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Romance is dead [PV] (clos)

 
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 Romance is dead [PV] (clos)

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Ana Falkowsky


Ana Falkowsky
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MessageSujet: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeLun 8 Juil - 22:45

Contexte: Début des vacances d'été, après ce rp et avant ce rp.


Ça avait été magique, comme un moment volé au paradis. Durant des heures durant, nous avions été tous les deux, dans un monde parallèle. Chaque seconde de cette soirée était gravée dans ma mémoire, et j'avais l'impression que je n'en oublierais jamais les détails, même en le voulant -mais ça n'était pas le cas. Au contraire, je voulais m'en rappeler longtemps, très longtemps. Je voulais que dans les moments où je me sentirai seule à Poudlard, le souvenir de ses compliments et de nos mains l'une dans l'autre le temps d'une danse me fassent sourire, même des mois après. Peut-être même des années. Je ne savais pas comment ça s'arrêtait, ce genre de sentiments, ou même si ça s'arrêtait un jour. Mais je n'en avais pas envie.

En tout cas, c'était ce que je m'étais dit avant d'entendre parler ces filles un peu plus tôt, alors que j'étais au Chaudron Baveur. Au début, je n'avais pas spécialement prêté attention à leur conversation, mais les mots "Pré-Au-Lard" et "Trois balais" avaient su m'intéresser. Avec le peu de recul que j'ai, je regrette d'avoir tendu l'oreille à ce moment là ; je regrette de m'être installée à cette table au lieu du comptoir, je regrette d'avoir eu l'idée de venir prendre un peu de répit ici pendant que mes parents discutaient vacances. Mais maintenant, c'était trop tard, parce leur conversation, je l'avais entendue, et tout comme la soirée avec Theo, je n'étais pas prête de l'oublier. Bien que cette fois, j'aurais bien voulu.

Elles avaient fait dans l'implicite, mais ça n'aurait pas pu être plus clair. En gros, l'une d'entre elles racontait qu'il s'était passé « quelque chose » entre elle et le barman des Trois Balais. Je n'ai même pas eu besoin de me retourner pour voir la tête de ses amies qui accompagnait sans doute leurs mots d'admiration. "Bien joué", elles disaient. Elles ont encore parlé et rigolé un moment, puis elles sont parties du bar. Et moi je suis restée. Je ne savais pas trop pourquoi. C'était plutôt débile parce que j'avais dit à mes charmants géniteurs que je ne sortais que pour un petit moment, une heure maximum. Ça devait bien en faire six que j'étais là à présent, toujours à la même table, avec le même verre dont je n'avais bu qu'une seule gorgée -déjà que les bierraubeurres d'ici ne valaient pas celles de Theo, alors maintenant que ma gorge semblait aussi nouée que possible, je doutais que ça passe. En cet instant, j'étais plutôt contente d'avoir fait ma petite réputation avec le barman d'ici, car comme ça il n'osait pas me virer alors que les clients commençaient à arriver plus nombreux, avec le soleil qui se couchait. Mais très franchement, je me fichais bien du business de Tom, de l'inquiétude de mes parents, des vieux porcs qui me fixaient, leur bouteille de Pur-Feu à la main. Je regardais ma boisson à moi, la touillant avec ma cuillère.

A quoi je m'étais attendue ? C'était évident qu'un jour où l'autre, Theo allait se remettre de sa rupture et se trouver une autre fille. J'imagine que je n'avais juste pas pensé que ça serait aussi tôt. Et de cette manière. Je l'aurais cru plus... romantique. Enfin, le genre à apprendre à connaître la fille avant de... faire autre chose. Mais Theo avait dix-huit ans, c'était sans doute normal de faire ça. Et même si il m'avait assuré avec force que c'était rien du tout de n'avoir jamais eu de copain, je me sentais débile maintenant. Encore plus. C'était comme si je réalisais seulement maintenant à quel point je devais paraître immature et innocente à côté de lui. J'avais naïvement cru pendant de longs mois que deux personnes avec notre différence d'âge pouvaient quand même s'entendre. Et il avait eu beau me dire maintes fois combien "j'étais mature", à nôtre âge, quatre ans, ça n'est pas rien. Je l'avais espéré, il m'était même arrivé d'imaginer que notre amitié se change en amour réciproque. Mais tout ça, ça avait été dans ma tête. Pour Theo, j'étais la fille de quinze ans de Poudlard qui venait lui parler de temps en temps. S'il le faut, il était sorti avec d'autres filles pendant tout ce temps. C'était même presque certain. Il était drôle, gentil, beau, authentique. Les filles devaient se jeter sur lui. Le plus pathétique là-dedans, c'était que je ne le réalise que maintenant. Moi qui me pensais un minimum intelligente...

Je ne savais pas ce que je ferais la prochaine fois que je le verrais. Je n'avais pas envie de faire comme si de rien n'était, j'étais fatiguée de jouer un jeu en permanence, si fatiguée. D'un autre côté, il n'était pas non plus imaginable que je lui dise ce qu'il en était pour moi. Pour le voir embarrassé, m'expliquant que ce n'est pas possible entre nous, je m'en passerai. Il ne me restai plus qu'à ne plus y retourner. Aux Trois Balais. J'imagine que ça serait dur, au début, mais ça passerai bien, non ? D'après Rita, ça semblait difficile d'oublier quelqu'un, mais pas impossible. Dire que je me moquais d'elle quand elle me confiant ne pas arriver à oublier Nathanaël... finalement, elle était bien plus mature que moi, elle aussi, et sur bien des aspects. Même Caleb n'était pas aussi stupide que moi, puisque lui avait la bonne idée de ne pas s'intéresser du tout au sexe opposé.

Je n'étais même pas triste. Pas en colère. Juste fatiguée. Je n'avais plus la force de bouger, ni même de lever les yeux de mon verre, dont les bulles étaient depuis longtemps parties. Je ne pourrais certainement pas rester toute ma vie comme ça, mais pour l'instant, j'avais envie de le croire -en cet instant, bouger me semblait la chose la plus difficile du monde. J'aurais voulu disparaître petit à petit, pour finir totalement invisible. Qui le remarquerait ? Finalement, j'étais peut-être un peu triste. Je m'étais tant investie dans mon amitié avec Theo que je n'avais personne d'autre. Il y avait bien deux trois personnes qui me venaient en tête, mais ça n'était pas de la même catégorie. Je ne m'étais ouverte à aucune d'entre elles
-vraiment ouverte. Donc, j'étais seule. Encore une fois. Ou plutôt, je n'avais jamais cessé de l'être.

Je finis par relever les yeux, et regarder autour de moi lentement. Dire qu'il y a des années de ça, j'étais là à mettre ce bar sens dessus dessous avec Rita. Et il y a quelques semaines, avec Caleb... à cette exacte même table. M'y étais-je mis inconsciemment, comme pour me rappeler que je n'avais pas toujours été toute seule ? Si c'était le cas, c'était idiot. Je n'étais qu'une blague pour Caleb. Pas son amie. Je me levais, et partis m'asseoir au comptoir. Ici, je n'avais de souvenirs avec personne. Pourtant, il y avait bien une tête que je connaissais à côté de moi. Enfin, on ne pouvait pas dire que c'était de la connaissance très poussée -je savais qui il était, comme tout Poudlard. Connu pour son penchant fêtard, mais surtout pour s'être fait renvoyé de Poudlard, Daniel Kelsey ne semblait pas au mieux de sa forme. Par ailleurs, il semblait seul, alors qu'il m'avait donné l'impression d'être le genre de mec toujours accompagné. Mais qu'est ce que j'en savais, dans le fond. Je ne savais de lui que ce que le Daily Poudlard en racontait, c'est-à-dire les très grandes lignes, dans doute déformées au passage. A participé à des milliers de fêtes, est sorti avec Holly Dilay, fini régulièrement les soirées avec des filles différentes. S'il le faut, tout ça n'était qu'un gros n'importe quoi inventé pour que ce journal de malheur marche bien ; ou peut-être pas. Je ne sais pas par quelle pulsion je décidais de le découvrir.


-Daniel Kelsey... fidèle à sa réputation, toujours une bouteille à la main, lançais-je en guise d'introduction.

C'était sans doute ma solitude qui venait de me pousser à aller vers quelqu'un que je ne connaissais pas, et ça me sidérait presque moi même. C'était sans doute une mauvaise idée, étant donné que c'était la dernière personne avec qui j'avais sympathisé qui me mettait dans cet état.


Dernière édition par Ana Falkowsky le Dim 27 Oct - 19:53, édité 2 fois
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Daniel Kelsey


Daniel Kelsey
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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeMer 10 Juil - 17:30

On pouvait pas vraiment dire que ma vie était géniale géniale en ce moment. Je sais pas si je m’étais vraiment rendu compte ce que c’était de ne rien consommer du début de la cure jusqu’à ma mort, mais en tout cas j’y avais vraiment cru. Au début de ma cure, entre deux nausées, je m’étais clairement dit que ça allait être impossible. Après ma grave erreur, quand j’avais fini par être transféré à Happy Endings, ça commençait à aller un peu mieux, j’avais de moins en moins la tête au dessus du sceau, je commençais à émerger, je me suis dit que je pouvais peut être le faire alors. Les thérapies de groupes ne m’aidaient pas trop, mais à minima elles me permettaient de me rendre compte que je n’étais pas le seul à avoir fait des conneries, même si j’avais toujours du mal à me confier. J’avais toujours l’impression de voir des regards suspicieux, inquisiteurs de la part des autres membres du centre. Je surprenais parfois les regards soucieux des responsables sur mon bandage, puis sur ma cicatrice à mon avant bras. Du coup ils essayaient de me faire participer de plus en plus, ce qui me faisait de plus en plus chier. C’est vers la fin de mon séjour que je me suis dit qu’une vie complète sobre était une chimère.

