Juste une petite blague [PV : Tirya]

Comme d'habitude dans les groupes de garçons qui aiment faire quelques petites conneries, c'est toujours le plus gentil qui se fait entuber pour faire le sale boulot. C'était le cas de Keith. Même s'il pouvait passer pour un grand connard quand l'occasion se présentait, il gardait quand même une âme d'enfant qui pouvait lui faire défaut. En plus, quelle bêtise quoi ! L'idée était particulièrement débile, m'enfin, venant d'Alex Turner, plus rien de l'étonnait. Depuis que ce garçon avait été élu Mister Gryffondor, il se baladait constamment torse nu dans les couloirs, afin d'exhiber ses six plaques de chocolat pur beurre de cacao. Vivement l'hiver qu'on rigole un coup, pensait Keith. M'enfin, le jeune homme et le quatrième année restait tout de même de bons amis et s'appréciaient malgré cette petite compétitivité physique. Ils étaient d'ailleurs partenaires dans l'équipe de Quidditch des Golden Flyers et s'en sortaient plutôt bien.

Anyways, revenons-en plutôt à l'objet de la soirée. La mission de Keith était assez simple à vrai dire. Ses instructions avaient été relativement claires. On lui avait donné une bouteille pleine de Whisky Pur Feu, qu'il devait verser dans le jus de citrouille qui allait être servi à tous les invités du bal, afin de se taper un petit fou rire en voyant tous les élèves devenir aussi mûr qu'une tomate brésilienne. Une petite boutade de masse en quelque sorte. Mais l'accomplir n'était pas de tout repos. Car pour cela, il fallait qu'il s'incruste dans les cuisines de l'école, au beau milieu des elfes de maisons qui y travaillaient, tout en ne se faisant pas repérer, car surement un ou deux préfets traîneraient dans le coin. Et s'il ne le faisait pas ? Qui sait ce que ses amis pourraient lui avoir concocté.

Bref. Le Serdaigle terminait donc de lasser ses chaussures afin de partir en route pour faire le bad guy de la soirée. Il enjambait les marches de la tour de Serdaigle, puis du grand escalier, quatre à quatre afin de ne pas perdre de temps. Keith glissait dans les coins des couloirs, un peu à la manière de Michael Jackson, ce qui le rendait complètement débile, si on prenait un peu de recul sur le contexte actuel. Alex lui avait donné l'astuce requise pour pénétrer dans les cuisines de Poudlard. Il lui suffisait juste de chatouiller la poire d'un des tableaux présents autour de lui. Il trouva la bonne et bingo ! Les cuisines du château s'offraient à lui. Le quatrième année entendit soudainement des bruits de pas arriver sur sa gauche, il se dépêcha donc de rentrer et de refermer le tableau derrière lui.

Une fois dans l'obscurité totale de la cuisine, le bleu et bronze sortit sa baguette magique et murmura un léger "Lumos !". La lueur éclaira donc devant ses pieds et il put marcher sans risquer de glisser sur une casserole. Les elfes de maisons semblaient absents, une chance ! Ses pas de loups le menèrent jusqu'à un chaudron rempli du jus de citrouille qui serait servi un peu plus tard dans la soirée. Le jeune homme mit la main à sa poche pour sortir la bouteille de Whisky Pur Feu... Avant de s'apercevoir qu'il l'avait oublié dans sa chambre à la salle commune ! Damn it ! Le temps lui manquait et il devait faire vite ! Sans perdre une minute, il observa dans toute la cuisine, à la recherche d'une bouteille de Whisky, ou de tout autre liquide qui serait un minimum rempli. Malheureusement pour lui, il ne trouva rien de bien intéressant. Du sel, du poivre, des oeufs d'un côté, des épices de l'autre. Pas le choix, le quatrième année devait retourner à son dortoir au plus vite pour aller chercher la bouteille pleine.

