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Monster lead me home | Ruby

 
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 Monster lead me home | Ruby

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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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Particularités: J'ai un énorme bagage à main (et ma copine a des gros boobs).
Ami(e)s: Phil et Rita et les boobs (mais surtout les boobs) :)
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MessageSujet: Monster lead me home | Ruby   Monster lead me home | Ruby Icon_minitimeMar 22 Mar - 23:36




***
Monster take me somewhere
Where I can save my breath in the end
We walk in shadow
Monster lead me home
Where there is no place to hide
Stranger on the other side
We walk in shadow
Monster lead me home




Pour la quatrième fois en quelques minutes, je venais de réajuster le petit rectangle de papier sur la table lisse et brillante, d'un blanc légèrement doré ; cette constatation creva la bulle dense de mes pensées et j'en émergeais comme si je sortais d'un rêve, reprenant ancrage dans la réalité. Autour de moi, il y avait les légers bruits d'un salon de thé : les tasses qui s'entrechoquent, les voix douces et enjouées, les léger bruissements de la croûte d'une pâtisserie qui se fendillent, les bruits de couverts, tout cela dans une ambiance fluide et diffuse que l'aura cotonneux que Madame Pieddodu entretenait à la perfection. Je lançai un sourire gêné à la serveuse qui venait de croiser mon regard, un peu plus loin - j'avais terminé mon premier thé mais j'attendais Ruby pour le second - un peu mal à l'aise de la manière insistante dont elle cherchait la conversation, pas vraiment désireux de rester poli et aimable avec elle tout en lui faisant gentiment comprendre que je n'étais pas intéressé. Malheureusement pour les bonnes manières, j'étais de si sombre humeur que j'étais totalement indisposé à la bienséance, ce qui causait donc pour l'instant un mutisme et un effacement totalement volontaires de ma part. Je me renfonçai dans le très confortable fauteuil, changeant de position pour la vingtième fois probablement, mais surtout dans le but d'arrêter de tripoter ce maudit parchemin qui me causait tant de tracas, comme si j'étais pris de gestes impulsifs et répétitifs. J'avais encore un bon quart d'heure à attendre, à me ronger les sangs, tout simplement parce que j'avais eu la stupide idée de venir en avance - la stupide idée de croire qu'au lieu de tourner en rond dans mon appartement, tourner en rond ici ferait passer le temps plus rapidement. Une chance pour moi, Ruby était plus souvent en avance ou ponctuelle qu'en retard, ce qui écouterait encore un peu plus mon attente. Mais pour le moment... La tapisserie délicate des murs du salon de thé ferait l'affaire et je m'efforçai de suivre le motif des fleurs roses pâles joliment entremêlées autour de l'encadrure de la fenêtre, que venait agrémenter un liseron vert s'enroulant autour des tiges d'une manière totalement aléatoire. Les couleurs étaient joliment ravivés par la lumière dorée qui filtrait par le verre épais et régulier ; pour un encore timide début de printemps il faisait beau et bon, presque un peu chaud malgré les bourrasques de vent qui surgissaient de temps à autre. Mais la lumière était belle ; le ciel étincelait doucement derrière ce soleil pâle mais lumineux, et j'avais plaisir à voir un peu plus, chaque jour, Pré-au-Lard sortir de sa torpeur hivernale et s'éveiller sous ces couleurs et ambiances annonçant l'annuelle renaissance. Je parvins presque à partir dans une rêverie agréable alors que je ne parvenais pas à lâcher prise depuis ce matin, m'imaginant cette même lumière en Écosse chez Bonnie et Matthew, les petits cottages sur la falaise, la mer resplendissante s'enroulant paresseusement autour des écueils et cherchant le sommeil dans la multitude des petites criques, ou bien encore l'ambiance chaude et apaisante de leur grande pièce à vivre baignée de soleil... Mais en ce moment tout ce qui se rattachait à ma famille me ramenait immanquablement à cette amertume qui ne me quittait pas, et ce stupide motif presque similaire à celui des tasses joliment ouvragées me parut tout d'un coup vieillot et surchargé. Je détournai le regard en fronçant les sourcils.

De guerre lasse, je sortis sans trop y croire un livre de ma sacoche et l'ouvris à l'endroit du marque-page - un billet d'un monument visité à Paris, qui me fit sourire. Moi qui avais toujours beaucoup lu, j'avais à présent du mal à me plonger dedans : les mots dansaient devant mes yeux et s'immisçaient dans mon esprit en désordre, et je mettais des heures à avancer, même si le roman me plaisait. Je me fis violence, pourtant, et quand le tintement aigu de la sonnette résonna et que je vis une silhouette familière auréolée de soleil apparaître dans ce petit puits de lumière, je fermai mon livre avec un réel soulagement. Elle fut quelques secondes seulement composée d'ombre et de lumière tandis que mes yeux s'habituaient au contre-jour puis elle s'avança vers moi et apparut normalement, dans ses jolis habits clairs et printaniers : sa jupe claire, son chemisier vert clair, ses cheveux lâches et brillants comme de l'or fin, où un petit quelque chose attira mon attention - un serre-tête doré lui aussi. Je souris à mon tour, sentant ma fébrilité s'éteindre un instant lorsque Ruby se pencha vers moi pour m'embrasser en prenant mon visage entre ses mains. Elle était fraîche comme le jour et sentait le jardin fleuri, et je cherchai son regard pour chasser mes idées noires ; il était très souvent mon point d'ancrage, même si ces derniers temps notre chemin était plus chaotique qu'il ne l'avait été. Elle s'installa et nous commandâmes sans plus attendre une nouvelle théière et des tartelettes à différents parfums, tandis que la serveuse restait très professionnelle à présent que je n'étais plus seul.

Quand elle nous rapporta les commandes, il y eut un petit instant de flottement - le papier sur la table, tourné vers moi, n'était pas là pour la décoration, il fallait que je lui en parle, et j'eus l'impression soudaine que tout m'était impossible, que j'allais le ranger et qu'elle allait l'oublier.

