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Les diamants sont éternels [Ruby]

 
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 Les diamants sont éternels [Ruby]

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Lizlor Wayland


Lizlor Wayland
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MessageSujet: Les diamants sont éternels [Ruby]   Les diamants sont éternels [Ruby] Icon_minitimeJeu 14 Juin - 0:31



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Some are like water, some are like the heat
Some are a melody and some are the beat
Sooner or later, they all will be gone
Why dont they stay young

Youth is like diamonds in the sun
And diamonds are forever



J'ignore tout de ce désespoir hurlant contre lequel je ne peux rien.

Je m'appelle Lizlor. Pas Liz. Je m'appelle Lizlor et j'ai 16 ans. Et je suis vivante. Il n'y a plus de reflets dans la glace, le matin. Liz et les autres sont définitivement parties dans ce recoin obscur qu'on appelle le passé. Aujourd'hui, je crache sur le malheur et je souris à la vie. Elle est revenue en moi. Je n'ai pas dit non. C'est un cycle : le désespoir appelle le bonheur. Le désespoir dévaste tout, déchire, rompt les os et compresse le coeur. Quand tout est sorti, quand il n'y a plus rien, condition sine qua none pour qu'un tout arrive, alors cet étrange appel d'air se produit, il y a un grand bruit sourd, et comme une déferlante la vie revient de plein fouet, s'immisce un peu partout.

Ce matin, le soleil joue déjà dans les fils d'or qui tissent les épais rideaux pourpres de mon dortoir. C'est la première vision que j'ai en m'éveillant, et si derrière les deux pans de tissu entrouverts je devine le soleil haut dans un ciel bleu et pur et l'éclat doré de sa lumière, je ne peux m'empêcher de penser instantanément à Maman. Ses cheveux luisent de la même façon, même éclairés faiblement. Petite, j'ai longtemps envié sa beauté envoûtante, son aisance à être gracieuse en toutes circonstances, et le pire de tout cela, sans faire un seul effort. Pourtant elle était ma mère mais elle a toujours été la princesse de mes contes de fées, pas la reine mère, parce que les princesses ont des jolis cheveux dorés qui font rêver tout le royaume et sont toujours d'une douceur et d'une délicatesse infinies. Je m'éveille en souriant à cette idée. Mes souvenirs ont toujours ce goût sucré des jours d'été et des glaces sur la plage. Sauf qu'aujourd'hui, ils ne me font plus mal. Le passé est empreint de nostalgie, mais il est morne et triste. C'est l'avenir qui compte, dorénavant. En m'étirant comme un chat je sens la caresse des rayons du soleil sur ma peau. Elle a commencé à prendre une teinte un peu caramélisée, car je n'ai pas fait faux bonds à la venue des beaux jours. La tension des cours retombent en cette période de fin d'année, et il n'a pas fallu d'avantage me pousser pour que j'aille profiter du parc et de ses environs. En revanche, j'ai changé de territoire, en décidant de laisser la Forêt Interdite à mes souvenirs. J'y grimpe encore de temps en temps, car mon Arbre reste mon Arbre, mais je n'y retrouve que les peurs de mon enfance et la quiétude des jours oubliés. Je ne suis plus la même. J'aime paresser le long du lac, marcher dans le parc, derrière le château surtout, où l'herbe est plus grasse et le sol plus vallonné.

Son odeur est partout sur moi. D'un geste encore endormi, je repousse ma lourde chevelure derrière mes épaules - sauvage elle s'éparpille un peu partout et je sens sous mes doigts les nœuds de la nuit. Ma brosse est à côté de moi, sur la table de cheveux, et je donne quelques coups dans ma longue tignasse en songeant à la journée à venir. Au moindre geste, je le sens, partout, tout le temps. Pourtant ce n'est pas les mêmes habits à chaque fois, pourtant mon savon a une odeur fruitée et les cigarettes que je me plais à fumer avec Ruby masquent tour à tours les diverses odeurs de mon existence. Mais pas celle-là. Elle est tantôt forte tantôt ténue, tantôt sucrée, tantôt amer. Je n'ai gardé qu'une seule fois, par inadvertance, l'un de ses vêtements, un pull. J'ai hésité ce soir-là mais au matin je me suis dit qu'il fallait lui rende, sans vraiment de raisons valables. Je me suis rendue compte après du sens de mon geste : inutile de garder un vêtement ou un objet. Quoi que je fasse, il était avec moi...

Le dortoir s'anime peu à peu. J'ai faim, et la certitude que je ne vais pas pouvoir faire ma toilette tranquillement si je ne me dépêche et ne passe pas avant mes voisines de chambre. Je saute du lit et file dans la salle de bain : une toilette de chat, un peu de noir charbonneux autour des yeux, et le tour est joué. J'ai juste le temps de me lancer un regard avant de me détourner du miroir. Et j'ai du baume au coeur de mon regard rieur, de mon teint rosé et de mes cheveux épais, longs et brillants comme de la soie : je suis vivante.

En cours de métamorphose, le temps passe vite parce que je m'amuse avec ma voisine à exécuter le sort de la meilleure des façons mais également à l'expérimenter sur tout ce qui nous passe sous la main - trousse, gomme, petit cailloux, et même un bout d'ongle, et le poussin que l'on doit faire apparaître se mue en un poussin étrange, bleu, puis minuscule, puis... en pie, avant de pousser un cri strident et de s'envoler. J'ai peine à expliquer à Meryl Kelsey tellement que je ris que mon sort a dévié sur la rognure d'ongle mais qu'il était tout de même bien exécuté, et j'évite de justesse la punition. Le déjeuner passe à la même vitesse, j'ai encore une fois un bon appétit, et l'après-midi, le cours de Vol, s'annonce bien.

Je n'ai rien oublié. Mon père dort sous la pierre. Mon frère est loin. Ma mère cache son chagrin derrière son courage et sa volonté inébranlable. Plus les jours passent, plus je la trouve belle - sans doute l'ai-je haïe trop longtemps pour oublier l'éclat particulier de ses traits. Nous nous retrouvons souvent, parlons de tout (ou presque) et nous épaulons dans un accord tacite, parce qu'il nous faut tenir. Rien n'a changé, la plaie est toujours là, le vide aussi et notre sang et nos larmes y ont coulé. Mais voilà. Le vertige passe. L'après est une épreuve, et je préfère oublier cet étrange passade à vide, ce moment de flottement que j'ai vécu, complètement perdue. C'est pire que d'avoir mal, puisque je ne sentais rien, la souffrance au moins permet de se sentir en vie... Et puis, aidée, j'ai retrouvé le chemin. Non, ce n'est pas les mots justes. Dans le noir total qui m'étouffait, il y a eu une embellie, un astre si fort s'est mis à briller et à chauffer et mes yeux en ont été éblouis et derrière cette lumière nouvelle est apparu un chemin, que j'ai emprunté sans hésitation. Je suis moi à nouveau.

A la fin du cours de Vol, nous sommes tous essoufflés de l'effort mais surtout du plaisir qu'on a eu en volant dans cet air qui sent l'été. Tout est plus beau, l'été. Pour moi, tout sent l'Oregon et la mer quand je lève les yeux et que je ne vois que le ciel : je peux presque m'imaginer là-bas. Cette force là, je l'ai depuis peu. Suivant les élèves de ma classe, je range mon balai dans les vestiaires avant de filer sans trop demander mon reste. Parce que j'ai rendez-vous. Enfin... Rien de fixe, mais c'est plus une habitude, qui règle ma vie et me manque lorsque je n'y vais pas. Pourtant, rien n'a été conclu ouvertement entre nous : ni lieu, ni heure. Je crois que j'aime tout particulièrement me dire que, du haut de la tourelle de pierres, on a pleine vue sur la forêt et on voit distinctement mon Arbre. Ce signe que je m'invente peut-être ne m'est pas anodin, et j'ai décidé de me réjouir de tout. Ruby était la seule que j'avais fait monter dans mon arbre. Ce n'est pas si étonnant. Sans le savoir, nous avons scellé lors de notre première rencontre un lien ténu mais sincère qui se renforce, il me semble, de jour en jour. Je n'ai jamais eu d'amie comme elle, alors je ne sais pas trop. Mais je crois que c'est cela qu'on appelle réellement amie, parce quoi qu'il arrive quand je suis avec elle je suis bien, parler ou ne pas parler ne nous déranget pas, nous partagons beaucoup de choses sans nous forcer, et en public, de plus en plus, en un regard je comprendss ce qu'elle pense et elle aussi, et je sais interpréter ses gestes. De plus en plus. Je n'aurais jamais cru être aussi complice de quelqu'un, un peu comme une soeur, alors que nous ne sommes pas liées par le sang. Mais par bien d'autres choses : le chagrin, l'absence, la colère aussi, la fatalité, l'envie de vivre, plus que tout.

Je connais par coeur le chemin des cuisines, lieu nouveau de mes pérégrinations. Les elfes y sont accueillants et je me suis même liée d'amitié avec l'un d'entre eux - il me rappelle mon lutin, avec son visage tout pointu - et en chatouillant la poire, j'espère fortement qu'il est là. Car j'ai à l'esprit une idée bien précise. En effet, il l'est. Tout sourire, je plaisante avec lui, et je vois tout de suite qu'il sait ce que je vais lui demander, d'autant plus que Ruby n'est pas avec moi. Je repars après l'avoir remercié des tas de fois, car je revois ma mère nous rappeler de nombreuses fois combien il était important de considérer les autres espèces magiques comme nos égaux. Je marche très vite, le coeur gai, insouciante, et je me dirige vers la Tourelle de pierres - notre tourelle.

