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 « I will learn to love the skies I'm under. » (C.)

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James Miller


James Miller
Assistant à l'infirmerie



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Particularités: I don't know where I am going to rest my head tonight.
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MessageSujet: « I will learn to love the skies I'm under. » (C.)   « I will learn to love the skies I'm under. » (C.) Icon_minitimeMer 24 Mai - 22:11

Le temps était devenu une obsession. Ce n’était pas aussi ancré que la façon qu’avait Ruby d’ordonner tout autour d’elle, dans des gestes habitués et presque mécaniques ; c’était beaucoup plus insidieux, comme si le ciel autour de moi avait pris une nouvelle teinte, légèrement différente, et qu’une fois que je l’avais remarqué, il était trop tard, mes yeux s’étaient habitués à ce changement de luminosité. Le temps en lui-même était d’ailleurs un peu comme un ciel, étendu tout autour de moi, comme une toile tirée, dont l’immensité était inatteignable et incompréhensible. Sans cesse, j’étirai mon bras pour le toucher, pour l’attraper et le retenir, sans cesse celui-ci s’écartait de moi. J’avais vécu sans jamais m’en préoccuper, pendant mes années de jeunesse, à présent il était devenu ce monstre qui s’était infiltré partout, qui me terrifiait et que pourtant je pourchassais, je voulais enfin gagner, mais finalement, comment gagner contre quelque chose d’aussi insaisissable ? J’étais toujours inquiet, pourtant, d’en manquer, tant les choses défilaient vite autour de moi, les responsabilités s’empilant petit à petit, toujours plus étouffantes. Il fallait absolument que je maximise ce temps, que je sois efficace, malgré la fatigue qui s’accumulait depuis les heures supplémentaires que je faisais sans cesse à l’infirmerie pour mettre de l’argent de côté. Je ne connaissais plus de point fixe, j’étais à l’infirmerie pour travailler, chez moi pour m’occuper de ma mère et l’administratif, à Poudlard avec Maya, chez Liz pour profiter d’elle, et parfois, dans ma chambre, pour enfin dormir. J’étais obsédé par le temps qui arrivait, comment l’organiser, comment ne pas le perdre, et surtout comment garder la tête hors de l’eau. Peut-être que j’étais aussi obsédé par le temps que j’avais perdu, celui qui m’avait couté Mathilda et ma famille, qui ne reviendrait jamais et que je ne pouvais résolument plus atteindre. Je me souvenais parfois tristement des romans d’aventures je lisais enfant, avec ces histoires de retourneurs de temps, de dédales dans le temps qui n’était plus linéaire, et je fantasmais sur ce temps-là que j’aurais pu parcourir de long en large, et, peut-être, modifier.

Mais le temps continuait sa course, pensai-je tristement en jetant un coup d’œil à la montre qui ne quittait plus mon poignet. Etrangement, elle avait appartenu à Mathilda. En commençant difficilement à trier ses affaires, j’avais retrouvé cette montre qu’elle avait eue pour ses 17 ans, comme le voulait la tradition sorcière. Elle était toute simple, avec un bracelet en cuir marron foncé, un cadran doré, et le bout de l’aiguille des secondes représentait un petit soleil. Lorsque je l’avais retrouvé, je m’étais assis sur le lit en silence, contemplant les minutes défilant avec une mélancolie oppressante et reposante, j’avais pensé tristement à Mathilda, au temps qui lui avait été enlevé, la gorge complètement nouée, bientôt rattrapée par des larmes glaciales, à l’image de la colère froide qui me prenait parfois. J’avais fini par les ravaler, et j’avais attaché cette montre à mon poignet, sans vraiment réfléchir. Pourtant, habituellement, j’évitais ce qui me rappelait ma sœur. J’aurais peut-être dû offrir cette montre à Maya. Mais elle m’attirait, comme si elle était un rappel quotidien du poids du temps, de sa responsabilité, et de la chance que j’avais d’en avoir encore. C’en était presque malsain, peut-être, car cela me rappelait constamment aussi que Mathilda n’en avait plus. La nuit, j’écoutais le mécanisme, et son tic-tac régulier, comme une berceuse qui me donnait parfois des cauchemars.

Comme toujours, ma journée avait été bien remplie, sans un réel moment pour souffler, et comme toujours, elle avait été chamboulée par les contraintes de dernière minute qui était devenue monnaie courante, surtout depuis que la santé de ma mère était en chute libre et que mon père avait officiellement quitté la façon. Il n’était pas rare aussi que Maya me cause des soucis, je voyais plus qu’elle commençait à lâcher prise, elle, à se laisser aller à la tristesse dévorante du désespoir, et plus j’essayais d’être fort pour elle, pour deux, plus j’avais l’impression qu’elle se brisait de toute part. La tension était devenue insoutenable, autour de moi mais j’avais l’habitude de devoir toujours aller avec le courant, de ne jamais savoir sur quel pied danser, c’était épuisant mais une réalité bien ancrée. Les responsabilités s’étaient accrues avec mon poste de responsable de l’infirmière, malgré l’aide de l’assistante, et il n’était pas rare que je sois réveillé en pleine nuit pour une urgence, ou qu’une vienne interrompre ma journée habituellement organisée. Evidemment, aujourd’hui, la journée où je ne pouvais absolument pas changer mes plans préparés à la minute près, il fallait que quelque chose de la sorte arrive. Mais je n’avais pas eu le temps de soupirer – chaque minute comptait.

J’avais compris l’urgence de la situation au moment où Heather avait débarqué avec Isabelle, inconsciente dans ses bras, et qu’elle m’avait expliqué d’une voix affolée qu’elle l’avait trouvée dans la réserve de potions, un flacon vide à côté d’elle. Les sorciers n’étaient pas épargnés par les drames adolescents et leurs réponses insensées, elles prenaient simplement des formes différentes. J’avais vu des élèves se couper avec des épines de plantes magiques, s’affamer ou se faire vomir à l’aide de potions complexes, et parfois, dans des cas extrêmes, il pouvait arriver qu’un élève aille plus loin, trop loin. Je ne l’avais vécu qu’une fois – cette nuit terrible où Ruby était restée inconsciente, les bras mutilés – et j’avais compris dès l’arrivée d’Heather que le schéma terrible se reproduisait. Il n’était qu’un neuf heures du matin, et il était probable qu’Isabelle ait tenté de se suicider durant la nuit, et il était impossible de savoir ce qu’elle avait pris – son pouls était faible et son corps présentait des symptômes graves et variés. Elle était en trop mauvaise état pour être déplacée, et je l’avais immédiatement prise en charge, conscient qu’il fallait agir vite et méticuleusement.

