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| I will come to your river — L. | |
| Auteur | Message |
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Ash Freeman Assistant à la morgue de Sainte-Mangouste
Nombre de messages : 23 Date d'inscription : 11/09/2017
| Sujet: I will come to your river — L. Mer 3 Jan - 15:36 | |
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Carry away my dead leaves Let me baptize my soul with the help of your waters Sink my pains and complains Let the river take them, river drown them My ego and my blame Let me baptize my soul with the help of your waters Those all means are so ashamed Let the river take them, river drown them
La nuit était tombée tôt, et le vent qui sifflait dans les rues n'était pas annonciateur d'une soirée paisible. Je finissais de m'habiller, pensif, devant la grande baie vitrée de mon appartement d'où je voyais nettement les arbres secoués par les bourrasques, habités par une danse étrange, comme s'ils savaient qu'ils risquaient d'être arrachés d'un instant à l'autre. Les nuages, bas, filaient vite dans le ciel, et laissaient apparaître les étoiles de temps à autres, scintillantes et blanches sur leur fond noir. J'adorais ce genre d'ambiance : sombre et terrifiante et glaciale, et lorsque je sortis dans la nuit, j'eus l'impression d'être tel un loup se glissant dans sa tanière, roi de mon élément.
Décidant d'y aller à pieds pour en profiter et me réveiller par la même occasion, je ne transplanai pas mais me faufilai tranquillement dans le dédale des rues, bien content de la soirée qui se profilait. Ma Lolita venait me retrouver à la fin de mon service, dans quelques heures, et j'allais lui faire découvrir mon univers — je me délectais par avance de tout ça, d'imaginer ce qu'elle allait ressentir, et surtout de la voir, car il n'y avait pas une heure qui passait sans qu'elle me manque. Il avait suffi de quelques jours et de quelques soirées pour que je sois complètement sous son charme, complètement dépendant ; finalement de pilule en pilule c'était elle qui était devenue ma drogue, et les émotions qu'elles déclenchaient chez moi me rendaient esclave de moi-même, j'avais envie de me frotter à elle pour ressentir encore et encore, car jamais jusqu'à lors je n'avais vécu ça. La dernière soirée que nous avions faite ensemble avait scellé notre pacte ; désormais elle était officiellement ma Reine et j'étais son Roi, et nous régnions sur la fête et sur la nuit, déjà tous ceux avec qui je travaillais avaient compris qu'elle était incluse dans tout ce que je préparais et que surtout il ne fallait pas y toucher — même si je devais bien avouer que quand j'étais ivre ou plus, la voir se faire draguer attisait encore plus mes ardeurs.
Arrivé à la morgue, je troquai ma veste contre ma blouse blanche, saluai rapidement mes collègues et me mis à la tâche. C'était une nuit un peu agitée : le vent secouait toujours les gens, et les poussait à faire n'importe quoi. Néanmoins j'avançai vite, réglant son compte à une sorcière dont le corps était recouvert d'étranges appendices semblables à des pousses d'arbres, puis terminant les restes de la veille, à savoir un homme dont les organes avaient été ratatinés à l'intérieur de lui par un sortilège si puissant qu'on ne parvenait même pas à le retracer. Puis je remplis les tâches plus administratives, faisant traîner les choses tandis que l'heure avançait ; petit à petit, mes collègues partir les uns après les autres sans demander leur reste, comme il en était souvent ainsi pendant les horaires de nuit. Je finis par me retrouver seul, savourant le calme particulier de la morgue, son odeur d'alcool et son froid toujours constant, auquel on s'habituait aisément — du moins, je m'y étais habitué sans problème, car c'était là mon élément. Mon univers. Si je devais bien quelque chose à Beth, c'était ça : cet endroit, ce sentiment, ce travail qui me collait à la peau, comme si il avait été fait pour moi. Je me sentais à la morgue comme dans un cocon particulièrement protecteur, qui me coupait du reste du monde tout en continuait de me stimuler. J'ôtai mes gants en latex et les jetai dans la poubelle avant de ranger ce que j'avais sortis pour travailler, d'un coup de baguette. L'heure de mon rendez-vous avec Lolita était arrivée.
Tranquillement, je longeai l'immense couloir faiblement éclairé qui menait à la porte de sortie de secours, celle qu'on empruntait moins, où je lui avais donné rendez-vous. De l'extérieur, la bâtisse de la morgue, succursale de Sainte-Mangouste, ne laissait rien paraître de spécial ; elle ressemblait juste à un gros bloc de briques un peu sales. J'ouvris la porte, qui grinça pour apporter juste ce qu'il fallait de plus à ce rendez-vous nocturne. Elle était là, silhouette toute vêtue de noire dans la nuit, et je l'attirai sans plus attendre — dans la précipitation je vis seulement ses lèvres rouges, ses cheveux argentés et l'éclat de mon anneau à son doigt, tandis que je la pressai cotre le mur froid et fermai la porte, avant de l'embrasser autant que je le voulais. Mes mains se mirent à courir le long de sa taille, de ses jambes, et je poussai un grognement de la voir en pantalon, ce qui ne simplifiait pas forcément la tâche. Puis je me détournai d'elle et l'invitai à me suivre, le long du couloir.
« Une idée d'où on pourrait être ? »
Je souriais, assez content de moi. L'odeur de l'éther mise à part, cela ressemblait à n'importe quelle usine, glauque et sinistre. Puis, tandis que le silence était seulement rythmé par le bruit de nos pas qui résonnaient sous la voûte de pierres, je l'emmenai dans la salle où je travaillai. Elle était faiblement éclairée mais on y voyait nettement : des étagères remplies de fioles en tout genre, des armoires pleines de dossiers, des bocaux garnis d'ustensiles médicaux dans tous les sens, des noms et des photos de cadavres sur le tableau au fond de la salle, et trônant en son milieu, une table d'opération en métal rutilant.
