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The noise of meaningless words [C.] - OVER

 
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 The noise of meaningless words [C.] - OVER

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Hannah Blueberry


Hannah Blueberry
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Particularités: Poursuiveuse des Loups des Cîmes & créatrice de fiente mutante (j'excelle en la matière et j'ai des témoins)
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Âme soeur: Toutes les Patacitrouilles de l'univers !

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MessageSujet: The noise of meaningless words [C.] - OVER   The noise of meaningless words [C.] - OVER Icon_minitimeDim 20 Jan - 21:16



    Enfin : le temps se faisait plus chaud. J'adorais l'hiver simplement à cause de la neige, même si son seul problème, c'était qu'elle était froide. Je sais que ça coule de source, mais... franchement, ce ne serait pas plus drôle si la neige était à une température neutre ? Un des grands drames de la vie, c'est d'être obligé de s'arrêter de faire une bataille de boule de neige ou de ne pas avoir le temps de finir son bonhomme de neige avant que les mains nous tombent des bras. Même avec des gants, oui ! ...Ou peut-être que les miens ne sont pas assez épais ? Chaque hiver, je devais me faire violence pour ne pas m'avouer vaincue face au froid qui engourdissaient mes doigts avant Matthew – et aussi empêcher mon nez de déverser des litres de morve en reniflant – pardon, pas glamour. Concernant mes oreilles, j'étais parée, grâce aux deux grosses boules de laine roses qui les protégeaient du froid. Matthew avait beau se moquer de ma dégaine, avec mes moumoutes roses aux oreilles, ma grosse écharpe en laine blanche à rennes jaunes tricotée par Mamie, et mes moufles oranges, mais au moins, moi, je me protégeais du mieux que je pouvais au lieu de faire le bel Appollon qui se pavane dans le parc. Même si mon frère était évidemment le plus beau, avec ses yeux bleus comme un ciel clair d'hiver et ses cheveux blonds en pagaille sur la tête – mais ça, c'était la chose à ne pas lui dire, auquel cas il ne pourrait plus passer les portes de la maison pour faute de chevilles trop gonflées. Il avait terminé ses études à Gryffondor, l'été dernier, et s'accordait une année tranquillou de voyages pour chercher sa voie. Il avait lancé la bombe lors du repas de Noël passé en famille, à Glasgow : il allait bientôt partir en compagnie d'un ami à la conquête des dragons pour y consacrer une étude – et à ce moment là, quand je l'avais appris, j'avais été frappée par une constatation pourtant simple : Matthew allait faire sa vie sans moi. Il allait partir, loin – lui aussi. Comme Mamie. Quand je lui avais avoué ce qui me pesait sur le cœur, il m'avait rassuré avec moult câlins et ébouriffements de cheveux, mais je ne pouvais m'empêcher d'éprouver la même tristesse constante à chaque fois que je songeais à son départ imminent. J'étais très proche de maman, un peu moins de Papa, encore plus d'oncle Keith, mais Matthew était la colle de ma vie : il ressoudait les morceaux quand ça n'allait pas, rassemblait les pièces du puzzle quand quelque chose m'échappait, m'empêchait de me dissoudre comme du sucre quand je voulais sombrer – ce qui était fréquemment arrivé après les deux événements successifs du mois de Décembre qui avait été le pire de tous et de tout les temps. J'étais restée solide, grâce à lui, comme une glace à la fraise fraîche et consistante, et non pas une flaque dégoulinante de désespoir sur le sol. Je n'avais jamais eu l'inclination basse, c'est-à-dire tomber en direction du sol dès qu'un poids se posait sur mes épaules ; mais pour la première fois, j'avais senti que ce poids était trop lourd, et qu'il m'écrasait, qu'il m'écrasait, et il dévastait tout jusqu'à mon cœur et jusqu'à ce que mon corps touche le sol et que je le frappe de mes poings en pleurant, furieuse.

    J'étais restée dans ma chambre jusqu'au bout, le 24 Décembre, alors même que toute la famille était arrivée dans la maison pour fêter le réveillon – mais il n'y avait plus de famille, il n'y avait plus de réveillon, pas sans Mamie Moira. Matthew était venu à mon chevet, et si nous avions loupé l'apéritif et l'entrée du repas, j'avais pu revenir pour le plat de viande et le pudding, debout, sur mes jambes, les yeux rougis mais mes lèvres tordues en un sourire en arrivant dans la grande salle à manger remplie des membres de ma famille mutilée. Et même si une partie de mes cadeaux était constituée de ce que Mamie Moira m'avait légué dans son... testament – tous ses ustensiles de cuisine, une immense caisse de pelotes de laine parce qu'elle m'avait appris à coudre l'an dernier, plein de petits objets qu'elle avait récolé de ses voyages, et son collier le plus précieux, celui qu'elle portait tout le temps –, et que tout ça m'avait encore fait beaucoup pleuré, mon cœur s'était un peu réchauffé. Oncle Keith m'avait offert une machine de cuisine moldue qui servait à faire du pain et des brioches, et j'en avais été tant fascinée que mes soucis avaient disparu le temps d'un instant. Le seul problème, avec cette machine, c'était qu'il fallait attendre trois heures et quart pour qu'elle en sorte quelque chose – trois heures et quart ! Mais quand on aime, on ne compte pas. Même si à chaque fois que j'avais fait de la brioche pour le petit déjeuner – c'est-à-dire tous les jours –, je n'arrivais pas à détacher mon regard du petit minuteur électronique qui affichait le temps restant – et même si c'était déconseillé, j'ouvrais le couvercle, enfin, le capot, je veux dire, le dessus de la machine pour regarder la farine, les œufs, le lait, le beurre, la levure, le sel et le sucre être joyeusement pétris dans la « cuve ». Et ces matinées passées à pâtisser étaient aussi plaisantes que douloureuses, parce qu'elles étaient d'ordinaire accompagnées de la présence de Mamie Moira, surtout en période de Noël. Ça avait été ça, aussi, le plus dur : qu'elle disparaisse avant Noël, nos moments de prédilection pour réaliser des dizaines et des dizaines de sablés et surtout LE pudding de Noël, qui se faisait dès le mois de Novembre, et que je contemplais toujours avec admiration en rentrant à la maison, après la soirée du bal de Noël.

    Cette année plus que toute autre, j'avais ressenti le besoin de rentrer, même si j'avais dit à Aure que je restais au château – j'avais changé d'avis à la dernière minute, parce que je ne pouvais pas... Je ne pouvais pas. Je voulais sentir les bras de Matthew autour de moi, et ceux de maman, de papa, de tout le monde – et même de Coleen – non, sauf de Coleen, toute réflexion faite... Et puis, non, même de Coleen : je m'était précipitée dans ses bras en la voyant, et pour la première fois depuis des années, elle ne m'avait pas repoussée. Tout le monde savait que Mamie et moi entretenions la relation la plus forte – mais Coleen eut la décence de verser quelques larmes, forcée ou non, le mystère reste entier – je connaissais assez bien ma grande sœur pour en douter. Et puis, c'était l'air de la maison qui me manquait, même si il avait les mêmes saveurs écossaises que celui de Poudlard, la maison de Glasgow de Mamie Moira ayant été héritée par ses deux fils, papa et Oncle Keith. Ils avaient tout deux décidé d'en faire la maison familiale où nous passerions nos vacances en famille et les grandes fêtes de l'année, comme Noël, ce qui était une nouvelle fois aussi douloureux que beau. Car je savais qu'elle était là, avec nous. Peut-être qu'elle était devenue un fantôme et qu'elle se cachait pour nous observer, mais j'étais convaincue qu'elle était là, malgré tout, sous n'importe quelle forme, et il m'était juste impossible de m’effondrer sous son regard bienveillant. J'avais fait part de tout à Matthew, entre les quatre murs de la maison familiale écossaise que nous avions occupé du réveillon de Noël jusqu'au premier de l'an avant de rentrer chez nous, à Londres – et les choses étaient de nouveau difficiles, tant je détestais cette ville. Mais mon frère était toujours là. Et il savait tout, désormais, dont la plus grande partie que je redoutais en retournant à Poudlard : Cahyl. Matthew avait eu la même réaction que Aure, à quelques détails près : « tu veux que je revienne lui péter la tronche ? Ça fait longtemps que j'ai pas vu Poudlard en plus ! Vas-y cherche pas, je monte dans le train avec toi à la rentrée, et il va comprendre sa douleur, ce sale type » - typique de Matthew. J'avais souri, mais malgré tous les ressentiments que j'avais encore envers mon ami... mon ancien ami, les derniers mots de mon frère m'avaient fait mal aux oreilles : Cahyl n'était pas un sale type. J'ignorais ce qu'il était, exactement, mais je savais que quelque chose ne tournait pas rond, et malgré ses défauts, je me refusais à le submerger de ma haine. Ce n'était pas juste. J'étais aussi fautive que lui – à faute égale, punition égale : nous nous ne parlerions plus. Si tout ce qui pesait sur mon cœur avait été confié entre les mains de Matthew, la discussion la plus sérieuse que je n'avais jamais eu avec lui s'était arrêtée lorsqu'il avait commencé à me sortir des phrases du genre « Mais te mets pas dans un état pareil pour ce pauvre ty – ok, ce mec, à moins que... eheh, allez, tu le kiffes c'est ça ? Allez fais pas ton ingénue, tu l'aimes ce ty – mec ! Non ? Ben alors pigne pas pour lui, il vaut pas le coup, t'es douée pour te faire des potes, t'inquiètes Nana ! ». Il avait compris que son hypothèse était stupide lorsque j'avais commencé à lui chatouiller l'intérieur des coudes et le creux des genoux – il était phobique de ces endroits là, et j'étais la seule fille de sa vie à le savoir, ce qui m'avait bien servi lorsqu'il m'embêtait, depuis toujours - « tu fais encore ça et je dis ta phobie à ta copine ! » - il en avait honte, forcément, ce qui était encore plus drôle. Oh, et quand je dis « ta copine », on peut mettre des dizaines de visages sur l'expression, des visages que j'ai vu défiler accrochés à la bouche de mon frère, ce qui engendrait toujours chez moi une sorte de répulsion. Ne-pas-penser-à-ça.

    Le retour à Poudlard fût difficile, même si mon séjour en famille n'avait pas été aisé à cause du vide que laissant Mamie. La seule lumière que j'avais entrevu au bout du tunnel était Aure : la retrouver, lovée dans un fauteuil de salle commune, m'attendant avec mon habituel paquet de Patacitrouilles avait été comme une bouffée d'air frais après les vacances familiales rassurantes mais pesantes de tristesse, et un retour angoissant. Les paroles de Matthew me revenaient à l'esprit : il avait raison ; pourquoi verser autant de larmes et de tristesse pour Cahyl ? Car non, non, je ne le « kiffais » pas comme Matthew l'entendait. Je le trouvais beau, vraiment très beau, mais... ça ne voulait pas dire que j'étais comme amoureuse, non ? Non. On peut trouver les gens beaux sans les aimer. Je n'aimais pas Cahyl, mais je n'arrivais pas à le détester – je n'arrivais, au fond, à ne détester personne. Et ce qui m'avait paru comme une qualité, la gentillesse, m'apparaissait maintenant comme une faiblesse : j'étais coincée dans les croyances de mon univers où tout le monde est gentil et fait des cacas papillons qui s'envolent jusqu'aux arc-en-ciels qui se dessinent dans le ciel. Il y avait un espèce de quelque chose dans ma tête qui m'empêchait de mettre des œillères à mes espoirs : la croyance que quelque chose de bon subsistait en chacun et en chaque chose était indélébile, malgré tous mes efforts pour l'effacer, même avec la plus tenace des éponges. Il y a peu encore, c'était spontané et irréfléchi ; maintenant, à cause de ces histoires avec Cahyl, les rouages du mécanisme m'apparaissaient clairement, mais je n'arrivais pas à les faire rouiller.