Courant à travers les cuisines, et shootant au passage dans quelques ustensiles, il rouvrit avec précipitation la porte du tableau et sortit. Enfin, tomba plutôt, et dans sa chute, il emporta avec lui quelques casseroles. Reprenant rapidement ses esprits, Keith se releva, un peu sonné par le choc. Malheureusement pour lui, deux yeux couleur noisette l'attendaient à la sortie et le fixaient sans osciller. Damn it, seconde édition ! Une jeune fille se tenait devant lui avec fermeté. Il ne connaissait pas bien son nom, d'après ses souvenirs, ce serait une certaine Tirya, toutefois l'insigne de préfète sur sa robe n'annonçait rien de bon ! Keith referma calmement le tableau, tout en y remettant les ustensiles à l'intérieur. Le regard de la Gryffondor n'avait rien de très amical. Surprise, certes, mais pas spécialement contente de voir le Serdaigle ici. Ce dernier, extrêmement mal à l'aise, n'espérait qu'une chose, que la préfète ne lui passe aucun savon...

Nous, chers préfets et préfètes, étions attendus un peu plus tôt que les autres participants au bal. Hé oui! Même en ce jour si festif, nous étions dans l'obligation de patrouiller dans chaque recoin du château, afin de vérifier que personne ne s'y cachait pour jouer les troubles-fête.
Il fallait donc que je me prépare plus tôt pour me rendre au bal. Certes je n'avais pas de cavalier cette année - pour ne rien changer à l'année dernière - néanmoins, j'étais attendue par la bande habituelle des beaux gosses de Gryffondor. Par beaux gosses, j'entendais tout spécialement Traice, Hadrian et moi, qui depuis un an, n'avions de cesse de nous retrouver pour traîner ensemble dans le parc, les serres, ou encore à Pré-au-Lard. Or cette année, puisque nous avions la chance - ''chance'' est ici à prendre avec moulte ironie - d'être tous trois aussi seuls que les pierres, soit célibataires, nous avions décidé de nous rendre à ce bal en groupe. Enfin quand je dis en groupe, Hadrian avait dû céder à la tentation d'accepter l'invitation d'une cinquième année avec des yeux aussi vides que devaient l'être l'intérieur de son cortex occipital... Il les collectionnait pas mal à vrai dire, depuis que Ruby et lui avaient rompu. Il restait d'ailleurs très discret sur ce sujet même avec moi, et je ne connaissais que les grandes lignes habituelles de ce genre de séparation: ils avaient tous les deux déconné. D'ailleurs, depuis que c'était terminé entre eux, je n'avais pas vraiment eu l'occasion de reparler à Ruby, sans doute parce que je n'avais aucunement envie qu'Hadrian pense que j'étais de son côté plus que du sien; je n'étais du côté de personne: chacun pour soi et Dieu pour tous par pitié.

En guise de rébellion nous avions décidé Traice et moi de nous rendre un week-end à Londres acheter de quoi nous vêtir et nous dissimuler le visage; car en effet, il s'agissait cette année d'une nouveauté, un bal masqué.
Curieusement, j'étais beaucoup plus excitée cette année à l'idée de prendre part aux festivités, ce qui expliquait sans doute pourquoi notre matinée shopping avait rapidement tourné en journée de guerre interpoudlariennes, se jetant sans ménagement les unes sur les autres pour dénicher LA robe qui mettrait en valeur le maximum de nos qualités... intellectuelles il en va de soi.
En ce qui me concernait, et je pense ne pas me tromper en l'affirmant, jamais de ma vie je n'avais dépensé autant. Quasiment trois zéros... Mais lorsque j'avais envoyé la facture à mon père, me préparant à subir son courroux via une beuglante des plus féroces, celui m'avait immédiatement répondu qu'il était le plus heureux des papas du monde et que je ne devais absolument pas hésiter à lui redemander de l'argent s'il s'avérait que j'avais besoin de quoi que ce soit en plus. Il était vraiment chelou par moment mon père.

