que comptait la pièce, et que j'étais désormais incapable de la relire, MacBeth étant assassiné à la toute fin – aussi dansait-il merveilleusement bien. Avec un tel cavalier, il était aisé de prendre du plaisir à danser, ce qui m'arrivait sans doute pour la première fois. A bien des égards, nos vies étaient similaires. Mes parents, bien que présents physiquement durant mon enfance, l'avaient été de manière psychologique, ne m'ayant jamais transmis, je crois, une quelconque once d'amour réel ; pour Scott, ils avaient été réellement absents à cause de leur métier. Nos géniteurs avaient apparemment tous tenus à ce que nous soyons dignes d'eux, prenant soin que nous recevions une éducation très correcte, et je trouvais ces faits infiniment ironiques – pour être digne de mes parents, encore auraient-ils fallu que j'en sois fière. En prenant de l'âge, mon avis s'affinait de plus en plus à ce sujet, et je m’apercevais que ma mère et mon père ne correspondaient pas à la vision que j'avais du mot « parents » ; dès lors, je m'étais fait la promesse de ne jamais être comme eux et de ne pas faire preuve d'une telle indifférence à l'égard de mes propres enfants futurs, si j'en avais – car j'avais compris qu'ils m'avaient élevée de sorte qu'eux soient heureux de ce que les gens pensent de leur fille unique, et non pour que ce soit elle qui ressente la joie d'être là. Il y a quelques mois encore, j'aurais clamé haut et fort que j'aurais préféré ne jamais exister, tant cela m'avait apporté de peines et de douleurs ; à quoi bon mettre un pied devant l'autre quand l'horizon est obscur et obstrué d'obstacles sans rien pour l'illuminer ? Après avoir vu ma mère dans un état dépressif avancé après le décès de mon père, depuis ces quatre dernières années, j'avais pu en conclure que j'avais moi-même approché cet état de dépression qui me paraissait désormais être un gouffre fatal à éviter. J'étais à peu près sûre que ma mère n'allait pas y tomber entièrement ; quand je n'étais pas à la maison, elle était prise en charge par sa sœur qui veillait à sa stabilité – quant à moi, j'étais absolument certaine d'y avoir échappé, toujours grâce à la même personne – toujours, toujours la même personne.
J'avais préparé mon cadeau dès l'instant où il m'avait offert la bague ; les mots avaient eu envie de franchir le seuil de mes lèvres comme jamais jusqu'alors, et j'avais senti qu'enfin, le moment était là. J'étais incapable de les prononcer à la légère, ils avaient tant de sens à mes yeux et de poids dans mon cœur que les faire s'échapper de ma bouche relevaient d'une véritable épreuve. Je n'avais jusqu'alors jamais su répondre clairement à ses mots, alors même que je les pensais aussi, toujours à cause de cette maudite timidité, et d'une pudeur, aussi – c'était la première fois de ma vie que je les prononçais. Je t'aime.
Dès l'instant où il plongea ses yeux bleus dans les miens et sourit, je compris que mon cadeau lui avait plu ; j'étais presque certaine qu'il souffrait de ne pas entendre ces mots – et je m'étais beaucoup voulu d'être incapable de lui offrir ce qu'il espérait et surtout, ce qu'il méritait – et je vis l'expression de sérénité s'installer sur son visage. A part quand il était plongé dans ses devoirs, il n'était jamais aussi beau que les lèvres étirées en un sourire et les yeux étincelants – et l'idée me vint qu'ils brillaient autant que ma bague aux reflets bleutés.
- Je t'aime aussi, Haley, murmura t-il, et j'en eus la chair de poule tant ses paroles me semblaient être de délicats souffles qui balayaient mon cœur et redoublaient ses battements. Je t'avais dit que je voulais te rendre heureuse : c'est une promesse. Alors que la musique se fait plus basse, je me blottis dans ses mots. Comme enveloppée dans une enveloppe de soi protégée de tout contact extérieur, j'entoure son cou de mes bras à la fin de la danse et pose ma tête sur son épaule gauche, le serrant au mieux contre moi. Je sens mon cœur battre à tout rompre et un sentiment de bonheur palpiter dans mon corps.
Même après tout ce temps, je n'étais encore jamais bien sûre de mériter ces mots, et de le mériter, lui – c'était forcément impossible tant il m'était précieux ; comment allais-je faire si je le perdais ? Mais je chassais rapidement cette idée de mon esprit. J'avais son corps tout près du mien, et je sentais sa chaleur se lier à celle qui animait mon organisme flottant sur ce qui me semblait être un nuage fait de coton. Je me maudissais de laisser resurgir ces vieilles angoisses à chaque instant de plénitude, mais elles semblaient dépendre de forces qui me dépassaient et que j'exécrais. En retirant ma tête de son épaule, je laissais mes lèvres frôler la peau de sa gorge – et je souris lorsque je le sentis légèrement frissonner sous mes mains posées autour de son cou.
- C'est pleinement réussi, soufflai-je avant de pincer mes lèvres tordues en un sourire.
Je sentais le rose me monter aux joues, aussi lui fus-je reconnaissante de m'entraîner vers la buvette comme promis – je n'imaginais que quelqu'un d'autre que Scott soit plus appliqué que lui à réaliser ses promesses, de la plus infime à la plus importante – en m'attrapant délicatement par le bras. Arrivés près du buffet après avoir contourné les danseurs restants, la musique résonnant en chœur avec les battements de mon cœur, je m'aperçus que le stress, les angoisses, les surprises, les mots qui s'étaient succédés m'avaient desséché la bouche et qu'un rafraîchissement serait tout à fait le bienvenue. Scott m'offrit une flûte de champagne dont je me saisis, et nous bûment après avoir levés nos verres – nous étions des enfants bien éduqués, nul doute. Alors que j'engloutissais avec avidité les premières gorgées du breuvage, je constatais que l'alcool avait définitivement un effet rapide sur mon organisme, car déjà, la musique se faisait plus forte et l'expression de Scott plus tendue – je commençais déjà à dérailler après quelques centimètres, quelle quiche je faisais. Alors que j'éloignais enfin la coupe de ma bouche et que j'observais Scott en souriant avec mes yeux, mes sourcils se froncèrent légèrement de perplexité : peut-être n'était-ce pas un mirage que cet air soudain si sérieux qui venaient assombrir le visage de Scott ?
- Écoute, lâcha t-il comme si ce mot pesait mille tonnes – et en même temps que cette impression de lourdeur appesantissant l'air qui nous entourait, une enclume chuta violemment de ma poitrine à mes pieds. Que se passait-il, soudainement ? Pourquoi cette tension soudaine ? Je détestais ça – quelque chose n'allait pas et je détestais je détestais s'il te plaît ne dit rien j'ai peur je t'aime je t'aime je t'aime –
- J'aurais sans doute dû te le dire avant mais... Tu sais bien que, euh... Bon.
Suspendue à ses lèvres et à ses mots qui chacun enfonçait un peu plus l'enclume dans mes abysses cardiaques, je ne sentais ni ma flûte de champagne pencher dangereusement vers l'avant, ni quelques gouttes s'échapper du verre pour aller s'écraser sur le sol, de même que mon cœur se préparait à être écrasé sous le poids de la révélation qui allait suivre. Je savais que je ne pouvais m'empêcher d'afficher un air perplexe sur les traits tendus de mon visage ; je décidais alors de pincer ma lèvre supérieure et de l'encourager à poursuivre du regard.
- J'ai provoqué Car... Chuck en duel, il y a plusieurs mois. On s'est battus. Il a perdu. Je préférais que tu le saches de ma bouche.
L'enclume ne fût plus que plumes. La lèvre toujours pincée, je lui adressais un léger sourire, les joues rougies par l'angoisse soudaine et les quelques gorgées d'alcool successivement ingérées – j'étais véritablement un cas désespéré à ce sujet.
