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• Have yourself a merry little Christmas, let your heart be light (A.B)

 
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 • Have yourself a merry little Christmas, let your heart be light (A.B)

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Rose J. Bosworth


Rose J. Bosworth
Professeur d'Étude des Moldus & directrice de Serdaigle & psychologue



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MessageSujet: • Have yourself a merry little Christmas, let your heart be light (A.B)   • Have yourself a merry little Christmas, let your heart be light (A.B) Icon_minitimeLun 19 Déc - 20:31

Spoiler:

C’était les jours où je me sentais folle, complètement dépassée, les jours les plus lourds et les plus difficiles : l’après, le réajustement. L’épisode maniaque avait surgi, tapis depuis des mois, et j’avais plongé la tête la première dedans. Au début, j’avais innocemment cru que l’excitation pour le bal m’envahissait, que j’avais envie de m’investir, que j’avais simplement pleins de projets mais bientôt la réalité m’avait rattrapé. C’était toujours ce glissement terrible où je réalisais que je perdais les pédales, mais l’euphorie complète m’empêchait de réagir et de vouloir faire demi-tour. D’où cela venait-il, oh, les maladies mentales étaient compliquées et changeantes, et les médicaments devaient toujours être réajustés. Il suffisait d’un léger changement, d’un petit déclencheur et la catastrophe arrivait. J’avais passé quelques jours à courir partout, sans jamais quasiment dormir, j’avais commencé mille projets – j’avais demandé à Scarlett de me prêter de quoi dessiner, refait trois fois le plan d’organisation du bal, réservé un billet de train pour un week-end à Godric’s Hollow, acheté un nouveau manteau et trois robes – j’avais même éclaté de rire tellement fort que Scarlett m’avait regardé étrangement, devinant que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Moi aussi, je le savais, mais dans ces moments je me sentais si invincible que je ne voulais pas arrêter la machine. Mais je me connaissais mieux qu’avant, je savais freiner, même si cela était terriblement violent. J’avais fini par transplaner en urgence à Lowestoft, à l’hôpital où j’avais été interné, sentant que la situation m’échappait. Mon ancien thérapeute, Henry, m’avait reçu avec beaucoup de douceur, alors que je devais nager en plein délire ; il avait rééquilibré mes médicaments, et nous avions convenu qu’il était peut-être mieux que je reprenne une thérapie plus régulière, au moins une fois par semaine.

Puis ces fameux jours, cet après, étaient arrivés. Les médicaments faisaient effet et il fallait encore trouver la bonne dose, je me sentais complètement assommée et perdue. J’avais dû aller parler à Madame Wayland, lui dire que je ne me sentais pas capable de faire cours, pas dans cet état. Tristement, Sara était habituée, depuis que j’enseignais aussi, j’avais dû prendre quelques jours trois ou quatre fois, souvent dans mes épisodes dépressives les plus intenses. J’avais été honnête lors de notre entretien quand elle m’avait embauchée, je l’avais prévenue de ma condition médicale – elle n’avait été que très compréhensive, ce qui ne m’étonnait pas d’elle. Cette fois-ci, je lui expliquai brièvement la situation, malgré toute la pudeur qui me prenait, et je lui demandai ne serait-ce que deux jours pour récupérer. Je m’en voulais énormément, car nous étions en train de finir la préparation du bal, mais je m’en sentais tout bonnement incapable – plus que mon état mental, les insomnies maniaques avaient fini par se répercuter sur moi, j’étais épuisée, et les médicaments me donnaient la nausée. Je promis d’être d’attaque pour la journée même du bal, pour les derniers préparatifs et pour veiller au bon déroulement de l’événement. Malgré la douceur maternelle de Sara, je me sentais pitoyable et faible, et une fois mes cours annulés et mes consultations déplacées, je m’étais endormie et ne m’étais réveillée que treize heures plus tard, l’esprit embrumé et le corps pâteux.