Le soir venu, je me préparai une bonne heure avant tout le monde, même si les trois quart des filles de ma maison dormaient avec leur robe de bal et leur talons-hauts depuis le début de la semaine. J'enfilai ma tenue et constatai le résultat: pas trop mal. J'avais opté pour une robe courte rose pâle en tulle , dotée d'un corset brodé de fils noirs. J'enfilai de ma paire de chaussures à talons noire, et accrochai mon masque assorti au dessus de ma tête. Inutile de tenter le diable en descendant les escaliers de la tour le masque vissé sur mon visage, où j'y voyais à peine, je m'affichai déjà bien assez en temps normal.
Je retrouvai près du feu la seconde préfète des Gryffondor Haruhi Michiko, toujours aussi radieuse, et c'est ensemble que nous nous rendîmes dans le hall d'entrée.

De la musique s'échappait déjà de la grande salle de bal, dont les portes avaient été soigneusement verrouillées, sans doute pour préserver le mystère de la décoration jusqu'à l'arrivée des élèves. Et moi qui pensais que les préfets auraient droit à leur entrée VIP avant tout le monde...
Une fois tous regroupés autour de Méryl Kelsey et après de brèves salutations, la Directrice des Rouges et Ors s'empressa de nous répartir aux quatre coins du château. J'héritai des cuisines sans grand enthousiasme. En règle générale, j'adorais m'y glisser de temps à autre avec Eyline ou Traice, mais m'y rendre seule afin de m'assurer qu'aucun petit merdeux de deuxième ou troisième année n'allait tenter de chipper des petits-fours avant même qu'ils ne soient amenés au buffet m'agaçait au plus haut point.
C'est donc en traînant les pieds que j'exécutai les ordres de Kelsey, me réconfortant partiellement en me disant qu'au moins, j'aurai un avant-goût des mets prévus pour la soirée.

Arrivée à destination, je remarquai instantannément, l'oeil aussi vif que celui de l'aigle - ou pas - que la porte menant aux cuisines était entrouverte.
N'ayant sur moi ni baguette ni flingue, je me demandai alors comment j'allais me débrouiller pour inspirer la crainte au potentiel intrus. Quoi que même dotée d'une mitrailleuse automatique, il n'aurait pas eu grand-chose à craindre de ma part le pauvre petit...
Je m'avançais à pas de loup, enfin aussi discrètement que me le permettait le cliquetis de mes escarpins, quand soudain, quelqu'un déboula dans un fracas, et s'effondra de tout son long.
Je laissai échapper un sursaut avant de prier très fort pour que sa chute ait été fatale, ce qui m'éviterait d'avoir à me transformer en véritable mégère de préfète. Savais-je seulement comment jouer ce rôle?
Malheureusement pour moi - et heureusement pour lui - l'individu bougeait encore, et bougeait même trop bien pour être ne serait-ce que blessé. Tant pis...

J'écarquillai mes yeux, et contemplai la scène. Il gisait de tout son long entre trois casseroles et une passoire, sa tenue de smoking légèrement froissée. Lorsqu'il leva les yeux, je pus enfin le reconnaître. Keith Taylor... Il jouait dans l'équipe des Golden Flyers depuis plus d'un an déjà, et à ce qu'il se disait dans les gradins lors des match, il s'était déjà tappé deux filles de l'équipe...
Je poussai un long soupir avant de m'adresser au Serdaigle:

- Je suis désolée Keith, mais je crois que tu n'as vraiment rien à faire ici.

A présent, il avait environ dix secondes pour acquiescer, s'excuser du dérangement occasionné, et déguerpir en vitesse, autrement...
Autrement quoi? Comme si j'allais me mettre à hausser le ton, ou à lui hurler dessus.
Hahaha, il ne me restait plus qu'à prier en mon fort intérieur, à invoquer quelque puissances magiques ou divines pour qu'il s'en aille de son propre chef. J'étais peut-être préfète, mais je n'en demeurais pas moins Tirya, la-fille-avec-le-moins-d'autorité-au-monde...