Malgré l’urgence, dans un coin de ma tête, la réalité et ses obligations n’étaient jamais loin. J’avais un rendez-vous urgent à Sainte-Mangouste, pour voir récupérer une potion pour ma mère, une potion rare qu’il fallait délivrer en main propre, mais l’infirmière de ma mère prenait sa retraite et il fallait trouver une nouvelle, nous n’avions pas encore eu le temps – ce maudit temps, toujours – et nous avions mal prévu les stocks de médicaments en attendant, c’était compliqué, il fallait lui donner cette potion une fois par semaine, elle ne pouvait pas la prendre seule, et une tonne d’autres choses. Cette potion faisait toujours des effets étranges, il fallait rester une heure avec ma mère après, pendant qu’elle comatait, pour être sûr que tout se passait, au cas où. C’était toute une organisation. Il fallait le faire aujourd’hui, alors que je savais pertinemment que je ne pouvais pas laisser la jeune élève toute seule, pas alors qu’elle risquait sa vie. Il y avait trop de choses à gérer, avais-je pensé, paniqué un instant, mais bien vite j’avais repris mes esprits et griffonné un hibou urgent à l’attention de Lizlor, lui expliquant que j’avais une urgence à Poudlard sans rentrer dans les détails, lui demandant de se charger de ma mère, avec quelques instructions, lui demandant de me rejoindre vers 19h à Pré-au-Lard  – j’espérais qu’Isabelle puisse être transférée à Sainte-Mangouste d’ici-là. Le reste était passé vite, je n’avais pas eu le temps de trop m’expliquer, mais je savais que Liz ne m’en voudrait pas. Vers 14h, une réponse urgente me parvint : Liz m’informait qu’elle-même ne pouvait pas, mais que Chuck s’était proposé, qu’il s’occupait de tout, etc. J’avais trouvé cela étrange, ou du moins inattendu, mais je n’avais pas eu le temps de m’en formaliser ; non seulement je faisais confiance à Lizlor et à sa confiance en Chuck, mais j’étais occupée à évacuer un liquide verdâtre tiède qui suintait sous la peau d’Isabelle, me confirmant que sa mixture contenait de l’essence d’ellébore, et j’avais conclu une nouvelle fois qu’elle avait visiblement jeté des ingrédients au hasard dans le chaudron en sachant que tous les effets contraires allaient faire une mixture explosive et possiblement fatale.

Vers 18h, nous avions réussi à la stabiliser, et elle put enfin être transportée à Sainte-Mangouste. J’eus à peine le temps de finir quelques papiers administratifs, et déjà je partais pour Pré-au-Lard, ayant tout juste pu troquer ma blouse contre un polo propre et ma veste en cuir. Heureusement, il faisait bon dehors, chaud, et le soleil me fit du bien – je jetai un coup d’œil à celui du cadran de la montre de Mathilda, qui m’indiquait que j’étais légèrement en retard. Je pressai le pas, arrivant devant les Trois Balais, où se tenait Chuck.


- Hey, salut , tu vas bien ? Je lui fis une brève accolade pour le saluer. Ça te dit une bierraubeurre glacé ? Je t’en dois bien une pour te remercier, lui dis-je avec un sourire fatigué mais sincère. On alla dans la petite terrasse à l’étage du bar, qui était baigné par le soleil, une pinte chacun – j’avais insisté pour l’offrir. Enfin assis, j’allumai une cigarette et inspirai profondément. Je te raconte pas, une des élèves a fait une tentative de suicide en avalant une potion imaginaire avec la moitié des ingrédients de la réserve, c’était un bordel pas possible… Je bus une grande gorgée de ma bierraubeurre dont le verre était glacial. Merci pour cet après-midi, je n’ai pas trop compris comment ça t’est tombé dessus, mais j’apprécie vraiment, mec… Du coup ça allait, ça s’est passé comment ? Je suis désolé en plus, ma mère est clairement pas la meilleure compagnie qui soit, surtout en ce moment, expliquai-je avec un sourire d’excuse, mais heureux tout de même que Chuck ait pu m’aider et pas mécontent de pouvoir enfin me poser, oubliant un instant les secondes qui défilaient sur le cadrant de ma montre.


Dernière édition par James Miller le Mar 6 Juin - 22:17, édité 1 fois
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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: « I will learn to love the skies I'm under. » (C.)   « I will learn to love the skies I'm under. » (C.) Icon_minitimeLun 29 Mai - 18:31

C’était drôle de se retrouver le midi comme des petits trentenaires, mais j’y prenais goût, parce que c’était fun de voir tout le monde et de kiffer un peu le beau temps. Au final je ne bougeais pas trop le magasin de la journée, pas que ça me dérangeait le contact avec les clients, mais je relevais la tête seulement quand je sortais, alors autant en profiter. Si Ruby était toujours un peu plus stressée des horaires le midi, donc moins détendue, Liz en revanche était souvent partante (et toujours à l’arrache) et il m’arrivait aussi de retrouver Chris, Lucy, tout ça. Aujourd’hui j’étais arrivé dix minutes en retard mais Lizlor avait transplané juste après moi – l’avantage des gens en retard. On se posa en terrasse d’un resto sorcier et tout de suite je compris qu’elle était un peu préoccupée, et je lui demandai d’emblée. Elle me raconta un truc incomréhensible en commençant par le milieu, la fin puis le début, et au bout de cinq minutes je finis enfin par comprendre qu’elle voulait rendre service à James mais qu’elle ne pouvait pas à cause d’un rendez-vous important au boulot, et que ça l’embêtait beaucoup parce que James était dans la merde. Comme j’avais du mal à saisir pourquoi, elle finit par lâcher le morceau et me dire que ça concernait sa mère – malade et cheloue, de ce que j’en savais – et qu’il fallait récupérer une potion pour elle à Sainte-Mangouste, lui porter, rester un peu avec elle. Ben… Je pouvais y aller, moi ?! Tu es sûr, et blablabla. C’était réglé au bout de quelques minutes, elle prévenait Jay, non ça le dérangeait pas, ça lui sauverait même la vie. Ce n’était rien de bien compliqué, je pris les infos, on finit de déjeuner, et voilà. Elle retourna s’occuper de ses animaux chéris et je décidai de rester un peu dehors à faire quelques courses ou à juste flâner, puisque le rendez-vous était bientôt. À l’heure dite et pas avant, je filai à Sainte-Mangouste.

Ah, les souvenirs… Sans un regard vers cet endroit maudit, j’avançai au radar, me débrouillant pour trouver le bon bureau (comme je connaissais par cœur les couloirs, ça aidait) et récupérer la potion. J’expliquai, on me dit qu’on était prévenus, etc. La potion avait une couleur bleu claire, semblait gazeuse et étincelai comme un miroir au soleil.


- Le flacon a été ensorcelé pour être incassable, me dit la sorcière en me lançant un regard inquiet. Quand même ! Je savais faire attention aux choses, merci.

Je me barrai sans demander mon reste : c’était là que ça se corsait un peu, puisque je ne connaissais pas où il habitait, j’avais juste son adresse, et c’était encore un peu compliqué pour moi de transplaner dans les lieux que je connaissais mal. Du coup je tranplanai jusqu’à une station de bus qui m’y menai, et me posai à l’étage supérieur, tout devant, laissant le trajet défiler devant moi.

