Entre chien et loup... [PV] [Terminé]

C'était l'aube à Poudlard. Les tous premiers rayons de soleil perçaient à travers la fenêtre, accompagnés de cette humidité et cette fraîcheur si caractéristique, ainsi que du chant des oiseaux les plus matinaux.
J'ouvris les yeux comme un automate, laissant le plafond se dessiner à seulement cinquante centimètres de moi. Je n'avais pas dormi. J'étais agité et tendu. Chaque son me parvenait avec une clarté troublante, tout comme les odeurs. Je me sentais irritable et fatigué; le chant de ces volatiles m'exaspérait déjà et rien que le fait de rester allonger dans ce petit lit si proche du plafond me mettait mal à l'aise. Aussi, je descendis prestement par l'échelle, enfilai les premiers vêtements qui me passaient sous la main et quittai le dortoir au plus vite.

Cependant, même dans la salle commune, pourtant déserte, je me sentais oppressé.
Je gagnai la grande salle d'un pas déterminé, bien décidé à croiser le moins de gens possible. Malheureusement, il y avait toujours une poignée de lève-tôt qui venait s'agglutiner là dès que le petit déjeuner était servi. J'évitai la compagnie au mieux et m'isolait au bout de la table. Si personne ne savait que, selon les cycles lunaires je pouvais être particulièrement irritable, j'étais certain que tout le monde était apte à se dire que je n'étais pas du matin.

Après avoir dévoré comme un ogre tout ce qui était passé à ma porté, je me rendis en cours où je restais aussi aimable qu'une porte de prison. Ces salles de classes me rendaient d'autant plus irascible qu'elles étaient si étroites que nous étions collés les uns aux autres. J'avais la sensation d'étouffer dans ce château où j'avais l'impression d'être entouré de têtes-à-claques!
L'enfer, c'est les autres, avec leur pseudo-sollicitude! Mes grandes cernes devaient les inquiéter, alors j'avais eu droit à tout un enchainement de: "Ça va, Alex?" "Hey mec, tu te sens bien?" "Oh, toi, t'as une p'tite mine!".
Qu'y avait-il donc à répondre? Ces stupides questions me mettaient les nerfs en pelote, si bien que j'avais dû prendre sur moi pour ne pas agresser quelqu'un aujourd'hui.

Dès la fin des cours, je quittais l'école pour aller prendre l'air dans le parc. Pourtant, même à l'extérieur, malgré le vent frais, l'espace et le calme, je me sentais brimé et opprimé, asphyxié comme un lion en cage.

La bête à l'intérieure de moi grondait, prisonnière de mon propre corps.

Je m'approchai du lac et m'aspergeai le visage à plusieurs reprises. Il fallait absolument que je me calme. Je n'étais pas d'un naturel cruel, sanguin ou colérique. Qui plus est, je ne considérais pas que toutes les personnes qui m'avaient adressé la parole aujourd'hui étaient des têtes-à-claques. J'inspirai un grand coup et repris ma marche, bien décidé à reprendre le contrôle de moi même.

Pendant que je marchais, je réfléchissais à la meilleure façon de m'excuser pour toutes les fois où j'avais été mal luné aujourd'hui. Parallèlement, je ne pouvais m'empêcher de trouver la situation un peu inégale; les filles aussi avaient leurs sautes d'humeur une fois par mois, et pourtant elles n'avaient jamais de comptes à rendre, elles!
Ce fut sur la pensée de cette injustice que j'arrivai jusqu'au saule cogneur. Je ne l'avais jamais vu d'aussi près! Il avait l'air tellement... En colère!
Au moins une chose que nous avions en commun, songeai-je avec amertume.
À l'horizon, je regardai le soleil descendre derrière le lac. Nous étions "entre chien et loup" et cette pensée fut bien la seule à me dérider de toute la journée.

Les gens me faisaient rire. Le monde me faisait rire. La peur me faisait rire. Tout me faisait rire en ce début de journée. La terre ne tournait pas comme nous le voulions, et j’étais bien le premier à m’en rendre compte. Si nous pouvions faire tout ce que nous désirons, si toutes les personnes que l’on voyait d’un œil noir pouvaient disparaître, l’humanité ne recélerait pas grand monde. Ironie du sort, tout diminuait au fil que le temps passait, et la confiance en premier.

Je tournais et retournais dans mon esprit les dernières semaines passés ici. Tout avait été chamboulé dans ma vie. Je n’étais plus le gentil petit Jay qui voulait à tout prix recevoir les regards remplis de fierté de sa mère, courant après les jolis petits papillons jaunes. Non, vraiment. Mais dans la plupart, je ne m’en portais pas plus mal. J’étais enfin moi-même, j’avais enfin se que je désirais. Même si malgré tout, certaines choses me restaient coincées dans la gorge sous une dizaine de tonnes de pierres. Passons.

Et malgré les tournants que j’avais pris, malgré les choses que j’avais laissées derrière moi, je n’avais pas perdu toutes mes valeurs. Je restais fort attaché aux personnes qui n’avaient pas les mêmes opinions que moi mais qui m’étaient chères. Tout comme Lyah. Malgré mon appartenance à ces gens, l’affrontement n’était pas mon fort. Je préférais attendre dans l’ombre pour ensuite sauter et piquer là où ça faisait vraiment mal. Coups bas ? Lâche ? Je ne crois pas, non. Juste astucieux.

