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Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE

 
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 Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE

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Haley Collins


Haley Collins
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MessageSujet: Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE   Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE Icon_minitimeMer 2 Nov - 15:40


Ce matin, je me suis réveillée en me sentant seule. Si l'évènement est notoire, c'est parce qu'il ne s'agit pas de la solitude habituelle que chacun a l'habitude de ressentir, de temps en temps. Comme tout le monde, il m'arrive de penser que les gens que nous connaissons, que nous apprécions ne sont que des piliers éphémères qui nous empêchent de tomber en milles morceaux. Ils nous font don de quelques sourires, quelques paroles, quelques promesses ; nous donnent l'illusion d'un soutien, mais nous sommes toujours frappés par un horrible éclair de lucidité qui nous fait prendre conscience que nous sommes seuls, toujours.

Ce matin, c'était un autre sentiment. Au moment je me suis réveillée en sursaut, lorsque mes paupières se sont ouvertes et que les murs familiers de la salle commune se sont dessinés devant mes yeux, la solitude m'a transpercé le coeur et l'esprit et j'ai senti cette sournoise amie me glacer toute entière. Elle m'est apparue comme une révélation, et non pas comme une acolyte qui m'accompagne sur les sentiers de ma vie.

J'ai l'habitude de cheminer dans le château, seule ; de me promener dans les méandres de mes pensées, seule ; de marcher au milieu d'une foule, seule. En soi, cela ne m'a jamais dérangé. Je me suis toujours sentie plus à l'aise avec les objets plutôt qu'avec les hommes, toujours plus libre et moins prisonnière de ce que je suis. Je ne m'en plaignais donc pas, je n'aspirais à aucune ascension sociale, aucune popularité à acquérir, aucun cercle d'amis à construire : la solitude n'était donc pas un problème, habituellement.

Mais celle-ci, ce matin, m'a serré le coeur si fort, et les larmes sont si vite montées à mes yeux que je me suis sentie misérable comme jamais. Une fois calmée, étouffant cette crise d'angoisse dans les plis de mes couvertures, j'ai d'abord eu la pensée raisonnable que cette sensation qui m'avait prise au piège dès mon réveil avait un rapport avec les rêves qui avaient du agiter mon esprit cette nuit. De quoi avais-je rêvé ? ...Si seulement je m'en souvenais ! Autant puis-je affirmer que je possède une mémoire performante, quand il s'agit des cours, des noms, ou des visages à retenir, mais dans le domaine des rêves... presque aucun ne survit à mes réveils. Je sais parfaitement à quoi je pense avant de m'endormir, mais quant à ce que je vis lorsque je suis endormie...

Alors, la journée s'était lentement et douloureusement écoulée, plus que toute autre. Je souffrais d'apercevoir mon reflet dans une glace, ne supportant plus ce visage fantomatique d'une telle fadeur, ces expressions insipides qui étaient les miennes. Combien de fois avais-eu envie de m'arracher la peau avec mes ongles et de les sentir pénétrer dans ma chair qui laissait paraître l'horrible vérité de ma nature : peut-être qu'alors, je cesserais d'être invisible, aussi transparente aux yeux de tous que l'est ma peau blanche, presque translucide, sous laquelle se devinent les veines violâtres de mes mains et les poches sombres sous mes yeux.

J'attendais avidement que quelque chose se passe. Je me languissais d'un quelconque signe qui me prouve enfin que cette fameuse soirée, dont je m'efforçais de garder en mémoire les moins détails, étaient bien l'aube d'une ère nouvelle. Mais nous avions tous nos préoccupations personnelles, apparemment, puisque que rien n'était arrivé. Je n'ai plus revu ses yeux bruns, son visage long et fin, ses cheveux sauvages, et il me semblait que fatalement, ses traits que je connaissais pourtant par coeur s'estompaient peu à peu de mes souvenirs. Mes espoirs heureux et fugaces semblaient s'être évaporés dans l'atmosphère monotone de terreur et de silence qui régnait ici. L'automne était bien la saison du dépérissement : tout semblait tomber en lambeaux. Les sourires, les promesses et les liens qui s'étaient tissés s'évanouissaient aussi vite que les arbres se dénudaient pour se préparer à la rudesse de l'hiver.

Cet hiver, je l'accueillais à bras ouverts : je me sentais dans une torpeur si obscure et morne, que la chaleur, le soleil, les rires qui annoncent le bonheur d'un été à venir m'auraient été insupportable. Le froid m'enveloppe de son étreinte glacée, les trombes d'eau déversées par les nuages gris et menaçants se joignent harmonieusement à la pluie qui pleure dans mon coeur : et c'est très bien ainsi.

Cette baisse de moral hivernale s'accompagnait proportionnellement d'une augmentation des litres d'eau que mes canaux lacrymaux avaient l'habitude d'écouler. Depuis toutes ces années, je pensais que mes yeux allaient un jour finir par n'être plus que deux miroirs d'âme asséchés, ayant déjà tout donné. Force est de constater que non : les larmes sont une richesse inépuisable. Si j'avais pu en faire commerce, je serais sans aucun doute milliardaire à l'heure qu'il est.
Cependant, j'essayais au moins de délivrer mes peines en l'unique compagnie de la solitude : tout spectateur était exclu. Si ma réputation n'était plus à faire en la matière, je tenais toujours à mon intimité. J'occupais donc la grande part de mon temps libre à chercher un endroit exempt de toute présence humaine pour y laisser errer mon fantôme. Et du temps du libre, j'en avais beaucoup. Depuis les dernières semaines, mon cerveau, paralysé, avait cessé d'être productif, et mon coeur ne parvenait plus à se réjouir à l'idée de mener des recherches sur les origines d'un quelconque sortilège ou philtre. Mes notes s'en ressentaient, mais la situation n'était pas assez critique pour m'alarmer : j'étais entré dans un état léthargique qui ne voulait plus me laisser m'en échapper.

En cette soirée, mon choix s'était porté sur la tour d'astronomie. Le temps était particulièrement glacial et le professeur d'astronomie, absent au dernier cours, ne nous avait donc pas donné d'exercices pratiques, ce qui, en toute logique, me laissait le champ libre pour m'adonner à mon activité préférée : laisser vagabonder mes pensées, et me ressasser, encore et encore, ce qui s'était produit et ce qui allait sans doute advenir si mon existence lui revenait en tête. C'est ainsi qu'après le dîner, je montais dans le dortoir, vide, pour m'envelopper dans les douces couvertures de mon lit. C'est seulement alors que mes camarades montaient se coucher que je le quittais, non sans avoir préparé un bagage : une couverture épaisse et confortable dans laquelle je pourrais me réfugier pour me protéger des pierres froides du sol de la tour d'astronomie, mais qui avait la particularité de battre tous les records en matière de transportabilité. D'un coup de baguette, elle se pliait sans l'aide de personne, rentrant docilement dans le sac de la taille de la paume d'une main qui était fourni avec. (et c'était là toute la subtilité : perdez ce sac et votre couverture vous restera sur les bras, n'étant adaptable qu'à ce sac précis, ensorcelé spécialement à cette occasion) J'avais trouvé cet objet lors d'une sortie à Pré-au-Lard que j'avais entrepris pour passer aux Trois Balais déguster une Bierraubère. La sensation de chaleur que cette boisson me procurait dès qu'elle franchissait mes lèvres et s'écoulait lentement dans ma gorge m'était devenue addictive.

Comme prévu, la tour d'astronomie est vide, même si il est difficile de voir clair dans l'obscurité qui a pris possession du monde à cette heure-ci de la journée, minuit approchant à grand pas. Comme prévu, l'air est d'une fraîcheur intense ; je ne tarde donc pas à me diriger dans un coin de la tour, m'adossant au mur après m'être engouffrée dans ma couverture, l'extirpant de sa pochette d'un geste sec et rapide la baguette. Comme prévu, les larmes surgissent sans attendre, répondant au flot de mes pensées qui me bercent dans une douleur languissante.


Dernière édition par Haley Collins le Mer 18 Avr - 14:40, édité 1 fois
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Scott McBeth


Scott McBeth
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MessageSujet: Re: Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE   Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE Icon_minitimeLun 7 Nov - 16:05



Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

*____*



Cette sensation, je ne l'avais jamais connue, et je bénissais le Ciel de me l'avoir épargnée jusqu'à lors. En revanche, je le maudissais par la même occasion, car c'était bien la sensation la lus atroce et la plus frustrante qu'il m'avait été donné de ressentir. J'avais beau essayer n'importe quoi, j'avais beau avoir bu une tisane, mis une couverture supplémentaire, fermé les yeux, compté les moutons, respiré profondément, fait du sport pour être épuisé, lut jusqu'à en avoir mal aux yeux, rien.