C’était bizarre au fond, je ne connaissais pas spécialement intimement James (même si on se fréquentait pas mal et que je savais qu’on partageait quelque chose de plus profond) et je me retrouvais à aller chez lui m’occuper de sa mère malade, quand le sujet était un peu nébuleux quand on l’abordait. Pourtant en matière de mère nulle je m’y connaissais, mais bon. On n’avait encore jamais eu cette discussion, c’est tout. J’envoyai un texto à Emmy pour lui dire que ce soir je voyais James et que je lui expliquerai, mais que si elle voulait elle pouvait venir dormir chez moi, même si je ne savais pas trop quand je rentrais (Et comme mon texto était plus qu’incertain et servait un peu à rien, j’envoyai ensuite une salve d’émojis caca). Mais j’avais envie de la retrouver ce soir, même si c’était juste pour dormir contre elle. Le trajet était un peu long et je me mis à somnoler à moitié, laissant mes pensées dériver toutes seules, je me rappelais de cet endroit on y avait fêté un anniversaire de Chris, oh là aussi ce ciné j’y étais allé, il fallait que je trouve un cadeau à Lucy pour son anniversaire, il fallait aussi que je répondre à Chris qui voulait qu’on se fasse un week-end tous les deux, et proposai qu’Emmy passe ce même week-end avec Lucy parce qu’elle avait envie de mieux la connaître et de faire des trucs cools avec elle ( ??? Lucy et ses idées), mais ça me faisait rire c’était mignon, et j’étais content si elles se rapprochaient.

Bref : j’étais arrivé, je sortis du bus, longeai une rue puis une autre, et arrivai devant la maison. Je sonnai pour m’annoncer, même si Lizlor m’avait prévenu qu’il faudrait sûrement que je rentre tout seul.


- Mrs Miller ? répétai-je en entrant. Je finis par entendre un bruit, elle était allongée dans le salon, à moitié dans les vapes, et me fit un vague signe. Bonjour, c’est Chuck, le po… l’ami de James, j’apporte votre potion et je vais rester un peu avec vous pour…

Elle tendait déjà la main pour récupérer la fiole, et j’avais l’impression que si elle était consciente de ce qui se passait, une partie d’elle était un peu trop dans les brumes. La preuve, elle se fichait un peu de ce que je racontais, et me remercia simplement. Avant qu’elle la prenne, je lui répétai ce que m’avait dit l’infirmière, allai chercher une carafe d’eau pour qu’elle ait tout ce qu’il fallait, et m’installai dans le fauteuil.

L’attente commençait (clairement cheloue cette fois). Je n’avais rien pris pour m’occuper et elle sombra vite dans un léger sommeil (je l’entendais respirer) mais je n’osais pas me lever pour faire quoi que ce soit, je risquais de la réveiller ou de ne pas m’apercevoir que ça n’allait pas. Hmm… C’était cadeau cette situation bien familière, cadeau la fragilité qui ressortait d’elle, cadeau la maladie présente partout dans la pièce, cadeau aussi ma présence dans le fauteuil comme une sentinelle, à veiller et à attendre, parce que c’est tout ce qu’on peut faire… Pauvre James, plus ça allait plus je me disais qu’on se tapait vraiment les mêmes trucs et qu’on se traînait les mêmes casseroles, non ? Je me demandais à quoi ressemblait son adolescence, au milieu de tout ça. Mais je n’avais pas trop l’impression que c’était un truc dont il voulait discuter.

Finalement, une bonne heure plus tard, je me levai un peu ramolli, m’assurai que Mrs Miller était consciente et se sentait plutôt bien, puis je pris congé : j’avais rempli ma mission. Je partis de la maison, et j’en étais plutôt soulagé. Cette fois je transplanai chez moi pour m’occuper de Snitch et changer mes fringues du magasin, puis je bougeai une nouvelle fois aux Trois-Balais.


- Hey, salut, tu vas bien ? James arriva vite, et on se prit une seconde dans les bras. Ça te dit une bierraubeurre glacé ? Je t’en dois bien une pour te remercier.

- Ça me dit carrément ! Mais t’inquiète, t’es pas obligé. Bon, il avait l’air décidé de toute façon. On alla s’asseoir, et on se mit à fumer tous les deux, avant de trinquer.

- Je te raconte pas, une des élèves a fait une tentative de suicide en avalant une potion imaginaire avec la moitié des ingrédients de la réserve, c’était un bordel pas possible… Merci pour cet après-midi, je n’ai pas trop compris comment ça t’est tombé dessus, mais j’apprécie vraiment, mec… Du coup ça allait, ça s’est passé comment ? Je suis désolé en plus, ma mère est clairement pas la meilleure compagnie qui soit, surtout en ce moment.


- Oh merde, et elle va bien ? Wow, décidément, c’était cool sa vie, ha ha… Mais de rien, franchement ça ne m’embêtait pas du tout vu que je taffais pas cet aprèm, je suis encore un mi-temps. Ça a été, elle bien supporté la potion et quand je l’ai laissée elle était consciente et réveillée même si un peu à l’ouest… Enfin comme d’habitude d’après ce que j’ai compris ? Ça doit pas être facile, commentai-je simplement, et ce n’était pas de la pitié, mais juste de la compréhension – il le savait très bien. Lizlor a bien fait de me demander !

Je bus une deuxième grande gorgée – c’était frais, ça faisait du bien – pendant que dans le fond de la terrasse un mec commençait à monter un truc qui laissait entendre qu’un groupe allait venir jouer de la musique.

- Bon en tout cas si tu veux te changer les idées ce soir compte sur moi, ça doit être pesant les journées comme ça ! Je sais pas si t'as vu mais ils ont ouvert un nouveau truc de burgers sorciers pas loin... Ça a l'air dingue !

Après tout, on pouvait bien profiter d'une petite soirée entre mecs pour une fois !
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James Miller


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MessageSujet: Re: « I will learn to love the skies I'm under. » (C.)   « I will learn to love the skies I'm under. » (C.) Icon_minitimeMar 6 Juin - 22:16


Je m’étirai un instant sur ma chaise, balançant mon visage en arrière tandis que la fumée s’échappait d’entre mes lèvres. La terrasse des Trois Balais me rappelait énormément de souvenirs, mais j’étais heureux de les avoir à présent remplacés par d’autres. Si je m’y attardais pourtant, je revoyais facilement ma silhouette, déjà grande et carrée, mais qui tanguait un peu plus, autour de moi un grand groupe, beaucoup de filles qui riaient et que je trouvais jolies, le goût âcre des cigarettes que j’enchaînais. Je buvais toujours du whisky, peu importe l’heure de la soirée, parce que ça faisait « grand » et que j’avais envie d’être ivre, de me sentir puissant, je jouai des coudes dans les foules pour être au centre et que l’on m’entende. J’avais passé tellement de soirées ici, et si certains souvenirs étaient plus alcoolisés et diffus que d’autres, ils avaient tous le même goût, celui d’une assurance infaillible qui finirait par revenir me mordre la langue. Lizlor m’avait souvent dit que ça ne servait à rien de refaire le passé, de se blâmer pour toujours, mais j’avais bien du mal à l’écouter. Pourtant, elle savait bien ce qu’elle disait, elle était la première à devoir se pardonner du passé, de ses relations familiales décousues et conflictuelles. Mais les choses allaient à présent tellement mieux, avec sa mère, la présence de Ruby aussi, qui était devenue un nouveau maillon à cette chaîne incassable, et à l’inverse, il me semblait que jamais ma famille n’avait paru si maudite, comme si le passé était toujours là pour l’empoissonner. Si j’avais agis plus tôt, pensai-je toujours, si seulement, combien les choses seraient différentes aujourd’hui…

Je poussai un soupir et passai ma main sur mon visage. Le Jay qui buvait et riait fort n’existait plus. Il avait été remplacé par le reste, et par cette nouvelle identité qu’avait bien voulu me donner Lizlor, alors qu’elle avait commencé à m’appeler par ce surnom de jeunesse dont j’avais tant voulu me détacher.


