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We're not broken, just bent | Ruby

 
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 We're not broken, just bent | Ruby

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Ewan Campbell


Ewan Campbell
Vendeur chez l'Apothicaire



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Particularités: J'ai un énorme bagage à main (et ma copine a des gros boobs).
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MessageSujet: We're not broken, just bent | Ruby   We're not broken, just bent | Ruby Icon_minitimeSam 11 Jan - 18:35




Just give me a reason
Just a little bit's enough
Just a second we're not broken just bent
And we can learn to love again
It's in the stars
It's been written in the scars on our hearts
We're not broken just bent
And we can learn to love again




Le temps pouvait être bien douloureux, malgré les différentes formes qu'il pouvait prendre. J'avais l'impression qu'il s'était écoulé des mois depuis que j'avais décidé de ne pas franchir les barrières à l'aéroport, de ne pas partir ; que ce choix était bien loin derrière moi maintenant puisque j'avais définitivement renoncé à cette idée de vivre plus pour mes parents que pour moi. C'était comme si j'avais enfin accompli ce que je devais accomplir, mais que quelque chose me coupait dans mon élan en même temps, un quelque chose que je n'avais aucune peine à définir : la honte, la culpabilité, la colère, toutes dirigées sur moi. Si seulement j'avais ouvert les yeux un peu plus tôt, Ruby n'aurait pas été le dommage collatéral de mon manque d'affirmation, et nous n'en aurions pas souffert tous les deux aujourd'hui... Mais cela ne servait à rien à présent, n'est-ce pas ? Je pouvais me lamenter chaque seconde qui passait, à quoi bon ? Le mal était fait, et si j'avais l'impression qu'il m'engluait malgré moi dans le passé, je n'avais qu'un but, qu'un seul : me racheter, tout mettre en oeuvre pour que Ruby accepte mes excuses et pour que tout cela ne pèse plus entre nous. Car si nous nous étions revus, évidemment, après l'épisode de l'aéroport, notre relation n'était plus la même et me rappelait insidieusement que je pouvais entièrement me blâmer pour tout ce qui était en train de se passer. L'air semblait lourd, comme s'il cherchait à nous étouffer tous les deux, et nos gestes étaient plus timides, plus mesurés, plus distants aussi. Je n'osais pas, et Ruby était plus renfermée, bien qu'elle faisait tous les efforts du monde pour être enthousiaste, tout comme moi. Mais même si nous étions heureux de nous retrouver, je sentais un monde entre nous alors qu'il n'y avait jamais rien eu de tel, je sentais comme une chape de plomb qui m'écrasait le coeur et les poumons et qui m'interdisait tout geste envers elle. Moi qui lui avais cédé parce que j'avais ressenti le besoin vital de la protéger et de la rendre heureuse, ne venais-je pas justement de provoquer tout le contraire ?

Il ne servait à rien de me noyer dans mes idées noires, de me répéter tout cela et de ne pas arriver à m'en sortir quand je me retrouvais tout seul chez moi, à la fois près et bien trop loin de la haute silhouette de Poudlard que j'apercevais par la fenêtre de mon appartement. Je l'avais récupéré sans problème puisque mon bail n'était pas terminé, quand à mon poste chez l'Apothicaire, il apparaissait clairement que mon patron, et même Joseph, n'avait pas cru une seconde au fait que je quitte ainsi Pré-au-Lard, puisque ma place était restée intacte. La vie avait repris son cours comme si de rien n'était or c'était tout le contraire... Et je me sentais sans cesse tiraillé entre cette envie d'aller, enfin, de l'avant, et mon erreur monumentale qui me tirait à chaque instant vers le bas et m'étouffait. Je m'en voulais terriblement, et à partir de là, je n'étais plus capable de rien.

Si bien que, puisque Matthew et Bonnie avaient insisté pour que je vienne les voir rapidement, j'avais saisi l'occasion. J'avais proposé à Ruby qui avait accepté, et nous avions convenu d'aller passer un week-end chez mon oncle et ma tante. C'était une demande étrange en soi, pour nous qui marchions sur des oeufs depuis semaine - la seule fois où elle avait dormi chez moi, elle avait non seulement gardé son pull, mais je m'étais senti tellement mal et honteux que j'avais imposé une distance entre nous, n'osant pas ou très peu, la prendre dans mes bras. C'était la même chose lorsque nous nous embrassions, comme si nous avions fait un bond en arrière. La timidité était revenue, la gêne aussi, mais la peine s'était ajoutée, et j'avais l'impression que mon coeur se serrait encore plus quand elle m'embrassait, parce que je mourrais toujours autant des émotions que ses baisers me faisaient sentir, mais je ne me sentais pas méritant, pas une seconde. La culpabilité me cisaillait peu à peu de l'intérieur, et je n'avais aucune force : mes genoux n'allaient pas tarder à plier, à se poser en terre. Mais Ruby avait accepté l'invitation, et dès lors, j'y avais pensé toute la semaine, comme une idée fixe. J'avais tout préparé, tout planifié, et j'avais été, pris d'une inspiration, sur le Chemin de Traverse, à la recherche d'un cadeau pour Ruby. Non pas que je cherchais à l'acheter, au contraire, mais j'avais tant de choses à lui dire, tant d'émotions à lui transmettre que mon coeur ne savait pas exprimer, que je les expiais comme je le pouvais. Je me rendis dans la bijouterie avec une idée précise, et après avoir parlementé avec la vendeuse, elle alla me chercher dans l'arrière-boutique plusieurs bijoux susceptibles de m'intéresser. Je choisis sans hésiter, payai et rentrai chez moi - il restait trois jours avant ce week-end et je me sentais à la fois pressé et effrayé, les secondes passaient avec lenteur, et je n'avais rien à faire, si ce n'est réinstaller les meubles et les objets dans mon appartement. Je me sentais triste, vide, sans aucun droit pour autant de l'être et de l'exprimer. On récolte ce que l'on sème, après tout...

Quand je retrouvai Ruby dans la rue, avec sa valise, pour que nous transplanâmes, mon coeur eut une contracture douloureuse : elle souriait avec douceur, et ses yeux brillaient avec la fragilité d'une flamme de bougie qui vacille. Je la serrai contre moi et l'embrassai, mais cela ne changea rien, et quand elle me regarda, que je me laissai bercer par la douceur tranquille de son visage, la courbe de ses lèvres, le dessin de ses pommettes et le petit grain de beauté qui y siégeait, je me sentis envahi d'une infinie tristesse - avions-nous une chance, au moins ?

Bonnie et Matthew nous accueillirent avec leur gentillesse et leur chaleur habituelles, et ils me mirent du baume a coeur - la distillerie, leur maison, les cottages, tout cela était tellement lié aux moments les plus heureux de ma vie, de mon enfance, que c'était comme une parenthèse de répit au fond de mon coeur. Je me mis à sourire d'avantage, à parler aussi, tout heureux que j'étais de les voir, et de leur présenter Ruby. Ils lui réservèrent évidemment le meilleur des accueil et après nous avoir offert le thé et nous avoir posé beaucoup de questions, sans toutefois être insistants, je proposai à Ruby de lui faire la visite du domaine. Je lui montrai la distillerie seulement de l'extérieur, puis l'emmenai sur le petit chemin qui longeait la côte et se dirigeait vers les cottages, en bordure de la falaise qui surplombait l'océan : la soir qui tombait donnait au paysage un aspect féérique et un peu triste, aussi, comme si l'espoir faiblissait en même temps que la lumière du jour. Mais les vagues qui léchaient doucement les rochers, en dessous de nous, le bruit régulier du ressac, les petits chaumières blanches au toit de chaume, tout cela était si joli et agréable que je parvenais à ne pas sombrer. L'une des petits maisons avait sa cheminée qui fumait : je savais qu'ils l'avaient préparé pour nous, et nous y avait installé un feu, pour que nous y soyons bien au chaud. Je fis ensuite visiter la maison de Bonnie et Matthew, en lui racontant parfois des anecdotes de quand j'étais enfant pour la faire rire - il me semblait que les seuls instants de grâce que la vie m'accordait étaient lorsque que Ruby riait, parce qu'à ce moment là ses lèvres s'étiraient et égayaient tout son visage, et que le son de son rire était à la fois si enfantin et vrai qu'il me donnait des ailes -, en lui racontant nos bêtises et nos parties de cache-cache avec Jamie. Puis nous descendîmes dîner, sur la grande table du salon, en face de laquelle ronflait un immense feu dans la cheminée. Le repas fut agréable, et j'étais heureux que Ruby s'entendent aussi bien avec mon oncle et ma tante, tout comme je leur étais reconnaissant pour ne pas aborder les sujets trop délicats - ils savaient que Ruby et moi avions besoin de nous retrouver, et je les avais prévenus qu'elle ne buvait pas, pour qu'ils ne lui offrent pas d'alcool. Il y eut un moment étrange, quand Ruby passa un plat à Bonnie et que la manche de son pull glissa et me laissa entrapercevoir quelque chose sur son avant-bras, que je n'identifiais pas - un instant je doutais, songeant au fait qu'elle ne portait plus que des manches longues, même si j'avais compris que c'était aussi pour m'imposer une certaine distance. Puis nous continuâmes la discussion, et une fois le dîner terminé, je rejoignis Matthew pour fumer la pipe avec lui comme nous en avions l'habitude, laissons Ruby aux bons soins de Bonnie qui était déjà en train de lui raconter je ne sais quoi en souriant et en l'invitant à s'assoir à côté d'elle au coin du feu.


- Ruby est vraiment charmante, commença Matthew en me regardant droit dans les yeux avec ce petit sourire qu'il avait quand il prenait son rôle de père de substitution, une fois que nous fûmes assez loin pour qu'elles ne nous entendent pas. J'acquiesçai avec un sourire fier que je ne retins pas, et attendis la suite. Mais ce n'est pas revenu comme avant entre vous, n'est-ce pas ?

- Non, pas encore, avouai-je sans rester fier bien longtemps - surtout devant le regard franc et toujours très impressionnant de mon oncle. Mais ça va revenir...

- Bien sûr, et vous vous aimez, ça se voit, mais mon garçon, j'ai l'impression que tu baisses un peu trop les bras pour être clairvoyant.
Sa voix s'était faite plus ferme, et il avait posé sa main sur mon épaule. Pourquoi Matthew avait-il toujours eu les mots, les gestes que j'avais attendu de mon père ? A la fois je le déplorais, mais à la fois je ressentais tant d'affection et de gratitude pour mon oncle que je m'estimais heureux de l'avoir dans ma vie. Tu l'aimes vraiment, n'est-ce pas ? Alors tu ne devrais pas te soucier du reste, parce que je crois que dans ta vie tu rencontreras peu de personnes capables de te rendre aussi heureux que tu l'as été avec elle. Tu me vois avec quelqu'un d'autre que ta tante ? Je souris et fis non de la tête, toujours admiratif de leur couple si aimant et solide. Je pense que Ruby vaut vraiment la peine que tu te battes pour elle, et je ne voudrais pas que tu rates cette chance.