« Bienvenue dans mon univers. Et avant que tu demandes : oui, nous sommes seuls... »
La laissant reprendre ses esprits, je l'observai à loisir, imaginant déjà la suite des évènements. |
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Charlie Palmer Élève de 1ère année
Nombre de messages : 23 Date d'inscription : 12/09/2017 Feuille de personnage Particularités: we trigger avalanches unknowingly Ami(e)s: Do you want to roll with me? (Say yeah!) Âme soeur: "See you in the dark, all eyes on you, my magician."
| Sujet: Re: I will come to your river — L. Mer 3 Jan - 19:19 | |
| https://www.youtube.com/watch?v=LxnFaq5SaqI
« Got an angel, got me real closer Running it just like a halo, yeah Never let me go, never let me go, no Want a little more When it rains, it pours, yeah I'ma care for you Run it up and then we fast forward Leave a message here, record on, yeah
I always think about you when I'm high I wanna hear you whisper on the telephone, yeah You call me up and then I'm satisfied I touch myself and then I'm not alone no more »
Mes doigts glissèrent, connaissant le chemin par cœur, les mouvements, le rythme qui faisait monter les soupirs entre mes lèvres, le plaisir qui troublait la vue jusqu’à que mes yeux se ferment et qu’enfin la vague habite mon corps et le libère. J’avais imaginé son visage tout le long de mon petit manège, ses yeux translucides sur moi, sa langue qui explorait ma peau, l’asymétrie de sa mâchoire ; il m’obsédait et m’habitait tel un présage qui refusait de disparaitre, et dont je ne pouvais pas comprendre parfaitement le message. J’avais envie de le connaître pourtant, j’avais envie de lire les signes et les mystères, mais j’étais de plus en plus une esclave de mes sentiments jusqu’à troubler mon troisième œil. Mon corps vidé s’affaissa sur le matelas, et je m’enfonçai sous la couverture. Elle sentait Sam, son odeur qui habitait tout l’appartement, un mélange de bière brune et de gel douche mentholé, et j’avais toujours détesté la façon dont elle était partout dans ces petits 25m² qui lui servait d’appartement. C’était un rappel curieux du fait que nous étions chez lui avant d’être chez moi. Je songeai à l’appartement d’Ash, son canapé qui sentait bon son parfum à lui, celui de sa nuque qu’il appuyait sur les coussins quand il recrachait la fumée de son joint, celui qu’il fumait après que nous ayons couché ensemble. J’aurais aimé vivre dans son monde, là-bas, son parfum ne m’aurait jamais gêné.
La tristesse s’empara à nouveau de moi, à peine chassée par le joint que je venais d’allumer. Depuis que je m’étais levée, quelque chose me prenait à la gorge et m’étouffait, malgré l’envie grandissante de rejoindre Ash qui m’agitait et m’offrait une porte de sortie. Tout avait commencé lorsque j’avais bu mon thé, en me réveillant vers onze heures, et que j’avais reconnu la forme au fond de la tasse, cette forme de loup noir qui hantait mes cauchemars d’enfant. Une bonne voyante savait bien qu’un Sinistros au fond de la tasse n’annonçait pas une morte terrible et subite, que les interprétations étaient vastes, mais toujours liée à la même chose, ce même point central ; cette mort qui planait et se manifestait dans des formes bien différentes. J’avais ignoré ma tasse, enfoncé un petit talisman dans ma poche, et j’étais partie travailler. Mais sur le paillasson, en dehors de l’immeuble, six feuilles mortes avaient été apporté par le vent, « six feuilles vertes invitées dans ton monde annoncent le renouveau, six feuilles mortes annoncent la fin » murmura la voix de Grand-Mère avant que je ne forme les mots sur mes lèvres. Un pauvre talisman ne suffit plus à me rassurer, et je passais la journée d’une humeur morose, à l’image des nuages gris qui s’amassaient dans le ciel. A présent que je commençais enfin à me détendre, à songer à la soirée qui se profilait, une dernière ombre s’ajoutait, la perspective de l’arrivée de Sam qui ne tarderait pas à rentrer, je n’avais pas envie de le voir, je ne pensais qu’à Ash – ces trois lettres étaient devenues comme un mantra que mon esprit se répétait en boucle.
Je décidai de me préparer et m’éclipser dans la nuit avant que ne rentre Sam, même si cela signifiait attendre dehors, au milieu des éléments qui s’agitaient. Mon manteau boutonné, et, un nouveau joint entre mes lèvres, je laissai mes pas me guider vers le lieu de notre rendez-vous, explorant au passage les rues du Londres nocturne que j’aimais tant. Les pubs commençaient à se remplir, les clients sur le trottoir, des pintes dorées dans les mains, des rires gras aux lèvres ; les ruelles sentaient l’herbe et l’humidité, parfums transportés par le vent qui s’y engouffrait. Je pouvais sentir les mystères de la nuit qui papillonnaient dans l’air et me grisaient. Je finis par arriver, légèrement en avance, et allumai une cigarette pour faire passer le temps. Mon cœur s’était mis à battre plus fort, sentant la présence d’Ash qui se rapprochait, et mes sens qui s’en enivraient déjà. J’allais enfin découvrir son univers, qu’aucune de mes suspicions n’avaient pu réellement découvrir. J’en brûlai d’impatience.
Ash m’attira contre lui avant que je ne puisse le saluer, me dévorant de son champ magnétique et mes mains agrippèrent son visage, sa peau glacée, puis le col de la blouse qu’il portait et qui achevait d’attiser ma curiosité. J’avais envie de le déshabiller et qu’il me prenne là, dans ce couloir froid et désert, mais il s’écarta, me laissant essoufflée, et me fit signe de le suivre – j’attrapai son bras, ma main cherchant son contact, et m’enfonçai dans son antre. Elle était aussi glacée que lui, pas par sa température, mais par son aura qui commença à faire courir des frissons le long de ma colonne vertébrale. Un sentiment difficile à décrire s’était installé dans ma chair, et mes sens étaient en alerte.
« Une idée d'où on pourrait être ? » « Un lieu hanté. » Répondis-je simplement. C’était le premier mot qui m’était venu, celui que mon instinct m’avait soufflé. Quelque chose planait dans l’air.
Ma facilité à rester stoïque me sauva la mise, et je peignais mon visage d’une indifférence étrange, comprenant ce qui se cachait derrière la porte avant qu’Ash ne l’ouvre. Tout s’expliquait. C’était peu et beaucoup, tout à coup, et mes angoisses de mortelle m’envahir un instant, tandis que je laissai mes yeux analyser l’endroit avec un détachement calculé. La vie avait toujours été pleine de signes, et qu’Ash, ce morceau de ma propre âme, travaille dans une morgue, n’en était qu’un nouveau. Je m’autorisai enfin à avoir un petit sourire.
