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Scraping the skies with our fingertips #Chuby2

 
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 Scraping the skies with our fingertips #Chuby2

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



Féminin
Nombre de messages : 2205
Localisation : Cachée.
Date d'inscription : 03/09/2011

Feuille de personnage
Particularités: « and from the rain comes a river running wild that will create an empire for you. »
Ami(e)s: Lizlor; « Maybe home is nothing but two arms holding you tight when you’re at your worst. »
Âme soeur: « Lover, when you don't lay with me I'm a huntress for a husband lost at sea. »

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MessageSujet: Scraping the skies with our fingertips #Chuby2   Scraping the skies with our fingertips #Chuby2 Icon_minitimeMar 8 Jan - 17:21

https://www.youtube.com/watch?v=Y1DHYnsv6Gc

But it's always two steps backwards
Too much gravity to feel the highs
And all these plans I've been chasing
Getting caught up and wasted

I don't know where the money goes
I get broke as the city glows
Shines bright as I sink down low
Down low

But I've got plans to get to you
You know, don't you know
Gonna build a paper plane to float to you
You know, don't you know

We'll be scraping the skies with our fingertips
Screaming "This is the life, we were born for this"
See I've got plans to get to you
You know, don't you know
Don't you know
Don't you know
Don't you know







Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « A quoi penses-tu ? »

« L’appartement d’Ewan est rempli de cartons. Il s’en va. Il m’abandonne. Je ne peux rien faire. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « A quoi penses-tu ? »

« Je suis derrière la porte, l’oreille contre la serrure, pour entendre les voix qui proviennent du salon. Je sais qu’ils viennent me chercher. Je ne me souviens pas quel âge j’ai. Je crois que j’ai presque neuf ans, mais je ne suis pas sûre. Je suis chez les Dormer. L’assistante sociale vient me chercher, je vais changer de famille d’accueil. Ils discutent de mon cas. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« Il y a une odeur épicée qui provient de la cuisine des Dormer, je la sens depuis ma chambre, mais je n’ai pas faim. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai mangé. Je n’aime plus manger. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « A quoi penses-tu ? »

« Ma mère cuisinait, avant. Je me revois dans la cuisine avec elle, et les gâteaux qu’elle faisait, quand elle rentrait du travail, avant que mon père ne rentre. Je préfère les moments comme ça, où nous sommes toutes les deux. Je n’aime pas quand mon père est là. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« Je n’aime pas quand mon père est là. Je ne sais pas pourquoi. Pourtant c’est mon père, et je l’aimais. Il était gentil avec moi. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « A quoi penses-tu ? »

« Les Dormer aussi étaient gentils avec moi, comme les Martin. Mais je dois encore partir. Ils ne veulent plus m’accueillir. Ça me fait tout drôle. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« J’ai envie de rire. C’est ridicule, toute cette histoire. Ils n’ont qu’à me laisser sur un coin de trottoir avec les objets pour la déchetterie. Dylan a dit que c’était là que les enfants comme nous finissaient, de toute façon. Surtout les filles. Je ne sais pas ce que ça veut dire. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Que ressens-tu ? »

« En fait, je n’ai pas envie de rire. J’ai envie de crier. J’ai envie de casser les choses autour de moi. Je sais que les Dormer n’aiment pas ça. Les Martin n’aimaient pas ça non plus, c’est pour ça qu’ils ne voulaient plus de moi chez eux. Ils préfèrent quand je suis silencieuse. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« On me demande toujours de parler, les médecins s’inquiètent que je sois si muette, mais personne ne veut m’écouter. On veut juste me donner des médicaments pour que je sois heureuse. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« Il y a quelque chose de bizarre en moi. J’ai envie d’exploser, mais je n’y arrive pas. Alors j’ai envie de crier, j’ai envie de briser les choses, parce que je peux le faire, je peux briser les choses, mais je ne peux pas me briser moi. Ça au moins, je peux le contrôler. Je suis en colère. Je crois, je ne sais pas. Il y autre chose. Je n’arrive pas à savoir quoi. J’ai envie de pleurer. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« Je ne suis pas en colère, je me sens coupable. C’est ma faute si je dois partir. Je suis une mauvaise enfant, je ne me comporte pas bien. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« C’est ma faute, c’est toujours ma faute. C’est ce que Maman m’avait dit. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« En fait, j’ai peur. J’ai peur qu’elle ait raison. J’ai peur de mon père. C’est pour ça que je préfère quand il n’est pas là. J’étais trop petite pour comprendre mais il y avait quelque chose de bizarre et je le savais. Maintenant, il n’est plus là, mais son souvenir me fait encore peur. Et j’ai peur de ce qu’il a fait. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Concentre-toi sur ça. »

« Je n’y arrive pas. »

Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite. « Ruby, qu’est-ce que tu ressentais à ce moment-là ? »

« Je… Je suis tellement petite. Je ne suis qu’une enfant. Et j’ai peur de ne plus jamais pouvoir être moi. J’ai peur que tout le monde m’abandonne, comme les Martin, comme les Dormer, j’ai peur qu’on m’abandonne avec les objets pour la déchetterie, j’ai peur qu’on ne m’aime plus jamais. J’ai peur de ne plus jamais être en sécurité, de jamais plus pouvoir rien contrôler. Je ne me souviens pas la dernière fois que je me suis sentie en sécurité. Je crois que je suis terrifiée. »



***



En sortant de ma session avec le Dr Laurens, je m’enfuis dans chambre, maudissant l’interdiction de fermer ma porte, et je me laissai tomber dans le lit, le cœur lourd. Mes jambes tremblaient légèrement malgré moi, et je fermai très fort mes paupières, essayant de me concentrer sur le noir, simplement le noir, aucune des images. Etrangement, je ne me sentais pas anxieuse, simplement vidée, exténuée… Et vulnérable. Si j’avais refusé de prendre des médicaments pour l’instant, nous avions décidé de commencer la thérapie EMDR dont nous avions discuté ; pendant une heure, je suivais des yeux les doigts du Dr Laurens, qui allaient de gauche à droite, ramollissant presque mon cerveau, répondant à ses questions, fouillant dans des endroits dont j’ignorais même l’existence, dans des souvenirs qui me paraissaient presque appartenir à quelqu’un d’autre. Je descendais sous les couches de souvenirs et d’émotions contradictoires, et j’étais toujours surprise de ce que je trouvais, tout au fond, et des associations que faisaient mon cerveau.

Je ne me souvenais pas avoir peur de mon père, petite. Je croyais avoir eu une enfance plutôt heureuse jusqu’à mes six ans et demi. Je ne pensais presque jamais à mes familles d’accueil, croyant que ce n’était plus important, que j’étais passée à autre chose. Mais j’avais simplement effacé toutes ces choses de mémoire. Ou plutôt, je les avais rangés profondément, et elles revenaient me hanter tout doucement, sans que je ne puisse les contrôler.

Toujours remuée, je décidai tout de même à me lever pour aller dans la salle commune. Il était bientôt 15h, et j’avais prévu de cuisiner, mais surtout de proposer à Chuck de se joindre à moi. Il n’était au centre que depuis dix jours, et il avait été si fatigué qu’il n’avait pas eu beaucoup l’occasion de faire autre chose que dormir et essayer de manger. Ça, et ses visites constantes à l’hôpital. J’avais fini par voir des traces dans le creux de son bras, et je me doutais que son corps devait être complètement épuisé du rythme et des substances que Chuck lui avait infligé pendant des mois. Mais malgré tout, Chuck était encore au centre, et j’étais heureuse de sa présence.

Je le trouvai dans la salle commune, où je l’avais laissé avant de partir pour ma session de thérapie. Il était installé dans le canapé, les yeux un peu dans le vague, à peine concentré sur la télévision qui était allumée. C’était Violette qui la regardait, et elle choisissait toujours des programmes que personne n’appréciait – elle m’avait traité d’ennuyeuse, un jour où j’avais demandé à regarder un documentaire sur la BBC qui portait sur les phoques. Je m’approchai de Chuck, ignorant le regard curieux de Violette, et lui caressai doucement le bras pour attirer son attention. Lorsqu’il me regarda, je me sentis sourire.


- Tu veux venir cuisiner avec moi ?

Dans la cuisine, Lana et Seb étaient en train de râper des carottes sous le regard affectueux mais concentré de l’un de nos encadrants. Je nous installai un peu plus loin, sur l’un des plans de travail, et récupérai tous les ingrédients nécessaires pour faire le dessert de ce soir. J’avais proposé une salade de fruit, un brownie, et un cheesecake, et comme nous étions une vingtaine, nous devions faire chaque recette en double. J’étais habituellement plus douée pour cuisiner du salé, et la pâtisserie étant plutôt la spécialité de Lizlor, mais je songeai avec un pincement au cœur que je pourrais peut-être lui faire honneur.