Je ne dormais pas. Je ne dormais plus. Depuis une semaine.

Je savais pertinemment pourquoi, évidemment. Mais quand le premier soir j'avais broyé mes idées noires doublées de mon chagrin jusqu'à une heure avancée de la nuit, et même jusqu'à l'aube pour être exact, je m'étais dit : je dois faire en sorte que cela n'arrive plus. J'avais toujours eu un sommeil de plomb. Peut-être parce que quand on naît dans une famille nombreuse, que la maison est toujours pleine de cris et de bruits, on s'habitue à d'endormir ans n'importe quelles circonstances. Je ne comptais plus le nombre de fois où Eileen m'avait piqué mon oreiller pour m'embêter, et que j'avais dormi sans. La capacité première de l'Homme est de s'adapter à son entourage, non? C'est ce que j'avais fait. Si bien que je n'avais jamais eu de problème de sommeil. Même avant les contrôles, même avant les journées importantes, même quand j'étais inquiet pour quelque chose. Car il y avait toujours un moment, si je me tournais et retournais dans mon lit, où je me disais : il faut dormir maintenant, je suis fatigué, et si je ne dors pas, demain sera pire. Et je m'endormais. J'avais une sorte de pouvoir sur mon corps et je m'en accommodais très bien. Le problème, c'est que c'était seulement maintenant que je m'en rendais compte.

Pourquoi fallait-il que je me rende compte bien trop tard de ce qui m'importait? Le visage de Taylord s'imprima de façon plus nette sur ma rétine. « L'amour est un trésor et une conquête pour les uns, une attente ou un regret pour les autres » avait dit une écrivaine française. Je savais à quelle catégorie j'appartenais : les regrets me rongeaient. J'aurais pu éviter l'hécatombe, j'aurais pu, si j'avais été un tant soit peu plus intelligent, si j'avais compris assez tôt qu'on ne retient pas du vent avec un filet à papillon. Le papillon qui me restait avaient les ailes flétries et était mourant. Taylord m'apparaissait comme une brise, elle s'était envolée ailleurs et je ne pouvais rien faire pour la rattraper - je n'étais pas assez rapide.

« Il y a quelqu'un d'autre... Mais ca n'a plus d'importance maintenant... C'était Chuck. » De la même manière que j'avais découvert ce qu'était le mal d'amour, j'avais découvert la blessure par trahison. Celle-là non plus, je ne l'avais jamais connue.

J'avais honte. Avais-je donc été élevé dans un cocon pour que tout me tombe dessus de la sorte en me terrassant? Je me sentais nul, faible, moi qui avais toujours cru avoir une longueur d'avance parce que j'étais instruit, parce que je savais plein de choses. C'était peut-être idiot d'en arriver à la conclusion que tout ne s'apprenait pas dans les livres, mais je mesurais aujourd'hui combien c'était vrai. Je ne connaissais rien à a vie, même si je connaissais l'histoire des sorciers depuis l'Antiquité sur le bout des doigts, comment faire telle ou telle potion sans me tromper, et tout ce qu'on apprenait tous les jours à l'école. J'en voulais un peu aux jumelles, au fond de moi. Mes autres frères et sœurs étaient plus grands, et je comprenais aisément qu'ils ne s'entendent pas avec moi comme ils s'entendaient entre eux, parce que la différence d'âge était marquée. J'étais le petit dernier, on m'avait toujours considéré comme le petit bébé. Mais Eileen et Aisling? Elles étaient les plus proches de moi, et j'étais vraiment intime avec elles, surtout avec Aisling. Elle qui voyait la vie d'un tout autre oeil que moi, pourquoi n'avait-elle rien dit? Pourquoi n'avait-elle pas essayé de me tirer de mes bouquins? J'avais un goût amer dans la bouche - je ne pouvais m'en prendre qu'à moi. C'était comme ça, un point c'est tout.

Depuis une semaine, donc, Morphée me boudait, et j'étais incapable de fermer l’œil. Bien sûr, je dormais 3-4 heures par nuit parce que c'était vital, et qu'il y avait toujours un moment où mon corps était épuisé. Mais c'était un sommeil peu rassérénant, qui me laissait au petit matin plus mal à l'aise que la veille, comme si je m'étais battu toute la nuit contre des forces invisibles. Pourtant, j'essayais de me dépenser le plus possible la journée, je faisais mes devoirs jusqu'à m'écrouler de sommeil, le midi je sortais avec les autres pour prendre l'air... Mais rien n'y faisait. Quand je me retrouvais seul le soir dans mon lit, les draps étaient gelés, mon cœur battait fort, et mes paupières refusaient de se fermer. Je ne pensais qu'à Taylord, je ne voyais qu'elle, je ne pensais qu'à mon échec, qu'à mes torts, qu'à celui qui la récupèrerait, qu'à mon chagrin. Je m'en voulais de me laisser aller, mais je ne savais réellement pas comment combattre cette chape de plomb qui m'anéantissait. Je ne trouvais nulle part de réconfort.

J'avais essayé tous les remèdes, j'avais même été aux cuisines chercher un verre de lait, comme notre préceptrice nous donnait quand on était petit et qu'on arrivait pas à dormir. Je n'avais trouvé rien de réconfortant dans ce verre de lait tiède; il avait eu un goût amer, un goût de passé, parce que je n'étais plus un gamin et que ce n'était pas de simples monstres imaginaires qui m'empêchaient de dormir. C'était bien pire, puisque c'était réel.

J'envoyai valser mes couvertures et me redressai dans mon lit. A quoi bon perdre mon temps, puisque chaque soir c'était la même rengaine, et que je finissais par sombrer dans un sommeil bancal vers quatre heures du matin après avoir ruminé mes pensées et tourna le problème dans tous les sens sans lui trouver une seule solution. Tout le monde dormait, et je m'habillai silencieusement, enfilant mon pantalon et ma chemise d'uniforme car ils étaient posés sur ma malle. J'attrapai mon pull aussi car les nuits devenaient froides, mon écharpe, et je sortis sans bruit, avec je ne sais quel espoir de trouver un refuge inattendu dans mes tribulations nocturnes. Ma première envie fut de me diriger dans la tour d'astronomie car j'aimais observer le ciel et que l'endroit était toujours serein et aéré, mais j'hésitai, car cet endroit-là me rappelait justement ce soir-là, une semaine auparavant, qui avait tout déclenché. Mais après tout, je n'étais pas matériel, et pour la simple et bonne raison de conjurer le sort, je poursuivis mon chemin vers la tour, écartant ces considérations idiotes. Je n'allais pas me faire larguer une deuxième fois, de toute façon. Pourquoi avoir peur?

Il y avait peu d'endroits à Poudlard qui me rappelaient chez moi, mais la tour en était un. Le grenier de notre maison était circulaire lui aussi, et il y avait de grandes fenêtres découpées dans le toit, qu'on n'avait d'ailleurs jamais le droit d'ouvrir. Les jumelles les ouvraient à chaque fois que nous y jouions, et quand on se pressait tous pour regarder, c'était la même sensation qu'ici, je voyais les montagnes au loi, la forêt, cette immense étendue sauvage, j'avais la nette sensation que l'univers était infini, qu'il y avait tant de choses à découvrir dans cette immensité, et je les sentais vraiment. C'était d'une beauté à couper le souffle et j'aimais les frissons qui me couraient sur la peau à ce moment-là.

Je fis un pas dans le silence dans la nuit; la pièce était sombre et déserte. Je respirai une grande bouffée d'air; j'étais parfaitement réveillé. Je m'accordai quelques instants avant de m'avancer un peu plus vers les grandes fenêtres mais quelque chose d'infime, un bruit tout petit, comme un murmure dans le vent qui sifflait doucement au-dehors, m'interpella, et je me mis à sonder la pénombre de mes yeux écarquillés.

Il y avait quelqu'un, là, contre le mur, à l'abri de l'ombre, et je plissai les paupières, forçant mes yeux à s'habituer au peu de clarté. J'avançai, mais j'hésitai, de peur de faire peur à celui ou celle qui se trouvait là. Je ne mis pas longtemps à m’apercevoir que ce léger bruit était celui des larmes. D'autant plus embêté, je m'approchai, faisant exprès cette fois de faire un peu de bruit en marchant pour ne pas surprendre la silhouette.

