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Mad World (pv)

 
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 Mad World (pv)

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Chuck Carlton


Chuck Carlton
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Localisation : Là où on peut faire la fête !
Date d'inscription : 03/03/2010
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Particularités: i should have known better
Ami(e)s: Emmy-Nem, Haley, mon petit lapin! Oh vous inquiétez pas, ça nous choque autant que vous... ; Joy, eh ouais comme quoi ! ; Ruby Miss Parfaite ; Lilian, the one and only
Âme soeur: come to me my sweetest friend can you feel my heart again i'll take you back where you belong and this will be our favorite song

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MessageSujet: Mad World (pv)   Mad World (pv) Icon_minitimeLun 12 Jan - 19:11



https://www.youtube.com/watch?v=4N3N1MlvVc4
Hide my head I wanna drown my sorrow
No tomorrow

I find it hard to take
When people run in circles it's a very very
Mad world



C'était dingue, c'était arrivé comme ça, d'un coup, boum. Il y avait longtemps que je n'avais pas eu de nouvelles de Daniel, mais celles-là avaient été comme une grosse claque dans ma gueule. Il fallait dire que j'en avais pas pris non plus, et qu'il avait disparu de manière un peu étrange, et tout. Je ne blâmais personne : je m'en foutais même carrément, ce n'était ni sa faute ni la mienne, et c'était bien le dernier de mes putain de soucis. Daniel était mort, et je n'arrivais pas à y croire. Daniel était mort, et c'était Lilian, en larmes, qui m'avait appelé, pour m'annoncer la nouvelle. De ce que j'avais cru comprendre, elle avait renoué avec lui quelques temps avant sa mort, et il lui avait appris que ça n'allait pas, etc, je n'avais pas tout compris de ce qu'elle disait car sa voix n'était pas très claire, et puis surtout mes idées ne l'étaient pas du tout, qu'est-ce que ça pouvait foutre les détails, au fond... Daniel était mort, et je ne pouvais pas le croire. Qu'est-ce que c'était que cette vie de merde ?! Pourquoi lui, et pourquoi maintenant ? J'étais en colère, tellement en colère - c'était bien trop soudain et inattendu pour que je ressente autre chose. J'hallucinais continuellement depuis que j'avais appris la nouvelle, chaque fois que je prenais conscience que oui, vraiment, il était mort, je me disais mais bordel, mais pourquoi, mais comment ?! Evidemment, en plus, la mort de quelqu'un de mon entourage et surtout de quelqu'un de jeune n'arrangeait rien à tout ce que je mettais de côté au sujet de Coop, alors non, non, ce n'était pas possible, il n'était pas mort, il ne pouvait pas être mort ?! Pourquoi on n'avait pas pu le soigner, putain, on vivait à quel siècle si ni la science moldue ni la science sorcière n'avait pu être utile, c'était quoi ce gros délire ?! C'était un truc que je n'avais jamais compris, et que je ne pouvais pas accepter. Je trouvais ça tellement... Dégueulasse, alors quoi, on pouvait toujours avoir une pauvre maladie et en crever connement avant même d'avoir 20 ans, mais à côté de ça on envoyait des gens sur la Lune et dans l'espace sans aucun problèmes ? Quel monde de merde, oui.

Quand j'avais raccroché, le premier truc que j'avais fait avait été de prévenir les autres, que je connaissais et qui avaient connu Daniel, pour épargner Lilian de devoir le faire tout seule. Je m'étais chargé de le dire à Ruby, et malheureusement j'avais du lui écrire une lettre (allez trouver les mots dans ce genre de circonstances), mais c'était tout de même mieux que rien : je savais qu'elle préfèrerait l'apprendre par nous que par Sara Wayland quand elle allait, sûrement, dire un petit mot sur Daniel à Poudlard.

C'était tellement bizarre : Poudlard qui avait tellement pour moi, qui était devenu ma vraie maison et ma vraie famille, voilà que Poudlard même était touché par toute cette merde, que quelqu'un qui avait été mon pote là-bas n'existait plus, comme ça. En l'espace d'un instant.

Autant dire que le soir, je me l'étais collée, et bien sévèrement. Mes potes avaient sans doute du se demander pourquoi j'avais commandé cocktails sur cocktails avec plus d'empressement que d'habitude, parce que si j'aimais faire la fête je ne passais pas ma vie non plus à être un déchet, mais je n'avais rien dit. Pas envie, pas la force non plus. Ce soir, je faisais mon deuil dans mon coin et surtout, je m'accordais une pause avant la suite. Lilian devait me rappeler le lendemain pour me dire la date de l'enterrement, on allait se voir évidemment, tout ça... Et bordel, tout allait être tellement réel, que ça me donnait l'impression que le monde s'écroulait d'un coup. Je refusais tellement sa mort, mais pourquoi, pourquoi ?! Mais personne n'avait et n'aurait jamais la réponse, et je le savais très bien. Personne n'avait ce genre de réponses, alors qu'on ne pouvait pas s'empêcher de se poser ce genre de questions - c'était un putain de comble, quand même. Le lendemain, je m'étais levé avec la gueule de bois du siècle, mais paradoxalement elle n'était même pas assez forte pour me faire oublier. Daniel était toujours mort.

J'avais rejoint Lilian pour l'enterrement, et si j'avais pourtant eu l'occasion de la voir dans des états assez sales, avec tout ce qu'on avait traversé comme l'attaque des Mangemorts, tout ça, j'avais été particulièrement choqué sur le coup. Elle était si triste que ma peine semblait augmenté de mille, et tellement perdue et en colère aussi, que j'avais cru qu'on n'arriverait jamais à se rendre sur place. Mais on avait tenu bon, et on y était allés. L'enterrement était passé un peu étrangement vite pour moi : il y avait des gens, des larmes, des discours, une belle cérémonie, les amis, les proches, les profs, des adultes, des jeunes, des gens que je connaissais, que je ne connaissais pas. Mais je me sentais comme prisonnier d'un mur qui me coupait de tout ça, et j'avais vécu le moment comme si j'étais tellement vide qu'aucune émotion ne pouvait m'atteindre. J'étais trop triste pour ressentir quoi que ce soit. Lilian avait tout de même dit quelques mots, et putain, je l'avais trouvée bien courageuse, car j'en aurais été bien incapable... Et puis comme d'habitude on s'était tous rassemblés ensuite, retrouvés, comme si cela pouvait changer quoi que ce soit au drame. Mais c'était bien tout de même : on était tous là pour lui, et voilà. Mais lui, par contre, ne serait plus jamais là.

Après, j'avais raccompagné Lilian à Sainte-Mangouste : cette grosse andouille n'avait pas réussi à se démerder pour ne pas bosser. Du coup, j'avais fait le chemin avec elle, pour la soutenir et aussi parce que je crois que ni l'un ni l'autre n'avions envie de nous retrouver tout seul ou bien avec des gens qui n'avaient pas un instant conscience que Daniel venait d'être enterré. Bras-dessus bras-dessous, et probablement avec des tronches de gens qui n'avaient pas dormi depuis dix jours et venaient de voir un bon paquet de fantômes, on arriva à Sainte-Mangouste - je fuyais cet endroit comme la peste, évidemment, avec tous les aller-retour que j'avais du y faire depuis la naissance de Coop, mais je rentrai tout de même avec elle l'accompagner déposer ses affaires. Au passage, elle me montra un peu là où elle travaillait, et je vins avec elle jusque dans le hall.


- Tu m'appelles au moindre truc, promis ?

C'était drôle au fond, parce que malgré le fait qu'on soit sortis ensemble et que le passage avait été assez difficile, notre amitié était redevenue plus forte que jamais, ensuite. Je lui fis un bisou sur le front, essuyai ses yeux encore un peu humides de mes pouces, et la pris dans mes bras pour la serrer fort - même si je savais que je devais la laisser travailler, je n'avais aucune envie de me barrer de là.
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Lilian Easter


Lilian Easter
Assistante à Sainte Mangouste



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Localisation : Dans le lit avec Iron Man. Et tu es prié(e) de dégager, on n'aime pas les plans à 3. (A part si tu t'appelles Jack Sparrow, que tu as du rhum et de la pâte à crêpes...) Quoi? C'est quoi cet air choqué, vous êtes toujours puceau ou quoi? Question suivante !
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Particularités: Yeux plus beaux, tu meurs ! LA Sirène de Poudlard, je suis belle à mourir.
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MessageSujet: Re: Mad World (pv)   Mad World (pv) Icon_minitimeDim 18 Jan - 14:56

Daniel était parti. Cela faisait une semaine maintenant. Et Lilian avait mal, très mal. Pourtant, elle s'y attendait. Elle savait depuis le début. Elle s'y était préparée, elle était prévenue mais il n'y avait rien à faire, la perte était insupportable. Elle s'était imaginé ce jour, mais jamais elle ne s'était préparée à souffrir autant. Mais le peut-on réellement ? Depuis une semaine, elle vivait au ralenti comme si le temps faisait exprès de passer lentement et de s'écrouler sur ses frêles épaules. Comme s'il souhaitait qu'elle se souvienne absolument de tout et c'est un fait, pas une seconde de la semaine ne lui avait échappée, gravée dans sa mémoire. Daniel était parti. Tous les jours, tous les souvenirs lui revenaient en plein visage et elle ne pouvait absolument rien faire pour y échapper. La belle ne parvenait pas à se changer les idées, tout la ramenait à Daniel. Et le fait de travailler à Sainte-Mangouste ne soulageait en rien sa peine, bien au contraire. Dean et elle s'évitaient ; enfin, elle fuyait le jeune homme comme la peste, le souvenir de ses paroles tapant contre ses tempes à chaque fois que l'éclair de ses yeux verts traversait une pièce. Les deux événements s'étaient succédés avec une rapidité qu'elle avait encore du mal à encaisser. D'abord Dean puis Dan. Dieu semblait vouloir s'amuser avec elle en ce moment. Ou avait quelque chose à lui reprocher et le lui faisait de la pire façon qu'il soit. Et Lilian n'acceptait pas. Non, elle n'acceptait pas la mort de son meilleur ami.

Elle se souvenait du jour où elle avait tout appris. Elle venait de sortir de Sainte-Mangouste quand elle entendit son portable sonner. Elle était fatiguée d'avoir évité Dean toute la journée et qui plus est, Grant les avait tous les deux retenus pour leur parler, leur demander si tout se passait bien avec le travail de Lilian blablabla et le fait de rester à côté de l'apprenti, sentir son corps tout près du sien sans pouvoir le toucher, sans pouvoir le regarder comme si un mur se dressait entre eux avait relevé de la véritable épreuve pour la jeune femme. Ce soir là, Lilian avait juste envie de rentrer, de se blottir sous sa couette et d'attendre que le sommeil ne l'emporte. Mais son portable avait sonné dans la poche de son sac et tout avait basculé. C'était la mère de Dan qui, entre deux sanglots, l'appelait pour lui dire qu'il était parti et qu'apparemment, il n'avait pas souffert. Abasourdie, incapable de prononcer quoi que ce soit, la belle se laissait tomber sur le trottoir, le portable toujours collé à son oreille. Puis ce fut le père de Daniel qu'elle entendit lui dire qu'elle pouvait venir à l'hôpital avant qu'il ne descende son corps. Lilian n'avait pas souhaité entendre la suite, c'était trop d'un coup. Daniel ne vivait plus, n'était plus de ce monde elle même s'il lui avait tout avoué il y a plusieurs mois maintenant, elle avait toujours fait en sorte de ne pas trop y pensé. Mais chaque jour, une petite pensée lui rappelait que Daniel n'était pas éternel et que chaque jour le rapprochait de la terrible échéance.

