A way to leave? [ Meryl Kelsey ]

Je m'étais réveillée ce matin en ayant la désagréable sensation que j'approchais de la fin. Que si je me sortais pas maintenant de cet engrenage du diable, j'allais y plonger pour la vie et j'allais perdre toute ma raison. Ce monde n'étais pas le mien, et même si j'avais un potentiel de pouvoirs magiques ou je ne sais pas quoi, j'avais décidé après réflexion que je ne voulais pas de tout ça. Je ne voulais pas de magie dans ma vie, je ne voulais pas de cette école de tarés, je ne voulais rien de tout ce qu'on m'offrait, je voulais rentrer à Port Eynon et retrouver mes amis, mon foyer, ma petite ville et mon collège. Même mon prof de maths me manquait, c'est dire l'enjeu.

J'étais attablée dans la Grande Salle, vous savez l'endroit où le plafond change et ressemble au Ciel. C'était joli au début mais là ça devenait flippant. J'avais vraiment hâte que tout s'arrête. Je cogitais depuis ce matin, histoire de faire un schéma bien clair de ce que j'allais mettre à exécution. J'avais même préparé des bouts de mon discours, et inventé les bobards que j'allais servir en rentrant chez moi parce que je doutais que ces cinglés de sorciers souhaitent que je dévoile tout de leur petit monde aux gens normaux. En même temps, qui sincèrement allait croire tout ça? Autant demander directement une place en HP. Non, non, moi j'avais encore toute ma raison, ce qui n'était pas donné à tout le monde.

Je n'avais pas déserré les dents de la journée, et même si là mon ventre criait famine, j'avais un mal fou à avaler ne serait-ce qu'un morceau de tous les aliments qui se trouvaient devant moi. Le fait est qu'ils étaient apparus d'un coup et que merci bien, mais si ils étaient ensorcelés ou je ne sais pas quoi, je n'en voulais pas. Le problème c'est qu'à agir de la sorte je ne mangeais presque rien depuis que j'étais arrivée et j'avais déjà perdu au moins trois kilos, sans compter que j'avais l'estomac dans les talons en continu. C'était une technique comme une autre, d'affamer ses prisonniers, comme ça ils ne pensent à rien d'autre qu'à leur ventre et ne peuvent pas mettre au point des tentatives d'évasions. Malins, dans leur folie, nos amis sorciers.

En tout cas mon plan était simple: j'allai d'abord jouer franc-jeu avant de tenter l'évasion par la force. J'allai parler à un adulte, responsable, pour voir un peu ce qu'il allait me servir comme salades. Ensuite, j'aviserai. Sans ménagement, j'apostrophai mon voisin de table, un garçon un peu plus âgé que moi qui lisait un livre comme si sa vie en dépendait:

- Hé, toi!
- ... Quoi? fit-il, l'air mauvais parce que je l'interrompais dans sa lecture.
- Il faut aller voir qui si on a un problème?
- Ben, un préfet, ou le directeur de sa maison. me dit-il, légèrement étonné mais finalement ravi de me rendre un service. Il me souriait presque. Au secours.
- Développe, répondis-je d'un air agacé. Je ne connaissais pas ces gens, moi.
- Les préfets sont des élèves de cinquième année et plus, il y en a plusieurs par maison. Et notre directrice c'est Meryl Kelsey... Tu peux aller la voir dans son bureau.
- M'rci, balançai-je du bout des lèvres. Enfin une information intéressante.

Et sans plus attendre, je me levai et quittai cette salle que j'espérais bien ne jamais revoir - bien que le bon sens m'indiquait clairement que la partie était tout sauf gagnée. Il en fallait du courage dans l'adversité.

Inutile de préciser que je mis quinze plombes à arriver devant le bureau en question. Je ne ralentis pas le pas et frappai deux coups de mon poing serré, deux coups francs, mais pas violents. J'avais l'étrange espoir que de parler avec un adulte m'aiderait forcément. Sauf que je ne pouvais pas oublier que cet adulte était AUSSI un sorcier...

Meryl était dans son bureau, en train de (lire les lettres interminables de Melvil) préparer son prochain cours quand elle entendit frapper. Son bureau resplendissant des couleurs rouges et or de sa maison était rempli d'étagères pleines de livres de Métamorphose, sur l'histoire de Poudlard... Et sur d'autres étagères se trouvaient des boîtes ou des fioles contenant on ne sait vraiment quel contenu, s'il s'agissait de la poudre, d'un liquide buvable ou non. Quant au plafond, plusieurs grandes cages dorées en descendaient, avec de magnifiques oiseaux chantant et volant. Tous n'étaient pas magiques, certains venaient du monde moldu et elle trouvait qu'ils étaient beaucoup plus résistants que ceux du monde magique. Ils avaient des plumes bleues, vertes, rouges, dorées, des becs en argent, des yeux de braise. Le bureau était rond, ou du moins ovale et en son centre, se trouvait le bureau de Meryl et son fauteuil au haut dossier tapissé de velours pourpre. Sur ce dernier, s'était perchée la chouette grise de la jeune femme et qui somnolait, comme à son habitude et quant à Ilaure, elle aussi dormait sur un coin du bureau, non loin des parchemins de la directrice des Gryffondor.