Je reconnus alors, pelotonnée dans une couverture fine mais qui avait l'air délicieusement chaude - car il faisait un peu frais, réalisai-je - Haley Collins, une fille de ma maison, que je connaissais peu mais que j'aimais bien. Elle était toujours silencieuse, toujours dans son coin, toujours un peu secrète, mais les fois où je lui avais parlé je l'avais trouvé sympathique et j'avais décelé derrière son énorme timidité quelque chose qui me plaisait. Elle me faisait penser à Aisling, mais d'une toute autre façon; elle cachait quelque chose au fond d'elle, quelque chose de beau mais qu'elle croyait laid. Elle me touchait, bien que je n'ai jamais su par la suite comment l'aborder et comment devenir plus proche d'elle. Je n'étais moi-même pas très à l'aise avec les autres, alors les gens timides ne m'aidaient pas.

De la voir pleurer, de la voir seule à l'endroit même où je tentais de venir noyer ma solitude et mon chagrin, cela me fit sentir si proche d'elle en cet instant précis, que j'oubliais tout de ma timidité et m'assis à côté d'elle. Il y avait quelque chose de magique à cette scène, remarquai-je en souriant, et si con chagrin à elle me fit de la peine, je me sentis à la fois un peu plus fort, parce que j'étais moins seul. Quoi qu'il arrive, on a beau se sentir seul, il y a toujours quelqu'un qui partage notre chagrin. Je mis doucement ma main sur son bras, essayant de la réconforter de la même manière qu'elle m'apportait, sans le savoir, un certain réconfort.


- Je crois qu'on vient ici pour les mêmes raisons... constatai-je tristement. Y avait-il un label récemment accordé à cette salle qui faisait d'elle la Salle des Chagrins plutôt que la tour d'Astronomie? Tout me poussait à le croire, ces derniers temps. J'ai une idée... Tu me dis ce qui ne va pas, peut-être que je pourrais t'aider?... continuai-je d'une voix moins assurée, mais c'était tout ce que j'avais trouvé pour lui offrir l'occasion de se confier si elle en avait envie. Après tout, si on se trouvait tous les deux au même moment au même endroit et dans le même état d'esprit, le destin s'y trouvait peut-être pour quelque chose?
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Haley Collins


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MessageSujet: Re: Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE   Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE Icon_minitimeDim 27 Nov - 1:26

Pleurer a quelque chose de réconfortant : le sillon tracé sur mes joues par mes larmes était source d'une douce chaleur qui m'était plaisante. Le sentiment d'évacuation engendré par cet acte me faisait un bien fou ; aussi, quand l'envie m'en prenait, je ne luttais jamais pour empêcher mes canaux lacrymaux de se mettre à l'œuvre. J'avais la douce impression de rejeter toute la noirceur dont mon coeur et mon esprit étaient emprunts par l'eau qui s'écoulait de mes yeux : pleurer m'apparaissait comme une catharsis. Les larmes étaient mon unique moyen d'évacuation : incapable de crier, inapte à dévoiler aux autres ce qui me pesait, il ne me restait plus que cette solution de facilité. Me cacher, et céder.

Humant l'air frais de la nuit, plongée dans cette noirceur qui occupe inconsciemment nos vies, pour ceux dont les nuits sont uniquement vécues dans un doux sommeil réparateur, je sens peu à peu le vide se faire en moi. Là, seule, vulnérable, j'oublie momentanément qui je suis, d'où je viens et où je vais : seul compte l'instant présent, celui où, plongée dans un doux néant, je me perds.

La nuit.

Le noir.

Le froid.

Les larmes.

La chaleur.

Tout cela découlait d'un besoin, et non d'un caprice passager éprouvé parce que quelque chose m'aurait été refusé... une sucrerie, une sortie, ou que sais-je encore. Cela m'était presque vital : peu m'importait si je passais pour une jeune adolescente capricieuse, solitaire, désespérée, un boulet attaché aux chaînes de la tristesse. Car oui, c'était bien triste d'avoir quinze ans et de sentir le poids trop lourd du vécu peser sur ses frêles épaules ; alors qu'il me reste encore tant à vivre et tant de choses à supporter. J'avais bien l'impression que ma situation était dérisoire : rien de très grave ne m'était arrivé. D'où venait ce sentiment de désespoir qui me hantait depuis si longtemps ? Certes, je n'étais pas partie gagnante, avec la famille que j'avais, et qui se réduisait dorénavant à une mère absente et à une cousine qui se voulait inexistante. Bien que pâle et psychologiquement fragile, je n'étais atteinte d'aucune maladie grave. Je n'étais pas pauvre, j'avais un toit, je suivais une scolarité on ne peut plus parfaite dans une école de prestige. J'étais simplement seule, et je prétendais que cette situation me convenait tout à fait. Alors quoi ? Je n'en savais rien, et j'étais lasse de chercher à savoir. Je n'étais certaine que d'une seule chose : un petit nuage gris planait au dessus de ma tête. Passager, sans doute. Je n'avais donc pas à m'en faire : une fois évacuée, ma peine allait laisser place à la joie. Du moins, je l'espérais de tout mon coeur, car la culpabilité m'envahissait de plus en plus de me laisser entraîner dans ce fleuve de mélancolie qui n'avait pourtant aucune explication rationnelle.

Je me rattachais cependant à un unique fait qui me paraissait satisfaisant et qui pourrait constituer une réponse correcte à cet élan de de tristesse excessive. J'étais... je suis... je dois m'avouer... sujette à une obsession dont l'objet est un jeune garçon à la peau mat, aux cheveux bruns et aux yeux sombres. Pourquoi ? Là encore, je sèche. Il est tellement plus facile de préparer une potion ou de rédiger dix pages de parchemin sur un sujet ennuyeux d'histoire de la magie, que de répondre à ce genre de questions qui constituent pourtant l'essence même de nos vies. Tellement plus facile. Ce genre de problème existentiel subtil me posait d'énormes soucis; j'étais d'une impuissance totale face à eux, ce qui redoublait l'intensité de ma détresse. Et la fatigue qui commençait à m'accabler n'arrangeait en rien les supputations de dégénérée mentale qui m'assaillait... le flot de mes sanglots s'atténue doucement, se réduisant à présent à quelques reniflements impromptus ; les larmes obscurcissent ma vision mais il fait bien trop froid pour que j'aie le courage d'extirper mes mains de la couverture dont je suis l'heureuse propriétaire... alors, ces maudites larmes allaient rester là, bien fait pour elles. Sur le tableau noir nocturne que m'offre le panorama de la tour d'astronomie, quelques étoiles qui se manifestent sous forme d'un point blanc lumineux apparaissent ça et là, d'un pacifisme déconcertant. Bientôt, elles s'assemblèrent, se rejoignirent et se lièrent pour former des lettres : d'abord un S, comme dans Stephen, puis un T, comme dans Tephen ; un E, comme Ephen ; un P, comme Phen... et une main inconnue sur mon bras. Une main, sur mon bras ?

Je me redresse dans un sursaut ; ma tête était légèrement retombée contre mon cou sous le poids du sommeil et de l'accablement... je me demande alors comment j'ai pu apercevoir des lettres se dessiner dans le ciel si mes paupières avaient commencé à se fermer. Mais cette pensée est rapidement balayée de mon esprit car la solitude n'est désormais plus ma seule compagnie : quelqu'un se tient à mes côtés, sans savoir comment cette présence incongrue est arrivée ici.

Durant quelques instants, je nage dans le flou qu'a engendré ma semi-somnolence. Je me résigne à sortir mes bras de ma seconde peau pour me frotter les yeux et prendre ma tête entre mes mains; le froid s'engouffre dans mon refuge de fortune mais je sens la chaleur me monter aux joues et mon coeur faire un bond dans ma poitrine quand je distingue un visage masculin que je reconnais. J'ouvre grand les yeux pour m'en assurer et de ma bouche entrouverte s'échappe une une tracée éphémère dans l'air glacé de la nuit qui atteint le nez de Scott McBeth, assis à mes côtés, qui m'observe d'un air que je suppose compatissant. Je reste figée sous l'effet de la surprise, le coeur bondissant dans ce silence assourdissant.


- Je crois qu'on vient ici pour les mêmes raisons...

Les premiers mots qui franchissent ses lèvres me donnent l'inexplicable envie de céder de nouveau à la puissance des larmes ; les paroles qu'il prononce me parviennent dans la confusion la plus totale; je parviens seulement à distinguer le ton de sa voix, douce et rassurante.

- J'ai une idée... Tu me dis ce qui ne va pas, peut-être que je pourrais t'aider?...

Je le regarde toujours fixement, bouche-bée et sur le qui-vive, peinant encore à réaliser que Scott ait pu apparaître si soudainement. Scott McBeth... appartenant à la même maison, son nom et son visage me sont forcément familiers, mais je ne m'en suis jamais réellement rapprochée. En fait... je ne suis réellement proche que d'une seule personne, Heather Lass. Ma faute ou la faute des autres : je n'ai jamais réussi à dépasser le stade stérile de la connaissance avec d'autres élèves.

