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Ruby Standiford-Wayland Apprentie à Sainte Mangouste
Nombre de messages : 2205 Localisation : Cachée. Date d'inscription : 03/09/2011 Feuille de personnage Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. » Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. » Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »
| Sujet: ~ Grown up. [PV H.] Lun 10 Juin - 14:36 | |
| C’était maintenant une certitude : j’adorais la métamorphose – à vrai dire, c’était sûrement ma matière préférée après les potions. J’avais mis un certain temps à m’y faire cependant, car mes débuts avaient été un peu laborieux. Il m’avait fallu un moment pour comprendre que mon perfectionnisme pouvait me servir autant que me désavantager. J’avais dû me défaire de cette obsession du détail pour maîtriser les sortilèges, et une fois que j’en avais compris le fonctionnement, je pouvais me permettre de m’attarder sur le perfectionnement des transformations. Si je ne fonctionnais pas ainsi, je me laissais emporter par mes TOCs, par mon besoin que tout soit réglé au millimètre et je n’arrivais pas à me concentrer sur autre chose. Mon sortilège finissait toujours par échouer, parce que je m’étais attardée longuement sur l’incrustation des perles dans le pied du verre, et non la forme de celui-ci. Etrangement, c’était donc devenu ma matière la plus forte – après les potions évidemment – depuis que je m’étais relevé de ma rupture avec Hadrian, et que je commençais difficilement à cesser de boire… Et depuis, surtout, que je sortais avec Ewan. Ce qui avait déclenché le tout, probablement, c’était la crise de panique de Lizlor qui avait sonné l’alarme et m’avait donné l’envie de me battre. Petit à petit, j’avais compris que tout ne pouvait être parfait, ni moi ni ce que j’accomplissais, et mes craintes dans la matière s’étaient calmées. Je me souvenais d’ailleurs, même si cela remontait à janvier, à mon cours particulier avec Aria, une élève plus jeune de Serdaigle qui avait du mal avec le sortilège Gemino. J’étais celle qui devait l’aider, mais d’une certaine manière, le cours avait été à double sens. Il m’avait rappelé ce que j’oubliais trop souvent ; la recherche de la perfection pouvait être coûteuse.
J’avais le sentiment qu’il m’avait fallu un temps fou pour réaliser une si simple constatation. Encore aujourd’hui, j’avais du mal à me laisser complétement aller, mais je savais que ça resterait une part de ma personnalité. J’étais trop discrète, trop méticuleuse pour avouer facilement mes erreurs, et même pour m’en laisser faire. J’avais toujours ce besoin de contrôle, et quand je désirais être maitresse d’une situation, c’était de A à Z qu’elle devait être connue et comprise. Il suffisait de voir des détails aussi simples que ma tenue lorsque j’allais dîner chez Ewan. Il n’était pas simplement question de me faire belle, tout était dans les moindres détails, depuis mon vernis à ongle au trait fin d’eye-liner qui devaient être parfaits, sans oublier le pli de ma robe et les anneaux de mes boucles d’oreilles. Peut-être qu’au fond, je cherchais à assurer là où je le pouvais. Car du reste, et certains moments me l’avaient prouvé, je ne contrôlais pas grand-chose. Je me souvenais encore de mon souffle haché, de mes mains sur le torse d’Ewan, et de l’immense vague qui m’avait happé… J’étais soumise à une force supérieure dans bien des domaines. Peut-être que c’était ça mon principal problème… Je ne savais pas dans quelle situation me laisser aller. Même… Même lorsqu’il s’agissait d’alcool, je contrôlais presque mes actes, jamais mes envies qui parfois me murmuraient qu’une gorgée n’allait pas me faire de mal, qu’il fallait que j’arrête de tout maîtriser. J’avais l’impression que beaucoup de choses échappaient à mes résolutions, et que parfois ça me dépassaient assez pour se répercuter sur mes actes – lorsque la nuit, parfois, je faisais quelques pas dans le couloir vers les cuisines, avant de me raviser, le cœur tambourinant.
Mais les choses s’amélioraient, et si j’étais d’une certaine manière fière de moi, je savais que c’était dans les autres, dans Lizlor, Ewan, que je puisais mes forces. Eux deux, surtout, car c’était à eux que je m’étais le plus ouverte et confiée, et c’était eux qui l’avaient accepté. Je me souvenais encore très clairement de cette soirée où Ewan avait vu mes cicatrices, et même si je ne pouvais pas dire qu’il les comprenait totalement ou les acceptait, il ne me jugeait pas et faisait de son mieux pour m’aider. Personnellement, la honte rougissait encore mes joues, mais quelque chose avait changé. Peut-être que c’était mauvais de me raccrocher autant à quelqu’un, et à sa vision, mais les deux mots qu’il m’avait murmuré à l’oreille, deux fois, avaient suffi à me faire trembler et à m’envahir d’un bonheur intense, bien plus que n’importe quelle lame qui glissait sur ma peau ne l’avait jamais fait. Depuis cette nuit-là, je ne l’avais plus jamais refais. Peut-être que j’en avais eu envie, je ne pouvais pas le nier, mais je me raccrochais au reste. Aux vacances d’avril qui arrivaient, par exemple, et que j’allais non seulement passer avec Lizlor dans le Kent, mais aussi avec Ewan la deuxième semaine, et je ne voyais vraiment pas ce qui allait pouvoir gâcher ces moments qui se profilaient. Quand les choses se faisaient lourdes, je trouvais mon remède dans l’avenir qui m’impatientait, et ça me suffisait – presque – à faire des choses que j’aurais regrettées.
Mais pour le moment, les vacances n’arrivaient qu’en fin de semaine, et nos profs se chargeaient à leur manière de nous rappeler que nous n’avions pas encore fini les cours. La matinée avait commencé avec deux heures de Botanique, et maintenant nous enchaînions avec Métamorphose. Aujourd’hui, c’était Monsieur Prescott qui nous faisait cours… Ou devrais-je dire Phil, peut-être. Ça aussi, c’était un détail qui rendait la matière différente. Ce n’était pas qu’il était follement mignon et que comme toutes les filles de ma promo, je lui faisais les yeux doux… C’était qu’il était le meilleur ami d’Ewan. J’étais certaine qu’il savait qui j’étais, moi, parce qu’un matin lorsqu’il faisait appel, il m’avait observé un peu plus longtemps que d’habitude, et il avait eu un petit sourire entendu du genre ah-c’est-donc-toi, et j’avais rougi discrètement, me demandant ce qu’il pensait de moi, ce qu’il savait de ma relation avec Ewan, ce qu’il lui avait dit d’ailleurs… Les garçons n’avaient pas les mêmes amitiés que les filles, et ça m’étonnait que Monsieur Prescott – Phil, Phil, je devais m’habituer – avait réagi avec autant d’hystérie que Lizlor l’avait fait. Du reste, c’était toujours étrange de le vouvoyer, en pensant que le soir-même j’allais diner chez Ewan et qu’entre deux baisers, il me racontait des bêtises d’ado qu’ils avaient fait ensemble. Forcément, je ne voyais plus tout à fait mon professeur pareil, même si depuis le début, il ne m’avait pas paru très sérieux. Au final, il n’avait que 23 ans, ce qui ne constituait pas un écart fou entre lui et ses élèves les plus âgés. Ou peut-être avais-je appris à relativiser, depuis que je sortais avec un garçon qui avait 25 ans, alors que j’en avais 17, et que la chose ne me paraissait pas du tout étrange.