« Bienvenue dans mon univers. Et avant que tu demandes : oui, nous sommes seuls... »
Mon regard s’envola vers le plafond, où tournoyait toutes les énergies. J’avais appris à faire taire mon troisième œil, à le diriger, le maitriser, mais plus les esprits étaient agités – comme ceux décédés d’une mort violentes pouvaient l’être – plus il était difficile de ne pas les entendre, mes sens connectés à tout ce qui grésillait autour de moi, comme une fréquence de radio que je me forçais à ne pas capter parfaitement.
« Oh non, nous ne sommes pas seuls... » Loin de là… Je m’approchai d’un des énormes tiroirs en métal, et posai ma main sur la poignée. Une décharge me parcourut. « Je ne savais pas que l’on pouvait faire rétrécir les organes à ce point. » Je secouai la tête, chassant la vision que l’esprit m’offrait et dont je ne voulais pas entendre les cris colériques.
J’ôtai mon manteau et le fit voler sur l’un des tabourets inutilisés, avant de m’approcher d’Ash, dont le regard ne s’était pas décroché de mon visage. Sans doute guettait-il mes réactions, mon trouble que je cachais, et peut-être se délectait-il d’amener ses conquêtes ici et de les faire frissonner… Mes doigts remontèrent le long de la manche de sa blouse, comme une petite araignée qui parcourait son bras.
« Tu es donc de ceux qui préfèrent la compagnie des morts aux vivants ? » J’embrassai le creux de son cou, avant de m’écarter et plonger mon regard dans le sien. Ash était la seule personne avec qui les silences que je partageais semblaient parler plus que toutes les discussions que j’avais pu avoir dans ma vie. Je lus son visage silencieusement, y retrouvant tout ce qui me faisait vibrer et répondait à toutes mes questions enfouies. « Tu me fascines. » Murmurai-je en souriant.
Il n’y avait pas de meilleure définition de ce qu’il agitait chez moi. J’étais hypnotisée.
« Alors, en quoi consiste ton travail, exactement ? » Je me libérai de l’emprise qu’il exerçait sur mon corps, et m’approchai des immenses tirois. « Montre-moi. » Soufflai-je d’un ton de défi, ignorant l’angoisse que la mort, si proche, si palpable, créait en moi. |
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Ash Freeman Assistant à la morgue de Sainte-Mangouste
Nombre de messages : 23 Date d'inscription : 11/09/2017
| Sujet: Re: I will come to your river — L. Mer 17 Jan - 17:14 | |
| J’avais souri à son terme — hanté ; j’imaginais bien qu’avec ses aspirations de voyante elle sentait tout ce qu’il pouvait émaner d’un endroit comme celui-là. À l’aise et dans mon élément, je me contentai d’un sourire en coin, sans mot dire, avant de lui faire découvrir la scène principale de mon univers professionnel. L’air glacial saisissait à chaque mais il était loin de me déplaire, et au contraire je prenais un malin plaisir à savoir qu’il provoquait chez les gens un certain malaise quand chez moi il évoquait toute autre chose. Sans discrétion, je scrutai le visage de ma Lolita, pourtant sans expression particulière ; mais je l’avais trop dans la peau pour ne pas lire entre les lignes le léger frémissement de ses traits. Elle sourit alors et je me sentis sourire aussi, en miroir, comme si par nature je ne pouvais rien ressentir indépendamment d’elle. Elle bougea, entra dans la pièce, l’observa avec attention et s’approcha des hauts tiroirs, à la forme caractéristique.
« Oh non, nous ne sommes pas seuls... Je ne savais pas que l’on pouvait faire rétrécir les organes à ce point. »
La remarque ne m’échappa pas et je sentis mon regard se faire plus intense — comment pouvait-elle le savoir ? — tandis que mon attention et mon excitation se faisaient grandissantes. Ses pouvoirs m’intéressaient autant qu’ils me fascinaient, et j’aimais à croire que c’était pour ça, aussi, que nous étions si liés. C’était sans doute par moi qu’elle ressentait cela, si j’étais lié à cet endroit, comme si le fil qui nous reliait dépassait tout.
« C’était assez inédit, à ce point-là, à vrai dire. »
Un nouveau sourire étira mes lèvres.
« Tu es donc de ceux qui préfèrent la compagnie des morts aux vivants ? »
Elle s’approcha de moi et tout de suite son aura me percuta de plein fouet, tout mon corps s’agita comme s’il réagissait à une stimulation nerveuse. J’étais hypnotisé, je ne voyais qu’elle, je ne voulais ressentir qu’elle. Elle avait le pouvoir incroyable de me sortir de moi, et jamais auparavant je n’avais vécu ce genre de sensations, presque trop puissante pour y survivre. Quand elle agrippa ma blouse et approcha ses lèvres de mon cou, je la saisis par la taille et la serrai, prêt à lui sauter dessus à mon tour. Mais l’attente était toute aussi délicieuse, malgré l’énergie qui titillait chaque centimètre de ma peau.
« À une exception près. » « Tu me fascines. »
J’émis un grognement étouffé, la tension était trop forte et j’allais céder — mais elle m’échappa, et j’avançais vers elle, impossible de résister. Comme un papillon de nuit attiré par un rai de lumière.
« Alors, en quoi consiste ton travail, exactement ? Montre-moi. »
Passablement énervé — la tension sexuelle qu’elle avait instaurée m’agitait les nerfs — je me sentis projeté en avant par cette question, puisqu’elle mettait en valeur ce que j’aimais faire. Je me passai la main sur la nuque pour la détendre un peu et approchai de Lolita, m’efforçant de détacher mes yeux des courbes de sa silhouette qui m’hypnotisaient. Tirant le tiroir, j’ôtai le drap blanc d’un coup sec. Le cadavre déjà blanc de l’homme à qui on avait réduit les entrailles gisait là, et son torse était savamment recousu, selon des lignes précises.