- Je voulais faire du brownie, du cheesecake, et une salade de fruits. Je n'ai qu'à utiliser un sortilège pour lancer le découpage de fruits, ça ira plus vite, et on fait la pâtisserie à la main, non ?

C’était étrangement plus thérapeutique de faire certaines choses à la main, mais vu la masse de pommes, poires et fraises que nous devions couper, un peu de magie ne serait pas refus. Je n’avais pas non plus envie de sentir le regard insistant de Pippa, l’encadrante, si je maniais un couteau. L’une des premières fois où j’avais cuisiné ici, j’avais tenté d’en subtiliser un, mais elle m’avait pris la main dans le sac, et je me sentais encore honteuse, comme une enfant prise sur les faits. J’agitai donc ma baguette, et le couteau commença à peler et découper les pommes, animé d’une main invisible, coupant des morceaux parfaitement égaux. J'eus un petit sourire triste. Maniaque, jusque dans ma magie, n’est-ce pas ?

- J’ai recopié les recettes, ça sera plus simple à suivre, dis-je, accrochant au mur deux morceaux de papier. On a qu’à commencer par le cheesecake.

Mais alors que je réunissais les ingrédients, une angoisse inattendue monta en moi, dont j’ignorai la provenance, mais je me crispai tout à coup, le cœur s’emballant, le souffle presque court. Il me fallut quelques secondes pour comprendre que c’était l’odeur de la cannelle, que j’utilisais toujours pour la croûte du cheesecake, qui avait déclenché une telle bouffée d’angoisse. J’associais la cannelle à Lizlor, mais son parfum m’avait toujours crispé sans que je puisse complètement l’expliquer. Puis, tout à coup, je repensai à ma session de thérapie, et quelque chose me percuta, m’immobilisant à nouveau. Mais oui… Bien sûr. L’odeur épicée qui provenait de la cuisine des Dormer, ce jour où j’étais parti de chez eux. C’était de la cannelle. J’avais tellement effacé ce souvenir de ma mémoire que j’avais complètement oublié… Je secouai la tête, et alignai bien droit tous les éléments sur le plan de travail.

- Tiens, tu peux casser les œufs, mais pas de coquille dedans, hein ? Repris-je, comme si de rien était, et de mon ton à la fois maternel et un peu je-sais-tout. J’eus un petit sourire. J’avais une impression de déjà-vu. La cuisine, c’est un peu comme les potions, et avec tous les cours particuliers que je t’ai donnés, tu devrais exceller ! Plaisantai-je.

Je n’avais pas oublié ce jour-là, où Chuck avait eu ses résultats d’ASPIC, et avait fondu sur moi dans un couloir en criant à moitié, pour m’annoncer qu’il avait réussi à décrocher un Acceptable en Potions. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais vu d’où nous étions partis, c’était presque inespéré.


- C’est drôle de se souvenir de tout ça, ça me parait tellement lointain maintenant. Je me souviens de cette fois-là où je t’avais dit que je ne buvais plus… J’eus un petit rire amer. Et je te questionnais sur tes problèmes avec Taylord, et tu me cuisinais sur ma nouvelle relation avec Ewan… Je me tus un instant, le cœur lourd. Je ne prononçai plus son prénom à voix haute depuis longtemps, et son visage apparût devant moi, le creux entre ses sourcils, ses yeux délavés. Parfois, j’ai l’impression que j’ai rêvé cette vie d’avant, dis-je, presque plus pour moi-même que pour Chuck.
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Chuck Carlton


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MessageSujet: Re: Scraping the skies with our fingertips #Chuby2   Scraping the skies with our fingertips #Chuby2 Icon_minitimeVen 11 Jan - 15:57

J’avais de plus en plus l’impression que quand tout se cassait la gueule, on devenait absolument tout ce qu’on avait détesté. J’étais vautré devant la télé comme une loque, et les images qui défilaient devant moi n’avait aucun sens parce que je ne me concentrai même pas pour les comprendre, mais je ne les quittais pas des yeux. Mon cerveau était hypnotisé et ça me faisait du bien, plus besoin de penser à rien, rien du tout. Mais voilà que j’étais devenu comme ma mère, une espèce de tas informe sur un canapé devant une télé qui braillait toute la journée, une vie de merde, un avenir de merde. Bien joué, non ? Mais je n’étais capable de rien d’autre. J’avais l’impression d’être arrivé au centre depuis une éternité, alors que ça faisait seulement dix jours. Sauf qu’en dix jours j’avais passé plus d’heures à l’hosto, chez le psy, chez le médecin que dans toute ma vie, et que du coup le temps se condensait étrangement, me donnant l’impression que j’avais arrêté de me droguer depuis dix bonnes années. Parfois j’y pensais comme si c’était hier, parfois j’avais l’impression d’avoir la nostalgie d’un ancien toxico qui repense à sa jeunesse. Dans un cas comme dans l’autre, je finissais toujours par en avoir envie, d’ailleurs. Je croquai plus fort dans le bâton de ma sucette, finie depuis deux heures au moins, il céda d’un coup, je l’avais trop mordillé. Victoria me jeta un coup d’œil passablement énervé à cause du bruit et je me demandai une nouvelle fois ce qui l’avait poussé à être aussi aigrie, parce qu’à part ça elle était plutôt mignonne. C’est à ce moment-là que Ruby se pointa, et j’étais tellement dans le gaz que je sursautai quand elle me toucha le bras.

- Tu veux venir cuisiner avec moi ?

Oui, évidemment. Son sourire me fit sourire. J’avais envie de poser ma tête contre elle et de m’endormir tout d’un coup. L’idée de cuisine ne me chauffait pas spécialement – de toute façon rien ne me chauffait – mais par contre l’idée de passer du temps avec elle, ça oui, et je hochai la tête sans hésiter une seconde. Ce qui me fit un peu mal, j’avais une migraine latente. Idiot. Je me redressai en prenant mon temps et la suivis.

Ma vie ne se résumait plus qu’à ça maintenant de toute façon : dormir, manger, dormir, Sainte-Mangouste, manger, le psy, Ruby, manger, Ruby, dormir. 7 jours sur 7. Inutile de préciser que Ruby était la partie la plus agréable du tableau. Sans elle j’aurais carrément sombré dans une dépression sans bornes, j’en étais persuadé, parce que je ne supportais plus les médecins et les psys qui me tournaient autour et me rappelaient sans cesse que mes conneries avaient fait de mon corps un tel chantier qu’il peinait à redémarrer, malgré tous les efforts qu’on employait. Les gros malins : pas besoin de me le dire, hein. Tout me coûtait, chaque geste, parler, manger, je n’avais plus d’énergie, plus de résistance, plus de défenses. L’héroïne avait tout arraché sur son passage, comme une tornade, il restait à peine quelques murs et quelques piquets dans les champs, rien de plus. Le seul point positif c’était qu’avec tout ça, même mon cerveau était au ralenti, et la majorité du temps je ne pensais à rien donc je ne ressentais rien. Autrement dit, le calme avant la tempête. Parce que je me rendais bien compte que quand ça allait particulièrement mal ou quand je me réveillais tout seul dans mon lit au milieu de la nuit, tout était là, prêt à exploser et à me rattraper. Mais je ne pouvais pas y penser maintenant.


- Je voulais faire du brownie, du cheesecake, et une salade de fruits. Je n'ai qu'à utiliser un sortilège pour lancer le découpage de fruits, ça ira plus vite, et on fait la pâtisserie à la main, non ?

Je ne savais pas trop comment, mais elle arrivait toujours à me donner un peu d’entrain. Je m’assis à côté d’elle, attendant sagement ses ordres.

- Oui, oui. De toute façon je n’utilisais pas ma baguette, vu mon état, c’était préférable. Même de ce côté-là j’étais handicapé… D’accord.