A son sommet l'air semble plus frais - où est-ce mon imagination? - mais j'ai toujours l'impression d'avoir un regard différent, de profiter de Poudlard d'une autre manière. Et puis, l'espace dégagé, la vue imprenable : j'ai toujours l'impression qu'ici, Ruby et moi sommes seules au monde. Nous y avons nos petites habitudes, aussi, et si je ne fume jamais sans elle, j'ai toujours plaisir à l'accompagner et à fumer plusieurs de ses cigarettes moldues qu'elle a dans son sac. Petit à petit je me suis habituée, j'ai appris à ne plus tousser, et j'aimais maintenant non pas l'odeur mais la sensation, le geste, la fumée qui s'envole, et la tête qui devient légère. Mes doigts après sentent toujours mauvais et je me souviens avoir vu les sourcils de Stephen Fray se froncer un jour, alors que je n'avais pas utilisé ce sort qui enlève l'odeur, et que mes mains... Et que mes mains parcouraient son visage qui descendait le long de moi...

Le soleil brille dans cheveux, à elle aussi, et je ne peux m'empêcher de la trouver jolie dès qu'elle m'apparaît. Elle l'est réellement, naturellement, d'une manière très différente de ma mère, et pourtant je mesure en elles deux une mélancolie similaire. En tout cas, je ne me fais pas plus attendre et sautille jusqu'à elle, en présentant dans ma main à plat des choses cachées par un torchon.


- Surprise !! Je souris et amorce un geste pour m'assoir à côté d'elle. On est sur la balustrade, et devant nous, le parc étend ses verts et ses bruns jusqu'à la forêt, dont les pins ont des reflets argentés sous le soleil. Mais je remarque le geste de la Serdaigle : j'ai vu, trop tard, son geste qui ramène quelque chose dans son sac qu'elle tient sur ses genoux. Son regard croise le mien, et elle m'a vu, je le sais.

- Je... Je te dérange? Je ne sais pas trop si elle veut en parler ou pas - il y a parfois des petits silences que nous préférons aux explications. Le vent ramène doucement des mèches de mes cheveux devant mes yeux et je les repousse. Encore une fois, ce geste inattendu m'a fait sentir l'odeur indicible que je suis la seule à pouvoir sentir, mais qui n'appartient qu'à lui...
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Les diamants sont éternels [Ruby]   Les diamants sont éternels [Ruby] Icon_minitimeJeu 14 Juin - 2:00

"Heaven can wait, we're only watching the skies
Hoping for the best but expecting the worst
Are you going to drop the bomb or not?"





Je poussai un soupir las en ouvrant les yeux ce matin. Les avais-je seulement fermés ? Je sentis la douloureuse fatigue s’insinuer en moi mais à quoi bon m’en plaindre ? Elle était toujours là en un sens. Je n’avais jamais été habituée à dormir bien longtemps de toute manière. Gamine, j’aimais m’éveiller avant tout le monde pour sortir dans le jardin. Le soleil pointait le bout de ses rayons à travers les pétales de pensées en bordure de l’espace vert, et le ciel encore foncé par endroit se laissait lentement éclaircir. Il n’y avait pas un bruit, juste les oiseaux qui s’éveillaient lentement en piaillant et en agitant leurs ailes engourdis de leurs nuits. C’était le même renouveau chaque matin, signe que la terre continuait de tourner et que ce n’était pas fini. Oui petite j’adorais cette sensation du nouveau jour qui s’offrait à moi. En grandissant, j’haïssais le crépuscule. Parce qu’il me rappelait de la journée allait commencer, que ce n’était pas encore fini. Le calvaire continuait, l’incident n’était pas un pâle cauchemar dont je pouvais me réveiller. Il avait eu lieu. Et chaque nuit il recommençait en boucle dans ma tête, ne me laissant aucun répit. Le souvenir variait bien sûr. J’avais fini par apprendre à reconnaître le rêve et je parvenais parfois à me réveiller au simple craquement des feuilles qui crissait dans mes oreilles, signe qu’en me retournant je le verrais. Mais parfois mon cerveau aimait me torturé, me renvoyant de nouveau l’image de son visage souriant et grave tandis qu’il me dévisageait. Rarement, j’entendais de nouveau sa voix. Une simple phrase de sa part suffisait pour me réveiller en sursaut, tremblant de toute part. Je ramenais alors la couverture sur moi, me protégeant d’une menace qui au final était invisible et invincible : gravée en moi, je ne pouvais la faire partir.

Je me levais presque à contrecœur. Je lâchai un bâillement sous le regard étonné de Prudence. Tous les matins elle me voyait avec des cernes monstres. Tous les matins elle fronçait les sourcils, me demandait si j’avais bien dormi puis me proposait son fond de teint pour mes cernes. Parée pour toutes les éventualités ! Je filai à la douche en trainant des pieds, me préparant pour une journée qui me paraissait déjà trop longue. Devant la glace, je poussai un petit soupir en soulignant mes yeux qu’un trait de khôl noir et en brossant mes cheveux tant bien que mal. Je passais le petit déjeuner sans vraiment me joindre aux discussions environnantes. Je savais déjà que mon spleen n’a qu’une seule solution pour disparaitre et c’est là, dans mon sac. Petit, bleu. Je serai la bandoulière de ma besace, le cœur presque lourd comptant les heures et les minutes jusqu’à l’heure tant attendu : le midi. Ma matinée s’acheva sur un cours de botanique dont je n’écoutais pas la moitié. J’avais besoin d’être ailleurs, et je savais très bien où. Ma tête ne cessait de me tourner à cent à l’heure, projetant son visage et son sourire. Et je sentais poindre la culpabilité en moi tandis qu’une petite voix me chantonnait vicieusement dans le cerveau « Tu ne lui as pas dit, tu ne luis as pas dit » J’agrippai un peu plus fortement la plume dans ma main, notant des brides de mots sur des plantes dont je n’avais même écouté le nom. La sonnerie s’annonça libératrice et je me jetai littéralement hors de la salle, m’élançant dans le parc jusqu’à mon refuge. Son refuge. Notre refuge. Je gravis les marches de la tourelle jusqu’au sommet qui me paraissait presque comme un paradis caché : loin du château, la vue était imprenable sur tout le parc. J’étais loin de tout et je pouvais enfin écrire. Je ne sortais que rarement mes carnets bleus, mais je savais qu’ici on ne me chercherait pas.

J’avais commencé à écrire dans mes carnets lorsque j’avais environ huit ans. Les deux ans qui avaient suivis l’incident avaient été un véritable bordel pour mon cerveau qui n’avait jamais réussi à se remettre en ordre. J’étais passé par diverses faces pour tenter de remédier à cela. Au début, je m’étais punie en cessant de manger. Cette période trouble d’anorexie –pouvait-on réellement appeler cela ainsi pour une enfant de six ans ?- avait finalement lié à un besoin incessant de tout ranger autour de moi. Cela avait commencé avec la nourriture que j’ordonnais dans les placards pour ne pas la manger. Et puis j’avais reporté cette manie sur mes habits, mon bureau, mes jouets. Tout était toujours trié. Mais si autour de moi c’était propre et ordonné, mon cerveau lui me semblait toujours douloureusement dérangé. Les pensées noires valsaient au rythme d’une musique sordide que je n’arrivais à cesser. Rien n’avait de sens, tout s’accumulait et se bousculait. C’était un capharnaüm que je n’arrivais pas à saisir. Peu importe ce que je pouvais me faire –cesser de manger, me cogner la tête contre les murs, me mordre les avant-bras jusqu’au sang- rien n’arrivait à guérir le malaise en moi. La douleur était là, tapie sous mon épiderme. Comme une bestiole derrière mon cœur, elle en alimentait les battements sans jamais réellement disparaitre. Même aujourd’hui je l’entendais encore pousser des petits gémissements. Ce n’était seulement dans des moments d’euphorie que mon cœur se gonflait assez pour pouvoir l’étouffer et la faire taire ne serait-ce que quelques heures. Sinon, je la sentais toujours au fin fond de moi. Terrée dans son trou comme un serpent, elle attendait sagement les moments les plus sombres pour sortir de sa tanière et mordre ma poitrine pour diffuser son venin amer dans mes veines. Je la haïssais.

J’avais alors trouvé un moyen de mettre les choses au clair. Je ne sais pas comment c’était venu. Un jour, j’avais attrapé une feuille de papier et j’avais couché dessus des mots sans réel sens ou logique. M’exprimer me suffisait à ressentir quelque chose de nouveau, comme si je naissais au fil de l’encre. J’avais noté des trucs stupides. Ce que je pensais de ma famille d’accueil, de ma cicatrice au poignet, du trou dans mon jean. Je me souvenais encore aujourd’hui avoir écrit sur ce maudit trou, le comparant à celui béant dans ma poitrine. Pouvait-il continuait à s’agrandir ? C’était ma question. Et puis j’avais écrit des choses plus brutes, plus saccadées. « Je me déteste, je le déteste, je les déteste. » des séries de mots violents et froids. « Destruction, destruction. Détruire, détruite. » Et puis j’avais crié aussi, j’avais déchiré les feuilles et j’avais tout jeté. Mais inlassablement, j’y étais revenu. Durant les nuits où le sommeil m’échappait, les mots m’apportaient du réconfort, un équilibre. Ils rendaient les choses plus claires, noir sur blanc comme on disait. Et puis un jour j’avais finis par vouloir ordonner ses mots parce que s’ils m’aidaient à ranger mes pensées, je devais tout de même les ranger eux même. J’avais demandé à ma famille d’accueil de l’époque des carnets. Et la femme était revenue avec trois petits carnets bleus d’une marque anglaise, au papier un peu jauni qui sentait le vieux. A partir de cet après-midi-là, je ne changeai plus jamais de modèle de cahier. Chacun avait son utilité. Le premier me permettait de noter ma journée, ce que j’avais fait, vu, ce que je devais faire pour le lendemain. De manière très objective, tel le jugement d’une expérience scientifique dont on notait l’évolution. Le deuxième était déjà plus personnel. J’y notais tout ce que je pouvais sur les gens que j’avais rencontré, vu ou que je connaissais. Tous les détails pour mieux les cerner étaient annotés. Et le dernier n’était qu’un vaste bordel où je notais ce qui me passait par la tête. Une sorte d’exutoire en fait.