Surtout que j’avais une capacité à baisser les bras devant l’adversité assez incroyable. Malgré tout, après m’être confié à Ruby, une des rares personnes qui me connaissaient un peu avant, et qui était donc au courant de mes problèmes, je m’étais dit que c’était possible. On s’était rendu compte que notre vie allait nécessairement être entourée de nos vieux démons, mais pour autant qu’on pouvait résister à nos vices, ne pas céder aux tentations diverses et variées. J’étais donc revenu chez mes parents, avec une petite dose d’espoir. C’était ce qu’il y avait de pire l’espoir. Plus le nombre de jours de sobriété augmentait, plus il me faisait peur. J’avais peur de retomber à zéro. J’avais peur de voir tous ces efforts rester vains.

Fatalement c’est ce qui est arrivé. Après avoir essuyé de nombreux échecs pour trouver un job dans Pré-Au-Lard, quelque chose dans ma tête s’est brisé, et j’ai recommencé à boire. Ressasser les souvenirs avec Taylord n’avait pas été la meilleure chose non plus. Bref quand je suis rentré chez mes parents, je la ramenais pas. J’avais jamais autant évité les regards de mon padre pendant toute ma vie. J’avais l’impression qu’ils se doutaient de quelque chose, je parlais à peine, je fermais ma chambre à clé, je me contentais de sortir pour acheter des bouteilles de vodka, histoire de pas me faire griller à cause de mon haleine. Une fois je m’étais même permis de sortir en boîte avant de partir une semaine à Londres, j’avais lâché une vieille raison à mes vieux, du genre pour tester ma résistance. Bref, j’y étais allé, je m’étais mis une bonne cuite. Avant de partir je me fumais une clope, quand un mec m’aborda pour me refiler un peu d’herbe. J’étais sur le point de céder et de lui acheter sa marchandise, quand j’ai eu une sorte d’éclair de lucidité, de reflexe de survie, et j’ai tourné le dos à cette proposition pourtant bien tentante. Je suis rentré avec un sentiment mitigé, presque content d’avoir refusé un petit tour dans les paradis artificiels, mais honteux de m’être cuité une nouvelle fois.

Un de mes problèmes c’était aussi que j’avais pas de job. Après m’être fait bâcher par à peu près tout Pré-Au-Lard, j’allais donc à la capitale pour faire un tour dans le Chemin de Traverse pour voir si je pouvais pas me rendre utile. Autant le dire de suite, ça m’a été autant utile qu’à Pré-Au-Lard. Dès qu’on me demandait mes résultats aux ASPIC, je me forçais à ne pas baisser les yeux devant mon interlocuteur avant de lâcher que je n’avais pas fini ma scolarité à Poudlard. Évidemment ils m’ont tous demandaient la raison pour laquelle je ne les avais pas, et bizarrement dire que je m’étais fait virer c’était pas du meilleur effet sur un potentiel employeur. Même nettoyer les bouses de dragons à Gringotts demandait un diplôme. Le responsable du magasin de Quidditch me demanda bien si j’étais un passionné, j’ai bien entendu répondu oui, j’étais un grand fan des Pies de Montrose, mais dès que le mec commença à me questionner un peu plus, il s’est rendu compte que j’y connaissais que dalle. On me répondait toujours pas un non catégorique avant de me chasser de la boutique.

J’ai donc atterri dans le Chaudron Baveur à la tombée de la nuit. J’étais à bout, physiquement, mentalement. J’ai donc fait la chose la plus logique, j’ai commandé un Whisky Pur Feu. Le verre contenant le liquide ambré arriva en même temps qu’une lettre. L’écriture était élégante, le papier portait presque un léger parfum, clairement c’était la réponse d'Holly. Avant de l’ouvrir j’ai avalé cul sec mon verre de whisky dry. J’ai brisé le sceau d’une main tremblante. Je me suis mis à la lire, m’interrompant de temps à autres pour prendre un nouveau verre de whisky, ou m’allumer une clope.

Secret, distant, mal, souffrir, t’oublier, dénigrer, trop tard… Ces mots tournoyaient dans mon esprit de plus en plus embrumé par l’alcool. Le pire c’était que je savais que j’étais responsable de ses blessures, que notre relation avait laissé des cicatrices. Je me sentais tellement con d’avoir écrit une lettre, d’avoir essayé de renouer contact avec elle. C’était évident qu’elle ne voulait plus entendre parler de moi, et pourtant j’avais une nouvelle fois déconné en lui écrivant. Je n’avais plus qu’une chose à faire, me bourrer la gueule pour oublier, tout oublier. Je rangeais la lettre dans la poche de ma veste quand une voix pas tout à fait inconnue résonna dans mes oreilles.


-Daniel Kelsey... fidèle à sa réputation, toujours une bouteille à la main.  

Je me suis alors tourné vers celle qui venait de m’aborder. Elle s’était assise sur le tabouret voisin. C’était une fille dont le visage m’était familier. Grande, les cheveux noirs de jais, ses yeux étaient similaires à deux diamants d’un bleu glacial. J’avais son nom au bout des lèvres, je me souvenais de Gryffondors encore un peu tendres racontant qu’elle les intimidait avec son air hautain et sa beauté froide. Malgré moi, plusieurs souvenirs de Poudlard surgirent.

- Ana Falkowsky… fidèle à sa réputation, toujours seule.

C’était salaud je sais mais j’étais pas vraiment dans l’humeur de faire gentiment causette, parler du beau temps, surtout vu son approche. En plus elle était qui pour me juger, cette fille là !  J’aurais bien aimé qu’elle me voit entrain de me faire un fixe, ça aurait été drôle une seringue à la main. Au lieu de ça elle se contentait de recracher les saloperies (plutôt véridiques) qu’avait balancées le Daily Poudlard quand je n’en faisais plus parti.

- Et je t’emmerde.

J’ai avalé une bonne rasade de whisky, l’alcool brûlait de moins en moins le long de son passage, je ne sentais plus trop le contact du comptoir poussiéreux sous ma main, je me suis rendu compte que l’alcool était entrain d’abattre les dernières barrières de ma civilité. J’ai alors saisi le bras, gentiment j’étais pas une brute non plus, de la miss qui était entrain de se barrer.

- Non… Oublie ce que je viens de dire.

Je sentais qu’elle allait me lâcher là, c’était évident aussi, qui avait envie d’être en compagnie d’un mec qui était à la limite entre bien et bourré ? Mais c’était tout de même difficile de savoir ce qu’allait faire cette presque inconnue. J’ai alors cherché une réponse dans ses yeux qui étaient d’un bleu différent, le bleu d’un ciel étoilé.
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Ana Falkowsky


Ana Falkowsky
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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeJeu 11 Juil - 23:27

Le Daily Poudlard était l’une des choses que je détestais le plus au château. Avant même qu’il ne commence à s’intéresser à moi, je ne pouvais déjà pas me supporter ce bout de papier qui dépeignait la vie de certaines personnes comme s’il en dressait leur emploi du temps. Premièrement, je trouvais qu’on s’en foutait royalement que untel ait été vu en train de parler à unetelle ou encore de ce qu’il s’était passé lors de la dernière fête qui avait eu lieu –sur ce point, c’était aussi peut-être un peu de jalousie envers ceux qui y avaient été. Et ensuite, j’aurais détesté que l’on m’espionne toute la journée comme ça, à l’affut d’une bêtise que je pourrais faire ou d’une conversation à écouter. Heureusement –ou pas- pour moi, je ne faisais pas grand-chose de passionnant de mes journées, et ne parlait pratiquement avec personne, alors les journalistes du Daily que j’avais vu faire mine de passer à côté de moi l’air de rien devaient s’être vite lassés. Mais pour les personnes « ultra médiatisées », ils devaient en avoir ras-le-bol. Même Chuck Carlton qui semblait aimer sa popularité devait commencer à être à bout, après sept ans à faire la une du Daily au moins une fois par semaine. Et il ne devait pas être le seul ; dans le genre abonné aux articles à scandale, j’y avais aussi vu Ruby, un certain nombre de fois, dans des articles qui relataient ses penchants fêtards que je ne savais pas si marqués ; ou encore Ulrich et le petit paquet de filles qu’il semblait côtoyer, en dépit du fait qu’il avait une copine.

Et j’étais en train de parler à une autre des victimes de ce petit bout de papier que tout en le haïssant, je finissais toujours par lire, ne serais-ce que pour « vérifier qu’il n’y ait rien sur moi ».


- Ana Falkowsky… fidèle à sa réputation, toujours seule.

Bon, celle-là, je ne l’avais pas vue venir, mais on ne pouvait pas dire que je l’avais volée. Mais ça me surprit quand même qu’il connaisse mon nom, je m’étais plus attendue à… une tête de dédain et un truc du genre « Et toi, t’es qui ? », le tout balancé d’une voix incertaine qui aurait témoigné d’un certain niveau d’ivresse. Mais pas du tout. Il me semblait encore sobre –car je parais que ça n’était qu’une question de temps, on ne commence pas au Pur-Feu pour s’arrêter si vite- et en plus, il connaissait mon nom. Il faut croire que mon élection de Miss avait fait parler de moi, mais… J’avais vraiment la réputation d’être toujours seule ? Je veux dire, je sais que je le suis, mais… ça se voyait tant que ça ???!!! J’hésitais à poursuivre la conversation –n’aurais-je pas l’air de quelqu’un qui recherche un ami, après ça ?

- Et je t’emmerde.

…Bon, eh bien voilà qui plantait le décor. Il y eut un instant de flottement, un gros blanc dans lequel je me demandais ce que l’on faisait dans ces moments là –d’habitude, c’était moi qui envoyait les gens chier, pas le contraire. Cette situation était vraiment inédite- et puis la réponse m’apparut toute simple ; on se barrait tout simplement. Face à autant de sympathie, je préférais encore retourner broyer du noir sur une table au fond de la salle ; et puis qu’est ce qui me prenait de parler à quelqu’un, sous prétexte que je voyais qui c’était et qu’on était seuls tous les deux ?! Tout le monde n’était pas comme Theo. Il n’était pas Theo. A quoi je m’étais attendue ? A ce qu’il me réponde un truc marrant avant d’enchainer et de faire la conversation comme l’aurait fait le barman ? Il fallait vraiment que je grandisse.