    Comme à chaque fois qu'une sortie à Pré-au-Lard était annoncée, Aure et moi décidions d'y aller, cette fois en particulier pour contrebalancer la pression des devoirs qui s'accumulaient et pour profiter des premiers rayons de soleil du printemps qui s'annonçait. Alex, le meilleur ami d'Aure que j'avais appris à apprécier, bien qu'il soit plutôt lunatique, ce qui me faisait inévitablement penser à une autre personne […], devait nous accompagner. Si l'après-midi fût agréable et que nous nous amusions bien tous les trois, j'eus un instant de nostalgie soudain à la vue d'une épicerie de Pré-au-Lard dont la devanture affichait leur dernière nouveauté : une mixture toute prête à pâtisserie pour épater les amis sans bouger le petit doigt, ne demandant presque que l'étape de la cuisson. Le premier paquet que j'aperçus en était un pour confectionner des scones ; je sentis mon cœur s'emballer et monter jusqu'à ma gorge. Ressentant le besoin soudain de m'isoler, j'annonçai à mes amis qu'il fallait absolument que j'aille profiter d'une super promo de Patacitrouilles à Honeydukes, les encouragea à passer un moment entre eux, et m'échappa de la rue bondée dans laquelle nous nous trouvions en jouant des coudes à travers la foule. Je comptais réellement me diriger vers Honeydukes ; je n'avais aucun autre lieu en tête qui puisse me remonter un peu le moral que cette merveilleuse boutique de sucreries. Et même si il s'agissait également de nourriture, il n'y avait pas de scones à Honeydukes. Rien qui puisse ramener la douloureuse image de Mamie à mon esprit.

    Le magasin semblait plein de monde lorsque j'y arrivais. Je m'arrêtais à quelques centimètres de la boutique et collait mon nez contre la vitre. De la buée se formait devant ma bouche et à la hauteur de mes narines à cause de ma respiration, surtout que le temps était encore un peu frais. Je reculais de quelques centimètres et dessinai sur la vitre, souriant, une fleur de mon index ganté – des gants encore et toujours tricotés par Mamie Moira, roses cette fois-ci – puis mes yeux fixèrent les dizaines de sucreries étalées derrière la vitrine que je me retenais à grand peine de lécher tant elle semblait appétissante avec ses couleurs douces et gourmandes.

    Je sentis mon sourire se faner en même temps que mon cœur faire un bon douloureux dans ma poitrine – j'ignorais si il avait voulu que je ne le vois pas, mais il était apparu dans mon champ de vision, à droite, là où se situait la porte d'entrée. Cahyl était reconnaissable par sa grande taille, son teint pâle, ses cheveux châtains un peu longs, mais aussi sa veste en cuire noire que je connaissais par cœur car il la portait presque toujours. Nous ne nous étions pas recontactés depuis notre dispute sur les marches du château, trois mois plus tôt, et lors des cours que nous avions au commun, nous nous tenions le plus écartés possible, d'un accord commun tacite. Je fus tenter de le chercher à l'intérieur du magasin, à travers la vitrine, mais le nombre d'élèves étaient trop intense, et puis – et puis, c'était de la pure curiosité. Je n'avais aucune envie de le revoir et pire, de lui parler. Pas après les trous béants qu'il avait percé dans mon cœur et qui avaient agrandi ceux que la perte de Mamie Moira avaient déjà faits.

    Et pourtant, je ne pouvais pas bouger. Mes pieds restaient collés au sol, devant la vitrine, attendant – attendant quoi ? Qu'il ressorte ? Pour le voir grignoter des sucreries ? Quel intérêt ? Pourquoi ce nounouille de cœur s'autorisait un concert désagréable dans ma poitrine ? Sentant la panique me submerger, comme elle l'avait souvent fait depuis les vacances, je me raccrochais à l'objet qui m'était le plus précieux, comme la personne qui l'avait jadis porté. Je dégageais la chaîne du collier pendante à mon cou mais cachée sous mon épais gilet de rose, et enfermais son pendentif dans le creux de mes deux mains que je remontais près de ma gorge. Mon grand-père, le plus ancien des Blueberry que je connaissais, l'avait offert à ma grand-mère alors qu'ils étaient tous les deux de jeunes amoureux. Je serrais plus fort le pendentif, forçant mon regard à fixer la boîte gigantesque de Patacitrouilles qui se trouvait à l'extrémité gauche de la vitrine, et reprenant mon souffle qui s'apaisait, comme à chaque fois que j'effectuais ce petit rituel – quand Matthew n'était pas là, serrer entre mes mains la petite myrtille qui pendait à la fine chaîne d'argent autrefois possédée par Mamie était mon seul remède.


    Spoiler:


Dernière édition par Hannah Blueberry le Sam 2 Fév - 17:32, édité 1 fois
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Cahyl Steadworthy


Cahyl Steadworthy
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MessageSujet: Re: The noise of meaningless words [C.] - OVER   The noise of meaningless words [C.] - OVER Icon_minitimeLun 21 Jan - 22:51

Une fine couche de neige recouvrait les rues pavées de Prés-au-Lard. Les maisonnettes aux toits biscornues s’élevaient lugubrement dans le ciel grisé. Des volutes de fumée blanchâtre s’élevaient des cheminées et se perdaient dans les airs. Je gravissais doucement la rue pavée, légèrement en pente, qui traversait le village exclusivement sorcier. C’était toujours étrange de remonter ces ruelles, car elles ne ressemblaient à aucune autre, et surtout pas à celle de Londres auxquelles je m’étais habitué. Large, peuplé d’innombrables personnes et de magasins huppés, et tandis que les immeuble s’élevaient de chaque côté, chatouillant le ciel, ici tout baignait dans une atmosphère différente. Empreinte de magie. Tout comme le château et ses alentours, Poudlard. Beaucoup de choses avaient changées en moi depuis que j’étais venu ici, la toute première fois. D’abord, la magie m’avait parue trop étrange pour moi, je ne la croyais pas, ne lui faisait pas confiance, je me braquais. Et puis, à force de la voir agir en tous lieux, toutes circonstances, de façon plus ou moins évidente, j’avais commencé à la voir d’une autre façon. Je pouvais faire de la magie, ma baguette et moi, nous pouvions accomplir des choses que jamais je n’aurais rêvé pouvoir faire. Cependant, la Chose était toujours là, et c’était elle qui m’avait bloquée pendant très longtemps. La magie avait de nouveau répondu à mes besoins, et une potion me permettait désormais de la contrôler… avec plus ou moins d’efficacité. J’avais toujours des doutes, et il me semblait tout de même que le bonheur de produire un sortilège ne prévalait pas à celui d’effectuer soi-même une tâche, longue et pénible, mais qui apportait beaucoup de satisfaction. Certes, j’apprenais la magie, mais je savais au fond de moi qu’elle ne serait qu’un outil parmi tant d’autres, dans ma vie. J’étais bien assez fort avec la Chose, et je ne pensais pas que la Magie puisse m’aider beaucoup plus.

Toutefois, bien plus que de me faire découvrir un nouveau monde, bien que de m’avoir permis de contrôler la Chose, bien plus que de m’avoir permis d’avoir de nouvelles perspectives pour mon avenir, la magie m’avait fait faire des rencontres. De magnifiques rencontres. La première, avait été celle de Padma. Combien je remerciai la magie pour ce cadeau qu’elle m’avait fait. Padma signifiait tellement pour moi, elle était la sœur que je n’avais jamais eue, la famille que je n’avais jamais eue, la meilleure amie que je n’avais jamais eue. En très peu de temps, elle était devenue presque tout pour moi. Et puis, j’avais rencontré Hannah. Le seul fait d’évoquer son nom répandit en moi une étrange sensation. Etrange sensation qui déferlait souvent en moi, ces temps-ci, lorsque mes pensées, lorsque je n’arrivais plus à les brider, dérivaient vers elle. La Chose avait disparu de mon être, tout du moins, elle ne faisait plus les mêmes apparitions sauvages qu’autrefois, ainsi, j’avais le temps de vivre, de réfléchir, et enfin de profiter de tout ce qui m’entourait. Depuis, j’avais ainsi pu m’approcher très légèrement d’autres élèves, de demander des conseils, parfois. Après quatre ans de silence et de froideur de ma part, ceux-ci avaient d’abord été sceptique, puis, voyant que je faisais quelques efforts, ils étaient vite devenus plus sympathique. Ce n’était pas mes amis, je ne parlais pas avec eux, mais les moindres petites choses que je partageais me rendant plus qu’heureux. Car cela faisait près de six ans que je n’avais pas eu de relation normal avec quiconque. Enfin, je redécouvrais cela avec plaisir.

Deux mois entiers s’étaient cependant écoulés, depuis le bal de Noël. Depuis cette soirée, où avec ce masque, j’étais allé la voir, en secret, guettant ses réactions, essayant de voir si elle allait bien, et surtout, si elle m’oubliait. Comme j’avais mal de penser à de telles choses, comme j’avais mal de regarder les souvenirs où je lui hurlais dessus, alors que déjà, des larmes mouillaient ses joues. Deux mois étaient passés, mais la douleur était encore vive, et parfois, je me demandais même pourquoi j’avais fait une telle chose. La transformation chaque mois me rappelait alors combien j’étais dangereux, et combien je pouvais faire du mal aux personnes qui m’entouraient. J’étais trop effrayé de blesser Hannah pour rester à ses côtés. Car depuis le bal, je sentais que… que je tenais à elle, vraiment. Et je ne voulais pas le faire mal. Pour cela, je devais m’éloigner, ce que j’avais malheureusement fait. Mon cœur était déchiré, cependant, je savais qu’elle était en sécurité, et cela suffisait à me rendre plus heureux. Mais, la potion tue-loup pesait tout de même plus lourd dans la balance, et j’hésitai très souvent à aller la voir. Je me contrôlais, et je pouvais aller vers les gens sans que ceux-ci ne soient en danger. C’est pourquoi, depuis quelques temps, une idée stagnait dans ma tête, sans que je puisse l’y faire sortir. J’avais besoin de m’excuser, rien qu’un peu, lui montrer qu’elle n’avait rien à voir dans cet accès de colère, et… simplement m’excuser un peu. Mais… je ne savais comment m’y prendre. J’avais toujours été exclu, et je ne savais comment on demandait pardon. Et j’avais peur qu’elle me rejette, qu’elle me rejette aussi brutalement que moi je l’avais fait.

J’étais plein de nouvelles espérances, mais aussi plein de remords, et ces deux sentiments se côtoyaient étrangement en moi. Et c’est avec un pas plus tranquille que jamais que je débouchai dans la ruelle centrale du village. Le silence qui m’avait auparavant agréablement entouré se dérida, et des voix, des rires, des exclamations enjouées vinrent se bousculer à mes oreilles. Mon ouï très fine eu besoin de quelques instants pour s’habituer à ce changement, après quoi, je me mis à déambuler dans la rue. Je n’avais que très peu d’argent sur moi, car j’avais préféré garder le reste pour des choses plus importantes, comme le permis de conduire, une voiture, peut-être un appartement ? Je préférais rester raisonnable, et de toute façon, je n’avais besoin de rien ici. Toutes ces choses sorcières ne m’attiraient pas plus que cela. Bien sûr, c’était amusant, mais je n’avais en aucun cas besoin de posséder de telles choses. Je m’étais toujours contenté du minimum, à l’orphelinat, et il faut croire que je m’étais habitué à cela. Je savais qu’avant tout achat, il fallait réfléchir, et ne pas se précipiter. En avais-je réellement besoin ? À quoi cela me servirais plus tard ? Je voyais souvent des élèves s’extasier sur les nouvelles chaussures, ou les nouveautés extravagantes des magasins de farces et attrapes. Achats qu’ils abandonnaient quelques mois plus tard, inexorablement attirés par ce qui était nouveau. Encore et encore. Je ne voulais pas faire comme eux, je ne voulais pas gaspiller mon argent et mon temps pour des choses aussi futile. Je devais avoir mûri trop vite, cependant, cela me convenait. Mon argent, je le gardais pour mon avenir.

Cette réflexion fut très vite balayée lorsque j’aperçu, près de l’une des échoppes où se pressaient une masse impressionnante d’élèves, une chevelure blonde, que j’aurais reconnu entre mille. Mon cœur rata un battement tandis que je me figeai, reniflant discrètement. Son subtil parfum me parvint aux narines, et je souris doucement. C’était bien elle. Elle était immobile, dos à moi, regardant –probablement avidement- les gourmandises et sucreries qui s’alignaient derrière la vitrine. Lentement, je serrais les quelques pièces qui trainaient au fond de ma poche. Que devais-je faire ? Mon cœur se mit à battre plus vite. Devais-je partir, comme je m’étais promis de faire lorsque je la croiserais ? Oui, c’était sans doute la meilleure solution. Cependant, je fus incapable de ne bouger ne serais-ce qu’un orteil. Tout mon être se tendait vers elle, elle qui ne savait même pas que j’étais ici, à l’admirer secrètement. Je me sentais fébrile. Tout mon être vibrait étrangement, et mes mains devenaient moites. A vrai dire, c’était une sensation vraiment étrange, et je secouai doucement la tête, pour qu’elle s’enfuie loin de moi. Un point d’interrogation s’inscrivit alors doucement dans mon cœur tandis que je gardai les yeux fixés sur elle. Que devais-je faire ? Mon instinct, ma raison, me poussaient à fuir, comme je le faisais constamment lorsqu’elle était là, pour sa propre sécurité. Mais… quelque chose de fort, vraiment très fort, me poussait vers elle, incommensurablement. J’étais complètement partagé, et je tremblais, empli d’une appréhension que je n’avais jamais connue.