Le jour du bal était arrivé, et après une consultation avec Maya – ce qui était toujours un peu étrange, puisqu’elle était la petite sœur de mon collègue – j’étais descendue à la lisière de la forêt pour mettre en place les derniers préparatifs. Nos baguettes à l’unisson, l’équipe enseignante en charge de l’événement finissait de lancer les derniers enchantements, et par Merlin, il y en avait des tas ! Glace qui ne fondait et ne glissait pas, barrière pour qu’aucun élève un peu ivre ou téméraire n’aille s’aventurer dans la forêt, température ambiante agréable, il fallait tout peaufiner pour que cela soit parfait. Je remontai ensuite dans le château, accompagnée d’Heather, pour m’assurer que les elfes de maison avaient la situation en main. Ils en profitèrent pour nous faire goûter quelques-unes de leur création pour le buffet, ce que nous acceptâmes avec plaisir. Comme toujours, c’était délicieux, et nous finîmes par remonter dans nos chambres respectives en bavardant joyeusement de la future soirée qui s’annonçait plus qu’agréable.

Cette épisode maniaque m’avait au moins apporté quelque chose ; je ne m’étais sûrement jamais acheté une robe aussi jolie. J’étais presque mal à l’aise, car j’avais l’habitude de faire des choix plus sobres. Le haut de la robe était moulant et légèrement transparent, brodé de sequins et de paillettes, comme des traînées de poussières d’étoiles, tandis que le bas, évasé, était en velours épais et bleu nuit, avec des reflets plus clairs si la lumière jouait dessus. Le motif sur le jupon reprenait celui du haut, comme des constellations et des galaxies, mais avec des étoiles plus grosses cousues dessus. En somme, j’étais habillé d’un ciel étoilé. J’essayai de ne pas penser au prix que cela m’avait coûté, car si ma mère aurait sûrement dit que c’était un montant tout à fait acceptable pour une robe de bal, je détestai cette folie des grandeurs qui me prenaient dans mes épisodes maniaques. Je n’aurais probablement jamais dépensé autant pour une tenue en temps normal. J’enfilai mes chaussures, des talons noirs compensés et confortables qui se noyaient sous mon épais jupon et me rendaient encore plus grande que d’habitude. Je laissai mes cheveux libres, mais les bouclai légèrement d’un coup de baguette, pour les rendre un peu plus… soignés, festifs peut-être ? Continuait à m’affairer avec ma baguette, je réalisai un maquillage argenté discret, non sans rappeler ma robe, et terminai par un rouge à lèvres d’une jolie teinte rose orangé foncé.

En arrivant au bal, un peu avant l’heure d’arrivée officielle des élèves, je me sentis sourire sincèrement : les lieux étaient vraiment magnifiques. Nous avions réussis notre pari, c’était réellement féérique, couvert de glace, il pleuvait des petites étoiles dorées, les arbres environnants étaient joliment décorés et le buffet était magnifique. J’aimais particulièrement les nappes blanches brodées au fil doré et argenté, un petit détail qui montrait bien que rien n’avait été laissé au hasard. J’aidais à installer la buvette, pensant d’ailleurs à combien une coupe de champagne me faisait envie mais combien cela était risqué vu mon état. Tant pis, l’alcool ne serait pas au rendez-vous ce soir, et c’était sûrement mieux, finalement… Je jetai un coup d’œil au lieu, une dernière fois. L’orchestre accordait ses instruments, et les élèves commençaient à arriver, poussant des « oh » et des « ah » devant la merveille du décor resté secret pour un effet de surprise le plus total. Je n’avais d’ailleurs jamais vu autant de gens à l’heure pour le bal, sûrement pour découvrir ce que nous avions préparé.

Un peu en retrait, observant – comme à son habitude – je remarquai qu’Angus était là aussi. Nous avions passé l’après-midi à tout installer ensemble, mais il s’était depuis changé, et je ne l’avais jamais vu aussi chic. Une nouvelle fois, l’image de ma mère me vint, car c’était une spécialiste des soirées mondaines. Je savais qu’elle aurait sûrement fait remarquer que son costume était clairement de seconde main, et je me détestai de le voir aussi, trop influencée par mon éducation étriquée. Mais je n’avais que faire de combien il mettait dans ses habits, surtout lorsque j’avais cru deviner que sa vie ne lui avait pas offert les finances les plus stables. Je m’approchai de lui avec un petit sourire.


- Je crois qu’on peut dire que c’est une réussite, glissai-je avec un air entendu. Je suis déçue d’avoir raté les derniers préparatifs de ces derniers jours, mais j’avais raison de ne pas m’inquiéter, c’est vraiment magnifique ! Je fis à nouveau un sourire enjoué. C’est donc ton premier bal à Poudlard ? Demandai-je, intéressée. Je savais qu’il n’avait pas eu la chance d’être scolarisé aussi, ce qui d’ailleurs le rapprochait étrangement de Daniel, ils semblaient bien s’entendre et se comprendre du côté de ce point commun silencieux qui aurait pu être d’ailleurs plus exploité si les deux n’étaient pas aussi renfermés et parfois même taciturnes. Tu dois être impatient de voir comment c’est, et Caítriona aussi ?