Meryl avait donc entendu frapper à la porte en chêne de son bureau et annonça d'une voix assez forte :

- Entrez !

Quand la porte s'ouvrit, un courant passa qui fit vaciller la flamme des bougies allumées à l'occasion. Le lustre en cristal vacilla quelque peu au-dessus de la tête des oiseaux de paradis qui cessèrent leur chant mélodieux. Quand elle fit finalement face à l'élève qui était entré, ses boucles aux reflets roux volèrent sur son visage et sa cape d'un rouge flamboyant tourna autour de son siège. Le rouge paraissait d'autant plus vif qu'il était assorti à une simple robe noire. Cette cape était imposante et retombait loin des pieds chaussés de hauts escarpins noirs de sa propriétaire. Les yeux verts s'allumèrent quand elle découvrit enfin l'élève qui venait lui demander conseil. Elle avait les cheveux d'un roux qui pouvait presque défier le pourpre de son fauteuil et des yeux emplis de question. Malgré cela, la jeune élève avait l'air sûre d'elle. Meryl dissimula un sourire lorsque son regard se posa sur le blason qui ornait la poitrine de la jeune fille. Enfin une lionne digne de ce nom.

La jeune femme croisa ses jambes, rapprocha son fauteuil de son bureau, ce qui réveilla la chouette et Ilaure par la même occasion et croisa ses longs doigts. Un sourire vint s'accrocher à ses lèvres tandis qu'elle formula sa question.

- Que puis-je pour toi ?

Elle n'avait encore jamais vu cette élève, elle était très sûrement nouvelle et n'avait encore donc jamais assisté à un de ses cours. Mais la jeune Meryl ne se fit pas de soucis, si on lui avait inculqué les bonnes manières, la jeune élève n'oublierait certainement pas de se présenter.

Une voix forte m'intima de rentrer et je poussai la lourde porte avec la ferme sentiment que je ne la re-franchirais qu'en ayant obtenu ce que je désirais. A l'intérieur, je ne pus m'empêcher un instant de stupeur car la pièce me faisait exactement penser à une pièce des milles et une nuits. Les couleurs flamboyantes, les oiseaux multicolores, les livres, les fioles, les bougies, on aurait dit que cet endroit était...merveilleux. J'avais failli penser "magique". Bouark.

Une femme était assise derrière son bureau, Meryl Kelsey donc si vous m'avez suivie, "ma" directrice. Il m'était étrange de raisonner ainsi étant donné que je ne pensais pas faire partie de l'école, et que le système des maisons m'échappait complètement - je ne savais même pas le nom des trois autres. Qu'importe. Le professeur Kelsey était une belle femme quoique assez imposante; en tout cas c'était la première fois que je voyais un adulte sorcier à peu près normalement habillé (si on exceptait la grande cape rouge, habit qui n'était pas des plus courants.). Elle me sourit, et même si je me sentais très en confiance devant elle, il me semblait qu'il ne valait mieux pas trop faire ami-ami car je ne devais pas perdre des yeux mon but.

- Que puis-je pour toi ?

Je lui souris poliement à mon tour - inutile de donner une mauvaise impression dès le début, déjà que dans quelques temps elle aurait envie de me jeter par le fenêtre - et puis, comme l'usage le voulait, je me présentais - si tant est que c'était également l'usage chez ces gens, les sorciers:

- Bonjour, Madame. Je m'appelle Scarlett Dawbson et je suis en première année... On m'a dit que je devais aller vous voir si j'avais un problème.

Je me tus malgré moi et laissai un instant passer. C'était plus difficile que je l'avais imaginé. Je voyais mal comment dire tout ce que je pensais sans mettre la jeune femme dans une rage monstre et je voyais se rapprocher de plus en plus le moment où je me transformerais en chèvre. Aïe.

J'imaginais aisément que je ne devais pas être la première dans mon cas et je me demandais bien ce qu'il leur était arrivé. Pourtant, quand je regardais Meryl Kelsey, même si ce n'était pas le genre de prof à qui on pouvait proposer une petite partie de cartes pour faire passer le temps, je la trouvais assez compréhensive et je ne pouvais que déplorer qu'elle soit sorcière et que donc, elle soit folle. Car j'avais eu une petite théorie la nuit dernière, puisqu'en ce moment je passais mes nuits entière à cogiter et échafauder des plans de sortie: les sorciers n'étaient pas constamment barges (enfin pas au plus haut degré tout du moins) mais ils le devenaient dangereusement si on s'attaquait à des choses qui les touchaient de près. Par exemple j'avais entendu un professeur réprimander violemment un élève qui avait fait quelque chose qui aurait pu le révéler au "monde moldu"... Donc, il me fallait prendre quelque précaution. J'entamais mon récit, plantée devant le large bureau, les mains jointes devant moi et le regard ferme:

- Tout cela est nouveau pour moi... Je viens d'un foyer normal, enfin que vous appelez moldu je crois, et je ne me sens vraiment pas à ma place ici. Quand une dame est venue me chercher, au foyer, elle m'a expliqué que j'avais une place à Poudlard parce que j'étais une sorcière; mais moi, je ne le crois pas, ou même si c'était possible, je ne le veux pas. Et puis j'ai assez goûté de Poudlard pour être définitivement sûre que je ne veux pas devenir une sorcière... Ça n'est pas mon monde et ne l'a jamais été. Je me sens trop différente de vous. Voilà...

Je m'accordai une respiration avant d'arriver au crucial et poursuivit avec de plus en plus de volonté dans mes paroles:

- ... Voilà, je voudrais que vous acceptiez de me renvoyer chez moi. Je ne deviendrais pas une délinquante, j'irais juste dans un collège banal mais cela me va parfaitement. Et vous, une élève de plus ou de moins, ça ne vous fait rien.

J'ajoutai, hésitante sur ce point, car je me faisais l'effet d'un voyou qui essayait de corrompre son gardien:

- Et, euh, soyez sûre que je ne dévoilerai rien de votre monde, mais en même temps, qui diable me croirait, pensai-je amèrement. Raconter une seule journée de ma vie chez les sorciers reviendrait à signer de moi-même le papier du médecin qui indiquerait à mon égard "dérangée".

Je n'avais pas quitté des yeux le professeur Kelsey afin qu'aucune des ses expressions ne m'échappent. J'attendis patiemment sa réponse, tout en calculant du regard le chemin qui me séparait de la porte si jamais je devais fuir en urgence, car finir le restant de mes jours en chèvre ou en citrouille, très peu pour moi.

Spoiler:

Une jeune fille à la chevelure de feu entra alors sous l'ordre de Meryl. Et sa chevelure n'avait rien à envier à celle de Meryl. Elle avança d'un pas décidé, sans pour autant se d"partir d'un sourire pour traduire sa confiance en elle. Elle semblait savoir ce qu'elle voulait, la lueur dans ses yeux mis tout de suite la directrice sur le voie ; cette jeune fille n'en démordrait pas et ne s'en irait pas sans ce qu'elle désirait. Après tout, cela n'était peut être qu'une simple question sur tel ou tel point du règlement, ou encore sur les cours.

La jeune Meryl lui offrit un tendre sourire compréhensif et resta droite sur son siège en attendant la requête de la sulfureuse rousse. Cependant qu'elle patientait, la directrice remarqua les reflets presque rouges qui dansaient sur les mèches de son élève. Elle n'était pas rousse, elle était rouge ! En s'y prenant à plusieurs reprises, elle put même distinguer l'identique éclat dans les pupilles de la jeune fille. Si cela s'était arrêté aux cheveux, Meryl aurait davantage opté pour une teinture, osée certes, mais qui avait toutefois le mérite de ne pas passer inaperçue.

- Bonjour, Madame. Je m'appelle Scarlett Dawbson et je suis en première année... On m'a dit que je devais aller vous voir si j'avais un problème.

La directrice eut un nouveau sourire ; sa réputation était assurée. La femme aux yeux verts prenait toujours un malin plaisir à écouter discrètement les discussions des élèves sur les différents professeurs de la prestigieuse école. Autant que cela la faisait rire, cela la mettait parfois fortement en rogne. Elle se tourna de profil, sans toutefois effacer le sourire sur ses lèvres.

- Je vois que l'on t'as bien renseignée. Tu remercieras la personne de ma part de t'avoir donné un si bon conseil. Dit-elle d'une voix douce.

La jeune élève lui sourit à nouveau, poliment en toute fille bien élevée qu'elle était. Ou en toute bonne insolente qui cachait bien son jeu. Cette dernière laissa planer un silence, mais qui la mit mal à l'aise. Du moins, c'est ce que Meryl pouvait voir du coin de l'oeil. Quant à elle, la belle directrice des rouge était tout à fait sereine. L'atmosphère qui pouvait lui paraître lourde lui semblait légère comme un papillon, ses oiseaux de paradis chantaient mélodieusement bien, sa chouette ne faisait pas tout un tintamarre comme à son habitude et le lustre rayonnait de ses dizaines de soleils en diamants dans toute la pièce. D'un léger tapotement d'ongles sur le bois de son bureau, elle invita Ilaure à venir se rapprocher. La petite renarde s'exécuta docilement et vint se lover près de la main de Meryl. Celle-ci avait l'impression de se transformer en une méchante de films, assise dans son grand fauteuil, le chat persan blanc sur les genoux qui fixait sa future proie avec ses grands yeux verts pénétrants et narquois. Lasse de se faire caresser, Ilaure sauta délicatement sur les genoux de Meryl et se pelottona contre la soie noire de la robe.