- Oh merde, et elle va bien ? Mais de rien, franchement ça ne m’embêtait pas du tout vu que je taffais pas cet aprèm, je suis encore un mi-temps. Ça a été, elle bien supporté la potion et quand je l’ai laissée elle était consciente et réveillée même si un peu à l’ouest… Enfin comme d’habitude d’après ce que j’ai compris ? Ça doit pas être facile.

J’haussai les épaules. Oui, ce n’était pas facile, mais ce n’était pas à Chuck que j’allais apprendre le poids de s’occuper de quelqu’un de sa famille… C’était plutôt lui, qui aurait pu m’apprendre d’ailleurs, si j’avais été si protecteur avec Mathilda qu’il l’avait été avec Coop, j’étais certain que les choses seraient différentes. J’admirais d’ailleurs cela chez Chuck, pas seulement parce que j’avais beaucoup d’affection pour Coop, mais parce que tout cela résonnait en moi étrangement, me laissant à la fois nostalgique et amer. J’espérais simplement pouvoir reproduire à présent cela avec Maya, maintenant que j’étais plus averti, mais malheureusement, l’histoire qui se déroulait en fils emmêlés semblait me prouver que rien n’était encore gagné, bien au contraire. Dans le creux de mon estomac, quelque chose cogna désagréablement et je noyai l’acide qui se répandait en buvant une nouvelle gorgée de bière.

- Oui, elle est stabilisée, mais c’était tellement mal parti qu’on pouvait pas la déplacer à Sainte-Mangouste. Elle va s’en sortir, mais je pense qu’elle a gagné un abonnement chez Rose… C’est la psychologue à l’infirmerie, précisai-je, pensant que Chuck ne la connaissait sûrement pas.

Rose était adorable, je m’entendais très bien avec elle, mais elle sortait peu avec nous à Pré-au-Lard, et je crois qu’elle ne s’était jamais retrouvée en soirée en présence de Chuck. Elle était renfermée, et visiblement beaucoup plus à l’aise avec des interactions en petit groupe, ce qui était rarement le cas quand nous venions faire la fête ici. Elle arrivait souvent, lorsqu’elle se détachait de sa timidité, à rendre les conversations les plus simples apaisantes et faciles ; c’était sûrement la psychologue en elle, et cela me donnait toujours envie de pouvoir avoir quelqu’un de neutre à qui parler pendant des heures de tout ce qui écrasait ma poitrine. Mais je ne pouvais pas, c’était ma collègue, la psychologue de ma sœur, et je n’avais de toute façon pas le temps de m’occuper de tout ça. J’avais peur aussi, probablement, de craquer si je laissais s’exposer la moindre faille.


- Bon en tout cas si tu veux te changer les idées ce soir compte sur moi, ça doit être pesant les journées comme ça ! Je sais pas si t'as vu mais ils ont ouvert un nouveau truc de burgers sorciers pas loin... Ça a l'air dingue !

Ah, ça de suite, ça me parlait – je me redressai avec un grand sourire, carrément emballé par la proposition. Peut-être que c’était un peu étrange d’être seul avec Chuck, mais après tout, nous nous connaissions bien, même si c’était de façon un peu atypique, reliés par des gens qui gravitaient autour de nous. J’avais été sincèrement touché qu’il s’occupe de ma mère, même si j’avais du mal à revenir vraiment dessus, car le rappel de ma mère à l’ouest me pinçait toujours le cœur – et pourtant, j’aurais dû être habitué depuis le temps.

- Ah mais grave, je dis jamais non à un bon dîner, même en bossant à Poudlard et en étant nourri non-stop comme un roi, dis-je en riant. Et t’inquiète, je suis habitué à ce genre de journée, avouai-je, en haussant les épaules. Je ne voulais pas avoir l’air dramatique mais c’était la vérité. Tu as bien vu ma mère, c’est pas une partie de plaisir tous les jours, mais bon… Elle est tombée très malade après que ma sœur soit portée disparue, ça s’est détérioré pendant des années, et l’annonce du décès… C’était clairement le truc de trop. Les médecins pensent que c’est principalement psychologique, qu’elle se laisse mourir de chagrin, expliquai-je, étrangement facilement. C’est encore plus compliqué maintenant que mon père est officiellement parti.

Je bus une longue gorgée de bierraubeurre pour dénouer mon estomac qui supportait mal l’évocation de mon père.

- Mais je crois que je t’apprends rien sur les galères familiales, essayai-je de plaisanter. Je ne savais pas tout, mais Lizlor m’avait bien fait comprendre que Chuck n’était pas en bon terme avec ses parents, c’était d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle il avait vécu chez elle et Ruby pendant un moment. Désolé d’ailleurs, ça devait pas rappeler de très bons souvenirs pour toi, tout ça, osai-je, en évoquant à demi-mot l’après-midi. Je me doutais que remettre les pieds à Sainte-Mangouste n’était pas l’activité favorite de Chuck.

Un groupe commença à jouer un air un peu folk rock, qui allait bien avec l’atmosphère de la terrasse. Comme un groupe de jeunes passait avec un jeu de société, ça nous donna des idées avec Chuck, et on emprunta un jeu de cartes magiques pour se lancer dans une bataille qui allégea un instant l’atmosphère.


- Toi du coup, ça va ton taf, ça te plaît ? Demandai-je. Chuck bossait dans une boutique plutôt cool, où j’avais d’ailleurs repéré une chemise pour l’anniversaire de Liz. Et ça a l’air d’aller grave avec Emmy, non ? J’eus un sourire. C’est grave cool que vous soyez à nouveau ensemble !

Après tout, nous n’étions pas obligé de tout le temps parler de familles dysfonctionnelles, on pouvait aussi avoir ce genre de conversations un peu clichée qui faisait du bien – c’était cool aussi, de pouvoir se rappeler des jolies choses, pensai-je, rêveur.

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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: « I will learn to love the skies I'm under. » (C.)   « I will learn to love the skies I'm under. » (C.) Icon_minitimeDim 18 Juin - 17:41

- Oui, elle est stabilisée, mais c’était tellement mal parti qu’on pouvait pas la déplacer à Sainte-Mangouste. Elle va s’en sortir, mais je pense qu’elle a gagné un abonnement chez Rose… C’est la psychologue à l’infirmerie.

Je ne sais pas pourquoi je m'attardai une seconde sur ce prénom, Rose - heureusement la musique commença à jouer et changea le cours de mes pensées, parce que c'était un peu comme quand on se souvenait d'un truc sans mettre le doigt dessus, ça filait entre les mains, et c'était un peu frustrant, on avait beau courir après, on ne le rattrapait jamais. Je fis un signe de la tête en mode "eeeeh ben", parce que le quotidien de James ne devait clairement pas être rose tous les jours, et si je me doutais bien de toutes les horreurs qui devaient passer, ça ne faisait jamais plaisir d'y repenser. Après avoir trinqué, je bus une gorgée, c'était frais, ça faisait du bien. Bizarrement, malgré les sujets qu'on commençait à aborder et ce qui s'était passé dans l'après-midi, je n'avais pas spécialement l'impression que c'était tendu ou un peu lourd entre nous. C'était l'avantage avec James, je ne savais pas trop comment l'expliquer mais en tout cas on était suffisamment liés, par Ruby et Lizlor entre autres, pour savoir des choses l'un sur l'autre sans avoir été obligé de passer par la case présentation et découverte. C'était peut-être pour ça qu'on était à l'aise directement, parce qu'on savait et on se connaissait assez pour savoir à quoi s'attendre, mais tout juste assez quand même pour kiffer faire connaissance un peu plus, rien que tous les deux.

