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Rose écarlate. |Scarlett. Terminé

 
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 Rose écarlate. |Scarlett. Terminé

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Ophelia Ivanova


Ophelia Ivanova
Élève de 4ème année



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Localisation : Maman dit qu'il ne faut pas se confier à n'importe qui... Le Grand méchant loup rôde, d'après Perrault ! :D
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Particularités: Animagus non déclaré Panda Roux, princesse perdue dans la forêt à ses heures perdues.
Ami(e)s: Scott, Theo ♥
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MessageSujet: Rose écarlate. |Scarlett. Terminé   Rose écarlate. |Scarlett. Terminé Icon_minitimeLun 13 Aoû - 0:35

Lorsque l'horloge magique du Chaudron Baveur indiqua 19h, Ophelia sentit qu'il était temps de « battre en retraite », et de quitter le pub. Elle lança un regard à sa mère, qui comprit qu'elle allait s'en aller, et qui ne réussit pas à cacher son angoisse. Ophelia se doutait qu'elle craignait qu'elle refuse de la voir à nouveau, et Ophelia ne pouvait pas taire ses inquiétudes, car elle ignorait ce qu'elle ressentait à cet instant précis, elle se demandait elle-même si elle allait accepter – ou bien lui proposer – de la revoir. Cette discussion lui avait fait du bien, sans qu'elle sache réellement pourquoi car sa mère n'avait pas encore répondu à ses questions. Elle avait l'impression d'avoir plutôt passé l'après midi à lui parler d'elle, et elle s'en voulu. Elle s'en voulait de l'avoir laissé l'écouter alors qu'elle était venue ici chercher des réponses et non pas répondre en priorité aux siennes. Après tout, c'était son droit non ? Ce n'était pas Ophelia qui avait abandonné sa mère après tout, c'était l'inverse. Elle estimait donc avoir le droit à quelques explications. D'un autre côté, elle savait que si elle proposait à sa mère de la revoir, elle s'imaginerait tout de suite qu'elle lui donnait une seconde chance, et encore une fois, elle ne savait pas si elle était prête pour cela. Elle lui avait parlé de sa vie après le départ de sa mère, et elle l'avait écoutée sans trop l'interrompre, comme avide de chacun de ses mots. Alors, qu'est ce qui avait tellement fait du bien à Ophelia dans cette rencontre, elle qui avait vécu avec l'absence de sa mère sans vraiment s'y habituer car on ne pouvait jamais vraiment s'habituait au manque, mais en apprenant à vivre sans elle ?

__

J'étais perdue. Perdue dans mes sentiments, perdue dans mes doutes, perdue dans ma propre vie, plus que je ne l'avais jamais été de toute ma courte vie. Un peu engourdie, j'observais le lac sans vraiment le voir, assise dans l'herbe, en m'efforçant de faire comme à mon habitude, c'est à dire relier chaque chose que je voyais à une histoire que j'avais lue ou apprise, mais le cœur n'y était plus. J'avais l'impression de me forcer, de jouer un rôle. C'était fini, je ne pouvais plus reculer, alors que je l'aurais souhaité de toute mon âme. Quelque chose s'accrochait à mon cœur comme une sangsue et drainait tout mon sang, j'avais l'impression de m'étouffer dans ma solitude toute récente. Mes yeux parcoururent l'étendue d'eau qui me faisait face, comme à la recherche d'une bouée de sauvetage qui viendrait me sauver de cette vie que je ne contrôlais plus – Si un jour j'avais réussi à choisir ma voie.

I don't know where I am,
I don't know this place.


C'était un petit rien, un petit doute, un petit malaise qui m'avait fait me réveiller en sueur cette nuit là, je m'en souviens. C'était la dernière semaine avant les vacances d'été, le mardi précisément. Je n'étais pas rentrée chez moi depuis le bal et j'avais, contre toute attente, le moral à zéro, alors que je niais toujours ce qu'il en était. J'étais persuadée que papa et maman viendraient me chercher à la gare de King's Cross avec de grands sourires, qu'ils m'offriraient une glace et un tour dans la Grande Roue de Londres, et qu'ensuite on rentrerait parce que Londres c'était trop bruyant, trop peuplé, et que je n'aimais pas ça. Alors, en arrivant, je tomberais de sommeil, maman me ferait un chocolat chaud avec de la guimauve à l'intérieur, et me conseillerait d'aller me reposer. Elle m'aurait déposé un baiser sur la joue et papa sur le front, et j'aurais rejoins mon lit en sautillant à l'idée d'avoir deux mois à moi sans devoir retourner dans cet horrible château où tout le monde était méchant... A la place de ça, j'avais cette douleur dans l'estomac, cette boule dans la gorge. Je me souviens de ces dernières semaines comme d'une longue descente dans la mélancolie. Pour une fois, je ne me sentais pas hystérique à l'idée de rentrer chez moi, je me surprenais parfois le regard dans le vide. Je ne comprenais -ou ne voulais- pas moi même ce qui m'arrivait, et je mettais ça sur le compte des nombreux cauchemars qui commençaient à hanter mes nuits depuis quelques jours. Et ceux là, je me les expliquais en dévisageant les élèves qui me regardaient de travers lorsque j'étais assise dehors, au soleil, à lire les contes de Perrault, qui eux-même n'avaient plus la même saveur. Je m'en étais étonnée et j'avais tourné mes pages successivement à la recherche d'un je ne sais quoi, alors que je connaissais le Petit Chaperon Rouge par cœur. Je ne comprenais plus pourquoi le loup était si noir dans mon esprit alors qu'il avait toujours été gris, je ne comprenais plus pourquoi le Petit Chaperon Rouge avait cette manie d'être aussi agaçante lorsqu'elle ne reconnaissait pas sa grand mère. Pourquoi, par le caleçon de Merlin, le conte semblait ne plus m'appeler à grands cris ?

Don't recognize anybody,
Just the same old dirty face.


J'avais fini par abandonner mon livre au fond de ma valise, dans mon dortoir, le matin-même, et je m'étais efforcée d'y penser, à la place de vouloir l'ignorer, car je voulais croire qu'il me manquait, que j'avais honte de l'avoir si lâchement fait tomber dans cette valise sombre où j'aurai eu peur de vivre si j'étais de belles histoires. Mais je n'avais pas vraiment le choix, c'était soit le livre qui était fautif, soit quelque chose ne tournait réellement pas rond chez moi. Devinez ce qui était le plus rassurant ? Je fronçais les sourcils, me levais, et jetais une pierre dans le lac, de façon à ce qu'elle fasse des ricochets comme mon père me l'avait appris. Je me souvenais à cet instant de toutes les histoires qu'il m'avait raconté, de cette façon si particulière qu'il avait de rendre chaque chose plus belle qu'elle ne l'était. Avec moi, ça marchait toujours, je buvais ses paroles comme je dévorais mes livres, mon père était passionnant, et il avait toujours, toujours raison à mes yeux : C'était l'adulte, il savait.

See these people, they lie,
And I don't know who to believe anymore.