- C'était donc ça, soufflai-je en le couvant des yeux – parce qu'une petite lueur s'était déclenchée dans mon cœur, comme de la fierté mêlée à de l'admiration. J'avais cru comprendre de Chuck qu'il s'était passé quelque chose, mais il n'a pas été précis – je ne sais plus quand nous avions évoqué le sujet mais il me semblait que des traces de discussion floues subsistaient dans mon esprit. Je pense... - mais par Merlin ce feu sur mes joues va t-il s'éteindre un peu –, je pense que ça ne lui a pas fait de mal. Même si je l'adore, il avait besoin d'être un peu secoué, il peut être autant quelqu'un de bien qu'un gros nigaud, avouais-je, toujours l'ombre d'un sourire sur les lèvres, légèrement atténué par un éclair de lucidité : j'étais en train de faire un presque-éloge de Chuck à celui qui devait plus le détester sur cette terre. Il était difficile de parler de l'un en présence de l'autre dans les deux cas, et je retrouvais cette impression de me trouver au beau milieu d'une tragédie grecque quand je repensais à ma situation. Je savais désormais que Scott serait toujours une priorité – ma priorité, mais Chuck était en passe de devenir le meilleur ami que j'avais – Heather excepté –, et il était impossible d'envisager de cesser tout contact avec lui. Nous étions partis de si loin, cette évolution était si improbable qu'elle me semblait trop belle pour ne pas être conservée et ne pas en prendre soin.
J'ignorais si c'était le champagne dans lequel je plongeais de nouveau mes lèvres ou cet aveu de Scott qui me poussa à faire les miens – sans doute les deux, mais je pris de nouveau la parole.
- Je sais que c'est dur à comprendre pour Chuck, mais je te promets qu'il n'est pas le... le débile qu'il paraît être. Je pense qu'il cache tout, et il n'a pas une vie facile, et... et tu sais que souvent j'espère que vous vous réconciliez et je sais que c'est stupide parce qu'il a fait des choses horribles et qu'à cause de tout ça... mais de toute manière c'est toi d'abord, et je te comprends, et je ne veux pas que ça te fasse du mal, finissais-je à bout de souffle après avoir fait s'écouler les mots dans un flux presque ininterrompu ; j'avançai d'un pas et glissais ma main libre dans la sienne. Je me fis la réflexion que, pour une fois, les rôles étaient inversés et ce n'était pas Chuck qui me défendait et jouait son rôle d'ami et peut-être, même, de grand frère – cela sonnait étrangement à mes oreilles tant j'ignorais ce que c'était –, mais moi qui prenait sa défense et l'évoquait en des termes presque maternels. De peur d'avoir refroidi l'atmosphère et dit des choses blessantes, je m'approchais de sa joue droite et y appliqua mes lèvres avec toute l'affection possible, en lui soufflant avec un grand sourire : Tu fais un bel héros maintenant ! - et j'eus envie d'ajouter mon héros, mais la réflexion me vint que c'était peut-être un peu trop dramatique et romanesque.
Mes sourires étaient timides et un peu gênés, mais j'espérais du plus profond de mon être qu'il y percevait tout l'amour que je lui portais et que je n'avais rien gâché ; je bus quelques gorgées supplémentaires de ma coupe de champagne avant de la reposer sur le coin de la table de la buvette près duquel nous nous trouvions – ce dont j'avais besoin pour être rassurée n'était pas de sourires mais de gestes concrets, je le savais pertinemment. Je cherchais son regard et lui demandait, à voix basse et emprunte de ma satanée timidité :
- ...Je peux réclamer encore un câlin ?
Je pris à peine le temps d'écouter sa réponse tant je désirais le contact rassurant de sa peau sur la mienne ; tant même que le besoin en étant presque vital. En cas de doute, d'angoisse, de crise, de peur, c'était la seule chose au monde que je souhaitais : être dans ses bras. Je n'étais d'ordinaire pas si expansive en public, mais quelque chose – le champagne ? La magie du Nöel ? Les fameux mots enfin prononcés ? – m'encourageait à ne pas camoufler les marques d'affection dont je me languissais toujours continuellement, mais plus encore dans ces moments houleux. J'enserrais sa taille de mes mains et posais ma tête contre son épaule – elle m'arrivait en-dessous du nez. Je fermais un court instant les yeux pour me délecter de ce moment, souriante, puis les rouvrit pour jeter un coup d'oeil sur la piste qui faisait dos à Scott et qui était désormais pleinement dans mon champ de vision. La musique résonnait toujours dans mes tympans, de nombreux danseurs restaient sur la pistes, infatigables, et la diversité des danses était on ne peut plus amusante à regarder, surtout vu de mon poste d'observation si agréable. Il n'y avait véritablement dans ses bras que tout était bien.
Et puis, elle revint. Je ne l'avais pas ressentie depuis des mois, cette déferlante de ressentiments qui m'avait si longtemps engloutie et maintenue noyée dans le néant qui m'avait habité. Je n'avais connu presque rien d'autre ces six derniers mois que le bonheur et la plénitude d'être véritablement bien et entière ; le reste des émotions que j'avais côtoyées s'étaient dissipées jusqu'à être oubliées – elles étaient en réalité tapies, les perfides. L'explosion qui eut lieu dans mon cœur n'avait rien à voir avec un envol de papillon ou une projection de confettis multicolores ; non, elle s’assimilait plus à des coups de feu successifs qui détruisaient une à une les barrières que je m'étais construite, aidée par Scott dans l'élévation de cet édifice rassurant.
Je me demandais ensuite comment j'avais fait pour ne pas les remarquer plutôt – peut-être venaient-ils d'arriver ? Ou n'avais-je réellement prêté aucune attention aux autres sur la piste ?
Ils étaient là, dansants, leurs visages si proches, leurs gestes si familiers. Bien sûr, masqués ; mais comment ne pas les reconnaître ? - oh, si j'avais pu ne pas les voir... - il avait une manière particulière de danser, bien qu'il semblait s'être amélioré par rapport à l'an passé où il avait livré une prestation très drôle mais très originale ; elle avait toujours la même crinière blonde qui m'avait hanté dans mes cauchemars, même relevés en un chignon. Si mon regard se fixait irrémédiablement sur ses mains à la peau reconnaissable qui se posaient sur son corps à elle, un autre détail me frappa : la robe de Lizlor était une longue flamme rouge et noire, un brasier flamboyant qui allait de pair avec le costume rouge de Stephen. L'amertume emplit ma bouche en songeant combien nous étions ironiquement opposés et assortis : ma robe bleue et noire, comme la mer, s'accordait à merveille avec le costume bleu nuit de Scott.
Et le feu l'emportait sur l'eau – comme cela l'avait toujours été. Ils étaient là. Ensemble.
Pour masquer tout à la fois mon trouble et l'acidité piquante que provoquait dans mon corps cette réaction inattendue à leur vue – pourquoi ces relents de haine survivaient-ils encore alors qu'ils n'avaient aucune raison d'être, comme une moisissure persistante ? -, je resserrais mon emprise autour de Scott et murmura dans son oreille ces mots que j'avais pensé quinze secondes auparavant et qui avaient été entravés par la vision cauchemardesque qui venait de me parvenir :
- Tu vas me manquer pendant les vacances.
Mais ces mots d'amour étaient désormais comme entachés par mon cœur qui battait à tout rompre, et pas pour les mêmes raisons que plus tôt : il y avait comme un écho douloureux qui y résonnait et qui m'irritait. |
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Scott McBeth Apprenti Auror au Ministère de la Magie
Nombre de messages : 1392 Localisation : Probablement dans ma salle commune à étudier ou au parc avec Apple ! Date d'inscription : 27/02/2009 Célébrité : Nicholas Hoult Feuille de personnage Particularités: / Ami(e)s: Ruby, Apple Âme soeur: Oh, help me to make it
| Sujet: Re: I draw a line to your heart from mine [PV ♥] Mar 22 Jan - 19:12 | |
| Avec le temps, mon histoire avec Taylord s'était décantée dans mon esprit : n'allant pas jusqu'à dire que j'en avais oublié les mauvaises parties, je pouvais au moins certifier que le recul m'avait permis d'aller de l'avant, de comprendre mes erreurs, d'atténuer mes regrets. Elle n'était pas pour moi : sans doute que nous avions des points communs et que nos caractères si opposés se complétaient d'une manière ou d'une autre, mais au fond, ne l'avais-je pas toujours su? La preuve dansait devant mes yeux ce soir, puisqu'elle était avec lui, et que ce n'était pas de moi dont elle avait besoin, mais de lui. Pour des raisons qui m'échappaient. Mais il me semblait que la vie avait de cela d'organisée : elle réunissait aléatoirement des êtres, sans leur demander leur avis, et ils n'avaient qu'à subir cette étrange loterie du sort, incapables de la combattre. Tant mieux pour ceux pour qui cela se passait bien - tant pis pour les autres, ou tant pis pour les dommages collatéraux plus précisément, car j'en avais été un, et si aujourd'hui je n'avais plus rien à envier à quiconque en serrant celle qui recevait tout mon amour dorénavant, j'avais été blessé, et cela, même le temps ne pouvait pas l'effacer à jamais. Il restait des traces, mais n'avait-on pas coutume de dire qu'on se relève plus fort de ses défaites? Je pouvais l'affirmer maintenant, même si il m'avait fallu du temps. Ce qui me rendait triste quand je repensais à tout cela, ce n'était plus cet abandon, cette rupture, c'était ce malheur disséminé par la faute de deux personnes ne se rendant pas compte du tort qu'elles causaient. Je pensais à Lilian évidemment - elle aussi avait été un dommage collatéral, malheureusement pour elle, heureusement pour moi car j'avais trouvé un réel refuge en partageant des moments avec elle. C'est tout là le paradoxe de l'espèce humaine, pouvoir se détruire et se piétiner les uns à l'autre comme se relever mutuellement et se soigner. Si je pensais à tout cela alors que j'avais le plus rare et le plus parfait des trésors entre les bras, c'était que de toutes mes forces, j'espérais ne jamais lui faire subir la même chose - et je m'en faisais le serment - tout comme, évidemment, secrètement... Je priais qu'elle prenne soin de moi également. On ne contrôle pas ses sentiments, hélas, et je savais que Taylord n'avait jamais souhaité me briser le cœur, mais je lui en voulais toujours au fond de moi, sans doute, comme j'en voulais à Stephen, de n'avoir pas deviné, de n'avoir pas anticipé. Pourquoi les gens n'étaient-ils pas capables de juger de la chance d'être entourés de gens qui les aimaient, et de ce fait, de ne pas leur faire du mal? Si une seconde, un seul instant, j'avais senti que mes sentiments pour Haley n'avaient pas été aussi forts et aussi puissants, jamais je n'aurais fait ce pas vers elle, même si partager quelques moments avec elle me serait apparu fort agréable. Je ne voulais pas mentir, et surtout, je ne le pouvais pas.
