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"RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]

 
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 "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]

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Apple Hunt


Apple Hunt
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Particularités: Je suis un ninja.. Si, regarde ce que je viens de faire ! ... tu n'as rien vu ?... justement... B-)
Ami(e)s: Hé ! Hé ! Scott ! Scooott ! Reviens, j'ai un truc à te montrer...
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MessageSujet: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeLun 21 Déc - 0:18

déguisement:


Je frottai fort la peinture sur mes doigts, contemplant la jolie teinte bleu marine que prenait l’eau qui coulait sur ma peau. Un coup d’œil à l’horloge des toilettes, et je poussai un juron – le même que Maman utilisait lorsqu’elle cuisinait – avant de me remettre à frotter le plus fort possible. Les idées de dernière minute, c’était drôle, mais pas toujours pratique.

Je n’avais pas prévu d’aller au bal. Pourquoi faire ? Je n’avais pas envie de faire la fête. Pourtant, une fête costumée, c’était ma passion, j’adorais les travaux manuels et inventer des déguisements improbables pour les pièces de théâtres que je montais dans ma chambre. Je n’avais pas oublié Maman qui cousait patiemment mes ailes de fée ou m’aidait à peindre mon casque de chevalier fait de carton… Et j’étais malheureuse de repenser à ça, de me dire que Maman ne serait plus jamais là pour m’aider à acheter des tubes de gouache et du fil doré, ou pour applaudir mes scénarios illogiques où j’interprétais à moi seul les six différents personnages de l’histoire. Les longs après-midi d’été à jouer était loin, trop loin. Jamais plus je ne sentirais cette innocence-là, je le savais, condamnée à être pousser trop vite dans ce monde adulte que je n’avais jamais aimé. Je voulais retourner en enfance, me ficher de tout, mais la solitude, la colère, le désespoir étaient devenu des compagnons quotidiens qui m’empêchaient de m’amuser. J’avais envie de parler à Maman, de lui demander conseil sur comment être heureuse à nouveau. C’était sûrement stupide et naïf. Mais à chaque fois que je réalisais que je ne pourrais pas, plus jamais, un trou tellement grand s’ouvrait dans ma poitrine qu’il m’aspirait toute entière.

Je n’avais pas envie de faire des costumes, je n’avais pas envie de danser, je n’avais pas envie d’essayer de boire en douce. Je n’avais envie de rien, et parfois, j’avais envie de tout en même temps. J’avais fini par m’y faire. Dernièrement, les idées fusaient dans mon cerveau de manière surprenante et je sautais sur les occasions dès que j’avais une once de motivation. Je ne travaillais jamais, ou alors je passais six heures sur mon exposé. Je ne mangeais rien de la journée, ou je me servais trois fois de tout au diner. Je ne sortais pas du lit du samedi, ou je ne rentrais pas dans mon dortoir de la nuit. C’était tout ou rien. Tout noir ou tout blanc. Je laissais mes instincts me guider, changeant d’avis et d’activités d’une minute à l’autre, sans chercher à comprendre. Tant que j’avais envie de quelque chose, réellement envie, et que je sentais les petits frissons de l’excitation me prendre, j’en profitais le plus vite possible. Je savais que ça ne durait jamais vraiment, et je ne voulais pas perdre ces moments. Je me sentais en vie, et ça me grisait. Cette sensation me manquait tant depuis la mort de Maman.

J’avais eu l’idée le jour même du bal, vers 16 heures. J’étais en train d’explorer le château pour fuir aux préparations hystériques de mes camarades de dortoir, et leur « mais viens Apple, on va bien s’amuser », quand j’étais tombée par hasard sur un placard rempli de vieux cartons de produits d’entretien. L’idée avait fusé d’un coup. Des cartons. Un costume. Tout à coup, je le voyais clairement dans ma tête, et je n’avais plus que cette image gravé dans ma rétine. La salle d’art, il fallait que j’y cours, que je cherche de la peinture, que je me débrouille, et des ciseaux, un cutter… ! Il fallait que je fasse vite ! Que je sois efficace ! Et voilà qu’à nouveau, je courrais partout avec des cartons sous les bras, riant toute seule, imaginant avec excitation mon nouveau costume, la surprise de mes amies… Ou non, plutôt, je ne leur dirais rien ! J’allais me fondre dans la masse, cachée derrière mon masque, et m’amuser comme je l’entendais, espionner les gens… Ah oui, en voilà une idée…

La peinture était enfin partie de mes doigts, et je me regardais dans le miroir. Je n’étais pas très présentable, mais je n’avais pas le temps de me faire belle non plus, j’étais déjà à moitié en retard, il me fallait être efficace… Tant pis, j’allais enfiler le déguisement comme ça, et tant pis. Je me démêlai un peu les cheveux avec mes doigts, les nouant en un chignon brouillon, et m’aspergeai le visage d’eau pour me débarbouiller un semblant. De toute façon, je ne savais pas m’y prendre avec le maquillage, donc pourquoi m’embêter. Après tout, j’allais avoir un énorme carton sur la tête. Je jetai un coup d’œil sur mon costume. Il n’était pas si mal, pour un truc de dernière minute. En tout cas, je m’étais bien amusée à le faire. Bon aller, je n’avais plus le temps de contempler ou de réfléchir, il fallait que je m’active. J’enfilais les deux cartons par-dessus mes habits, sans réfléchir. Au moins, j’allais pouvoir passer une soirée sans me plaindre de mes talons, parce que les fois d’avant, j’avais fait des efforts et ça avait été insupportable. Bref. Un dernier coup d’œil vers le miroir, et je constatai que les yeux de mon dinosaure louchaient un peu. Tant pis, ça donnait un petit côté unique !

Bon… Une fois arrivée, je compris vite que mon costume n’allait pas être des plus pratiques. Manger des petits fours quand on a un énorme carré sur la tête et une rangée de fausses dents en carton devant la figure… C’était pas très pratique. Mais j’allais être inventive. Discrètement, je soulevais le carton pour avaler deux ou trois blinis quand personne ne regardait. Pour le moment, j’étais encore incognito et ça m’amusait beaucoup. A part que bon, me déplacer s’avérait difficile, parce que mes jambes étaient un peu serrées par le carton… Je ne m’imaginais pas encore danser, mais ça promettait ! Je me cognais un peu partout, pas très consciente du nouvel espace que j’occupais… Déjà que je n’étais pas très adroite de base… Mais tant pis. J’étais bien cachée sous mon attirail, et je repérai mes copines, qui discutaient entre elles ou avec les fameux cavaliers… Hmmm, y en avait qui avait fait des efforts, c’était pas mal. Je cherchais des yeux Serghei, et je l’aperçus au loin avec Alec. Toujours fourrés ensemble. Pendant un instant j’hésitais à aller les voir… J’aimais toujours autant Serghei, mais dernièrement, je le sentais aussi désemparé que moi sur comment m’aider, et petit à petit, on s’éloignait un peu. J’avais confiance en nous, je savais que les choses allaient vite s’améliorer. Je n’avais pas envie de forcer.

Je me mis donc à discuter avec un garçon lui aussi déguisé en dinosaure, on avait donc un point commun, et ça nous fit beaucoup rire. Je ne savais même pas qui s’était, mais on commença à blaguer, et il me lança des petits fours à travers mon carton, ce qui nous fit prendre un fou rire. Au bout d’un moment, une fille le rejoint et il m’expliqua qu’il allait danser et me proposa de se joindre à eux. Je déclinai, souriant quand même. L’instant avait été agréable, mais il était passé, et je n’avais pas envie d’aller me déchaîner sur une piste avec des inconnus… Et puis, je commençais à avoir soif. Je me dirigeai vers la buvette, avant de pousser une exclamation. SCOTT ! C’est lui qui s’en occupait, géniaaaal !    

Depuis que je l’avais traqué jusqu’au fond de la bibliothèque pour le remercier proprement de m’avoir sauvé la mise ce soir où je m’étais foulée la cheville, j’avais commencé à… Le traquer un peu partout. Pas comme une vieille perverse non plus hein ! Mais juste, Scott me faisait rire, parce qu’il était facile à embêter mais que je l’aimais bien quand même. Il avait l’air intéressant et intelligent, et puis je le trouvais assez charismatique, peut-être que c’était son côté préfet qui m’impressionnait un peu, mais je trouvais ça chouette de faire un peu connaissance avec lui quand j’avais l’occasion. Lui… Je n’étais pas sûre qu’il m’appréciait, je pense qu’il me trouvait un peu bizarre, parce que j’étais la petite blonde qui débarquait et lui sautait à moitié dessus en rigolant pour l’embêter, mais bon. Il était poli, donc jamais bien méchant, et au final, on avait pas mal discuté, parce qu’on s’était pas mal croisé… Et j’aurais menti si j’avais dit que je n’étais jamais tard de mon dortoir dans l’espoir de croiser Scott qui faisait sa ronde et avoir une excuse pour l’embêter et discuter avec lui.

- RAWR, m’exclamai-je pour toute introduction, en arrivant à la buvette. RAAWWWWWWRRRR ! Continuai-je en agitant mes bras. Scott me regardait, perplexe. C’est moi, duh ! Pourquoi t’es pas déguisé ? Oh non attends, t’es déguisé en préfet coincé qui tient la buvette ? Bwahaha, plaisantai-je. T’es grave chic n’empêche. Ça te va bien cette couleur. Ben oui, quand même, il en jetait dans sa tenue bleue nuit.Tu me sers un truc à boire ? Par contre il va me falloir une paille magique super longue pour passer dans mon costume… Ah, ben tiens, dis-je à voix haute en attrapant un poignet de pailles sur le comptoir, et je commençai à les imbriquer les unes dans les autres pour faire une paille géante. Bon, tu me choisis un truc ? J’te fais confiance… Tu passes une bonne soirée sinon ? Demandai-je, sincèrement intéressée, parce que je m’amusais toujours bien quand je discutais avec Scott… Et puis, il ne croyait quand même pas que j’allais le laisser s’échapper sans lui confectionner un costume !
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Scott McBeth


Scott McBeth
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MessageSujet: Re: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeMar 22 Déc - 15:25

Le bal de Noël arriva vite, mais pas assez. Pas assez pour quelqu'un qui comptait les jours, comme moi, qui rêvait de terminer sa scolarité et qui n'attendait qu'une chose : les examens finaux. J'avais hâte de les passer, hâte d'avoir la confirmation de mon apprentissage l'année prochaine, et surtout hâte de vivre cette vie d'adulte qui mettait bien du temps à se présenter à moi. Je me demandais avec une véritable curiosité ce que pouvaient penser ma famille, mes parents à ce sujet : eux pour qui j'avais toujours été le petit dernier, le petit bébé, voilà que me voir arriver à ce stade d'indépendance devait leur faire bien drôle ! J'en étais fier : quelque part, c'était comme une réussite, comme quelque chose que j'avais réussi à approuver. J'avais réussi jusque là, et j'avais même changé, évolué. Depuis que j'étais avec Haley et que je l'avais même présentée à mes parents, ils me regardaient avec un œil nouveau, plus adulte, plus respectueux. J'en avais eu un petit pincement au cœur - le fait que je plaise à quelqu'un me rendait subitement respectable ? - mais au moins j'avais ce que je voulais depuis tant d'année : leur considération. Mes frères et sœurs, quant à eux, variaient, comme à leur habitude, mais j'avais renoncé à vraiment m'imposer et je me contentai seulement de m'affirmer un peu plus si j'en avais l'occasion. Comme c'était étrange, tout de même, cette famille que j'aimais et qui était pourtant depuis si longtemps la cause de beaucoup de mes tracas et de mes insécurités... Je me souvenais parfaitement avoir été profondément vexé le jour où Stephen s'était moqué de moi parce qu'on ne me remarquait pas assez, et qu'il avait dit que ma famille avait bien fait son travail, ironiquement bien sûr. Il avait raison, mille fois raison ; j'avais grandi dans un endroit où on ne m'avait pas laissé de place, dernier d'une immense fratrie, brillante qui plus est, et puisque mes parents n'avaient pas fait le nécessaire, comment aurais-je pu m'épanouir ? Une part de moi me susurrait à l'oreille que je n'avais pas eu l'étoffe nécessaire, une autre, moins constante et moins forte, rejetait tout en bloc sur mes parents. Pourtant, lorsque Stephen avait osé dire ce que je pensais tout bas, je l'avais détesté. Pourquoi ? Aimer les gens ne devait pas empêcher de voir leurs défauts... Ou bien... Et puis, pourquoi Stephen avait-il toujours le chic pour mettre les pieds dans le plat lorsqu'on le désirait le moins ?