Un grand fracas de verre me tira de mes pensées, et je me tournai vivement pour voir d’où venait le bruit. Les autres élèves ne firent pas spécialement attention, la sonnerie venait de retentir et ils se précipitaient tous pour aller déjeuner, Liz la première qui au loin, riait avec Stephen et lui tirait la langue pour l’embêter. J’aperçus alors d’où venait la semi-explosion ; au milieu des jeux de coudes, Haruhi avait vraisemblablement renversé la moitié des fioles vides et des grimoires de l’étagère avec son sac, et j’entendais déjà Monsieur Prescott s’approcher en ronchonnant – il était vraiment de mauvaise humeur aujourd’hui. J’eus une demi-seconde d’hésitation. Qu’est-ce que ça me coûtait, qu’est-ce que ça changerait, pourquoi… Mais je tranchai rapidement, et avant qu’il ne remonte le flot des élèves, je m’étais déjà approché de la scène, passant devant Haruhi à qui je lançais un regard bienveillant qui voulait lui dire de ne pas s’inquiéter et que je m’en chargeai. Avec une grimace, je regardai les dégâts, avant de lever la tête. Phil venait d’arriver, et je vis ses yeux s’agrandir avant de se froncer.
- Excusez-moi Monsieur Prescott, je n’ai vraiment pas fait exprès… Je peux nettoyer ça, j’irais déjeuner plus tard, je suis vraiment maladroite… Mentis-je avec un petit sourire.
Je n’étais pas maladroite, n’importe qui dans la classe le savait, mais peut-être pas Phil et surtout… Ce n’était pas que j’étais intouchable, mais j’étais la petite amie d’Ewan, et je savais qu’il montrerait de l’indulgence. Je ne savais pas s’il avait peur que j’aille me plaindre de lui après, ce qui ne serait jamais arrivé de toute manière, mais alors qu’il ouvrait la bouche pour répliquer, je le sentis se raviser et il poussa un soupir en haussant les épaules. Il me demanda de remettre les choses en place et de fermer la porte en sortant, et il disparut à nouveau dans le courant des élèves en grommelant. J’eus un sourire satisfait. J’avais gagné quelques minutes de rangement en plus, mais je n’allais pas m’en plaindre, remettre en ordre les choses ne m’avaient jamais dérangé… Et puis, les livres de cette étagère n’étaient même pas classés par ordre alphabétique. N’importe quoi.
Je posai mon sac sur le côté et m’apprêtai à commencer à ranger, lorsque je réalisai qu’Haruhi était toujours derrière moi. Me tournant vers elle, je m’écartai un peu avant de lui adresser un petit sourire gêné.
- T’inquiète pas, je savais qu’il ne s’énerverait pas contre moi, j’en ai juste profité pour te sauver la mise. Expliquai-je, un peu hésitante. Je ne voulais pas qu’elle pense que j’avais l’âme d’une sauveuse prête à affronter un Monsieur Prescott en colère, ou que je voulais absolument me racheter auprès d’elle… C’était juste un acte un peu spontané, on allait pas passer des heures dessus – d’autant que je commençais à rougir, gênée. Tu peux aller déjeuner, je vais m’en occuper, tu sais que j’aime bien ranger les choses !... Achevai-je avec un petit rire gêné.
Je levai finalement les yeux vers elle. Allait-elle déverser son venin une fois de plus ? Rien n’était moins sûr…
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Haruhi Michiko Elève de 7ème année & Préfète
Nombre de messages : 2080 Date d'inscription : 07/06/2009 Feuille de personnage Particularités: Il me manque une case. Mais bon vu que quasiment tout Poudlard a le même problème, je m'inquiète pas! Ami(e)s: Scarlett, Taylord, Lilian (sniff) principalement. Trio de Gryffondor 8D Âme soeur: Tout raisonnement sur l’amour le détruit
| Sujet: Re: ~ Grown up. [PV H.] Mar 2 Juil - 16:15 | |
| Il suffisait d’un petit grain de sable pour tout enclencher et tout changer. Bien souvent dans ma vie, un évènement en avait entraîné un autre ; ça avait été le cas, un an avant. Le point de départ avait été le retour d’Elliott, qui m’avait complètement bouleversée, à un point que je n’aurais imaginé. Je me souvenais de ma dispute avec Lilian, puis tout le reste, qui s’était enchaîné sans me laisser de répit. J’avais cependant réussi à tenir parce qu’il y avait Scarlett et Taylord qui étaient là pour moi. Mais Taylord je l’avais trahie (ça avait beau faire longtemps, je me sentais toujours coupable, ça restait, comme une brûlure impossible à éliminer) et je l’avais vue tomber sans rien pouvoir faire. Elle était partie sans prévenir. Comme Daniel. Ensuite j’avais rompu tout contact avec Chuck en qui je ne croyais plus. Et histoire de parfaire le tableau déjà alarmant, il y avait eu l’arrivée de Ruby chez moi, et mon comportement à son égard : j’avais tout fait pour qu’elle renonce. Je pensais l’avoir à l’usure mais ça n’avait pas marché. Désormais ni l’une ni l’autre n’étions retournées à la maison, et j’évitais soigneusement son regard : je ne voulais pas non plus qu’elle voie le mien : je savais ce qu’elle y verrait : plus de haine désormais mais de la honte.
J’avais dû attendre longtemps avant que la roue tourne, et dans le bon sens : l’élément déclencheur avait sans doute été la réconciliation avec Taylord, celle que je n’attendais plus. Scarlett y était aussi pour beaucoup, son soutien et son amitié ne m’avaient jamais quittée : sans ma meilleure amie, je n’étais pas capable de grand-chose. Mon dernier bal avait considérablement arrangé les choses entre Elliott et moi bien que je n’ai pas apprécié son mensonge, mais je le connaissais et j’avais compris ses intentions. Depuis ce jour-là, nous nous voyons souvent, et je voyais que peu à peu il s’ouvrait à moi, ce voile, cette distance entre nous n’existait plus. Je ne savais pas ce qui allait advenir de nous, surtout après Poudlard, mais je tâchais de ne pas y penser : je préférais me concentrer sur ce que nous avions déjà. Je partageais mon temps entre lui, Scarlett et Taylord, je parlais de temps à autre à Megane ou Holly avec qui je m’entendais bien et que je voyais les soirs de ronde des préfètes. J’avais trouvé mon équilibre, que j’espérais solide : je savais comme c’était facile de basculer à nouveau.
