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The shadow knows (Emmy) terminé

 
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 The shadow knows (Emmy) terminé

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Heather Lass


Heather Lass
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Localisation : Un peu d'intimité, c'est possible, oui?!
Date d'inscription : 05/11/2007

Feuille de personnage
Particularités: Irlandaise et fière de l'être & Animagus non déclaré (renard polaire)
Ami(e)s: Les meilleures sont un peu épartillées, mais elles restent : Lyra, Megane, Haley, Lilian, Katie, Gab
Âme soeur: “I am the voice in the wind and the pouring rain, I am the voice of your hunger and pain, I am the voice that always is calling you, I am the voice, I will remain”

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MessageSujet: The shadow knows (Emmy) terminé   The shadow knows (Emmy) terminé Icon_minitimeSam 23 Jan - 17:53

Heather connaissait mal Londres. Ayant grandi en Irlande, les grandes villes dans lesquelles elle avait pu se rendre étaient quasiment toutes irlandaises, puis avec Poudlard elle avait pu connaître un peu l'Écosse, mais quand il s'agissait de l'Angleterre à laquelle elle attachait une certaine rancoeur, elle était beaucoup moins habituée à la parcourir. Elle connaissait le Chemin de Traverse, évidemment, et la maison de Katie, sa meilleure amie, située dans la banlieue lointaine de Londres où les deux jeunes filles avaient passé des vacances. Mais la capitale en elle-même, Heather n'en avait pas beaucoup de notions, aussi s'était-elle embarquée dans cette aventure soulagée d'être en compagnie d'Emmy qui connaissait l'endroit et le chemin. Cela faisait quelque temps que les deux jeunes filles avaient planifié cette soirée : toutes deux un peu étouffées par diverses problématiques (le travail, l'avenir, les relations un peu compliquées, etc) elles avaient décidé de se faire une soirée entre filles, dans un pub, histoire de boire sans doute trop mais de bien s'amuser, et de se changer les idées. Pour changer de Pré-au-Lard, Heather avait demandé à Emmy de lui faire découvrir des endroits sympathiques de Londres puisqu'elle y habitait, et c'était ainsi qu'elles s'étaient retrouvées en plein coeur de la ville en ce début de soirée.

Il faisait un peu humide car il avait plu toute la journée et le ciel était encore couvert, mais l'air était plutôt doux ; rien n'aurait pu, de toute façon, entacher cette soirée qui s'avérait prometteuse. Heather était ravie et expansive ; elle avait l'impression de n'avoir pas été aussi joyeuse depuis un peu trop longtemps, et cela lui faisait du bien. Elle rentra évidemment dans une hystérie folle dès qu'Emmy apparut puisqu'elle avait énormément de choses à se raconter, et SURTOUT ce qui s'était passé avec Chuck... Toute empressée et les yeux rieurs, elle s'empressa de lui demander tous les détails avant de finir sa tirade en disant que non, pas tout de suite, il fallait attendre qu'elles soient bien installées devant leurs verres elles rirent alors et s'engagèrent dans une rue plein de pubs d'où se dégageait de la musique et des rires, des bribes de discussion. Elles avaient décidé de rester dans une quartier moldu, pour une fois. Après avoir commandé deux cidres à la poire, elles s'installèrent et se lancèrent dans une discussion endiablée ponctuée d'éclats de rire et d'exclamations en tous genres.

Heather avait choisi sa tenue avec plaisir, car depuis qu'elle était assistante à Poudlard elle prenait bien garde à s'habiller de sorte à paraître un peu plus... adulte, puisqu'elle n'avait qu'un an de plus que les 7ème année. Ce soir, elle avait mis une jupe courte et taille haute à sequins argentés, une chemise blanche un peu transparente en haut, et surtout ses nouvelles chaussures, des bottines à talons hauts en daim vert foncé, qu'elle rêvait d'essayer depuis qu'elle les avait trouvées à Pré-au-Lard. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas senti l'excitation de s'habiller pour une soirée et elle ne cessait de sourire et d'envoyer des coups d'oeil à la ronde, rien que pour le plaisir. Elle n'avait pas remarqué les quelques regards qui l'avaient suivie dans la rue ou dans le bar et elle s'en était sentie flattée - elle était clairement sensible à ce genre de choses - et bien que le thème de la soirée n'était pas du tout au flirt mais à une bonne soirée entre amies, elle était satisfaite de constater qu'elle faisait toujours son petit effet, ce qui n'était pas forcément évident dans sa vie de tous les jours au milieu des professeurs de Poudlard (et de Dan avec qui les relations étaient tout de même particulières). Heureusement que les choses allaient un peu mieux sur ce plan-là, d'ailleurs ! Elle avait tout raconté à Emmy qui lui dispensa d'ailleurs encore de très bons conseils. C'était drôle de les voir si proches et si bien s'entendre alors qu'elles ne se connaissaient pas intimement non plus depuis trop longtemps, mais le courant était vite et bien passé et Heather retrouvait beaucoup de choses en Emmy qu'elle avait plaisir à partager. Dire qu'elle avait eu le projet secret de lui présenter son frère célibataire car elle était certaine qu'ils s'entendraient bien, il venait, le pauvre, de se faire coiffer au poteau ! Quand elle lui raconta, elles eurent un grand fou rire - ce qui amena Emmy, très maladroite, à faire valser son verre heureusement presque vide.

Là-dessus, la soirée étant déjà bien engagée et les gens globalement bien joyeux, un groupe de garçons engagèrent la discussion avec elles et leur offrirent des verres - elles s'en amusèrent car elles avaient repéré qu'ils les regardaient de temps à autre. Comme ils étaient vraiment sympas, drôles et pas du tout insistants, elles discutèrent avec eux et finirent par accepter, après s'être concertées en cachette, de suivre le groupe des garçons accompagnés de quelques filles à une fête qui se passait chez quelqu'un, deux rues plus loin, en haut d'un immeuble avec un immense balcon. C'est là qu'elles finirent la soirée, à danser et à discuter avec les gens sans pour autant se sentir redevables envers les garçons qui les avaient ramenées ici.