Enfin - il était loin, à présent. J'avais d'ailleurs reçu une carte, apportée par un hibou au plumage étrangement exotique (ou peut-être était-ce une des nombreuses expériences de Stephen, encore une fois). La carte, simple, portait la toute aussi simple mention, en lettres dorées, de « Joyeuses fêtes ». Stephen y avait juste rajouté un « S. » manuscrit. Après avoir contemplé le morceau de parchemin pendant de longues secondes, je l'avais rangé dans l'un de mes cahiers, contre la couverture, en soupirant. Après tout, dans un monde où l'on s'appelait Fray, une carte de ce genre équivalait à une considérable preuve d'affection. Quelque part, cela me fit plaisir.

Poudlard avait revêtu son grand manteau blanc - léger cette année, beaucoup moins dense que l'année précédente - et il m'arrivait souvent, lors de mes séances journalières à la bibliothèque, de laisser mon regard errer au-dehors, à travers les épaisses vitres de ce verre irrégulier que j'aimais particulièrement. Le paysage d'hiver, à la fois glacial et austère, avait toujours quelque chose de magique à l'approche des fêtes de fin d'année. S'il n'était pas associé forcément à mes meilleurs souvenirs, chaque année était différente et celle-ci était baignée de l'aura de l'année dernière : féérique. Le bal avec Haley, ses mots, nos émotions, notre entente parfaite, et tout mon amour. Notre dernier bal avait été couronné de magie, de tendresse... Je voulais le revivre encore et encore ; malheureusement, cette année Haley n'était plus à Poudlard et si j'avais décidé tout de même d'assister au bal (je ne rentrais chez moi que le week-end qui suivait, comme la plupart des élèves, et je n'avais pas spécialement envie de rester seul dans mon dortoir alors que tout le château célébrait Noël ensemble) c'était avec un entrain beaucoup plus mesuré. En réalité, je n'avais pas envie de faire la fête, de faire d'efforts ou de participer à l'éternel débat de qui devait inviter qui, etc. Je voulais y aller seul, parce que celle qui était présente dans mon cœur n'avait pas la possibilité d'être là. Tout au plus allais-je prendre plaisir à voir mes amis, Kenza et les autres, tandis que d'autres allaient me manquer - Lilian, Stephen,...

Quand je m'étais proposé auprès de ma directrice de maison pour participer à l'organisation de la soirée, elle avait été ravie de ma demande et me proposait quelques jours après de tenir la buvette, aidé peut-être de Daniel O'Brien et Heather Lass - mais ceux-ci avaient également d'autres tâches et je pouvais donc alléger leur travail pour la soirée. J'avais accepté sans hésiter, et dans les jours qui précédèrent le bal, je participai à quelques session de préparation de la salle de bal.

Le jour venu, le château était en effervescence ; encore plus depuis que le thème, costumé, avait été annonce. Très peu désireux de me déguiser, j'avais la bonne excuse de la buvette, si bien que je descendis dans la salle un peu avant tout le monde vêtu d'un pantalon de costume noir, d'une chemise blanche, d'un nœud papillon noir, et d'une veste en velours bleu nuit sur laquelle j'avais agrafé ma cape de cérémonie, bleu nuit irisée elle aussi. La salle était sublimement décorée comme à l'habitude, avec une mention particulière pour le sol qui ressemblait à une patinoire à la glace brillante et délicate. Quand les premiers élèves arrivèrent, la buvette fut immédiatement prise d'assaut ; heureusement, j'avais eu le temps de me familiariser avec mes outil. Il y avait des grandes bouteille étiquetées derrière moi, des jus et des boissons en tous genres, les verres magiques étaient déposés devant moi, et si j'avais quelques recettes sous la main dans un cahier que m'avait donné les professeurs, j'étais libre aussi de préparer quelques cocktails et je sentis que j'allais pouvoir m'amuser un peu. L'équipe des professeurs avait l'air plutôt détendue, et si je n''étais pas franchement spécialement enthousiaste à l'idée de cette soirée qui s'annonçait longue, j'étais plutôt content de la manière dont les choses se déroulaient pour le moment - et surtout, au fond de moi, je savais qu'une fois cette soirée finie je ne tarderais pas à rentrer chez moi en Écosse et qu'il ne me resterait plus que quelques jours avant de partager quelques jours avec Haley, qui devaient venir passer un peu de temps chez moi avant que nous retournions à Londres tous les deux finir la fin des vacances chez elle. En un sens, ce soir de bal était le début de vacances prometteuses, et si je n'avais pas la compagnie que je désirais, il ne m'était pas si difficile de prendre mon mal en patience.


- RAWR, hurla quelqu'un alors que je sortais quelques cartons de sous le stand de la buvette. RAAWWWWWWRRRR !

Me relevant, perplexe, je fis face à un dinosaure en carton qui agitait ses bras en ma direction. Allons bon, les ennuis alcoolisés commençaient déjà...

- C’est moi, duh !

- Oh, c'est toi, Apple,
compris-je alors.

Depuis quelques temps, Apple Hunt me tenait souvent compagnie - souvent dans les moments les plus inattendus d'ailleurs - et je devais avouer que je ne comprenais pas trop pourquoi, ni ce qu'elle voulait. Elle était sympathique et rigolote, mais je me demandais à quoi elle jouait avec moi, si elle cherchait ma compagnie juste pour s'amuser et passer le temps ou bien pour le plaisir de se moquer de moi, ce qui me paraissait assez possible : nous n'avions clairement pas grand chose en commun vu son caractère excentrique. Mais elle était mignonne tout de même, si bien que je ne savais jamais sur quel pied danser. En un mot, je restais prudent.


- Pourquoi t’es pas déguisé ? Oh non attends, t’es déguisé en préfet coincé qui tient la buvette ? Bwahaha !

- Hmm,
fis-je en me raidissant. Ce genre de chose, par exemple, me faisait toujours douter d'elle. Je savais très bien qu'on se moquait de moi à ce sujet.

Mais elle changea tout aussi vite de registre :


- T’es grave chic n’empêche. Ça te va bien cette couleur.

- Merci. Ton déguisement est très réussi, et très amusant, tu t'es bien débrouillée en tout cas !


J'avais vite appris une chose au sujet de la petite Poufsouffle : sa créativité n'avait pas de limites. Aussi, cela ne m'étonnait pas le moins du monde qu'elle ait confectionné elle-même son déguisement et qu'il soit aussi drôle. Quand elle me parlait, je visualisais à peine sa petite tête dorée derrière les rangées de dents en carton et sa voix résonnait comme depuis un tunnel.

- Tu me sers un truc à boire ? Par contre il va me falloir une paille magique super longue pour passer dans mon costume… Ah, ben tiens... Bon, tu me choisis un truc ? J’te fais confiance… Tu passes une bonne soirée sinon ?

Je ne retins pas un sourire en la voyant se construire une paille géante ; quant à sa boisson, je m'empressais de lui préparer. Pour elle, j'allais faire un cocktail spécial et je m'appliquai à verser des couches de jus différents (citrouille glacée, citron, myrtilles sauvages, cerise à la mandragore et betterave) pour faire un dégradé de couleurs, avant de prendre ma baguette magique et de jeter un sort de manière à ce que les couches superposées forment une spirale. Je saupoudrai le tout de paillettes glacées et sucrées, et lui tendis le verre, très content de moi... Ce soir, une partie des verres étaient magiques, à savoir que leurs décorations prenaient plus ou moins vie selon leur humeur. Sur le verre d'Apple, il y avait un renne de Noël qui se mettrait à chanter très fort une fois que ses bois ne seraient plus colorés par le liquide. J'avais hâte de voir sa surprise et sa réaction.

- Tiens ! Oui, très bonne, et toi ? lui demandai-je poliment. Tu arrives à bouger et à danser avec ça ? la taquinai-je.

Je n'avais pas l'impression qu'elle soit accompagnée, mais quelque part ça ne m'étonnait pas - je ne visualisais pas Apple dans le même moule que certaines des autres filles de son âge, à savoir à tout prix intéressée par tel ou tel garçon, par comment être la plus belle au bal et comment plaire à celui qu'elle avait choisi. Je me sentis un peu bête alors (j'avais toujours l'impression que je devais lui prouver que je pouvais être moi aussi amusant malgré mon statut de préfet) et lui souris tandis qu'elle essayait de finaliser sa construction de pailles. Je lui tendis une poignée de pailles en plus pour lui venir en aide, tout en me demandant encore une fois si elle était venue me voir à la buvette pour une autre raison que pour avoir quelque chose à boire. Ou peut-être se sentait-elle redevable puisque je lui avais un jour épargné une punition ?

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Apple Hunt


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MessageSujet: Re: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeSam 26 Déc - 1:41

Pourquoi Scott, je ne savais pas trop, mais c’était trop tard pour faire marche arrière. Il me faisait rire, d’une certaine manière, il était différent de tous les gens que je connaissais, mais surtout en sa compagnie, je pouvais être qui je voulais. Il était nouveau. Il ne m’avait pas connu avant tout ça, il ne me connaissait pas en compagnie de mes amis à présent, il était dans un autre monde et ça me faisait du bien. J’aimais bien le taquiner, parce que je voyais qu’il était trop poli pour répondre, mais il avait l’air d’avoir assez de sens de l’humour pour comprendre les petites plaisanteries… Enfin, à vrai dire, je ne savais pas trop, finalement je ne le connaissais pas tant que ça… Mais bon ! J’étais la première à pratiquer l’autodérision, à rire un peu de tout, parce que je savais que si je m’arrêtais, j’allais me mettre par pleurer. Il fallait que je continue de faire mes blagues parce que c’était un peu mon dernier rempart. Peut-être que l’Apple d’avant aurait été moins taquine, je cherchais un peu la petite bête avec Scott, c’était vrai, mais… Je ne savais pas trop. Parfois, il me lançait son regard courroucé d’adulte, mais toujours avec sa politesse et son espèce de douceur qui me rappelait je ne sais pas trop quoi, et j’aimais bien. Honnêtement, je ne savais pas trop pourquoi, comment, mais quand j’étais en compagnie de Scott, ça me faisait du bien, et ce genre de sensation me manquait tellement en ce moment que je prenais sans trop réfléchir. J’avais peur qu’en apprenant à connaître Scott, la magie de l’inconnu se brise un peu, car peut-être qu’au fond je voulais juste m’amuser, peut-être que c’était un faire-valoir pour mes bêtises ? Je me sentais honteuse quand je pensais à ça, parce que ce n’était pas gentil pour Scott, mais à la fois en ce moment je ne me connaissais plus trop. Mes réactions étaient différentes d’avant, et je ne savais pas comment les prendre. Je me laissais porter, je verrais bien la suite. Je ne voulais juste pas être méchante avec Scott et jouer avec. Ça ne me ressemblait pas. Je ne jouais, pas vrai ?… à vrai dire je ne savais pas. Je ne savais pas grand-chose en ce moment de toute façon.