Je baissai les yeux et acquiesçais - il avait raison sur tout la ligne et je le savais, mais c'était une tâche qui me paraissait si complexe et si ardue que je n'étais sûr de rien. Nous finîmes de fumer en parlant de choses plus légère, et je ne pus m'empêcher de repenser à toutes ces fois où Bonnie et Matthew avaient été là pour moi, bien plus que mes parents, et à combien je leur devais... Pas une seule fois ils avaient été contre moi, pas une seule fois ils m'avaient reproché mon chagrin pour Jamie quand mes parents me faisaient sentir qu'il n'était pas le bienvenu. Je me rappelais très précisément d'une réunion de famille, quelques années auparavant, où nous avions beaucoup de monde à loger à la maison, et que ma mère m'avait demandé de libérer la chambre que j'occupais pour une nuit, et de dormir dans mon ancienne chambre, où il n'y avait qu'un lit simple - le mien, car on avait transformé celui de Jamie en canapé. Elle savait pertinemment que je ne voulais plus dormir dans cette chambre, et que nous aurions pu faire autrement, mais je n'avais rien dit et j'avais obéi, estimant qu'une nuit n'était pas le bout du monde. Mais je n'avais pas pu - j'avais essayé, mais dès l'instant je m'étais couché et que j'avais retrouvé tous mes repères d'avant, et le vide effroyable à la place du lit de Jamie, j'avais eu l'impression que quelqu'un m'étouffait ; je m'étais levé, j'avais essayé de me calmer, de ne pas pleurer. Mais j'avais su que je n'étais pas le plus fort, et j'avais renoncé, attrapant ma couette, j'étais allé dormir sur le canapé, dans le salon. Au matin, je serais remonté, et personne ne se serait aperçu de rien. Manque de chance, il avait fallu que mon père redescende chercher quelque chose et je m'étais figé sur le canapé, les yeux perdus dans les flammes qui mouraient dans la cheminée - je ne voulais pas qu'il me voit et cela avait failli, mais au moment de remonter, il s'était arrêté, et m'avait vu. Après une seconde, il m'avait demandé ce que je faisais là, et j'avais simplement répondu "je ne peux pas dormir en haut". Le silence qui avait suivi avait été le plus douloureux que je n'avais jamais connu - dans ma tête, je le suppliais de dire un mot, de faire un geste vers moi, de me comprendre. Mais il n'avait rien ajouté, s'était détourné mollement et m'avait souhaité bonne nuit. Je n'avais pas répondu. Le lendemain, quand Bonnie m'avait dit bonjour, elle m'avait serré contre elle comme parfois, et j'avais vu dans son regard qu'elle s'était inquiétée pour moi, qu'elle avait compris, bien plus que ma propre mère l'avait fait.

Aujourd'hui, c'était vers eux, sans hésiter, que je me tournais si j'avais un problème - mes parents n'avaient plus ce rôle là depuis bien longtemps, et mon père l'avait prouvé encore une fois en m'envoyant une lettre froide et qui me laissait sentir sa déception quand je lui avais annoncé que je ne venais plus en Australie. Je ne l'avais même pas dit à Ruby, tant j'avais honte du père qu'il était.

Après cela, et après avoir souhaité la bonne nuit à Bonnie et Matthew, nous allâmes nous installer dans le petit cottage. Il était confortable, douillet, chaleureux - je dormais toujours ici quand je venais les voir - et je le fis rapidement visiter à Ruby, avant de la faire s'assoir à côté de moi, sur le canapé.


- J'ai quelque chose pour toi - et ne dis rien, c'est comme ça, la coupai-je avec un sourire, parce que je savais qu'elle allait protester. Ce n'est pas pour me racheter ou quoi que ce soit, c'est... J'avais juste envie de t'offrir quelque chose, et ça me fait plaisir. D'accord ?

Je lui tendis le petit paquet et attendis sagement qu'elle l'ouvre. Il contenait un collier, une petite chaîne très fine et brillante, au bout de laquelle était accrochée une pierre de lune, un minuscule petit fragment qui brillait avec une intensité magique, mais très délicat.

- C'est une pierre de lune, lui expliquai-je, et je pris délicatement la chaîne pour lui accrocher, avant de la regarder et de lui sourire à nouveau. J'aurais aimé lui dire que c'était une pierre aussi rare, aussi belle et aussi délicate qu'elle, mais les mots se bloquaient dans ma gorge. Je me laissai alors faire : elle m'embrassait pour me remercier, et je fermai les yeux.

Sa main se faisait tout d'un coup plus pressante dans ma nuque, plus que tous les baisers que nous avions échangé. Je sentis mon coeur s'affoler et l'embrassai de plus belle, sentant mon souffle se faire plus rare. J'attrapai ses mains, puis je voulus glisser ma main dans son dos mais je me retins - mais le bout de mes doigts me démangeait et je voulais la serrer tout contre moi et sur ses mains, les miennes glissèrent sous les manches de son pull, dans l'espoir de toucher sa peau, de sentir sa chaleur se propager à la mienne. Mais dès que j'appuyai sur on poignet, je sentis Ruby se raidir, et notre baiser mourut alors que j'ouvrais les yeux, un peu inquiet.

- Pardon, commençai-je, avant de me demander ce que j'avais fait. Sa manche avait été rabattue sur son bras, et je vis clairement un grand pansement sur tout l'intérieur de son avant-bras. Incrédule, je plantai mon regard dans le sien. J'avais peur de comprendre, mais je compris en un quart de seconde. Qu'est-ce que... Pourquoi tu ne m'as rien dit ? chuchotai-je tout bas, mais il me semblait que mon coeur venait d'être pulvérisé d'une simple pichenette, et mes mains tremblaient très légèrement, toujours accrochées cependant à celles de Ruby.


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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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We're not broken, just bent | Ruby Empty
MessageSujet: Re: We're not broken, just bent | Ruby   We're not broken, just bent | Ruby Icon_minitimeMer 15 Jan - 22:24



"But you broke me
Now I can't feel anything

When I love you,
It's so untrue
I can't even convince myself
When I'm speaking,
It's the voice of someone else

Oh it tears me up
I try to hold on, but it hurts too much
I try to forgive, but it's not enough to make it all okay

You can't play on broken strings
You can't feel anything that your heart don't want to feel
I can't tell you something that ain't real

Oh the truth hurts
And lies worse

How can I give anymore
When I love you a little less than before."



Les jours défilaient doucement, tous peints d’une mélancolie étrange qui s’était infiltrée jusque dans mes veines et petit à petit, mon cœur. J’essayais de me raisonner, de voir les choses du bon côté. Ewan était revenu pour moi, et sa présence me rassurait toujours, peu importe les circonstances. Il m’avait prouvé qu’il voulait de nous, plus que tout, au point d’abandonner un avenir qu’il avait tracé depuis longtemps – mais la manière dont il me l’avait prouvé n’était pas celle que j’aurais imaginée. Mais ce qui comptait c’était le résultat n’est-ce pas ? Quand j’étais dans ses bras, je me sentais toute petite, mais j’étais en sécurité, tout contre son cœur qui ne battait que pour moi. Mais c’était comme si j’étais douloureusement retournée en arrière, et tous les efforts que j’avais fait avaient été démoli en quelques minutes. Je me sentais faible, ridiculement faible, et pourtant je n’arrivais pas à me débattre. J’étais cette Ruby dont je ne savais me sauver, celle qui avait peur et n’avait pas confiance. Mon séjour à l’infirmerie m’avait beaucoup affaibli physiquement, ne m’aidant absolument pas à me reprendre mentalement. Avec du recul, j’avais compris que j’avais frôlé quelque chose de bien plus grave qu’une simple peine, j’avais failli ne jamais me réveiller. Parfois, je me demandais, que ce serait-il passé si Scott ne m’avait pas trouvé ? Si personne ne m’avait trouvé ? La salle sur demande aurait pu rester fermée. J’aurais pu y rester. J’essayais de me rassurer, de me rappeler que si elle s’était ouverte, c’est que j’avais voulu de l’aide, que je n’avais pas vraiment voulu… Disparaître. Mais cette soirée revenait par flash dans mon esprit, les garçons, le whisky, le verre sur ma peau fine, Scott, le cauchemar, l’infirmerie, et j’avais beau vouloir avancer, ce que j’avais fait me tirait vers le fond.

Pourtant, ce week-end, il m’était interdit de me laisser aller. Ewan m’avait fait la proposition inattendue d’aller chez Matthew, son oncle, et Bonnie, sa tante, pour un week-end. Ils possédaient une distillerie – je m’étais un peu crispée – en Ecosse, des cottages au bord au bord de l’océan, et Ewan m’avait toujours décrit cet endroit comme merveilleux, et j’estimais beaucoup son oncle et sa tante sans même les avoir rencontrés. Je savais qu’ils étaient ceux qui s’étaient occupés d’Ewan après la mort de Jamie, et qu’ils avaient d’ailleurs même toujours été présents pour lui, ce qui me laissait entrevoir comment des parents devaient s’occuper de leurs enfants – les miens et ceux d’Ewan n’étaient, à leurs manières, pas des modèles. Mais forcément, j’étais inquiète : allais-je leur plaire ? Ils avaient l’air de réellement aimer Ewan et, par conséquence, de vouloir le meilleur pour lui. Mais je n’étais pas le meilleur, encore moins actuellement, et j’avais peur de faire mauvaise impression. Je l’avais déjà ressenti lorsqu’Hadrian m’avait présenté à ses parents, mais cette fois-ci, je crois que c’était bien différent. Je voulais être avec Ewan pour… Pour toujours, et j’avais peur de voir dans les yeux de Matthew et Bonnie que je n’étais pas à la hauteur pour ça.

Et je n’arrêtais pas de me demander… Est-ce qu’Ewan leur avait dit que je ne buvais pas ? Ce n’était pas que ça me gênait, au contraire, j’avais peur de me retrouver dans une position inconfortable. Depuis le coma, je ne supportais pas même l’idée de sentir de l’alcool, et je craignais de paraître impoli si Matthew me proposait de me faire visiter la distillerie – je n’avais pas oublié à quel point son whisky était bon, d’ailleurs. J’avais l’impression de plus en plus de vivre dans le secret, et ce n’était pas arrangé par le fait qu’Ewan ignorait totalement l’épisode de la salle sur demande. Je pense qu’au fond, il se doutait que j’avais dû faire une bêtise mais… Je crois qu’il était bien loin de la réalité. Mais je ne voulais pas qu’il la connaisse, justement, cette réalité. Je ne voulais pas qu’il reste avec moi par pitié, et par-dessus tout, je craignais qu’il comprenne le pouvoir qu’il avait sur moi et qu’il prenne peur. J’attendais donc patiemment que mes cicatrices partent, en espérant qu’Ewan ne les verrait jamais. Malheureusement, elles étaient nombreuses, profondes, et malgré les bandages de James, elles n’étaient pas encore parties – et il m’avait fait comprendre avec beaucoup de douceurs que celle que je m’étais infligée avec ma baguette risquait d’être permanente. J’espérais simplement qu’il ait tort, et en attentant, je ne quittais pas mon pull.