Mais je ne pouvais pas... Pas encore. Plus maintenant. Depuis des semaines, je vis dans cet état de renfermement dont j'étais conscient mais que j'entretenais tout de même, parce qu'il m'était impossible de faire autrement. J'étais fatigué, tout simplement... Las. Fatigué de tout, de penser, d'agir, de choisir, de décider, de parler, de partager, de sortir. Je travaillais par obligation de toute façon et c'était tant mieux, car je savais que mon travail, qui me plaisait, me permettait de garder la tête hors de l'eau - en plus de Ruby. Mais la pauvre était mise à si rude épreuve ces derniers temps que je devais prendre sur moi à son sujet et au mien en même temps, ce qui avait créé des complications notoires dont j'avais du mal à m'accommoder. Sans compter le fait que dormais mal, trop peu, sans cesse réveillé par des rêves en tout genre jamais vraiment horribles mais jamais agréable, où tout se mélangeait, l'eau, les souvenirs, le futur, l'Australie, Ruby, Poudlard, mon métier, tout, dans une boucle entêtante et terrifiante revenant sans cesse au même point pour repartir de nouveau...


- Je lis toujours le même depuis la dernière fois, dis-je alors que Ruby avait posé sa main sur la couverture de mon livre et en regardait distraitement le titre. J'avais toujours adoré ses mains, grandes et fines et délicates, comme si elles avaient été faites pour porter des pierres précieuses. Je la pris entre les miennes et l'embrassai, avant de la poser sur mes genoux. Ça a été, tes révisions ? Lizlor avance bien elle aussi ?

Pour couronner le tout, les ASPIC approchaient - comment les oublier ! La fin d'une ère, l'épreuve apparemment insurmontable qu'on regardait ensuite avec une nostalgie certaine ! - et Ruby les prenaient évidemment très à coeur, comme toute bonne élève qui se respecte. Je ne pouvais que la comprendre sur ce point, car j'avais à l'époque moi-même beaucoup insisté sur le travail et les révisions, entraînant dans mon sillage un Jamie un peu récalcitrant. Je bus une gorgée à la bonne température - un goût de fruits rouges légèrement relevé de lavande. Mes doigts sur la table avaient de nouveau rejoint la main de Ruby et dessinaient sur sa peau des petites spirales aléatoires, s'accordant parfaitement avec la sinuosité de mes pensées. J'étais bien, pourtant, dans ces moments ; j'étais calme, serein. Je pouvais ne penser à rien l'espace de quelques instants, en sa compagnie, quand tout autour de moi était calme et doux. J'aurais simplement aimé que cela puisse durer un peu plus longtemps...

Mes doigts se détachèrent, à regret, de sa peau soyeuse et attrapèrent le parchemin pour le glisser vers elle. Après quelques secondes pour qu'elle puisse lire, je lâchai presque dans un soupir :


- J'ai reçu ça ce matin. Ils veulent me questionner à propos de mes activités passées... Ils veulent me poser des questions précises, et je sais que c'est sérieux. Ils ont pris sur le fait quelqu'un de... Par réflexe, je baissai la voix - plus par honte que par peur qu'on nous entende, car nous étions complètement à l'abri. De la bande de l'époque, qui travaillait étroitement avec Phil d'ailleurs, et il a vendu tout le monde. Moi y compris. Ils n'ont pas de preuve évidemment mais ils font ça bien ; les Aurors n'aiment pas du tout le marché noir et ne me laisseront pas le bénéfice du doute. Je suis convoqué dans un mois...

Le silence qui s'en suivit m'ôta toute chaleur du corps. Mais j'étais lancé.

- J'ai bien réfléchi, ma seule chance est de cacher mes souvenirs... Pour être en sécurité.

J'avais peiné à trouver la justification : pour quoi, pour frauder, pour contourner la loi ? Pour ne pas payer mes erreurs ? En un sens, c'était terrible ; mais je ne pouvais tellement pas, maintenant, m'imaginer...

Enfin. Je levai les yeux vers Ruby, cherchant les profondeurs de son regard, avec la certitude qu'elle avait compris où je voulais en venir mais avec la légère crainte, aussi, de ne pas avoir son soutien, le plus précieux d'entre tous.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Monster lead me home | Ruby   Monster lead me home | Ruby Icon_minitimeJeu 24 Mar - 19:42

Je sursautai, refermant le carnet à la couverture bleu marine, où je venais d’inscrire une dernière phrase à l’encre foncée. « C’est comme si… Des eaux déchaînées voulaient me prendre, et que j’étais prête à me noyer. » Lizlor, assise en face de moi, avait fait tomber son livre à la lourde couverture de cuir, me surprenant, et elle disparut sous la table pour le récupérer, lâchant au passage quelques jurons. Lorsque son visage réapparut, ses mèches blondes décoiffés le cachant à moitié, il était peint d’une expression bougonne. Mes lèvres s’étirèrent malgré moi en un petit sourire. Fouillant dans mon sac, j’en sortis une bouteille rempli d’un jus de fruit que nous avions fait plus tôt toutes les deux dans la cuisine, et je le tendis à Liz, avec un regard maternelle qui voulait dire « vas-y, prends une pause, tu le mérites ». Elle s’assit en tailleur sur la chaise, bu quelques gorgées, puis calla son menton dans les paumes de ses mains, ses sourcils froncés, et se mit à se plaindre de ce sortilège de métamorphose qu’elle essayait d’accomplir depuis tout à l’heure, et qui consistait à changer un parchemin en une envolée d’oiseaux. Callé sur son épaule, Nate, son boursouflet, couinait joyeusement, ce qui nous fit sourire toutes les deux, relâchant un peu la tension. Liz jeta un coup d’œil à mon carnet, puis vers moi, fronçant à nouveau les sourcils, s’inquiétant silencieusement. Je fis un petit geste de la tête, et sourit à nouveau, pour ne pas trop l’inquiéter. Me penchant par-dessus la table, j’attrapais le livre pour me plonger dans les instructions du sortilège, décidée à aider Lizlor.