Mes yeux se portent de manière indécente sur ses yeux, son nez, ses lèvres et enfin son cou, qui m'inspire une sensation surprenante de chaleur et de réconfort. Alors qu'il est actuellement en train de violer mon intimité, je ne ressens aucune animosité à sa rencontre, incapable en cet instant de ressentir le moindre sentiment de révolte, de haine ou de honte. Je mets ce sentiment de neutralité sur le compte de la lassitude qui ne m'a toujours pas quitté depuis que j'ai mis les pieds ici. En cet instant, je ne ressens rien. Rien, sinon une impression étrange de communion. « On vient ici pour les mêmes raisons ». Scott a t-il partagé les sanglots dont j'étais la proie quelques instants auparavant ? Ai-je tant l'air d'une désespérée suicidaire pour qu'il devine si aisément que quelque chose cloche ? Oh, peut-être m'a t-il tout simplement vu pleurer... Au moins n-a t-il pas posé la fatale question : « Ca va ? », à laquelle je n'aurais eu strictement rien à répondre. Je me serais sans doute renfermée telle une huître comme à l'habitude lorsque cette sempiternelle question surgissait. Mais là, c'est différent.

Je me sens incapable de dévoiler mes peines existentielles à Scott. Il pourrait me prendre pour une folle, un cas désespéré à envoyer à l'asile, une pauvresse dont il faudrait se méfier pour le bien de sa propre santé mentale... Je sens mon coeur se verrouiller sous la pression de ces pensées inquiétantes. Pourtant, il faudrait bien que je réponde à Scott, du moins par politesse.

Mon regard, qui s'était de nouveau tourné vers les étoiles, se pose sur lui. Et puis, je suis frappée d'un éclair de lucidité qui m'arrache sans peines les mots suivants :


- D'accord, mais pas avant que tu sois couvert, tu vas attraper froid, dis-je d'une petite voix enrouée. Sans attendre, je me dégage de la couverture et me rapproche de lui ; je pose le pan droit de ma couverture sur ses épaules, puis me réfugie de nouveau dans le silence. Au moins ai-je le réconfort de ne plus être responsable si il tombe malade par ma faute, cette couverture peut être digne de confiance et est assez grande pour protéger nos deux corps du froid de Novembre, Scott n'étant pas le plus épais des élèves du château. Les minutes s'écoulent, et je sens son bras accolé au mien qui dégage une agréable source de chaleur, la couverture aidant à nous réchauffer. Cette présence humaine fait effet de remède contre la pression qui me serre de l'intérieur, et, sans que je n'y puisse rien, ma langue se délie.

- D'accord, repris-je, réalisant que ce terme n'avait aboutit à rien la première fois que je l'avais prononcé, quelques minutes auparavant. D'accord, mais seulement si toi aussi tu parles. Je ne veux pas être la seule, dis-je en baissant la voix, finissant ma phrase dans un murmure.

Je marque une pause pour mesurer ma respiration qui s'accélère. Malgré l'étrange émotion qui m'anime, je ne peux révéler tout ce que j'ai sur le coeur. Mais Scott a fait preuve d'une gentillesse à laquelle il n'était pas obligé, et plus je le regarde, plus il me semble percevoir sur ses traits les mêmes sentiments qui s'agitent dans mon esprit. C'est donc plus par reconnaissance, poussée par une force inconnue, que par réelle envie que je m'adresse de nouveau à lui.


- J'ai des petits problèmes cardiaques. Et il n'y a pas de remède. Enfin si... mais c'est quelqu'un d'autre qui l'a. Et... ce quelqu'un ne le sait pas, dis-je enfin à demi-mots, espérant qu'il comprenne où je veux en venir sans que j'ai besoin de passer par des phrases plus explicites. Je ne me sens même pas ridicule à parler de manière détournée : je ne suis capable que de ça. Je ne peux rien lui donner de plus.

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Scott McBeth


Scott McBeth
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MessageSujet: Re: Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE   Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE Icon_minitimeLun 19 Déc - 16:31

« Deux perdus ne font pas un trouvé »

C'était peut-être le signe d'une certaine faiblesse, mais tant qu'elle restait humaine, je la trouvais tout de suite moins déplorable. En tout cas, je ne pouvais regarder quelqu'un avoir du chagrin sans en éprouver moi-même, ce qui devait être un reste de quand les hommes vivaient en tribu. C'était comportemental, comme quand les animaux fuyaient en bande parce qu'un seul avait perçu un signal de danger. Cette peine s'ajoutait à ma propre peine et faisait peser mon cœur un plus lourd dans ma poitrine, mais d'un autre côté, l'envie que j'avais de réconforter Haley m'aidait un peu à reprendre le dessus. Comme si mes soucis passaient au deuxième plan. Je me doutais qu'elle n'avait pas une vie follement réjouissante, car je ne croyais pas qu'une timidité extrême comme la sienne naissait de nulle part. Elle devait cacher beaucoup de choses en elle, mais le problème avec ce genre de personnes, c'est qu'on ne sait pas comment leur venir en aide, car plus elles savent que vous les comprenez, plus elles se recroquevillent dans leur coquille par peur que vous les ayez vraiment percées à jour. J'avais toujours un goût prononcé pour l'observation, ce qui m'aidait à analyser le comportement des gens, et si je définissais parfaitement celui de Haley, la meilleure manière de l'aborder, en revanche, je l'ignorais plutôt.

Elle sursauta et je m'en voulus de lui avoir fait peur - pourtant j'avais fait le plus doucement possible. Les larmes dévalaient ses joues et une question me vint à l'esprit : Taylord avait-elle pleuré une seule fois pour moi ainsi? Non, sûrement pas. Je me rendais compte de la stérilité de la situation. Moi qui petit à petit avais compris que je l'aimais, elle, ne m'avait sans doute jamais aimé un seul moment. Nous étions bien ensemble, rien de plus. Pour elle. Pour moi, je l'avais compris trop tard.


- D'accord, mais pas avant que tu sois couvert, tu vas attraper froid.

J'acceptai volontiers la proposition et m'installai tout contre elle, m'enroulant dans la couverture. Je connaissais ce genre de couverture : ma mère avait la même et avec Aisling nous l'empruntions parfois, en douce, le soir, quand nous avions envie d'aller regarder les étoiles. C'était un tissu fin et léger, qui ne laissait rien présager, mais magique : il procurait une intense sensation de chaleur. Tout de suite je me sentis un peu mieux, et le froid ambiant me parut tout d'un coup insurmontable alors que j'étais dorénavant bien à l'abri. Cela m'aida à passer outre le fait que j'étais vraiment tout contre Haley, et que la seule fille dont j'avais été si physiquement proche n'était autre que Taylord. Ç'aurait été gênant, mais le moment était tel que je n'y prêtais pas plus attention.

Un silence s'installa, que je ne rompis pas. J'avais parlé, je ne voulais pas la brusquer. Qui plus est, au fond de moi, je me sentais si seul, si vide, si triste, que je n'avais pas le cœur à me forcer ou à la forcer - bref, à forcer la situation. Je la prenais comme elle venait. En attendant, peut-être que le silence adoucissait les cœurs, qui sait? La lumière des étoiles nous faisait face et comme Haley, j'avais le regard perdu dans le ciel sombre. J'adorais, les nuits où on les apercevait bien, observer les étoiles. J'aimais remarquer ce qui changeait dans leurs emplacements par rapport à chez moi, et d'ailleurs j'avais une mémoire infaillible à ce sujet, et je me rappelais sans problème des différences et de celles que je n’apercevais pas selon les endroits où je me trouvais. Ce soir, nous voyions parfaitement la voie lactée qui zébrait le ciel d'une traînée un peu blanche. Elle m'avait toujours fait rêver : quand j'étais petit je m'imaginais que c'était un chemin pour accéder au ciel, et je croyais fermement que quand on était un sorcier adulte et qu'on avait des pouvoirs, on pouvait y marcher.


- D'accord. D'accord, mais seulement si toi aussi tu parles. Je ne veux pas être la seule.

Cela me faisait étrange d'entendre le son de sa voix. Elle qui d'habitude était comme un petit chaton apeuré dans un coin de la pièce, avec ses regards bleus et clairs qui se posaient un peu partout comme seule parole. Sa voix était douce comme je me l'étais imaginée, mais un peu plus aiguë, et plus ténue, aussi. Elle représentait Haley à la perfection : jolie mais craintive, fragile, tout en retenue, mystérieuse, un peu. C'était cela : Haley représentait réellement un mystère à mes yeux. Pourquoi tant de timidité, pourquoi tant de recul, alors que somme toute nous étions tous dans le même bateau et qu'elle connaissait les gens et les lieux, après tout ce temps à Poudlard?