Les ASPIC arrivaient à une vitesse qui dépassait l’entendement, ce qui m’inquiétait, en soit les révisions étaient gérables bien qu’intenses, les examens étaient sources de pression mais je n’étais pas mauvaise élève, c’était l’après qui m’effrayait. J’avais toujours vu ça comme quelque chose de lointain, mais ça se rapprochait et je n’avais aucune idée de où me diriger, à part que je savais que je serais fidèle à la sorcellerie. Je n’étais sans doute pas la seule. Poudlard était ma maison et Gryffondor mon foyer, j’étais même une de ses représentantes et plus que le titre, c’était la responsabilité qui m’importait. Je prenais mon rôle à cœur et je voulais que Meryl Kelsey soit fière de moi, sans avoir de grandes envies de célébrité, j’aimerais qu’elle se rappelle de moi et de ce que j’avais pu entreprendre pour la maison. Evidemment que mon cœur se serrait quand je pensais à la rentrée, qui se ferait sans moi, quand je pensais que Scarlett serait à Poudlard et moi non. J’avais néanmoins confiance en notre amitié, elle tiendrait la distance. Je ne voulais pas partir, mais je savais que les nouveaux arrivants ou ceux présents depuis trois, quatre ans faisaient aussi vivre Poudlard et donnaient de leur personne. Gryffondor ne manquaient pas d’élèves sympathiques, courageux, impliqués, ils avaient tous leurs qualités et c’était à leur tour de briller. Forcément j’étais particulièrement fière de ma promo, et les souvenirs de nos soirées, de nos cours ensemble me revenaient souvent en tête. J’allais en créer de nouveaux, c’est ce que je me répétais et ça me rassurait, même si j’ignorais encore quelle direction j’allais prendre.
En attendant il fallait travailler, et dur : le repos n’était pas au programme. Aujourd’hui nous avions cours avec Meryl Kelsey, justement, en tant que préfète je la voyais de temps en temps : elle était toujours disponible et aimait foncièrement ses élèves mais elle était rigoureuse aussi et il fallait plutôt se tenir à carreau avec elle : ceux qui l’avaient vue s’énerver le savaient mieux que personne. Un certain Monsieur Prescott était son assistant depuis des mois : il n’avait pas un caractère facile mais il n’était pas méchant. Les filles se pâmaient devant lui (il faut dire qu’entre lui, Nathanaël Fleming et Monsieur Doherty, nous avions plutôt de la chance), moi non et d’après les rumeurs, c’était loin de le déranger. Il était assez jeune et sans doute flatté par toutes ces attentions.
Nous avions cours avec les Serdaigle, et qui dit Serdaigle dit Ruby. Ce n’était pas compliqué de l’éviter dans les couloirs, lors des rondes de préfètes déjà plus, et les cours : je redoutais à chaque fois le moment où Meryl Kelsey annonçait les binômes (ce qui n’arrivait pas franchement souvent, en général l’exercice était individuel) je craignais toujours qu’elle nous réunisse. Et je n’aurais pas pu. Faire comme si de rien n’était, se parler après les horreurs que j’avais pu lui balancé …je ne pouvais pas l’envisager.
Je retins mon souffle lorsque notre directrice se mit à sortir sa petite liste - je préférais lorsque elle nous laissait le choix - je m’en fichais de mon partenaire : tout sauf Ruby. J’espérais un peu tomber avec Taylord, mais je me doutais que ce n’était pas son nom qu’elle appellerait : nous formions un bon duo, assez sérieux mais il nous arrivait d’être distraites. De plus j’étais sûre qu’aujourd’hui elle privilégierait les binômes Serdaigle/Gryffondor donc deux fois plus de chances de me retrouver avec Ruby. Je me retrouvais finalement avec un certaine Dianna, que je connaissais à peine. L’heure passa plutôt lentement et la faim se faisait ressentir : on n’avait pas idée de mettre un cours à cette heure là !
Quand la sonnerie se fit ressentir, tous les élèves se dépêchaient, moi aussi d’ailleurs. J’entendis un bruit de verre cassé et de fracas, en me faisant la réflexion que le pauvre élève n’avait vraiment pas de chance : son repas allait être retardé. Je me rendis compte que le bruit était proche, trop proche et à partir de ce moment je compris : dans ma précipitation, j’avais tout renversé. Taylord était partie sans que j’aie le temps de la prévenir. Lorsque Prescott s’approcha de moi et qu’il fit sa moue exaspérée, je compris que j’allais avoir une retenue, chose dont je me passerais volontiers. (et je savais qu’un sourire ne suffirait pas pour l’en dissuader) Je n’avais qu’à m’en prendre à moi-même, j’étais la responsable, moi et mes gestes trop rapides. Alors que je croyais tout le monde parti, j’entendis la voix de Ruby, bien connue derrière moi, je tendis l’oreille et…elle était en train de prendre la faute sur elle, de dire qu’elle était maladroite alors qu’elle était la fille la plus ordonnée, la plus méticuleuse de la classe et que Prescott avait bien vu que c’était moi qui avais fait tout tomber. Même si elle ne risquait pas gros, elle faisait ça pour moi. Pour moi. Après tout ce que je lui avais fait ? C’était incompréhensible. Je l’avais blessée, et pas qu’un peu, je lui avais dit que je ne voulais pas d’elle, je n’avais cessé de lui répéter qu’elle était fausse, j’avais contribué à son mal-être – sans en connaître les détails, le Daily Poudlard et son regard triste me l’avaient montré- et elle revenait vers moi ? Bien sûr que je ne lui en voulais pas de revenir, mais je ne méritais pas cette seconde chance, pas après ce foutu été.
- T’inquiète pas, je savais qu’il ne s’énerverait pas contre moi, j’en ai juste profité pour te sauver la mise, fit-elle en souriant, après que Prescott ait quitté la salle sans un mot. Je me demandais bien comment elle avait deviné qu’il serait plus clément avec elle, mais je me gardais bien de lui demander : ce n’était pas le moment. Tu peux aller déjeuner, je vais m’en occuper, tu sais que j’aime bien ranger les choses ! rajouta-t-elle pour détendre l’atmosphère mais ça ne marchait pas de mon côté : bien sûr que je savais qu’elle aimait ranger, sans doute trop, et je l’avais détestée pour ce côté perfectionniste, mais comment avais-je pu me comporter ainsi ? Si elle voulait ranger, classer, et que ça l’aidait, c’était son droit le plus strict et moi je lui avais tout reproché alors qu’elle ne m’avait jamais rien fait.