J’avais cependant fait un effort pour ce week-end, enfilant une jolie jupe et des bottes qui s’accordaient avec l’un de mes pulls favoris d’une jolie couleur grise – malheureusement, j’avais réalisé trop tard que les manches étaient un peu trop larges et glissaient parfois, laissant entrapercevoir les pansements de mes avant-bras. C’était un stress de plus que j’aurais voulu m’éviter, mais je ne pouvais pas faire demi-tour. Du reste, je m’étais faite aussi belle que je le pouvais, malgré mes cernes et mon teint un peu trop pâle : je m’étais joliment coiffée, avec une pince doré, je m’étais maquillée un peu mais pas trop, et je m’étais assurée que mes vêtements n’avaient pas de faux-plis. Lorsqu’Ewan arriva dans la ruelle où nous avions rendez-vous, malgré toutes mes craintes, je me sentis sourire sincèrement et je répondis avec douceur à son baiser, mon cœur s’agitant un peu. J’étais impatience de le retrouver pour un week-end, tout un week-end, où nous serions tranquilles. Et puis, tout au fond, terré derrière ma peur, j’avais hâte de rencontrer son oncle et sa tante qui avaient l’air si attentionnés et gentils.

Ewan ne m’avait pas menti, ils étaient réellement adorables. Je me sentis gênée d’être si bien accueillie, et je rougis un peu lorsque Bonnie me dit qu’elle était très heureuse de me rencontrer car Ewan parlait beaucoup de moi – mes doigts s’étaient un peu plus serrés dans les siens, comme pour le remercier. Nous prîmes le thé, et Matthew et Bonnie étaient très chaleureux, ils me mirent à l’aise très vite sans me brusquer, et je me surpris à rire plus facilement que je ne l’aurais cru. Ils s’intéressèrent beaucoup à moi, à ma plus grande surprise d’ailleurs, et je répondis à leurs questions avec un sourire timide, craignant toujours de les ennuyer. Matthew me demanda d’ailleurs si j’étais aussi douée en potions qu’Ewan le disait – ce qui valut à l’intéressé une petite tape sur l’épaule de ma part, comme pour lui dire « tu as encore raconté des bêtises ? » mais au fond, je fus touchée.

Ewan me fit également visiter la propriété, et j’eus l’impression que la chaleur et la douceur qui se dégageait du paysage me rassuraient en silence. C’était peut-être le bruit de l’océan au loin, ou celui des oiseaux, l’odeur de la végétation encore humide de la pluie du matin, ou les premières étoiles qui n’allaient pas tarder à apparaître… Je pris la main d’Ewan tandis que nous marchions, et je ne parlais pas trop, le laissant me raconter des anecdotes sur les lieux, le couvant du regard. Il me fit aussi visiter la maison de Bonnie et Matthew, et me fit rire en me parlant de ses bêtises d’enfance – il me parlait rarement de cette période de sa vie, à cause de Jamie sûrement, et j’adorais lorsqu’il se faisait. Je l’imaginais tout petit, tout innocent, courant dans les couloirs de cette grande bâtisse qui dégageait une aura réconfortante. Mais les problèmes n’étaient jamais enfouis très loin, et si durant le diner, j’étais détendue, il suffit d’une seconde pour que ma manche glisse et que je me crispe. Le repas reprit son cours normalement, je me contins, songeant que personne n’avait dû voir de toute façon. Après avoir desservi la table, Matthew et Ewan sortirent un instant pour fumer la pipe, et j’eus un petit sourire. Bonnie m’en adressa un également, et je me sentis un peu rassurée par sa présence maternelle.


- Vous voulez de l’aide pour la vaisselle ? Demandai-je, pleine de bonne volonté, avant que la réalité me revienne en pleine face : mes bras… Mes avant-bras. Je me raidis, désemparée, et extrêmement gênée. Je ne pouvais pas revenir sur ma proposition, mais je ne pouvais pas…
- Je ne suis pas sûre que tu puisses, Ruby, dit-elle d’une voix très douce, accordée avec son sourire bienveillant. Non seulement elle avait vu mon trouble, mais… Je repensai au repas, et me sentis blêmir.
- Je… Je suis désolée. Vous pensez qu’Ewan a vu ? Demandai-je malgré moi, inquiète. Cette fois-ci, Bonnie sembla réellement surprise.
- Tu ne lui as pas dit ? Ruby, les mensonges sont destructeurs, il finira par s’apercevoir, et il vaut mieux que tu lui expliques de toi-même, tu ne crois pas ? J’acquiesçais, gênée. Si tu as peur qu’il te quitte pour ça, rassure toi, je ne l’ai jamais vu aussi heureux qu’avec toi. Avant même qu’il nous parle de toi, j’ai vu la différence lorsqu’il est venu nous rendre visite, il rayonnait. Il tient beaucoup à toi, alors n’ai pas peur, acheva-t-elle avec un sourire.

Je souris aussi, toujours mal à l’aise, mais elle avait réussi à répandre une douce chaleur dans mon corps. Elle n’insista pas, et sortit d’une des bibliothèques un album photo, et elle m’invita à m’asseoir sur le canapé pour le regarder avec elle. Elle me raconta quelques anecdotes sur Ewan lorsqu’il était enfant, photo à l’appui, et pendant quelques minutes, tous mes soucis s’envolèrent, comme tenu à distance par la douceur de Bonnie. Lorsqu’Ewan revint avec son oncle, nous nous dîmes bonne nuit et j’adressai un franc sourire à sa tante, comme pour la remercier.

Le cottage était très mignon, enveloppé de la même ambiance rassurante que la maison, et Ewan me fit visiter avant de nous asseoir tous les deux sur le petit canapé. J’eus envie de me glisser dans ses bras, mais il eut un mouvement, une idée visiblement en tête.


- J'ai quelque chose pour toi - et ne dis rien, c'est comme ça. Ce n'est pas pour me racheter ou quoi que ce soit, c'est... J'avais juste envie de t'offrir quelque chose, et ça me fait plaisir. D'accord ?

J’avais froncé les sourcils, mais il ne m’avait pas laissé le temps de répliquer. Je pinçai les lèvres, mais pris doucement le paquet dans mes mains, lançant un regard interrogateur à Ewan. Puis, délicatement, j’ouvris mon cadeau, et je sentis ma poitrine se presser un peu malgré moi. C’était un collier magnifique, avec une chaîne fine et au bout, une pierre qui brillait d’un éclat à la fois beau et rassurant. Je levai les yeux vers Ewan, tout à coup un peu émue.

- C'est une pierre de lune, précisa-t-il alors qu’il me l’accrochait autour du cou, et mon cœur se contracta de plaisir.
- Merci Ewan, c’est… C’est magnifique, je ne sais pas quoi dire, dis-je timidement.

Alors, comme je n’arrivais pas à m’exprimer, je l’embrassai, avec tout l’amour qu’il m’inspirait. Je me souvenais de ce qu’avait dit Bonnie, et je me sentais plus forte. Les lèvres d’Ewan répondirent à ma passion, et je sentis que les battements de mon cœur se faisait plus irréguliers, car depuis deux semaines nous étions bien plus sur la retenue, alors qu’au fond, j’étais encore animée de cette envie étrange de le sentir contre moi, toujours et toujours.

Mais tout se passa très vite : ses mains qui glissèrent sous mon pull, mon cœur qui se cessa, la panique, mon mouvement brusque, la coupure brutale. C’était trop tard.


- Pardon. Qu'est-ce que... Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Le silence qui s’en suivit fût pesant, et j’avais baissé mes yeux vers nos mains qui se pressaient toujours ensemble. Les paroles de Bonnie me revinrent une nouvelle fois, et je me sentis stupide. Ewan l’aurait forcément vu, un jour ou l’autre. Et maintenant, que pouvais-je faire ? Je m’étais imprégnée dans mon mensonge, mais je savais que je ne pourrais pas le tenir bien longtemps. Je voulais qu’Ewan ait confiance en moi, je ne supportais plus de cacher des choses. Il l’avait fait, et ça m’avait trop blessé : comment pouvais-je à présent agir ainsi ? Je poussai un soupir résigné. J’avais l’impression d’être reparti à ce fameux soir où nous avions regardé les étoiles sur le toit, où nos baisers s’étaient emballés jusqu’à la découverte de mes cicatrices. J’étais bien revenu en arrière. Mais cette fois-ci, je n’avais plus envie de pleurer, simplement… Je lâchai les mains d’Ewan et passai les miennes sur mon visage, comme pour me réveiller.

- Parce que je ne voulais pas que tu culpabilises, ni que tu t’inquiètes, ni que tu restes avec moi par pitié, lâchai-je un peu mécaniquement. Je jetai un regard triste à Ewan, avant d’hausser les épaules. Ne me dis pas que tu ne t’en doutais pas de toute façon, je n’ai pas changé, je suis toujours faible.

Et maintenant ? Je devais tout lui dire n’est-ce pas ? Avec du recul, cela risquait d’être si ridicule. Mais Ewan y tiendrait, j’en étais sûre, je le connaissais par cœur. J’aurais simplement voulu pour ce week-end que tout soit parfait, et que les problèmes ne reviennent pas nous hanter.

- Après que tu m’ais dit que tu partais, j’ai transplané à Londres. J’ai acheté une bouteille dans le premier supermarché que j’ai trouvé, j’ai fini en boîte de nuit, à… Les images me revinrent, et je me sentis soudain extrêmement lasse. Je ne pleurais pas, étrange : c’était comme si je m’étais attendue, depuis deux semaines, à tout gâcher à nouveau. Danser, embrasser des inconnus, un en particulier qui m’a payé des verres et m’a ramené à Pré-au-Lard. Il voulait que j’aille chez lui, j’ai refusé, et je me suis mis à avoir l’alcool triste. J’ai atterris dans la salle sur demande, et j’ai encore bu. Beaucoup. Je me suis coupée avec le verre de la bouteille, puis j’ai essayé avec ma baguette, jusqu’à que Scott me trouve parce que j’appelais… J’appelais à l’aide, confessai-je après une hésitation. J’avais gardé les yeux baissés, mon visage dans mes mains, mes coudes appuyés sur mes genoux. J’étais tellement ivre que je lui ai parlé de mes parents, de toi, puis j’ai fini par m’évanouir. Enfin… J’ai fait coma éthylique. Je me suis réveillée à l’infirmerie des heures plus tard. Voilà, conclus-je platement. C’était comme un texte que j’avais récité, d’une voix monocorde et sans émotions. Je suis vraiment désolée, ça ne se reproduira plus, je ne veux pas que tu restes avec moi par peur que je recommence si tu me quittes. Finalement, je levai mes yeux vers ceux d’Ewan, osant les affronter. Je ne veux pas gâcher ce week-end, vraiment, je t’a…

Mais les mots se bloquèrent dans ma gorge. Il eut un horrible silence, et mes yeux s’étaient légèrement agrandis – ceux d’Ewan me renvoyèrent tant de peine que je baissai les miens, honteuse.