Sur le coup, elle n'avait pas su quoi faire. Appeler ses parents, Chuck ou aller directement à l'hôpital ? Tout se bousculait dans sa tête, tout comme le monde autour d'elle il lui semblait. Elle avait envie de pleurer mais aucune larme ne s'écoulait, comme si elles avaient toutes étaient utilisées après la nouvelle des fiançailles de Dean. Ses yeux lui paraissaient secs comme si plus jamais elle ne pourrait pleurer et pourtant elle en avait besoin. Daniel avait besoin de ses pleurs même si cela ne le ramènerait pas. Loin de là. Rien ne pourrait plus le ramener auprès d'elle et inconsciemment, elle s'en voulait, se disait que tout était de sa faute. Si Dan était tombé dans cette horrible spirale, c'est parce qu'elle n'avait jamais su lui retourner l'amour qu'il avait pour elle. Mais en même temps, elle n'allait pas se forcer et lui faire croire qu'elle l'aimait comme lui l'aimait ! C'eut été complètement stupide et au final, elle lui aurait encore plus brisé le cœur. Elle restait là, inerte sur le trottoir, incapable de bouger, son cerveau incapable d'envoyer le moindre ordre à ses muscles. Puis au bout de quelques minutes, ou de quelques secondes elle réussit à se relever sur ses longues jambes. Elle appellerait Chuck plus tard, elle raconterait tout à ses parents lorsqu'elle rentrerait et maintenant, elle allait se rendre à l'hôpital. Pour voir Daniel. Son Dan.

Parce que d'une certaine manière, il avait été à elle ; quasiment toujours à elle. Lilian le savait et lui aussi d'un côté, elle en était quasiment sûre. Mais il n'avait jamais été à elle de la façon dont il l'aurait souhaité, cela aussi elle le savait. Il y avait eu quelque chose entre eux, indéniablement mais la fierté de la Sirène, l'éternelle hésitation de Daniel avait fait qu'il n'y avait rien eu de simple, toujours tout avait été compliqué. Mais ils tenaient l'un à l'autre, toujours là l'un pour l'autre – enfin Daniel plus que Lilian mais quand il avait commencé à plonger dans ces abysses terribles, Lilian l'avait de moins en moins vu et avait pensé que tout allait bien pour lui. Alors que c'était tout le contraire. Ils avaient perdu bien trop de temps et maintenant, plus jamais ils ne pourraient le rattraper. Le ciel avait rappelé Daniel et la superbe ne pouvait s'empêcher de se dire que c'était pour abréger ses souffrances sur cette terre. Mais à quoi bon ? Pour faire souffrir Lilian comme jamais ? Elle aurait préféré que la convalescence de son ami soit lente mais qu'à terme, il guérisse et redevienne comme avant. Et les parents de Dan ? Il n'avait ni frère, ni sœur qui pourrait les aider dans cette terrible épreuve. Ils resteraient seuls jusqu'à la fin de leurs jours, ne comprenant pas pourquoi on leur avait ravi leur enfant, leur unique enfant chéri et à chaque fois qu'il passerait devant ses photos, ils se demanderaient ce qui leur avait échappé.

Daniel avait toujours été quelqu'un de très secret, pas même à Lilian il n'avait avoué ses problèmes d'addiction. Enfin, seulement quand il était trop tard, ce qui achevait de ronger la jeune fille de remords.

C'est l'esprit torturé qu'elle arriva à l'hôpital et sans rien demander à l'accueil, elle se dirigea vers la chambre de Daniel et à chacun de ses pas qui la rapprochait de la pièce, son estomac se nouait à tel point qu'elle eut l'impression de n'avoir qu'un énorme nœud d'entrailles au milieu du ventre. Quand elle toqua à la porte, elle vit les visages décomposés des parents de Dan et sa mère, contre toute attente, la serra dans ses bras. Elle parut si fragile que Lilian eut peur de la briser entre ses bras. Elle se retint de toutes ses forces de ne pas éclater en pleurs devant eux, les parents de Daniel l'avaient toujours vue comme une fille incroyablement forte mentalement et elle ne voulait pas les décevoir, quand bien même cela serait compréhensible. Le père de son ami lui adressa un regard compatissant et emmena sa femme sanglotante avec lui, conscient que Lilian voudrait se retrouver une dernière fois avec leur fils. Quand elle pénétra dans la chambre, rien n'avait changé depuis la dernière fois où elle était venue. Les affaires de Dan étaient encore sur le fauteuil ou sur sa table de chevet. Et lui était étendu là, comme s'il dormait. Il paraissait si paisible que Lilian eut peur de le déranger en entrant. Ce fut intensément difficile pour elle, de le voir ainsi, sans respirer et ses yeux clos à jamais. Il était parti et pourtant son corps était encore là, juste sous ses yeux. Elle posa délicatement sa main sur la sienne, comme si elle eut espéré le voir rouvrir les yeux et lui sourire. Mais non. Plus jamais son sourire n'étirerait ses lèvres et elle connaissait bien ce sourire : il avait toujours eu le même en sa présence. Plus jamais elle n'entendrait le son de sa voix, plus jamais ils ne riraient ensemble et elle se souvint de leur beuverie dans la cuisine comme des nombreuses autres qu'ils avaient passées dans la salle commune de Gryffondor. Incapable de se retenir davantage, elle s'écroula en pleurs sur le corps de son meilleur ami parti pour toujours, les sanglots soulevant son corps de soubresauts nombreux et incessants.

Les larmes coulaient à nouveau et il semblait à la jeune fille que jamais plus elle ne pourrait s'arrêter de pleurer celui qu'elle avait peut-être aimé, d'une certaine façon et à qui elle en voulait d'être parti si tôt pour la laisser toute seule. Il avait été son épaule quand elle avait eu besoin et plus jamais il ne la consolerait quand elle irait mal. Son ange gardien était parti, rejoindre les siens alors qu'elle encore besoin de lui. La seule pensée de savoir qu'il souffrait moins où il était ne suffisait pas à la calmer et au contraire, ne faisait qu'accentuer son chagrin. Lilian ne s'arrêtait pas de penser qu'il en était arrivé là par sa faute, qu'elle avait dû le torturer à un point qu'elle n'avait jamais soupçonné. De la voir ainsi en amie devait être une véritable torture pour lui. Savoir qu'il était l'ami de celle qu'il aimait devait être une souffrance insupportable et seule la drogue avait dû réussir à le calmer pour au final, lui causer bien plus de mal que Lilian. Elle ne sut combien de temps elle resta à pleurer sur le corps de Daniel mais les infirmières finirent par venir pour la faire sortir, ce qu'elle refusa catégoriquement. S'en suivit un déluge de cris désespérés et de larmes suppliantes mais l'heure des visites étant terminée, les infirmières – aussi compatissantes et tristes soient-elles ne purent faire une exception pour la belle qui sortit confuse de l'hôpital, cachant tant bien que mal ses yeux rouges et gonflés. A peine dehors, elle appela Chuck et si elle pensait avoir épuisé son flot de larmes, elles remontèrent dès qu'elle entendit la voix de Chuck. Elle avait besoin de lui, plus que jamais.

Elle rentra chez elle dévastée comme jamais. Felton et ses parents accoururent en la voyant ainsi et pourtant, elle refusa de s'épancher sur leurs épaules compréhensives. Elle fila dans sa chambre et ne dormit quasiment pas de la nuit. Comme toutes les suivantes. Toujours elle revoyait Daniel dans ses rêves et son visage tranquille la hantait. Elle avait aussi revu Chuck qui, aussi choqué qu'il fut, ne laissait rien transparaître. Elle le connaissait bien trop pour savoir qu'il faisait cela pour elle et elle l'en remerciait. Elle le revit quasiment toute la semaine, toujours il fut là pour elle. Il l'aida même à annoncer la triste nouvelle, notamment à Ruby tandis qu'elle se chargeait de Haruhi, Heather, Scott, son frère et tous ceux qu'elle connaissait et qui étaient plus ou moins proches de Daniel. Quelques jours avant l'enterrement, les parents de Daniel lui demandèrent si elle pouvait faire un discours durant la cérémonie et soucieuse de ne pas les blesser, elle accepta presque à contrecoeur. Lilian savait qu'elle aurait énormément de mal mais si cela pouvait rendre Daniel heureux là où il était, elle le ferait.

Le jour de l'enterrement, un jeudi matin, Chuck était venu la chercher et aussi dévastée fut-elle, elle espéra que cela ne se voyait pas trop. Elle était habillée tout de noir, une robe noire qui lui arriva cette fois aux genoux – elle allait se trouver dans la maison de Dieu en présence de personnes proches de Daniel alors autant se montrer décente pour cette cérémonie – des escarpins noirs et hauts et sur ses épaules tombait sa pelisse de fourrure noire, pour tenir chaud à ses épaules et bras découverts. La jeune fille avait regroupé ses longs cheveux en un gros chignon sur sa nuque, doré de par ses pointes blondes. Elle avait bien tenté de les cacher, comme si elle ne souhaitait plus voir de belles couleurs en ces jours tristes. Ses yeux se parèrent de mascara, et grâce à un « sortilège de filles » comme ses frères les appelaient, elle dissimula les cernes sous ses yeux rouges et fatigués de pleurer. Et sur ses cheveux lisses et tirés par les épingles de son chignon, elle posa un énorme chapeau d'apparat, qui penchait exprès sur le côté gauche de son visage.

Le voyage jusqu'à l'église lui avait semblé durer un millier d'années et pendant la cérémonie, elle parvint à retenir ses larmes bien qu'elle manquait d'étouffer à cause des sanglots coincés dans sa gorge. Elle n'avait cessé de serrer la main de Chuck, comme pour se donner du courage et quand elle fit son discours, elle essaya de rester le plus penchée sur sa fiche, tachée de larmes et ne pas essayer de trop comprendre ce qu'elle disait pour ne pas éclater en sanglots une énième fois. Les rares fois où elle souleva son regard désespéré sur l'assemblée, elle regardait Chuck et surtout pas les parents de Daniel. Ensuite, tous se réunirent, presque soulagés après la cérémonie mais cela ne changeait en rien au fait que Daniel était parti pour toujours et bien trop tôt au goût de tout le monde. Puis, Lilian dût retourner à Sainte-Mangouste. Elle fit croire à Chuck que Grant n'avait pas souhaité lui donner sa journée alors qu'il lui avait donné toute la fin de la semaine mais elle n'avait pas envie de rester seule aujourd'hui. Demain et peut-être ce soir, elle resterait avec Chuck mais elle avait besoin de se changer les idées.

C'est la première fois qu'elle ressenti un frisson devant Sainte-Mangouste parce que cela ne lui rappelait que trop bien que Daniel était décédé dans un hôpital et que ce n'était définitivement pas le seul. Chuck l'accompagna jusque dans le hall d'accueil, son bras sous le sien et un regard malgré tout bien fatigué. Lilian lui en serait à jamais reconnaissante de tout ce qu'il faisait pour elle. Leur rupture avait beau avoir été une véritable épreuve pour Lilian, jamais elle n'aurait pensé qu'ils deviendraient des amis aussi proches et sincères ; aucune ambiguité ne sévissait entre eux, ils se connaissaient trop bien pour savoir ce que l'autre pensait et c'était parfait ainsi.


