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Where the road meets the Sun | Ruby

 
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 Where the road meets the Sun | Ruby

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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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Particularités: J'ai un énorme bagage à main (et ma copine a des gros boobs).
Ami(e)s: Phil et Rita et les boobs (mais surtout les boobs) :)
Âme soeur: “And she kissed me. It was the kind of kiss that I could never tell my friends about out loud. It was the kind of kiss that made me know that I was never so happy in my whole life.”

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MessageSujet: Where the road meets the Sun | Ruby   Where the road meets the Sun | Ruby Icon_minitimeMar 17 Déc - 20:42




***
Angel wings spread over water worn wishes
Guarding the dreams and the things left unsaid
Here we are wandering, aimlessly roaming
Lovers who linger and never forget


And when it's done we will walk where the road meets the sun




Il faisait beau, en cette fin d'après-midi. L'air était sec et froid et annonçait bientôt l'hiver, mais le ciel était d'un bleu pâle et sans aucun nuage, et le jour qui commençait à tomber faisait naître à l'horizon un dégradé de couleurs pâles, violet, rouge, orange, qui rendait Poudlard et ses environs encore plus féérique et mystérieux. J'aurais préféré qu'il fasse mauvais temps ; j'aurais préféré qu'il pleuve, que le temps soit sombre et glacial, car toute cette beauté qui enveloppait Pré-au-Lard broyait encore plus mon cœur. Je ne trouvais aucun réconfort dans ce paysage, pas même un petit battement de cœur en voyant ainsi l'Ecosse, parce que j'allais la quitter et que je pouvais me réjouir de partir en la voyant si belle. Je sentis tout mon être flancher, alors que j'avais quitté mon appartement et que j'étais descendu dans la rue pour transplaner. Jamais tout cela n'avait été si réel. Jamais non plus j'aurais cru pouvoir ressentir une seconde fois mon cœur se briser. J'avais si mal, c'était physique, c'était partout, et à peu près aussi puissant que tout ce que j'avais pu ressentir de joie et de bonheur depuis que j'avais rencontré Ruby. Un contrecoup bien mérité, sans doute. Je manquai réellement de ne pas arriver au bout de la rue, de ne pas réussir à atteindre les derniers mètres, tellement je me sentais fébrile, comme si tout mon corps se brisait de l'intérieur, os par os. Pourtant, mon cœur avait déjà été brisé, n'est-ce pas ? Alors pourquoi ressentais-je autant cette sensation à nouveau, bien qu'elle soit différente, mais comment était-ce possible qu'on me broie à nouveau les entrailles si elles étaient mortes depuis bien longtemps ? Je n'en avais aucune idée, mais cela m'étouffait tellement que ma vue se brouillait et que j'avais un poids si intense sur la poitrine que j'espérais simplement disparaître, non pas juste de cette rue, mais disparaître pour toujours, et ne pas réapparaître ailleurs, pas à Londres, nulle part.

Je ne
pouvais pas. Je ne pouvais pas laisser Ruby derrière moi, je ne pouvais pas renoncer à elle. Je l'avais su depuis le début, pourquoi aurais-je eu autant de mal à lui avouer tout cela, sinon ? Je ne voulais pas que cela se termine. Je ne voulais pas rejoindre mon père, je ne voulais pas sacrifier ma vie pour lui, je voulais qu'il comprenne qu'il m'en demande trop, je ne voulais pas faire une croix sur celle qui en quelques mois était devenue bien plus que celle dont j'étais amoureux. Mais tout le problème était là : mon père ne comprenait pas, et ne pourrait jamais comprendre. Il était ainsi. A l'opposé de son frère, il avait toujours été le plus austère, le plus discret, le plus renfermé. Etrangement, quand nous étions enfants, cela avait été si normal d'avoir un père plus préoccupé par ses affaires professionnelles et plus impliqué dedans que dans notre vie que j'avais toujours cru que c'était normal. Dans le milieu que fréquentaient mes parents, les familles se ressemblaient beaucoup. Il n'avait pas été un mauvais père, il avait été tout de même assez présent pour nous, il avait toujours été juste, et nous avions toujours eu tout de dont nous avions besoin. Mais avec le recul, aujourd'hui, avec la façon dont il était devenu l'ombre de lui-même, j'avais compris qu'il n'y avait rien de normal dans la façon dont il avait fuit sa famille depuis le début – pour quelles raisons, je n'en avais aucune idée – même si je ne remettais pas en doute son attachement pour nous. La mort de Jamie avait, à mon sens, brisé les derniers et fragiles liens qui nous rattachaient tous les uns aux autres. Renoncer à l'Australie signifiait renoncer à les raccrocher, pour toujours – je savais sans vraiment connaître la source de cette déduction, mais je savais que mon père seul en Australie ne reviendrait pas, et que ma mère ne lui pardonnerait pas. Je vomissais à la fois cette situation parce qu'ils n'avaient pas le droit de me l'infliger, mais comment aurais-je pu, sachant tout cela, fermer les yeux ? Je l'avais fait trop longtemps, et pour tout. Vivre en étant la cause de l'éclatement de ma famille m'était impossible, déjà que mon reflet dans le miroir m'était difficile.

Je transplanai, l'estomac si noué que je faillis vomir en arrivant derrière l'aéroport de Londres, dans un quartier suffisamment désert pour que les moldus ne me voient pas apparaître. Il y eut un grand bruit dans le ciel – la nuit tombait vite à présent, le ciel était devenu bleu gris, et seule une petite pointe de jaune palpitait encore faiblement à l'horizon – et un immense avion passa au-dessus de ma tête, ayant tout juste décollé de la piste. J'étais un peu mal à l'aise de prendre ce moyen de transport moldu tout seul, mais je n'avais pas le choix, c'était le plus simple et le plus direct. Mon père m'avait envoyé un billet, un papier qu'il fallait pour monter à bord de l'appareil, et il était plié dans ma poche. Comme bagage, je n'avais qu'un seul sac en bandoulière que j'avais agrandi avec un sortilège pour qu'il puisse contenir tout ce dont j'avais besoin.

C'était si simple – marcher, trouver le bon endroit où embarquer, monter dans l'avion. Et pourtant, j'avais l'impression d'être sur un radeau en pleine tempête, sans aucune terre à l'horizon, mais avec la nécessité expresse de devoir accoster. C'était simple, mais impossible.

Je restai quelques temps à regarder les avions derrière le grillage – la part d'enfant en moi restait fasciné par les inventions des moldus qui, sans magie, arrivaient à créer et inventer des objets absolument fantastiques. Mais je m'arrachai à mon observation quand les conversations que nous avions à ce sujet avec Ruby me revinrent en tête – je me rappelais même très exactement de cette fois où, allongés sur le toit, nous avions parlé justement des avions. Je fils le tour pour rentrer dans l'immense aéroport, avançant prudemment, parce que je n'avais pas de repères et que j'étais un peu perdu – mais je suivais les panneaux, en essayant de ne penser à rien.

Il n'y avait pas que les vivants que je laissais derrière moi en partant, et si Jamie était toujours avec moi, cela me faisait un petit pincement au cœur de me dire que je ne pourrais plus aller sur sa tombe – non pas que c'était à chaque fois une partie de plaisir, mais j'en avais besoin. C'était l'un de mes derniers liens tangibles avec lui, et je ressentais souvent l'envie d'y aller et d'y mettre des fleurs, de voir lesquelles avaient été changées, amenées, si elles étaient de ma mère, de Bonnie et Matthew, de nos amis, du voisinage. Au fil des années, il y en avait un peu moins, mais j'avais toujours un peu de baume au cœur quand je constatais que la tombe était toujours décorée, et pas oubliée. J'y étais allé la veille de mon départ d'ailleurs, pour dire au revoir à ma mère également, et puis j'étais allé au cimetière. Il y avait de nouvelles fleurs depuis la dernière fois, et un bouquet avait accroché tout particulièrement mon attention quand j'étais arrivé : un grand bouquet de fleurs blanches dont l'odeur était reconnaissable. Du jasmin. J'étais resté interdit, comme si mon cerveau refusait de faire lien entre deux choses distinctes. Ces fleurs étaient les favorites de Ruby. C'était elle et ça ne pouvait être qu'elle, d'autant plus que nous avions eu une discussion sur Jamie et ce que j'éprouvais toujours à chaque évocation de sa disparition, comment je ne pouvais pas l'oublier, jamais. J'avais retenu mes larmes, parce que je ne voulais plus pleurer, que je n'en avais pas le droit, mais le fait qu'elle soit venue ici et ait fait ce geste me touchait tellement le cœur que je m'étais senti faillir. Et je n'avais même pas pu la remercier… Hier soir en rentrant, j'avais voulu lui écrire une lettre, pour lui dire merci, pour m'excuser encore, pour lui souhaiter de tout mon cœur de m'oublier et d'être heureuse parce qu'elle était méritante, plus qu'elle ne le penserait jamais. Mais je m'étais arrêté après avoir commencé, et j'avais jeté le parchemin au feu. C'était non seulement inutile mais cruel, et si je voulais qu'elle m'oublie, je devais commencer par la laisser tranquille.