- Excuse-moi, murmurai-je.

Mais je n’y arrivais plus. Je le pensais toujours, mais ce « je t’aime » était resté bloqué dans ma gorge, tristement. Je n’avais plus assez confiance, je le savais, pour prononcer ces quelques mots.

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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: We're not broken, just bent | Ruby   We're not broken, just bent | Ruby Icon_minitimeLun 20 Jan - 15:44

Le silence m'écrasa et il m'apparut que je n'avais pas tort, pas du tout : il flottait entre nous tant de choses qu'elles étaient bien trop nombreuses pour nous laisser un peu d'espace, un peu d'air. Ce n'était pas nous le problème, c'était ce qui nous était arrivé, c'était mon choix qui avait failli se révéler catastrophique, c'était tout ce que j'avais brisé en manquant de l'abandonner. Son bras et le pansement en témoignaient pour elle, même si elle ne l'avait pas encore avoué. J'avais été celui sur qui elle s'était reposée, celui qui l'avait rassurée et l'avait un peu élevée - pour quoi, pour la faire rechuter de plus belle par la suite ? Pour lui démontrer que même les personnes animées des meilleures intentions pouvaient mentir et ne pas tenir leur promesse ? Pour lui laisser penser qu'elle ne valait pas le coup, qu'elle n'était même pas digne qu'on ne se pose pas la question de rester avec elle ? Plus je me le répétais et plus tout cela se serrait autour de moi comme un étau, plus je me sentais compressé dans cet état de culpabilité et d'impuissance, et le regard de Ruby se faisait de plus en plus difficile à supporter. J'avais honte, terriblement honte, même en serrant ses mains entre les miennes j'avais honte, et je n'étais même pas capable de trouver la force de la surmonter. Je savais pertinemment que rien ne servait de ressasser tout cela, mais comment faire, comment oublier le fait que si nous en étions là c'était uniquement de ma faute, et que je savais très bien ce qu'elle allait me dire, je savais que cette blessure qu'elle avait volontairement cachée était fatalement liée à ce que je lui avais fait subir ? Elle se passa les mains sur le visage, et je posai les miennes sur mes genoux, résigné. J'aurais voulu ne rien entendre, évidemment. Mais en aucun cas je n'avais le choix. Je sentis mon coeur se durcir, comme si tout mon corps se barricadait par avance face aux attaques qu'il allait subir.

- Parce que je ne voulais pas que tu culpabilises, ni que tu t’inquiètes, ni que tu restes avec moi par pitié. Ne me dis pas que tu ne t’en doutais pas de toute façon, je n’ai pas changé, je suis toujours faible.

J'eus un vague mouvement indéfinissable - oui, je m'en doutais, ce qui ne voulait pas dire qu'elle était faible pour autant, je ne l'avais jamais pensé ; mais s'aventurer sur ce point-là était dangereux : avait-elle déjà pensé que je l'abandonnerai comme je l'avais fait, du jour au lendemain ? Probablement pas. Dès lors, les certitudes n'avaient plus trop de raison d'être...

- Après que tu m’ais dit que tu partais, j’ai transplané à Londres. J’ai acheté une bouteille dans le premier supermarché que j’ai trouvé, j’ai fini en boîte de nuit, à… Je me raidis un peu plus, les yeux rivés sur mes mains un peu crispées. Danser, embrasser des inconnus, un en particulier qui m’a payé des verres et m’a ramené à Pré-au-Lard. Une certaine amertume monta dans ma bouche et contracta toute ma mâchoire - mais avais-je quelque chose à dire?... Pas vraiment, mis à part que je pouvais me blâmer pour tout cela. Pas elle. Il voulait que j’aille chez lui, j’ai refusé, et je me suis mis à avoir l’alcool triste. J’ai atterris dans la salle sur demande, et j’ai encore bu. Beaucoup. Je me suis coupée avec le verre de la bouteille, puis j’ai essayé avec ma baguette, jusqu’à que Scott me trouve parce que j’appelais… J’appelais à l’aide. Je finis par lever les yeux vers elle pour la découvrir dans une attitude étrangement similaire à la mienne, recroquevillée sur elle-même, crispée, un peu absente. Mon coeur se serra tant que je crus qu'il allait se fragmenter, comme du cristal qui explose. J’étais tellement ivre que je lui ai parlé de mes parents, de toi, puis j’ai fini par m’évanouir. Enfin… J’ai fait coma éthylique. Je me suis réveillée à l’infirmerie des heures plus tard. Voilà. Je suis vraiment désolée, ça ne se reproduira plus, je ne veux pas que tu restes avec moi par peur que je recommence si tu me quittes.

Ses derniers mots résonnèrent douloureusement dans mes oreilles. Si tu me quittes... Nous en étions là, à présent ? Cette hypothèse devenait une éventualité... Je me passai la main sur le visage, par réflexe. J'avais l'impression de me réveiller d'un cauchemar, et je voulais être certain que je m'étais bien réveillé. Mais pourtant je ne sentais pas ce petit fourmillement dans les paupières, je n'avais pas comme des nuages dans la tête qui signifiaient que oui, j'étais bien en train de me tirer du sommeil... Je n'avais rien rêvé, j'étais bel et bien éveillé. Je m'étais douté, quand je lui avais dit que notre histoire était terminée, qu'elle traverserait une mauvaise passe ; j'avais espéré qu'elle serait aller retrouver Lizlor. Je comprenais mieux ce qui m'avait valu une gifle à l'aéroport, et connaissant Lizlor, cela m'étonnait à présent qu'elle ne m'ait pas frappé d'avantage. Pour résumer, Ruby s'était infligée tant de mal qu'elle avait failli en mourir ? C'était encore pire que tout ce que j'avais pu imaginer. Je me sentais vide, las, comme glacé de l'intérieur.

- Je ne veux pas gâcher ce week-end, reprit Ruby, la voix toujours un peu distante. Vraiment, je t’a…

Mais comme elle s'était tue, je compris ce qu'elle avait voulu dire, et je compris qu'elle n'avait pas pu. Comme une décharge électrique, cela me sortit un peu de mon immobilité et je levai les yeux vers elle, croisant son regard. Ce que j'y lus me fit tant de peine que je sentis les larmes me monter aux yeux : Ruby savait très bien que j'avais compris, et elle ne se défendait pas de n'avoir pas terminé sa phrase. Elle n'y arrivait pas.

- Excuse-moi, finit-elle.

Je détournai le regard moi aussi, restant quelques instants silencieux. Luttant toujours conte les larmes qui noyaient mon coeur, je tentai de me raisonner : c'était moi le fautif, c'était elle qui en avais souffert, et je savais très bien que je n'avais pas le droit de me laisser aller, n'est-ce pas ? Je n'arrivais pas à supporter l'idée que d'autres garçons l'aient touché cette soirée-là, je n'arrivais pas à l'imaginer dans une boite de nuit, dans cet environnement que je n'associais pas à elle, et le simple fait de me dire que des hommes avaient posé les mains sur elle me brûlait les entrailles. Qui était celui qui l'avait presque ramenée chez lui ?! Je me sentais traversé d'une violence qui ne m'était pas familière. Mais la suite coupait court à toute tentative de rébellion de ma part : elle avait tellement bu qu'elle s'était fait du mal, elle-même, comme au début lorsque je l'avais rencontrée, elle avait tellement bu qu'elle en avait fait un coma. Et si Scott ne l'avait pas trouvée ?... Je me demandais comment tout s'était passé, j'imaginais Ruby allongée dans un des lits de l'infirmerie. Et je me détestais encore plus, si cela était possible... Ah, je pouvais me plaindre de l'inutilité de mes parents, de leur incapacité à s'occuper de moi et de tout ce que cela provoquait, je n'étais clairement pas mieux, et à trop m'enfermer dans mes propres problèmes je les avais fait rejaillir autour de moi et en particulier sur celle que j'aurais voulu le moins peiner...

Ravalant mes larmes, je me rapprochai de Ruby et posai mes mains à nouveau sur les siennes, mais ce contact me parut étrange, trop froid, presque anormal, comme si je n'en avais pas le droit. Je les caressai doucement du bout de mes doigts, avant de frôler son avant-bras recouvert du pansement.


- Je suis vraiment désolé pour tout ça, je sais que j'ai mal agi et qu'à cause de moi tu t'es fait du mal, m'excusai-je à voix basse. Je ne t'en veux pas, et je ne te juge pas, lui dis-je en cherchant son regard. J'ai simplement du mal... à imaginer tout ça et à ne pas culpabiliser, à ne pas m'en vouloir pour chaque chose qui est arrivée... Cette fois je pris sa main dans la mienne et l'élevai près de mon visage, pour l'embrasser. Je ne sais pas comment me faire pardonner. Je ne veux pas que tu te fasses du mal comme ça. Je ne veux plus jamais te quitter, si tu savais comme je regrette de ne pas avoir compris tout ça plus tôt, et maintenant on en est là et... Sentant un sanglot monter dans ma gorge, je m'efforçai de respirer. Je t'aime, et je ne sais pas comment me pardonner, et je ne sais pas comment faire pour que tu me pardonnes et pour que tout cela soit derrière nous.

Je la pris dans mes bras et elle se laissa bercer, mais mon coeur battait désagréablement dans ma poitrine, et quand je m'écartai un peu, elle se leva pour aller prendre sa douche. Je lui souris et elle me sourit en retour, mais nos sourires voulaient dire la même chose, et mon coeur trembla un peu plus : ils se voulaient rassurants, parce que nous ne pouvions faire que cela.

Quand la porte se referma et que je me retrouvai seul, je voulus me lever, ranger un peu nos affaires, trouver quelque chose à faire, mais j'avais un poids immense sur les épaules et l'absence d'envie de faire quoi que ce soit, à part de lutter contre les larmes qui menaçaient encore de couler de mes paupières. Je n'y arrivais pas ; c'était partout, j'avais l'impression que mon corps entier était submergé des larmes que je retenais, j'avais l'impression de me noyer à mon tour, et quand je plaquai mes mains sur mon visage pour les en empêcher, ce fut encore pire. Un sanglot jaillit de ma gorge et je sentis les larmes couler toutes seules, tandis que je faisais de mon mieux pour ne faire aucun bruit et étouffer au plus vite ces sanglots que je ne voulais pas laisser s'exprimer. Non seulement je ne voulais pas que Ruby me voit, mais en plus je n'en avais pas le droit - je ne voulais pas pleurer. L'eau coulait encore dans la salle de bain et je m'accordai un peu de répit - peut-être que si je laissais un minimum de larmes couler j'arriverais mieux à les retenir par la suite - et quand la douche cessa, je m'obligeai à m'arrêter, à reprendre le dessus. Sauf que je n'y arrivais pas : j'imaginais Ruby les avant-bras en sang, ivre, j'imaginais les hommes qui lui avaient tourné autour, qui lui avaient fait du mal, j'imaginais quelqu'un qui la ramenait dans une ruelle sombre, elle qui se débattait... J'imaginais son regard tout éteint à l'infirmerie, le chagrin qu'elle avait eu. Je ne sais combien de temps après, je pleurais encore, et j'entendis le clic de la porte : elle sortait de la salle de bain. Vite, très vite, je frottai mes yeux et retins ma respiration, mais un sanglot s'échappa tout de même, et je sus qu'elle avait vu. Je restai la tête basse, attendant la suite - elle se figea, puis s'empressa de venir vers moi et de me prendre dans ses bras.