« On ouvre toujours de la même façon et on étire la peau pour avoir accès à tout l’intérieur de la cage thoracique. Là, tu la vois creusée en dessous des côtes, puisqu’il n’y a presque plus rien à l’intérieur. Le corps est encore en post mortem précoce, les fluides ont été vidés mais la peau n’a pas atteint sa rigidité maximale. » Puis je fis reclaquer le tiroir, arrêtant là le début de ma démonstration, car il y avait plus intéressant. Attrapant le poignet de Lolita, je l’attirai à ma suite. J’agitai ma baguette pour allumer, au-dessus de la table en métal, les puissantes lumières, toutes dirigées vers le plan de travail. « Lorsqu’on reçoit un corps, quel que soit l’état et les indications, il est inspecté sous toutes ses coutures. Mais c’est le moment le plus délicat : il ne faut rien détruire et ne rien laisser au hasard. Allonge-toi. »
C’était bien sûr sans appel. Tout d’un coup à des lieues de mon état fébrile, je redevenais sérieux, tout à mon ouvrage. J’enfilai des gants en caoutchouc et me saisis d’un scalpel. Positionnant ses jambes et ses bras de la bonne manière, je fis courir mes doigts le long de sa peau avant de poursuivre.
« On commence par enlever le superflu. » Méthodiquement, je fis courir la lame tout au long de ses vêtements, d’abord son haut puis le bas, pour défaire les couches de vêtements. J’ôtai par la même occasion son soutien-gorge en appuyant la lame au milieu et marquai un temps, satisfait de moi. « Puis c’est selon des lignes bien précises : là, là, là… » La lame courait dangereusement sur sa peau nue, provoquant une réaction visible sur son épiderme. |
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Charlie Palmer Élève de 1ère année
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| Sujet: Re: I will come to your river — L. Jeu 18 Jan - 16:40 | |
| https://www.youtube.com/watch?v=sX9DgavXiN4
« You don't know What's in store But you know what you're here for Close your eyes Lay yourself beside me Ohh Hold tight For this ride We don't need no protection Come on love We don't need attention
Open your hand Take a glass Don't be scared I'm right here Even though You don't roll Trust me girl You wanna be high for this »
Une exception – un frisson de satisfaction remonta le long de ma colonne vertébrale jusqu’à la base de ma nuque. Il le disait lui-même, il le ressentait, tout ceci était une exception, une entorse à la règle, aux habitues. Peut-être aurais-je dû me freiner, après tout je ne le connaissais que depuis quelques jours, c’était si soudain ! Je me sentais tomber tête la première et pourtant rien ne me donnait envie de regarder en arrière. Jamais je n’avais eu une telle intuition, et elle était presque indescriptible, mais elle s’était instillée dans mes veines, dans chaque goutte de mon sang, et dès qu’Ash me touchait, mon cœur s’accélérait et répandait cette certitude dans le reste de mon corps, me possédant toute entière ; Ash n’était pas mon âme sœur, il était mon âme, et je n’avais jamais été autant persuadé de quelque chose. Mon regard dans les glaces de ses yeux me confirmait qu’il pensait la même chose, tous nos sentiments étaient à présent jumelés – peut-être l’avaient-ils toujours été ?
Je suivis Ash jusqu’au fameux tiroir, me préparant à ce que je savais arriver. Ce n’était pas la première fois que je voyais quelqu’un de mort, mais la première fois que tout était si médicalisé et aseptisé, me renvoyant brutalement à mon corps qui un jour serait ainsi, lavé, vide, complètement sans vie. Toujours stoïque, j’affrontai le visage sans expression de l’homme, dont j’avais perçu les cris un instant auparavant. L’énergie dans la pièce était incroyablement forte, et je m’accrochai à celle d’Ash qui dominait tout le reste et m’empêchait de percevoir le reste. Je ne voulais pas les cris et la violence, ni cette mort palpable.
« On ouvre toujours de la même façon et on étire la peau pour avoir accès à tout l’intérieur de la cage thoracique. Là, tu la vois creusée en dessous des côtes, puisqu’il n’y a presque plus rien à l’intérieur. Le corps est encore en post mortem précoce, les fluides ont été vidés mais la peau n’a pas atteint sa rigidité maximale. » J’hochai la tête silencieusement, imaginant facilement comment Ash s’y prenait, et percevant presque le plaisir qu’il en tirait.« Lorsqu’on reçoit un corps, quel que soit l’état et les indications, il est inspecté sous toutes ses coutures. Mais c’est le moment le plus délicat : il ne faut rien détruire et ne rien laisser au hasard. Allonge-toi. » J’avais suivi Ash en comprenant ce qu’il manigançait, mais son injonction envoya une décharge dans ma poitrine, aussi terrifiante qu’intriguante. J’obéis – il n’y avait pas le choix avec Ash, de toute manière.
Le métal était froid et la lumière aveuglante. Ash me disposa comme une petite poupée vaudou que l’on agence tranquillement avant d’y planter un scalpel. Mon cœur battait tellement fort que j’étais sûre qu’il l’entendait sous ses doigts et dans sa propre poitrine. « On commence par enlever le superflu. » Ma respiration se voulait lente et maîtrisée, mais tous mes sens étaient en pagaille, complètement contradictoires, la fermeté d’Ash achevait de me picoter partout mais cette peur si tenace agrippée dans mes tripes me donnaient envie de disparaître dans la nuit et de tout oublier. Mais j’étais tout à coup un aimant attiré à la table de métal et à son possesseur, dont les gestes précis ne me laissaient aucune liberté de mouvement.« Puis c’est selon des lignes bien précises : là, là, là… » Son petit manège dura un temps imprécis, mais je le sentais jusque dans mes os, l’excitation mêlée à la peur, ce cocktail explosif et étrange, le désir qui transperçait le tissu fin de mon dernier vêtement. Mes yeux clos, je suivais les mouvements d’Ash par les frissons et les tremblements qu’ils laissaient sur ma peau. Mes lèvres entrouvertes aspiraient doucement l’air glacial des lieux, et Ash se pencha pour me l’ôter d’un baiser – j’eus un mouvement brusque et l’arrêtai, ma paume contre son torse, les yeux toujours clos.« Attends. » Murmurai-je.
Je voulais le ressentir au plus profond de moi, cette mort proche et entière. Un jour, je serais sur une de ses tables, je le savais. J’allais mourir, tellement tôt, tellement brutalement, j’en étais persuadée. Le métal sous mon dos me brûlait. J’inspirai.
En ouvrant les yeux, je regardai mon Roi qui m’observait attentivement, et une pensée étrange et limpide m’échappa ; Ash me coûterait la vie et me la donnerait en même temps.