- Tu m'appelles au moindre truc, promis ?

Sur ces paroles, il déposa un baiser sur son front avant de prendre son visage entre ses mains qui avaient tant de fois parcouru le corps de la belle et de ses pouces, essuya les dernières larmes de Lilian qui lui adressa un sourire reconnaissant.

- Promis. Elle se serra contre lui, emprisonna son coup entre ses mains gantées de cuir noir et posa sa tête sur son épaule. Je pense que je vais avoir besoin de toi ce soir et ce weekend, ça ne te dérange pas ? Elle savait qu'il ne lui dirait pas non et au bout de quelques secondes, elle desserra son étreinte en lui déposant à son tour un baiser sur la joue avant de s'en aller et le laisser repartir.

Alors qu'elle venait d'effectuer quelques pas pour se rendre aux vestiaires, sous les yeux curieux du personnel, elle aperçut furtivement un éclair vert clair devant elle. C'était Dean. Faisant comme si elle n'avait rien vu et souhaitant l'éviter plus que tout, elle se rua dans les vestiaires et ferma la porte derrière elle. Sans qu'elle ne contrôle rien, de nouvelles larmes perlèrent à ses yeux magnifiques et elle se dirigea rapidement vers son casier, enleva son chapeau et défit son chignon. Ses longs cheveux coulèrent sur ses épaules et le haut de son dos. Epuisée par ce qu'elle venait de vivre, elle se laisser tomber sur le banc derrière elle, le visage dans ses mains. Lilian se sentait abandonnée par tous – sauf par Chuck – et elle ne savait pas comment elle parviendrait à remonter la pente. Il lui semblait qu'elle voyait tout en noir et que plus jamais elle ne reverrait de la joie et des couleurs vives. Le monde entier était noir, le ciel gris et Daniel était parti. Pour toujours, la laissant dans ce monde de fous alors qu'elle avait plus que jamais besoin de lui.
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Dean Rosebury


Dean Rosebury
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MessageSujet: Re: Mad World (pv)   Mad World (pv) Icon_minitimeLun 26 Jan - 17:11

La suite de l'histoire n'avait rien eu d'étonnant : comment en aurait-il pu être autrement ?! J'avais merdé, et bien merdé, et tout le mérite m'en revenait. Hourra...

Sans surprises, la vie poursuivait son cours à Sainte-Mangouste, mais tout ce qui s'était mis en place entre Lilian et moi avait bel et bien disparu. Non seulement je me sentais merdeux à chaque fois que je la croisais dans les couloirs, mais en plus, nous étions rentrés dans le jeu de s'éviter le plus possible, ce qui rendait notre vie professionnelle hautement plus compliquée. Elle restait mon assistante, et j'avais besoin d'elle tout comme elle devait parfois venir vers moi pour ses rapports. Tout restait formel - nous ne nous regardions même pas, et si parfois nous mangions ensemble avec les autres gens de l'équipe, c'était chacun à un bout de la table, et pas une seule parole n'était échangée. Quelle ambiance... Nous étions assez habiles pour ne pas éveiller trop de soupçons, cela dit, même si Lola avait compris à l'instant même où nous nous étions froidement dits bonjour le lendemain de la dispute. Et encore : nous nous étions dit bonjour parce qu'il y avait d'autres personnes autour de nous, mais le reste du temps, ce n'était plus trop de rigueur. J'avais l'impression d'être un fantôme et de d'obliger Lilian à en être un aussi, quand j'étais là. C'était particulièrement étrange et particulièrement désagréable. Si encore elle m'avait laissé lui parler, m'excuser encore, peut-être que... Mais non, impossible : son hostilité était sans appel, et d'un côté, je la comprenais bien. Elle me laissait me débrouiller dans mon coin, et à vrai dire, je ne prétendais pas mériter autre chose. Après tout... J'avais ma petite vie bien tranquille, et je lui avais lâchement menti, alors, à quoi bon !

Comme si Shannon avait eu vent de tout ça, elle redoublait d'efforts à mon égard ; malheureusement, ce n'était pas du tout ce dont j'avais besoin. Elle avait toujours eu un petit côté envahissant qui m'agaçait, là, c'était mille fois pire. Et tiens je t'ai fait ceci, regarde je t'ai fait des gâteaux, tu veux faire quoi? C'est toi qui choisis!, regarde ce que je t'ai acheté!, non c'est toi qui choisis, tu m'as manqué même pendant ces deux heures, etc, etc. Comme elle était relativement souvent en déplacements pour son travail de journaliste, lorsqu'elle était de retour, elle profitait de moi plus que de coutumes, ce qui avait pour conséquence qu'elle me collait, 24h sur 24. Je n'avais strictement rien contre le fait de rattraper le temps perdu, mais j'étais farouchement allergique à ce genre de comportement, j'avais l'impression qu'elle me chaperonnait comme ma mère et me suivait partout comme un chien, j'avais l'impression d'étouffer, ce qui après une journée de boulot où déjà la situation était délicate, me donnait encore plus envie de fuir en courant. J'allais être ermite : voilà la solution. Me tirer de là et me planquer dans une grotte où je ne croiserais personne et où tout le monde me foutrait la paix. J'en rêvais. Le problème, c'était que si je pouvais dire à Shannon de me laisser un peu plus d'espace, je ne pouvais pas lui expliquer qu'EN PLUS j'étais déjà assez sur les nerfs à cause de ce que j'avais fait, à savoir que j'avais été un peu trop loin avec ma nouvelle assistante, super cool et super canon au passage, parce que je m'entendais trop bien avec elle et littéralement TROP bien et que j'avais fini torse nu avec elle et que j'avais eu tant envie de passer du temps avec elle que j'avais délibérément omis de lui dire que j'étais fiancé et qu'elle avait fini par s'en rendre compte et qu'évidemment ça avait été le drame puisque j'étais un connard qui était casé mais qui était bien tenté par quelqu'un d'autre, et voilà. Et que maintenant j'avais perdu son amitié et que je lui avais fait du mal, ajouté à cela que ma fiancée me collait trop pour que je la supporte et que... Ma tête allait finir par exploser.

Résultat des courses : quand j'étais chez moi, je mourrais d'envie d'aller bosser pour être tranquille, mais quand j'étais à Sainte-Mangouste, l'ambiance était si tendue avec Lilian et me rappelait tant mes conneries que je ne voulais qu'une chose, rentrer chez moi. J'étais décidément mal barré...

Le labo était le seul endroit où je trouvais un peu de réconfort : dans mon contrat d'apprenti, il était aussi indiqué que je devais faire des recherches sur le sujet de mon choix du moment qu'il était validé par l'hôpital. Inutile de dire que ces derniers temps, mes recherches avançaient à la vitesse grand V : je ne manquais pas une seule occasion d'aller m'y enfermer, seul avec mes potions et mes éprouvettes. Au moins, ici, personne ne venait m'embêter, et les seuls comptes que je devais rendre étaient les rapports des expériences à mon supérieur. Après la tournée de mes patients, ce matin, j'y étais allé quelques heures, coupé du reste du monde. Puis j'avais déjeuné avec Lola, et comme elle avait du partir plus tôt pour une consultation, je revenais tranquillement et tout seul par le hall, feuilletant distraitement un livre qu'elle m'avait prêté car nous en avions parlé la veille...

... Et mon regard fut brusquement détourné : Lilian était là, toute habillée de noir, dans les bras d'un garçon que je ne connaissais pas, et leurs deux visages tournés l'un vers l'autre tandis qu'ils s'enlaçaient ne laissaient, malheureusement, pas grand doute. Je fermai mon livre bien trop sèchement et sentis ma mâchoire se serrer bien trop fort pour prétendre que je ne ressentais rien. Je tentais de me raisonner : qu'est-ce que cela voulait dire ?! J'étais fiancé, f-i-a-n-c-é, quand allais-je finir par l'intégrer, l'existence de Lilian Easter ne devait pas remettre en doute ce « petit détail » à chaque fois !! Tant mieux si Lilian avait quelqu'un, tant mieux si elle était en couple, tant mieux si elle s'amusait, tant mieux si elle était heureuse, elle avait bien raison. Et moi, je n'avais pas mon mot à dire. C'était mon choix, c'était ma vie après tout, je voulais être fiancé avec Shannon ! Mais je restais là, interdit, ne sachant pas si je devais continuer mon chemin comme si de rien n'était ou faire demi-tour... Eviter Lilian alors qu'elle disait au revoir à son petit ami me paraissait du meilleur augure étant donnée la conjoncture actuelle des choses mais à la fois, faire demi-tour et retourner dans la cantine ne m'arrangeait pas des masses non plus... Et puis qui était ce type et d'où sortait-il ? Il avait l'air d'avoir son âge, peut-être un compagnon de classe, qu'en savais-je moi, et pour ce que ça me regardait... Mais je ne pouvais pas me sentir énervé, oui, agacé par lui... Mais non, n'importe quoi ! Au moment même où je faillis tourner les talons, ils se séparèrent, et le type s'en alla. Lilian, elle, prit la direction du vestiaire, et vu son visage crispé et fermé, ses habits, la façon qu'ils eurent de se dire au revoir... Clairement, quelque chose n'allait pas. Elle ne m'avait pas vu, apparemment. Ou bien, elle avait fait semblant, ce qui était plus plausible. Du coup... J'étais inquiet, et un peu surpris de toutes parts pour m'en aller tranquillement. La curiosité est un vilain défaut, on le sait tous. Mais ma curiosité au sujet de Lilian était intarissable... Et si elle allait mal, justement, je ne pouvais pas la laisser comme ça ?! Nous avions été amis, je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était... Mais avait-elle envie de me voir ? Probablement pas. Peut-être ?...

Bon. Mes yeux s'étaient baissés sur mon livre : il fallait que je le range au vestiaire, je n'allais pas me trimballer avec toute l'après-midi. Voilà... Et sans réfléchir d'avantage, je pris, moi aussi, le chemin des vestiaires.

Je crus qu'elle m'avait feinté, car l'intérieur était silencieux, et je ne la vis pas - pas tout de suite. Ce n'est qu'en poursuivant le chemin vers mon casier, qui n'était pas loin du sien, que, tout d'un coup, elle m'apparut, effondrée sur un banc le visage entre les mains, cachée derrière ses longs cheveux et visiblement... En train de pleurer.


- Euh, zut, pardon, dis-je en balbutiant un peu, terriblement gêné.

Ah, bravo, vraiment bravo : c'était une chose de m'assurer qu'elle allait bien et de peut-être discuter avec elle, mais c'en était une autre de la surprendre en train de pleurer, elle devait être gênée et moi je l'étais horriblement, quel abruti j'étais ! Machinalement, j'avais un peu reculé, j'étais prêt à faire demi-tour encore une fois, à m'effacer, pour nous éviter ce moment honteux à tous les deux.


- Je voulais juste ranger mon livre que... Bref, elle s'en fichait - et moi je cherchais simplement à me justifier pour qu'elle ne s'imagine pas la vérité, à savoir que je l'avais délibérément suivie. J'allais rapidement à mon casier pour y déposer le livre. Voilà : je n'avais plus d'excuses pour rester.

Mais est-ce que ce n'était pas pire que tout de l'abandonner ainsi ? Je n'allais pas en profiter pour lui arracher mon pardon ou quoi que ce soit, elle paraissait sincèrement anéantie, et est-ce que ça ne valait tout de même pas le coup pour que l'on enterre un instant la hache de guerre ? La pauvre ne pouvait pas aller travailler dans cet état, inutile de se torturer...