Tard dans la nuit, elles rentraient en tanguant un peu ; le ciel s'était dégagé et on voyait les étoiles mais l'air s'était terriblement refroidi et Heather avait serré sa grosse écharpe autour de son cou et frissonnait tout de même. Elle avait pourtant terriblement envie de regarder les étoiles qui n'avaient jamais, jamais la beauté si spéciale du ciel de chez elle ; mais elle était attirée par le ciel et Emmy dut lui secouer le bras en pouffant de rire pour la faire de nouveau avancer, tout aussi peu droit qu'elle. Pour la faire rire encore, Emmy se lança dans une imitation du Ministre de la Magie qui faisait toujours hurler de rire Heather - rire qui la fit se plier en deux et s'arrêter net quand Emmy, sans prendre garde aux obstacles sur son chemin, venait de se cogner et de rebondir sur la pancarte blanche aux grosses lettres noires qui indiquaient le nom de la rue qui partait à droite : Aprey Gardens. Elles étaient presque arrivées ; tant bien que mal, elles furent en bordure du grand parc où elles voulaient s'installer avant d'attendre un peu et de transplaner en toute sécurité. Elles s'engagèrent sur l'herbe, et partirent un peu plus loin en diagonale vers un banc qui était plutôt éloigné de la route qui bordait le parc. L'herbe était pleine d'eau sous leur pied.

Quelque chose avait changé dans l'air et ni l'une ni l'autre ne riait - était-ce le froid qui tout d'un coup les avait ramenées à la réalité ? Heather sentit un frisson aigu lui parcourir l'échine.


- Emmy... s'entendit-elle dire d'une tout petite voix, Je me sens bizarre, je ne sais pas trop si...

Était-ce l'alcool ? Heather était surprise : oui, elles avaient bu, mais pas non plus à outrance et elles avaient ensuite énormément dansé ; si elles étaient excitées comme des puces c'était aussi en partie parce qu'elles voulaient rire et s'amuser, pas uniquement à cause de leurs boissons respectives. Heather s'arrêta alors, presque arrivée près du banc. Elle se rapprocha instinctivement d'Emmy. Quand elle expira, la vapeur qui sortit de sa bouche fut d'une densité telle qu'elle lui brouilla la vue quelques instants. La température venait de chuter de plus d'une dizaine de degrés, c'était certain.

Mais ce n'était pas le plus désagréable, non, loin de là : le plus désagréable était cette horrible sensation de sentir son coeur tout d'un coup écrasé par une intense tristesse, comme si toutes les heures passées venaient de s'effacer, comme si toutes ses idées noires prenaient possession d'elle, comme si elle ouvrait tout d'un coup les yeux sur le désespoir et le malheur du monde. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et quand elle respira l'air lui trancha les poumons ; elle battit des paupières pour tenter de chasser ses larmes et le désespoir qui les accompagnait.


- Qu'est-ce qui se passe ? Je me sens vraiment mal... Pas toi ?!

C'était une question qui n'en était pas vraiment une : Emmy aussi s'était figée, elle aussi semblait tremblante face à cette oppression inconnue, et Heather s'était tant rapprochée d'elle qu'elles se saisirent le bras au même moment. Ce qui était tapi dans l'ombre avait l'air clairement hostile...


Dernière édition par Heather Lass le Lun 11 Avr - 12:36, édité 1 fois
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Emmy Yeats


Emmy Yeats
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MessageSujet: Re: The shadow knows (Emmy) terminé   The shadow knows (Emmy) terminé Icon_minitimeMar 2 Fév - 22:40

Le silence de la rue était brusqué par les talons d’Heather qui résonnaient sur le goudron, dans un claquement régulier. Au loin, une sirène d’ambulance se perdait dans le murmure de la ville presque endormie. Quelle heure était-il ? Peu importe, pensai-je. L’alcool s’était dilué dans mon sang doucement, tout le long de la soirée, et j’étais à présent plongée dans une agréable euphorie, ponctué de fou rire que me faisait prendre Heather, tout aussi ivre que moi. Je me sentais bien, tout simplement bien. Cette soirée m’avait réchauffé le cœur, tout autant que le cidre qui avait rosi mes joues.

J’avais rejoint Heather après le travail où j’avais dû rester tard, l’esprit embrouillé par un problème qui était tombé au dernier moment et que j’aurais sûrement à résoudre ce week-end, même si je ne travaillais pas. Mais ce soir, peu importe, rien n’aurait pu me distraire, et j’avais été prête à m’amuser en oubliant un peu ces soucis-là. J’avais été un peu bougonne de ne pas pouvoir repasser chez moi avant de sortir, et j’avais dû refaire mon maquillage rapidement dans les toilettes du Ministère, mais tant pis, ce soir je savais que je n’aurais pas à m’inquiéter de ça. L’impatience m’avait gagné depuis le matin, car cela plusieurs jours qu’Heather et moi voulions nous voir sans succès. Il faut dire que nos vies étaient bien remplies. Elle, à Poudlard, avec son travail d’assistante, ses copies à corriger, sa relation à redorer avec Dan – ce qui me ravissait – et moi, avec mon travail, le théâtre, et puis… Chuck, maintenant, plus régulièrement que jamais, et nos soirées s’étiraient à chaque fois car nous ne pouvions jamais nous quitter. Nous étions ensemble depuis seulement une dizaine de jours, mais déjà j’avais remarqué combien je consacrais du temps à lui, parfois sans m’en rendre compte. Combien de fois m’étais-je endormie chez lui par erreur, avant de me réveiller en panique pour aller au boulot, volant un boxer et un tee-shirt qui sentait bon son parfum… Même lorsque je rentrais chez moi, nous parlions souvent tard par message, et j’avais remarqué que je manquais de plus en plus de sommeil, ce qui s’accumulait au stress du Ministère, mais ça m’était égal, parce que j’étais bien trop heureuse pour me restreindre.

