Les absents ont toujours tort ~Les Jefferson Terminé

Je gobai un nouveau Dragée surprise de Bertie Crochue et j'en étais déjà presque à la moitié alors que je venais tout juste de l'entamer. Ca n'allait pas arranger mon affaire parce que le paquet était arrivé par hibou le matin même et c'était moi qui m'en étais emparée. En même temps, ca n'avait pas du être évident pour le volatile en question puisque le colis était censé être pour les trois membres de la famille à savoir Logan, Soléane et moi. C'était devant mon assiette qu'il était tombé, donc j'estimais que dès lors cela rentrait en ma possession malgré la lettre de nos parents qui précisait bien qu'il était pour nous tous. Mais ca, les deux autres n'avaient pas besoin de le savoir alors je m'étais empressée de jeter le parchemin dans la cheminée de la salle commune lorsque j'étais remontée après mon petit déjeuné avec le paquetage. Et puis j'avais déjà une idée en tête et j'allais avoir besoin de tout les bonbons pour ca. La première moitié parce que j'allais les manger par gourmandise, l'autre par rapport à une expérience que j'avais imaginé en mangeant mon porridge du matin.

Cela étant j'avais par la suite filé à la bibliothèque pas pour étudier le cours de potion pour lequel nous devions rendre un devoir pour le début de la semaine mais plutôt à titre de renseignements sur un sortilège dont j'avais entendu parlé par un camarade de Gryffondor et qui me semblait plus qu'approprié pour ce que je m'apprêtai à faire. Ce que je ne savais pas c'était que j'avais couru à ma perte en mettant un pied là dedans et pour cause; ce que je n'avais effectivement pas prévu en effet, c'était que Soléane, FORCEMENT y serait aussi. J'avais eu vite fait d'aller me cacher entre les rayons pour ne pas être repérée mais je n'étais pas certaine que cela ait marché, alors sans vérifier si elle m'avait vu ou non, j'avais attrapé le livre que je désirai et j'étais repartie tout aussi vite ! Il n'aurait plus manqué que cela... Le simple fait qu'elle puisse me voir là dedans pouvait la laisser présager que je préparai un mauvais coup et alors elle aurait eu tout de suite envie de savoir de quoi il retournait. C'était bien la dernière chose dont javais besoin : qu'elle m'empêche de faire ce que j'avais initialement prévu. J'avais aussi repéré Proserpine, notre cousine, un peu plus loin. Elle aussi, si elle ne me voyait pas, ce n'était pas plus mal...

Poudlard était une grande école et nos maison n'étaient pas les mêmes, partant de ce principe il n'était pas facile de se croiser dans les couloirs et pourtant je remarquai Logan au détour de l'un d'entre eux. Sans chercher à comprendre ce qu'il était initialement en train de fabriquer, je l'attrapai par le bras pour l'emmener à ma suite pour l'entrainer un peu plus bas dans étages. S'il ne participait pas souvent à mes projets, il était souvent dans la combine lorsqu'il s'agissait de tenir Soléane à l'écart et restait muet comme une tombe lorsqu'il fallait lui soutirer des informations. Autant dire qu'il allait m'être utile et je lui expliquais rapidement mon plan. Tout en omettant bien sûr de lui dire comment j'avais obtenu les dragées.

Bientôt nous arrivions sur le pont qui par chance était désert. Immédiatement, je m'attelai à la tâche et sortais de mon sac tout ce dont j'allais avoir besoin : en premier lieu le livre dans lequel il y avait la formule magique qui allait servir un peu plus tard -qui était d'ailleurs imprononçable, je ne savais pas comment j'allais pouvoir faire- ensuite les confiseries; bonne joueuse j'en proposais même à Logan et en profitai pour en prendre une autre. Enfin la précieuse bouteille de bièreaubeurre, qui n'était autre que l'élément clé et dont je n'allais certainement pas vous apprendre comme je l'avais récupéré. Secret défense.

Je m'asseyais par terre en tailleur et placai la bouteille entre mes jambes, le livre d'un côté, le paquet de Dragées surprises de Bertie Crochue de l'autre. En attendant Logan faisait le guet pour vérifier qu'aucun élément perturbateur qui comme cela l'indiquait viendrait nous perturber. Ce qu'en effet je cherchais à faire, c'était de provoquer une réaction chimique avec la bièreaubeurre et les bonbons, mais pour cela il fallait un sortilège très spécial que bien évidemment on ne nous apprenait pas en cours... Alors j'allais devoir tenter le coup avec mes propres moyens...

EDIT : ordre de passage : Logan, Soléane, Proserpine.

-Non, il a vraiment dit ça?!
-Siiiiiiii! Je me demande s'il lui restait encore de la dignité après ça!!!

La jeune fille avec qui j'étais en train de discuter était sans conteste la plus délicieuse de la Terre. Jolie, spontanée, dynamique, elle avait en plus le mérite de rire à chacune de mes blagues. Et aux individus bornés et rationnels tels que Soléane, qui n'avaient de cesse que de proclamer qu'il ne servait à rien d'errer le nez au vent dans les couloirs, (ce qui, soit dit en passant, était sans aucun doute mon passe-temps favori), je répondais qu'ils se trompaient lourdement, car je n'aurais jamais rencontré cette charmante personne si je ne m'étais pas trouvé au bon endroit au bon moment!