- Tu veux prendre ton après-midi ? Il n'y a pas de soucis, je dirais au chef que tu as eu un problème personnel, personne ne t'en voudra... C'est comme tu le sens... Peut-être que ça te fera du bien de retourner chez toi, ou chez tes amis, ou ton... Enfin, tu vois, c'est peut-être mieux, me rattrapai-je comme un pied, conscient d'avoir répété la même chose, me débattant comme je pouvais tant j'avais l'impression de marcher sur des oeufs.
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Lilian Easter


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Particularités: Yeux plus beaux, tu meurs ! LA Sirène de Poudlard, je suis belle à mourir.
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MessageSujet: Re: Mad World (pv)   Mad World (pv) Icon_minitimeSam 7 Fév - 16:21

Lilian se souvenait du son des cloches lors de la cérémonie. Le tintement grave du bourdon tapant contre les imposantes côtes de bronze des énormes cloches de l'église résonnait incessamment dans sa tête. Elle en venait à ne plus avoir que ce bruit à l'esprit et presque à le détester, elle qui d'habitude adorait ce son pourtant si particulier. Quand elle l'entendait retentir dans les clochers des églises, lors d'un mariage ou à l'annonce d'une messe et bien qu'elle ne soit pas croyante, ce son la pénétrait et elle ne pouvait s'empêcher de le trouver beau. Quand on célébrait un mariage, on eut dit que les cloches criaient à qui voulait bien l'entendre la joie et la liesse des nouveaux époux. Il fallait que le plus de personnes possibles soient au courant de ce merveilleux événement. Mais les cloches savaient aussi se faire tristes et accompagner les parents et amis d'un défunt en chantant gravement, lentement comme si les sanglots se coinçaient dans leurs gorges et les empêchaient de chanter comme les autres jours. Elles semblaient partager la peine des personnes qui accompagnaient une dernière fois le défunt et leur rappelait que le temps au-dessus d'eux s'écoulait aussi lentement que leur tintement.

Quand les cloches avaient retentit, elle, Chuck, la famille de Daniel et tous les autres invités sortaient de l'enceinte de l'église en attendant Daniel dans son cercueil. Quand elle l'avait vu passer devant elle, Lilian s'était serrée contre Chuck et retenu du mieux possible les incessants sanglots dans sa gorge. Elle savait qu'après cela, le corps de Daniel serait enterré et que désormais, plus jamais il ne viendrait vers elle. Ce serait à elle de le faire. Elle viendrait lui donner des nouvelles, le plus souvent possible et déposer des fleurs sur sa tombe. Mais pour l'instant, elle le voyait passer devant elle, son corps inerte et tranquille dans cette boîte en bois alors que jamais elle n'aurait imaginé vivre cette scène. Il lui semblait qu'une fois de plus, sa vie était marquée par un événement marquant et lourd de conséquences. Cela avait commencé par la disparition de Felton, la prise d'otages par les Mangemorts et sa torture par Winch et s'achevait par la réapparition de Felton et la libération de Poudlard. Certes, il y avait eu sa perte de poids conséquente suite à sa rupture avec Chuck mais à côté de tout cela, elle lui paraissait bien insignifiante. Aujourd'hui, elle assistait à l'enterrement de son meilleur ami, mort avant d'avoir atteint vingt ans et Lilian ne pouvait réprimer une pensée coupable à son égard. Il lui semblait que jamais, tout au cours de sa vie elle se demanderait ce qu'il aurait pu advenir de Dan si elle lui était venue en aide à temps. Cependant, la belle savait pertinemment que ce n'est pas un tel raisonnement qui lui permettrait de faire son deuil et d'accepter le manque de Dan mais il lui faudrait lui temps pour accepter et personne ne remettait cela en doute.

Elle remerciait énormément Chuck d'être là pour elle, pour la soutenir car elle ne sait pas ce qu'elle ferait sans lui. Avec ce qui venait de se passer avec Dean, ce n'est pas sur son épaule qu'elle pourrait pleurer ni compter sur lui pour se consoler. Tout était devenu si froid entre eux, si impersonnel. Du jour au lendemain. Elle se doutait que ce n'était certainement pas la meilleure façon de réagir mais elle était humaine ; Dean lui avait menti, il lui avait caché un pan tellement important de sa vie tout en se comportant comme un garçon séduit. Mais il était fiancé, promis à une autre alors que pouvait-elle faire d'autre ? La superbe n'assumerait aucunement le rôle de la briseuse de ménage et elle préférait éviter Dean en se montrant le plus distante possible pour ne plus le soumettre à la tentation de ses grands yeux légendaires. Pourtant, Dieu sait qu'avec Daniel elle ne se serait pas privée. Mais Daniel n'était pas Dean : il avait toujours été le plus grand indécis que Lilian eut connu. Toujours à hésiter entre Holly et elle. D'un côté, elle le comprenait : comment choisir raisonnablement entre la raison et Lilian ? Et Lilian s'en était follement amusée : elle avait multiplié les oeillades langoureuses, les sous-entendus mais toujours en laissant Daniel sur sa faim. Parce qu'elle savait que si jamais il tombait à ses genoux, ce ne serait pas pour se lier à lui comme il l'espérait. Et surtout, Daniel n'était pas fiancé à Holly. C'était cela la grande différence.

Si Lilian aimait séduire les jeunes hommes qui se présentaient à elle, elle savait où se trouvaient les limites de la bienséance : quand un homme était engagé auprès d'une femme, elle rentrait les griffes, déployait ses longues jambes et allait voir ailleurs. Il était hors de question qu'on l'assimile à ces filles qui faisaient tout et n'importe quoi pour séduire les garçons, peu importe leur situation. Elle était tellement au-dessus, tellement plus subtile. Son physique et son attitude lui donnaient ce côté inaccessible qu'elle cultivait à la perfection et ce n'était pas pour rien. Cependant, elle était prête à aller jusqu'au bout avec Dean étant donné qu'il ne lui avait rien dit. Il n'avait fait aucune allusion à sa fiancée, jamais, ni aucun sous-entendu alors elle avait cru que le champ était libre. Mais elle s'était trop mise à nu devant lui si bien que la première balle qu'il lui avait décoché l'avait atteint en plein dans la poitrine, lui causant une blessure qui continuait de saigner et semblait se rouvrir davantage à chaque fois qu'elle le voyait.


- Euh, zut, pardon,

La voix de Dean, bien que gênée, la tira de ses pleurs et lui fit relever brusquement la tête, faisant voler autour de son visage décomposé quelques mèches claires et légères. Il ne semblait plus savoir où se mettre – c'était toujours délicat de se retrouver en présence d'une personne qui pleurait et qu'on venait déranger sans faire exprès.

- Je voulais juste ranger mon livre que...

D'un geste furtif, Lilian essuya au moins les larmes sur ses joues et tenta de ravaler celles qui montaient encore à ses yeux et que ses longs cils peinaient quelque peu à retenir. Elle détourna le visage, faisant signe à Dean de faire ce qu'il avait à faire par pure politesse. En réalité, elle avait presque envie qu'il reste car elle ne voulait pas rester toute seule. Encore plus qu'elle ne l'était déjà. Daniel avait laissé un vide incommensurable derrière lui,  à côté de la belle Sirène. Elle se sentait désemparée face à tout ce qui lui arrivait et à ce qui l'attendait. Dean avait beau lui avoir brisé le cœur, elle était presque prête à oublier tout cela pour le moment pour qu'il lui prête un peu d'attention et de compassion.

- Tu veux prendre ton après-midi ? Il n'y a pas de soucis, je dirais au chef que tu as eu un problème personnel, personne ne t'en voudra... C'est comme tu le sens... Peut-être que ça te fera du bien de retourner chez toi, ou chez tes amis, ou ton... Enfin, tu vois, c'est peut-être mieux

Elle leva vers lui ses yeux encore brillants de larmes, d'un regard qui ne se voulait pas désespéré mais plutôt compréhensif. Enfin, Lilian avait l'impression qu'aucune joie ne devait plus jamais émaner d'elle et que le moindre regard qu'elle lançait aux gens était celui de la tristesse incarnée. Et cela l'anéantissait. La belle allait devoir réapprendre à vivre sans Daniel et à mettre de côté sa lourde peine, chose qui serait bien compliquée.

Dean avait réellement l'air gêné de l'avoir surprise dans un tel moment et semblait ne pas trop savoir quoi faire, d'autant plus que la situation entre eux était aussi froide que les neiges éternelles du Kilimandjaro. Lilian aurait voulu que rien de tout cela ne se produise mais elle savait bien que c'était impossible. Dean était toujours fiancé, Daniel était toujours aussi mort et la superbe devrait faire avec. Elle devrait désormais travailler avec un Dean qui se marierait un jour avec sa Shannon tout en se rendant régulièrement sur la tombe de son meilleur ami. Et elle devrait surtout se rentrer dans le crâne que sa prochaine conquête ne serait pas Dean mais un autre. Or, cela lui semblait impossible. Mais pour l'instant, le deuil de Dan était la seule chose qui comptait et cela lui monopoliserait bien assez ses forces pour ne plus penser aux autres garçons qui rôderaient autour d'elle avant qu'elle ne s'en relève.


- Grant est au courant, dit Lilian paisiblement après avoir pris une grande inspiration. En fait, je ne devrais même pas être là, il m'avait accordé la fin de la semaine. Je me suis dit que ça me changerait peut-être les idées de venir travailler vu que je vais passer demain et tout le weekend à me morfondre. La jeune fille marqua une pause, inspirant profondément une nouvelle fois. Mais je crois que je me suis surestimée, c'est plus dur que je ne le croyais…

Lilian avait pesé ses mots afin de dire que pour elle la situation était d'autant plus difficile que Daniel était mort dans un hôpital et qu'elle devait éviter Dean qu'elle chérissait tant sans faire comprendre à ce dernier qu'il était une des causes qui rendait son calvaire encore plus lourd à porter. Etrangement, elle avait envie de raconter à Dean ce qui s'était passé, elle éprouvait le besoin de parler et elle espérait qu'il ne partirait pas en voyant sa détresse, qu'il saurait mettre de côté pour quelques minutes seulement leur différend.

- Daniel est mort dans un hôpital. C'est pour ça que c'est un peu difficile pour l'instant. La belle avait parlé sans le regarder, fixant son immense chapeau d'apparat dans son casier.

Dean était le seul à ne pas connaître l'histoire de Daniel, ni son existence. Depuis le jour où elle avait tout appris, Lilian n'avait rien dit à personne à part ses parents et à Felton. Sa mère surtout savait : médecin et ancien chirurgien, elle savait les ravages que causaient les drogues et quand sa fille lui avait appris l'état de son meilleur ami, elle avait directement su qu'il était perdu. Il n'y avait plus rien à faire pour lui. D'autant plus qu'elle avait passé des appels auprès de ses connaissances dans cet hôpital et le médecin de Daniel lui avait fourni le dossier, ce qui avait confirmé son hypothèse. Mais sinon, pour Chuck et tous le reste de ses amis, l'annonce du décès de Daniel avait eu l'effet d'une bombe, personne ne s'y attendait. Dean encore moins.