(Robe):

Spoiler:

(chaussures):

Spoiler:

(loup):

Spoiler:

(Rob... Euh Costume)

Spoiler:

Samer... Lipopette ! Non seulement Keith avait foiré sa mission, mais alors en plus il avait fait un vacarme assourdissant et mis un bordel pas possible dans les cuisines du château. Ce garçon maîtrisait décidément l'art de la discrétion à la perfection. De plus, son avant-bras ayant malencontreusement atterri sur une grande casserole de cuivre, cette dernière le lui paralysa pendant un instant. Damn ! Ces satanés petits ustensiles font décidément ultra mal quand ils veulent ! Se relevant non sans peine, une voix ferme le ramena vivement sur terre.

- Je suis désolée Keith, mais je crois que tu n'as vraiment rien à faire ici.

Oh bah oui ! Cerise sur le gâteau ! Le voilà maintenant chopé par une préfète. Louchant à moitié, Keith chercha des yeux le blason et le visage de celle qui le prit en flagrant délit. Une certaine Tirya Ocounil de Gryffondor, d'après ses vagues souvenirs du bal de l'année dernière. La préfète la moins sévère du collège à ce qu'on disait. Applaudissons donc la chance de ce cher Serdaigle. Arborant un sourire des plus gênés. Le jeune homme ne pouvait s'empêcher de penser à la dernière fois qu'il fut pris la main dans le sac pour une connerie du même genre. Encore moldu et très jeune à l'époque, il avait eu la super idée de donner au chien le reste de la canette de bière qui traînait sur la table. Le pauvre vit le monde tourné autour de lui avant de s'endormir comme une grosse marmotte sur le carrelage du salon. La correction de Maman Taylor fut gravé dans la mémoire du Serdaigle avec un marteau et un burin. Sa fesse gauche s'en souvient encore très nettement.

En espérant que la jolie préfète ne soit pas aussi dure que sa génitrice, il joua la carte du gentleman innocent. Tout dans le regard, le sourire et la punchline. Ah oui bien sûr. Sans oublier l'hypocrisie du discours.

- Les elfes de maisons ne sont pas en cuisines, je m'assurais juste que tout était bien en ordre. C'est dingue ça ! On ne peut jamais leur faire confiance ! Heureusement que nos préfets sont là pour veiller au grain.

Phrase d'accroche plus compliments subtilement insérés, fait. M'enfin, une partie de ses compliments n'étaient pas que pure hypocrisie. La cinquième année, prénommée Tirya, se tenant devant le Serdaigle, était quand même éminemment ravissante dans sa petite robe noire et blanche. Ses talons lui permettaient d'atteindre la grande taille du jeune homme. Elle tenait son loup à la main, lui aussi très bien choisi pour l'occasion. Ses longs cheveux châtains lui tombaient sur l'épaule, lui donnant un air très sexy bien que mature. Keith, quant à lui, avait préféré laisser son masque doré dans son dortoir, n'étant même pas sûr d'aller danser au bal finalement. Le Serdaigle n'était d'ailleurs pas non plus trop mal. Certes pas coiffé, comme à son habitude, mais son smoking ne le grossissait pas trop, et son pantalon ne glissait pas de sa taille vulgairement. Il était un peu en mode "bonjour, je viens juste pour les boissons, au revoir". Si on les avait croisé comme ça par hasard dans le couloir, on aurait pu les prendre pour un vrai petit couple.

Ses petites pensées firent rougir le Serdaigle qui tourna un peu les yeux et regarda la pénombre du couloir, seulement éclairé par quelques torches. Allons bon, il fallait avant tout réussir à se sortir de ce maudit pétrin avant d'éprouver des sentiments quelconques pour la préfète qui pouvait le faire renvoyer de l'école en un claquement de doigts. Il se rappela d'un seul coup qu'un certain bal allait avoir lieu dans quelques heures et que le jeune homme était toujours sans cavalière. Non pas que ça le dérangeait, il s'en fichait un peu. Mais cela pouvait éventuellement lui générer une excuse pour sa présence dans ce couloir. Oubliant totalement sa mission, parce qu'à vrai dire, on l'avait un peu forcé, lui-même n'aurait pas eu une idée aussi débile. Il prit un air très rêveur et dit :

- Je passais juste par là histoire de voir si j'aurais pu croiser une jeune fille sans cavalier à pouvoir inviter. On m'a dit qu'il en restait quelques-unes.