-Et ensuite, tu ne sais pas ce qu'il s'est cru bon d'ajouter?
-Non, mais tu vas me le dire!

J'ouvris la bouche pour répondre quand mon sourire s'effaça brutalement de mon visage. Je venais d'apercevoir Gaëtane au détour d'un couloir. Elle marchait d'un pas déterminé, une expression concentrée accrochée au visage, expression dont je connaissais parfaitement la signification! Ma soeur était en train de préparer un coup louche et bien sûr, il fallait que je sache de quoi il en retournait avant de la laisser poursuivre sa route.

-Je reviens dans une minute! m'exclamai-je, avant de rejoindre ma triplette à grandes enjambées.

Du moins, je le pensais sincèrement avant d'entendre Gaëtane me lancer en m'apercevant:

-Ah, Logan, tu tombes à pic, j'ai besoin de toi!

Et croyez-moi, j'eus beau agiter les bras dans tous les sens, protester avec énergie, clamer haut et fort que la femme de ma vie attendait mon retour dans le couloir d'à côté, rien n'y fit. Quand ma soeur avait une idée en tête, je pouvais toujours tenter de lui en faire démordre, c'était peine perdue. À tel point que je me demandais pourquoi je continuais encore d'essayer.
Tout en descendant les escaliers, elle me détailla son projet, me proposant au passage quelques dragées surprises de Bertie Crochue qu'elle s'était procurée Dieu seul savait comment (sans doute par un moyen peu avouable qui avait impliqué pleurs de bébé et sacrifice d'animaux).

Quelques minutes plus tard, nous nous trouvions dans le parc, ma soeur avec ses accessoires de parfaite petite chimiste, et moi, juste avec ma belle gueule et mon don pour me trouver toujours au bon endroit au bon moment!
Bien sûr, il avait été illusoire de croire que Gaëtane me laisserait participer et faire mumuse avec sa précieuse expérience. Pour elle, tout ce qui était susceptible d'exploser était sacré et il était hors de question que je vienne fourrer mes pattes dans ses affaires.

Je me retrouvai donc à "faire le guet", mais comme j'étais tout sauf ça, "gay", je ne tins pas à mon poste plus de quelques instants. Dès que l'occasion se présenta, je m'élançai à l'assaut d'une jolie blonde solitaire qui passait par-là. Malheureusement, une fraction de seconde avant l'impact, je tombai nez-à-nez avec...

-Soléane! Proserpine!

Rien que ça! Les deux Serdaigle de la famille bras-dessus bras-dessous. En désespoir de cause, je m'exclamai extrêmement fort dans l'espoir que Gaëtane m'entende:

-Vous ici? Mais quelle surprise! Je croyais que Mme Pince vous retenait en otage depuis déjà plusieurs semaines???

Suite à cela, je leur fis mon plus aimable sourire forcé. Les choses tournaient au vinaigre et je ne sentais que trop bien la réunion de famille se profiler. Dommage, la journée avait si bien commencé... .

Je m’étais levée tôt ce matin là, si tôt que lorsque j’arrivais devant les portes de la bibliothèque, celles-ci étaient encore fermées. Je fus donc contrainte de m’asseoir à même le sol pour étudier, ce qui ne facilite guère la concentration comme je m’en rendis compte. La vérité c’est que j’étais à bout de nerfs, j’avais une montagne de travail à faire dans les plus brefs délais et ça ne devait certainement pas être du travail bâclé. Pour les futurs postes que je visais, je me devais d’avoir des notes excellentes à tous mes examens et devoirs, voilà pourquoi je campais devant la bibliothèque à cette heure matinale et que j’y restais la journée entière et cela depuis la rentrée scolaire. Peut être que je me mettais la pression pour pas grand-chose, mais la vérité c’est que j’étais une Jefferson, et cela voulait dire quelque chose, je devais être à la hauteur, mon père faisait partie des hautes sphères et je comptais bien m’y faire ma place sitôt mes études achevées… Mon frère et ma sœur quant à eux ne semblaient pas se soucier autant de leurs études, le peu de fois où je les croisais dans cet immense château, Logan roucoulait dans un couloir avec une parfaite inconnue et Gaëtane avait toujours un air suspect qui me laissait penser qu’elle avait joué un tas de tours dont je n’avais aucune idée et à vrai dire je préférais ne pas savoir.
Lorsque la bibliothécaire mal réveillée ouvrit enfin les portes, je m’engouffrais dans la bibliothèque, m’installais à une table en étalant tous mes parchemins et me mis au travail.