Une bonne heure plus tard, je quittai Lizlor pour aller rejoindre Ewan. Dans ma tête, le sortilège complexe et ses instructions tournaient en boucle, s’emmêlant, me rendant distraite. J’étais contrariée, car je n’avais pas envie d’amener mes angoisses de révisions jusqu’à mon rendez-vous amoureux, et c’était clairement la dernière chose dont nous avions besoin, Ewan et moi, en ce moment. Les choses étaient déjà assez compliquées et lourdes comme ça… Je poussai un soupir en arrivant dans les rues légèrement ensoleillées de Pré-au-Lard. Comment en étions-nous arrivé là, pensai-je tristement, songeant à l’ambiance tendue de ses dernières semaines. Ce n’était pas que nous ne nous aimions plus, ou que nous nous disputions… Simplement, tout était tellement lourd, dans ma vie comme dans la sienne, que j’avais parfois l’impression que nous étions enfermés, chacun, séparés par un fossé que je n’arrivais pas toujours à traverser. Parfois, tard le soir, je me demandais… A quoi bon ? Est-ce que nous allions y arriver ? Ou est-ce nous souffrions trop tous les deux ? Pourtant, je l’aimais plus que tout, et je ne voulais jamais le quitter. Mais une part de moi, la plus angoissée sûrement, commençait à avoir du mal à retenir ses doutes et ses peurs, qui, lorsque je baissais ma garde, me prenait tout à coup et m’étouffait.

Mais lorsque je rentrai dans le salon de thé, et que j’aperçus Ewan, ce fût comme à chaque fois que nos regards se rencontraient ; j’avais le cœur qui se mettait à battre un peu plus vite, j’avais envie de sourire sans trop savoir pourquoi, et dans toute ma poitrine, une douce chaleur se répandait, me rappelant les premiers soleils du printemps qui font fondre la neige et le givre hivernal. Dès que je voyais Ewan, les doutes fondaient, aussi vivement qu’ils étaient apparus. Je m’approchai de lui et l’embrassai pour le saluer, sentant son parfum me chatouiller les narines et faire palpiter un peu mon cœur. Je m’installai, remarquant une théière finie sur la table – Ewan était donc venu plus tôt ? – un livre qui trainait, et un parchemin dont j’ignorais l’origine, mais qui attira mon regard instantanément, sans que je sache pourquoi. Nous commandâmes à boire et à manger, mon attention s’éloignant du fameux parchemin pour revenir se concentrer sur Ewan. Il avait l’air fatigué, des cernes foncés sous ses jolis yeux délavés, et il avait l’air préoccupé. A l’intérieur de moi, mon cœur se contracta tristement.


- Je lis toujours le même depuis la dernière fois, m’indiqua Ewan, alors que j’avais jeté un coup d’œil au livre sur la table, comme pour me distraire de mes inquiétudes. J’haussai un sourcil, légèrement étonnée, car Ewan lisait habituellement plutôt vite, mais je comprenais ce qu’il sous-entendait. Lire, lorsque l’on avait la tête trop pleine, s’avérait parfois compliqué… Une nouvelle fois, mon cœur se contracta, mais Ewan, qui regardait ma main avec attention, la prit dans les siennes et la porta à ses lèvres. Une nouvelle fois, quelque chose en moi palpita délicieusement, me rassurant. Ça a été, tes révisions ? Lizlor avance bien elle aussi ?
- Oui, ça va, même si on a hâte toutes les deux que ça se termine, on commence à saturer… Parfois, je me dis que je voudrais passer mes ASPIC là, maintenant, pour que ça soit fait, mais en même temps je n’ai pas l’impression d’être prête, donc je ne suis pas mécontente d’avoir encore du temps…
Je poussai un soupir un peu fatigué, mais souris tout de même à Ewan. Quand ça sera fini, j’aimerais bien qu’on aille quelque part, toi et moi, lançai-je d’une voix un peu rêveuse.

Je repensai à Paris, et à combien le week-end avait été parfait. Je ne rêvais que d’une chose, y retourner, revivre à nouveau cette euphorie et cette sérénité… Je pouvais les vivre à nouveau, n’est-ce pas ? Je regardai distraitement les doigts d’Ewan qui traçait des petits cercles sur le dos de ma main, et j’eus un sourire. Oui, ce n’était pas fini…

Mais Ewan lâcha ma main et me tendit le parchemin que j’avais presque oublié l’espace d’un instant. J’y jetai un coup d’œil rapide, lisant, comprenant petit à petit… A l’intérieur de moi, une voix désagréable me murmura que décidemment, nous n’étions pas prêt à avoir le répit que nous désirions tant.


- J'ai reçu ça ce matin. Ils veulent me questionner à propos de mes activités passées... Ils veulent me poser des questions précises, et je sais que c'est sérieux. Ils ont pris sur le fait quelqu'un de... De la bande de l'époque, qui travaillait étroitement avec Phil d'ailleurs, et il a vendu tout le monde. Moi y compris. Ils n'ont pas de preuve évidemment mais ils font ça bien ; les Aurors n'aiment pas du tout le marché noir et ne me laisseront pas le bénéfice du doute. Je suis convoqué dans un mois...

J’eus envie de pleurer, sentant l’angoisse monter en moi légèrement, mais la fatigue et la lassitude m’empêchèrent de laisser les larmes couler. Je fixai toujours les mots sur le parchemin, hochant la tête en même temps qu’Ewan m’expliquait la situation.

- J'ai bien réfléchi, ma seule chance est de cacher mes souvenirs... Pour être en sécurité.

A nouveau, j’hochai la tête, concentrée sur le parchemin et ce que venait de dire Ewan. Cacher ses souvenirs…

- Oui, bien sûr, murmurai-je, pensive. Je relevai la tête vers Ewan, et nos regards se croisèrent. Bien sûr, répétai-je avec aplomb.

De toute manière, il aurait fallu me passer sur le corps avant que quelqu’un touche à Ewan.


- Tu penses à un sort ou ?... Son regard me répondit, et j’eus un petit signe de tête. Non, une potion, tu as raison, murmurai-je, plus pour moi que pour lui.