Alors, je pris ma décision, ce fut fulgurant, car j’avais peur de rebrousser chemin. Je me mis à marcher, passai dans son dos, et me faufilai à l’intérieur du magasin de friandise. L’air embaumait le sucre, et je dû avouer que même si cela ne m’attirait pas particulièrement, cette odeur, amplifiée par ma condition, me mit l’eau à la bouche. J’observais un instant les étalages, curieux. Jusqu’ici je n’étais jamais entré dans ce magasin, estimant que c’était à la fois une perte de temps et d’argent. Mais c’était un délice, autant pour les yeux, que pour les sens. Heureusement, il y avait énormément de monde dans l’échoppe, ce qui me permettait de me déplacer sans qu’Hannah ne me voit. Ce que j’entretenais était terriblement insensé, fou, et irraisonnable… cependant, j’étais si fébrile que cela n’avait aucune importance. Je vagabondai un petit moment entre les immenses étalages de friandises, me demandant laquelle choisir. Puis, mon regard fut attiré par des petites choses sucrées, qui sentaient étrangement la citrouille, tout en ressemblant à de la pâte d’amande. Je jetai un coup d’œil sur le prix, et retint un soupir de soulagement. J’avais assez pour en payer une. Je regardai alors le panonceau et souris lorsque je vis le nom de cette sucrerie : des patacitrouilles. J’avais déjà entendu ce nom dans la bouche à Hannah, et plus encore, je l’avais déjà vu en manger à plusieurs reprises, avec cette petite lueur ravie qui brillait dans ses prunelles. Il me revint alors en mémoire qu’elle m’avait parlé d’une sorte de troc qu’elle entretenait avec Aure, sa meilleure amie, avec qui elle était venue au bal. Oui, j’en étais sûr, à présent, elle aimait les patacitrouilles.

Tandis que je me dirigeai vers la caisse, je jetai quelques coups d’œil anxieux à la vitrine. C’était bon : elle était toujours là. Soulagé, je tendis les seules pièces que je possédais à la vendeuse qui me sourit gentiment, puis empruntai le chemin de la sortie, en essayant de rester discret. Toutefois, Hannah ne semblait s’être aperçue que j’étais ici, car elle était absorbée dans la contemplation d’une énorme boite, remplis de la friandise que je venais d’acheter. Les yeux dans le vague, le visage légèrement fermé, elle serrait entre ses doigts le pendentif d’un collier que jusqu’ici, je n’avais jamais vu sur elle. Je fronçai doucement les sourcils. Elle était triste, préoccupée, et cela se lisait sur son visage. Auparavant, il y avait toujours un sourire joyeux sur son visage, mais depuis que je lui avais lancé ces terribles mots, elle n’était plus pareil. Je savais bien que ce n’était pas qu’à cause de moi, et qu’un autre évènement c’était produit juste avant. Et cela brisait mon cœur de ne pas le savoir. Bien sûr, j’avais cherché, mais respectant également sa vie privée, j’avais rapidement laissé tomber. Peut-être ne voulait-elle simplement pas que je sache.

Je sortis doucement de la boutique, tourné vers elle, mes prunelles la scrutant intensément. Perdue dans ses pensées –noires ?- elle ne m’avait pas vu. Ou alors, elle faisait semblant de ne pas m’avoir vu. Tout d’un coup, je pris peur. Et si elle ne voulait plus me voir ? Si elle me rejetait comme je l’avais fait ? Et si elle me frappait ? C’était tout ce que je méritais, et je ferais face à sa colère, car je méritais ses cris, sa rage, ses coups. Je serrais doucement la sucrerie entre mes doigts, et m’approchai d’elle, doucement, sans brusquerie, pour ne pas l’effrayer. La gorge nouée, j’attendais le moment où elle réaliserait qui était à ses côtés. Mon cœur battait à tout rompt, et mon souffle s’accélérait imperceptiblement. Avais-je fais le bon choix en l’approchant ? Je doutais encore. Lorsque je fus proche d’elle, je pris mon courage à deux mains, et me retins de m’enfuir. D’une voix douce, basse, et rendue légèrement rauque par la peur et les émotions qui m’étreignaient, je l’appelai… enfin.


-Hannah…

Après quoi, je sortis la sucrerie de ma poche, et la lui tendit, mal assuré. Je cherchais ses yeux, tout en étant tenté de baisser les miens. En vérité, je ne savais comment me comporter, et me trouvai complètement ridicule. Mais cette friandise, là, dans ma main, contenait en elle seule, le message que je désirais lui livrer. Message que j’étais incapable de formuler à haute voix.

Pardonne-moi.

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Hannah Blueberry


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MessageSujet: Re: The noise of meaningless words [C.] - OVER   The noise of meaningless words [C.] - OVER Icon_minitimeMar 22 Jan - 16:10




    Je détestais quand je faisais ça : avoir conscience de faire un truc débile, et le faire quand même. Comme restée plantée tel un arbre de cent ans au même endroit, alors que j'avais la possibilité de partir. Sauf que je détestais encore plus apercevoir Cahyl par surprise, sans m'en apercevoir, parce qu'alors que j'arrivais de mieux en mieux, avec le temps qui passait, à remonter la pente que j'avais dévalée en Décembre, je défaillais toujours un peu à sa vue – j'en tremblais, même, de peur et du dégoût de lui avoir consacré tant de temps et tant de choses pour rien, pour de la poussière qui s'était envolée, pour transformer des souvenirs heureux en souvenirs douloureux. C'était tout ce que je possédais encore de la relation que nous avions bâti : des images qui revenaient de temps à autre dans ma tête, mais elles n'avaient pas la même saveur de celles sur lesquelles figuraient Aure, par exemple, parce que celles sur lesquelles étaient Aure ramenait un peu de joie à ma mémoire, alors que celles de Cahyl ne me laissaient qu'une douloureuse impression de déception. Matthew avait peut-être raison, quand il disait que je faisais d'un carré de chocolat de cinq grammes une tablette entière de deux-cent grammes, que ma réaction était excessive, que des amis, ça s'en va, ça revient, et puis c'était tout. Mais si il y avait un schmilblik, c'est parce que Cahyl n'était pas un ami comme les autres: je n'avais jamais placé d'espoir en quelqu'un comme en lui. C'était étrange, comme pensée, espérer quelque chose de quelqu'un. Si j'avais la tentation infaillible de me rapprocher des autres, parce qu'ils m'étaient quelque part indispensable, et que ce besoin d'aider me tenaillait constamment, c'était spontanément, sans que j'y réfléchisse. Comme un amant attiré sur la porte d'un frigo, youplà tchak ! Me voilà en face de quelqu'un à blablater. C'était presque pulsionnel, maladif, comme pouvait l'être la timidité. J'avais la maladie contraire, si c'était une maladie – je m'étais souvent posée la question de la normalité, à cause de Coleen pour qui une limite existait entre ce qui était convenable et ce qui était fou. Selon le barème de ma sœur, je me situais à l'extrême folie, cas d’urgence à envoyer à l'asile. Oh, toujours charmante, je m'étais habituée à ses méchancetés – par contre, elle, ne s'habituait toujours pas aux mauvais tours que lui jouaient Matthew et moi, et surtout pas aux souris glissées dans son lit. Matthew craignait un peu trop les araignées pour les lui imposer, alors même que j'avais essayé de l'inciter à tenter le coup – mais les araignées étaient la deuxième phobie de mon frère, la première étant qu'on lui chatouille les creux des coudes ou des genoux. Mon frère était génial, non seulement parce qu'il était génial tout court, mais aussi génial parce que c'était un vrai garçon à l'extérieur, et une vraie fille à l'intérieur. Du coup, peu m'importait que Coleen soit la pire des greluches du monde, Matthew était à la fois le grand-frère pour m'entraîner dans ses bêtises et le grand nounours pour me protéger que l'épaule à qui confier mes larmes. Il me conseillait même en matière de vêtements, c'est pour vous dire ! Mais je ne l'écoutais jamais, parce que son principal but était de me faire me débarrasser de tous mes vêtements roses, orangés et jaunes, ce qui était hors de question. Du coup, on avait fait un accord : il arrêtait de cacher mes vêtements qu'il détestait le plus, et j'arrêtais de lui piquer ses sweats – grands, chauds, épais, c'était ce que je préférais porter quand j'étais à la maison, surtout quand le moral n'était pas au plus haut, même si ça ne durait jamais bien longtemps. Sauf là. Comme il savait que ma bonne humeur était en pleine ère glacière et qu'il allait bien quitter la Grande Bretagne pour les pays de l'Est, à cause de son histoire de dragons toute naze (...bon, d'accord, c'est méchant, mais c'est la tristesse qui parle), il m'avait confié mon sweat préféré qui lui appartenait. Pas un tout moche avec le logo d'un groupe de rock, mais juste un tout simple, épais, bleu foncé, avec une feuille d'érable blanche, qu'il avait acheté lors d'un voyage au Canada.

    Alors que le froid commençait à m'engourdir les oreilles et les doigts de pieds, parce que j'étais encore immobile devant la vitrine d'Honeydukes, c'est à ce sweat que je songeais. Il m'attendait sagement dans ma valise – je le rangeais toujours précieusement quand je le prenais et l'enlevais, même si l'organisation et le rangement n'étaient pas trop mes domaines de prédilections, parce que Matthew avait pris soin d'y mettre son parfum, et j'avais peur qu'il ne s'en aille si je laissais le sweat traîner n'importe où dans le dortoir. Allez, à trois, je rentre au château pour m'envelopper du sweat de mon frère – non, à quatre. Dans dix secondes. Quinze secondes. Allez, c'est parti, j'ai vraiment froid aux oreilles ! Je n'avais pas été maligne de compter sur les rayons du soleil, parce que les températures sont encore fraîches et que d'ailleurs, on aperçoit quelques petits tas de neige ça et là, et ornant les toitures des hautes maisons de Pré-au-Lard. Mon regard fixe toujours la caissette promo des Patacitrouilles, mon esprit est tout entier au sweat de Matthew, mais mes pieds ne bougent pas d'un millimètre – Cahyl est là-dedans, de l'autre côté de la vitrine.

    C'est débile, tellement débile d'attendre qu'il ressorte. J'avais tout gâché en ne l'écoutant pas, la première fois que nous nous étions rencontré ; il m'avait dit de dégager, je n'avais pas obéi. Un an plus tard, la même scène s'était produite, mais tellement, tellement plus douloureuse – et je n'allais toujours pas obéir ? Matthew m'avait un jour dit que j'étais « maso » de m'accrocher comme ça si fort aux gens. Ce n'était même pas une question d'être têtue, ni de vouloir avoir raison, ni de vouloir désobéir pour le principe ; c'était juste cette petite flamme d'espoir qui ne voulait pas s'éteindre alors même que je lui crachais dessus de toutes mes forces, comme Cahyl avait craché sur notre amitié, avant de l'écrabouiller, d'en faire des confettis, et de les brûler. Au moins tout ça. C'était en tout cas ces tortures là qui faisaient encore battre douloureusement mon cœur quand je l'apercevais – en cours, dans la Grande Salle, je m'y préparais, j'arrivais à l'oublier, il y avait Aure, et les autres. Mais je ne m'étais pas attendu à le voir ici, maintenant, à Honeydukes, passer si près de moi. Lui, par contre, s'obéissait. Il ne m'avait évidemment pas adressé un regard, parce que plus rien de tout ce que nous avions partagé n'existait, et je ne l'avais même pas souhaité, d'ailleurs, en fait. Plus il m'ignorait, plus ça allait être facile, et plus j'allais l'oublier, non ? Je l'espérais, en tout cas. Et moi aussi, je m'efforçais d'écrabouiller mes espoirs de toutes mes forces, avec mes bottines roses à moumoute blanche. Je fis un mouvement du pieds sur le sol comme pour en mimer l'acte : voilà, adieu, amitié, espoirs, vous n'existez plus.