Bien vite, la bonne humeur d’Heather avait été contagieuse, surtout qu’elle était impatiente que je lui détaille ce qui s’était passé avec Chuck, et rien que d’y penser, je sentais que je rougissais et devenais un peu plus fébrile. On s’était installé dans un bar dans un quartier que j’aimais bien, près de Covent Garden, et l’ambiance était chaleureuse. On avait commandé à boire, puis bientôt des frites, et on s’était raconté nos anecdotes respectives. Heather était resplendissante, ses longs cheveux en feu qui s’agitaient dès qu’elle riait et balançait sa tête en arrière. C’était étrange, on ne se connaissait que depuis peu, mais j’étais contente de voir que le courant passait aussi bien, et je crois que nous nous étions trouvés au bon moment, au bon endroit, par coïncidence, mais nous avions exactement besoin de ce genre d’amitié. Heather rentrait à peine dans la vie active, mais j’entendais dans ses questionnements un écho à ceux qui naissaient en moi depuis quelques temps, et j’étais contente de me sentir comprise. Et puis il y avait une certaine fraîcheur dans Heather, peut-être était-ce son humour ou sa franchise, mais elle n’y allait pas par quatre chemins quand elle me posait des questions sur Chuck, et ça nous faisait partir en fou rire à chaque fois, surtout que j’étais du genre à piquer un fard rapidement. Ça me faisait du bien, de rire autant, de prendre les choses ainsi.

On s’était ensuite retrouvé dans une autre soirée chez des gens qu’on avait rencontrés, et j’avais été contente que la soirée prenne ce tournant encore plus festif, surtout qu’Heather et moi avions été dans le même état d’esprit. On avait dansé, rigolé, bu un peu plus… C’était étrange, car si je m’amusais très bien, j’avais senti que Chuck était accroché dans un coin de mon esprit, malgré moi. Je n’avais pas envie d’être 24/24h avec lui non plus, je savais qu’il fallait y aller doucement, mais je ne pouvais m’empêcher de penser à lui, parce que notre chanson favorite passait, ou que je renversais mon verre en sachant que ça l’aurait fait rire… Il était partout, dans les moindres détails. Je m’étais demandée ce qu’il faisait, mais bien vite, j’avais chassé cette question, car je crois qu’il devait sortir avec sa bande ce soir et je me doutais qu’il n’était pas en train de boire que du cidre, lui… Mais je n’avais pas voulu y penser, et peut-être qu’Heather avait senti quelque chose, mais elle m’avait traîné sur la piste de danse avec plus d’entrain, et j’avais bien vite oublié mes tracas.

Il était tard à présent, et nous nous étions enfin décidées à rentrer. Mais l’alcool encore présent dans nos veines nous empêchait de transplaner en sécurité, et nous décidâmes de marcher un peu pour s’aérer. Je fumais quelques cigarettes, en traînant à moitié Heather qui avait le nez en l’air. Ma vision était légèrement brouillée, mais je me sentais bien, comme si je flottais, et je tanguais sur mes jambes, riant d’Heather qui se débrouillait comme elle pouvait avec ses talons… Mais je sentis que mes pensées se noircissaient au fur et à mesure que nous approchions du parc où nous voulions nous caller, et je m’en voulais, car je voulais tout sauf gâcher la soirée avec mes inquiétudes… C’était étrange, ce sentiment de peur, de tristesse, me prenait tout à coup, sans que je comprenne vraiment d’où il venait, et j’avais froid, terriblement froid – avais-je trop bu ? – et pourquoi me sentais-je tout à coup aussi fragile…


- Emmy... Je me sens bizarre, je ne sais pas trop si...

Sa voix était lointaine, et si je voulus répondre, je sentais qu’un bloc de glace s’était infiltré dans mes poumons et bloquait ma gorge. Je n’étais même pas paniquée, j’étais… Je n’arrivais pas à ressentir quelque chose de fort, j’eus l’impression que tous mes sentiments s’envolaient petit à petit, est-ce qu’on nous avait refilé un truc dans nos verres, est-ce que je ne pourrais pas lutter ?!, pourquoi tout me donnait envie de pleurer soudainement, sans que je trouve la force de le faire…

- Qu'est-ce qui se passe ? Je me sens vraiment mal... Pas toi ?!

Tout disparait autour de moi, toutes mes pensées s’embrouillaient et s’effaçaient, mes souvenirs, les battements de mon cœur… Tout était froid, épais, flou ; qu’est-ce qui m’arrivait, pourquoi… Pourquoi était-ce si intense, si permanent, cette tristesse se gravait en moi et me fit chanceler, tandis que j’essayais malgré tout de m’accrocher à Heather. J’étais plongée dans un brouillard glacé, mais quelque chose bougea près de nous, dans l’ombre, et je compris sans vraiment comprendre, sentant que je perdais mes moyens, que je n’arrivais même pas à ouvrir ma bouche… Un… Un détraqueur, j’avais compris, je savais, je connaissais le sort, il me semblait, quelque part dans ma tête qui s’emmêlait, je ne savais pas, je ne savais plus… Je n’allais pas y arriver, je n’allais pas… Ma baguette, où était-elle, est-ce qu’Heather avait compris aussi, est-ce qu’elle allait réussir… Je n’allais pas réussir… Si nous ne pouvions pas nous protéger, si Heather était blessée, si nous ne pouvions lutter…

Un moment heureux, un moment heureux, quelque chose… Tout s’envolait et tout m’écrasait en même temps, c’était impossible, je perdais l’équilibre, il fallait que je m’accroche, une pensée, un bonheur, mais aucun souvenir ne venait, tout était si gris, ni froid ; Chuck, pensai-je, Chuck me rend heureuse, pense à lui, mais le souvenir de ses baisers me brisaient le cœur parce qu’il partait lui aussi, loin, dans ses propres limbes, je ne pouvais pas le retenir, tout partait, tout s’emmêlait… Ma famille, rien ne me venait, aucun souvenir, je sentais qu’ils éclataient à l’intérieur de moi sous le poids de cette tristesse infinie, et j’avais envie de vomir, les entrailles complètement remuées… Non, il fallait que je pense à Chuck, Chuck, Chuck, il était là, il ne me laisserait pas, il ne me laisserait pas…