Dans ma tête, les choses commencèrent à s’assembler rapidement. Ça n’allait pas être facile, et surtout, pas sans risque. Toucher à la mémoire de quelqu’un… Et quand les enjeux étaient tel ! Je me rappelai alors de cette fois où Liz avait rigolé des traffics d’Ewan, disant que ça lui donnait un petit côté bad boy inattendu sous ses airs de garçon de bonne famille, et j’avais ri aussi, un peu, mais au fond, une ombre planait toujours… Je n’avais jamais aimé ces petites histoires, et j’avais fermé les yeux souvent, prétendant que c’était bon, mais quand finalement Ewan avait arrêté, je m’étais sentie tellement soulagée. Je n’avais pas oublié ces deux fois où je l’avais retrouvé mal en point après un rendez-vous qui s’était mal passé… Jamais, il me semblait, je ne pourrais effacer de mes souvenirs la vue du sang d’Ewan sur mes mains tremblantes.


- On n’a pas de temps à perdre, dis-je d’une voix assurée. Je finis ma tasse de thé, et me levai, comme si j’étais montée sur ressort. Il y eut quelques secondes de flottement, où Ewan me regarda. Que pensait-il ? Regrettait-il d’écourter notre rendez-vous ? Je ne vais pas pouvoir me concentrer sur autre chose tant qu’on a pas réglé ça, expliquai-je, autoritaire, et vu ta tête, je crois que toi non plus.

On paya – ou plutôt, Ewan insista pour payer, comme toujours – avant de sortir. Je glissai ma main dans celle d’Ewan, la serrant fort. Le sang dans mes veines pulsait fort, comme si une légère adrénaline s’était répandue en moi. On marcha jusqu’à l’appartement, tous les deux concentrés sur nos pensées. En pénétrant dans le salon, je posai mes affaires dans un coin, et me dirigeai directement vers la bibliothèque pour sortir le grimoire. Près du plan de travail, Ewan était concentré sur ses ingrédients. Je posai le grimoire entre nous, et cherchai rapidement la page désirée. Il y eut quelques secondes silencieuses où nos yeux parcoururent les pages, et je finis par relever les yeux vers Ewan, qui avait les sourcils froncés. Je posai ma main sur la sienne qui serrait le rebord du plan de travail.

- On va s’en sortir, dis-je fermement, cherchant son regard. C’est dommage quand même… Commençai-je d’une voix grave. Tu ne pourras pas raconter aux Aurors comment je t’ai héroïquement sauvé deux fois de mauvais rendez-vous, achevai-je, souriant. Ce fût comme si ma plaisanterie avait crevé la tension l’espace d’un instant et Ewan se mit à rire avec moi. Je sentis, pendant quelques précieuses minutes, le poids s’ôter de mes épaules et dans mon esprit, une seule certitude s’était imprimée : on allait s’en sortir.
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Ewan Campbell


Ewan Campbell
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MessageSujet: Re: Monster lead me home | Ruby   Monster lead me home | Ruby Icon_minitimeVen 8 Avr - 17:47

Ce petit sourire rêveur était l’un de mes préférés quand il se dessinait sur le visage de Ruby ; il n’apparaissait que lorsqu’elle se perdait quelques secondes dans ses pensées, cela ne durait qu’un instant, un tout petit instant qui me faisait l’aimer pour l’éternité. Son regard bleu argent se perdait un petit peu vers le haut, elle tournait légèrement sa tête sur le côté et elle pensait à quelque chose qu’elle aimait, parfois c’était un peu mélancolique aussi, cela pouvait, mais en tout cas ses lèvres s’étiraient légèrement vers le côté et son visage se détendait tout entier et tout d’un coup elle était sereine et bel comme un astre et je ne pouvais plus détacher mes yeux de ce tableau. Si en ce moment, la situation pouvait s’avérer un petit peu compliquée et tendue, il y avait toujours ces moments-là qui rythmaient ma vie avec elle et m’empêchait de perdre pied, heureusement. Il lui suffisait d’un geste, d’un regard, d’une parole, et quelque chose semblait retrouver sa place au fond de mon cœur tourmenté. C’était cela, sans doute, le plus fort entre nous : cette capacité que nous avions d’être des abris, des refuges l’un pour l’autre, en toute circonstance. Sans doute qu’en ce moment je lui montrais moins qu’avant, j’en étais conscient et j’en étais profondément désolé, mais quelque chose me compressait et me verrouillait de l’intérieur, tout le temps. J’étais triste, j’étais en colère, j’étais sombre et froid, et j’avais l’impression que plus que jamais j’en voulais à cette famille, cette entité nucléaire à l’origine de tout, de la création comme de la destruction, quelle belle ironie… J’étais amer tout le temps, en me levant, en me couchant, en travaillant, en pensant, en essayant de faire le vide. J’en voulais à la terre entière mais j’étais seul au monde et incapable, incapable d’ouvrir ma bouche ou de faire un geste, parce qu’on n’est pas un bon petit soldat toute sa vie pour se réveiller ensuite un jour et se rebeller, ce n’est pas possible, ça ne se fait pas, et je n’en avais pas la force. J’étais fatigué. Mais le thé me réchauffait un petit peu la gorge depuis que je m’étais égaré dans le beau sourire doux de Ruby, et j’aquiesçai à ce qu’elle dit alors d’une voix un peu lointaine : oui, nous pourrions retourner quelque part, j’en avais envie, et je ne comprenais que trop bien ces problématiques de fin de Poudlard, d’examens. Seulement, il me semblait que tout cela était si loin… Si déconnecté de la réalité… De ma réalité. Je baissai les yeux un instant, conscient qu’il fallait mieux rentrer dans le vif du sujet.