    Mais je ne bouge toujours pas. La curiosité : mon deuxième pire ennemi avec l'espoir. Que fait Cahyl à Honeydukes ? J'ai l'espoir de le voir ressortir grignotant une sucrerie, le sourire aux lèvres, content : c'était ça, que j'attendais. Juste ça. Je regarde si il va bien, et je m'en vais. Et je ne l'attendrais plus jamais. Promis, juré, craché. Et après – mon regard cesse de le chercher à l'intérieur de la boutique, bondée de mondes, et retourne vers la boîte de Patacitrouilles –, j'irais m'acheter cette boîte énorme de Patacitrouilles, et je mangerais tout dans le dortoir, emmitouflée dans le gros sweat bleu de Matthew. Et tout ira mieux, presque comme avant. Et j'irais peut-être rendre visite aux elfes, dans les cuisines, ma dernière venue datant de... de... longtemps. J'étais comme angoissée de rentrer dans une cuisine et de cuisiner, parce que tout ça était lié à Mamie Moira, et je ne pouvais plus faire une pâtisserie sans que son souvenir surgisse dans mon esprit. Je ne pouvais plus, sans Mamie. Matthew m'avait justement dit de lui montrer le contraire, parce qu'elle nous voit, d'où elle est, dans le paradis plein de rivières en chocolat et de maisons en guimauve, et qu'elle voudrait que je continue à cuisiner, pour elle. Et ce soir, j'irais manger avec Aure. Et peut-être que je m'avancerais dans mes devoirs. Peut-être. Mais d'abord, en attendant Cahyl – enfin, en attendant de voir si il a l'air bien, les Patacitrouilles ! Je rapproche de nouveau mon nez sur la vite pour lire le prix de la grosse boîte, et tente de calculer le prix au kilo d'une patacitrouille normale qui pèse... Oh, et puis, zut, tant pis ! Cette grosse boîte est vraiment trop tentante, il doit au moins y avoir dix, non quinze Patacitrouilles là-dedans ! Je bidouille la myrtille de mon collier du bout de mes doigts gantés et me pince les lèvres, en proie à un dilemme. J'ai bien le droit de faire une petite folie, pour une fois ? Il me restera assez d'argent pour me racheter de l'encre, la semaine prochaine, et –

    - Hannah…

    Je sens mes yeux s'écarquiller et mon cœur arrêter de battre et mes mains lâcher subitement le pendentif de mon collier qui retombe lâchement sur mon gilet en laine et je n'arrive même plus à respirer parce que, parce que, parce que, c'est mon prénom, c'est cette voix et – et je me retourne, une expression de surprise non-dissimulée, pour faire face à Cahyl, qui est à vingt centimètres de moi. Et qui me regarde. Je réprime un frisson en entendant les échos de mon prénom qu'il a prononcé tout près de mon oreille, de manière si douce. Les derniers mots qu'il m'avait adressé étaient ceux sur les marches du château, il y a deux mois, et ne ressemblaient pas à ça : il avait crié, crié, des choses horribles, et j'avais entendu les mots tranchants qui sortaient de sa bouche même en recouvrant mes oreilles de mes mains, pour me protéger du bruit et de l'impact qu'ils avaient, aussi forts que ceux des balles de fusil – mais ça n'avait pas marché, il avait quand même tout piétiné. Tout piétiné. Et il était là, devant moi, et... Et qu'est-ce que c'est que ce regard ? Pourquoi il me regarde comme ça ? Qu'est-ce que je suis censée faire ?

    Je réalise que j'ai reculé instinctivement de quelques pas, de surprise et de peur. Ça va recommencer – jamais deux sans trois, c'est ça ? Mais il ne crie pas. Il me regarde, et son regard m'effraie, parce qu'il est si différent de la colère et de la haine qu'il avait déjà si souvent exprimé. Je cligne plusieurs fois des yeux, le cœur battant à tout rompre, mais il ne bouge pas, et ses traits sont les mêmes : c'est Cahyl, mais un autre Cahyl. Et ce regard là, il ressemble à ceux d'avant, celui qui se tient devant moi ressemble à celui d'avant, mais l'autre Cahyl, celui qui piétine, fait encore trop mal, alors j'esquisse un geste pour protéger mes oreilles de mes mains, de peur que ça ne recommence – j'aimerais m'enfuir, mais je n'y arrive pas – et c'est là que je remarque le petit paquet qu'il tient à la main, tendu en ma direction. Je fronce les sourcils, effrayée, et m'empare du petit sachet – je connais ce sachet. J'écarte son ouverture et me saisit de la Patacitrouille avec mes doigts. L'émotion me submerge soudainement. Tout ce dont j'avais besoin était de Patacitrouilles, et Cahyl m'en apporte, là, comme ça, pouf, comme par magie. Oh, non ! Il s'était fait ensorcelé, c'est pour ça – je jette des coups d'oeil frénétique aux alentours, l'expression de mon visage me semblant toujours aussi constipée, à la recherche de quelqu'un qui utiliserait Cahyl comme marionnette – mais je ne vois rien. Je reste de nouveau un instant immobile et muette, la Patacitrouille tremblant légèrement dans ma main droite. Le regard de Cahyl est hésitant mais il rencontre le mien – et là, et là, et là, je ne sais pas, mais je sens quelque chose. Quelque chose qui se trouvait dans mon cœur et qui battait pour le Cahyl qui était mon ami. Je me force à ouvrir la bouche, pour le remercier, même si les événements m'apparaissent comme irréels et que le bruit des battements de mon cœur me semble être audible à des kilomètres à la ronde.

    - Euh... merci, articulai-je à voix basse en baissant le regard en direction du Patacitrouille. Ma main est toujours fébrile, alors je décide de remettre la sucrerie dans son petit sachet et de le mettre dans le petit sac en cuir marron qui pendouille à mon épaule, et je glisse mes deux mains dans les poches de mon gilet pour cesser leurs tremblements. Je... la mangerais plus tard, expliquai-je.

    C'est trop étrange – c'est forcément un rêve, tout ça –, et le fait que je repousse à plus tard l'ingurgitation d'une Patacitrouille est un indice de mon malaise. Mais mon estomac est remonté jusque dans ma gorge, et je suis incapable d'avaler quelque chose ou d'y faire sortir des mots. Est-ce qu'il cherche à se faire pardonner ? Avec un Patacitrouille ? Peut-être que les gens qui disent des choses horribles et méchantes se font pardonner des autres en achetant des sucreries dans le monde où les poneys font des caca papillons, mais Cahyl m'avait fait justement rencontré la réalité brute où les poneys qui font des caca papillons n'existent plus, deux mois auparavant. Il avait cassé le dernier pilier solide qui me restait, mon amitié la plus précieuse, celle qui avait le plus de valeur à mes yeux parce qu'elle avait été si longue à construire. On ne peut pas recoller des ruines avec des Patacitrouilles. J'aimerais lui dire, tout ça, qu'il n'a pas le droit de jouer comme ça, d'être si monstrueux puis de redevenir tout à coup si gentil, comme il avait pu l'être, mais je n'y arrive pas – la seule chose qui me paraît prononçable, c'est de m'enquérir de son état.

    - Ca va sinon ? lui demandai-je la bouche sèche, bêtement et un peu brutalement, sans l'ombre d'un sourire, la surprise et l'angoisse ne m'ayant toujours pas quitté – et il me semble même qu'une pointe de colère perce dans ma voix. De mémoire, je n'ai jamais eu une discussion aussi désagréable de ma vie – je veux juste m'en aller, parce qu'une fois tout ça terminé, tout sera encore plus difficile à oublier. Sauf qu'il me mange du regard et que ma petite flamme s'est rallumée : Cahyl n'est pas un monstre. Je le savais
    je l'avais toujours su.
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Cahyl Steadworthy


Cahyl Steadworthy
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Âme soeur: Ais-je seulement le droit d'espérer? Ces sensations qui fleurissent en moi semblent m'indiquer que oui, j'en ai le droit.

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MessageSujet: Re: The noise of meaningless words [C.] - OVER   The noise of meaningless words [C.] - OVER Icon_minitimeJeu 24 Jan - 18:34

Bien des mois plus tôt, un évènement s’était produit, dans le parc du beau château de Poudlard. On m’avait fait un cadeau. Cela avait été une réaction spontanée, irréfléchie, remplie d’une bonté et d’une gentillesse que j’avais rarement vue chez les êtres humains. Hannah m’avait donné tout ce qu’elle avait sur elle, à cet instant, et tout ce que j’aurais eu besoin, si j’avais véritablement été malade. Sans le savoir, elle avait répondu à toutes mes attentes. Tout du moins, à toutes celles que je n’avais jamais osé espérer voir réalisées. Alors même que je ne la connaissais pas, et que, déjà, je la rejetai, elle m’avait tendu son cadeau, comblant mon cœur noir d’une lumière bienvenue. Une lumière qui n’avait cessé de s’accroître en moi, depuis que je la côtoyais. Elle avait été l’une des premières à m’offrir quelque chose, réellement, de tout son être. Evidemment, pour Noël, à l’orphelinat, nous recevions les quelques jouets usés que les gens voulaient bien donner, mais ce n’était pas du tout la même chose. C’était presque de la pitié que je lisais dans les yeux de nos surveillants tandis que nous ouvrions nos présents. Depuis le jour où j’avais compris que ces cadeaux n’en étaient pas réellement, je les détestais. Par la suite, j’avais vite refusé que l’on m’en offre, ils ne savaient pas ce dont j’avais vraiment besoin, et ce n’était certes pas de vieux objets usagers qui allaient faire mon bonheur. Ils avaient vite abandonné devant mon refus catégorique. Hannah, cependant, m’avait regardé avec compassion, avec angoisse, comme si elle se souciait véritablement de ce que j’avais, de ce que je pouvais endurer. Et cela avait tout à fait changé ma notion d’offrir. Ce n’était rien, ce qu’elle m’avait donné, mais pour mon âme et mon cœur, cela avait été énormément.

Aujourd’hui, quelque chose changeait, car c’était moi, qui tendais quelque chose à Hannah. Moi, qui tentais très maladroitement de lui faire voir qu’à mon tour, je voulais la réconforter, l’aider, et lui donner quelque chose, de tout mon être. Cependant, j’étais loin d’être doué. Les sentiments et moi n’étions pas très proches, et cela faisait trop peu de temps que je me familiarisais avec eux pour être à l’aise. Cette sensation étrange et brûlante qui montait en moi, par exemple, m’était totalement inconnue, et elle m’effrayait. J’essayais toutefois de la contrôler du mieux que je pouvais, en restant impassible. Non, pas impassible. Mon visage, certes, ne reflétait pas grand-chose, mais je m’efforçais de faire luire dans mes prunelles tout ce qui se déroulait en moi. J’avais besoin de la voir, j’avais besoin de voir ses yeux se poser sur moi. J’avais besoin de lui donner cette friandise, parce que j’avais besoin de me pardonner, de lui faire savoir que j’étais là et qu’elle était… oui… importante ? Dans ma main tendue se tenait la seule et unique chose que j’avais achetée et cela depuis plusieurs mois. Dans ma main tendue se trouvait un minuscule et, probablement, très ridicule cadeau de réconciliation. Mais pour moi, il voulait dire beaucoup. C’était peu, comme le petit mouchoir qu’elle m’avait un jour donné, mais cela signifiait énormément. C’était comme si je m’étais arraché le cœur de la poitrine, toutes mes sensations, mes sentiments, et que je le mettais sur ma paume ouverte, une offrande.

Je tremblais légèrement, ma main était secouée d’imperceptibles frissons qui me rendaient nerveux. A vrai dire, j’avais peur. Peur de sa réaction, à elle. Parce que je savais que chacun de ses froncements de sourcils agiraient directement sur mon cœur, et bien plus efficacement qu’un coup de poignard. Elle devenait ma seule et unique faiblesse, elle devenait la personne que j’aimais le plus. Et cela me rendait complètement impuissant, j’étais effrayé. Effrayé, mais également transporté par les sensations qu’elle faisait doucement naître en moi. Rien que de l’avoir en face de moi, et j’avais l’impression que mon cœur allait s’arracher de ma poitrine, pour aller flotter au grès des vents. Elle se retourna, et je guettai chacun de ses mouvements, essayant de décelé le moment où elle me renverrait violement. Je la sentis se tendre, tandis que ses yeux se posaient sur moi. Et là, ce fut pire que tout ce que j’avais imaginé : elle recula, comme si elle avait peur de moi. Le coup qui s’en propagea dans mon corps fut si violent que je faillis lâcher la friandise à terre. Cependant, je tins bon, et renforçait la force que je mettais pour élever cette sucrerie dans les aires, malgré la gravité qui l’appelaient à elle. Cette patacitrouille n’était pas pour la neige, mais pour Hannah, celle qui faisait fondre la neige, tout comme mon être. Mais, un deuxième geste de sa part, qui signifiait bien plus que le premier, termina d’enfoncer la dague aiguisée dans mon cœur : elle crispa légèrement ses doigts sur ses oreilles, comme si elle redoutait mes terribles mots. Terribles mot que j’avais craché quelques mois plus tôt. Je reculai à mon tour, prêt à m’enfuir en courant. Elle avait été blessée, je le voyais dans son regard, et dans tous les gestes qu’elle faisait. JE l’avais blessé.