J'entendis un léger bruit derrière moi, et après un léger sursaut, je me retournais, m'attendant à voir mon amie qui m'avait donné rendez vous pas loin d'ici. Ce n'était qu'un chat, mais il avait été l'élément déclencheur, comme si je m'étais dit « Ah tiens au fait, Scarlett ! ». J'étais tellement perdue, tellement concentrée à vouloir imaginer comment mon père rendrait tout plus beau s'il était là, à chercher cet équilibre, cette idéalisation qu'il me transmettait depuis toujours que j'en oubliais le reste, jusqu'à travailler, et mes notes piquaient du nez, et ce n'était pourtant jamais arrivé, pour la bonne raison qu'à mes yeux tous les cours étaient intéressants. Je ramassais mon sac étrangement moins lourd depuis que mes contes n'y étaient plus – Seule une œuvre de Shakespeare traînait là, abandonnée elle aussi, oubliée, tout autant que j'avais l'impression de l'être. D'un coup de baguette magique, voulant lui faire la surprise, je créais une rose aussi rouge que les cheveux de Scarlett et la tint dans mes mains. J'avais alors vu le chat s'avancer vers cette étrange forêt qui m'avait toujours fascinée, et je n'avais pu m'empêcher de le suivre, cédant à la curiosité qui me tiraillait soudain. Je m'étais toujours demandé pourquoi cette forêt était interdite, car en apparence, elle me paraissait des plus belles, comme ces jolis bois où j'allais me balader parfois avec ma mère, à côté de la maison... Le chat s'approcha de la lisière, puis fit soudain demi-tour, comme si une barrière magique l'empêchait de se faufiler entre les arbres. Un peu bêtement, je laissais le chat s'en allait et tendais la main vers l'écorce du bois qui me faisait face. Un soudain sourire aux lèvres, je pénétrais dans la forêt enchantée, indifférente à l'idée d'y croiser des loups et des mangeurs d'enfants...

Il se produisit un phénomène étrange : J'oubliais. Plus j'avançais dans cette forêt, plus je me sentais légère, comme si j'étais tombée dans le Chaperon Rouge sans le méchant Loup qui rôde, j'aurai pu apercevoir des feux follets que je ne m'en serai pas étonnée et les aurait suivi sans me poser la moindre question... Je n'étais pourtant pas bien loin du parc, j'avançais plutôt sur le côté, mais la forêt à cet endroit semblait plus dense qu'ailleurs, si bien que j'ignorais même où je mettais mes pieds, seulement guidée par le bruit des branches qui se brisaient sous mes pieds... Il me fallut un instant, une seconde, pour qu'un hurlement sorte de ma bouche, et il naquit si vite que j'étais sûre que j'avais crié avant de savoir pourquoi. J'avais en réalité glissé, mais non pas sur des feuilles humides, j'étais tombée dans un trou profond, sombre.


- SCARLEEEEEEEEEEEEEEEEETT ! Hurlais-je en désespoir de cause, continuant à me battre pour sortir de ce pétrin. La logique aurait voulu que j'arrive à sortir de là, mais je sentais au contraire des branches, des plantes m’agripper de plus en plus fort en même temps que je me débattais, cédant à la panique. Des larmes coulaient sur mes joues et je continuais d'appeler à l'aide, n'importe qui, n'importe quoi, même mes parents qui étaient loin, mes parents qui m'avaient laissé, Scott qui ne m'aimait pas, Scarlett qui n'était pas là, Evodie qui me regardait de façon si dure, je suppliais même chacun des élèves du château se moquant à longueur de temps de moi de me sortir de là. J'aurais à cet instant tout donné, fort, fort, fort, pour ne plus jamais mettre les pieds à Poudlard, pour retrouver mes parents, alors que mes bulles d'illusions éclataient à nouveau entre les plantes qui atteignaient mon coup et serraient vraiment trop fort...


Dernière édition par Ophelia Ivanova le Mar 9 Avr - 22:38, édité 1 fois
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Scarlett Dawbson


Scarlett Dawbson
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MessageSujet: Re: Rose écarlate. |Scarlett. Terminé   Rose écarlate. |Scarlett. Terminé Icon_minitimeMar 14 Aoû - 13:24



You're the sky that I fell through
And I remember the view
Whenever I'm holding you
The sun hung from a string
Looking down on the world as it warms over everything

I can still feel your heart beat fast when you dance with me
We got older and I should've known (Do you feel alive?)
That I'd feel colder when I walk alone (Oh, but you'll survive)





On dit que l'on ne peut pas être malheureux quand viennent les beaux jours. C'était en partie vrai... L'air léger de ce mois de Juin nous mettait du baume au cœur et je n'étais pas la dernière à ressentir l'allégresse qui grandissait petit à petit au cœur du château. Les couleurs, les lumières, tout s'animait d'une lueur dorée; dehors le parc était plus beau chaque jour et la pluie qui était tombée en doses importantes au début du Printemps gardait éclatant le vert de l'herbe et fraîches les couleurs des feuilles et des fleurs. Le lac, comme toujours, était le point d'orgue du charme de ce paysage si sauvage, récoltant tous les éclats du soleil et éblouissant mes yeux à chaque fois qu'ils s'y perdaient un peu trop longtemps. Les alentours de Poudlard avaient toujours été ma partie préférée de l'école, jamais le château ne m'avait conféré cette impression de sérénité protectrice, alors que le lac, les fleurs du parc, les montagnes au loin, toute cette végétation et ces paysages à couper le souffle avaient un effet apaisants sur moi. Sans doute parce qu'ils me rappelaient le foyer, sa campagne environnante, nos longues après-midi dans la forêt ou au bord de la mer. Et c'était la beauté, la vraie beauté simple et à couper le souffle de la nature qui m'avait toujours inspirée avant tout lorsque je dessinais, j'avais commencé par-là, essayant de reproduire sur le papier du mieux que je pouvais ces spectacles magiques qu'il m'était donné de contempler.

Cette après-midi là je l'avais passée à me promener avec Haruhi, car il faisait trop beau pour que nous restions enfermées dans notre salle commune. Avec la fin de l'année, le rythme des notes s'était ralenti, et pour ma plus grande satisfaction nous avions de moins en moins de devoirs. Aussi étrange que cela puisse paraître, je m'étais - très légèrement - prise de passion pour les cours de Botanique, car lors de nos devoirs il nous fallait régulièrement dessiner les plantes que nous étudiions et tous les travaux que nous devions faire. Peut-être parce qu'en ce moment, les choses allaient légèrement mieux dans ma vie et que j'avais promis à Maman de faire des efforts pour que mes dernières années à l'école se passent le mieux possible pour moi, j'avais décidé de m'investir un petit peu. Je m'étais concentrée à dessiner très précisément et à rendre le devoir le plus clair possible, tandis qu'Haruhi se chargeait des tâches plus manuelles et plus... magiques. Nous avions eu une excellente note, quand le professeur nous avait rendu notre travaille le cours suivant. Il nous avait félicité pour la clarté de notre raisonnement et les croquis étonnamment bien faits. J'avais baissé les yeux et rougi un peu, sans rien dire, évidemment. Mais mon amie - qui n'était pas la meilleure pour rien - avait, bien malgré moi, évoqué mes "talents" de dessinatrice. J'avais regardé timidement Gabriel Sawyer, et lu dans ses yeux qu'il avait compris avoir trouvé chez moi une manière de m'intéresser à ses cours. Depuis, c'était à moi qu'il demandait de faire les dessins lorsqu'on faisait un cours, et il était même venu me montrer une fois un livre de Botanique particulièrement remarquable pour ses dessins. J'avais cru au début que ça allait me braquer et me faire retourner à la case où je me trouvais avant, mais rien du tout : je m'étais prise au jeu... Et je prenais plaisir à me rendre en cours de Botanique. Le temps guérit les blessures et apaise les vieilles colères...