Sans doute pour cette raison, je songeai à tout ce que je ne lui avais pas dit - et son aveu quelques secondes auparavant, qu'elle n'avait jamais formulé, me poussa à suivre ce chemin. J'étais moi-même timide et je ne me formalisais pas de cette distance que je ressentais quand nous nous prenions dans les bras et que nous ne devions pas aller plus loin, et cela je le respectais, mais j'avais commencé à souffrir en silence, petit à petit, de ne pas entendre ces mots de sa bouche parce que je doutais, que j'avais peur, que j'espérais de tout mon cœur que mes sentiments soient partagés, et quelle preuve avais-je d'autre si ce n'était que le silence n'engage rien de bon?
Mais ce soir, envolées toutes mes craintes, et elles avaient disparues dans l'atmosphère chaleureuse de la fête, s'étaient éparpillées au milieu de ces notes de musique entraînantes, ces couleurs chatoyantes, et toutes les décorations de Noël, brillantes sous la lumière dorée qui nous enveloppait tous. Et au milieu de cela il y avait Haley, la seule qui comptait vraiment, et dont les yeux bleu glacier semblaient n'exister que pour moi. Je finis précipitamment ma phrase, me libérant donc de ce qui me semblait être une entrave à toute l'attention que je lui portais, car l'angoisse s'était peinte sur ses traits alors que j'avais parlé d'un ton plus sérieux que précédemment. Évidemment! me dis-je, mécontent après moi. Haley était trop sensible pour que je ne fasse pas plus attention, et si je redoublais d'efforts d'habitude, parce que je voulais qu'elle s'épanouisse comme elle le méritait, dans la précipitation de l'enchevêtrement des mes pensées, je n'avais pas pris garde. Rien de grave, sembla lui dire mon regard rassurant, car aussi peu que j'estimais Carlton il n'y avait dans mes paroles rien qui ne pouvait la blesser elle...
- C'était donc ça. J'avais cru comprendre de Chuck qu'il s'était passé quelque chose, mais il n'a pas été précis. Je pense... je pense que ça ne lui a pas fait de mal. Même si je l'adore, il avait besoin d'être un peu secoué, il peut être autant quelqu'un de bien qu'un gros nigaud.
Je soufflai avec elle de la voir rassurée, comme si nous étions des vases communicants qui ne pouvaient se dissocier. Au fond de moi, dans les profondeurs de mes émotions peu distinctes pour la plupart, je savais qu'il y avait du vrai : je savais que j'avais trouvé en Haley la perle rare, celle qui me comprenait et qui m'enchantait, et à qui je voulais dédier chaque instant de mon existence. Mais j'essayais de ne pas trop mettre de mots sur cette idée, car quoique gratifiante pour la personne aimée, elle était trop puissante, trop forte, nous n'étions encore que des enfants ou presque, nous n'avions dernière nous que quelques mois ensemble, et l'amour se construit : je lui aurais fait bien peur en lui exposant la réelle nature de ce qu'elle éveillait en moi.
Néanmoins, son regard m'interpella - comme si elle était... fière de ce que je venais de lui dire? - et je me sentis légèrement flatté, mais tentai de me raisonner, car ce n'était pas non plus très délicat de me vanter d'avoir sérieusement amoché celui qu'elle considérait comme son... ami. Pour le reste, les mots "Chuck" et "je l'adore" qui coulèrent de sa bouche me parurent bien chanceux, et la jalousie prit le pas sur la fierté, car Merlin savait l'amour que je portais au Gryffondor et je lui aurais volontiers envoyé un sort de nouveau rien pour que lui faire rentrer dans la tête qu'il méritait autant qu'un Scroutt à pétard cette étrange amitié qu'Haley s'acharnait à vouloir lui porter. Et à choisir entre "quelqu'un de bien" et "gros nigaud", je n'hésitai pas une seule seconde ; mais je pinçai les lèvres et acquiesçai poliment pour toute réponse, préférant m'en tenir là pour l'instant.
En écho à son geste je portai la coupe de champagne à mes lèvres pour en avaler une gorgée, et quand mon regard se perdit dans le liquide ambré garni de fines bulles qui remontaient vers le haut du verre en petites spirales, je songeai qu'on aurait dit autant de petits diamants qui brillaient sous le soleil - et face à moi il y avait le plus beau de tous et il n'était pas question qu'il ne s'envole. Je pouvais, au milieu de tout ce qui me trottait dans l'esprit, être certain d'une chose : que les diamants soient éternels ou non, je n'étais pas prêt à me séparer de celui là.
- Je sais que c'est dur à comprendre pour Chuck, mais je te promets qu'il n'est pas le... le débile qu'il paraît être. - Sans pouvoir me retenir j'émis un petit "Ah?" dont l'ironie et le scepticisme n'avait rien de très subtils. N'avait-il pas prouvé à plusieurs reprises qu'il était parfaitement le débile qu'il paraissait, mais qu'en plus de cela il était absolument méchant, et j'avais pour confirmer ces dires des exemples à l'appui? - Je pense qu'il cache tout, et il n'a pas une vie facile, et... et tu sais que souvent j'espère que vous vous réconciliez et je sais que c'est stupide parce qu'il a fait des choses horribles et qu'à cause de tout ça... mais de toute manière c'est toi d'abord, et je te comprends, et je ne veux pas que ça te fasse du mal.
Elle commençait à s’emmêler dans les mots, à parler plus vite et ses joues étaient plus roses - et elle était belle -, son trouble était visible, et je n'étais pas homme à la laisser s'y empêtrer, si bien que j'eus un mouvement d'épaules et un sourire de réconfort. Je n'étais pas obligé de l'aimer lui pour l'aimer elle, quoi qu'il en soit, et si je ne pouvais pas comprendre ce qu'elle lui trouvait, jamais il me serait venu à l'idée de la dissuader de le fréquenter. Je voulais son bonheur et si bonheur s'équilibrait de cette façon, qu'il en soit aussi. Du moment qu'il ne lui faisait pas de mal - ... mais que j'étais méfiant à ce sujet!... - je n'avais rien à dire, si ce n'est que je ne le portais pas dans mon cœur, et elle le savait très bien.
- Tu fais un bel héros maintenant !
Cette conclusion me prit de court et me fit rire ; la gratitude que je ressentais envoyait bien loin Carlton et ses défauts, car malgré tout, il n'était pas assez digne d'intérêt pour que j'en veuille à Haley. Je lui pris la main, glissant mes doigts entre les siens.
- Je ne suis pas sûr d'être un jour ami avec lui, même en dehors de ce qu'il a bien pu faire... Ce n'est juste pas le genre de personnes avec qui je m'entends, dis-je en essayant d'être le plus honnête possible. Mais je ne t'en voudrais jamais d'être son amie ; du moment qu'il ne te fait pas de mal - ma voix était devenue un peu plus dure - je respecte totalement le fait que tu t'entendes avec lui.