Alors, j’eus réellement l’intention de partir. De laisser tomber cette patacitrouille, et mes bonnes intentions, et de m’en aller. De partir loin de ses yeux, traumatisés. Ces yeux qui semblaient m’accuser. Car j’étais coupable. Coupable de trahison, et de bien d’autres choses. Tout ce poids, qui s’était légèrement allégé ces derniers mois, sembla s’abattre avec plus de force sur mes épaules, et je vacillai doucement, mes prunelles dans le vague. Ma bouche était sèche, et je tremblais de nouveau, me rendant compte de tout le mal que je lui avais fait. Pourtant… pourtant au bal, elle semblait avoir repris des forces, et sa santé n’avait pas été mauvaise, je l’avais tenue dans mes bras, et elle n’avait pas parue blessée. Peut-être l’avait-elle habilement caché ? Je ne comprenais pas. Ainsi, cela l’avait plus ébranlé que ce que j’avais cru. Et cette horrible constatation me donnait envie de me terrer dans un trou, ou simplement de mourir. C’était ce que je méritais après tout. J’étais le seul capable de détruire une fille aussi joyeuse qu’Hannah. Je n’étais qu’une erreur. Une véritable erreur de la nature, un monstre. J’allais abandonner, partir. Et puis alors que j’entrouvrais délicatement les doigts, pour que la friandise tombe de ma main, elle disparut. Je relevai subitement les yeux, et croisai à nouveau les siens, haletant.

Sans hésitation, les sourcils froncés, elle écarte les pans du petit paquet, et se saisit brusquement de la friandise, visiblement choquée. Puis, elle fit un geste qui m’étonna fortement : elle chercha tout autour de moi, comme si elle souhaitait voir s’il n’y avait pas tromperie, ou alors si quelqu’un nous avait aperçus ensemble. Je restai un petit moment interdit, toujours transi par cette rencontre soudaine et pas mon geste inhabituel. Ma main était retombée, tandis que la sienne était toujours en l’air, la friandise sur sa paume, tourné vers le ciel. Les rôles s’étaient inversés, et pourtant, je me sentais toujours aussi mal. J’avais peur qu’elle me rejette, qu’elle laisse tomber la sucrerie dans la neige, qu’elle me tourne le dos, et qu’elle parte sans un mot. Passablement gêné par le silence qui s’était instauré entre nous, je relevai doucement les yeux. Alors, je rencontrai les siens, et mon corps frissonna de lui-même. Je tentai de cacher cette réaction trop étrange pour moi, et me contentai de contempler ses prunelles bleutées. Je ne voyais pas grand-chose, dans ces yeux. Tout du moins, je ne comprenais pas le maelström de sentiment qui s’y trouvait, tout comme je ne comprenais pas ceux qui voletaient gracieusement en moi. D’un geste un peu nerveux, je replaçai mes mains dans les poches de ma vieille veste en cuir, et fit un léger mouvement de tête pour remettre en place quelques mèches de cheveux, trop longues, qui me gênaient. Durant tout ce manège, cependant, je ne pus retirer mes yeux de son visage
.

- Euh... merci. Dit-elle à voix basse, quittant mon regard pour le loger sur la petite friandise que je lui avais achetée. Fébrilement, elle emballa de nouveau la sucrerie et la fourra dans son sac. Puis, en écho à mes gestes, elle rangea ses deux mains dans les poches de son gilet. Légèrement intrigué, je la regardai, faire, sans émettre le moindre son, essayant de rester totalement neutre. Je... la mangerais plus tard. Me dit-elle alors, et je lui offris un sourire imperceptible en réponse. Elle m’avait parlé, elle m’avait répondue, je ne m’étais attendu à mieux. Mon cœur fut libéré d’une partie du poids écrasant qu’il portait vaillamment, et je me sentis plus léger.

Après quoi, il y eu un silence. Horriblement gênant. Cependant, ce silence me permis de reprendre contenance, rien qu’un petit peu. Mes mains toujours dans mes poches, le soleil perçant de temps en temps les nuages, je la contemplai à la dérobée. Il me semblait ne l’avoir jamais vue, c’était comme si je la découvrais à nouveau. Je me demandai alors comment, les quelques semaines où nous avions été proches, j’avais pu ignorer à ce point les battements de mon cœur. Avais-je été aveuglé par quelques sortilèges ? Ou alors, était-ce à cause de mes mots, et de cette séparation si déchirante que je m’étais rendu compte combien… je m’étais attaché à elle. J’avais toujours voulu le contraire. La Chose m’avait terrorisé, et j’avais été complètement effrayé, parce que je pouvais si facilement la blesser, lui faire du mal. Ce que j’avais fait… mais pas de la manière à laquelle je m’étais attendu premièrement. Et puis, certaines choses avaient changé. C’était grâce à cet évènement que j’avais décidé de prendre la potion qui maintenait la Chose tout au fond de moi, me permettant de vivre plus normalement, durant les pleines lunes également. Puis, pendant les mois de séparation, de convalescence, mon esprit avait été torturé par le souvenir douloureux de mes cris et de son visage remplis de larme. Tout avait tant tourné dans ma tête, mes sentiments avaient tellement enflés en moi, que lorsque je la voyais, je ne pouvais m’empêcher de trembler légèrement. D’une part parce que je savais, désormais, que je lui avait fait terriblement mal, et d’une autre part parce que je commençai… peu à peu… à découvrir qu’elle prenait une place… soit... assez conséquente dans mes pensées. Pas seulement dans mes pensées, mais cela, j’avais encore du mal à l’accepter
.

- Ca va sinon ? Me demanda-t-elle un peu brusquement, tandis que je la fixais toujours, et une lueur anxieuse s’alluma dans mes prunelles. Il n’y avait vraiment pas de compassion dans ces paroles! Pourquoi y en aurait-il, de toute manière ? J’y avais même sentis une légère pointe de colère et de déception, ce qui m’hérissa les poils, réaction typique d’un loup brutalement remis à sa place. Cependant, je comprenais tellement se qu’elle pensait, ou du moins, se qu’elle devait penser de moi, du pauvre type qui l’avait lâchement abandonnée en lui hurlant dessus, que je ne pouvais lui en vouloir. Que devais-je être à ses yeux ? Une ordure, un monstre. Ces constatations firent tomber mon cœur, brusquement devenu de plomb, tout au fond de ma poitrine. Je pris néanmoins une longue respiration, et son léger parfum me parvint aux narines. Je souris très doucement, revigoré par cette odeur agréable. Qu’avais-je à perdre, de toute façon ? J’avais déjà tant perdu, quelques mois plus tôt. Je devais essayer, tenter encore une fois, de m’approcher. Je savais que cela serait dur, mais je savais que j’avais changé, et que certaines choses avaient changées en moi. Je m’approchai légèrement, gardant tout de même une distance respectable entre nous deux, de façon à ce qu’elle ne se sente pas agressée. Je lui souris doucement, timidement.

-Je vais bien, merci. Dis-je d’une voix neutre, tout de même réchauffée par mon précédent sourire. Je ne savais pas exactement ce que tu aimais, alors je t’ai pris ça. Dis-je en faisant un geste évasif vers son sac, où se trouvait la patacitrouille. Mais quand j’ai vu que tu regardais la boite, à l’intérieur, je me suis dit que c’était une bonne idée. Tu aimes ça ? Demandai-je finalement, gêné de parler autant, alors que d’habitude, c’était le contraire.

C’était vraiment trop étrange pour moi. J’avais, par habitude, un caractère réservé et silencieux. Depuis toujours, à cause des meurtrissures que la vie m’avait faites, j’étais renfermé. J’avais souvent entendu dire que j’avais autour de moi, pour me protéger, une carapace solide que je n’ouvrais que très rarement. Padma, me l’avait déjà dit à plusieurs reprises, mais elle devait être la seule à pouvoir la percer et la seule avec qui je restais le plus naturel possible. J’avais toutefois des limites. Car j’avais toujours été comme cela, l’orphelinat, la solitude, puis, la Chose m’avaient forgé ainsi: je n’aimais pas me livrer, d’autant plus que le secret que j’avais en moi était lourd à porter. Et puis, je ne m'étais jamais approché de personne, autrefois, car j’avais peur de les blesser, et parce que la Chose me retenait férocement. Alors cela me faisait tout drôle. Cela avait heureusement changé, mais mon caractère, imprimé fortement dans mon âme, ne s’était pas amélioré. Heureusement, Padma m’aidait à quitter cette attitude neutre et froide dans laquelle je m’enfermais si souvent. Avec elle, je parlais enfin, je riais parfois. Puis, Hannah avait réussi à me sortir très légèrement de cette coquille solide, jusqu’à ce que je décide de l’enfermer au-dehors, m’y enfonçant un peu plus. Et puis, il y avait eu la potion, et, en partie débarrassé de la contrainte impétueuse qu’était la Chose, j’avais commencé à revivre, à pouvoir me socialiser un peu plus. Padma en avait été la première heureuse: enfin, je lui répondais, enfin, j’étais avec elle. Évidemment, il me restait encore énormément d’effort à faire, de progrès également, je savais que j’étais bien loin d’être sympathique. Mais, j’avais de légers espoirs qui commençaient à enfler doucement en moi. Je regardai Hannah, et dans ses yeux, aspirai les forces qu’il me fallait pour parler à nouveau, pour briser le silence qui nous couvait, je tentai, encore :

-Et toi, est-ce que ça va ?

Je serrai légèrement les poings dans ma veste, ayant l’impression que j’en faisais trop, et que chaque parole ne ferait que l’arracher un peu plus à moi, car il grondait en moi, toujours, la peur sourde qu’elle s’enfuie.
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Hannah Blueberry


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MessageSujet: Re: The noise of meaningless words [C.] - OVER   The noise of meaningless words [C.] - OVER Icon_minitimeSam 26 Jan - 19:07


    Il était silencieux, évidemment, parce qu'il était comme ça, le plus souvent. J'aurais presque pu faire un tableau de statistiques quant à ses aptitudes, accompagné d'un graphique qui montrerait leur progression en dents de scie : forte tendance à la gentillesse au début de tel mois, puis atmosphère pesante et silencieuse deux semaines plus tard, avant un léger retour de sympathie peu après. Pour autant, Cahyl n'était pas réglé comme un papier à musique : si il était tourmenté, ce n'était pas régulier. J'avais... Bon, j'avoue avoir essayé d'y trouver une logique qui aurait expliqué pourquoi il me semblait si lunatique – et je comprenais soudainement le sens du mot, car les humeurs de Cahyl semblaient réellement évoluer en fonction des différents visages qu'arborait la lune. Il était lui aussi une lune dont la face lumineuse était la jovialité, et elle s'assombrissait progressivement tandis qu'elle s'effaçait au fil des jours jusqu'à se confondre avec l'obscurité de la nuit. Sa noirceur la plus totale, je l'avais vue lorsqu'il avait crié sur moi, enfonçant plus profondément la peine et le deuil que je portais dans mon cœur qu'il avait déchiré en petits morceaux comme une vulgaire feuille de papier. Ou même, de papier toilette, parce que c'est bien le papier le plus renié du monde, comme je l'avais été : une petite feuille pour s'essuyer les fesses et qui disparaît dans les égouts. Mon corps ne marquait pas facilement – pour preuve, la griffure que m'avait infligé Cahyl avait disparu bien avant le bal de Noël, et mon esprit non plus. Je ressentais toujours le poids de la tristesse sur mes épaules quand je songeais à Mamie Moira, mais celle liée à Cahyl passait avec le temps. Je me détachais du lien le plus fort que je m'étais si fortement évertué à nouer et m’efforçai de plaisanter au lieu de pleurer. Ça m'avait toujours paru marrant, « avoir le cœur brisé », comme expression, et un peu excessif aussi, parce que pendant longtemps, les phrases un peu pompeuses et métaphoriques comme ça m'inspiraient plus du rire que des larmes ; c'est drôle ce besoin qu'ont les gens de toujours tout dramatiser. Mais ce soir-là, sur les marches du château, j'avais réellement senti mon cœur se morceler, et les bouts de verre cassés entailler ma poitrine, et jamais je n'aurais pu soupçonner ressentir autant de douleur à cet endroit là, comme si je m'étais réellement ouvert la peau. Et puis Matthew avait recollé les morceaux avec sa super glu, et Aure avait tout cicatrisé avec sa présence, sa bonne humeur et ses Patacitrouilles, et désormais, plus je voyais Cahyl, moins la colère se faisait forte. Il ne pouvait pas véritablement disparaître comme il l'avait voulu et comme moi aussi je le voulais maintenant, parce qu'au départ, aveuglée par la déception, j'avais voulu ne plus le revoir, de ne plus croiser son regard haineux, et son teint trop pâle et ses yeux trop cernés et ses mains trop fines et sa veste de cuir trop vieillotte. Sauf que comme me l'avait raisonnablement dit Aure, nous étions dans la même école et vivions au même endroit pour encore trois ans, et je ne pouvais pas lui infliger ma haine tout ce temps, parce que j'allais plus me faire de mal à moi qu'à lui – et puis lui, ça lui était égal, il ne s'en souciait pas, il vivait sa vie comme un fantôme, comme une ombre, sans personne, et c'était tout.