Aujourd’hui, c’était une journée de cours normale. J’espérais un peu de suspense, d’actions, pour montrer que oui, je valais bien quelque chose et que non, je n’étais pas le gentil petit fils à papa. Que je n’avais plus d’ailleurs. Mais je fus déçu, comme tous les jours. Rien n’arriva, rien ne dégrisa l’esprit embrumé des jeunes. Petit à petit, les jours s’allongeaient pour se ressembler. Tout devenait monotone, et tombait dans une certaine routine. Après le changement de direction de Poudlard, j’avais enfin cru qu’il y allait avoir du nouveau, que les vrais tournants allaient enfin se faire. Mais nada. Rien. Affligeant. Les gens voulaient se faire le moins possible remarqué, et tous se terraient dans un silence de mort. La peur au ventre, la terreur fixée dans les yeux. Sauf quelques uns. Mais rien n’avançait. Malgré moi, je poussais un soupire.

Une fois la dernière sonnerie retentie, je sortis de ma classe, me dirigeant où seul Merlin savait. Mes pieds m’entrainant n’importe où, passant devant des groupes de jeunes flânant à qui mieux mieux. Je souris en coin. Et sortis à l’air libre. Là où nous ne pouvions plus aller une fois la nuit tombée. Rare était ceux qui désobéissaient. Je marchais au hasard, ne voulant pas spécialement être seul, mais sans non plus être entouré de centaines de personnes bavardant à celui qui crierait le plus fort.

Je sortis de ma transe en levant les yeux. Loin devant moi, se dressait le splendide arbre furieux. Le Saule Cogneur dans toute sa splendeur. Et Jay, poète dans ses heures perdues… Bon d’accord, je ris.

Mais cet arbre m’avait toujours intrigué, et jamais encore je n’avais pu le voir en action. N’ayant rien d’autres à faire, je m’y rendis. Au bout d’une dizaine de minutes, j’arrivais enfin devant le fameux végétale. Ses feuilles et ses branches se balançaient lentement au rythme du vent, ayant quelque fois de petits sursauts. Je détachais alors mon regard de son tronc, pour le promener autour de moi. Et je posais mes yeux sur un garçon à la chevelure blonde et légèrement bouclé qui se tenait à quelques pas de moi. Il avait l’air… songeur ? Triste ? Seul ? Je n’arrivais en aucun cas à définir les sentiments qui le traversaient. Et puis, je ne voulais pas lui parler si c’était pour l’embêter. Détestant moi-même que l’on m’adresse la parole quand j’étais sur les nerfs, je préférais alors le laisser parler en premier, si toute fois, il en avait envie.

Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas qu’ils vous fassent.

Je ne pouvais détacher mes yeux de ce végétal, complètement fasciné et presque... hypnotisé. Tantôt figé comme le plus commun des arbres, tantôt agité comme une entité vivante et révoltée. Ses branches frappaient alors autour de lui avec fureur, comme si ce saule avait voulu abattre un nuage de moustiques qui lui tournerait autour. C'était vraiment captivant, cette puissance phénoménale et pourtant canalisée, puisqu'aussi déchainé qu'il soit, le sol le retenait prisonnier...

Je m'employais encore à m'identifier à cet arbre lorsque je remarquai qu'un garçon s'était matérialisé à quelques pas de moi. Cela eu pour effet immédiat de me sortir de mes pensées; je sentis la colère me submerger d'un coup. N'aurais-je donc jamais la paix? Ne pouvait-on pas rêver d'un peu de solitude dans cette école? Y aurait-il toujours quelqu'un pour venir se planter à mes côtés? Désormais fou de rage, je crachai:

-Ça te dirait pas de dégager, pour voir?

Je regrettai presque instantanément mes paroles et me giflai intérieurement. Une fois de plus, je n'avais pas été moi-même aujourd'hui, j'avais laissé mes pulsions me contrôler. Ma partie humaine reprenait le contrôle à une allure vertigineuse, si bien que je fus sur-le-champ noyé d'un terrible sentiment de culpabilité. Je m'empressai alors de rattraper la situation.

-Oh, je suis vraiment désolé, je t'avais pris pour quelqu'un d'autre...

Je fis un mince sourire d'excuse au jeune homme en face de moi, ce qui me couta un gros effort. Je menais un vrai duel intérieur, me trouvant à la fois stupide pour avoir insulté cet élève et complètement niais de m'être excusé. Pourtant, je savais pertinemment que fuir les lieux n'était pas une bonne idée. J'avais passé ma journée à faire cela: fuir et m'éclipser. Je ne voulais parler à personne pour ne pas avoir à me maîtriser, mais au fond, les choses étaient bien pires quand j'étais seul à ruminer. Comme je ne pouvais pas dormir, je passais bien trop de temps à discuter avec les deux partie de moi-même et je savais très bien que les jours à venir seraient les plus pénibles du mois. Mais ce garçon, debout à côté de moi, m'apparaissait comme une échappatoire, à l'instar d'Aure. Puisqu'il était seul, j'allais pouvoir essayer d'entretenir une conversation avec lui... Et j'allais m'y employer de ce pas!