Mais ce n’était pas le moment de penser à ça, j’avais une paille géante à construire ! Scott était lui en train de me préparer quelque chose, et je tentai de me pencher par-dessus le comptoir pour voir, mais j’étais trop petite et mon carton me gênait ; tant pis, ça allait être une surprise ! En même temps, je réfléchissais déjà… Comment allais-je pouvoir faire un déguisement pour Scott à la dernière minute avec les moyens du bord… Je fixai mes pailles un peu pensivement, commençant à avoir une idée…

- Tiens ! Oui, très bonne, et toi ? Tu arrives à bouger et à danser avec ça ?
- WOOOOOOOW !!!
Commentai-je devant mon verre, oubliant rapidement les questions polies de Scott. Eh ben, ça c’était du cocktail ! De toutes les couleurs, et avec des paillettes… Il avait vu juste en matière de mes goûts un peu extravagants, et ça me fit plaisir, parce que j’avais l’impression qu’on s’était un peu démené spécialement pour me faire un verre à mon image. C’était top ! Dis donc, t’as bien cerné mes goûts, c’est drôle, je prends toujours les trucs les plus colorés possibles quand je mange… J’avais fini la construction de la paille géante avec l’aide de Scott, et je me mis à boire… ou du moins, à tenter. Oh, ça aspire pas très bien, mais bon… Commentai-je, avant de me remettre à aspirer bruyamment. Wow, miam… !



Le cocktail, en plus d’être joli, était vraiment super bon, avec plein de différents parfums super fruités et originaux, je n’avais jamais bu un truc pareil ! En plus le verre était super cool, avec des petits rennes… Décidemment, Scott savait très bien gérer la buvette. Peut-être adorait-il boire en soirée et était devenu le roi des mélanges loufoques ? J’eus un sourire pour moi-même en imaginant Scott ivre, avec des petites joues rosées. Il était plus âgé et j’étais sûr qu’il avait eu son lot de soirées et d’ivresses, derrière ses airs de préfet sage. Ou alors était-il raisonnable ? Ou comme moi, il n’aimait pas trop ça ? C’était drôle, je n’avais jamais fait attention à Scott avant, parce qu’il était plus âgé, et que les élèves des niveaux supérieurs m’intéressaient peu puisqu’ils me rappelaient mes sœurs et nos relations compliqués. Scott lui, savait sûrement plus sur moi, avec son rôle de préfet, et parce qu’il était dans la maison où avaient été mes sœurs… Je me sentais un peu en position de faiblesse, ce qui n’était pas très agréable. J’aurais bien voulu savoir à quoi ressemblait sa vie d’élève, surtout que j’avais cru comprendre que sa petite-amie n’était plus à Poudlard, et que de manière général beaucoup de ses amis ne l’étaient plus… J’avais un peu fouiné pour voir ce qu’il faisait maintenant, avec qui il trainait, mais je n’avais pas appris grand-chose. Sûrement parce que j’avais pas trop envie de discuter avec des gens pour en savoir plus. Et puis, qu’est-ce que ça me pouvait me faire, la vie de Scott ?... A la fois, j’avais toujours été terriblement curieuse, et à présent la vie de Scott m’intriguait. Je regrettais de ne jamais avoir fait attention au Daily ou aux ragots, car il me semblait qu’il avait été le sujet de certains avec ces histoires de cœur…

- AAAAAAAAAAAAH ! Hurlai-je sous la surprise, me tirant de mes pensées. La renne sur mon s’était mis à hurler une chanson de Noël, et je manquai de m’étouffer avec ma gorgée, ce qui fit visiblement rire Scott. Ohlalala, c’est génial ! Attends on va faire un canon ! PETIT PAPA NOËL, QUAND TU DESCENDRAAAAAS DU CIEEEEL… à toi Scott, à toi… AVEEEEC TES JOUUUETS PAR MILLIIIIIIERS… Scott, vas-y j’te dis, N’OUBLIIIIE PAS MON PETIIIIT, ah ben voilà, comme ça, SOULIIIIIIIIIIER !!

Scott n’était pas aussi expansif, mais je réussis à lui faire joindre le canon de moi et mon verre, ce qui me fit beaucoup rire, et à la fin, je nous applaudis très bruyamment.

- C’était trooop coooool ! Bon, c’est bien beau de pousser la chansonnette, mais maintenant, il te faut un déguisement, j’insiste ! Et avant même que Scott ait le temps de répliquer, je me faufilai derrière la buvette et commençai à fouiller maladroitement dans les affaires pour estimer le matériel qu’il me fallait. Continue de servir, j’m’occupe du reste…

Je partis vers le buffet pour récupérer quelques trucs et me remplir la panse au passage. Je récupérais une assiette vide et un bol, tout en chantonnant joyeusement ma chanson de Noël qui me restait en tête. Une fois mon butin en main, je revins près de la buvette, m’installant derrière le comptoir, posant mes trouvailles sur une petite table derrière sur laquelle était posée des cartons avec des stocks. Scott me lança un regard interrogatif et pour toute réponse, je lui tendis un petit bol de pistache que j’avais chipé.

- Tiens, je sais pas si tu aimes, mais je me suis dit que tu devais avoir faim toi aussi. Je commençai alors ma création du déguisement minute, tandis que Scott continuait de servir. Je le gênais peut-être avec mon déguisement et mes bavardages, mais tant pis, moi je passais un bon moment alors j’espérais que ça allait être réciproque. C’est pas bizarre de te dire que c’est ton dernier bal ? T’aimerais bien que ta copine soit là, non ? Demandai-je. Mais bon, tous les bals sont différents je suppose. Celui-là ne ressemble absolument pas à mon bal de l’année dernière en tout cas… Dis-je, plus pour moi-même que pour Scott. Mais bon. On va essayer de te faire passer un dernier bal aussi génial que possible, c’est quand même important !

J’avais commencé, à l’aide de ma baguette, à percer des trous le long de la bordure de l’assiette, et j’y fis passer des ficelles pour accrocher au bout des pailles. Elles s’alignaient à présent tout autour de l’assiette, pendantes, de toutes les couleurs, et je ricanai, contente de moi. Un nouveau sort, et j’avais fixé le bol à l’envers sur le centre de l’assiette. J’attrapai un marqueur qui trainait dans un carton et dessinai une petite vitre avec dedans un alien, pour signifier un vaisseau spatial. J’ajoutais quelques dessins de vis et de clous, de portes blindées et de fenêtres, et mon bol était devenu le centre de commande d’un ovni. C’était un peu brouillon, mais ça ferait l’affaire.

- ET VOILA ! Dis-je joyeusement à Scott qui venait de servir un élève qui ressemblait à une fille et un garçon en même temps, ce qui m’étonna l’espace de quelques secondes. Voilà, pose ça sur ta tête. Je lui tendis ma confection avec un grand sourire. Tu es un Ovni maintenant. Ça te plaît ? Demandai-je en rigolant, contente de moi, espérant qu’il apprécierait que je lui ai sauvé la mise pour le costume de dernière minute.
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Scott McBeth


Scott McBeth
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MessageSujet: Re: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeJeu 7 Jan - 21:59

Nous étions dans ces âges qui changent tant ; je me fis la réflexion en contemplant l'agitation ambiante, et elle m'amusa. Il y avait des élèves de tous les âges, de toutes les maisons. J'avais peine à croire que ce bal était mon dernier, mais j'avais surtout grand peine à croire que j'étais celui que j'étais aujourd'hui, six années seulement après la première fois, mes premiers pas au château, et tout ce qui s'en était suivi... Outre la métamorphose physique, évidemment, je pouvais affirmer était presque radicalement différent du petit garçon apeuré et émerveillé de onze ans qui avait mis les pieds pour la première fois à Poudlard, sans que, pourtant, je me détache de ce sentiment que j'étais toujours le même, qu'il était toujours là, et que ces milliers de journées avaient passé aussi rapidement que s'envole une mouche. Ni tout à le fait le même ni tout à fait différent, il m'apparaissait qu'un monde entier s'était écoulé dans cet univers qui pourtant, lui, n'avait pas bougé...

Il n'y avait pas qu'Haley qui me manquait, ce soir ; Lilian aussi me manquait, elle avec qui j'avais partagé tant de choses et passé deux bals, d'ailleurs, quand nous avions été les dommages collatéraux d'une catastrophe qui avait eu pour seul mérite de nous rapprocher. Cela aussi, c'était à des milliers d'années derrière nous, et pourtant... Et pourtant les souvenirs étaient vivaces ; je me souvenais de la prise d'otage, des terreurs d'Haruhi, de Taylord, de notre histoire, de mes batailles avec Carlton, de la trahison de Stephen, du soutien de Lilian, etc. Et puis, Haley, comme le premier petit bourgeon de printemps, avait décidé de m'offrir le mien, à moi qui n'en avais jamais eu ; le plus beau, le plus pur et le plus lumineux des printemps, qui régnait depuis sur nos vies. J'étais heureux, oui, parfaitement heureux ; la seule ombre au tableau était cet éloignement obligatoire et cette sensation d'échapper à cette vie merveilleuse, un peu, comme si elle filait trop vite autour de moi, m'éblouissais. Je me sentais prisonnier de quelque chose de trop petit, que Poudlard représentait dorénavant, ce qui m'empêchait malheureusement d'avoir gardé mon regard d'enfant. C'était peut-être ça, d'ailleurs, la nuance ; j'étais toujours le même mais mon regard, lui, avait changé, et voyait en les ors de la salle de bal un spectacle beau mais désuet, charmant mais légèrement flétri, que j'avais hâte de ranger au placard et de laisser dans un coin de mon passé. Je me sentais plein d'une énergie vigoureuse qui ne demandait qu'à s'épandre bien plus loin qu'on le lui permettait pour l'instant.