Je relevais la tête deux ou trois heures plus tard, je venais d’achever tous mes devoirs de la semaine. Je m’étais sans doute stressée pour rien. C’était parfait, j’avais donc la journée entière pour m’avancer dans le programme !
Mais avant je décidais de faire une petite pause et partais explorer les rayons.
Quelle ne fut pas ma surprise quand au détour d’un rayon j’aperçus Gaëtane. Je crus d’abord qu’elle avait pris de bonnes résolutions et prenait ses études au sérieux, je m’apprêtais à aller la féliciter. Quand nos regards se croisèrent je lu la panique dans son regard, elle attrapa un livre et détala à toute vitesse.
Soit elle avait honte de venir étudier, ce qui m’étonnerait, soit elle préparait un mauvais coup. Cette dernière possibilité était beaucoup plus probable.

Je me dépêchais de fourrer mes affaires dans mon sac, et sortit en trombe de la bibliothèque.
Cette enfant était dangereuse, elle adorait faire exploser tout ce qui lui passait sous la main, mettre le feu, faire de mauvaises blagues… Qui sait ce qu’elle pouvait bien préparer cette fois ! Quoiqu’il en soit il fallait que je l’arrête avant qu’elle ne se fasse prendre et que cela n’arrive aux oreilles de nos parents, et aussi avant qu’elle ne détruise l’école évidemment…
Quand j’arrivais dans le couloir, elle avait déjà filé, aucune trace d’elle.
En revanche je croisais Proserpine ma chère cousine et camarade de Serdaigle que j’attrapais vivement par le bras, sans lui laisser le temps de réagir je lui déclarais d’un ton pressé :

- Urgence familiale, notre mission est d’empêcher Gaëtane de…

A vrai dire je n’avais strictement aucune idée de ce qu’elle mijotait.

- … D’accomplir son plan machiavélique, quel qu’il soit ! Tu as une idée d’où elle se cache ?

Proserpine connaissait Gaëtane elle savait de quoi elle était capable, je ne pouvais trouver meilleur allié, Logan était systématiquement impliqué dans tous les coups tordus de ma sœur.
Nous marchions en parlant quand j’aperçus au loin Logan, sur le pont, qui s’apprêtait à conter fleurette à une blondinette.
Lorsqu’il nous vit il se jeta sur nous oubliant la blondinette, son regard apeuré, ses propos incohérents et aussi le fait qu’il hurle pour nous parler alors que nous étions à côté me permit de déduire qu’il faisait le guet. Gaëtane n’était certainement pas loin… Je lui chuchotais d’un air menaçant :

- Ne te fatigue pas Logan, je sais qu’elle prépare quelque chose, et tu ferais mieux de me dire quoi si tu ne veux pas que je sabote tous tes plans dragues pendant les dix années à venir ! Et tu sais que je suis quelqu’un de très consciencieux, quand je fais quelque chose je me donne à fond !

J’attendais sa réponse, regardant aux alentours afin d’apercevoir ma triplée…

-Urgence familiale!

En règle générale, on appelle "famille" un regroupement d'objets ayant des points communs. Pas besoin de se creuser la tête pour trouver des exemples: le jeu des Sept Famille consiste bien à rassembler des cartes selon une association logique, souvent thématique.

Bon, mais alors qu'est-ce qui clochait, exactement? C'est ce que je me demandais, tout en traversant le château au pas de course à la suite de ma cousine bleue et bronze, qui me traînait littéralement dans le dédale de couloirs avec l'air un peu paniqué qui était toujours le sien dans les situations critiques. Oui, qu'est-ce qui clochait? Car enfin, j'avais beau me creuser les méninges, j'avais du mal à voir ce qui pouvait nous rassembler, Gaëtane, Logan, Soléane et moi. Pourtant, selon le sens commun, nous étions cousins et cousines - nous formions une famille...

-Notre mission est d'empêcher Gaëtane de... d'accomplir son plan machiavélique, quel qu'il soit!

Je me doutais bien qu'il s'agissait d'elle - c'était toujours de sa faute quand on devait courir partout et s'inquiéter et s'agiter et crier. Gaëtane, c'était comme... une casserolle de lait posée sur le feu: ça n'avait rien de menaçant en soi, et pourtant, si l'on avait la mauvais idée d'arrêter de la surveiller une minute, elle pouvait déborder, se répandre, éclabousser, en un mot provoquer un désastre. J'ignorais d'où pouvait bien lui venir cette passion dévastatrice pour tout ce qui explosait, cette tendance nihiliste à jouer au petit chimiste; en tout cas, ses penchants déviants pour l'illégalité avaient le chic pour me mettre les nerfs en compote et pour me faire grincer des dents. Je ne tolérais pas qu'on ne respecte pas les règles; les règles avaient été créées dans le but Ô combien louable de donner un cadre rassurant à nos existences, d'empêcher le monde de sombrer dans le chaos. Que ma propre cousine se permette de les enfreindre... ça me perturbait au plus haut point. Si nous avions été un jeu de carte, jamais personne n'aurait eu l'idée de nous appareiller.

Nous sortîmes en trombe du hall d'entrée et déboulâmes sur l'herbe humide du parc. Franchement, tout ça commençait à m'angoisser; je cherchai anxieusement du regard un nuage de fumée, une coulée de lave, ou n'importe quel autre indice des activités criminelles de ma cousine; mais tout était calme, le ciel n'était gris que de nuages et ni les arbres, ni le pont ne semblaient avoir encore subi de dégâts. Il était peut-être encore temps...