... Ce qui ne voulait pas dire que je le comprenais. Et quand bien même avait-il une vie difficile, quelle excuse! Qui ici n'en avait pas?! Chacun gardant au plus profond de lui des blessures, et elles n'étaient pas comparables, elles n'étaient pas des trophées qui classaient les gens à des niveaux différents ; et surtout, elles ne donnaient en rien le droit d'être infect, au contraire! Plutôt que d'éveiller ma compassion - j'imaginais qu'Haley avait pensé à cela - cette "excuse" me fit le mépriser encore plus.
- ...Je peux réclamer encore un câlin ?
Bien entendu, je ne me le fis pas dire deux fois, et souris même à cette demande qui, loin de me paraître ridicule, m'allait droit au cœur car Haley avait toujours cette manière précautionneuse pour agir et s'exprimer et je la trouvais admirable dans sa douceur et sa discrétion, parce qu'elle était tellement de ce genre de personnes qui comprennent ce qui moi me révoltais, de ce genre de personnes qui voient chez les autres non pas des ennemis potentiels ou des menaces mais des êtres de chair d'os avec le même lot de joies et de peines, et je savais, qu'elle, parmi tous les autres, était pleine d'égards. Encore plus avec moi évidemment ; mais tout de même. Parfois j'avais envie de lui dire que sa timidité qu'elle jugeait maladive était un atout à mes yeux, contrairement à ce qu'elle pensait, et qu'il fallait tout simplement mériter d'en franchir le cap et que je pouvais être honoré d'être parmi ceux qui avaient passé cette barrière. On ne la jugeait pas à sa juste valeur mais d'un autre côté, secrètement je m'en félicitais : elle était toute à moi. Je l'accueillis entre mes bras, comme si sa place y était toujours gardée là, tout près de mon cœur, appuyant ma tête sur la sienne, mais ma main ne tarda pas à se poser sur ses cheveux pour les caresser - ils brillaient tout particulièrement ce soir-là, avait-elle mis quelque chose de spécial? J'étais touché qu'elle cherche à se rendre encore plus belle qu'au naturel, rien que pou moi - et elle glissa ensuite dans son cou, puis mon pouce écarta des mèches de sa joue pour que je puisse l'embrasser, ce que je fis plusieurs fois, avant de remonter le long de sa tempe. Puis je collai mon visage contre le sien, respirant son parfum printanier, où je notais une petite touche de pomme, et les battements de mon cœur s'accélèrent. Je me demandais si elle les sentait - je me demandais ce qu'elle ressentait exactement, si elle aussi sa chair s'animait malgré elle et laissait entrevoir des désirs cachés dans ses tréfonds, si chaste que soit notre étreinte. Mais tout d'un coup les battements de mon cœur me montèrent un peu trop fort dans la gorge et j'eus envie d'enfouir mon visage dans le creux de son cou, ce que je fis sans avoir le réflexe de me retenir - alors qu'en public nous restions normalement... peu expansifs - et mes doigts emprisonnèrent une mèche de ses cheveux tandis que mes lèvres s'entrouvrir légèrement sur la peau fine de son cou comme si j'allais la croquer, mais je me ravisais, l'embrassant simplement, et tournant légèrement la tête dans l'espoir qu'elle aussi, afin que je puisse l'embrasser, car j'en avais envie, et...
- Tu vas me manquer pendant les vacances.
Et elle bougea, légèrement, resserrant ses bras autour de moi, décollant sa tête de mon épaule pour me murmurer quelques mots à l'oreille, ne changeant pas beaucoup sa position, juste assez pour me faire redresser la tête et me faire comprendre que j'avais été un peu loin. Je restai quelques instants silencieux - pourquoi me disait-elle cela? Moi aussi, elle allait me manquer, bien évidemment mais... Mais quelque chose m'échappait, et je répondis rien, si ce n'est que je me redressais pour croiser son regard et je fis oui de la tête, pour lui faire comprendre que moi aussi.
- Ça passera vite! tentai-je, pour lui remonter le moral, et le mien par la même occasion... Mais il m'apparut vite que ce n'était pas la meilleure des choses à dire car j'avais l'impression de donner une fausse image de ce que je pensais, à savoir que ne pas la voir pendant ces deux semaines ne me faisait rien. Déçu, et troublé par ce qui venait de se passer et qui m'était étranger, je sautai sur l'occasion du nouveau morceau de musique qui commençait. L'agrippant par la taille, je la soulevai légèrement pour la faire tourner autour de moi, avant de lui saisir la main et de l'entraîner, d'un ton plus enjoué : Mais je compte bien profiter jusqu'au dernier moment. Viens!
Je voulais effacer ce malaise passager et que surtout, surtout, elle ne se fasse pas de fausses idées, mais je ne savais pas comment... Je nous attirai sur la piste et entamai la danse, tout en maudissant mon incapacité à bien prendre soin d'elle ; au même moment mon regard accrocha deux personnes dans la foule, reconnaissables par leur stature et leurs vêtements tellement représentatifs - Stephen et ses goûts vestimentaires étaient aussi particuliers l'un que l'autre, mais son style lui allait à la perfection. Je ne rêvais pas, c'était bien Lizlor Wayland qui dansait avec lui... Je faillis en rester bouche bée, car très vite dans ma tête le schéma se fit clair : il l'avait invitée pour aller au bal, elle avait accepté bien évidemment, et il se montrait avec elle! Quelque chose naquit en moi - de l'espoir? Sans comprendre exactement pourquoi j'étais si soulagé, je sentis un poids s'élever de mon cœur. Peut-être qu'il avait commencé à comprendre...
Alors je reposai mon regard sur Haley et cette fois mon sourire était plus grand encore. Ne dit-on pas que l'espoir renaît à Noël, justement?
- Je t'écrirai, c'est promis. ... Toi aussi? Tu sais que j'ai parlé de toi à mes parents? Un jour, il faudra que tu viennes à la maison!...
Et voilà, ce n'était pas si difficile que ça finalement... Comme la musique s'y prêtait, et qu'elle aimait à me taquiner quant à mes "bonnes manières", je lui lançai un regard taquin avant de lui faire effectuer quelques figures de danses de salon, et sa robe tournait autour de ses jambes avec élégance ; son rire, quant à lui, semblait répandre sur et en moi comme une multitude de petites paillettes toutes dorées de félicité.
Dernière édition par Scott McBeth le Sam 2 Fév - 14:41, édité 1 fois |
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Haley Collins Élève de 7ème année
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| Sujet: Re: I draw a line to your heart from mine [PV ♥] Jeu 31 Jan - 0:57 | |
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Était-ce de ma faute ? Était-ce moi qui avait forcé ces œillères à se poser devant mes yeux pour ignorer l'évidence ? J'avais pourtant eu l'impression que non, que ces déferlantes de sentiments malsains m'avaient définitivement quittée, effacés par la présence et l'amour de Scott. Ils avaient disparu comme une évidence – pas tout de suite, parce qu'une autre peur m'avait submergée, celle que tout ne soit qu'un rêve et que l'intérêt qu'il me portait ne soit que passager – et revenaient de nouveau loger dans mon cœur comme si ils ne l'avaient jamais quitté. Comme si ils s'étaient tapis sous le poids insurmontable des sentiments que j'éprouvais pour Scott, et qu'ils ressortaient au grand jour, faisant battre mon cœur de manière désordonnée et formant une boule dans ma gorge, profitant de la première faille. Il y avait une faille, là, dans ma poitrine, et je la sentais s'ouvrir, je sentais son poison se déverser partout dans mon corps. Pourquoi maintenant, alors que j'étais plus que jamais certaine d'aimer Scott autant qu'il m'aimait lui, que je lui avais enfin offert les mots qui n'avaient jamais encore su franchir le seuil de ma bouche, pudiques qu'ils étaient – ou pudique que j'étais, et j'avais appris de Chuck que j'étais universellement catégorisée dans la classe des « sainte-nitouches », ce que j'avais accepté sans broncher et qui avait laissé mon plus proche ami dans un état d'exaspération totale ; et je pouvais avoir la fierté d'être la personne qui le dépitait le plus, ce dont j'avais fini par m'amuser, tant nous nous connaissions et que c'était un jeu par lequel notre amitié fonctionnait – les mots que je ne pensais jamais prononcer parce qu'ils étaient bien trop enfouis au fond de mon cœur. Je les connaissais des livres et des déclarations que j'avais vu à la télévision, je les avais entendu de la part de camarades envers leurs petits-amis mais également entre elles, ce qui m'avait étonné mais que je comprenais et qui me semblait légitime. Si je n'avais presque aucune expérience dans ce domaine, j'étais d'avis qu'il existait différentes sortes d'amour, et que l'amitié en était une parmi d'autres. Pourtant, une partie de moi avait voulu réserver ces mots jusqu'au bon moment, celui où ils ne seraient plus des sons entendus partout et de tous, mais qui feraient échos à l'exacte foule de sentiments qui se presserait dans mon cœur. Il serait faux de dire que je n'avais pas ardemment désiré que cette situation se présente, comme dans les si beaux romans que j'avais lu et dans lesquels j'avais puisé ma connaissance du monde ; mais je m'étais rapidement désintéressée en constatant l'épreuve insurmontable que cela constituait en réalité. Il y avait pourtant des gens pour qui ces choses là étaient si simples, si aisées, si naturelles, et je les avais envié avec tant d'ardeur, moi qui avait du mal à avoir une discussion décente avec un garçon qui m'attirait sans bafouiller ou que le rouge me monte aux joues. C'était ma nature, et j'avais baissé les bras devant elle, parce que j'étais incapable de la surmonter, tout juste à l'accepter, et qu'elle me contrôlait comme un vulgaire pantin. Nous avions longtemps communiqué de manière violente ; je l'avais haï et je m'étais haïe de la haïr et par là-même de me haïr ; c'était un cercle vicieux dans lequel je m'étais moi-même emprisonnée et dans lequel j'étais désormais incapable de sortir. Et si seulement je n'en avais pas conscience ; si je ne pouvais qu'être là, sous les étoiles, sans me poser plus de questions. Mais depuis l'enfance, il avait fallu que je creuse de mes mains la terre dont j'étais faîte, d'y chercher les racines enfouies, de les extraire violemment pour me les mettre sous les yeux et d'y faire le simple constat scientifique que je n'étais qu'une plante prématurée et handicapée. Peut-être n'avais-je pas reçu assez d'eau et de soleil, et qu'il avait fallu que Scott vienne me les apporter pour que je puisse avoir réellement la conscience d'aimer, d'aimer comme je n'avais aimé et comme je n'avais jamais été aimée.