Je ne voulais surtout pas penser à Taylord à tout moment, mais la ressemblance se fit d'elle même dans mon esprit. Les caractères de Taylord et Haley n'avaient rien de semblable, au contraire, ils s'opposaient plutôt bien, mais il y avait au fond d'elles cette petite part d’insoupçonnable, d'intouchable, ce secret qui les rongeait et qui tissait les trames de leurs vies sans qu'elles n'arrivent à reprendre le contrôle.


- J'ai des petits problèmes cardiaques. Et il n'y a pas de remède. Enfin si... mais c'est quelqu'un d'autre qui l'a. Et... ce quelqu'un ne le sait pas,
avoua-t-elle à voix basse.

Ainsi donc Haley Collins subissait les affres d'un chagrin d'amour - des problèmes cardiaques, c'était joliment dit - et nous étions donc réunis en haut de cette tour pour à peu près les mêmes raisons. Je ressentis la colère monter en moi - colère dont j'étais dénué auparavant; avant que Taylord choisisse ce lieu même pour m'annoncer que tout était fini et qu'il y avait "quelqu'un d'autre". C'était une sensation nouvelle, étrange, que je parvenais pas trop à maîtriser encore. Je sentis mon bras se crisper contre Haley et je fis mine de changer de position pour cacher ce mouvement de colère. Elle aussi, on malmenait ses sentiments. J'en voulais à celui qui...

Celui qui...

Celui qui!!!

Je regardai Haley d'un air surpris, les yeux écarquillés, avant de retourner la tête et de me passer la main sur le front. Il y avait 99 chances sur 100 pour que je sache de qui il était question, et j'avais envie de le secouer comme un prunier. Que faire? Je ne voulais pas jouer les entremetteurs, je ne voulais pas annoncer la mauvaise nouvelle à Haley si jamais Stephen n'était pas intéressé, mais pourtant, il fallait bien que quelqu'un fasse quelque chose, non?!


- Est-ce que tu as essayé de lui faire savoir, au moins? Surtout qu'il est... je veux dire, surtout qu'il est peut-être un peu aveugle pour ce genre de choses, ce n'est pas donné à tout le monde...

Et encore moins à lui, d'ailleurs. J'aimais beaucoup Stephen, mais je ne pouvais pas nier qu'il était... spécial. C'était à mon tour de parler, comme convenu, et je renchéris, cherchant mes mots à mon tour :

- Pour ma part, le remède m'a filé sous le nez, et même si ce quelqu'un d'autre le sait, je ne l'aurais plus jamais. Il va falloir que je m'y fasse.

J'eus un petit geste de fatalité.

- Mais ce n'est jamais facile de tirer un trait sur quelqu'un...

... Surtout quand on se rendait compte qu'on l'aimait vraiment, rajoutai-je pour moi-même. La présence d'Haley tout contre moi avait quelque chose de formidablement rassérénant. Je me sentais moins seul.


Dernière édition par Scott McBeth le Mer 21 Déc - 18:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE   Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE Icon_minitimeMar 20 Déc - 16:58

Qu'est-ce que j'étais en train de faire ? Où est-ce que cela allait mener ? Je me sentais de plus en plus dépassée par les évènements. Depuis cette fameuse soirée en compagnie de Stephen, j'avais l'impression d'avoir perdu le contrôle de ma vie. Moi qui, depuis toujours, supervisait parfaitement tout. Ou plutôt, tout m'avait semblé quadrillé et régulé à la perfection par l'éducation qui m'avait été faîte, où aucun écart n'était autorisé. J'avais du suivre un modèle, un mode d'emploi de la parfaite enfant. Même lors de mon arrivée à Poudlard, alors que j'avais enfin pu m'échapper des griffes de mes parents, même après la mort de mon père, je n'avais pas perdu pieds.

Et maintenant, ils ne touchaient plus terre. Écrasée par le poids de tous les incidents et des intrigues qui se jouaient. Comme si mon destin m'échappait. J'avais longtemps désiré être une des héroïnes tragiques qui peuplaient mes lectures au coin du feu, souhaitant de toutes mes forces qu'enfin, il m'arrive quelque chose, à moi aussi. Que cesse cette vie plate et monotone. Je ne la supportais plus, comme je ne supportais plus d'apercevoir mon reflet dans une glace.

Mais j'étais apparemment une éternelle insatisfaite, car maintenant qu'il se passait enfin... des choses, dans ma vie, après tant d'attente, de solitude, de fadeur; l'angoisse dont j'étais constamment la proie ne me permettait pas d'apprécier ces moments de nouveauté, ces chamboulements qui me prenaient de court.

J'avais baissé les bras en ce qui concernant Stephen, non sans une amertume qui m'étreignait le coeur. Qu'il m'oublie donc. C'était peut-être mieux ainsi. J'étais lasse de chercher des explications à ce qui se passait, ce qui m'arrivait, de tenter à tout prix de mettre des mots sur mes sentiments. C'était peut-être ce qui m'avait poussé à accueillir Scott sans aucune gêne. Je n'y avais même pas réfléchi : j'en avais eu envie, et je l'avais fait.

Sentir la proximité de Scott à mes côtés, qui constituait la concrétisation de ce souhait de me laisser aller et d'oublier toute contrainte, tout sentiment moral, la profonde tristesse dont chaque parcelle de mon corps était emprunte m'ayant comme anesthésié, était source d'un grand plaisir. Mes larmes s'étaient taries et je sentais mon coeur s'apaiser... peut-être parce que je m'étais aussi délestée d'un lourd aveu qui me pesait depuis des semaines. Je n'en avais parlé à personne d'autre. Même si je l'avais formulé à demi-mot, je l'avais fais. Et j'étais bien en sécurité derrière ce demi-aveu : Scott comprendrait, mais sans trop comprendre.


- Est-ce que tu as essayé de lui faire savoir, au moins? Surtout qu'il est... je veux dire, surtout qu'il est peut-être un peu aveugle pour ce genre de choses, ce n'est pas donné à tout le monde...

J'eus soudainement l'impression de recevoir une douche froide. La surprise passée, ce fût la colère qui me prit. Ainsi donc, j'étais si facile à déchiffrer ? Ma vie était si simple et pitoyable qu'il suffisait que je prononce une phrase pour en faire deviner tous les secrets ? Je regardais Scott, prise de court. Je n'étais pas seulement désemparée par ses paroles, mais aussi par le geste qu'il avait esquissé – j'avais senti la pression de sa main sur mon bras pendant un court instant, mais cela avait suffit à faire battre mon coeur d'un rythme endiablé. Inévitablement, le rouge me monta aux joues et je restai muette pendant un court instant. Je fus tentée de balbutier quelques mots incompréhensibles pour défendre ma cause, mais me ravisai. C'était inutile. Et ce soir, je me sentais nue sous le regard de Scott. Il m'avait percé à jour et semblait réellement partager ma peine; je m'en serais voulue de gâcher ce moment de sincérité pure. Je pris la décision d'attendre son aveu pour parler du mien, je trouverais peut-être l'inspiration dans ses propos.

- Pour ma part, le remède m'a filé sous le nez, et même si ce quelqu'un d'autre le sait, je ne l'aurais plus jamais. Il va falloir que je m'y fasse.

Il avait calqué sa façon de parler sur la mienne, et force est de constater que son aveu était tout aussi déchiffrable que le mien. Mais se dissimuler derrière ces métaphores était d'une grande aide pour délier nos langues. Ainsi... je ne suis pas la seule à courir derrière quelqu'un qui m'échappe. Mais la situation de Scott me semblait encore plus triste que la mienne : lui avait connu quelques moments de bonheur avec Taylord, ils avaient été heureux, avaient grandi ensemble. Si un grand nombre de couples font couler beaucoup d'encre à Poudlard, le duo formé par Scott et Taylord avait toujours été perçu comme le plus calme, le plus sage... un des plus beaux, peut-être, parce qu'il me semblait être animé par une affection et un amour vrai. De celui dont je rêvais, comme toute jeune fille. Même si, à en croire les rumeurs Taylord semblait avoir quelques affaires avec Chuck – malgré moi, j'étais au courant de tout, grâce à mes merveilleuses camarades qui faisaient de ces histoires leur plus grand intérêt. C'était peut-être ça qui avait eu raison de leur couple. Ou de celui de Taylord, en tout cas, car Scott semblait avoir toujours du mal à s'en remettre. Qu'est-ce qui avait bien pu pousser Taylord à faire ce qui me paraissait un acte insensé, rejeter les sentiments de Scott, des sentiments si rares et si sincères ? Quelque part, au fond de moi, naît un léger mouvement de colère.