- Je suis désolé, m'excusai-je encore en me sentant misérable et ridicule, je ne voulais pas pleurer, et je la repoussai très légèrement parce que je ne me sentais pas méritant de pleurer, moi, entre ses bras à elle ! Mais son parfum, sa douceur, m'apaisaient déjà, et je me laissai aller, enfouissant ma tête contre con coeur. J'ai peur de t'avoir fait trop de mal pour que ça soit réparable, avouai-je tristement, sentant cette fois les larmes mourir au coin de mes yeux et rouler une dernière fois le long de mes joues. Les doigts de Ruby caressaient doucement mes cheveux, mon visage, et je fermai les paupières quand je sentis ses lèvres embrasser mes joues toutes humides. Sans rien ajouter, j'entourai sa taille de bras et collai de nouveau mon visage contre elle, comme si j'avais souhaité disparaître contre elle, et tout oublier. Voilà qui aurait été une belle délivrance... Oublier ce que j'avais fait, oublier le fait que Ruby n'avait même pas été capable de me dire qu'elle m'aimait, oublier que je la la sentais si loin de moi.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: We're not broken, just bent | Ruby   We're not broken, just bent | Ruby Icon_minitimeMer 22 Jan - 23:13



"I'm all out of faith, this is how I feel
I'm cold and I am shamed lying naked on the floor
Illusion never changed into something real
Im wide awake and I can see the perfect sky is torn
You're a little late, I'm already torn."


Je m’étais sûrement bercée d’illusions, mais j’avais espéré que jamais je n’ai à dire tout ça. Au fond, peut-être que je savais que les mensonges ne tenaient jamais, et qu’ils étaient de toute manière comme un nuage de poussière qui couvrait tout ce qui m’entourait. Mais n’était-ce pas ainsi que tout marchait ? Je ne comprenais pas, j’avais beau regarder partout, je ne voyais la vérité nulle part. Tout était teinté, tout était sali. Et ce, depuis l’enfance. Les parents devaient s’occuper de leurs enfants ? Je regardais autour, et je ne voyais rien de vrai. Ma mère avait beau dire à l’assistance sociale que tout allait, elle avait beau me faire hocher la tête, ce n’était qu’un autre mensonge. La mère d’Ewan avait beau tout entretenir, son jardin, sa maison, son apparence, ce n’était qu’une façade derrière laquelle gisait des souvenirs enfermés dans des sourires faux. Même Sara, malgré tout l’amour et l’admiration que je lui portais, elle-même avait eu des relations houleuses avec Lizlor, elle ne l’avait pas accepté comme elle était avant de comprendre que son rôle de mère n’était pas de forger Lizlor dans le moule qu’elle aurait souhaité. Et pourtant, elle n’avait pas manqué d’essayer. Je ne comprenais pas, pourquoi constamment mentir ? J’entendais les mots qui se répétaient en écho, et à chaque fois, il me semblait un peu plus vide de sens. On aimait, mais on partait toujours. Hadrian, Stephen, Ewan, j’aurais pu allonger la liste à toutes les peines de cœur de chaque personne sur terre. Je n’étais pas naïve, je savais que c’était ainsi, que les gens changeaient, mais pourquoi mentir ? Pourquoi personne n’était capable de dire la vérité ? Pourquoi Stephen avait-il ainsi quitté Lizlor, sans explications valables, pourquoi l’avait-il fait espérer ? Pourquoi Ewan avait-il mentit depuis le début ? Pourquoi est-ce que l’on nous apprenait que le mensonge serait toujours une meilleure alternative qu’une douloureuse vérité ? Plus on l’enfermait, plus on la niait et la cloîtrait, plus elle se faisait blessante, et elle finissait toujours par exploser. D’une manière ou d’une autre.

Mais j’en avais assez des explosions. Les mots coulaient d’entre mes lèvres avec une fluidité triste, comme si je m’y étais attendue depuis le début. J’étais lasse de mentir, moi. J’en avais marre de prétendre, et puis, pourquoi faire semblant ? C’était ce que j’étais, n’est-ce pas ? Cet amas emmêlé de sang et de larmes, et Ewan l’avait compris depuis longtemps. Je n’avais pas envie qu’il me voit ainsi, et pourtant, j’avais l’impression que la vérité brillait d’une lumière glauque sous toutes les couches où j’aurais pu l’enfouir. Alors pourquoi essayer ? J’avais envie de lui dire de s’en aller, mais je n’en avais même pas la force. J’étais déçue de parler si facilement, de n’être même pas capable de mentir pour dédramatiser. Mais chaque détail se déversait dans mes paroles, les garçons, les verres, les coupures – et c’était une coupure de plus à chaque mot que je prononçais, pour moi comme pour Ewan. Et c’était peut-être parce que je n’arrivais pas à mentir que je ne réussis pas à dire je t’aime ? Pourtant, c’était la vérité. J’étais amoureuse de lui, partout, tout en moi, chaque pensée était infestée de sa présence, de son sourire, et mon cœur battait toujours en se rappelant qu’Ewan était là pour moi. Mais je ne pouvais pas mentir et lui dire simplement : je t’aime. Et si lui ne m’aimait pas autant ? (je ne savais même pas pourquoi je me posais la question, d’ailleurs, ce départ précipité m’avait donné la propre réponse). Comment pouvais-je simplement dire je t’aime, en y mettant tout mon cœur, quand ce cœur-même ne battait plus correctement depuis ce soir-là ?

Nous étions tristement retournés à la case départ. Nos baisers étaient aussi timides, pas moins amoureux cependant, nos caresses hésitantes, et j’avais l’impression de tout réapprendre. Mais c’était terrible, car je ne savais que nous pouvions être plus, tellement plus. Je savais que tous les sentiments étaient encore là, enfouis, mais étrangement, je n’arrivais pas à les laisser sortir. Ils m’oppressaient, sans que je puisse m’expliquer. Etait-ce de la honte, de la peur ? Ou simplement une infinie tristesse ? Ewan posa ses mains sur les miennes, tandis que j’avais fini mon récit, et j’eus un sourire triste. Et maintenant, quoi ? Il n’y avait strictement rien à dire. Je me sentais honteuse. Je voulais oublier la soirée, oublier les lèvres, les mains et le verre sur ma peau. Il frôla mon avant-bras, et je me crispai un peu. J’étais fatiguée de lui offrir un corps si abîmé.


- Je suis vraiment désolé pour tout ça, je sais que j'ai mal agi et qu'à cause de moi tu t'es fait du mal. J'ai simplement du mal... à imaginer tout ça et à ne pas culpabiliser, à ne pas m'en vouloir pour chaque chose qui est arrivée... Lorsqu’il porta à ses lèvres ma main, je fermais les yeux, me sentant un peu fébrile. Je ne sais pas comment me faire pardonner. Je ne veux pas que tu te fasses du mal comme ça. Je ne veux plus jamais te quitter, si tu savais comme je regrette de ne pas avoir compris tout ça plus tôt, et maintenant on en est là et... Je t'aime, et je ne sais pas comment me pardonner, et je ne sais pas comment faire pour que tu me pardonnes et pour que tout cela soit derrière nous.
- C’est moi qui me suis fait ça, tu n’es pas responsable,
murmurai-je d’une toute petite voix. Tu es déjà pardonné.

A l’intérieur, une petite voix protesta, mais je n’avais pas le droit de l’écouter.

Ewan me prit dans ses bras, et je me laissais bercer. Sa présence était toujours rassurante, réconfortante, et j’avais envie de me laisser couler dans sa tendresse. Pourtant, c’était comme s’il y avait un obstacle, un mur, quelque chose qui m’empêchait de complétement m’abandonner. Je n’arrivais pas à arrêter de penser à la soirée, et plus elle me revenait en mémoire, plus je me sentais étrange, sale, salie de ce que j’avais fait, des mensonges que j’avais construit. Je finis par me lever, parce que j’avais besoin de prendre une douche pour me débarrasser de cette sensation qui me collait et me laissait un goût amer dans la bouche.

Je connaissais bien le rituel à présent. J’ôtai mes pansements doucement, et faisait couler de l’eau presque trop tiède – si elle était chaude, elle me brûlait horriblement mes blessures. Ce n’était pas très agréable, j’avais un peu froid, mais je ne me plaignis pas. Doucement, je lavai tout mon corps avec minutie, comme d’habitude. Quand j’eus usé assez de savon pour me sentir mieux, je sortis de la douche, me séchai, et m’appliquait à refaire mes pansements après avoir appliqué les crèmes nécessaires. Sur mes deux avant-bras, mes cicatrices étaient moins marquées, et j’attendais avec impatience qu’elles disparaissent une bonne fois pour toutes. Leur simple vue m’empoisonnait. J’enfilais mon bas de pyjama et un tee-shirt trop grand qui appartenait à Ewan avant de mettre à nouveau un gilet pour cacher mes avant-bras. D’un coup de baguette, je séchai mes cheveux, avant de me brosser les dents et d’appliquer de la crème hydratante sur mon visage. Finalement, me sentant un peu mieux, je sortis de la salle de bain…

… Et je figeai, tout à coup glacée.

L’instant d’après, je m’étais déjà précipitée contre Ewan, le cœur se contractant, profondément inquiète et triste.


- Je suis désolé, je ne voulais pas pleurer, protesta-t-il, mais je l’empêchai, serrant un peu plus mes bras autour de lui. Il ne fallut pas longtemps pour qu’il accepte, et que je sente son corps s’affaisser un peu. Je fermai les yeux un instant, tout mon être brûlant d’une douleur froide et dure comme du métal. J'ai peur de t'avoir fait trop de mal pour que ça soit réparable.

Mon cœur se contracta, mais je ne laissai rien paraître. Mes doigts cherchèrent les joues d’Ewan, essuyant les larmes, puis caressant ses cheveux. Quand mes lèvres se posèrent sur son visage, je ne voulais qu’une chose, s’était aspirer de mes baisers toute la tristesse qu’il ressentait. Je ne savais même pas comment nous pouvions en être là, alors que nous nous aimions autant au fond. Je ne doutais pas vraiment de son amour, pas vrai ? Sa détresse appelait ma tendresse, et je le berçai un peu dans mes bras, le laissant pleurer sans pouvoir parler. Je voulais simplement qu’il se calme, qu’il ne pleure plus, et l’idée que j’étais en plus responsable de ses larmes me contractait horriblement la poitrine. Finalement, j’inspirai profondément, et j’enfouis mon visage contre celui d’Ewan, nos deux joues collées, mes lèvres toutes contre son oreille.