- Ah mais grave, je dis jamais non à un bon dîner, même en bossant à Poudlard et en étant nourri non-stop comme un roi. Et t’inquiète, je suis habitué à ce genre de journée. Tu as bien vu ma mère, c’est pas une partie de plaisir tous les jours, mais bon… Elle est tombée très malade après que ma sœur soit portée disparue, ça s’est détérioré pendant des années, et l’annonce du décès… C’était clairement le truc de trop. Les médecins pensent que c’est principalement psychologique, qu’elle se laisse mourir de chagrin. C’est encore plus compliqué maintenant que mon père est officiellement parti.

Je lui lançai un regard à moitié amusé après qu'il ait fini de parler -

- Mais je crois que je t’apprends rien sur les galères familiales. Je me mis à rire du coup, et lui aussi, la tension se dissipant facilement. Désolé d’ailleurs, ça devait pas rappeler de très bons souvenirs pour toi, tout ça.

Je ne savais pas trop ce qu'il savait exactement de ma famille et si, dans un cas normal, je n'aurais pas spécialement rebondi, je me dis que je lui devais au moins ça, il faisait l'effort alors je pouvais bien jouer le jeu, et après avoir haussé les épaules - clairement plus Sainte-Mangouste était loin de moi mieux je me portais - je dis tranquillement :

- Ah ouais, je savais pas pour ton père, tu dois être en charge de tout chez to du coup ? Désolé gros, je sais combien c'est relou, le mien s'est pas barré pour de vrai mais il a toujours été trop bourré pour servir à quelque chose alors bon... Mais du coup ta mère elle s'en rend pas compte, de tout ça, que ça pèse sur toi ?

Heureusement autour de nous tout le monde discutait et rigolait sur la terrasse, et puis avec la musique ça mettait une bonne ambiance, tout ça. On chopa même un paquet de cartes et je me mis à apprendre un nouveau jeu à James (que mes collègues m'avaient appris et qui faisait fureur dans nos soirées posées) et on se tapa des bonnes barres de rire pendant les premières minutes, parce que les règles étaient un peu compliquées et qu'on se mélangeait toujours au début. Il fallait dire aussi qu'on s'enquillait nos verres sans tarder et je commandais vite une deuxième tournée, qui cette fois était pour moi. Au bout d'une pinte, ça me tournait déjà un peu la tête mais de manière agréable sans trop me défoncer, je comptais bien profiter de ce soir pour me détendre, et je savais en plus qu'en étant avec James je ne risquais rien. C'était un truc important pour moi, de savoir avec qui je traînais pendant les soirées et ce que je m'autorisais : si j'étais avec mes potes sur qui je pouvais compter, je savais que je pouvais boire et profiter sans problème, mais dès qu'il y avait trop de gens que je ne connaissais pas ou bien quand je sortais avec mes collègues parfois et que d'autres personnes nous rejoignaient, comme je savais que parfois les choses pouvaient vite être dangereuses, je ne buvais pas autant. On nous l'avait assez répété au centre, l'entourage est très important en matière d'addiction, c'est souvent le groupe qui entraîne et aggrave et ensuite empêche de s'en sortir, et je savais pertinemment que ça avait été mon cas puisque j'avais rayé de la liste tous les gens qui auraient pu me dissuader et que j'avais choisi uniquement ceux qui consommaient.

- Toi du coup, ça va ton taf, ça te plaît ? Et ça a l’air d’aller grave avec Emmy, non ? C’est grave cool que vous soyez à nouveau ensemble !

- Ouais grave ! Bon c'est pas le job de mes rêves et j'espère bien retrouver un truc dans le Quidditch quand je serais remis sur pieds, mais en attendant l'équipe est trop cool, mes collègues sont géniaux donc y'a une super ambiance, je suis content d'y aller tous les matins. D'ailleurs tu me diras pour la chemise de Liz je te ferai un prix !

On trinqua une deuxième fois, et tout d'un coup la table d'à côté de nous, un groupe d'étudiants, se mit à chanter joyeux anniversaire et couvrit le son du bar. On chanta avec et on souhaita l'anniversaire du mec en question, Alex, avant de discuter un peu avec eux et ils décidèrent tout d'un coup de nous repayer une tournée en même temps que la leur, ce qui fait qu'on se retrouva avec un verre d'avance chacun - je levai la main et fis un chez à James qui se marrait comme moi. Cette soirée improvisée était décidément prometteuse !

Je me penchai un peu vers lui pour qu'on s'entende et rebondit sur le sujet qui, comme à chaque fois, me donnait un sourire de ouf (sans compter que la bièraubeurre faisait aussi son petit effet).


- Non mais je te jure man, c'est tellement le pied avec elle ! Franchement j'ai cru que c'était mort à un moment, là j'arrive pas à redescendre de mon nuage tellement ça se passe bien et tellement je suis heureux ! De toutes les meufs que j'ai eues j'ai jamais eu un truc comme ça, on est tellement complices et en osmose et tout c'est un truc de ouf ! (Encore une seconde et il allait se marrer, je le savais, quand je parlais d'Emmy mes potes finissaient toujours par rire tellement j'étais à fond) Et alors laaaaaisse tomber au pieu mais c'est le kiff, c'est toujours génial et tout c'est la première fois que je suis avec une meuf qui en a autant envie que moi tout le temps partout -

Évidemment, les musiciens choisirent ce moment-là pour jouer moins fort et le groupe d'à côté choisit aussi ce moment-là pour se taire, ce qui fait que tout le monde profita de mon aveu final, et on partit dans un gros éclat de rire ; je précisai quand même que "partout" c'était les lieux et pas le reste, ce qui redoubla l'hilarité générale (mais je gardai pour moi que j'aurais bien aimé que ce soit partout-partout). Puis chacun retourna à ses conversations :

- Ben quoi, toi c'est pareil non ? Liz c'est la meuf de ta vie sur tous les plans ?

Wink wink. Je levai mon verre pour trinquer avec lui à nos vies sexuelles (et amoureuses) avec un grand sourire.
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James Miller


James Miller
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MessageSujet: Re: « I will learn to love the skies I'm under. » (C.)   « I will learn to love the skies I'm under. » (C.) Icon_minitimeVen 30 Juin - 21:56


- Ah ouais, je savais pas pour ton père, tu dois être en charge de tout chez toi du coup ? Désolé gros, je sais combien c'est relou, le mien s'est pas barré pour de vrai mais il a toujours été trop bourré pour servir à quelque chose alors bon... Mais du coup ta mère elle s'en rend pas compte, de tout ça, que ça pèse sur toi ?