- Sp… Spetro Patronu…m…

Un léger voile s’échappa de ma baguette, mais à quoi bon, pensai-je, à quoi bon, je n’y arrivais pas, je ne pouvais pas, cette tristesse m’empêchait de réfléchir et de respirer, et ma tête allait imploser, je ne pouvais pas, je ne pouvais pas, je ne pouvais pas… Tout disparait… Mes forces me lâchaient, et je voulais abandonner, pourquoi lutter, j’étais si malheureuse, si perdue ; je titubai, glissai, doucement, comme si je tombais enfin endormie, cessant de lutter pour rattraper ce qui s’envolait…
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Heather Lass


Heather Lass
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MessageSujet: Re: The shadow knows (Emmy) terminé   The shadow knows (Emmy) terminé Icon_minitimeDim 14 Fév - 19:20

Il fait froid, se répéta Heather, il fait froid, il fait si froid... Cette pensée tournait en boucle dans sa tête comme pour empêcher le reste de se développer car ce n'était pas seulement le froid qui glaçait ses os, mais ses émotions complètement recroquevillées et endeuillées, comme si on lui avait jeté un sortilège. Un sortilège ? Elle comprit quelques secondes après Emmy ce qui était en train de se passer : c'était donc cela, se retrouver en la présence d'un Détraqueur... Harry lui avait raconté, pourtant, et elle s'était toujours demandé ce que ça pouvait bien faire, ce que ça réveillerait chez elle... Et maintenant...

Maintenant elle se sentait revenue des années en arrière, petite fille terrifiée comme elle l'avait été, cachée derrière ses frères aussi tremblants qu'elle, dans l'étage de leur maison - cette porte toujours fermée entrouverte, les cris et les bruits qui s'en échappaient... Elle entendait presque distinctement la différence des voix, les murmures tantôt suppliants tantôt autoritaires de son père qui cherchait désespérément à apaiser la situation, et la voix complètement instable de sa mère qui se mettait à crier ou retombait en léthargie, ne reconnaissant personne, pas même ses propres enfants... Ce n'était pas tant la peur de cette femme qui resurgissait - la peur de la voir tout d'un coup devant elle, la peur qu'elle cherche à l'étouffer dans son sommeil, la peur qu'elle soit simplement là à la fixer avec ses yeux étranges et vides et quelle s'imagine le pire, la peur de revoir ce visage fou - mais la tristesse qui lui broyait le coeur, la peine d'avoir perdu cette mère qui n'en était plus une, la peine de voir son père seul et triste, la peine d'avoir accueilli le malheur dans leur maison. Heather avait l'impression qu'elle était encore et pour toujours la petite fille d'alors et que rien ni personne ne pourrait la réconforter, empêcher ses pleurs ; elle sentit sa gorge se serrer et les larmes menacer de couler. Elle avait l'impression que tout ce qui l'entourait s'écroulait tout d'un coup - qu'elle ne serait plus jamais une adolescente à Poudlard et que sa vie prenait le mauvais chemin, que tous ses amis se détourneraient d'elle, que ses frères partiraient loin, que tous les bons souvenirs qu'elle pouvait avoir en mémoire s'effaçaient tranquillement les uns après les autres et qu'il lui restait seulement les mauvais comme lot de consolation. Elle se rendit compte, à cause de la brise glacée qui s'intensifiait sur ses joues, qu'elle s'était mise à pleurer et un petit gémissement de détresse s'échappa de ses lèvres. Pourquoi étaient-elles toutes seules ? Pourquoi personne ne venait à leur secours ? Que faisaient ces créatures ici ?!

La jeune fille entendit alors Emmy murmurer :


- Sp… Spetro Patronu…m…

... Oui... Il fallait qu'elles se battent et Heather leva alors faiblement sa baguette, engourdit de toute la tristesse qu'elle ressentait. Elle claquait tant des dents que sa mâchoire lui faisait mal. Un petit nuage argenté éclaira une seconde l'obscurité, mais mourut aussi vite qu'il était apparu.

- Spero...

Elle ne savait même pas à quoi se raccrocher - elle n'avait plus rien. Plus rien du tout : son coeur lui semblait dur et sec et seul contre tout, et les visages auxquels elle voulait penser s'effaçait comme un dessin brutalement gommé. Emmy, contre laquelle elle se tenait, chancela et tomba doucement dans l'herbe humide, dans un bruit étonnamment discret et doux. Heather se sentit abandonnée pour de bon ; son coeur se crispa si fort dans sa poitrine qu'elle poussa un petit cri de douleur et de frayeur.

- Emmy... Emmy ! balbutia-t-elle, suppliant son amie de revenir à elle - mais elle savait que c'était peine perdue. La seconde d'après, elle tombait à genoux à son tour, saisissant le poignet d'Emmy, inanimée.

Au même moment, elle devina dans la pénombre les hauts silhouettes encapuchonnées qui flottaient devant elles... Elle en vit deux... Ils étaient plus proches... Ils ne faisaient aucun bruit, ils glissaient, il avançaient, c'était tout... Ils avançaient vers elle. Alors elle comprit très bien ce qui allait se passait : personne n'arriverait, et aucune des deux filles n'était capable de se battre et de repousser les Détraqueurs. Ils n'avaient plus qu'à se servir... Ils leur feraient leur baiser tristement célèbre, et elles ne sortiraient jamais d'ici.

Sous ses doigts gelés, le poignet d'Emmy était agréablement tiède. Ce petit signe de vie suffit sans doute à Heather d'avoir le sursaut nécessaire ; elle sentit tout son corps se contracter à l'idée de cette fin imminente et, sans s'en rendre compte, se métamorphosa.