Mon amie avait dû rentrer un peu plus tôt car elle avait des lettres à écrire, et si elle m'avait proposé de l'accompagner, j'avais refusé, bien trop assoiffée de cet air pur et beau, presque doré, qui me faisait un bien fou. Elle avait compris - comme toujours. Une fois seule, j'avais pris Nelly dans mes bras, car elle avait déjà beaucoup marché avec nous et ne cessait de s'assoir à mes pieds pour me faire comprendre qu'elle avait envie de se reposer. Elle avait très peu grandi depuis que Maman me l'avait offerte; elle était un chat de très petite taille et plutôt fine mais cela lui allait à merveille, car son poil gris perle et doux et ses petits yeux verts lui donnaient l'air d'une petite peluche. Elle se mit à ronronner, contre ma poitrine, et j'accélérais le pas, pour me rendre à l'un de mes endroits préférés : le grand pont. Il y avait quelque chose en cet endroit qui m'enchantait, au sens premier du terme, qui était si beau et si impressionnante... Et ce vide sous mes pieds me donnait le vertige, mais un vertige agréable, qui m'avait toujours un peu fascinée. Ce vertige c'était le même que quand je pensais à Ophelia ou que je passais du temps avec elle. Dans le gris de ses yeux je me noyais encore et encore, et s'il n'y avait pas sa voix douce comme une caresse et l'éclat de ses cheveux pour me réveiller à temps... J'aurais sombré depuis longtemps.

J'aurais? J'avais déjà, en vérité. J'avais sombré dès l'instant où je l'avais vue, tout en sachant pertinemment que je reproduisais le même schéma qui avait bien failli me tuer. Alors, j'avais tout gardé pour moi, j'avais rêvé d'elle en secret et bercé mon cœur d'espoirs et d'illusions, toutes plus douces les unes que les autres. C'était de plus en plus difficile, parce que j'avais beau me persuader que c'était bien mieux ainsi, que mes rêveries valaient bien mieux qu'une désillusion, jour après jour je me rendais compte que je vivais ces désillusions tout de même. Ophelia qui ne me parlait que de Scott, Ophelia qui ne me voyait pas comme je la voyais... Même si je savais que je ne pouvais pas lui demander de m'aimer comme je l'aimais, elle ne voyait rien, strictement rien, et mon amour était vain et cela me faisait mal au cœur parce que j'aurais voulu qu'elle voit comme il était beau.

J'inspirai profondément, accoudée à la rambarde du pont. Nelly dans mes bras somnolait, et elle leva à peine son petit museau pour humer l'air plus frais, avant de reposer sa tête sur mon bras. Son cœur tambourinait vite contre ma peau. Et le mien? Le mien ne savait plus à quoi se vouer, et je ressentis une légère pointe de tristesse, une langueur que je tentais pourtant de refouler parce que je ne voulais pas me donner le droit d'être malheureuse. Mais pourtant...

Je n'eus pas le temps de m'appesantir; après quelques minutes où je me perdis dans l'observation du paysage et où je regardais en bas, légèrement étourdie par la hauteur, j'empruntai le chemin du retour et traversai le parc pour me rendre au fond, pas loin de la forêt, où nous avions rendez-vous. Près de la lisière il y avait un arbre dont le tronc était emprisonné entre trois grosses pierres recouvertes de mousse, hautes, et nous nous en servions de siège; c'était souvent là qu'elle me donnait rendez-vous. J'arrivai et m'y installai, prenant garde à ne pas trop bousculer Nelly qui dormait cette fois à poings fermés - le rythme de sa respiration était régulier, et si je commençais à avoir un peu mal au bras, non pas parce qu'elle était lourde mais parce que mes mains étaient ankylosées, je n'avais absolument pas le cœur de la déranger dans son sommeil. J'attendais. J'attendais, mais quelque chose sonnait faux, parce qu'Ophelia était toujours, toujours ponctuelle, plus souvent en avance que juste à l'heure, et jamais en retard. Or elle n'était pas là et l'heure tournait, et je savais pertinemment qu'il y avait une raison, et je doutais qu'elle me plaise... Peut-être avait elle eu un empêchement, un autre rendez-vous, oh oui, elle avait sûrement croisé Scott dans les couloirs, et alors moi, tout de suite, mon importance était moindre... J'eus un soupir de lassitude, tandis que je commençais à me demander combien de temps je devais décemment attendre avant de rebrousser chemin. Mes yeux se perdirent dans le travail d'un petit groupe de fourmis qui tentaient de monter un morceau de branche le long de la pierre pleine de mousse.

Le parc était plutôt silencieux, car si il y avait des élèves un peu tout, il faisait chaud, et la plupart étaient allongés en petits groupes et discutaient simplement, profitant des rayons du soleil. Pourtant, j'entendis nettement un cri venant de ma gauche, sourd, étouffé par les arbres de la forêt, mais trop distinct cependant pour que je ne comprenne pas son effrayante signification :


- SCARLEEEEEEEEEEEEEEEEETT !

Il y eut quelques secondes où je ne pus rien faire, terrorisée. Un frisson me parcourut des pieds à la tête, tandis que Nelly dans mes bras s'était réveillée, surprise par mon sursaut. Elle eut un petit gémissement, tandis que je ne parvenais pas à détacher mes yeux de la forêt, les battements de mon cœur palpitants dans mes tempes. Envahie par l'appréhension je mis quelques secondes encore à me raisonner, puis je sautai sur mes pieds. Je laissai mon sac et Nelly à l'ombre, sur la pierre, lui murmurant l'ordre de rester là.

Et puis, sans réfléchir d'avantage, je m'élançais en courant vers l'endroit d'où, il me semblait, provenait le cri d'Ophelia - car c'était bien
sa voix, que j'aurais reconnue entre mille - le cœur tambourinant de peur et les gestes un peu désordonnés, mais qu'importe. Je m'enfonçai dans la forêt, à l'aveuglette, courant tant bien que mal, écartant les branches sur mon passage. Je l'appelai plusieurs fois, à mon tour, ma voix rauque tremblant mais qui se faisait forte parce que je voulais qu'elle m'entende :

- Ophelia !! Ophelia ! OPHELIA !

Je n'avais aucune idée où j'allais, et plus j'avançais sans but, plus la panique s'emparait de moi. Les branches des pins me fouettaient, les hautes herbes me piquaient les bras, les mains, alors que je les écartais inlassablement, ne m'attardant pas sur ce qui m'atteignait, ne pensant qu'à elle. Parce que son cri n'était pas un de ces cris que l'on lance pour inviter les gens à nous rejoindre, non, il indiquait clairement qu'elle avait un problème, et que je devais l'aider. Mais comment?! Où?! Je me sentais idiote, incapable, je courrais, j'avançais, je tournais, je regardais partout, je m'arrêtais parfois, écoutant les bruits sourds qu'il me semblait entendre, changeant de chemin. Je ne sais combien de temps cela dura, des minutes ou des heures, mais ce dont j'étais certaine était que ces instants furent les pires que j'avais vécu depuis bien longtemps. Enfin, par je ne sais quel hasard, grâce à moi ou pas, j'arrivais, guidée les dernières secondes par les cris plus forts d'Ophelia qui me donnaient l'impression que j'allais exploser car je ne la voyais pas et j'avais peur, si peur, d'écarter la dernière feuille et de découvrir la vérité, la terrible vérité !

Ce fut quand elle prononça à nouveau mon prénom que je m'arrêtai net - elle n'aurait pas crié une nouvelle fois que je serais tombée, moi aussi, dans le trou caché, à quelques centimètres de mes pieds. Je me jetai à quatre pattes, tout au bord, criant à mon tour :


- Je suis là, Ophelia !