Une nouvelle fois elle leva ses grands yeux tristes vers Dean et comme si rien ne s'était passé entre eux, elle éprouva une sensation au creux du ventre mais en même temps, un pincement au cœur lui rappela qu'il lui avait fait du mal et aussi qu'il était fiancé. Et pourtant, elle ne pouvait nier le bel homme qu'il était et qui se trouvait devant elle. Elle ne savait pas si un jour elle pourrait passer devant lui sans remercier Dieu d'avoir envoyé sur terre un homme aussi beau, aussi gentil, aussi drôle, aussi parfait. Mais il n'était pas pour elle. Au fond d'elle, la sirène espéra que Daniel tenterait d'arranger les choses de là-haut et de raisonner un peu le grand monsieur pour qu'il lui donne de l'aplomb et du courage pour les dures journées à venir mais surtout, qu'il lui rende un peu de sa joie de vivre.
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Dean Rosebury


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MessageSujet: Re: Mad World (pv)   Mad World (pv) Icon_minitimeLun 2 Mar - 16:46

Ironiquement, au vu de la situation, je ne pus m'empêcher de me faire la réflexion suivante : la beauté de Lilian était là, encore et toujours, malgré ses larmes et son abattement. Justement : il y avait quelque chose de profondément touchant et de singulièrement captivant dans son visage rendu plus vulnérable par le chagrin, dans ses grands yeux humides et derrière ses longs cils perlés de larmes. Et à la fois, ce n'était pas ça non plus, ce n'était pas le cliché de la belle jeune fille aux allures de femme fatale rendue soudain fragile et tremblante par la tristesse, c'était aussi le mystère qui entourait Lilian qui s'en trouvait renforcé, c'était cette aura troublante et hypnotisante qui brillait encore plus fort, et qui intimidait aussi. Elle l'ignorait sans doute, mais elle n'avait sans doute jamais été aussi séduisante et impressionnante qu'en ce moment, se livrant à la fois sans retenue à son chagrin, tout en restant courageuse malgré tout, redressant fièrement son front comme si elle avait besoin de me prouver que rien ne pouvait l'ébranler. Bref, en conclusion, j'étais dans de sales draps. Je n'avais eu aucun mal à songer à tout cela et à m'émouvoir du charme de Lilian qui faisait décidément toujours son petit effet sur moi, même après tout ce qui s'était passé... Il fallait peut-être que je songe un jour à tirer des leçons de mes erreurs, non ?

Le fait est que j'avais rangé mon livre dans mon casier, que je n'avais plus d'excuses particulières pour rester, et que, surtout, je n'étais plus assez « proche » de Lilian pour prétendre la prendre dans mes bras, la bercer, la rassurer et l'écouter, hélas. Du coup, je me sentais vraiment peu à ma place ; même si en même temps mon cerveau fonctionnait à mille à l'heure et cherchait quelle attitude adopter envers Lilian pour que ce soit le moins gênant. Un seul geste, un seul mot et je la laissais tranquille, évidemment. Mais malgré tout je n'avais pas le coeur à la laisser là, toute seule, si elle avait besoin de soutien, alors si je pouvais faire quelque chose, je ne demandais que ça - pas pour me rapprocher d'elle ou quoi que ce soit, mais parce que j'étais sincèrement inquiet et préoccupé pour elle, et que je n'avais pas le coeur à la laisser triste dans son coin.


- Grant est au courant, dit-elle alors, rompant le silence, et surtout mettant un terme à mes hésitations. Elle avait décidé d'elle-même de m'en parler, j'écoutai alors attentivement. En fait, je ne devrais même pas être là, il m'avait accordé la fin de la semaine. Je me suis dit que ça me changerait peut-être les idées de venir travailler vu que je vais passer demain et tout le weekend à me morfondre. Mais je crois que je me suis surestimée, c'est plus dur que je ne le croyais…

J'avais acquiescé - j'étais d'accord avec Grant sur ce coup, elle avait besoin de repos, et pas forcément d'un univers comme Sainte-Mangouste pour se changer les esprits. Mais qui étais-je pour parler ? J'étais moi-même un dingue de travail, et de mon travail surtout, et je savais que j'aurais préféré me noyer dans mes charges et mes responsabilités ici plutôt que de me traîner chez moi à ne pas savoir quoi faire, à ruminer mes idées noires. J'étais un homme d'action, je l'avais toujours été - ce qui expliquait d'ailleurs pourquoi aussi j'avais eu du mal en cours, à rester assis, à ne rien faire de concret. J'avais besoin de m'occuper le corps et l'esprit, tout le temps. Sûrement qu'à la place de Lilian, je n'aurais pas écouté ma raison, ni Grant : j'aurais voulu être ici. Mais d'un point de vue extérieure, ce n'était pas si simple, et je me demandais honnêtement comment Lilian pouvait envisager travailler aujourd'hui vu l'état dans lequel elle se trouvait.

Cela dit, je ne pouvais pas vraiment comparer, puisque je ne savais même pas de quoi il s'agissait réellement... Vu la tenue de Lilian et ses larmes, sans aucun doute elle revenait d'un enterrement, mais de qui, et pourquoi ?...


- Daniel est mort dans un hôpital. C'est pour ça que c'est un peu difficile pour l'instant.

Elle me fournit la réponse sans que j'ai eu le temps de la formuler dans ma tête pour qu'elle ne soit pas trop envahissante. Bien. J'eus un petit signe de la tête qui voulait dire quelque chose comme « merci de m'en informer » car après tout, rien ne l'obligeait. Puis une fraction de seconde j'hésitai : elle ne me repoussait pas, pas vrai ? Non, elle ne me repoussait pas, alors je fis un pas vers elle et m'assis sur le banc à côté d'elle.

Je restais un instant silencieux - à la fois pour digérer ce qu'elle venait de dire, mais aussi un peu parce que ce pas en avant que j'avais fait ne me laissait pas trop serein non plus, c'était peut-être trop, peut-être qu'elle allait me demander de reculer, de partir ? Mais non, elle ne dit rien, et je fixais les casiers en face de moi, comme elle le faisait depuis tout à l'heure, tentant de trouver une parole réconfortante. En vain, évidemment.


- Je suis désolé, murmurai-je enfin. Ca doit être vraiment dur pour toi. Si je ne pouvais pas prétendre savoir ce qu'elle ressentait car je n'avais jamais perdu ainsi quelqu'un de véritablement proche, que ce soit de ma famille ou de mes amis, j'avais suffisamment vécu dans un hôpital pour côtoyer le deuil et la perte de quelqu'un, ainsi que ce qui l'accompagnait. C'était soudain, ou bien il était malade ?...

Prudemment, j'osais quelques questions. Si Lilian m'avait elle-même mis au courant, c'était qu'elle acceptait la discussion, et je savais que certaine personnes préféraient parler en ce genre de moments, contrairement à d'autres. Lilian semblait plutôt disposée ainsi ; du coup, je tentais.

Le nom de Daniel ne me disait rien de particulier - ou peut-être Lilian l'avait évoqué, mais je ne m'en souvenais pas - et si j'étais certain que ce n'était pas le nom d'un de ses frères, puisque j'avais fait la rencontre du plus jeune et que l'autre me semblait s'appeler autrement... Qui donc était Daniel ? Un ami, probablement ? Ou plus, un ex peut-être ? En tout cas, c'était quelqu'un qui comptait, beaucoup. J'avais envie de prendre la main de Lilian et de la serrer pour lui donner un peu de réconfort, pour lui faire comprendre que j'étais de tout coeur avec elle, mais je savais que ce geste entre nous aurait pu être mal vu, mal interprété, ou déplacé, alors je n'en fis rien. Au lieu de ça, je me tournais vers elle pour chercher son regard et lui offrir un petit sourire de soutien, un regard qui était censé lui transmettre tout mon courage et mon soutien.

Soudain, j'eus une idée ; je sortis ma baguette de ma poche et la pointais vers la porte des vestiaires, derrière nous, qui s'ouvrit à mon ordre. Silencieusement, je prononçai un Accio en direction de la cantine, et vis voler jusque dans ma main une petite bouteille de la boisson préférée de Lilian, qu'elle prenait toujours au déjeuner ou au goûter. Je l'ouvris, et la posai juste à côté d'elle sur le banc.


- Tiens, il faut que tu prennes un peu de force, je me doute que tu n'as pas trop pu manger quelque chose aujourd'hui... Je posai le bouchon à côté de la petite bouteille, et rangeai ma baguette. Si je peux faire quoi que ce soit pour toi, dis-moi, je peux te remplacer pour tes patients ou au contraire te donner quelques trucs particuliers à faire pour te changer les idées... N'hésite pas. C'était sincère : aider quelqu'un dans cette situation me paraissait bien naturel. Daniel était un de tes amis, c'est ça ?... repris-je doucement.

Quelque part, tout ce qui était arrivé s'effaçait un peu : je ne pensais plus à ce qui devait ou ne devait pas être entre nous, j'avais simplement envie d'alléger un peu sa peine et de lui redonner son beau sourire.
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MessageSujet: Re: Mad World (pv)   Mad World (pv) Icon_minitimeMer 18 Mar - 14:05

A vrai dire, Lilian ne pensait pas qu'aujourd'hui serait la première fois qu'elle irait à l'église pour une raison officielle. Non, elle ne pensait pas y aller pour l'enterrement de Daniel. Au contraire, elle imaginait que la première fois où elle mettrait les pieds dans une église, autre que pour une messe quelconque, ce serait le jour de son mariage. Et oui, en toute fille qui se respectait, Lilian croyait dans le mariage et savait qu'un jour, elle s'avancerait devant l'autel, au bras de son père en direction de son futur mari. Cela pouvait surprendre mais elle y croyait. Elle avait déjà plus ou moins fait la liste de ses invités : il y aurait Chuck (bien que lui, elle l'avait rayé après leur rupture), Taylord, Haruhi, Heather et sûrement Katie et peut-être Ruby. Mais surtout, il y aurait eu Daniel. Cela aurait pu être un peu délicat, notamment pour lui mais elle y tenait. Il était son meilleur ami et il se devait d'être là, pour applaudir la belle rayonnante comme un ange. Elle imaginait croiser son regard de ses yeux perlés de larmes de joie et lui, faisant un signe de tête en guise de félicitations et pour lui envoyer tout le bonheur dont elle avait besoin. Mais non, il ne serait pas là. Il l'avait précédé, sa cérémonie avant la sienne. Mais ce ne serait pas la seule chose qu'il manquerait, bien au contraire.

Il avait loupé toute sa vie. Loupé l'occasion de revoir Holly et de lui annoncer que c'est bon, il avait définitivement rompu avec tous ses anciens démons, qu'elle pouvait désormais lui faire confiance. Mais non. Sûrement était-elle au courant mais jamais elle n'aura eu l'occasion de vivre une belle histoire avec Daniel, qu'elle avait toujours aimé au final. Il n'avait pas non plus eu le bonheur de remonter du gouffre dans lequel il se trouvait depuis trop longtemps. Il ne pourrait jamais vivre le grand amour, un mariage heureux et fonder une famille. Il ne connaîtrait jamais les enfants de Lilian alors qu'elle se serait fait une joie de le lui annoncer. Il n'avait rien vécu et Lilian avait encore bien du mal à comprendre pourquoi il s'était fait autant de mal. Cela la faisait souffrir autant que lui devait souffrir lorsqu'il se trouvait en manque de sa dose de dope. A quoi fonctionnait-il, la belle ne voulait pas le savoir. Elle l'avait déjà vu suffisamment vulnérable pour ne pas en apprendre davantage sur ce terrible état qui lui avait ravit son meilleur ami. Elle se sentait assez impuissante et frustrée comme ça pour ne pas vouloir tout savoir, au risque de s'en vouloir encore plus. Rien ne lui ramènerait Daniel mais elle préférait continuer à ignorer ce qu'il ne lui avait pas appris, pour ne pas se faire encore plus mal. Elle préférait conserver une image de lui le plus heureux possible, quoi que cela lui en coûte.