Il espérait du plus profond de son esprit que sa réputation de loveur ne l'avait poursuivi jusque là, à savoir que même les préfets savaient qu'il était sorti avec deux filles de son équipe. Si seulement celle-ci portait un avis neutre sur sa personne, le jeune homme pouvait espérer un petit bout de clémence de sa part...

Je tapotais nerveusement du pied, attendant que Môsieur daigne faire autre chose que de rester là à me contempler de ses yeux bleus. Ne pouvait-il pas déjà se relever? C'était là moindre des choses quant on s'adressait à une personne non?
Et puis comme si je n'avais que ça à faire moi! Non, loin de là, pour une fois que l'on m'attendait dans la Grande Salle. Et pour une fois que j'allait enfin pouvoir profiter de cette stupide fête, je n'avais aucune envie de rester traîner dans les parrages.

Non sérieusement, d'aussi loin que je me souvienne, hormis l'année où j'étais sortie avec James Lornay, qui soit-dit-en-passant prenait soin de ne plus me donner aucun signe de vie depuis qu'il m'avait larguée, il n'y a pas un seul bal auquel j'avais mouru d'envie de me rendre. D'un côté, parce que j'y allais ridiculement seule, même si je m'étais jusque-là toujours débrouillée pour retrouver quelques amis avec qui danser sur place - Dieu merci il me restait tout juste assez de dignité pour m'empêcher de me déhancher seule sur la piste-, et d'un autre côté, parce que toutes ces réceptions qui demandaient plus de deux jours pour se maquiller avaient tôt fait de me gonfler. Déjà petite, quand mon père devait se rendre à des soirées et des vernissages qui regroupaient son ancienne équipe de Quidditch, je m'enfuyais dans les escaliers avec assez de nourriture pour tenir un siège et attendait que tout cela se termine sagement assise devant la télé.

Mais cette soirée-ci avait une saveur toute nouvelle pour moi. Je ne saurais dire si c'était parce que j'étais tout simplement heureuse et enfin bien dans ma peau - non ce n'était sans doute pas ça -, mais je savais comme au fond de moi qu'elle promettait de me rester longtemps en tête. Et pas seulement à cause de l'alcool que l'on allait certainement verser dans le punch, tradition oblige.
Quoiqu'il en soit, ce Serdaigle n'allait nullement pouvoir me pourrir mon bal masqué:

Les elfes de maisons ne sont pas en cuisines, je m'assurais juste que tout était bien en ordre. C'est dingue ça ! On ne peut jamais leur faire confiance ! Heureusement que nos préfets sont là pour veiller au grain.

Je haussai les sourcils en entendant son excuse: il avait encore du boulot niveau barratinage. Me prenait-il réellement pour une débile? Je sentai la moutarde qui me montai lentement au nez - quoi les jeunes ne disent-ils plus ça de nos jours?- et ce n'était jamais bon signe... Ne pouvait-il pas simplement se contenter de déguerpir vite fait au lieu d'essayer de brosser les préfets dans le sens du poil, ou attendait-il que je le félicite?

- Oh, c'est vraiment généreux de ta part dis-moi! Mais comme tu le vois, tout est parfaitement en ordre, ricannais-je, Sauf la demie-douzaine de casserole que tu as fait valsé... Alors si ça ne te pose pas de problème bien entendu, tu serais encore plus adorable si tu pouvais ranger tout ça, et filer en vitesse avant que ça ne me retombe encore dessus.

Oui parce que bien entendu, le moindre incident ce soir relevait entièrement de la responsabilité des préfets. Tâche ingrate.
Keith se tenait à présent devant moi, en train d'épousseter doucement son costar, un sourire bien trop étudié pour être naturel se dessinant lentement sur son visage. Sérieusement, se croyait-il dans une de ces pub moldue pour après-rasage?