Ma main sur son torse se referma pour l’attirer vers moi et l’embrasser, puis je me redressai, enroulant mes jambes contre lui, bataillant avec sa blouse, son tee-shirt que je déchirai d’un mouvement aussi brutal que l’envie qui pulsait entre mes cuisses, je mordis son cou, sa mâchoire, à la recherche de son contact, mon corps déjà tremblant. Nous nous cherchâmes jusqu’à qu’enfin nous ne tenions plus, Ash me poussant à nouveau contre la table, redoublant mon désir troublant, je griffai son dos, son torse, avant de saisir ses mains pour les mener contre mon cou, les laissant se refermer sur leur proie, l’obligeant à serrer plus fort, trop fort, beaucoup trop fort – je ne respirais quasiment plus mais je l’obligeai à serrer encore et encore, fermant les yeux jusqu’à que je m’entende mourir entre sa prise, dans un dernier cri étouffé.
Toute fluette, je m’étais fondue contre lui sur la table d’opération, mon ventre contre le métal froid, tandis qu’Ash, sur le côté, avait la main dans le creux de mon dos. J’admirai la peau translucide de son visage, la lumière aveuglante soulignant sa finesse et les veines bleutées. Je fis glisser mes ongles pointus le long du bras tatoué d’Ash, admirant les motifs, cherchant les significations. Dans son avant-bras, sous l’encre noir, je devinais des lignes fines blanchâtres, dont j’imaginais facilement la provenance. Sans même regarder Ash, dont je cernais l’envie de rester secret un peu plus longtemps, je laissai traîner mes lèvres le long de sa peau.« Tu as déjà vu quelqu’un mourir ? » Demandai-je d’une voix intriguée, et, puisqu’ Ash me posait la question silencieusement, j’ajoutai. « J’ai vu ma grand-mère, quand j’étais petite. » Je gardai pour moi le fait de toujours la voir, non sans un petit sourire.
Ash avait laissé ses outils près de la table, j’attrapai le scalpel avec lequel il m’avait malmené, cherchai un petit bout de peau libre sur mon avant-bras, à côté des petits points et motifs de lune, et enfonçai doucement la lame dans ma peau. Je traçai trois traits, formant un tout petit A. Le sang perla légèrement, et je l’essuyai du bout de doigt avant de les lécher nonchalamment.« Comment tu as commencé ce métier ? Tu as toujours voulu faire ça ? » Questionnai-je, curieuse, mes yeux plissés plongés dans les siens, une goutte de sang glissant le long de mon avant-bras.
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Ash Freeman Assistant à la morgue de Sainte-Mangouste
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| Sujet: Re: I will come to your river — L. Dim 11 Fév - 16:20 | |
| L'effet attendu avait été réussi : chaque parcelle de sa peau réagissait à la caresse de ma lame gelée, et je sentais une étrange sensation m'envahir : au milieu de cet endroit aseptisé et sans vie, toujours glacial, je me sentais à ma place comme un reptile au sang froid, mais aujourd'hui pour une fois une chaleur m'envahissait des pieds à la tête et gagnait jusqu'au plus profond de moi. C'était comme une aura puissante qui était née en moi et s'étendait petit à petit, même au-delà de mes propres frontières, j'irradiais d'une chaleur et d'une lumière qui pourtant ne me caractérisaient pas, comme si Lolita devant moi provoquait une réaction chimique, initiait ce changement de température... Comme si ?! Il n'y avait pas de toute : bien sûr que c'était elle. C'était elle depuis le début et je l'avais tout de suite compris. Je poussai sa main qui me retenait sans plus attendre et vins plus près d'elle, bien peu perturbé par le fait que nous allions nous donner l'un à l'autre sur cette table qui était mon instrument de travail, au beau milieu de la morgue où défilaient jour et nuit tous mes collègues. Au contraire, j'y prenais un malin plaisir, souiller cet endroit en cachette, y créer des souvenirs qui n'avaient pas lieu d'être, c'était un bouleversement de l'ordre des choses qui me réjouissait toujours particulièrement.
Il ne nous fallut pas longtemps pour ôter les dernières couches de tissu qui nous séparaient, et si je sentais les gestes autoritaires de Lolita et son désir frémissant, la position dans laquelle je me sentais, Roi plus que jamais dans son royaume, une violente envie se faisait de plus en plus pressante et plus les choses s'accéléraient plus je maintenais violemment sur la table, plus je la serrais fort dans le but de lui faire mal, plus je plantais mes doigts dans son crâne pour la maintenir dans la position que je voulais, et je lâchai le scalpel en l'envoyant quelques mètres plus loin par précautions, car il me passa furtivement devant les yeux une envie de lui planter dans la peau tandis que sa jouissance se faisait plus forte pour le simple plaisir de voir la douleur et le plaisir se mêler et ses cris redoubler d'intensité. Puis elle mit mes mains sur sa gorge et cette fois le contrôle s'échappa totalement de moi, je serrai et le mouvement de notre étreinte s'accéléra sensiblement, je serrai de plus en plus fort et l'aura de chaleur était devenue brûlante, presque insupportable, un voile m'était tombé devant les yeux. J'aurais pu serrer jusqu'à la fin. Mais son cri étouffé que j'entendis malgré le coton de mes oreilles m'arrêta, et je me laissai tomber à côté d'elle, à bout de souffle.
Le temps que mon cerveau se ré-adapte — ou peut-être m'étais-je assoupi quelques instants ? — je remarquai alors que les ongles pointus comme des griffes de ma Reine couraient sur ma peau mais plus particulièrement à l'endroit même où se logeaient des cicatrices que je m'étais faites, à une époque où la douleur physique me servait à me laver des impuretés que je ressentais. Je ne dis rien mais me raidis légèrement malgré moi, tandis que ses lèvres sur ma peau et mes cicatrices me procuraient un plaisir étrange, coupable. Je suivis des yeux son petit manège et le sang qui perla de sa peau et disparut entre ses lèvres fit jaillir de nouveau une envie en moi et j'attrapai son poignet pour aspirer la plaie à mon tour, sans quitter ses yeux sombres, tous mes sens en émois de l'avoir vue se lécher les doigts plein de sang avec un tel détachement.
Puis je me remémorai sa question.