-Soléane! Proserpine!Vous ici? Mais quelle surprise! Je croyais que Mme Pince vous retenait en otage depuis déjà plusieurs semaines???

Un grand type brun, mince et vociférant se jeta sur nous - Logan, complice de toujours de sa soeur rouge et or, sans doute le plus dragueur de tous les garçons de onze ans du Royaume-Uni et même d'ailleurs. Je n'étais pas dupe: cette rencontre n'était pas fortuite. Il faisait le guet, ce qui signifiait que Gaëtane n'était pas loin. Mais Soléane était de toute évidence arrivée aux mêmes conclusions que moi; elle prit les devants, et je me contentai de rester là, droite comme un I, pâle comme un linge, les sourcils froncés avec sévérité tandis que j'essayais de ne pas imaginer combien de points du règlement intérieur Gaëtane avait violés aujourd'hui. En fait, si j'avais pu, je crois que j'aurais fait demi-tour et que je serais rentrée en courant dans le château, que j'aurais grimpé les escaliers jusqu'en haut de la tour et que je me serais enfermée dans la solitude du dortoir, où tout était sous contrôle, où chaque chose était à sa place et où aucun risque de tempête ne menaçait. Soléane était plus doue que moi pour se battre contre les mauvais instincts de sa soeur; moi, ça me démolissait plus qu'autre chose, et je n'étais plus bonne à rien quand je devais affronter le spectacle désolant des exploits de Gaëtane. Mais là, m'échapper était hors de propos; Soléane me tenait toujours solidement par le bras, malgré les subtils efforts que je faisais pour me dégager de son étreinte - et de la sensation asymétrique qu'elle me prodiguait.

Je fis donc front à ses côtés face au Cerbère Logan, la mine figée dans une expression de colère digne pour ne pas laisser transparaître mon effroi et mon irrépressible envie de fuir en me bouchant les oreilles pour laisser les deux triplets aux prises avec leur bombe à retardement de soeur.

Je ne savais pas dire quelle partie était la meilleure : avant de commettre un mauvais coup, quand on ressent la petite boule d'excitation au fond de l'estomac parce qu'on ne sait pas si notre expérience va fonctionner ou pas. Pendant, parce que ça pétarade dans tout les sens et qu'on a le sentiment du devoir accompli et parce qu'on a pu aller au bout de notre méfait sans encombres. Ou alors après, lorsqu'on a le plaisir de constater avec délectation que ce merveilleux plan a marché jusqu'au bout. Moi, j'aimais chacune de ces trois phases, parce que les sentiments étaient tous différents mais loin d'être désagréables. C'était comme si un arc-en-ciel était entrain de passer dans le tunnel de votre ventre, et ça, je peux assurer que c'était une sensation formidable !

Mais pour connaître ces instants si particuliers, il ne fallait pas être stoppé dans son élan, voilà pourquoi nous étions sur le pont, Logan et moi, pour éviter que ce genre de désagréments n'arrive. Aussi vrai qu'il passait son temps avec une fille différente au bras chaque jour (parfois il en avait même deux, c'était incroyable), on pouvait lui faire confiance dans ce genre de situation délicate où ça pullulait de profs dans tout les sens; je les soupçonnais d'ailleurs de pouvoir devenir invisible comme bon leu semblait pour apparaître sans prévenir dans le dos des élèves et déclarant d'une voix d'outre tombe qu'ils étaient pour une retenue, tout les soirs, pendant les trois mois à venir. Il fallait voir le bon côté des choses là dedans : pendant ce temps là, au lieu de le perde en astiquant des trophée, je pouvais réfléchir à un ingénieux moyen parce qu'on me donnait une occasion en or d'aller les nettoyer chaque soir, pour pouvoir les voler ! Mais grâce au ciel, ce scénario n'était pas encore arrivé, et pour l'instant, j'étais pleinement concentrée sur mon autre projet.

J'avais réussi à décapsuler ma bouteille de bierreaubeurre et m'accordai un nouveau dragée de Bertie Crochue, parce que cela allait définitivement être le dernier, les autres n'étant plus que des dons pour mon expérience. Je vidai le contenu de la boisson dans un récipient que j'avais emmené à cet effet. Je sentais une lueur de folie habiter mon regard, ou du moins je me plaisais à penser que c'était le cas; j'allais être sur le point de découvrir quelque chose de fabuleux en alliant les deux ensemble, à coup sûr ! Le paquet de bonbons dans la main, j'allais à présent tout déverser dans le liquide.

-Soléane! Proserpine! Vous ici? Mais quelle surprise! Je croyais que Mme Pince vous retenait en otage depuis déjà plusieurs semaines???