Tout de suite, l'odeur de l'herbe fraîche fut plus forte dans ses narines, tout comme les odeurs environnantes de la nature, exacerbées par la rosée de la nuit ; le parfum d'Emmy était très présent également, et elle se glissa contre elle en quête de chaleur. Très vite elle se rendit compte que sous la forme de son Animagus elle possédait une barrière étrange face à la menace des Détraqueurs - ils semblaient moins l'atteindre, comme si l'épais pelage argenté lui offrait un protection supplémentaire... Elle savait à quoi penser pour être heureuse, elle s'imaginait chez elle, l'Irlande, la péninsule, Clifden, sa famille, l'odeur de la maison, la couleur du paysage ; elle voyait Poudlard aussi, sa chaleur, ses odeurs de cheminée... Le terrain de Quidditch, l'odeur de la graisse à bois... Ses repas avec Dan... Elle sauta sur ses petites pattes. Il fallait agir maintenant, tout de suite. Les Détraqueurs semblaient s'être stoppés une seconde dans leur progression - ils devaient sûrement se demander pourquoi tout d'un coup ils ne sentaient plus une de leur proie - et Heather devait en profiter. Elle escalada le corps d'Emmy, toujours immobile, la tête sur le côté, et se mit à la piétiner sur le torse et sur les joues pour essayer de la réveiller - elle frotta son museau contre son visage et lécha sa peau tiède, tout en poussant de petits glapissements dans son oreille. Réveille-toi, réveille-toi... Elle savait pertinemment que toute seule elle ne pourrait pas les sauver mais si Emmy joignait ses forces aux siennes alors elles avaient leur chance... Au loin, un lampadaire brillait... Et si elle s'enfuyait pour chercher de l'aide ? Impossible : les Détraqueurs étaient trop près, ils seraient plus rapides.

Emmy ne bougeait pas. Le temps pressait ; Heather mordilla sa joue. Aucune réaction. Elle vit une de ses griffes briller doucement dans la pénombre. Bon... Fermant les yeux, elle posa sa patte sur l'avant-bras nu d'Emmy, sortit ses griffes et lui entailla la chair tout du long.

Cette fois, le corps d'Emmy eut un sursaut et Heather sauta sur l'occasion : reprenant forme humaine, elle se redressa, agrippant Emmy pour la relever, sa baguette dans la main.

- Réveille-toi, Emmy, aide-moi, on lance le sortilège à deux, on peut y arriver, j'en suis sûre, ça va aller ! Courage ! lança-t-elle alors, luttant de toutes se forces pour garder la chaleur qui était revenue dans son corps et dans son coeur.
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Emmy Yeats


Emmy Yeats
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MessageSujet: Re: The shadow knows (Emmy) terminé   The shadow knows (Emmy) terminé Icon_minitimeVen 26 Fév - 23:54

C’était comme un trou noir qui aspirait tout sur son passage, un aimant gigantesque vers lequel j’étais irrémédiablement attiré, sans pouvoir lutter, sans pouvoir ne serait-ce qu’essayer... Comment est-ce que ça pouvait être aussi fort ? Je ne pouvais pas lutter, et il me semblait que je n’avais jamais pu, je n’étais pas courageuse, pas forte, je n’étais rien, j’étais vide, tout partait, tout s’enfuyait ; l’herbe était glissante et j’abandonnais. Pourquoi s’accrocher après tout, s’accrocher à quoi ? Il n’y avait rien de beau, rien n’allait plus jamais aller, je le savais, pourquoi mentais-je, il n’y avait pas d’espoir auquel se raccrocher… J’avais mal au cœur, la nausée, la tête qui tournait, mais surtout j’étais soudain tellement fatiguée, comme si le poids sur mes épaules était impossible, il me faisait ployer, littéralement, et je tombai sur le sol. Mes jambes étaient cotonneuses, et j’avais l’impression qu’on pressait mon cœur jusqu’à le vider de son sang, j’avais froid, j’avais envie de pleurer mais j’étais trop épuisée. J’avais trop mal. Et la suite ? pensai-je, sentant le noir m’envahir. Peu importe… Je crois que j’aurais préféré disparaitre plutôt que ressentir autant de souffrance.

En sentant mes forces me quitter, j’eus des pensées floues pour ma famille, mais aussi pour Chuck, et je sentis un dernier sursaut, juste avant l’inconscience, un sursaut qui me cria de tenir bon pour lui, parce que je ne pouvais pas l’abandonner moi aussi ; mais c’était moi que j’abandonnais, et, incapable de tenir plus longtemps, je sombrais. Je n’avais plus mal…

…j’avais mal ! Ma peau était en feu, et quelque chose glissait sur elle, épais et chaud…

… Je ne compris pas, la douleur tout à coup, physique, l’ombre sur moi, le tourbillon, Heather qui réapparaissait, son poids contre mon corps, mon avant-bras qui me lançait mais me maintenait soudainement alerte, parce que c’était réel. Heather me releva, et je vis à son visage qu’elle était aussi paniquée que moi, mais alerte, debout, prête. Que s’était-il passé ? J’avais encore froid, jusque dans mes os, mais mon cœur battait à nouveau, et au milieu de cette terreur, je sentis l’adrénaline m’envahir à nouveau, comme un réflexe de survie.


- Réveille-toi, Emmy, aide-moi, on lance le sortilège à deux, on peut y arriver, j'en suis sûre, ça va aller ! Courage !

Elle était là, Heather était là, moi aussi, nous étions vivante, ce n’était pas fini… Courage ! Oui, du courage, parce qu’à deux, nous pouvions le faire… Je chancelai un instant, mais me cramponner à ma baguette et aux mots d’Heather. « On peut y arriver ». Je repensais à notre soirée, à nos rires, à la musique quand on avait dansé, et je pensais à Chuck que j’allais retrouver demain, à son sourire et ses yeux qui se plissaient quand il riait, à ses cheveux bouclés emmêlés sous mes doigts ; je m’y cramponnais, concentrant toute mon attention dessus, sur ces moments, sur la présence de ces gens dans ma vie.

- Spero patronum, lançai-je, le plus clairement possible. Une vague argentée s’échappa de ma baguette. Mais les détraqueurs se rapprochaient, et je savais que ce n’était pas assez, il faudrait plus, mais j’avais à nouveau froid, à nouveau peur… Mais sur mon avant-bras, l’entaille faisait palpiter ma peau, comme le signe de mon cœur qui dans ma poitrine battait toujours. Heather à côté de moi, et je lui lançai un regard l’espace d’une demi-seconde. Elle était là… Nous allions y arriver, il fallait s’accrocher, repousser la peur. Penser à elle, à son rire, à sa chaleur humaine, à tout ce qui nous restait à vivre, à faire ensemble, à notre amitié naissante, à tout le reste, tout le reste qui était beau et qui était réel, malgré ce que les détraqueurs pouvaient me faire croire. C’était réel, j’étais heureuse, il fallait m’y accrocher… Spero patronum !