« Personne de proche. Mais des gens lambdas, un motard dans la rue quand j'étais petit, un ami de ma mère une fois à une soirée, il s'st étouffé, il est mort sur le coup et dans son assiette. » Je me souvenais que j'en avais ri sans pouvoir m'arrêter, de cette mort stupide, déclenchant les regards effarés de l'assistance. « Et puis maintenant des morts j'en vois tous les jours. Ça ne me dérange pas, au contraire. » J'avais développé une fascination pour la mort de manière générale, petit je dessinais les cadavres des animaux que je trouvais, j'aimais les histoires morbides, l'idée d'un corps inanimé, l'au-delà qu'on s'imaginait, la vie qui n'est plus là. Ça m'excitait et m'intriguait et me terrifiait à la fois. « Elle est morte comment ta grand-mère ? » Je bougeai un peu, la collant plus contre moi, son corps était tiède malgré la froideur ambiante. « J'aime bien la mort. Les gens en ont peur mais au fond je la trouve bien plus intéressante que la vie. Elle me fascine. »
« Comment tu as commencé ce métier ? Tu as toujours voulu faire ça ? »
Je relevai les yeux autour de moi, inspirant doucement l'air chargé d'alcool antiseptique et de formol. Lolita était mon double et je ne voulais pas forcément lui cacher des choses mais il y avait quelque chose d'étrange dans le fait de devoir parler à son double pour lui apprendre des détails, quand j'avais l'intime sensation qu'elle et moi ne faisions qu'un et qu'elle était dans mon esprit comme j'étais dans le sien. Et puis, je n'aimais pas spécialement parler. Mais l'histoire de Beth n'avait jamais été mise en lumière et après tout, autant le faire une bonne pour toutes.
« Beth, mon ex. Elle est médecin légiste. Elle m'a ouvert les portes de ce milieu, il a suscité mon intérêt. Quand je suis sorti de Poudlard je n'avais aucune envie particulière, je passais mon temps à organiser des soirées, puis j'ai rencontré Beth, et j'ai eu envie de faire cette formation. Je me retrouve complètement dedans. » Ma main se leva pour caresser les cheveux de Lolita, comme par protection à l'évocation de Beth. « Elle a quitté la morgue quand on s'est séparés, je ne pouvais plus la voir, et il était hors de question que je quitte mon travail alors que c'était elle qui était en faute. » J'embrassai ses lèvres doucement. « La morgue c'est mon troisième oeil, en quelque sorte. » dis-je avec un petit sourire du coin des lèvres, en la regardant. La nouvelle Reine de ma vie qui avait détrôné Beth en à peine quelques secondes. |
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Charlie Palmer Élève de 1ère année
Nombre de messages : 23 Date d'inscription : 12/09/2017 Feuille de personnage Particularités: we trigger avalanches unknowingly Ami(e)s: Do you want to roll with me? (Say yeah!) Âme soeur: "See you in the dark, all eyes on you, my magician."
| Sujet: Re: I will come to your river — L. Jeu 15 Fév - 19:19 | |
| Sur ma peau glissa un frisson, alors qu’Ash avait porté mon poignet à ses lèvres pour en aspirer le liquide pourpre, laissant ses lèvres glaciales légèrement teintées. Je n’avais pas lâché son regard profond, qui me rappelait inlassablement le fond d’un puit dans lequel j’allais jeter toutes mes pièces, espérant que tous mes vœux les plus secrets se réalisent ; enfin, peut-être, le plus sacré de tous allait devenir vrai, j’allais trouver quelqu’un avec qui je ne serais plus jamais seule. Ma main libre caressa doucement les cheveux fins d’Ash, dont le parfum me troublait, un délicieux mélange d’éther et de glace.
« Personne de proche. Mais des gens lambdas, un motard dans la rue quand j'étais petit, un ami de ma mère une fois à une soirée, il s'est étouffé, il est mort sur le coup et dans son assiette. » Il pouvait donc voir des sombrals lui aussi, pensais-je, encore plus intriguée. Je me demandais comment l’enfant qu’il était avait vécu ça, cette vision incongrue, dont Ash parlait aujourd’hui avec un tel détachement que je lui enviais. « Et puis maintenant des morts j'en vois tous les jours. Ça ne me dérange pas, au contraire. Elle est morte comment ta grand-mère ? » Mon corps se contracta légèrement, rapidement apaisé par la présence d’Ash qui se rapprocha de moi, me faisant à nouveau frissonner. « J'aime bien la mort. Les gens en ont peur mais au fond je la trouve bien plus intéressante que la vie. Elle me fascine. »
Comme c’était troublant, cette vision presque contraire à la mienne, à nouveau destinée à me compléter et à me donner les réponses qui m’échappaient. La mort me terrorisait, et pourtant, elle me fascinait en un sens, elle était partout, tellement présente… J’avais grandi avec l’ombre de cette grande tante Dolores, dès mon plus jeune âge, j’avais compris l’impact de la mort sur les vivants, et que malgré tous les pouvoirs de l’occulte, aucune cartes ou boules de cristal ne pouvaient donner de réponses dans ce domaine. C’était peut-être ça qui me faisait si peur, la suite, l’éternité, être un esprit coincé dans ce monde, aller au-delà, rester… Pourtant, combien de fois j’avais senti cet appel du vide oppressant, l’envie de faire le pas de plus en haut d’une falaise, d’avaler la pilule de trop – et que tout s’arrête, enfin.
« Nous sommes vraiment les deux faces d’une même pièce… » Je lui fis un petit sourire amusé, et passai mon doigt sur son tatouage, miroir au mien. « La mort me fait peur, et la vie me fascine beaucoup plus. Même si elle me fait peur aussi. » J’haussai les épaules. C’était difficile à décrire, après tout, et je n’étais pas sûre d’y arriver – mais peut-être qu’Ash pourrait lire en moi. « Ma grand-mère est morte d’un arrêt cardiaque, elle était très affaiblie parce qu’elle avait attrapé la dragoncelle quelques mois plus tôt. Elle a réussi à prédire sa propre mort… C’était une médium hors pair. Elle a passé sa dernière journée avec moi, et elle est morte devant moi, alors qu’elle m’apprenait l’interprétation des rêves. J’avais dix ans. »
Je voulais presque dire plus, comment c’était elle qui m’avait élevée, que je l’aimais beaucoup plus que ma propre mère, la façon dont elle venait me voir parfois, dans mes songes ou mes journées, le traumatisme que sa mort m’avait causé, la suite, mon déménagement à Berlin, mes parents déjà beaucoup trop distants, mon père toujours plus loin… Mais c’était trop, encore une fois, et si j’étais aspirée par la présence d’Ash, je savais aussi que mon désir de connexion pouvait me jouer des tours. J’eus peur, tout à coup, et s’il ne me comprenait pas, lui aussi ?... Impossible, songeai-je, il était moi-même et mon inverse et mon tout…
« Beth, mon ex. Elle est médecin légiste. Elle m'a ouvert les portes de ce milieu, il a suscité mon intérêt. Quand je suis sorti de Poudlard je n'avais aucune envie particulière, je passais mon temps à organiser des soirées, puis j'ai rencontré Beth, et j'ai eu envie de faire cette formation. Je me retrouve complètement dedans. Elle a quitté la morgue quand on s'est séparés, je ne pouvais plus la voir, et il était hors de question que je quitte mon travail alors que c'était elle qui était en faute. La morgue c'est mon troisième oeil, en quelque sorte. »
J’aurais pu frémir à l’évocation de cette femme, cette ombre qui avait l’air d’avoir joué une telle importance dans la vie d’Ash ; mais la façon dont il touchait mes cheveux, dont il m’embrassait doucement, pour la première fois peut-être, tout cela éveillait une telle plénitude en moi que mes sens se calmaient d’eux-mêmes.