Cependant que le silence planait toujours, Meryl prit soin d'essayer de deviner ce qui pouvait bien amener la jeune élève dans son bureau. Elle percevait l'audace dans ses prunelles pourpres mais ne parvenait à en deviner la cause ; un mauvais traitement de certains élèves ? Un professeur trop dur ? Non, elle ne pouvait pas lire à travers les yeux de cette élève, comme si celle-ci s'était fermée au monde entier.

- Tout cela est nouveau pour moi... Je viens d'un foyer normal, enfin que vous appelez moldu je crois, et je ne me sens vraiment pas à ma place ici. Quand une dame est venue me chercher, au foyer, elle m'a expliqué que j'avais une place à Poudlard parce que j'étais une sorcière; mais moi, je ne le crois pas, ou même si c'était possible, je ne le veux pas. Et puis j'ai assez goûté de Poudlard pour être définitivement sûre que je ne veux pas devenir une sorcière... Ça n'est pas mon monde et ne l'a jamais été. Je me sens trop différente de vous. Voilà...

Ces paroles coupèrent court le souffle de Meryl. Elle se retourna face à la petite Scarlett, les yeux brillants d'étonnement et de surprise. Au passage, elle avait failli envoyer Ilaure et sa chouette sur le parquet et dans les étagères. Elle ne comprenait pas le comportement de la jeune fille. Comment pouvait-elle refuser ce don si particulier et si précieux qui lui avait été donné à la naissance ? Etait-elle folle ? Ou simplement en pleine crise d'adolescence. Ma directrice mit quelque temps pour se remémorer chacune des paroles de sa protégée et d'en comprendre le sens une nouvelle fois sans frôler la crise cardiaque. Décidément, elle n'arrivait pas à comprendre ce qui poussait l'élève à vouloir partir de Poudlard. Cette école était magnifique, prestigieuse, regorgeait de jeunes gens de son âge comme une véritable fourmilière, non, elle ne pouvait pas détester le monde des sorciers ! Cela était tout bonnement impossible !

- Es-tu sûre au moins de ne pas subir ne serait-ce qu'un léger mal de pays ? Cela peut arriver tu sais et donner parfois quelques idées saugrenues. Rétorqua Meryl qui s'efforçait d'être le plus calme possible. Néanmoins, cela va vite se dissiper et tu reprendras du plaisir à vivre.

La jeune femme aux yeux verts savait que cette explication était médiocre, mais elle voulait raisonner la petite Scarlett et la persuader qu'elle faisait un très mauvais choix. Chaque élève avait un potentiel, plus ou moins dissimulé à l'intérieur de lui-même et l'école avait besoin des compétences de chacun pour perpétuer sa réputation de renommée.

- ... Voilà, je voudrais que vous acceptiez de me renvoyer chez moi. Je ne deviendrais pas une délinquante, j'irais juste dans un collège banal mais cela me va parfaitement. Et vous, une élève de plus ou de moins, ça ne vous fait rien.

Meryl menaça de s'évanouir une fois de plus. Ses ongles claquaient nerveusement son bureau et Ilaure avait pris grand soin de ne pas remonter sur le meuble en bois, au cas où sa propriétaire viendrait à l'envoyer à la figure de l'élève.

- C'est là que tu te trompes Scarlett. Chaque élève est important à Poudlard et a sa place parmi les autres. Vous savez tous, autant que vous êtes, vous distinguer de par vos apptitudes et avez, au plus profond de vous-mêmes, cette petite chose qui fait de vous des êtres uniques. Nous autres professeurs, ne pouvons nous permettre de vous délaisser. Notre rôle est de vous faire progresser pour que plus tard vous deveniez tous de grands sorciers. C'est pourquoi je ne peux te renvoyer chez toi.

La directrice avait tentée d'être claire et de ne pas paraître froide et hostile à la jeune élève, cependant, elle ne pouvait se permettre de la renvoyer chez elle. La petite Scarlett avait en elle un elle ne sait quoi d'unique, qui faisait sûrement d'elle une brillante sorcière. De plus, jamais Meryl n'avait entendu de plaintes liées à une élève nommée Scarlett Dawbson. Elle espérait que son explication convaincrait vite la rouge et or car elle n'avait guère envie de s'énerver.

- Et, euh, soyez sûre que je ne dévoilerai rien de votre monde.

La professeur se mordit la lèvre. Non, elle ne devait pas céder. Scarlett ne renterait pas chez elle, il en était hors de question.

- Je suis désolée Scarlett, nous ne pouvons pas nous permettre de déroger au règlement. Expliqua la jeune femme. Si nous te laissons partir, nous devrons ensuite faire face à une multitude de demandes, et tu sais comment cela se passe quand on fait une faveur à une personne. Tous les autres veulent avoir le même traitement et l'on a droit au refrain "Pourquoi le lui avoir accordé à elle ?".