Cette fois, ce fût un caméléon qui s’échappa de ma baguette, bientôt rejoint par celui d’Heather – ils brillaient tous les deux d’une lumière un peu faible, mais qui firent barrière aux détraqueurs. Je gardai ma baguette levée, restant concentrée, pour tenir, pour ne pas faire disparaître notre dernier espoir, mais la peur était encore là, glaçante, et je sentais que je recommençais à trembler. Concentre-toi, m’ordonnai-je. Pense à Chuck. Pense à lui. A ce qu’il fait… Non ! je sentis que je vacillais légèrement et que mon caméléon se brouillait. Non, pas à ce qu’il fait, non, ne pense pas à ça. Pense à lui, à sa présence, à ses baisers. Pense à la soirée de demain que vous allez passer ensemble, pense à lui, pense à ça…

Il y eut des bruits soudains, puis des éclairs blancs qui me firent pousser un cri avant que je comprenne ce qui se passait. Des renforts ?! D’autres patronus venaient d’apparaître, et des gens couraient sur l’herbe, bientôt nous furent entourer… Epuisée, j’annulai mon sortilège et attrapai le bras d’Heather, m’y cramponnant, sentant que je tremblais à nouveau et qu’elle aussi.

Tout alla très vite, les détraqueurs s’éloignèrent, la chaleur revint, l’emprise qui contractait mon cœur se desserra, et je pus enfin me mettre à respirer. Autour de nous, je l’avais compris, des Aurors venaient d’arriver.


- He… Heather, ça va ? Réussis-je à articuler, alors que je lui tenais encore fermement le bras, encore terrifiée de ce qui venait de se passer. Mais avant qu’elle puisse me répondre, les trois Aurors se pressèrent autour de nous.
- Est-ce que l’une de vous est blessée ? Fût la première question qui fusa.
- Euh, n… non, répondis-je d’une voix tremblante, en regardant Heather, pour m’assurer qu’elle allait bien – physiquement, du moins – avant de réaliser que mon bras était en effet entaillé, mais je ne savais toujours pas comment cela était arrivé.

On fût assise sur l’un des bancs du parc, pendant que l’un des Aurors lançait des sortilèges de protection et semblait vérifier autre chose, mais j’étais trop sonnée pour tout comprendre. A côté de moi, Heather était assise, et je devinais aux gouttes qui perlaient sur son front qu’elle avait des sueurs froides – ma main toujours accrochée à son bras le pressa, dans un geste un peu désespéré. L’adrénaline retombait, et la peur s’envolait, mais il me restait une étrange sensation de panique, d’oppression mais aussi de fatigue. J’avais l’impression d’être passée dans une machine à laver puis d’avoir fait trois grands huit et six trains fantômes à la suite. C’était comme si je n’avais pas dormi depuis une semaine, mais qu’en même temps, j’étais horriblement éveillée, comme si je ne pourrais plus jamais fermer l’œil. J’étais complètement perdue dans ce flot d’émotions. Les Aurors nous parlaient, nous expliquaient qu’il y avait une opération près d’ici, et que les détraqueurs n’avaient pas suivi les consignes, mais que nous étions en sécurité maintenant, que nous allions être transportées à Sainte-Mangouste, que tout allait bien, mais j’avais du mal à me concentrer sur ce qu’ils disaient...

Doucement, je lâchai le bras d’Heather, et je cherchai sa main, la serrant dans la mienne, persuadée qu’au milieu de tout ce brouhaha incohérent, elle était la seule chose tangible.
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Heather Lass


Heather Lass
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MessageSujet: Re: The shadow knows (Emmy) terminé   The shadow knows (Emmy) terminé Icon_minitimeSam 5 Mar - 16:00

Les deux petits animaux argentés et brillants illuminèrent alors la noirceur de la nuit ; quand ils apparurent Heather sentit un espoir intense réchauffer tout son corps et filer le long de ses veines comme un magique. Le caméléon et le cheval bondirent de concert entre les Détraqueurs et elles, comme s'ils n'avaient peur de rien, avant de ternir légèrement - Heather sentit son cœur se crisper - et puis de se disperser dans l'air en une multitude de petites gouttelettes scintillantes, comme une bulle de savon qu'on éclate. Sauf que la jeune fille n'eut pas le temps de s'inquiéter d'avantage : d'autres formes avaient surgi de nulle part, courant, galopant dans l'air et brusquement il y eut un changement d'atmosphère, il se réchauffa sensiblement de plusieurs degrés et Heather sentit quelque chose s'ôter de ses épaules, de ses poumons. D'autres sorciers avaient, par miracle, eu la bonne idée de se trouver dans ce même parc en cette même nuit, et ils les avaient sauvées. Elle se douta qu'ils devaient être Aurors, mais sa première réaction fut d'aspirer une grande goulée d'air frais, assez frais pour lui faire du bien mais plus glacial comme avant, et de s'agripper à Emmy pour s'assurer que tout allait bien, que tout était fini, enfin. Il lui sembla que la légère agitation autour d'elles se passait dans une autre dimension, que cela n'avait plus d'importance ; ses terreurs disparaissaient petit à petit, comme si elle avait fait un saut dans les airs, long et terrifiant, et que son parachute venait de s'ouvrir, au dernier moment. Maintenant, le sol approchait doucement, sous ses pieds, et son coeur pulsait lentement mais très fort, pour retrouver un rythme normal, l'assourdissant légèrement mais l'englobant d'un brouillard dense et réconfortant.

- He… Heather, ça va ?