Ces mots me soulagèrent le cœur, comme si ils étaient la preuve que j'allais réussir à la sauver. Je tendis les bras sans plus attendre, agrippant ses mains qu'elle tendait vers moi. Le contact de sa peau... Je n'eus pas le temps de m'y appesantir car j'étais bien trop préoccupée par l'urgence de la situation, mais il fut ma récompense après cette course dans le néant. Je tirai de toutes mes forces, m'aidant en poussant de mes pieds sur le tronc à côté de moi pour ne pas tomber à mon tour - rien n'y faisait. Je n'avais pas vu au premier abord, mais des sortes de... lianes?... s'enroulaient autour de ses jambes, de son corps, et la maintenaient prisonnière, et même, semblaient la tirer un peu plus profond... La panique reprit possession de moi. Et il me revint à l'esprit, comme une bulle que l'on éclate, ce dessin que j'avais fait, ce dessin d'une plante avec des lianes semblables, qui agrippaient ses victimes ainsi... Le Filet du Diable, il me semble, et dans mes maigres souvenirs je crois que ça n'engageait rien de bon... Oh, non...

Des larmes de désespoir et surtout de frustration, parce que je me sentais nulle, impuissante, stupide, roulèrent sur mes joues. Sans lâcher ses mains, je lui demandai, clairement paniquée :


- Qu'est-ce que je peux faire ?!




Risk it all cause I'll catch you when you fall
Wherever you go
If my heart was a house you'd be home

If my heart was a House - Owl City
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Ophelia Ivanova


Ophelia Ivanova
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MessageSujet: Re: Rose écarlate. |Scarlett. Terminé   Rose écarlate. |Scarlett. Terminé Icon_minitimeMer 15 Aoû - 1:44

Esfir pensa que le temps s'était écoulé trop rapidement ; Elle n'avait pas vu ces trois heures en compagnie de sa fille passer, et elle les voyait s'achever avec une peur sourde dans le ventre. Du genre de peur qui ne naissait habituellement que dans le ventre des enfants lorsqu'ils voyaient leurs parents s'en aller faire les courses et laisser leur enfant avec la nounou. Elle, elle n'avait jamais laissé sa fille à une inconnue. Elle s'était occupée d'elle d'arrache pied jusqu'à ses 13ans, elle avait souffert plus qu'elle encore lorsqu'elle s'était ouverte le genou sur les graviers devant la maison, avait appréhendé autant qu'elle son entrée à Poudlard, son cœur se brisait littéralement lorsqu'elle voyait Ophelia avec des larmes naissantes au coin des yeux, ce qui n'arrivait à l'époque presque jamais bien heureusement. C'était ça son problème : Elle aimait trop. Elle aimait Ophelia comme elle aurait du aimer sa vie, sa famille et la nature réunie. Elle l'aimait et cet amour les avait séparées pendant des années, créant une situation inacceptable. Esfir avait cru faire le bon choix en s'en allant, même si elle ne s'en remettrait jamais. Aujourd'hui encore, des années après, elle rêvait la nuit que sa fille l'appelait en pleurant dans son dortoir de Poudlard et qu'elle ne pouvait l'atteindre. De toute façon, Ophelia n'était pas de ce genre de personnes qu'on peut posséder, elle était comme l'eau qui glisse progressivement entre les doigts lorsqu'on essaye de la saisir. Elle n'appartenait désormais qu'à elle-seule depuis qu'elle avait pris sa vie en mains. Esfir avait cru la protéger, mais elle n'avait fait que la couvrir d'illusions qui avaient fait tout le contraire de l'aider, elle l'avait tant isolée qu'elle courrait tout droit vers la catastrophe. L'amour d'une mère pour son enfant était indestructible, à part. Esfir avait décidé de l'aimer comme elle l'aurait du depuis toujours lorsqu'elle était partie. Elle pensait se sacrifier, mais elle comprenait parfaitement qu'Ophelia lui en veuille, même si ça lui faisait si mal qu'elle y pensait sans arrêt depuis qu'elle était partie, son ancienne vie la hantant comme pour lui faire payer toutes ses erreurs.

__

Des années après, je me demandais encore comment mes parents avaient pu me « protéger » ainsi de tous les dangers de la vie pendant si longtemps. Cela semblait presque impossible, car la vie c'était ça, les erreurs, les échecs, les dangers, les chutes, afin d'atteindre le bonheur. Mais peut-être n'étais-je pas réellement heureuse, ainsi cloîtrée dans ma chambre comme une prisonnière volontaire, mais j'étais alors incapable de vous dire si je l'avais été, comme si j'avais subi un long lavage de cerveau. Je crois que je n'avais pas abandonné. J'avais toujours l'espoir que la vie ressemblait à réalité à tout ce que j'avais toujours connu et qu'il s'agissait uniquement d'une erreur. Mais c'était faux. Je m'enfonçais, comme je m'enfonçais dans le Filet du Diable, à force de croire que l'univers m'était acquis. Le pire, c'est que j'étais toujours déterminée à me croire invincible, à l'abri de tout, et ça précipitait ma propre perte. Si j'en voulais à mes parents ? Oui, peut-être, non. C'était difficile, de détester ses parents parce qu'ils vous avaient trop aimé, c'était la situation la plus complexe – ou presque- de la terre, lorsque vous étiez censé leur reprocher leurs erreurs en ayant de bonnes raisons, alors qu'ils avaient uniquement agit pour penser leurs propres blessures et pour ne jamais que j'ai à souffrir des leurs...

Alors que je m'enfonçais toujours, pourtant, je ne m'étais pas demandé pourquoi j'appelais Scarlett plus que mes parents qui me manquaient tant, plus que Scott que j'aimais Ô si fort, plus que toutes les personnes qui m'aimaient assez pour me faire mal. Je pensais à ses beaux cheveux rouges, et à ce regard qu'elle avait eu la première fois, lorsque je lui avais proposé mon aide en potions. J'étais trop naïve pour y voir un quelconque signe, je me disais que je pensais à elle parce que je savais que Scott était loin et que je refusais toujours de le voir et l'évitais – même si son aide n'aurait pas été de refus en cet instant -, parce que c'était plus facile de se dire qu'Evodie m'aurait laissée là plutôt que de chercher plus loin, parce que mes parents étaient occupés à arroser ensemble les plantes du jardin pour sentir que leur fille avait des ennuis et se précipiter dans cette forêt me sortir de là comme ils l'auraient du. Je me battais, et mon cerveau allait exploser d'une minute à l'autre. Je m'égratignais la peau à force de lutter, et plus les plantes se ressaieraient autour de moi et plus je manquais de souffle et luttais.


But there comes you,
To keep me safe from harm


- (paroles lointaines, puis) OPHELIA !

Un instant, je cessais de lutter, plus par surprise que par raison ou par désespoir. Je m'étais demandé si j'avais rêvé, ou si mes hurlements avaient bien fait venir quelqu'un, qui devait être Scarlett de ce que j'avais reconnu de sa voix. Déjà, j'entendais ses pieds courir sur le sol boueux, mais lorsqu'une plante me serra plus fort qu'avant, je poussais un nouveau hurlement, appelant à nouveau Scarlett au secours, désespérée, tous les membres de mon corps engourdis et à bout de force.

- Je suis là, Ophelia !