Ça me rappelait Poudlard, évidemment. Ruby était un peu le dernier petit fil qui me rattachait au Chuck d’avant, et à tout ce qu’il y avait de mieux avant. Je la regardai agiter sa baguette pour couper les fruits – si j’avais fait la même chose j’aurais probablement égorgé quelques personnes au passage – en me demandant si c’était vraiment pour ne pas utiliser ses mains ou plutôt pour ne pas toucher le couteau. Ça n’échappait à personne, cette histoire, et surtout pas à moi. Mais je lui laissais pour l’instant ses secrets, respectant le fait qu’elle me laissait les miens. Je faillis me moquer d’elle en contemplant ses morceaux parfaits de Miss Parfaite, mais les mots se bloquèrent dans ma bouche. Il ne nous restait rien de parfait. Au lieu de ça je me rapprochai un peu d’elle et posai un quart de seconde ma tête sur son épaule alors qu’elle me passait des ingrédients. Ce n’était pas de ma faute : de tout le monde qui gravitait autour de moi, jusqu’à Angie, Ruby était celle qui me donnait le plus envie de contact physique réchauffant et rassurant, parfois je me disais que je la collais comme un toutou et que c’était ridicule, et le reste du temps je m’en foutais pas mal.

- J’ai recopié les recettes, ça sera plus simple à suivre. On a qu’à commencer par le cheesecake.

L’odeur de la cannelle me chatouilla le nez et me fit éternuer une fois, puis deux, et je m’écartai tout de suite du plan de travail. Ruby était tellement dinguo de la propreté qu’elle allait criser et je préférais éviter ; je me rendis compte en plus en enlevant mes mains de mon visage que je saignais du nez. Comme un jour sur deux, évidemment. La coke m’avait défoncé toute la paroi nasale. Ruby avait l’air un peu chelou, du coup je partis vite, ne voulant pas la mettre encore plus mal à l’aise.

- Je reviens, soupirai-je. J’étais habitué, et j’avais juste à aller chercher un coton magique à l’infirmerie qui arrêtait l’hémorragie. C’est rien !

Je me dépêchai de faire le trajet, ignorant au passage les quelques regards interrogateurs des personnes que je croisais. Mêlez-vous de vos affaires.

- Tiens, tu peux casser les œufs, mais pas de coquille dedans, hein ? La cuisine, c’est un peu comme les potions, et avec tous les cours particuliers que je t’ai donnés, tu devrais exceller ! C’est drôle de se souvenir de tout ça, ça me parait tellement lointain maintenant. Je me souviens de cette fois-là où je t’avais dit que je ne buvais plus… Et je te questionnais sur tes problèmes avec Taylord, et tu me cuisinais sur ma nouvelle relation avec Ewan… Parfois, j’ai l’impression que j’ai rêvé cette vie d’avant.

Au début je me marrai un peu, elle avait pensé à la même chose que moi et je me souvenais couper comme une brute des racines de je-ne-sais-plus-quoi juste pour voir ses yeux s’agrandir et qu’elle râle gentiment, comme une Maman agacée.

- T’étais quand même plus sympa et plus mignonne que Nakamura,
c’était drôle de ressortir des noms du passé comme ça, même si ça faisait bizarre. Oui oui, je me souviens aussi.

Tay. Voilà une personne qui me semblait appartenir à une autre vie… Ouais. À une vie où Coop était encore présent. Je cassai mal un œuf qui coula le long du bol, et je lâchai un juron.


- Hmmm. C’est vrai. Et Lily, qu’est-ce qu’elle devenait ? Je me demandais à quoi ressemblaient ses soirées maintenant, sa vie, comme tous ceux que j’avais laissés un plan. Tay c’était différent, elle était retournée vite aux USA, je ne savais même pas ce qu’elle savait exactement de tout ce qui s’était passé. J’ai l’impression que c’est surtout les vies d’autres gens que nous. Mais du coup Ewan, il est au courant de ce qui t’est arrivé ensuite ? T’as plus de nouvelles ? T’as eu quelqu’un après ? Enfin à part le mec là, Jasper... Le connard, si j'avais bien compris. C'était comment avec lui ?

Peut-être même que quelqu’un l’attendait, tiens, en fait, je n’y avais jamais pensé. Je commençai à mélanger la pâte avec une grosse cuillère en bois, laissant mes pensées dériver tranquillement. Ils étaient rares, les moments où je me sentais tranquille.

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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
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MessageSujet: Re: Scraping the skies with our fingertips #Chuby2   Scraping the skies with our fingertips #Chuby2 Icon_minitimeSam 12 Jan - 15:52

https://www.youtube.com/watch?v=6YPzivQ1lVc


Used to be vulnerable
Used to be dumb
I used to give it all, mmm
Hot like a firestone
100 degrees
Oh but now I’m so cold when they kiss me,
They touch me, they freeze
They say

Why’d you never trust
why’d you never love
why’d you never let ‘em in?
Why’d you wake up
with somebody in your bed again?
And say you love them till you leave
Why you out so late
Dancing with your fake friends
Getting in a state?
When the good guys come why’d you run away?
Why’d you hurt them?
Well I’ll tell you

When you’re young and you get your heartbroken
And he leaves, leaves the scars open
When you can’t believe it’s over
That’s when you get a little colder
Yeah, when your heart’s broken
And he leaves, leaves the scars open
Drunk cry-crying on his shoulder
That’s when you get a little colder





Chuck appuya sa tête contre mon épaule, et ma main se posa sur sa cuisse en réponse, mon pousse caressant le tissu de son jean, et l’instant d’après, nous étions écartés et recommencions à cuisiner. C’était tellement naturel que je le relevai à peine. Parfois, je repensais à ces moments et j’avais du mal à croire avec quelle facilité j’étais capable d’être aussi expansive physiquement – bien que la plupart des gens n’auraient sûrement pas qualifié ça d’expansif, mais pour moi, c’était déjà beaucoup. Chuck, lui, avait toujours été expansif, mais ici, c’était aussi différent, il était beaucoup plus fragile dans ces gestes ; comme un château de sable, dès que je posais ma main sur son bras, ses cheveux, j’avais l’impression qu’il s’effritait doucement. Mais j’aimais la proximité que nous avions développé, la facilité avec laquelle je répondais à ses mouvements. Il n’était ici que depuis dix jours, mais j’avais l’impression que cela faisait des mois, ou peut-être que nous ne nous étions jamais perdus de vue, et j’essayais de ne pas m’emballer, car j’étais consciente que Chuck pouvait partir d’un instant à l’autre. Mais j’étais heureuse qu’il soit là, j’avais l’impression d’avoir gagné un allié inespéré, dont la compagnie m’apaisait étrangement. Je lui jetai un regard en coin, souriant tendrement. Son visage était creusé, cerné, et il avait minci, comme s’il s’écroulait sur lui-même, son teint aussi gris que les nuages amoncelés dans le ciel, dehors. Mais il était toujours Chuck. Même s’il était l’ombre de lui-même, je reconnaissais toujours les contours de ce qu’il avait été.

Je sursautai lorsqu’il éternua, et l’angoisse me gagna lorsque je le vis saigner du nez, et mon cerveau me répétait en boucle bactéries, bactéries, bactéries, comme un vieux disque rayé. Heureusement, Chuck s’éloigna, et d’un geste fébrile, j’en profitai pour nettoyer tout le plan de travail, l’odeur du nettoyant magique au citron couvrant celle de la cannelle. Je savais très bien pourquoi Chuck saignait autant du nez, et mon cœur se compressa doucement. Il n’avait pas touché qu’à l’héroïne. A vrai dire, c’était plutôt rare que les addicts n’aient qu’un seul vice. Avec Jasper, j’avais touché un peu à d’autres choses, quelques pilules, de la weed, de la cocaïne, et mon nez saignant aussi lorsque j’en abusais les soirs où nous sortions dans les boîtes de nuit qu’il fréquentait avec ses amis. Ces substances ne me servaient qu’à multiplier les effets de l’alcool, qui restaient mes préférées, sans que je puisse expliquer vraiment pourquoi je les aimais tant. Je me râclai la gorge. J’avais envie de boire, tout à coup. J’avais envie d’être qui j’étais, lorsque j’étais ivre. Cette Ruby-là était tellement différente.

Lorsque Chuck revint, je lui fis un petit signe de tête pour lui demander silencieusement si ça allait, et il haussa les épaules, comme pour me dire que de toute façon, il était habitué. Je lui tendis la boîte d’œuf avec un sourire compatissant.


- T’étais quand même plus sympa et plus mignonne que Nakamura.

Le nom de Nakamura me surprit, c’était étrange de l’entendre à voix haute, mais pas autant que quelqu’un qui m’appelait « mignonne ». Je savais bien que Chuck l’avait dit comme ça, pour être gentil, mais ces derniers mois, je n’avais jamais été la fille « mignonne ». Je n’étais pas assez innocente et douce pour être mignonne. Personne ne m’appelait comme ça. J’avais été « sexy », « bonne », « canon », « belle » si j’avais de la chance. C’était comme ça qu’ils me voyaient tous.