Elle m’écouta sans rien dire et en parlant je me demandai ce qu’elle ressentait, tout en appréciait son silence et son sérieux, car j’avais besoin de mettre les choses à plat sans être interrompu. C’était bon d’avoir quelqu’un qui pouvait m’écouter ainsi, qui pouvaient entendre tout ce que j’avais à dire et tout ce qui n’était pas forcément racontable, et je me fis la réflexion du pathétique dans le couple qu’avait formé mes parents, de leur impossibilité maladive de communiquer, de se parler autant que de s’écouter, du manque d’échanges et de compréhension, du mur invisible qui s’était dressé entre eux au fur et à mesure des années. Combien de briques y avions-nous ajouté nous-mêmes, mon frère, moi, Matthew, Bonnie, en jouant le jeu, en laissant les choses se faire, jusqu’à la dernière pierre, jusqu’à la toute fin de la construction, jusqu’à l’instant final, jusqu’au moment où il fut trop tard pour revenir en arrière ? Jusqu’à quel point étions-nous-mêmes complices de ce désastre ? A quel degré étions-nous responsable de cet isolement désastreux, jusqu’à la fin irrévocable ? Une partie de moi refusait toutes ces accusations en bloc – l’autre était incapable d’y répondre. Je savais que nous devions ne rien nous reprocher, mais c’était autre chose de ressentir toutes ces choses et de ne pas se fier uniquement à la raison. Peut-être que j’étais amer contre moi autant que contre le reste. Peut-être que j’étais condamné à lutter ainsi jusqu’à la fin de ma vie, à tenter sans succès de me désembourber de toutes ces histoires familiales ; si je regardais autour de moi je ne voyais honnêtement pas comment il était véritablement possible de s’en sortir, une bonne fois pour toutes…

Comme un désagréable Rapeltout, qui avait le mérite au moins d’être silencieux, la lettre que j’avais reçue et qui trônait entre nous sur le table me le soulignait gentiment. Non, ce n’était pas possible de se tirer si facilement que cela les fils étranges qui tissaient les trames de nos existences.


- Oui, bien sûr. Bien sûr, répéta Ruby après un instant de silence pendant lequel nous fûmes tous les deux plongés dans nos pensées, dans nos doutes et nos interrogations.

Je relevai la tête pour la regarder, peu surpris en réalité, sentis que mes lèvres s’étiraient légèrement. Elle avait compris, et un poids s’apprêta à quitter mes épaules d’un instant à l’autre.


-Tu penses à un sort ou ?... Elle comprit tout de suite : Non, une potion, tu as raison. C’était bien sûr le plus évident – lorsqu’on me connaissait. J’avais bien plus de qualités dans ce domaine, et pour une tâche si délicate, je préférais miser sur ce que je connaissais le mieux. J’étais confiant, presque à cent pour cent. J’avais le déroulement dans mon esprit ; il ne me restait plus qu’à le libérer, à le laisser éclore. On n’a pas de temps à perdre, dit alors Ruby en reposant sa tasse vide et en se levant, me surprenant par cette motivation si rapide. Je ne vais pas pouvoir me concentrer sur autre chose tant qu’on a pas réglé ça, et vu ta tête, je crois que toi non plus.

J’étais bien d’accord avec elle et après m’être assuré qu’elle ne faisait pas cela malgré elle, je la suivis sans plus attendre, réglai l’addition, et nous fûmes dehors. Le trajet me parut court, et déjà nous étions dans cet étrange état qui nous unissait quand nous travaillions ensemble, quand nous nous retrouvions si proches et liées dans cette activité que nous partagions tous les deux. Chez moi, mes étagères et mon plan de travail étaient prêts, prêts à être utilisés et prêts à nous seconder, et nous n’attendîmes pas plus longtemps. Je me lançai dans une liste de ce dont nous aurions besoin, de ce que j’avais déjà en ma possession (j’avais déjà quelques bases de potions qui pourraient nous épargner du temps), des différents ustensiles qu’il nous faudrait. Ruby était en train de lire et chercher des précisions dans le grimoire et, un peu anxieux, j’attendais qu’elle termine car je voulais lui faire part de mon idée, qui était un peu audacieuse mais combinait deux techniques légèrement différentes. Il ne faudrait pas se tromper, bien entendu, mais nous étions méthodiques. Après un regard au-dehors, comme si quelqu’un avait pu nous apercevoir alors que la fenêtre de mon salon donnait sur les toits de Pré-au-Lard, je baissai légèrement le store pour diminuer la luminosité qui tombait sur le plan de travail – certains de nos ingrédients étaient sensibles à la lumière.

- On va s’en sortir, dit-elle alors en interceptant mon regard. C’est dommage quand même… Tu ne pourras pas raconter aux Aurors comment je t’ai héroïquement sauvé deux fois de mauvais rendez-vous.

Surpris de ce changement d’ambiance, je me mis à rire avec elle tout en rependant à ces souvenirs qui me parurent loin… Si loin ! C’était le début, le tout début, je me souvenais de Pré-au-Lard dans la nuit, de notre relation naissante, et de cette désagréable situation qui avait dégénéré. Ruby avait été exemplaire, et je piquai un baiser dans son cou avant de me remettre à l’ouvrage. Elle avait terminé sa lecture dans les grandes lignes et, un peu nerveux comme si je présentais un exposé, mais passionné par ce que j’avais imaginé et désireux de lui faire partager, je me lançai alors :

- Je sais comment présenter les choses. D’ailleurs, il faut que je puisse remettre la main sur tous mes souvenirs, dis-je en pointant un doigt sur ma tempe. J’ouvris le grimoire et lui montrai la page en question. Il y a cette potion-là qui permet de faire ressurgir tous les souvenirs à partir du moment où tu sais par quel bout les prendre, et je pense qu’on peut même la corser un peu pour qu’elle soit efficace plus rapidement – dans cette recette-là, les souvenirs reviennent tous au complet au bout d’une semaine, or, j’ai besoin que ça aille vite. J’inspirai et continuai : Et ensuite, je tournai quelques pages, usées de toutes les fois où j’avais maniée le précieux ouvrage, il y a cette potion plus complexe qui te permet de trier tes souvenirs derrière des, hmm…. C’était très clair dans mon esprit, comme un schéma, et je voulais lui être le plus fidèle possible. Des caches, voilà, des boîtes, qui nécessitent une clef. Selon une des étapes de la confection, tu peux choisir de les cacher à tous, toi-même y compris, ou bien seulement aux autres… Même en cas de Veritaserum ou de Legilimancie… Je crois qu’il y a une question de durée, il faut que je vérifie ce détail… Mais voilà, c’est l’idée. Qu’est-ce que tu en penses ?