Meryl fit une pause, elle n'aimait pas vraiment la situation dans laquelle Scarlett la mettait, mais c'était son travail, après tout, et elle devait montrer l'exemple en respectant à la lettre le règlement de l'école. Anticipant la réponse évidente de l'élève, elle ajouta :

- Ma réponse sera aussi simple que catégorique : tu ne pourras pas rentrer chez toi.

Cette réponse lui fendit presque le coeur, mais ce qu'elle appréhendait le plus, c'était l'attitude qui en résulterait de Scarlett.

La vision de Meryl Kelsey caressant son petit renard sur ses genoux me fit immédiatement penser au Spectre, le célèbre méchant dans les films de James Bond, caressant de la même manière son chat angora blanc. J'eus un frisson et me saisit rapidement. Non, je n'étais pas une espionne britannique chargée de démantelée un réseau de terroristes russes. Mais je devais avouer que la comparaison était flagrante. Subitement, j'eus envie de lui demander si elle connaissait James Bond, parce que je n'avais vu aucune télé nulle part dans le château et pas de prises électriques non plus... Se pouvait-il que les sorciers ignorent tout cela?!

Fort heureusement pour moi, elle avait l'air beaucoup plus avenante que le Spectre. Dans son antre colorée, elle présidait un peu comme une princesse orientale, et son regard franc et son sourire doux m'aidèrent à balayer l'idée qu'elle était une méchante et qu'elle voulait me tuer.

- Je vois que l'on t'as bien renseignée. Tu remercieras la personne de ma part de t'avoir donné un si bon conseil.

Sa voix était calme. Rassurée, je lui expliquais mon problème sans repenser à tout cela. Il fallait que j'arrête de partir dans des délires comme ça si je ne voulais pas mourir d'un infarctus dans ma douzième année d'existence.

- Es-tu sûre au moins de ne pas subir ne serait-ce qu'un léger mal de pays ? Cela peut arriver tu sais et donner parfois quelques idées saugrenues. Néanmoins, cela va vite se dissiper et tu reprendras du plaisir à vivre.

Je la regardais, interloquée. Bien évidemment je savais qu'elle n'allait pas céder si facilement. Mais le mal du pays? Je n'y avais pas songé... Non, mon foyer, mes amis, le Pays de Galle, tout cela me manquait certes mais mon désir le plus cher n'était pas d'y retourner, c'était de quitter cet endroit. Nuance. Ce qui me manquait, c'était le monde que je qualifiais de normal. Des idées saugrenues? Vexée, je ne répondis rien. Je n'étais pas crétine non plus. Mais c'était mon droit de ne pas aimer la magie et de vouloir partir d'ici!

- C'est là que tu te trompes Scarlett. Chaque élève est important à Poudlard et a sa place parmi les autres. Vous savez tous, autant que vous êtes, vous distinguer de par vos aptitudes et avez, au plus profond de vous-mêmes, cette petite chose qui fait de vous des êtres uniques. Nous autres professeurs, ne pouvons nous permettre de vous délaisser. Notre rôle est de vous faire progresser pour que plus tard vous deveniez tous de grands sorciers. C'est pourquoi je ne peux te renvoyer chez toi.

Malgré tout, je l'écoutai attentivement. Elle avait une manière de s'exprimer claire et tranquille qui ne me donnait pas envie de décrocher. Quand elle parlait, j'avais l'impression que les choses étaient plus claires et qu'effectivement il fallait que je pèse le pour et le contre...

Mais non!! Elle était en train de m'ensorceler, j'en étais sûre. Brusquement effrayée, je sentis mon cœur s'affoler. C'était évident, une sorcière utiliserait forcément ses pouvoirs pour me ramener à la raison... Néanmoins, alors que je jetais des regards craintifs un peu partout, je remarquai sa baguette magique posée sur le bureau. Or j'avais entendu qu'il la fallait forcément pour faire de la magie...

Perdue, je l'écoutais à nouveau, tandis que mon cerveau fonctionnait à la vitesse supérieure.

- Je suis désolée Scarlett, nous ne pouvons pas nous permettre de déroger au règlement. Si nous te laissons partir, nous devrons ensuite faire face à une multitude de demandes, et tu sais comment cela se passe quand on fait une faveur à une personne. Tous les autres veulent avoir le même traitement et l'on a droit au refrain "Pourquoi le lui avoir accordé à elle ?". Ma réponse sera aussi simple que catégorique : tu ne pourras pas rentrer chez toi.

Était-ce moi ou avait l'air sincèrement désolée? Ce n'était pas aisé de lire sur ses traits car elle semblait avoir une bonne maîtrise d'elle-même, mais certaines expressions ne trompaient pas. Je ne pourrais pas repartir chez moi? Tout cela pour en arriver là?...