    Non, en fait, pas sans personne. Il traînait toujours avec une petite Serdaigle, une petite indienne, et elle était bien trop petite pour supporter les drôles de ressentiments que j'avais envers elle : pourquoi il l'acceptait, elle ? Alors qu'elle ne souriait pas beaucoup, qu'elle ne parlait pas beaucoup, qu'elle ne semblait rien avoir de remarquable ? Pourquoi elle ? Est-ce qu'elle s'était pliée non pas en quatre comme je l'avais fait, mais en huit ? Est-ce qu'elle savait bien cuisiner ? Qu'est-ce qu'elle avait de plus ? Pourquoi avait-elle réussi là où j'avais échoué ? Pourquoi traînaient-ils toujours ensemble, pourquoi l'avait-il choisi elle et pourquoi l'avait-elle choisi lui ? Est-ce qu'ils étaient plus qu'amis ? Elle était jolie, pas beaucoup plus que d'autres, et son front était toujours orné d'un petit point rouge qui devait être lié à ses origines. Est-ce que Cahyl était attiré par les indiennes ? Il aimait l'exotisme, c'est ça ? Et les filles qui n'avaient pas d'amis? Et les filles plus jeunes ? - mais c'était injuste de reporter ma colère sur elle, alors j'avais arrêté après m'être aperçue que c'était injustifié. Elle ne méritait pas qu'une inconnue lui crache dans le dos parce qu'elle avait juste... Elle avait juste réussi. Et moi pas. Je l'avais déjà remarqué, avant, mais maintenant, ils me semblaient encore plus proches, ils étaient tout le temps à côté, tout le temps ensemble, parce qu'ils étaient dans la même maison, mais même, ce n'était pas une raison, et puis... Et puis quand je les regardais manger, d'un œil distrait, à la table des Serdaigle, il y avait toujours un moment où je croisais le regard d'Aure assise en face de moi qui me rappelait à l'ordre. Je me faisais du mal – et ce n'était pas dans mes habitudes. Si je me faisais du mal à moi, comment j'allais pouvoir remédier au mal des autres ? Alors je m'étais efforcée de moins les regarder, jusqu'à ce que mon attention ne se porte plus du tout sur eux. Il y avait juste ces moments gênants où je le croisais dans un cours, ou, pire, tous les deux, marchant et discutant dans un couloir – et si Cahyl excellait particulièrement pour éviter mes regards comme j'essayais de le faire, la petite indienne, elle, me regardait et me souriait. Comme si j'étais son amie. Je voulais bien que les amis de mes amis soient mes amis, comme le dit l'expression, mais puisque Cahyl n'était plus mon ami, elle ne pouvait donc pas l'être aussi, et pourtant, pourtant, elle avait toujours l'air sympathique. Je ne pouvais pas la détester, et, de toute manière, je ne le voulais pas : c'était débile, débilement débile de reporter ma colère sur quelqu'un d'autre. Heureusement, elle s'était évanouie – il y avait juste quelques traces qui subsistaient, et mes rêves pour me rappeler la douleur que j'avais éprouvée.

    Et quand je le voyais, là, comme ça, si près. C'était gênant. Et lui était gêné. Mais il l'avait voulu, il avait voulu me voir et me tendre une Patacitrouille, alors je l'affrontais du regard, un peu, une fois la surprise et la frayeur passée. Son geste était touchant et je ne pouvais rien faire pour ignorer l'émotion qui me prenait d'assaut. Je savais qu'en langage cahylien se geste signifiait beaucoup mais... mais je ne pouvais pas attraper cette Patacitrouille, la manger en souriant, et lui proposer d'aller boire un verre aux Trois-Balais comme si de rien n'était, non ? Il y avait une petite boule d'amertume et de rancœur dans ma gorge qui m'empêchait d'aller dans cette direction, et même de parler – mais je parlais, finalement, redoutant sa réaction. Il me regardait et je le regardais et je vis, parce que je le connaissais bien, maintenant – je le connaissais toujours, que je le veuille ou non – qu'il semblait être dans sa tendance « gentillesse et sympathie ». Si je n'avais pas réussi à découvrir une explication à ce phénomène de changements d'humeur fréquents parce qu'ils ne se produisaient pas, par exemple, à la même date chaque mois, ce que j'avais pourtant cru un instant, j'étais désormais convaincue qu'il passait quand même par comme... comme des « phases », même irrégulières. Il y avait la phase sympathique, la phase bavarde, la phase fatiguée, la phase ronchonne, la phase silencieuse, la phase... J'arrêtais l'énumération que j'effectuais dans mon esprit, parce que je prenais conscience que si l'essentiel m'échappait, je le connaissais plus que bien, et c'était mauvais pour moi de m'attacher à ce que je savais – si je m'approchais encore d'un peu trop près, j'allais de nouveau me faire mal. Il allait de nouveau me faire mal.

    C'était pour éviter toute blessure supplémentaire que je lui adressais la parole d'un ton qui ne me ressemblait pas, et qui, pourtant, n'était même pas forcé, comme si mon corps se défendait seul et de manière automatique. C'était drôle. Alors que j'avais tout fait pour détruire chacune des barrières qui me séparaient de lui, j'en étais maintenant à l'origine. Pour la première fois, je construisais une barrière et ne me sentait pas entière ; je n'étais pas entière parce que ce n'était pas vraiment moi, qui questionnait Cahyl seulement par politesse, de ce ton si neutre, et parce que ce n'était pas vrai, ce qui se passait entre lui et moi. C'était du jeu. Le jeu auquel tant de gens jouait : celui où les gens se forcent à se parler, et évoquent les banalités du quotidien pour avoir un sujet de conversation, et veulent fuir mais restent sur place, et sourient alors qu'ils n'en ont pas envie, et disent qu'ils vont bien alors que ce n'est pas vrai. Rien ne m'obligeait à jouer, mais j'étais incapable de montrer les véritables ressentiments qui m'animaient, parce qu'il me semblait si touchant et fragile que... que voilà. Je ne pouvais pas m'enfuir en courant, mais je ne pouvais pas non plus le gratifier d'un câlin et faire comme si de rien n'était. Et je n'avais jamais fait de câlin à Cahyl, de toute manière, j'étais seulement montée sur son dos – et je réalisais que c'était le seul de mes amis que je n'avais jamais entouré de mes bras, alors que j'étais d'ordinaire de nature expansive et insouciante et que c'était une habitude et une marque d'affection. Je ne l'avais pas fait parce que j'avais voulu me plier à la nature de Cahyl, et il avait annihilé la mienne.

    - Je vais bien, merci, me répondit-il en souriant.

    Cahyl était silencieux et poli.
    Cahyl était aussi violent et brutal.
    Et moi, j'étais perdue.

    - Je ne savais pas exactement ce que tu aimais, alors je t’ai pris ça. Mais quand j’ai vu que tu regardais la boite, à l’intérieur, je me suis dit que c’était une bonne idée. Tu aimes ça ?

    - Tu sais bien que j'aime ça !, répondis-je en souriant avec plus d'entrain que tout à l'heure. J'en mangeais souvent en me cachant de la bibliothécaire quand on..., et je m'interrompais. Mon sourire se fana en une seconde. Il m'avait eu, avec ses mots et sa question et son sourire et son expression si gentille et je m'étais laissée emportée mais non, non, je ne voulais pas me rappeler les bons moments que nous avions passé ensemble, à faire nos devoirs. Il les avait piétiné. Je haussais les épaules. Enfin voilà, merci. Mon regard fixait désormais mes chaussures.

    Et maintenant ? Il fallait que je continue à jouer, par politesse, parce qu'il était poli aussi, et je réalisais que lui aussi se forçait peut-être parce qu'il se sentait coupable, un peu – et il partirait et disparaîtrait parce que ce qu'il voulait vraiment c'est que je « dégage », depuis la première minute, depuis mes premiers mots. Il m'avait offert un Patacitrouille et me faisait la discussion avec deux fois plus de mots que d'ordinaire : c'était évident, lui aussi jouait le jeu. C'était de la poussière. Je relevais les yeux vers lui avant de regarder la vitrine d'Honeydukes, à ma gauche, toujours aussi rempli, des élèves rentrant et sortant de la boutique. Il y avait trop de monde pour qu'il me crie de nouveau dessus sans faire de scandale et cette foule me rassurait. J'étais en sécurité.

    - Je... pensais pas te voir là. Tu viens souvent à Honeydukes ? Et toi il y a une friandise que tu préfères au fait ?, demandai-je, mais mon entrain de tout à l'heure s'était de nouveau évanoui, et ma voix me semblait horriblement plate.

    Ce n'était pas lui que je regardais en parlant, mais encore la vitrine – j'étais incapable de le regarder vraiment, véritablement, de plonger mes yeux dans les siens et de lui montrer ce que je ressentais vraiment, alors que tout était factice.
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Cahyl Steadworthy


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MessageSujet: Re: The noise of meaningless words [C.] - OVER   The noise of meaningless words [C.] - OVER Icon_minitimeSam 26 Jan - 21:50

Elle restait en face de moi. Mieux que tout ce que j’avais osé espérer, elle me répondait. Mon cœur, qui avait été sauvagement compressé, durant tout le temps où je lui avais tendu la friandise, recommençait à prendre ses aises dans mon être. Toutefois, la peur sourde qu’elle s’en aille sans prendre son reste était toujours palpable, et sans que je ne m’en rende compte, je m’y préparais intensément. Après tout, qu’est-ce qui la retenait ? Autrefois, je m’étais toujours posé cette question avec beaucoup de colère, me demandant pourquoi elle ne fuyait pas face à moi, et au caractère que la Chose m’obligeait à prendre. Mais aujourd’hui, tout semblait avoir grandement changé, et cette interrogation prenait une toute autre dimension. Un espoir se répandait un moi, ainsi qu’un sentiment bienfaisant, que je n’avais jamais ressentis l’époque. Cette question était à présent teintée de tristesse tandis que je réalisais que j’avais été détestable, et qu’elle pouvait très bien choisir de me quitter avec méchanceté, comme je l’avais fait. Pourtant, je n’étais plus tout à fait la même personne, depuis cet acte. Des mois s’étaient écoulés, lentement, et les cernes sous mes yeux s’étaient peu à peu estompés grâce aux nuits complètes que je parvenais à faire, tandis que la Chose étaient plongé de plus en plus profondément en moi, correctement muselée par la potion que je prenais à présent, tous les jours, avant la nuit fatidique. Les nuits, d’ailleurs, se passait avec beaucoup plus de facilité que quelques mois auparavant, car je gardais un contrôle partiel sur ses faits et gestes. J’étais bien sûr toujours aussi fatigué et terrassé lorsque je retrouvais mon corps véritable, mais ma conscience était énormément soulagée. De plus, j’avais pu apprendre, en seulement trois nuits, beaucoup plus de choses qu’en lisant les livres que contenait la bibliothèque. Car j’avais enfin pu voir la Chose à l’œuvre. J’avais pu observer à loisir chacun de ses muscles, de ses griffes et même de ses dents, grâce aux reflets que j’avais pu percevoir dans quelques immenses flaques vaseuses, tout en profondeur de la forêt Interdite. Ces expériences avaient été pour moi, un grand soulagement. Enfin, je voyais comment la Chose était faite, et qui elle était réellement. Car jusqu’à présent, à part quelques illustrations évasives, je n’avais jamais pu saisir sa monstruosité. Etrangement, je ne l’avais pas trouvée tant monstrueuse que cela, c’était certes une machine à tuer particulièrement efficace, mais cela était… impressionnant. J’avais presque honte de l’avouer, mais elle ne m’avait pas terrifié, comme je l’aurais cru.