Il ne m'en fallut pas plus pour comprendre le nœud du problème. Comme quoi, j'avais eu de la chance d'avoir un bon soldat à mes côtés ! Je n'avais plus le temps de réfléchir et je devais agir; vite. Vite avant que Chapi et Chapo ne vienne fourrer le nez dans des affaires qui ne les regardaient pas, comme c'était souvent le cas la plupart du temps. Dans la précipitation, je laissai tomber les dragées dans un gros plouf dans la bierreaubeurre. Quelques-uns avaient glissé par terre, mais ça n'avait aucune importance. J'avais l'impression d'entendre la voix de Soléane un peu plus loin, et maintenant, ce n'était plus qu'une question de secondes avant qu'elle ne débarque avec son habituel air furibond sur le visage. Alors que j'étais si près du but, elle n'allait certainement pas m'empêcher d'aller jusqu'au bout !

Mentalement, je prononçai plusieurs fois la formule magique dont j'avais besoin pour ne pas me tromper au moment de la dire à haute voix. J'agitai ma baguette en la prononçant finalement et ce qui devait arriver, arriva : il y eu un grand BOUM, avant même que je ne puisse prendre le temps de reculer à une distance convenable pour me protéger et le mélange devenu collant gicla dans tout les sens sur le pont, s'accrochant par la même occasion sur le mur d'en face, ainsi que sur la rambarde.

Ma réaction ne se fit pas attendre plus longtemps : j'explosai d'un rire gras, tel un savant fou qui venait enfin à bout de sa potion magique et j'avais dans l'idée de récupérer ce qu'il restait dans le fond de mon bol pour l'incorporer subtilement dans la nourriture de Soléane lors du prochain repas. Je sentais que j'en avais dans les cheveux et sur le visage, mais ne m'en inquiétai pas; cela allait me faire une bonne crème de soin, à la saveur, et au goût de bonbon ! Oui, oui, oui, ils allaient tous m'envier !

[HJ: Comme vous êtes mignonnes toutes les trois avec le même gif!!!

]

-Ne te fatigue pas Logan, je sais qu'elle prépare quelque chose, et tu ferais mieux de me dire quoi si tu ne veux pas que je sabote tous tes plans dragues pendant les dix années à venir! Et tu sais que je suis quelqu'un de très consciencieux, quand je fais quelque chose je me donne à fond!

Gloups!
Était-il possible d'émettre un son plus bruyant en avalant sa salive? Je ne pensais pas, non.
Mais Soléane ne s'intéressait déjà plus à moi et passait désormais le parc au peigne fin dans l'espoir d'apercevoir notre soeur.
Mes yeux se posèrent sur Proserpine que je considérai avec compassion. Lèvres pincées, sourcils froncés, air déterminé, elle semblait vouloir imiter Soléane à la perfection! Quel drame... Je savais qu'il s'agissait de la cousine dont elle se sentait le plus proche, mais tout de même, je ne pensais pas qu'il puisse s'agir d'un bon modèle pour elle... Ni pour personne d'autre, d'ailleurs!

Je commençais à paniquer. J'avais des palpitations et des sueurs froides rien qu'à l'idée de ce qui allait se produire.
Toute notre vie, Gaëtane, Soléane et moi-même nous avions été "formés" pour protéger Proserpine et Athena, nos deux cousines moldues. À chaque repas de famille, il fallait bien veiller à ne pas parler de magie, ne jamais leur laisser entrevoir ce monde qui était le notre. Leur mentir. Tout le temps.

J'avais été élevé dans cet optique de leurre permanent! "Oh, Proserpine, ne fais pas attention à la cuisine! Je sais que les murs sont sur le point de s'écrouler, mais c'est le nouveau four de maman qui a eu un problème et qui a tout fait disjoncter!", "Euh, Proserpine? Tu sais, pour le trou de la taille d'une piscine dans le jardin, c'est vraiment la tondeuse à gazon qui est devenue folle et qui s'est enlisée dans le gazon... C'est trop bête, papa était dans tous ses états!!!", "Euh... Proserpine, n'entre pas dans cette pièce! Le soleil s'est malencontreusement réfléchi sur le verre de lunette de Soléane et il y a eu un début d'incendie..." Et j'en passe!

Proserpine ne pouvait pas imaginer quel genre d'esprit dérangé était Gaëtane! Si elle soupçonnait son penchant pour le danger et les expériences bizarres, son imagination n'était capable que d'effleurer la surface du fleuve de possibilités que ma soeur avait déjà échafaudé et expérimenté. Quand ma cousine avait eu à peine un an pour réfléchir à ce que la magie pourrait apporter à sa vie, Gaëtane en avait eu onze, et je vous prie de croire qu'il s'agissait de onze année d'intense réflexion!

Et soudain, ce qui devait arriver arriva...

-BOUM!

...

-MOUAHAHAHAHA!!!!

Mes yeux s'arrondirent de stupeur alors que j'osai à peine me retourner. Lentement, et avec mille précautions, je jetai un coup d’œil en direction du pont, mais ne le trouvais pas. À la place, il y avait une espèce de masse gluante qui semblait envoyer ses tentacules de part et d'autre du lac. La bête avait englouti Gaëtane que je ne distinguais même plus.
Effaré, les yeux exorbités, je me retournai vers les deux Serdaigle. La gorge nouée, je m'exclamai:

-Proserpine, mon ange... Il vaut vraiment mieux que tu ne vois pas ça!

À ces mots, je me jetai sur elle.