-Je m'appelle Alex! déclarai-je d'un ton que j'espérais enjoué.

Je m'approchai de lui et lui tendis une main amicale. Je priai pour avoir l'air normal, car à l'intérieur de moi, j'entendais nettement ma mauvais partie hurler à mon nouvel interlocuteur: *Dis donc, sombre crétin, tu dois vraiment rien avoir à faire de ta vie pour venir te planter ici pour regarder une arbre!*
J'élargis mon sourire, presque pour m'excuser à l'avance.

Difficile de dire aux gens que j'étais parfois "mal luné"...

En même temps que j'attendais qu'il me sert la main, je baissai les yeux sur son écusson. Serpentard. Je déglutis avec quelques difficultés. Je ne savais pas encore si les Serpentards faisaient tous honneur à leur réputation, mais une chose me paraissait évidente, il ne valait mieux pas pour moi que se produise à nouveau ces "désobéissances verbales" si je ne voulais pas finir vite fait bien fait à l'infirmerie...
Et comme par hasard, à cette pensée, mon monstrueux égo de loup se manifesta, me faisant particulièrement bien comprendre qu'il serait, au contraire, très content de pouvoir enfin passer ses nerfs sur quelqu'un aujourd'hui... .

Je fixais toujours le garçon blond. Il était perdu dans ses pensées, fixant lui-même l’arbre. Et ne m’ayant toujours pas vu. Mais après tout, qu’il m’ait ou pas aperçu, je m’en battais comme de l’an quarante. En effet, je n’étais pas une de ces personnes qui par peur de se faire découvrir, se terrait de suite dans son petit coin, rougissant jusqu’aux oreilles. Non, je n’étais pas comme ça. Et puis au moins ainsi, une fois découvert, vous pouviez enfin commencer, ou pas, une discussion décente. C’est alors que je sentis qu’il m’avait enfin remarqué. Il tourna son regard brun vers ma personne, et je vis dans ses yeux de la colère, de l’amertume, d’être ainsi déranger par quelqu’un d’inconnu. Ses globes oculaires lançaient des éclairs, essayant, tant bien que mal je vous l’accorde, de m’atteindre. Intérieurement, je me mis à rire. De part mon sang, et mon appartenance à ma maison, j’avais un esprit provocateur. Aimant me mettre à dos la fureur des autres. Même si à cela, je préférais la diplomatie, un peu d’actions parfois ne faisait jamais de mal.

- Ça te dirait pas de dégager, pour voir?

Et j’en avais bien besoin. Il ne se passait rien à ce moment, et j’avais envie d’un petit rebondissement. Ce qu’il m’offrit pour ma plus grande joie. Je lui fis un petit sourire moqueur. Et formait déjà une petite phrase toute aussi provocatrice. Car bien évidemment, je ne partirai en aucuns cas pour ses beaux yeux. Fusse de se faire lancer des bombes imaginaires.

- Pour voir ? Non, vraiment, ça ne me dit rien.

Mon sourire moqueur ne me lâchait pas, mes mains sur les hanches. En effet, face à se genre de confrontation, je ne croisais pas les bras, qui signifiait pour moi un signe de défense, de timidité. Et j’étais tout, sauf ça. Et en ce moment, provocation était le maître mot qui me caractérisait. Mais alors que je terminais ma phrase, un sentiment de culpabilité pris place dans son regard. Oui ?

- Oh, je suis vraiment désolé, je t'avais pris pour quelqu'un d'autre...

J’haussais les sourcils, lui faisant ainsi savoir que je ne comprenais en aucun cas pourquoi il s’excusait… Etrange tout cela. En creusant un peu, je me dis qu’un jeune garçon ne pouvait pas passer d’une forme de rage à, de suite après, faire des excuses pour son comportement passé. Oui, il devait avoir un quelconque problème ou même secret enfuit au plus profond de lui-même. Ce petit jeune, qui en soit avait surement le même âge que moi, attisait ma curiosité au plus haut point. Et je découvrirai le pourquoi du comment. Car le Choixpeau magique n’avait-il pas clamé haut et fort que
« Vous finirez à Serpentard
Si vous êtes plutôt malin
Car ceux-là sont de vrais roublards
Qui parviennent toujours à leurs fins. » ?

Si, bien sûr, et je ferai honneur à ma maison. Je ne pris pas la peine de répondre, à quoi bon ? Lui sortir quelque chose du genre, Oh bien sur pas de problème !? Que nenni.

- Je m'appelle Alex!

Me dit-il alors. Effectivement, son comportement avait changé en moins d’une minute. Il s’avança alors vers moi, et me tendit sa main en signe de, paix, conciliation, amicalement ? Nous verrions bien. Et puisque malgré tout, j’étais bien élevé, je la lui serrais également. Peut-être avait-il eu une saute d’humeur, et voulait-il se rattraper et ainsi faire connaissance ? Quoiqu’il en soit, je le garderai à l’œil.

- Et moi c’est Jay. S’ensuivit un petit clin d’œil.