En fait, pour la première fois de ma vie, j’avais pris conscience que je pouvais être terriblement fort. En observant la musculature fascinante de la Chose, je comprenais combien elle était puissante et pourquoi parfois, j’avais retrouvé des arbres couchés, totalement déracinés, sur le chemin de retour, après les Nuits. Je savais qu’elle était forte, je savais qu’elle était rapide, mais je n’avais jamais pensé qu’elle serait ainsi. Elle m’avait paru, pendant ces nuits, où j’étais resté conscient dans mon corps transformé, étrangement compréhensible, et proche. Je savais que cela devait être absurde, qu’on ne pouvait pas être proche d’un monstre qui prenait plaisir à tuer, et qui ruinait continuellement ma vie. Pourtant, elle était en moi, non ? Je partageais ma vie avec elle, que je le veuille ou non. Jusqu’à présent, j’avais toujours eu extrêmement peur d’elle, parce que je ne savais comment elle était. Mais de l’avoir vue, d’avoir été réellement dans sa peau, en toute conscience, me permettait de la voir sous un autre angle. J’avais moins peur, et surtout, il me semblait de plus en plus comprendre comment maîtriser la Chose. Ce n’était peut-être que des illusions, mais j’aimais croire à toutes ces améliorations positives qui se déroulaient autour de moi et en mon sein. Ma vision de la vie, et de ma malédiction changeaient, et même si cela était encore étrange pour moi, je m’en réjouissais grandement. Je n’étais plus autant oppressé, et les remords qui m’avaient si souvent tourmenté après les Nuits s’enfuyaient loin de moi. En somme, j’allais beaucoup mieux. Si un jour, quelqu’un m’avait dit que tout irais mieux, alors que la Chose était toujours en moi, je ne l’aurais certainement pas cru.

Sauf que ces transformations avaient été si soudaine et rapide, que mon esprit était toujours sauvage, et remplis des mauvaises pensées que la Chose avait semée, alors que son emprise sur moi était à son apogée. Doucement, j’apprenais à revivre, j’apprenais à converser calmement, sans regarder sans cesse autour de moi, sans me tenir la poitrine pour l’empêcher de sortir. Aucune douleur ne me prenait plus en pleine classe, et j’en étais presque vide. Cependant, c’était un vide terriblement agréable qui me laissait parfois euphorique. Enfin, je riais pleinement, enfin, j’apprenais à vivre en société. Mes journées à Poudlard devenaient parfaitement banales, et cela me convenait tout à fait. Je n’avais jamais rêvé à une plus parfaite vie. Mais… les cauchemars étaient toujours là, sanglants, me laissant aussi haletant et choqué qu’auparavant, et puis, les sensations horribles se cachaient toujours en mon sein, et il arrivait parfois qu’elles ressortent sans crier gare, me remémorant des choses que je n’aurais jamais voulues vivre. Et puis, malgré toutes ces bonnes nouvelles, il y avait une chose qui me laissait irrémédiablement triste : Hannah. Elle était la personne qui en avait le plus pâti de la Chose, et je ne me remettais toujours pas des paroles que j’avais prononcées, et du regard emplis de désespoir qu’elle m’avait lancé ce soir-là. Je savais que je ne m’en remettrais jamais. D’autant plus que depuis que je l’avais rejointe secrètement au bal, je sentais qu’au-dedans moi, se mouvaient des choses étranges, et que mon cœur battait un peu plus fort en sa présence. Je ne savais pas si c’était un sentiment qui découlait directement de mes remords, ou si c’était quelque chose de plus… de moins… quelque chose que j’avais un peu peur d’évoquer.

Je savais que j’étais coupable. Coupable de tant de chose, envers Hannah, et que rien ne pourrait totalement réparer ce que je lui avais fait endurer. Le monstre avait totalement pris la place de mon cœur, alors que je la regardais pleurer, et que les mots sortaient de ma bouche. Je devais la protéger de moi, d’autant plus que je connaissais la Chose, et que je savais combien elle pouvait faire du mal, et combien elle était forte –je l’avais vu de mes propres yeux-. Mais, je commençai à me l’avouer, j’avais besoin d’elle. Au début, cela n’avait pas été flagrant, car je découvrais de nouveau la sensation d’être –plus ou moins- libéré de mes chaînes. Et puis, elle m’avait très vite hantée. Maintenant que j’allais mieux, pourrait-elle rester à mes côtés ? Je savais que c’était totalement horrible, affreux, et que je méritais de recevoir des injures pour ce que je faisais : je revenais vers elle alors que tout allait mieux. Je n’avais pas grand-chose pour me justifier, et s’en était que plus pitoyable encore. Mais… mon cœur s’attachait à elle, et je crois que c’était l’une des raisons. Une autre raison, peut-être valable, était le fait que j’avais terriblement besoin de m’excuser, d’une façon et d’une autre. Et enfin, parce que je me sentais enfin capable de maîtriser un minimum la Chose, et la force qui croissait chaque jour en moi. Bien sûr, je n’en étais sûr, et des milliers de doutes fondaient sans cesse sur moi, me tiraillant de tous côtés. Je ne savais pas ce que je devais faire. C’était raison contre sentiments. Mais cette fois-ci, les sentiments avaient gagnés. La dernière fois, cela avait été la raison. Je ne savais quelle était la bonne solution. Parce qu’à mes côtés… même si la potion agissait, elle serait toujours en danger, et cela me tuait bien plus que toute autre chose.

Mais c’était trop tard. J’étais en face d’elle. Et je ne comprenais que trop bien les lueurs de surprise, et de colère qui se lisaient au fond de ses yeux bleus. Elle avait toutes les raisons du monde de me fuir, comme je l’avais sans cesse fait, ces derniers temps, ne trouvant pas le courage de la regarder vraiment, me sentant bien trop honteux pour une telle chose. Toutefois, j’avais enfin trouvé le moment, celui où les sentiments s’étaient infiltrés avec une telle force en moi, que je n’avais pu reculer, et j’étais venu avec elle. A présent, je n’avais plus aucune excuse, et je me devais de la regarder, puisque je lui parlais. Moi, qui parlais à Hannah, alors qu’elle se repliait dans une attitude de défense. J’en aurais presque ris tant les rôles s’étaient subtilement inversés. Autrefois, c’était elle qui parlait sans cesse, et moi, qui ne disait mot, tentant de contrôler mes pensées et les quelques instincts qui surgissaient en moi, toujours sur la défensive, quelle que soit la situation. Je savais que j’étais profondément pathétique, mais j’avais eu une telle envie de me retrouver à ses côtés encore, envie que j’avais beaucoup combattue, alors même que Padma m’encourageait à elle vers Hannah. Et aujourd’hui, j’avais céder à cette envie sans cesse croissante, et mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. C’était terriblement gênant, je ne savais quoi lui dire exactement, et je me sentais si étrange, tout tremblant, mais j’étais content d’être avec elle, simplement.


- Tu sais bien que j'aime ça ! Dit-elle avec entrain, parlant des patacitrouille. Une lueur de joie, s’était brusquement allumée dans ses prunelles, et je cru reprendre mon souffle. J'en mangeais souvent en me cachant de la bibliothécaire quand on... Elle ne termina jamais sa phrase. Le sourire qui s’était esquissé sur ses lèvres s’envola brutalement, et le minuscule moment de simple bonheur qui avait précieusement germé se brisa. Mon cœur se glaça dans ma poitrine tandis que son visage se fermait. Je la perdais. Enfin voilà, merci. Cela claqua comme une sentence, froide, concise, irrévocable. J’essayai d’attraper son regard, afin qu’elle voit tout ce qui s’y bousculait, tous les sentiments qui s’affrontaient en moi, et surtout, combien j’étais désolé. Je voulais lui montrer que j’étais prêt, cette fois-ci, et que je voulais repartir à zéro, avec elle, reconstruire quelque chose. Sauf que mes espoirs s’envolaient un à un, et je ne voulais me bercer d’illusion : elle ne voudrait probablement pas reconstruire quelque chose avec celui qui l’avait profondément blessée. Je n’étais qu’un monstre, qui voulait d’une amitié avec un monstre ? Tandis qu’à nouveau, je réalisais cela, je serrais mes poings sur le cuir de ma veste, tentant de juguler la peine que cela me causait.

- Je... pensais pas te voir là. Tu viens souvent à Honeydukes ? Et toi il y a une friandise que tu préfères au fait ?

Je souris doucement, et relâchai légèrement la pression que j’avais imposée à mes doigts, relevai la tête, et la fixai. Cependant, je ne parvins pas à capter son regard car elle gardait ses prunelles rivées sur la vitrine. A mon tour, légèrement déstabilisé, je plongeai mon regard vers les innombrables friandises, mises en valeur par les nombreuses couleurs chatoyantes de la boutique. Mal à l’aise, et parce que je n’aimais pas la voir ainsi, en train de m’éviter et se retenant simplement de me parler, je me rapprochai d’un pas. J’essayai d’avoir son attention, qu’elle me parle, juste, qu’elle me parle comme elle le faisait avant. Sauf que je savais pertinemment que cela était impossible. Jamais, elle ne me regarderait, me parlerait comme elle le faisait autrefois, avant que je ne lui crache ces horribles mots au visage. J’étais désemparé. Comment lui faire comprendre que je changeais, -doucement, certes-, mais que je revenais vers elle, pour de bon ? Elle ne le comprendrait pas, je savais que c’était perdu d’avance, mais je voulais essayer. Parce que je n’étais pas prêt à renoncer, parce que mon cœur me dictait une toute autre conduite que ce que ma tête faisait. Et, je choisissais de suivre ce que me disait mon cœur, car à cet instant, il me semblait bien plus fiable que toute autre chose. Mais, elle me fuyait, consciemment. Elle ne voulait pas de moi, ou alors, elle n’arrivait pas à croire que j’avais changé, que la Chose n’était plus vraiment là, et que j’étais maître de moi-même. Je pris donc le parti de continuer à parler, comme je l’avais fait, bien que cela me coûte.

-Non, je n’y étais jamais allé jusqu’à maintenant, je n’ai pas beaucoup d’argent à dépenser, mais je dois avouer que cette boutique est plutôt sympa. Mais, je n’ai pas goûté beaucoup de friandise, alors je ne sais pas encore laquelle est ma préférée.

Je jetai un autre coup d’œil à la vitrine, essayant d’évaluer laquelle de ces sucreries semblait la plus appétissantes. Sauf que vu ainsi, elles me semblaient toutes particulièrement gouteuse. Toutefois, je ne comptais pas parmi les personnes qui dépensaient leur argent dans ce genre de choses futiles, ainsi je ne gardai pas plus longtemps les yeux fixés sur l’échoppe. Après quoi, je relevai de nouveau les pupilles vers elle, espérant qu’elle les auraient également tournées vers moi, sauf que ce n’était pas le cas. Elle m’échappait, elle s’en allait. Elle ne voulait même plus me regarder lorsqu’elle parlait. Peut-être que je n’étais devenu pour elle qu’un poids, quelque chose qu’elle souhaitait absolument oublier, et qu’en venant ainsi vers elle, je la dérangeais plus qu’autre chose ? Oui, peut-être que c’était cela. Elle ne voulait plus de moi dans sa vie, car elle avait trouvé d’autres amis sur qui compter, des amis fiables qui ne la trahiraient pas comme je l’avais fait. Je n’étais plus rien pour elle. Alors que faisais-je ici ? Elle ne souhaitait plus me voir, plus me parler, je n’étais qu’une gêne. Qu'attendais-je pour la laisser? Je ne bougeai pourtant pas, refusant de croire à ces mots qui me semblaient terriblement faux. Ravalant toutes ces émotions qui me bouleversaient, je tentai à nouveau, maladroitement, de prendre la parole, juste pour la faire rester un peu plus, juste pour qu’elle me regarde.

-Tu as déjà commencé le devoir de potion ?