« Oui, c’est ton don.. » Répondis-je, amusée, avant de l’embrasser à nouveau doucement, profitant du goût métallisé de ses lèvres. « En faute ? Elle t’a trompée, n’est-ce pas ?» Demandai-je, avant d’ajouter d’un air entendu. « Le trois d’épées dans ton tarot. » Je savais avant même qu’il ne me dise. « Elle n’est jamais revenue, tu ne l’as jamais revue ?» Questionnai-je, curieuse d’en savoir plus sur cette reine de coupes inversée que j’avais tirée et rencontrée avant même qu’Ash ne me l’a décrive. |
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Ash Freeman Assistant à la morgue de Sainte-Mangouste
Nombre de messages : 23 Date d'inscription : 11/09/2017
| Sujet: Re: I will come to your river — L. Lun 19 Fév - 18:17 | |
| Le récit de la mort de sa grand-mère provoqua en moi un intérêt à la fois et délicieux et morbide, attisant mes sens déjà bien en éveil après notre étreinte. Les deux faces d’une même pièce : à n’en pas douter. Je n’aurais pas pu me lier à quelqu’un de manière aussi rapide et aussi forte si le destin n’avait pas glissé sa patte, d’une manière ou d’une autre. C’était bien plus que tout ce que l’on pouvait ressentir et j’avais une satisfaction pleine de fierté à me dire que personne sur cette Terre ne pouvait ressentir la même chose que nous. Lolita représentait enfin cette sensation supérieure et indescriptible que j’avais toujours ressentie en moi. Pourtant, si je comprenais bien ce que laissait paraître ma Reine, la mort n’était pas son élément, loin de là, alors qu’elle me constituait complètement. Curieuse opposition… Qui ne faisait qu’exciter un peu plus ma curiosité. J’avais toujours détesté les vieilles personnes, peut-être parce que je n’avais jamais eu vraiment de grands-parents, peut-être tout simplement parce que l’idée de devenir comme eux un jour, diminué et vieilli, était quelque chose que je ne parvenais pas à imaginer. Quelque part la mort m’attirait trop pour que je n’ai pas la puce à l’oreille ; j’avais une espèce de certitude étrange de la rencontrer bien plus tôt que prévu. Mais je n’y voyais pas d’inconvénient : devenir sénile et en capacité réduite de mes moyens n’était pas envisageable. Aussi la description de la mort de Lolita me laissait plutôt sceptique – imaginer une vieille femme passer de vie à trépas n’était pas des plus excitants, la mort qui fauchait quand on l’attendait le moins avait un panache et un intérêt bien plus élevés. Mais je savais ce qu’elle représentait pour ma Reine, et je continuai à caresser sa peau, de toute façon hypnotisé par ses lèvres, sa voix. Je l’embrassai.
« Tu t’es sentie vraiment perdue depuis ce moment-là, non ? » Je le savais, puisque nous étions faits de la même étoffe. « Et avec tes dons, tu la contactes ? »
J’en savais assez sur la divination et ce genre de pratiques pour connaître toute la question des contacts de l’au-delà, même si les quelques démonstrations que nous avions eues à Poudlard n’étaient pas très probantes. Lolita me paraissait bien plus calée sur le sujet que les misérables professeurs qui avaient succédé au poste de Divination durant mon apprentissage.
« Oui, c’est ton don… En faute ? Elle t’a trompée, n’est-ce pas ? Les trois d’épées dans ton tarot. Elle n’est jamais revenue, tu ne l’as jamais revue ? »
Je la regardai sans rien dire, sondant les profondeurs de ses yeux bruns. Il y avait quelque chose de passablement énervant dans cette histoire de troisième œil (ou de perspicacité) pour le loup solitaire que j’étais, mais aussi d’assez confortable quand on était peu causant. Je changeai de position, enlaçant nos jambes un peu mieux et ramenant le corps de Lolita contre moi. Je ne voulais pas qu’elle ait froid, ou plutôt je savais que le sujet abordé la touchait et je ne voulais pas qu’elle se sente vulnérable, ce qui revenait un peu au même. Beth n’occupait plus mes pensées pour la simple et bonne raison que je l’en avais rayée au moment de sa trahison, aussi en parler aussi ouvertement m’était un peu désagréable, je n’avais aucunement envie de lui donner une si grande place quand j’avais trouvé celle qui de loin la dépassait.