Je cherchai son regard, conscient que tout ce qui touchait aux souvenirs n’était pas anodin, pour elle comme pour moi, mais j’étais trop dans mon enthousiasme pour m’y attarder pour l’instant ; je voulais commencer maintenant et mettre toutes les étapes en route, espérant que Ruby valide tout ce que j’avais présenté. Le risque évoqué chez Mme Pieddoddu me paraissait loin à présent, et j’étais heureux de sentir cette énergie électrique le long de mes bras et de mes doigts.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: Monster lead me home | Ruby   Monster lead me home | Ruby Icon_minitimeVen 13 Mai - 15:29

A chaque fois que je me penchais au-dessus du plan du travail d’Ewan, j’avais l’impression de sentir à nouveau les volutes du Felix Felicis, et en même temps, tous les souvenirs de ce soir-là remontaient à la surface. Comment aurais-je pu oublier la façon dont Ewan s’était penché pour déposer un baiser sur ma joue, pour me souhaiter mon anniversaire, et la façon dont mon corps avait raté un battement ? Ça avait été la fin et le début. C’était étrange parfois, de me dire qu’un jour, Ewan changerait d’appartement, et que le nouveau locataire ne connaitrait rien de l’histoire qui s’était déroulée et tissée entre ses murs. Ce n’était pas chez moi, pas vraiment, et pourtant à l’idée d’un jour ne plus pouvoir ouvrir la vieille porte en bois, m’asseoir sur le canapé moelleux, ou admirer Pré-au-Lard depuis la fenêtre, j’avais le cœur qui se serrait terriblement. Pourquoi m’inquiétais-je, alors qu’Ewan n’avait aucun projet de quitter ici ! Mais je savais très bien mes raisons, au fond. Je ne voulais pas partir de Poudlard, et en réalisant à quel point j’étais attachée à l’espace physique qu’était le château, je commençais à voir chaque lieu qui m’avait construit dans un prisme différent, presque mélancolique, parce que j’avais consciente qu’ils ne m’appartiendraient jamais. Pire encore, je sentais de plus en plus que les souvenirs qui y habitaient me filaient entre les doigts, que tous ce qu’ils représentaient aussi s’envolaient petit à petit. Je m’y accrochais, comme je m’accrochais au reste, mais il me semblait que j’avais une poterie entre les mains ; plus je la serrais entre mes doigts, plus elle se craquelait. Mais j’étais incapable de lâcher.

Pourtant, Ewan et moi venions d’éclater de rire, et pendant quelques instants, tout avait disparu. Comment était-ce possible ? Il ne me fallait que quelques secondes pour que le poids s’ôte de mes épaules, je n’avais même pas besoin de me forcer… Quand j’essayais, quand je me forçais, il semblait que je ne faisais que l’alourdir, et c’était dans les moments les plus simples, où je laissais retomber mes barrières, que je sentais enfin mon estomac se dénouer. La minute suivante, bien sûr, je retrouvais l’état d’épuisement et d’angoisse qui m’habitait depuis des semaines, comme une seconde peau. Je me tournai vers Ewan, dont le regard brillait, et je savais qu’il s’apprêtait à m’exposer sa théorie. J’eus un sourire en coin, malgré moi. J’aimais la façon dont ses pupilles rétrécissaient légèrement lorsqu’il était concentré, comme si le bleu de ses iris était un océan dont les vagues enflaient, le froncement de ses sourcils qui accentuait les deux creux de son front, mais son sourire fin, presque mutin, qui témoignait de sa confiance en lui. J’avais toujours admiré ce charisme qu’il avait, parce qu’il était tellement pur et sincère qu’il m’étonnait au milieu des paraitres adolescents de Poudlard que j’avais l’habitude de côtoyer et d’être, mais aussi l’hypocrisie de la famille Campbell. Ewan ne mentait pas lorsqu’il relevait son menton et redressait son dos, il ne cachait rien, ne jouait pas ; il était, simplement. Je me demandais comment il avait pu se défaire à ce point des mauvaises habitudes familiales… Quand je le voyais en soirée, discutant avec des gens, et que j’observai, j’avais l’impression de retomber amoureuse encore et encore, inlassablement. Amoureuse de ce charisme doux et ferme… Je savais que c’était ironique, mais Ewan me faisait penser à une rivière ; la façon qu’il avait de continuer son cours, inlassablement, la pureté et la force de l’eau, et l’impossibilité de la saisir complètement.

Mon regard plongé dans celui d’Ewan, j’y retrouvais ces eaux pures, à nouveau.


- Je sais comment présenter les choses. D’ailleurs, il faut que je puisse remettre la main sur tous mes souvenirs. Il y a cette potion-là qui permet de faire ressurgir tous les souvenirs à partir du moment où tu sais par quel bout les prendre, et je pense qu’on peut même la corser un peu pour qu’elle soit efficace plus rapidement – dans cette recette-là, les souvenirs reviennent tous au complet au bout d’une semaine, or, j’ai besoin que ça aille vite. Et ensuite, il y a cette potion plus complexe qui te permet de trier tes souvenirs derrière des, hmm… Des caches, voilà, des boîtes, qui nécessitent une clef. Selon une des étapes de la confection, tu peux choisir de les cacher à tous, toi-même y compris, ou bien seulement aux autres… Même en cas de Veritaserum ou de Legilimancie… Je crois qu’il y a une question de durée, il faut que je vérifie ce détail… Mais voilà, c’est l’idée. Qu’est-ce que tu en penses ?

J’écoutais attentivement, jetant un coup d’œil aux pages dont il me parlait et réfléchissant en même temps, mon cerveau enregistrant le plus d’informations possibles. Ce n’était plus des potions de salle de classe, le niveau était haut, aussi haut que les enjeux. Si j’avais eu en face de moi toute autre personne qu’Ewan, j’aurais probablement eu peur devant un tel travail et le risque qu’il comportait. Non seulement nous pouvions altérer pour toujours les souvenirs d’Ewan, mais nous pouvions aussi mal les cacher, et… L’idée d’Ewan questionné par les Aurors, jugé, enfermé, tout cela me donnait la nausée. Je ne voulais même pas y penser. Je préférais éviter la crise d’angoisse.