J'avais alors eu à nouveau envie de hurler, parce que j'avais peur, j'étais morte de trouille, j'avais plus peur que jamais, n'ayant jamais connu de telle situation. J'éclatais en sanglots, de gros sanglots s'écrasant sur les plantes, mais je ne savais plus vraiment pour quelle raison je pleurais. J'avais mal, partout, j'étais épuisée, j'étouffais, et je ne savais quoi faire. Scarlett me tendit ses mains et je cherchais à les saisir, mais j'étais trop profondément enfoncée dans le sol, et lorsque je frôlais enfin ses doigts et qu'elle m'attrapa avec toute la force dont elle était capable, cela ne suffit pas, et je restais là, avec ces plantes qui semblaient avoir compris et luttaient donc de plus belle. Je poussais avec mes pieds, et même si cela ne changeait rien, je refusais de lâcher les mains de Scarlett auxquels je m'agrippais comme on s'accroche à une bouée de sauvetage... Je repensais à la serre de la maison, et à cette odeur particulière que maman avait toujours lorsqu'elle revenait à la maison après avoir pris soin des belles fleurs qui s'y trouvaient. Enfant, j'aimais me blottir dans ses bras après l'avoir suivie jusqu'à la serre pour l'observer s'occuper des plantes avec un tel soin que cela m'émerveillait. Avant, je m'asseyais sagement dans un coin poussiéreux de la serre, là, juste à côté des roses, avec mon arrosoir d'enfant en plastique et ma poupée, et je me souviens que j'aurais pu rester là des heures, parce que ce petit coin, ma petite cachette, était à ce moment là comme un petit paradis, à l'abri, isolé, près de maman qui me souriais toujours entre deux plantations. Lorsque, lassée de ma poupée, je rejoignais maman pour l'aider de mes petites mains, elle avait donc cette odeur si particulière, comme si toutes les essences de chaque fleur s'étaient propagées dans son cou, sur sa peau, ses vêtements, ses cheveux. J'en gardais un merveilleux souvenir. Le Filet du Diable lui sentait la terre humide, et j'aurais voulu que maman soit là pour me montrer en quoi cette plante là était merveilleuse, ainsi peut-être aurais-je pu l'observer lui aussi pendant des heures, et non me retrouver prise au piège. Au final, je l'aurais gratifié d'un sourire, en aurais pris soin avec maman, et je lui aurais chuchoté des paroles d'enfants qui se voudraient rassurantes avant de retrouver les bras de ma mère...

- Qu'est ce que je peux faire ?!

Lorsque Scarlett prononça ses mots, je sortis immédiatement de mes souvenirs et de ma lutte, levant enfin mes yeux inondés de larmes vers elle. Elle aussi pleurait, c'était la première fois que je voyais des larmes de lumière sur ses joues et j'avais détesté ça dès l'instant où je les avais aperçues. J'avais lu sa panique dans ses yeux, et aussi étrange que cela puisse paraître, ça m'avait calmée, comme si je devais à tout prix me calmer pour qu'elle sache – ou qu'elle croit – que tout allait bien, -alors que c'était tout le contraire – et pour qu'elle s'apaise. Derrière le désespoir de ses yeux, j'avais aussi lu une détermination puissante, et je n'avais jamais vu cette lueur dans ses yeux depuis que je la connaissais. Elle avait réussi elle-même à me calmer, alors que j'avais tenté inconsciemment de l'apaiser moi. J'avais aussitôt pensé que le Choixpeau magique était vraiment... Magique. Aussitôt me revins mes connaissances précédemment disparues à cause de la peur qui me tiraillait les entrailles. Je cessais soudain de lutter, me souvenant que justement, plus on luttait, plus la plante attaquait. Aussi facile que cela puisse paraître, c'était vraiment une épreuve, car l'instinct de survie dictait toujours de se débattre, et les plantes ralentissaient leurs attaques si lentement que j'avais peur de m'être trompée de cours. Je me souvenais alors de leur point faible en apercevant la baguette de Scarlett dans sa poche, si profondément enfouie qu'on aurait pu avoir l'impression qu'elle était là uniquement parce que Scarlett se sentait obligée de l'avoir, elle ressemblait à un simple bout de bois présent pour décorer. J'ouvrais grands les yeux, et détachais mon regard de celui humide de Scarlett pour fixer la baguette magique. Je lâchais aussitôt ses mains.

- Scarlett ! Ta... Ta baguette ! Bégayais-je, toute endolorie. La... Lumière !

Déjà, je ne me sentais plus capable d'ajouter un mot, m'enfonçant de plus en plus. A présent, j'avais peur d'être ensevelie sous les plantes et de mourir là, étouffée, et d'être mangée par ces plantes... Qu'est ce qui m'avait pris de m'aventurer dans cette forêt ?! Je jetais un regard désespéré à Scarlett, souhaitant de toutes les faibles forces qui me restaient que Scarlett comprenne et que ça marche.


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Scarlett Dawbson


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MessageSujet: Re: Rose écarlate. |Scarlett. Terminé   Rose écarlate. |Scarlett. Terminé Icon_minitimeJeu 23 Aoû - 15:00



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Ses sanglots répondaient aux miens dans un méli-mélo de cris désespérés et de branches cassées. Ses mains entre les miennes, je les serrais si fort qu'il était probable que cela soit douloureux mais jamais je n'aurais pu les laisser glisser car mon cœur tambourinait si fort dans ma poitrine qu'une émotion supplémentaire allait le faire littéralement exploser. Je n'avais pas simplement peur parce que je ne savais pas quoi faire, ou que la situation m'effrayait parce qu'elle sortait de l'ordinaire. C'était une sensation effroyable qui me glaçait la chair et le sang, celle que l'on ressent uniquement quand on a peur pour quelqu'un et pas pour soi-même - en haut de la tour d'astronomie ce soir-là, oui j'avais eu peur face au vide, mais aujourd'hui, cela n'avait rien à voir. C'était comme si on m'arrachait quelque chose et que cette douleur aiguë ne me tuerait jamais pour que je vive avec... Je l'avais déjà ressentie une fois. Par quel miracle m'en étais-je relevée, c'était une autre histoire, mais j'étais certaine d'une chose : cela ne pouvait pas se reproduire une autre fois. Quand on panique on imagine toujours le pire et on manque de relativisme, mais que pouvais-je me dire d'autre alors qu'Ophelia s'enfonçait peu à peu dans les profondeurs du sol et que cette plante vivace et méchante risquait de l'étouffer avec la multitude de lianes qu'elle enroulait autour de son corps?! Mon corps tout entier criait son nom - mon sang qui battait fort dans mes tempes semblait répéter en boucle Ophelia, Ophelia, Ophelia, comme une rengaine qui n'aurait de cesse que quand je la serrerais saine et sauve dans mes bras.

Je tirai de plus belle, et j'avais trouvé des encoches où caler mes pieds entre deux cailloux qui ressortaient de terre, pour prendre d'avantage d'appui. Il m'aurait été impossible de faiblir un instant ou de relâcher mes prises mais malgré tout, je ne pouvais faire autre chose que de me rendre à l'évidence : mes forces ne suffiraient pas à la sortir de là. Elle se débattait, elle paniquait elle aussi, elle tirait sur mes bras, et moi je mettais toute mon énergie dans cette épreuve... Mais rien n'y faisait. Quel cauchemar, quel cauchemar d'être si impuissante alors que mon seul besoin était de la sortir de là, et que j'allais mourir si je n'y parvenais pas! Mes bras tremblaient sous l'effort, et tout mon corps également, secoué de décharges de tristesse et de peur. Combien de temps allais-je tenir?! Les larmes redoublèrent et coulèrent en flots sur mes joues; elles étaient amères et me brouillaient la vue, et plus que la panique c'était le désespoir qui entrait sa lame glacée en moi.

C'est à ma mère que je pensais, instantanément, parce que trop longtemps je n'avais eu personne à l'esprit quand je me sentais en insécurité et que dorénavant je savais qu'elle était là, tout le temps, et pour toujours. Cela m'aidait de penser : qu'aurait-elle fait? Elle n'était pas d'une puissance supérieure à tout mais il émanait d'elle une telle sérénité et une telle force tranquille que j'avais l'impression que rien ne pouvait lui faire obstacle. C'était sans doute dû à tout ce qu'elle avait vécu, au fait qu'elle ait été brimée trop longtemps et qu'elle ait dû puiser en elle le courage nécessaire pour se relever. Dès lors, elle était devenue comme... invincible, ce n'était pas clairement exprimé en elle mais c'était latent, et il y avait une aura autour d'elle qui en laissait présager. Je serrai un peu plus mes doigts autour des poignets d'Ophelia et fermai les yeux sous l'effort en demandant de toute mes forces à ma mère de m'aider... De me donner un signe... Qu'aurait-elle fait à ma place, il me fallait réfléchir, trouver la solution, nous étions dans la forêt interdite, nous étions seules, mais il y avait bien un moyen, ne disait-on pas qu'
une aide au château sera toujours apportée à ceux qui...