Dans le même temps, il mit son regard au niveau de ma poitrine, là où se trouvait mon cher écusson. Fusse une impression ou non, mais il déglutit après avoir reconnu la maison à laquelle j’appartenais. De la peur ? Mais si ça lui posait un quelconque problème, j’y remédierais bien vite.

[HJ : Voilà ! Bon, j'en suis pas aussi content que celui que j'avais au départ commencer, mais ça passe ! Si jamais tu réponds avant demain fin d'après midi, je pourrai encore une fois te répondre avant mes vacances, sinon, tu devras attendre le 7 aout Entre chien et loup... [PV] [Terminé] 225254

Entre chien et loup... [PV] [Terminé] 225254

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En même temps que je relâchais la main du jeune homme, j'émis un petit rire nerveux. J'essuyai rapidement mes doigts contre ma robe de sorcier avec un sourire niais. Le fait était que ce garçon n'avait pas l'air d'avoir froid aux yeux; il ne se recroquevillait pas sur lui même, mains sur les hanches et petit sourire aux lèvres, il semblait vraiment très sûr de lui. Cette arrogance tapait sur le système de ma mauvaise moitié, aussi, j'avais failli lui broyer la main. Mais, comme j'étais en plein test de self-control, je m'étais contenté d'une ridicule pression qui devait me donner l'air vraiment faible et impotent.

-Et moi c'est Jay, me répondit-il.

Je lui fis un mince sourire en réponse à son clin d'oeil. Au moins, ce revirement de situation ne semblait pas l'avoir dérouté plus que ça. Après avoir muselé avec soin mon Mr Hide, qui n'avait pas manqué l'occasion de me hurler plein de blagues débiles sur le prénom "Jay", je reportai mon attention sur le saule cogneur.
Je ne savais pas quoi dire ou quoi faire. La partie de moi qui haïssait l'idée de cette conversation avait l'air bien plus forte que ma véritable personnalité. C'était un vrai capharnaüm dans ma tête, à tel point que je ne m'entendais plus penser!

Je ne savais pas vraiment comment "meubler le silence". Je n'étais pas très doué pour les faux-semblants. Je n'étais pas quelqu'un de taciturne et d'ordinaire, je n'avais pas à faire d'efforts pour me lancer dans d'incessants babillages! Je devais m'habituer à ces situations où, pour trouver un compromis avec moi-même, je pouvais essayer d'aborder les gens, sans toutefois réussir à être de bonne humeur.

-Ce saule est vraiment incroyable, commençai-je. Il est si...

Des dizaines d'adjectifs me traversaient la tête: Absurde! Magistral. Méprisable! Solennel. Crispant! Superbe. Comme je n'arrivais pas à mettre tout le monde d'accord, je tranchai, comme d'habitude, avec quelque chose d'impartial.

-Gros!

Je me mordis la lèvre et levai les yeux vers Jay. Je me sentais incroyablement stupide. Poli, certes, mais stupide également! Et je sentis immédiatement l'agacement commencer à monter en moi, comme une vicieuse poussée d'adrénaline. Pourquoi devais-je toujours jouer les idiots alors que, bon sang, je pouvais décimer toute cette école de tarés!!!

J'émis à nouveau un rire suraiguë digne des plus grandes godiches.

-Euh, désolé... M'excusai-je pour la deuxième fois en cinq minutes. Pour ne pas retomber dans mes sombres pensées, je continuai d'une traite: À vrai dire, c'est la première fois que j'ai vraiment l'occasion de parler avec un Serpentard et il faut dire que la réputation de votre maison n'est plus à faire alors, je me demandais comment je devais me comporter, tu vois?

Je me souvins juste à temps de respirer avant de devenir violet. Je me sentais carrément misérable pour avoir dit un truc pareil. Après tout, lorsque quelqu'un vous effraie, la tactique la plus couramment enseignée n'est-elle pas de faire comme si de rien n'était? Mais en vérité, je n'avais pas vraiment peur de Jay. J'étais plein d'a priori à son sujet, certes. Mais j'avais bien plus peur de moi-même! Car, plus je m'employais à être courtois, plus j'avais envie de me défouler sur quelque chose, ou quelqu'un.
Aussi, je m'appliquai particulièrement à faire mon sourire le plus bienséant à Jay, pour qu'il puisse constater par lui-même à quel point la personne que j'étais était bien éduquée.

[HJ: Chose promise, chose due! J'espère que ton traitement de texte se montrera plus conciliant cette fois-ci! Entre chien et loup... [PV] [Terminé] 824134

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Le dénommé Alex ne me fit qu’un simple petit sourire en réponse. Timidité ou protection ? Pour ensuite ce tourner à nouveau vers le Saule Cogneur, se perdant encore une fois dans ses pensées, sombres ou pas. Etant curieux de nature, ce jeune garçon m’intriguait un peu plus à chaque seconde passée. Alors qu’en règle général je étais quelqu’un de très bavard, aimant parler à qui mieux mieux, ici, face à cet arbre et aux côtés de cet Alex, je ne disais rien. Rien de plus qui ne mettait demandé. Je préférais largement écouter, comprendre, et surtout, essayer de deviner ce qui ce tramait derrière ces boucles blondes.