Sans même le connaître, je devinais déjà quel genre de père était celui de Chuck, et instantanément une amertume se répandit dans ma poitrine. Je ne comprenais pas pourquoi les figures paternelles étaient toujours aussi chaotiques autour de moi, dans tous mes amis, comme s’il s’agissait d’une véritable malédiction dont la palme était probablement détenue par Ruby. Je me demandais même s’il était possible d’être parent sans ruiner complètement ses enfants, et quand je pensais à la façon dont j’avais laissé Mathilda se ruiner, cela me laissait présager que je ne serais probablement pas un très bon père, ce qui me fendait toujours un peu le cœur. Plus je grandissais, plus j’aimais les enfants, et travailler à Poudlard nourrissait une affection particulière pour les adolescents. Je les voyais tous perdus, et je n’avais qu’une envie, les pousser doucement dans la bonne direction, être là pour eux. Je ne l’avais jamais dit à Chuck, mais en réalité, la mort de Coop m’avait vraiment bouleversé et ancré en moi une certitude particulière : je ne voulais plus jamais voir quelqu’un de si jeune mourir sans que je ne puisse y faire quelque chose. C’était terrible, de savoir que je ne pourrais malheureusement pas toujours l’éviter, mais en repensant à ce matin, et à l’adolescente au bord de la mort dans le lit d’infirmerie, je me disais que j’avais pu, à ma petite échelle, faire quelque chose. Peut-être aussi que je finissais par trouver quelque chose qui me passionnait vraiment dans mon métier, qui m’était pourtant tombé dessus un peu par hasard.

Ou peut-être étais-je stupide, à imaginer pouvoir sauver des adolescents alors je n’avais pas pu sauver ma propre sœur, comme si cela aurait pu égoïstement rattraper le tout et ôter toute la culpabilité que je ressentais. C’était fini, de toute manière, et rien ne pourrait changer ce qui c’était passé.


- Ah, je vois le genre, le mien sortait toujours avec ses collègues se mettre une mine et tromper ma mère… Décidemment, des pères modèles en somme, plaisantai-je. Je ne voulais jamais avoir d’enfants s’il était possible que j’ai une once de mon père en moi, pensai-je avec un pincement au cœur. Non, ma mère réalise que dalle de toute façon, mais ouais je dois tout gérer. Je t’avoue que c’est pas évident, surtout financièrement, mais après je ne me plains pas trop, de toute façon, je n’ai pas le choix, et puis il faut que je m’occupe de ma petite-sœur. Maya prenait tellement tout en pleine face, la mort de sa sœur, le départ de mon père, ma mère qui ne se battait même pas pour nous, et elle était si jeune… J’étais terrifié des dégâts que cela pouvait causer sur elle, sur son mental, et plus je la voyais en souffrance plus j’imaginais le pire.

Mais ce soir, je ne pouvais rien faire, pensai-je, et j’avais le droit de me reposer aussi, n’est-ce pas ? C’était le plus dur, accepter que parfois j’avais le droit de me poser, de laisser le temps défiler, car il était de toute façon trop tard pour faire quelque chose. Ce soir-là était de ces moments-là ; la journée était passée, j’avais tout fait pour qu’elle se déroule du mieux possible, et le reste appartenait à demain. A présent, il n’y avait que cet instant présent et, étonnamment, la présence de Chuck.


- Ouais grave ! Bon c'est pas le job de mes rêves et j'espère bien retrouver un truc dans le Quidditch quand je serais remis sur pieds, mais en attendant l'équipe est trop cool, mes collègues sont géniaux donc y'a une super ambiance, je suis content d'y aller tous les matins. D'ailleurs tu me diras pour la chemise de Liz je te ferai un prix !
- Ah cimer mec, c’est trop cool !
M’exclamai-je. C’est cool pour se remettre sur pieds en tout cas, un truc pas trop prise de tête, dis-je en réfléchissant à voix haute.

J’étais content pour lui, ça se voyait, c’était un type bien, probablement plus qu’il ne le pensait, et il ne méritait pas de finir camé dans un squat, au bord de l’overdose constamment. Il se relevait d’ailleurs plutôt bien, même si je me doutais que ça devait être compliqué. Avant qu’il ne se remette avec Emmy, il débarquait souvent à l’improviste chez les filles, parfois lorsque j’étais là, et s’il ne disait trop rien, tout le monde comprenait qu’il avait simplement besoin de compagnie. Heureusement qu’il pouvait compter sur Liz et Ruby, qui étaient les meilleures mamans du monde de ce côté-là. Il venait toujours souvent, mais il me semblait qu’à présent, c’était Emmy son ancre lorsqu’il dérivait, et ça se voyait d’ailleurs lorsqu’il était avec elle, il rayonnait.


- Non mais je te jure man, c'est tellement le pied avec elle ! Franchement j'ai cru que c'était mort à un moment, là j'arrive pas à redescendre de mon nuage tellement ça se passe bien et tellement je suis heureux ! De toutes les meufs que j'ai eues j'ai jamais eu un truc comme ça, on est tellement complices et en osmose et tout c'est un truc de ouf ! Et alors laaaaaisse tomber au pieu mais c'est le kiff, c'est toujours génial et tout c'est la première fois que je suis avec une meuf qui en a autant envie que moi tout le temps partout –

Le fou rire ne tarda pas, redoublant d’intensité avec la bière, le groupe à côté de nous qui avait tout entendu, et la tête de Chuck qui tentait vainement de se justifier.

- Ben quoi, toi c'est pareil non ? Liz c'est la meuf de ta vie sur tous les plans ?

Je me remis à rire, trinquant de bon cœur avec lui.

- Ah c’est sûr que de ce côté-là, je ne m’ennuie jamais avec elle… La dernière fois elle s’était mis en tête d’essayer un truc dans la douche, en gros elle voulait être comme ça, et moi là, expliquai-je en illustrant mes propos avec mes mains de façon à la fois très imagée et très brouillonne qui fit à nouveau monter nos rires. Mais du coup tu vois, avec sa jambe là, c’était trop galère, résultat elle a glissé et elle a pété tout le rideau de douche en s’y rattrapant, on partit en fou rire, mais le pire c’est que Ruby a démarqué plus tôt du boulot quelques minutes après alors que j’étais en train de soigner la bosse que Liz s’était faite en glissant, résultat elle nous a trouvé à poil assis par terre dans la salle de bain avec le rideau tout déchiré, imagine sa tête !

Le fou rire repartit de plus belle, le genre de fou rire qui ne se contrôle pas et qui semble durer des heures, dès que je reprenais mon souffle, le regard de Chuck et son hilarité contagieuse me faisait exploser à nouveau. Il nous fallut un long moment avant de se calmer – j’avais tellement ris que quelques larmes m’étaient montées aux yeux.

- Enfin ouais, je suis clairement à fond sur elle, riai-je. La première fois que je l’ai rencontré c’était littéralement le coup de foudre, je venais à Poudlard pour passer un entretien pour le poste à l’infirmerie et j’ai croisé Liz dans le parc. J’ai passé l’été à rêver d’elle, c’était un truc de ouf ! Mais après elle m’a bien fait galérer, à cause de cet abruti que Stephen qui lui avait brisé le cœur… Ohlala mais qu’est-ce que j’ai ramé pour qu’on se mette ensemble pour de bon, t’imagine même pas ! J’eus un petit rire, me rappelant pourtant la douleur que tout cela m’avait causé. Mais bon, c’est les Gryffondor ça, ça se laisse pas facilement mettre en cage !