Et puis à côté d'elle, il y avait Dean. Dean à qui elle avait dit ne plus vouloir parler. Dean qui se trouvait là devant elle, peiné de la troubler dans un tel moment de faiblesse. Le beau Dean, le sublime, le splendide, le Dean de Shannon envers lequel elle nourrissait encore bien trop de sentiments pour le regarder droit dans ses yeux vert clair et ne rien ressentir d'autre que de l'amitié. Au contraire. Quand il posa son regard sur elle et bien qu'elle ne dut pas, elle éprouva un frisson le long de son échine qu'elle tenta de masquer, tant bien que mal. Lilian savait qu'elle ne devait pas le convoiter mais c'était bien trop lui demander en ce moment. Elle avait tellement envie que tout redevienne comme avant mais c'était impossible. Dean ne serait jamais à elle et elle allait devoir s'y faire. Et pourtant, elle avait besoin de quelqu'un – de lui – pour parler. Chuck était parti et elle ne le retrouverait que ce soir mais en attendant, la jeune femme savait que les heures allaient être longues, trop longues. Elle aurait du mal à tenir sans pleurer de nouveau tant la déchirure était terrible. Elle voulait parler à Dean, elle voulait qu'il la console mais ce la dépassait ses compétences au vu de leur dernier échange. C'était cruel ; c'était la vie. C'était sa vie, en ce moment.

Quand elle lui annonça que Daniel était mort, Dean ne souffla mot et se contenta d'hocher la tête en signe d'acquiescement. Autant tout lui dire, il était là elle n'allait tout de même pas lui dire qu'elle pleurait parce que son chien était mort ou parce que son père l'avait privé de shopping. Le regard grand et triste toujours fixé droit sur les casiers devant elle, Lilian remarqua à peine que Dean s'assit à côté d'elle, et malgré la délicatesse de son geste, elle sentit naître entre eux une sorte de tension – bonne ou mauvaise elle ne sut pas vraiment le déterminer, toujours est-il qu'à nouveau elle frissonna et espéra que Dean ne s'en rendit pas compte. Dean lui faisait toujours le même effet que le premier jour où ils s'étaient vus pour la première fois, lors de son premier et quand Grant lui avait annoncé qu'elle serait son assistante. Encore aujourd'hui elle bénissait ce jour qui malgré tout, après ce qui s'était passé, lui causait toujours un léger pincement au cœur.


- Je suis désolé. Ca doit être vraiment dur pour toi. Sentant les pleurs remonter dans sa gorge, Lilian se força à ne pas regarder Dean droit dans les yeux et ravala ses sanglots tout en hochant la tête pour qu'il comprenne qu'elle subissait une véritable épreuve. C'était soudain, ou bien il était malade ?...

A vrai dire, Lilian ne sut pas vraiment quoi répondre à cette question tant la situation de Daniel répondait aux deux propositions. Sa maladie avait été soudaine mais, ce que voulait sûrement dire le jeune apprenti devait être s'il traînait ce poids depuis plusieurs mois ou années peut-être. D'un côté, la jeune femme se rassurait quelque part en se disant que Daniel n'avait pas agoniser pendant de longs mois et qu'il s'en était allé relativement vite mais beaucoup trop tôt pour Lilian, mais en même temps, elle l'avait presque vu mourir sous ses yeux, toujours un peu plus affaibli, plus malade et plus proche de sa tombe à chacune de ses nouvelles visites. Cela avait été très dur pour elle de le voir  s'en aller chaque fois un peu plus, s'éloigner d'elle alors qu'ils se tenaient toujours la main. Elle n'avait rien rien pu faire, personne n'avait rien pu faire pour lui et cela ne faisait qu'accroître son sentiment de frustration : pourquoi lui ? Pourquoi personne n'avait été capable de le soigner ? Refusant de se laisser aller aux pleurs encore une fois, elle secoua sa tête en regardant au ciel, comme si cela allait empêcher ses larmes de couler.

- Et bien, on a appris sa maladie à la rentrée à peu près, en septembre. Ses médecins lui laissaient deux mois à vivre, il a tenu plus longtemps. Personne n'a pu le soigner, son hépatite était à un stade trop avancé pour qu'on puisse faire quelque chose.

Jamais elle n'avait eu autant de mal à parler. Les mots ne montaient pas jusqu'à sa bouche et passaient avec difficulté le seuil de ses lèvres, comme si quelque chose les retenait. En réalité, elle avait tellement peur de fondre en larmes à nouveau qu'elle prenait le temps de détacher les mots des larmes qui leur étaient associées ce qui lui demandait un certain nombre d'efforts car même si Dean l'avait surprise en pleurs, elle ne souhaitait pas qu'il la voit comme une fille faible qui pleure sans s'arrêter. Et pourtant, cela était tellement humain et la perte qu'elle connaissait était telle qu'elle savait au fond d'elle, que personne ne lui en voudrait de se laisser submerger par ses émotions. Daniel était si jeune et la perte leur relation, aussi forte qu'ambigüe, ne pouvait être acceptée juste après la cérémonie. Personne ne savait combien de temps cela prendrait, Lilian devrait être forte et remonter à la surface petit à petit pour un jour, revoir la lumière du soleil se refléter dans ses azurs éternels. Azurs éternels qui croisèrent le regard caribéen de Dean emprunt de tout le courage dont elle avait besoin.


- Tiens, il faut que tu prennes un peu de force, je me doute que tu n'as pas trop pu manger quelque chose aujourd'hui...

Dean venait de faire apparaître sa boisson préférée à côté d'elle : son jus de fruit de la passion. Malgré la tristesse qui l'habitait, Lilian esquissa un léger sourire sur ses lèvres roses et murmura un « Merci » à peine audible par quelqu'un d'autre de Dean. Il avait tout à fait raison : cela faisait plusieurs heures qu'elle n'avait pas mangé et même plusieurs jours qu'elle avait perdu un peu l'appétit, celui-ci diminuant à mesure qu'approchait l'enterrement de Daniel. Ce matin, elle n'avait rien avalé à part une pomme et encore s'était-elle forcée pour la finir. C'est donc avec plaisir qu'elle portait la bouteille à ses lèvres et finit le breuvage presque d'une seule traite.

- Si je peux faire quoi que ce soit pour toi, dis-moi, je peux te remplacer pour tes patients ou au contraire te donner quelques trucs particuliers à faire pour te changer les idées... N'hésite pas. Daniel était un de tes amis, c'est ça ?...

C'est à cet instant que Lilian se demanda pourquoi elle devait maintenir cette distance entre Dean et elle. Il apparaissait tellement sincère et désireux de lui rendre service dans ce jour si pénible et elle l'en remerciait intérieurement mais d'un autre côté, elle ne pouvait totalement renier l'affront qu'il avait osé lui faire en lui mentant sur sa situation amoureuse. Certes, cela était quelque peu passer au second plan à cause du décès de Daniel mais cela la frappait de plein fouet à chaque fois qu'elle recroisait le jeune et bel apprenti. Aujourd'hui, elle avait envie de mettre tout cela de côté mais cela serait le pardonner et passer l'éponge alors qu'il lui avait littéralement brisé le cœur. Rien ne redeviendrait totalement comme avant entre eux, elle le savait et elle imaginait que Dean devait l'avoir compris à son tour.

- Non non c'est bon, ne te donnes pas plus de travail. Je te remercie mais je tiens un peu à travailler, ça me permettra de penser à autre chose. Et là, lasse de fixer éternellement les casiers devant elle pour s'empêcher de pleurer, elle tourna son visage angélique vers Dean et lui adressa un tendre sourire naturel et sincère, qui étira le fourreau rose de ses lèvres. Elle aurait tant voulu être proche de lui, pouvoir déposer sa tête sur son épaule, plonger son regard dans le sien, rapprocher ses lèvres des siennes puis l'embrasser. Mais tout cela lui était impossible. Cette nouvelle distance sévirait toujours entre eux désormais et tant bien que mal, elle devrait s'en accommoder et s'y habituer.


- Daniel était un de tes amis, c'est ça ?...

Dean avait formulé sa question de manière très douce, comme s'il craignait d'heurter Lilian, et presque avec de la réserve. C'était le genre de questions que l'on avait toujours envie de poser dans ce genre de moment mais parfois, la bienséance les interdisait car il ne fallait surtout pas choquer les consciences et les endeuillés. Mais de son côté, Lilian savait que cela ne ramènerait Dan, rien ne le pouvait donc autant mettre Dean au courant. Cela lui ferait peut-être du bien également de vider son sac et de dire ce qu'elle avait à dire. Elle contenait bien trop de choses en elle en ce moment qu'elle avait l'impression qu'elle allait exploser si elle continuait.

- Oui, c'était mon meilleur ami. Elle avait grandement simplifié les choses, autant ne pas raconter à Dean tout ce qui la reliait à Daniel, c'était encore un peu douloureux et ce n'était pas la question.Mais il y a deux ou trois ans je crois, il a commencé à fumer puis à  se piquer mais j'étais bien trop occupée à détester mon ex et ma meilleure amie, à perdre du poids pour m'en rendre compte. Je n'ai rien pu faire pour l'aider, à vrai dire, je ne l'avais même pas vu. A cette époque, on ne se voyait plus du tout. C'était presque plus facile qu'elle ne l'avait imaginé. Les mots sortaient plus facilement que tout à l'heure même si la Sirène s'efforçait de marquer quelques pauses pour reprendre son soufflé, rendu court par les efforts qu'elle mettait à retenir ses larmes. Puis il a été viré de Poudlard pour avoir triché à ses BUSE et jusqu'à septembre, je n'ai plus eu aucune nouvelle de lui. On s'est retrouvé quand il m'a appelé mais bon, c'était trop tard.