J’avais appris, au fur et à mesure des conversations, qu’il n’avait rien de mieux pour détendre Angus que de mentionner sa fille, qui semblait être un véritable joyau à ses yeux parfois trop ternis.
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Angus Baxter


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MessageSujet: Re: • Have yourself a merry little Christmas, let your heart be light (A.B)   • Have yourself a merry little Christmas, let your heart be light (A.B) Icon_minitimeMer 21 Déc - 13:02

Tout en empruntant le chemin du bal, situé non loin de ma maison puisque j’occupais celle du garde-chasse à la lisière de la forêt, j’époussetai, un peu grognon, la dose infinie de paillettes que Cat avait lancées sur ma veste. La matière, un peu, brillante, attirait les paillettes comme des mouches et j’avais beau tapoter le tissu un peu partout, il en restait tout de même assez pour que je scintille comme un sapin de Noël, ce qui m’agaçait un peu. Néanmoins, j’étais heureux, au fond : la joie de ma fille liée au bal, à sa préparation, à nos tenues respectives, me faisait tellement plaisir que j’avais cette impression inhabituelle que mon cœur s’était fait pousser des ailes.

Je l’avais évidemment emmenée dans une boutique de vêtements d’occasions, mon nouveau salaire fixe me permettant plus d’extravagances certes mais c’était encore le début et j’en profitais pour rembourser les quelques dettes que j’avais auprès de gens de confiance (mon credo avait toujours été d’éviter les dettes à la pelle et en particulier auprès des gens qui se disaient mes amis car je savais par expérience que c’était source de problèmes ; j’avais malheureusement du emprunter mais peu et toujours avec un contrat sérieux, et donc intérêts). Dès les premières payes j’avais tenu à le faire, si bien que l’argent que j’avais touché n’était pas si conséquent. L’avantage était que je n’avais pas à me soucier de la nourriture ni du logement : tout d’un coup Poudlard était là pour ma part, je devais bien l’avouer, je me sentais presque démuni face à tout ce qui nous tombait dans les mains et dont nous n’avions pas du tout l’habitude… C’était agréable, oui, mais j’avais beaucoup de mal à m’y faire. Maintenant que j’avais acquéri cette stabilité que j’avais tant enviée, il me semblait tout d’un coup qu’elle n’était pas du tout faite pour moi, pour nous, et… Et je ne savais plus quoi faire. Lorsque mes journées se terminaient, avant qu’elles commencent, je me sentais désoeuvré, inutile, encore plus quand je ne pouvais pas voir Cat parce qu’elle avait cours ou qu’elle était dans son dortoir. C’était, de loin, le plus difficile :  j’avais été tellement habitué à vivre avec elle, serré dans six mètres carré peut)être mais avec elle, j’avais tellement fait tourner mon univers uniquement autour d’elle, qu’il m’était dorénavant impossible d’évoluer sans elle. Je ne voulais surtout pas que cela empiète sur sa nouvelle vie et je ne lui disais rien de tout ça, même si je la dévorais de baisers et d’attention quand elle venait (souvent, heureusement), mais je savais qu’au fond cette transition était bien plus difficile que ce que j’avais pu imaginer. Bref : nous étions allés dans une boutique et je lui avais promis une robe et tout ce qui lui faisait plaisir ; à part les chaussures elle avait trouvé son bonheur et j’avais fini par dénicher une paire de ballerines simples et des pots de paillettes pour qu’on les décore nous-mêmes, ce qui avait fait son affaire. Cat, quant à elle, avait tenu à ce que je me trouve de nouveaux habits un peu « festif » et si je l’avais suivie en traînant des pieds (ce genre de choses n’étaient pas vraiment ma tasse de thé, en réalité je n’en voyais pas l’intérêt et j’avais passé l’âge de m’émerveiller pour un bal) j’avais du reconnaître que son œil aiguisé des friperies n’avait encore une fois pas faibli : j’étais reparti avec un pantalon en velours bleu foncé, un peu usé mais encore très bien, et une veste grise et brillante, que j’allais mettre au-dessus d’une simple chemise blanche.