Je croisais son regard, ce fameux regard dont j’avais peur et je vis qu’elle craignait que je la juge. Je ne comprenais pas pourquoi elle se montrait aussi gentille – sa gentillesse était sincère et elle l’était elle aussi, je m’étais tellement trompée – face à moi qui avais été horrible avec elle. Tous les souvenirs de l’été me revenaient et même si à ce moment-là je n’étais pas bien, ça ne justifiait rien. J’avais essayé de me convaincre qu’elle méritait les méchancetés que je lui jetais, parce qu’elle faisait semblant, mais tout ça était faux : Ruby n’avait jamais cherché à me nuire, et elle avait raison, je l’avais blâmée pour tout un tas de choses qui n’allaient pas mais dont elle n’était pas responsable. Elle n’était pas une ennemie et je l’avais considérée comme telle. Je réalisais combien je m’étais trompée sur son compte, et combien ce que je lui avais fait subir était injuste. Je ne voyais pas comment un jour elle pourrait me pardonner, de lui avoir fait si mal, d’avoir ruiné ses espoirs elle qui avait sans doute dû être contente lorsque elle avait appris que j’étais sa nouvelle famille d’accueil. Je ne savais pas quoi dire ni comment la remercier, et pourtant je voulais lui dire que j’étais désolée, que je regrettais. Et puis je pensais à son passé, ce passé que je ne connaissais pas, mais que ma mère avait défini comme très difficile et je m’en voulais encore plus : je n’avais fait que l’enfoncer.
J’avais envie d’arranger les choses, c’était son souhait aussi apparemment mais comment faire ? J’avais passé mon temps à l’éviter, et les Hampsteads n’étaient ni sa maison ni la mienne : nous y étions deux étrangères.
-Non, je vais t’aider, Taylord attendra, fis-je avec douceur. Elle ne croyait quand même pas que j’allais la laisser se charger de tout ? Je commençais à ranger les grimoires, Ruby faisait de même d’une manière beaucoup plus…précise. Ses gestes étaient plus ou moins les mêmes mais elle semblait plus sereine. J’avais beau me dire qu’elle allait mieux maintenant, ça ne changeait rien : je me sentais toujours aussi mal. Je lui souris mais le cœur n’y était pas. Merci Ruby, fis-je en la fixant, mais ce mot était faible, beaucoup trop, je lui devais des excuses et bien plus et Ruby avait déjà fait un pas vers moi : il me faudrait beaucoup de courage pour l’imiter, même si désormais j’en avais envie. |
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Ruby Standiford-Wayland Apprentie à Sainte Mangouste
Nombre de messages : 2205 Localisation : Cachée. Date d'inscription : 03/09/2011 Feuille de personnage Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. » Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. » Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »
| Sujet: Re: ~ Grown up. [PV H.] Mar 23 Juil - 22:34 | |
| Autant être honnête : je craignais Haruhi. Derrière ses pupilles sombres, j’avais lu tant de rejet et de jugement qu’il me semblait que je ne pouvais pas me défaire de cette vision. J’avais passé l’année à l’éviter méticuleusement, ce qui n’était pas toujours évident puisque nous étions toutes les deux préfètes. Mais à la fois, je m’étais renfermée durant cette longue période apocalyptique après ma rupture qu’il n’était pas très difficile pour elle de me fuir, comme tout le monde le faisait puisque je les repoussais. Je m’étais demandé plus d’une fois ce qu’elle en avait pensé, elle qui m’avait tant reproché d’être fausse – ou plutôt qui l’avait si bien remarqué. Est-ce qu’elle se délectait de ma chute, tout comme ceux et celles que mon apparence de poupée bien ordonnée avaient insupporté ? Je n’avais jamais osé chercher son regard dans ces moments, je n’avais pas besoin d’être enfoncée un peu plus. De toute manière, il me suffisait de fermer les yeux un instant, et je pouvais me remémorer le ton de sa voix, son « absolument parfaite » qui m’avait fait frémir. Elle avait bousculé l’ordre que je tentais d’établir, tout comme Ana, mais j’avais essayé, à l’instar de ma confrontation avec la Serpentarde, de garder mon calme, de comprendre. Mais bien sûr je savais ce qu’elle me reprochait, elle avait raison d’ailleurs. Je ne saisissais simplement pas pourquoi tout à coup j’avais fait les frais de sa méchanceté. Avant que j’arrive chez elle, je lui avais déjà parlé rapidement, et je n’avais jamais eu l’impression de m’attirer ses foudres. Depuis combien de temps ne me supportait-elle pas ? Il est vrai qu’avec ma relation avec Hadrian, j’avais été sous les feux des projecteurs, et j’avais eu régulièrement la sensation que beaucoup pensait me connaître à travers les commérages, comme si les bruits de couloirs pouvaient me définir. Et à la fois… N’étais-je pas ce que j’avais voulu ? Que l’on me voit comme une fille parfaite ? Oui, bien sûr. Je ne pensais simplement pas que l’on pouvait me haïr pour ça, lorsque tout ce que je voulais, c’était être normale. Mais je ne savais simplement pas comment faire, alors je m’étais enfermée dans un rôle où l’on ne pouvait rien me reprocher. Du moins, je l’aurais cru.
J’avais pourtant réellement cru avoir une seconde chance. Lorsque Sara m’avait annoncé qu’elle avait réussi à transférer mon dossier, que je n’avais plus besoin d’aller à l’hôpital moldu, mentir sur l’incident que j’avais à présent résolu, j’avais cru que c’était fini. Que je pourrais m’intégrer ailleurs, peut-être trouver ce foyer qui me manquait tant. J’avais été rejeté de nombreuses fois pour mes diverses attitudes que je voulais oublier – mon mutisme, mes crises de violence, mes TOCs, ma rage à demi contenue qui explosait – et je croyais qu’en étant cette Ruby appréciée à Poudlard, je le serais aussi chez les Michiko. La mère d’Haruhi m’avait pourtant bien accueilli, j’avais senti que nous pouvions bien nous entendre sans tout à fait développer un lien aussi fort que celui qu’entretiennent une mère et une fille. Est-ce que c’était ce qu’avait craint la Gryffondor, que je lui vole sa place ? Je n’avais pourtant rien fait pour, je voulais simplement avoir un lieu que je pouvais qualifier comme ma maison. Mais ce sentiment, celui d’être chez soi, n’était visiblement pas fait pour moi. Dès que je l’effleurais, je le brisais.