Pourtant, Daniel Kelsey me retint alors que je m’étais déjà levée de mon tabouret, prête à tourner les talons. Je me retournais vers lui, surprise, et lançais un regard sur sa main qui retenait mon bras. Un regard qui voulait dire « T’es sérieux là ? ».


- Non… Oublie ce que je viens de dire, se ravisa-t-il.

Il était plus bourré que ce que j’avais cru, finalement ? Quel genre de gars balance un « Je t’emmerde » à une inconnue avant de la rattraper et de lui dire d’oublier ça ? Je lui lançais un regard perplexe, alors qu’il plongeait ses yeux dans les miens, et me retint de tressaillir en constatant qu’ils étaient bleus, bleus comme les
siens. C’était pathétique. La moitié des anglais avaient les yeux bleus alors si je tressaillais à chaque fois que j’en voyais… je n’étais pas arrivée.

…Eh puis merde, j’avais le droit d’être pathétique, au moins ce soir, j’avais le droit d’être futile et puérile et tout ce que je voulais, et son regard planté dans le miens comme le faisait Theo lorsque l’on parlait m’énervait, j’avais pas envie d’être dans ce bar, j’avais envie d’être aux Trois Balais, et pas avec lui. Et puis qu’est ce qu’il croyait ?!! Qu’il pouvait traiter les gens comme de la merde parce qu’il a une vie difficile de drogué/bourré/dragueur/trompeur ??!! Finalement, je sentais la colère monter en moi –peut-être que c’était celle qui n’avait pas pu sortir un peu plus tôt qui arrivait finalement.


-Ben oui, bien sûr, ironisais-je, retirant mon bras. Tu veux pas non plus que je te paye un verre, puisqu’on est si bien partis ?

Après tout, pas de meilleur climat pour faire connaissance qu’après s’être envoyé quelques remarques bien senties !
… Sauf qu’il ne voulait pas faire connaissance.

Qu’est ce que je pouvais être conne parfois…

Ma naïveté m’exaspérait lorsqu’il s’agissait de…ça. Daniel Kelsey, faire connaissance avec une fille ? Ben bien sûr. Et Theo non plus, n’avais pas du « faire connaissance » avec cette fille. J’étais stupide, vraiment stupide.


-Oh non, après tout pourquoi s’embêter à boire alors qu’on peut aller directement dans ta chambre ? Ou au toilettes sinon, ou alors la réserve, je suis sûre qu’on doit pouvoir trouver !

J’observais ma rancœur amoureuse se déverser sur Daniel Kelsey qui n’avait pas fait grand-chose d’autre que se montrer impoli ; il n’avait même pas fait d’allusion sexuelle ou de truc du genre, mais c’était ce qu’il devait avoir en tête. Et Theo aussi. C’était comme ça. Et j’avais beau vouloir croire que le gars dont j’étais amoureuse n’était « pas de ce genre », je me voilais la face. Décidément, ce soir, je réalisais bien des choses. Et j’avais besoin d’être seule, pour en comprendre toute l’étendue.

Alors j’allais au bout de ma lancée :


-Va te faire voir, grognais-je avant de lui tourner le dos et d’aller m’installer à l’autre bout du bar, là où il n’y avait personne, et où je pourrais mesurer l’étendue de ma stupidité bien tranquillement.


Dernière édition par Ana Falkowsky le Ven 12 Juil - 13:11, édité 1 fois
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Daniel Kelsey


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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeVen 12 Juil - 12:56

Ana Falkowsky… C’était pas n’importe qui. Certes elle était pas la plus connue du château, c’était pas la plus populaire. Mais elle n’avait pas l’air de chercher la postérité. C’était le genre de fille dont on pouvait avoir un peu de mal à souvenir de son nom, mais dès que la personne qui en parlait la décrivait plus précisément, obligatoirement ça finissait par quelque chose dans le genre " Ha oui je vois de qui tu parles ". Faut dire aussi qu’elle était pas dans le genre passepartout. Elle était plutôt mignonne, voir même carrément mignonne, c’était souvent le cas des brunes aux yeux bleus. Elle ne rasait pas les murs, n’hésitait pas à regarder les inconnus les yeux dans les yeux, mais pour autant elle était un peu à l’écart. Mais apparemment c’était plutôt un choix. Un air hautain sur un visage aux traits artistiques, une moue agacée dans les mauvais jours, agrémenté d’un joli " Fuck You " écrit sur son front. Sans oublier ses yeux d’un éclat similaire à la glace qui avait fait parcourir un frisson le long de l’échine de tous les étudiants de Poudlard au moins une fois. Je connaissais peu de courageux qui étaient allés lui parler et qui en étaient revenus indemnes. Essayer d’engager la conversation avec Ana Falkowsky c’était la perspective de se prendre un gros vent, une humiliation publique si on le faisait dans les couloirs. Nos regards s’étaient déjà croisés dans le château, avant que je détourne mes yeux de la dureté des siens. C’était une beauté glaciale.

Quand elle était dans la place, la température baissait de quelques degrés, tous les regards se braquaient sur elle. En l’occurrence dans un Chaudron baveur en fin de soirée, c’étaient ceux de vieilles sorcières alcooliques buvant leur litre de xérès chacune, de gros porcs balourds qui y étaient autant à l’aise qu’à La Tête du Sanglier, des mecs un peu louches encapuchonnés, ainsi qu’un groupe de trois jeunes filles en quête de sensations fortes et d’histoires à raconter de façon hystérique à leurs autres copines. À cette heure là de la soirée, les gentilles petites familles de sorciers qui faisaient du shopping, les étudiants débrouillards, los padres, los madres, s’étaient barrés vite fait une fois les affaires réglées, ou bien s’étaient enfermés dans les chambres à l’étage. Avec tous ça j’en oubliais presque Tom, le légendaire, le mythique barman du Chaudron Baveur,  qui avait eu un léger mouvement de recul en la voyant s’approcher du comptoir, ils avaient l’air de se connaître un peu. J’en ai eu la certitude quand j’ai vu ses ptits yeux globuleux qui ne la quittaient pas et la naissance de quelques gouttes de sueurs sur son front.

Vu l’air affolé de Tom, qui pouvait être un brave gars des fois, mais carrément chiant aussi, ainsi que la plupart de mes souvenirs de Poudlard, Ana Falkowsky, apparemment, il fallait mieux l’éviter si on voulait mener une ptite vie tranquille. Ma vie n’ayant plus rien de tranquille, j’en avais donc plus rien à foutre. Ce qui était le plus surprenant finalement, c’était elle qui était venue me voir. Sinon je me serais contenté d’un autre bon verre de whisky, je serais monté dans ma chambre, un bon somme de fait et je serais retourné sur l’Ecosse. Ma vie aurait continué d’être merdique et jonchée de cadavres de bouteilles, mais au moins j’aurais évité une nouvelle emmerde.

Au lieu de ça je lui avais attrapée le bras… La boulette. Je peux vous dire qu’elle m’a lancé un de ces regards… Un regard qui aurait fait détaler plus de la moitié de Poudlard, Serpentards compris. Elle m’a pétrifié, j’étais scotché à mon tabouret, je me suis dit que ça pouvait être le genre de regard que lançait la Méduse. J’étais incapable de détacher mes yeux des siens. J’ai alors senti un léger frémissement, presque imperceptible, de sa part qui rompit le charme.


-Ben oui, bien sûr. Tu veux pas non plus que je te paye un verre, puisqu’on est si bien partis ?  

Elle se dégagea, j’allais pas la retenir non plus. Une nouvelle rasade de whisky, un nouveau verre de commandé. J’écrasais ma cigarette dans le cendar, avant de continuer sur le même ton sarcastique.

- Ce sera toujours ça de moins sur ma note… Chambre combien déjà Tom ?

D’ailleurs j’avais intérêt à ralentir sur la conso, je commençais à être ruiné, fallait vraiment que je me trouve un job. Bref, en attendant j’avais engagé le pauvre barman tout tremblotant dans la conversation.

- Heeuu… La huit.

Le barman se gratta fébrilement le peu de cheveux qui lui restaient, avant de s’éclipser rapidement. Je le voyais à l’autre bout du comptoir nous jeter des petits coups d’œil en nettoyant nerveusement ses choppes.

-Oh non, après tout pourquoi s’embêter à boire alors qu’on peut aller directement dans ta chambre ? Ou au toilettes sinon, ou alors la réserve, je suis sûre qu’on doit pouvoir trouver !

What the fuck ? Non mais pour qui elle se prenait cette fille ? Je l’ai dévisagée un long moment, avant laisser mes yeux glisser sur la petite robe noire qu’elle portait. Certes ses formes étaient attirantes mais… Mais c’était pas le point !

- Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai envie de coucher avec toi ?

J’avais l’impression d’avoir loupé un épisode. J’étais un peu bourré, mais je savais ce que je faisais… Plus ou moins. Non j’avais encore quelques instants de lucidité.

-Va te faire voir.

Okay ! Elle se cassa à l’autre bout du bar, Tom fit donc l’aller retour, continuant de frotter frénétiquement sur une pinte, incapable de supporter l’éclat glacial de ses yeux. Je me suis servi un verre Pur Feu à ras bord vu que Tom était trop occupé à faire semblant d’être occupé.

- Non mais pour qui tu prends ? Tu te pointes et tu commences à balancer des conneries… Tu te crois parfaite ?!

J’ai vidé mon verre d’une seule traite. L’alcool brûla tout sur son passage. J’ai reposé violemment le verre sur le comptoir, il explosa d’un bruit clair, entaillant légèrement ma main. L’alcool inhiba en partie la décharge de douleur aigue, je saignais un peu, mais c’était pas le plus important. J’ai quitté du regard la miss pour le poser sur les copeaux de verres reflétant des parties mon visage. Finalement moi aussi j’étais en morceaux.
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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeVen 19 Juil - 0:59

Je ne sais pas ce que j'étais en train de faire, ni même ce que c'était que cette idée d'aller parler à Daniel Kelsey simplement parce que nous nous étions retrouvés seuls au même bar -Daniel Kelsey ! Autrement dire : un Gryffondor en puissance ! Il faut croire que les bars, et plus spécialement le Chaudron Baveur avaient une sorte de tendance à me faire agir n'importe comment. Car si récemment je m'étais améliorée en discussion, celle-là, c'était du grand art. J'avais l'impression que ça n'était pas moi, à ce comptoir ,dans ce bar, en train de s'engueuler avec un gars qui avait quand même réussi l'exploit de se faire renvoyer de Poudlard -je ne connaissais personne d'autre qui été parvenu au même résultat, seulement quelques exclusions temporaires. Je ne savais même pas comment il s'était fait renvoyer définitivement, et ça m'aurait sans doute intéressé dans un autre contexte, mais pour une raison qui m'échappait, après mon audace de lui avoir adressé la parole, j'étais à présent on ne peut plus remontée contre lui. C'était apparemment fréquent chez les femmes ce genre de revirement de situation, car j'avais pas mal lu de livre dans lesquels les hommes nous décrivaient comme "incompréhensibles, lunatiques, inexplicables".