- Scarlett ! Ta... Ta baguette ! La... Lumière !

Je poussai un hurlement suraigu qui transperça les feuillage au-dessus de nos têtes et s'envola jusqu'au ciel; Ophelia avait sciemment lâché mes mains et la seule force de mes doigts ne parvint pas à la garder entre les miennes et comme dans les films, au ralenti, ses mains glissèrent, nos doigts seuls restèrent en contact, puis nos phalanges et enfin les bouts de nos doigts se détachèrent et elle tomba plus loin, dans la masse des lianes qui la serraient. Je me penchai en avant, tout au bord, cherchant des yeux son regard - pourquoi avait-elle fait ça?! Je la vis qui regardait ma poche et je suivis machinalement cette direction, me rappelai de ses paroles, de mon interrogation au sujet de ma mère, et je compris.

Là était la clef : la magie, et j'avais été bien bête de ne pas penser à elle, mais ce n'était pas illogique pour moi car nous n'avions pas beaucoup d'atomes crochus... Tant pis, je n'avais pas le temps de m'y appesantir, et, avec la ferme impression d'être la dernière des cruches, je fouillai dans ma poche mais ce n'était pas ma facile car mes mains tremblaient, mon cœur palpitait et mon souffle était court, et en sortis ma baguette. Elle me servait peu, la pauvre, et n'avais pas choisi la meilleure des maîtresses...

La lumière, la lumière, la lumière... Je forçai les rouages de mon cerveau à fonctionner à toute allure. Oui! C'était cela qui maîtrisait le Filet du Diable, la lumière, le feu, la chaleur! Je me rappelai des dessins, car j'avais dû justement dessiner un rayon de lumière et ça avait été problématique puisque le parchemin que Sawyer m'avait donné était déjà d'une couleur ocre jaunâtre.


- Oui, la lumière, balbutiai-je pour accélérer mes pensées, alors que je me redressai à demi, sur mes genoux, pour prendre du recul.

Je pointai ma baguette dans le trou et pour la première fois je ne pensais à rien d'autre qu'à Ophelia, et à la réussite de mon sortilège; je n'eus pas le temps de me dire que j'avais l'air ridicule ou d'être dégoûtée de mes propres pouvoirs. Toute ma concentration était là, intacte, et je prononçais d'une voix claire comme les professeurs avaient essayé de me l'enseigner :


- Lumos!

Il se passa une chose étrange dans mes bras, dans ma main puis tout le long de mon corps. Une douce chaleur, lisse comme de la soie et fluide comme de l'eau sembla se propager en moi lorsque le sortilège jaillit de ma baguette et pour la première fois le morceau de bois sembla tiédir entre mes doigts et appartenir au creux de ma main. Le rayon de lumière sortit du bout, droit, clair, et frappa le Filet du Diable au fond du trou, que je pointais, le bras tendu. Non sans fierté, je constatai que ma lumière faisait se ratatiner la plante, et qu'elle s'agitait comme si elle subissait quelque chose de très désagréable. C'était maintenant que je devais agir car si elle relâchait sa prise Ophelia serait délivrée, certes, mais elle resterait néanmoins au fond du trou et s’enfoncerait d'avantage, et il me serait difficile de la sortir de là. Je posai ma baguette par terre, à côté de moi, entre deux racines, toujours pointée vers le trou. J'étais pleine d'une vigueur nouvelle, car cette lumière avait éclairé d'avantage que ce trou sombre, il avait rallumé les bougies qui éclairaient mon espoir et je me sentais revigorée, portée par cet élan qu'il me fallait saisir. Je tendis à nouveau les mains pour attraper les siennes et cette fois la tâche me fut plus aisée, car quand je tirais de toutes mes forces il y avait nettement moins de résistance, et elle avait les jambes libres et pouvait s'appuyer contre la paroi pour m'aider et remonter. Par chance elle était fine et légère car je n'avais pas un gabarit très impressionnant; pendant quelque secondes nous luttâmes ensemble, et quand enfin elle put poser le genou sur la terre ferme, je la tirai en arrière une dernière fois et nous tombâmes toutes les deux, moi sur le dos, complètement essoufflée, elle à côté de moi, et si mon cœur battait la chamade et mon corps tout entier tremblait tout entier de la peur que j'avais eue et de l'effort que j'avais dû fournir, je ne pouvais m'empêcher de sourire et de rire à moitié, nerveusement, mais rassurée aussi.

Elle était sauvée.

Le sol tapissé de feuilles me paraissait être l'endroit le plus confortable du monde, et nous reprîmes notre souffle en silence. J'avais le visage tourné vers le ciel que j'apercevais entre les feuilles des arbres et rien ne me paraissait plus beau que cette vision; petit à petit, mon cœur se calma un peu et je fus en mesure de parler. Mes jambes me semblaient faites de coton, et je ne me relevai pas mais tournai simplement la tête vers Ophelia, cherchant ses yeux bleus-gris qui m'avaient tant inquiétée quelques secondes auparavant.


Tu as mal quelque part? m'enquis-je avec une point d'inquiétude. Plus rien n'importait, à présent, puisqu'elle était sauvée, que de savoir si elle était blessée et si il fallait oui ou non la soigner. Malgré moi ma voix était un peu faible, et je tentais de calmer les tremblements nerveux de mes muscles, mis à trop rude épreuve.
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Ophelia Ivanova


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MessageSujet: Re: Rose écarlate. |Scarlett. Terminé   Rose écarlate. |Scarlett. Terminé Icon_minitimeJeu 4 Avr - 11:00

Lorsqu'Ophelia et Esfir s'était quittées, Ophelia n'avait pu s'empêcher de se retourner en chemin. Esfir l'avait devancée, et leurs regards s'étaient croisés. On aurait pu croire à deux inconnues si elles ne se ressemblaient pas tant, là, au milieu de cette rue bondée de monde. Les Londonniens ne faisaient pas attention à elles, mais Ophelia s'en fichait. Elle fixait sa mère, et elle vit dans ses yeux de la douleur, beaucoup de douleur, et elle semblait tellement profonde qu'elle se demanda si elle n'avait pas toujours été là, cachée, qu'elle avait contenue tout ce temps, jusqu'à l'abandonner, même lorsqu'elle l'enlacait tendrement le soir en lui souhaitant de faire de beaux rêves quand elle était enfant. Mais ses yeux, tellement tristes, avaient réflété, Ophelia n'en avait pas raté une miette, un bref instant une lueur d'espoir lorsqu'Esfir avait vu sa fille se retourner elle aussi. Le temps d'une seconde, Ophelia fut tentée de se mettre à courir jusqu'à l'atteindre, et de la laisser l'enlacer à nouveau, comme lorsqu'elle était enfant et innocente, protégée de tous les maux du monde. Elle aurait voulu savoir que tout cet amour ne s'était pas envolé, qu'il lui était toujours dédié, qu'il y avait toujours ce lien particulier qui les unissait pour toujours malgré tout. Oui, le temps d'une seconde, elle fut tentée. Elle ne savait pas trop combien de temps ça avait duré, mais elles finirent par rompre le lien : Un Londonien un peu pressé bouscula Esfir par inattention, il lui reprocha de rester plantée là au milieu de la rue où il était déjà dur de circuler, et le temps qu'Esfir lui réponde, Ophelia avait disparue.