On eut un regard entendu, et on se fit un petit high five parce que c’était aussi quelque chose qu’on partageait. Finissant ma bierraubeurre, je nous en recommandai deux, et quelques chips avec, qui allaient ouvrir mon appétit pour la suite. Je me sentais étrangement léger.

- Avec Emmy vous avez mis du temps à vous mettre ensemble au début non ? Je bus une grande gorgée, qui réchauffa tout mon corps. Franchement, elles doivent croire qu’on fait une soirée de gros bonhomme mais en vrai on est juste en train de raconter combien on est fan d’elles, si elle savaient…

On se remit à rire comme des débiles. Décidemment, cette soirée prenait une tournure inattendue, mais qui était en réalité exactement ce qu’il me fallait. Je n’avais pas vécu ce genre de moments depuis longtemps, complètement détendu et en même temps étrangement sérieux, sûrement car nous étions un peu liés d’une façon ou d’une autre, comme si nous nous comprenions sur plus de sujets que nous le pensions.

Clairement, la bouffe était l’un d’eux : affamés, et avec un peu trop de bierraubeurre dans le sang, on décida qu’il était grand temps de tester les burgers. On fit un signe de la main au groupe à côté de nous, qui souhaitèrent au passage à Chuck de « s’amuser paaaartouuuut », ce qui nous fit repartir en fou rire. On se fraya un chemin jusqu’à la sortie du bar, et je poussai une exclamation de surprise en trouvant y trouvant Maya qui fumait dehors avec un groupe d’amis à elle. Elle me sauta dans les bras, et j’ébouriffais ses cheveux avant de lui voler une cigarette en riant.


- Chuck, c’est Maya, ma petite-sœur, dis-je, tandis que Maya lui fit un câlin pour le saluer, toute souriante.
- Vous vous faites une soirée entre couilles, c’est ça ? Demanda-t-elle, ce qui nous fit repartir en fou rire pendant une bonne minute, sous le regard mi-amusé mi-exaspéré de ma sœur.

On fuma une cigarette en discutant un peu avec elle, puis je la laissai retourner s’amuser, sans pouvoir m’empêcher de lui dire de faire attention à elle. Tandis qu’on marchait vers le restau avec Chuck, l’alcool déliant ma langue, je laissai libre court à mes pensées entre deux bouffées de tabac :


- Tu vois, c’est vraiment pour Maya que je fais tout ça... Avec ma grande sœur, j’ai grave fermé les yeux, je l’ai vu tomber dans la drogue et je n’ai rien fait. Je me dis qu’avec Maya, j’ai un peu une seconde chance, j’haussai les épaules, et hésitai un instant avant de continuer, franchement, j’admire grave combien tu t’occupais bien de Coop. Quand j’étais à Poudlard, j’étais plus préoccupé par être populaire et faire la fête que par ma propre sœur, confiai-je un peu amer.

Pourtant, injustement, Coop n’avait pas été sauvé, peu importe combien Chuck avait été là pour lui. Je jetai ma cigarette sur le sol dans un geste un peu brusque ; mais je n’avais pas envie de gâcher cette soirée non plus.


- Bon ma couille, on va se le faire ce burger ou bien ?!?!

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MessageSujet: Re: « I will learn to love the skies I'm under. » (C.)   « I will learn to love the skies I'm under. » (C.) Icon_minitimeLun 14 Aoû - 16:31

Je crus que j’allais m’étouffer de rire quand il se mit à me raconter l’épisode de la douche : non seulement avec ses gestes, mais en plus avec ce qu’il expliquait, c’était tellement imagé et drôle que partais dans un fou rire de plus en plus incontrôlable tandis que la table d’à côté nous jetait des regards à la fois intrigués et amusés. C’était drôle d’apprendre des dossiers sur Lizlor aussi, je la connaissais bien maintenant et je savais qu’elle n’était pas la dernière pour vouloir s’envoyer en l’air mais dans la bouche de Jay c’était encore plus drôle et je les imaginais tellement se casser la gueule que j’en venais à chialer de rire – et ça faisait un de ces biens ! La cerise sur le gâteau était l’arrivée de Ruby, et je mis plusieurs minutes à récupérer mon souffle et mes esprit :

- Meeeeec Ruby elle a dû être tellement gênée !! Hahahahahaha dire que j’ai galéré toute une soirée à lui faire dire haut et fort le mot BITE en public !

Et c’était reparti pour un tour. Heureusement qu’on avait de quoi boire en avance, pour éponger tout ça.

- Enfin ouais, je suis clairement à fond sur elle. La première fois que je l’ai rencontré c’était littéralement le coup de foudre, je venais à Poudlard pour passer un entretien pour le poste à l’infirmerie et j’ai croisé Liz dans le parc. J’ai passé l’été à rêver d’elle, c’était un truc de ouf ! Mais après elle m’a bien fait galérer, à cause de cet abruti que Stephen qui lui avait brisé le cœur… Ohlala mais qu’est-ce que j’ai ramé pour qu’on se mette ensemble pour de bon, t’imagine même pas ! Mais bon, c’est les Gryffondor ça, ça se laisse pas facilement mettre en cage !

Mais oui, je ne traînais pas du tout avec eux à l’époque mais je m’en souvenais maintenant : il avait débarqué à Poudlard quand l’autre andouille de Stephen était encore là, et je n’avais jamais vraiment fait la relation entre les deux. Un peu calmé, je me concentrai sur ce qu’il était en train de me dire. J’avais du mal à remettre tout ça en perspective : j’avais tendance à nous voir de la même année mais en fait pas du tout, si bien que les repères étaient un peu faussés. À cette époque j’étais encore avec Taylord, et ça me fit bizarre d’y repenser tout d’un coup. Non pas qu’elle me manquait – elle avait été super importante pour moi et on avait vécu des trucs de dingue, tous les deux, j’avais quand même été jusqu’aux States rien que pour elle… Mais je ne regrettais pas mon choix ensuite, on avait grandi de manière trop différente, et je savais parfaitement qu’Emmy me convenait mille fois mieux. Bref, ce n’était pas ça qui me faisait bizarre, c’était plutôt le fait de ce temps révolu, du couple que je formais à l’époque avec elle et de la présence de Coop dans ma vie à ce moment-là, de son influence, du regard qu’il m’avait lancé quand j’avais décidé de partir chercher Taylord, la façon dont il avait compris dès le début, et comment il essayait de me pousser en avant… Quand j’étais avec Tay il y avait toujours Coop dans les parages à Poudlard, aussi, et tout ça me laissait un goût un peu amer dans la bouche. Je regrettai, parfois, qu’Emmy n’ait pas plus passer plus de temps avec lui, mieux le connaître, même si on avait passé du temps ensemble. J’aurais aimé qu’elle ait un tas de souvenirs avec Coop bien à elle, et qu’elle puisse me les partager, encore et encore. Mais bon, on ne pouvait pas choisir, c’était comme ça ; aujourd’hui j’étais heureux du chemin que j’avais fait ces derniers temps, et c’était déjà ça.

- Putain, j’avais oublié tout le bordel avec Stephen au début… On ne va pas se mentir, Lizlor a carrément gagné au change ! T’es sérieux t’as rêvé d’elle tout l’été ? Non mais t’es accro depuis le début en fait !