Mais très franchement, je ne crois pas que ce genre d'adjectifs pouvaient ne s'appliquer qu'aux filles. Et Daniel en était le parfait exemple ; une minute il m'envoyait chier et la seconde il me rattrapait, une lueur dans le regard -sans doute l'ivresse, ou comme je l'avais pensé, plus certainement une idée derrière la tête. Finalement, tout d'un coup, je n'avais plus envie de lui parler, ni même d'essayer d'être cette fille comme je le faisais depuis des mois -quel en était l'intérêt? Déjà, parce qu'il ne s'en rappellerait probablement pas demain si il continuait à enchainer verre sur verre, et puis, d'une manière générale : à quoi ça m'aurait servi, même si j'avais réussi à sympathiser ? Avec la chance que j'ai, je m'en serais peut-être amourachée, ou même simplement attachée -même si là tout de suite ça me semblait dur à imaginer- et je connaissais bien la suite à présent. C'est en m'écoutant penser ainsi que je réalisais à quel point j'étais amère, à quel point j'étais en colère contre Theo et triste à la fois, pour que ça se répercute ainsi sur mon comportement, moi qui d'ordinaire savais si bien cacher ce que je ressentais. J'imagine que ça aussi, c'était du passé.


- Ce sera toujours ça de moins sur ma note… Chambre combien déjà Tom ?

- Heeuu… La huit.

Je levais les yeux au ciel -c'était bien répondu, une fois de plus, mais qu'est ce que ça pouvait être désagréable lorsque l'on faisait couler l'ironie comme ça. Et il ne se rappelait même pas de sa chambre en plus, ce qui ne contribua qu'à m'agacer encore plus -à moins que ça ne soit que pour se faire remarquer, du genre eh ouais j'ai tellement de filles qui me tournent autour que j'ai carrément prit une chambre. Pourquoi ne pas rentrer chez lui sinon ? Mais tout ça ne m'intéressait pas, les mecs de son âge -...il avait quel âge d'ailleurs ?- faisaient ce qu'ils voulaient et c'était le dernier de mes soucis. Il fallait juste que je me sorte de cette situation bizarre dans laquelle je m'étais mise. D'autant plus bizarre que ça faisait longtemps que je n'avais pas provoqué une dispute, j'avais un peu perdu la main -la preuve, j'essayais déjà de m'enfuir.


- Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai envie de coucher avec toi ?
me demanda-t-il, l'air abasourdi.

Ben voyons... J'étais fatiguée, fatiguée de cette longue mascarade à laquelle tous les garçons semblaient participer.

-Mes excuses, je ne vois pas ce qui peut me faire douter de tes intentions...

L'ironie, l'ironie, il me semblait que je n'avais plus que ça pour répondre -mais que répondre d'autre ? J'avais l'impression d'avoir perdu toute la "foi en l'humanité" que j'avais pu gagner au cours de derniers mois, ce soir. Et même la culpabilité que j'aurais pu ressentir à évacuer ma haine et ma frustration sur Daniel n'arrivait pas à me convaincre d'arrêter l'offensive ; il fallait que ça sorte, c'est tout, même si c'était sur la mauvaise personne. En fait, ça ne pouvait être que sur la mauvaise personne, jamais je ne pourrais parler comme ça à Theo -et puis l'ancien Gryffondor l'avait cherché ! Il m'avait envoyé chier en premier !

...Mais visiblement, il ne lâchait pas l'affaire -Gryffondor un jour, Gryffondor toujours !- et même une fois que je fus installée plusieurs chaises plus loin au comptoir, il continua. Je sentais que j'allais regretter encore longtemps de lui avoir adressé la parole. Et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi... et peut-être aux nombreux verres qu'il devait avoir vidé.


- Non mais pour qui tu prends ? Tu te pointes et tu commences à balancer des conneries… Tu te crois parfaite ?! s'énerva-t-il d'un coup.

Finalement, sous le coup de la colère et l'ivresse n'arrangeant rien j'imagine, il éclata son verre sur le comptoir en le reposant, s'entaillant au passage. Eh bien, eh bien...

La soudaine montée de sa colère sembla faire redescendre la mienne. Déjà, j'en avais assez fait pour aujourd'hui -ne m'étais-je pas dit que j'arrêtais de chercher la bagarre ? Ça ne m'intéressait plus tout ça. Et en plus, vu le sort que venait d'avoir eu son verre pour avoir commis la seule et unique faute d'être dans sa main, il valait mieux m'abstenir. Je n'avais pas pris ma baguette sur moi donc si ça dérapait, je n'avait pas la moindre chance. Et puis ce qu'il venait de me balançait... Autant que je le détestait de me faire réfléchir, je devais reconnaître que c'était le cas.

Je baissais les yeux, finalement, au bout de quelques instants à supporter les siens -avec le temps, il me semblait que c'était ce que j'avais le plus de mal à faire, regarder les gens dans les yeux. Surtout quand ils disaient quelque chose que je n'aimais pas entendre, tout en sachant que c'était vrai. Tout ça me rappelait dangereusement Ruby, notre si lointaine mais néanmoins toujours présente dispute, ça n'allait plus. J'étais "à fleur de peau", ce soir, et ce qui d'ordinaire ne m'aurait pas fait plus d'effet que ça était maintenant une plus grosse affaire. Quelle sensation détestable.

Quelque part, j'enviais Daniel, en cet instant, tout en le haïssant ; à le voir, comme ça, en train de boire tranquillement, il semblait plutôt tranquille dans sa tête, et disait ce qui lui traversait l'esprit sans avoir à réfléchir plus que ça. Il ne semblait pas franchement se torturer pour les apparences, ou pour quoi que ce soit d'ailleurs ; il donnait cette impression que rien d'autre au monde ne comptait pour lui que son Whisky et ses cigarettes. Cette pensée me fit tout de suite penser à Chuck, et autant que je n'aimais pas penser à ces deux là, si semblables dans leur mode de vie au final, je les enviais en quelques sortes. Tout ça était vraiment bizarre, et j'avais envie d'arrêter de penser -j'aurais donné n'importe quoi pour mettre un terme à ces foutues pensées envahissantes qui me pourrissaient le quotidien. M'empêchaient d'être quelque de "vrai". De spontané. De naturel. Le genre qui se fait un ami au bout d'une seule conversation, le genre qui aurait séduit Theo.

Il fallait que ça s'arrête.


-Non, répondis-je finalement d'une petite voix.

A vrai dire, je suis sans doute la personne avec le plus de défauts que tu ne rencontreras jamais...


-Non, répétais-je. Laisse tomber.

Et il le ferait sûrement. Mais j'aurais voulu que moi, je puisse laisser tomber.
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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeMar 23 Juil - 19:39

Pourquoi je lui avais attrapée le bras ? Juste pourquoi ? J’aurais jamais dû le saisir. Erreur de débutant, ou de con bourré. J’ignorais la nature de mes intentions, et même des siennes. Finalement j’étais presque un peu surpris vu la nature des ragots qui couraient sur sa personne, et même de ce que j’avais pu déduire lorsqu’on se croisait dans les couloirs, qu’elle soit venue me voir, m’adresser la parole. Je m’étais peut être trompé sur son compte. D’habitude c’était plutôt mon genre d’aller voir des inconnu(e)s pour sympathiser, déconner, bref passer un bon moment autour d’un bon verre. Or, là j’avais rien fait au départ, je m’étais contenté de savourer le whisky après avoir passé une journée difficile, avant de recevoir la réponse de mon ex qui avait fini de m’achever. C’était cliché. Mais ma vie était clichée. Finalement c’était peut être la lettre qui m’avait poussé à attraper son bras et qui avait déclenché le reste. On pouvait pas parler de prise de conscience des blessures que j’avais causées aux autres, ce serait grave sinon. Mais plutôt d’un changement qui s’imposait. Je devais arrêter d’un être un connard distant. Mais au final, comme avec Holly, en saisissant le bras d’Ana Falkowsky, je lui demandais une seconde chance que je ne méritais pas.

Si je ne l’avais pas fait rien de ce qui s’en ait suivi ce serait passé, elle serait repartie sans me lancer un regard, me laissant seul au bar, me cuitant la gueule comme un con pleurant sur son sort, lisant encore et encore la lettre. Si je n’avais pas été si froid dès le début, si je n’avais pas bu autant, elle serait peut être resté, on aurait papoté vite fait, et au final se serait cassée. Qui voudrait rester avec un exclu de Poudlard, qui avait comme seul truc intéressant le fait de s’être fait virer définitivement de l’école ? Avec des si on pouvait changer la face du monde. Si je n’étais allé chez cette fille qui m’avait fait mon premier fixe. Si j’avais été sobre, moins lâche, moins con, à des moments cruciaux je n’aurais peut être pas été viré de Poudlard. Si j’avais plus ouvert, finalement plus comme un vrai petit ami, si je n’avais pas été stupide en tombant sous le charme de LA Sirène de Poudlard, je serais peut être toujours avec Holly. Mais j’avais fait toutes ces erreurs, et apparemment j’avais du mal à toutes les assumer totalement. Pourtant j’en étais le seul responsable. Je m’étais mis dans la merde comme un grand, et en tentant vaguement de m’en sortir je m’y étais enfoncé plus profondément, m’enlevant toutes les chances de réparer le mal que j’avais causé à mes proches.