L’équipe de Poudlard, sympathique au demeurant, m’était encore un peu étrangère. Je ne m’étais pas appesanti sur la chose : ils étaient polis et dans l’ensemble agréable, mais ni eux ni moi n’avions réellement fait l’effort de nous découvrir, et à vrai dire, je n’en voyais pas spécialement l’intérêt. Je me sentais différent d’eux, ces gens éduqués trop éloignés de ma vie, et je n’avais pas envie de ne pas pouvoir répondre à leurs questions, de ne pas rentrer dans leurs cases. La seule qui me faisait une meilleure impression était la directrice de Serdaigle, douce et plutôt discrète, ce qui me correspondait déjà un peu mieux. J’avais surtout eu une conversation avec elle au sujet de Cat, de son arrivée, de son acclimatation, et j’avais constaté qu’elle réellement impliquée et intéressée par ma fille, ce qui ne pouvait que me faire plaisir. Et puis, nous avions été amenés à travailler pour le bal ensemble ; même si elle avait été malade pendant quelques jours, j’avais trouvé que notre binôme fonctionnait bien.

Effectivement, la décoration du bal de Noël était très réussie, quoiqu’un peu chargée à mon goût. Maintenant qu’il commençait, je sentais combien j’étais fatigué – j’avais travaillé d’arrache-pied ces derniers temps pour tout finir dans les temps, pas question de rater ce premier bal – et combien j’avais peu envie de m’y rendre, mais Cat était tellement joyeuse et hystérique qu’elle avait suffi à me redonner un peu d’énergie.  En arrivant sur place, je vérifiai les derniers petits détails avec Dan qui lui aussi s’affairait minutieusement. Nous échangeâmes quelques mots, puis j’effectuai une mission pour Meryl Kelsey comme nous avions convenu, et revins sur place au même moment que les premiers élèves, tous habillés comme les bons petits enfants de riches qu’ils étaient. Je m’étais préparé avec Cat, mais elle avait du retourner dans son dortoir avant de descendre vers la forêt ; je me mis dans un coin et attendis son retour en laissant mes pensées vagabonder.

J’avais trop rêvé de Poudlard pour ne pas apprécier, mais ce fantasme avait été si embelli et étiré par le temps qu’il s’était un peu fané, un peu terni aussi. Quelque part, j’avais du mal à voir autre chose que ce qui m’avait échappé et que je n’avais pas eu, dans le dessin des hautes tours du château. Mais je n’étais pas mauvais non plus, ce n’était pas mon genre ; juste un peu fataliste. C’était comme ça. Je m’étais battu pour le reste, et cela suffisait amplement. Et puis, ce n’était pas moi qui importais, à présent. C’était l’enfant que j’avais eu et qui n’imaginais sans doute pas à quel point elle avait changé ma vie, et comment elle l’avait sauvée.


- Je crois qu’on peut dire que c’est une réussite, dit tout d’un coup Rose, qui s’était approchée de moi. Je lui souris poliment et fis un signe approbateur de la tête. Je suis déçue d’avoir raté les derniers préparatifs de ces derniers jours, mais j’avais raison de ne pas m’inquiéter, c’est vraiment magnifique ! C’est donc ton premier bal à Poudlard ?  

N’ayant aucune envie de m’appesantir sur le sujet, je décidai de rebondir sur ce qu’elle avait dit avant :

- Ça va mieux, d’ailleurs, tu n’es plus malade ?

Malade… Un concept qui me paraissait inconnu – dans ma vie, être malade et inapte pour travailler avec de telles répercussions sur notre quotidien que je ne pouvais jamais me le permettre.

- Tu dois être impatient de voir comment c’est, et Caítriona aussi ?

Tournant seulement mon visage vers elle, je pus voir qu’elle était ravissante, plus apprêtée qu’à l’habitude et dans une robe… Ma foi, une robe dans le thème, scintillante d’étoile, qui lui allais à ravir mais que je n’étais pas certain de trouver à mon goût – ou peut-être que je n’en avais pas assez l’habitude. Je lui lançai un petit sourire.