M’essayant sur le bord de la balustrade, je fouillais dans mon sac pour en sortir le troisième carnet et ma plume jetable, celle où l’encre est déjà prête. Pas besoin de tremper dans un pot toutes les secondes. Pour écrire ce qui vous passe par la tête, chaque seconde de perdue est une de trop. Je poussai un soupir en levant les yeux vers le ciel. Je sentais fourmiller en moi un tas d’émotions et de mots qui bouillonnaient, ne sachant comment sortir. Je savais au fond ce qui me peser, mais l’idée de l’apposer sur les pages vierges du carnet m’oppressait. Je tendis la plume, inspirai et la posais doucement pour tracer la première lettre. Lentement, je formais un mot que je fixai par la suite pendant quelques secondes. Horrible, il me paraissait extrêmement foncé sur la page jaunit, me laissant des regards vicieux et appuyant sur ma poitrine comme un véritable démon. Je laissai de nouveau ma plume en suspens, la main presque tremblante. Et puis, sans réfléchir, je rajoutais devant le premier mot un autre. Repassant les deux lettres, je fis ressortir ce pronom en grattant la plume jusqu’à presque déchirer le papier. Et puis en plus petit, un prénom sous le mot.


« LA Vérité.
Hadrian»


Je regardais ses trois mots joints comme l’on regarde quelque chose de mauvais, de démoniaque. J’eus un frisson, hésitant presque à fermer le carnet avec violence comme on chasse un démon. Et puis, c’est soudain plus fort que moi. Je sentis une vague m’envahir et je posai la plume qui se mit à courir, traçant des mots flous et vagues, jetés en pâture au papier.

« Je ne veux pas lui dire. Je ne sais pas, comment savoir ?
Je ne veux pas que ça change. Je n’ai pas peur.
J’ai peur, j’ai peur et j’ai peur.
Dans l’estomac là, ça me prend.
« Ils sont morts. » Trois petits mots, trois petits sons.
Une seule vérité.
Pourquoi je ne peux pas la crier, l’arracher du fond de ma gorge,
Pourquoi je ne peux pas la gémir ou la soupirer, la hurler ou la pleurer ?
Elle est coincée là. Au fond. Puis-je la»

- Surprise !

Je poussai presque un cri de surprise et par reflexe, je refermai le carnet vivement et le fourrai dans mon sac. Devant moi, ou plutôt désormais à côté de moi se dressait Lizlor Wayland, une assiette dans les mains. J’aurais habituellement souris si je n’avais pas lu dans son regard l’étonnement de mon geste brusque. Je savais très bien qu’elle avait vu, et elle était également consciente que je savais. Parce que ça marchait comme ça entre elle et moi. Les mots me semblaient parfois illusoires en sa compagnie et un simple sourire pouvait suffire. Parfois lorsque nos regards se croisaient au milieu d’un couloir et que nous réalisions que nous avions repérer la même chose, nous affichions une expression triomphale commune et quelques fois, un petit rire. A vrai dire, c’était l’une des seules personnes qui me faisait rire. Je me souvenais encore de nos après-midi ici même dans la tourelle, nos cigarettes s’enchaînant et nos rires crevant le plafond et le ciel tout entier même. J’aimais ces moments-là plus que je n’osais l’avouer. Notre récente amitié avait d’ailleurs provoqué une série de regard étonné, en particulier la première fois où nous avions pénétré dans la grande salle bras dessus bras dessous tout en discutant le plus naturellement du monde –parce qu’avec elle, ça l’était. Qu’est-ce que la téméraire Gryffondor fichait donc avec la douce Serdaigle que j’étais ? Je me fichais bien au fond de leurs jugements parce que c’était bien plus que ça au final, bien au-delà. Ils n’avaient pas idées. Et moi non plus au final, je ne saisissais pas encore tout.

- Tu m’as fait peur. Dis-je avec un petit sourire.

Lentement, je levais ma main vers ses yeux et essuyai délicatement son fard qui s’était glissé sur le coin de sa paupière. C’était un geste presque maternel que j’avais l’habitude de faire, même si je savais que ni moi ni Lizlor n’étions des habituées des contacts tactiles –pour des raisons différentes me semblait-il. La jeune fille souleva le torchon qui recouvrait l’assiette, révélant deux petites tartes au citron recouverte de meringue. Je laissais s’échapper une exclamation et adressai à la Gryffondor un sourire dans lequel j’aurais voulu faire passer bien plus. Mais au fond je n’étais pas stupide. Elle m’avait vu et avec elle, les questions avaient toujours des réponses. Qu’elles soient silencieuses ou non.


- Je… Je te dérange ?

Je m’y attendais. Je tentai de sourire le plus naturellement possible, mais je savais que c’était peine perdue. Elle lisait sur mon visage comme on lisait dans un livre ouvert. Oh tiens, la tarte au citron me paraissait soudainement très intéressante !

- Non bien sûr que non ! Répondis-je vivement, me défendant presque. J’écrivais simplement des trucs… Enfin tu sais, des bêtises inutiles parce que… J’agitai mes mains un peu nerveusement, riant presque. Mon côté maniaque ! Continuai-je triomphante, comme si j’avais trouvé le mot magique. Un peu à la Stephen Fray ! Ironisai-je avec un rire. Voilà, un sujet amusant. Lizlor ne l’aimait pas trop ce type d’après ce que j’avais compris. Enfin, c’est ce qu’elle disait. Moi, je trouvais toujours que ses yeux changeaient à l’entente de ce nom, mais je n’avais pas encore osé lui faire remarquer. Peut-être fallait-il qu’elle le réalise avant, à moins que cela soit déjà fait ?
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Lizlor Wayland


Lizlor Wayland
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MessageSujet: Re: Les diamants sont éternels [Ruby]   Les diamants sont éternels [Ruby] Icon_minitimeJeu 14 Juin - 20:11




So many adventures couldn't happen today
So many songs we forgot to play
So many dreams swinging out of the blue
We'll let them come true




On aime comme on souffre. C'est indépendant de nous, ça nous prend tout entier, ça nous arrache de la joie et des larmes, ça nous obnubile, nous empêche de respirer, ça nous fait délirer, imaginer le pire, le meilleur, ça nous fait tanguer sur ce fil instable qu'est la vie. Le plus difficile, c'est d'accepter. Depuis que je l'ai fait, tout est d'une simplicité qui m'ôte un tel poids que le monde ne me reconnait plus et moi j'en ris; je ris de leurs visages étonnés quand il me voit à tous les repas de la grande salle, je ris de leurs chuchotements quand je m'amuse en cours et que je m'adresse aux autres, je ris de leurs regards sur Ruby et moi toutes les fois où on se promène ou on traîne ensemble. Lizlor Wayland, cette effrontée complètement marginale, la fille de la directrice qui se cache, le vilain petit canard un peu garçon manqué à qui il manque une case et sûrement bien d'autres choses, l'éternelle rivale, enfin, de Stephen Fray! Aujourd'hui, je bouleverse les certitudes des autres avec une énergie nouvelle. Je suis comme dans un train lancé à pleine vitesse, tout le temps, mais je n'ai plus peur : je ne suis plus cette enfant effondrée dans un coin entre deux wagons qui se cachent les yeux en sanglotants et que le bruit du train effraie et qui pense à l'attache instable des deux wagons qui d'un moment à l'autre peut lâcher. Je suis devant, je suis celle qui conduit les machines à cette vitesse effrénée et qui respire à plein poumon l'air qui lui aère tous les pores de la peau et emmêle ses longs cheveux, comme une traînée cuivrée, presque comme des flammes. Ca doit être ça, grandir. Laisser son enfance avec l'enfance du monde et l'oublier peu à peu, n'en garder que des parcelles vivaces, colorées et joyeuses. Prendre conscience du reste.

J'ai beaucoup appris, en quelques mois. Entre Maman et moi se sont renforcés des liens que j'avais tant espérés qu'ils m'étaient devenus utopiques. Pourtant, non : cette perfection existe bien, et je la sens à chaque fois que je la retrouve dans sa chambre ou son bureau. Bien sûr, il y a toujours nos disputes, nos mésententes, et c'est normal. Elle n'aime pas quand je me maquille trop, et je lis distinctement dans son regard qu'il a changé, et qu'il change avec moi, avec la jeune fille que je deviens. Je ne suis pas devenue des ces poupées de luxe qui se trimballent dans les couloirs avec leurs beaux habits et leurs coiffures élaborées; j'ai autre chose à faire que de m'évertuer à ressembler à une pétasse. Mais j'ai pris conscience qu'on pouvait aimer à se trouver jolie, et en me découvrant petit à petit, je fais de plus en plus de petits gestes en ce sens. Je me maquille un peu, j'ai aussi fait du tri dans mes vêtements. J'en ai jeté très peu, car je me suis rendue compte que mes t-shirts trop grands, mes jeans déchiquetés par toutes mes aventures et mes pulls que j'ai piqué à Conrad ont tous une valeur particulière à mes yeux. Je fais juste plus attention, et quand j'enfile des collants un peu troués et un short déchirés j'évite le t-shirt en lambeaux pour opter pour un haut plus simple, et ce geste minime aux yeux des autres est tout nouveau pour moi. Parfois j'ai un peu honte, parce que je n'ai jamais été à l'aise avec cela et que mon corps qui se transforme me semble appartenir à une autre, pour l'instant. Alors, je tâtonne, j'explore l'inconnu, mais j'ose tout de même. Le regard des autres m'importe peu - je me suis toujours foutue de tout et de tous et en ce sens, rien n'a changé. Les garçons qui me regardent comme si j'étais une proie ne provoquent plus chez moi cette répulsion maladive et quasi viscérale d'avant, je me contente de les fusiller du regard, et les autres, les filles, les gens normaux, tout ça... Ils n'existent pas trop à mes yeux. C'est sans doute ces longs moments que j'ai passé seule dans la forêt ou les couloirs de Poudlard à traîner ma solitude comme un poids trop lourd sur mon âme d'enfant qui m'ont appris qu'on est seuls, tout le temps, dans la joie comme dans le malheur, au milieu de la foule et entre des bras aimants.