- Tu m’as déjà réparé Ewan. Tu m’as guéri de choses dont je ne pensais jamais me défaire, dis-je d’une voix timide mais tendre. Je pensais à tant, à l’alcool, à mon passé, à l’incident… Comment pouvait-il avoir peur de ne pas pouvoir réparer le mal que l’on me faisait ? Son amour suffisait à tout guérir, je voulais le croire. Je me suis fait du mal, toi… Toi, tu me sauves à chaque fois, achevai-je d’une petite voix.

Je restai un long moment ainsi, à le bercer, jusqu’à que je sente qu’il allait mieux. Puis timidement, je lui fis signe de se lever, et je pris sa main jusqu’au lit. Nous nous allongeâmes tous les deux, face à face, appuyés sur le côté, nos visages à la même hauteur. Ewan ne pleurait plus, et je lui offrais mon premier réel sourire – mes lèvres, mes yeux, mon visage, tout brillait à nouveau. Mes mains cherchèrent son torse, sa nuque, son visage, et je caressais sa peau avant de me pencher pour l’embrasser. Une fois, deux fois, petit à petit, le baiser se fit plus passionné, plus langoureux, et je souriais toujours, sentant mon corps se réchauffer petit à petit. Mon regard brillait, cherchant celui d’Ewan, et je m’écartai un instant. Timidement, j’ôtai mon gilet, et je m’appuyai un peu plus sur Ewan, ma poitrine contre son torse, sentant ses mains se glisser dans ma chute de reins. J’avais peur de mes pansements, je les trouvais si… Voyants, blancs, horribles. Mais je ne voulais plus qu’ils gâchent ce week-end que je voulais parfait. Je me sentis basculer à nouveau sur le côté, ma respiration se faisant un peu moins ordonnée.

J’hésitai un instant puis, prenant la main d’Ewan, je la glissai sous mon tee-shirt. Tout doucement, je la posai sur ma poitrine, juste sur mon cœur qui battait la chamade, et je lançai un regard intimidé à Ewan.


- J’ai envie de toi, murmurai-je à son oreille, dans un seul souffle.

Puis, fermant les yeux, je cherchai ses lèvres, dans l’espoir de lui faire comprendre que non, ce n’était pas fini, nous n’étions pas finis et je voulais que tout reprenne comme avant, en mieux même. Je voulais qu’il comprenne que je l’aimais toujours, même si les mots semblaient ne pas vouloir l’exprimer.
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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: We're not broken, just bent | Ruby   We're not broken, just bent | Ruby Icon_minitimeMer 29 Jan - 16:55

J'étais en état permanent d'oscillation : d'un côté je ne voulais pas, je ne pouvais pas, plus jamais, me séparer d'elle et l'imaginer une seconde loin de moi, et je ne voulais que ses bras, parce qu'ils avaient toujours été ceux qui m'avaient sauvé, d'une manière ou d'une autre, mais de l'autre côté, cette culpabilité grandissante et sur laquelle je n'avais pas mis de mots, ou pas assez, était tellement présente dans chacune de mes pensées que je voulais repousser Ruby, je voulais lui dire laisse-moi et ne t'occupe même pas de moi, pourquoi le ferais-tu ? Moi le premier, je voulais son bonheur, je voulais le meilleur pour elle, et clairement je n'étais pas le meilleur, pas maintenant, alors que faisais-je encore à ses côtés ? J'avais honte, aussi, de penser cela parce que je ne voulais pas me lamenter encore et encore, je ne voulais pas lui donner l'impression que je me retirais par lâcheté, par manque d'attachement pour elle, car ce n'était pas le cas. Mais il m'était difficile de la serrer contre mon coeur et de n'aspirer qu'à ses lèvres, qu'à sa tendresse, alors que je me sentais si peu méritant, et que j'avais trop besoin d'elle pour changer quoi que ce soit à la donne, si peu équilibrée qu'elle était. Alors je me laissai faire, je me laissai gagner par sa douceur et je laissai sa magie si particulière opérer : ses lèvres toutes douces aspiraient toute ma peine, en embrassant mon visage, ses mains réchauffaient tout ce qui était crispé et gelé au fond de moi et que j'avais bien du mal à supporter. Petit à petit mes larmes se calmaient d'elles-même, non pas qu'elles n'aient plus de raison de couler, mais l'aura protectrice et réconfortante de Ruby était plus fort. Je resserrais ma prise, autour de sa taille, murmurant quelques mots mais je n'avais pas la force de poursuivre : pardon, je suis désolé, je voudrais que... Mais son parfum que je respirais au creux de son cou était le meilleur des remèdes, et j'avais fermé les yeux, pour oublier quelque secondes tout ce qui n'allait pas et me concentrer sur ce qui avait le pouvoir de me rendre heureux.

Elle finit par caler sa tête contre la mienne, et glissa sa main dans ma nuque. Je sentais son souffle dans le creux de mon oreille, et j'avais bien du mal à calmer le mien, à le vider de tous ses sanglots et de ses regrets. Ma main caressa le dos de Ruby, tout doucement, remonta et vint jusqu'à son bras, que je caressai également avant d'y accrocher ma main. Je ne savais pas quoi faire... Et que pouvait-elle faire de plus ? Rien, et je le savais très bien. Rien ne pouvait faire s'envoler le poids de ma culpabilité et de mes regrets, puisque j'en étais le seul responsable.


- Tu m’as déjà réparé Ewan. Tu m’as guéri de choses dont je ne pensais jamais me défaire. Je me suis fait du mal, toi… Toi, tu me sauves à chaque fois, murmura-t-elle, et si je sentis les larmes menacer de rouler à nouveau sur mes joues, je la serrais plus fort pour les stopper dans leur dégringolade.

Réparer pour mieux détruire ? Trouver un remède et s'enfuir avec ? Rejeter la faute sur alors que j'avais su - oh, je l'avais pertinemment su, sans vouloir le voir, comme à chaque fois - qu'elle serait si mal qu'elle serait à nouveau capable de tout ? Comme quand je l'avais connue, quand elle buvait bien trop et que son corps portait les marques de ce qu'elle s'infligeait ? Je voulus nier ses paroles, mais je ne dis rien, me laissant abattre de nouveau. Non, je ne la sauvais pas : j'essayais de me rattraper, tandis qu'elle, elle me sauvait vraiment, avec toute la sincérité et le courage dont elle était capable ? Misérablement, je me laissais bercer, tout en me demandant à la suite, à demain, à la semaine prochaine. Je ne regrettais sûrement pas de l'avoir amenée ici, de lui avoir présenté Bonnie et Matthew, d'autant plus que je savais que cela leur faisait plaisir à tous les deux également. Mais j'avais peur, et je ne savais absolument pas comment retrouver de l'espoir, du courage.

Ruby se leva et m'invita à la suivre pour que nous nous allongeâmes sur le lit ; je la suivis en me frottant les yeux pour chasser les larmes, pour me reprendre. J'avais arrêté de pleurer, et quand je me couchai contre elle, face à elle, j'eus tout de même un petit sourire qui refléta tout mon amour et mon admiration : elle avait beau avoir son petit air inquiet et un peu maternel, marqué par le froncement léger de ses sourcils et son regard plus scrutateur qu'à l'habitude, elle restait belle et éblouissante. Je serrai timidement ses mains entre les miennes, tandis que je la regardais dans les yeux après avoir relevé, comme j'aimais à le faire, les petits détails de son visage - le grain de beauté, les coins de sa bouche, le dessin de son nez, les jolies courbes dorées de ses cheveux, autour. J'avais envie de l'embrasser mais mon corps était vide et creux et chaque geste me paraissait un effort suprême ; quand elle m'embrassa la première, une fois, deux fois, puis avec de plus en plus de passion, je sentis comme une machine étrange s'emballer tout au fond de moi : elle me réveillait de l'intérieur, et tout mon corps répondait à cet appel, à la pression de sa peau contre la mienne. Mon coeur battait plus fort, ma chair se ranimait, ma peau se réchauffait, et au fond de mon ventre naissait cette sensation que je connaissais bien, ce désir et cette envie de la tenir entre mes bras, rien que pour moi. J'avais les yeux fatigués, et puisque la lumière était tamisée et rendue presque vivante par les flammes de la cheminée qui dessinaient des ombres étranges et instables sur le plafond, elle se redressa et ôta son gilet comme dans un rêve, sa silhouette était un peu floue, plus sensuelle encore. Je ne dis rien, mais je commençais à me demander ce qu'elle avait en tête - quand elle m'embrassa de nouveau, glissant sa main dans ma nuque et se pressant contre moi, je sentis ma respiration s'accélérer. Je répondis un eu timidement, tout préoccupé par mon coeur qui battait trop vite, mon corps qui s'échauffait tout aussi vite. Puis sa main vint chercher la mienne et la glissa sous son t-shirt, là où la finesse de sa peau et le galbe de ses formes me permettaient de sentir battre son coeur tout particulièrement : il était affolé, comme le mien.


- J’ai envie de toi, dit-elle tout doucement au creux de mon oreille.

- Ruby... me défendis-je, un peu perdu. En était-elle sûre ? Faisait-elle cela pour me faire plaisir ? Moi aussi, mais... Tu es sûre ? demandai-je, un peu anxieux.

Son sourire assuré et le basculement de son corps sur le côté, qui m'entraîna avec elle, répondit à sa place. Tout doucement, je laissai ma main caresser la peau nue sous son t-shirt, et je l'embrassai à mon tour, sentant comme un brasier naître d'un coup à l'intérieur de moi. Tout arrivait d'un coup : les sensations, l'envie, la chaleur, et se combinait en une sorte de compression de tout mon corps, pleine de hâte et de désir. Sans perdre une seconde, mais en m'y prenant avec le plus de délicatesse possible, j'ôtai ses habits après l'avoir encore embrassée, et parcourus tout son corps de mes lèvres... Cela ne faisait pas si longtemps mais c'était la première fois que nous nous retrouvions depuis quelques semaines et j'avais du mal à calmer ma hâte ; mais je voulais que ce soit parfait. Je me souvenais de son corps, par coeur, de chaque courbe sous ma main, de chaque détail de sa peau, que j'embrassai. Elle s'éveillait petit à petit sous mes caresses mais quelque chose différait de d'habitude dans nos souffles courts et les gémissements qu'elle commençait à laisser échapper : la retenue qui s'exprimait, ce que nous avions failli perdre ? Mais l'intensité avait monté en flèche, et m'oppressait de partout. Je redoublai de baisers, sentant mon corps trembler de désir déjà, encore plus quand Ruby m'embrassait ou touchait ma peau. Alors que je remontai vers son visage, après avoir caressé ses jambes, ses cuisses, ses hanches du bout des doigts qui eux aussi tremblaient un petit peu, je glissai ma main dans ses cheveux pour l'embrasser et sentir tout son corps contre le mien et bientôt ne faire qu'un avec. Mais quand je cherchai son regard pour ne voir qu'elle, alors que je sentais que déjà toutes mes sensations étaient décuplées et que la caresse de sa peau sur la mienne m'enveloppait tout entier, je ne vis que ses paupières, fermées. Et cela m'inquiétait - elle ne fermait jamais les yeux quand nous faisions l'amour, parce que c'était quelque chose que nous partagions, nous deux, à chaque fois.