- Mais ce n'est jamais facile de tirer un trait sur quelqu'un...

Naturellement, en réponse à son geste, ma main se pose sur bras. Sauf que, contrairement à lui, je la laisse là. Il me semblait que nous nous comprenions tellement que toute parole était inutile. Mais le son de sa voix, douce et apaisante, m'encourage à faire élever la mienne au milieu de tout ce silence et de ce débordement de tristesse.

- Je suis désolée pour vous. Vraiment. Je marque une pause, et me rappelle soudain de ce qu'il m'a dit au sujet de mon propre problème cardiaque. Tu sais, je crois que ça ne sert à rien... pour mon remède. Je baisse les bras... je sens que c'est inutile de lutter. Tant pis.

Je frissonne, secouée de tremblements qui trouvent leur source je-ne-sais-où. Nous sommes pourtant bien à l'abri du froid sous ma couverture magique. Nos aveux, notre force fragile, nos coeurs blessés qui battent à l'unisson me donnent une sensation de faiblesse inouïe qui me fait peur, tout à coup. Je m'ouvre si rarement. Là, je me sens tellement vulnérable que je cède au désir qui me prend. Je fais glisser ma main sur le bras de Scott pour l'entourer du mien, m'y accrochant comme par peur de le perdre, m'approchant au plus près de son corps, et dépose doucement ma tête sur son épaule. La chaleur qui se répand dans mon corps et qui semble faire office de pansement sur mes blessures intérieures est si douce, si agréable, que j'oublie tout, et m'oublie moi-même. Un élan d'optimisme me traverse même. Je ferme les yeux, me délectant du contraste entre la fraîcheur de l'air qui caresse mon visage et la chaleur qui se dégage de Scott, et dit de manière douce et calme, tellement calme, que je ne sais même plus si j'ai réellement vraiment prononcé les mots suivants, me sentant partir dans le monde lointain du sommeil :

- Ca passera. Tout passe avec le temps. Quelque chose de mieux nous attend.
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MessageSujet: Re: Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE   Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE Icon_minitimeJeu 22 Déc - 0:02

C'était bien plus simple de parler avec une inconnue - une inconnue au second degré. Haley ne m'était pas totalement étrangère, depuis le temps que nous nous côtoyons. Mais je ne connaissais pas grand-chose d'elle et inversement, si ce n'est ce que les simples apparences nous laissaient entrevoir. Je savais également qu'elle était amie avec Stephen, mais comme il en parlait peu, et d'ailleurs ne parlait pas beaucoup de lui de façon très intime, je n'en avais pas appris plus sur elle. Il y avait comme une barrière en moins, comme un voile bien plus facile à franchir. Je parlais sans vraiment de retenue, sans crainte d'être jugé, et surtout je parlais en sachant qu'elle ne penserait pas ce qu'aurait pensé mes sœurs ou quelqu'un qui me connaissait bien. Elles auraient dit "c'est de ta faute, tu ne dis jamais rien, tu ne montres jamais ce que tu ressens, tu es trop silencieux" et je n'aurais plus eu qu'à repartir d'où j'étais venu en n'ayant que mes remords à ajouter à mes regrets et mon chagrin. Avec Haley, tout était plus simple. C'était comme une trêve en haut de la tour d'Astronomie, elle comme moi, nous avions le cœur brisé apparemment, elle comme moi, nous essayions de chasser nos idées noires mais le vent ne venait même pas souffler entre les autres arcades de la tour de pierres. Pouvait-on être à ce point victime de ses sentiments?...

J'avais lu, beaucoup lu, et dans les livres ces histoires me paraissaient invraisemblables, métaphoriques. Et finalement il y avait une part de vrai. Je sentais vraiment au fond de moi comme un petit trou, un petite quelque chose vide à jamais, un oubli, un objet unique et cassé. Je ne disais pas que je n'allais jamais m'en remettre, mais je savais que Taylord laisserait une petite trace en moi, que seul le temps pourrait patiner. Pour l'instant, elle était fraîche encore et je me demandais comment faire, comment faire pour tourner la page ou comment faire pour la récupérer... Là était le pire : le doute. Carlton n'avait pourtant pas tant de choses de plus que moi... Si?... Il me paraissait stupide, arrogant, sans-gêne, et inintéressant. Pourtant... Taylord n'était pas de ses idiotes qui se pâmaient devant Chuck. Alors, pourquoi?

Après avoir parlé, je m'étais maudit : le trouble visible de Haley m'indiqua clairement que je n'avais nullement fait dans la dentelle. Elle avait compris que j'avais compris, ce que j'aurais préféré éviter, car je ne voulais pas la mettre dans l'embarras. Trop tard. Je vis ses paupières battre, ses joues s'empourprer; j'eus un geste de la vague de la main comme pour la rassurer. Je n'allais rien divulguer, de toute façon. Ce n'était pas mes affaires et même si j'aurais aimé expliquer par a+b à Stephen que Haley ne demandait que lui et qu'il ne voyait rien, je ne pouvais pas. Je n'étais pas sûr d'oser. Mais d'un autre côté... D'un autre côté je voulais éviter à quiconque ce chagrin qu'était le mien, et si j'avais pu en faisant n'importe quoi rendre à Haley son coeur léger, j'aurais été capable de surmonter ma timidité.


- Je suis désolée pour vous. Vraiment. Tu sais, je crois que ça ne sert à rien... pour mon remède. Je baisse les bras... je sens que c'est inutile de lutter. Tant pis.

Sa voix s'échappait vers les murmures et je trouvais dans ce son éthéré quelque chose de nouveau, quelque chose qui me redonnait un peu d'espoir. Pourtant ses paroles n'avaient rien de positif; alors qu'était-ce? Je sentis sa main faire une pression sur la mienne et saisis l'occasion - je resserrais mes doigts sur les siens. J'allais sans doute la brusquer une nouvelle fois, mais tant pis. Je ne pouvais pas rater cette marche.

- Ne dis pas ça! Rien n'est perdu. Montre-toi, insiste! l'encourageai-je d'une voix douce mais volontaire. C'était facile de dire cela et je le savais. Mais elle était trop renfermée sur elle-même et avait besoin d'un avis extérieur. Et puis, qui sait, peut-être que ne serait-ce qu'un tout petit effort permettrait de comprendre à Stephen que quelque chose se produisait. Il n'était pas stupide non plus, il avait juste un peu trop le nez dans ses propres affaires mais sinon...

Je la sentis frissonner en même temps qu'elle se serrait plus fort contre moi et je la laissais faire. Le petit vent qui tentait de s'insinuer sous la couverture magique doublé de nos chagrins respectifs était glacial et instinctivement je fis de même, me rapprochant, enroulant son bras autour du sien, resserrant mes doigts sur sa main. Sa tête vint tout naturellement se poser sur mon épaule et un long silence passa. Un long silence pendant lequel je ne sentis que les battements de nos coeurs et ne vis que la clarté des étoiles qui nous enveloppait d'une lumière irréelle. Que faisions-nous au juste? Je n'en savais rien mais nos âmes esseulées trouvaient le refuge là où elles le pouvaient, ensemble, à l'abri d'une mince couverture, pour essayer de panser leurs blessures. Et nous avions juste besoin de ça. Je sentis la respiration d'Haley devenir plus régulière, comme si on la berçait, et prenant exemple sur elle, je sentis tous mes muscles se détendre et profiter avec délice de l'atmosphère du cocon qui nous entourait.

Il y avait quelque chose de puissant dans cet instant si particulier. Qui me donnait envie de croire à nouveau.


- Ca passera. Tout passe avec le temps. Quelque chose de mieux nous attend.

Je tressaillis très légèrement, sa bouche était à quelques centimètres de mon oreille et sa voix basse comme son souffle m'avait surpris, dans le silence qui nous entourait. Mais elle venait mot pour mot d'exprimer ce à quoi j'étais en train de penser et je me tournai vers elle avec un petit sourire aux lèvres. Un sourire complice. Avant de me rendre compte que nos visages étaient bien plus proches que je ne l'avais calculé.

Sa peau était blanche, presque diaphane, éclairée par la lumière des étoiles. Il y avait quelque chose d'à la fois doux et triste dans les coins de sa bouche. Ses cils longs et bruns formaient des ombres sur ses joues, comme si des larmes sombres avaient coulé de ses paupières.