Ironie du soir, une lettre m'avait justement été déposée devant ma porte, alors que j'étais assis sur ma table à contempler mon salon vide et à attendre que la soirée soit suffisamment avancée pour que je puisse aller me coucher et espérer trouver le sommeil. J'avais sursauté car trois coups puissants avaient été donnés sur ma porte mais le temps que j'arrive et que j'ouvre, des bruits de pas précipités résonnaient déjà depuis le bas de la cage d'escalier. J'avais attrapé la lettre par terre et couru jusqu'à ma fenêtre ; malgré le soir déjà tombé, les lumières jaunes des lampadaires m'avaient clairement laissé entrevoir la silhouette et les cheveux clairs de Lizlor, qui courait sans se retourner en direction de Poudlard. Inutile de me demander d'où provenait cette lettre – pourquoi Lizlor me l'avait-elle apportée ainsi était une autre question – mais je m'étais installé pour la lire, sans plus attendre.

Une partie de moi avait toujours su tout ce que j'avais lu, peut-être pas autant, peut-être pas aussi bien dit. Mais ce n'était que la preuve de tout ce que je venais de briser, du mal que j'avais fait à Ruby. Et que je ne pouvais pas défaire. J'étais allé me coucher sans plus attendre, me laissant tomber sur le lit et dans un sommeil lourd parce que je ne pouvais songer à rien, je ne supportais plus rien. Je m'en voulais seulement, à tel point que je sentais presque ma chair se révolter contre elle-même, comme si mon corps cherchait à se rejeter tout entier. J'étais un misérable.

La lettre était pliée dans ma poche intérieure, contre mon cœur, car je n'avais pas pu lui trouver une autre place. Quand je rentrai dans l'aéroport, j'eus un dernier regard en arrière, tout en sachant très bien qu'il ne fallait pas. Mais j'y étais, c'était fini, plus rien ne rattachait ici, et en pénétrant dans l'aéroport, je savais que je ne pourrais plus ignorer le futur, que les derniers fragments de déni auxquels je me raccrochais allaient se réduire en poussière entre mes mains. Je détournais le regard de la rue et du ciel qui virait vers un bleu plus foncé à présent, et me laissai happer par l'immensité et la foule de l'aéroport. J'étais déjà parti.

Je me laissais faire, les moldus qui travaillaient là étaient très sympathiques et très serviables et me dirigèrent tout au long du chemin un peu fastidieux qu'il fallait suivre pour monter dans l'une de ces grandes machines volantes. Après un premier passage à une porte d'embarquement, et après une attente plutôt interminable dans une salle prévue à cet effet, je suivis un long couloir pour me rendre à la porte suivante, couloir dont les parois de verre laissaient voir la rue au-dehors, le devant de l'aéroport. Je marchai sans vraiment regarder au-dehors, le regard un peu vague, mais je m'arrêtai tout net d'un coup et la personne derrière moi me bouscula un peu et se mit à râler, mais je ne lui accordai pas un regard. Dehors, plus loin, il y avait quelqu'un qui se dirigeait vers l'aéroport, quelqu'un que je connaissais bien, et qui ne
pouvait pas être là, comment avait-elle su ? Comment était-elle venue ? Pourquoi était-elle venue ? Pourquoi restait-elle là ? Brusquement, je me détournai de cette image et continuai mon chemin, marchant encore plus vite, incapable d'empêcher tous mes muscles de se contracter les uns après les autres. J'avais l'impression de me changer en statue de pierre. Pourquoi Ruby était là, pourquoi, pourquoi, qu'espérait-elle, pourquoi ne cherchait-elle pas à me parler, mais que me dirait-elle de toute façon, qu'allais-je lui répondre aussi, non, je ne pouvais pas la voir, c'était impossible… Heureusement, c'était techniquement impossible, car si je comprenais bien le système moldu, on ne pouvait pas rentrer ici sans billets. Tant mieux, dit une voix désagréable à mon oreille. Tant mieux. Ce chemin était interminable et cet aéroport était immense, mais c'était comme si d'un côté, j'avais déjà un pied en Australie. J'arrivais enfin à la dernière porte d'embarquement : le dernier passage, apparemment, car des gens marchaient déjà dans un long tunnel qui menait vers les avions. J'attendis mon tour.

Une moldue me demanda mon billet en souriant, et quand je lui tendis, j'eus l'impression que j'avais été aveugle tout ce temps, que le ciel s'était déchiré et que je n'avais rien vu, parce que j'avais gardé la tête baissée sans oser la lever. Qu'est-ce qui me le fit comprendre ? Je n'en avais pas la réponse, peut-être le joli sourire de la jeune femme attirante me lança en récupérant mon billet, et je l'aurais trouvée jolie, tout à fait à mon goût, sauf que je compris que je m'en fichais, parce qu'elle n'était pas Ruby. Ou peut-être tout simplement que j'avais beau croire avoir accepté mon départ, ce n'était pas le cas. Et j'en pris conscience, là, au dernier instant.


- Gardez-le, dis-je alors qu'elle me tendait mon billet à nouveau.

Et je fis demi-tour, m'excusant vaguement auprès des personnes qui durent s'écarter pour me laisser passer. Dès que je fus hors de la queue, je me mis à courir, le cœur battant tellement que je craignais qu'il me brise les côtes.

J'entendis des gens protester contre ma course le long du couloir, mais c'était bien le dernier de mes soucis : je ne pensais qu'à une seule chose, à présent, est-ce que Ruby serait encore là ? Est-ce qu'elle m'aurait attendue, maintenant que c'était moi qui revenais sur mes pas, et qui venait la chercher ? Est-ce qu'elle aurait choisi de faire ce que je lui avais demandé, de nous en tenir là ? J'étais hors d'haleine mais je ne ralentis pas l'allure, hésitant parfois à quel escalier prendre et quel tournait choisir pour être le plus rapidement dehors. Il me semblait que le cœur m'était remonté dans les poumons puis dans la gorge, et que toutes les émotions s'y étaient logées en boule pour me couper la respiration, mais tant pis, je ne pouvais pas m'arrêter :
je ne pouvais pas. Et je l'avais su depuis le début. Ma vie n'était pas en Australie, ni entre les mains de mon père qui pouvait en disposer selon son bon plaisir. Ce choix n'était pas le mien, non pas parce que c'était celui de mon père, mais parce que tout simplement il n'aurait jamais eu à me l'imposer. Il ne pouvait pas me le demander. C'était leurs affaires de parents, et quoi que je fasse, quoi que j'ai essayé ces dernières années, rien ne changeait. Je ne pouvais rien à leurs problèmes, pas parce que je m'en détachais, mais parce qu'ils n'étaient pas de mon ressort.

Je ralentis seulement quand, jaillissant dans le hall l'aéroport par une porte sur le côté, je vis Ruby au loin, toujours là. Alors je m'arrêtai de courir et repris deux secondes ma respiration, le cœur tambourinant dans tout mon corps, les yeux rivés sur elle, là-bas, tout seule. Elle n'était pas partie… Mais dès que le soulagement me gagna, il fut suivi par une vague de sentiments bien moins agréables : la peur, la culpabilité, la honte. Et qu'espérais-je ? Qu'elle me pardonne tout ? Je n'étais pas vraiment en posture de me faire pardonner en un claquement de doigt, n'est-ce pas ?


Tant pis, j'avais trop joué avec le feu, et je ne voulais plus. J'arrivais dans son dos, et laissais mon sac tomber doucement par terre.

- Ruby… l'appelai-je doucement.

Elle se retourna, son regard vacilla une seconde, et quand il croisa le mien, je sentis mon cœur s'apaiser d'un coup, comme s'il avait explosé et que le renouveau arrivait, qu'il n'avait plus à s'inquiéter. Je serrai Ruby contre moi, en voulant tout faire en même temps : la serrer contre moi, mettre ma tête contre son visage, dans son cou, l'embrasser, sécher ses larmes car elle sanglotait doucement contre moi, et quand elle m'embrassé, cette fois, enfin, je ne la repoussai pas. Je lui rendis son baiser avec tout mon amour, saisissant sa nuque, sans lâcher sa taille de mon autre main. Je l'embrassai à la fois doucement et avec tout le désespoir qui m'agitait,  mais avec enfin l'impression d'avoir retrouvé la deuxième partie de mon cœur, d'être entier, pour de bon.


- Pardon, murmurai-je, ne sachant pas par où commencer, mais j'avais attrapé son visage entre mes mains et je le maintenais tout près du mien, essuyant ses larmes sur ses joues de mes pouces. Pardonne-moi, répétai-je en fermant les yeux et en appuyant mon front contre le sien. Je sentais son odeur, et elle m'imprégnait à nouveau. Nous étions si serrés l'un contre l'autre que j'entendais son cœur qui tambourinait dans sa poitrine. Je rouvris les yeux et lui souris timidement, avant de déposer un baiser sur ses lèvres et d'ajouter, mes lèvres toutes proches des siennes, ce que j'avais eu tort de mettre de côté : Je t'aime. Mais ce n'était pas assez, et tout ce qu'elle m'avait écrit dans sa lettre était gravé dans mon esprit. Tu avais raison… Tu es l'amour de ma vie.