La voix d'Emmy lui parvint de loin, et elle sentit qu'elle n'était pas encore en mesure de répondre. Sa gorge était un peu nouée, sèche, et l'air dans ses poumons n'était pas encore suffisant pour qu'elle retrouve la totalité de ses esprits. C'était étrange comme sa métamorphose lui avait fait garder la tête froide, malgré tout ; maintenant que l'assaut était passé elle avait l'impression de n'être qu'un pantin inarticulé qui peinait à suivre, à se réveiller. Quelque chose de similaire reliait cet instant à l'attaque de Poudlard qu'elle avait subie, plusieurs années en arrière. Une sorte de lassitude et d'émerveillement d'être saine et sauve, une terreur trop intense sur le moment pour être pleinement comprise et l'écho qui, ensuite, subsistait. Elle avait envie de comprendre aussi, et d'être ailleurs, loin de cet endroit, de retrouver l'atmosphère chaleureuse d'un pub ou bien la quiétude de sa chambre, en Irlande, mais pas cette nuit sombre et tout d'un coup hostile, ni l'air humide et le noir intense qui les enveloppait. Elle se fit la réflexion que seule, l'une comme l'autre, n'aurait pas survécu ; si elle était soulagée d'avoir été accompagnée dans cette galère, elle était tout de même doublement inquiète.

- Est-ce que l’une de vous est blessée ? demanda tout d'un coup l'un des Aurors, surgissant du noir. Il avait les yeux très gris et très clairs, mais trop petits pour son visage, marqué par le temps, qui lui donnait un petit air de rongeur. Heather fit non de la tête, tandis qu'Emmy répondait de son côté.

Elles furent conduites près du banc le plus proche, et Heather sentit que s'assoir lui ferait du bien. Petit à petit, elle parvenait à reprendre ses esprits et à faire du tri dans toutes les informations qui semblaient se vouloir coaguler dans son cerveau sans aucune logique ; elle sentit alors qu'elle frissonnait, que les sensations physiques revenaient, que tout revenait dans les rails, que la vie reprenait son cours. Son regard était plus nette, ses pensées plus vives et moins guidées par la crainte, et quand elle vit le bras d'Emmy recouvert de rouge sombre, un quart de seconde suffit à lui faire mesurer l'ampleur du danger. Sans doute que si l'on découvrait son pouvoir de métamorphose en de telles circonstances la chose serait un peu atténuée, mais il ne valait mieux pas, et il fallait absolument qu'Emmy comprenne qu'elle ne devait rien dire - bien qu'Heather n'était pas certaine qu'elle se soit rendue compte de quelque chose. Deux Aurors discutaient à présent avec elle, les rassurant, leur racontant pourquoi des Détraqueurs étaient là, etc. L'autre homme était beaucoup plus jovial et chaleureux, et son sourire communicatif.

La main d'Emmy vint alors serrer la sienne et elle lui rendit son étreinte, lui communiquant toute l'énergie et le soutien qu'elle pouvait lui apporter.

Les deux Aurors demandèrent si elles se sentaient de voyager jusqu'à Sainte Mangouste, et devant le regard dubitatif d'Heather - elles n'étaient pas du tout en état de transplaner ?! - ils les rassurèrent tout de suite : une équipe viendrait les chercher en balai, et elle se sentit rassurée à cette idée. L'air frais et les sensations du vol lui donnaient envie, pour s'échapper d'ici et retrouver de bonnes sensations.


- Il ne faut pas qu'ils sachent... murmura-t-elle à l'oreille d'Emmy entre deux discussions, mais les Aurors ne les quittaient pas, et le reste de l'équipe arrivait par les airs, se posant dans l'herbe humide à quelques mètres du banc. Le premier Auror venait de demander à Emmy comment elle s'était fait « griffer » de la sorte, et Heather avait tenté de sonder le terrain, mais son amie ne semblait pas comprendre ce qui s'était passé réellement.

Elles n'eurent pas le temps de discuter d'avantage et montèrent chacune derrière un sorcier, puis s'envolèrent vers l'hôpital. Heather aurait voulu que le voyage dure encore et encore ; l'Auror conduisait son balai avec souplesse et l'air frais lui picotait agréablement la peau, tandis qu'elle était serrée contre son dos, bien calée et à l'abri, laissant son regard dériver sur les lumières de Londres vues de haut, la Tamise qui serpentait doucement, grise comme la nuit, les petites lueurs qui bougeaient ça et là, les monuments dressés placidement dans le plus profond de la nuit. Cette vision était étonnamment sereine et elle était partagée entre fermer les yeux et se laisser bercer ou bien ne rien perdre une muette du paysage, mais elle se sentait si épuisée...

Heureusement ils arrivèrent à temps, avant qu'elle s'endorme, et pénétrèrent dans l'enceinte de Sante-Mangouste. Tout de suite, une équipe s'empressa de les prendre en charge, et tout se passa si vite qu'Heather eut l'impression de ne pas comprendre comment elle s'était retrouvée dans une chambre à deux lits, avec Emmy, entourée de deux infirmières qui vérifiaient si tout allait bien, son pouls, sa température etc, et qui leur concoctaient déjà quelques potions.

- Nous avons prévenue votre famille, Miss Yeats, et vous Miss Lass, nous avons prévenu Sara Wayland et...

- Oui, je préviendrais ma famille demain, sinon ça va être le branle-bas de combat, conclut Heather avec un sourire.

Sara Wayland ?! C'était inattendu mais quelque part, vraiment rassurant ; Sara Wayland était plus que sa patronne maintenant, et elle n'avait vraiment rien contre sa présence maternelle et solaire. Un Auror revint alors leur poser des questions et un compte-rendu détaillé de ce qui s'était passé, pour le rapport, et elles s'y lancèrent consciencieusement mais Heather se sentait de plus en plus mal à l'aise devant le bras bandé d'Emmy, et quand il lui posa la question directement pour savoir comment elle pensait que ça lui était arrivé, Heather lança un regard bref à son amie, espérant de toutes se forces qu'elle trouve quelque chose qui dissiperait une fois pour toutes toutes les questions.
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Emmy Yeats


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MessageSujet: Re: The shadow knows (Emmy) terminé   The shadow knows (Emmy) terminé Icon_minitimeDim 13 Mar - 18:40