Il prit alors la parole, laissant un long silence entre le début de sa phrase et son dernier mot, comme si il cherchait quelque chose de vraiment fort à dire.

- Ce saule est vraiment incroyable, il est si… gros !

M’oui. J’acquiesçais d’un mouvement de tête allant de droite à gauche. Personnellement, j’aurai employé un autre adjectif pour décrire cette merveille du monde magique, car bien évidemment on ne trouvait nulle part ailleurs d’arbre capable de bouger par la seule force de sa colère, tuant ou attrapant tout être vivant passant à une distance trop proche de son tronc, ou même de ses branches aux feuilles vertes foncées. Alex se mit alors à rire. D’un rire suraigu. D’un rire qui me sembla tout à fait faux.

- Euh, désolé… A vrai dire, c’est la première fois que j’ai vraiment l’occasion de parler avec un Serpentard et il faut dire que la réputation de votre maison n’est plus à faire alors, je me demandais comment je devais me comporter, tu vois ?

Pourquoi mais pourquoi s’excusait-il encore ? Je poussais un petit soupire qui, j’espère, passerait inaperçu. Oui, en effet notre maison avait une réputation bien plus mauvaise que les trois autres, à cette pensée j’eus un petit sourire sadique. Mais je me repris très vite. Après tout… Non, oubliez. Mais avait-il peur de moi ? De ce que je pourrais lui faire ? Bof, à part le transformer en limaces si il me tapait trop sur le système ou l’envoyer là où il ne ressortirait pas de sitôt, je ne pouvais lui faire grand mal. Je ris intérieurement, rigolant de ma bêtise, car en effet, ma deuxième supposition était vachement loin de pouvoir ce réalisé.

Plus sérieusement. Tant que rien ne m’y obligeait, ou plutôt personne ne m’y obligeait, il ne risquait pas grand-chose. Et c’est d’une voix amusée que je lui répondis.

- En effet, je vois. Comporte toi normalement, et en étant toi-même. Evite peut-être de clamer haut et fort tes opinions quant à ce qu’il se passe en ce moment, les arbres ont des oreilles.

On ne pouvait jamais savoir si quelqu’un ne se trouvait pas à proximité, quelqu’un comme nous. Ou plutôt comme moi je devrais dire. Mais je n’étais pas pour l’envoyer directement à l’abattoir, préférant d’abord avoir une opinion personnelle à son sujet.

Et puis, si il lui arrivait d’être enfin vraiment lui-même, sans doute que ça me permettrais d’en savoir plus sur ce qu’il cache, sur le fond de sa vraie pensée.

Mais ne fais confiance qu’à toi-même. Et ne remet jamais ta vie entre les mains d’autrui.

[HJ : Désolé, mais c'est pas aussi long que mes précédents :/ ]

-En effet, je vois. Comporte-toi normalement, et en étant toi-même. Evite peut-être de clamer haut et fort tes opinions quant à ce qu'il se passe en ce moment, les arbres ont des oreilles.

Je déglutis avec difficulté. Le ton grave de mon interlocuteur me faisait me sentir encore plus ridicule, mais cette fois, ma bataille avec moi-même m'apparaissait comme pittoresque, parce que comparée à une autre guerre, bien plus conséquente.

J'étais élève à Poudlard depuis plusieurs mois maintenant. Je n'avais pas encore l'impression de faire parti d'un tout et de me sentir complètement à ma place, mais je ne pouvais pas dire que je ne me plaisais pas ici. Cependant, depuis cette nuit dans la grande salle, les choses n'avaient plus jamais été les mêmes. Je n'étais pas là quand ça c'était produit. Je n'avais pas diné, et je ne savais même plus pourquoi! Un devoir en retard? Un match de quidditch passionnant, du rangement à faire, une lettre à envoyer à sa mère... C'est incroyablement futile cette liste de choses qui peuvent vous sauver la vie...

Il n'y avait pas eu de mort, mais au contraire, de nouveaux arrivants. Des mangemorts, c'était évident, mais rien d'officiel. En cours le lendemain matin, certains étaient revenus avec de simples bleus, d'autres étaient resté des semaines à l'infirmerie. L'ambiance était plus lourde et plus pesante mais jamais rien ne filtrait des élèves ou des professeurs, comme si chaque parole prononcée pouvait nous valoir de recevoir un sortilège impardonnable.

Pour le coup, mon côté loup s'était trouvé muselé. C'était peut-être ça, au fond, la clé du secret? La communication plutôt que l'isolement? Ou plus précisément, l'occupation plutôt que le l'inertie.

-C'est difficile de se faire une opinion, et même de connaître celle des autres...

Le ton serein de ma voix me surprit légèrement, mais il était en accord avec mon état d'esprit actuel, c'est à dire en paix avec moi-même.

-Je suppose que c'est d'autant plus dur pour votre maison de choisir un camp.