__

Is it just a game?
I don't know.


C'était drôle, parce que je repensais souvent à ce moment là comme l'un des souvenirs le plus brutal, douloureux de ma vie, mais aussi l'un de plus beaux, de ceux que l'on oublie pas, qu'on niche au coin de notre tête et auxquels on repense le soir, lorsqu'on a du mal à s'endormir. Celui là ne m'avait jamais fait faire de cauchemars, sauf peut-être les quelques mois qui suivirent. Je n'avais pas eu le temps de me rendre compte de ce qui s'était passé et était entrain de se penser, tout s'était bousculé tellement vite que j'en avais eu le souffle coupé. Je regardais Scarlett dans les yeux en ayant l'impression de la redécouvrir. Je me souviens parfaitement de la sensation que j'avais éprouvé, je me souviens de chaque détail de ce regard qui semblait être trop profond pour que ni elle ni moi ne le comprenne. Ce regard là n'avait duré qu'une seconde car je me souviens que j'étais trop gênée pour le laisser durer. Ma chute m'avait pourtant retourné les entrailles à tel point que ça avait été tel un déclic, peut-être le déclic de ma vie, celui qui m'avait sauvé, grâce à Scarlett, grâce -ironie du sort- au filet du Diable. Il m'avait semblé que la lumière qui était sortie de la baguette de Scarlett avait fait plus que de me sauver de la mort physiquement, j'avais l'impression de respirer un air que je n'avais jamais pris le temps de considérer à sa juste valeur car il m'avait semblé infini, immortel. C'était comme si je hurlais toujours, que mes poumons se libéraient, et j'entendais toujours au loin Scarlett m'appeler, comme si la forêt avait tellement été touchée par sa voix qu'elle avait décidé de la faire raisonner en écho plus longtemps que la normale.

Is it just a game?
I don't know.


- Tu as mal quelque part? M'avait-elle demandé.

Oui. Partout. A la tête, au coeur, j'étouffais, j'ai l'impression de renaître. Refait le, juste un instant, cris à nouveau mon nom, sauve moi. Ne me laisse pas. Voilà ce que j'aurais du répondre.

So homesick and confused
But I know I must play my part
When tears I must conceal


- Non, ça va, juste quelques égratignures, grâce à toi. Pause, silence. Je...

J'étais allongée sur le sol à côté d'elle pour reprendre mon souffle, et lorsque notre regard s'était rompu, je m'étais redressée en position assise. J'avais porté mes mains à mon cou, qui avait manqué tellement d'air quelques secondes plus tôt. Je tournais à nouveau la tête vers Scarlett, qui contemplait le ciel. Elle avait l'air bien plus soulagée elle aussi, à en voir son visage qui avait repris quelques couleurs.

- Merci, avais-je chuchoté. Tu es une vraie amie.

There comes you,
To keep me safe from harm


Quelque chose s'était retourné dans mon estomac lorsque j'avais prononcé ces paroles, sans que je ne sache sur le moment pourquoi. Je me souviens avoir mis ça sur le compte de la peur qui retombait, et je ne m'étais pas du tout attendue à la réaction future de Scarlett. Je ressentis à nouveau l'ampleur de ce qui venait de se passer. Je n'avais jamais été éprise de liberté, du fait du confort résultant de ma cage dorée. Je n'en avais jamais voulu, à quoi bon ? Jusqu'à maintenant. Je voulais soudain devenir un oiseau, voler de mes propres ailes, m'envoler loin pour ne pas avoir à vivre, subir tout ça, pour que personne ne m'atteigne. J'étais devenue un oiseau, little bird, mais je m'étais envolée sans comprendre le monde et je m'étais écrasée, j'étais tombée tête la première et Scarlett venait de me libérer du piège où j'étais tombée. Je n'étais pas prête et j'avais besoin d'une aide que mes parents n'étaient plus disposés à me donner. Maman m'avait tournée le dos, je pouvais m'en rendre compte maintenant, et encore une fois grâce à Scarlett, que je n'avais pas écoutée plus tôt. Papa se cognait sans cesse contre un mur et finirait par se casser le nez. Pourquoi s'acharnait-il à faire comme si de rien n'était ? J'avais besoin de lui moi, je ne pouvais plus faire comme si ma vie continuait d'avancer au son des oiseaux qui chantaient comme elle était belle, ce n'était pas vrai, ce n'était plus vrai. Je venais de manquer de mourir ! Mais... Pourquoi faisais-je comme lui ? Pourquoi est-ce que j'étais là à prier pour me réveiller alors que j'étais tombée et m'étais brisée les ailes ?


There comes you,
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MessageSujet: Re: Rose écarlate. |Scarlett. Terminé   Rose écarlate. |Scarlett. Terminé Icon_minitimeDim 7 Avr - 20:47




« I know you. I know you’re lonely.
I think you need someone to want you.
Well… I do want you.
So, be brave, and want me back! »



Au-dessus de nous s'étirait le ciel, que j'imaginais, plus que je ne voyais. Mais à bien regarder les feuilles des arbres, le dessin des aiguilles des grands pins de Poudlard et les petits morceaux gris et clairs, je me demandais peu à peu qui se détachait de qui. Le ciel ou les arbres ? Les arbres ou le ciel ? Si j'avais du dessiner cela, par quoi aurais-je commencé ? Je n'en avais pas la moindre idée, tout d'un coup, et sans doute que la peur que j'avais ressentie, l'impuissance, et les efforts que j'avais donné pour tirer Ophelia de cet horrible trou dans la terre me laissaient trop faible pour être en pleine possession de mes moyens. J'avais encore le cœur qui battait la chamade, les doigts légèrement tremblants, et ma bouche entrouverte aspirait avec régularité de grandes goulées d'air pour ré-oxygéner tout mon système. Le sol, contre mon dos, dur et frais mais bien tangible, me procurait un grand réconfort. J'avais l'impression d'être amarrée à quelque chose, d'avoir retrouvé à quoi m'accrocher fermement après avoir manqué un plongeon dans le vide. Pourtant ce n'était pas moi qui avais risqué cette chute, mais elle, mais cela revenait au même pour moi, constatai-je avec une petite pointe de tristesse. Cela revenait au même car j'avais pour Ophelia des sentiments profonds et sincères et que je n'imaginais plus la vie sans elle. J'aurais dû avoir peur, dès lors. L'histoire se répétait - après Kelsy, voilà qu'une nouvelle personne possédait de quoi mener les fils de mon cœur. Je lançai un regard à Ophelia. Mais elle n'était pas Kelsy : elle n'allait pas jouer avec ces fils jusqu'à les user et les briser, je le savais. Elle était trop douce et bonne pour cela. Elle aussi, couchée d'abord puis assise ensuite, reprenait ses esprits. Elle avait des feuilles dans les cheveux, qui contrastaient : les petits morceaux marron et vert foncé paraissaient hideux et sales dans ses longs cheveux d'un blond argenté. Je lui souris, à la fois pour la rassurer mais pour exprimer moi aussi mon soulagement. Entre mes doigts, je tenais toujours ma baguette, et m'en rendant compte, je ne la lâchai pas. Je ne savais pas quoi en penser, mais je ne pouvais pas nier qu'elle m'avait permis d'échapper au pire.

- Non, ça va, juste quelques égratignures, grâce à toi. Je...