On me reprochait de ne jamais dire ce que je pensais ou de trop me retenir, mais cette fois-ci, je ne réfléchis pas. Je n'eus même pas l'envie de me demander si oui ou non c'était bien, ou pas. Comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, je pressai doucement mes lèvres contre celle d'Haley, tout doucement, comme ça. Elles étaient fraîches mais douces. Un instant ou une éternité après, je ne sais pas, je séparai mon visage du sien. J'avais l'impression qu'il m'avait poussé des ailes. Et pourtant ce baiser ne ressemblait en rien à ceux que j'avais connu, ce baiser n'était pas comme avec Taylord. Il était unique et représentait à merveille l'atmosphère de cette soirée étrange.

Ce n'est qu'en croisant son regard que je percutai et pris peur - qu'allait-elle penser?!


- Pardon, murmurai-je. Et pourtant je ne regrettais pas. Ce baiser scellait cette entente tacite entre nous, ce soutien, ce baiser unissait nos deux cœurs meurtris. Il n'y avait rien là d'intéressé dans mon geste. Tu as raison, repris-je, pris de cours. J'espérais juste ne rien avoir gâché. Il faut laisser le temps au temps...

Avions nous un autre choix? Je passai mon pouce sur la paume de sa main, pensivement.
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Haley Collins


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MessageSujet: Re: Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE   Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE Icon_minitimeSam 3 Mar - 15:46


Combien de fois les ai-je entendu, ces mots ? Combien de fois encore vont-ils faire bondir mon coeur de révolte ? Combien de fois, enfin, vais-je devoir dire que je ne le peux pas, que ce n'est pas une question de volonté non mais une question de capacité parce que mince à la fin j'en avais marre de leur dire à tous que, non, je ne pouvais pas, je n'y arrivais pas, que c'était impossible.

Fonce ! Fais quelque chose ! Bouge toi un peu ! C'est pas en restant plantée là comme une greluche que ça va marcher ! Montre-toi ! Insiste !

Alors que tout me semblait d'un calme si doux et apaisant, les paroles de Scott ravivèrent des flammes qu'il avait pourtant su éteindre quelques instants auparavant. Comme tout ceux qui étaient au courant de mes petits problèmes cardiaques, il m'encourageait à prendre les devants. Si, au début, j'avais considéré ces remarques comme censées, elles m'étaient désormais insupportables. Les autres ne voyaient que l'apparence de la situation ; il aurait fallu qu'ils siègent dans mon coeur et dans mon esprit pour qu'ils puissent enfin me comprendre et prennent conscience que leurs conseils étaient inutiles. Mais comment pourraient-ils réussir à comprendre ce que moi-même j'avais déjà du mal à cerner ? Tout cela était un puits sans fond dans lequel je tombais, je tombais, je tombais, et plus je tombais, plus mes peines se faisaient intenses, les mots rassurants se diluaient dans l'air dès qu'ils étaient prononcés, puisqu'ils ne trouvaient pas leur place dans le vacarme de mes sentiments. J'avais cependant conscience que Scott mettait tout en oeuvre pour me venir en aide, pour panser mes plaies comme j'avais tenté de soulager un peu les siennes ; je ne pouvais donc pas lui en vouloir. Soyons lucides : nous nous ne connaissions que superficiellement, et même si nous partagions ce même état de détresse duquel nous avions des difficultés à sortir, nous devions êtres différents. Pas à l'opposé, mais différents. De mon point de vue, la situation me semblait claire pour Scott : il aimait Taylord qui ne l'aimait plus après l'avoir auparavant aimé. Peut-être que de la sienne, il pensait identiquement ? Cette pauvre fille effacée aime Stephen qui ne l'aime pas. Qui ne l'aimera sans aucun doute jamais. Déjà faudrait-il qu'elle ait une quelconque importance pour lui. Inutile cette fille ! A quoi lui servirait-elle ? Rien. J'étais un rien, un vide, qui avait pourtant tant de fossés qu'elle se sentait capable de combler. Mais Stephen ne semblait pas vouloir de moi comme maçon. Alors je détruisais mes propres murs. Je comprenais petit à petit ce que ma situation avait de simple, et pourtant, tout dans mon coeur criait que tout cela était un inouï capharnaüm sans raison. Et j'étais censée appartenir à la maison des sages et des réfléchis : quelle jolie ironie !

Je restais muette aux propos de Scott. Je n'avais plus la force de dire, et de lui dire en particulier que j'étais incapable de me montrer autrement que ce que j'étais viscéralement. Il aurait fallu que je change radicalement de personnalité pour parvenir à me « montrer », ou « insister ». Il me semblait déjà que je faisais de mon mieux, du mieux que pouvait le faire Haley Collins, la jeune fille d'origine sage et réservée. Étais-je capable de muter comme une créature animale en autre chose, de plus fort, de plus solide, de plus sauvage ? Je commençais à l'espérer de plus en plus, mais la mutation ne venait pas. Je restais la même, fidèle à elle-même, à ses larmes, à ses soirées passées à contempler le ciel obscur qui donnait la réplique à ses pensées noires. La résignation passée et le calme retrouvé, j'appréciais de nouveau la présence de Scott, mon compagnon d'infortune. Je m'en voulais de lui avoir fait ces reproches intérieurs, finalement, ces reproches qu'il ne méritait aucunement. Il était bien le seul à se soucier de mes peines, devant lesquelles il ne pouvait être que simple spectateur, comme j'assistais à la désintégration de son couple. Je pensais me complaire dans la solitude, l'accepter, et même, l'aimer : les mots et les actes échangés avec Scott me prouvaient le contraire. Il n'y avait rien de plus agréable que d'être deux. J'aurais aimé, à partir de ce moment, ne plus jamais être une. Et pourtant, je savais pertinemment que dès que le jour se lèverait, je serais de nouveau une au milieu de l'infini.

Soudain, mon coeur s'arrête avant de reprendre ses battements irréguliers dont la force me semble décuplée. Je sens une douce pression s'exercer sur mes lèvres, je sens mes yeux se fermer sans que je leur en ai donné l'ordre, je sens mon esprit s'envoler de manière anarchique. Quelque chose se passe : un quelque chose cosmique et incompréhensible qui me dépasse. Ma raison déjà bien éméchée a définitivement quitté le siège de mon cerveau instable et de mes sens primitifs, seul demeure le toucher. Ma main dans celle de Scott, mon bras tout près du sien, et ses lèvres sur les miennes. Je ne sais plus que ça, et c'est une impression agréable, si agréable, et les lèvres de Scott me semblent si douces, et mon coeur si léger, vide de toutes les peines qui l'alourdissaient, et tout ceci est complètement insensé et déraisonnable et je me perds je me perds je me perds dans l'improbabilité de la situation mon sens de l'orientation m'a abandonné le temps défile défile il défile et moi je flotte je flotte et - je chute quand tout s'arrête. Je me sens violemment amputée quand Scott retire ses lèvres, déstabilisée quand ma tête tangue un instant vers l'avant. Puis mes yeux s'ouvrent, mon cerveau redémarre, mon coeur explose et se serre dans une pression étouffante. Je tente de discerner les traits de Scott dans la nuit, hébétée par ce qui vient de passer. Une drôle d'impression nauséeuse me monte à la gorge quand je prends conscience qu'il vient de m'embrasser et qu'il a été le premier à le faire. Nos regards se trouvent et tandis que milles idées étranges me traversent l'esprit, il prend la parole, gêné :


- Pardon, murmure t-il.

Doit-il s'excuser ? Suis-je désolée ? Est-ce que je le regrette ? Le malaise se fait de plus en plus profond tandis que je me questionne à en perdre la raison et que Scott ajoute :

- Tu as raison. Il faut laisser le temps au temps...

Sa main caresse doucement la mienne – et miracle, je me sens m'apaiser un peu. Je me laisse un instant bercer par cette pression toute douce qu'il exerce sur ma main et reprend mes esprits, plus confus que jamais, consciente que ma langue va devoir se délier, qu'il attend peut-être que je le rassure, que je lui dise que son acte n'est pas grave, sans importance... J'aimerais pouvoir lui dire, mais encore une fois, je ne me sens pas capable. Ce baiser, contre ma volonté, restera gravé, parce qu'il a été mon premier, et dans des circonstances si particulières que j'en reste encore toute émoustillée. Je rêvais depuis des lustres que ce soit les lèvres de Stephen qui viennent rencontrer les miennes, que ce soit ses bras qui m'accueillent, et il suffit d'une nuit de peine partagée avec quelqu'un d'autre, de paroles échangées, pour que mes rêves soient bousculés et mes certitudes violées par l'inattendu. Et pourtant, une autre partie de moi-même – plus sage ou plus folle encore ? - est convaincue que ce baiser suit le déroulement logique de nos confessions, qu'il n'a rien des baisers habituels que l'on peut voir dans les films, dans les contes, ou ceux des couples que l'on croise tout les jours. Un baiser de compassion, de soutien, de compréhension : un baiser d'amitié venu chasser l'obscurité dominante dans mon esprit et dans mon coeur. Je me sens comme allégée d'en venir à cette conclusion et un sourire vient en conséquence naître sur mon visage. Rien n'est décidément simple ou compliqué, tout noir ou tout blanc. Alors non, ce n'était pas grave, Scott. Je tourne ma tête vers lui et approche mes lèvres de son visage pour atteindre sa joue et lui dépose un baiser là, plus long et plus fort qu'une simple bise matinale, en espérant lui transmettre par cet acte les mots de remerciements et d'amitié que jamais je ne serais capable de formuler, puis repose ma tête sur son épaule et me serre un peu plus contre lui, m'installant comme si je m'apprêtais à dormir.