- Mais pourquoi...commençai-je. J'avais la gorge de plus en plus serrée. Je ne comprends pas ce que vous attendez de moi. C'est peine perdue pour vous, je ne connais rien à tout ça et je n'ai pas envie d'apprendre!!

C'était vrai: je ne voyais pas où était l'intérêt de Poudlard de me laisser moisir ici. Je sentais que les larmes me montaient aux yeux et je tentais tant bien que mal de les ravaler, ne voulant pas me démonter aussi facilement. Être une sorcier était donc une fatalité? Je me remémorais ses paroles et tentais de les assimiler. Était-ce possible que MOI j'ai une place à Poudlard? Mais depuis quand? Depuis que j'étais née, ces gens savaient-ils que je deviendrais sorcière? Et puis ça menait à quoi, ça, sorcier? Je finirais par faire des tours de Magie dans les cirques? Je ne leur en voudrais pas moi si "les autres professeurs me délaissaient"... je ne demandais même que ça! Mais à écouter la jeune femme ils prenaient ça comme une mission...

Quelque chose m'échappait. J'étais perdue. Je sentis des larmes chaudes couler sur mes joues mais je les essuyais rapidement d'un revers de main: ce n'était pas le moment de pleurer.

- Je ne comprends pas. Est-ce que vous saviez depuis toujours que je viendrais à Poudlard? Est-ce qu'on naît sorcier? Pourquoi tout le monde ne l'est pas? Ou bien vous choisissez des gens? Et dans ce cas pourquoi moi?

Horrifiée, une idée désagréable me vint à l'esprit:

- Attendez... c'est héréditaire, la magie? Est-ce que vous pensez que... mes parents étaient sorciers?

Alors là, je les avais depuis tout ce temps imaginés sous bien des formes, grands, petits, gros, beaux, gentils, hautains, soumis, pauvres, drôles mais jamais au grand jamais avec un chapeau pointu devant un chaudron bouillonnant... Mon Dieu... J'avais l'impression que mon petit monde s'écroulait doucement autour de moi.

L'image que Meryl et Ilaure offraient à Scarlett fit tressailler cette dernière qui, sans doute, ne put s'empêcher de faire la comparaison avec un autre genre du Dr. No. Sauf que Meryl était bien loin de lui ressembler et que Scarlett ne ressemblait pas encore à Sean Connery ou Pierce Brosnan. Cependant, le bureau de la directrice n'était pas réellement l'antre de la peur, où l'on rentre en sachant que l'on n'en ressortira pas entier. Rassurez-vous, Meryl n'offrait pas à ses oiseaux les restes des élèves qui osaient s'aventurer dans son bureau. Pas même un oeil.

Les paroles et le ton qu'employait la jeune femme semblaient rassurer l'élève rouge et or ; elle ne regardait ni le plafond ni ses pieds, ne se tortillait pas. Elle l'écoutait, attentivement. Toutefois, quand Meryl eut fini, Scarlett paru se ressaisir et menaça de secouer sa tête comme pour chasser tout ce qu'elle pensait, refuser ce qu'elle venait de faire. Néanmoins, bien qu'elle voulut montrer à sa directrice qu'elle l'écoutait à nouveau quand elle repris, Meryl voyait bien que la jeune fille ne tiendrait plus en place très longtemps. Elle semblait pendue à ses lèvres, tout en sachant fermement la réponse que lui fournirait la jeune femme.

- Mais pourquoi... Je ne comprends pas ce que vous attendez de moi. C'est peine perdue pour vous, je ne connais rien à tout ça et je n'ai pas envie d'apprendre!!

Le visage de Scarlett prit une mine déconfite, les larmes gonflaient ses yeux. Inutile d'avoir 160 de QI pour comprendre que le fait d'être sorcière était comme un tare pour elle. Meryl eut soudainement envie de se lever pour la prendre dans ses bras, cependant, elle n'était pas sa mère et cela n'entrait pas dans le jeu de ses fonctions. Toutefois, cela n'était pas stipulé comme interdit non plus. La directrice ne pouvait pas répondre à cela, surtout ne voulait pas y répondre. Elle se contenta de détourner ses yeux verts sur le sol et de se mordre discrètement la lèvre inférieure. Les larmes roulaient sur les joues de l'élève, rougies par la colère, mais elle eut vite fait de les effacer.

- Je ne comprends pas. Est-ce que vous saviez depuis toujours que je viendrais à Poudlard? Est-ce qu'on naît sorcier? Pourquoi tout le monde ne l'est pas? Ou bien vous choisissez des gens? Et dans ce cas pourquoi moi?

A ces paroles, Meryl releva la tête et l'appuya sur le dossier de son siège, levant les yeux au plafond, toujours en se mordant la lèvre. Elle redoutait cette question plus que toutes autres et elle détestait par dessus tout y répondre. Elle ferma ses beaux yeux verts et avala sa salive. Elle finit par se lever, obligeant la petite renarde à aller voir ailleurs si elle voulait dormir. Et le pire dans tout cela, c'était que pour raisonner Scarlett, elle était obligée de tout lui avouer. Il n'y avait pas d'autre solution. Laissant ses doigts glisser sur le bois et les feuilles de parchemins, elle se dirigea vers une de ses étagères remplie de poudre de peau de serpent et de tous autres objets.