Je poussai un léger soupir. Il n'y avait rien de plus important. Je comprenais de plus en plus ma mère qui m'avait expliqué, une fois que j'avais bien voulu l'entendre, combien sa vie pendant ces 13 années d'absence s'étaient résumées à imaginer ce que je devenais, ce que j'étais, où j'évoluais. Elle m'avait avoué que la pensée la plus agréable au monde qu'elle pouvait avoir, en se sachant loin de moi, était que j'étais en vie, simplement en vie et en sécurité... Je le comprenais aujourd'hui : en sauvant Ophelia, je réalisai que c'était bien tout ce qui m'importait. Pourtant de l'amertume commençait à naître en moi au fur et à mesure que je reprenais mon calme et mes esprits. J'avais pardonné à Maman, et il m'avait fallu du temps. J'avais accepté sa vie et ses erreurs, et j'avais reconnu son courage là où on pouvait lui faire des reproches, mais j'acceptai tout et je ne gardais que le meilleur - n'était-ce pas la seule solution ? C'était ce que j'aurais aimé transmettre à Taylord, après l'avoir vue en si piteux état. Les beaux souvenirs seront toujours plus forts que le reste, avec le temps... Aujourd'hui, quand je pensais à Kelsy, c'était comme une jolie petite mélodie un peu désuète mais qui rappelle des souvenirs passés, des souvenirs fameux et agréables, mais tamisés, parce qu'ils s'effritent un peu plus à chaque fois qu'on essaye de les rendre plus précis.

Mais cet amertume venait du fait qu'Ophelia faisait le chemin inverse de ce dont je m'étais toujours détournée. Si, puisque j'avais cru à un abandon volontaire de la part de mes parents, je l'avais accepté et j'avais regardé droit devant moi, pour découvrir qu'ensuite ce n'était pas exactement ça et qu'on m'avait plutôt arrachée à eux, et que la démarche de ma mère prenait alors tout son sens... J'avais l'impression, qui me rendait triste, qu'Ophelia elle se détournait après m'avoir connue et appréciée. Et je savais que je n'avais pas tous les droits de penser cela car elle ne voulait juste pas le même genre de relation que moi, quelque part je m'en voulais de lui en vouloir, mais mon petit cœur battait tant pour elle, pour ses sourires, sa petite voix et ses éclats de rire qu'il se brisait un peu plus quand je comprenais qu'elle ne voyait rien, rien de tout cela... Ce n'était pas illogique, d'autant plus qu'elle avait reçu une éducation assez traditionnelle apparemment. Même si je la savais ouverte sur beaucoup de choses, j'étais persuadée qu'elle ne s'était jamais posée la question, qu'elle ne s'était jamais demandé si elle pouvait aimer les filles ou non. Je l'avais compris tôt mais chacun évoluait à son rythme, je ne pouvais pas lui en vouloir pour cela, et quand bien même... Peut-être que cela n'arriverait jamais. Et à ces mots, j'avais envie de pleurer. Bien sûr que j'accepterai ces choix mais un infime espoir me faisait douter : et si ?... Et dans ces cas-là, je ne pouvais pas, je ne pouvais plus tolérer la manière dont elle ignorait mes sentiments.

- Merci. Tu es une vraie amie.

Je me redressai, un peu après elle. J'avais l'impression qu'on venait de me verser un seau glacé sur la tête, et que quelque chose avait changé autour de moi, que la Forêt Interdite était devenue l'horrible forêt des contes de fées, qui fait peur, qui est bien trop dangereuse. Je sautai sur mes pieds sans plus attendre, lissant mes habits nerveusement, tapant des pieds pour que les feuilles s'écartent de mes chaussures.

- Ah, mais, de rien, répondis-je d'une voix qui se voulait polie mais qui fut plutôt cassante malgré moi.

En réalité, jamais le mot "amie" ne m'avait fait si mal et ne m'avait paru aussi hideux.

Tout d'un coup, je pensais à Haruhi, je pensais à Taylord, à leurs conseils, et à la manière dont moi je les conseillais. Je pouvais bien essayer de les aider si je n'appliquais pas mes propres conseils ! Et toutes les deux, elle m'avait fait comprendre qu'il me faudrait bien un jour parler à Ophelia, pour mon propre bien. Tout en sachant très bien que je risquais gros. Mais j'en avais assez de craindre, d'espérer dans le vide. Encore une fois, j'avais la tour d'astronomie sous mes pieds et je regardais tout en bas, avec une désagréable sensation de vertige. Tant pis - j'allais sauter, on verrait bien de quoi la chute serait faite.

Je regardai Ophelia, me demandant pourquoi elle s'acharnait à ne pas comprendre. Elle s'était levée elle aussi et me faisait face et elle avait beau me sourire gentiment, je me doutais bien qu'elle comprenait que quelque chose n'allait pas. Puis je regardai ma baguette, comme si je l'avais regardée pour la première fois, et l'agitai suspicieusement en murmurant "Accio sac". Le sort fonctionna avec une facilité presque incongrue et une nouvelle fois une chaleur douce passa le long de mon bras, tandis que mon sac glissa dans les airs et vint se poser juste dans ma main. Je l'ouvris précipitamment, fouillai quelques secondes car les cahiers et les feuilles volantes s'entre-mêlaient, et en sortis une feuille d'entre deux cahiers. Soigneusement, je la lissai, la regardai une dernière fois - c'était le dessin que j'avais fait d'Ophelia, et que j'avais montré à Taylord. Ophelia était accoudée à une table et avait la tête tournée vers la fenêtre à côté d'elle, la lumière qui en émanait illuminait son profil et ses cheveux d'une nuée que l'on imaginait dorée, car le dessin était en noir et blanc. - et fis un pas en avant pour le fourrer entre les mains d'Ophelia.


- Tiens, c'est pour toi. Je l'ai fait il y a un bout de temps déjà. Ça me fait plaisir que tu l'aies.

En relevant les yeux vers elle, je me demandai alors si elle allait voir dans ce dessin tout l'amour que j'y avais mis pour le réaliser... Et il me vint une idée : puisque j'y étais, alors...

Je me revoyais dire à Taylord que j'avais peur qu'Ophelia soit dégoûtée, qu'elle me trouve folle, qu'elle ne me parle plus. Mon coeur battait la chamade dans ma poitrine : au moins, j'allais bientôt savoir. Alors, me hissant sur la pointe des pieds, je me penchai très légèrement en avant et, la peur au ventre mais emportée par un élan que je savais plus fort que moi, je déposai un baiser sur les lèvres d'Ophelia.

Ensuite, comme si ce contact m'avait brûlée, je reculai d'un pas. C'était à moi de jouer, à présent : ne lui laissant pas le temps de réagir, et ne me laissant pas le temps de reprendre mes esprits par la même occasion, car ce que je ressentais était à la fois puissant et indéfinissable, comme si j'avais été dotée de pouvoirs magiques supplémentaires, je lui dis calmement :


- Voilà, tu sais. Je ressens plus que de l'amitié pour toi, et j'ai envie d'être avec toi. Maintenant... C'est toi qui décide.

Je crois que j'étais soulagée... Ou peut-être que j'étais en train de rêver, impossible d'en être certaine. J'étais en tout cas certaine d'une chose : que si réponse il y avait, elle ne pourrait pas me la donner maintenant, tout de suite, car elle devait être trop surprise pour réfléchir. Un doute affreux revint à la charge et m'ôta tout courage supplémentaire ; je me détournai vivement et, serrant mon sac contre moi, me mis à courir en direction du château. A peine sortie de l'orée du bois, j'entendis Nelly miauler et se joindre à moi. Nous courûmes jusqu'au château et le souffle me manquait mais je continuais, pressée de trouver asile quelque part et d'enfouir ma tête sous les couvertures de mon lit. Les dés que je venais de jouer me paraissaient si peu fiables que j'en avais le vertige - seul le regard à la fois paisible et étonné d'Ophelia, qui ne me quittait jamais, me permettait de garder pied.




- The end -

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