Il y avait ces moments étranges mais fréquents, lorsque je me retrouvai seule, souvent à la bibliothèque pour travailler ou en tailleur sur mon lit pour lire, où je pensais à Scott de manière si vive et profonde que les larmes me venaient aux yeux et que je devais me retenir de toutes mes forces pour ne pas pleurer – j'accrochais la couverture de mon lit de mes deux mains, plissais les paupières pour faire barrière à mes si familiers canaux lacrymaux, mais je souriais, illuminée par le soleil qu'il était qui m'avait épanouie, m'amenant du stade de mauvaise herbe à celui de fleur bourgeonnante. Les larmes me venaient aux yeux car le choc était toujours violent quand je réalisais ce qu'il était, ce qu'il représentait – il n'était pas seulement le garçon avec qui je « sortais », mais la personne qui m'était la plus chère. Il était le meilleur des amis, le confident, un partenaire de travail – je m'amusais à repenser à ce fameux cours de botanique où il m'avait demandé d'être son binôme, car c'était là que cette nouvelle dimension dans notre relation avait débutée –, et j'avais trouvé l'expression la plus proche de ce qu'il représentait : un partenaire de vie. Scott était mon partenaire de vie – et je ne savais si c'était les sentiments profondément ancrés en moi et qui accéléraient les battements de mon cœur quand je me trouvais près de lui, ou une trop grande lecture de romans d'amour – mais je le voulais pour toujours. Je voulais lui raconter ce qui allait, ce qui n'allait pas, qu'il accueille mes larmes dans ses bras, que ses mains viennent doucement dans mes cheveux et sur mes joues qu'il irradiait de son amour et qui asséchaient l'eau qui y avait coulé ; je voulais encore que nous parlions de nos peines familiales, parce que nous pensions mutuellement nos plaies en confiant nos secrets à l'autre ; je voulais qu'il soit là, toujours, avec ses bonnes manières et ses yeux brillants et ses expressions tendues conférées par la forme que prenaient ses sourcils quand quelque chose n'allait pas ; et je voulais sentir son regard croiser le mien, parce qu'il y avait cette onde entre nous, tellement évidente et naturelle – et pour la première fois je sentais que ce naturel là m'était enfin accessible, car tout était si facile avec lui maintenant. Je voulais toujours être là, dans ses bras qui faisaient barrage au reste du monde qui m'avait toujours été si hostile et que Scott rendait plus supportable, parce qu'il était lui-même devenu tout mon univers. C'était inouï et infiniment stupide comme j'avais fait d'une seule personne la définition même de mon existence – c'était dangereux aussi, mais je ne voulais pas y penser, je voulais continuer à être bête comme ça tant qu'il m'acceptait encore – et qu'il me faisait m'accepter aussi, un peu.
Et c'était là, dans ces mêmes bras que j'adorais, que ces émotions parasites décidèrent de resurgir. Ils étaient toutes là : les relents de haine, de jalousie et de violence, ils se pressaient tous au bord de mon cœur pour y faire chavirer le navire de mon bonheur ; ils regardaient la scène, tout près du rivage, prêts à briser le calme de mon océan. Je voulais détourner le regard et apaiser l'étrange nausée qui me prenait d'assaut – mais pourquoi la nausée, dès que quelque chose n'allait pas ? Les envies incessantes de pleurer n'étaient apparemment pas suffisantes pour ce maudit corps qui était le mien, il fallait qu'il puise au fond de mon organisme et y trouver les manifestations les plus désagréables pour matérialiser mon malaise mental – mais j'en étais incapable. Le mal de mer qui me prit d'assaut avait quelque chose d'obsessionnel et de malsain : il fallait que mes yeux suivent le mouvement de leur danse, de leurs jambes et de leurs mains s'entremêlant, des sourires et des regards qu'ils se lançaient et rattrapaient, dans une sorte d'osmose flamboyante que je n'avais jamais osé imaginer. Parce qu'elle ne devait pas exister – elle ne pouvait pas exister, c'était un cauchemar, ce n'était pas vrai, il ne pouvait pas l'avoir accepté en tant que tel, elle ne pouvait pas accepter un tel traitement, parce que ce n'était pas de l'amour, c'était factice, ils jouaient, avec leurs costumes assortis et leurs masques, ils étaient tout deux les acteurs d'un cauchemar que j'avais tant rêvé et qui se matérialisait sous mes yeux.
Et alors que je sentais les lèvres de Scott contre ma joue, à plusieurs reprises, attaquant ma peau de son amour que je salissais en acceptant ces vieilles émotions, je me détestais. Je souhaitais me griffer la peau de mes ongles et me punir d'être comme ça, de penser comme ça, de ressentir ça – je ne voulais pas, que tout ça s'en aille, je ne voulais que Scott, je l'aimais réellement, pour la première fois j'en étais si sûre, tellement sûre, et il fallait que mes démons remontent à la surface et tentent de me noyer. Je ne trouvais que le cou de Scott pour me servir de bouée : je rapprochais ma tête de son épaule, avortant ses baisers qui étaient pourtant si doux, même si je l'avais senti un peu plus pressant que d'ordinaire, tout comme son geste plus osé ; et j'eus soudainement peur de l'avoir freiné dans un élan d'amour et cette culpabilité s'ajouta aux autres, dans une longue liste que j'avais depuis longtemps commencé – la toute première ayant été d'avoir été si hésitante quand il m'avait avoué ses sentiments sous ce cerisier près de Pré-au-Lard. Mon cœur bat à tout rompre contre lui, et j'ai peur qu'il en détecte les mauvaises ondes : à la fois la légère panique que ses baisers m'avaient inspiré, et les sentiments étranges que m’infligeaient la vision de Stephen et Lizlor, ensemble. Alors, ils l'étaient – ils étaient ensemble, comme je l'étais avec Scott.
Je me détestais. Je me détestais. Et je n'arrivais pas à décider si tout était de ma faute, si je pouvais contrôler ces élans qui me réduisaient en miettes, ou si je pouvais en être la victime inévitabel, mais j'avais fait tant d'erreurs – même dans cette soirée qui se devait d'être parfaite, j'étais encore venue tout gâcher en essayant de défendre Chuck, alors que Scott avait toutes les raisons du monde de le détester et que j'étais simplement si stupide – que je savais sans vouloir me l'avouer totalement que tout était de ma faute. J'eus soudainement peur que Scott lise l'angoisse qui m’enserrait le cœur lorsqu'il prit ma taille et plongea ses yeux dans les miens.