Je passais juste par là histoire de voir si j'aurais pu croiser une jeune fille sans cavalier à pouvoir inviter. On m'a dit qu'il en restait quelques-unes.

Je partis d'un rire, car même s'il est vrai que les mecs ne courraient pas derrière moi dans l'espoir de décrocher un rendez-vous, je voyais grosso modo les grandes lignes des techniques de drague foireuses. Qu'espérait-il au juste, que j'oublie tout le bordel qu'il avait foutu et que je me jette dans ses bras en laissant ma voix emporter mon rire dans des aigus jusque-là encore inexplorés? Mouhahaha ce garçon était vraiment mal tombé!

Bref, dans tous les cas mes amis, moi, devaient sans doute être en train de se marrer furieusement sur la piste de dance tandis que j'étais coincée ici avec Taylor. Non, cette altercation, que dis-je ce combat, devait cesser au plus vite... c'était MON bal, celui où tout était censé se dérouler à merveille, celui où j'étais censée danser à en avoir mal aux pieds m'en plaindre le lendemain à Traice, celui où la gourde qui resterait collée à Hadrian toute la soirée devait s'extasier sur ma robe de soirée, celui où mon meilleur ami devait me vanner sur la hauteur de mes chaussures, et celui où je devais siroter pompeusement du champagne le petit doigt en l'air...

- Ah bon? commençais-je en haussant les sourcils, en plus de l'inspection sanitaire des cuisines, et de te taper tes coéquipières de Quidditch, tu gères cette quête-là aussi? Je crois que je n'ai jamais vu un Serdaigle aussi polyvalent dans cette école!

Ok. Je l'avais peut-être dis plus amèrement que je ne l'aurais voulu. Mais, tout le temps que je perdais ici à débattre sur le pourquoi du comment de sa présence, étaient des minutes qui m'étaient enlevée. Et franchement, je commençais à en avoir marre de perdre mon temps:

- Bon écoute Taylor, ce que je te propose, c'est d'aller fissa bouger tes petites fesses près de la Grande Salle où tu trouveras sans doute deux ou trois filles cachées derrière leur masque trop long et leur robe trop courte, qui sans doute meurent d'envie de danser avec toi, ok?
Mais avant tu vas me ranger rapidement tout ça, j'ai autre chose à faire que jouer les babysitter ce soir, et mes amis m'attendent.

Etais-je trop agressive? Rien à faire. Dire que je perdais patience était en réalité un faible euphémisme pour décrire ce qui commençait à bouilloner en moi. Et ma robe était bien trop belle pour être souillée par des traces de sang de petit aiglon désobéissant.

Trop de chance ce Keith ! Vraiment trop de chance ! Bien que la mignonne Tirya avait l'air des plus innocentes jeunes filles de l'extérieur, elle restait quand même une préfète exemplaire avec des griffes de lion à l'intérieur. Aucun des mensonges de Keith ne passèrent et elle restait bien ancrée sur sa position offensive de supérieure hiérarchique. Y'avait pas à dire, elle ne laisserait pas le Serdaigle s'en tirer comme ça, après le bordel qu'il avait fait dans les cuisines.

- Oh, c'est vraiment généreux de ta part dis-moi! Mais comme tu le vois, tout est parfaitement en ordre, dit-elle avec un petit sourire sadique, Sauf la demie-douzaine de casserole que tu as fait valsé... Alors si ça ne te pose pas de problème bien entendu, tu serais encore plus adorable si tu pouvais ranger tout ça, et filer en vitesse avant que ça ne me retombe encore dessus.

Evidemment, pour le coup, on pouvait comparer les préfets à des stagiaires. Ils effectuaient toujours le sale boulot, n'avaient pas grand chose en retour, hormis une gigantesque salle de bains à un des étages, d'après ce qu'on disait, rien que pour eux, avec plein de lavabos et des bulles de partout. Enfin bref, le truc trop stylé quoi. Et bien sûr, lorsqu'il y avait un petit souci d'ordre disciplinaire, la faute leur retombait dessus dans quatre-vingt dix pour cent des cas et ils prenaient de sacrés savons par les professeurs. Les raisons de la jeune Gryffondor de vouloir laisser Keith tout ranger étaient donc justifiées. Elle aurait au moins quelqu'un sur qui rejeter la faute si cet incident revenait aux oreilles de ses supérieurs.