La jeune fille eut beau se débattre comme un beau diable, j'étais quand même plus fort et je réussis tant bien que mal à lui cacher les yeux. Cependant, tandis que je tentais de contenir la boule de nerf qui gigotait entre mes bras, je rencontrai le regard accusateur de Soléane. Alors, un avant bras au niveau de la gorge de Proserpine, l'autre en travers de son visage, je déclarai à l'intention de ma sœur, blasé:

-Quoi? Même si je l'avais voulu, tu crois quand même pas que j'aurais pu l'empêcher de faire ça?

Sur ce, nous nous fixâmes dans le banc des yeux d'un air de défi, ignorant complètement les jérémiades de notre cousine...

Mes menaces semblaient faire leur petit effet, Logan tremblotait comme une feuille. J’étais sur le point de lui faire cracher le morceau quand tout d’un coup un grand boum retentit, me faisant totalement oublier mon traître de frère. Je restais bouche bée tandis que ce qui était auparavant un pont, disparaissait sous une pluie gluante et colorée. Un étrange rire glauque retentit en musique de fond, je grinçais des dents et pestais dans ma barbe :

-Gaëtane bon sang … Inconsciente… Irresponsable…

Puis je hurlais :

-Gaëtaaaaaaaaaaaaaane !

Je fusillais mon jumeau du regard, alors que celui-ci s’était jeté sur notre cousine afin de lui épargner la vue de ce spectacle apocalyptique. Il faut dire que pour son esprit encore peu habitué à la magie, cela risquait d’en faire beaucoup d’un coup pour elle. Imaginer qu’une si jeune créature telle que Gaëtane puisse causer tant de dégâts avec ce que j’imaginais être des bonbons ,vu la couleur et l’odeur de cette gelée, risquait de traumatiser la pauvre enfant. C’est pourquoi je ne le retins pas, mais j’étais tellement furieuse qu’il ait couvert notre jumelle diabolique que je réfléchissais déjà à la manière dont j’allais saboter sa vie amoureuse pendant les semaines à venir…

Je tentais de distinguer Gaëtane dans cet amas de gelée, elle avait eu assez de force pour faire son rire de hyène satisfaite de sa blague, c’était donc qu’elle allait bien. Enfin, plus pour longtemps, parce que quand je comptais bien lui faire payer ce cirque et en alerter nos parents.
Mais le plus urgent était avant tout de nettoyer tout ça, ou de faire en sorte que Gaëtane ne soit pas tenue pour responsable de l’incident, la fonction de notre père ne nous permettait pas ces extravagances, nous allions le mettre dans l’embarras.
Hors de moi je fusillais toujours Logan d’un œil mauvais…

- Quoi? Même si je l'avais voulu, tu crois quand même pas que j'aurais pu l'empêcher de faire ça?

Je lui répondis :

- Tu aurais dû essayer de m’avertir, comment est ce qu’on va arranger cette pagaille maintenant ?!

Je l’attrapais par l’oreille :

- Lâche la, de toute façon ça risque de se reproduire souvent, autant qu’elle s’habitue, on n’arrivera pas toujours à lui cacher le penchant destructeur de Gaëtane ! Suis moi il faut la trouver, et filer d’ici fissa !

Je les entrainais vers le pont, très vite il fut difficile d’avancer… C’était comme marcher dans de la neige mélangée à de la glue, c’était glissant et à la fois collant, ma chère sœur en serait certainement contente, cette gelée était infernale !
Après une avoir trébuché une bonne dizaine de fois, j’aperçus enfin ma jumelle, dans son délire post-explosion, béate, je l’empoignais en réservant toutes représailles et sermons pour plus tard, le plus urgent était de décamper de la scène du crime.

- Bon, que les choses soient claires, Gaëtane ne doit surtout pas être reliée à cet évènement sinon elle sera virée de l'école. Donc interdiction d'en parler à quiconque, et personne ne doit nous voir partir d'ici. Tout le monde met son capuchon ! Et dès qu’on sera sortis de cette marée gluante vous vous débarrasserez de ce qui a collé à vos vêtements, et on part comme si de rien n’était… Et prenez un air innocent… Si vous en êtes capables ! Ajoutais je à l’intention de ma sœur.

Ce sentiment de devoir accompli, je le ressentais toujours, systématiquement, à chaque fois que j'arrivais tout au bout de mon entreprise, c'est à dire à faire exploser l'un de mes mélanges, dont, bien entendu, moi seule avait le secret. Ce que je voulais c'était de toujours repousser mes limites le plus loin possible, et sans vouloir me vanter, je trouvais que je faisais de mieux en mieux et m'améliorais à chaque fois... et cela malgré les nombreux bâtons dans les roues que Soléane s'obstinait à me mettre sans arrêt !