Le simple fait de le regarder et d'attraper son regard qui me couvait avec affection déclencha une soudaine prise de conscience : bien sûr, que je l'aimais, et que ce n'était que lui. Je n'avais rien à craindre de la vision de Stephen et Lizlor : ils n'allaient rien me faire, parce que je n'allais pas laisser les vieux souvenirs qui leur étaient lui reprendre le dessus.
- Ça passera vite ! s'exclama t-il en réponse à la peur que j'avais précédemment émise, alors hypnotisée par ce qui me semblait être à la fois notre reflet et notre opposé, tant le couple que Stephen et Lizlor était différent en tout point du nôtre. Il sembla regretter un peu ses propos – qu'en vérité, mon cerveau n'assimilait qu'à moitié, car je sentis son emprise se resserra et je l'entendis parler de nouveau : Mais je compte bien profiter jusqu'au dernier moment. Viens !
Son soudain entrain et sa bonne humeur illumina mon esprit en me ramenant sur la terre ferme, là où le sol était stable et où aucun danger n'était à craindre. Je lui souris en le suivant de nouveau sur la piste de danse – il était bien le seul et le meilleur, et j'avais été si idiote de laisser des émotions parasites m'entraver. Aussitôt que nous commençâmes à danser en rythme sur la jolie musique qui se jouait au milieu d'une foule encore assez dense – tout le monde devait attendre minuit pour retirer son masque – et que je volais dans ses bras, sur la piste, dans la Grande Salle, partout, au milieu d'éclairs faits de lumières et de sons, je me sentais de nouveau en sécurité, bien loin des eaux sombres et malsaines. Je ne pouvais m'empêcher de sourire, cherchant de nouveau ses yeux dès que je les quittais pour tourner au bout de son bras ; il y avait comme un besoin de lui qui m'appelait constamment et qui m'inspirait ce sentiment de sécurité auquel je m'étais habituée et que je ne m'imaginais plus quitter. Un de ses regards se fit plus lumineux et son sourire plus grand, alors qu'il prit de nouveau la parole :
- Je t'écrirai, c'est promis. ... Toi aussi? Tu sais que j'ai parlé de toi à mes parents? Un jour, il faudra que tu viennes à la maison!..
Je chancelais un court instant dans mes pas de danse tant ces informations me prirent de cours, avant de recommencer à danser, mais les yeux écarquillés et une expression béate des plus ridicules sur le visage.
Parce que je ne savais comment lui exprimer l'étendue de mes émotions, il allait ignorer à quel point je l'aimais, en cet instant, à quel point cet amour me consumait, et à quel point j'étais touchée de ces mots. Il ne m'offrait pas simplement l'opportunité de rencontrer ses parents, mais de rencontrer une famille, une vraie, ce dont j'avais toujours été dépourvue, même si sa famille ne semblait pas sans défauts selon ce qu'il m'avait dit.
Et plus que tout, c'était ce sentiment d'importance que j'avais implicitement formulé dans ces propos et qui me submergeait.
- Bien sûr que je vais t'écrire, quelle question, m'exclamai-je, ne pouvant détacher l'immense sourire qui s'était accroché sur mon visage – et pour tes parents, c'est... Je serais tellement contente de venir chez toi, dis-je tout simplement, les yeux mouillés par l'émotion – oh par Merlin je n'allais pas encore me mettre à pleurer, cette manie était tellement exaspérante, par pitié, que quelqu'un me lobotomise ou aspire toute l'eau de mon cœur.
Et soudainement, il fût là, ce sentiment de naturel avec lequel je commençais à me familiariser et qui était délicieux – je savais exactement ce dont j'avais envie et ce que j'avais à faire. Si je ne pouvais bien m'exprimer par les mots, il fallait que j'excelle par les gestes. Minuit n'était plus si loin et les élèves attendaient encore ; je devais agir maintenant. Un sourire malicieux se dessina sur mon visage au moment où j'arrêtais ma danse et m'approchais de son oreille :
- Viens, suis-moi, lui murmurai-je en me saisissant dans sa main et en fendant la foule en l'entraînant à ma suite. Que je nous prenne en main, littéralement, m'inspirait un drôle de sentiment dans le cœur, comme de l'excitation et de la hâte.
Et pour la première fois en sept ans, je maudissais la tour de Serdaigle d'être si haute, parce que plus nous mettions de temps à monter, plus Scott allait s'interroger et plus mon impatience grandissait – je voulais mettre à exécution le pardon que j'avais envisagé pour toutes mes erreurs, pour être si stupide, et parce que je pensais si fort ne pas le mériter. Ce soir m'avait paru être la bêtise de trop, et si je ressentais constamment l'impression que mes preuves étaient à faire et que je n'étais pas digne de l'amour et de l'intérêt qu'il me portait, et qu'il allait finir par s'échapper et s'éloigner de moi, elle s'était faîte plus forte que jamais, là, en cet instant. Je riais légèrement au fur et à mesure que nous gravissions les escaliers – tenant toujours fermement la main de Scott dans la mienne, même si elle se faisait plus moite –, m'amusant de son expression mais il souriait lui aussi, et je sentais que de mes yeux étaient envoyées des décharges de malice et d'affection. A chaque escalier, mon cœur battait un peu plus en même temps que ma respiration se faisait plus courte, et je devenais ivre de ma course et de la frustration de ne pas pouvoir monter plus vite ces escaliers ; je jouais avec les doigts de Scott entremêlés aux miens pour m'occuper l'esprit tout entier dirigé vers lui, et m'autorisais à respirer seulement en franchissant la porte de la salle commune – ce soir, pas d'énigmes pour rentrer à l'occasion du Soir de Bal ; les professeurs avaient du se douter que peu d'entre nous ce soir allaient être aptes à y répondre.
Personne n'était encore remonté, ou, si c'était le cas, ils s'étaient retranchés dans les dortoirs, car la salle commune était vide, comme je l'espérais. Seul le feu qui crépitait dans l'âtre de cheminée et qui éclairait la pièce plongée dans le noir de cette nuit d'hiver nous tenait compagnie. Mes pieds m'étaient un peu douloureux, mais je portais des talons peu élevés et mon cœur battait trop fort pour que je pense à les retirer. Je tournais mon visage vers Scott, levant légèrement la tête parce qu'il était plus grand – et j'aimais tellement ce détail, d'ailleurs, je me sentais comme un papillon dans son cocon –, reprit ma respiration en riant légèrement tant nous devions être comiques à regarder, tout deux haletant et souriant. Sa main était toujours serré dans la mienne, et son visage était doucement éclairé par le feu qui brûlait dans la cheminée – et mon cœur brûlait aussi. Je romps notre étreinte manuelle pour retirer le masque qu'il porte, frôlant son crâne et sa nuque, et que je viens jeter sur le canapé derrière lui avant d'en faire de même pour le mien - et ces gestes m'apparaissent comme une libération.
- Scott – j'ai soudainement soif et mon organe cardiaque est plus bruyant dans ma poitrine, tant même qu'il m'assourdit – tu sais comme je suis nulle pour te dire à quel point... tout ça, et je m'en veux parce que c'est mal envers toi, que je... je ne te renvoie pas aussi bien ce que toi tu me donnes, j'aimerais tellement que tu sois dans ma tête pour que tu saches et que tu vois comme... alors je voulais... je voulais juste...
Mes derniers mots sont à peine audibles car ma bouche se rapproche de celle de Scott et je sens son souffle annihiler le mien et pénétrer jusqu'à mon cœur ; cette proximité affole mon corps qui commence à brûler de l'intérieur, et je sens une douce chaleur partir de mon cœur et se propager dans tout le reste de mon organisme ; alors je pose mes mains sur chaque côté de son visage et attrape ses lèvres que je savoure doucement d'abord, et alors que ma main droite monte pour glisser dans ses cheveux jusqu'à l'arrière de son crâne, le désir qui m'habite prend d'assaut mon cerveau qui rend les armes : tout se fait plus fort, mes lèvres contre les siennes, mes sentiments qui s'affolent, mon corps qui brûle. Parce que je dois reprendre mon inspiration, je décolle légèrement mon visage du sien, le temps de poser ma main gauche sur sa nuque, la droite tenant plus fermement encore ses cheveux bruns, et ma bouche dépose un baiser sur le coin de ses lèvres, doucement. Puis je me redresse sur la pointe des pieds, remonte ma bouche jusqu'à son oreille et emprisonne délicatement le lobe de son oreille entre mes lèvres, délicatement, avant de m'écarter et de lâcher un rire gêné et amusé – mais je suis ivre de lui et du champagne qui s'est distillé dans mes sangs et l'appel de ses lèvres que j'ai lâché quelques secondes auparavant se fait plus fort, encore. Dans un nouvel élan, je l'embrasse de nouveau tandis que mes mains se baladent dans ses cheveux et dans son dos, et mes lèvres et ma langue et mon cœur ne font plus qu'un avec ses lèvres et sa langue et son coeur – mais l'harmonie est telle que je ne nous sens pas reculer jusqu'à ce que Scott heurte l'accoudoir d'un des canapés. Le choc m'arrête, et je cligne des yeux, et je reprends mon inspiration, et le sang alimente de nouveau mon cerveau – soudainement, je prends conscience de mes actes et de ce qui s'est joué dans mon cœur et dans mon corps. Je laisse mon regard se perdre dans les yeux se Scott, souriante et haletante, appréciant son visage dans la mi-obscurité.