Pourtant, j’avais fini par le ressentir chez les Wayland. Je passais désormais la plupart de mes vacances, y compris celle familiale comme Noël, avec Sara, Conrad et Lizlor, et je ne me sentais plus comme une simple invitée. C’était comme si je nouais des liens silencieux mais réels avec cette famille, et je leur en étais infiniment reconnaissante. J’avais d’ailleurs le sentiment singulier que ces liens étaient plus forts lorsque je me laissais aller, lorsque je ne me cachais plus derrière un masque. J’osais afficher un peu plus mes opinions, mes faiblesses et mes forces, et j’attendais toujours un retour de flamme, comme si ma personnalité allait les faire fuir. Mais il n’en était rien. J’avais d’abord cru que Sara m’appréciait car j’étais la meilleure amie de sa fille qui avait été pendant longtemps renfermée, rejetant les autres derrière sa coquille de petite fille sauvage qu’elle ouvrait en ma compagnie – d’une certaine manière, je pouvais dire que j’avais aidé Lizlor à s’accepter, tout comme elle le faisait pour moi. Mais désormais, c’était plus, me semblait-il, et je m’accrochais un peu désespérément à cette sensation de sécurité lorsque je sentais les souvenirs de mon enfance me ronger. Je ne pouvais remplacer ma famille brisée, ni faire totalement partie de celle de Lizlor, mais je pouvais en faire part sans en être un membre à part entière. Et ce le bonheur que ça m’offrait était si incroyable que j’étais persuadé que les Wayland pouvaient le sentir quand je leur souriais.
Alors pourquoi venir en aide à Haruhi ? J’avais abandonné depuis longtemps l’idée d’être à ma place chez elle. Je n’y étais revenue qu’une ou deux fois, un week-end, principalement pour récupérer mes affaires ou des histoires administratives, et j’avais toujours été soulagée de ne pas croiser la Gryffondor. Je ne savais pas ce qu’il en serait des vacances d’été, je ne préférais pas y penser. J’espérais les passer avec Lizlor, et Ewan surtout – ça, je l’espérais tellement – et je ne comptais pas retourner chez les Michiko. Je sentais qu’Hannah avait compris de toute manière la discorde entre sa fille et moi, et n’avait pas cherché à la calmer. Avait-elle parlé avec Haruhi ? J’en doutais, de toute manière, le mal était fait. Si je sauvais la mise à la jeune fille à présent, c’était peut-être parce que j’éprouvais une certaine culpabilité, je n’en savais rien. Elle avait eu raison de me trouver fausse, je l’étais. Je ne tentais pas de me justifier, elle ne l’aurait pas cru. Ce qui me blessait le plus, sûrement, c’est qu’elle n’avait pas cherché à me connaître. J’étais capable de m’ouvrir avec les gens que j’aimais, et je n’avais aucune chance avec elle. Désormais, je n’en voulais plus, l’espoir était vain. Mais ce n’était pas une raison pour être désagréable, je n’avais jamais été rancunière, et ranger ce qu’elle avait fait tomber ne me dérangeait pas.
-Non, je vais t’aider, Taylord attendra. Merci Ruby.
Je me figeais un peu, me concentrant un instant sur les grimoires. Je ne comprenais pas pourquoi soudain le ton employé par la Gryffondor était si doux, pourquoi elle me souriait avec une étrange mélancolie, et encore moins pourquoi elle se forçait à rester. Je voulais d’abord croire qu’elle cherchait à se donner bonne conscience, mais elle semblait étrangement mal à l’aise aussi. Vu la froideur dont elle avait usé pour me blesser, j’étais persuadée qu’elle ne mentait pas lorsqu’elle me parlait à présent avec une certaine gêne. Même dans ses mouvements, je captais quelque chose d’un peu incertain. Je lisais la couverture d’un des livres avec ma paume, chassant un peu la poussière, évitant le regard de la jeune fille. Je pris une inspiration finalement, et me décidais à parler. Ça ne servait à rien de rester muette et d’accentuer le malaise… Et à la fois, j’avais peur qu’elle me rejette à nouveau.
- De rien, répondis-je d’abord, souriant doucement. Tu… Je voulais lui demander quelque chose, n’importe quoi, pour combler le malaise, mais j’étais figée. Tu te sens prête pour les ASP…
Mais je ne terminais pas ma phrase. La nervosité qui m’avait envahi avait fait sauter de mes mains le grimoire que je tenais, et je me penchais à nouveau pour le ramasser, respirant un grand coup doucement, tentant d’ignorer la gêne qui m’envahissait. Quelque chose en moi me criait de me taire, et de me dépêcher, et de fuir les futurs reproches qu’Haruhi pourrait me faire. Elle me l’avait dit, elle ne voulait pas être mon amie. Je n’allais donc pas chercher à l’être. |
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Haruhi Michiko Elève de 7ème année & Préfète
Nombre de messages : 2080 Date d'inscription : 07/06/2009 Feuille de personnage Particularités: Il me manque une case. Mais bon vu que quasiment tout Poudlard a le même problème, je m'inquiète pas! Ami(e)s: Scarlett, Taylord, Lilian (sniff) principalement. Trio de Gryffondor 8D Âme soeur: Tout raisonnement sur l’amour le détruit
| Sujet: Re: ~ Grown up. [PV H.] Dim 11 Aoû - 22:24 | |
| Seule une chose me venait à l’esprit - lorsque je fixais Ruby et que je décelais la crainte dans ses yeux : c’est de ma faute. C’était de ma faute si elle se sentait en permanence jugée. C’était de ma faute si la Serdaigle n’attendait plus rien de moi, et surtout pas des remerciements et des gentillesses, puisque durant tout l’été, je lui avais prouvé que j’étais incapable d’en adresser. Sans doute imaginait-elle déjà les reproches que je pourrais lui faire, les phrases acides et sèches que je pouvais lui lancer et ma voix douce n’y faisait rien : elle ne pouvait pas se sentir en confiance.
Si seulement elle était tombée dans une autre famille d’accueil…pas dans la mienne où rien de bon ne l’attendait, elle serait restée cette préfète avec qui j’aimais discuter de temps en temps, cette fille dont j’appréciais la compagnie. Maintenant il était trop tard le mal était fait, je pouvais tenter de réparer les dommages – tenter- mais elle se souviendrait toujours de cet été, de comment je l’avais fait souffrir, c’était inscrit dans nos mémoires et je ne pouvais pas l’effacer.
Ruby ne me détestait pas (si c’était le cas elle ne m’aurait pas aidée) mais elle ne pouvait pas me voir comme une amie ou quelqu’un de son côté, et ça je le comprenais : je l’avais blessée profondément, je l’avais frappée- pas physiquement mais verbalement et c’était tout aussi douloureux, les mots pouvaient faire office de poignards- alors qu’elle avait besoin de sécurité, d’un foyer que je refusais de lui offrir. Elle ne m’avait jamais rien demandé, et elle ne prétendait pas devenir une sœur pour moi – nous avions chacune la nôtre, j’avais Scarlett et elle Lizlor – elle voulait juste un peu de répit, de repos et que je lui montre qu’elle était chez elle ici mais j’avais lamentablement échoué.