Et je la serrai de nouveau contre moi, glissant ma main dans ses cheveux pour l'attirer tout contre moi, avant de l'entourer de mes bras et de la presser contre moi, bien décidé, cette fois, à ne plus jamais m'en éloigner.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Where the road meets the Sun | Ruby   Where the road meets the Sun | Ruby Icon_minitimeDim 22 Déc - 19:03

« My love, I cannot tell you how thankful I am for our little infinity.
I wouldn't trade it for the world.
You gave me forever within a numbered days, and I'm grateful. »

"Falling out of love is hard
Falling for betrayal is worse

Broken trust and broken hearts
I know, I know

Thinking all you need is there
Building faith on love and words
Empty promises will wear
I know, I know

And now when all is done
There is nothing to say

And if you're done with embarrassing me
On your own you can go ahead tell them

Tell them all I know now
Shout it from the roof tops
Write it on the skyline
All we had is gone now

Tell them I was happy
And my heart is broken
All my scars are open

Tell them what I hoped would be
Impossible, impossible."



Je me répétais qu'il fallait que je m'y habitue, à cette pression constante dans ma poitrine, qu'elle était désormais une partie de moi et qu'à chaque que je respirerais, je sentirais mes entrailles se contracter sans pouvoir changer quoi que ce soit. J'essayais de me convaincre que peut-être, la douleur finirait par me quitter, mais j'avais bien peu d'espoir car j'avais le sentiment que jamais je n'avais connu une telle sensation, comme si un vide me rongeait de l'intérieur et me brûlait sous la peau. Les potions de Pomfresh et James pouvaient bien soigner les plaies, calmer mon corps, mais à l'intérieur c'était comme si on me brisait les os, le cœur, le cerveau, que plus rien ne voulait fonctionner. Ce n'était pas de la peine comme j'en avais connu après ma rupture avec Hadrian, et j'avais été bien sotte de croire que celle-ci m'avait fait souffrir. C'était incomparable. Je crois que je n'avais pas éprouvé de telles choses depuis l'incident, mais c'était presque pire aujourd'hui, car si une nouvelle fois celui qui m'avait blessé avait ma confiance, Ewan m'avait promis de prendre soin de moi, il savait mon passé et savait à quel point j'en souffrais. Et pourtant, ça ne l'avait pas empêché de partir, tout en sachant parfaitement le mal qu'il me ferait. Si encore il avait appris mes faiblesses après que nous nous soyons mis ensemble, j'aurais pu me dire qu'il n'avait pas osé me quitter à ce moment-là : mais il avait fait le choix consciemment de se mettre avec moi, connaissant mon histoire et les sentiments que j'avais pour lui. Il avait fait le choix de pouvoir me briser, et il avait réussi.

Le seul remède qui fonctionnait réellement était la présence de Lizlor. Je ne savais pas si un jour je pourrais la remercier comme je le voulais. Elle n'avait pas quitté mon chevet, malgré mes protestations qui au fond, devaient être bien peu convaincantes. Le simple fait qu'elle soit là, malgré tout, suffisait à me calmer un peu, et je crois que de toute ma vie jamais on avait pris autant soin de moi : elle me parlait, me lisait des histoires, et lorsque j'étais épuisée, elle se contentait de me tenir la main, de caresser mes cheveux et de me sourire, ses yeux me couvant et me rassurant. Elle refusait souvent de dormir, de travailler, et je n'étais pas assez forte pour lutter – j'étais simplement contente que James veille sur elle. Il était d'ailleurs empli de bonnes intentions à mon égard, tout comme l'infirmière, si bien que j'en étais presque gênée de tous les préoccuper autant. James nous avait installées au fond de la salle, loin des regards, et s'assurait que personne ne venait nous déranger – je ne voulais surtout pas d'un article dans le Daily. Je ne voulais pas de visites, mais avais tout de même rapidement revu Scott, le remerciant comme je le pouvais, trop fatiguée pour réellement discuter. Lizlor semblait d'ailleurs extrêmement reconnaissante envers lui, et je mesurais peut-être trop tard la gravité de mes gestes. J'avais fais un coma éthylique, j'avais bu au point de ne plus pouvoir me réveiller. Et si je ne m'étais pas réveillée, me demandai-je parfois. Je ne voulais pas mourir, pourtant. Il subsistait quelque chose à l'intérieur, qui avait toujours combattu, et qui refusait de s'éteindre.

Rita aussi était venue, car de toute évidence elle savait pour Ewan – depuis quand, comment, je n'en savais rien, et je ne voulais pas savoir. Je n'avais pas besoin de plus d'histoires, ni de disputes. Du reste, Sara et Katie m'avaient aussi parlé, en particulier Sara, et j'avais senti une horrible gêne, une honte, en m'expliquant. Elle me faisait confiance, m'aidait, et je lui rendais en agissant de la sorte... Elle avait perdu son mari, le père de ses propres enfants, et j'avais manqué de perdre ma vie pour un garçon que je ne connaissais que depuis quelques mois. Et pourtant... Il était mon monde. C'était la seule chose que je réussissais à conclure, à chaque fois que je débattais en silence dans mon esprit. J'essayais de me convaincre que c'était faux, tout ça, tout ce que nous avions eu, parce que c'était moins douleur de me dire que lui aussi souffrait de son départ. Car malgré tout, même s'il m'avait blessé de la sorte, je ne pouvais pas supporter qu'il souffre aussi.

Mais je ne pouvais rien faire. J'avais tenté de le retenir, il avait choisi... Il fallait que nous en restions là. Cette simple constatation me donnait la nausée : à vrai dire, je n'avais presque rien avalé depuis mon arrivée à l'infirmerie, vomissant mon premier repas. Je me sentais toujours aussi faible, et je ne savais pas quoi faire. J'avais voulu écrire à Ewan, mais je me sentais si stupide d'écrire tout ce que je ressentais, de me battre pour rien. Il partait. Il part, me répétai-je en boucle, comme pour y croire. J'avais fini par jeter la lettre, dépitée. Je n'en pouvais plus de pleurer autant, de me sentir aussi mal en permanence alors que je voulais simplement cesser... D'avoir mal. Pourquoi avais-je aussi mal ? J'avais été si bien dans les bras d'Ewan. Comment de tels sentiments pouvaient devenir tout à coup aussi douloureux, je l'ignorais, et je ne faisais que subir. Je ne savais pas comment il me serait possible, un jour, de sortir de ce lit, de recommencer à vivre, alors que tout me rappelait Ewan, et notre amour.

Mais visiblement, Lizlor savait se battre pour moi quand je n'en avais plus la force. J'avais évoqué le désir d'aller voir Ewan une dernière fois, d'essayer, bien que j'avais bien peu de convictions, et Lizlor avait décidé à ma place : je ne savais pas vraiment comment, je supposais simplement que Joseph devait avoir eu la peur de sa vie, mais elle avait réussi à savoir la date et l'heure de départ d'Ewan. Cela faisait quelques jours que j'étais cloîtrée au lit, mais l'espoir me fit me lever du lit, et tout risquer. Mon corps allait mieux, au fond, c'était mon cœur qui se comprimait en permanence, et l'idée de voir Ewan une dernière fois suffisait à le faire fonctionner. Mais l'entreprise était risquée, car j'étais en convalescence et ni Pomfresh ni James, malgré toute l'affection qu'il portait à Lizlor, n'auraient accepté que je sorte et transplane. Mais ça ne gênait pas Lizlor – je la laissai monter son stratagème, ne cherchant pas à comprendre. Je la suivis simplement, le cœur au bord des lèvres, et lorsque nous arrivâmes près de l'aéroport, je sentis mon cœur se mettre à s'emballer péniblement. Il était fatigué, mais refusait de s'arrêter. Que voulais-je faire ? Parler à Ewan, le convaincre ? Je l'ignorais, mais je voulais simplement... Le voir. Au moins ça...

Je pénétrai dans l'aéroport avec Lizlor, mais je savais que je devais le faire seule, et lui demandai de m'attendre, la serrant dans mes bras, le corps un peu tremblant. Je me mis à suivre les panneaux, cherchant du regard dans la foule, le cœur battant. Je voulais simplement le voir... Je longeais les couloirs, quand tout à coup, j'aperçus au loin sa silhouette – mon cœur manqua d'exploser, et j'ouvris la bouche pour l'appeler. Mais le son mourut entre mes lèvres. Ewan était en train de passer la sécurité, et je pourrais pas le suivre par delà ce point. Il était décidé, n'est-ce pas ? Il partait... Il partait maintenant. Je restais immobile, sentant tout mon corps s'embraser, se consumer, et je me laissai tomber sur un banc face à une vitre qui donnait sur les pistes de décollage. C'était trop tard. Pourquoi me serais-je battue ? Je ne valais rien, c'était pour ça qu'il partait ? Je sentis les larmes couler sur mes joues, et j'eus la sensation que jamais je ne pourrais me lever, qu'une fois l'immense avion d'Air Australia aurait décollé, je ne sentirais plus mon cœur battre, jamais, car la raison pour laquelle il subsistait s'envoler. Toutes mes forces me quittaient, et...