J’étais donc dans ce bar, seul, je continuais de m’enfoncer dans les ténèbres en enchaînant les verres. Je retenais rien de mes erreurs passées. Mais peut être pour la première fois je me rendais compte de ma solitude, c’était peut être pour ça que j’avais attrapé le bras de la miss, comme lorsqu’on s’agrippe à une bouée de sauvetage. J’attendais une deuxième chance, chose que j’avais presque toujours eu avec Holly jusqu’à un certain point, et qu’Ana ne me donnait pas. Je faisais l’enfant gâté.


- Mes excuses, je ne vois pas ce qui peut me faire douter de tes intentions...  

Elle avait tout à fait raison de ne me laisser aucune chance de me rattraper. Ça allait lui servir à rien. Au  mieux on aurait tissé des liens, crée une relation, mais au final je l’aurais laissée tomber, déçue, comme je l’avais fait pour tous les autres. J’avais fait du mal à tous ceux qui tenaient à moi, si j’avais été plus sobre, j’aurais dit à Ana de me fuir comme la peste. Mais j’étais bourré, et j’étais con. Je la voyais à l’autre bout du bar entrain de m’échapper, Tom qui faisait les allers-retours, ne savant pas ou se mettre, s’il devait arrêter de me servir, s’il devait nous chasser du bar, les autres clients pour la plupart restaient dans leurs conversations. Même quand j’ai éclaté le verre sur le comptoir, personne n’a vraiment daigné y accorder un regard. Pour le Chaudron Baveur un verre explosé c’était du domaine du banal.

La voir baisser des yeux fit naître un frisson le long de mon échine.


-Non.

Plus d’inconnus, de piliers de comptoir, de sorcières mystérieuses, se sont retournés sur ce léger murmure qu’à l’éclat du verre brisé. Je ne voulais pas ce sentiment de résignation, je voulais qu’elle se lève, qu’elle pète un câble elle aussi, qu’on continue de s’engueuler, de s’insulter, qu’elle me traite de junkie, camé, d’alcoolo, et moi d’iceberg, de sans-cœur et d’autres conneries du même style. Je ne voulais pas être responsable de ces traits abattus sur son visage.

-Non… Laisse tomber.  

Un petit sourire satisfait s’installa sur le visage disgracieux du barman, il n’attendait que le départ d’un de nous deux pour pouvoir être complètement tranquille, et il se doutait qu’il n’en avait plus pour longtemps. J’ai cherché à attraper ces yeux de glaces qui restaient rivés sur le bois du comptoir.

- J’ai trop souvent laissé tomber.

Ma colère et paradoxalement mon niveau d’ébriété étaient en chute libre devant l’attitude de la miss. J’ai hésité à me resservir un verre avant que mes yeux tombent sur les morceaux du dernier sur le comptoir. J’ai fini par écraser un mégot dans le cendrier, contemplant un moment les dernières volutes de fumées.

- C'est jamais la solution.

J’ai quitté le comptoir, laissant derrière moi une assemblée de sorciers qui commençaient à être bourrés, une presque inconnue et des éclats de verre au bar. J’ai réussi à monter les escaliers sans trop de soucis ce qui était un quasi-miracle avec tout ce que je venais d’avaler.  J’avais envie de m’éclater les poings, la tête contre les murs. Une nouvelle fois j’étais seul, titubant dans un couloir pour regagner ma chambre. Après avoir pas mal galéré pour l’ouvrir, j’ai fini par claquer la porte violemment. À peine arrivé dans ma chambre, je me suis aspergé le visage d’eau froide dans la salle de bain glauque qui était à ma disposition. Je saignais plus. J’ai caressé un moment la cicatrice qui parcourait mon avant bras, souvenir des nombreuses erreurs commises, ce qui contribua à descendre l’influence de l’alcool. Ça et la sensation d’avoir encore tout fait foirer. J’ai repensé aux derniers mots que j’avais prononcés à la miss, finalement j’avais laissé tomber une nouvelle fois. Des légers coups résonnèrent dans la chambre. Un peu surpris j’ai ouvert la porte, et je l’ai vue.
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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeLun 29 Juil - 1:48

Je crois que l'on pouvait définitivement admettre que ce soir, je n'étais pas dans mon état normal. Moi qui avais si longtemps ri des "chagrins d'amours" de ces demoiselles -rien que le nom était ridicule-, j'avais l'air bien maligne. Et en plus, j'étais en train de me ridiculiser toute seule, à voir bien plus qu'il n'y avait dans cette conversation qui n'en était pas vraiment une, puisque mon interlocuteur, lui, semblait avoir bien du mal à me suivre. Je ne savais pas quoi dire, ni même quoi penser. Ce flot continu de pensées qui habitait ma tête semblait s'être intensifié à tel point que je n'arrivais plus à les déchiffrer, et ça devenait plus une sorte de gros brouillard opaque qui devait s'en doute nuire à ma logique et à la cohérence de mes propos. Sans doute aurais-je mieux fait de sortir prendre un peu prendre l'air, mais l'idée de sortir de ce bar qui, inconsciemment, était devenu une sorte de refuge pour moi ce soir, m'était insupportable. J'avais l'impression que si j'en sortais, je serais envahie de tout ce que j'essayais de fuir et je ne m'en sortirai probablement pas. Et en même temps, j'avais envie d'être sur mon lit, roulée en boule, seule, dans le silence, avec l'éternel bruit de pluie sur les vitres qui faisait à présent part intégrale du silence de Liverpool. Mais au lieu de ça, j'étais là. Tout était contradictoire, et pourtant logique, dans ma tête, je me perdais moi même. Je voulais fermer les yeux, et que ça soit le silence, autant autour de moi que dans ma tête. Je voulais qu'ils disparaissent tous, je voulais que Daniel Kelsey arrête de me fixer avec ses yeux bleus que je ne pouvais pas -que je ne pouvais plus- affronter, je voulais disparaître, là, maintenant, et pour de bon.

- J’ai trop souvent laissé tomber.

Sans les relever, j'écarquillais mes yeux. Voilà une réponse qui me surprenait vraiment, et pas dans le mauvais sens comme ça avait été le cas depuis tout à l'heure. Une réponse qui était sincère, et pas simplement une part de sa couverture de bad boy qui n'en avait rien à foutre de rien. Il y avait autre chose derrière ces simples mots, et bien que ce quelque chose était certainement sans aucun rapport avec moi, ils me firent réagir, au moins.

- C'est jamais la solution.

Cette fois, je relevais les yeux, mais il détourna les siens presque au même moment, se levant et quittant le bar sans un regard en arrière. Je restais là, sur ma chaise, à regarder partir ce gars que je ne connaissais que depuis une dizaine de minutes, et qui pourtant me laisserait un fort souvenir, j'en étais certaine -sans bien savoir pourquoi. Mais à présent que j'étais seule, et que comme je l'avais souhaité, ces yeux bleus avaient cessé de me fixer, je ne me sentais plus si sûre de moi. C'était facile de faire la forte, en jouant les impertinentes devant les autres, mais c'était lorsque l'on se retrouvait seul que l'on réalisait si l'on en avait vraiment, de la force. Et dans mon cas, j'avais à maintes et maintes reprises constaté que ça n'était pas le cas. Ce n'était même pas une question d'attention à proprement parler, mais à présent que la seule personne avec qui j'avais eu un semblant de discussion de la journée était partie, que Tom pouvait de nouveau respirer normalement et se reconcentrer sur ses clients, que plus personne ne semblait me voir, j'avais l'impression de ne plus exister.

Personne ne me regardait, bien trop absorbé par leur Pur Feu et leurs discussions ô combien passionnantes ; personne ne devait penser à moi. Alors, en cet instant, je n'avais tout simplement plus l'impression d'exister. Et cette idée me remplissait d'une tristesse indéfinissable, une tristesse envahissante et effrayante. Si j'avais longtemps cru être une solitaire, maintenant que j'expérimentais la vraie solitude, je pouvais dire que personne ne peut vivre ainsi. Il fallait que je fasse quelque chose. N'importe quoi, mais se sentir vivante. Avant, sans doute aurais-je envoyé une lettre à Theo, sans rien lui raconter de mes pensées évidemment, mais juste pour me dire qu'au moins, en lisant ces quelques mots tout à fait banals, il penserait à moi, et quelque part dans Londres, j'existerai. Mais à présent que ça ne m'était plus envisageable, il fallait que je trouve quelque chose. N'importe quoi.


Mais se sentir vivante.



Et voilà que j'étais devant cette porte, dont j'avais du noter le numéro inconsciemment. Je savais ce que je faisais, tout en ne le sachant pas. Disons que je savais à quoi m'attendre, mais dans les faits, pas tellement. Peu importait. J'avais juste besoin d'exister à travers les yeux de quelqu'un, même si ça n'était qu’éphémère -ça ne pouvait que l'être. Je frappais ces quelques petits coups sans vraiment même m'en rendre compte, il ouvrit la porte, et le temps d'une fraction de seconde je songeais à partir en courant. Mais ça voudrait dire que je serais lâche, que je serais moi-même, encore et toujours, et je ne pouvais tout simplement plus l'être. Ce soir, j'avais besoin, vraiment besoin d'être quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui prend des risques. Alors, je fis un pas en avant, et plongeais mes yeux dans les siens. Et au fur à mesure que la surprise s'effaçait des ses azurs, pour être remplacée par la compréhension, les miens se firent plus sûrs d'eux, jusqu'à ne plus montrer aucune hésitation. Alors je fis un autre pas en avant, qui acheva de réduire à néant l'espace qui nous séparait, et laissant avec bonheur mon instinct prendre le pas sur mes pensées, collait mes lèvres aux siennes sans lui laisser le moindre choix, mes mains se posant d'autorité sur ses bras.

Après quelques instants, j'éloignais un peu mon visage du sien, fouillant ses yeux du regard, tout en lui montrant la détermination des miens -je savais ce que voulait dire ce que je faisais. Puis, le poussant doucement -il ne résistait pas franchement- je rentrais un peu plus dans la pièce et fermais la porte derrière nous, avant de l'embrasser de nouveau.