- Scarlett, te rappelles-tu de la jeune fille qui était venue te voir un soir, il y a sûrement un an et demi voire deux ans de cela ? Elle saisit une fiole entre ses doigts et la fit tourner comme on tourne un flacon pour en apercevoir distinctement le contenu, sauf que son regard était vague, elle n'était pas concentrée sur le contenu de la fiole.

Meryl ne se retourna pas vers son élève, ne désirant pas voir l'interrogation sur son visage. Elle laissa planer un silence, pour laisser à Scarlett le temps d'essayer de comprendre ce qu'elle voulait lui transmettre.

- Cette jeune fille ne s'appelait-elle pas Jilly Kinksfly ?

Un autre silence laissa tomber ses plumes lourdes comme le plomb au-dessus de leurs têtes. C'est à ce moment que Meryl daigna enfin tourner ses regards vers la rouge et or. Les yeux presques pourpres de Scarlett s'ouvrirent comme des soucoupes, mais avant qu'elle put dire, ne serait-ce qu'une syllabe, Meryl la devança en annonçant :

- Oui, c'était moi. Je venais d'intégrer Poudlard en tant que professeur il y a peu et l'on m'avait demandé d'aller vérifier si vraiment tu étais une sorcière et donc apte à suivre tes cours ici, à Poudlard. Je m'étais faite passée pour une jeune femme qui ne pouvait pas avoir d'enfant et voulait donc adopter. Et c'est grâce à moi que tu as été admise dans cette école et que tu ne m'as plus jamais revue. Jusqu'à aujourd'hui.

Certes, cette action était souvent "banale" pour savoir avec certitude si tel enfant était sorcier ou non et les professeurs avaient parfois, pour devoir, de se rendre chez eux pour confirmer ou réfuter l'hypothèse. Il s'est avéré que Meryl avait dû le faire pour Scarlett, ce qui expliquait pourquoi la visage de la jeune fille ne lui était pas totalement inconnu. Cependant, la directrice n'en était pas très fière, surtout vis-à-vis de Scarlett qui détestait plus que tout Poudlard. Elle aurait voulu s'excuser, mais cette fois-ci, ce fut son élève qui lui coupa l'herbe sous le pied.

- Attendez... c'est héréditaire, la magie? Est-ce que vous pensez que... mes parents étaient sorciers?

Cette question surprit quelque peu la jeune femme.

- Il y a de fortes chances pour. Mais ce n'est pas rare de voir des enfants sorciers dont seulement un seul des parents est sorcier ou certains dont les parents n'ont aucun pouvoir magique. Ce sont ceux que les Serpentard appellent généralement les Sang-Mêlés et Sang-de-Bourbe. Tes parents sont-ils des sorciers ?

Il est vrai que l'emploi de l'imparfait utilisé par Scarlett étonna Meryl mais elle se rassura en pensant que du fait de ne plus voir ses parents tous les jours, elle avait perdu l'habitude d'employer le présent.

Plus la discussion avançait, plus je sentais que Meryl Kelsey détenait les réponses à toutes mes interrogations. Mais hélas, plus la discussion avançait, plus je devinais également que la situation était très mal barrée pour moi. Parce que si elle m'apportait des explications; je devais me rendre à l'évidence: elle n'était pas prête à me laisser quitter Poudlard. A l'écouter, c'était comme une chance, un honneur... J'avais beau essayer, je ne voyais pas en quoi... J'avais tellement les nerfs en pelote que je perdais mon sang-froid - déjà que j'en avais peu - et que je me sentais de plus en plus envahie par deux émotions pourtant un peu contraires: la colère et la tristesse. Des larmes coulaient sur mes joues tandis que, presque vaincue, j'apprenais que mes pouvoirs pouvaient même provenir de mes parents; et je me sentais frémir de colère face à l'injustice de la vie qui m'imposait une existence dont je ne voulais pas. Mais que je ne pouvais pas changer. Quelle cruelle ironie...

Je ne quittais plus la femme des yeux, et je buvais ses paroles, même si j'essayais de garder un certain recul. Mais j'avais tant envie de savoir qu'il m'était difficile de retenir mes questions. J'étudiais son visage légèrement tendu quand je lui demandais pourquoi j'étais là; puis elle ferma les yeux comme si elle se faisait violence, après quoi elle se leva et arpenta la pièce. Triturant une petite fiole, elle commença à ma répondre, mais j'eus peur d'un coup: allait-elle me faire boire de force un breuvage qui me rendrait douce comme un agneau?! J'avais beau essayer, je ne parvenais pas à avoir une confiance totale en les gens qui appartenaient à ce monde parallèle. Pourtant, Meryl Kesley avait l'air gentille - mais c'était plus fort que moi.