Malgré ce que je venais de dire à Jay, mes propres opinions étaient déjà bien arrêtées. D'une part, je me sentais comme un gamin, incapable de choisir un camp sans être influencé! D'un autre côté, je ne comprenais pas comment on pouvait rejoindre vous-savez-qui autrement que sous la contrainte, ou guidé par la peur. Je ne discernais pas les intérêts des mangemorts; asservir ou être asservi me paraissait être une devise tellement ancestrale! Cependant, je n'étais pas sans me douter que beaucoup de Serpentards n'étaient pas à l'abri de pressions familiales trè fortes.

-Tu y étais? demandai-je soudain à Jay.

Cette prise d'otages avait été si terrible que ma question me semblait soudain beaucoup trop personnelle. Pourtant, j'avais besoin d'en savoir plus! Qui plus est, je n'allais pas à l'encontre de sa requête, puisque je n'exposais en aucun cas mes opinions.
Je soupirai. Être obligé de se cacher pour parler avait quelque chose d'angoissant, voire même d'oppressant. J'aurais préféré que Poudlard ai sa propre presse pour clamer haut et fort ce que je voulais entendre: ni plus ni moins que la vérité. Ce qui paraissait assez difficile à obtenir quand on ne savait plus à qui accorder sa confiance...

Le vent soufflait de plus en plus dans les branches du Saule. Frissonnant au gré des bourrasques plus fortes. Le petit blond sembla déglutir suite à ma réponse. Ma phrase n’avait pourtant pas à l’effrayer, si ? J’osais les épaules, après tout, grand bien lui fasse. Ou plutôt, devrais-je dire, grand mal lui fasse ! Sans mauvais côté, entendons-nous bien.

Il sembla alors partir dans ses pensées. Pensées qui, je supposais, devait avoir un rapport avec ce que je venais de dire. Et donc, plus que probablement ce qui se tramait ici, à Poudlard, entre les quatre murs du grand château.

- C’est difficile de se faire une opinion, et même de connaître celle des autres…

Vraiment ? Je n’étais pas de son avis, loin de là même. Nos opinions étaient celles les plus facile à se faire, quand seul votre esprit cogitait. Car l’influence des autres tournait souvent au capharnaüm nos pensées.

- A partir du moment où tu es sur de ce que tu veux, que tu as des ambitions, ton opinion se fait d’elle-même.

Au contraire, la deuxième partie de sa phrase, j’étais d’accord avec lui. Quand vous saviez un minimum fermer la clef de votre tête, votre esprit restait un mystère pour vos interlocuteurs, et seuls les très puissants légilimences pouvaient à leur gré, brisé cette clef invisible. N’en ayant jamais fait l’expérience, je en savais pas si oui ou non, j’étais facilement translucide, si mes opinions étaient clairs ou pas. Et franchement, j’espérais avoir une clef assez forte, et impénétrable. Car le contraire vous causait souvent des ennuis.

- Je suppose que c’est d’autant plus dur pour votre maison de choisir un camp.

Je réfléchis un instant. Dur ? Je ne crois pas. Pesant était plutôt le mot adapté.

- Mmh… Je dirais que ça dépend des personnes. Certaines savent dès le début où elle se trouve. Comme moi, pensais-je amèrement. D’autre subissent influences, pressions, et préfère se terrer quelque part en attendant la fin.

Ou bien se cacher la vérité et se faire double face. Chose que je trouvais totalement inutile et puérile. Autant jouer franc jeu. Puis Alex posa tout à coup une question des plus… surprenante et bizarre de quelqu’un qui semblait justement de ne pas vouloir parler d’une telle question.

- Tu y étais ?

La Grande Salle. La prise d’otage. Les crises et les pleures. Les blessures et la peur. Ceux qui étaient pour, ceux qui étaient contre. Poudlard se définissait maintenant en deux clans. Ce n’était plus l’entende qui jadis avait sellé ces murs. Certains disaient qu’il y avait le bien et le mal, mais personnellement, je n’y croyais pas, et souvent, je reprenais la phrase qu’avait un jour d’y un défunt. Il n’y a pas de bien ni de mal. Il n’y a que le pouvoir, et ceux qui sont trop faibles pour le rechercher. Et c’était totalement vrai. Car qui se dirait « être le mal » ? Personne. Les Mangemorts obéissaient à leur envie, à leur devoir, à leur opinion. La Résistance, comme ils aimaient à s’appeler, travaillaient pour les leurs. Si tout le monde pensait pareil, le monde serait fait de petits poneys magiques faisant des cacas papillons.

- Non. Je répondis le plus sincèrement du monde. Et franchement, l’envie ne m’avait jamais pris d’avoir voulu me trouver là-bas.

D'entre chien et loup, nous étions en train de passer au crépuscule. Le saule cogneur n'en finissait pas de frapper l'air avec fureur et je ne pus m'empêcher de constater à quel point il contrastait avec l'immobilité sans faille et le calme de Jay. Ce côté impassible était même si déroutant pour moi qui, d'ordinaire, était si jovial, que ses mots me plongèrent dans la perplexité.

-À partir du moment où tu es sûr de ce que tu veux, que tu as des ambitions, ton opinion se fait d'elle-même.