Apple venait souvent ponctuer ce genre de rêveries et m'en tirais avec un sourire amusé - elle représentait tout ce que j'avais trouvé de mieux à Poudlard ; l'amusement, l'originalité, l'insouciance - la magie en quelque sorte, dans tous les sens du terme. Je l'aimais bien, malgré cette retenue qui m'empêchait de la cerner totalement. Je lui lançai un regard amusé quand elle s'exclama devant son cocktails - combien de fois avait-elle mangé des choses de toutes les couleurs, textures, formes devant moi ; elle ne s'en souvenait probablement pas car cela allait avec son caractère exubérant, mais je me retins de lui faire remarquer. Quand aux bruits forts et peu ragoûtants qu'elle fit en essayant de boire son verre depuis son déguisement en carton grâce à sa paille immense, je pris sur moi pour les ignorer et ignorer de la même façon les quelques personnes qui entendirent les bruits de succion en grimaçant de surprise.


- AAAAAAAAAAAAH ! fit-elle soudainement. Ohlalala, c’est génial ! Attends on va faire un canon ! PETIT PAPA NOËL, QUAND TU DESCENDRAAAAAS DU CIEEEEL… à toi Scott, à toi… AVEEEEC TES JOUUUETS PAR MILLIIIIIIERS… Scott, vas-y j’te dis, N’OUBLIIIIE PAS MON PETIIIIT, ah ben voilà, comme ça, SOULIIIIIIIIIIER !!

A contrecoeur, je m'étais mis à fredonner à mon tour, dans le seul but de la satisfaire pour qu'elle arrête de hurler si fort. De toute façon, les gens autour de nous ne nous prêtaient pas beaucoup d'attention - l'atmosphère était trop à la fête.

- C’était trooop coooool ! Bon, c’est bien beau de pousser la chansonnette, mais maintenant, il te faut un déguisement, j’insiste !

- Non, tu n'as...

- Continue de servir, j’m’occupe du reste…


Malédiction. N'en faisant qu'à sa tête, évidemment et par définition, la petite Poufsouffle s'était déjà faufilée avec moi derrière la buvette, en oubliant presque qu'elle était vêtue d'un costume énorme qui amplifiait ses mouvements ; je me passai la main sur le visage sans qu'elle le voit, tentant de cacher ma désolation - c'était une véritable catastrophe. Non seulement je ne tenais pas particulièrement à être déguisé, loin de là, mais la perspective d'une Apple aussi dégourdie qu'un Scroutt à Pétard me tenant compagnie derrière le stand chargé de bouteilles et de verres était particulièrement angoissante.

- Fais attention, par pitié, la suppliai-je alors qu'elle se mit à farfouiller partout, une idée visiblement en tête. Elle s'en alla même du côté du buffet avant de revenir, chargée de partout.

- Tiens, je sais pas si tu aimes, mais je me suis dit que tu devais avoir faim toi aussi.

Je la remerciai, mais un groupe de Gyffondor de quatrième année vint momentanément m'occuper. Jusqu'ici, j'avais servi quelques personnes sans que la présence d'Apple m'en empêche, mais là je dus l'abandonner à ses petits trafics car le groupe était nombreux et particulièrement survolté, si bien que je dus mettre un peu d'ordre pour comprendre ce qu'ils voulaient tous. Evidemment, quand deux septième années arrivèrent en même temps pour demander des boissons légèrement alcoolisées, les quatrième années essayèrent d'en avoir aussi, et je dus faire la police, ce qui ne m'enchantait pas vraiment. J'appréciais plutôt échanger avec les élèves qui venaient chercher des boissons que de restreindre en étant le préfet qui appliquait seulement les règles et embêtait tout le monde. Finalement, le groupe eut tout ce qu'il désirait, et une petite accalmie me laissa le loisir de jeter un coup d'oeil aux affaires d'Apple, que je remerciai pour la nourriture qu'elle m'avait rapportée.

- C’est pas bizarre de te dire que c’est ton dernier bal ? T’aimerais bien que ta copine soit là, non ?
Parfaitement surpris, je cherchai son regard derrière la rangée de dents en carton. Comme à son habitude, elle passait du coq à l'âne en me laissant toujours perplexe sur le sérieux et l'intérêt de ses propos. Mais bon, tous les bals sont différents je suppose. Celui-là ne ressemble absolument pas à mon bal de l’année dernière en tout cas… Mais bon. On va essayer de te faire passer un dernier bal aussi génial que possible, c’est quand même important !

- Eh bien, hmm, commençai-je pour me laisser le temps de me donner une certaine contenance, oui c'est un peu bizarre, mais je suis plutôt content car j'ai hâte de quitter Poudlard. Ce n'est pas du tout que je n'aime pas l'école, bien sûr, m'empressai-je d'expliquer pour pas que ce soit mal interprété, mais j'ai hâte d'être apprenti et de... Grandir un peu, de suivre un chemin plus adulte.

Je me demandais si elle voyait ce que je voulais dire, car nous n'avions pas le même âge et elle avait un côté très enfantin, qui cachait pour moi tout de même quelque chose de plus profond.

- Et, oui, Haley me manque beaucoup ; mon meilleur bal a celui que j'ai passé quand j'étais avec elle, il était absolument parfait. Un silence. Je voyais, encore, et j'entendais, encore, son « je t'aime ». Il était comment, le tien, l'année dernière ? Ce n'était pas son genre de livrer des petites choses ainsi et j'en saisis l'occasion, afin de voir jusqu'où elle pouvait aller. Je n'avais pas vraiment de souvenir d'elle il y a un an, à part peut-être une robe colorée, mais c'était flou.

Tout en discutant, elle avait avancé dans la confection de sa... son... De quelque chose, qui prenait forme, une étrange forme d'ailleurs, qu'elle agrémentait maintenant de pailles de toutes les couleurs. J'eus le pressentiment que le résultat ne serait pas spécialement des plus discret.


- ET VOILA ! Voilà, pose ça sur ta tête. Tu es un Ovni maintenant. Ça te plaît ?


... Un Ovni. Me « plaire » n'était sans doute pas la plus judicieuse des propositions, mais quand je croisai son regard il était si enjoué que je n'eus pas le coeur de lui refuser ; j'attrapai mon nouveau déguisement et le mis sur ma tête, pas vraiment de bonne grâce cependant. Les pailles se mirent à pendre autour de ma tête - au même moment Sara Wayland passa pour vérifier que tout se déroulait bien, et ne cacha pas sa surprise devant mon accoutrement. Quand elle fut partie, après avoir souri, je lançai un regard un tout petit peu agacé à Apple.

- Il est très bien, ce déguisement, mais... Mais je n'avais aucune envie de le porter. Par politesse, j'allais le garder une dizaine de minutes, et voilà. Mais bon.

L'attention d'Apple n'était pas non plus la chose la plus constante au monde et j'étais certain qu'elle ne tarderait pas à passer à une autre idée originale, ce qui ne m'inquiéta pas d'avantage. Autour de nous, quelques élèves s'étaient pressés, que je servis en souriant derrière mon déguisement d'Ovni qui faisait donc de moi, j'imagine un extraterrestre ; c'était drôle car cette notion était pour moi toujours associée à Stephen, et quelque part c'était un petit retournement de situation que je porte ce chapeau là. Devant nous, la salle de bal s'agitait un peu car la musique se faisait un peu plus forte et soutenue maintenant que tout le monde était arrivé, avait mangé et bu.

- Tu vas avoir du mal à danser, plaisantai-je, le regard suivant les danseurs, un petit sourire aux lèvres. Imaginer Apple se trémousser avec ses cartons me faisait déjà rire - quand je compris mon erreur. Ma grosse, grosse erreur. Enfin, en tout cas, je ne sais pas, tu ne penses pas ? Moi, je dois rester là de toute façon.

La présence d'Apple ne me déplaisait pas, mais l'idée de devoir danser avec elle dans nos costumes respectifs me déplaisait beaucoup plus et je venais tout juste de lui lancer l'idée, ce qui me donna envie de plonger la tête dans le saladier plein de jus de citrouille posé devant moi sur la table.
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Apple Hunt


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MessageSujet: Re: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeLun 11 Jan - 17:40

Tsss, bien sûr que j’allais faire attention, pour qui il me prenait ?! Je n’étais peut-être pas très adroite mais tout de même, fallait se détendre, pensai-je tandis que je commençais la confection du costume et renversai un bol de chips sur le buffet, maugréant un peu. Bon, ok, un point pour Scott, mais ça va, c’était rien de grave ! J’avais des choses plus importantes en tête que d’éviter des obstacles sur mon chemin, surtout maintenant que mon corps était carré et trois fois plus large que d’habitude. Tant pis ! Je revins derrière la buvette, essayant pour faire plaisir à Scott, de ne rien casser, et il était tellement occupé qu’il ne vit pas la bouteille que je manquai de faire tomber et que je rattrapai au dernier moment. Bon allez, j’avais du boulot maintenant ! Je dégageai un bout de table pour commencer mon bricolage, tout en profitant d’un moment d’accalmi pour discuter un peu avec Scott, puis que j’étais bien décidée à passer la soirée avec lui. Enfin sauf si vraiment il ne voulait pas de ma compagnie. Mais bon.

- Eh bien, hmm, oui c'est un peu bizarre, mais je suis plutôt content car j'ai hâte de quitter Poudlard. Ce n'est pas du tout que je n'aime pas l'école, bien sûr, mais j'ai hâte d'être apprenti et de... Grandir un peu, de suivre un chemin plus adulte.

Je ne savais pas trop pourquoi, mais sa réponse me pinça désagréablement l’estomac, et je me sentis passablement énervée. Pourquoi ? Qu’est-ce que ça pouvait bien me faire qu’il veuille partir, après tout je le connaissais à peine, et lui n’avait plus grand-chose à attendre du château. Pourtant, j’eus envie de répliqué sèchement, sans trop savoir quoi dire. Un chemin plus adulte ? Est-ce qu’il prenait les autres élèves pour des bébés, c’était donc ça ?! Pfff, je me doutais bien de toute façon qu’il devait me voir comme la « petite Apple » qui s’agite partout. Qu’est-ce que je faisais à trainer avec lui ? Il devait sûrement se prendre pour ma baby-sitter ! Grandir… Qu’est-ce que tout le monde avait avec ça ! Pourquoi fallait-il grandir ? Qu’est-ce qu’il y avait de bien là-dedans ? Plus je grandissais et plus j’étais malheureuse, je ne voyais pas ce qu’il y avait d’amusant dans ce concept. Etre un adulte, c’était donc ça qui vendait du rêve à Scott ? Encore une fois, j’eus envie de m’énerver et de lui balancer à la figure que c’était sûrement parce qu’il était aussi coincé que ma grand-mère, mais je me retins à temps, fermant ma bouche que j’avais commencé à ouvrir. Quelque chose dans ma tête m’avait arrêté à temps, et il me sembla que c’était ma conscience, ou la voix de Maman, quelque chose dans le genre…

Je n’étais pas énervée contre Scott parce qu’il voulait partir. Je ne le trouvais pas aussi coincé que ma grand-mère. Au contraire, je le trouvais plutôt cool, à sa manière. Ce qui me chiffonnait tant, c’est que moi, je n’avais aucune envie de partir de Poudlard, et l’évocation même du fait que nous étions tous condamné à le faire, à devenir des adultes… Qu’est-ce qui m’attendait, en dehors de Poudlard ? Ma maison, remplie des souvenirs de Maman, de l’ombre de mon père, des rires moqueurs de mes sœurs ? Je ne voulais pas retourner là-bas. Peut-être que je n’étais pas très heureuse à Poudlard en ce moment, mais qu’importe, c’était mieux qu’ailleurs. Si j’avais pu, j’aurais peut-être changé d’école, pour redevenir une anonyme dans la foule, mais je n’avais pas trop le choix. Ici au moins, j’avais quelques repères. Même si les choses étaient devenues plus floues dernièrement, j’avais toujours la sécurité d’un toit, d’une éducation, d’un repas chaud tous les soirs… Je me sentais incapable d’avoir une telle routine par moi-même, et ici, j’étais un peu encadrée. Je pouvais toujours partir faire mes bêtises d’enfants et revenir comme si de rien n’était. Ce n’était pas si mal.. L’idée de devenir une adulte à plein temps, seule, loin de Poudlard, ça me faisait peur, et les paroles de Scott avaient de toute évidence touchée un point sensible.