- Hmmm. C’est vrai. J’ai l’impression que c’est surtout les vies d’autres gens que nous. Mais du coup Ewan, il est au courant de ce qui t’est arrivé ensuite ? T’as plus de nouvelles ? T’as eu quelqu’un après ? Enfin à part le mec là, Jasper… C'était comment avec lui ?

Je tendis à Chuck un fouet pour qu’il batte un peu les œufs, et lui fit signe d’ajouter la ricotta, la crème fraîche et le sucre, que j’avais pris soin de peser. De mon côté, je m’attaquai à la préparation de la croûte. Je n’étais pas mécontente d’avoir une excuse pour utiliser mes mains, car tout à coup, je me sentais bêtement vulnérable. Je pensais à un bon verre de vodka-soda, et secouai la tête.

- Non, non, il est au courant de rien, je n’ai plus jamais eu de nouvelles. Je ne suis pas surprise, après tout il est parti en Australie du jour au lendemain. J’écrasai les biscuits à l’aide du vieux rouleau à pâtisserie, quelques mèches de cheveux glissant devant mes yeux. Enfin, non, ce n’était pas vraiment du jour au lendemain. C’était prévu depuis le début, il avait juste omis de me le dire, dis-je avec un rire jaune. Je ne devais pas être une si bonne petite-amie pour qu’il puisse partir comme ça…

J’haussai les épaules. J’avais été bête d’y croire. Dire que j’avais pensé être avec lui pour toujours, que je lui avais dit que je l’aimerais pour toujours, que jamais je ne le laisserais mourir... J’avais peut-être menti. Bien sûr qu’une part de moi l’aimerait pour toujours, mais tous les matins, en me réveillant, j’essayais de tuer son souvenir, de le laisser mourir, avec un peu plus de violence que la veille.

Je posai un peu brusquement le rouleau à pâtisserie, et attachai mes cheveux en une queue de cheval brouillonne.  Ewan était tellement loin maintenant, j’oubliais presqu’il avait pu m’aimer.


- Jasper était ma première vraie relation après Ewan. C’était… Je me tus, cherchant mes mots. C’était étrange à définir. Je voulais dire que c’était abusif, complètement abusif émotionnellement, que je n’étais jamais tombée aussi bas, mais j’avais honte. C’était moi qui avait choisi d’être avec lui, c’était ma faute. C’était trop facile d’être si dur avec lui, maintenant que je n’avais plus besoin de sa protection. C’était très toxique, émotionnellement, il était très… Hm, il n’était pas très bienveillant. Mais je n’avais que lui, c’était mon choix, j’avais besoin de quelque part où dormir, d’être entourée. C’était mieux d’essayer d’aimer Jasper que de continuer à enchaîner les inconnus pour avoir un toit et de l’alcool.

Je mélangeai le beurre, les biscuits et la cannelle, comme si tout était normal, comme si j’étais en train de parler de la pluie et du beau temps. Je sentais l’anxiété qui commençait à monter, le ressac des souvenirs qui revenaient vers moi. Je repensai à tous ces hommes sans visages et sans prénoms, leurs gestes brusques, l’odeur de leurs draps dans lesquels j’enfouissais ma tête quand ils me prenaient. Je préférai toujours être dos à eux, peu importe la position douloureuse ou dégradante, au moins, je pouvais cacher mon visage, je n’avais qu’à jouer la comédie par quelques bruits. Au début, j’avais toujours peur qu’ils comprennent que je faisais semblant, mais j’avais fini par réaliser qu’ils s’en fichaient. Ils s’en fichaient que j’aime ça aussi. Ce n’était pas pour ça qu’ils couchaient avec moi. Je n’étais qu’une sorte de poupée. Parfois, et surtout quand j’avais assez bu, je me faisais croire que j’appréciais ce qui se passait, que moi aussi j’y prenais du plaisir. Souvent, je laissai la taie d’oreiller humide.

- Quand je suis sortie du premier centre, je n’avais vraiment nulle part où aller, les premiers jours, je dormais la journée dans des parcs, et je restais éveillée la nuit, parce que c’était moins dangereux, mais j’avais très peur… Une fille de mon âge, seule, et tout le temps ivre… Alors les premières semaines, je me suis débrouillée pour trouver des gens qui voulaient bien m’héberger. Mais personne ne le fait sans attendre quelque chose en retour, j’avais un peu baissé la voix, sentant que je rougissais de honte. Je sais, ça fait sûrement de moi une p… Je me tus. Je n’arrivais pas à dire le mot. Enfin, tu vois.

Je regrettai d’avoir attaché mes cheveux et de ne pas pouvoir me cacher derrière eux. Tout à coup, j’étais à nouveau cette fille ivre, dans la rue, qui était prête à tout, mais j’avais honte, j’avais toujours eu honte au fond. Je versai la pâte dans le fond du moule, les mains tremblantes.

- Et toi alors, tu es restée avec Lily ? Ou quelqu’un d’autre ? Demandai-je d’un ton de conversation, ne sachant pas si Chuck avait vraiment envie d’en parler.
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MessageSujet: Re: Scraping the skies with our fingertips #Chuby2   Scraping the skies with our fingertips #Chuby2 Icon_minitimeDim 27 Jan - 18:46

- Non, non, il est au courant de rien, je n’ai plus jamais eu de nouvelles. Je ne suis pas surprise, après tout il est parti en Australie du jour au lendemain. Enfin, non, ce n’était pas vraiment du jour au lendemain. C’était prévu depuis le début, il avait juste omis de me le dire. Je ne devais pas être une si bonne petite-amie pour qu’il puisse partir comme ça…

Hmm... Grande classe. Je levai un sourcil vers Ruby, elle avait cette attitude que je connaissais par coeur parce que je l'utilisais beaucoup aussi, celle de faire croire que tout allait bien malgré le fait qu'au fond tout allait mal. On n'avait pas le choix, de toute façon. Marche ou crève : c'était purement et simplement la devise de nos journées. Je ne sais pas ce qui me soulait le plus dans tout ça, savoir qu'elle avait été plantée comme une merde par un connard qui lui avait menti et qu'elle prenait la faute pour elle, ou bien être incapable de m'énerver correctement parce que je n'avais pas assez de forces. Saigner du nez me foutait toujours dans un mood chelou, j'avais des points noirs dans les yeux et je sentais que j'étais très peu résistant ; mélanger mon saladier mobilisait déjà 99% de mes forces et de mon énergie. Je soupirai et regardai le fond du bol en me demandant pourquoi je n'avais pas réussi cette putain d'OD une bonne fois pour toutes et on en parlerait plus... Mais non, c'était une connerie, il ne fallait pas, surtout pas. J'eus instantanément la certitude d'être une grosse merde et sentis que j'étais à deux doigts de chialer - le cercle vicieux que je connaissais bien - alors j'arrêtai de mélanger la pâte et demandai à Ruby ce que je pouvais faire d'autre, espérant me concentrer sur autre chose pour oublier.

Heureusement elle continua à parler, et j'eus de nouveau envie de chialer en me disant que si elle n'avait pas été là depuis presque deux semaines que j'étais sorti de l'hosto, je ne voyais pas trop comment j'aurais pu survivre. J'étais trop seul, et elle était la seule qui m'aidait à garder la tête hors de l'eau.


- Jasper était ma première vraie relation après Ewan. C’était… C’était très toxique, émotionnellement, il était très… Hm, il n’était pas très bienveillant. Mais je n’avais que lui, c’était mon choix, j’avais besoin de quelque part où dormir, d’être entourée. C’était mieux d’essayer d’aimer Jasper que de continuer à enchaîner les inconnus pour avoir un toit et de l’alcool.

... Je connaissais trop bien la vie de camé ou d'alcoolo pour lire entre les lignes. Je ne comptais plus le nombre de meufs que j'avais vu sucer ou niquer juste pour avoir une dose, parce que le manque justifiait absolument tous les moyens. Connaissant Ruby et l'estime qu'elle avait d'elle-même, il n'y avait pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il avait bien du abuser d'elle, et qu'elle n'avait même pas dû protester, persuadée d'être une sombre merde. J'avais posé ma cuillère un peu trop fort sur la table, elle fit un bruit sec, qui nous fit sursauter tous les deux. Ça n'était pas malin de s'énerver dans mon état, mais je sentais une rage monter en moi... Et ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé.