- Oh, oui, tu l’aurais vue ! Elle était intenable. Il faut dire qu’elle n’a jamais eu une robe de ce genre, et puis ce thème l’a tellement inspirée qu’elle a tenu à mettre des chaussures pailletées en plus de tout – on les a faites nous même avant de venir, comme tu peux le constater… Je lui montrai ma veste avec un air un peu blasé ; je n’avais aucune honte de dire clairement que nous avions fabriqué une bonne partie de sa tenue, je mettais d’ailleurs un point d’honneur à ne jamais me sentir honteux ou coupable de notre situation devant les gens. Je lui ai offert un diadème, je suis sûre qu’il lui ira tellement bien ! Je me demande où elle est, d’ailleurs, elle devait juste repasser dans son dortoir, enfin, elle ne devrait pas tarder.

Un plateau de petits fours (blancs et saupoudrés d’un sucre qui scintillait) voleta vers nous mais je refusais d’un geste de la main.

- Et, hmm, pendant la soirée, nous, à part surveiller, qu’est-ce qu’on doit faire ?

Je n’avais pas eu d’instruction précises de Sara Wayland et je me demandais bien ce que tout l’équipe du château allait bien pouvoir faire pour s’occuper – Rose était celle que je préférais questionner à ce sujet, sachant qu’elle ne me jugerait pas forcément sur mon absence de connaissances en matière de bal de Noël.
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Rose J. Bosworth


Rose J. Bosworth
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MessageSujet: Re: • Have yourself a merry little Christmas, let your heart be light (A.B)   • Have yourself a merry little Christmas, let your heart be light (A.B) Icon_minitimeLun 9 Jan - 22:45

- Ça va mieux, d’ailleurs, tu n’es plus malade ?

Je sentis que mon cœur se contractait tristement. Oui, ça allait mieux… Mais non, je n’étais pas guérie. Je ne le serais jamais. J’enviais parfois les gens dont les maladies étaient physiques, visibles, car j’aurais aimé pouvoir parler simplement de ce qui m’arrivait, sans m’inquiéter de toutes ces idées reçues autour de la dépression, des maladies mentales… Je voulais pouvoir dire simplement que j’avais mal, comme on avait mal d’une jambe cassée ou d’une angine. Ça me semblait tellement plus simple à décrire que ces constantes spirales dans lesquelles je me noyais. Je me demandais comment Angus aurait réagi si j’avais été honnête, s’il avait déjà été face à ce genre de choses. C’était un sujet tabou dans toutes les strates de la société, et je n’aurais pas été surprise qu’il ne comprenne pas. Je n’étais pas comprise par mes propres parents.

- Oui, je me sens mieux, merci, dis-je d’une petite voix polie.

Je ne relevais pas le fait qu’Angus ait ignoré ma question – je n’étais pas surprise. Il était tout en mystère et en pudeur, ne s’attardant jamais sur lui, sa vie. Je pouvais comprendre, j’avais deviné aux quelques sous-entendus qu’il avait fait que les fils qui liaient sa vie étaient complexes et jonchés d’épreuves. Je le voyais aussi en Caitríona et ses manières à la fois secrètes et brusques, elle semblait pleine de paradoxe, vive et à la fois habituée à garder le profil bas. Je me demandais à quel point leur vie était difficile, j’avais compris qu’ils avaient beaucoup déménagé et que l’argent manquait souvent, mais je sentais bien que ce n’était que la partie visible de l’iceberg. Angus n’en avait jamais parlé, mais je sentais que le sujet de la mère de Caitríona était délicat aussi. Les familles monoparentales où la mère n’était plus dans le paysage était peu communes, et cela me rendait triste – j’imaginais facilement un décès, ce qui n’avait pas dû être facile. Je savais qu’Angus ne voulait pas de ma pitié, mais j’avais de la peine pour eux, car je sentais que la vie ne leur avait pas fait de cadeaux, mais j’avais aussi une étrange fascination pour ce qui les unissait et de l’admiration dans la façon dont ils semblaient gérer tout cela. Lorsque je les voyais ensemble, j’étais émerveillée par ce lien qui se ressentait tout de suite et qui semblait indesctructible.


- Oh, oui, tu l’aurais vue ! Elle était intenable. Il faut dire qu’elle n’a jamais eu une robe de ce genre, et puis ce thème l’a tellement inspirée qu’elle a tenu à mettre des chaussures pailletées en plus de tout – on les a faites nous même avant de venir, comme tu peux le constater… Je lui ai offert un diadème, je suis sûre qu’il lui ira tellement bien ! Je me demande où elle est, d’ailleurs, elle devait juste repasser dans son dortoir, enfin, elle ne devrait pas tarder.