Pathétique.
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Hannah Blueberry


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MessageSujet: Re: The noise of meaningless words [C.] - OVER   The noise of meaningless words [C.] - OVER Icon_minitimeSam 2 Fév - 17:23


    Ce qui était le plus difficile, encore plus encore de l'avoir sous mes yeux, à quelques pas de moi, c'était de me contrôler, ce que jamais, jamais je ne faisais d'habitude. Je ne réfléchissais pas, parce qu'il y a avait toujours une sorte d'excitation qui me portait vers l'avant, et elle me faisait immédiatement parler et agir. « Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler » était sans doute la phrase que mon père m'avait le plus dite de toute sa vie, parce qu'il était celui qui était le plus exaspéré par mon manque de concentration et de sagesse dans ma famille. Si la plupart des gens trouvaient ça marrant, mon père, lui, estimait ça agaçant, et avec toutes les personnes rencontrées à Poudlard en quatre ans, je pouvais aujourd'hui clamer qu'il n'était pas le seul. Mais je ne lui faisais pas le plaisir de dire dans mes lettres qu'il avait raison, que mon attitude de petite fille hyperactive en avait dérangé d'autres, parce que je détestais admettre quand papa avait raison. Pas pour mon orgueil – je n'étais même pas sûre d'en avoir – mais pour le sien. J'étais convaincue qu'il allait gonfler de contentement jusqu'à s'envoler comme un ballon dans le ciel si je lui avouais que ma nature me jouait des tours et qu'en effet, j'étais bien trop dissipée pour mener une vie sociale normale et blablablibobublabla. Si Matthew m'avait dit que c'était impossible, que les gens ne se mettent pas à voler comme des ballons, j'avais bien trop entendu l'histoire d'une femme qui avait gonflé et gonflé jusqu'à décoller du sol pour en être aussi sûre que lui. De toute manière, plus Matthew grandissait, plus il devenait terre-à-terre, parce qu'il jouait à son grand adulte respectueux, forcément, et si mon père appréciait que Monsieur devienne tout à coup un jeune responsable et re-blablablibobublabla, c'était beaucoup moins marrant pour moi, parce que, du coup, comment on allait jouer à la Sorcière et au Magicien, si il n'y avait plus que la sorcière de disponible ? Et puis, ce n'était pas de ma faute, ce n'était pas comme si j'en faisais exprès, si je voulais embêter mon monde, c'était juste... comme ça. Mais papa voulait que tout soit réglé comme l'épaisseur du papier-toilettes : il fallait que ce soit comme ça, et comme ça, et comme ça, et ainsi, ça allait fonctionner. Mais je sais qu'on ne peut pas contrôler des gens comme la mécanique d'une montre, on accepte le « tic-tac » qu'ils font, et on les aide à se réparer quand ils sont cassés.

    Si papa voulait changer le tic-tac que je faisais, j'acceptais ceux de tout le monde, contrairement à lui, parce qu'on ne peut pas changer les gens : mais je réalisais que c'était peut-être ce que j'avais essayé de faire avec Cahyl ? Qu'au lieu de juste lui apporter une présence réconfortante, parce que même si il le cachait, ça se voyait que quelque chose n'allait pas, et il était orphelin, et ça me révoltait et je voulais lui donner un papa et une maman en claquant des doigts pour que son visage soit plus souvent illuminé de ses rares sourires ; au lieu de l'aider, j'avais voulu sans me rendre compte le changer un peu, et il l'avait mal pris ? Je savais que ça avait un rapport avec ma trop forte présence : je m'étais trop introduite dans sa vie, et forcément, à la fin, BOUM.

    Et normalement, quand ça fait boum, ça explose en petits morceaux ou ça se désintègre, mais c'est définitif et on ne peut pas revenir en arrière comme Cahyl le faisait là. Je l'avais à portée de main, et je devais me contrôler pour ne pas le toucher et le prendre dans mes bras afin de m'assurer que c'était bien réel, même si il y avait toujours cette pudeur qui se dégageait de lui et qui m'empêchait d'être trop expansive. En un sens, Cahyl m'avait toujours un peu aidé à me contenir, sans qu'il le sache. Oh, il avait été comme tout le monde la victime de mon énergie démesurée et de mes bavardages et d'un tas d'autres choses dont il avait du être content de se débarrasser, mais il avait toujours su me canaliser, parce que ses paroles m'étaient si précieuses que je me taisais et ma bouche et mes pensées et même mon cerveau que j'éteignais avec un bouton OFF mental ne faisaient plus aucun son, et je sentais aussi mes gestes être plus doux, et finalement, il m'apaisait. Et j'avais réalisé tout ça après l'avoir perdu. Et j'avais envie de me mettre des claques pour avoir découvert l'importance qu'il avait seulement récemment, alors que nous avions déjà passé déjà tant de temps ensemble – la bataille de nourriture dans les cuisines restait même un des meilleurs souvenirs de toute ma vie. Parce qu'il avait été important et que je ne pouvais l'empêcher de ne plus l'être, comme lui avait si bien su passer du stade « amis » au stade « inconnus », je voulais le toucher, lui sourire, lui parler franchement, et le retrouver, que tout soit comme avant. Je ne pouvais pas retrouver la vie que je menais de manière insouciante avant que tout soit chamboulé, en Décembre, mais récupérer Cahyl était en reprendre une petite partie.

    Et il avait l'air si gentil, et si touchant parce qu'il était si pudique, et puis j'avais toujours aimé les traits de son visage qui avaient, j'ignorais comment, une sorte de pouvoir sur moi : soit, sous son regard, mon énergie était décuplée, soit au contraire, je m'adoucissais. Et de la douceur, c'était bien ce qu'il y avait dans ses yeux sombres, mais je ne pouvais pas les regarder, parce que sinon... sinon, j'allais me laisser faire fondre. C'était injuste, qu'il nous détruise à coup de marteau et revienne comme un cheveu sur une soupe et me fasse ça, comme ça, avec son visage et une Patacitrouille. Forcément, j'allais perdre la bataille ; alors je fixais la vitrine, résolue. De toute manière, il y avait quelque chose qui bloquait, quand même, dans mon estomac et dans ma gorge et dans ma tête. Parce que c'était douloureux qu'il me traite comme un petit caillou insignifiant, que l'on prend pour faire des ricochets avant de violemment jeter par terre et d'écrabouiller. J'avais toujours fait passer les autres avant moi de manière intuitive, mais là, je sentais que je pouvais pas : je n'avais pas le droit de le laisser estomper la douleur qui battait dans mon cœur, avant de nouveau le casser en mille-morceaux. Parce que ça faisait mal. Et peut-être que c'était parce que lui aussi avait mal qu'il était revenu, mais c'était le choix qu'il avait fait, et qu'il avait toujours fait et qu'il referait encore, même si une petite partie de moi voulait croire en un nouveau Cahyl qui ne serait plus la cause de cette souffrance là. Et puis, c'était vrai : j'étais trop faible. Cahyl pouvait faire de moi ce qu'il voulait, et c'était terriblement injuste. Il avait voulu être seul, j'allais le laisser seul. J'allais essayer de le laisser seul. Non, j'allais le laisser seul. Et j'allais prouver à Matthew que je n'étais pas la bonne samaritaine qui se laisse marcher dessus pour aider les autres à s'élever avant que le piédestal ne soit jeté à la poubelle.

    Je l'interrogeais par politesse, parce que j'étais polie, mais ça, je ne pouvais pas lutter contre, car c'était une des bases à la vie en société. Et Cahyl faisait obligatoirement parti de ma société, puisque nous étions dans la même école. Mon regard était faussement absorbé par la boîte géante de Patacitrouilles exposée dans la vitrine, mais je le sentis faire un pas et s'approcher de moi. Ma mâchoire se serra – je ne voulais pas de lui près de moi, parce que plus sa présence se faisait intense, plus le couteau remuait dans mes plaies. Et il me répondit, parce qu'il était poli, lui aussi.

    - Non, je n’y étais jamais allé jusqu’à maintenant, je n’ai pas beaucoup d’argent à dépenser, mais je dois avouer que cette boutique est plutôt sympa. Mais, je n’ai pas goûté beaucoup de friandise, alors je ne sais pas encore laquelle est ma préférée.

    J'eus un sourire contre mon gré : il n'avait jamais été aussi bavard, surtout quand je ne l'étais pas. Pour qu'il s'épanouisse, il fallait donc que je m'évanouisse. Il était bien plus à l'aise sans moi qu'avec moi ; peut-être que c'était son amie indienne qui avait réussi à l'aider, finalement, et que j'avais simplement servie d'introduction. J'avais au moins la consolation de lui avoir été utile à travers tout ces mois d'amitié, même ils avaient encore un goût un peu amer. Il parlait de lui et si rien n'avait changé, je lui aurais franchement souri avant de l'interroger plus, profitant de l'occasion rare que constituaient les moments où il se confiait et parlait de lui. Mais une cloche tintait dans mon esprit en criant désagréablement « trop tard trop tard trop tard ». Il était le Cahyl que j'avais espéré atteindre après que je sois partie. La voix de Matthew résonne dans ma tête et me rappelle ses conseils et les résolutions que j'avais juré prendre pour me remettre sur pattes, comme un chat agile : je ne flanche pas. Même si je le voulais, de toute manière, j'en étais incapable : plus il parlait, et plus ma jauge de tristesse se remplissait. Et la douleur revenait, aussi, parce que ça me faisait mal de le voir si... normal, après ce qui s'était passé. Alors, il était amnésique, c'était ça le problème, depuis le début ? Mais il s'était rappelé que j'aimais les Patacitrouilles, alors... Oh, et je recommençais, alors que j'avais promis à Matthew de ne plus chercher d'excuses aux gens à leur moindre faux pas, comme si ils n'avaient pas l'intention de se comporter comme ils le faisaient. Je me rappelais les mots que Cahyl avait prononcé, cette nuit d'hiver là, et la colère se joignit à la tristesse.

    - Tu as déjà commencé le devoir de potion ?

    Cette fois, je ne souriais pas : j'eus un petit rire nerveux. Un rire aussi jaune qu'un citron bien acide. Je retournais même mes yeux pour rencontrer les siens, les cendres de mon rire en un sourire tordu sur les lèvres. Il y eut comme une sorte de vide dans ma tête et dans ma poitrine, et quand tout revint à sa place avec une violence fulgurante, mes lèvres se délièrent, et je ne me contrôlais pas.

    - Alors c'est simple, tu t'en vas, tu casses tout, et tu fais comme si de rien n'était ? Je sais que j'ai des petits pois-chiches dans la tête et que je tourne pas rond, mais on peut pas traiter les gens n'importe comment. Ça me fait mal. Tant mieux si toi tu n'as pas mal, mais moi je peux pas.

    Je me sens de nouveau trembler, par la tristesse qui m'envahit et la colère qu'engendre l'impression constante qu'il se joue de moi, qu'il se moque, qu'il profite de ma faiblesse pour revenir à la charge et me narguer. Me parler comme si il n'avait jamais rien écrasé. Il le fait désormais exprès, maintenant, j'en suis sûre, tant il pousse la discussion à un niveau banal, comme jamais il ne l'a fait : et il choisit cet instant, alors qu'il m'a dit de dégager, qu'il ne voulait plus de notre amitié, pour ré-apparaître et revenir comme ça, purement et simplement. Mais je pensais qu'il le savait avant moi : rien n'est jamais pur et jamais simple. Si ses plaisanteries étaient volontaires, il se moquait de moi, et je sentis les larmes me monter aux yeux, surtout que j'avais bien plus tendance à pleurer depuis la disparation de Mamie Moira.

    - Désolée, murmurai-je sans pouvoir m'en empêcher. Parce que j'étais polie – et je me haïssais, en cet instant, de l'être, mais son expression dévastée et elle-même désolée m'arrachait cette gentillesse que je ne voulais plus lui donner. Je fourrais mes mains dans mes poches et détournais le regard avant de partir précipitamment avant qu'il ait eu le temps de réagir.

    Mes pas qui crissaient dans le reste de neige mourante sur le sol pavé du village étaient rapides et brutaux – je marchais sans direction consciente, aveuglée par la souffrance que Cahyl avait remis devant mes yeux. Consciemment ou pas, il l'avait de nouveau déclenchée, et je sentis ma main glissée dans la poche droite de ma poche se serrer sur la Patacitrouille que j'avais placé là et qui fût, en un instant, réduite en un petit pâté au creux de mon poing.

    - TERMINE -
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