La nature a bizarrement fait les choses et je ne cesse de me demander quel est, au fond, le véritable but à tout ça. L'Homme naît seul, et meurt seul. Pourtant il ne peut pas vivre dans les autres, parce qu'il faut être deux pour rire, deux pour vibrer de la beauté d'un simple coucher de soleil, deux pour rire et deux pour vivre et donner la vie. Je crois que c'est pour ça que je me suis coupée de tout; Conrad loin de moi, la maladie de Papa et mon impossibilité à plaire à ma mère m'ont poussé dans mes retranchements et persuadée que la meilleure attitude à adopter était l'évanouissement, quelque part, au fin fond de la Forêt Interdite. Et puis, comme un coup de massue, la vie s'est amusée à me rappeler que ce n'est pas parce qu'on crève seul à chaque instant qui passe qu'on doit arrêter de vouloir l'être. Papa est mort, emportant tout avec lui, et j'ai compris que je ne pouvais pas lutter. On aime, on souffre, c'est la vie et on a pas le choix. Alors, je me suis attachée, petit à petit. J'ai vaincu mes vieilles peurs et mes démons et j'ai choisi la lumière, dans les bras de ma mère, dans la confiance et l'amitié de Ruby et... dans les étreintes secrètes de Stephen.

Je ne pense rien de lui, je nous laisse suivre notre cours. Nos rendez-vous sont tous différents, et jour après jour on apprend, on tremble et on exulte et on parle peu, de ça, de nous. Pourtant, notre soif est intarissable, et il n'y a besoin que d'un regard pour nous rapprocher. Et je n'ai pas envie que ça s'arrête.


- Tu m’as fait peur, a réagi Ruby après avoir sursauté, parce qu'elle ne m'a pas entendue approcher. Je n'ai pas fait attention, c'est vrai, et elle était occupée. Je plaide coupable en lui lançant une petite moue, et je souris.

J'ai eu peur, au début. Parce qu'une amie comme ça, ça veut dire de l'attachement, ça veut dire de la joie mais des complications, et du risque, aussi. J'ai choisi de le prendre, et jusque là tout prouve que j'ai eu raison. Ruby cache sous son physique éclatant de lourds secrets et avec elle, moi, je n'ai rien à cacher, il me semble.

Je tends donc ma surprise en guise d'excuse, alors qu'elle essuie d'un geste de la main le coin de mon œil. Ces gestes fraternels nous sont si naturels que ni l'une ni l'autre ne le relève. Au-dessus de nous passe un hibou grand-duc aux immenses ailes déployées et il disparaît progressivement dans le bleu clair du ciel et je le suis du regard, m'imaginant voler moi aussi, dans ce bleu turquoise qui me rappelle l'océan de l'Oregon, ces après-midi pleine de sables, et les goûters que nous allions chercher, tous salés de nos baignades, à la petite cabane en bois de la côte. C'était toujours les mêmes, ces tartes au citron faites maison, et elles ont pour moi le goût de toute cette beauté et cette féérie passée qui m'éclairent encore de leur chaleur réconfortante. Depuis Poudlard, j'ai arrêté d'en manger, trouvant fades la lemon curd anglaises et trop gluante leur meringue italienne. Un soir, avec Ruby, nous étions allées manger en douce dans les cuisines après être rentrées trop tard car nous avions passé l'après-midi au bord du lac. C'est là que nous avions rencontré cet elfe que j'avais pris en amitié et qui s'avérait était un fin pâtissier, de fil en aiguille Ruby et moi nous étions découvertes une passion commune pour la tarte au citron et quand j'avais décrit les saveurs quasi océanes des tartes de mes souvenirs de petite fille, l'elfe avait promis de trouver une recette digne de ce charme oublié. Et il m'avait surprise. Depuis Ruby et moi avions adopté ce goûter que nous nous offrions assez souvent. Je prends l'une des deux tartes après son exclamation et son regard complice, et croque dedans, tout en la dévisageant du coin de l’œil.


- Non bien sûr que non ! J’écrivais simplement des trucs… Enfin tu sais, des bêtises inutiles parce que…

Elle étend son bras fin et bouge ses doigts dans le vide comme si elle chasse une mouche imaginaire; signe d'un trouble passager. Je regarde son sac, songeuse, mais je ne veux pas paraître insistante. Nous sommes des animaux effarés, elle et moi. Petit à petit, nous nous apprivoisons, mais nous évitons les gestes brusques car nous tenons à nous épargner l'une et l'autre. J'avale ma bouchée, elle est divine et l'acidité du citron réjouit mes papilles.

- Mon côté maniaque ! Un peu à la Stephen Fray !

Ce n'est parce que j'ai choisi de me laisser voguer au fil de l'eau plutôt que de me casser les ongles en m'agrippant désespérément aux rochers que je ne suis plus Lizlor. A l'évocation de ce nom, quelque chose gronde au fond de mon ventre, et je ne sais pas exactement comment je dois l'interpréter - fureur, excitation? Cette fois je regarde Ruby plus franchement, et ce n'est pas parce que nous nous laissons que je n'ose rien. Je demande, laissant pour un temps ma tarte de côté :

- Tu écris quoi? Ça fait longtemps?

Je ne sais pas si elle le sait mais je l'admire, car elle est forte à sa manière, et si j'ai remis le pied à l'étrier en cours, je n'ai pas ses facilités. Elle, elle a des bonnes notes partout et travaille avec acharnement, ce que je ne parviens pas à faire car je n'ai pas une concentration finie, et je n'aime pas rester sans bouger très longtemps : mon sang finit par bouillir. Je suis certaine qu'elle écrit bien, mais je me demande ce que contient ce carnet.

J'aurais menti si j'avais dit que je n'y pense pas depuis quelques temps.... Stephen. Ruby connait mon animosité à l'égard du Serdaigle - d'ailleurs elle est réciproque et on se cachet pas. Je l'ai haï, j'ai eu envie de le détruire, de le griffer, de l'écraser, je l'ai suivi à la trace, traqué comme une bête sauvage, détesté pour ce qu'il était. Sans doute trop pour que cela ne soit rien. Nous vivions notre haine et notre incompréhension mutuelle d'une autre façon, aujourd'hui, et nos étreintes servent d'antidote ou de dérivatif. C'est bizarre, mais qu'importe, je ne cherche pas plus loin.

Le temps est sans doute venu que j'amorce cet aveu, cette relation que je ne sais pas comment qualifier, ces ébats secrets et de plus en plus fréquents et intimes, cette espèce de nonchalance que j'éprouve à l'égard du Serdaigle, ma haine viscérale muée en étonnement mitigé.


- Il ne l'est pas tant que ça, finalement, dis-je sur le ton de la conversation. En fait... En fait on se voit... De temps en temps... Les mots me semblent pataud et je m'étouffe plus que je n'avale une bouchée de tarte trop vite mâchée. Je regarde Ruby derrière mes cheveux - je ne suis pas douée pour ce genre d'aveux, parce que c'est la première fois, pour tout. Je ne sais pas encore être une amie. J'attends qu'elle comprenne, légèrement prisonnière de ces aspirations qui me tourmentent.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: Les diamants sont éternels [Ruby]   Les diamants sont éternels [Ruby] Icon_minitimeJeu 14 Juin - 23:49

"We dont have the power but we never say never."




Ecrire avait toujours été quelque chose de personnel pour moi, de secret. Personne n’avait idée de l’existence des carnets bleus. Coincés entre mon sommier et mon matelas, ils étaient sagement cachés là en attendant la nuit. Quand tout le monde dormait, que la tour ne vibrait plus que des rêves envolés et des respirations mesurés, là seulement je pouvais les sortir. Parce que je ne dormais pas. Ou je ne dormais plus. Je les prenais généralement vers une heure du matin, alors que les filles ne s’agitaient même plus sous leurs couvertures bleues et argentées. Parfois, je faisais voleter une petite lumière au-dessus de moi pour m’éclairer, mais je m’étais progressivement habituer à écrire dans le noir. Je n’avais pas besoin de voir les mots qui se formaient sur les pages. A vrai dire, je ne consultais que très rarement le troisième cahier. Je préférais y jeter mes troubles sans réfléchir plus longtemps. Ensuite, je refermais la couverture bleu sur les pages et n’ouvrais jamais les anciennes pour m’y replonger. Cela m’aurait probablement fait peur. A contrario, le premier et le deuxième m'étaient très utiles. Je pouvais avoir noté des choses anodines et réaliser quelques semaines plus tard l’importance de la chose. Je me souvenais encore avoir noté que Lizlor avait un pull bleu marine trop grand dans son sac. Et le lendemain, écris que Stephen Fray portait le même. Coïncidence ? Je n’en savais rien mais ne demandais pas. Peu importe d’où venait ce pull, si elle ne m’en avait parlé, c’est qu’elle ne jugeait pas cela utile. Ou qu’elle n’était pas prête à le faire. Je ne lui en voulais pas après tout, je n’étais pas encore totalement honnête avec elle aussi.