- Je vois, mentis-je un peu, pour me donner contenance. Je suis sûre que tu seras un très bon apprenti, ajoutai-je, m’en voulant un peu d’avoir pensé l’instant d’avant des choses aussi méchante sur lui.

De toute façon, que dire à Scott ? Il n’aurait pas compris, je le savais. Personne ne me comprenait vraiment en ce moment, pas même Serghei qui pourtant avait toujours été là pour moi. A présent, j’avais l’impression qu’il appliquait ses théories psychologiques tout droites sorties de ses livres sur moi, et je n’avais pas envie de ça. J’avais toujours aimé ses histoires scientifiques et ses longues explications, mais à présent, j’étais beaucoup émotive pour vouloir appliquer des choses aussi rationnelles à ce que je ressentais. De toute façon, je voyais bien que lui aussi commençait à être dépité et à s’éloigner un peu.

- Et, oui, Haley me manque beaucoup ; mon meilleur bal a celui que j'ai passé quand j'étais avec elle, il était absolument parfait.

J’hochai la tête. Ah, l’amour… ! Je n’y connaissais rien à tout ça, à part Serghei qui m’avait fait sa déclaration il y a déjà un moment… Je me demandais parfois si ses sentiments étaient vraiment complètement partis, mais je le voyais devenir de plus en plus proche de son ami Alec, et je me demandais s’il n’y avait pas anguilles sous roche, donc après tout, qui sait ?! Je ne savais pas si Serghei avait ce genre d’attirance, mais après tout c’était possible, et je lui souhaitais d’être heureux ! De toute façon, clairement, je n’étais pas amoureuse lui et encore moins en position d’être une bonne petite-amie. Pour une fois, j’espérais que Serghei avait traité ses sentiments de manière rationnelle – on se disputait pourtant toujours sur ce sujet – et qu’il s’était résonné. Amoureux de moi… Quelle idée, non mais franchement… !

- Il était comment, le tien, l'année dernière ?
- Amusant,
rétorquai-je un peu vite, avant de me rendre compte de ce que je venais de dire. Pardon, j’veux dire, je m’amuse aussi là, avec toi hein. C’est pas ça. C’était juste… Plus… Je cherchai mes mots. Léger. Oui, plus léger.

Tout était plus léger, à l’époque. Mais je n’avais pas envie de m’appesantir sur le sujet, et je reparti dans mon bricolage avec encore plus d’intérêt. Finalement, je me tournai vers Scott, très contente du résultat. En plus, ça lui allait très bien, ça lui donnait un air moins sérieux, et il était drôle… Surtout qu’au même moment, la directrice passa et toisa Scott en ovni, ce qui me fit partir dans un fou rire silencieux tellement elle avait eu l’air surprise. Je ricanais un peu, fière d’avoir créé la surprise avec ce qui ressemblait un peu à sombrero de l’espace. Scott lui, semblait moins content, vu le regard qu’il me lança par la suite.

- Il est très bien, ce déguisement, mais... Mais bon.

Il avait l’air plus poli que sincère, et je pinçai un peu les lèvres, lui lançant un regard dédaigneux que mon costume cacha. Mais bon quoi ? J’avais eu une super idée, il fallait se rendre à l’évidence ! Je n’y pouvais rien sur Scott avait l’habitude d’être aussi propre sur lui.

- Tu vas avoir du mal à danser. Enfin, en tout cas, je ne sais pas, tu ne penses pas ? Moi, je dois rester là de toute façon.

Ah, rester là ?! Il n’y croyait pas, tout de même ! Hors de question qu’on ne danse pas, c’était une tradition au bal, voyons ! J’eus un petit rire, mais ne répondis rien, commençant déjà à comment éloigner Scott de la buvette. La solution s’offrit à moi d’elle-même quelques minutes plus tard quand Miss Bosworth vint prendre un verre. Bingo ! C’était la prof la plus gentille et surtout la plus dévouée. Je poussai un peu Scott, et ôtai mon masque – si y avait un moment d’utiliser mon statut de pauvre petite élève qui a perdu sa maman, c’était le moment.

- Excusez-moi Miss, Scott voudrait aller danser un peu, est-ce que ça vous derange de garder la buvette seulement genre, euh, dix minutes ? Juste histoire qu’il puisse faire une pause, il n’a pas arrêté de la soirée !

Au sourire de Bosworth, je sus directement que c’était dans la poche. Elle passa de l’autre côté de la buvette, et je me tournai vers Scott, triomphante… Ah, lui visiblement n’était pas du même avis. Je nous écartai un peu pour que Bosworth ne nous entende pas.

- Allez, steuplé Scott ! Tu vas voir, on va bien s’amuser ! J’ai trop envie de danser, et je n’ai pas envie d’y aller seule, et… Je n’ai pas envie d’aller avec mes amis, j’ai envie de rester avec toi, avouai-je malgré moi. C’était vrai après tout, je n’avais aucune envie de rejoindre mon groupe d’amis. Juste une chanson, rien qu’une !

Scott essayait bien d’argumenter, mais j’allais réussir à le convaincre, j’en étais sûre, parce que j’étais têtue… Et finalement, il accepta, un peu à contrecoeur, et laissai échapper un « YES » victorieux. J’ôtai mon corps de carton, me retrouvant un legging noir et en tee shirt bleu fluo, et je gardai implement celui sur ma tête. Maintenant qu’il n’était plus posé sur le reste du déguisement, la boite secouait à chaque mouvement trop brusque. J’avais accepté que Scott enlève son chapeau, parce qu’il avait l’air déjà assez désespéré comme ça. Je le tirais sur un coin de la piste, pas trop exposé, parce que je n’allais pas non plus le torturer. La chanson qui passait était bien entraînante comme j’aimais, et je connaissais un peu le refrain : parfait, j’allais pouvoir la crier comme j’en avais l’habitude.

- Tu sais ce qu’on dit : DANSE COMME SI PERSONNE NE TE REGARDAIT ! Criai-je.

Et voilà. J’étais partie. Je n’avais aucun sens du rythme, mais tant pis, je me mis à sauter sur place en agitant mes bras, faisant des moulinets avec, dansant comme dans les vieux clips discos des années 80. Comme le refrain arrivait, je me mis à le crier, balançant ma tête, sentant le carton qui tapait mes tempes, mais je m’en fichais. J’attrapai les mains de Scott qui était tout coincé comme un pingouin, et l’obligeai à suivre un peu mon rythme, l’agitant de partout, riant hystériquement et chantant faux, faisant du yaourt sur les paroles. J’obligeai Scott à tourner sur lui-même tandis que je tenais sa main, un peu comme une toupie, puis j’entrepris de nous faire tourner tout en sautillant sur place, continuant toujours d’hurler. Je sentais l’adrénaline de l’excitation dans mes veines, et j’avais chaud aux joues à force de me secouer ainsi, mais qu’importe, je m’amusais tellement que j’ignorais mon point de côté. Scott avait l’air à moitié désespéré et à moitié amusé, et j’étais très contente de moi, parce qu’au moins il avait dansé pour son dernier bal. La montée finale de la chanson me rendit encore plus hystérique si possible, et je lâchai les mains de Scott pour faire un solo de batterie imaginaire avant de danser comme si j’étais un égyptien couplé avec un pigeon et un lama. Finalement, quand la chanson s’arrêta, je poussai un dernier cri de joie et tapai dans mes mains.

- EH BEN, TU VOIS !!!! Ah, pfiou, ça fait du bien ! Concluai-je en éclatant de rire à nouveau. Puis, parce que j’en avais envie, je me jetai un peu contre Scott pour lui faire une brève étreinte, ma tête en carton tapant un peu contre son épaule. C’était pas si horrible que ça, non ? Demandai-je tandis que je m’écartai et je me remis à rire joyeusement, presque rassurée de voir que je pouvais toujours danser en hurlant et m’amuser innocemment.
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Scott McBeth


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MessageSujet: Re: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeDim 17 Jan - 13:18

- Amusant. Pardon, j’veux dire, je m’amuse aussi là, avec toi hein. C’est pas ça. C’était juste… Plus… Léger. Oui, plus léger.

Si une seconde j'aurais un pu interpréter cette phrase de la façon habituelle avec Apple - à savoir que je ne savais pas forcément à quel saint me vouer, si elle se moquait ou pas, si elle le pensait vraiment ou pas, etc, il n'en fut pas la même chose pour cette fois-ci : je connaissais sa situation particulière, le décès de sa mère, et j'imaginais aisément que tout devait être bien différent. A moindre mesure, bien sûr, j'avais eu moi aussi des moments beaucoup plus douloureux que d'autres, et je savais très bien que la façon dont on se sentait n'avait pas forcément quelque chose à voir avec la personne avec qui on se trouvait. En y repensant, j'avais peine à croire, d'ailleurs, combien j'avais été si mal, et tout ce que j'avais été capable de faire. C'était drôle comme à l'aube de mon départ de Poudlard tout ce qui s'y était passé était vu sous un angle différent, presque un peu minimisé ou comparé sur un pied d'égalité ! Stephen, Taylord, Carlton, Lilian, les Mangemorts, les premières années, les difficultés... Tout ça se mélangeait et faisait un grand pot-pourri dans lequel les odeurs semblaient toutes se mélanger, les bonnes comme les mauvaises. Pourtant, je savais très bien ce qu'il en était, évidemment. Mais j'avais grandi, et comme tout cela était derrière moi, je voulais que les souvenirs, les sensations y restent, définitivement. Il n'y avait que Haley qui faisait cette passerelle entre les eux, qui me propulsait en avant.