J’essayais de me concentrer sur le début de la soirée, sur nos rires, le cidre, la soirée chez les garçons qu’on avait rencontrés, pour m’accrocher à cette sensation d’euphorie qui m’avait prise… Mais les souvenirs glissaient entre mes doigts engourdis par le froid, comme de l’eau que j’étais incapable d’attraper. Comment une si bonne soirée avait-elle pu tourner ainsi ? Je me souvenais des cours que nous avions eus sur les détraqueurs, ils avaient toujours eu l’air terrifiant mais lointains, et je n’aurais jamais imaginé me retrouver un jour face à eux. Je me rappelais aussi des patronus que j’avais fait en cours, où je m’étais entraînée, et combien il était plus simple de les faire apparaître quand tout allait bien, mais devant une telle réalité, je me sentais comme remise à ma place, complètement chamboulée. Les détraqueurs étaient encore pire que tout ce que j’avais imaginé à leur sujet… Je serrais la main d’Heather dans la mienne, sentant que si je n’avais pas été épuisée, j’aurais pu fondre en larmes. Ce qui me frustrait le plus sûrement, c’était cette sensation de ne pas pouvoir me raccrocher au présent. C’était fini, pas vrai ? Pourtant, mes pensées tournaient toujours dans ma tête sans que je puisse les calmer et les ordonner, j’avais envie de dormir pour tout faire partir mais c’était comme si j’avais bu trop de cafés, et que j’étais remplie d’électricité, éveillée, alerte, et perdue. J’essayais de me concentrer, surtout après qu’Heather me murmure quelque chose à propos de ma blessure, et qu’il me revienne en tête ce qui s’était passé. C’était flou, confus, et je n’arrivais pas à identifier ce que j’avais vu. Heather avait comme disparu, puis réapparu, mais j’avais mal vu… Et cette blessure ! Maintenant que j’y repensais, c’était comme si la douleur se réveillait, et mon bras me piquait, l’entaille saignant encore par endroit. Qu’est-ce qui s’était passé ?...

Mais je savais que ce n’était pas le moment de poser des questions. Mon cœur paniqua un peu quand je fus séparer d’Heather, car je ne m’en sentais pas prête, mais je n’avais pas le choix. Je me pelotonnais à l’arrière du balai, fixant sous mes yeux Londres qui défilait, ses lumières perçant la nuit qui m’avait paru bien noir il y a quelques instants. J’eus une pensée pour Chuck, malgré moi, en regardant les lumières des rues et des immeubles : où était-il, à cette heure-là, et que faisait-il ? La nuit m’avait toujours fait penser à lui, car c’était le moment de la journée qui nous appartenait, mais maintenant, je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter un peu, à le savoir dehors, sous l’emprise de tout ce qu’il prenait en soirée pour oublier et s’exploser la tête… Je fermais les yeux forts, mes paupières vibrant presque. Je ne voulais pas penser à ça. Pas maintenant. Je n’étais pas en état.

Je fus soulagée d’enfin arriver à Sainte-Mangouste, car le vol en balai m’avait un peu donné la nausée – ou était-ce mes pensées noires ? – et dès que je fus assise sur un lit dont les draps sentaient bons, je sentis mon cœur se réchauffer un peu.


- Nous avons prévenue votre famille, Miss Yeats, et vous Miss Lass, nous avons prévenu Sara Wayland et...
- Oui, je préviendrais ma famille demain, sinon ça va être le branle-bas de combat.


J’eus un petit sourire, et me sentit encore plus soulagée à l’idée que mes parents arrivent bientôt. Les infirmières s’affairaient autour de nous, et l’une me demanda à nouveau comment je m’étais blessée le bras. Mon regard croisa celui d’Heather, qui semblait anxieux. Je fronçai un peu les sourcils, et expliquai que le garçon qui nous avait invité chez lui avait un… furet ( ?) qui m’avait griffé. Il me fallut tellement d’effort pour construire la réponse, tant j’étais épuisée, que l’infirmière n’insista pas, et confirma qu’il s’agissait d’une griffure animal. Je jetai un nouveau coup d’œil à Heather, sans comprendre ce qui s’était vraiment passée… Mais je n’eus pas le temps de m’inquiéter plus, car la porte s’ouvrit, et la seconde d’après, Ezra – les parents l’avaient appelé ?! - était à côté de moi, me serrant dans ses bras tandis que l’infirmière lui demandait de faire attention. Son odeur familière me rassura, et je jetai un coup d’œil par la porte entrouverte par laquelle je vis mes parents qui discutaient avec l’un des aurors.

- Tu vas bien ?! Avant que je puisse répondre, il se tournait déjà vers Heather. Et toi ?!

Mais à nouveau, nous fûmes interrompus par mes parents qui rentraient d’un pas pressé dans ma chambre. Mon père commença à poser des questions à l’infirmière, ma mère à me couvrir de ses regards inquiets avant de se tourner vers Heather et de déployer son amour maternelle sur elle, s’inquiétant de comment elle se sentait, de si quelqu’un allait venir la chercher, si elle voulait dormir à la maison. Si je n’avais pas été aussi fatiguée, j’aurais sûrement éclaté de rire. D’une oreille distraite, j’entendais mon père prendre note des instructions qu’on lui donnait pour que je reprenne des forces, les médicaments conseillés, le sommeil, du repos, etc. L’un des guériseurs expliqua à Heather et moi que si nous nous nous ne sentions pas mieux dimanche soir, il pourrait nous faire un arrêt de travail pour lundi. J’hochai la tête, presque incapable d’imprimer tout clairement dans mon esprit. Heureusement, Papa et Ezra écoutaient avec attention. Puis, alors que j’allais dire quelques mots à Heather, la porte s’ouvrit à nouveau à la volée, et un garçon immense avec des épaules aussi larges que l’embrasure rentra dans la pièce, courant à moitié vers Heather – Daniel ! compris-je alors. J’eus un sourire qu’Heather ne put pas voir, parce que Dan était déjà en train de la prendre dans les bras, de parler avec l’infirmière, comme s’il était monté sur ressort, inquiet, et mon sourire s’agrandit encore plus. Sara Wayland rentra aussi dans la pièce, et je me dis avec soulagement que nous n’étions pas seules, et que malgré cette mésaventure, nous étions à présent en sécurité.
(Terminé)
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