- Quand je suis sortie du premier centre, je n’avais vraiment nulle part où aller, les premiers jours, je dormais la journée dans des parcs, et je restais éveillée la nuit, parce que c’était moins dangereux, mais j’avais très peur… Une fille de mon âge, seule, et tout le temps ivre… Alors les premières semaines, je me suis débrouillée pour trouver des gens qui voulaient bien m’héberger. Mais personne ne le fait sans attendre quelque chose en retour, je sais, ça fait sûrement de moi une p… Enfin, tu vois.

Ben tiens ! Qu'est-ce que je disais ! Elle pensait être une pute parce que des mecs avaient profité de sa misère, non mais je rêve ! Je l'adorais, mais parfois, elle était vraiment bête. Malgré moi je m'étais levé, probablement pour l'aider à faire couler la pâte dans le moule, mais en fait je restais figé sur mes jambes. Le visage de Ruby était fermé et ses mains tremblaient légèrement ; je savais qu'elle avait honte, cette honte de merde qui colle à la peau quand on est passé par ce genre de chemins, et qui donne envie de gerber à chaque instant. Je l'avais aussi, cette honte. Elle me suivait constamment et il ne se passait pas une minute sans que je ne me souvienne pas tout ce que j'avais fait, volé, cassé, tous les gens que j'avais poussé dans la merde, juste pour trouver des thunes et me payer de l'héro.

Sans réfléchir plus que ça, je me penchai vers Ruby et la pris dans mes bras, posant ma tête sur son épaule, et restai quelques secondes avant de retourner à ma place et de reprendre notre petit atelier.


- Ça fait pas de toi une pute, t'es dingue. Qui est-ce qui devrait avoir honte, toi qui as fait tout ce que tu pouvais pour pas crever dans la rue, ou bien les mecs qui ont profité de ça et qui t'ont imposé des choses que tu ne voulais même pas ? T'as pas eu de chance, c'est tout, mais ce n'est pas normal de faire ça en tout cas. C'est trop facile de faire ça avec les meufs... De profiter de leur cul quand elles sont dans la merde. Ça m'énerve... Mon poing était serré très fort autour de la cuillère en bois. C'est encore pire après. En tout cas, ce n'est pas toi le problème. Et Jasper aurait jamais dû mal te traiter, tu mérites mieux, personne ne mérite d'être...

Je m'énervai vraiment trop, mais je ne trouvais pas mes mots, et ça me frustrait encore plus.

- Et toi alors, tu es resté avec Lily ? Ou quelqu’un d’autre ?

- Hmmm. Je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose pour le moment, à part sur ce stupide gâteau, sinon je devenais barge en me disant que tout ce qu'avait vécu Ruby n'était qu'une histoire parmi d'autres, et qu'elle-même semblait y trouver quelque chose de "normal", comme si c'était une fatalité. J'suis désolé que tu aies traversé tout ça en tout cas, j'espère que plus personne ne profitera de toi comme ça. Au fond, ça me redonnait envie de chialer. Il fallait que je pense à autre chose. Ouais... on était plus ou moins ensemble, c'était cool, mais quand j'ai commencé à partir en vrille elle m'a dit qu'elle ne pouvait plus le supporter et on s'est arrêtés là, mais c'était tant mieux. Je crois que de toute façon je voulais me casser la gueule tout seul, et surtout pas l'entraîner avec moi. Lily... Je pensais souvent à elle, sans savoir trop définir le fond de ma pensée. Je savais pertinemment que je lui devais des excuses et que ce moment arriverait un jour ou l'autre, mais je ne savais pas plus quoi penser d'elle. C'était une fille géniale, mais je n'étais pas certain qu'au fond elle était particulièrement faite pour moi - elle me ressemblait trop. Elle avait été une excellente façon de passer à autre chose après Tay et toutes les prises de tête, ça c'était indéniable. Y'en eu d'autres après, mais bon, tu sais comment c'est, ça dépendait des moments... Je ne me rappelle pas de tout.

Je tentais de sourire, pas trop fier de moi. L'avantage avec Ruby, c'était que j'avais le poids du jugement en moins. Ici, personne ne se jugeait. J'avais envie de prendre sa main ou d'être en contact avec elle une nouvelle fois, ça m'aidait toujours à ne pas perdre pied, et j'en avais tout le temps envie, sans trop me l'expliquer, mais j'avais les mains sales et je savais que ça pouvait la faire câbler, sans compter le fait que parfois je me disais qu'elle devait en avoir marre que je la colle comme une sangsue. Je me mis à regarder mes mains sans bouger.

- Tu l'aimais vraiment Ewan, pas vrai ? C'est ça aussi qui t'a fait plonger ? Je me suis toujours dit que tu avais l'air raide amoureuse, à l'époque. Je me demandais si c'était le cas aussi pour moi.

Et si ça allait m'arriver encore, vu l'état dans lequel j'étais. Vu que j'étais l'ombre de moi-même et que tout ce qui me rattachait au passé semblait avoir disparu. En plus d'être seul j'étais vide. Ça compliquait les choses. Sauf avec elle.
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MessageSujet: Re: Scraping the skies with our fingertips #Chuby2   Scraping the skies with our fingertips #Chuby2 Icon_minitimeLun 28 Jan - 17:34


Si dans le premier centre j’avais lutté pour préserver mes secrets, la vulnérabilité faisait partie de moi ici, je n’avais plus la force de me cacher. Bien sûr, j’avais honte, tout le temps, honte de ce que j’avais fait, honte de mon enfance, honte d’être si cassée. Mais dans cet abandon, je découvrais un certain soulagement à ne plus craindre que l’on apprenne qui j’étais, ou mon histoire familiale. A Poudlard, j’avais toujours l’impression de devoir jeter un coup d’œil derrière moi, à mon ombre, d’être sur le qui-vive. Ici, les apparences étaient trop dures à maintenir, et après tout, pourquoi ? Nous étions tous fêlés, et mon histoire était loin d’être unique. Je ne comptais plus les enfances horribles, les relations familiales violentes ou dysfonctionnelles, les agressions sexuelles, les décès. On ne naissait pas addict, on le devenait, et nous l’étions tous devenus pour gérer quelque chose de trop grand et trop puissant pour nous. Pourtant, si j’étais consciente de tout ça, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir honteuse, de me dire que j’aurais pu m’en sortir car j’avais été bien entouré par les Wayland, que c’était moi qui avait fait les mauvais choix… Chuck était à côté de moi, et m’écoutait, et j’avais envie de pleurer parce que je savais que c’était moi qui était rentré chez ces inconnus, tout en sachant ce qu’ils voulaient faire, moi qui les avait laissé faire, qui était rentré dans leur jeu. Je ne valais pas mieux qu’eux.

Mais Chuck ne me regarda pas différent. Il se pencha simplement vers moi et me prit dans ses bras, sa tête légèrement appuyée sur mon épaule, mon dos qui se fondait contre son torse. Je souris – il ne put pas le voir. Sans même parler, il m’avait dit tout ce que j’avais besoin d’entendre : il ne me jugeait pas.


- Ça fait pas de toi une pute, t'es dingue. Qui est-ce qui devrait avoir honte, toi qui as fait tout ce que tu pouvais pour pas crever dans la rue, ou bien les mecs qui ont profité de ça et qui t'ont imposé des choses que tu ne voulais même pas ? T'as pas eu de chance, c'est tout, mais ce n'est pas normal de faire ça en tout cas. C'est trop facile de faire ça avec les meufs... De profiter de leur cul quand elles sont dans la merde. Ça m'énerve... C'est encore pire après. En tout cas, ce n'est pas toi le problème. Et Jasper aurait jamais dû mal te traiter, tu mérites mieux, personne ne mérite d'être...

Dans ma poitrine, mon cœur m’envoyait des petites décharges toutes douces et agréables, qui me redonnaient un peu de courage. Chuck avait l’air remué, ses sourcils froncés, ses gestes brusques, il s’emmêlait presque les pinceaux dans ses mots. Il ne disait pas juste tout ça pour me faire plaisir, il le pensait vraiment… Je le voyais bien. Et ça me touchait plus que je ne pouvais l’exprimer.

- J’avais oublié que tu avais ce côté preux chevalier, plaisantai-je timidement, avant d’ajouter, sincère : mais merci… Merci, répétai-je, presque intimidée.