En tout cas, peut-être était-ce pour cette raison aussi, mais je n'avais pas envie de résister à Apple et de rompre sa joie et ses envies excentriques en lui disant la vérité, à savoir que tout cela était un peu trop exubérant pour moi et que je n'avais pas vraiment envie de hurler à tue-tête ou de porter un déguisement de la sorte. Ce n'était pas de la pitié ; je n'avais juste pas le coeur à l'empêcher de sourire et de rire quand je savais ce qu'elle avait vécu. Pour autant... Lorsqu'elle sauta sur l'occasion et exigea qu'on aille danser ensemble, j'étais prêt à tout et à n'importe quoi pour ne pas la suivre, et tant pis pour mes bonnes résolutions. J'aimais beaucoup danser quand il s'agissait de danses de salon parce que mes parents nous avaient appris et que je savais très mener la valse, mais ça s'arrêtait là - quand il s'agissait d'être seul et de faire n'importe quoi sur le rythme de la musique, je n'avais ni l'aisance de Lilian ni le génie de Stephen pour trouver les mouvements fluides et/ou appropriés sur le rythme, et je préférais me faire manger par un dragon que de devoir danser toute une soirée au milieu des autres de cette manière. Je savais très bien ce que n'importe qui pouvait penser - que j'étais coincé - mais pour le coup ce n'était pas de ma faute, je ne savais pas et n'y arrivais pas, et par extension je n'avais aucune envie de me ridiculiser en me forçant. En l'occurrence, comme j'étais absolument certain qu'Apple n'avait pas en tête de danser la valse, il était hors de question que je quitte la buvette. Heureusement, elle paru accepter mes excuses, et je continuai à servir quelques verres, un peu plus rares, étant donné le mouvement de la foule vers la piste de danse. Un peu soulagé, j'allais lancer Apple sur un autre sujet de discussion quand ma directrice de maison passa devant nous et se fit héler par Apple - trop tard. J'avais compris trop tard. Je me sentis mortifié, et si mes yeux envoyaient des signaux de détresse à Miss Bosworth, elle ne les vit qu'après avoir gentiment répondu à Apple ; je crois qu'elle comprit alors mon désarroi car elle me lança un petit sourire encourageant tandis que je la suppliais silencieusement de revenir sur sa parole. Mais elle ne le fit pas.

Je baissai les yeux et me mis à ranger quelques bouteilles, bien décider à faire de la résistance passive.


- Allez, steuplé Scott ! insista Apple de sa petite voix chantante. Tu vas voir, on va bien s’amuser ! J’ai trop envie de danser, et je n’ai pas envie d’y aller seule, et… Je n’ai pas envie d’aller avec mes amis, j’ai envie de rester avec toi. ... Relevant les yeux vers elle, j'y décelai une vérité qui me surprit, et pencha (malheureusement) en la faveur de la Poufsouffle. Juste une chanson, rien qu’une !

De mauvaise grâce, la mort dans l'âme, bref le plus négativement possible, j'acceptai alors - une chanson et une seule - et sortis lentement de derrière la buvette.

- Tu sais ce qu’on dit : DANSE COMME SI PERSONNE NE TE REGARDAIT !

Je ne répondis rien, face à cet entrain que rien ne semblait pouvoir entacher, mais je n'en pensais pas moins : malheureusement tout le monde pouvait nous regarder, et déjà que je ne savais pas danser, je ne voyais pas comment mieux danser en m'imaginant seul et à l'abri du regard des autres, mais qu'importe. Apple, à peine eut-elle envoyé valser le bas de son déguisement, le mien avec, que Merlin soit loué, et à peine eut-elle mis un pied sur la piste qu'elle s'agitait comme un beau diable sur les notes de musique, sautait partout et se trémoussait dans tous les sens, comme si elle était en train de vivre l'expérience la plus drôle et folle de sa vie. Impossible de la suivre ainsi, je me contentai de me balancer d'un pied sur l'autre, en priant de toutes mes forces que ce morceau passe au plus vite et que le calvaire cesse, mais Apple en avait décidé autrement car - sûrement face à mon absence de mouvements - elle m'avait saisi les mains et me secouait alors, m'entraînant avec elle dans son rythme fou, que je n'arrivais pas à suivre mais que j'étais un peu contraint de suivre tout de même, ce qui au final me donna l'impression d'être la personne la plus gauche et la moins souple de la terre. Je ne comprenais même pas qu'Apple continue tant je devais être un boulet pour elle, et quand les notes de musique cessèrent, je ressentis un intense soulagement.

- EH BEN, TU VOIS !!!! Ah, pfiou, ça fait du bien ! C’était pas si horrible que ça, non ?

- ... Si,
marmonnai-je sans pouvoir me retenir. Ce n'était pas très poli, mais honnêtement je ne voyais pas comment il était crédible que je mente. Mais toi, tu danses très bien, précisai-je tout de même.

Mine de rien, je faisais quelques pas de côté en direction de la buvette tandis qu'elle reprenait son souffle, car j'étais certain qu'elle était capable de repartir de plus belle au son du prochain morceau, et il était hors de question que je poursuive la torture. Mais, surprise !, le prochain morceau qui début alors en était un que je connaissais bien et qui déclencha un murmure dans la salle - ceux qui en avaient marre que Poudlard reste un peu vieux-jeu, et ceux qui attendaient justement avec hâte ce passage là car c'était la tradition des bals - c'était une valse. Une valse qui entraîna donc quelques petits mouvements autour de nous, car chacun se cherchait un cavalier ou une cavalière. Levant mon doigt en l'air, je souris alors.


- Ah ! Cette fois, c'est à moi de mener la danse...

Le regard d'Apple était interrogatif - soit elle se demandait si j'allais vraiment lui faire danser la valse, soit elle n'avait pas reconnu - mais je ne lui laissais pas d'avantage de réflexion ; lui ôtant son masque, je l'attirais alors vers moi en lui prenant la main et en la positionnant sur mon épaule, puis je mis une main autour de sa taille et attrapai sa deuxième main dans la mienne. C'est drôle, elle était si petite ! Elle devait lever la tête vers moi pour me regarder dans les yeux et j'avais l'impression d'avoir un poids plume entre les bras, ce qui justement allait rendre notre danse encore plus élégante. Evidemment, lorsque j'entamai les premiers pas, elle m'écrasa successivement les deux pieds, ce qui nous fit beaucoup rire. Très appliqué, je tentai alors de bien lui faire comprendre le mouvement de déplacement en triangle et le fait qu'elle n'avait qu'à me suivre, et tout irait bien. Un peu laborieux, cela fonctionnait tout de même, à tel point que je me permis de compliquer un peu la donne et de la  soulever légèrement lorsque nous tournions ; elle était si petite que cela ne me posait aucun problème, et j'avais l'impression que cela l'amusait aussi.

Quand la danse se termina, tout le monde applaudit son partenaire et je n'y manquai pas, lui faisant même une révérence pour saluer ses aptitudes plutôt remarquables. Nous allâmes ensuite récupérer les bouts de son déguisement, laissés sur le côté de la piste, quand il me revint ce qu'elle avait dit tout à l'heure, et je lui demandai sans me laisser le temps de réfléchir si c'était judicieux ou non :


- Pourquoi tu n'as pas envie d'être avec tes amis ? Vous vous êtes disputés ?

Après tout, j'allais peut-être comprendre aussi, par la même occasion, pourquoi elle recherchait autant ma compagnie et quel sens elle donnait à cela...
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Apple Hunt


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MessageSujet: Re: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeJeu 21 Jan - 22:21

Scott n’était visiblement pas un très bon danseur, ou plutôt pas un fan de la danse, mais tant pis. C’était son dernier bal, comment il pouvait vouloir le passer derrière la buvette ? Etait-ce parce que finalement ses vrais amis étaient partis et que du coup il avait moins le cœur à faire la fête ? Pourtant quand même, je le voyais parfois dans les couloirs, avec d’autres élèves, les gens avaient l’air de bien l’aimer. De toute façon, je ne voyais pas trop ce qu’on aurait pu ne pas aimer en Scott. Il était tellement gentil ! C’était sûr, c’était un bon camarade de classe. En plus, il avait l’air super intelligent, j’étais sûre que ça devait plaire chez les autres Serdaigles. Après, est-ce qu’il était le mec le plus sociable qui soit… Bon, ça, j’en étais pas sûre. N’empêche qu’il avait l’air cool avec tout le monde. La preuve, il remplissait son rôle à la buvette à merveille, il servait les gens, discutait un peu avec, il faisait des cocktails drôles… Bref, il s’en sortait super bien ! Pas étonnant qu’il soit préfet. Dommage qu’il soit pas un plus danseur, quand même. Mais ça m’empêcha pas de le secouer partout et de bien m’amuser. J’étais sûre au fond que ça l’avait fait un peu rire, tout de même.

- ... Si. Mais toi, tu danses très bien.

J’éclatai de rire. Moi, bien danser ? J’avais à peu près autant de rythme qu’une vers de terre coupé en deux. Mais je m’en fichais ! C’était ça, qui était cool, avec la danse. On s’en fichait ! Tant que la musique nous faisait quelque chose et qu’on avait envie de bouger nos fesses, c’était l’essentiel. Avec Maman parfois quand on cuisinait, on dansait sur ABBA – un groupe de son pays, en plus – en chantant n’importe comment à tue-tête. De l’extérieur, les gens auraient sûrement trouvé ça ridicule, mais moi, je m’en fichais, parce que je m’amusais. Maman aussi. Ça restait dans mes souvenirs favoris d’enfance. Avec Maman, on plaisantait toujours sur le fait que quand j’allais avoir 17 ans, on mettrait Dancing Queen tout le long de la soirée d’anniversaire, non-stop, jusqu’à que les gens pètent un câble, mais nous on continuerait d’hurler « ONLYYYY SEVENTEEEEEN » en cœur. Maintenant… Maman ne serait pas là à mon 17ième anniversaire. On ne chanterait pas ensemble Dancing Queen. Quand je pensais à ça, j’avais le cœur qui se serrait tellement fort que j’avais l’impression que j’allais fondre en larmes.

En plus, une musique triste commençait à s’élever, le genre sur laquelle on pouvait pas sauter et se défouler. Je pinçai les lèvres, sentant que mon cœur se froissait à l’intérieur de ma poitrine. J’avais envie de retourner me cacher sous mon déguisement…

Je fronçai les sourcils. Scott ne l’entendait pas de la même manière visiblement… Mais, je croyais qu’il n’aimait pas danser ?

- Ah ! Cette fois, c'est à moi de mener la danse...

??? Il changeait donc d’avis ! Et… Eh mais qu’est-ce qu’il faisait, il retirait mon super masque ! Il était vraiment sérieux, on allait danser la valse, là ? Bon à la fois, j’aurais dû me douter qu’il était le genre de garçon poli à savoir ce genre de trucs, mais bon. Il n’avait pas compris que moi, je n’avais absolument pas le sens du rythme ? Eh… Eh mais en plus il me prenait la main, posait la sienne sur sa taille, wow, mais… C’était… Bizarre ! J’étais pas habituée à ça, moi ! Surtout que je réalisais, maintenant que j’étais à moitié dans ses bras, à quel point Scott était… Immense ! Il faisait deux têtes de plus que moi, facilement ! Il était d’ailleurs assez baraqué, même s’il restait fin, il avait de bonnes épaules, bien soulignées dans sa tenue de bal, ça le rendait très chic et très adulte, ce qui me faisait un peu étrange. J’avais l’impression d’être toute petite. Mais en même temps, ce n’était pas forcément désagréable. Scott avait quelque chose d’un peu… Protecteur, d’adulte. Ça me faisait bizarre, mais j’aimais bien.