Je laissai les mots du Serpentard flotter devant moi avant de mourir les uns après les autres. Qu'est-ce que ce garçon avait sous-entendu? Le terme "ambitions" me laissait particulièrement penser qu'il était du côté des mangemorts, car synonyme d'aspiration et de convoitise. Mais, peut-être avait-il voulu parler de l'ambition dans la lutte, la motivation et l'ardeur pour vaincre Voldemort? Et peut-être encore n'avait-il rien sous-entendu du tout! Jay tentait simplement de faire la conversation et il était mauvais pour moi d'essayer de lire entre les lignes et de tout interpréter.

J'écoutais le jeune homme me répondre avec attention, me confirmant ce que je pensais des Serpentards et de leurs imposants familles aux relations complexe. Il alla même jusqu'à répondre à ma dernière question et m'avoua, en toute sincérité, que lui aussi avait échappé au carnage. Honnête oui, Jay l'était. Ou du moins, il paraissait très convainquant. Mais, bien malgré moi, de nombreuses questions étaient en train d'assaillir mon esprit.

Je sentais mon côté loup reprendre le dessus et petit à petit, je perdais le contrôle. La voix de mon interlocuteur raisonnait dans ma tête comme une chanson au rythme entêtant. "Certaines savent dès le début où elles se trouvent". Ces mots, en apparence plutôt neutres, me semblaient soudain translucides et révélateurs. La bête en moi s'agitait, transportant Jay au rang de menace potentielle. Je sentis les poils de mes avant bras se hérisser. J'essayais de me convaincre que je psychotais.

Il faisait nuit noire à présent. À ma droite, Jay était toujours stoïque et avec moi, qui m'était raidi comme un piquet, tétanisé à l'idée de me trouver aux côtés d'un partisan de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, je nous savais parfaitement immobiles dans l'obscurité. Et comme la nuit, tous les chats sont gris, personne ne pouvait nous reconnaître.
Quelqu'un viendrait-il s'il m'attaquait? Avec tous ces mangemorts dans le château, penserait-il qu'il aurait le droit de me torturer, ou même de me tuer?

Je n'osais même pas tourner le tête, de peur que Jay, pendant que j'avais laissé libre cours à mes réflexions, n'ait eu le temps de se changer en vampire.

-Excuse-moi de t'avoir lancé sur ce sujet, dis-je, dans un murmure, alors que j'aurais aimé m'exprimer à haute et intelligible voix. C'est que tout le monde au château est si silencieux à ce propos. J'inspirai un grand coup avant de trancher: Mais il y a des opinions qu'il vaut mieux ne pas connaître!

J'espérai avoir eut l'air plein d'assurance et à ces mots, je fourrai mes mains dans mes poches, en réponse à la fraîcheur de la nuit qui venait de tomber. Immédiatement, je crochetai mes doigts sur ma baguette et me figeai.
Je n'étais pas sûr que Jay comprendrait ce que j'avais voulu dire. Non pas que je ne veuille pas connaître l'identité de mes ennemis, au contraire! Mais là, tout de suite, j'avais le sentiments que nous avouer une aussi grande divergence d'opinion serait l'occasion idéale pour lui de s'en prendre à moi, et rien qu'à cette pensée, le loup-garou en moi commençait déjà à piaffer... .

La nuit était maintenant totalement tombée. On ne voyait pas à dix mètres à la ronde, et tous les objets, arbres, qui nous entouraient paraissaient plus grands que leur taille normal. Tout se ressemblait, mais tout était propre à sa frayeur. Je n’avais jamais eu peur du noir, et même depuis ma venue à Poudlard, je n’étais pas encore passé du côté de la frayeur. Malgré tout, les ombres qui se projetaient contre le sol, face contre terre n’avaient rien de vraiment rassurant. Les étoiles apparaissaient petit à petit dans le ciel couleur d’encre. Et les nuages cachaient encore la lune qui aujourd’hui n’était que croissant. En face de nous, le Saule Cogneur ne bougeait plus, remuant seulement parfois l’un des ses innombrables bras de bois sous une rafale plus ou moins forte de vent.

Je tournais mon regard vers Alex, le petit blond qui se trouvait à mes côtés. Il avait l’air perdu dans ses pensées, menant un combat intérieur. Il semblait tétanisé. Et tous ses muscles étaient tendus sous je ne sais quelle pensée. Je ne pensais pas avoir émis un quelconque argument ou paroles comme quoi j’étais un ennemi. Peut-être était-il plus intelligent que ça, ou alors sa peur grandissante n’avait vraiment rien à voir avec ma personne. Plus aucuns sons ne se faisait entendre. Seul notre respiration et le souffle du vent brisaient l’air comprimé. Alex se mit alors à parler dans une voix à peine audible, dans un murmure caché.

- Excuse-moi de t'avoir lancé sur ce sujet. C'est que tout le monde au château est si silencieux à ce propos. Après une bonne respiration, il reprit. Mais il y a des opinions qu'il vaut mieux ne pas connaître !