La Serdaigle n’avait plus rien de détestable et sa bonté n’avait rien de faux : c’était en elle comme ça l’avait toujours été, et moi je l’avais vu comme une manière de se faire aimer à tout prix. J’avais vu tout de suite que sous son masque de perfection, il y avait quelque chose d’autre, quelqu’un d’autre – mais au lieu de faire preuve de douceur et de l’aider à le retirer, parce qu’à un moment il allait la détruire, je l’avais accablée. J’avais refusé de faire sa connaissance, de lui laisser sa chance si je l’avais fait sans doute qu’on se serait trouvé des points communs, qu’elle m’aurait donné des bons conseils, m’aurait peut-être soutenue et j’aurais été contente de partager mon quotidien avec elle, quelqu’un qui me comprenait– pas comme ma mère qui me voyait changer et qui me le reprochait.
Elle me reprochait de n’être plus aussi naïve que je l’avais été, désormais je refusais de la pardonner : je lui avais donné trop de chances qu’elle avait gaspillées, je ne lui en voulais pas pour les multiples déménagements, mais je n’en pouvais plus de devoir porter sur mes épaules toute sa tristesse. Elle n’oublierait jamais que mon père l’avait abandonnée, c’était certain mais moi je voulais vivre et avancer, mais elle refusait de m’accompagner sur cette route : elle m’obligeait à ralentir. Elle voulait que j’aie aussi mal qu’elle. Et on ne devait pas infliger ça à son enfant.
Et pourtant c’était ce que j’avais fait subir à Ruby : comme si je souhaitais qu’elle souffre comme moi que je souffrais.
Elle m’avait juste épargné une heure de retenue, dans les faits, mais ça signifiait beaucoup plus et ça remuait les souvenirs de cet été. Tout me revenait en tête et c’était insupportable : son arrivée et son sourire qui s’était évanoui lorsque je lui avais montré que je ne voulais pas d’elle et que je désapprouvais la manière dont je l’avais repoussée lorsque elle avait esquissé un geste lorsque j’avais failli chuté, le regard plein de haine qu’elle recevait à chaque fois que je la croisais, le premier repas qu’on avait partagé et qu’elle avait préparé gentiment : je n’avais pas dit un mot de la soirée et avait ignoré ses attentions. J’allais mieux désormais mais je me souvenais de la douleur que j’avais ressenti : tout me quittait et je ne pouvais rien retenir.
Ce n’était pas la première fois que je me sentais coupable. Lorsque j’avais écrit à la mère de Scarlett et je ne lui avais pas dit, je l’avais beaucoup regretté et la culpabilité était devenue très dure à supporter: j’avais fini, les larmes aux yeux, par tout avouer à ma meilleure amie. Même chose avec la lettre que j’avais trouvée dans les affaires de Taylord et que Chuck avait récupéré : aujourd’hui encore j’avais honte de moi, je reconnaissais que j’avais fait une erreur et les conséquences que cet acte avait eues je m’en souviendrais toujours. Mais j’avais agi en pensant que je ne faisais rien de mal et mes intentions étaient bonnes. Mais avec Ruby les choses étaient différentes puisque j’avais conscience de mes actes et de leur unique but – celui que je m’étais fixé à partir du moment où elle avait franchi la porte de ma maison – la faire partir. Mon comportement me dégoûtait désormais et quelque part je voulais qu’elle se venge, qu’elle soit aussi sèche avec moi que je l’avais été, nous ne serions jamais quittes mais au moins ça ferait disparaître un peu ce poids qui m’étouffait : toujours celui de la culpabilité. J’étais égoïste de vouloir me débarrasser de cette masse que je méritais : il fallait bien que je paie pour le mal que j’avais fait.
- De rien. Tu…Tu te sens prête pour les ASP…et elle ne termina même pas sa phrase. Ruby n’avait plus ce visage lumineux que je lui avais entrevu depuis quelques temps – et dont le Daily Poudlard connaissait apparemment la raison- il y avait juste de regard, ce regard qui me faisait mal au cœur, et j’en étais responsable. Une simple conversation n’était pas possible et je le réalisais ; ce qui s’était passé chez moi était encore trop présent dans nos esprits. Je ne voyais pas de solution, et je ne savais comment me rattraper, mille mercis et pardons n’étaient même pas suffisants. Si elle savait combien j’avais honte face à elle et sa gentillesse, son sourire sincère que j’avais pensé calculé à la perfection. Je pouvais lui expliquer ce qui s’était passé dans ma vie pour que j’en vienne à la vouloir hors de chez moi. Mais ça ne justifiait rien- rien vraiment – et j’avais du mal à me voir lui faire des confidences alors qu’un distance infinie nous séparait : distance que j’avais désiré un jour.
Le grimoire était tombé à terre et je voyais la Serdaigle trembler : sans doute aurait-elle préféré que je la laisse elle, seule – même si ça me paraissait injuste- réparer les dégâts. Elle voulait de la tranquillité et je me doutais bien que ma présence ne la permettait pas. Je me levais soudainement, et me dirigeais vers la porte. Je ne devais pas m’immiscer dans sa vie, j’avais mis tant d’acharnement à lui montrer que je ne voulais pas d’elle, je n’avais pas à m’imposer désormais : c’était la moindre des choses. Cet échange, douloureux pour nous deux aurait pu s’arrêter là. Mais c’était le même système qui allait se remettre en marche : s’ignorer et se fuir du regard. Je lui devais de la tranquillité mais aussi des excuses, des explications : je ne pouvais pas m’enfuir ainsi et aussi lâchement alors qu’elle avait eu le courage et la générosité de prendre ma défense.