Bon par contre, pour danser, c’était une autre histoire. A peine deux pas plus tard et je lui avais déjà écrasé les pieds… Bon en même temps, je pesais pas bien lourd, mais bon, niveau rythme et grâce, on repassera. Mais Scott avait l’air patient, puisqu’il m’expliqua les mouvements, m’indiqua ce que j’avais à faire… Le suivre, bon ça ne devait pas être trop compliqué. Au bout de quelques triangles effectués, je commençais à mieux comprendre comment ça marchait, et à moins m’emmêler les pieds. Scott semblait assez content, ce qui me fit sourire… Avant de manquer d’éclater de rire ! Scott venait de me soulever à moitié en me faisant tourner, et je ne savais pas que c’était possible quand on dansait la valse, mais de suite, ça devenait plus drôle ! J’avais l’impression de voler un peu dans les airs, et ça allait bien avec la musique qui était légère…

La chanson se termina trop tôt à mon goût, mais j’applaudis avec beaucoup d’entrain Scott, éclatant de rire lorsqu’il me fit la révérence. Ça alors, je pouvais dire que c’était bien la première fois que ça m’arrivait ! On récupéra mon déguisement, et on revint vers la buvette. J’étais de bonne humeur, bien contente d’avoir réussi à faire danser Scott, qui finalement s’était bien amusé !

- Pourquoi tu n'as pas envie d'être avec tes amis ? Vous vous êtes disputés ?

Après la danse sérieuse, la conversation sérieuse ? J’haussai les épaules. Je n’avais pas envie d’en parler.

- Non non, c’est pas ça…

J’haussai à nouveau les épaules. Que dire ? Même moi, je ne savais pas trop. Je n’aimais pas comment ils me traitaient. Justement, jamais on ne se serait disputé, parce qu’ils me prenaient tous avec tellement de pincettes ! On retourna à la buvette avec Scott, qui récupéra son post, et j’allais lui dire quelque chose quand je remarquai deux filles qui venaient vers la buvette… Aaaah non, je n’avais pas envie de discuter avec mes camarades de classe, noooon ! Prise de court, je regardai Scott d’un air à moitié paniqué, et écoutant mon instinct, je m’agenouillais derrière le comptoir, me cachant à moitié dans les jambes de Scott. J’entendis mes amies commander et je dus m’écarter en silence pour laisser Scott bouger pour faire les boissons… Finalement, quand la voie fut libre, je me relevai, poussant un soupir de soulagement. Scott lui, me regardait avec des yeux interrogateurs. De toute évidence, dévier la conversation n’allait pas être aussi simple.

- C’est pas qu’on est disputé, c’est que… Ils me traitent différemment, et ça m’énerve un peu. On dirait qu'ils pensent que je vais leur exploser à la figure d’une minute à l’autre, que je suis en porcelaine… Je sais que récemment je… Enfin bref, voilà. J’avais pas envie d’être eux ce soir, conclus-je sur un ton qui se voulait léger.

Je n’avais pas envie d’étaler mes problèmes devant Scott, et encore moins ce soir. J’avais déjà une nouvelle idée en tête, de toute façon. J’étais morte de faim. Sauf que maintenant, je me méfiai… Je n’avais pas envie de croiser mes amis. Je me mis sur la pointe des pieds pour essayer de les chercher dans la foule, voir s’ils étaient proches du buffet… Urgh, j’étais beaucoup trop petite. Je jetai un coup d’œil à la table, et envisageai de l’escalader un instant, mais elle était trop couverte de trucs, et trop bancales… Scott me regardait d’un air à moitié paniqué, sentant sûrement que je mijotais un mauvais plan.

- Je peux monter sur ton dos ? Il fit une telle tête que j’éclatai de rire. J’ai faim, je veux aller nous chercher à manger mais j’ai peur de croiser des gens. Je veux juste vérifier qu’ils sont pas proches du buffet mais je suis trop petite. Steuplé ? Je suis super légère et ça prendra deux secondes, tu as vu comme tu es grand, c’est génial ! De toute façon, maintenant que j’avais l’idée en tête, je ne la lâchai pas… Et je n’allais pas lâcher Scott, dans le sens littéral. Je finis par le convaincre, et me hissai rapidement sur son dos. Woooow, c’était dingue comme on voyait bien la foule, d’aussi haut ! Punaise c’est dingue, c’est trop pratique ! Je sondai le buffet, avant de sauter à nouveau sur mes pieds. Le terrain est dégagé, Captain ! J’attrapai mon masque et le remis en place tout de même. Merci. C’est pratique d’avoir un ami grand, dis donc !

Je partis vers le buffet avec une idée précise en tête. Des sandwichs. Mais pas n’importe lesquels ! Des sandwichs personnalisés. Moi, je connaissais mes goûts… Je piquai sur le buffet du bacon, du fromage, des tomates, des pickles et les fourrai entre deux tranches de toasts. Mais Scott… Hmmm… Je ne connaissais pas trop ces goûts. Je l’avais juste vu se resservir de champignons, quand j’avais discuté avec lui dans la grande salle, et je m’étais dit que décidemment, il avait l’air de bien aimer ça, vu la quantité qu’il prenait. Je cherchais donc sur le buffet des champignons marinés, et en mis plein dans un sandwich, avec des tranches de jambon et un peu de salade. J’attrapai au passage un bol de chips, et revins vers la buvette, contente de moi.

- Je t’ai fait un sandwich ! Je sais pas trop ce que tu aimes, à part les champignons je crois, alors j’ai fait comme j’ai pu, mais voilà, tiens ! Dis-je en tendant ma création. Jetant un coup d’œil autour de moi, j’ôtai mon masque pour pouvoir manger tranquillement. Ça va, c’est pas trop mal ? Dis, tu pourras me refaire un cocktail drôle ? Le dernier était trop bon ! Et puis on pourrait trinquer ! Proposai-je joyeusement, en engloutissant une immense poignée de chips dont la moitié termina sur mon tee-shirt.
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Scott McBeth


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MessageSujet: Re: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeDim 24 Jan - 0:24

Si on m'avait posé la question, j'aurais répondu qu'Apple avait beaucoup d'amis. J'avais l'impression de la voir toujours entourée d'une bande d'amis, ou bien de la trouver toujours entourée, sans pour autant qu'ils soient tous ses amis très très proches bien sûr, mais j'aurais dit qu'elle était quelqu'un de très social qui n'avait aucun mal à se faire amie avec tout le monde, à se fonder un groupe. Toute à l'opposé de moi, donc. C'était quelque chose qui me fascinait - que j'admirais autant que cela me repoussait, comme si on m'avait jeté un bien étrange sortilège. Pourquoi ? Parce que je n'avais jamais eu tout cela, je n'en avais jamais été capable, et si j'étais bien moins introverti qu'auparavant je n'aurais pas pu l'être non plus à présent. Oui, j'avais toujours envié tous ces élèves qui étaient capables de se lier très vite et de s'entendre avec tout le monde quand je me sentais stupide dès que j'ouvrais la bouche, que j'avais envie de me faire des amis mais que je n'y arrivais pas... Mais, à côté de cela, quelque part je ne voulais pas, je ne voulais pas être de ces gens qui papillonnaient autour de tout le monde, qui s'entendaient avec tout le monde et qui n'avaient finalement que leur seule popularité comme plus fidèle confidente. Enfin : la vie était étrangement faite, j'en étais consciente depuis bien longtemps. Il y avait juste un équilibre plus ou moins juste dans toutes les qualités distribuées, et j'avais accepté depuis longtemps d'en avoir reçu une infime quantité.

- Non non, c’est pas ça… Soudain, Apple me parut un peu songeuse. Je ne dis rien. Si je n'allais pas pour autant la forcer à me parler, quelque chose nous coupa de toute façon : deux jeunes Poufsouffle étaient devant la buvette et me demandaient des cocktails - quant à Apple, elle avait disparu derrière la table, et derrière moi. Curieux. Je les servis ; elles partirent. Cherchant le regard d'Apple, je lui en lançai un interrogateur : qu'est ce qui lui prenait ? C’est pas qu’on est disputé, c’est que… Ils me traitent différemment, et ça m’énerve un peu. On dirait qu'ils pensent que je vais leur exploser à la figure d’une minute à l’autre, que je suis en porcelaine… Je sais que récemment je… Enfin bref, voilà. J’avais pas envie d’être eux ce soir, dit-elle alors.

Hmm... Je compris ce qu'elle ne voulait pas dire : la raison pour laquelle ses amis la traitaient un peu différemment. C'était compréhensible de leur part - le deuil n'était jamais une chose aisée à aborder, à côtoyer, à gérer, à questionner - mais c'était tout aussi compréhensible de la part d'Apple de ne pas souhaiter être perçue différemment. Ils étaient sans doute trop jeunes... Ou peut-être pas assez préparés, qu'en savais-je. Je ne pouvais pas me mettre à la place d'Apple et prétendre savoir ce qu'elle ressentait, mais je comprenais une chose : combien il était désagréable d'être mis à l'écart, jugé différemment des autres, ménagé d'avantage, comme si on cherchait à nous montrer doucement mais sûrement combien on était moins fort, moins résistant. Je n'avais jamais abordé ce sujet avec elle, non seulement parce que si je savais qu'elle avait perdu sa mère c'était par Poudlard et non pas par elle, mais en plus parce qu'elle n'en parlait pas d'elle-même et j'avais la très nette impression qu'elle l'évitait. Je comprenais ; nous n'étions de toute façon pas proches à ce point, et qui plus elle est devait en avoir assez, comme ce qu'elle venait de dire le montrait bien. Qu'aurais-je fait à sa place ? Sûrement que je me serais terré dans mon trou, en colère contre le monde mais incapable de le montrer, comme d'habitude. Sûrement que j'aurais été la dernière préoccupation de tout le monde, sûrement que je n'aurais pas plus exister que maintenant, même dans la tristesse et le deuil. Sûrement que ça n'aurait rien changé... Cette pensée me donna un frisson et je me ressaisis ; que Merlin soit loué ma famille, mes parents, et tous mes frères et soeurs se portaient bien, je n'avais pas à m'imaginer autre chose. Je regardai Apple tout en sachant que le sujet était clos, mais l'air sur son visage - celui qui précédait généralement les bêtises qu'elle faisait - m'alerta :

- Je peux monter sur ton dos ?

...

- J’ai faim, je veux aller nous chercher à manger mais j’ai peur de croiser des gens. Je veux juste vérifier qu’ils sont pas proches du buffet mais je suis trop petite. Steuplé ? Je suis super légère et ça prendra deux secondes, tu as vu comme tu es grand, c’est génial !

Je soupirai. Parfois, je ne voyais même pas le but de me battre contre Apple et ses idées farfelues. Elle grimpa sur mes épaules avec une aisance surprenante et de la même manière je fus surpris de son poids plume, elle ne pesait pas bien lourd, toute fluette qu'elle était !


- Punaise c’est dingue, c’est trop pratique ! Le terrain est dégagé, Captain ! Merci. C’est pratique d’avoir un ami grand, dis donc !

Et le plus simplement du monde, elle sautilla en direction du buffet. Je sentais que j'avais souri - mais quelqu'un me héla et je délaissai Apple et la foule. Un « ami grand », c'était gentil, et moi qui n'avais pas toujours été très satisfait de ma taille immense parfois, je ne le pris pas mal, loin de là. Mais est-ce que le mot ami avait le même sens pour elle que pour moi ? Et est-ce que, surtout, je considérais déjà Apple comme une amie, ce qui rendait judicieux mon questionnement ? Pas vraiment. Pas vraiment, puisqu'en réalité, j'avais besoin de lui faire confiance pour qu'elle soit mon amie... C'était un cercle vicieux.