- ...te le dire comme ça, soufflai-je dans la continuité d'une phrase que j'avais laissé inachevée il y a de ça... mille ans ? Et alors que je sens l'ivresse du bonheur m'envahir, un autre sentiment se mêle : celui de la satisfaction de lui avoir fait plaisir. Mon sourire est impossible à décrocher de mes lèvres comme la lune du ciel tant mon cœur palpitant et mon corps brûlant m'apportent une sensation de joie intense – et j'ai envie de lui crier mille fois que je l'aime, mais ce... désir qui m'est monté aux lèvres et aux mains m'empêche de m'exprimer correctement, comme si le langage du corps n'était plus que la seule solution possible.
Je me contente de le dévorer des yeux, jusqu'à ce que la gêne qui m'avait quitté se fasse de nouveau la plus forte : alors je l'embrasse une dernière fois, lui susurre un bonne nuit à l'oreille, et me précipite jusqu'à mon dortoir, tremblante et fébrile, de peur et de plaisir, et plus que tout, ivre de lui. Et avec le sentiment d'aimer - d'aimer vraiment comme il ne sera jamais possible d'aimer plus de nouveau. Parce qu'il n'y avait que Scott dans mon monde, et qu'il était désormais la seule personne justifiant mon existence.
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Scott McBeth Apprenti Auror au Ministère de la Magie
Nombre de messages : 1392 Localisation : Probablement dans ma salle commune à étudier ou au parc avec Apple ! Date d'inscription : 27/02/2009 Célébrité : Nicholas Hoult Feuille de personnage Particularités: / Ami(e)s: Ruby, Apple Âme soeur: Oh, help me to make it
| Sujet: Re: I draw a line to your heart from mine [PV ♥] Sam 2 Fév - 16:50 | |
| J'avais beau me vanter de faire de l'observation l'un de mes principaux mérites et d'y parvenir mieux que la plupart des gens, qui ne se laissaient ni le temps ni la patience de déchiffrer les signes extérieurs, je devais bien avouer que chez Haley, je ne décelais pas tout ce que j'espérais. Il y avait des signes chez elle qui ne trompaient pas : la rougeur de ses joues quand elle était embarrassée, la façon dont elle baissait les yeux, la manière dont ils reflétaient ses émotions comme le dessus d'un lac frémit sous le vent : elle était heureuse et ils resplendissaient comme un kaléidoscope de petits joyaux, elle était anxieuse et ils étaient mus d'ombres plus marines et tourmentées, elle était triste et ils se voilaient de nuages comme l'océan reflète les déchainements du ciel. J'aimais savoir tous ces petits détails qui la constituaient, la grâce de ces gestes, ses mouvements coordonnés et organisés dans tout ce qu'elle entreprenait. Je me mettais avec elle en classe, parfois, et je savais par cœur comment était organisé son sac, car elle avait le sens de l'ordre, qui se reflétait un peu partout. Je savais ses goûts le matin au petit-déjeuner, à midi, et le soir ; je savais sa place préférée dans la salle commune, ses endroits favoris dans le château. Sans le faire exprès je décortiquais toutes ces petites choses qui formaient un tout et jour après jour j'en apprenais un peu plus sur elle avec bonheur et plaisir parce que je ne m'en lassais pas - et je ne m'en lasserais jamais. Mais malgré tout, derrière le bleu changeant de ses yeux, il restait ce mystère qu'elle gardait bien précieusement, et je me sentais frustré de ne pas pouvoir le lire d'avantage. Quelles pensées soufflaient sous ses beaux cheveux lisses? A quoi pensait-elle exactement quand soudain elle se renfermait, et qu'elle avait l'air d'avoir peur, d'être mal à l'aise? A quoi pensait-elle quand elle souriait silencieusement, qu'elle me regardait sans rien dire? A quoi pensait-elle quand nous nous embrassions et que quelques secondes silencieuses accompagnaient notre étreinte? Je ne sais si j'aurais préféré savoir tout, absolument tout, pour avoir la satisfaction qu'elle était mienne complètement, ou bien me laisser bercer par cette douce hésitation, sans cesse, qui me faisait imaginer ce qu'elle pensait, ce qu'elle ne disait pas, ce qu'elle taisait, par pudeur ou par timidité, cela dépendait des moments...
Une affirmation était certaine, en revanche, inébranlable, implacable : ces questions-là je voulais me les poser encore et encore, parce que jamais je ne m'étais senti aussi bien avec quelqu'un, malgré les doutes, les peurs, les hésitations.
Si bien que, les quelques secondes de frustration passées, je n'en avais que faire, il me semble, de ce moment qui m'avait échappé - si ce n'est que j'aurais voulu l'embrasser d'avantage. Elle avait ses problèmes, ses retenues et je les respectais, et si pour le moment elle ne voulait pas me les partager, je ne pouvais que me montrer d'avantage compréhensif, et attendre le moment où elle se sentirait à l'aise pour me les confier. D'autant plus que la perspective de me dire que, peut-être, Stephen changeait lui aussi, tout me semblait rentrer dans l'ordre, et plus rien ne comptait que ces moments partagés avec Haley.
- Bien sûr que je vais t'écrire, quelle question, et pour tes parents, c'est... Je serais tellement contente de venir chez toi.
Son sourire se propagea au mien, et je ne me rendais même plus compte que je ne voyais qu'elle. Elle était plus petite que moi et mes mains venaient tout naturellement se poser dans son dos, une dans le bas de son dos, et l'autre entre ses deux épaules - et jamais je n'avais eu autant de proximité avec sa peau nue. La moitié de ma main était en contact avec le corset de sa robe, qui décidément lui allait à ravir, tandis que l'autre moitié s'étalait sur sa peau blanche, le bout de mes doigts pour être plus précis. C'était comme si on me les piquait de petites aiguilles et qu'on y distillait un venin qui se répandait dans mes veines et me picotait tout entier. Par Merlin, c'était si peu, ces deux portions de peau en contact l'une avec l'autre, mais c'était si fort, cette réaction chimique qui en émanait! Mon cœur semblait bien décidé à vouloir déchirer ma poitrine de l'intérieur, et moi j'étais comme subjugué de toute la magie de cette soirée, et mes doigts se crispaient presque contre la peau d'Haley, me donnant un vertige de plus en plus prenant, de plus en plus... tourbillonnant. Mon souffle était presque douloureux et je dus m'exhorter au calme tandis que dans ses yeux je cherchais de quoi me raccrocher ; ils avaient beau refléter la tempête et les eaux en colère, ils restaient mon point d'ancrage quand je ne trouvais plus comment m'extirper de l'eau, moi non plus. Elle avait les paupières frémissantes et les yeux humides - ma proposition l'avait touchée, sans que j'ai volontairement cherché à l'émouvoir. Je souris, évidemment, parce que je compris que cela lui faisait plaisir et... Et je ne me lassais pas de voir que j'avais le pouvoir de la rendre heureuse. J'étais content également qu'elle vienne, parce que j'allais lui montrer à quoi ressemblait ma vie, mon chez moi, même si j'avais un peu peur que mes frères et sœurs en profitent et essayent de me ridiculiser devant elle. Mais quelque part, je faisais assez confiance à Haley pour me dire qu'elle saurait faire la part des choses, et je me rendis compte, encore une fois, qu'avec elle... Je n'avais plus peur : j'étais invincible.
- Viens, suis-moi, ordonna-t-elle soudainement.