Je ne lui avais rien dis à propos de la manière dont mes parents avaient perdus la vie –ou comment je leur avais ôté peut-être ? Je me souvenais encore d’un de ces après-midis où timidement, elle m’avait demandé quand les avais-je perdus. Au fond, ses yeux criaient également « Comment ? » mais elle n’avait rien formulé. Lentement et en pesant mes mots, je lui avais révélé que mon père n’était pas mort à ma naissance comme je le prétendais. Et que ma mère n’avait jamais été malade, du moins pas physiquement. Et puis je l’avais regardé pendant une minute, le silence s’installant. J’avais allumé une cigarette et lâché un « Je te raconterai. » Elle avait acquiescé et n’en avait plus parlé. Lizlor savait que je devais être prête. Cela n’avait rien à voir avec la confiance que lui accordait car de toutes les personnes de Poudlard elle était la seule à qui j’aurais confié ma vie les yeux fermés. Les gens la voyaient comme une sauvageonne qui ne savait pas vraiment comment se comporter avec les autres. On la jugeait vive, brutale, presque brouillonne. Elle portait trop en elle, comme une bombe prête à exploser. Mais personne ne voulait gratter la première couche de son épiderme, sa petite carapace. On ne pensait visiblement pas nécessaire de voir la douceur dans ses gestes cachées, sa fragilité dans la manière de remettre sa mèche derrière son oreille, ni son attention dans ses demi-sourires presque toujours désolé, comme si elle gémissait intérieurement « Merci d’être là » Peut-être ne pensait-elle pas mériter l’attention des autres. Elle avait tort. Plus que tort.


- Tu écris quoi? Ça fait longtemps?

Je savais qu’elle avait hésité avant de laisser la question franchir ses lèvres. Elle a laissé de côté sa tarte au citron tandis que j’entamais à peine la mienne. Je lâchai un sourire en sentant l’acidité du citron piquer mon palais tandis qu’une sensation sucré embaume ma bouche malgré tout. Ce goût acide et sucré était unique et mêlé à la meringue, il était incomparable. Maintenant cette pâtisserie avait quelque chose de plus, c’était Lizlor. Nous l’avions découverte dans les cuisines en demandant à un elfe de maison –le « lutin » de la jeune fille comme elle se plaisait à appeler- de reproduire le goût des tartes qu’elle mangeait en Oregon durant sa jeunesse, goût qui semblait désormais introuvable. J’avais opiné joyeusement : j’avais toujours adoré ce gâteau. Et désormais, il n’était pas rare de nous voir en manger dans la tourelle ou dans le parc. Cette sucrerie était une habitude hebdomadaire pour ne pas dire journalière. Si bien que j’avais redoublé mes efforts en courses. Désormais, je courais un matin sur deux au lieu de mon dimanche matin habituel. Je savais que les gens me regardaient bizarrement lorsque je revenais tous les matins d’une heure de course au crépuscule, mais ça m’était égal. Depuis que j’avais commencé la cigarette, je refusais de laisser cela influencer ma respiration et mes aptitudes sportives. Au contraire, cela me motivait presque plus. Me dépasser avait toujours fais partis de moi, et si la course était le prix à payer pour manger cette tarte avec Lizlor, et bien soit. Parce qu’au final, j’en mangeais beaucoup, car je la voyais tous les jours. Parfois ce n’était que des minutes dans les couloirs, parfois des heures entières volées dans la salle sur demande le soir. Je n’osais jamais la retenir trop longtemps cependant, consciente qu’elle avait besoin de son sommeil. Moi, pas vraiment. Mais les nuits où nous tombions dans les canapés de la salle sur demande, fatiguées d’avoir trop ris ou fumer, c’était les seules soirées où je trouvais le sommeil. Peut-être l’odeur de ses boucles ou sa respiration qui sonnait comme une mélodie.

- Pas longtemps, rien d’important. C’est anodin.

J’évitais le sujet je sais. Pourtant, elle pourrait comprendre. Je n’avais pas honte de son regard bien au contraire, il m’aidait bien plus qu’elle ne le pensait. Mais dans ses yeux, j’étais plus forte qu’elle ne le croyait. Et je voulais qu’elle me voit ainsi, j’avais besoin d’être pour elle un soutient. J’avais vécu mon horreur il y a des années, elle n’en était qu’à peine rescapée. Je savais qu’il lui fallait du temps pour comprendre à nouveau des choses difficiles que la douleur mettait en relief. Moi j’avais eu le temps de faire tout ce chemin. Nos peines me paraissaient étrangement similaires tout en étant différentes. Nous ne voyions chacune que la partie immergée de nos icebergs respectifs. Mais il n’y avait pas d’échelle sur la douleur, mon expérience n’avait pas à être jugée pire que la sienne. Lizlor vivait quelque chose d’éprouvant, et la voir peu à peu se reconstruire avait le don de me mettre un baume au cœur. J’espérais intérieurement que je faisais partie de ça, que je lui étais utile. J’en avais l’impression en tout cas : j’étais celle qui s’était relevée avant elle, signe que cela était possible. Oui parfois je flanchais, mais je refusais de lui montrer une once de faiblesse. Parce qu’elle me rendait plus forte et je voulais faire la même chose pour elle. Etait-ce mentir ? Je n’étais pas sûre. Mes états d’âmes me paraissaient durs à saisir pour moi-même, comment les lui exposer ? Alors je gardais un doux sourire bienveillant sur le visage. J’attendais qu’elle puisse renaitre avant de pouvoir moi-même montrer mes quelques pétales fanés.

Et je savais que quelque chose était en train de changer en elle. Peu à peu, ses sourires me paraissaient plus sincères. Parfois elle me quittait pour partir voir sa mère, et ses yeux pétillaient d’impatience. Elle comprenait peut-être désormais mieux ce qui l’entourait, comme si elle rentrait doucement dans la mélodie du quotidien qui lui avait paru trop rapide précédemment, dont elle avait raté les accords et les rythmes. Je ne savais pas comment cela c’était déclenché. Etait-ce progressif ? Je n’étais pas tout à fait sûre, je la voyais trop souvent pour juger d’un changement immédiat. Je n’avais jamais également vraiment fait attention à elle auparavant. Pour moi, ce n’était personne, une ombre dans un couloir. Et maintenant, elle faisait plutôt de l’ombre aux autres, comme si brusquement elle était devenue un bout de moi. Je ne pensais pas que cela puisse être aussi rapide, et une telle chose me laissait d’ailleurs légèrement effrayée. Etais-je à la hauteur ? Et de son côté, que sentait-elle ? Et pourtant je n’arrivais pas à ressentir le moindre doute en sa compagnie. Ce n’était que lorsqu’elle me quittait que j’avais un petit pincement dans la poitrine, la peur m’assaillant presque. Parce que j’étais de nature à avoir peur de tout, de douter et de remettre en cause moi, les autres. Et pourtant, un simple sourire de Lizlor suffisait à tout balayer, comme par enchantement. Ses yeux qui pétillent étaient un refuge doux. D’ailleurs, ils s’illuminèrent au prénom de Stephen, et je ressentis un trouble particulier l’envahir et se rejeter dans l’atmosphère. La Gryffondor me regarda derrière sa barrière de boucle, l’air légèrement hésitant. Je fronçai les sourcils, mais mon sourire semblait lui dire « Continue. »


- Il ne l'est pas tant que ça, finalement. En fait... En fait on se voit... De temps en temps...

Son ton voulait paraitre banal, mais je savais que ce qu’elle venait de me dire signifiait beaucoup pour elle. Je n’affichais même pas un air étonnée, consciente qu’il risquait de la mettre mal à l’aise. Au fond de moi, des petits signes que j’ai noté dans mes carnets commençaient à s’emboiter. Mais j’étais encore avide de détail. Finalement, je poussai légèrement l’épaule de Lizlor avec un rire et lançai d’un ton amusé.

- Cachotière va ! Je lui adressai un sourire, signe qu’elle pouvait me faire confiance. Je n’allais pas la juger, mais elle savait très bien que je ne pouvais en rester là. Il fallait que j’en sache un peu plus et au fond, Lizlor avait besoin d’en parler. Plus doucement je reprenais après une bouchée de ma tarte. Tu le vois ? C’est-à-dire ?...

Ma voix l’encourageait à continuer. Je la voyais très mal se balader main dans la main avec le garçon ou encore discuter pendant des heures en se lançant des regards amoureux. Je sentis poindre le prénom d’Hadrian dans ma poitrine mais je le réduisais à néant en serrant douloureusement mon cœur. Je n’avais pas envie de penser à ça maintenant, même si je savais que je faisais que rallonger l’échéance. Mais pour le moment, je souhaitais me concentrer sur la confession de Lizlor qui semblait avoir été dure à avouer. Machinalement, je sortis de mon sac un paquet de cigarette, en tendant une à la jeune fille. J’allumai la mienne d’un coup de baguette, jouant avec la fumée un instant. Et puis je me retournai vers Lizlor avec un air un peu vague et sans réfléchir plus longtemps, je jetai les mots en l’air comme on laisse sortir un fauve qu’on a gardé prisonnier un peu trop longtemps.