- Ruby...

Je sentis mon cœur se décrocher : avais-je rêvé ? Je me retournai, et une vague de sensations me happa violemment. Je ne sais pas comment je réussis à me lever, je ne savais plus rien, simplement que j'étais dans les bras d'Ewan, il était là, comment, pourquoi, je ne savais pas, mais je sentis les larmes redoubler et la panique m'envahir. Je ne voulais pas qu'il parte, ne le ressentait-il pas dans mes baisers ? Je t'aime, je t'aime, je t'aime tellement, était le refrain au bout de mes lèvres avides des siennes. C'était la dernière fois ? Non, je ne pouvais pas, je ne voulais pas, je l'aimais trop, et il m'aimait aussi... Pourquoi partir – les larmes roulèrent, brûlant mes joues, portant toutes la peine qui me rongeait depuis des jours.

- Pardon. Pardonne moi, murmura-t-il, mais je n'entendais pas, je voulais simplement m'enivrer de sa présence, de son parfum, ses yeux sur moi, car je ne voulais pas croire que c'était la dernière fois. M'avait-il vu ? Pourquoi faisait-il demi-tour ? Pour dire au revoir ? Ne l'avions-nous pas déjà fait ? Je t'aime. Les larmes redoublèrent, et je sentis que tout mon corps tremblait, s'accrochant à celui d'Ewan, désespéré. Je n'arrivais même pas à parler, tant l'émotion me gagnait. Tu avais raison. Tu es l'amour de ma vie.

Il me semblait que mes oreilles bourdonnaient, j'avais le cœur tant malmené que je respirais à peine, entourant simplement Ewan de mes bras, de mon amour, m'ordonnant de me souvenir de chaque seconde. Je voulais tant de lui, je l'aimais tant, pourquoi cela devait-il se finir ? N'avions-nous pas quelque chose de spécial, d'inexplicable ? Ne le sentait-il pas ?

- Mais moi aussi, je t'aime, expiai-je, et les sanglots me coupèrent la gorge. Je ne voulais plus pleurer, je voulais... Juste qu'il reste, me battre, mais je me sentais si faible, appuyant mon visage contre son torse pour trouver refuge. Pourquoi tu dis ça maintenant, pourquoi... S'il-te-plaît, ne t'en va pas, j'ai besoin de toi, je ferais tout pour que tu sois bien avec moi, je... Je levai mes yeux vers lui, toute tremblante, quand une voix métallique sortit des haut-parleurs pour annoncer le départ du vol à destination de Sydney, rappelant que les derniers voyageurs devaient se présenter à la porte. L'émotion noua ma gorge. Ton avion... Tu vas le rater, dis-je tristement, comme si une nouvelle fois j'abandonnais. Je passai mes mains sur le visage d'Ewan, me nourrissant de ses traits, sentant que les miens s'affaissaient – je n'arrivais plus à cesser de pleurer, me répétant que c'était fini et que plus jamais je ne sentirais son corps contre le mien, son amour, et c'était comme si mon cœur se décrochait dans ma poitrine. J'aimerais tant que tu restes, murmurai-je d'une voix infiniment triste.

Mais il ne le pouvait pas, n'est-ce pas ? Mes yeux s'étaient baissés, et je me sentis toute petite entre ses bras, toute faible, et pourtant, à l'intérieur, une petite chose continuait de tambouriner, et je crois que c'était l'espoir qui, malgré tout, s'accrochait.
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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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MessageSujet: Re: Where the road meets the Sun | Ruby   Where the road meets the Sun | Ruby Icon_minitimeLun 23 Déc - 14:48




As the moon lingers a moment over the bitterroots,
before its descent into the invisible,
my mind is filled with song.

I find I am humming softly ;
not to the music, but something else ;
some place else ; a place remembered ;
a field of grass where no one seemed to have been ;
except a deer ;
and the memory is strengthened by the feeling of you,
dancing in my awkward arms.



C'était un soulagement étrange ; comme un poids qui se levait, indéniablement, mais il laissait à la place tout un flot de sentiments diffus que je ne parvenais pas encore à démêler et qui me laissaient entrevoir que la suite ne serait pas forcément facile. Mais pour l'instant, je n'y accordais aucune importance. Cela m'était bien égal d'appréhender le reste, d'accuser le coup de mes erreurs et d'étouffer sous la culpabilité, après tout, c'était bien mérité, et ce n'était pas en cet instant précis que je pouvais y remédier. Seule comptait Ruby soudain tout contre moi, dans le creux de mes bras, où elle s'était laissée glisser. Il était bien facile de se le demander maintenant, mais pourtant la question s'imposa d'elle-même à mon esprit – comment avais-je pu ? Comment y avais-je cru ? Pas une seconde je n'en étais capable, et surtout, pas une seconde je ne voulais de cette vie à l'autre bout du monde. Il me semblait presque la colère que j'avais contre mes parents s'estompait peu à peu, au fur et à mesure que je m'éloignais de ce choix qui n'aurait jamais du traverser mon chemin. Je ne comprenais plus exactement à quel jeu ils jouaient, ce que signifiait l'éloignement de ma mère et ses attitudes de plus en plus égoïstes et superficielles, le départ de mon père et son isolement, ce qu'il pouvait bien chercher en Australie alors que le problème était ici, si tant est qu'il essayait de le résoudre. Mais je renonçais à comprendre, je laissais leurs histoires à mes parents, car clairement j'avais eu beau essayer je n'étais pas en mesure de changer quoi que ce soit. Je luttais contre du vent, et eux-mêmes le savaient : ce n'était pas un abandon, j'étais prêt à leur répondre si ils me demandaient quelque chose, si ils avaient besoin de quoi que ce soit, mais je n'étais plus prêt à sacrifier ma vie pour quelque chose qu'ils ne demandaient même pas, dont ils n'avaient même pas conscience. Quelque part, j'avais conscience que tout s'était brisé avec la mort de Jamie, et qu'il était inutile d'essayer aveuglément d'y trouver une solution. Peut-être que tout simplement Jamie avait emporté avec lui ce qui constituait de nous une famille, et que nul retour en arrière n'était possible. Ne l'avais-je pas senti, après tout ? J'étais triste, mais je me sentais pousser des ailes – il était temps que je prenne mon envol et que je suive mes choix, mes envies, plutôt que de vivre constamment sous la coupole de mon père et de ce qui planait au-dessus de ma tête au lieu de me laisser le choix.

J'en avais décidé autrement. Je souriais tant bien que mal à Ruby dont le visage était tout prêt du mien – dans ses yeux ne tardèrent pas à briller quelques larmes, puis de plus en plus, et même si j'avais envie de l'embrasser encore et encore, chaque parcelle de mon corps, fiévreuse de la retrouver, savait aussi que nous avions besoin de temps, que nous devions nous retrouver. Je compris dans son attitude qu'elle avait compris, qu'elle entrevoyait les raisons pour lesquelles j'avais voulu quitter l'Écosse, et je me sentis infiniment reconnaissant pour cela, car si j'étais loin d'avoir bien fait les choses, jamais je n'aurais voulu qu'elle comprenne différemment, qu'elle croit qu'elle et moi n'étions qu'une petite parenthèse amusante dans ma vie. C'était tout sauf cela, et elle devait comprendre... Elle devait comprendre qu'elle aussi avait donné du sens à toute ma vie, et en si peu de temps, que moi non plus je ne voulais pas cesser de l'aimer, que non, je ne voulais pas non plus qu'elle soit heureuse avec quelqu'un d'autre, je voulais qu'elle soit heureuse avec moi, je voulais la rendre heureuse, et je voulais qu'elle me rende heureux, comme elle l'avait fait jusque là.

- Mais moi aussi, je t'aime, murmura-t-elle, la voix toute chargée de larmes. Je raffermis la position de mes mains autour de son visage, souriant un peu, ne quittant pas le bleu brillant de ses yeux, captivé comme toujours par ce qui y vacillait, tout au fond... Pourquoi tu dis ça maintenant, pourquoi... S'il-te-plaît, ne t'en va pas, j'ai besoin de toi, je ferais tout pour que tu sois bien avec moi, je... Mon cœur se gonflait malgré moi – tout ce que j'avais à lui dire me brûlait agréablement de l'intérieur, et je sentais que mes lèvres restaient étirées en un petit sourire. J'avais tant besoin d'elle. Ton avion... Tu vas le rater. J'aimerais tant que tu restes.

Elle avait passé ses mains toutes douces sur mon visage et subitement je ne compris pas, ou plutôt je compris que je m'étais trompé, car ses paroles m'interpellèrent – n'avait-elle pas saisi ? Je secouai doucement la tête, glissant le long de son dos jusque dans le creux de sa taille pour la ramener tout contre moi, et la maintenir ainsi.