- Scarlett, te rappelles-tu de la jeune fille qui était venue te voir un soir, il y a sûrement un an et demi voire deux ans de cela ?

Les sourcils froncés, je braquais mon regard sur elle tandis qu'elle évitait toujours le mien. Mais qu'est ce qu'elle racontait?

- Cette jeune fille ne s'appelait-elle pas Jilly Kinksfly ?

- Euh...si! balbutiai-je complètement dépassée par les évènements. Mais comment pouvait-elle savoir cela? Poudlard m'espionnait donc depuis ma plus tendre enfance?! Bon sang, cette affaire prenait des proportions que j'avais sous-estimées!

- Oui, c'était moi. Je venais d'intégrer Poudlard en tant que professeur il y a peu et l'on m'avait demandé d'aller vérifier si vraiment tu étais une sorcière et donc apte à suivre tes cours ici, à Poudlard. Je m'étais faite passée pour une jeune femme qui ne pouvait pas avoir d'enfant et voulait donc adopter. Et c'est grâce à moi que tu as été admise dans cette école et que tu ne m'as plus jamais revue. Jusqu'à aujourd'hui.

Les souvenirs me revinrent en rafale. Cette jeune fille... Je m'en souvenais très bien. Elle était très jeune. Je détaillais les traits de Meryl Kesley, y trouvant vaguement une ressemblance. Je me rappelais pertinemment avoir éprouvé un peu de chagrin pour cette fille qui désirait un enfant et qui ne pouvait pas en avoir; mais je me rappelai aussi tous les moyens que j'avais mis en œuvre pour qu'elle ne me choisisse pas. Parce que j'aimais mon foyer, mes amis, et ma vie là-bas. De toute façon, les gens adoptent rarement des enfants de plus de cinq ans, et cela n'avait pas loupé... Et dire que j'avais cru avoir finement joué car je l'avais sentie intéressée par moi mais qu'elle ne m'avait pas adoptée... En fait, tout était prévu...

- Quoi, c'était vous?! Et... C'est à cause de vous?! Incapable d'avoir une pensée construite, je vrillais un instant mes yeux dans le sien. Ainsi, je lui devais la confirmation de mon appartenance au monde sorcier. Quelques heures plus tôt, j'aurais pu me jeter sur elle dans une rage folle pour lui faire autant de mal qu'elle m'en avait fait. Mais là, je voyais les choses d'un point de vue totalement différent. Qui plus est, elle n'avait fait que suivre les ordres qu'on lui avait donné; je ne pouvais pas la blâmer. Cependant une question me trottait dans la tête, et je voulais la réponse avant de fixer vraiment mon jugement:

- Et que se serait-il passé si vous n'étiez pas venue, si j'avais vraiment des pouvoirs mais que personne ne s'en était rendu compte? J'aurais vécu normalement ou... j'aurais eu des problèmes, je ne sais pas, j'aurais...explosé?...

C'était peut-être bête, mais si la magie était quelque chose d'exceptionnelle, c'était peut-être mauvais de la garder pour soi sans l'exploiter. Déjà que je trouvais cela mauvais à la base. Enfin, bref.

- Il y a de fortes chances pour. Mais ce n'est pas rare de voir des enfants sorciers dont seulement un seul des parents est sorcier ou certains dont les parents n'ont aucun pouvoir magique. Ce sont ceux que les Serpentard appellent généralement les Sang-Mêlés et Sang-de-Bourbe. Tes parents sont-ils des sorciers ?

Horreur... Elle confirmait mes soupçons... Mes parents pouvaient être sorciers... J'étais pourrie jusqu'à la moelle!!! Je sentis mes yeux s'humidifier à nouveau. Je ne voulais pas de tout ça, je n'en voulais pas, pourquoi, pourquoi je ne pouvais pas vivre la vie que je voulais dans mon foyer au Pays de Galle?!...

Je me rappelai ce que Haruhi m'avait expliqué au sujet des Sang-de-Bourbe, et j'acquiesçai, mais une autre partie de moi en avait marre, tellement marre, j'avais juste envie de tout envoyer balader...

Je lui répondis d'une voix lasse:

- Je n'en sais rien, j'ai grandi dans un orphelinat, je ne sais ni le nom ni quoi que ce soit de mes parents. Je sais juste que Dawbson est le nom de famille de mon père. Si vous avez des archives qui recensent tous les gens comme vous peut-être que vous le trouverez...

Blasée, je gardais pour moi le "mais j'espère pas". Meryl Kelsey avait beau faire naître chez moi une certaine aisance - j'aurais pu discuter avec elle encore et encore - je ne pouvais m'empêcher de réaliser que j'étais fichue. J'allais passer 7 ans de ma vie ici, dans cet endroit que je haïssais au milieu de gens bizarres. La vie était vraiment pourrie.

» Meryl Kelsey
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