C'était à nouveau comme si ça n'était pas moi qui agissait, pourtant, je ressentais tout, absolument tout. Seulement je ne pensais plus, je me laissais guider par mon instinct, et par lui aussi, il devait bien savoir, ou se rendre compte que je n'étais pas une habituée de ce genre de choses, même si ma toute récente confiance en moi n'en témoignait sans doute pas. Mais je n'étais pas très inquiète à ce sujet ; il saurait me guider, comme il avait déjà du le faire de nombreuses fois. Je ne me faisais pas d'illusions, et savais que je n'étais qu'une autre de ces fois là, mais en attendant, et ce, pour un moment, il était là, avec moi, il m'embrassait, et ça n'avait pas d'importance que l'on se soit engueulé, que l'on ne se connaisse pas, qu'il soit Daniel Kelsey et moi Ana Falkowsky, tout ça, je m'en fichais complètement, et lui aussi sans doute. Tout ce que j'avais besoin de savoir c'était qu'en cet instant, j'existais pour quelqu'un.
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Daniel Kelsey


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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeVen 2 Aoû - 23:38

J’avais l’impression de voir une photo prise sans que je le sache, d’un angle impossible à trouver dans un miroir, en étant pourtant capable de me reconnaitre, de savoir que c’était moi, me rendant compte que j’étais une autre personne que celle que j’avais toujours cru être. J’en avais assez d’être ce grand con avec une grande gueule et en fait c’était à peu près tout ce que j’étais. Assez d’être le lâche qui préfère se réfugier dans des paradis artificiels, mais factices, au lieu de se lever et de se battre, de sortir des emmerdes dans lesquelles il était tombé. Assez d’être faible, de cacher qui j’étais réellement. Finalement je savais que j’avais déjà eu ce déclic des années auparavant quand je m’étais rendu compte que je n’étais qu’un gamin trop innocent, trop naïf. Mais j’avais foiré, comme à peu près tout ce que j’avais fait, c’était la seule constance chez moi. Je voulais recommencer, une nouvelle fois. Je voulais pouvoir me regarder dans le miroir, sans baisser presque instantanément mes yeux sur la cicatrice de mon avant bras. Je voulais pouvoir affronter les traces violettes au creux de mon coude. Je ne voulais plus trahir les quelques personnes qui avaient cru en moi. Je voulais enterrer définitivement mes vieux démons, et pouvoir enfin regarder vers l’avant. Mais il était trop tard.

J’étais seul face à mon reflet, me rendant compte que j’avais tout gâché, que j’avais déjà envoyé en l’air toutes les secondes chances que certaines personnes avaient pu m’accorder. J’étais vraiment con. Je ne savais pas quoi faire à part m’étaler sur le lit et fantasmer sur une vie que j’aurais pu avoir si je n’avais pas été débile.

J’ai presque sursauté quand les coups à ma porte ont résonné. Quelqu’un avait fait l’erreur de me suivre. J’ignorais complètement qui c’était, mais instinctivement j’aurais plutôt pensé au barman qui aurait pointé sa fraise pour me charger à cause du verre brisé. Il ne serait pas aller au point de me virer de l’établissement, au Chaudron Baveur on avait vu bien pire. Je m’attendais donc presque à tout, sauf à elle. Après tout, pourquoi serait elle montée voir le connard qui l’avait fait chier quelques instants auparavant ? Et finalement ma porte a dévoilé Ana Falkowsky dans sa petite robe noire, plantant dans mes yeux ce regard de glace, teinté d’un étrange éclat. Un mélange particulier d’hésitation et de j’m’en foutisme. J’ignorais absolument quoi lui dire, et je n’en ai pas trop eu le temps, mais si l’un d’entre nous avait cédé, j’aurais seulement lâché un " Qu’est ce que tu fous là " ou devant la solitude qui m’habitait, juste un " Merci ".

Mais je n’ai pas eu le temps de dire quoique ce soit, et c’était pas plus mal vu le nombre de conneries que j’avais lâché dans la soirée. La première chose que j’ai ressenti ce fut ses mains agrippant mes bras avec force, me signifiant clairement de me laisser faire, avant une autre sensation bien plus agréable. Son visage se rapprocha du mien, ses lèvres des miennes, pour y déposer un long baiser. Comme je l’ai déjà dit je ne m’attendais pas à la miss, et en la voyant face à moi ce n’était pas la réaction que j’attendais. Ça aurait très bien pu être une bonne baffe pour tout ce qu’on venait de se balancer, au lieu de ça, ses lèvres s’unissaient aux miennes.

Elle relâcha son étreinte, plongeant son regard dans le mien. Je pouvais sans mal discerner ses yeux dans l’obscurité de la nuit. Dans ma vie je m’étais déjà noyé dans les lagons de Lilian, et dans les abysses de Holly, mais là c’était complètement différent. Deux opales d’un bleu si particulier, le bleu du ciel étoilé à la tombée de la nuit. Deux diamants capables de faire frissonner les plus endurcis. Un regard de glace qui commençait à s’embraser.

Plongé dans ma contemplation, elle en profita pour poser sa main sur mon torse, me repoussant dans la pièce, claquant la porte, scellant le pacte. Elle revint dans mes bras, et ses lèvres déposèrent un fougueux baiser électrisant. Elle avait clairement pris l’initiative, mais petit à petit mon instinct refaisait surface à travers les brumes de l’alcool. Mes mains commencèrent à s’entremêler aux siennes, avant de lui saisir la taille, laissant les siennes s’attarder sur mon torse. Autant le dire tout de suite, quand j’étais encore étudiant à Poudlard, juste un jeune con donc, le rugby moldu et autres sports m’avaient permis de me développer musculairement. J’avais jamais été une montagne, mais au moins j’avais une bonne carrure. Mais les diverses expériences que j’avais mené ne m’avaient clairement pas fait du bien. Quand j’étais allé vraiment loin vers les nuages, mon corps était dans un état de délabrement total, n’étant presque plus qu’une décharge de produits toxiques, asséché de ses graisses.

De plus en plus électrisé par nos baisers, et ses caresses, je l’ai collée contre le mur, mes mains montèrent lentement vers sa nuque, sentant les muscles de son dos se contracter tour à tour. Tendres puis enflammés, nos lèvres s’unissaient, nos bouches ne faisaient qu’une. Ce n’était pas le whisky mais c’était elle qui me rendait ivre, la fougue de ses baisers, le parfum qu’elle dégageait. Mes mains descendirent sur sa chute de reins, nous rapprochant plus encore, avant de caresser doucement ses cuisses laissées nues. Profitant de mes lèvres qui s’attardaient sur son cou,  elle m’aida à enlever ma chemise, pendant que je me perdais sur le haut de ses jambes.

Nos cœurs battaient à l’unisson quand sa jambe s’enroula autour de moi, accentuant notre étreinte. Quittant à regret ses lèvres, pour poser les miennes sur sa peau, je l’ai prise doucement dans mes bras, la soulevant dans les airs, avant de la déposer délicatement sur le lit. Tour à tour caressant ses cheveux ébène, ses hanches, ses cuisses, mes mains commencèrent à chercher la fermeture de sa robe noire, qui coula lentement. Profitant que la robe reste en place par quelques lois universelles, j’ai déposé un long baiser sur ses lèvres, caressant ses cheveux noir de jais, avant de m’écarter légèrement, plongeant une nouvelle fois mes yeux dans ce regard impossible à cerner. Était-ce vraiment Ana Falkowsky derrière ces deux diamants de glaces qui brûlaient d’un feu étrange ? Je voulais en être sûr avant d’enlever les dernières couches de tissus qui nous séparaient.

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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeDim 11 Aoû - 23:04

Si j'avais bien une certitude, c'était qu'il ne fallait pas que je pense. Que je m'empêche par tous les moyens de réfléchir car si jamais je le faisais, alors je n'allais pas mettre longtemps à me rendre compte que j'étais en train de faire une erreur qui rentrait facilement dans mon top trois, et qui irait sans doute même en haut du podium. Mais je ne voulais pas penser. Je voulais agir. Une fois dans ma vie je voulais faire quelque chose sans me poser de question, et réfléchir aux conséquences plus tard. Me dire que ça n'était rien, que je pouvais bien faire ce que je voulais après tout il n'y avait rien qui pouvait m'en empêcher ; je n'avais aucun compte à rendre à personne là dessus, personne à qui être loyale. Et Daniel probablement pas non plus -et même si c'était le cas, ça n'était pas mon problème. Je voulais que rien ne soit mon problème. Alors il fallait agir, agir, être en perpétuel mouvement, ne pas avoir une seconde pour se poser et réaliser ce que j'étais en train de faire, il ne fallait pas. Heureusement, Daniel me facilita les choses, me rendant mon baiser dès que la seconde de surprise fut passée.

Et puis, plus que ça.

Clairement, il avait plus d'expérience que moi dans ce domaine -ça n'était pas bien difficile. Lorsque j'eus fermé la porte, détachant mes lèvres des siennes durant un instant, il y eut comme un déclic et si il avait eu un peu de retenue, à présent, ça n'était plus le cas. Ses mais encerclèrent fermement ma taille tandis que les miennes allèrent se loger sur son torse, et nous continuâmes ainsi, brûlant et enflammant l'autre à travers ce long baiser qui entretenait mes battements de coeur à un rythme soutenu. C'était vraiment ça mon impression -
j'étais en train de brûler.Sauf que je n'avais pas envie d'éteindre le feu.