Si Chuck avait été ce garçon qui enchainait les filles – tout à coup, il me revint en tête que nous avions couché ensemble et je me mis à rougir bêtement – il ne jugeait pas, ou ne prenait pas ses conquêtes pour des filles faciles. Combien de fois avais-je entendu ce mot dans la bouche de mecs de nos âges, à Poudlard, en soirée, dans les bars… Ces derniers mois, quand j’entendais ce terme, je savais que l’on parlait de moi, et je ne pouvais pas m’empêcher de me dire qu’ils avaient raison et que je ne valais rien de mieux que des toilettes miteux d’un pub sale.


- Hmmm. J'suis désolé que tu aies traversé tout ça en tout cas, j'espère que plus personne ne profitera de toi comme ça. Ouais... on était plus ou moins ensemble, c'était cool, mais quand j'ai commencé à partir en vrille elle m'a dit qu'elle ne pouvait plus le supporter et on s'est arrêtés là, mais c'était tant mieux. Je crois que de toute façon je voulais me casser la gueule tout seul, et surtout pas l'entraîner avec moi. Y'en eu d'autres après, mais bon, tu sais comment c'est, ça dépendait des moments... Je ne me rappelle pas de tout.

J’hochai la tête. Oui, je voyais bien ce qu’il voulait dire… Et ça ne m’étonnait pas. Une vague de mélancolie monta en moi. J’étais triste pour Chuck, sans trop savoir comment l’expliquer. Mais j’étais touchée aussi, il ne parlait pas souvent de sa vie avant le centre, il était très fragile, très secret, et ces quelques phrases sur Lily suffisaient à me montrer qu’il voulait bien me faire confiance.

- Oui, je vois… Au fond j’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose de très solitaire dans l’addiction. De l’extérieur, on dirait qu’on est entouré parce qu’on sort tout le temps, qu’on fait la fête, qu’on se défonce avec des gens… Mais… C’est tellement… Je me tus un instant pour chercher mes mots. C’était tellement dur à cerner complètement. Je crois que c’est aussi pour ça que je suis partie du premier centre. Je voulais vraiment sombrer, sans que les Wayland me voient ou puissent m’arrêter. Et en même temps, je ne me suis jamais sentie aussi seule et j’en souffrais beaucoup. C’est bizarre l’autodestruction, hein, conclus-je en haussant mes épaules.

C’était étrangement réconfortant de pouvoir en parler avec quelqu’un qui comprenait. Je me demandais comment Chuck était avec les gens autour de lui, je me doutais que ses parents ne devaient pas être très présents, mais je savais qu’il était proche de sa tante, parlait-il avec elle ? Et Tess, sa cousine ? Ou est-ce que la mort de Coop avait fait imploser tout ce petit équilibre ?


- Tu l'aimais vraiment Ewan, pas vrai ? C'est ça aussi qui t'a fait plonger ? Je me suis toujours dit que tu avais l'air raide amoureuse, à l'époque. Je me demandais si c'était le cas aussi pour moi.

Ma poitrine se contracta et mon cœur s’accéléra sans que je puisse l’éviter – c’était malheureusement physique. Je me mordis nerveusement l’intérieur de la joue.

- Oh oui, tu avais l’air très amoureux toi aussi, mais je crois que ça se voyait aussi que tu avais peur, que tu luttais un peu contre toi-même, dis-je, réfléchissant quelques secondes. Peut-être que ça n’allait pas avec ton image de Mister Gryffondor bourreau des cœurs, plaisantai-je.

J’avais mis les deux cheesecakes dans le petit four magique à côté du plan de travail, et lorsque je refermais la porte vitrée, je crus voir dans la vitre teintée le reflet d’Ewan, avant de réaliser qu’il ne s’agissait que de Seb qui cuisinait avec Lana, derrière nous. Je me sentis stupide. Je passai tellement de temps à chasser Ewan de mon esprit, à m’interdire d’y penser, que lorsque tout à coup on me le mentionnait, mon cerveau s’emballait et déversait autour de lui des souvenirs usés par le temps.


- Je dois être trop fragile pour ce genre de choses, parce que c’était pareil avec Hadrian, notre rupture a un peu tout déclenché, enfin, ça a un peu fait ressortir tout ce que je croyais ne plus avoir à gérer. C’est là que j’ai commencé à vraiment boire. Mais après j’avais arrêté, et c’est vrai, c’est le départ d’Ewan qui m’a fait replonger. Le soir-même, j’ai fait un coma éthylique et ma première tentative de suicide. C’est Scott qui m’a trouvé dans la salle sur demande. Autant te dire que c’était une super façon de commencer ma septième année…

Nous étions censés commencer à faire le brownie, mais j’avais tout à coup bien du mal à me concentrer. Je poussai la boîte d’œufs vers Chuck, mesurai la farine, le sucre, cherchant mes mots.

- Je… Oui, j’étais vraiment amoureuse. C’était la première fois que je ressentais ça, je pensais vraiment que… Ma voix commençait à trembler et je cassai le chocolat d’un coup de baguette, parce que je ne voulais pas le toucher, pas être sale, et que si je prenais un couteau dans mes mains, je n’étais pas sûre de ce que j’allais faire. Tout à coup, cette discussion était trop pour moi, trop dur, et le fait que Chuck connaisse ma vie d’avant, Ewan, je me sentais prise sur les faits, incapable de me cacher, et j’avais peur. Je sais que c’est pitoyable, mais je croyais qu’on était fait l’un pour l’autre tu vois. Et il est parti du jour au lendemain, comme si… Comme si rien n’avait compté, comme si je n’étais rien.

Voilà, trop tard, je m’étais mise à pleurer, pour de vrai, pas juste quelques larmes qui accrochent les cils, non, des vraies lourdes larmes qui roulaient sur mes joues et j’enfouis ma visage dans mes mains, honteuse. J’avais envie de disparaître. Il y eut un mouvement, un bruit, l’eau qui coule. Chuck était en train de se laver les mains. Lorsque je le compris, je me mis à pleurer encore plus fort, parce que dans ce petit détail, je me sentis tout à coup tellement aimée que quand Chuck me prit dans ses bras, je m’écrasai contre lui et serrai son tee-shirt dans son dos comme si je m’accrochais à une bouée. J’avais l’impression de me fondre dans mes larmes, et mon cœur était tout contracté. Au milieu de mes sanglots, je trouvais que Chuck sentait bon, une odeur masculine réconfortante, puissante. Chuck me tint contre lui jusqu’à que je me calme, avec une patience qui me toucha.

- Je… Je suis désolée, j’en parle jamais, j’arrive pas à… Je reniflai comme un enfant. Je ne sais pas bien me contrôler sur ce sujet. Je l’aimais tellement, et je sais que c’est pathétique mais il m’a vraiment brisé le cœur. Je m’écartai un peu, mais Chuck avait toujours son bras autour de mon épaule, et je lui fis un petit sourire brave. C’est pour ça que je pouvais être avec Jasper. Je savais qu’il me traitait mal, mais au moins, il ne m’aimait pas, et moi non plus… Je ne crois pas que je puisse encore vivre tout ça, je pense pas que ça soit fait pour moi, je l’ai toujours su depuis que je suis petite. J’haussai les épaules et essuyai les dernières larmes qui coulaient. Je me sentais vulnérable, ridicule, honteuse. Je n’avais pas envie que Chuck me regarde – j’avais envie de boire. Je ne sais pas trop pourquoi j’ai cru qu’une fille comme moi pouvait vraiment avoir une vraie relation.
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MessageSujet: Re: Scraping the skies with our fingertips #Chuby2   Scraping the skies with our fingertips #Chuby2 Icon_minitimeDim 3 Fév - 17:55

- Oui, je vois… Au fond j’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose de très solitaire dans l’addiction. De l’extérieur, on dirait qu’on est entouré parce qu’on sort tout le temps, qu’on fait la fête, qu’on se défonce avec des gens… Mais… C’est tellement… C’était tellement dur à cerner complètement. Je crois que c’est aussi pour ça que je suis partie du premier centre. Je voulais vraiment sombrer, sans que les Wayland me voient ou puissent m’arrêter. Et en même temps, je ne me suis jamais sentie aussi seule et j’en souffrais beaucoup. C’est bizarre l’autodestruction, hein...