-Est-ce qu’on peut…parler ? fis-je. Oui, nous avions déjà parlé un peu mais c’était une autre discussion que j’évoquais, une discussion à cœur ouvert, des deux côtés. Je lui laissais cependant le choix et je respecterai sa décision : elle ne me devait rien et je ne voulais pas la forcer, en aucun cas. Ce n’était pas une obligation mais j’espérais qu’elle réponse positivement : je me voyais mal continuer ainsi. Je ne voulais plus l’éviter, et notre dernière discussion – pleine de colère et de rancœur – s’était terminée brutalement par ma faute. S’il te plaît, mais ce n’était pas une simple politesse. Je la suppliais presque. |
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Ruby Standiford-Wayland Apprentie à Sainte Mangouste
Nombre de messages : 2205 Localisation : Cachée. Date d'inscription : 03/09/2011 Feuille de personnage Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. » Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. » Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »
| Sujet: Re: ~ Grown up. [PV H.] Dim 15 Sep - 14:57 | |
| Je ne savais pas ce qui m’avait poussé à lui venir en aide, si bien qu’une part en moi commençait presque à le regretter. Je voulais me dire que nous avions mis le reste derrière nous, mais c’était faux, et ça le serait toujours, parce que nous ne nous étions jamais réellement expliquées. Je devinais ce qu’elle me reprochait, et elle avait raison, mais au fond de moi je devais admettre quelque chose : j’en voulais à Haruhi. Je lui en voulais d’avoir brisé ce stupide rêve que j’avais, celui d’un jour trouver quelque chose que j’aurais pu appeler famille, chez des inconnus. La vérité, c’est que je l’avais déjà trouvé, mais je l’avais moi-même choisi : les Wayland. C’était chez eux que j’étais bien, que je le serais toujours, et j’avais eu tort de courir après des rêves d’enfants après. C’était toujours ainsi quand j’étais petite. Je m’imaginais un jour rentrer dans un foyer, et de tout à coup sentir que j’étais à ma place, répondre au sourire de la mère, au respect du père, au rire des enfants. Mais ça n’arrivait jamais, j’étais responsable peut-être de ne pas pouvoir réagir à ce qu’on voulait m’offrir, mais je n’avais jamais senti de connexion. Etait-ce ce que j’avais voulu trouvé chez les Michiko ? Inconsciemment, je savais que ce désir était partout, parce que je voulais savoir ce que ça faisait de se sentir chez soi. Mais avec du recul, je connaissais déjà cette sensation, lorsque j’étais en Oregon ou dans le Kent, et je n’avais pas à la chercher autre part. Et peut-être que ce qui faisait toute la différence, c’était la réciprocité. Parce que chez les Arendts, j’avais fini par m’habituer, à me dire que oui, j’étais chez moi, mais chez les Wayland, je sentais qu’ils me considéraient comme un membre de la famille aussi, d’une certaine manière. C’était l’une des premières fois où j’arrivais à admettre que l’on m’aimait et m’acceptait, et je ne voulais sacrifier cette sensation pour rien.
Alors si tout était perdu avec Haruhi, qu’est-ce qui m’avait poussé à aider ? Je voulais peut-être lui prouver que pour moi, c’était oublié ? Mais l’était-ce vraiment ? Les rejets avaient laissé des cicatrices en moi, toutes alignées sagement, comme si je pouvais presque les compter. Parfois, quand Lizlor s’insurgeait et me disait que je devrais réaliser que j’étais quelqu’un de bien, j’avais toujours envie de lui répondre tristement : mais regarde combien de fois on m’a prouvé le contraire. Il fallait faire face à la réalité et admettre que l’opinion des autres avaient un impact sur celui que l’on avait de soi, surtout lorsque l’on était enfant et qu’on avait bien du mal à émettre des jugements. Les autres s’étaient chargés de le faire à ma place, et ce qu’ils avaient pensé s’était ancré en moi. Je ne le niais pas, à mes yeux, peu importe ce que Lizlor ou Ewan pouvaient bien dire, ils avaient eu raison. Peut-être qu’à présent, je grandissais et j’évoluais, me détachant de ce que j’étais avant, mais cette petite fille cassée et aux milles défauts, capable de s’enflammer lorsque l’on voulait briser sa petite mascarade, comme Ana ou Haruhi l’avait fait. Mais je ne voulais pas laisser cette part de moi gagner, et c’était peut-être ça qui m’avait fait aider la Gryffondor.
Mais c’était vain, n’est-ce pas ? Ma nervosité s’était échappée, et elle suintait jusqu’au bout de mes doigts tremblants. J’entendis un bruit, et relevai légèrement la tête. Haruhi partait. Je sentis une boule se former dans ma gorge, amère, et je battis des paupières. A quoi bon, souffla une voix dans ma tête, et je sentis l’amertume, et presque la colère, m’envahir. Pourquoi faisait-elle ça ? Elle n’était jamais fixée, décidant tout à coup de m’aider quand je lui venais en aide, avant de faire demi-tour lorsque je me montrais vulnérable. Peut-être ne supportait-elle pas ma vaine tentative d’être aimable ? Mais sa voix, légèrement gênée, mais faisait penser qu’au fond peut-être elle aussi regrettait-elle, alors quoi, elle ne supportait pas de voir ses erreurs en face ? D’un côté, de ce point de vue-là, je ne pouvais que la comprendre. Mais j’avais fait un effort – alors, avais-je eu tort ? Je ramassais le grimoire, dépitée, quand un bruit me fit sursauter à nouveau.
-Est-ce qu’on peut…parler ? S’il te plaît.
Je le regardais, un peu perdue. Décidemment, elle ne savait vraiment pas ce qu’elle voulait. Je ne comprenais même pas quelle attitude j’étais sensée avoir ? Que me voulait-elle, de toute manière ? J’étais fatiguée de craindre ses remarques meurtrières, de tenter si c’était pour souffrir par la suite. Peut-être que nos vies se portaient mieux quand ni l’une ni l’autre n’intervenait dedans ? Je ne voulais pas me souvenir de cette Haruhi que j’avais connu avant, cette préfète avec qui j’échangeais quelques mots et rires au détour d’une ronde, et que j’appréciais. Comment avait-elle pu me rejeter si fermement, alors que quelques mois avant, nous parlions comme si de rien n’était, comme deux connaissances qui s’appréciaient ? Je ne savais pas si elle était hypocrite, ou si elle était complétement indécise, mais je n’avais pas envie d’en faire les frais.
- Si c’est pour… Me faire des reproches, je préfèrerais éviter, murmurai-je tout à coup. Je m’étais levée, et je lançai un regard hésitant à Haruhi. Je ne voulais pas créer un nouveau scandale, mais je voulais que les choses soient claires et j’étais fatiguée d’avoir peur d’elle et de ses mots qui blessaient. |
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Haruhi Michiko Elève de 7ème année & Préfète
Nombre de messages : 2080 Date d'inscription : 07/06/2009 Feuille de personnage Particularités: Il me manque une case. Mais bon vu que quasiment tout Poudlard a le même problème, je m'inquiète pas! Ami(e)s: Scarlett, Taylord, Lilian (sniff) principalement. Trio de Gryffondor 8D Âme soeur: Tout raisonnement sur l’amour le détruit
| Sujet: Re: ~ Grown up. [PV H.] Ven 3 Jan - 23:48 | |
| Je n’étais rien, ni personne pour la juger, et lui faire mal ne m’avait pas rendue plus forte, bien au contraire j’étais bien faible face à elle : je n’osais même pas la regarder en face ! Si elle savait comme je m’en voulais ; elle était bien plus courageuse que moi, comme elle valait mieux… !