Il n'était pas minuit, et le bal n'était pas terminé, me rappela mon esprit cartésien. Mais, quelque part, c'était bien le cadet de mes soucis, et tout d'un coup Haley avait une expression si... mutine, si ingénue, que je ne lui connaissais pas ou peu ; la curiosité prit le pas sur tout le reste, et je me laissai guider, accompagnant ses pas, ma main dans la sienne, nos doigts entrecroisés. Le trajet jusqu'à chez nous me parut à la fois court et long, comme si on avait transformé le temps en une pâte de guimauve et qu'on s'amusait à l'étirer et à la ratatiner à l'envi. Pourtant, je voulais que ce trajet dure encore et encore : Haley ne cessait de me jeter des petits coups d’œil, de sourire et de rire parfois et moi aussi, je répondais de la même manière à tous ces petits signaux, le cœur se gonflant encore et encore d'amour, d'admiration et de hâte aussi - à quoi pensait-elle? Qu'avais-je dit ou fait? Mais c'était une attente délicieuse qui ne me causait aucune palpitation désagréable. C'était un peu comme l'attente que je ressentais, petit, le soir de Noël : je me couchais sans pouvoir dormir, m'amusant à imaginer les merveilles que j'allais recevoir le lendemain - je ne cessais de maudire le fait que le sommeil ne venait pas, mais en même temps je voulais qu'il ne vienne jamais et que toujours dure cette attente exaltante, parce qu'il n'en rendait que le moment venu plus fantastique... Alors je voulais marcher encore et encore, la main d'Haley dans la mienne, et que rien ne se mette en travers de notre chemin. J'avais beau lui poser des questions, elle ne répondait pas, et se contentait de me sourire d'avantage, laissant volontairement baissé le voile de ce mystère bien intriguant.
Nous échangeâmes un regard malicieux quand le heurtoir en forme d'aigle nous laissa entrer sans avoir prononcé un seul mot - Poudlard connaissait bien ses élèves, il semblait, car le château avait deviné que ce soir plus que de coutume les élèves allaient rentrer la tête ailleurs, légère ou lourde de bulles - tout dépend de comment on envisageait la chose, et qu'ils ne seraient pas capable de répondre correctement à l'énigme quotidienne.
Le silence de la grande pièce circulaire était uniquement ponctué par le crépitement des flammes dans l'âtre ; il n'y avait personne d'autre que nous, car ils étaient tous soient déjà couchés, pour les plus jeunes, soit en train de profiter des dernières notes de musique de la soirée. Il émanait une douce lueur, probablement rendue légèrement mouvante avec le reflet des flammes, du plafond rond orné d'étoiles, et les teintures bleu et bronze masquaient les grandes fenêtres, nous coupant du froid de dehors. Je songeai alors que les étoiles, sur le plafond de notre salle commune, ou se découpant dans le ciel de la tour d'astronomie, semblaient s'amuser à rythmer nos soirées en tête à tête, et un sourire se dessina sur mes lèvres lorsque Haley me fit face, et lâcha ma main. Je pressentais qu'elle avait quelque chose en tête, et, toujours titillé par une curiosité pleine d'effervescence, je me plaisais à attendre, la laissant prendre les choses en main comme elle l'avait précédemment fait. Le geste qu'elle eut pour enlever nos masques et les faire valser un peu plus loin n'était pas sans double-sens et j'eus l'impression qu'elle ôtait plus qu'un simple masque, qu'elle soulevait une tenture, et que de ce fait, elle nous rapprochait l'un de l'autre.
- Scott, tu sais comme je suis nulle pour te dire à quel point... tout ça, et je m'en veux parce que c'est mal envers toi, que je... je ne te renvoie pas aussi bien ce que toi tu me donnes, j'aimerais tellement que tu sois dans ma tête pour que tu saches et que tu vois comme... alors je voulais... je voulais juste...
Gêné par ses paroles, je voulus répliquer - non, elle n'était pas nulle, jamais elle ne le serait, tout comme jamais elle ne serait désagréable ; je ne voulais pas qu'elle s'en veuille, je l'aimais comme ça, comme elle était, j'acceptais tout, et tant pis pour moi si je lui donnais tout, je ne voulais qu'elle, juste elle, et...
Ses lèvres empêchèrent les mots de me sortir de la bouche. Brusquement mon cœur explosa en une multitude de petites paillettes argentées qui tapissèrent tout l'intérieur de mon être, tandis qu'Haley, dressée sur la pointe des pieds, ses mains autour de mon visage, m'embrassait comme jamais elle ne m'avait embrassé. Il me semblait qu'elle était allée chercher quelque chose au fond d'elle, quelque chose qui grandissait en moi également, qui m'élevait, nous élevait un peu plus. Je ne sentais même plus mon cœur battre, j'avais dépassé ce stade, et je me souvins seulement qu'il me fallait respirer quand elle décolla son visage du mien une infime seconde et que sa respiration plus bruyante qu'à l'accoutumée sonna harmonieusement à mes oreilles. De plus belle, je l'embrassai moi aussi, ma main se glissant derrière sa nuque et remontant dans ses cheveux, tandis que mon autre bras entourait sa taille menue pour la serrer contre moi. Je crus que nous étions déjà arrivé au paroxysme de ce que nous partagions mais tout d'un coup elle détacha ses lèvres des miennes pour aller vers le côté de mon visage et... Quand elle attrapa le lobe de mon oreille j'eus un soupir non contrôle et ce fut comme si mon cœur, après s'être arrêté un long moment, se réveilla et tambourina de plus belle entre mes côtes. Des frissons m'avaient parcouru tout entier et j'avais lâché sa taille pour revenir vers ses épaules, là où sa peau de porcelaine était nue et que son contact me possédait tout entier. J'avais l'impression que jamais personne ne m'avait embrassé de la sorte, ni Taylord, ni Lilian, toutes deux avec leurs caractéristiques bien particuliers, que j'avais appréciés également mais... Mais Haley balayait tout autre baiser, parce que je l'aimais et qu'elle m'aimait aussi et qu'elle était tout ce que j'avais toujours désiré. Il n'y avait pas d'autre explication, je crois, et nos bouches, nos souffles, nos corps entremêlés répondaient à cette affirmation, comme l'évidence même qui éclatait enfin au grand jour.
Ce n'est que quand je heurtai un fauteuil, ou un canapé peut-être, que la raison me revint - la première image qui m'apparut fut la statue de Rowena Serdaigle, dans l'ombre, seule spectatrice de notre étreinte, et je fus envahis d'une étrange sérénité devant cette figure maternelle qui semblait donner sa bénédiction à deux de ses enfants.
- ...te le dire comme ça, termina Haley, et je devais bien avouer que le début de la phrase m'avait prodigieusement échappé.
Comme elle, j'étais souriant, j'étais ivre de nos sentiments, j'avais les yeux pétillants, et le silence qui dura ne nous gêna pas. Il voulait dire beaucoup de chose et je savais, je savais qu'elle comprenait tout, qu'elle savait que je l'aimais, que je ne voulais qu'elle, que j'étais bien, qu'elle me rendait heureux ; je savais aussi ce qu'elle voulait dire, qu'elle m'aimait, et que je n'avais rien besoin de plus...
- J'ai compris, murmurai-je, débordant de bonheur. Merci. Tu es parfaite...
Je la serrai une dernière fois dans mes bras et elle m'embrassa puis me dit bonne nuit ; comment allais-je pouvoir trouver le sommeil après une telle déclaration?! Je la regardai quitter la salle commune, sa longue robe glissant derrière elle, sa silhouette bien prise dans la forme bleue et brillante, et je sus, en cet instant précis, qu'elle avait ouvert une porte dans mon cœur dont elle seule avait la clé, et que jamais personne n'emprunterait le même chemin. Cette constatation m'était délicieuse mais je savais pertinemment combien elle était dangereuse, mais qu'importe. Haley rassemblait tout ce que j'aimais et dont j'avais besoin, et contre cela, je ne pouvais pas lutter. Je savais que mon amour pour elle était vrai et sans doute éternel - l'avenir était peut-être incertain mais il y a des signes qui ne trompent pas. Et le savoir me rendait plus fort ; je regagnai alors moi aussi mon dortoir avant d'avoir récupéré nos deux masques dont les rubans, belle coïncidence, s'étaient emmêlés les uns avec les autres, de manière à ce que je ne puisse plus distinguer lequel se rattachait à l'un des deux masques. Silencieusement, j'allai pour me coucher, après avoir posé les masques sur ma table de chevet. Contrairement à ce que j'avais pensé, les battements puissants de mon cœur ne m'empêchèrent nullement de dormir, et ma nuit fut douce et belle, particulièrement réparatrice et apaisée, comme je n'en avais pas connu depuis longtemps.
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