La superbe acheva en essuyant une larme sur sa joue, machinalement. De nouveau, un nœud de sanglots s'était enroulé autour de sa gorge, l'empêchant de parler normalement. Elle avala difficilement sa salive et repris une gorgée de sa boisson. Elle se sentait si faible, presque desséchée de l'intérieur tant elle avait pleuré et heureusement que Dean était là pour lui apporter un peu de réconfort et surtout, lui offrir le loisir, une première fois depuis leur dispute, de se plonger dans ses sublimes yeux.
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Dean Rosebury


Dean Rosebury
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MessageSujet: Re: Mad World (pv)   Mad World (pv) Icon_minitimeJeu 28 Mai - 16:12

C'était étrange, le deuil. Ca flottait toujours un peu partout, entre les gens, dans leurs conversations, dans leurs histoires de familles, dans leurs amitiés. C'était un concept qui faisait autant partie de la vie qu'il la brisait, joli paradoxe, n'est-ce pas ? Et bien que ce soit présent depuis la nuit des temps, j'avais l'impression que personne ne savait jamais comment l'aborder, comment en parler, quoi faire à ses côtés. Je n'étais pas particulièrement gêné par la mort, et mon métier me la faisait malheureusement côtoyer - combien de patients avais-je vu mourir, combien de personnes avais-je du soutenir dans leur deuil soudain et leurs dernières démarches à l'hôpital ! Mais c'était différent, c'était mes patients, des gens que je soignais ; la distance était là, même si de telles tragédies l'affaiblissaient, et qu'on n'oubliait pas si facilement le soir en rentrant chez toi. Le deuil de Lilian était différent de ceux-là : parce qu'elle m'était plus proche, parce que nous n'avions pas ce rapport de patient et soignant, son deuil était plus intime, moins protocolaire, donc plus impressionnant. Quand je disais que je n'avais pas connu le deuil, parfois, je me demandais : mon père biologique s'étant tiré à ma naissance, je ne savais rien de lui, peut-être était-il mort il y a des années, ou des mois, ou seulement hier ? Je n'en savais rien et je n'avais aucune envie de le savoir, mais quelque part c'était étrange : s'il était mort, son deuil ne me toucherait même pas. Mon expérience la plus conséquente était la mort de ma grand-mère quand je n'étais qu'un gamin ; la plus marquante était la disparition d'une des meilleures amies de ma soeur Amy, qui avait fait un stage pendant son été de sixième année auprès des dragons parce qu'elle était passionnée par les Créatures Magiques, et qui avait été brûlée et avait succombé à ses blessures. Je me souvenais nettement de ma soeur pleurer dans sa chambre, de toutes les choses que j'avais essayé de faire pour lui changer les idées, de cette amie qu'elle avait perdu et qui lui manquait encore, j'en étais sûre. Mais, personnellement, je ne connaissais pas. Tant mieux, évidemment ! Mais j'avais la certitude que j'aurais été plus inspiré pour soutenir Lilian si j'avais su, ou peut-être au moins plus efficace, moins à côté de la plaque.  

Elle semblait lutter un peu contre les larmes, sans les retenir complètement non plus - j'avais toujours attiré par ça chez elle, cette façon qu'elle avait d'être elle tout simplement. Pourtant elle était sophistiquée, elle jouait beaucoup de ses charmes et de ses attitudes, mais elle s'assumait et je trouvais cela honnête et plaisant.


- Et bien, on a appris sa maladie à la rentrée à peu près, en septembre. Ses médecins lui laissaient deux mois à vivre, il a tenu plus longtemps. Personne n'a pu le soigner, son hépatite était à un stade trop avancé pour qu'on puisse faire quelque chose.

Une hépatite si subite... Je ne pus pas m'empêcher d'avoir un petit regard professionnel : une hépatite pouvait être causée par bien des choses, et je me demandais laquelle avait entraîné la mort de Daniel. Je me pinçai les lèvres : septembre, c'était si rapide, j'imagine qu'il avait l'âge de Lilian en plus...

Mais je n'étais pas assez à l'aise pour en dire plus, en faire plus. Même si nous étions assis côte à côte parce que j'avais compris que j'en avais le droit, je sentais une tension latente entre nous, au-delà de ses larmes et la tragédie qu'elle traversait. Je me demandais ce qu'il en aurait été si je n'avais pas merdé autant, si j'avais su tenir mes distances dès le début : est-ce que nous aurions été amis ? Est-ce que j'aurais pu résister à ses charmes ? Lilian n'était pas le genre de fille à qui on résistait, malheureusement. Mais ce qui me dérangeait le plus dans cette histoire, ce n'était pas tant qu'elle était belle et séduisante et magnétique, c'était que je la connaissais assez pour savoir que
je la trouvais attirante parce qu'elle me plaisait, qu'au-delà de son physique j'aimais son caractère, son humour, la façon dont elle s'impliquait dans son travail, ses relations, j'étais attirée par ce qu'elle était tout simplement, parce qu'elle me correspondait.

Ce qui rendait malheureusement le problème autrement plus important...Comment aurais-je pu être simplement ami avec une personne qui éveillait en moi des choses que je ne pouvais pas réfréner ?

Je me maudis une nouvelle fois, tentai de me raisonner. J'étais fiancé, je vivais avec elle, parce que Shannon me correspondait aussi, parce que nous étions ensemble depuis longtemps. Il fallait que j'arrête de délirer.


- Non non c'est bon, ne te donnes pas plus de travail. Je te remercie mais je tiens un peu à travailler, ça me permettra de penser à autre chose.

- Je comprends, fis-je avec un petit sourire entendu. S'occuper était la meilleure des manières de ne pas trop remuer ses pensées, surtout quand elles étaient tristes, même si je ne voulais pas non plus que Lilian se pousse si elle n'était pas encore prête.

Du coin de l'oeil, je notai qu'elle avait bu toute la bouteille et m'en félicitai - elle avait besoin de forces si elle voulait surmonter tout ça, et même si l'appétit manque souvent dans ce genre de situation, si en plus elle voulait suivre le rythme de son travail, elle ne devait pas se laisser aller non plus. Nous regardions tous les deux les casiers en face de nous, même si je lui jetai des coups d'oeil en coin de temps en temps, probablement parce que c'était plus simple de fixer le métal froid et ces placards que nous connaissions par coeur plutôt que de croiser nos regards. Mais elle le tourna tout d'un coup vers moi, et son éclat bleu présent malgré les larmes m'empêcha de détourner les yeux.


- Oui, c'était mon meilleur ami. Mais il y a deux ou trois ans je crois, il a commencé à fumer puis à  se piquer mais j'étais bien trop occupée à détester mon ex et ma meilleure amie, à perdre du poids pour m'en rendre compte. Je n'ai rien pu faire pour l'aider, à vrai dire, je ne l'avais même pas vu. A cette époque, on ne se voyait plus du tout. Puis il a été viré de Poudlard pour avoir triché à ses BUSE et jusqu'à septembre, je n'ai plus eu aucune nouvelle de lui. On s'est retrouvé quand il m'a appelé mais bon, c'était trop tard.

Je sentis que je cillai un peu, malgré le fait que j'essayais de rester imperturbable, à l'écoute. Si je n'avais pas été un élève modèle, loin de là, et que j'avais eu quelques mauvaises histoires moi aussi, celle de Daniel était d'un tout autre niveau et j'étais étonné de ce que Lilian me dévoilait : non seulement au sujet de Daniel mais du sien, ses histoires avec son ex (qui était-il ??), ses amis, son poids ?! Etrangement Lilian pouvait être si parfaite que je ne lui aurais pas attaché de tels type d'histoires, et encore une fois je sentis que son magnétisme faisait effet : elle était bien plus complexe et intrigante qu'on pouvait le croire si on se rattachait à l'image qu'elle renvoyait, celle de la jolie fille de bonne famille dont le charme n'était pas discutable. Je m'étais déjà demandé à quoi ressemblait sa scolarité à Poudlard, ses amis, ses histoires, ses cours, mais ces aveux me laissèrent encore plus curieux, et incapable de trancher. Lilian était une énigme. Une énigme trop captivante pour que je m'en détache.

- Tu ne te sens pas coupable, j'espère ? demandai-je doucement pour qu'elle se confie si elle en avait envie. Vu la façon dont elle disait les choses, elle pouvait s'en vouloir de ne pas avoir été suffisamment présente pour son ami - étant donné mon histoire personnelle et la façon dont je culpabilisais au sujet de ma famille, je pouvais aisément comprendre ce sentiment. Malheureusement, elle n'y pouvait rien, si Daniel avait été mal à ce point ; ce n'est pas une personne et une seule qui peut changer la face des choses. Je suis sûr qu'il savait que tu étais là pour lui malgré tout, et parfois quand les gens vont mal, on a beau essayer on ne peut pas tout résoudre non plus... Surtout si ça n'allait pas très bien pour toi non plus, conclus-je prudemment. Ce n'était pas évident de pouvoir discuter de tout ça quand on ne savait pas beaucoup de choses sur le sujet.

Je ne sais pas pourquoi j'agis alors avant de réfléchir, à savoir que je levai ma main comme pour entourer ses épaules de mon bras dans un geste fraternel et amical, mais une fraction de seconde trop tard je me rappelai que ce n'était pas une bonne idée et que la tension présente était déjà un peu étrange, mais il était trop tard pour faire demi-tour sans que mon recul soit visible. Il en résulta que je raccourcis mon geste et posai simplement ma main sur son épaule, que je serrai, puis je retirai ma main. Au même instant, j'entendis la porte du vestiaire s'ouvrir et des voix résonner - quelques collègues venaient déposer ou récupérer quelque chose dans le vestiaire. Ils ne pouvaient pas nous voir, mais j'en profitai pour dissiper ce moment un peu étrange et me levai, ne m'éloignant pas tout de suite :


- Si tu veux, on peut monter ensemble et on fait ensemble liste des tâches que tu dois faire ?

Elle n'était obligée de rien, mais je voulais lui montrer que j'étais là pour elle, et que si je pouvais alléger son travail, cela ne me posait pas de problèmes. Comme elle devait se mettre en tenue, je m'en allai un peu plus loin pour la laisser se changer tranquillement. Elle me rejoignit, et nous sortîmes ensemble, je la laissai passer devant moi et la suivis et...

Et m'arrêtait un peu trop net, surpris ; ma première (et malencontreuse) réaction fut de faire un petit pas sur le côté car il se trouve que j'étais très proche de Lilian.

Shannon, ma fiancée, se trouvait là, et voulait visiblement toquer à la porte des vestiaires - ah oui, comme prévu, elle m'apportait des livres de son bureau que je devais prêter à mon chef de service, enfin, longue histoire. J'avais simplement oublié que c'était aujourd'hui. Son sourire sembla se figer un peu et elle nous regarda l'un et l'autre alternativement, il y eut une seconde de silence gêné, qu'elle brisa heureusement vite en nous saluant.


- Voici Lilian, notre assistante, qui a commencé cette année, dis-je alors, car c'était à moi de faire les présentations. J'ajoutai ensuite, me sentant pris au piège : Lilian, voici Shannon, ma fiancée.

Je n'espérai qu'une chose, que Shannon me donne les livres et nous laisse, mais elle parut très concernée par la discussion et s'adressa à Lilian :

- Enchantée Lilian ! Alors, tes débuts à Sainte-Mangouste se passent bien, tu te plais dans le service ? Dean n'est pas trop méchant avec toi ?

Elle eut un petit rire, mais je ne sais pas pourquoi je ne la sentis pas sincère, et quelque chose me dérangea dans ses paroles et son attitude.
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Lilian Easter


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MessageSujet: Re: Mad World (pv)   Mad World (pv) Icon_minitimeMar 15 Sep - 16:44



Plus rien ne semblait compter désormais. Le monde de Lilian s'était une nouvelle fois écroulé tout autour d'elle, alors qu'elle s'était efforcée de le reconstruire après le traumatisme causé par les Mangemorts, sa rupture avec Chuck qui lui avait semblé être la fin de tout. Cela lui paraissait tellement ridicule maintenant. Puis Felton était revenu d'entre les morts, ravivant la gaité disparue de son cœur et de son âme depuis bien trop longtemps. Et, tout redevenait beau et paisible dans sa vie, la belle sirène partie à la conquête de son nouveau royaume, Dieu lui rappelait qu'on ne se rend compte du bonheur que l'on vit qu'une fois qu'il nous est arraché. Lilian avait l'impression que sa propre vie lui glissait entre les doigts, happée par ce tourbillon surnaturel et surpuissant contre lequel elle ne pouvait rien faire, si ce n'est observer ces lambeaux de bonheur disparaître entre ses longs doigts. Elle n'avait rien pu faire pour sauver Dan, juste lui rendre ses derniers jours un peu moins désagréables, le rassurer devant la mort et lui faire oublier pour un temps qu'il partirait dans la tombe beaucoup trop tôt. A part cela, Lilian ressentait l'immense frustration de n'avoir servi à rien d'autre. Certes, elle avait soulagé le calvaire de son meilleur ami mais elle n'avait même pas pu le sauver, alors qu'elle se sentait tellement coupable. La belle savait qu'elle n'était pas directement la cause de cette terrible déchéance mais justement, indirectement, elle l'avait poussé dans cet abyme duquel il n'était ressorti que trop tard.