- Mais je me fiche de cet avion : je ne pars plus, expliquai-je doucement d'une voix voilée par le soulagement. Et j'embrassai son front, avant de la forcer à me regarder à nouveau. Je ne voulais plus qu'elle pleure, mais quand je voulus lui dire, je sentis que tout d'un coup elle avait chancelé contre moi et je la retins en serrant mes bras, l'empêchant de tomber – je lui lançai ensuite un regard inquiet, que se passait-il ?! Son regard mit quelques secondes à se rattacher au mien, et j'attrapai sa nuque, mon autre main toujours dans le bas de son dos. Ça va ?! murmurai-je, inquiet, me demandant tout d'un coup ce que je devais faire, si quelque chose m'échappait.

En tous les cas, je me souvenais des paroles de Rita, quand j'avais fini par lui annoncer mon départ, et qu'elle m'avait fait les grands yeux. Ses mots au sujet de Ruby m'apparaissaient encore plus clairement qu'au moment où je les avais entendus, et tout d'un coup c'était comme si je devenais la seule et unique personne à pouvoir secourir Ruby de quoi que ce soit – ma main se fit plus pressante dans son dos, et je la serrais si fort contre moi que je la portais à moitié, toute tremblante qu'elle était. Mon pouce, mes doigts, dessinaient toujours des petites courbes sur sa peau, cherchant à chasser les larmes par la même occasion. Je détaillai plus son apparence : les cernes, le teint plutôt pâle, ses lèvres un peu moins roses qu'à l'habitude, et les coins affaissés de ses lèvres comme si un poids invisible la tirait vers le bas. J'embrassai alors ses lèvres délicatement, sans toutefois à l'envie qui m'oppressait d'un peu partout et me serrait la gorge, car Ruby avait l'air un peu trop fébrile pour cela.


- C'est toi qui a mis les jasmins sur la tombe de Jamie ? demandai-je après un silence, d'une voix plus basse. Merci, conclus-je en hésitant un peu, car ce geste me touchait si profondément que je n'arrivais pas exactement à mettre les bons mots dessus – que les émotions me serraient les entrailles et me rendais la parole plus difficile. Ce n'était pas la première fois que Ruby faisait un geste vers Jamie, mais à chaque fois, c'était la même sensation, la même vague toute tiède au fond de mon cœur, car je savais qu'elle faisait cela pour compenser le fait qu'elle ne le connaitrait jamais, mais qu'elle voulait montrer qu'il comptait tout de même. A bien y réfléchir d'ailleurs, Ruby évoquait bien plus souvent Jamie que mes parents, et me rappelait bien plus son existence qu'eux ; quelle ironie d'avoir voulu partir alors que tout ce que je cherchais désespérément depuis des années se trouvait juste sous mes yeux, entre mes bras ! Toute cette histoire était une erreur, repris-je, avec un signe de tête vers les avions qui décollaient, attisé par le besoin de lui ouvrir mon cœur, pour de bon cette fois. Je voudrais tellement que mes parents se remettent ensemble, mais ce n'est pas à moi de le faire... Je baissai les yeux une secondes, avant de les relever vers elle, car je ne voulais rien dire sans affronter son regard. Je lui devais bien ça. Je suis désolé de t'avoir menti, je sais que c'est impardonnable, mais c'est aussi qu'au fond de moi je refusais de partir – mais maintenant j'ai compris, mon père ne peut pas me demander ça, et il se débrouillera très bien sans moi. Je n'ai pas du tout envie d'aller vivre et travailler là-bas... Ma vie est ici et je veux la vivre avec toi, dis-je avec une telle conviction que mon cœur s'affola à l'intérieur de moi.

N'était-ce pas elle qui m'avait sauvé, n'était-ce pas toute notre histoire qui m'avait sauvé ? Je ne voulais pas résumer tout ce que nous avions vécu en si peau de mots mais, oui, depuis ce soir où nous nous étions embrassés sous l'orage et que nos cœurs s'étaient ouverts l'un à l'autre, tout avait changé pour moi. Ruby avait rallumé dans ma vie cette espérance que je n'avais plus, et c'était à elle que je devais ce retournement de situation – sans elle, rien ne m'aurait retenu ici, et je savais que je n'aurais pas eu le courage de prendre conscience par moi-même. Elle et elle seule m'avait donné la force qui m'avait manqué.


- J'ai besoin de toi, lui chuchotai-je en glissant ma main dans ses cheveux et en embrassant son visage : ses pommettes, ses joues, sa bouche, son cou. Je t'aime, et ça ne changera jamais, répétai-je ces mots qu'elle m'avait dits en partant. Si tu veux toujours, précisai-je dans un souffle, plus bas.

Elle ne me rejetterait pas, n'est-ce pas ? L'un dans les bras de l'autre, nous étions finalement aussi tremblants, soulagés et apeurés l'un que l'autre. Si je venais de lui assurer que tout cela ne serait bientôt plus qu'un mauvais souvenir, parce que je ne pouvais pas l'abandonner car elle comptait trop, quelles seraient les conséquences ? Mon cœur tambourinait dans ma poitrine comme si il avait espéré déployer ses ailes et décoller, et l'aéroport disparaissait déjà autour de moi, car seul comptait le corps de Ruby contre le mien, son sourire, le bruit de son souffle, la chaleur de sa peau. Mais un peu plus loin, encore couverte pour l'instant par le bruit des moteurs qui résonnaient dans le ciel et par les éclats éblouissants de cette lumière qui ne brillait que pour nous, ma culpabilité n'était pas inexistante, et je la devinais tapie dans un coin, certainement pas décidée à me laisser m'en sortir sans encombres.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Where the road meets the Sun | Ruby   Where the road meets the Sun | Ruby Icon_minitimeMar 31 Déc - 14:38

"Don't disappear
Darlin', I want you
Don't leave me here
And when the day comes
I'll meet you here
'Cause I know that wishes come true
Finding my way back to you."


Je ne voulais pas oublier, chaque détail s'était imprimé trop profondément, des plus anodins au plus importants. C'était le parfum de sa peau, c'était la manière dont il tournait les pages lorsqu'il lisait et qu'il souriait très légèrement lorsque c'était quelque chose d'amusant ou qu'il fronçait les sourcils lorsqu'il se concentrait, et la façon dont il glissait un marque-page et s'assurait que son livre n'était pas abîmé, c'était ces instants où il réajustait sa cravate devant le miroir, cravate qu'il ne portait que pour des occasions et qui lui donnait tout à coup cet air plus sérieux et sage, c'était des choses aussi stupides que le pincement de ses lèvres lorsqu'il était contrarié ou les fossettes sur ses joues lorsqu'il riait. Et c'était tout ça et plus, tout ça et tout nos moments, nos rires et nos étreintes, chaque seconde passé avec lui qui agitait une veine dans mon cœur qui pompait le sang encore et encore. Le tissu de ma peau avait été piqué, le fil de notre histoire s'y logeant, et si aujourd'hui je le déroulais, je pouvais retrouver tout les accrocs, et pourtant le fil me semblait si résistant que je ne pouvais pas croire qu'il avait suffi à Ewan d'un seul geste pour le couper. Et pourquoi fallait-il que cela soit si douloureux ? Pourquoi revenait-il, me prenait-il dans ses bras alors que dans un instant, cette chaleur que lui seul pouvait me prodiguer allait s'évaporer ? Mon cœur se débattait, se nourrissant d'un espoir impossible, et il m'étouffait, continuant de croire que si notre amour avait suffit jusqu'à présent, il suffirait toujours. Car c'était exactement ce que je ressentais. Peu importe le reste, ce qui se tramait autour, la seule présence d'Ewan pouvait me rassurer. Il ne pouvait pas réparer tout ce qui était cassé, tout comme je ne pouvais pas le faire pour lui, mais nous pouvions nous donner la force d'essayer, chacun, de résoudre nos problèmes. Pourquoi n'étais-je pas suffisante, pourquoi fallait-il qu'il parte ?

Mes doigts s'accrochèrent encore à lui, désespérément, espérant, et je sentis une certaine panique se répandre. La dernière fois. N'oublie pas, cette dernière fois, me répétai-je, il est là, tout contre toi, et l'empreinte de son étreinte restera graver dans tes bras à jamais.


- Mais je me fiche de cet avion : je ne pars plus.

Il me fallut plusieurs secondes pour que l'information arrive à mon cerveau.

Je ne pars plus. Je ne pars plus. Je ne pars plus. Je ne pars plus.
Il ne part plus. Il ne part plus. Il ne part plus. Il ne part plus.

Il
me choisit.

Ce fût comme si un poids immense s'était abattu sur moi, et je me sentis vaciller, une sentiment inconnu m'envahissant. C'était tout à la fois, tout, le soulagement, la peur, l'amour, le bonheur, la tristesse, un mélange impossible et qui pourtant se déversa sur moi et me fît éclater en sanglot. C'était comme si mes forces me quittaient, tout à coup, car elles savaient qu'Ewan serait là, et qu'il m'en donnerait à nouveau. Et, comme s'il avait entendu, ses mains se resserrèrent sur moi, m'empêchant de tomber. Mon cœur s'était contracter si violemment que j'en eus la nausée, et des étoiles dansaient dans mes yeux, m'empêchant de distinguer clairement forme et son, je ne savais qu'une seule chose, c'était qu'Ewan était contre moi et voulait rester. Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui l'avait fait changer d'avis ? J'étais comme exténuée de ce retournement de situation inespéré, je n'arrivais pas à cesser de pleurer, ne pensant qu'à une chose : il ne part plus. Il voulait de moi. Moi, contre toute cette vie qu'il avait programmé avant de me connaître. Il l'avait dit, et je crois que je le comprenais seulement à présent : j'avais tout changé.