- Regarde-moi, s'il-te-plaît, la suppliai-je doucement, entre deux souffles. Tout venait de s'effondrer à l'intérieur de moi : elle ne supportait pas de me regarder ? Peut-être même qu'elle ne voulait même pas, qu'elle n'avait pas envie de tout ça ? Qu'elle faisait désespérément semblant pour essayer de nous sauver ? Ma peur n'avait pas disparu, et elle s'intensifia. Mais Ruby ouvrit les yeux et me regarda, et agrippa mon dos de ses mains, et ce fut comme si en une seconde tout était redevenu comme avant - nos souffles moururent en même temps, après avoir monté crescendo, et mon corps trembla comme d'habitude contre le sien lorsque je m'allongeai contre elle de nouveau, fermant les yeux quelques secondes. Cela ne m'arrivait pas à chaque fois, mais parfois les sensations que Ruby évoquaient en moi allaient si loin, au plus profond de moi, qu'elles en étaient presque trop fortes pour moi et que physiquement je me sentais un peu secoué pendant quelques instants. Cette fois aussi, le corps de Ruby tremblait sous le mien, et je changeai de position, me mettant un peu sur le côté pour la serrer dans mes bras, contre moi.

Nous laissant le temps de reprendre nos souffles et nos esprits, j'arrangeai juste la couverture autour de nous pour que nous n'ayons pas froid, et je caressai doucement les cheveux de Ruby, son dos, ses bras, son corps, profitant de ce moment où je me sentais bien, sur tous les plans - comme si nous trouvions une sorte de réconciliation, malgré tout.


- Pourquoi tu es si gentille ? murmurai-je après un temps, et je déposai un baiser sur son front, tandis que ses grands yeux aux reflets presque argentés s'étaient levés vers les miens. Je t'en suis très reconnaissant, mais... Tu ne devrais pas, je... Même ce que tu as écrit dans la lettre, tu sais, c'était magnifique, et j'espère que tu sais que je t'aime autant mais... Je ne la mérite pas, pas tout de suite, tu ne crois pas ? C'est à moi de montrer que je t'aime, pour l'instant, conclus-je avec un petit sourire qui se voulait un peu enjoué. C'était une promesse. Et j'allais la tenir, n'est-ce pas ? Je la rapprochai encore de moi, embrassant ses lèvres tout doucement, puis son nez, puis ses yeux, ses joues, ses pommettes, son cou, en faisant exprès de la chatouiller : je voulais l'entendre rire... Et quand elle se mit à rire, mon coeur se gonfla d'un coup et une chaleur douce se répandit dans tout mon corps.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: We're not broken, just bent | Ruby   We're not broken, just bent | Ruby Icon_minitimeMer 5 Fév - 14:19

Je m’accrochais silencieusement à ce que m’avait dit Bonnie. Ewan était mieux avec moi, elle l’avait vu, et n’était-ce pas exactement ce que je souhaitais ? Je voulais toucher son cœur, assez pour qu’il en soit en guéri, transformé, et que cela se déverse en et autour de lui. Mais quand je regardais, à présent… Je ne voyais plus le sourire d’avant, celui qu’il m’adressait et qui semblait émaner de tout son être. Je me sentais toujours réconforté lorsqu’il avait cet air sur ses doux traits, cet air que je connaissais par cœur. Les lèvres qui ne se soulevaient que du côté gauche, et comme il riait un peu, une mèche de cheveux lui barrait les yeux – d’un mouvement de tête, il l’écartait, dégageant son regard bleuté – et c’était ce qui me suffisait. Simplement regarder son visage dans ces instants, et rien n’était plus délicieux que lorsque c’était moi qu’Ewan regardait, et que j’avais la curieuse sensation que peut-être, je pouvais le rendre heureux. Je ne réfléchissais plus vraiment aux raisons de mon amour pour lui, avant par certitude, à présent par peur, mais je savais que c’était un amas de détails ainsi faits qui faisait battre mon cœur. Alors, quand à présent son visage était fermé, que ses yeux me regardaient toujours avec une certaine inquiétude, comme si j’allais disparaître à tout instant, je me demandais tristement… Quelque chose avait-il disparu ? Pouvait-il revenu ? Comment pouvais-je réparé ce qui n’avait jamais vraiment été cassé ? Parce que je l’aimais, je l’aimais toujours autant, et c’était la seule qui devait compter, non ? Alors pourquoi étions-nous presque dans une impasse ?

Pourquoi nos regards étaient différents ?

Je savais qu’il fallait que nous nous accrochions, et que c’était autant à moi de faire des efforts que lui. Il semblait persuadé que la faute était entièrement sienne, mais tristement, j’avais envie de lui montrer mes bras, de lui rappeler que j’avais été incapable de lui dire un simple « je t’aime ». J’étais incapable, tout simplement, de reprendre confiance, et de repartir où nous en étions. Et pourtant, je n’avais rien oublié. Mais étrangement, à chaque fois que je pensais à nos moments ensemble, que je repensais à notre première fois, ou au retour des vacances, ou encore chez Joseph, à chaque fois que je voyais nos baisers, nos rires, nos regards, je ne cessais de me dire : qu’avait-il derrière la tête, en cet instant ? Pensait-il que son départ n’était pas permanent, pas fixé, que nous avions une chance, ou s’était-il résigné ? Toutes ces questions restaient sur le bout de ma langue, et quand j’essayais de les prononcer, de les murmurer, de simplement les laisser sortir, mon cœur se contracter si fort que ce n’était qu’un soupir douloureux qui s’échappait de mes lèvres. J’avais peur de ce qu’Ewan me dirait, peur de ce que je penserais, ce que je ressentirais. J’avais peur d’éclaircir les choses, alors je laissais le voile noire m’entourer – et, par la même occasion, entourer notre relation.

Mais peut-être que mes baisers pourraient, un instant, nous éclairer à nouveau ? J’avais glissé timidement la main d’Ewan sous mon tee-shirt, mais je n’en étais pas moins ferme ; je savais ce que je voulais, et nous pouvions aller. Je me penchais à l’oreille d’Ewan, murmurant quelques mots, mon désir, d’une voix aussi assurée que tremblante. Mais je savais qu’elle était animée d’une certaine crainte, mais de beaucoup plus de désir, et je sentais que peut-être, c’était l’instant parfait… La sérénité des lieux, la perspective de ce week-end, nous nous retrouvions enfin, loin de tout, et tout près de nous.


- Ruby... Moi aussi, mais... Tu es sûre ?

J’eus un sourire encore un peu plus prononcé. La manière dont il s’inquiétait pour tout ça gonflait mon cœur et me rassurait. J’eus un petit hochement de tête, et mon cœur battait encore plus rapidement, si bien que lorsqu’Ewan caressa ma peau, je sentis que je m’embrasai bien plus que je ne l’avais prévu. Les frissons parcoururent ma peau petit à petit, suivant les caresses d’Ewan, tandis qu’il m’embrassait amoureusement. Puis, doucement, je sentis qu’il ôtait mes vêtements, et que du bout des lèvres, il se mettait à parcourir mon corps. Délicatement, il déposa des baisers sur mes bandages, et mon cœur se contracta, à la fois d’inquiétude et d’émotions. Mais je n’avais pas le temps de reprendre ma respiration, car bientôt, ce fût tout mon corps qu’il explora, et j’en avais presque perdu l’habitude, de ressentir toutes ces décharges en moi, qui me possédaient toute entière et me faisaient soupirer. Je ne voulais jamais cesser de pouvoir ressentir ça, et surtout pas avec quelqu’un d’autre, il n’y avait que lui, qu’Ewan… Et mes doigts, timides, cherchaient le chemin de ses cheveux, de sa peau, pour retrouver les lieux que je connaissais, les creux et os, et je mordais mes lèvres pour retenir les gémissements qui se faisaient de plus en plus en fort. Ewan remonta son visage vers le mien, et je cherchai ses lèvres avidement, sentant bientôt son corps tout contre le mien… La pression dans ma poitrine m’enveloppa tout entière et je me sentis fermer les yeux, soudain presque intimidée par le fait de retrouver notre intimité si particulière… Mes mains n’osaient presque plus, se nouant au drap, cherchant une emprise dans la réalité, comme si j’avais un peu peur de sombrer totalement dans le reste. Mais le plaisir se répandait comme une traînée de poudre, rythmé par nos respirations qui se répondaient...

- Regarde-moi, s'il-te-plaît, murmura Ewan, et je sentis une décharge parcourir doucement mon corps, depuis mes oreilles jusqu’à mon cœur.

Instinctivement, je cherchai son regard, ayant cependant du mal à garder le mien fixe, tant je tremblais de ce qu’il m’offrait, et mes mains furent comme libérées, et elles se logèrent dans le dos d’Ewan, dans sa nuque. Je sentis que mes émotions se démultipliaient, et j’avais du mal à respirer, mais ça m’était bien égal, car Ewan répondait parfaitement à toutes mes sensations et bientôt, je sentis que nous touchions ce qui semblait être la fin et qui pourtant était toujours proche du renouveau. Et, comme il me l’avait demandé, je n’avais pas lâché son regard, et je savais que c’était la chose à faire – dans ses yeux, je lisais une vérité que je ne trouvais nulle part ailleurs. Et cette chose qu’il était le seul à pouvoir me donner me faisait trembler, physiquement, et je laissai Ewan arranger nos corps pour que nous puissions être l’un contre l’autre. J’étais trop fatiguée pour réfléchir, pour lutter, et je ne me repliai pas, laissant mon corps contre celui d’Ewan, dans ses bras. Il tremblait aussi, et je glissai mes doigts le long de son bras, puis sur son torse, traçant du bout des doigts la forme d’un cœur là où je sentais le sien battre.


- Pourquoi tu es si gentille ? Je levai les yeux vers Ewan, agitant un peu mon visage en signe de protestation, mes mains toujours sur son torse, caressant sa peau encore tremblante. Je t'en suis très reconnaissant, mais... Tu ne devrais pas, je... Même ce que tu as écrit dans la lettre, tu sais, c'était magnifique, et j'espère que tu sais que je t'aime autant mais... Je ne la mérite pas, pas tout de suite, tu ne crois pas ? C'est à moi de montrer que je t'aime, pour l'instant, acheva-t’il.

Je voulais protester, mais déjà Ewan s’était mis à m’embrasser un peu partout, chatouillant ma peau encore toute pleine de sensations, et un rire s’échappa de ma gorge tandis que je me débattais sans grande conviction.