- J’ai commencé à huit ans. J’en ai trois comme ça. Fouillant dans mon sac, j’extirpai à l’aide de ma main libre le petit carnet bleu que j’agitais dans l’air avant de ranger à nouveau. Un où je note ma journée, l’autre des détails sur les gens… Il a des pages entières sur la jeune fille, mais je ne m’attardai pas. L’idée qu’elle puisse me demander me rendait légèrement gênée car au fond, c’était mes carnets à moi. Mon monde. Le dernier, celui dans mon sac, c’est… J’hésitai un instant. Et puis tapotant de mes deux doigts qui tiennent la cigarette ma tempe, je continuai. C’est le bordel de là-dedans.

Je tirai une nouvelle bouffée de tabac, regardant Lizlor dans les yeux avec un air presque désolé. Je me sentais presque vulnérable de lui en avoir parlé, mais j’avais l’impression que je lui devais au moins ça. Elle avait fait le premier pas sur le chemin des aveux, celui que je n’avais jamais vraiment osé emprunter. Mais celui qui transformait une pâle connaissance en une véritable amie. J’esquissai un sourire timide et ajoutai, un peu plus pour moi que pour elle :

- Personne ne connait leurs existences.

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MessageSujet: Re: Les diamants sont éternels [Ruby]   Les diamants sont éternels [Ruby] Icon_minitimeMer 8 Aoû - 12:37




Can you imagine when this race is won?
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Est-ce qu'on oublie, un jour, est-ce qu'on redevient comme avant?... C'est inutile d'espérer. Je ne sais pas trop pourquoi j'ai envie d'y croire, parce qu'au fond, je le sais. Ce qui est perdu jamais ne revient, c'est même la définition par excellence de ces mots qui nous font bien trop mal au cœur. J'ai envie d'y croire, et quand je regarde le soir le parc presque éteint de Poudlard, quand je m'arrête un instant au bord du lac et que le soleil qui s'y reflète me fait si mal aux yeux qu'ils me piquent, ou quand je suis avec Ruby et que le temps me paraît plus léger, j'y crois un peu. Mais très vite, le soleil tombe derrière l'horizon et je n'y crois plus, et l'air devient plus frais et je frissonne, parce je sais que cette tristesse qui me parcoure l'échine sera toujours là autour de nous, et qu'il est bien naïf de croire que l'on peut faire renaître un jour ce qui n'est plus. Autrefois, la mort m'a fait peur, j'y ai souvent pensé au fond de mon lit et toute seule lors de mes escapades. Je me rappelle de toutes mes questions à son sujet : Qu'est-ce que ça fait? - Mal? - Peur? - On devient quoi après? Et j'ai été tourmentée de ne pas trouver de réponses, petite enfant perdue dans ce monde bien trop grand pour elle. Maintenant, je n'éprouve plus rien de tel, la mort, ou plutôt ma propre mort m'indiffère, c'est loi, et puis si ça arrive comme ça sans prévenir... Tant pis. J'ai seulement compris que ce n'est pas notre propre mort qui fait peur, c'est celle des autres qui terrifie, c'est le chagrin, la perte, et surtout cette atroce sensation d'impuissance, parce que tout ça est plus fort que nous. Moi qui me suis vantée tant de fois d'être une petite rebelle, par mes gestes et mes actions, mes désobéissances et les chemins que j'emprunte seule, me voilà bien stupide face à cette évidence.

Alors on fait essaye de continuer, il n'y a que ça à faire. Ce n'est pas la tristesse à proprement parler qui me hante, je ne pleure plus comme avant, et puis le temps est passé, il est mort il y a plusieurs semaines maintenant. Je crois qu'il y a une prescription au chagrin, parce qu'au début les gens sont gentils et attentionnés, et puis ça passe. Et je comprends. Je ne vois pas pourquoi ils hériteraient d'une peine qui ne les concerne pas. Je fais semblant que ça va mieux, et je ne pense pas que ce soit une si mauvaise solution, parce qu'en vérité, ça aide, ça aide à faire croire qu'on oublie. Je vois les regards de Maman dans mon dos, ses regards inquiets qui me couvent, sa détresse, son envie de me rendre le sourire, et si je peux lui montrer que je vais mieux sans vraiment savoir si c'est vrai, alors, c'est le principal. C'est son état à elle qui me tue, parce je sais qu'elle a tout perdu et qu'elle n'est pas à une phase de la vie comme moi je suis, où on a l'avenir devant soi qui permet de faire espérer des jours meilleurs, de retomber sur ses pieds. Je crois que je lui en veux un peu de se laisser plonger dans cette léthargie car ça ne lui ressemble pas de baisser les bras - mais nos retrouvailles sont trop proches et j'ai parfois peur de casser bêtement ces nouveaux fils d'or qui nous lient.

Ruby, Maman, Stephen; trois nouveaux piliers dans ma vie... Voilà qui laisse songeur, hein? Je n'en aurais imaginé aucun, Maman parce que j'ai cru que tout était perdu par ma faute, Ruby parce que je ne la connaissais pas encore, et Stephen, eh bien Stephen... Mon pire ennemi qui devient mon... petit ami? J'ai bien peur de ne pas pouvoir prétendre être originale.


- Pas longtemps, rien d’important. C’est anodin.

La voix de Ruby et le goût de la tarte au citron - si souvent liés maintenant - me rappellent à la réalité et je souris du coin de la bouche. Espère-t-elle vraiment que je la croie? On dit ces mots-là quand au contraire le sujet est très important et qu'on a peur ou honte, je le sais pour l'avoir suffisamment pratiqué. Mais je n'ajoute rien. Je connais Ruby, nos sous-entendus, nos peines, notre rythme. Je sais qu'elle parlera - elle sait que j'attends de l'écouter. Je crois que c'est cela qui me fait tant de bien, en plus de tout ce qui se rattache à elle - savoir qu'elle m'entendra et m'écoutera toujours, pour tout, à chaque instant. C'est bien la première fois que je connais cela, et je mentirais si je ne disais pas que c'était quelque chose de précieux et, dans mon cas, salvateur.

Pour toute réponse j'avoue Stephen, du bout des lèvres; ça fait bizarre de mettre des mots sur ce secret, sur ce... Ce quoi au juste? Je suis perdue de me le demander, encore plus qu'avant. Je ne sais pas ce que nous faisons, et la seule chose dont je suis certaine, c'est qu'il ne le sait pas non plus. Je ris sous cape, parce que ça doit lui faire bien les pieds d'ignorer quelque chose, pour une fois, que ça lui échappe. Moi, je ne me bats pas après la vérité. Elle fait trop mal quand elle claque, alors tant pis, j'attends. Cette langueur qui m'habite m'ennuie et ne me ressemble pas, et j'ai envie d'exploser comme avant, mais je crois que je n'ai plus les rênes en main. Je m'en rends compte à chaque seconde et je me maudis, sans réussir à trouver quelque part l'énergie suffisante pour y remédier. D'un geste vaguement agacé, je pose la fin de ma tarte au citron pour attraper la cigarette que Ruby me tend en souriant de cet air réconfortant qu'elle a quand elle me regarde - je ne sais pas si c'est de la jalousie, mais je crois que si un jour je la vois regarder quelqu'un d'autre comme ça, mon cœur se brisera car elle ne le sait pas mais elle me fait me sentir quelqu'un, et plutôt quelqu'un de bien, comme jamais ça ne m'est arrivé. Cette cigarette tombe à pic. Je ne suis pas spécialement fan de fumer comme les moldus, mais je dois avouer qu'à chaque fois ça m'intrigue et me donne envie de recommencer, et que si ça sent fort, que c'est âcre et que ça pique un peu la gorge, il y a quelque chose dans ce geste de libérateur et d'aérien et qui fait du bien. En cet instant, j'en ai besoin et envie.


- Cachotière va ! Tu le vois ? C’est-à-dire ?...

Je regarde une seconde le bleu du ciel en plissant le nez. C'est à dire... C'est à dire que je n'en sais rien. On se voit, c'est ce qui explique le mieux la situation non? Je porte la cigarette à mes lèvres pour toute réponse, me demandant ce que je vais bien pouvoir dire de juste, mais je sais que ça va être maladroit. Je la regarde et elle a le même air que j'avais plus tôt, elle attend, elle sait que je parlerais, tout de suite ou après. Il n'y a rien qui nous presse, et c'est ce que j'aime avec elle, parce qu'on est trop effarouchées pour s'obliger à quoi que ce soit.

- J’ai commencé à huit ans. Comme elle commence, je laisse s'échapper lentement la fumée de mes poumons et mon regard s'en va loin vers le paysage que nous surplombons. J'attends. J’en ai trois comme ça. Un où je note ma journée, l’autre des détails sur les gens… Elle me les montre et je bois ses paroles, observant ses carnets comme un véritable trésor qu'elle me montre. Je ne savais pas qu'elle écrivait, et si je suis certaine qu'elle écrit bien, je suis flattée d'être dans la confession. Le dernier, celui dans mon sac, c’est… C’est le bordel de là-dedans... J'ai un petit geste de la tête pour marquer ma compréhension. Je n'aime pas me le dire, mais je sais qu'elle comme moi on a vécu trop de choses pour espérer que nos pensées s'écoulent aussi tranquillement que l'eau d'une jolie petite rivière. Comme j'ai envie d'avoir le pouvoir de lui ôter tout ça... Personne ne connait leurs existences.

Je souris, pour la remercier de me l'avoir dit. Je ne sais pas trop par où commencer - jamais je n'oserais lui demander de lire, parce que je ne veux pas, c'est trop intime et je le mesure bien.