Il me colla au mur, et mes bras en profitèrent pour s'enrouler autour de son cou tandis que les siens descendaient dans mon dos, puis plus bas, plus bas, pour arriver jusqu'au haut de mes cuisses. Un frisson me parcourut toute entière, me rappelait que contrairement à ce dont je devais donner l'impression, je n'étais pas vraiment une habituée de la chose, mais je l'ignorais en embrassant Daniel avec encore plus de fougue. Mon coeur commençait à tambouriner tellement fort, et vu comme nous étions collés, je me demandais si il n'allait pas finir par l'entendre ; avant de finalement me dire que je m'en foutais, et qu'il s'en foutait probablement encore plus. On sembla décider d'un accord commun qu'il était temps pour lui d'enlever sa chemise, et je défis ses boutons avec des doigts agiles tandis qu'il la fit glisser pour achever de l'enlever. De son cou, mes mains passèrent à son dos nu, donc je sentais les omoplates ; il n'était pas bien gros, lui non plus. J'avais un vague souvenir d'un garçon musclé, à Poudlard, pourtant, mais les rumeurs comme quoi il avait fait un peu n'importe quoi depuis ne devaient pas en être, finalement. Peu importait. Il restait beau, même si étrangement je n'aimais pas y penser ; mais c'était un fait, et à chaque fois que ses yeux bleus croisaient les miens, mon coeur s'enflammait encore un peu plus. Mes mains remontèrent pour se perdre dans ses cheveux blonds.

Mais ça n'était pas assez. Je voulais que ça aille plus vite, je voulais le faire, là, maintenant. Décidant de me fier à mon instinct comme je n'avais pas cessé de le faire, j'enroulais ma jambe autour de lui, et il sembla recevoir le signal cinq sur cinq ; en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, mais avec un douceur qui m'étonna, je ne touchais plus le sol. Avant de rencontrer le lit. La couverture eu comme l'effet d'un électrochoc sur moi, parce qu'un lit, c'était très significatif ; mais je ne voulais pas penser, non, il ne fallait pas. Je l'observais tandis qu'il caressait mes cheveux, mes hanches, puis mes cuisses, avant d'arriver dans mon dos. Il trouva la fermeture éclair sans mal, et la fit descendre sans hésitation ; pourtant, alors qu'elle restait maintenue pour ses derniers instants. Ses lèvres capturèrent les miennes de nouveau pour un long baiser que je lui rendis, retrouvant avec délice cette impression de brûler de l'intérieur que me procuraient ses lèvres ; qu'elles soient sur les miennes, ou ailleurs.

Puis il releva les yeux et les plongea droit dans les miens. Qu'y cherchait-il ? Un accord, j'avais l'impression. Comme si il voulait être sûr que je n'allais pas me défiler au dernier moment. J'étais entré dans cette chambre et m'étais pratiquement littéralement jetée sur lui ; il me semblait donc clair que je n'allais pas me dégonfler. Et puis, j'avais du mal à fixer trop longtemps ses azurs, parce que si lorsqu'ils croisaient les miens une fraction de seconde, entre deux baisers, ils m'électrisaient ; lorsqu'ils se plongeaient dedans ainsi, mon laissant tout le loisir de contempler leur couleur pure, c'était comme si ils me forçaient à penser à Theo. Et en cet instant, vraiment, c'était la dernière chose que je voulais. Si il y avait bien un truc auquel je ne voulais pas penser, c'était bien le barman ; alors, y mettant toute ma détermination pour la lui faire ressentir, je l'embrassais à mon tour et fis tomber ma robe moi-même. Au moins, ça, c'était fait.

Puis un de mes mains retourna autour de son cou tandis que l'autre alla dans son dos à nouveau, puis sur son torse puis... je commençais à défaire les boutons de son pantalon, qui, lorsque j'y parvint, glissa tout seul hors du lit. Je voulais qu'on le fasse, et maintenant. Ma respiration se fit hachée, nos souffles s'entremêlaient tandis que l'on s'avançaient tous les deux vers le fond du lit sans vraiment y faire attention, roulant, tantôt l'un sur le dessus, tantôt l'autre. Je profitais d'un moment où c'était moi pour quitter ses lèvres et poser les miennes sur son cou, puis son épaule, sa clavicule, son torse... Pour finalement réunir de nouveau nos bouches, avant de basculer en dessous de nouveau.

En fait, il n'y avait pas que ses lèvres qui me procuraient cette sensation de délicieuse brûlure ; c'était partout où il me touchait, à chaque endroit où nous étions en contact, je le ressentais, et ça m'effrayait autant que ça me plaisait. Et lui ? A quoi pensait-il, en cet instant ? Etait-il à ce point focalisé par ce que nous étions en train de faire qu'il ne pensait plus ? Si c'était le cas, je l'enviais. Car moi, même lorsque je l'embrassais avec toute la passion dont j'étais capable, même lorsque je prenais les devants comme pour enlever son pantalon, ou déposais des baisers tout le long de son torse, je n'avais pas l'impression d'arrêter mes pensées. Juste de les ignorer.

Alors, pour couper court à cette idée, autant que pour m'assurer moi-même que je ne reculerais pas, j'enlevais les deux derniers vêtements qu'il me restait.
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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeMar 13 Aoû - 12:43

Est-ce que j’avais la moindre idée de ce que je faisais ? Pas vraiment. J’étais parfaitement conscient, même si chacune de ses caresses diminuait un peu plus ma lucidité. Je n’avais aucune idée des conséquences de mes actes. Je me contentais de vivre l’instant présent, de profiter, de cueillir la rose. Ce qui allait suivre, je m’en occuperais après. Le lendemain était un autre jour. J’allais faire face aux conséquences de mes actes le lendemain, avec une gueule de bois, mais je les assumerais. La lettre de Holly n’était qu’à quelques mètres de nos deux corps mais je n’y pensais pas, je n’y pensais plus. Comme auparavant je cédais à chacune de mes pulsions, je me laissais envahir par mes désirs. Peu m’importait le lendemain. Ce genre d’attitude avait déjà conduit à ma perte, mais je m’en tapais. Je n’avais retenu aucune leçon du flirt à sens unique avec LA Sirène de Poudlard, des embrouilles qui avaient suivi avec la Serdaigle, je ne retenais jamais rien. Je profitais de la vie au maximum. Certains tombeurs racontaient qu’un réveil gêné était mieux qu’une nuit de solitude. Je ne savais pas si c’était vrai, mais je m’en tapais, dans mes bras se trouvaient Ana Falkowski, nos lèvres ne se quittant que pour explorer la peau de l’autre.

On disait que les yeux étaient le reflet de l’âme. Jusqu’à cet instant, j’avais toujours crû que c’était la vérité. Les azurs des Caraïbes de Lilian si charmeurs, si tentants, qui vous invitaient, avant de tomber sous les griffes, les crocs de sa beauté fatale. On n’était plus jamais le même lorsqu’on y réchappait, et je m’en étais sorti avec plusieurs cicatrices. Le bleu des profondeurs océaniques pour Holly, cachant ses douleurs. Deux océans dans lequel je m’étais noyé peut être trop souvent. Le regard brun entier de Taylord, des yeux qui pouvaient redonner confiance, mais un éclat doré dissimulant ses souffrances profondes. Mais je me trompais, comme d’habitude. Derrière la glace des yeux d’Ana ne pouvait pas se trouver un être dur et insensible, ses caresses, et surtout notre engueulade précédente le prouvait. Mais peut être quelqu’un qui devait céder un peu plus à ses envies, au lieu de porter presque constamment ce masque de dureté. Mais j’étais loin d’être partial en la tenant dans mes bras, et clair, tant ses lèvres me faisaient perdre la raison.

Une fois la porte close, nous étions jetés l’un sur l’autre, animés par une passion nouvelle. Je ne pouvais m’empêcher d’embrasser ses lèvres si tendres, de caresser cette peau si douce, de plonger mon regard dans ses yeux à la pureté d’iceberg, attisant le feu qui brûlait en nous. Un feu que je retrouvais. Ce brasier qui montait de plus en plus haut, enflammant la moindre parcelle de peau, électrisant les sens, les flammes qui ne s’arrêtaient pas de brûler, rendant chaque étreinte plus forte, chaque baiser plus langoureux. Ses mains qui montaient sur ma nuque, mes cheveux, descendaient sur mon torse, faisaient naître d’agréables frissons qui parcouraient mon échine. Mon cœur si prompt à s’emballer battait la chamade. Je pouvais sentir le sien battre à tout rompre sous mes caresses.

Les vertiges qui naissaient n’étaient pas dus à l’alcool, mais à ses lèvres, aux baisers fougueux échangés, à ses caresses électrisantes, le contact de ses formes dans notre étreinte. Elle fit glisser sa robe, dévoilant un corps parfait. La couverture du lit sur lequel je venais de la déposer n’était rien, je préférais le velours, le satin de sa peau, douce sous mes caresses comme sous mes lèvres. Lorsque nos yeux se rencontraient, je ne reconnaissais plus celle avec qui j’étais quelques instants auparavant, j’ignorais si j’étais vraiment avec elle, cette passion qui brûlait en nous me rappela les derniers moments passaient avec Holly en tant que couple. Mais la main qui caressait mon dos, et celle qui enleva mon pantalon et ce qui suivait, fit évaporer toutes ces pensées.

Des soupirs s’échappaient de nos lèvres à chaque caresse appuyée. Nous roulions l’un sur l’autre, la respiration saccadée, le souffle irrégulier, le sang brûlant, chaque parcelle de notre peau chauffée à blanc. Ses lèvres parcouraient mon torse, elle en profita pour planter doucement ses dents blanches dans ma peau, ce qui acheva de me faire perdre la raison. Nous étions tous les deux fous. Elle déposa un long baiser sur mes lèvres pendant que mes mains remontèrent de ses cuisses, s’attardant un moment sur ses hanches, son buste, avant de caresser doucement son visage. Le contact de ses sous-vêtements était agréable et frustrant à la fois. Devinant peut être mes pensées, elle s’écarta légèrement et enleva les derniers tissus qu’elle portait.

Nous étions tous les deux dans le plus simple appareil. J’ai caressé un moment ses cheveux d’ébène, avant de franchir la courte distance qui nous séparait pour la prendre doucement dans mes bras. Mes caresses se firent plus rassurantes, avant d’échanger un long baiser. J’ai déposé lentement mes lèvres au creux de son cou, sur sa gorge, son buste, son ventre, ses cuisses, avant de remonter et d’emprisonner les siennes une nouvelle fois dans un baiser enflammé. J’ai plongé mon visage au creux de son cou, pendant qu’elle plantait une nouvelle fois ses dents sur ma clavicule, attisant le brasier qui était en nous. Nos mains s’entremêlèrent, nos lèvres s’unirent à nouveau dans une série de baisers passionnés échangés sans retenus.