- Je suis contente que tu sois là, tu sais, sont les seules paroles un peu faibles que je parviens à prononcer pour condenser tout ce qui bouillonne en moi.

L'angoisse envolée, la conscience retrouvée, le soulagement d'avoir compris ; tout se distille dans mon corps avec une douceur et un apaisement qui m'emporte dans un calme que je n'avais pas éprouvé depuis longtemps.


- On dort là ? murmurai-je en sentant mes paupières se clore de plus en plus. La couverture dans laquelle nous sommes installés est si confortable que le sol dur et froid et le mur de pierre contre lequel nous sommes appuyés me semble inexistant. J'ai l'agréable impression de flotter dans un nuage de guimauve et de coton quand je sens Morphée s'emparer de mon esprit pour l'emmener vers les heureuses contrées des rêves.
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Scott McBeth


Scott McBeth
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MessageSujet: Re: Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE   Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur la ville [PV Scott] - TERMINE Icon_minitimeMar 17 Avr - 23:57

J'en voulais sans doute un peu à Stephen, compris-je soudain. Là était la clef des tourments qui ne cessaient de tanguer au fond de moi. Diable! Moi qui me vantais de mes facultés d'observation et de déduction, je semblais avoir manqué cruellement de jugeote. Il est bien connu qu'on est bien mauvais juge de soi, et j'aurais du m'en rappeler. J'en voulais à Stephen pour tout autre chose que la manière dont il traitait - dont il ignorait, pardon, - Haley. Enfin, je lui en voulais pour cela également, mais la toute première raison résidait, encore et toujours, en cette personne qui était la cause de tous mes émois, bons et mauvais : Taylord. Taylord et sa manière si spéciale d'être, son charme farouche, la douceur qu'elle cachait. Je comprenais bien qu'on l'aimait. Je comprenais Carlton, à n'en pas douter, et dans leur couple (ce simple mot suffisait à me hérisser les poils) c'était l'inverse que je ne comprenais pas : ce qu'elle pouvait bien lui trouver. Je savais que Stephen la considérait comme son amie, sa vraie amie, et je savais sans qu'il le dise ce qu'elle représentait pour lui. Aussi étrange que cela puisse paraître, il y avait entre Stephen et moi un lien bien plus fort que nous ne l'aurions sans doute jamais avoué. Mais je savais ce qu'il pensait parfois d'un simple regard, je comprenais ses bizarreries ou peut-être que je les acceptais plus que n'importe qui d'autre, tout comme il acceptait mes silences et tout comme, j'en étais certain, il pouvait lire en moi, la plupart du temps. Aussi je souris dans le noir, d'un pauvre sourire en me disant que j'avais été bien bête. Mon petit jeu ne l'aurait pas trompé, certainement pas. Je l'évitais un peu, je parlais moins, je ne disais rien de plus que le minimum, sans pour autant être désagréable. J'avais agi de manière à m'éloigner sans qu'il s'en rende compte, ou pas trop tout du moins. J'avais été bien bête de croire un seul instant que cela marcherait; qui plus est je connaissais trop bien Stephen pour savoir que ce genre de détails ne lui échappait pas. D'ailleurs, quel détail lui avait un jour échappé? Il possédait des capacités d'analyse et de déduction si brillantes et vives qu'il m'avait impressionné plus d'une fois. En tous les cas, il savait aussi nettement que les étoiles se découpaient sous mes yeux dans le ciel que je lui en voulais un peu de ne pas avoir vraiment pris mon parti dans cette histoire, et de n'avoir même pas esquissé un geste envers Taylord pour plaider en ma faveur.

C'était absurde, et je décidai de l'oublier. Ni rien ni personne ne pouvaient changer quelque chose aux sentiments des autres; les nôtres nous étaient déjà bien complexes et indomptables. Je m'étais rendu compte bien trop tard de ce que Taylord représentait pour moi, alors qu'elle avait déjà changé de cap. Tant pis pour moi. Tant mieux pour elle... ou plus exactement, tant mieux pour lui.

J'avais découvert la colère, la tristesse, et la haine en prime : je n'avais jamais haï personne, mais je crois que je pouvais clairement affirmer aujourd'hui que je haïssais Carlton. Viscéralement. Et que, même si je n'étais pas vraiment du genre à me battre, il aurait à répondre de ses actes si il faisait un jour du mal à Taylord. Ce qui au fond de moi, je le savais, était certain, un jour ou l'autre; je l'espérais presque parce que je détestais l'idée de la savoir avec lui, mais l'instant d'après je me détestais pour lui souhaiter qu'il lui arrive du mal.

Embrasser Haley balaya toutes mes tristes idées et calma le bouillon de mon cerveau. Cette nuit était belle, la lumière fragile qui tombait du ciel me donnait un espoir tout entier en cette aube à naître, bientôt, et la présence de la jeune fille à mes côtés me rassurait de manière presque magnétique. J'aurais menti en disant que je n'étais pas bien. Malgré tout, malgré Taylord, ce manque béant, et tout ce qui en découlait, j'étais bien là, et le baiser me paru à la fois si logique et naturel que c'est sans doute pour cela que je n'hésitai pas. Ses lèvres étaient fraîches et fines et je les sentais timides mais avant que je m'écarte elle accepta mon baiser et me le rendit; tout au fond de moi je crois que des étoiles s'allumèrent et pendant un court instant ou une éternité c'était le ciel qui brillait en moi, de mille feux...

La raison, sans doute, finit par prendre le dessus et rompit cette union inattendue mais délicieuse. Dans son regard, à mon grand étonnement, je n'y lus que de la stupeur, et je sus après m'être excusé qu'il n'y avait pas vraiment de quoi. Curieusement, et sans doute parce qu'elle avait redressé sa tête vers moi, les ombres de ses cils ne dessinaient plus des ombres noires qui coulaient sous ses yeux mais leur pupille brillaient d'avantage. C'était comme si j'avais un instant écarté ces larmes imaginaires et je m'en sentis soulagé... Mon cœur se faisait plus léger. Plus léger encore lorsqu'elle m'embrassa sur la joue, à la fois tendrement et intensément, et mes derniers doutes s'envolèrent. Ce baiser, quoi qu'un peu surprenant, nous avait fait du bien, à l'un comme à l'autre. Je crois qu'il était purement et simplement un peu de baume pour nos cœurs, eux qui en avaient bien besoin. Elle se pelotonna contre moi et j'en fis de même, constatant non sans surprise que cette couverture était merveilleusement moelleuse... Ou peut-être que Haley n'était pas non plus pour rien dans la torpeur chaude et agréable qui m'envahissait. En face de nous le ciel était de cette couleur unique, ce bleu nuit si sombre et si profond qu'on aurait dit un trou noir, sans pour autant être noir tout à fait. Les étoiles vacillaient, fragiles comme la flamme d'une bougie, alors qu'elles étaient si puissantes, en réalité.


- Je suis contente que tu sois là, tu sais.

J'acquiesçai silencieusement : rien n'aurait pu être plus juste.

- On dort là ?

A vrai dire, je crois que nous dormions déjà à moitié. Sous la couverture, j'attrapai sa main et glissai mes doigts entre les siens. Je voulais m'endormir ainsi, avec elle, pour que nous finissions cette soirée comme elle avait commencé. Mes paupières se faisaient lourdes et j'avais envie de les fermer mais quelque chose m'hypnotisait dans le ciel, ou du moins dans la parcelle que j'appercevais à travers la forme des vitres. Une étoile plus brillante que les autres. Taylord avait été cette étoile. Mais elle n'était pas la seule, me dis-je enfin. Il y avait tant d'autres étoiles. Il y avait Haley. Et tous ces minuscules petits points scintillants qu'on voyait moins à côté de leur semblable qui brillait plus fort...



- FIN -
♥_♥
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