- C'est toi finalement la cachotière... Je tire sur ma cigarette et change de position, repliant mes jambes sous moi, me rapprochant d'elle, mon épaule touchant la sienne. Ça doit faire du bien d'écrire... De vider tout ça, et je répète son geste en me touchant la tête de l'index. Je n'en serais jamais capable je crois, et j'ai un petit sourire en me disant que je ne suis décidément pas une Serdaigle. Sauf que ce mot n'est plus méprisant à mes yeux, aujourd'hui.

Je respire un coup et me lance à mon tour, sachant que c'est à moi de jouer :


- C'est à dire que... Je sais pas trop exactement, on se voit souvent, on... On s'embrasse et on... Enfin tu vois, on... Les mots butent entre mes lèvres et je baisse les yeux, un peu gênée. Je dis ces quatre mots du bout des lèvres et un peu plus vite, pour qu'ils sortent : On a couché ensemble. Mais voilà, je n'en sais pas trop plus, je sais même pas pourquoi on le fait, pourquoi on continue...

C'est vrai ça, pourquoi? Du peu que je connais, je crois que l'amour ce n'est pas ça...

- ... Mais on est bien et je n'ai pas envie d'arrêter, et c'est une affirmation, qui me fait l'effet d'une révélation. Tu trouves que c'est bizarre? Je relève soudain les yeux vers elle, anxieuse de ce qu'elle va pouvoir me dire.

Un instant passe où je fume, les yeux dans le vague. Je n'ai aucune réponse à mes questions, et je ne sais même pas si elles en ont. Mais je ne peux m'empêcher de profiter de la situation pour lui retourner la question avec, cette fois, un petit sourire complice, car je sais que je ne suis pas la seule à vivre quelque chose de la sorte :


- Et toi, hein? Tu en es où? Je laisse échapper un petit rire et penche ma tête vers elle. Son parfum me rappelle les après-midi de mon enfance sur la plage, pas que les odeurs se ressemblent, mais parce que quand je le respire, je me sens bien... à l'abri.
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Ruby Standiford-Wayland


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MessageSujet: Re: Les diamants sont éternels [Ruby]   Les diamants sont éternels [Ruby] Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 11:37

"It's so hard to get old without a cause
I don't want to perish like a fading horse
Youth is like diamonds in the sun
And diamonds are forever."



Je désirais tant que ça soit plus simple. Les choses en général… Pourquoi est-ce qu’il me semblait que rien ne tournait rond ? Moi déjà la première, j’étais câblée différemment des autres. Tout ce qui m’était arrivé m’avait fait réfléchir d’une manière surprenante pour quelqu’un de mon âge. Je ne voyais plus les choses comme il fallait, parce que je ne savais même plus comment elles devaient fonctionner. C’était un brouillard dans lequel je pataugeais et me laissais dériver, pendant de nombreuses années suite à l’incident. J’avais essayé de nombreuses techniques pour mieux comprendre. J’étais passé par beaucoup de stade je l’avoue, et ils n’étaient pas tous glorieux. Me faire du mal. Ne plus manger. Tout casser, puis tout ranger. Trier, courir. Peu à peu, j’avais gardé les nécessaires et abandonné ce qui ne fonctionnait pas. Me battre contre mon corps, en particulier. Pour avoir une emprise dessus, je me contentais de courses matinales. Tout contrôler, toujours. Mon physique, mon environnement à travers mes tics maniaques. Mais voilà, il manquait quelque chose. Maitriser mon cerveau. Autour de moi, tout paraissait si étrange, je cherchais toujours cette manière de m’en sortir qui m’échappait. Alors j’avais trouvé cette solution, écrire. Et encore une fois, c’était une issue qui n’était pas si claire. Parce que je voulais la cacher aux autres et c’était un nouveau poids à porter, un secret à garder. Pourquoi ne pouvais-je pas assumer une bonne fois pour toute qui j’étais ? Parce que… Comment pouvait-on se faire aimer des autres lorsque nous n’avons aucune estime de soi ? Je me pensais un cas perdu honnêtement.

Depuis mon arrivée ici, j’avais évolué d’une manière qui moi-même m’étonnait, me choquait. J’étais passé une fois encore par plusieurs stades et j’avais au fil des années apprivoisé ma propre personnalité. D’abord froide, j’avais cru que me cacher derrière le masque d’une fille hautaine m’éviterait toutes questions. Mais ça ne marchait pas, je n’arrivais pas à jouer à ce jeu. J’avais été ainsi depuis des années, mais depuis que je connaissais la magie qui résolvait enfin le mystère qui entourait l’incident, ma rage avait muté. J’avais toujours un certain dégoût pour moi-même, c’était sûr, mais il avait changé… Avant, c’était plus de l’incompréhension. Maintenant… Je savais que je l’avais fait. J’avais tué mon père. Cette phrase surgissait souvent dans mon cerveau et me faisait trembler. J’étais comme couverte d’une couche de saleté qui me collait, et me collerait toujours. Sale, parce qu’il m’avait touché. Sale, parce que je l’avais tué. J’étais un monstre, ma mère avait raison, mais c’était lui qui m’avait faite ainsi. J’aurais pu avoir la force de me défaire de cette étiquette que m’avait collé ma mère, vouloir me battre pour lui prouver le contraire. Mais bon, elle avait raison. Ce qu’elle avait oublié, c’est qu’elle aussi en était une, de monstre. Tout comme Lui. C’était de famille, et ils m’avaient refilé le gène défaillant. Et moi, je n’étais pas une combattante, pas une Gryffondor. Je me laissais aller avec cette impression d’être mal fichue sans oser y toucher.

Mais j’avais tout de même appris à évoluer. J’avais fini par lâcher cette attitude glaciale pour me laisser aller. Parce que j’avais compris que pour rentrer dans le moule et que l’on ne me pose pas de questions, il fallait plutôt que je sois gentille, si vous voyez ce que je veux dire. Quand on aidait les gens, ils se sentaient à confiance et se confiait à vous sans penser que quelque chose chez vous pourrait clocher. Alors j’étais devenue Miss Parfaite, couronnée par le titre de préfète qui venait illustrer parfaitement mon besoin d’aider constamment les autres. Pour ne pas penser à moi. Travailler beaucoup, pour ne pas laisser mon esprit vagabonder ailleurs. Rigueur, encore. Malheureusement, plus ça allait, plus je me mettais sous les feux des projecteurs. En étant bonne élève avant tout, préfète ensuite et ma relation avec la fille de la directrice qui était devenue ma… Meilleure amie. Tout ça suffisait à me faire remarquer, et sortir avec Hadrian c’était carrément la cerise sur le gâteau dont je ne voulais pas. Enfin bien sûr que j’étais bien avec lui, plus que je ne l’aurais cru. Mais cette attention, ces regards dans les couloirs… Je n’en voulais pas moi. L’attention, je la donnais aux autres. C’était ainsi que marchait beaucoup de mes relations ici. Et les seules personnes qui connaissaient mes imperfections… Eh bien, rarement elles étaient mes amies. Et pourtant, il existait une exception. Lizlor.

Avec elle, j’avais le droit d’avoir tort. De regretter. D’être peureuse. De rire trop fort. Au final, de révéler les petits détails que je cachais par peur des jugements. Ceux que je ne voulais pas montrer ni accepter, parce que si j’essayais d’être vraiment parfaite, peut-être allais-je le devenir ? Mais au fond, mentir à tout le monde et à soi-même était fatiguant. J’avais besoin de m’échouer dans les bras de quelqu’un, et être qui j’étais sans retenue. Et cette personne, c’était Elle. Ses grands yeux d’une couleur insaisissable, ses boucles, son sourire discret et timide. Sa voix comme une mélodie, sa respiration hésitante, comme si elle n’était toujours pas sûre de savoir comment vivre. Cette fille… Je crois qu’au fond, je n’avais besoin que d’elle. Lorsque celle-ci m’avoua Stephen, je sentis encore un élan d’affection pour elle. Encore une fois, elle s’ouvrait à moi et prononçait à voix hautes ses faiblesses, ses secrets. J’avais envie de la prendre dans mes bras ou simplement la remercier de m’accorder une telle confiance que je ne savais même pas mériter. Je l’interrogeais sur la nature de sa relation avec lui, mais je la sentais réticente. Je comprenais bien entendu. Lizlor avait sûrement du mal à mettre des mots sur ce qu’elle ressentait elle-même pour ce garçon qu’elle prétendait détester depuis toujours. Alors j’enchaînai d’abord sur mes carnets. Une révélation contre la sienne.


- C'est toi finalement la cachotière... J’eus un petit rire et la regardai avec douceur. Elle le savait de toute manière, que j’étais pas douée pour parler de moi. Ça doit faire du bien d'écrire... De vider tout ça.

Elle imita mon geste, et j’hochais pensivement la tête. Je finis ma cigarette et l’écrasai amèrement, recrachant mon dernier panache de fumée lentement. Elle s’éleva et disparut dans la voute du plafond. J’inclinais mon visage vers Lizlor à mes côtés, qui semblait hésiter une dernière fois avant de se lancer. Elle allait parler de Stephen, je le sentais. Et ce n’était pas simple. Je lui adressai un dernier sourire doux, l’invitant à continuer son récit. Peu importe s’il était confus ou si elle n’était même pas sûre de ce qu’elle racontait, ce qu’elle ressentait. J’étais prête à écouter son trouble.

- C'est à dire que... Je sais pas trop exactement, on se voit souvent, on... On s'embrasse et on... Enfin tu vois, on... Elle hésita une dernière seconde. Comme si les mots étaient coincés. Je penchai un peu ma tête en fronçant les sourcils, lui faisant un petit signe du menton pour qu’elle continue. Elle n’avait pas à avoir peur. On a couché ensemble. Mais voilà, je n'en sais pas trop plus, je sais même pas pourquoi on le fait, pourquoi on continue...