Je hochai la tête, un peu perturbé par tout ça. Ça faisait beaucoup. Évidemment que les conversations qu'avaient les gens du centre étaient rarement légères, parce qu'on avait tous des centaines de casseroles au cul, mais c'était tout de même beaucoup pour moi, et je ne savais pas comment encaisser tout ça. J'étais encore en colère de ce qu'avait dit Ruby et de ce qu'elle avait subi - colère qui me permettait de focaliser sur tout sauf sur moi, ce qui m'arrangeait bien - alors devoir entendre une analyse poussée de l'addiction commençait à fragiliser clairement le peu de ressources que j'avais. Je me mis à essuyer le plan de travail avec le chiffon pour enlever la farine, mais je m'y pris comme un manche et en foutus partout. Ça, oui, l'addiction ne se vivait que seul, malgré toutes les soirées bondées où j'avais pu aller et les squats miteux et peuplés où j'avais dormi. On était tous dans la même galère et on subissait tous la même merde, mais pas une seule fois ça nous unissait, pas une fois je ne m'étais senti autre chose que seul, complètement seul, désespérément seul. C'était aussi pour ça que j'avais dégagé tout le monde de ma vie, de toute façon : c'était volontaire. Plonger et se défoncer et plonger encore plus, seul. Et ne pas revenir à la surface. Je sentis que quelque chose de pas normal se passait à l'intérieur de moi : mon coeur battait trop fort, il me faisait mal, j'avais trop chaud, je transpirais un peu et ma gorge était serrée. Le début d'une petite crise d'angoisse comme je les connaissais bien ces derniers temps, qui avaient remplacé celles du manque, à défaut d'autre chose. Je me forçai à respirer de manière régulière, focalisai mon attention sur la fin de la recette du gâteau, respirai les odeurs du chocolat fondu, regardai les mains de Ruby, fines et longues et pâles, qui s'appliquaient en tremblant un peu. J'eus un sourire triste : elle ne valait pas mieux que moi. Elle aussi faisait tout pour se contenir, pour résister, pour ne pas s'effondrer. Pathétiques. On était pathétiques et misérables et j'avais envie de disparaître à cette idée, autant que j'avais envie de taper le plus grand rail de coke de l'univers pour me remettre d'aplomb et me préparer un shoot, parce que c'était la seule chose qui aurait pu me faire du bien en cet instant.

- Oh oui, tu avais l’air très amoureux toi aussi, mais je crois que ça se voyait aussi que tu avais peur, que tu luttais un peu contre toi-même. Peut-être que ça n’allait pas avec ton image de Mister Gryffondor bourreau des cœurs.

J'avais la bouche sèche. Les mots que disaient Ruby me paraissaient venir de loin : aussi loin que le temps où j'étais Mister Gryffondor.

- Ah ça, lutter contre soi-même, c'est une spécialité Carlton je crois, répondis-je en me forçant à émettre un son.

C'était faux, ce que je venais de dire : à une exception près. Coop ne luttait pas contre lui-même, loin de là, contrairement à nous. Il était qui il était et n'avait jamais eu besoin de se persuader du contraire.


- Je dois être trop fragile pour ce genre de choses, parce que c’était pareil avec Hadrian, notre rupture a un peu tout déclenché, enfin, ça a un peu fait ressortir tout ce que je croyais ne plus avoir à gérer. C’est là que j’ai commencé à vraiment boire. Mais après j’avais arrêté, et c’est vrai, c’est le départ d’Ewan qui m’a fait replonger. Le soir-même, j’ai fait un coma éthylique et ma première tentative de suicide. C’est Scott qui m’a trouvé dans la salle sur demande. Autant te dire que c’était une super façon de commencer ma septième année… Cette fois, la voix de Ruby (bien plus chaleureuse que son air de bombasse blonde glaciale pouvait le laisser présager au premier abord ; j'aimais ça chez elle, les petits trucs un peu paradoxaux qui la rendaient surprenantes et lumineuse) me tira de mon début de crise de nerfs et me ramena dans la réalité. Parfois, ça ne tenait à pas grand chose. Les miracles de l'instabilité... Je… Oui, j’étais vraiment amoureuse. C’était la première fois que je ressentais ça, je pensais vraiment que… Je sais que c’est pitoyable, mais je croyais qu’on était fait l’un pour l’autre tu vois. Et il est parti du jour au lendemain, comme si… Comme si rien n’avait compté, comme si je n’étais rien.

Non mais... Qu'est-ce que je pouvais être con. J'avais posé la pire question, sans y réfléchir une seconde. La voilà qui se mettait à chialer parce qu'elle était complètement retournée - évidemment, j'aurais pu y penser avant, mais non, rien du tout. Je me sentis particulièrement débile et voulus la prendre dans mes bras mais j'avais les mains sales et Ruby était quand même un peu dingue là-dessus, donc j'allais vite me laver les mains et les essuyer, avant de revenir vers elle et de la prendre dans mes bras.

Je la serrai fort et elle aussi, enroulant ses bras autour de moi. C'était bizarre de se dire que j'étais bien là, non ? Alors que Ruby était mal et que je venais de le provoquer, tout en sachant que moi-même je luttais contre absolument tous mes démons qui n'étaient jamais bien loin. Mais pourtant, j'étais bien... Son corps frêle contre moi me donnait une énergie venue de nulle part, sa taille semblait être faite pile pour moi, je pouvais mettre mon menton sur sa tête et sentir l'odeur de ses cheveux, et je sentais son souffle et ses larmes dans mon cou et... Bref. Ce n'était pas comme n'importe qui je prenais dans mes bras, comme Angie, comme Lucy, comme Chris. C'était autre chose. Je fermai les yeux et embrassai rapidement son front. J'avais de la peine de lui en faire autant.


- Je… Je suis désolée, j’en parle jamais, j’arrive pas à… Je ne sais pas bien me contrôler sur ce sujet. Je l’aimais tellement, et je sais que c’est pathétique mais il m’a vraiment brisé le cœur. C’est pour ça que je pouvais être avec Jasper. Je savais qu’il me traitait mal, mais au moins, il ne m’aimait pas, et moi non plus… Je ne crois pas que je puisse encore vivre tout ça, je pense pas que ça soit fait pour moi, je l’ai toujours su depuis que je suis petite. Je ne sais pas trop pourquoi j’ai cru qu’une fille comme moi pouvait vraiment avoir une vraie relation.

- Non mais c'est moi, je suis complètement con d'avoir posé cette question, je sais bien qu'il t'a brisé le coeur en plus, désolé d'avoir tout remué, je voulais pas te faire pleurer. Elle s'était écartée de moi et me souriait, comme pour me faire gober qu'elle n'était pas au 36ème dessous. Je ne lâchai pas ses épaules, c'était plus fort que moi : j'avais envie de rester contre elle. Je comprends pour Jasper, c'était plus pratique en un sens. À ma manière j'avais eu ça un peu avec Lily, les sentiments en moins simplifiaient toujours la donne. Dis pas ça, ça veut dire quoi, "une fille comme toi" ?! Moi je trouve que t'as tout l'air d'une Lady - et je me mis à sourire, tout en attrapant sa main et en la faisant tourner sur elle même comme si on dansait une danse de salon. Ça sonne bien en plus, Lady Ruby, non ? Je fis mine de faire une révérence. N'importe qui serait chanceux d'avoir une vraie relation avec vous, Milady.

Je ne savais pas trop pourquoi j'arrivais tout d'un coup à faire le clown mais en tout cas la récompense de son regard pétillant me fit l'impression qu'on venait de me plonger dans un bain chaud. Je lâchai sa main, à contrecoeur.

- Et puis, il suffit de voir comment "une fille comme toi" réussit des gâteaux qui sentent trop bons alors qu'elle est au bout de sa vie... Ça force le respect, ça, Milady.

Ça commençait à sentir sacrément bon dans notre coin de cuisine, même si Seb et Lana avaient aussi l'air de concocter des trucs pas dégueus. D'ailleurs ils avaient vu notre petite danse et s'étaient marrés, et je leur avais envoyé un petit clin d'oeil. Je sentis que ça faisait pas mal d'agitation pour moi et je dus m'assoir un peu, histoire de pas finir sur le carrelage dans quelques minutes ; je croisai le regard de Ruby et la rassurai d'un geste de la main, et d'un haussement d'épaules. Ce n'était pas comme si j'avais le choix. J'étais épuisé, toujours, même si ça allait un peu mieux.

- Tu viendras avec moi regarder un peu la télé après ?

Ce n'était pas parce que j'avais besoin de comater que je ne pouvais pas lui tenir compagnie pour autant. J'attendis les ordres de Ruby sur ce qui était des quelques derniers trucs à faire et à ranger, et m'attelai à la tâche. Le four ronronnait derrière nous. Ça me soulait qu'elle pense ça - que de tout ce qui lui était arrivé, sa conclusion finale soit celle-là, qu'elle prenne tout le blâme, même si je comprenais. On n'a jamais une très bonne estime de soi quand on a fait autant de merde. Mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne le méritait pas... J'attrapai sa main au passage, après quelques minutes de silence.