- Ça va ?! L'entendis-je dire d'une voix inquiète, et il m'obligea à le regarder : je tremblais, les larmes s'accrochant à mes cils, mais je ne luttais pas lorsqu'elles roulaient. Son visage était là, face au mien, et cela suffit à me rassurer : je lui offris un petit sourire, bien pâle face à tout ce que je ressentais.

Comme je n'arrivais pas à parler, j'hochai la tête, et si je pleurais toujours, je sentis que j'avais envie de rire aussi, et je ne distinguais aucune émotion nette dans toutes celles qui m'habitaient. Ewan posa tout doucement ses lèvres contre les miens, et je crus que je n'allais pas y survivre : son amour m'inonda brusquement et mon sourire s'agrandit malgré moi. Je lui répondis timidement, mais avec une certaine tendresse qui nous était propre, et je savais qu'il y répondrait. Mes bras s'étaient encore enroulés autour de lui, et je ne le lâchai plus, m'appuyant tout contre lui pour chercher son soutien.


- C'est toi qui a mis les jasmins sur la tombe de Jamie ? Je fus presque surprise, et j'eus un petit signe de la tête. Après ce fameux jour où Ewan avait tant pleuré, se confiant sur Jamie, j'avais simplement voulu... Je ne sais pas, le rencontrer, à ma manière ? J'étais attachée aux symboles, malgré moi, et si je savais que ce n'était qu'une tombe, pour moi, ça avait du sens. J'étais restée un long moment devant la tombe, silencieuse, mais dans mon esprit, je crois que je parlais un peu à Jamie. Je lui parlais d'Ewan, de combien je l'aimais, de combien il était triste sans lui, de comment j'essayais de m'occuper de lui malgré tout. Je savais que personne ne m'entendait ni me répondrait, mais... Je me sentais soulagée. J'avais la sensation de le devoir à Ewan. Merci. Je fis un signe de la tête, l'air de dire que ce n'était pas important – du moins, que je ne l'avais pas fait pour une quelconque reconnaissance. Je n'avais même pas osé le dire à Ewan. Toute cette histoire était une erreur. Je voudrais tellement que mes parents se remettent ensemble, mais ce n'est pas à moi de le faire... Je suis désolé de t'avoir menti, je sais que c'est impardonnable, mais c'est aussi qu'au fond de moi je refusais de partir – mais maintenant j'ai compris, mon père ne peut pas me demander ça, et il se débrouillera très bien sans moi. Je n'ai pas du tout envie d'aller vivre et travailler là-bas... Ma vie est ici et je veux la vivre avec toi.

Je ne pus à nouveau rien dire : ses mots roulaient sur ma peau et la pénétraient, m'envahissant tout entière. Avec moi. Vivre avec moi. Il voulait de moi, par dessus tout, par dessus tout ce qui l'attendait : c'était moi qu'il choisissait. La vie dont il avait envie était avec moi... Toute comme la mienne était à ses côtés. J'eus un petit sourire, cherchant les mots qui ne venaient pas. J'étais trop heureuse et à la fois trop chamboulée pour savoir quoi dire, quoi faire, car j'avais envie de tout : le serrer dans mes bras, pleurer, rire, l'embrasser, caresser sa peau, sourire, le regarder, et j'avais encore peur de ne pas avoir le temps de tout faire alors qu'Ewan venait de m'assurer le contraire. Nous avions tout le temps que nous voulions, désormais. Il me voulait moi, simplement moi.

- J'ai besoin de toi. Je t'aime, et ça ne changera jamais. Si tu veux toujours...

Je le laissai embrasser mon visage, et peu à peu, je retrouvais mes marques, mes esprits. Je connaissais ses frissons qui m'animaient, ils étaient la preuve de tout cet amour qui m'abreuvait en cet instant, et pour toujours : ça ne changerait jamais, je l'avais dit, et l'entendre des lèvres d'Ewan acheva de me rendre euphorique. Au milieu des larmes, je me sentis éclater de rire. Un rire innocent, et à la fois tellement sincère, dont chaque éclat était comme une bulle qui englobait tout ce que je ressentais à présent, tout ce soulagement et ce bonheur que je ne pouvais contenir. Je pleurais encore un peu, de joie et de peine, et je regardais Ewan, passant à présent mes mains sur son visage, son torse, avant de me nicher dans ses bras, calant mon visage dans son cou, le laissant me câliner avec force. Je continuais de rire, et à la fois je me sentais épuisée, mais ça m'était égal : j'étais si heureuse.

Je finis par écarter mon visage, et glissant mes mains dans sa nuque, je plongeai mon regard dans celui d'Ewan en souriant. Je ne riais plus, ne pleurais plus, je le regardais simplement et lui souriais, toute heureuse que j'étais. Bien sûr que je voulais toujours. Je voudrais toujours.


- Je ne te laisserais jamais mourir, Ewan, murmurai-je d'une toute petite voix dans son oreille. Je lui fis à nouveau face en souriant, et je surpris mes doigts à caresser sa nuque et ses cheveux malgré moi. Je... J'arrive pas à y croire mais... Merci, dis-je timidement. Moi aussi je veux vivre ma vie avec toi et... Tu es une partie de ma vie, admis-je dans un murmure. Je baissai les yeux un instant, presque gênée de ce que je lui disais : mais c'était la vérité. Il était bien trop important pour moi, et peu importe les risques, je ne pouvais pas lutter. Je l'aimais trop, n'est-ce pas ? Pour les fleurs, tu... Est-ce que ça te dérange ? Je voulais juste le connaître, expliquai-je. Je glissai mon visage à nouveau dans son cou, où je déposai un baiser : j'avais envie d'y rester, pour toujours, j'y étais à l'abri, et je n'arrivais pas à ma dégager de l'étreinte d'Ewan. J'avais peur qu'il disparaisse encore, au fond. Mais il allait rester, pas vrai ? S'il-te-plaît, ne fais plus jamais ça, ne... Sauf si tu ne m'aimes plus, mais dis le moi, ne me mens plus, c'est trop horrible, confiai-je dans un murmure, le visage encore enfoui dans son cou. J'avais peur de son regard qui me percerait à jour, moi et mes fragilités : les cicatrices de mes avant-bras me brûlaient encore, et je ne voulais pas qu'Ewan les devine. Mais... Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Tu... Tu es sûr que tu veux rester ?

Parce qu'au fond, il fallait que je sache. Que je sache si son amour débordait autant que le mien, et si réellement, il sentait comme moi qu'il suffisait d'un regard pour que le cœur batte correctement. Que je sache si comme moi pour lui, Ewan m'aimait d'un amour irrationnel et pourtant tellement rassurant.
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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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MessageSujet: Re: Where the road meets the Sun | Ruby   Where the road meets the Sun | Ruby Icon_minitimeLun 6 Jan - 19:28




Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l’obscurité tout entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras



Le rire de Ruby éclata comme une petite bulle à la surface de l'eau et les battements de mon coeur y répondirent en rythme, tandis que je souriais de plus belle. Il me semblait que peu à peu quelques couleurs revenaient sur son visage, maintenant qu'elle souriait et que ses yeux brillaient d'avantage, sans quitter les miens. J'avais beau connaître ce regard par coeur, il ne cessait de me surprendre, surtout quand je m'y attendais le moins. Combien de fois y avais-je entraperçus tous les secrets de Ruby, avant qu'elle me les dise, et tous ceux aussi qu'elle n'avait peut-être pas dits ? Il y avait toujours quelque chose de lumineux au fond de son regard, quelque chose de définitivement vivant qui se débattait malgré tout, et qui donnait à son regard l'intensité de la lumière des étoiles. J'aurais pu rester là encore et encore, à la tenir contre moi et à me noyer dans ses yeux, car c'était comme si je retrouvais peu à peu ce que j'avais failli perdre, que je puisais à nouveau ces forces que j'avais trop longtemps mis de côté. Je m'en voulais terriblement de l'avoir fait pleurer, de lui avoir fait tant de mal, mais pour l'instant quelque chose de plus fort m'accaparait tout entier, m'enveloppait et me séparait du reste du monde. Je l'embrassais et passais mes mains sur son visage, dans son dos, comme si elle m'avait été enlevée des années, et que j'avais peur qu'elle s'efface, comme un souvenir, tandis que je la touchais. Elle s'installa plus au creux de mes bras et je la serrais un moment, peut-être un peu trop fort cette fois, mais c'était comme si je voyais toute ce que nous avions partagé défiler devant mes yeux, que je fermai. Comment avais-je pu espérer lutter contre cela ? J'avais tant besoin d'elle que le simple souvenir de notre rencontre, de la première fois où elle était venue chez moi, de notre premier baiser, faisait frémir ma peau. Le sentit-elle ? Je n'en savais rien, mais je la serrai un peu plus, respirant l'odeur de ses cheveux, puis ce fut elle qui se dégagea doucement et glissa ses mains dans ma nuque - cette fois j'eus un tremblement plus prononcé, et l'une de mes mains se détacha de sa taille et se posa sur son avant-bras, que je me mis à caresser de mon pouce.