Cette allumée de service était décidément insupportable et chaque jour, je remerciais le ciel de ne pas être tombée dans la même maison que la sienne. Si ça avait été le cas, nul doute que j'aurais préféré faire mes valises illico presto et rentrer au manoir familial, pour avoir la grande maison à moi toute seule et faire péter tout ce que bon me semblait ! C'était notre mère qui risquait de ne pas être d'accord, car combien de vases très coûteux n'avais-je pas détruit depuis ma naissance... Mais elle finirait par céder en se disant que ce n'était qu'un mal pour un bien et qu'il valait mieux ça, parce que personne n'était au courant de mes actes, plutôt que ce soit à Poudlard où il y avait à chaque fois de grands risques pour ce que je me fasse prendre... Mais le risque, justement, c'était ça qui était le plus drôle dans l'affaire ! Finalement, j'étais bien contente de ma situation, et n'était pas encore nez, celui qui dresserait un mur devant moi, foi de Gaëtane Jefferson !

Hum, hum, hum, est-ce que vous connaissez l'expression parler trop vite ?

Pour en revenir à Soléane, la chair humaine dont elle était composée se tenait à présent devant moi, dans une réplique presque parfaite de celle qu'on aimait bien appeler la génitrice. J'étais certaine que cette folasse devait s'entraîner tout les matins dans son miroir avant de se rendre à son cours de Sortilèges ! Quand je vous dit qu'elle est tarée cette gosse, ce n'est pas pour rien... Elle avait pour l'instant eu raison de Logan, et Proserpine était malmenée par ce dernier. Mais si elle croyait qu'elle avait gagné la guerre, elle était encore bien loin du compte, car si je devais m'avouer vaincue, ce ne serait autre que sur mon lit de mort ! Je me débattis comme un beau diable alors qu'elle m'empoigna par le poignet, pour faire genre. Pfff !

- Bon, que les choses soient claires, Gaëtane ne doit surtout pas être reliée à cet évènement sinon elle sera virée de l'école. Donc interdiction d'en parler à quiconque, et personne ne doit nous voir partir d'ici. Tout le monde met son capuchon ! Et dès qu’on sera sortis de cette marée gluante vous vous débarrasserez de ce qui a collé à vos vêtements, et on part comme si de rien n’était… Et prenez un air innocent… Si vous en êtes capables !

Donc, là, nous venions d'entrer en pleine situation de crise, et c'était encore pire que ce que je venais d'imaginer dans mes pires cauchemars éveillés. Est-ce que j'ai déjà dit que cette fille était complètement folle ????! Non, sûrement pas assez. Je me dégageai avec brusquerie en lui assénant un grand coup dans le nez avec ma main au passage. Au moins comme ça, elle ne s'y reprendrait pas avant longtemps et réfléchirait avant de me tripoter !

- Arrête le Whisky Pur Feu Jefferson, ça te détraque les neurones, contre attaquai-je. Je savais de surcroît que si je l'appelai par notre patronyme, ça n'allait pas trop lui plaire, mouahahahah ! TU t'en vas, NOUS restons ici ! C'était toujours comme ça en général, je partais du principe que c'était toujours Logan et moi contre Soléane. On était deux, elle était toute seule, pas besoin d'être un génie des mathématiques pour savoir que c'était la majorité qui l'emportait !

Je lui adressai un regard provocateur, impatiente de voir comment elle allait réagir à cela. Mal, sans aucun doute, mais je n'en avais rien à faire, au contraire, plus elle se mettait en colère et ressemblait à Godzilla, plus je trouvais ça marrant, alors si je pouvais rameuter le plus de monde possible ici et lui faire sortir de la fumée des oreilles, je n'allais pas me faire prier ! Et si un prof nous découvrait et lui fichait une retenue, c'était fin de la partie, qui me faisait monter jusqu'au Septième Ciel ! A un détail près que j'allais devoir moi aussi recevoir une retenue mais si c'était prix à payer pour que ma sœur en écope d'une à son tour, je voulais bien me sacrifier...
Sans prévenir je me jeter du côté de la rambarde où l'on voyait une bonne partie du parc. Il y avait des élèves à l'extérieur et il avait sans aucun doute entendu l'explosion. Je me mis à leur hurler à pleins poumons :

- Grande fiesta sur la pont, bièreaubeurre pour tout le mooooooooonde !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

C'est utile de précisait que c'était la grande fiesta aussi à l’intérieur de mon estomac à la simple idée de mettre les nerfs de Soléane en pelote ?

Je savais très bien que les choses n'étaient absolument pas ce qu'elles semblaient être vues de l'extérieur!
Dans la famille, aussi détraquée soit-elle, j'avais toujours servi de bouclier. De bouclier entre Soléane et Gaëtane, de bouclier entre ma mère et Gaëtane, de bouclier entre Proserpine et la réalité et j'en passe! En gros, c'était toujours moi qui tamponnais tout! J'étais un drapeau blanc dans un champ de mine, la suisse au milieu d'une guerre, l'arbitre dans un match de catch.
Et pourtant!!! Pour qui voyait la scène de l'extérieur, c'était moi qui agressais Proserpine et Soléane qui lui venait en aide! Or, Soléane n'avais jamais été animée par un sentiment humain tel que la compassion ou la pitié! Non, Soléane était un Buldozer en ce qui concernait les émotion et elle écartait de son passage toutes celles qui pouvaient l'empêcher d'avancer!