Et puis, la prise de conscience de Dean n'était franchement pas arrivée au bon moment. Disons qu'elle s'en serait bien passée. Elle le détestait autant qu'elle craquait devant ses yeux clairs. Elle qui avait toujours tout ce qu'elle voulait, notamment et surtout en matière de gent masculine, était incapable d'avoir l'homme qu'elle avait en ligne de mir depuis quelques semaines. Et ce n'était pas faute d'oeillades, de robes flatteuses pour sa silhouette si fine et gracieuse, de mains qui touchaient le bras de Dean, de façon faussement ingénue et malencontreuse et de sourires tendres et séducteurs. Dean lui résistait bel et bien. Certes, il était fiancé mais Lilian connaissait bon nombre d'hommes qui auraient jeté leur alliance par-dessus le premier pont ou la première bouche d’égout venue pour lui ravir un baiser. Chuck le premier. En tout cas, la Sirène était forcée d'admettre qu'il savait exceptionnellement bien résister à la tentation ; la plus belle qui soit et la plus dangereuse également. Nombreux étaient ceux qui s'étaient brûlé les ailes et consumé de désir pour elle, Lilian Easter pour qu'elle leur rende le quart de la moitié de ce qu'ils éprouvaient pour elle. Et pourtant, Dieu sait qu'elle souhaitait qu'il craque, qu'il tombe à ses pieds et que magnanime, qu'elle le relève et l'embrasse. Mais non, il restait accroché à sa Shannon – nom que Lilian détestait à vomir désormais – tout en lui ayant fait miroiter une possible ouverture.

Heureusement que Chuck était là, pour lui remonter le moral et la faire rire comme il avait toujours su le faire. Malgré son chagrin, Lilian ne résistait pas devant ses prunelles pétillantes et mutines. Il la connaissait si bien. Il savait qu'elle était la reine des faux semblants quand elle subissait une trop lourde épreuve pour ses si frêles épaules, et il savait également déceler ses mensonges. Aussi forte soit-elle, la superbe avait besoin de piliers sur lesquels s'appuyer quand elle chancelait et Chuck était désormais le seul qui tenait tant bien que mal son palais. Felton était là également, encore un peu chancelant mais bien présent. Mais Dan avait été balayé, emportant dans sa chute une part importante de Lilian et de ses sourires.

Les morts ne se rendent pas compte de ce qu'ils laissent derrière eux. En disparaissant, Daniel laissait un père et une mère esseulés et incapables de savoir ce qu'ils avaient loupé. Il laissait également des amis abasourdis, ne comprenant rien de ce qui se passait. Daniel, un garçon à première vue normal pour ceux qui le croisaient dans les couloirs de Poudlard, était décédé des suites d'une maladie foudroyante contre laquelle il n'avait pas pu se battre bien longtemps pour survivre. Et il laissait Lilian, écroulée de chagrin alors qu'elle était si forte. Ce n'était pas un suicide mais la sirène détestait Dan d'être parti ainsi. Pourquoi avait-il autant attendu ? Pourquoi avait-il cédé à la drogue et toutes ces horribles choses ? Pourquoi l'avait-il aimé ? A cette dernière question, elle ne connaissait que trop bien la réponse et elle savait que même si elle l'avait bien cherché en jouant à tout va avec le jeune homme, elle n'aurait jamais pu changer cela. Il serait encore parmi eux, elle savait qu'elle le frapperait pour tout ce qu'il lui faisait subir, qu'il était trop con de s'être foutu en l'air comme ça alors qu'elle aurait pu l'aider, qu'elle voulait qu'il revienne. A chaque fois que Lilian faisait ce rêve, elle s'écroulait aux pieds de Dan et se réveillait le visage larmoyant et son oreiller trempé.

Mais non, Daniel ne reviendrait jamais plus. Et quant à elle, elle se trouvait coincée entre Dean et un malaise immense dans le vestiaire, tentant tant bien que mal de retenir ses larmes lorsqu'elle évoquait son meilleur ami disparu. Dean paraissait compréhensif ; elle savait qu'il avait eu affaire à des décès déjà à cause de son métier mais qui, contrairement à elle, ne l'atteignaient pas autant. Il y avait cette distance professionnelle entre lui et ces défunts qui n'existait pas entre Daniel et Lilian. Il n'y avait qu'une putain d'amitié extrêmement ambiguë qui venait de voler en éclats, rien de plus, juste ça. Une putain d'amitié foutue en l'air qui meurtrissait Lilian à chaque fois qu'elle y pensait. Et elle souhaitait à Dean de ne jamais subir cela.


- Tu ne te sens pas coupable, j'espère ? Je suis sûr qu'il savait que tu étais là pour lui malgré tout, et parfois quand les gens vont mal, on a beau essayer on ne peut pas tout résoudre non plus... Surtout si ça n'allait pas très bien pour toi non plus

Malgré elle, Lilian releva ses grands yeux vers Dean lorsqu'il lui posa cette question.

- Bien sûr que si je me sens coupable. Elle l'épingla d'un regard aussi doux que triste, celui d'une sirène échouée sur le sable, ne sachant que faire pour retourner dans les flots. Un regard qui déchirait le cœur de n'importe qui la regardait. Malgré elle, Lilian restait magnifique dans la tristesse et le chagrin, elle n'y pouvait rien. Il avait des problèmes, d'énormes problèmes et je n'ai rien fait ! J'étais obnubilée par ma petite personne et – elle marqua une pause, sentant qu'elle risquait de franchir la limite de la bienséance. Dean n'avait pas à savoir que Daniel brûlait de désir pour elle et qu'il s'était littéralement consumé par sa faute, plus ou moins. Mais maintenant qu'elle avait commencé, elle ne savait pas comment s'en sortir. Disons que je n'ai pas forcément eu envie de savoir.

La belle détourna les yeux, plus ou moins satisfaite de sa pirouette. Sa relation avec Daniel ne regardait qu'elle et même si c'était un secret de Polichinelle à Poudlard, Dean n'avait pas à savoir. Tout le monde savait que Daniel balançait incessamment entre Holly Dilay et LA Sirène de Poudlard ; l'une prenant un malin plaisir à le séduire toujours plus, l'autre tentait de tourner la page tout en espérant qu'il lui revienne un jour. Lilian poussa un soupir de fatigue, destiné à repousser les sanglots au fond de sa gorge quand elle sentit l'ébauche d'accolade de Dean qui se finit en une main posée sur l'épaule. Incroyable. Le malaise était si intense entre eux qu'ils ne pouvaient même pas se serrer dans les bras pour marquer un quelconque soutien.


- Si tu veux, on peut monter ensemble et on fait ensemble liste des tâches que tu dois faire ?

D'autres internes venaient d'arriver dans le vestiaire et Lilian sentit qu'il proposait cela pour lui éviter de subir d'autres regards inquisiteurs dans son état. Rapidement, elle enfila sa blouse, termina son jus de fruit et suivit Dean vers la sortie du vestiaire. Poliment, le jeune homme la laissa passer devant lui pour qu'elle sorte et c'est ainsi que Lilian se retrouva nez à nez avec une jeune femme rousse, qu'elle n'avait jamais vu à l'hôpital mais qui, étrangement, semblait savoir où elle allait et ce qu'elle faisait. La sirène n'eut même pas le temps de s'excuser pour passer – attendez, elle avait beau être en deuil, quand Lilian passe, les autres font place – quand elle entendit Dean.

- Voici Lilian, notre assistante, qui a commencé cette année. Lilian, voici Shannon, ma fiancée.

Au début, la jeune femme ne comprit pas pourquoi il la présentait : il la connaissait ? Et puis, son estomac se serra lorsqu'elle entendit les derniers mots. Son cœur se mit à battre plus vite mais elle se donna contenance, essayant de masquer sa colère qui montait et afficher un visage aussi doux que possible. Mais avec les émotions qu'elle subissait, cela s'avéra plus difficile que prévu. Prenant sur elle, Lilian adressa à la fameuse Shannon un sourire de politesse, qui n'était que de façade bien entendu. Peut-être la fiancée de Dean s'en rendit compte, à vrai dire, elle s'en foutait. Elle avait bien autre chose à penser que sa première impression vis-à-vis de Shannon lui passait littéralement au-dessus de la tête. Pressée de sortir de cette situation horriblement gênante, la superbe s'apprêtait à partir et laisser les amoureux entre eux pour s'isoler dans une pièce, appeler Chuck de toute urgence et le retrouver avant de se lover dans son lit pour ne plus jamais en ressortir, lorsque Shannon l'interpella.

- Enchantée Lilian ! Alors, tes débuts à Sainte-Mangouste se passent bien, tu te plais dans le service ? Dean n'est pas trop méchant avec toi ?

D’emblée, le ton suraigu de la jeune femme attaqua les tympans de Lilian, encore bercés par le tintement métallique et mélancolique des cloches de l'église et plus cela allait, plus elle sentait qu'elle détestait encore plus cette femme.

- Enchantée également, répondit-elle avec un nouveau sourire forcé mais qui paraissait naturel et dont elle seule avait le secret. Oui ça va, ça se passe très bien et non Dean est un véritable amour, il s'occupe très bien de moi. Elle aguicha Shannon d'un regard mutin dont elle ne se serait pas cru capable aujourd'hui mais à quoi bon, Shannon avait l'air assez stupide pour ne pas comprendre le double sens de sa phrase. Tant pis, elle s'en prendrait à Dean et non pas à elle. Par contre, j'ai pas mal de boulot qui m'attend, donc je vais vous laisser. La lionne, joueuse comme jamais, se retourna et adressa une oeillade taquine à Dean avant de sourire de nouveau à Shannon. Il lui avait caché son existence pendant de longues semaines, elle ne voyait pas pourquoi elle ne le punirait pas un petit peu. Il l'avait cherché. Encore félicitations pour vos fiançailles, tous mes vœux de bonheur. Elle envoya un dernier sourire à Shannon et sortit majestueusement du vestiaire.

Ce n'était certes pas du tout orthodoxe vis-à-vis de Dean mais elle ne regrettait rien. Elle monta les escaliers comme Dean l'avait prévu à la base et s'engouffra ensuite dans la première chambre de garde vide qu'elle trouva. Après avoir verrouillé la porte derrière elle, Lilian s'écroula sur un des lits, fatiguée d'avoir pleuré, fatiguée d'avoir perdu Dan, blessée par Dean et confrontée à celle qu'elle aurait voulu ne jamais voir. Meurtrie par deux blessures sanglantes et douloureuses, elle en avait assez de tout cela. Fébrile, elle parvint à appeler Chuck pour qu'il revienne la chercher et l'emmène avec lui. Il n'y avait que lui pour l'aider à s'en sortir. Tout foutait le camp, tout s'écroulait autour d'elle. Atterrée, Lilian se rendit compte à l'instant que dès le décès de Dan, une pensée ne la quittait plus. Tout lui semblait fade, sans couleur, sans joie, sans vie. Elle avait raison : plus rien ne comptait désormais.
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