- Je ne te laisserais jamais mourir, Ewan, murmura-t-elle dans le creux de mon oreille, et ma main se serra d'avantage. Cela, je le savais, je lui faisais confiance, pour toujours, il me semblait. Je n'avais pas oublié la première fois où elle m'avait dit ces mots-là, car cette fois avait aussi été la première où j'avais ouvert mon coeur pour de bon, où je m'étais laissé aller, où pour la première fois j'avais pu dire tout ce qui me démangeait de l'intérieur et me détruisait, et où quelqu'un m'avait, enfin, écouté. Je... J'arrive pas à y croire mais... Merci. Moi aussi je veux vivre ma vie avec toi et... Tu es une partie de ma vie. Pris par surprise, j'eus un petit sourire, et sentis mon coeur gonfler encore plus. Savait-elle seulement que si j'avais fait demi-tour, c'était justement parce qu'elle était devenue la majeure partie de ma vie ? Pour les fleurs, tu... Est-ce que ça te dérange ? Je voulais juste le connaître. Je fis non de la tête, un peu désorienté par tout ce qu'elle me disait, un peu trop ému aussi. Me déranger ? Au contraire, rien n'aurait pu me faire plus plaisir. S'il-te-plaît, ne fais plus jamais ça, ne... Sauf si tu ne m'aimes plus, mais dis le moi, ne me mens plus, c'est trop horrible. Mais... Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Tu... Tu es sûr que tu veux rester ?

Ce fut mon tour d'avoir un petit rire, tandis que je prenais brusquement son visage entre mes mains pour l'embrasser, une fois sur son front, son nez, ses lèvres, plus passionnément ensuite, sentant tout mon coeur se déverser en elle à mesure que nos souffles se mélangeaient et que le baiser s'intensifiait. C'était le premier véritable baiser que je lui donnais depuis que j'étais revenu, et il me laissa un peu étourdi lorsque je me séparais d'elle, gardant mes mains qui encadraient son visage.

- Bien sûr que je veux rester, je ne veux que ça, répondis-je en plongeant mes yeux dans les siens. Et il y a peu de chance que je te dise que je ne t'aime plus... J'eus un petit regard autour de nous, dans le vague, cherchant les mots. Je repris plus doucement : Pourquoi tu crois que je n'ai pas réussi à t'embrasser quand... Quand on s'est dit au revoir ? C'était au-dessus de mes forces, je l'ai compris à ce moment-là je crois. Je ne peux pas ne pas t'aimer, c'est tout, conclus-je en haussant les épaules. Je suis tellement différent depuis que je suis avec toi, je me sens plus heureux que je l'ai été depuis longtemps, tous les matins je me réveille en pensant à toi et en me réjouissant que tu sois dans ma vie. Je veux que ça continue, encore et encore, je ne veux pas me réveiller sans toi, je veux t'aimer et te rendre heureuse, c'est tout ce qui compte. Pardon d'avoir menti, rajoutai-je en baissant les yeux. Je savais qu'il ne suffisait pas de le dire, et quelque chose me disait qu'il faudrait bien plus que quelques aveux et quelques baisers pour que ce mensonge soit lavé.

J'embrassai ses lèvres à nouveau, lâchant son visage après avoir doucement dessiné du bout de mes pouces le contour de ses lèvres, la ligne de sa mâchoire, son menton. J'étais heureux, j'étais soulagé, mais je sentais une petite résistance dans l'air, ténue mais présente. Elle était entre nous et tout autour de nous, et mon estomac se contracta à cette idée, sans qu'aucune solution ne me vienne à l'esprit. Il n'y avait rien à faire, n'est-ce pas ? Pas pour l'instant. Je fis glisser mes mains le long de ses bras, jusqu'à ses mains, que je serrais dans les miennes.


- Il est temps de rentrer à la maison, tu ne crois pas ? Je souris, un peu gêné, car si nous étions heureux, tout était de ma faute, et j'avais bouleversé moi-même l'équilibre que nous avions construit, pièce après pièce. Attends, dis-je en lâchant sa main une seconde, pour fouiller dans ma poche, et en sortir la clef de mon appartement qui avait été à elle. Je la mis dans sa paume, et refermai ses doigts dessus. Voilà, mais mon sourire se bloqua dans ma gorge. Il ne servait à rien de s'accrocher aux apparences : ce n'était pas parce que tout avait l'air de revenir à la normale que tout était comme avant. Je t'aime, murmurai-je, un peu désespéré par cette conclusion. Puis j'embrassai son front et eus un mouvement pour que nous nous mîmes en marche, mais Ruby m'indiqua une autre direction.

Docilement, je la suivis, me demandant pourquoi elle m'avait dirigée précisément en ce sens - mais il y avait des portes de sortie un peu partout dans cet immense aéroport - avant que tout d'un coup mes yeux accrochent un peu plus loin une silhouette et un visage familiers. Oh. Bien sûr - c'était logique, et j'en étais d'ailleurs reconnaissant à Lizlor de faire autant pour Ruby, de ne pas l'avoir laissée venir seule, de faire tout cela pour elle... Bien sûr que Lizlor était au courant de tout, n'était-ce pas elle qui avait été chargée de déposer la lettre devant ma porte ?  Ceci étant, je me sentis soudain prodigieusement honteux, encore plus que précédemment, et aussi sous le joug d'une certaine... menace. Je m'étais toujours bien entendu avec Lizlor, que j'appréciais, mais le fait était qu'elle restait la meilleure amie de Ruby et que je venais de mal traiter Ruby, de lui faire de la peine et de lui causer du souci - la solidarité féminine combinée avec celle de meilleure amie ajoutées au caractère plutôt enflammé de Lizlor n'étaient clairement pas en ma faveur. Je franchis les quelques mètres qui nous séparaient d'elle avec une certaine appréhension - assise au départ, elle s'était levée et avait croisé les bras et son regard était tourné vers Ruby, elle semblait inquiète ; quand nous fûmes devant elle elle me regarda enfin et avant que j'eus le temps de la saluer ou quoi que ce soit, elle s'avança et me gifla. Je tournai la tête et fermai les yeux un quart de seconde - une part de moi s'y était fortement attendue, l'autre me disait que je la méritais, même si j'aurais préféré que Lizlor se retienne, mais je n'avais définitivement pas la bonne place pour lui faire remarquer. Je serrai les dents et ne dis rien, la joue toute chaude de cette gifle et de la honte qui allait avec. La regardant - elle me défiait du regard, sans rien dire et je lui répondis de la même façon. Ruby eut ensuite un geste vers elle, la prenant dans ses bras, et si encore j'eus envie de faire remarquer que c'était moi qui venais de me prendre une claque, il était plus prudent de ne rien dire. De toute manière, Ruby m'embrassa ensuite sur la joue et j'eus un petit sourire. Je voulais bien payer ce prix, de toute façon.

J'entremêlai mes doigts dans ceux de Ruby et la regardai, puis jetai un coup d'oeil à Lizlor, pas vraiment certain qu'elle ne réitère pas ses attaques mais tant pis, et prononçai non sans une certaine appréhension :


- ... On y va ?

Il y avait une foule de choses que j'avais envie de demander à Ruby, de lui dire aussi, une foule de choses à me faire pardonner. N'avais-je finalement pas construit toute notre relation sur de petits mensonges, disséminés les uns après les autres ? Mais je voulais avancer, je voulais partir d'ici, et ne plus regarder de ce côté-là. Je serrai plus fort ses doigts entre les mains, espérant que nous aurions toute la force nécessaire pour me pardonner.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



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MessageSujet: Re: Where the road meets the Sun | Ruby   Where the road meets the Sun | Ruby Icon_minitimeDim 12 Jan - 1:16

L’espace d’une seconde, une pensée traversa mon esprit : et s’il était parti ? Que ce serait-il passé, quelle vie aurais-je mené ? Aurais-je pu l’oublier, comme j’avais réussi avec Hadrian, aurais-je pu retrouver quelqu’un d’autre ? Etait-ce naïve de dire que non ? Pourtant, il m’apparaissait clairement combien cela était impossible. Jamais je n’aurais pu retrouver quelqu’un qui me procure les mêmes choses qu’Ewan, quelqu’un avec qui je me sentais si connecté, en osmose, quelqu’un d’aussi parfait pour moi. Quand bien même j’aurais pu, je ne le voudrais jamais, parce que notre histoire était empreinte de trop d’instants magiques, des instants que je n’avais jamais vécus avant, et Ewan me les avait offerts d’une manière si douce et si attentionnée que je ne voulais les vivre avec personne d’autre. Il savait comment toucher quelque chose dans mon cœur, une partie que je croyais même éteinte. Comment aurais-je un seul jour vouloir une autre présence que la sienne ? Malheureusement, je ne pouvais pas être sûre que de son côté, cela ne change pas, et ce départ en avait bien été la preuve. Mais il avait demi-tour, n’est-ce pas ? Je voulais simplement me convaincre qu’il le ferait toujours. Je me laissais bercer par ses bras, m’interdisant d’avoir peur – mais à l’intérieur, je savais que les choses n’était pas réparé en un instant, et que son retour n’écraserait mais ces quelques mots, « je pars », « je suis désolé que ça se finisse », parce qu’envisager cela ne serait qu’une seconde avait été trop douloureux.