- Tu aurais dû essayer de m’avertir, comment est ce qu’on va arranger cette pagaille maintenant ?!

Je retins un cri de douleur tandis que ma jumelle menaçait de m'arracher l'oreille. À contre coeur, je dû lâcher Proserpine et suivre ma soeur jusque sur le pont, courbé dans une position des plus inconfortables et sentant déjà mon pauvre lobe devenir tout rouge...
Nous marchâmes un moment dans cette gelée gluante qui recouvrait le pont. Comme je n'étais pas libre de mes mouvements et qui plus est que j'étais incapable de tourner la tête, je faillis plonger à plusieurs reprise la tête la première dans ce coulis de bonbon, ce qui n'inquiéta nullement Soléane. Derrière moi, je pouvais voir le petit visage tout bouleversé de Proserpine, mais j'étais bien trop occupé à éviter de me noyer dans la mer Rose pour la réconforter.

- Bon, Bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla... Si vous en êtes capables !

Aaaaaaaah!!! Enfin mon oreille était libre!!! J'étais si content de la retrouver que je la massai avec amour pour dissiper quelque peu la douleur. Le temps que je me remette de mes émotions et que je reporte mon attention sur Soléane, cette dernière avait terminé son speech et je n'avais pas compris un traitre mot de ce qu'elle avait voulu nous dire! Enfin, ça ne changeait pas trop de d'habitude...

- Arrête le Whisky Pur Feu Jefferson, ça te détraque les neurones ! TU t'en vas, NOUS restons ici !

Hum hum... D'accord! Discrètement, je me raclai la gorge. Je sentais bien que c'était le moment pour moi de venir tamponner tout ça, comme je le faisais toujours! D'ailleurs, je m'apprétais à calmer toutes ces tensions quand soudain, nous prenant tous au dépourvu, Gaëtane se jeta contre la barrière du pont pour s'exclamer:

- Grande fiesta sur la pont, bièreaubeurre pour tout le mooooooooonde !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Je laissai ma mâchoire se décrocher, n'osant même pas tourner la tête vers Soléane de peur que cette dernière ne se soit transformée en horrible dragon!
Je savais très bien ce que ma soeur cherchait à faire! En fait nous le savions tous parfaitement! Gaëtane n'avait qu'une idée en tête, faire tomber Soléane avec elle lorsque nous écoperions d'une punition! Et pour cela, peut importait si Proserpine et moi faisions partis des dommages collatéraux!

-Mais ça va pas la tête?! m'exclamai-je.

Cette fois, je ne marchais pas... Et pour cause!

-Tu veux qu'on se fasse virer?! C'est ça?! Tu veux qu'on passe le restant de nos années d'études à prendre des cours par correspondance, chez nous, vingt-quatre heures sur vingt-quatre collés à Maman...?

Cette perspective me faisait froid dans le dos, elle NOUS faisait froid dans le dos à tous! Cependant, je ne savais pas jusqu'où ma démoniaque soeur était prête à aller pour voir le visage de Soléane virer au bordeaux, pour voir ses yeux humectés de larmes lorsque la directrice nous ficherait dehors, pour voir sa fierté s'écrouler lorsque nous serions obligés de vider nos affaires de nos dortoirs respectifs...

-Non et puis, tu sais quoi? Je ne vais même pas essayer de te convaincre! Soléane, tu prends les pieds!

Sans laisser le temps à Gaëtane de réagir, je me jetai sur elle, plaquai une main sur sa bouche pour l'empêcher de hurler et lui soutins les épaules tandis que mon autre soeur lui soulevait les jambes. Il fallait filer d'ici fissa avant que tout le monde ne rapplique! Et j'étais tellement obnubilé par l'idée de décamper que j'en oubliai presque notre cousine! Elle était restée là, tout ce temps, sans décocher un mot, les yeux écarquillés tel un jouet pour chien qu'on aurait pressé à l'extrême.

-Proserpine, mon coeur, commençai-je avec douceur. Il serait dans ton intérêt de ne pas t'attarder ici, car vois-tu...

Mais plus les secondes passaient et plus Gaëtane se tortillait comme un asticot! Il ne faudrait pas longtemps avant qu'elle ne m'échappe, je ne pouvais donc pas ménager ma cousine autant que je l'aurais souhaité. Je me contentai donc de lui crier:

-BOUGE!

Et nous nous mîmes tous en route au pas de course, prenant la direction de la forêt alors qu'une marrée noire affluait depuis rives du lac. Sitôt à l'abri des bois, Soléane et moi dûmes jeter un ou deux sortilèges à Gaëtane pour maitriser cette furie. Pour le reste, bien sûr, nous trouvâmes un moyen follement ingénieux et discret pour la remettre dans son lit comme si de rien n'était, tout en sachant pertinemment qu'il ne s'agissait que d'un maigre répit et que nous serions obligés de revivre ce genre d'expérience très souvent... Mais nous commencions à en avoir l'habitude! Après tout, c'était bien connu que ce n'était jamais de tout repos d'être un Jefferson...! Les absents ont toujours tort ~Les Jefferson Terminé 40104

Les absents ont toujours tort ~Les Jefferson Terminé 40104

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