Déjà, elle était de retour, chargée de victuailles et... me tendant un sandwich.


- Je t’ai fait un sandwich ! Je sais pas trop ce que tu aimes, à part les champignons je crois, alors j’ai fait comme j’ai pu, mais voilà, tiens ! Ça va, c’est pas trop mal ? Dis, tu pourras me refaire un cocktail drôle ? Le dernier était trop bon ! Et puis on pourrait trinquer !

Une fois de plus, je la regardai avec de grands yeux étonnés. Comment savait-elle que j'adorais les champignons ? Je m'en resservais toujours quand il y en avait, surtout quand ils étaient cuisinés avec des oignons. Sans rien dire de plus que merci, je mordis dans le sandwich tandis qu'Apple engloutissait ses chips de son côté. C'était drôle - quelque part, j'avais l'impression que ce bal était étrange, comme s'il existait deux soirées à la fois : la première, classique, normale, où je tenais la buvette, et la seconde, celle de l'ombre, beaucoup plus folle et décousue, que je vivais avec Apple. Je lui jetai un petit regard tandis qu'elle mangeait. Quelques mèches blondes commençaient à réapparaître sous le roux, et je me fis la réflexion que je la préférais toute blonde, au naturel. Elle croisa mon regard et sourit. Elle avait un joli sourire, mais je me rendis compte qu'il avait au fond un petit quelque chose de triste, et cette pensée me fendit le coeur. Qu'elle soit officiellement ou non mon amie, je n'avais pas envie qu'elle soit triste, encore moins après ce qu'elle avait confié à demi-mot.

- C'est vraiment très bon !! Tout d'un coup enjoué, je posai mon sandwich devant moi le temps de lui faire le cocktail. Voyons... Bon, tu regardes pas, d'accord ? Le jeu c'est de deviner tout ce que j'ai mis dedans !

Cette fois je compliquais la donne : je mélangeai des jus et sirop de citrouille, coco, kiwi, citron, myrtille et limonade, puis grâce à un sortilège je donnai au liquide une coloris rose qui de dégradait jusqu'au pourpre, dans lequel tournoyait quelques volutes rose pâle.

Je lui tendis le verre. J'avais l'impression que l'agitation se calmait un peu autour de nous, même si certains élèves dansaient encore. Comme j'étais un peu fatigué d'être debout, je sortis un tabouret de sous le stand pour m'assoir et terminer tranquillement mon sandwich tandis qu'Apple goûtait son cocktail. J'avais peine à croire que dès le lendemain chacun rentrait chez soi, en famille pour la plupart, que dans 24h j'allais être chez moi et une semaine après chez Haley ! Ca y'est, les vacances étaient arrivées et surtout : la moitié de l'année était passée. Plus qu'une moitié... Mon coeur se réchauffa à cette idée. Nous n'en avions pas encore vraiment parlé, mais j'avais hâte de pouvoir presque vivre avec Haley, ou d'au moins la voir tous les jours.

La tête d'Apple, perdue dans la perplexité de sa devinette, me fit tout d'un coup éclater de rire.

- Tu es vraiment rigolote, tu sais, Apple, dis-je sans trop me laisser le temps de réfléchir. Ça me fait plaisir, d'avoir passé la soirée avec toi.

C'était étrange à dire, mais c'était vrai. Étrange parce que je ne savais jamais sur quel pied danser avec elle, et qu'en parlant de danse je n'étais franchement pas ravi comme elle de gesticuler sur la piste, mais vrai parce qu'elle avait quelque chose de touchant, de frais et tellement drôle à la fois qu'elle m'avait fait passer une excellente soirée - mon dernier bal se clôturait mieux que tout ce que j'avais pu imaginer, et c'était grâce à elle.
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MessageSujet: Re: "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.]   "RAWR means LETS DANCE in dinosaur." [S.] Icon_minitimeDim 24 Jan - 23:28

Finalement j’étais plutôt contente d’être venue, même à la dernière minute, parce que l’inattendu de la soirée l’avait rendu parfaite, à sa manière. Je n’avais pas envie d’être avec mes amis, de faire comme les années précédentes ; parce que c’était différent à présent, et je n’avais pas envie de faire semblant. Avec Scott, c’était étrange, mais j’avais l’impression que c’était un peu différent, sûrement parce que c’était improbable, parce qu’on ne se ressemblait pas, qu’on avait pas le même âge, la même maison, le même sexe, bref, environ rien en commun à notre connaissance. C’était un peu une aventure en soi, et ça me faisait rire d’explorer les possibilités d’une amitié aussi inattendu. Je me demandais comment Scott me voyait, lui. Peut-être que je m’imposais et qu’il était trop poli pour dire non, mais en même temps, je voyais comment on s’amusait bien ce soir, et j’étais persuadée que le sentiment devait être un peu mutuel. En tout cas, moi, sa compagnie me faisait du bien, et je ne voulais pas chercher plus loin. Je me laissais portée, sans réfléchir, et c’était agréable de pouvoir un peu le faire.

Surtout… Il fallait bien en profiter avant les vacances. Tout le monde était excité, mais moi, je savais déjà que j’allais les détester. C’était mon premier Noël sans Maman… Rien que d’y penser, j’avais envie de disparaître sous ma couette. Je n’avais même pas prévu de rentrer à la maison, à quoi bon, et Papa n’avait même pas insisté. Il n’avait sûrement pas le cœur à faire la fête aussi, et pas assez de force pour maintenir l’esprit familial. J’étais persuadée qu’il travaillerait même le jour du réveillon, parce qu’il s’était toujours noyé dans son travail, plus que jamais à présent. Kathleen, par lettre, m’avait demandé si j’étais sûre que je ne voulais pas venir – elle revenait pour quelques jours à la maison, quittant Birmingham où elle travaillait à présent – et j’avais décliné une nouvelle fois. Je ne savais même pas ce qu’il en était pour Alex et Caro, qui devait probablement avoir pris des jours de congés aussi, mais puisqu’elles vivaient à la maison, ça ne devait pas être trop différent. Nous ne nous écrivions presque pas, parce que nous n’avions rien à partager et à nous raconter, et à vrai dire, cela me faisait plus de peine que je voulais l’admettre. Je ne m’étais jamais entendue avec elles, mais j’étais jalouse, car elles étaient tellement proches toutes les deux qu’elles s’entraidaient sûrement depuis le décès de Maman. Moi, j’étais seule. Serghei rentrait même pour Noël, et je crois que ça l’avait blessé que je ne le fasse pas, mais il n’avait pas insisté. Il n’insistait jamais en ce moment. Personne n’insistait.

Scott me lança un regard, me sortant de mes pensées, et je lui fis un petit sourire amusé. Il avait l’air mignon en mangeant son sandwich.

- C'est vraiment très bon !! Voyons... Bon, tu regardes pas, d'accord ? Le jeu c'est de deviner tout ce que j'ai mis dedans !

Je tapai dans mes mains, impatiente. Voilà que Scott se prenait au jeu, et j’étais ravie, parce que j’avais bien deviné qu’il savait être amusant s’il le voulait, et ça me faisait plaisir qu’il se laisse un peu aller avec moi. J’hésitai un instant à tricher, mais trop contente de sa bonne humeur, je me décidais à être fair-play et j’attendis patiemment qu’il prépare son mélange. Quand il me le tendit finalement, je lâchai un petit « waouh », impressionnée à nouveau. C’était trop beau, et ça avait l’air tout aussi délicieux que le dernier. C’était amusant, la couleur du cocktail me fit penser à ma robe rose de bal que j’avais tant aimé, et qui me rappelait maintenant des souvenirs diffus et nostalgiques. Mais pas question de m’égarer, car j’avais un défi à relever… Le cocktail était plein de saveurs, mais cela rendait la devinette plus difficile… Il y avait quelque chose d’acidulé, sûrement du citron, et de la noix de coco. Ensuite… Du jus de citrouille pour la base, et de la fraise ? Ou de la framboise ? Décidemment, Scott s’était surpassé, et j’étais bien prise au piège. Je fronçai les sourcils, presque embêtée. Je n’allais pas me laisser faire !... Eh, mais pourquoi Scott riait-il ?

- Tu es vraiment rigolote, tu sais, Apple. Ça me fait plaisir, d'avoir passé la soirée avec toi.

Mes joues se colorèrent de plaisir, et je sentis quelque chose en moi vibrer de plaisir. Rigolote ! J’étais rigolote, et il était content d’avoir passé la soirée avec moi. Qu’est-ce que ça me faisait plaisir ! Bien sûr, le sentiment était réciproque, mais je ne pensais pas que Scott le dirait à voix haute, et son compliment inattendu me fit trop plaisir, surtout qu’en ce moment j’avais un peu du mal à rigoler, et pourtant, lui me trouvait drôle !

Je bondis sur mes pieds et me jetai à moitié dans les bras de Scott pour lui faire un câlin.

- T’es trop gentil ! Dis-je, en le serrant fort avant de m’écarter. Il était drôle, avec son air un peu mal à l’aise des gens qui ne sont pas habitués aux contacts physiques. Moi aussi, je suis trop contente d’avoir passé ma soirée avec toi, moi qui ne pensait même pas venir au bal, je regrette pas ! Et maintenant je sais valser, pfiou, ça en jette ça ! M’exclamai-je, toute contente.

Le compliment de Scott avait balayé mes idées noires, et je me sentis plus légère, et même si je savais que c’était passager, j’en profitais avec plaisir. Vraiment rigolote. C’était vraiment trop gentil. Ça me faisait trop plaisir, et je terminai mon cocktail quasi d’une traite, prise d’un regain d’énergie.

- Tu veux que je t’aide à ranger ? Proposai-je joyeusement.

J’attrapai un verre qui trainait, et bousculant un autre au passage qui manqua de s’écraser sur le sol – heureusement je l’attrapai à temps – et Scott sembla tout à coup affolé de ma proposition, ce qui me fit partir en un fou rire. Il avait cette tête que les adultes avaient parfois avec moi, surtout Maman, devant ma maladresse, une espèce de panique qui se voulait contenue mais qui était amusante à voir, mêlée à quelque chose d’un peu autoritaire, comme si le regard voulait dire « fais attention ! ». J’eus un sourire malgré moi. Ça me manquait parfois, ces moments que j’avais avec Maman, où elle était tout simplement ma mère et me grondait d’être tête en l’air. Le retrouver quelques secondes dans l’attitude de Scott me fit étrangement du bien.

- Oh, ça va, ça va, désolée, regarde, je peux faire attention, dis-je en riant. Délicatement, je me mis à ranger dans une caisse les verres propres qui n’avaient pas servi. Du coup tu m’as même pas dit, tu vas voir ta copine pour les vacances ? Tu as hâte ?

Ainsi, je lançai à nouveau la discussion, contente de pouvoir clôturer ma soirée ainsi, de bonne humeur, à discuter tranquillement avec quelqu’un, presque normalement, comme s’il n’existait rien, dans les jours à venir, qui pourrait m’attrister, et même si je savais que je me voilais la face, j’étais contente de pouvoir le faire le temps d’une soirée, en parti grâce à la compagnie de Scott qui m’avait tant amusé.
(Terminé)
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