- Je vois que tu y as bien réfléchi, dis-je avec un petit sourire admiratif. Je m’inquiète juste des effets secondaires si tu prends les deux potions dans le même intervalle, surtout si tu doses plus la première, ce n’est pas des potions anodines, il faudrait se pencher sur cet aspect-là, continuai-je, soucieuse. Même une fois finies prises, les potions pouvaient s’influencer l’une l’autre, un peu de la même façon que deux sortilèges reçus en même temps pouvaient réagir l’un à l’autre. Je relus les deux pages d’ingrédients, perdue dans mes pensées. D’un coup de baguette, je fis voler des parchemins jusqu’à nous, et d’un nouveau sortilège, je copiai les deux instructions sur des parchemins que je collai ensuite au mur, au-dessus du plan de travail, côte à côte. C’est pour nous éviter d’aller d’une potion à l’autre, sans cesse, et puis ça nous donne une meilleure vue d’ensemble, tu ne trouves pas ? Demandai-je à Ewan qui m’avait regardé faire sans rien dire.

Ses yeux brillaient toujours, de cet éclat insaisissable. Ewan connaissait les enjeux, et pourtant, il était étrangement calme, impatient presque, prêt à se lancer et à faire ses preuves. Sa force de caractère était contagieuse, et je me sentis gagnée par la confiance qu’il m’inspirait. Je lui souris de tout mon être, sentant que mes yeux se plissaient légèrement, et brillaient tout autant que les siens.


- Bon, voyons les ingrédients manquants, dis-je en me penchant sur les parchemins. Sur un autre, je me mis à établir une liste, tandis qu’Ewan recherchait dans son matériel ce qui nous manquait et me le dictait. Je ne veux pas être parano, mais je pense qu’il veut mieux que j’aille les acheter. On ne sait jamais… Je vais aller sur le chemin de traverse, pensai-je à voix haute. Ewan me lança un regard en coin. Il savait que je détestais transplaner, surtout toute seule, mais je secouai légèrement la tête, pour balayer la question qui planait.

L’instant d’après, j’étais dans les rues bondés de chemin, serrant la liste dans mes mains. Il y avait une énergie particulière ici, emplie de curiosité, car toutes les vitrines donnaient envie d’y jeter un coup d’œil, et cela se ressentait dans la foule qui s’y pressait. Une fois le malaise du transplanage passé, j’étais à nouveau concentrée, et je me hâtai chez l’apothicaire dont l’atmosphère familière me rassura. Je me faufilai dans les rayons, récupérant tout ce qu’il me fallait, vérifiant toujours la qualité des produits, pour m’assurer que tout était en ordre. Il ne fallut qu’un instant pour revenir à Pré-au-Lard, et à nouveau en présence d’Ewan, le malaise du transplanage s’envola. Je posai les ingrédients sur le plan de travail, où Ewan s’agitait déjà, préparant chaudrons et ustensiles. Il avait déjà commencé à peser quelques ingrédients.


- Tu as regardé la durée, alors ? Demandai-je. Je jetai un coup d’œil aux instructions, sur lequel il avait rajouté quelque chose à l’encre. Il faudra faire attention au dosage, tu pourrais finir par te cacher à toi-même des souvenirs, pour toujours !... Réfléchissais-je à haute voix, avant de me taire, sentant mes joues qui rougissaient. Je baissai les yeux, me concentrant sur les ingrédients. J’étais stupide. Je sentais que nous avions glissé, et qu’il n’était plus vraiment question du trafic, des Aurors… La question me brûlait les lèvres : Ewan l’aurait-il fait ? Aurait-il oublié Jamie ? Le suicide de son père ? S’il le souhaitait, l’aurais-je encouragé, aidé ? Et… Et moi, l’aurais-je fait, pour mes propres souvenirs ? Je relevai mon regard vers celui d’Ewan, dont l’éclat s’était légèrement assombri, et mes épaules s’affaissèrent légèrement, la tristesse envahissant mes veines doucement.
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MessageSujet: Re: Monster lead me home | Ruby   Monster lead me home | Ruby Icon_minitimeVen 25 Nov - 17:21

Lorsque j’avais imaginé ce que serait, plus tard, ma vie et plus particulièrement ma vie amoureuse, jamais je n’avais pu me figurer une telle entente et une telle complicité sur tant de sujets intimement ficelés à moi. Il n’y avait qu’à, une seconde, prendre du recul sur la situation – et malgré toute mon inquiétude que je m’efforçais de tempérer – pour voir combien, avec Ruby, nous étions liés dans ces moments-là, combien nous nous comprenions même dans ce qui touchait à notre vie professionnelle. Je n’aurais jamais pu espérer autant de similitudes avec une personne, d’autant plus quand j’allais partager ma vie avec elle, d’autant plus quand il y avait tant de sujets sur lesquels nous étions en phase, d’une manière si naturelle que c’en était presque troublant. J’étais si touché de son soutien immédiat, qui plus est, alors que je lui annonçais cette nouvelle qui me trottait désagréablement dans la tête ; et je savais pertinemment qu’avec son aide j’allais être encore plus efficace et encore plus au point, ce qui m’ôtait déjà un poids des épaules. J’étais désolé de lui infliger un nouveau problème, en un sens, mais si je pouvais tirer une leçon de tous les évènements récents et de la solitude fatale de mon père, c’était bien qu’il fallait compter sur les autres et accepter de leur demander de l’aide quand cela était nécessaire. Déjà les choses s’imbriquaient les unes dans les autres, dans mon esprit : ce qu’il fallait, ce à quoi il fallait penser, ce que j’avais en ma possession, les ouvrages qui seraient le plus pertinents, etc. La magie complexe m’était assez familière pour que je n’ai pas peur de la tenter mais justement trop familière pour ne pas être méfiant : elle était plus sinueuse et plus complexe au fur et à mesure qu’on avançait, et une seconde d’inattention pouvait faire basculer toute une potion ou un sortilège. L’art des potions était rigoureux et je l’aimais pour cela, mais par la même occasion, il ne faisait jamais de cadeaux.