Je soupirais. Alors oui, il croyait bien que j’allais le pulvériser d’un moulinet du poignet droit, et l’enterrer afin que personne ne le retrouve jamais. Ça ferait les grands titres. « Un jeune élève de Poudlard porté disparu depuis hier soir, aucune trace de lui ne de son assassin »

Mais je n’étais pas d’accord. Si, il fallait connaître les opinions de chacun, ou du moins essayer. Car ça vous faisait une force en plus, quelque chose que vous pourriez tourner à votre avantage, qui pourrait peut-être vous sauvez, in-extremis. Et je l’avais déjà essayé à mes risques et périls. Foutus « beau-père ». Soit. La voix du jeune Gryffondor avait eu l’air de pencher vers l’assurance feinte vers la fin de sa tirade. Du coin de l’œil, je le vis mettre ses mains dans ses poches. Les muscles de ma mâchoire se tendirent une seconde. Pour se relâcher enfin. Après tout, que pouvait-il bien me faire ? Je tournais mon corps tout entier afin de me tenir en face d’Alex Turner. L’une de ses mains semblait tenir fermement une baguette magique cachée. Si tu voulais jouer à cela mon grand…

- Je ne crois pas qu’ignorer ton ennemi te garantira le sauvetage.

Je répondais ainsi à sa dernière phrase. Dans la nuit noire, j’émis un petit sourire. Froid, mais sourire quand même. Passant la main dans mes cheveux tout aussi noirs que la nuit, je continuais.

- Et ta baguette ne te servira à rien. Strictement à rien. Tu crois vraiment que je vais t’attaquer dans un lieu aussi peu couvert ? Ne sois pas stupide.

[HJ : Désolé, ce n'est pas très long :/ ]

[HJ: Aucun problème pour la longueur! Et désolé pour le retard...]

Dans quelle galère m'étais-je encore fourré? Je trouvais ça tout de même fantastique, ce don que j'avais pour me mettre dans le pétrin. Après tout, j'étais venu ici pour lutter contre mes démons intérieur et au lieu de ça, que faisais-je? J'entretenais une conversation qui ne faisait que stimuler mon instinct de survie et, par la même occasion, mon côté lupin. J'en venais à mener deux combats pour le prix d'un, si bien qu'il n'aurait plus manqué que je sorte ma baguette pour m'attaquer moi-même avec.
Devant nous, le saule cogneur avait fini par se calmer. Jay avait pivoté sur lui-même pour me faire face. Dans la nuit noire, j'avais du mal à distinguer son visage.

-Je ne crois pas qu'ignorer ton ennemi te garantira le sauvetage. Et ta baguette ne te servira à rien, strictement à rien. Tu crois vraiment que je vais t'attaquer dans un lieu aussi peu couvert? Ne sois pas stupide.

Le jeune homme avait passé sa main dans ses cheveux tout en disant cela, laissant un petit sourire se dessiner sur ses lèvres. Quant à moi, mon coeur avait raté un battement et semblait s'être décroché pour tomber dans mon estomac. Je déglutis avec difficulté. Ma partie humaine, ne rêvait que de s'enfuir, ma partie loup, de lui sauter à la gorge: au diable les baguettes, j'aurais l'effet de surprise avec un combat au corps à corps!

Quand ma tête commença à tourner, je me souvins de respirer. Cette fois, la guerre était ouvertement déclarée. Il n'était plu question de supposition de ma part, de délires psychotiques ou d'appréhension sur les Serpentards! Jay venait clairement de révéler dans quel camp il se trouvait. Il m'avait bien recommandé de ne pas "clamer haut et fort mes opinions quant à ce qui se passait en ce moment", je n'avais jamais autant eu envie de hurler que je préférais mourir que de servir sous les ordres de lord Voldemort.
Nous nous défiâmes du regard.

-Je te l'accorde, ce ne serait pas futé.

Je restai face à lui, droit comme un piquet. Après un échange aussi explicite, il était clair que les choses ne pouvaient qu'empirer. À moins d'embrayer immédiatement sur des sujets comme nos groupes de rock préférés, nos équipes de quidditch favorites ou les filles les plus canon de l'école, c'était peine perdue pour sauver l'ambiance de la soirée. C'est pourquoi j'ajoutai dans un murmure:

-Je crois que tout est dit...

Je ne voyais pas comment nous pourrions nous entendre. Au contraire, tout en Jay éveillait en moi un terrible sentiment de justice et de liberté. Je me trouvais naïf d'avoir cru que la réputation des Serpentards n'était basée que sur du vent, des rumeurs, une poignée d'élèves singulièrement cruels et quelques actions particulièrement remarquables réalisées dans les années précédentes. A présent, je concevais parfaitement cette notion d'ambition, dont Jay et moi venions de parler à l'instant.

Je fis quelques pas en arrière, supportant mal cette proximité avec quelqu'un que je considérais à présent comme un ennemi. Mon côté loup avait eu beau se faire sentir, j'avoue que ma propre révolte intérieur sur la défense de mes valeurs et mes rêves d'équité avait réussi à faire taire mes envies de sang et de massacre. Comme si ma colère avait suffi pour faire le vide en moi.
Tourner le dos à Jay pour regagner le château était une idée qui ne me plaisait pas vraiment, mais je savais bien que je n'avais pas le choix, n'allant tout de même pas faire tout le chemin à reculons. J'adressai un dernier regard au Serpentard avant de tourner les talons, ma conception de Poudlard réformée occupant déjà toutes mes pensées.

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