Je me rappelais de ce que je pensais d’elle avant ce maudit été, lors de nos rondes de préfètes : gentille, toujours prête à rendre service et à écouter les autres, sans jamais se plaindre. Il nous était arrivé de partager quelques moments ensembles et même si je ne la connaissais que très peu, je riais avec elle, mais il avait fallu que je gâche tout et le résultat était sans appel : ce vide béant entre nous, cet océan d’incompréhension et de souvenirs douloureux étaient les seules choses qui nous restaient. Je ne savais rien d’elle et je n’avais pas cherché à en savoir plus, mais bon sang, Ruby était bien plus qu’une jolie blonde au comportement exemplaire, elle était quelqu’un avec des sentiments, et aussitôt que j’avais eu assez de pouvoir pour l’écraser, je l’avais utilisé sans hésitation. J’avais refusé de voir plus loin que ce qu’elle présentait, et pourtant j’avais compris qu’elle cachait quelque chose derrière des dehors parfaits et ce mot me semblait détestable lorsque je pensais au sens que je lui avais donné face à elle… Je me reconnaissais à peine mais j’étais forcée de reconnaître que cette fille c’était moi, de toute façon il me suffisait de regarder Ruby pour me souvenir de tout : c’était comme si j’y voyais le reflet de toutes mes erreurs. Ils me revenaient par vagues : la façon dont je l’avais repoussée lorsque j’avais failli tomber, son sourire qui avait fané à l’instant où elle avait passé le seuil de la porte, sa voix qui s’était cassée.
Nous n’étions plus des enfants et il ne s’agissait pas d’une dispute sans grand fondement et importance : je ne pouvais fixer les choses aussi simplement. Car quand bien même Ruby me pardonnerait, me donnerait une seconde chance, ce que je n’osais pas espérer, le passé resterait chargé de toutes les horreurs que j’avais prononcées. Il me suffisait de jeter un coup d’œil autour de nous : il y avait du verre en petits morceaux un peu partout ; on pouvait y mettre de l’ordre mais ça ne voulait pas dire que le choc n’avait pas eu lieu.
Je me sentais mal mais je ne voulais pas m’en aller : pas avant de lui avoir dit ce que j’avais sur le cœur. Je ne lui demandais rien de plus, et j’étais consciente que c’était déjà beaucoup.
-Si c’est pour…Me faire des reproches je préfèrerais éviter. Des reproches ? Mais elle n’en méritait aucun et si reproches il y avait, c’était à moi qu’ils étaient destinés. Ruby se souvenait de mes attaques, et le fait qu’elle s’attende à ce que je recommence n’avait rien d’étonnant : cela me fit tout de même mal au cœur. Elle s’était levée et se dirigeait déjà vers la porte, avais-je seulement le droit de la retenir ? Je ne voulais pas lui imposer cette conversation, je n’en étais pas capable. Elle avait l’air si triste…Au début du cours, elle souriait, elle discutait avec Lizlor avec entrain et c’était à cause de moi, toujours à cause de moi cet air défaitiste, qui semblait dire que tout était perdu d’avance. Oui, tout serait perdu si je n’avais pas le courage de l’insister. Laisser la lâcheté prendre le dessus c’était le choix facile, comme pendant cet été où la briser entre mes doigts était d’une simplicité enfantine…
-Non, non, fis-je d’une voix hésitante, à peine audible. Je suis dés…, mais non, je ne pouvais pas décemment me contenter de bafouiller des excuses, c’était me moquer d’elle. Je ne m’étais jamais montrée aussi dure avec quelqu’un avant, et c’était une facette de moi que jamais je n’aurais voulu voir : comment ma tristesse pouvait se muer en cette froideur, en cette méchanceté, comment étais-je même capable de me comporter ainsi ? Je ne pensais pas tout ce que j’ai dit. Je regrette.Tu avais raison, j’ai profité de ta venue pour déverser toute la colère que je retenais mais toi tu n’avais rien demandé… Je ne te trouve pas fausse, ni absolument parfaite, tu es toi, Ruby Standiford, et c’est bien assez. On ne se connait pas, finalement mais ce que j’ai vu de toi me suffit pour savoir que tu es quelqu’un de bien, tu sais. Je ne te demande pas de me pardonner, d’oublier ce que j’ai fait si seulement c’était possible, je veux juste que tu saches que ma porte est ouverte. N’importe quand. J’étais sincère, réellement lorsque je m’adressais à elle : je voulais réparer ce que j’avais fait, et même si cela demandait du temps, je regrettais tout, absolument tout : je voulais désormais apprendre à la connaître. Il aurait dû en être ainsi depuis le début, je le savais : comme cet été aurait été différent ! Je n’avais pas mesuré ma chance à ce moment-là et même pas envisagé la possibilité que Ruby et moi pourrions devenir amies. J’aurais pu l’apprécier, car malgré tout ce que j’avais pu lui dire, elle avait beaucoup de belles qualités. Ce n’était pas pour rien que tout le monde l’appréciait à Poudlard, et l’attribution de son titre de préfète ne devait rien au hasard : elle le méritait amplement. C’était ma septième année et je savais que ça ne sonnerait pas juste si je ne revenais pas vers Ruby avant de partir. Si tu me dis de te laisser tranquille et de ne plus jamais t’adresser la parole je le ferai. Tu peux revenir aux Hampsteads quand tu le désires : avec ou sans moi.
Je me sentais déjà délivrée d’un poids, mais ce n’était pas suffisant : j’avais besoin de l’entendre elle. Je ne connaissais pas bien Ruby mais je lui souhaitais vraiment le meilleur : après ce qu’elle avait traversé (bien que j’ignore quel avait été son passé) elle se relevait, elle reprenait des forces, j’espérais de tout cœur qu’elle ne rechute pas. A l’époque, j’avais vu qu’elle allait mal et je n’avais rien fait : je savais combien il était douloureux de se sentir au fond du gouffre, au point de non retour et comme il était agréable de respirer –enfin- après avoir sombré.
Je la regardais dans les yeux, sans un mot. J’étais prête à entendre tout : les mots qu’elle emploierait seraient justifiés. Je ne voulais pas reculer, plus maintenant en tout cas. Je voulais nous délivrer toutes les deux ; pas de ma culpabilité elle était toujours là, mais il était hors de question que Ruby continue à avoir peur de moi et de mes reproches qui la hantaient : je m’étais trompée. La plus fausse dans l’histoire ça avait été moi en vérité, c’était moi la menteuse : elle n’avait de son côté qu’essayer de sauver ce qu’elle avait, et ça n’avait rien de blâmable. Il ne manquait pas grand-chose pour que mes yeux commencent à s’embuer mais les larmes refusaient de couler, car je ne voulais pas que Ruby assiste à cela. Ce n’était pas l’idée qu’elle me voit fragile qui m’était intolérable : j’avais suffisamment joué avec elle et tenté de cacher mes faiblesses pour refuser de lui montrer qui j’étais vraiment. Mais je refusais de la mettre mal à l’aise ou de les laisser attendrir la Serdaigle : je ne voulais pas qu’elle se sente forcée. Je voulais lui rendre ce dont je l’avais privée : le droit de prendre la parole et de me dire mes quatre vérités sans se sentir perpétuellement menacée. |
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