Je me sentis sourire doucement à la vision du visage tout à coup un peu illuminé d’Angus. Je les imaginais tous les deux, en train de se préparer, de coller des paillettes partout sur une vieille paire de chaussures. Jamais je n’avais eu ce genre d’activités avec mes parents, et à vrai dire, je ne me souvenais pas d’avoir réellement joué avec eux lorsque j’étais petite. J’avais généralement une nounou qui s’occupait de tout, mes parents n’étaient là que pour complimenter les dessins que je leur montrais le soir lorsqu’ils rentraient du travail. J’entendais encore mon père et ses « très bien ma chérie », alors qu’il buvait son whisky pur feu en lisant la gazette, regardant à peine ce que je lui tendais. L’idée de faire ma tenue de bal avec lui me paraissait risible, si j’y pensais.

- C’est super que vous partagiez ce moment ensemble. En tout cas tu es très chic, même avec les paillettes partout, dis-je avec un petit rire. Je suis sûre que Caitríona sera ravissante aussi ! C’est une bonne idée le diadème, surtout avec ses jolis cheveux.

Elle avait en effet une masse capillaire assez impressionnante, mais magnifique. Je regardai Angus avec un sourire, remarquant qu’il venait de repousser les petits fours d’un geste de la main – pour ma part, je n’avais pas faim, les médicaments jouant un peu trop avec mon estomac. Mais c’était étrange cette façon qu’Angus avait de sembler repousser tout ce qui paraissait un peu… Too much ? Parfois, j’avais la curieuse impression qu’il ne voulait pas se faire plaisir, ou qu’il ne savait pas comment.

- Et, hmm, pendant la soirée, nous, à part surveiller, qu’est-ce qu’on doit faire ?

Ah ! C’était une question intéressante à laquelle je n’étais même pas sûre de savoir répondre. Chaque année avait son lot de surprises, je l’avais compris rapidement, autant en tant qu’élève qu’en tant que professeure. Il y avait des années où les élèves semblaient particulièrement enclins à faire des bêtises, je le savais car j’étais dans ce lot-là, à boire en cachette et à faire n’importe quoi, complètement ivre. J’avais aussi vu que parfois, c’était les professeurs qu’il fallait discrètement gérer, comme Jane l’année dernière qui avait un peu abusée du champagne aux bulles magiques. Je devinais qu’Angus devait trouver cet univers un peu étrange, surtout s’il n’était pas habitué ce genre de folie et en un sens, cet étalement de luxe et de richesse. Ça devait tellement lui paraître clinquant ! Même moi qui étais habitué aux soirées mondaines de mes parents, j’étais toujours impressionnée par la grandeur du bal de Poudlard. Mais il y avait une différence majeure ; ici, ce n’était jamais trop, il me semblait, grandiose mais féérique en même temps. Beaucoup plus vrai aussi, loin du doré trop brillant de mes parents et de leur monde que je trouvais si austère, derrière toutes les couches de paillettes.

- Pas grand-chose, à vrai dire, tu sais c’est aussi une soirée pour que tout le monde se détende. Parfois, c’est sur les autres professeurs et assistants qu’il faut veiller, tu serais amusé de voir dans quel état certains finissent par inattention ! Mais à part ça, on est aussi là pour s’amuser, techniquement. Ça fait du bien de profiter un peu de temps en temps, non ? Dis-je d’un ton qui se voulait entendu et naïf en même temps, car j’avais bien compris que ce n’était pas dans les habitudes d’Angus.

Je me demandais ce qu’il aurait pensé s’il savait le monde que j’avais eu l’habitude de côtoyer en grandissant, mais je me doutais qu’il devinait dans mes airs trop propres sur moi et mon accent posh que je venais d’une bonne famille.


- J’avoue que je me sens toujours un peu bizarre dans ce genre de soirées. J’ai un peu grandi dans ce genre de milieu pourtant, mais à chaque fois je ne sais pas ce que je suis censée faire, c’est vraiment bizarre, confiai-je à moitié. Pour être honnête je crois que je préfère largement organiser l’événement que d’y assister, en fait !

J’avais parlé d’une voix un peu plus basse malgré moi, et j’espérais que ma sincérité montrerait à Angus qu’il pouvait en faire de même car au fond, je crois que nous étions tous les deux aussi maladroits dans ces situations…
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