C’est vrai que depuis la première fois que je l’avais rencontré, je m’étais tout de suite dit : ce mec est raide dingue de sa copine. Je crois qu’on ne s’imaginait pas assez à quel point c’était vrai.

- Avec Emmy vous avez mis du temps à vous mettre ensemble au début non ? Franchement, elles doivent croire qu’on fait une soirée de gros bonhomme mais en vrai on est juste en train de raconter combien on est fan d’elles, si elle savaient…

Je me remis à ricaner, évidemment. Bon, après… Je ne me cachais tellement pas d’être fan d’Emmy, même devant elle, qu’elle devait se douter que je parlais  beaucoup d’elle (et parfois elle trouvait même que je parlais trop de nos exploits sexuels, mais bon, ce n’était pas de ma faute si dès que j’avais un coup dans le nez j’avais envie de parler de comment elle était bonne !).

- Pfiouuu, ça remonte, mais ouais… En fait on était vraiment super potes, on s’est rencontrés un peu par hasard par des amis communs et depuis ce moment-là j’ai l’impression qu’on ne s’est plus quittés, tu vois ? On passait des heures à rire et à parler et à faire la fête et plus ça allait plus on traînait ensemble, mais du coup c’était bizarre parce que comme on avait commencé le truc en mode potes, je me tapais des meufs à côté et tout, enfin bref. Et puis un jour ça s’est fait… Et après j’ai fait de la merde, pour changer.

Je levai les doigts en signe de victoire, même si clairement je n’étais pas spécialement fier de moi, mais bon. Comme Matt disait : retenir et se concentrer sur le positif.

On se mit ensuite en route pour aller bouffer (j’avais une dalle du tonnerre) et on recommença à rire comme des bossus en se levant, l’alcool faisait clairement son petit effet. Dans la rue, après avoir allumé une clope, on se lança dans nos souvenirs de Poudlard et du meilleur endroit pour organiser une fête secrète ; je pensai en voir lancé pas mal et être clairement au-dessus de tout le monde à ce niveau-là, mais je dus reconnaître que James en tenait une sacrée couche lui aussi. On finit par tomber nez à nez avec… sa sœur, une petite brune aux yeux pétillants.


- Chuck, c’est Maya, ma petite-sœur.
- Vous vous faites une soirée entre couilles, c’est ça ?
- Je sors Papi ; à son âge, il faut qu’il prenne l’air de temps en temps !


Je mis une bonne claque sur le dos de Jay et on se marra tous un peu plus – entre couilles, c’était le pompon. On se mit à discuter avec Maya et comme on lui racontait nos souvenirs de Poudlard elle nous raconta quelques trucs elle aussi, et très vite je me retrouvai à faire des blagues avec elle, elle était vraiment cool et, on ne va pas se mentir, plutôt canon. Heureusement qu’elle était trop jeune pour moi au moment de Poudlard, car j’étais certain que j’aurais tout fait pour me taper la sœur de Jay, ce qui aurait été peut-être un peu délicat pour nos « soirées entre couilles » ensuite. C’était mignon : je voyais dans ce qu’il disait qu’il la mettait en garde et lui rappelait de faire attention, un peu comme un daron (j’échangeai un regard avec Maya et je me mis à rire d’ailleurs). Mais je comprenais l’intention – je ne pouvais pas dire le contraire. On finit par la laisser avec ses potes et rentrer dans le restau.

- Tu vois, c’est vraiment pour Maya que je fais tout ça... Avec ma grande sœur, j’ai grave fermé les yeux, je l’ai vu tomber dans la drogue et je n’ai rien fait. Je me dis qu’avec Maya, j’ai un peu une seconde chance. Franchement, j’admire grave combien tu t’occupais bien de Coop. Quand j’étais à Poudlard, j’étais plus préoccupé par être populaire et faire la fête que par ma propre sœur.

Je lui jetai un regard un peu étonné : je comprenais ce qu’il voulait dire, mais je ne voyais pas bien la comparaison…

- Tu rigoles mec, t’as vu comment j’étais à Poudlard ? Je pensais qu’à me taper des meufs et à faire la fête aussi… Coop c’était autre chose, il était dans un coin de ma tête mais je vivais ma vie sans trop faire gaffe hein, j’allais aux rendez-vous médicaux avec lui mais c’est tout… Tu sais bien, je pensais qu’il allait guérir… Je haussai les épaules. On ne réécrit pas l’histoire, pas vrai ? En tout cas elle est grave cool Maya ! Ça se voit que vous êtes complices, que t’es un peu son daron mais qu’elle joue le jeu quand même – je me mis à rire – je suis sûr que tu t’en occupes très bien en tout cas. J’hésitai une seconde : Et mec, c’est toi qui m’as dit de ne pas m’en vouloir… Toi non plus faut pas te culpabiliser, tu n’aurais pas pu faire grand-chose, tu sais les gens dans ces moments-là si ils ne veulent pas être sauvés ils ne se laissent pas approcher… Et je sais de quoi je parle.

… Ç’était ça qui me manquait parfois, par rapport à avant, c’était de ne jamais finir par aborder un sujet sérieux et sensible. Je sentis mon cerveau dangereusement glisser vers une envie très précise, vers quelque chose qui me permettrait d’oublier tout ça, de m’éclater pour de bon. Non.

- Bon ma couille, on va se le faire ce burger ou bien ?!?!

- Grave !!!


En bon gros bonshommes qu’on était, on commanda chacun un burger XXL avec plein de trucs dedans, qui heureusement ne tarda pas à arriver. Le mien avait trois fromages différents, des oignons, du bacon, de la citrouille grillée et une sauce épicée, et je crus que j’allais mourir de plaisir en le dévorant, surtout avec la faim et l’alcool, il était VRAIMENT temps de manger.


- ‘u veux goûter ch’est trop bon ?! EH OH PAS TOUT CHA !

Non mais l’autre, avec sa grande bouche, il voulait me bouffer la moitié de mon burger ou quoi ?! Après nos plats, on était plutôt calés mais on commanda quand même un dessert (de la glace avec du fudge et des bonbons magiques dedans). C'était cool, on avait parlé de baseball, de Quidditch, il m'avait aussi raconté un peu comment il était revenu travailler à Poudlard, tout ça - mais c'était pas prise de tête en mode je te raconte ma vie sérieusement, on parlait de tout et de rien, on kiffait nos burgers, on discutait et puis c'est tout. Au passage, la serveuse nous draguait clairement, autant l'un que l'autre : j’essayais subtilement de tout remettre sur Jay pour qu’il soit encore plus gêné, et on s’était remis à ricaner comme des idiots.

- Bon… C’est pas forcément sérieux mais j’ai pas du tout envie de rentrer en fait ?! Ça te dit de prendre un dernier verre ? Je connais un bar grave cool avec des cocktails magiques et surprises, on les a testés avec Emmy, en plus y’a des jeux de cartes et tout… Enfin comme tu veux ! Au pire on fera ça une autre fois !

Je m’étirai – ça faisait bien longtemps que je n’avais pas fait une soirée comme ça, et la perspective de la terminer ne me faisait pas du tout envie. J’étais bien, j’étais un peu soûl mais c’était agréable, c’était contrôle, et j’avais envie de continuer à rire et à me rappeler plein de bons souvenirs, comme si tout d’un coup j’étais retourné quelques années auparavant.
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