- Arrête, tu me chatouilles, tentai-je de dire, entre deux rires, mais à vrai dire, je me laissai plus faire qu’autre chose. J’avais le cœur qui riait aussi, et je finis par écarter un peu Ewan, saisissant son visage dans le creux de mes deux paumes. Je t’aime, murmurai-je avec une facilité qui me sembla déconcertante, tant les mots avaient coulé naturellement d’entre mes lèvres. J’eus un petit sourire timide, et je me penchai pour chercher ses lèvres. Timidement, je mêlai nos souffles et nos sentiments, sentant que ce baiser puisait dans mes dernières forces. Ne me quitte jamais, ajoutai-je dans un murmure, les yeux baissés.

Puis, je me coulai contre son torse, nichant mon visage près de son cou, et je sentis que toute la fatigue que j’accumulais depuis des sommeils me gagnait, et je me laissai sombrer dans un état d’entre deux, à moitié éveillée et à moitié endormie, songeant que je ne comprenais pas de quelle lettre Ewan parlait, puisque je ne lui avais jamais envoyé la mienne…

Je sortis de ce sommeil léger quelques temps plus tard, ne sachant pas trop quelle heure il était, combien de temps j’avais passé là, mais le feu crépitait toujours dans la cheminée. Quand je levai le visage, je constatai qu’Ewan m’observait toujours, d’un regard tout amoureux et doux, et je lui fis un petit sourire, déposant un baiser sur sa joue. Puis je bougeai un peu mon corps, pour que mon visage soit à hauteur du sien, et comme l’un de ses bras était autour de moi, je cherchai l’autre pour nouer nos mains l’une à l’autre. Je regardai nos doigts jouer ensemble un moment, reprenant mes pensées, avant de chercher le regard d’Ewan, hésitante.


- Je ne savais pas que Lizlor t’avait donné ma lettre, murmurai-je. J’avais déduis simplement, et je ne sais pas pourquoi, mais je me sentis à nouveau un peu intimidée. Tu… Tu l’as lu quand ? C’est à cause d’elle que tu as fait demi-tour ? Je ne veux pas que tu te sois forcé, expliquai-je un peu maladroitement. Je voudrais que tu ais envie d’être avec moi comme j’en ai envie moi, pas parce que tu… Je sais pas, que tu ais peur des bêtises que je pourrais faire. Tu n’as pas peur de… Regretter, un jour ?

J’avais un peu baissé la voix, mais mes yeux étaient toujours dans ceux d’Ewan. Je n’osais pas trop continuer sur ce terrain, ravalant mes questions, mais j’eus un petit sourire timide d’un air de dire que maintenant, s’il voulait rester, il n’y avait que ça qui comptait pour moi.

- Je suis désolée, on ne devrait plus en parler. Tu es là, et il n’y a que ça qui compte et… Merci, murmurai-je, baissant les yeux cette fois. Merci de m’avoir choisi.

Et je déposai un petit baiser sur ses lèvres, sentant que les miennes souriaient, reflétant non seulement tout le soulagement que j’éprouvais, mais aussi l’amour et la plénitude qui m’envahissait, alors que je sentais que je retrouvais enfin Ewan, pleinement, et pendant un instant, je me plus à imaginer que la suite serait aussi simple que me laisser bercer par ses bras.
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Ewan Campbell


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MessageSujet: Re: We're not broken, just bent | Ruby   We're not broken, just bent | Ruby Icon_minitimeVen 7 Fév - 19:53

C'était à la fois effrayant et étonnant, mais jamais je n'avais ressenti cela avec quelqu'un. Quand j'étais avec Ruby, quand je la serrais contre moi et que nos peaux nues se communiquaient leur chaleur, je sentais tout mon corps apaisé d'un seul coup, je sentais mon coeur battre tranquillement, le sang couler dans mes veines doucement, l'air entrer dans mes poumons et le quitter ; je sentais la vie plus que jamais, dans mon corps et dans le sien. Or, je ne me souvenais pas avoir senti aussi fort l'existence d'une quelconque manière - j'avais senti l'inverse, je l'avais senti qui s'en allait, quand j'avais compris que Jamie était mort et qu'une partie de moi s'était éteinte avec lui. Mais de la sorte, jamais, et c'était comme si la vie était matérielle tout d'un coup, comme si elle était physique et qu'elle m'enveloppait tout entier : Ruby l'éveillait en moi, et sa peau tiède, la caresse de son souffle dans mon cou, la sensation de ses doigts qui frôlaient mon torse, tout cela m'irradiait de l'intérieur, tout cela estompait tellement le reste... J'étais heureux, avec elle. J'étais heureux au sens premier du terme, je ne voulais rien d'autre, et je me fichais d'avoir erré pendant ces dernières années durant lesquelles je m'étais caché du monde, je n'avais pas vraiment vécu. Aujourd'hui, ça n'avait plus aucune importance - ma main qui caressait le bras de Ruby s'accrocha un peu plus, tandis que je déposai un nouveau baiser sur son front. C'était avec elle que ma vie avait du sens ; elle donnait à mon choix tout son sens, et j'étais presque réconforté en quelque sorte car si j'avais fait ce choix pour elle, je l'avais fait aussi pour moi, j'avais sauvé ma propre vie pour la placer entre ses mains, et pas l'inverse.

Son corps exerçait toujours la même influence sur moi : la façon dont elle avait tracé un coeur sur ma peau m'avait hypnotisé et j'avais fini par saisir ses doigts entre les miens, pour les porter à ma bouche et les embrasser. Puis j'avais bougé, juste un peu parce que je ne voulais pas m'écarter d'elle, pour l'embrasser à mon aise et la chatouiller ; mes baisers se perdaient dans ses cheveux et nous nous étions mis à rire tous les deux, et si ma culpabilité était toujours là, pendant quelques secondes elle me parut s'envoler pour me laisser tout léger, porté par le rire aérien et enfantin de Ruby.


- Arrête, tu me chatouilles. Mais elle se débattait trop peu pour que j'arrête et je continuai jusqu'à déposer un baiser sur les lèvres, et la regarder. Je me sentais honteux, pour tout, le savait-elle ? Mais je ne voulais qu'elle, et il était un peu délicat de me retrouver dans une situation où la personne dont j'avais désespérément le plus besoin était celle devant qui j'aurais aimé disparaître. Je t’aime, dit-elle tout de même, alors qu'elle n'avait pas réussi tout à l'heure. Mon coeur s'emballa et je répondis à son baiser, fermant les yeux et me laissant emporter par les sensations. Ne me quitte jamais, conclut-elle en baissant les yeux.

Plus jamais ; mais je n'avais pas assez de souffle pour répondre, car si doux qu'avait été notre baiser, il avait emporté mon coeur - comme si elle avait réussi à le capturer pour de bon et à la garder avec elle. Comment aurais-je pu partir, à présent ?


- C'est promis, murmurai-je tout bas en la reprenant tout contre moi tandis qu'elle posait sa tête contre mon coeur. Mes doigts dessinaient des petits dessins sur sa peau nue, ses épaules, dans son dos, et je gardai les yeux ouverts tandis qu'une certaine langueur nous enveloppait tous les deux.

Matthew avait raison, et cela m'avait fait plaisir qu'il ait mis des mots sur mon erreur. Je devinais dans ses yeux ce qu'il pensait - il ne disait pas vraiment les choses qui fâchaient, il avait toujours été comme ça -, que j'avais mal agi, mais je savais aussi qu'il comprenait, et qu'il l'avait toujours fait. Bonnie et Matthew étaient les mieux placés pour savoir la pression que pesaient mes parents sur mes épaules, et la désagréable manie que j'avais de toujours vouloir la soutenir sans faillir. Mais c'était terminé, et si je n'étais pas certain d'y arriver tout de suite et du premier coup, j'avais pris la résolution de le faire, enfin. Je ne voulais plus vivre dans l'ombre qu'ils imposaient, que ma mère imposait surtout, et d'ailleurs je leur en voulais bien trop : il était temps qu'ils s'en rendent compte. J'avais d'ailleurs répondu assez sèchement à la lettre de mon père, quand il avait réagi au fait que je ne venais plus le retrouver. Je n'avais pas retenu mes mots - dans la mesure du possible - et c'était sans doute la première fois que je lui avais exposé ce que je pensais aussi directement, mais je ne le regrettais pas. J'avais grandi, et j'avais besoin qu'il remarque que ma vie était à moi, et qu'elle ne dépendait pas uniquement de lui, ou de ma mère et de ses exigences.


- Je ne savais pas que Lizlor t’avait donné ma lettre, murmura tout d'un coup Ruby, me tirant de ma torpeur et de mes réflexions. J'avais cru qu'elle dormait, et j'arrêtais une seconde de la bercer pour la regarder. Tu… Tu l’as lu quand ? C’est à cause d’elle que tu as fait demi-tour ? Je ne veux pas que tu te sois forcé. Je voudrais que tu ais envie d’être avec moi comme j’en ai envie moi, pas parce que tu… Je sais pas, que tu ais peur des bêtises que je pourrais faire. Tu n’as pas peur de… Regretter, un jour ?

Je la regardai, un peu surpris - oh, la lettre. Je revoyais encore la silhouette de Lizlor s'enfuir dans la nuit, et le coup au coeur que j'avais eu en lisant ensuite.

- C'était une très belle lettre. On ne m'avait jamais écrit comme ça, merci, dis-je le coeur palpitant. Mais... Je l'ai lue un peu avant de partir, mais non, ce n'est pas ça qui m'a fait changer d'avis. Je réfléchis un instant. C'est plus compliqué que cela, cette lettre m'a sûrement fait me rendre compte encore plus de ce que je perdais et de combien je comptais pour toi, mais si je suis revenu c'est parce que je ne pouvais pas, je ne pouvais pas franchir cette porte et risquer de te perdre pour toujours. J'ai compris que le vrai enjeu était ici, pas en Australie. Et je ne regrette pas, je ne regretterai jamais, achevai-je avec un petit sourire, et mon pouce vont caresser son visage.

- Je suis désolée, on ne devrait plus en parler. Tu es là, et il n’y a que ça qui compte et… Merci. Merci de m’avoir choisi.

J'aurais aimé lui répondre "merci de m'avoir pardonné", mais les mots restèrent coincés dans ma bouche, et y moururent. Je connaissais la réponse - ou plutôt, je la redoutais. Ne se voilait-elle pas la face, pour que tout se passe bien ? Le problème était aussi que, pour ma part, j'étais loin de m'être pardonné. Je l'embrassai sans rien ajouter, saisissant ses lèvres entre les miennes, dont la douceur me faisait toujours frissonner. Je m'étais collé instinctivement contre elle, sentant ses formes contre moi ce qui accéléra comme d'habitude les battements de mon coeur, puis je la calais tout contre moi et fermais les yeux pendant que le feu mourrait dans la petite cheminée. Ma vue se brouilla un peu avec l'obscurité et je battis faiblement les paupières, luttant à moitié contre le sommeil et contre la culpabilité qui revenait m'étouffer petit à petit - je ne voulais pas m'endormir car je ne voulais pas me réveiller et que tout la douceur de ce moment s'évanouisse avec le jour, car j'avais peur de la suite, et j'étais certain que ce quelque chose qui stagnait dans le fond ne se résoudrait pas si simplement que j'aurais aimé l'espérer.



Fin
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