J’enregistrai lentement les informations que venaient de me révéler Lizlor. En fait… Elle avait une relation charnelle avec Stephen Fray. C’était… Etonnant. Je ne cachais pas ma surprise, parce qu’avec la jeune fille de toute manière, je ne cachais rien. Je ne fis cependant aucun commentaire, pas encore, parce que je sens que la Gryffondor n’a pas fini de s’expliquer. Quant à moi, j’ai besoin d’analyser un instant tout ça. De loin, j’aurais peut-être trouvé cette relation malsaine mais pourtant, Liz semble de plus en plus heureuse au fil des semaines. Comme si le Serdaigle lui donnait un nouveau souffle, un certain appui. Est-ce que ce n’est que prendre du bon temps ? Peut-on coucher avec quelqu’un sans rien sentir, sans s’impliquer ? En fait, je n’en savais rien. Je ne me voyais pas vraiment le faire avec Hadrian. Non seulement nous n’étions qu’ensemble depuis à peine plus d’une semaine –même si j’avais l’impression de l’avoir toujours un peu connu- mais l’incident était aussi une barrière. Je n’avais pas eu de bonne expérience dans ce domaine, et j’avouais avoir peur que son visage ressurgisse si ça commençait à se faire trop intime… J’avais peur que les souvenirs reviennent et me paralysent. J’avais presque envie de demander à Lizlor comment c’était, ce que ça faisait. Mais elle n’avait pas besoin de plus de questions pour l’embrouiller pour le moment.

- ... Mais on est bien et je n'ai pas envie d'arrêter. Tu trouves que c'est bizarre?

Elle me regarda inquiète, comme si elle attendait que j’appose une sentence, un jugement sur ses actes. Je n’avais pas à en donner, c’était sa relation.

- Non. Je lui fis un sourire rassurant, mais ma voix se fit ferme. Je ne disais pas ça pour lui faire plaisir, non. Les relations étaient toujours étranges de toute manière. Me radoucissant, je continuai. C’est inhabituel bien sûr, mais ce n’est pas mal. Au fond, vous êtes tous les deux tellement… Hors du commun, vous ne pouviez pas avoir une relation banale. J’haussais un peu les épaules, comme pour lui dire qu’en plus, on s’en fichait des standards. Tu penses que ce n’est que charnel alors ? Que tu… Ou vous ne voudrez jamais plus ?

Mes questions ne sont pas accusatrices, bien au contraire. J’aurais aimé l’aider à voir plus clair, mais était-ce seulement possible ? Je crois qu’aucun des deux ne savaient vraiment ce qu’ils faisaient de toute manière, et c’était cet inconnu qui devait les faire frissonner. Même si personnellement, je trouvais ça terrifiant. Mais je n’aimais pas trop les surprises aussi…

- Et toi, hein? Tu en es où?

Elle eut un petit rire, ses boucles effleurant mes épaules. Sauf que moi, le sujet ne me faisait pas vraiment rire… Un rire gêné sortit de ma gorge, et j’attrapai une nouvelle cigarette, comme pour me donner du courage. J’étais censée dire quoi ? La vérité…

- Je ne lui ai pas encore dit que… Qu’ils étaient morts. Ma voix se fit plus basse, comme si je révélais quelque chose d’honteux. Ça l’était, d’une certaine manière… Je… Je sais pas, ça fait presque deux semaines et… De nouveau, je butais sur les mots. C’était tellement confus dans mon cerveau. C’est trop bien, j’ai peur de tout gâcher. Alors qu’il va l’apprendre, je le sais… Je le sais mais j’y arrive pas.

Je tirai sur ma cigarette en fixant mes pieds. Finalement, j’osais relever le visage vers celui de la Gryffondor et à affronter son regard. Nous ne nous jugions pas, je le savais. J’avais juste peur qu’elle me dise la vérité… Et la vérité, c’était que je devais le dire à Hadrian.

- Je suis nulle en relation hein ? Lâchai-je finalement en mordillant ma lèvre et en haussant les épaules.

J’y pouvais rien… Et puis, au fond, y avait une exception non ? J’adressai un petit sourire d’excuse à Lizlor. J’espérais au moins qu’avec elle… J’étais moins stupide qu’avec le reste du monde. Elle le méritait.

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MessageSujet: Re: Les diamants sont éternels [Ruby]   Les diamants sont éternels [Ruby] Icon_minitimeMer 31 Oct - 14:29



Diamonds are forever


Après mon aveu, qui me laisse le coeur étrangement léger mais dans une attente plutôt désagréable, Ruby prend quelques secondes pour réfléchir, et je sais. Je sais qu'il n'est pas forcément normal de faire ce que je fais, de considérer Stephen Fray comme un petit copain, lui à qui j'ai tant à reprocher. Mais c'est plus fort que moi, c'est plus fort que nous, et si il y a bien une chose contre laquelle j'ai besoin de ne pas lutter, ce sont ces nouveaux sentiments qui tentent malgré tout de me faire battre le cœur, tant bien que mal. Elle va comprendre, parce qu'elle est mon amie; elle va comprendre au-delà de mes propres doutes et de mes propres hésitations, et c'est aussi ce qui m'a poussé à lui en parler. Parce que quand tout devient trop lourd on a toujours besoin de se confier, ce que je n'avais pas compris avant - c'est Ruby qui me l'a appris. Je me demande un instant si elle est au courant de ce phénomène. Ignore-t-elle qu'elle est véritablement la première, la toute première? Je ne lui ai sans doute pas dit, mais elle le sent, et j'aimerais avoir les mots pour lui expliquer doucement. Je sais que ce n'est pas donné à tout le monde, et cette relation d'amitié est la première émotion forte que je ressens depuis bien longtemps. Conrad ne serait pas mon frère que j'aurais pu comparer ces deux relations. Je souris en soufflant une petite colonne de fumée vers le ciel. Il fait beau. Après tout les secrets servent aussi à rester au fond de nous et à nous tenir chaud... Et j'ai bien besoin de cette chaleur, depuis que tout me glace, même les souvenirs innocents de mon père qui reviennent parfois, à l'improviste. J'ai mal alors de me dire qu'ils ne seront jamais plus, et je sens que ma chair souffre d'avantage.

Je devine dans le silence de Ruby quelque chose de bien plus gros et de lourd que cela ne devrait l'être, mais j'attends. Notre relation est faite de ça : d'attente, de douceur, et de respect, d'accompagnement mutuel. Il y a trop de plis dans nos histoires pour que nous ne prenions pas des pincettes. Elle respecte mon rythme et moi le sien, et c'est ce qui fait sans doute qu'elle est la première à pouvoir m'approcher d'aussi près, et je lui en suis reconnaissante.

- Non. C’est inhabituel bien sûr, mais ce n’est pas mal. Au fond, vous êtes tous les deux tellement… Hors du commun, vous ne pouviez pas avoir une relation banale. Tu penses que ce n’est que charnel alors ? Que tu… Ou vous ne voudrez jamais plus ?

Hors du commun? Stephen l'est, à n'en pas douter, mais je ne suis pas certaine que ce soit dans le bon sens du terme. Il y a parfois trop d'une... d'une machine en lui, et quand il pourrait se laisser approcher il s'enfuit, toujours, et je ne sais pas où cela pourra nous mener. Pour l'instant je n'ai besoin de rien, mais ensuite? Est-ce que cette étrange relation charnelle, comme elle le dit, ne me lassera pas, ne me frustrera pas? J'hausse les épaules. Incertaine de lui, de moi, je n'en ai pas encore les réponses.

- Pour l'instant, on ne veut rien de plus. Mais si ça change un jour... Je ne suis pas sûre qu'il l'accepte, conclus-je après un instant de réflexion.

On verra bien.

C'est si facile, finalement, d'envier les autres sans connaître les dessous de leurs histoires, d'envier un couple, parce que le garçon est jalousé des autres filles ou que la fille a tout pour plaire. C'est un peu le cas d'Hadrian et Ruby, mais qui sait vraiment ce que je sais moi, les doutes, les peurs de Ruby, et tout ce qui ne constitue finalement pas une histoire merveilleuse et dorée en tous points?

J'avale la fin de la tartelette tout en l'écoutant attentivement. Cette tour a vraiment sur moi un effet à la fois apaisant et relaxant, ou bien c'est le fait de discuter avec Ruby qui me rassure - sûrement un peu des deux.


- Je ne lui ai pas encore dit que… Qu’ils étaient morts. Je… Je sais pas, ça fait presque deux semaines et… C’est trop bien, j’ai peur de tout gâcher. Alors qu’il va l’apprendre, je le sais… Je le sais mais j’y arrive pas.


Le poids de la vérité... Je lui lance un regard dénué de toute reproche : le dilemme est compréhensible, qui peut lui en vouloir d'essayer d'échapper à son passé de temps en temps? Je souris. Elle n'a rien à craindre. Il a l'air attaché à elle, comment pourrait-il mal prendre cet aveu qui lui coûte, à chaque fois? Je pose ma main sur son bras.

- Tu dois lui dire. Mais temps voulu, quand tu le sentiras... Il comprendra. Mes derniers mots sont sans appel. N'ai-je pas raison? On ne peut pas en vouloir à quelqu'un encore prisonnier des drames de son passé.


- Je suis nulle en relation hein ?

Cette fois, je prends sa main. Et je cale ma tête sur son épaule; on regarde toutes les deux le ciel, et je ferme les yeux pour profiter du moment pleinement, les rayons du soleil caressant mon visage et réchauffant mes cheveux.


- Pas avec moi, dis-je en serrant plus fort ses doigts. Avec moi, tu es parfaite, dit une petite voix au fond de moi.

FIN
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