- Tu sais, Ruby, si tu n'étais pas là, je sais pas ce que je ferai - je veux dire... Je secouai la tête, énervé contre moi de ne pas bien dire les choses. En plus ma voix était un peu étouffée, je n'arrivais pas à parler aussi distinctement que je le voulais. Je ne serais pas arrivé jusque là si tu n'avais pas été là. Tu es très importante pour moi.
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Ruby Standiford-Wayland


Ruby Standiford-Wayland
Apprentie à Sainte Mangouste



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MessageSujet: Re: Scraping the skies with our fingertips #Chuby2   Scraping the skies with our fingertips #Chuby2 Icon_minitimeLun 4 Fév - 21:33

Alors que les souvenirs de ces mois me revenaient, j’entendis à nouveau ce que j’avais dit ce matin-là, au Dr. Laurens. « Ils n’ont qu’à me laisser sur un coin de trottoir avec les objets pour la déchetterie. Dylan a dit que c’était là que les enfants comme nous finissaient, de toute façon. Surtout les filles. Je ne sais pas ce que ça veut dire. ». Je savais, à présent, n’est-ce pas ? Et Chuck l’avait compris bien vite. C’était ce que les filles qui tombaient dans l’addiction finissaient souvent par faire, faute de moyen, faute d’estime de soi. Mon corps n’était qu’une autre façon de me détruire, de toute manière. J’avais fait des choses que je ne me serais jamais imaginée un jour envisager… Alors que je m’accrochais piteusement contre Chuck, je compris que je ne pleurais pas simplement d’avoir perdu Ewan, je pleurais d’avoir perdu cette fille que j’avais cru être, celle qui n’aurait jamais donné son corps contre quoi que ce soit, qui le protégeait presque religieusement. Maintenant, quand je me regardais dans le miroir, je ne me reconnaissais même plus, et je me demandais parfois tristement qui j’étais. J’étais amincie, le visage creusé, l’air perdu et fébrile, mes gestes toujours tremblants, mes épaules affaissées. J’étais loin de cette Ruby première de classe populaire, Miss et Préfète. Peut-être avais-je trop voulu être cette fille-là, cette fille qu’au fond je n’étais pas. Peut-être que c’était d’elle qu’Ewan était tombé amoureux, et qu’en découvrant la réalité, il s’était enfui… Pourtant, il m’avait vue, n’est-ce-pas ? Il avait vu en moi. Ivre, triste, coupée. Il m’avait aimé ainsi. Qu’était-ce le pire ? Qu’il m’ait aimé mais quitté pour une illusion ou pour moi-même ?

Parfois, je me disais que dans notre autre univers, mon cœur n’était pas brisé pas à cause lui. Mais dans celui-ci, il l’était, encore et encore.


- Non mais c'est moi, je suis complètement con d'avoir posé cette question, je sais bien qu'il t'a brisé le coeur en plus, désolé d'avoir tout remué, je voulais pas te faire pleurer. Je comprends pour Jasper, c'était plus pratique en un sens. À ma manière j'avais eu ça un peu avec Lily, les sentiments en moins simplifiaient toujours la donne. J’hochai la tête – je voyais très bien ce qu’il voulait dire, et j’étais contente qu’il me le partage. Dis pas ça, ça veut dire quoi, "une fille comme toi" ?! Moi je trouve que t'as tout l'air d'une Lady. Ça sonne bien en plus, Lady Ruby, non ? N'importe qui serait chanceux d'avoir une vraie relation avec vous, Milady.

Chuck me fit tourner sur moi – je repensais au bal de Poudard – puis s’inclina comme si j’étais en effet une Lady, et je me surpris à rire alors que j’avais fondu en larmes quelques instants auparavant. C’était drôle, j’avais l’impression d’entre-apercevoir le Chuck d’avant… Non, ce n’était pas lui non plus, c’était un autre Chuck, il ne serait jamais comme avant. Mais ce Chuck me faisait rire. Je portai l’une de mes mains à ma joue. Elle était toute tiède, et je réalisai que je rougissais. Je n’avais pas rougi depuis tellement longtemps que j’en avais oublié la sensation.

- Alors je suis une Lady, et toi tu es un preux chevalier ? On fait la paire, plaisantai-je en souriant.

Chuck m’avait lâché la main, et je me sentis tout à coup un peu plus faible, comme si sa présence physique me donnait une nouvelle énergie.


- Et puis, il suffit de voir comment "une fille comme toi" réussit des gâteaux qui sentent trop bons alors qu'elle est au bout de sa vie... Ça force le respect, ça, Milady.

Je me remis à rire, et à sentir mes joues se réchauffer. Je secouai la tête, gênée par toute cette avalanche de compliment, alors que je venais de dire à Chuck que je n’étais qu’une pauvre fille qui avait vendu son corps contre de l’alcool. J’avais du mal à me dire qu’il pouvait être si doux avec moi après toutes les choses pitoyables que je lui avais racontées.

- Pourquoi tu es si gentil avec moi ? Dis-je malgré moi. Je souris, et embrassai sa joue, sans même réfléchir. Sa peau était douce et sentait le savon à la verveine. Et puis, pour les gâteaux, j’ai eu un assistant de choc !

D’ailleurs, le brownie était presque prêt, et je m’écartai à contre-cœur de Chuck pour terminer, et il en profita pour s’asseoir à nouveau, et je remarquai comme une ombre sur son visage. Je l’interrogeai du regard, tout à coup inquiète de l’avoir un peu trop secoué avec tous mes drames, mais il me fit l’un de ses petits sourires braves dont il avait le secret, et je lui rendis. Il était mignon, quand il souriait comme ça.

- Tu viendras avec moi regarder un peu la télé après ?
- Oh, oui, mais tu crois que Victoria nous laissera choisir la chaîne ?
Demandai-je avec une petite grimace amusée. C’était une plaisanterie entre nous – aucun de nous deux n’appréciaient beaucoup Victoria.

J’enfournai le gâteau dans le four, et vérifiai au passage l’état du cheesecake, et revint pour nettoyer le plan de travail, alors que Chuck essayait de m’aider, bien que sa bonne volonté ne suffise pas trop à calmer mes TOCs. Alors que j’avais quasiment fini, Chuck posa sa main sur la mienne, me déconcentrant un instant.


- Tu sais, Ruby, si tu n'étais pas là, je sais pas ce que je ferai - je veux dire... Je ne serais pas arrivé jusque là si tu n'avais pas été là. Tu es très importante pour moi.

Cette fois-ci, je pouvais sentir distinctement que j’étais rouge comme une pivoine, et que je devais avoir l’air aussi surprise que niaise. J’étais tellement prise de court par la sincérité de Chuck que je ne savais même pas quoi répondre, je n’étais plus habituée à ce genre de compliments, si bien que les larmes me montèrent aux yeux.

- Mais arrête de me faire pleurer ! Plaisantai-je en reniflant. Je passai mon bras autour des épaules de Chuck, alors qu’il était encore assis, et le serrai maladroitement contre moi. Tu sais, moi aussi c’est différent maintenant tu es là. Tu es comme mon petit soleil.

Même s’il ne s’en rendait pas compte, parce qu’il était mal en point et fébrile, cet après-midi suffisait à confirmer combien sa présence était solaire, différente de tous les soutiens que j’avais ici. Il avait été capable de me faire parler d’Ewan, de me réconforter, de me faire rire et rougir, mais surtout de me toucher profondément.

Lorsqu’on leva pour aller regarder la télé, je me retins de prendre son bras, tout à coup timide, mais à peine installés sur le canapé, je me collai contre lui. L’écran brillait devant nous, mais j’avais du mal à suivre. Toutes ces émotions m’avaient remuée, et je me sentais épuisée, moi qui pourtant ne dormait jamais. Je glissai ma tête sur l’épaule de Chuck et fermai les yeux, une chaleur douce m’envahissant.


- Tu sais, murmurai-je à voix basse pour que personne d’autres ne nous entende, je suis sûre que tu serais resté même si je n’étais pas là… Tu es plus fort que tu ne le crois.

Tout à coup, j’étais incapable de lutter, je me laissai tomber tout doucement, comme si je flottais dans des nuages cotonneux. Je glissai ma main dans celle de Chuck, entremêlant nos doigts, et je la serrai.

- Il faudra penser à sortir les gâteaux du four, murmurai-je d’une petite voix ensommeillée, frottant mes yeux de ma main libre. J’étais bien, là, pensai-je. J’étais en sécurité.

(terminé)
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