Elle enroula ses jambes autour de moi, j’attirais ses hanches contre miennes. Nous nous offrions l’un à l’autre, nos deux corps enflammés dans une même danse. Nos cœurs battaient à l’unisson, nos lèvres ne se quittant que pour explorer chaque parcelle de sa peau, notre respiration saccadée calquée l’un sur l’autre. Nous partagions les mêmes soupirs, les mêmes tremblements. Je déposais mes lèvres le long de son cou, elle m’agrippait, ses doigts griffaient mon dos. Nous étions unis, nos peaux collées l’une contre l’autre, les corps parcourus de décharges électriques. Les soupirs profonds se transformèrent en gémissements, submergés par le plaisir. Nous n’étions qu’un, brûlant d’un même feu dans cette étreinte.  
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MessageSujet: Re: Romance is dead [PV] (clos)   Romance is dead [PV] (clos) Icon_minitimeSam 24 Aoû - 23:11

« I was in the darkness...




Ce n'est que maintenant, dans les bras d'un garçon qui ne s'intéressait pas plus à moi que moi à lui, que je découvrais le réel sens de la solitude. Et la définition que j'en tirais différait tellement de celle à laquelle j'avais toujours crue que j'en venais à me demander si au final, je n'étais pas complètement stupide. Ce n'était pas de la solitude, ce que je recherchais, plus jeune. C'était de l'attention, en fait, une manière de me démarquer, de me dire que j'étais mieux que ceux qui m'entouraient ; mais au final, eux, tous ces gens que j'avais méprisé et pris de haut, en ce moment, ils devaient être avec leur famille qu'ils aimaient, ou avec des amis, parce que pendant que je m'isolais dans mon orgueil, ils tissaient des liens. Et moi, je perdais ma virginité avec un gars que je ne connaissais pas. Tout ça parce que je m'étais crue trop bien pour me mêler aux autres, et lorsque j'avais enfin commencé à réviser mon point de vue, il avait fallu que je m'attache à quelqu'un à tel point qu'il pouvait me pousser à faire n'importe quoi sans même un seul mot. J'étais tombée dans le plus pathétique des états d'esprit, dans la plus grande faiblesse que l'on puisse avoir, celle que j'avais fuis avec tant de conviction pendant des années. Et maintenant, j'étais en train de faire quelque chose que je regrettais avant même de l'avoir réellement fait.

Alors, pour me rassurer, je n'y pensais pas, je ne pensais pas. J'évitais juste ces yeux bleus et sombres qui me serraient immanquablement le cœur, et me laisser caresser et embrasser. Et puis je le caressais, l'embrassais à mon tour. Nos vêtements tombaient les uns après les autres, et tant que je n'y pensais pas, tout ça me semblait juste, agréable. Je savais bien que ça n'était que passager, et que d'ailleurs ça serait très bref, que bien assez tôt les remords me sauteraient dessus. Que dès que tout ça sera terminé, je retrouverai cette île de solitude dans laquelle je m'étais enfermée toute seule, et à laquelle j'essayais d'échapper ce soir, dans une tentative désespérée. C'était vain, et le plus pathétique, c'est que j'en avais conscience, mais le faisais quand même. Comme si je savais d'avance qu'en essayant de m'enfuir de cette île à la nage, j'allais me noyer. Qu'il n'y avait pas d'autre alternative, puisque je me précipitais à la noyade moi-même. Et pourtant, je le faisais quand même. Je devais vraiment, vraiment être bête, au fond.

Mais en ce moment, je ne me sentais pas bête, juste désirée. Encore un sentiment dont j'avais sous-estimé la nécessité. Mais dans les bras de l'ancien Gryffondor, ses lèvres explorant ma peau, et ses mains me retenant fermement tout contre lui, j'avais l'impression que quelqu'un, dans ce monde, voulait bien de moi. Et là, tout de suite, ça n'avait pas d'importance qu'il ne veuille pas plus que moi faire ce que nous faisions, qu'il pense à une autre, ou qu'il ne s'en rappelle plus le lendemain. Parce que là, tout de suite, on était seuls sur Terre, il n'y avait personne d'autre. Juste nous, ce brasier humain qui s'enflammait un peu plus à chaque baiser que nous échangions, tremblotant au rythme de nos soupirs. Et même si il reposait sur bien peu de bois, ce feu, pour ne pas dire aucun, il était vif, si vif que je savais que même si pour le moment je n'en ressentais pas la brûlure, ça viendrait après coup. Un feu pareil ne me laisserait pas indemne, ça aussi, je le savais.

Mais qu'est ce que ça pouvait bien faire ?

Je brûlais de l'intérieur, de toute façon. Depuis toujours.

De ce feu que la colère et une haine intarissable avaient alimenté durant des années, le rendant plus fort et plus prenant chaque jour. J'étais devenu ce feu. Je n'étais que flamme, et je finirais cendre. Alors un peu plus, un peu moins ?

Le pire, c'était que ce feu ne semblait pas pouvoir se propager. Les rares personnes qui m'approchaient le prouvaient bien ; ils étaient tous heureux, dans le fond. Alors peut-être que ces flammes m'étaient destinées, tout simplement, juste à moi. Peut-être que j'étais condamnée à brûler de mon propre feu, peut-être que c'était lui qui m'enfermait, qui m'empêchait d'être quelqu'un de stable et d'humain, parce que j'étais trop murée dans ma haine pour exister vraiment. Je ne faisais que faire semblant, comme maintenant. Mais encore une fois, tout ça n'avais pas d'importance. J'allais mourir, que ça soit consumée par mes propres flammes ou étouffée par la fumée. Alors si prétendre ne pas s'en rendre compte pouvait me procurer un peu de plaisir, même faux, tant que sur le moment ça me semblait juste, c'était tout ce qui comptait.

Les choses s’accélérèrent, et finalement nos corps se rejoignirent pour ne vraiment former plus qu'un. Mes mains agrippèrent plus fermement son dos tandis que ses lèvres embrassaient mon cou de nouveau, me faisant un peu plus perdre la tête, si c'était possible. J'étais submergée par tellement d'émotions que je ne parvenais plus à les démêler, juste à en apercevoir certaines qui émergeaient plus que d'autres, à commencer par le plaisir, puis l'envie. Dans cette marée de sentiments, je n'avais plus le temps de penser, ce qui m'allait parfaitement ; je n'avais plus à être quelqu'un, tout ce que j'avais à faire était me laisser aller, et croire à ce sentiment d'exister qui m'envahissait. Je m'y accrochais en rendant à Daniel ses baisers, je cherchais ses lèvres, parce qu'elles aidaient à alimenter le brasier, et plus il était puissant, mieux c'était.

Il était partout. Je sentais son parfum de partout, et je l'embrassais à nouveau pour le sentir encore plus. Je le voyais partout, ces cheveux blonds dans lesquels ma main droite avait tendance à remonter pour s'y perdre quelques instants avant de retourner sur son dos, ces bras plus aussi musclés qu'ils l'avaient étés, mais toujours aussi puissants puisqu'ils me retenaient prisonnière d'une prison de laquelle je n'avais pas envie de partir. Et surtout, je le ressentais de partout. Même là où nos corps ne se touchaient pas, je le sentais. Même si ça n'était qu’éphémère, ça ne pouvait que l'être, pour le moment, il animait chaque parcelle de mon corps qui en demandait toujours plus, bien que je sentais bientôt sur le point d'exploser.

Et puis, j'ai explosé. Et lui aussi, notre feu a atteint son sommet, achevant de nous consumer tous les deux. Puis on s'est écroulés sur le lit, de fatigue, aussi bien physique que mentale, du moins en ce qui me concernait. Le tas de cendres que j'étais, à présent privé de son feu après qu'il ait été aussi intense, a sombré quelques heures dans un sommeil agité mais profond. Une courte trêve avant la noyade, inévitable.






Je me suis réveillée un peu plus tard, et un coup d'oeil à la pendule m'apprit qu'il était autour de quatre heures du matin. L'info monta au cerveau, rapidement suivie de toutes les autres. Sentant quelque chose qui ressemblait à de la panique commencer à m'envahir, je jetais un rapide coup d'oeil à côté de moi pour être bien certaine que j'avais fait ce que je pensais avoir fait. Il était bien là, étendu à côté de moi, me tournant le dos, plongé en plein sommeil. Aussi vêtu que moi. Mes battements de coeur prirent une nouvelle accélération, et je m'interrogeais à toute allure sur quelle attitude adopter. Je ne pourrais certainement pas me rendormir, et puis je n'avais pas envie de me réveiller et de parler avec Daniel au matin, non, non, ça n'était pas envisageable. Alors je me suis levée sans un bruit et ait commencé à me rhabiller à toute vitesse. Mes mains tremblaient en remontant tant bien que mal la fermeture dans le dos de ma robe, j'avais froid bien que l'été soit arrivé. Et par dessus tout, je me sentais stupide, et plus seule que je n'aurais jamais pu l'imaginer. Le retour du boomerang. J'avais cédé à ma faiblesse pour me sentir mieux l'espace d'un instant, tout en sachant pertinemment que l'après serait encore plus difficile. Mais n'était-ce pas là l'éternelle faiblesse humaine ? Ne pas savoir résister à satisfaire une envie pressante, tout en sachant que le réconfort ne serait que passager ? Encore une fois, je me prouvais à moi même en beauté que je n'étais définitivement pas mieux que les autres, et très certainement bien pire.

Alors j'ai ouvert et refermé derrière moi la porte en faisant toujours aussi peu de bruit que possible, mais Daniel dormait profondément. Et il se réveillerait probablement beaucoup plus tard, prêt à commencer une journée comme toutes les autres, le souvenir de cette nuit s'entassant avec des dizaines d'autres. Pour moi, ça serait une autre affaire. Mais en attendant, je faisais ce que je pouvais faire de mieux, et surtout, la seule chose que je semblais savoir faire correctement, puisque je le faisais toujours.
Fuir.




... So darkness I became. »


Terminé



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