« Oui. » Repenser à toutes ces images – quand et comment je l’avais découvert, la dispute, les discussions, les aveux, la trahison qui s’avérait encore plus grande, ma colère, mon départ – ne me provoquait plus aucune émotion. Seule le fait même, la tromperie, me donnait la nausée. Je n’étais peut-être pas dans la norme des personnes respectables mais au moins j’étais un loup véritable, fidèle à mon clan pour toujours. « Elle me trompait pendant des mois avant que je le découvre. Je suis rentré plus tôt, il était là. Ça s’est très mal terminé et je suis parti sans demander mon reste. Jamais revue, à part pour récupérer quelques affaires. La trahison est quelque chose qui ne fait pas partie de moi et que je n’accepte pas. Elle le savait, pourtant, mais elle ne l’a pas bien mesuré. » Je pinçai les lèvres ; en effet elle l’avait su, mais elle l’avait pris comme l’aveu d’un gamin, comme elle le faisait souvent quand je lui disais des choses qui la dérangeaient. Elle me jetait la différence d’âge à la tête en guise de diversion. « Mais ça n’a plus aucune importance maintenant. J’ai aimé ma vie sans elle, et maintenant c’est mille fois mieux. » Je la regardai une nouvelle fois. « Ma Reine. » Je soupirai doucement et tournai la tête vers le plafond, sombre et plus décrépi que le reste de la pièce, d’une propreté clinique. « Et toi, tu as eu des histoires ? » |
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Charlie Palmer Élève de 1ère année
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| Sujet: Re: I will come to your river — L. Jeu 22 Fév - 17:14 | |
| « Tu t’es sentie vraiment perdue depuis ce moment-là, non ? Et avec tes dons, tu la contactes ? »
Mon cœur s’agita étrangement, comme une petite créature recueillie dans le creux d’une main protectrice. Je n’avais pas eu besoin de lui dire, il avait compris tellement facilement l’importance de cette disparition, les conséquences sur ma vie. L’adolescente que j’avais été aurait pu en pleurer, elle qui cherchait désespérément à être comprise, jusqu’à trop dire et toujours regretter les confessions qui allaient trop loin et étaient toujours accueillies par de l’incompréhension. Pire encore, lorsque j’avais rencontré Alexander, j’avais cru avoir enfin trouvé cette pièce manquante, et ces quelques mois intenses avaient brûlé ma peau et mon cœur, jusqu’à que je réalise la véritable tragédie, mon erreur, qu’il n’était qu’un parmi les autres, comme toujours, et qu’il n’avait rien cerné… Alors j’avais appris à grandir et à me taire. Mais aux côtés d’Ash, soudain, je me plaisais à y croire à nouveau. C’était plus qu’un instinct, qu’une impression physique, c’était quelque chose de transcendant…
« Oui, perdue… » Murmurai-je seulement, me sentant presque vulnérable. J’étais habituée à lire les autres, et non qu’ils lisent en moi. « Mais oui, heureusement, elle me rend souvent visite. Elle aime beaucoup tes tatouages, d’ailleurs ! » Ajoutai-je avec un petit sourire. Ash ignorait sûrement combien elle avait vu de nous, et ce que je lui avais moi-même confié.
J’avais perdu Grand-Mère jeune, et pourtant, elle restait une constante infaillible et m’avait vue grandir, bien plus que mes parents. J’avais plus de contact avec elle que mon propre père, à qui je n’avais pas parlé depuis des mois. Mais bien sûr, les esprits étaient volatiles, et il n’était pas rare que Grand-Mère disparaisse elle aussi, surtout lorsque mes propres pouvoirs étaient affaiblis. Après ma rupture avec Alexander, j’avais tellement bu, fumé, dansé, jusqu’à ne plus me rappeler de mon prénom et mon corps, que j’étais bien incapable de me connecter au mystérieux. Jamais je ne m’étais sentie si seule, j’avais tout perdu, cet homme que j’avais tant aimé, ma meilleure amie qui m’avait abandonné au passage, Grand-Mère à nouveau, mon troisième œil… Encore aujourd’hui, des années après, je sentais les séquelles de cette période tout autour de moi. Je n’avais plus aucun sentiment pour Alexander, surtout maintenant que j’avais trouvé mon double et sa présence si intense et parfaite, mais je n’avais pas oublié la douleur. Je me demandais s’il en était de même pour Ash, avec cette fameuse Beth.
« Oui. Elle me trompait pendant des mois avant que je le découvre. Je suis rentré plus tôt, il était là. Ça s’est très mal terminé et je suis parti sans demander mon reste. Jamais revue, à part pour récupérer quelques affaires. La trahison est quelque chose qui ne fait pas partie de moi et que je n’accepte pas. Elle le savait, pourtant, mais elle ne l’a pas bien mesuré. Mais ça n’a plus aucune importance maintenant. J’ai aimé ma vie sans elle, et maintenant c’est mille fois mieux. Ma Reine. Et toi, tu as eu des histoires ? »
C’était tellement étrange. Mon corps contre le sien, enlacé, protégé, et cette sensation de plénitude absolue, comme je n’en avais jamais ressentie, mais pourtant, il y avait quelque chose d’enfoui que je cachais, et en entendant les paroles d’Ash, je comprenais bien combien je m’enfonçais dans une situation compliquée. Je me rappelais de ce que l’on avait dit dans mon dos, un jour, quand je n’étais encore qu’une enfant, « Charlotte ment comme elle respire ! » et cela avait sonné faux dans mon cœur encore innocent. Ce n’était pas aussi naturel que respirer, car ce n’était pas moi qui mentais… Je me sentais capable d’un tel détachement, je m’entendais mentir d’une bouche qui n’était pas la mienne. C’était tellement simple quand je me mettais plus en scène et non en jeu.
En cet instant, contre Ash, je n’étais ni moi ni une menteuse, j’étais Lolita, une Lolita complètement différente, une essence du plus profond de mon âme. Et cette personne-là n’avait pas de Sam, pas de mensonges, elle n’existait que pour vivre en orbite avec Ash. Je l’embrassai amoureusement en réponse à son histoire avec Beth, et piquai quelques baisers dans son cou dont l’odeur m’était déjà si familière. J’étais si chanceuse de l’avoir trouvé – et déjà terrifié de le perdre, de tout perdre.
« Oui, elle n’a plus d’importance maintenant… » Je me logeai dans ses bras, et embrassai la peau fine qui protégeait son cœur. « J’ai plutôt des histoires d’un soir, des hommes, des femmes… Je n’ai eu qu’une seule relation importante où je croyais avoir trouvé quelque chose, mais je m’étais trompée. Je le réalise maintenant… Surtout maintenant. » Je marquai une pause. « Maintenant que tu es là et que je sais. »
Je fermai les yeux et laissai aller mon visage contre son torse, dans son étreinte tiède. Sa peau diaphane était froide et claire, à l’opposé de la mienne, brune et brûlante, car une nouvelle fois, nous étions fait en miroir, en réponse l’un à l’autre, ses yeux translucides dans mes iris opaques, son énergie morbide et ancrée, la mienne cosmique et fluide. Mais au fond, je le sentais, nos complémentarités puisaient leur énergie dans quelque chose de plus puissant et profond, Ash n’était pas mon opposé, il était moi et l’autre. Pour toujours.
(Terminé) |
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