Ne s'avouant pas directement vaincu, Keith tenta quand même une dernière petite technique, dite du "Coucou, je suis seul dans la vie, je n'ai pas d'amis et tu m'as l'air bien sympa et bien mignonne" - Oui, très longue la technique -. Son dernier espoir avant d'abandonner.

- Je passais juste par là histoire de voir si j'aurais pu croiser une jeune fille sans cavalier à pouvoir inviter. On m'a dit qu'il en restait quelques-unes.

A voir la tronche qu'arborait la préfète face au jeune homme, cette astuce était loin d'être élaborée et d'avoir portée ses fruits. Elle haussa les sourcils et le regarda comme s'il la prenait pour une cruche. Ce qui n'était pas vraiment le cas. Il espérait juste se tirer d'affaire, mais à voir les évènements actuels, il s'enfonçait de plus en plus en réalité. Tirya balança, comme en lui fournissant la pelle :

- Ah bon? En plus de l'inspection sanitaire des cuisines, et de te taper tes coéquipières de Quidditch, tu gères cette quête-là aussi? Je crois que je n'ai jamais vu un Serdaigle aussi polyvalent dans cette école !

Vlan ! Un compliment ironique dans la face de Keith. Oui, bon, il fallait avouer qu'il le méritait amplement. Il n'avait pas spécialement la réputation du gars tout timide qui se colle aux murs des couloirs pour que personne ne le remarque. Le Serdaigle était grand, assez imposant, et aimait parler à tout le monde. De plus, on ne peut pas dire que jouer dans une équipe de Quidditch rendait discret. Le petit pic de la préfète fut cependant rapidement rejoint par un sermon de cette dernière, qui commençait à perdre patience. Elle aurait bien aimé pouvoir aller au bal rapidement au lieu de s'occuper d'un élève insolent comme le cinquième année.

- Bon écoute Taylor, ce que je te propose, c'est d'aller fissa bouger tes petites fesses près de la Grande Salle où tu trouveras sans doute deux ou trois filles cachées derrière leur masque trop long et leur robe trop courte, qui sans doute meurent d'envie de danser avec toi, ok?
Mais avant tu vas me ranger rapidement tout ça, j'ai autre chose à faire que jouer les babysitter ce soir, et mes amis m'attendent.

Impossible de savoir si elle était enfin sortie de ses gonds ou non, mais elle avait pour sûr perdu son calme de départ. Le jeune homme ne chercha même plus à essayer de se justifier avec telle ou telle excuse. Sans broncher, il prit les casseroles et autres ustensiles un par un, les épousseta en même temps que son costume et les ramena à leur place initiale, c'est-à-dire dans les cuisines du château. Pendant ce temps, dans son dos, la Gryffondor le regardait faire, en vérifiant qu'il mettait bien chaque chose à sa place. Une fois qu'il eut terminé, il revenu face à la sixième année, et dit tout d'une traite :

- Ça m'apprendra à vouloir jouer les courageux quand ce n'est pas mon rôle. Si tu croises Alex Turner dans votre salle commune, tu lui diras que l'idée du Whisky Pur Feu dans le jus de citrouille était pas la meilleure idée qu'il ait eu. Sinon, merci du conseil, j'vais aller voir si il n'y pas moyen que je ne danse pas seul ce soir, dans le pire des cas, j'ferais juste un passage éclair et je retournerais dormir dans ma salle commune.

Le cinquième année termina son discours par un petit mouvement de la main, un peu comme les militaires, puis tourna les talons en se dirigeant vers la pénombre du couloir, faiblement éclairé par une petite torche qui s'épuisait. Il laissait la préfète en plan devant les cuisines. Of course, il n'espérait pas qu'elle le rattraperait, vu le ton sur lequel elle lui avait demandé de déguerpir...

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