- Je vois que tu y as bien réfléchi. Je m’inquiète juste des effets secondaires si tu prends les deux potions dans le même intervalle, surtout si tu doses plus la première, ce n’est pas des potions anodines, il faudrait se pencher sur cet aspect-là. Elle avait raison, évidemment ; j’acquiesçai et me plongeai dans des lectures de surface pour étudier le problème dans son ensemble. L’idée n’était pas non plus que j’efface tout ce qui se trouvait dans ma mémoire – loin de là. Ruby fit alors voler les instructions quelle afficha côte à côte au-dessus du plan de travail, et cela me fit sourire : je reconnaissais bien là son sens de l’organisation. C’est pour nous éviter d’aller d’une potion à l’autre, sans cesse, et puis ça nous donne une meilleure vue d’ensemble, tu ne trouves pas ?

Je fis oui de la tête de nouveau et gardai captif un instant son regard argenté, qui brillait de cette lueur particulière quand elle était toute entière consacrée à quelque chose, tandis que ses lèvres se plissaient un peu. Je savais qu’elle songeait à son avenir et à la fin de sa septième année et ce qui en suivrait, et que cela l’inquiétait beaucoup, en ce moment. J’avais beau essayer de la rassurer tout en discutant avec elle et en combinant nos expériences, rien n’enlevait malheureusement sa peur de l’incertitude, malheureusement. En cet instant, à la voir ainsi consacrée à ce projet compliqué qui venait de lui tomber entre les mains, j’aurais aimé qu’elle comprenne comme moi le potentiel qu’elle possédait et ses qualités d’analyse et de réflexion indéniables qui la mèneraient, j’en étais certain, vers une carrières des plus réussies. Je n’avais jamais cessé de croire en elle.

Quand elle proposa de se rendre elle-même faire les achats, je ne pus que la remercier, car elle avait raison : il nous fallait être sur nos gardes. Elle partit avec la liste avant que je puisse insister pour au moins transplaner avec elle. Alors, j’entrepris de faire voler tous les ustensiles et les flacons devant moi et de les ranger un à un sur le plan de travail tandis que le feu sous mon chaudron s’allumait et qu’il bouillonnait déjà faiblement, rempli des ingrédients de base qui avaient besoin de chauffer assez longtemps pour être efficaces.

Non loin de moi, il y avait quelques cadres accrochés au mur et je ne sais pourquoi mon regard accrocha celui de Matthew, dont le bras entourait l’épaule de Bonnie. Ils se trouvaient devant leur cottage et regardaient l’objectif en riant. Je m’interrompis un instant et me passai machinalement la main dans les cheveux. Qu’aurait dit Matthew ? J’avais l’impression que derrière le sourire de mon oncle, sur le papier glacé, il y avait soudain des reproches non dites, comme s’il se trouvait dans cette pièce depuis le début. Je n’avais pas évoqué la fameuse lettre à mon oncle et ma tante, bien entendu. Ces problèmes là étaient les miens. Et puis… Je n’étais pas spécialement fier, et pas assez dans le besoin pour leur demander de l’aide. Je pouvais me sortir de ce faux-pas, ce n’était qu’une question d’application… Il y avait bien longtemps, maintenant, que j’avais arrêté de toucher de près ou de loin au marché noir. J’avais juste besoin de clore ce chapitre une bonne fois pour toutes. Mais le sentiment était désagréable : si j’échouais, la première pensée qui me venait à l’esprit était de me dire que j’allais décevoir Bonnie et Matthew, ce que je ne pouvais même pas envisager. Quelque part, ç’aurait été ressembler à mon père, et cette simple idée me faisait horreur.

Je me remis alors à mon étude, agitant râpe et hachoir dans les airs pour s’occuper des premiers ingrédients, tandis que les pages de mon livre se tournaient toutes seule au fur et à mesure que je lisais. J’étais sûr de moi : cette approche était infaillible, outre la conception difficile. J’installai un deuxième chaudron, en cuivre et plus petit. Les méandres de la mémoire nécessitaient une approche douce et construite, ce qui était clairement dans mes cordes. Je commençai à faire quelques annotations sur les parchemins, tandis que je triai les premiers ingrédients que nous allions devoir utiliser. Ruby revint alors les bras chargés, et installa le reste sur la table. Je l’embrassai au passage sur la tempe, tout en passant doucement ma main autour de sa taille.

Je fis voler une théière bien chaude près de nous (je savais qu’elle aimait bien en boire après avoir transplané, car elle se sentait toujours un peu fébrile) et nous nous remîmes à l’ouvrage.


- Tu as regardé la durée, alors ? Il faudra faire attention au dosage, tu pourrais finir par te cacher à toi-même des souvenirs, pour toujours !...

- Oui, c’est une question de dosage des racines de gingembre macérées dans la bile de Tatou… C’est une chance que j’en ai de si bonne qualité, en plus, ça va nous permettre de prévoir quasiment jour pour jour la durée voulue !

Elle se mit au travail à mes côtés, effectuant elle aussi des sortilèges dans les airs tout en suivant les instructions du parchemin. Du coin de l’œil, je suivis ses gestes : j’aimais beaucoup sa magie, toujours très aérienne et fluide, sûrement amplifiée par la longueur et la finesse de sa baguette. Si elle était encore un peu académique, ce qui était normal pour une sorcière de son âge, je m’était déjà fait la réflexion que Ruby faisait une magie particulièrement élégante pour quelqu’un qui n’avait pas grandi dans le monde sorcier.

- Et oui, c’est bien tout le problème… Même si ça a quelque chose de tentant, plaisantai-je malgré moi.

Me replongeant dans ma pesée de poudre de scarabée, je ne me rendis pas compte tout de suite de ce que la portée de ce que j’avais dit, et quelques secondes après je croisai le regard passablement inquiet de Ruby et me repris :


- Enfin, non, bien sûr… Je n’ai pas envie de ça, tu le sais bien. Il y avait tant de chose que je voulais oublier : ce n’était pas un mensonge. Tant de choses désagréables et amères qui peuplaient mes idées noires… Mais je ne pouvais pas revenir dessus, malgré tout. Je le savais. Je ne le ferai pas… Après tout, ça fait partie de moi. Je lui jetai un regard, arrêtant ce que j’étais en train de faire. Tu crois que tu l'envisagerais ?...

Un peu confusément, j’avais l’impression qu’effacer tout le mauvais de mon esprit entraînerait forcément aussi la disparition de tout le bien qui avait croisé mon chemin.
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