Mais il déposa des baisers sur mon visage, comme il aimait bien le faire parfois, comme s’il me regardait du bout de ses lèvres, et je me sentis sourire timidement, mais réellement. Mon cœur retrouvait un rythme habituel, bien que toujours un peu paniqué, et mes doigts cherchèrent sa peau – ma maison. Puis, comme Ewan saisissait mes lèvres entre les siennes, je me sentis répondre avec plus de force que j’en avais eu ces trois derniers jours. J’avais son goût sur le bout de la langue, et c’était tellement rassurant que je redoublais d’intensité et de tendresse. Je voulais lui montrer qu’il n’avait pas eu tort de me choisir, de rester, et que malgré tout, rien n’avait réellement changé pour moi. Je l’aimais toujours autant, avec autant de force, et c’était la seule chose qui devait compter. Avoir peur ne m’aiderait pas, je le savais, et ne me ferais que me replier sur moi-même… Et si je le faisais, ce n’était pas rendre honneur à Ewan qui venait de plaquer tout une vie pour ma seule personne.


- Bien sûr que je veux rester, je ne veux que ça. Et il y a peu de chance que je te dise que je ne t'aime plus... Pourquoi tu crois que je n'ai pas réussi à t'embrasser quand... Quand on s'est dit au revoir ? C'était au-dessus de mes forces, je l'ai compris à ce moment-là je crois. Je ne peux pas ne pas t'aimer, c'est tout. Mes yeux étaient toujours plongés dans les siens, et je sentis les larmes qui se débattaient sous mes paupières. J’eus un sourire doux, et mes mains dans sa nuque se serrèrent un peu plus. Moi non plus je ne pouvais pas. Je suis tellement différent depuis que je suis avec toi, je me sens plus heureux que je l'ai été depuis longtemps, tous les matins je me réveille en pensant à toi et en me réjouissant que tu sois dans ma vie. Je veux que ça continue, encore et encore, je ne veux pas me réveiller sans toi, je veux t'aimer et te rendre heureuse, c'est tout ce qui compte. Pardon d'avoir menti.

Je balançai légèrement ma tête, comme pour chasser sa dernière phrase. Je ne voulais plus qu’il s’excuse. Tout ce qu’il disait suffisait pour réchauffer à nouveau mon cœur, et je m’interdisais de me dire que ce n’était que des mots – il avait fait une erreur, nous en faisions tous, ce qui comptait, c’était la suite, pas vrai ? Ses lèvres provoquaient toujours les mêmes frissons en moi, et j’étais toujours autant à ma place dans ses bras, comme protégée de tout le reste. Ewan sentait-il la même chose ? Je le serrais un peu fort contre moi, comme si j’essayais de lui faire comprendre que je voulais lui prodiguer tout l’amour qui lui manquait, tout celui qu’on ne lui avait pas assez donné alors qu’il en avait tant besoin. Et moi aussi j’en avais besoin, et je savais qu’il m’en donnerait – ne l’avait-il pas jusqu’ici ? Ce geste ultime de faire demi-tour, de me choisir, de changer tous ses plans pour moi, n’en était-ce pas l’illustration ultime ?

Et ce qu’il venait de me dire… J’en avais le cœur tout fébrile, parce que moi aussi c’était ce que je ressentais, et il n’y avait rien de plus rassurant que de savoir que c’était réciproque. Moi aussi, je ne pouvais pas ne pas l’aimer. Je le comprenais de plus en plus clairement. Peu importe ce que le futur me réservait, je savais que je n’y arriverais jamais complétement ; peu importe ce qu’Ewan pouvait bien faire par la suite : il m’avait trop donné, et jamais je ne pourrais le détester. Je lui devais trop.


- Il est temps de rentrer à la maison, tu ne crois pas ? Je serrai avec une certaine force ses mains qui avaient attrapé les miennes, et je fis un petit signe de la tête avec unn sourire. Silencieusement, j’eus envie de lui répondre que s’il était là, je n’avais besoin d’aller nulle part pour me sentir chez moi. Attends, dit-il tout à coup, et il fouilla dans sa poche, sous mon regard intrigué. Je reconnus alors mon trousseau de clef, enfin, celui de son appartement qu’il m’avait donné il y a des mois de cela – il y avait toujours le petit porte-clef en forme d’étoile qui brillait. Il les mit dans ma main, et je les serrai en baissant le regard. Voilà. Je t'aime.

Lorsqu’il embrassa mon front, je fermai les yeux. Je voulus lui répondre, lui dire que je l’aimais aussi, mais je sentis quelque chose pincer mon cœur désagréablement, et je n’osai pas – les battements s’accélérèrent malgré moi, soudain un peu paniqué, mais je les fis taire. Non, il ne fallait pas y penser maintenant. Ewan eut un signe pour me guider, mais j’hochai la tête négativement et lui indiquai une autre direction. Je savais que Lizlor nous attendait, et d’ailleurs, je me demandai si elle avait observé, et qu’elle serait sa réaction. Si Stephen était ainsi revenu, je crois que j’aurais probablement voulu sa mort, mais il n’avait pas daigné faire ce choix – et je ne le comprendrais jamais – alors je ne pouvais pas vraiment comparer, n’est-ce pas ? A l’intérieur de moi, une petite voix me rappela qu’à la différence, Stephen n’avait jamais fait miroiter monts et merveilles à Lizlor, mais je n’écoutais pas. Je craignais simplement un peu la réaction de ma meilleure amie : serait-elle aussi soulagée que je l’étais ? Lorsque nous arrivâmes vers elle, elle se leva et s’approcha, les sourcils froncés, le regard tourné vers moi d’un air de dire : je le tue maintenant ou tout de suite ? Je tentai de lui faire un petit sourire, pour la rassurer, la calmer, mais au fond je me doutais qu’elle n’allait pas fermer les yeux comme je le faisais. Elle arriva à notre hauteur, et je me figeai un peu, la main d’Ewan dans la mienne.

Il y eut une seconde de battement, et tout à coup, tout se passa très vite : la main de Lizlor, le claquement inattendu, mon « Liz » qui s’échappa d’entre mes lèvres sous la surprise, puis le silence. Lizlor fixa Ewan, Ewan fixa Lizlor, et moi… Je les fixai, retenant un peu ma respiration. Puis, comme il fallait crever la bulle de tension qui formait, je m’approchai de Lizlor et je la pris dans mes bras. Il fallait que je la remercie, car c’était grâce à elle que j’étais ici, et ce geste qu’elle venait d’avoir n’était que pour me rendre justice, car elle était inquiète, et je ne lui avais pas facilité la tâche ces derniers jours. Je déposai un baiser sur sa joue, fis un pas en arrière, me retournant, et comme Ewan avait l’air tout désolé, je lui fis également un bisou sur sa joue qui était encore chaude de la gifle de Lizlor.


- Ne lui en veux pas, murmurai-je dans son oreille. C’est grâce à elle que je suis là.

Dans tous les sens du terme – mais ça, je ne comptais pas le dire à Ewan.

- ... On y va ?

J’approuvai d’un signe de tête et nous sortîmes de l’aéroport en silence, Ewan tenant ma main et Lizlor à mes côtés. Je lui pris la main lorsque nous transplanâmes jusqu’à Pré-au-Lard. Tout à coup, la pression retombait, et je me sentais épuisée, mais je me redressai un peu pour masquer la fatigue qui venait de s’abattre sur mes épaules. Lizlor me fit un léger signe de tête pour me dire qu’elle attendait que je dise aurevoir. Je me tournai vers Ewan, et je sentis ses bras m’entourer un peu maladroitement – j’avais baissé les yeux, soudain un peu gênée, et je me serrai un peu plus contre lui.

- Tu m’enverras une lettre ?... Demandai-je timidement, relevant le visage vers lui.

Il eut un signe de tête affirmatif, et je l’embrassai tout doucement, sentant que l’énergie me quittait définitivement – je me sentis chanceler, mais me retins pour qu’Ewan ne le remarque pas. Je me dégageai un peu à contre cœur. Je lui lançai un dernier regard, et finis par lui tourner le dos, me dirigeai vers Lizlor et lui pris la main pour aller jusqu’au passage secret. J’avais les mains moites, la nausée, et dès que nous fûmes dans le passage, hors de la vue d’Ewan, je demandai à Lizlor de s’arrêter un instant, et je m’appuyai contre le mur pour reprendre ma respiration. Je fermai les yeux, sentant les larmes me piquer les paupières – des larmes de soulagement, d’épuisement, de peur et de bonheur, des larmes de sentiments tellement incompréhensibles et divers que je n’arrivais plus à faire le tri. Mais lorsqu’une d’elles roula sur ma joue, je sus que de tous les sentiments qui m’habitaient, c’était le soulagement qui les gagnait tous.


THE END

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